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PDM http://www.pediatres-du-monde.org/ Pédiatres Du Monde -------------- [email protected] N° SIRET : 482 560 554 000 16 Dernière parution J.O.N° 25 le 20 juin 2009 annonce 614 Evaluation des systèmes d’eau potable, d’assainissement et d’irrigation sur Skoura. Quentin AOUSTIN* *Etudiant : Institut des Sciences de la Nature et de l'Agroalimentaire de Bordeaux

Evaluation des systèmes d’eau potable, d’assainissement et ... · Les secteurs de l'eau potable et de l'assainissement au Maroc quant à eux, ont subi depuis les dernières décennies

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Pédiatres Du Monde

--------------

[email protected]

N° SIRET : 482 560 554 000 16

Dernière parution J.O.N° 25 le 20 juin 2009 annonce 614

Evaluation des systèmes d’eau potable,

d’assainissement et d’irrigation sur Skoura.

Quentin AOUSTIN*

*Etudiant : Institut des Sciences de la Nature et

de l'Agroalimentaire de Bordeaux

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Pédiatres du Monde 2010

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TABLE DES MATIERES

Remerciements 4

Résumé 5

Journal de stage 6

Introduction 7

I – La situation de l’eau à l’échelle nationale : Le Maroc. 8

1. Approvisionnement en eau 8

2. Assainissement 9

3. ressources en eau

4. L’irrigation

II – La situation de l’eau à l’échelle régionale : La ville de Skoura et ses Douars 10

1. Généralités 10

1.1. Localisation

1.2. Topographie

1.3. Climat

1.4. Hydrologie

1.5. Agriculture 11

2. L’eau potable 11

2.1. Définition

2.2. Premier dispositif : le puits à eau

2.2.1. Principe

2.2.2. Aspect technique

2.2.3. Aspect économique 12

2.3. Deuxième dispositif : le réservoir d’eau 12

2.3.1. Principe

2.3.2. Aspect technique

2.3.3. Aspect économique 15

2.3.4. Santé 16

3. Assainissement 16

3.1. Définition

3.2. Les excrétas : Dispositif de la latrine sèche à fosse simple 17

3.3. Les eaux grises

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3.4. La santé 18

4. L’irrigation 18

4.1. Définition 18

4.2. Premier dispositif traditionnel : l’Ougoug 18

4.2.1. Origine

4.2.2. Principe

4.2.3. Répartition des parts 20

4.2.4. Entretien

4.2.5. Aspect économique

4.3. Deuxième dispositif traditionnel : la Khettara 21

4.3.1. Origine

4.3.2. Principe 21

4.3.3. Répartition des parts 22

4.3.4. Entretien

4.3.5. Aspect économique

4.4. Dispositif moderne : la motopompe 23

4.4.1. Origine

4.4.2. Principe

4.4.3. Répartition des parts

4.4.4. Entretien 24

4.4.5. Aspect économique

III – Solutions envisageable pour l’amélioration du niveau de vie de Skoura 25

1. L’eau potable 25

2. L’assainissement 26

3. L’irrigation 27

Conclusion 28

Bibliographie

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Pédiatres du Monde 2010

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REMERCIEMENTS

Tout d’abord, je tiens à remercier Anne AVANZI-GASCA, responsable des

missions PDM Maroc et Christian NAVARRO, président de Pédiatres du Monde, qui

ont permis au quatuor ISNAB* du Maroc de vivre une mission des plus enrichissantes.

Je remercie également Pauline AVANZI, Caroline DUMORTIER, Valérie

KREITEL, Dominique LEYRONNAS, Virginie ROSSI-PERES, THIERRY & Max

THIERRY qui ont contribué au bon déroulement de la mission et à son excellente

ambiance.

Enfin, je remercie toute l’équipe d’ANNADHA et plus particulièrement Aziz

ELBIAZ qui a été mon guide, mon traducteur et qui m’a expliqué les différentes

techniques d’irrigation, d’assainissement et d’eau potable utilisées sur Skoura.

A chacun, merci beaucoup.

---------------------------

Objet du travail proposé au sein de la mission PDM d’Octobre 2010

La demande du président de Pédiatres du Monde était d’avoir un bilan, apportant un

témoignage sur les solutions locales existantes concernant l’accès à l’eau dans la

palmeraie de Skoura, les systèmes d’irrigation, et les problèmes de potabilité dans la

prévention des maladies : maladies digestives bien entendu et maladies liées aux

moustiques et mouches.

La demande du Dr Christian Navarro précisait qu’il s’agissait de faire une sorte d’état

des lieux et d’apporter un document-mémoire concernant la particularité des techniques

ancestrales propres aux populations de la palmeraie de Skoura. Palmeraie dans laquelle

les équipes de Pédiatres du Monde assurent régulièrement un soutien, une présence et

une formation médicale et éducative depuis cinq années.

La mission d’octobre 2010 associait 13 missionnés PDM (dont nous quatre) à 8

représentants de l’association marocaine partenaire Annahda alMaghreb.

*Léa FOUGERON

Pauline GUERIN

Lamya SOUNI

Quentin AOUSTIN

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Pédiatres du Monde 2010

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RESUME

Skoura est une ville où l’agriculture est omniprésente et dont la présence

d’irrigation ne fait nul doute. Elle a également subi il y a de cela plusieurs années

maintenant, une révolution au niveau de l’eau potable avec la construction de châteaux

d’eau distribuant une eau plus ou moins traitée, ce qui a permis l’augmentation du

niveau de vie des habitants locaux. Concernant l’assainissement, beaucoup de chose

reste à faire, aussi bien pour les excrétas que pour les eaux grises.

Mon travail était axé sur l’évaluation des techniques d’eau potable,

d’assainissement et d’irrigation dans la région de Skoura permettant d’archiver ces

techniques et déceler les problèmes engendrés et évaluer les possibilités de solutions.

Accompagné d’Aziz Elbiaz avec qui j’ai sillonné palmeraie et Douars, j’ai pu

comprendre les différentes techniques d’irrigation, telles que l’ « Ougoug » ou encore la

« Kehettara » qui sont des techniques ancestrales. J’ai pu apprécier les systèmes

hydrauliques destinés à potabiliser l’eau qui ont suscité toute mon attention et dont des

solutions pour l’amélioration en ce domaine ont été proposées. Pour ce qui est du

domaine de l’assainissement, un rapide état des lieux a été fait et des problématiques en

sont ressorties.

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JOURNAL DE BORD

JOUR DATE CONTENU

1 Mercredi 27/10/10 -Enquête sur deux systèmes d’irrigation, la Khettara et la

motopompe permettant d’alimenter artificiellement en

eau les différentes parcelles cultivées dans la palmeraie

de Skoura.

-Enquête sur l’assainissement de Skoura.

2 Jeudi 28/10/10 -Rencontre avec la personne référente en matière d’eau

potable du Douhar de Lahssoune, qui nous a donc

expliqué le fonctionnement du système hydraulique et

ses à côtés.

3 Vendredi 29/10/10 -Enquête sur le troisième et dernier système d’irrigation

rencontré dans la région de Skoura, celui-ci est un

système Berbère, l’Ougoug.

-Enquête sur l’eau potable du Douhar d’Afra.

4 Samedi 30/10/10 -Rencontre avec le Caïd de Skoura pour essayer de

récupérer des données hydrographiques sur la région de

Skoura.

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INTRODUCTION

De faibles précipitations et une forte chaleur constituent des problèmes

chroniques auxquels sont confrontés les pays du Maghreb et notamment le Maroc.

Parallèlement à la grande hydraulique favorisée par l’Etat marocain, l’irrigation

traditionnelle est bien loin d’être négligeable puisqu’en 1995 elle représentait

650 000 ha contre 550 000 ha pour la grande hydraulique. L’agro-système est tributaire

du fonctionnement de ces techniques anciennes. Toutefois, depuis quelques décennies,

la motopompe est venue prêter main forte à ces systèmes ancestraux, présentant un

remaniement de l’organisation sociale.

Les secteurs de l'eau potable et de l'assainissement au Maroc quant à eux, ont

subi depuis les dernières décennies une amélioration importante notamment avec l'accès

à l'eau, grâce à un effort national avec en l’occurrence l’ONEP (Organisation Nationale

de l’Eau Potable) et un effort international avec des partenariats internationaux et l’aide

d’ONG.

Skoura, ville située dans le Sud du Maroc, s’inscrit parfaitement dans ce

contexte. En effet, elle utilise différents moyens d’irrigations anciennes et modernes et

s’est constitué un réseau d’eau potable. Concernant l’assainissement, c’est un peu plus

rudimentaire.

Dans le souci de comprendre les différentes techniques utilisées en lien avec

l’eau et d’améliorer le niveau de vie des habitants de Skoura, une étude a été faite, ce

qui fait donc l’objet de ce rapport.

Tout d’abord nous découvrirons l’aspect eau potable de Skoura. Ensuite nous

ferons un point sur l’assainissement, puis nous terminerons sur la découverte de

différentes techniques d’irrigations utilisées par les agriculteurs de la région.

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I – La situation de l’eau à l’échelle nationale :

Le Maroc.

1. Approvisionnement en eau

Selon l'Enquête sur la Population et la Santé Familiale réalisée en 2004, 82% des

habitations utilisaient une source d’eau saine, répartis de la manière suivante : 60,5 %

des Marocains avaient un branchement d’eau potable dans leur habitation ou dans leur

jardin, 11 % avaient un accès à une borne fontaine proche de leur maison. 5,6 %

avaient accès à un puits protégé. 1,5 % des Marocains, principalement dans les zones

rurales, collectaient l’eau de pluie comme source principale et 7 % collectaient de l’eau

de sources.

En milieu urbain,

Le niveau d’accès à une eau saine est relativement normal pour un pays en cours de

développement. 85.2% de la population urbaine a un accès à un robinet et 96% à une

eau protégée (source cimentée) mais avec un accès plus ou moins loin des domiciles.

En milieu rural,

L’accès est médiocre, soit 30.1% de la population rurale en 2004. Cependant ce

chiffre est à la hausse.

ACCES A L’EAU Urbain Rural Total

Robinet dans

l’habitation 82.6 % 18.1 % 58.3 %

Robinet dans le jardin 2.6 % 1.7 % 2.2 %

Eau en bouteille 0.6 % 0.3 % 0.5 %

Borne Fontaine 10.8 % 11 % 10.9 %

Puits protégés 0.8 % 13.5 % 5.6 %

Puits ouverts 1 % 26.6 % 10.7 %

Sources 0.9 % 17.2 % 7.1 %

Rivières ou ruisseaux 0.0 % 5.4 % 2.0 %

Lacs, Réservoirs de

barrages 0.0 % 0.3 % 0.1 %

Eau de pluie 0.0 % 4.0 % 1.5 %

Camion citernes 0.6 % 1.5 % 0.9 %

Autre 0.1 % 0.4 % 0.2 %

TOTAL 100 % 100 % 100 %

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2. Assainissement

Pour ce qui est de l’assainissement, 98 % de la population urbaine et 58 % de la

population rurale avaient accès à un "assainissement amélioré" en 2004. 40 % de la

population rurale n’avaient pas accès à des latrines améliorées. Le recensement mondial

de la santé de 2003 estime qu'en 2003, 87 % de la population urbaine du Maroc étaient

raccordés à l’assainissement.

Les populations les plus pauvres sont les plus concernées par cette lacune : une étude de

la banque mondiale indique en 2004 que « l’assainissement est totalement absent des

quartiers périurbains des villes intermédiaires. Les quartiers informels des grandes villes

sont aussi privés d’assainissement, renforçant ainsi les risques pour la santé de cette

population déjà exposée par sa pauvreté ».

3. Ressources en eau

Les ressources en eau du Maroc sont principalement des ressources

conventionnelles (eau de surface et souterraine). Pourtant des ressources en eau non

conventionnelles telles que la réutilisation des eaux usées traitées et le dessalement de

l'eau de mer sont de plus en plus développés.

Les ressources en eaux conventionnelles du Maroc sont, en moyenne, d’environ 22

milliards de m3 par an soit 730 m

3 par habitant et par an.

Les ressources en eaux mobilisables sont quant à elles de 20 milliards de m3 dont 16

milliards sont des eaux de surface et 4 milliards des eaux souterraines.

Les usages de l’eau se répartissent suivant la proportion suivante : 83 % pour

l’agriculture et 17 % pour l’industrie et l’eau potable. Ce constat doit être relativisé car

les ressources ne sont pas réparties également dans l’espace (le nord du pays étant

moins aride), ni dans le temps (les pluies sont concentrées en hiver).

4. L’irrigation

Le caractère aléatoire de la pluviométrie au Maroc et la disponibilité relative de

ressources en eaux superficielles et souterraines font de l’irrigation un impératif

incontournable pour l’intensification de la production agricole et l’amélioration des

revenus des agriculteurs.

Le secteur irrigué au Maroc est divisé en deux sous-secteurs :

Celui de la Grande Hydraulique (GH) dont les périmètres sont caractérisés par

l’alimentation à partir de grands ouvrages de retenue et par une grande

superficie nouvellement équipée par des réseaux modernes. Le potentiel

irrigable en GH est estimé à 855 100 ha.

Celui de la Petite et Moyenne Hydraulique (PMH) dont les périmètres sont de

petite taille et en grande partie irrigués traditionnellement à partir de ressources

en eau locales. Le potentiel d’irrigation en PMH est estimé à 784 000 ha dont

300 000 ha d’irrigation saisonnière et/ou par des crues.

II – La situation de l’eau à l’échelle régionale :

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La ville de Skoura et ses Douars.

1. Généralités.

1.1. Localisation :

Skoura, ville de 30 000 habitants est située au Sud du Maroc dans la région du

Souss-Massa-Draâ et plus précisément dans la province d’Ouarzazate, à 40 km

d’Ouarzazate et 230 km de Marrakech.

1.2. Topographie :

La palmeraie de Skoura se situe sur un plateau, entre montagne et désert, à une

altitude d’environ 1 100m. Différents type de sol sont repérés sur place, tels que les sols

limoneux, sablo-limoneux ou encore argileux.

1.3. Climat :

Précipitations :

D’après la station climatique du CMV de Skoura, les précipitations moyennes entre

1980 et 2004 s’élèvent à 117.6 mm par an. Le régime annuel des précipitations est

caractérisé par deux saisons humides ; l'automne et le printemps séparées par une courte

saison d'hiver et par une longue saison d'été très marquée par la sécheresse. Le record de

pluie est répertorié en 1988 (pendant ces 24 ans d’observations) avec 298 mm pour cette

année.

Température :

La saison hivernale connaît des périodes gélives plus ou moins prolongées. En été,

les températures sont élevées avec des maxima qui dépassent 40°C.

Le principal étage bioclimatique distingué est un climat saharien à hiver frais et dont

les températures peuvent descendre jusqu’à moins 0°C.

1.4. Hydrologie :

L’oued el Hajjaj et ses deux affluents, Imdri et Toundout, permettent la

formation d’une nappe qui s’étend sur 5 à 6 Km et qui supporte la plus grande

palmeraie du bassin versant. Ils peuvent être à l’origine de nappes (pouvant être

utilisées pour l’eau potable) de 2 à 3 Km de largeur qui alimentent divers vergers.

Au niveau de la palmeraie, nous distinguons deux nappes souterraines, l’une entre 7 et

15 m de profondeur réservée à l’irrigation des potagers des habitations et l’autre située

entre 15 et 30 m de profondeur servant à irriguer les parcelles agricoles.

1.5. Agriculture :

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Dans une palmeraie de 25 km2, les habitants de Skoura vivent essentiellement de

l'agriculture. En effet, certains s’en servent pour gagner de l’argent en commercialisant

les dattes et les olives qui sont les fruits les plus cultivés de la région et d’autres qui

utilisent l’agriculture tout simplement pour vivre.

2. L’eau potable.

A travers son programme de Généralisation de l'Eau Potable, le Maroc réalise

actuellement d'importants efforts pour augmenter les services d'eau potable dans le

secteur rural, ce que nous avons pu constater sur Skoura.

2.1. Définition.

Une eau est dite potable quand elle satisfait à un certain nombre de

caractéristiques la rendant propre à la consommation humaine. Nous ne développerons

pas dans cette étude les caractéristiques biochimiques de cette eau, ni les techniques de

leur étude.

2.2. Premier dispositif : le puits à eau.

2.2.1. Principe.

Un puits à eau est un forage vertical permettant l'exploitation d'une nappe d'eau

souterraine, autrement dit un aquifère. L'eau est remontée au niveau du sol grâce à un

seau ou une pompe (manuelle ou électromécanisée). C’est un système rural, de moins

en moins courant dans la région de Skoura.

2.2.2. Aspect technique.

Captage :

L’eau est captée dans le puits à l’aide d’une pompe ou d’un seau, comme citée

précédemment.

Traitement :

En règle générale, l’eau n’est pas traitée. Pour les personnes qui l’a traite, des

pastilles de Javel vendues en pharmacie sont misent directement dans le puits pour ainsi

enlever le goût d’une mauvaise eau et éliminer un maximum de bactéries (qui n’est

peut-être qu’un minimum).

Stockage :

Aucun stockage d’eau n’est fait, la prise d’eau se fait directement dans le puits.

Distribution :

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La distribution est illimitée tant qu’il y a de l’eau dans le puits. Il faut savoir que

seules les personnes de la maison ou du groupement de maisons où se trouve cette

source y ont accès.

Entretien :

Il n’y a pas d’entretien particulier à l’exception des puits équipés d’une motopompe

dont une révision et le changement de certaines pièces sont nécessaires.

2.2.3. Aspect économique.

Le coût de l’eau est nul, à partir du moment où la personne construit un puits

chez lui. La source lui appartient entièrement avec tous ses avantages et ses

inconvénients. Il n’y a pas de commercialisation de cette eau.

Photographie d’un puits d’eau de type rudimentaire à gauche

et équipé d’une pompe à droite

2.3. Deuxième dispositif : le réservoir d’eau.

2.3.1. Principe.

Le principe est de capter, traiter, stocker et distribuer l’eau dans différents

endroits, tels que des maisons, écoles ou autres locaux.

2.3.2. Aspect technique.

Captage :

- Douar de Lahssoune : le captage de l’eau se fait dans un puits de 19 m de

profondeur à l’aide d’une pompe exhaure (électromécanique). Cette pompe

s’enclenche soit automatiquement quand le réservoir est au niveau bas, soit

manuellement.

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- Douar d’Afra : le captage de l’eau se fait en temps normal par l’intermédiaire de

deux puits. L’un à 33 m de profondeur à l’aide d’une pompe mécanique, qui ne

fonctionne pas actuellement (cause : pompe HS) et l’autre à 15m de profondeur à

l’aide d’une pompe électromécanique, qui ne fonctionne que 5 minutes toutes les ½

heures (cause : risque d’éboulement du local).

Photographie du puits de captage de 15m de profondeur du Douar d’Afra

Traitement :

- Douar de Lahssoune : le traitement de l’eau est effectué en amont du réservoir. Il

consiste à envoyer de l’eau de Javel (concentration : 12%) en petite quantité à l’aide

d’une pompe doseuse dans la canalisation reliant le forage au réservoir. Des

contrôles de qualité de l’eau sont également effectués toute l’année par l’ONEP (un

contrôle par mois pendant l’été et un contrôle tous les deux mois pendant l’hiver).

- Douar d’Afra : le traitement de l’eau se fait directement dans le réservoir

manuellement en injectant ¼ d’eau de Javel tous les 3m3

consommés. Aucun

contrôle de qualité de l’eau n’est effectué dans ce Douar.

Photographie d’une bouteille d’eau et de Javel à gauche et d’une pompe doseuse avec

son réservoir à droite utilisée dans le Douar de Lahssoune

Stockage :

Le stockage se fait dans un réservoir d’eau, plus couramment appelé : « château

d’eau ».

- Douar de Lahssoune : le réservoir a une capacité de 5 m3, comportant une arrivée

d’eau, un capteur de niveau qui a pour rôle d’enclencher ou d’arrêter la pompe

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exhaure (captage), une canalisation de sortie pour le lavage du réservoir et une sortie

d’eau accompagnée d’une vanne et d’un compteur d’eau général permettant la

distribution d’eau traitée.

- Douar d’Afra : le réservoir a une capacité de 3m3, comportant un compteur d’eau

général situé en amont, deux arrivées (une pour chaque captage), une vanne

d’entrée, une vanne de blocage pour la canalisation de lavage et une sortie

permettant la distribution de l’eau.

Photographie du château d’eau de Lahssoune à gauche et celui d’un des réservoirs

d’eau de la palmeraie à droite

Distribution :

- Douar de Lahssoune et d’Afra : la distribution de l’eau du réservoir est effectuée

dans une canalisation principale galvanisée (diamètre minimum : 150 mm) qui est

divisée par la suite en plusieurs conduites secondaires, qui elles mêmes sont divisées

en conduites en plastique moins importantes en terme de longueur et de diamètre

pour ainsi relier les maisons ou groupements de maisons.

Chaque bénéficiaire a un compteur d’eau situé à l’entrée de son habitation qui

comporte au minimum un point d’eau (robinet) dans la cuisine et dans les toilettes.

Dans le Douar de Lahssoune, il y a 221 compteurs d’eau et donc 221 familles

bénéficiaires.

Photographie d’un répartiteur d’eau à gauche

et d’un compteur d’eau à l’entrée d’une maison à droite

Entretien et suivi de consommation :

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L’entretien est effectué soit par des membres de l’ONEP ou d’une entreprise privée

si le dispositif se situe en ville ou au centre de village, soit par des membres d’une

association si l’installation se trouve dans un milieu rural.

- Douar de Lahssoune et d’Afra : le lavage du réservoir est effectué une fois par mois

en saison estivale et une fois tous les deux mois en saison hivernale. Le lavage consiste

à brosser les parois intérieures avec de l’eau, du savon et de l’eau de Javel. Les dépôts

dus à cet entretien sont évacués par une canalisation qui rejette cet effluent à même le

sol.

Le lavage des canalisations, quant à lui, est effectué à la même période que pour celui

du réservoir. La technique pour laver ces canalisations, est de couper l’eau et d’injecter

de l’eau de Javel pendant 1H30 entre la pompe exhaure et le réservoir.

Il arrive également que des canalisations cèdent. Quand cela arrive, un chaudronnier

intervient quand l’association peut payer (coût minimum : 400-500 DH), sinon, du

caoutchouc est utilisé pour « rafistoler » la conduite.

Pour le Douar d’Afra, un cahier de suivi des consommations a été mis en place

indiquant, la date, le nombre d’heure d’utilisation des pompes au niveau des captages, le

niveau d’eau dans le réservoir, la quantité d’eau captée, la quantité de gasoil utilisée

(pompe), la quantité d’eau de Javel utilisée ainsi que la facture totale.

Photographie d’une canalisation de rejet d’eau de lavage à gauche

et celle d’une canalisation « rafistolée » à droite

2.3.3. Aspect économique.

La construction et l’entretien de ce dispositif, en ville et en centre de village,

dépendant de l’ONEP, sont financés en grande partie par l’Etat Marocain ou par des

entreprises privées.

En campagne, le financement de ce genre de système provient soit d’un partenariat avec

une ONG, soit d’un partenariat international ou soit l’association locale s’en charge

entièrement.

Le Douar de Lahssoune a bénéficié d’un partenariat Maroco-Japonais contrairement à

celui d’Afra qui n’a reçu aucune aide.

En ce qui concerne le prix de l’eau, c’est l’ONEP ou l’association qui en décide.

Pour les Douars de Lahssoune et d’Afra, c’est l’association qui s’en charge en divisant

les consommations en trois tranches (trois forfaits) :

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- Première tranche : pour une consommation de moins de 10 000 l par mois, le mètre

cube équivaut à 2.50 DH.

- Deuxième tranche : pour une consommation de 10 000 à 15 000 l par mois, le mètre

cube est de 3 DH.

- Troisième tranche : pour une consommation de plus de 15 000 l par mois, le mètre

cube est de 5 DH, on parlera alors d’une consommation commerciale

(entreprises…)

Photographie symbole de l’amitié et de la coopération Maroco-japonaise

dans le Douar de Lahssoune

2.3.4. Santé.

En ce qui concerne la santé des bénéficiaires due à l’eau ingurgitée, on peut détecter

l’apparition de diarrhée ou des maladies tel que le « goitre », augmentation de volume,

souvent visible, de la glande thyroïde, liée à une carence en iode. Carence normalement

compensée par l’enrichissement de farines et d’huiles en iode.

3. L’assainissement.

L'histoire récente de l'assainissement au Maroc est marquée par une approche

abordant en priorité les problèmes posés par l'assainissement urbain. Si elle peut

s'expliquer sans peine par la quantité des eaux usées produites et leur impact, cette

approche a cependant marginalisé la question de l'assainissement en milieu rural, en

particulier dans les douars, faisant place à des techniques individuelles, dîtes

rudimentaires, mais de façon séparée.

3.1. Définition.

L’assainissement est un processus par lequel des personnes peuvent vivre dans

un environnement plus sain ; pour cela, des moyens physiques, institutionnels et

sociaux, sont mis en œuvre dans différents domaines, tels que l'évacuation des eaux

usées et de ruissellement, l'évacuation des déchets solides, l'évacuation des excréments

et le traitement de tous ces éléments.

3.2. Les excrétas : Dispositif de la latrine sèche à fosse simple.

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La latrine à fosse simple est le type le plus rudimentaire mais aussi le plus

répandu sur Skoura. Il s'agit d'une fosse creusée dans le sol, souvent renforcée dans sa

partie haute afin d'éviter l'effondrement de la latrine ; la fosse est recouverte de

branchages et de terre pour les modèles simples, ou d'une dalle de béton percée d'un

trou. Fosse située dans une partie de la maison si les moyens le permettent. On peut

également remarquer que pour la plupart, un robinet est installé dans les WC. S'il s'agit

du type de latrine le plus simple, il permet déjà un bon contrôle des maladies liées aux

excrétas, pour peu qu'un entretien régulier soit effectué. Les odeurs et les mouches

continuent de poser problème.

Photographie de latrine sèche à fosse simple dans une habitation de Skoura

3.3. Les eaux grises.

L'eau grise, est une eau usagée non-industrielle produite par des activités

domestiques tels que le lavage de la vaisselle, le linge ou encore la toilette individuelle.

Sur Skoura, cette eau est directement rejetée dans la nature ou sur la voie publique

présentant une structure concentrée ou les conditions d’infiltration sont défavorables.

Photographies de rejet d’eaux grises sur voix publique

3.4. La santé.

Les eaux stagnantes notamment celles des eaux grises peuvent être à l’origine de

diverses maladies. Notamment en favorisant le développement des moustiques.

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Il faut également savoir que les latrines à fosse simple peuvent également

contaminer les nappes souterraines si elles sont mal entretenues et donc indirectement

générer des pathologies, en particulier digestives, chez les utilisateurs de cette eau.

4. L’irrigation.

L’irrigation à Skoura et ses Douars environnant est particulièrement importante

dans le quotidien des cultivateurs. En effet, l’agriculture représente le cœur de la ville

permettant de vivre et de gagner de l’argent. Trois systèmes d’irrigation de petite et

moyenne hydraulique se démarquent dans la région ; l’Ougoug, la Khettara et le puits

équipé d’une motopompe.

4.1. Définition.

L’irrigation est l'opération consistant à apporter artificiellement de l’eau à des

végétaux cultivés pour en augmenter la production, et permettre leur développement

normal en cas de déficit d'eau.

4.2. Premier dispositif traditionnel : l’Ougoug.

L’étude de ce dispositif a été faite dans le Douar d’Afra.

4.2.1. Origine.

« Ougoug » est un mot Berbère signifiant « petits barrages », c’est une méthode

ancestrale utilisée depuis plus de 15 siècles au Maroc.

4.2.2. Principe.

Ce dispositif d’irrigation uniquement utilisé pour les petites palmeraies près de

la rivière, permet par l’intermédiaire d’un canal d’amener l’eau prise dans l’oued à

l’aide d’une digue rudimentaire vers les parcelles à irriguer. Le débit de cette eau est

constant. Ce système s’organise en de multiples canaux répartiteurs, ce qui implique

une certaine hiérarchie : le canal principal qui est à la base du système et les canaux

secondaires et tertiaires qui sont des rigoles de distribution. Par ailleurs, deux types de

canaux existent :

- les canaux traditionnels en terre ou creusés dans la pierre, ici utilisés dans le Douar

d’Afra : ils sont peu étanches provocant un gaspillage de l’eau. Ils nécessitent un

entretien quotidien et présentent une faible résistance aux crues.

- les canaux bétonnés : ils limitent les pertes par infiltration (mais non celles dues à

l’évaporation) et en épousant les courbes de niveau, elles permettent une

augmentation de la superficie irriguée.

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Photographies de la digue rudimentaire d’Afra permettant la formation du canal principal

Photographies du canal principal à différents endroits En cas d’urgence (sècheresse), le Douar d’Afra possède deux puits de stockage

permettant d’irriguer les parcelles, un qui appartient à l’association et l’autre qui appartient à un des agriculteurs qui loue son eau.

Photographie du puits appartenant à un agriculteur à gauche

et celui de l’association à droite

4.2.3. Répartitions des parts.

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Suite au débit constant de l’eau circulant dans les canaux, l’alimentation en eau

des parcelles se fait de manière équitable et selon les besoins du moment. Le temps

d’irrigation d’une parcelle peut varier de 10 à 20 heures consécutives et au maximum

plusieurs fois dans la semaine.

Concernant l’agriculture en elle-même, les parcelles sont délimitées par des

tranchées ou haussements de la terre pour bien séparer les biens de chacun. Il faut

également savoir qu’il existe une grosse solidarité dans ce domaine. En effet, l’entraide

fait partie des convictions du Douar d’Afra. Ceci va jusqu’au travail quotidien des

parcelles voisines si leur propriétaire est malade ou parti pendant quelque temps pour

telle ou telle raison. L’échange de produits ou tout simplement la donation des ces

derniers si une famille est touchée par la famine montre aussi la grande solidarité

existant dans ce Douar.

Photographies de plusieurs parcelles agricoles

4.2.4. Entretien.

Quatre-vingt personnes en moyenne, le matin, entretiennent quotidiennement les

digues et les canaux. Travail dur et rébarbatif.

Pour veiller au bon fonctionnement et à la bonne répartition des taches, une personne est

élue pendant une durée indéterminée : « l’Aimal ».

Il faut également savoir qu’une fois par an, un grand nettoyage du canal principal est

organisé et chaque famille bénéficiaire doit désigner un de leur membre pour contribuer

à celui-ci (Douar d’Afra : 800 familles, 800 nettoyeurs).

4.2.5. Aspect économique.

Le système est entièrement financé par l’association du Douar, et il est

totalement gratuit vis-à-vis des bénéficiaires à l’exception de grande sècheresse où les

puits de stockage doivent être utilisés et dont justement le propriétaire loue l’eau

(aucune estimation de prix n’a été donnée).

L’Etat Marocain intervient quelque peu en finançant la construction de digues

protégeant les parcelles des grandes crues hivernales, ce qui n’est pas suffisant face à la

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force de l’eau passant pour la plus part des fois par dessus, ravageant les récoltes et

provoquant indirectement la famine chez les familles touchées.

Photographie d’une digue financée par l’Etat Marocain

4.3. Deuxième dispositif traditionnel : la Khettara.

L’étude de ce dispositif a été faite dans une partie de la palmeraie de Skoura.

4.3.1. Origine.

« Khettara » est un mot Arabe signifiant : des puits enchaînés, liés d’un canal

suivant la pente naturelle du terrain.

Cette technique, originaire du Moyen-Orient, a été importée entre les VIème

et le VIIIème

siècles par l’exode venant de pays Arabes, tel que l’Arabie Saoudite.

4.3.2. Principe.

Le principe proprement dit est d’avoir de l’eau gratuite réservée à l’irrigation.

Techniquement parlant, la Khettara est une galerie forée manuellement dans les terrains

aquifères qui drainent la nappe et amènent l'eau en contrebas pour irriguer la palmeraie.

Le puits-mère qui est la « tête de khettara » est implanté au niveau de la cote du toit de

la nappe qui surplombe celle des parcelles. Le diamètre de la galerie est d’environ 600

mm, permettant le passage et le travail. La galerie est reliée à l'air libre par des puits de

substitutions à 3 m d’intervalles, de diamètre oscillant entre 800 et 1200 mm qui servent

à évacuer les déblais lors de la construction ou lors des opérations annuelles de curages.

La pente et la profondeur de ces galeries (entre 5 et 15 m) sont commandées par la cote

d'altitude des parcelles à irriguer. Le débit varie de 2-3 à 5 l/s.

Photographie d’un puits de substitution à gauche et du canal principal d’irrigation à droite

4.3.3. Répartition des parts.

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La division des parts se fait équitablement. Elle est calculée en fonction du

nombre de parcelles, de la surface des parcelles et de la culture (type et ancienneté) se

trouvant sur les parcelles.

Sur le terrain, le partage se fait à l’aide de petits barrages constitués de plusieurs briques

espacées d’un nombre égale de centimètre (environ 15 cm) rencontrés par le canal, dit

canal principal pour ainsi réguler le débit et la quantité d’eau qui servira à alimenter les

parcelles.

On remarquera qu’un espacement correspond à une action et donc à une parcelle ou à

une partie de parcelle (variable). Chaque parcelle agricole ne peut être irriguée plus de

quinze jours de suite.

Pour satisfaire tous les propriétaires agricoles, le canal principal se divise en canaux

secondaires et tertiaires pour ainsi alimenter chaque parcelle.

Photographie d’un barrage de division des parts

4.3.4. Entretien.

L’entretien des canaux, de la galerie souterraine et des puits se fait par l’aide des

bénéficiaires au minimum deux fois par an et suivant l’état d’urgence.

4.3.5. Aspect économique.

La construction des puits est financée soit par l’Etat Marocain, l’association ou

la coopérative. L’association de Skoura s’en est chargée dans la palmeraie.

La consommation d’eau quant à elle, est totalement gratuite.

4.4. Dispositif moderne : la motopompe.

L’étude de ce dispositif a été faite dans une partie de la palmeraie de Skoura.

4.3.1. Origine.

Au début des années 1970, une technique d’irrigation motorisée est apparue : la

motopompe, ce qui engendra une petite révolution agricole au sein du système

traditionnel.

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4.3.2. Principe.

Le principe de la motopompe consiste à creuser un puits jusqu’à ce que l’on

atteigne la nappe d’eau souterraine qui se situe entre 15 et 30 m dans la palmeraie de

Skoura. Ensuite, on y insère un tuyau par lequel l’eau remonte à la surface. Tout ceci est

actionné par un petit moteur fonctionnant par intermittence. L’eau, alors conduite par

des tuyaux secondaires, va soit irriguer directement les parcelles situées à proximité,

soit rejoindre le réseau d’irrigation « Khettara ».

De ce dispositif, nous pouvons voir émerger 2 types d’acteurs:

- l’association ou la coopérative à titre collectif et commercial.

- l’agriculteur équipé de son propre puits à titre individuel et/ou collectif

(irrigation des parcelles voisines suite à un accord fixé par le propriétaire du puits).

Par ailleurs, il faut noter que les motopompes sont abritées par deux types de

constructions : des protections précaires faites de branchages et des cabanons résistants

en béton ou en pierre.

Photographie de la jonction entre le système « motopompe » et « Khettara » à gauche

et la sortie d’un puits appartenant à un agriculteur à droite

4.3.3. Répartition des parts.

La division des parts se fait exactement comme pour le dispositif « Khettara » à

l’exception que l’eau est payante.

4.3.4. Entretien.

En ce qui concerne l’entretien du puits, une personne chargée par l’association

s’en occupe. Pour les canaux, le principe est le même que pour la « Khettara », c'est-à-

dire que les bénéficiaires s’en occupent deux fois par an et en cas d’urgence.

4.3.5. Aspect économique.

Le financement de ce dispositif se fait soit par l’aide de l’Etat Marocain, de la

coopérative ou de l’association. Ici, c’est l’association de Skoura qui s’en est chargée.

En ce qui concerne l’irrigation, les bénéficiaires doivent payer l’eau qui alimente

leur parcelle. Et pour la payer moins chère, ils doivent adhérer à l’association ou à la

coopérative en payant et en signant une adhésion.

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Ce qui revient à payer pour les agriculteurs de Skoura, 17.50 DH/h pour un

adhérant et plus de 20 DH/h pour celui qui ne l’est pas.

Photographie de parcelles agricoles irriguées

Photographie d’un agriculteur en pleine action

III – Solutions envisageables pour l’amélioration du

niveau de vie de Skoura

Dans le cadre d’une amélioration de vie des habitants de Skoura et de ses

Douars, il est possible d’envisager quelques propositions dans les différents domaines

étudiés.

1. L’eau potable

Pour le Douar de Lahssoune, suite au partenariat Maroco-Japonais, il ne paraît

pas nécessaire d’envisager quoi que se soit, étant donné la création récente des locaux.

Par contre, nous pouvons signaler que le traitement en lui-même est beaucoup trop léger

pour assurer une consommation sans risques. Des améliorations à ce niveau sont

souhaitables et peuvent être proposées. Nous notons également qu’il n’y a pas de

personne réellement formée pour une surveillance de la potabilité de l’eau. La formation

d’au moins une personne pour cette fonction est particulièrement souhaitable.

En ce qui concerne le Douar d’Afra, un des locaux de captage de l’eau est en

très mauvais état, avec un risque d’effondrement à tout moment. La principale cause du

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risque d’éboulement est sa situation sur un sol instable. Nous notons aussi que ce local

est proche de la rivière et subit, lors des crues hivernale, des inondations et donc leurs

conséquences malheureuses sur ses fondations.

Deux solutions sont proposées :

- reconstruction d’un puits et son local non loin de celui qui est

endommagé, mais en utilisant des techniques appropriés aux sols instables et

aux inondations.

- reconstruction d’un puits et son local dans un autre endroit à l’abri des

inondations et sur un sol sûr, se trouvant au-dessus d’une nappe souterraine.

Pour le traitement de l’eau, une personne s’en occupe quotidiennement, mais le

problème est toujours le même, la potabilisation de l’eau n’est pas optimale et l’eau peut

être contaminée à tout moment. La solution de remanier totalement la technique de

traitement serait bien évidemment la meilleure, mais très coûteuse avec une formation

obligatoire du personnel. De ce fait, l’eau devrait être analysée de façon à déterminer la

quantité appropriée d’eau de Javel à inclure et le temps d’intervalle entre chaque

incorporation pour optimiser son effet sur l’eau. Un protocole simple pourrait alors être

mis en place pour que l’action désinfectante de l’eau de Javel sur l’eau à consommer

soit respectée.

Photographie du local de captage d’eau d’Afra, cité précédemment

Photographie de l’état du local de captage d’eau d’Afra

2. L’assainissement

L’assainissement, quant à lui, est un gros chantier et les latrines modernes mettront

beaucoup de temps à se mettre en place en milieu rural.

Ceci dit, nous pouvons cependant essayer de dégager des priorités et proposer quelques

solutions pour une amélioration de l’assainissement dans les différents Douars de

Skoura.

- Installation de systèmes semi-collectifs (type filtre à sable ou autre en fonction du

terrain) où plusieurs familles pourraient se relier.

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- Distribution aux familles de tours à eaux grises. L’idée provient d’Afrique du Sud.

Ce système réutilise l’eau qui a été utilisée pour le nettoyage des vêtements, des

ustensiles de cuisines et des pieds, appelée eau grise. De la salade pousse sur une

colonne contenant terre, compost et graviers le tout retenu dans un sac. Chaque jour

l’eau grise est versée dans le sac et les graines sont semées dans des trous coupés sur

les côtés du sac. Les plantes se développent verticalement.

Photographie d’une Tour à eau grise typique (avant à gauche et après à droite)

3. L’irrigation

Pour le Douar d’Afra, en vue d’une amélioration du travail quotidien qui consiste à

entretenir les canaux et à la consolidation de ces derniers suite à leur mauvaise

étanchéité, le bétonnage de cette voix d’irrigation limiterait les pertes par infiltration

permettant une augmentation de la superficie irriguée.

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CONCLUSION

J’ai essayé de remplir la mission qui m’a été confiée par l’ONG Pédiatres du Monde en

proposant ce mémoire, tour d’horizon de l’eau potable, de l’assainissement et de

l’irrigation locale dans les circonscriptions de Skoura-Idelssane.

Cette enquête m’a permis d’illustrer les particularités locales et de relever un certain

nombres de problèmes qui justifieraient des corrections et pour lesquels j’ai essayé de

proposer des pistes de travail.

Il est certain qu’une aide est nécessaire pour améliorer la circulation de l’eau et pour

l’assainissement. Ces améliorations sont attendues pour obtenir une amélioration de la

santé de la population locale. Il s’agit d’une aide matérielle et donc en premier, aide

financière par l’état marocain, peut-être avec l’appui de financements étrangers,

notamment d’ONG.

Il serait souhaitable aussi d’aider à la formation de personnels pour la surveillance de la

qualité de l’eau et de celle des eaux usées.

Ceci pourrait être une fonction d’ONG. Peut être que l’ONG Pédiatres du Monde qui

m’a permis de faire cette enquête-mémoire et qui est une ONG de Développement,

ONG médicale c’est vrai, pourrait ajouter une autre fonction à celles qu’elle assure dans

la palmeraie de Skoura, en échangeant et en formant les personnels locaux en accord

avec les autorités et responsables locaux.

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BIBLIOGRAPHIE

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