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Même désastre dans l’équipe du PJdiste Abdelkader Aâmara: il est à la tête d’un ministère très vaste avec l’énergie, l’eau, les mines et l’environnement; il a deux mi- nistres déléguées pour le soutenir, El Haite (Environnement-MP) et Afilal (Eau-PPS). Et pourtant toute son action ne recueille que 1% des suffrages, suffrages qu’il faut relati- viser en les divisant par deux! Nabil Benabdallah qui n’était pas aussi mal placé dans les sondages précédents su- bit les contrecoups des positions ambigües de son parti face aux choix gouvernemen- taux et peut-être aussi la rivalité constante et publique avec le chef du MP. Les soutiens de Benabdallah sont des hommes, plutôt pauvres et plutôt âgés. Avec les deux ministères chargés de l’Enseignement, flanqués de deux ministres délégués, les politiques scolaires ne trou- vent grâce qu’avec Daoudi (Enseignement supérieur). Il plaît aux femmes des villes, chez les plus jeunes et chez les plus âgés, ayant les meilleurs niveaux de vie. Difficile d’être plus précis, car Daoudi arrive à peine au niveau de signifiance statistique. Cette remarque vaut aussi pour Moha- med Hassad, le ministre de l’Intérieur, qui séduit les hommes les plus âgés et les Casa- blancais. Salaheddine Mezouar a le même fan-club que lui, en tout petit peu plus grand. Ouzzine qui convenait aux femmes, jeunes et urbaines, n’a sans doute plus la même réputation après le scandale de la pe- louse-piscine. Mais le monde politique est à ce point détaché des citoyens qu’aucune sanction n’a été prise. Ceci expliquant cela, sans aucun doute. La règle vaut pour l’im- mense majorité des ministres. Ceux qui sortent du marais ministériel sont toujours les mêmes: Louardi largement en tête, suivi un deux crans en dessous par Rebbah, Ramid et Akhannouch. Les profils des suffrages qu’ils reçoi- vent sont assez similaires: dans le haut des tranches d’âge, des hommes mais peu de femmes, plutôt urbains. El Houssaine Louardi et Aziz Rebbah reçoivent les fa- veurs de toutes les couches socio-écono- miques, tandis que Mustapha Ramid et Aziz Akhannouch sont cités par les gens les plus aisés. o N. S. équipe ne pèsent rien au regard du travail que les citoyens attendent d’eux. Et pour faire bonne mesure, ne voilà-t-il pas qu’un ministre politiquement impor- tant, Mohand Laenser, se retrouve cité… avec l’opposition. Le gouvernement paye sans doute les rivalités puissantes qui op- posent le chef du Mouvement Populaire avec le chef du PPS: pas un seul thème, pas un seul projet, sans qu’ils montrent publiquement leur désaccord, et sans que le chef d’équipe n’entreprenne d’y mettre bon ordre. Avec un étonnement navré, on notera que personne parmi les ministres et mi- nistres délégués chargés de la marche des affaires et des entreprises n’est cité comme effectuant bien sa tâche. Moulay Hafid Ela- lamy, à la tête du Commerce, Industrie, de l’Investissement et de l’Economie numé- rique, a présenté pourtant un ambitieux plan de relance. Ni lui ni son équipe, Abbou au Commerce extérieur et Bouhadhoud (PME et informel), ne trouvent quelqu’un pour les défendre. Enquête L’Economiste-Sunergia La moitié du gouvernement peut s’en aller! 2 Mardi 6 Janvier 2015 ➨➨➨ EvènEmEnt Pour réagir à cet article: [email protected] • Pas une seule voix pour tout le secteur industriel et commercial • Etrange phénomène avec Laenser! • Le ministre de la Santé, El Houssaine Louardi, reste le pré- féré des Marocains C’EST clair, Benkirane peut virer la moitié de son gouvernement, personne ne s’en apercevra. Et parmi ceux qui res- tent, il n’y en a que quatre qui trouvent grâce, bien modestement. Seule l’action de Louardi, qui ne cède pas aux pressions des médecins et laboratoires, est saluée. Quand on compare les chiffres désas- treux du gouvernement avec la difficulté qu’il y a à fabriquer une équipe, on se dit que Benkirane se casse la tête pour pas grand-chose. Plus des trois quarts de son 1- Un peu plus de la moitié des gens qui acceptent de répondre disent qu’ils ne savent pas qui réussit le mieux. Pour mesurer la réputation réelle de chaque ministre, il faut donc diviser chaque score par deux. 2- 18 ministres et ministres délégués (soit la moitié du gouvernement) ne figurent pas dans cette liste parce qu’ils n’ont recueilli aucune voix. Il s’agit de Moulay Hafid Elalamy, feu Abdallah Baha, Abdelâdim El Guerrouj, Driss Azami El Idrissi, Charki Draiss, Fatéma Marouane, Anis Birrou, Abdellatif Loudyi, Lahbib Choubani, Mohamed Moubdii, Mohamed Sbihi, Soumiya Benkhaldoun, Mohamed Boulif, Mohamed Abbou, Mamoun Bouhadhoud, Charafat Affilal, Hakima El Haite et Driss Dahak. 3- Mohand Laenser, chef du Mouvement Populaire, ancien ministre de l’Intérieur, reclassé comme ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement territorial, non seule- ment n’est pas cité avec le petit groupe de ministres qui réussissent, mais il figure … parmi les opposants! 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% El Houssaine Louardi Aziz Rebbah Mustapha Ramid Aziz Akhannouch Salaheddine Mezouar Mohamed Ouzzine Lahcen Daoudi Mohamed Hassad Mohamed Boussaid Mohamed Nabil Benabdellah Mohamed El Ouafa Mustapha El Khalfi Rachid Belmokhtar Bassima Hakkaoui Lahcen Haddad Abdelkader Amara Mbarka Bouaïda Abdesslam Seddiki Ahmed Taoufiq NSP Aucun 18% 53% 5% 13% 11% 9% 6% 6% 5% 5% 4% 3% 3% 3% 2% 2% 1% 1% 1% 1% 1% Les ministres qui réussissent Cette année, nous n’avons pas mis Benkirane dans la course avec ses ministres, car les sondages précédents nous ont montré qu’il les écrase tant que leurs chiffres deviennent insigni- fiants. Apparemment, cela n’a pas suffi à les réhabiliter… Source Enquête L’Economiste-Sunergia; la question était ouverte et les interviewés ont cité trois personnes. Le scandale Ouzzine venait juste de commencer quand l’enquête a été effectuée

EvènEmEnt Enquête L’Economiste-Sunergia La moitié … · Hafid Elalamy, feu Abdallah Baha, Abdelâdim El Guerrouj, Driss Azami El Idrissi, Charki Draiss, Fatéma Marouane,

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Page 1: EvènEmEnt Enquête L’Economiste-Sunergia La moitié … · Hafid Elalamy, feu Abdallah Baha, Abdelâdim El Guerrouj, Driss Azami El Idrissi, Charki Draiss, Fatéma Marouane,

Même désastre dans l’équipe du PJdiste Abdelkader Aâmara: il est à la tête d’un ministère très vaste avec l’énergie, l’eau, les mines et l’environnement; il a deux mi-nistres déléguées pour le soutenir, El Haite (Environnement-MP) et Afilal (Eau-PPS). Et pourtant toute son action ne recueille que 1% des suffrages, suffrages qu’il faut relati-viser en les divisant par deux!

Nabil Benabdallah qui n’était pas aussi mal placé dans les sondages précédents su-bit les contrecoups des positions ambigües de son parti face aux choix gouvernemen-taux et peut-être aussi la rivalité constante et publique avec le chef du MP. Les soutiens de Benabdallah sont des hommes, plutôt pauvres et plutôt âgés.

Avec les deux ministères chargés de l’Enseignement, flanqués de deux ministres délégués, les politiques scolaires ne trou-vent grâce qu’avec Daoudi (Enseignement supérieur). Il plaît aux femmes des villes, chez les plus jeunes et chez les plus âgés, ayant les meilleurs niveaux de vie. Difficile d’être plus précis, car Daoudi arrive à peine au niveau de signifiance statistique.

Cette remarque vaut aussi pour Moha-med Hassad, le ministre de l’Intérieur, qui

séduit les hommes les plus âgés et les Casa-blancais. Salaheddine Mezouar a le même fan-club que lui, en tout petit peu plus grand.

Ouzzine qui convenait aux femmes, jeunes et urbaines, n’a sans doute plus la même réputation après le scandale de la pe-louse-piscine. Mais le monde politique est à ce point détaché des citoyens qu’aucune sanction n’a été prise. Ceci expliquant cela, sans aucun doute. La règle vaut pour l’im-mense majorité des ministres.

Ceux qui sortent du marais ministériel sont toujours les mêmes: Louardi largement en tête, suivi un deux crans en dessous par Rebbah, Ramid et Akhannouch.

Les profils des suffrages qu’ils reçoi-vent sont assez similaires: dans le haut des tranches d’âge, des hommes mais peu de femmes, plutôt urbains. El Houssaine Louardi et Aziz Rebbah reçoivent les fa-veurs de toutes les couches socio-écono-miques, tandis que Mustapha Ramid et Aziz Akhannouch sont cités par les gens les plus aisés.o

N. S.

équipe ne pèsent rien au regard du travail que les citoyens attendent d’eux.

Et pour faire bonne mesure, ne voilà-t-il pas qu’un ministre politiquement impor-tant, Mohand Laenser, se retrouve cité… avec l’opposition. Le gouvernement paye sans doute les rivalités puissantes qui op-posent le chef du Mouvement Populaire avec le chef du PPS: pas un seul thème, pas un seul projet, sans qu’ils montrent publiquement leur désaccord, et sans que le chef d’équipe n’entreprenne d’y mettre bon ordre.

Avec un étonnement navré, on notera que personne parmi les ministres et mi-nistres délégués chargés de la marche des affaires et des entreprises n’est cité comme effectuant bien sa tâche. Moulay Hafid Ela-lamy, à la tête du Commerce, Industrie, de l’Investissement et de l’Economie numé-rique, a présenté pourtant un ambitieux plan de relance. Ni lui ni son équipe, Abbou au Commerce extérieur et Bouhadhoud (PME et informel), ne trouvent quelqu’un pour les défendre.

Enquête L’Economiste-Sunergia

La moitié du gouvernement peut s’en aller!

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Mardi 6 Janvier 2015

➨➨➨

EvènEmEnt

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• Pas une seule voix pour tout le secteur industriel et commercial

• Etrange phénomène avec Laenser!

• Le ministre de la Santé, El Houssaine Louardi, reste le pré-féré des Marocains

C’EST clair, Benkirane peut virer la moitié de son gouvernement, personne ne s’en apercevra. Et parmi ceux qui res-tent, il n’y en a que quatre qui trouvent grâce, bien modestement. Seule l’action de Louardi, qui ne cède pas aux pressions des médecins et laboratoires, est saluée.

Quand on compare les chiffres désas-treux du gouvernement avec la difficulté qu’il y a à fabriquer une équipe, on se dit que Benkirane se casse la tête pour pas grand-chose. Plus des trois quarts de son 1- Un peu plus de la moitié des gens qui acceptent de répondre disent qu’ils ne savent

pas qui réussit le mieux. Pour mesurer la réputation réelle de chaque ministre, il faut donc diviser chaque score par deux. 2- 18 ministres et ministres délégués (soit la moitié du gouvernement) ne figurent pas dans cette liste parce qu’ils n’ont recueilli aucune voix. Il s’agit de Moulay Hafid Elalamy, feu Abdallah Baha, Abdelâdim El Guerrouj, Driss Azami El Idrissi, Charki Draiss, Fatéma Marouane, Anis Birrou, Abdellatif Loudyi, Lahbib Choubani, Mohamed Moubdii, Mohamed Sbihi, Soumiya Benkhaldoun, Mohamed Boulif, Mohamed Abbou, Mamoun Bouhadhoud, Charafat Affilal, Hakima El Haite et Driss Dahak.3- Mohand Laenser, chef du Mouvement Populaire, ancien ministre de l’Intérieur, reclassé comme ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement territorial, non seule-ment n’est pas cité avec le petit groupe de ministres qui réussissent, mais il figure … parmi les opposants!

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

El Houssaine LouardiAziz Rebbah

Mustapha RamidAziz Akhannouch

Salaheddine MezouarMohamed Ouzzine

Lahcen DaoudiMohamed Hassad

Mohamed BoussaidMohamed Nabil Benabdellah

Mohamed El OuafaMustapha El KhalfiRachid BelmokhtarBassima Hakkaoui

Lahcen HaddadAbdelkader Amara

Mbarka BouaïdaAbdesslam Seddiki

Ahmed TaoufiqNSP

Aucun

18%

53%5%

13%11%

9%6%6%

5%5%

4%3%3%3%

2%2%

1%1%1%1%1%

Les ministres qui réussissent

Cette année, nous n’avons pas mis Benkirane dans la course avec ses ministres, car les sondages précédents nous ont montré qu’il les écrase tant que leurs chiffres deviennent insigni-fiants. Apparemment, cela n’a pas suffi à les réhabiliter…

Source Enquête L’Economiste-Sunergia; la question était ouverte et les interviewés ont cité trois personnes. Le scandale Ouzzine venait juste de commencer quand l’enquête a été effectuée

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L'assise de Benkirane est donc bien celle d'un homme d'Etat, transcendant les clivages sociaux ou générationnels.

Il sera réélu quasi à coup sûr. Ce qui va le faire réélire, c'est qu'il n'a personne en face de lui, ni dans l'opposition, ni dans la majorité.

D'ailleurs, 48% des électeurs d'au-jourd'hui souhaitent qu'il reste au gouver-nement après les prochaines élections, onze points de plus que ceux qui veulent le ren-voyer. Les fans qui veulent prolonger son mandat sont des jeunes adultes, plutôt en ville et majoritairement dans les couches moyennes. Néanmoins, il a quelques enne-mis chez les électeurs les plus âgés et chez les femmes. D'ailleurs, la promotion fémi-nine est le deuxième plus grand point de cri-tique contre le gouvernement. Quelque 53% des gens pensent qu'il dirige bien le gouver-nement et qu'il approche bien les problèmes des Marocains. Une opinion stable depuis 2012, malgré les disputes publiques ou les piques envoyées par ses alliés du PPS.❏

N.S.

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Mardi 6 Janvier 2015

➨➨➨

EVÈNEMENT

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• Il aura probablement un deu-xième mandat

DÉBUT 2014, au moment de lancer les réformes les plus dures, Abdelilah Ben-kirane nous confiait sa certitude: "Les Maro-cains comprennent qu'on ne peut plus vivre comme ça, ils soutiendront mes réformes". Il avait raison sur toute la ligne. Il gagne deux points: 47% de satisfaits contre 45% juste avant le démarrage des réformes.

Pendant ce temps, ceux qui ne marchent pas sur ce chemin, y compris dans sa propre équipe, disparaissent de la carte électorale (cf. Infra).

Néanmoins, parmi les satisfaits de l'ac-tion du Chef de gouvernement, on remarque une érosion des "très satisfaits", tandis qu'à l'autre bout, chez les insatisfaits, les "très mécontents" gonflent. Et entre les deux, les "neutres" grossissent un peu.

Assez curieusement, il n'y a pas d'âge, ni de région, ni de statut social qui aiment plus Benkirane que les autres. Pareillement, ceux qui ne l'apprécient pas se répartissent dans toutes les couches, toutes les régions…

Enquête L’Economiste-Sunergia

Benkirane... homme d’Etat

Non

12%55%33%

36%

40% 52%

41%

28%

72%

44%

25%

67%

33%

64% 27% 9%

36% 31%

27% 6%

58% 17%

44% 12%

5%23%

62% 9%

36% 23%

8%

54% 10%

NSP/NRPOui

L’emploi

L’éducation

Sur la santé

Sur la justice

La lutte contre la corruption

La sécurité

Le logement

La réduction de la compensation du carburant

Grands chantiers (routes, autoroutes)

Gestion des finances publiques

Promotion féminine

Le gouvernement est sur la bonne voie pour:

Sources: Sunergia - L’Economiste

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M

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N W Africa Hello 2015 18 x 25 Morocco F.pdf 1 12/28/14 4:07 PM

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avec laquelle le ministre Pjdiste, Lahbib Choubani (zéro voix), veut les domestiquer.

La limite de cette ambition se trouve dans l’actuelle Consti-tution: elle inscrit la diversité comme une caractéristique géné-tique du Maroc et proclame que le Souverain en est le gardien. Rôle qu’il avait d’ailleurs joué lors de la «crise des cahiers des charges», entre les télévisions et le ministre El Khalfi.o

N. S.

savoir répondre»! Ce sont en quelque sorte des bulletins blancs.

Autrement dit, tous les chiffres concernant l’opposition marocaine ne s’appuient que sur un quart des élec-teurs!

Pis encore, sur ce quart, le premier des opposants, c’est un certain M. Per-sonne, qui attire à lui tout seul 18% des «suffrages». Ce M. Personne creuse une différence de 7 points sur le suivant, Ha-mid Chabat. Le leader de l’Istiqlal ras-semble péniblement 11% de voix (sur seulement le quart des électeurs, rappe-lons-le!). Il «écrase» Driss Lachgar de l’USFP, à 7% (toujours sur le quart des électeurs: soit en réalité moins de 2%).

Quant à Mustapha Bakkoury du PAM, la lumière solaire l’a abandonné dans les profondeurs, à 5% des voix (soit en réalité, 1% sur la totalité du corps électoral).

Donc ni les «grandes gueules» comme Chabat et Lachgar, censées faire contrepoids à Benkirane, ni les ultra-si-lencieux comme les fantômes habitant l’UC ou le PAM, ne font le poids face au gouvernement. En réalité, c’est face à Benkirane qu’ils ne pèsent rien.

La disparition de l’opposition change les ressorts politiques du Royaume.

Les optimistes affirmeront avec hu-mour que l’opposition a devant elle de colossales opportunités de croissance!

Plus fondamental, les politologues noteront que tout le poids du dialogue démocratique avec le gouvernement re-pose désormais sur la vitalité des ONG.Ce qui explique peut-être l’application

Enquête L’Economiste-Sunergia

L’opposition n’existe plus

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Mardi 6 Janvier 2015

➨➨➨

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EvènEmEnt

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• Les «grandes gueules» de l’Is-tiqlal et de l’USFP sont à peine reconnues

• Quant au PAM et à l’UC, il n’en reste que des fantômes

• Des implications constitution-nelles importantes

IL y avait, nous le reconnaissons, un peu de malice à ajouter au corpus de l’enquête Sunergia un chapitre sur l’op-position. Mais nous ne nous attendions pas à un tel désastre!

Il faut d’abord une mise en perspec-tive: au 44% des électeurs qui se mo-quent de la politique en général (voir en-cadré infra), il faut ajouter 25% de gens intéressés, mais qui affirment «ne pas

UNE petite moitié des électeurs se moquent de la politique… on peut leur trouver des raisons. C’est pourtant un jeu dangereux puisque, ipso facto, chacun d’entre eux laisse un chèque en blanc (et son porte-monnaie tout entier!) aux politiciens.

Le bureau Sunergia, pour la première fois dans la tradition plus que décennale des enquêtes politiques pour le compte de L’Economiste, a rencontré un niveau inédit d’indifférence. En effet, 44,22% des gens, à qui les enquêteurs ont parlé, ont répondu que cela ne les intéressaient pas. C’était une réponse différente d’un «refus» net et précis, qui lui marque une opposition.

Près de la moitié des Marocains en âge de voter trouve que donner son avis ne sert à rien, ne change rien, n’intéresse personne… et/ou que per-sonne dans le personnel politique ne vaut la peine qu’on s’intéresse à lui, qu’on parle de lui, qu’on espère quelque chose de lui ou d’elle.

Certes on peut penser que c’est un phénomène mondial: même avec les enjeux vitaux de la toute récente élection présidentielle tunisienne, une petite moitié des électeurs se sont déplacés.

Néanmoins, en ce qui concerne le Maroc, le ré-enchantement politique qu’on avait vu à l’œuvre une première fois en 2001-02, puis une deuxième fois pour la Constitution de 2011 (mais pas pour les législatives) est à nouveau perdu.o

L'ENQUÊTE a été menée par le bureau d'études Sunergia, avec lequel L'Economiste travaille sur ce sujet de-puis plus d'une décennie; ce qui rend possibles et pertinentes les comparaisons sur le long terme. (Voir aussi encadré "… chèques en blanc").

L'enquête a été menée par téléphone en décembre 2014. A noter que le scan-dale de la pelouse piscine imputé au mi-nistre des Sports Ouzzine ne faisait alors que commencer.

Les réponses complètes et significa-tives de 1.004 personnes ont été exploi-tées. L'échantillon transcrit au plus près la population en âge de voter au Maroc, respectant les composantes de genre, d'âge, de résidence et de niveau socio-économique. En voici le détail:- 49% d'homme et 51% de femmes.- 59% d'urbains et 41% de ruraux.- 23% de 18-24 ans; 25% de 25-34 ans; 20% de 35-44 ans; 15% de 45-54 ans; 8% de 55-64 ans et 9% de plus de 64 ans.- 13% de catégorie socioéconomique A/B; 57% de C et 300% de D/E- 28% pour la région Casablanca/Chaouia Ouardigha; 23% de Marrakech/Agadir/Tadla Azilal; 16% de Rabat/Salé et Gharb; 14% de Taza/ El Hoceïma/Taounate Oriental; 12% de Fès/Meknès et enfin 7% de Tanger Tétouan et région.

Enfin d'être au plus près de la réalité, en plus des 1.004 questionnaires retenus, 392 ont été écartés car ils ne respectaient pas les quotas, seule façon d'avoir un échantillon fiable.o

Fiche technique

La moitié des électeurs signe des chèques en blanc!

0% 10% 20% 30% 40% 50%

50%NSP

Aucun

Hamid Chabat (Istiqlal)

Driss Lachgar (USFP)

Mustapha Bakkoury (PAM)

Driss Erradi (UC)

Mohamed Alami (USFP)

Hakim Benchemass (PAM)

Ahmed Kafi Charat (UGTM)

Feu Ahmed Zaydi

Abderrahmane Azzouzi (FDT)

Mohamed Labiad (UC)

Miloudi Almoukhariq (UMT)

Larbi Mhrachi (PAM)

18%11%

7%

5%4%4%

3%

3%

2%

1%

1%1%

2%

Quelles sont les personnes de l’oppositionqui vous paraissent les plus crédibles?

(Base: 1.000 répondants)

Sources: Sunergia - L’Economiste

L’ancien syndicaliste patron de l’UGTM a conquis de haute lutte le vieux Parti de l’Istiqlal, contre les amis d’ Abbas El Fassi, plus mesurés dans leurs propos. Chabat (dans les limites, étroites, de son

aura: 11%) plaît aux jeunes, aux hommes, et aux couches sociales défavorisées. Les riches, les habitants de Tanger-Tétouan et les personnes les plus âgées, le détestent. Il n’y a pas de numéro 2 dans l’Istiqlal, sauf si on va chercher dans l’UGTM où Ahmed Kafi Charrat recueille un tout petit 3%

La nouveau leadeur de l’USFP n’a pas réussi à imposer son leadership dans son propre parti. Dans les limites très étroites de son attrac-tion, 7%, il plaît aux plus âgés, de Rabat et de l’Oriental et aux couches moyennes. Il ne rencontre pas vraiment de détestation. Son numéro 2 est Mohamed Alami, qui attire 4% des voix exprimées, pas si loin de lui finalement.

Les autres forces d’opposition sont si faibles qu’en les additionnant toutes on arrive à peine à 12% de voix exprimées, ce qui pèse 3% du corps électoral. Mais on est là dans des niveaux si petits que l’on ne peut pas accorder un sens certain à ces chiffres.

n Hamid Chabat

n Driss Lachgar

Autres forces d’opposition

Attention: - Si l’on ne tient compte que de ceux qui se sont valablement exprimés (les votants en quelque sorte), les scores doivent être divi-sés par deux.- Si l’on prend le corps électoral dans son entier (les Marocains résidents qui ont l’âge de voter) tous ces chiffres doivent être divisés par 4!

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Mardi 6 Janvier 2015

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• … sauf Abbas El Fassi!

• El Youssoufi toujours très pré-sent

• Jettou marque son territoire

C’EST un fait, les Marocains ai-ment ce qu’ils ont sur la table du mo-ment. Les lecteurs charitables diront que le temps, donc l’oubli, a fait son œuvre. Ceux qui ne le sont pas, au contraire, pointeront le score lamentable d’Abbas El Fassi, score qui était déjà lamentable quand il était en charge de 2007 à 2011 (son mandat avait été raccourci par le «printemps arabe», lequel s’était décliné en nouvelle Constitution au Maroc).

Il avait déjà des scores piteux à cette époque, ce qui avait sans doute déter-miné ses opposants au sein de l’Istiqlal à changer de leadeur, puis à passer dans l’opposition. Comme le montrent les ré-sultats de l’enquête L’Economiste-Su-nergia, ce n’était pas spécialement une bonne idée (voir supra).

Un point étonnant pourtant: chez les jeunes, El Fassi dispute le leadership à Benkirane, tandis que les autres premiers ministres ne comptent pas pour cette classe d’âge.

Rappelons que durant son mandat raccourci, les membres de l’équipe El Fassi comptaient plus que leur chef! Phénomène rare.

Phénomène rare, qu’on avait pour-tant rencontré une fois, dans l’équipe de Driss Jettou, quand son ministre du Tou-

risme, Adil Douiri, avait battu son chef d’une bonne tête.

Ceux qui ont gardé le meilleur sou-venir de Jettou sont les couches aisées et le pôle industriel de Casablanca. On se souvient qu’il avait remis en route

l’appareil économique, rompant avec l’ancien dogme de la Banque mondiale «laisser-faire, n’intervenez pas».

Nul ne pouvait battre Abderrahmane El Youssoufi sauf sur la fin de son mandat, où un certain M. Personne avait triomphé. Ce M. Personne sera présent dans tous les gouvernements, jusqu’à ce que la coalition PJDiste prenne le pouvoir.

Le chef du gouvernement d’Alter-nance avait battu tous les records de popularité quand il était au pouvoir. Ce qui faisait de lui un animal politique bien spécial, soutenu par les jeunes comme par les plus âgés et plus par les femmes que par les hommes.

Aujourd’hui, 15 ans après, il a tou-jours ce même fan-club, avec un accent chez les habitants de Tanger-Tétouan, sa

région d’origine. Les esprits méchants noteront que le leadeur historique de l’USFP fait un meilleur score, réunit plus d’opinions favorables, que les ac-tuels dirigeants du parti!

La mémoire des citoyens ne va pas

jusqu’à détrôner l’actuel chef de gouver-nement, Benkirane, qui est lui aussi un bel animal politique.

Abdelilah Benkirane avait commen-cé très haut en 2012, mais pas aussi haut qu’El Youssoufi en 2000. Puis, le chef des PJDiste a sévèrement chuté à mi-mandat jusqu’au début 2014.

Il fait aujourd’hui une petite remonté de deux points (voir info), qui est due à la prise en charge des réformes.

La vérité historique doit dire que les réformes entreprises par l’actuel gou-vernement sont précisément les mêmes qui avaient fait reculer l’équipe d’El Youssoufi: indexation pétrolière, vérité des prix, couverture médicale… et peut-être les retraites.

Pour sa défense du Premier ministre socialiste, la vérité historique rappelle qu’il gérait aussi, et peut-être surtout, une transition de règne entre Hassan II et Mohammed VI.❏

N. S.

➨➨➨

Enquête L’Economiste-Sunergia

Les hommes politiques dominent les primatures, sauf…

EVÈNEMENT

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Source: L’Economiste-SunergiaLes électeurs répondent facilement quand il s’agit de classer les premiers ministres: 9 sur 10 donnent leur opinion

24%

16%

7%

37%

6%

10%

AbderrahmaneEl Youssoufi

AbbasEl Fassi

DrissJettou

AbdelilahBenkirane

Aucun NSP

Les meilleurs premiers ministres

janvier 86mars 64mars 45décembre 47

86

64

45 47

Janvier 2012 Mars 2013 Mars 2014 Décembre 2014

Satisfaits et très satisfaits de Benkirane

Sources: Sunergia - L’Economiste

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