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Evaluation de la qualité de vie et du stress ressenti par les étudiants de la faculté de Médecine Paris Descartes à la veille des Epreuves Classantes Nationales informatisées
Nicolas Pallet Aziz Zaanan
Diplôme Inter Universitaire de Pédagogie Médicale Année universitaire 2015-2016
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 2
Résumé
La mise en place des Epreuves Classantes Nationales Informatisées (ECNi) cette année à
l’échelle nationale a concerné plus de 8000 étudiants et a constitué un enjeu organisationnel
majeur. Les étudiants en 6e année ont eu à gérer, en plus de la préparation usuelle d’un
concours de ce niveau, les nouveautés liées à cette nouvelle formule qui a apporté entre
autres des changements docimologiques et techniques considérables. Compte-tenu de
l’impact potentiel des ECNi sur la préparation à un concours très sélectif, nous avons évalué
la qualité de vie, la motivation et le niveau de stress d’étudiants dans la préparation à cet
examen, et cherché à identifier le rôle spécifique des ECNi dans le stress général ressenti
des étudiants. Notre objectif a été de rassembler à l’aide d’un questionnaire des informations
pertinentes sur les conditions de révision des étudiants en D4, leur qualité de vie, leur niveau
de stress et leur motivation, puis d’analyser l’impact des ECNi sur ces paramètres. L’étude a
porté sur les étudiants en D4 de la Faculté de Médecine Paris Descartes à un mois des
ECN. Nos résultats indiquent qu’un niveau élevé de stress n’est pas nécessairement
délétère, et au contraire, est très lié à la motivation, et in fine, à la réussite aux épreuves; les
ECNi sont en soi un facteur indépendant de stress ; et la docimologie et le manque
d’annales constituaient les principales doléances des étudiants, loin devant la crainte d’un
problème informatique.
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 3
Introduction
L’année 2016 restera une année singulière dans l’histoire de l’Internat puisque les étudiants
en Médecine de toute la France inscrits en 6ème année auront concouru aux Epreuves
Classantes Nationales (ECN) par voie totalement dématérialisée et informatisée (ECNi), ce
qui a constitué un enjeu technologique et logistique majeur, et une première mondiale.
Les ECNi qui ont été mis en place avec succès cette année avaient comme objectif, entre
autres, de rétablir une plus grande équité entre les étudiants dans la mesure où la part de
subjectivité et de biais possibles liés à la correction manuelle des dossiers rédactionnels a
été éliminée au profit de réponses à des questions à choix multiples, corrigées de manière
automatisée et standardisée. En outre, le mode d’évaluation et de classement des étudiants
concourant aux ECN classiques était notoirement peu discriminant, et vraisemblablement à
l’origine de nombreuses injustices. Le corollaire de cette évolution a été pour les étudiants
d’être confrontés à une grande nouveauté technique, docimologique et organisationnelle,
pour un concours dont l’issue a un impact majeur dans leur vie professionnelle, personnelle
et familiale. En effet, un tel type d’examen n’avait jamais été effectué auparavant, avec
notamment une docimologie nouvelle pour des ECN, et donc sans aucune annale
disponible. Ainsi, ajoutant au stress habituellement ressenti lors de la préparation d’une telle
épreuve, les ECNi ont pu procurer un sentiment d’inconfort et d’incertitude à l’origine d’un
stress supplémentaire.
La survenue de la sensation de stress en amont d’un concours aussi important pour un
étudiant est un phénomène très classique, qui résulte
de la distorsion qui va apparaître entre l’évènement à
venir, le stresseur, c’est à dire l’enjeu et ses
conséquences en cas d’échec, et les ressources dont
pense disposer l’étudiant pour l‘affronter (1). Plus
cette distorsion sera grande, plus intense sera le
stress. La gestion de cette confrontation est basée
schématiquement sur deux grandes approches : une
approche centrée sur le problème, qui a comme
finalité de changer le stresseur, et une approche
centrée sur les émotions, c’est à dire de changer la
relation avec le stresseur (2).
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 4
Ces deux approches ne sont pas exclusives, et en général, lors de la préparation d’un
concours important, elles prennent plusieurs aspects pratiques. Par exemple, la gestion
centrée sur le problème s’effectue par la mise en place d’un programme de révision
rigoureux, d’un entrainement aux examens blancs et aux annales, ou la participation à des
groupes de sous-colles et à des conférences d’internat. Le but ici étant de réduire autant que
possible l’impression de difficulté du concours, et ainsi, diminuer la distance existante entre
les compétences requises et les compétences actuelles. En parallèle, la gestion basée sur
l’émotion va avoir comme objet de relativiser l’importance du stresseur en faisant en sorte,
par exemple, de maintenir des activités excluant un lien avec la préparation du concours,
comme des activités sociales et des loisirs. Ces processus de gestion du stress seront mis
en place d’autant plus facilement et efficacement que l’environnement dans lequel évolue
l’étudiant y sera favorable. Le stress ressenti dans des situations comme celles de la
préparation aux ECN est en réalité la conséquence de la prise de conscience de
l’importance de l’enjeu, et l’on peut facilement concevoir qu’il soit associé (voir à l’origine) de
la motivation, c’est à dire de l’importance de l’engagement de l’étudiant à affronter l’enjeu. Il
est donc un préalable nécessaire à la mise en place des processus de révision, et donc, à
priori de réussite.
Il existe une littérature fleuve sur le sujet du
stress, et de son rôle bénéfique (avec des
modèles expérimentaux supportant des
modifications neuro-cognitives liées au stress et
améliorant les performances). Il est également
admis, et l’aspect de la courbe de Yerkes-Dodson
(formulée en 1906) n’est étranger à personne,
que la relation entre les performances mesurées
et le stress n’est pas linéaire ou asymptotique, mais normale. En effet, un niveau de stress
trop élevé risque d’avoir un impact négatif sur les performances de l’étudiant, sur sa qualité
de vie, ses fonctions élémentaires (alimentation, sommeil), et engendrer une souffrance
voire des troubles psychologiques et psychiatriques.
Plusieurs efforts ont déjà été effectués pour mesurer le stress des étudiants, et en particulier
des étudiants en médecine. On se réfèrera en particulier aux données de l’enquête nationale
menée par l’Association Nationale des Etudiants en Médecine de France (ANEMF) et
publiée en janvier 2013 qui rapporte des chiffres assez préoccupants sur les conditions de
travail et de Santé des étudiants en Médecine (3) : 50% ne sont pas épanouis, 90% trouvent
que leur études empiètent sur d’autres sphères de leur vie, 50% estiment travailler trop, 95%
sont stressés, 84% n’ont pas assez de temps pour leurs loisirs, 47% ont besoin d’aide
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 5
psychologique, 75% constatent avoir moins d’amis, 87% manquent de sommeil, 22% ont
déjà pensé au suicide, 20% fument du tabac, 25% prennent des psychostimulants, 10% des
antidépresseurs, 20% des anxiolytiques, 9% se droguent, 12% voient un psychiatre, 14%
souffrent de troublent anxio-depréssifs, et 60% ont envisagé d’arrêter leurs études de
Médecine. Considérant que seulement 30% des étudiants ont répondu à l’enquête menée
sur les réseaux sociaux, il est probable que ceux ayant eu des doléances à faire ont été
surreprésentés ; bien que témoignant d’une réelle souffrance dans leur quotidien, les
étudiants répondeurs de cette étude ne sont peut-être pas parfaitement représentatifs de la
population des étudiants en médecine en général.
Partant de ces constats, il nous a semblé que plusieurs questions méritaient d’être
adressées :
1. Les étudiants en médecine sont-ils plus stressés aujourd’hui qu’avant?
2. Quel est l’impact du stress sur les résultats des ECN ?
3. Quel est l’impact des ECNi sur le stress général des étudiants ?
Les deux premières questions sont techniquement délicates à effectuer. L’organisation d’une
étude avant-après aurait nécessité de proposer le même questionnaire à des moments
séparés de plusieurs années ou décennies, ce qui n’est pas envisageable dans le cadre du
projet de DIU. L’étude de la corrélation entre les niveaux de stress et le rang de classement
des étudiants aurait nécessité de lever l’anonymat du questionnaire afin de relier les
données issues du questionnaire au classement individuel, ce qui aurait eût comme
conséquence un taux de non-réponse majeur. Ainsi, et considérant l’impact de la nouveauté
des ECNi dans la préparation à un concours très sélectif, nous avons pris comme objectif de
notre étude d’évaluer la qualité de vie, la motivation et le niveau de stress d’étudiants à la fin
de leur préparation aux ECN, et d’identifier le rôle spécifique des ECNi dans le stress des
étudiants en général.
Méthodologie
Notre objectif a été de rassembler des informations pertinentes sur les conditions de révision
des étudiants en D4, leur qualité de vie, le niveau de stress et de motivation, et d’analyser
l’impact des ECNi sur ces paramètres. Un questionnaire a été élaboré, dont le détail est
présenté en Annexe. Le questionnaire a été distribué le 25 avril 2016 à 15 heures au début
d’un cours de thérapeutique du Pr Lejeunne dans le cadre des conférences de la Faculté
Paris Descartes organisée pour préparer l’ECNi. Après une présentation du projet devant
l’amphithéâtre, les questionnaires ont été distribués aux étudiants présents qui l’ont complété
de façon anonyme.
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 6
ANALYSES STATISTIQUES
Les distributions de variables continues ont été comparées avec un test de Student, et les
celles des variables nominales avec un test du Chi2. La corrélation entre les distributions de
variables continues a été analysée par régression linéaire. La régression linéaire multivariée
a été effectuée avec la méthode des moindres carrés (standard least squares).
Résultats
La totalité des étudiants présents à ce cours a rendu son questionnaire. Après 30 minutes,
tous les questionnaires ont été récupérés. 379 étudiants étaient inscrits en D4 en 2015-2016
et 170 étudiants étaient présents à ce cours. Le taux de rendu questionnaire a été de 100%,
mais sur une population représentant 44% (170/379) de l’ensemble de la promotion de D4.
1. Caractéristiques de la cohorte
FEMMES/HOMMES
Une courte majorité de femmes a répondu au questionnaire, ce qui est conforme à la
proportion de femmes (52%, 197 pour 182 hommes) inscrites en D4 à la Faculté Paris
Descartes en 2016.
ALIMENTATION ET SOMMEIL
La très grande majorité des étudiants prend 3 repas par jour dont un petit déjeuner, ce qui
témoigne d’un mode d’alimentation conforme aux recommandations, même si le grignotage
fréquent peut témoigner d’une forme de compensation du stress. Bien que dormant dans la
plupart des cas plus de 6 heures par nuit, la majorité des étudiants ressent un manque de
sommeil, et quasiment la moitié est sujette à des insomnies.
% de réponses positives N Total Non réponse Femme 56,7% 93 164 6
% de réponses positives N Total Non réponse Petit déjeuner 82,0% 128 156 14 Nombre de repas par jour 166 14 1 1,2% 2 2 22,8% 38 3 75,3% 125 4 0,6% 1 Grignotage 51,9% 82 158 14 <6 heures sommeil 20.7% 34 166 4 Manque de sommeil 66.8% 111 166 4 Insomnies 40.7% 68 167 4
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 7
ALCOOL, MÉDICAMENTS ET PSYCHOTROPES
La consommation d’alcool est occasionnelle, avec 30% d’abstinents et aucun buveur
quotidien. Des épisodes réguliers d’ébriété sont rapportés dans environ 11% des cas, mais à
mettre en regard de la fréquence des sorties hebdomadaires décrite ci-dessous qui est de
67%. Ceci signifie que dans la majorité des cas, les étudiants sortent souvent mais ne
s’enivrent que peu fréquemment pendant leur sorties. Onze pourcent (11%) des étudiants
répondeurs fument quotidiennement du tabac, ce qui est très inférieur à la population
générale du même âge (30% environ d’après l’observatoire français des drogues et des
toxicomanies, OFDT) (4). La consommation quotidienne de cannabis est faible (1.2%) ; elle
aussi inférieure à celle de la population générale du même âge (autour de 8%); et environ
20% en fume occasionnellement, contre 45% dans la population générale du même âge (4).
La consommation de médicaments psychotropes se situe autour de 5 %.
Bien que possiblement soumis à un biais de report sur des questions délicates, ces résultats
indiquent que les étudiants interrogés n’ont pas dans la grande majeure partie des cas de
comportement à risque en terme de consommation de drogues et psychotropes, ce qui ne
corrobore pas les données de l’enquête de l’ANEMF qui rapportait des chiffres plus élevés,
où 17% utilisaient des somnifères et des psychostimulants par exemple. La question de la
représentativité des étudiants en Médecine de la Faculté Paris Descartes peut-être posée.
% de réponses positives N Total Non réponse Ebriété hebdomadaire 11,3% 19 168 2 Alcool régulier 0% 0 166 4 Alcool occasionnel 56,2% 94 167 3 Alcool abstinence 27,2% 45 165 5 Tabac quotidien 11,9% 20 167 3 Tabac jamais 70% 117 167 3 Cannabis quotidien 1,2% 2 164 6 Cannabis jamais 78% 128 164 6 Benzodiazépines 6,6% 11 166 4 Beta Bloquants 0% 0 166 4 Anti Dépresseurs 2,4% 4 164 4 Psychostimulants 0% 0 166 4
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 8
LOISIRS ET VIE SOCIALE
La majorité des étudiants interrogés ont une vie sociale, avec des sorties régulières, et
quasiment aucun ne sort jamais. La pratique régulière d’un sport est une habitude prise par
les ¾ d’entre eux. Seule une minorité est sexuellement abstinente, avec un probable biais de
déclaration liée au fait que les hommes ont tendance à rapporter d’une façon générale une
activité sexuelle plus régulière que les femmes. Ces données laissent suggérer que les
étudiants interrogés, bien qu’étant dans une année cruciale dans leur cursus, ont hygiène de
vie satisfaisante.
VIE QUOTIDIENNE
En ce qui concerne les aspects de la vie quotidienne, les ¾ des étudiants ne vivent pas seuls
(la majorité en famille), et la plupart effectue des trajets de courte durée pour se rendre à la
Faculté ou en stage à l’hôpital. Une très petite minorité doit travailler en plus de ses études,
et moins d’une dizaine est porteuse d’une maladie chronique, dont la nature n’est pas
connue. Globalement, cela signifie que l’environnement de ces étudiants est assez favorable
à la poursuite d’études nécessitant de consacrer beaucoup de temps au travail personnel.
% de réponses positives
N Total Non réponse
Sorties hebdomadaires 67,6% 113 167 3 Jamais de sortie 3,5% 6 167 3 Sport hebdomadaire 49,7% 83 167 3 Jamais de sport 25,1% 42 167 3 Rapports sexuels hebdomadaires 43,4% 69 159 11 Abstinence 27% 43 159 11
% de réponses positives N Total Non réponse Vit seul 31,1% 51 164 6 Trajet<30 min 60,3% 99 164 6 Trajet 30-60 min 32,3% 53 164 6 Trajet>60 min 6,7% 11 164 6 Travail en plus 4,2% 7 164 6 Heures travail en plus/semaine
0h 96,9% 159 2h 1,2% 2 18h 0,6% 1 20h 0,6% 1 30h 0,6% 1 Maladie chronique 6,1% 10 163 7
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 9
CONCLUSION
L’ensemble de ces données indique que les étudiants interrogés ont, dans la grande majorité
d’entre eux, une hygiène de vie tout à fait correcte et une faible consommation de produits
psychotropes au sens large. Les conditions de révision apparaissent comme étant très
favorables.
2. Préparation des ECN
NIVEAUX DE MOTIVATION
Sur une échelle subjective permettant de classer le niveau de motivation des étudiants, plus
des ¾ d’entre eux ont rapporté être fortement ou très fortement motivés, alors qu’une très
petite fraction témoigne d’une démotivation. Echelle allant de 1 (absence de motivation) à 5
(motivation maximale) :
TEMPS CONSACRÉ AUX RÉVISIONS
Les étudiants interrogés passent en moyenne 8 heures quotidiennes à réviser, ce qui
corrobore les niveaux de motivation décrits au dessus. A noter que cela exclu le temps
passé en stage.
Niveau de motivation % N 5 (Maximum) 25 41 4 45 74 3 25 41 2 2.5 3 1 (Absence) 2.5 3 Total 100 162
Heures révision par jour Moyenne 8,3 Déviation standard 3,1 Upper 95% 8,8 Lower 95% 7,8 Total 147
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 10
PRÉPARATION
La très grande majorité des étudiants est inscrite à des conférences privées de préparation
aux ECN. En général, ils ne sont pas assidus en stage puisque près de la moitié rate au
moins une journée de stage par semaine pour se consacrer aux révisions, chiffres qui sont
similaires à ceux de l’étude de l’ANEMF. Un petit groupe (moins de 5%) constate que la
médecine n’est plus un objectif professionnel, ce qui est très inférieur à que ce qui est
rapporté dans l’étude de l’ANEMF.
CONCLUSION
Les étudiants témoignent d’une grande motivation, travaillent beaucoup, et n’hésitent pas en
général à privilégier les révisions sur les stages. Les conférences de la Faculté ne semblent
pas concurrencer les conférences privées, dans la mesure où la très grande majorité des
étudiants y sont inscrits.
3. Evaluation du stress
NIVEAU DE STRESS GLOBAL
Sur une échelle analogique validée [utilisée par l’Institut national de recherche et de sécurité
pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, (5)] d’évaluation
du stress, allant de 0 (le minimum) à 10 (le maximum), les étudiants rapportent des niveaux
de stress ressenti élevés (>6-7) à très élevés (> 8), alors que moins d’un quart se sent peu
stressé (c’est à dire <5).
% de réponses positives N Total Non
réponse Conférences privées 85,4% 141 165 5 Absence stage/semaine 39,6% 65 164 6 Absence stage/jamais 40,8% 67 164 6 La médecine est-elle toujours votre objectif professionnel ? 94,4% 152 167 3
Niveau stress global % N 10 (Maximum) 0,6% 1 9 3% 5 8 17,7% 29 7 22,7% 37 6 15,9% 26 5 12,8% 21 4 4,9% 8 3 8,5% 14 2 4,9% 8 1 6,7% 11 0 (Minimum) 1,8% 3
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 11
STRESS LIÉ À L’ECNI
Lorsqu’il leur a été demandé si les ECNi constituaient en soi une source de stress, une
majorité a répondu positivement, ce qui suggère que l’ECNi est à priori responsable d’une
partie du stress global ressenti par les étudiants.
CAUSES DE STRESS LIÉ À ECNI
Nous avons ensuite demandé aux étudiants (cadre de réponse ouvert) d’identifier les
facteurs directement liés aux ECNi qui pouvaient être responsables de leur stress. Environ
30% des étudiants ont répondu à cet item, en sachant que plusieurs doléances pouvaient
être produites par un même candidat.
Utilisa
tion de Q
CM
Problèm
e inform
atique
Manque d
'info
rmati
on
Nouveau
té
Incerti
tude
Absence
d'annale
s
Organ
isatio
n
Expéri
ence
des ECN blan
cs
Program
me
Prof n
on au co
urant
0
5
10
15
20
Nom
bre
de ré
pons
es
ECNi comme source de stress % N Non 40,2% 66 Oui 59,7% 98 Total 100 164 Non réponse 6
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 12
Les réponses se regroupent de la façon suivante :
1. la docimologie : l’utilisation de QCM et l’absence d’annales arrivent en premier des
facteurs ;
2. le risque informatique : la peur du « Bug » et l’incertitude sur le fonctionnement le jour
« J » arrivent en deuxième des plaintes ;
3. l’organisation : les étudiants ressentent un manque d’information et trouvent
l’organisation trop complexe ;
4. les items plus généraux, comme la notion de nouveauté et d’incertitude, sont également
bien représentés ;
5. à eux seuls, les ECN blancs passés ont été une épreuve assez peu génératrice de
stress.
CONCLUSION
Les étudiants vivent un niveau de stress significatif, en partie lié aux ECNi, mais pas
seulement. Les doléances émises vis à vis de l’ECNi et génératrices de stress sont à
l’encontre de la docimologie utilisée, de l’organisation et de la préparation, de
l’informatisation et la crainte de la nouveauté. Il est à noter qu’une minorité des étudiants a
répondu à la question des causes de stress liées à l’ECNi, et qu’un biais est possible.
4. Facteurs associés au stress et à la motivation
Afin d’effectuer une analyse plus fine des facteurs, éventuellement causaux, associés avec
le stress et la motivation chez les étudiants, nous avons mesuré les associations entre le
niveau de stress global (échelle analogique), la motivation, et un certain nombre de
paramètres cliniquement pertinents. La taille des box et whiskers plots représentée dans les
cadres est proportionnelle au nombre d’individus dans chaque groupe.
ASSOCIATION DU STRESS GLOBAL AVEC:
Hommes/Femmes
Les femmes ne sont pas plus stressées en général que les hommes.
P=0.6
FemmeHomme
Niveaude
stress
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 13
Prise de Benzodiazépines
Les consommateurs de benzodiazépines sont plus stressés que les non consommateurs
(cette donnée valide la cohérence des réponses au questionnaire). Heures quotidiennes de révision
Les étudiants stressés consacrent plus de temps aux révisions que les étudiants non
stressés. Absence des stages
Les étudiants stressés sont plus souvent absents des stages que les étudiants non stressés.
P=0.04
OuiNon
Niveaude
stress
PrisedeBenzodiazépines
Niveaude
stress
Absencedestage>1/semaineNon Oui
P=0.008
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 14
ASSOCIATION DE LA MOTIVATION AVEC:
Stress global
Les étudiants motivés sont également ceux qui sont le plus stressés. Motivation et heures de révision
Les étudiants motivés travaillent beaucoup plus que ceux qui le sont moins. Conférences privées
Les étudiants motivés sont plus fréquemment inscrits en conférences privées que ceux qui
se sentent moins motivés.
P=0.0005
Mo(
va(o
n
Conférencesprivées
Non Oui
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 15
CONCLUSION
Stress et motivation sont deux facteurs fortement associés, et positivement corrélés avec les
efforts consacrés à la préparation des ECN, comme le temps de révisions ou la participation
aux conférences privées.
5. Stress lié aux ECNi
Nous avons ensuite cherché ici à savoir si le profil des étudiants considérant les ECNi
comme une source de stress était différent de ceux ne considérant pas les ECNi comme une
source de stress.
Stress global
Les étudiants considérant les ECNi comme source de stress sont également ceux qui sont
en général plus stressés.
Hommes/Femmes
Les femmes identifient plus souvent que les hommes les ECNi comme une source de stress.
P=0.0002
ECNicommesourcedestress
Non Oui
Niveaude
stress
P=0.04
ECNicom
mesource
destress
Femme Homme
Oui,sourcedestress
Non
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 16
La médecine comme objectif professionnel
Les ECNi n’ont pas d’impact sur le maintien de la médecine comme objectif professionnel.
6. Analyse mutivariée des paramètres associés avec le stress en général
Compte-tenu de l’interrelation existant entre les variables associées au stress en général,
nous avons effectué une analyse multivariée intégrant les paramètres qui étaient
significativement associés au stress en général dans l’analyse univariée, et pouvaient avoir
une relation causale. Il ressort que seule l’identification des ECNi comme source de stress
reste significativement associée au stress en général. Cela signifie que les ECNi jouent un
rôle majeur, et indépendant des autres facteurs, dans le stress global ressenti par les
étudiants de la Faculté de Médecine Paris Descartes.
Discussion et conclusion
Nous avons montré, à travers l’analyse des réponses à un questionnaire auquel ont répondu
les étudiants en D4 de la Faculté de Médecine Paris Descartes à un mois des ECN, que la
grande majorité des étudiants ressentaient un stress intense, et qu’un facteur causal de ce
stress était les ECNi, en plus de la préparation à un concours d’importance. Il apparaît
néanmoins que la grande majorité de la cohorte fait part d’une grande motivation, travaille
beaucoup, et semble se donner les moyens de réussir. La vie sociale de ces étudiants et
leur hygiène de vie (sommeil, alimentation, sport) ne semblent pas être affectées par
l’intensité des révisions et l’imminence du concours. L’environnement favorable dont ils
Non Oui
Oui
NonECNicom
mesource
destress
Lamédecineest-elletoujoursvotreobjec8fprofessionnel?
InterceptMotivationECNi stress[0]Homme[0]
Term4,23781
0,3153454-0,579727-0,021757
Estimate0,8350190,2102120,1861780,181678
Std Error5,081,50
-3,11-0,12
t Ratio<,0001*0,13560,0022*0,9048
Prob>|t|Parameter Estimates
Pallet et Zaanan, Stress et ECNi, DIU de Pédagogie Médicale, 2015-2016 17
témoignent (peu vivent seuls, leurs trajets sont courts, très peu d’entre eux sont obligés de
travailler en plus) contribue probablement à réduire les conséquences néfastes du stress.
Ainsi, il semble que le stress de ces étudiants, et celui en particulier lié aux ECNi, soit géré
de manière positive, et donc qu’il reste un facteur motivationnel important. Bien que nous
n’ayons pas pu corréler les paramètres mesurés dans le questionnaire avec le classement
des étudiants à l’ECNi, les résultats globaux de la promotion aux ECN on été excellents,
classant la faculté à la première place. Ceci indique que, bien que seule 44% de la
promotion ait été interrogée, l’existence d’un stress en soi, même intense, n’est pas
nécessairement un facteur délétère, et que l’un des enjeux essentiels dans la gestion de ce
stress tient à l’encadrement et à l’environnement dans lequel évoluent les étudiants. Il
apparaît ici que la gestion du stress, à la fois sur le plan « problem focusing » et « relation
focusing » aie été optimisée. Bien que cette notion ne soit pas nouvelle, nos résultats
soulignent l’importance de la prise en charge globale des étudiants, tant sur le plan social
qu’académique. En effet, il existe un consensus de la littérature scientifique pour montrer
que le stress est inhérent à tous les examens qui comportent une sélection des étudiants. Le
stress a été montré comme un facteur stimulant permettant aux étudiants d’optimiser leur
capacité de travail, sauf quand celui-ci est à un niveau élevé ou très élevé, où il a un impact
négatif sur les performances intellectuelles. En outre, les étudiants les plus entourés (cercles
familial ou amical) et qui ont une hygiène de vie satisfaisante (sommeil, sport, ..) sont ceux
qui arrivent le mieux à faire face au stress (6-10).
Ces résultats contrastent fortement avec ceux de l’étude observationnelle de l’ANMEF citée
comme référence pour sa taille et son étendue géographique. En effet, le niveau de
souffrance dont ont fait part les étudiants qui ont répondu à ce questionnaire est majeur :
20% prennent des anxiolytiques, 15% ont été diagnostiqués avec des troubles anxio-
dépressifs, 60% ont déjà songé a arrêter leur études et plus de 20% ont déjà pensé au
suicide. Comme cela l’a été souligné dans la conclusion de l’étude, il est fort probable que
les étudiants les plus en souffrance, comme ceux présentant des troubles psychologiques ou
psychiatriques, ou ceux vivant une inadéquation entre ce que leur apportent les études de
médecine et l’idée qu’ils s’en sont fait initialement, aient été surreprésentés dans cette étude:
le questionnaire leur aura servi de media pour exprimer leur mal de vivre. Témoin aussi du
désintérêt pour leurs études, 50% des étudiants interrogés estimaient travailler trop (en D2
ou en D3) et 85% trouvaient ne pas avoir assez de temps à consacrer à leurs loisirs. Il est
aussi possible que ces chiffres reflètent le vécu des étudiants lors de leur entrée dans le
monde du travail (qui se fait progressivement pour les étudiants en Médecine), et de ses
contraintes, indépendamment de la nature du travail. Par exemple, le fait de ne pas pouvoir
choisir la date de ses congés en raison de l’organisation du service (plainte formulée dans le
questionnaire) est une contrainte universelle dans le monde du travail. Quels que soient les
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critiques méthodologiques, il apparaît le niveau de souffrance et de démotivation dont ils ont
fait part est très préoccupant dans la mesure où il s’agit d’acteurs de Santé en devenir.
A contrario, les étudiants que nous avons interrogé à la Faculté de Médecine Paris
Descartes ne sont pas non plus représentatifs de la population estudiantine en Médecine (si
tant est qu’elle puisse être représentable, tant les disparités, ne serait-ce que
géographiques, sont grandes, par exemple dans la réussite aux ECN). Cela étant dit, notre
approche n’était pas inductible, et notre objectif n’était pas de montrer à travers une
promotion d’une Faculté de Médecine la manière dont le stress lié aux ECNi était géré par
les étudiants, et d’en généraliser les résultats. Notre question était de savoir, si, au sein
d’une promotion d’étudiants en Médecine, les ECNi avait un impact sur le stress en général.
Il aurait été intéressant de proposer ce questionnaire à d’autres Facultés de Médecine afin
d’étudier la possible hétérogénéité de ressenti des étudiants vis à vis des ECNi en terme de
stress et de motivation. En outre, nous proposons de resoumettre ce questionnaire l’année
prochaine, à la même période de l’année, à la nouvelle promotion d’étudiants de D4, afin
d’étudier l’évolution de l’impact de l’ECNi sur leur stress. L’évaluation de l’impact du stress
sur les performances de l’étudiant n’a pas pu être réalisée compte tenu de la nature
anonyme du questionnaire qui ne nous permet pas de faire de corrélation avec les résultats
de l’ECNi.
En conclusion, les principaux enseignements que l’on peut tirer de notre étude sont qu’un
niveau élevé de stress n’est pas nécessairement délétère, et au contraire, peut être très lié à
la motivation, et in fine, à la réussite ; que les ECNi sont en soi un facteur indépendant de
stress ; et que la docimologie et le manque d’annales constituaient les principales doléances
des étudiants, loin devant la crainte de problème informatique.
Références
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ANNEXE
Evaluationdustressdesétudiantsenpréparationdel'ECNDrNicolasPalletDrAzizZaanan
Cequestionnaireestanonyme1. VOSHABITUTESSURLES3DERNIERSMOIS
• Alimentation Petitdéjeuner: oui nonNombrederepasparjour: 1 2 3Grignotageentrelesrepas: oui non
• Sommeil <6heuresparnuit: oui nonManquedesommeil: oui nonInsomnies: oui non
• Alcool Ebriété>1foisparsemaine: oui nonConsommationrégulière(Touslesjours): oui nonConsommationoccasionnelle(1à2fois/semaine): oui nonAbstinence: oui non
• Tabac Consommationquotidienne: oui nonConsommationoccasionnelle: oui nonJamais: oui non
• Cannabis Consommationquotidienne: oui nonConsommationoccasionnelle: oui nonJamais: oui non
• Médicaments Benzodiazépines: oui non
Betabloquants: oui nonAntidépresseurs: oui nonPsychostimulants: oui nonAutrespsychotropes: oui non
• Sorties Aumoinsunefoisparsemaine: oui nonAumoinsunefoisparmois: oui nonJamais: oui non
• Sport Aumoinsunefoisparsemaine: oui nonAumoinsunefoisparmois: oui nonJamais: oui non
• Relationssexuelles Aumoinsunefoisparsemaine: oui nonAumoinsunefoisparmois: oui nonJamais: oui non
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2. VOTREPREPARATIONDESECN
• Quelleestvotremotivationpourobtenirunbonclassement?Trèsforte Forte Moyenne Faible Nulle
• Participez-vousàdesconférencesprivées? oui non
• Nombred’heuresderévisionparjour:
• Absencedanslesstageshospitalierspourréviser: Aumoinsunefoisparsemaine: oui non
Aumoinsunefoisparmois: oui nonJamais: oui non
• L'ECNinformatiséestsourcesupplémentairedestress? oui nonSiouipourquoi?
3. VOTREBIEN-ETRE
• Quelestvotreniveaudestressressenti?
• Habitez-vousseul? oui non
• PouralleràlaFac,vousmettez: <30minutes
>30<60minutes
>60minutes
• Travaillez-vouspourvivreenplusdevosétudes? oui nonSioui,nombred’heures/semaine:
• Souffrez-vousd’unemaladiechronique? oui non
• L’exercicedelamédecineest-iltoujoursvotreobjectifdevieprofessionnelle?oui non
• Etes-vous? Unefemme unhomme
Absencetotaledestress
Stressmaximumimaginable
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10