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1 République du Sénégal UN PEUPLE - UN BUT - UNE FOI MINISTERE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES CENTRE D’ETUDES DE POLITIQUES POUR LE DEVELOPPEMENT EVOLUTION DU CONCEPT ET DE LA MESURE DE LA COMPETITIVITE DOCUMENT DE TRAVAIL OCTOBRE 2008

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République du Sénégal UN PEUPLE - UN BUT - UNE FOI

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EVOLUTION DU CONCEPT ET DE LA MESURE DE LA

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DOCUMENT DE TRAVAIL OCTOBRE 2008

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I- Introduction générale

La compétitivité considérée unanimement comme un impératif dans le contexte de la

mondialisation, est un phénomène économique complexe et une question controversée. Le

concept ne fait ni l’objet d’une définition universelle, ni de mesures empiriques consensuelles.

Par ailleurs, l’enjeu de la compétitivité peut être considéré à plusieurs niveaux de

préoccupation ou d’agrégation: micro, meso, macro et meta d’une part ; produit, entreprise,

secteur/branche/filière/grappe, zone/région/pays. A chacun de ces niveaux, le concept de

compétitivité est à rapprocher à un objectif économique ou une finalité sociale, sans quoi, il

risque de rester une curiosité intellectuelle sans objet.

Ainsi, au niveau de la nation, la compétitivité renvoie généralement à la capacité d’un pays à

produire des biens et services qui supportent la concurrence de biens et services d’autres pays

pendant que leur cession sur les marchés cibles contribue à consolider ou à accroître sur le

long terme le revenu intérieur en termes réels. Un indicateur possible pour mesurer la

compétitivité est alors la croissance économique.

Mais des auteurs comme Michael Porter (1990) et Lundberg (1999) soutiennent que la

compétitivité est appréhendée avec plus d’intérêt au niveau sectoriel et sous-sectoriel, comme

capacité d’un pays à gagner et à préserver avec profit des parts des marchés intérieurs ou

extérieurs ciblés.

A travers le temps, les tentatives d’explication des sources de la compétitivité entre pays et

donc de profil de spécialisation et de commerce extérieur d’un pays, ont suscité la proposition

de deux concepts analytiques : l’avantage comparatif et l’avantage compétitif.

Un pays dispose d’un avantage comparatif dans un produit quand il peut le produire à un coût

d’opportunité plus faible que les autres pays, pour des raisons variées pouvant être liées à la

dotation en ressources naturelles, en facteurs, en technologies, en culture de la productivité,

Cette approche qui met en avant la relative maîtrise des coûts de production est différente de

celle fondée sur les économies d’échelle ou le potentiel de différentiation qui permet de placer

un produit malgré un prix plus élevé que la concurrence.

L’avantage compétitif ressort d’une vision dynamique de l’avantage comparatif. Il met

l’accent sur le processus de création de l’avantage relatif dont peut disposer un pays dans la

production d’un produit donné, contrairement à l’avantage comparatif qui, sur une base

statique, fait reposer la compétitivité sur des avantages hérités.

Au total, l’on peut répertorier comme suit les déterminants de la compétitivité :

o les facteurs de production disponible et leur qualité ainsi que l’état de la technologie

applicable par rapport à celle des concurrents ;

o les conditions macroéconomiques, notamment le niveau des taux d’intérêt et du taux

de change ;

o les autres politiques publiques à effets transversaux y compris la politique

commerciale et les accords commerciaux avec d’autres pays. Un cadre juridique

transparent, stable et prévisible, un système éducatif et de formation adapté et efficace,

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le développement progressif de la recherche –développement sont des atouts

importants pour entretenir la productivité à court comme à long terme ;

o le développement conséquent des secteurs en amont et en aval des produits concernés

et les conditions sur les marchés intérieurs à travers l’existence de fournisseurs à offre

concurrentielle à l’échelle internationale et des clients faisant preuve d’une exigence

également à l’échelle concurrentielle.

Ce cadre des déterminants de la compétitivité fait référence, cependant, au Losange de

Michael Porter dont le caractère plutôt qualitatif et l’absence d’hypothèses testables ont été

soulignés mais aussi l’approche structurée qu’il propose pour l’analyse des forces et faiblesses

d’un secteur ou d’un pays en matière de compétitivité.

Au chapitre de la mesure du niveau de compétitivité, deux catégories d’indicateurs peuvent

être distinguées :

o les mesures de performance révélée fondées sur la comparaison de productivité ou de

technologies, sur la rentabilité, sur les taux d’autosuffisance et de parts de marché, et

sur les statistiques de commerce extérieur. Un exemple de ces indicateurs est

l’avantage comparatif révélé;

o les mesures de performance potentielle fondées sur les méthodes comptables telles le

coût en ressources internes.

Le présent document ressource du CEPOD revient sur ces différentes questions avec plus de

détail ainsi que sur les théories et les travaux empiriques qui sont développés sur la

compétitivité et sa mesure. Le Plan du reste du document-ressource est le suivant :

II. Rappels sur l’avantage comparatif

III. Définition et portée de la compétitivité

IV. Indicateurs simples de compétitivité

V. Les théories de la compétitivité

VI. Benchmarking et indicateurs synthétiques de la compétitivité

VII. Problématique d’un observatoire de la compétitivité d’une petite économie ouverte

VIII. Conclusions

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II. De l’avantage comparatif à l’avantage compétitif

La compétitivité internationale qui renvoie aux performances économiques d’un pays, d’une

région ou d’une entreprise en présence d’autres pays, d’autres régions ou d’autres entreprises,

est certainement au centre du programme de recherche de l’économie internationale. Elle est

ainsi à la base d’une succession de concepts et d’approches dont compte est rendu est ci-

après.

1- Approche classique.

Xénophon, le précurseur de la science économique la décrit comme l’art et la science de tenir

en ordre sa maison et plus généralement ses biens. Mais l’analyse du commerce international a

commencé avec la théorie mercantiliste qui s’est développée à partir des années 1900.

Auparavant, Christophe Colomb avait découvert l’Amérique en 1492. Jusqu’à cette période, la

plupart des biens produits dans les communautés humaines ne faisaient pas l’objet d’échanges

extérieurs. Au fur et à mesure que les explorateurs découvrent de nouveaux pays et que

l’économie monétaire s’installe, les Etats-nations deviennent les forces dominantes dans

l’accumulation de richesses d’or et d’argent. Le mercantilisme a ainsi cours entre 1500 et 1776,

période dominée par le laissez-faire. Le commerce est alors florissant à l’intérieur des pays et

entre les pays, parallèlement à une utilisation accrue de la monnaie et une importance

croissante des villes. L’intensification de la rivalité entre nations fortes a, sur cette base, donné

naissance au fait colonial. Sur les cendres de l’auto-suffisance des communautés féodales, le

corps de doctrine mercantiliste promeut le nationalisme, confère dignité et puissance au négoce

et justifie une politique d’expansion économique et militaire le long des axes ci-après :

- l’or et l’argent représentent la forme la plus désirable de la richesse ;

- au nom du nationalisme ambiant, tout pays doit promouvoir les exportations et accumuler

des richesses aux dépens de ses voisins ou partenaires, quitte à réguler les échanges pour

un équilibre qui lui soit favorable. Conséquence : seules les nations puissantes peuvent

conquérir et garder des colonies, dominer les grandes routes de commerce, et participer

avec succès au commerce international ;

- l’importation libre de droits des matières premières qui ne sont pas produites localement,

la protection des produits manufacturés et des restrictions sur l’exportation des matières

premières locales ;

- l’intérêt du négociant l’emporte sur celui du consommateur : le négociant exporte et

accumule l’or pendant que le consommateur est rationné à travers les restrictions sur les

importations et que le pays gagne en richesse et puissance ;

- un gouvernement central fort doit garantir des privilèges de monopoles aux compagnies

de commerce, réguler l’accès aux affaires afin de limiter le commerce, subventionner et

protéger des importations l’agriculture, les mines et l’industrie.

Le mercantilisme a apporté à l’économie l’importance reconnue au commerce international et

produit un outil de comptabilité et d’analyse des échanges entre un pays et le reste du monde :

la balance des paiements.

2- L’école classique.

L’école classique naît en 1776 avec la publication de l’ouvrage d’Adam Smith « la richesse

des nations.» La doctrine classique est celui du libéralisme économique dont les bases sont :

la liberté de l’individu, la propriété privée, l’initiative individuelle, l’entreprise privée et le

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gouvernement minimum. L’économie classique a rationalisé l’activité de l’entreprise, à

travers l’accent mis sur la concurrence et au moyen d’un corps de « lois » enseignées

désormais comme des principes économiques :

- la loi des rendements décroissants ;

- la loi de l’avantage comparatif ;

- la souveraineté du consommateur ;

- l’importance de l’accumulation de capital pour la croissance économique ;

- le mécanisme du marché pour concilier intérêt individuel et intérêt collectif.

Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (1772-1823) et John Stuart Mill (1806-1873) ont

jeté les bases de la théorie du commerce international. Pour ces trois auteurs, tout pays peut

atteindre son niveau de revenu et de la croissance économique le plus élevée en maintenant un

commerce ouvert avec le reste du monde, guidé par les prix que les partenaires étrangers

proposent en échange des produits domestiques. En lieu et place des restrictions sur le

commerce, le gouvernement devrait mettre l’accent sur le maintien des marchés nationaux

concurrentiels et l’investissement dans des biens publics comme l’éducation et la recherche.

L’école classique a contribué à une meilleure compréhension des fondements de la production

et des échanges dans l’économie mondiale à travers :

- la division du travail évoquée par Adam Smith sous-tend la spécialisation des efforts d’un

individu et de la production d’une nation dans la société industrielle ;

- l’avantage comparatif décrit par David Ricardo permet d’identifier les activités dans

lesquelles un pays peut se spécialiser à son avantage ;

- les avantages tirés de l’échange avec l’extérieur permettent à une nation d’atteindre des

niveaux de consommation que sa production n’aurait permis d’atteindre.

3- Les modèles néoclassiques

En 1871, W. Stanley Jevons, Carl Menger et Léon Walras ont publié de façon indépendante

des travaux qui fondent les théories néoclassiques. Il s’agit d’une somme de modèles qui

décrivent les sources de l’avantage comparatif et de la spécialisation, c’est-à-dire les sources

de différences dans les coûts d’opportunité. Sans ces constructions néoclassiques, seules

l’expérience tirée de l’apprentissage pourrait justifier l’avantage comparatif.

a) Modèle de Heckscher et Ohlin.

Eli Heckcher (1919) et Bertil Ohlin (1933) distinguent les pays en fonction de leurs dotations

en facteurs de production et les produits en fonction des facteurs nécessaires à leur

production. Le modèle qu’ils proposent établit qu’un pays aura un avantage comparatif et

donc exportera le bien dont la production requiert relativement plus les services du facteur

dont le même pays est relativement plus doté. Cette conclusion repose sur la logique qui veut

que plus le facteur est abondant plus son coût est faible.

Le modèle d’Heckscher et Ohlin s’appuie et complète la théorie classique de l’avantage

comparatif. Toutefois, le paradoxe de Léontieff (1953), semble indiquer que même complété

par la contribution de Jaroslav Vanek (1968), le modèle de HO explique au mieux les sources

de l’avantage comparatif en cas de concurrence que la structure du commerce extérieur des

pays.

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Le modèle HO a été étendu par trois théorèmes :

le théorème de Stolper-Samuelson (Wolfgang Stolper et Paul Samuelson (1941)) établit

que la variation du prix d’un bien affecte dans la même direction et plus que

proportionnellement le prix des services du facteur le plus intensivement utilisé dans la

production du bien dont le prix a varié. En corollaire, le théorème indique que l’ouverture

au commerce contribue à relever la rémunération du facteur abondant et à réduire celle du

facteur rare. A la lumière de ce théorème, le modèle HO définit l’avantage comparatif en

termes d’utilisation intensive du facteur abondant. De façon duale, la hausse du prix du

bien qui utilise intensément le facteur abondant contribue à relever le prix du facteur

abondant. En termes d’économie politique, les gains bruts tirés de l’échange par les

détenteurs du facteur abondant leur permettront de compenser les détenteurs du facteur

rare (les perdants) avec un gain net positif ;

le théorème de l’égalisation des prix des facteurs. Paul Samuelson (1948) établit que le

commerce extérieur contribue à relever la rémunération réelle d’un facteur dans le pays où

il est abondant et à la baisser dans le pays où il est rare. En corollaire, même si les facteurs

sont immobiles entre pays, le commerce libre des biens tend à égaliser la rémunération de

chaque facteur dans les pays en échange. Cependant, ce théorème repose sur des

conditions relativement fortes : absence de coût du transport et de barrière au commerce,

technologie identique. Un autre corollaire de ce théorème est que l’investissement

étranger peut s’avérer non nécessaire dans une situation de libre échange. D’autres

implications intéressantes sont les suivantes :

o une réduction des barrières au commerce entraîne une réduction des écarts de

revenus ;

o le pays à faible revenu bénéficie le plus de la formation d’un bloc commercial ;

o le pays le moins avancé devrait poursuivre activement une politique d’ouverture sur

le reste du monde pour relever le niveau de ses revenus ;

le théorème de Rybczynski. T.M. Rybczynski (1957) établit qu’à prix constants d’un

bien qui l’utilise intensément et à réduire la production des autres biens. Supposons que

les prix des biens restent constants, que le stock de capital augmente de 10% et que l’offre

de main d’œuvre reste constante. Avec la hausse du stock de capital, la production de bien

intensive en capital augmente avec l’utilisation de l’offre additionnelle de capital. Cette

utilisation du capital additionnel va nécessiter le recrutement additionnel de travail qui va

provenir du secteur des biens dont la production est intensive en travail. Or, la baisse du

travail utilisé dans ce secteur va s’accompagner d’une baisse de la production.

Un autre théorème à retenir, celui de Salter (1959) et Swan (1960), deux économistes

australiens qui établissent qu’en présence de biens non échangeables, et à un niveau donné de

l’inflation et des prix inférieurs, un taux de change plus élevé (dévaluation) entraîne que plus

de biens seront exportés et moins de biens seront importés.

b) Autres théories

Les modèles classiques et néoclassiques établissent que l’avantage comparatif est mieux

mesuré en comparant les coûts de production à la valeur du produit, en évaluant les ressources

naturelles et les biens échangeables aux prix mondiaux. Cependant, les modèles néoclassiques

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n’ont pas toujours marché sur le terrain ; ce qui a suscité des remises en cause de la théorie de

l’avantage comparatif.

la théorie du commerce intra-branche. Stefan Linder (1961), considérant que les goûts

des clients sont fortement affectés par les niveaux de revenus, établit que la nature des

biens manufacturés dans un pays reflète le niveau de revenu par tête d’habitant de ce

même pays. En d’autres termes, les biens produits pour la consommation intérieure, seront

effectivement exportés. La théorie de Linder implique que le commerce extérieur de biens

manufacturés sera plus important entre nations à niveaux de revenus par tête comparables,

et les biens qui seront échangés seront demandés par les consommateurs des deux pays ;

le cycle du produit ou la théorie du commerce extérieur fondée sur la technologie. Se

fondant sur l’hypothèse que le marché local non seulement stimule l’innovation mais aussi

est le lieu de production préféré, Raymond Vernon a ajouté deux attributs fondés sur la

technologie à l’accent mis sur le coût des facteurs par la théorie classique et néoclassique :

o les innovations techniques conduisant à des produits nouveaux rentables

nécessitent de grandes quantités de capital et de main d’œuvre hautement

qualifiée. Ces facteurs de production sont surtout disponibles dans les pays

hautement industrialisés,

o le produit lui même et les procédés de fabrication franchissent trois stades de

maturation : stade de produit nouveau, le stade de produit en maturation et le stade

de produit standardisé. Au fur et à mesure que le procédé de fabrication se

standardise et devient intensif en main d’œuvre faiblement qualifié, l’avantage

comparatif dans la production et l’exportation se déplace à travers les pays. La

contribution la plus importante de la théorie du cycle du produit a été d’expliquer

pourquoi l’investissement étranger a lieu. Elle a reconnu la mobilité du capital

entre les pays et placé le centre d’intérêt du pays vers le produit. Cette théorie

examine la compétitivité en faisant concorder le stade de maturité du produit et son

lieu de production ;

la théorie des économies d’échelle et de la courbe d’apprentissage affectent le

commerce extérieur parce qu’elles permettent de produire à des coûts faibles sans une

abondance d’une certaine classe de facteurs de production, d’après Krugman (1979) et

Lancaster (1979) qui ont indépendamment développé des modèles d’échanges de produits

différenciés.

III. Définition et portée du concept de compétitivité.

Au niveau de l’entreprise, la compétitivité renvoie à la capacité d’acquérir et de préserver une

position avantageuse sur les marchés porteurs. Cette capacité requiert la réalisation simultanée

de plusieurs objectifs : l’entreprise en question doit livrer à temps à des prix compétitifs des

produits de qualité adéquate. Elle doit également être à même d’offrir des produits à une

variété suffisante pour satisfaire une demande différentiée, et de répondre sans délai aux

changements observés dans les préférences des clients. Du reste, des performances soutenues

requiert une capacité d’innovation, ainsi qu’un système efficient de marketing, de marque et

de distribution.

Le concept de compétitivité systémique s’applique à des pays, des régions ainsi qu’a des

secteurs et sous-secteurs d’activités plutôt qu’à une entreprise individuelle. Comme le fait

observer Krugman (1994), une entreprise qui ne peut honorer ses engagements vis-à-vis de

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ces employés, ses fournisseurs et ses autres créanciers, fait faillite. En d’autres termes, une

entreprise non compétitive, simplement disparaît. Ce qui n’est pas le cas pour un pays.

Pour un pays, la perte de compétitivité ne signifie pas sa disparition mais plutôt la

détérioration des conditions de vie de ses populations. Ainsi, à l’échelle d’un pays la

compétitivité mesure le degré dans lequel ce pays peut, sous les conditions d’échanges libres

et justes, produire des biens et des services qui respectent les critères de suffisamment de

marchés nationaux et internationaux, pour assurer à ses populations des revenus réels

croissants sur le long terme. La perspective de long terme implique la nécessité de maintenir

l’impact écologique et la consommation avec la capacité d’absorption des chocs inhérents que

recèlent les différents écosystèmes.

IV. Indicateurs simples de compétitivité

A. Indicateurs de performance révélée

1. Le taux de change réel

Lipschetz (1979) et Edwards (1989) retiennent le taux de change réel comme une mesure de

compétitivité. Le taux de change réel d’équilibre est utilisé pour déterminer si le taux de

change connaîtra une appréciation, une stabilité ou une dépréciation. Appliqué généralement à

l’échelle de l’ensemble de l’économie, il fait aussi l’objet de variantes pour des secteurs

spécifiques.

Le taux de change réel est défini comme le ratio entre l’indice des prix des biens échangeables

et des biens non échangeables

TCR = PT / PNT

PT = indice des prix des biens échangeables

PNT = indice des prix des biens non échangeables

Les difficultés que présente d’utilisation du TCR comme mesure de la compétitivité sont à la

fois conceptuelles et d’ordre méthodologique. D’abord, la compétitivité d’une économie ne

se limite pas à une question de coûts et de prix ; des facteurs hors - prix (qualité, délais de

réaction, variété) sont également à prendre en compte. Ensuite, la définition suppose une

certaine homogénéité de la classe des biens échangeables des biens en développement avec

celle des pays en développés ; ce qui est loin d’être le cas. Enfin, la technologie est moins

accessible dans les pays en développement si bien qu’une hausse des prix mondiaux des biens

échangeables n’entraîne pas toujours un transport de ressources en faveur d’un accroissement

de leur production.

L’expérience de ces dernières décennies indique plutôt que l’évolution des TCR à court et

moyen termes est davantage influencée par les mouvements de capitaux et leur impact sur les

taux de change nominaux.

2- Les flux d’investissement direct étranger

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Nabi Lutlina (2002) avance que les facteurs qui rendent un pays attractif pour l’investissement

direct étranger (IDE) sont similaires à ceux qui déterminent sa compétitivité. A cet effet, il

s’appuie sur le fait que l’IDE est une mesure de la propriété étrangère des actifs productifs tels

que usines, mines et terres.

Ainsi, si l’on considère l’évolution des flux d’entrées l’IDE, les pays les plus compétitifs à

l’échelle mondiale sont les pays industrialisés. Parmi les pays en développement, les pays

d’Amérique Latine et d’Asie de l’Est sont les mieux placés, conformément aux anticipations.

D’après Todaro (2000), presque 71 % de l’IDE enregistré dans les pays en développement en

1997, a profité à neuf pays avec 30 % pour la seule Chine. Il s’avère ainsi que les flux d’IDE

privilégient les pays qui présentent les fondamentaux d’une structure de production

compétitive tels que main d’œuvre qualifiée, un solide droit des affaires, des infrastructures et

un logistique de qualité.

Toutefois, il faudrait tenir compte du fait qu’un pays peut avoir de bons fondamentaux et

souverainement restreindre l’entrée des IDE. Par ailleurs, des barrières élevées au commerce

de produits peuvent amener une entreprise à produire localement dans un pays naguère

importateur de ses produits.

D’un autre point de vue, l’expérience de la crise de la dette des pays d’Amérique Latine des

années 1980, celle de la crise du Mexique de 1994-95 et celle de la crise asiatique de 1997-98,

relèvent une certaine inélasticité des IDE à une variation de la compétitivité à court terme.

Néanmoins, l’IDE est considéré comme un indicateur approprié de la compétitivité

structurelle ou de long terme d’un pays d’après Nabi et Lutlina (2002).

3. Les paramètres de dynamisme des marchés ciblés et de part de marché.

La matrice conçue par Boston Consulting Group (BCG) met en relief la compétitivité comme

la capacité d’acquérir des parts élevées (relativement à la concurrence) de marchés à

croissance rapide (à deux chiffres). Gellynck et Visaene (1993) adapte la matrice de BCG à

l’analyse de la compétitivité d’un portefeuille de produits d’un secteur sur les marchés

étrangers.

4- Les performances à l’exportation

Les entreprises et industries d’un pays sont jugées compétitives dans les produits pour

lesquels leur part de marché est en hausse. Un produit d’exportation est jugé dynamique à

l’échelle du marché mondial si sa part de marché croît plus vite que la moyenne des autres

produits.

Le positionnement idéal sur le marché mondial se traduit par des gains de parts sur les

marchés des produits à croissance rapide. L’intérêt de la matrice de positionnement

commercial réside dans le fait que la structure de production est difficile à changer à court

terme.

5- L’avantage comparatif révélé de Balassa.

Le concept davantage comparatif révélé a été introduit par Liessner (1958) est rendu

opératoire par Balassa (1965) et (1977) :

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ACRaj = (Xaj / Xa) / (Xrefj / Xref)

Où : ACRaj = avantage comparatif révélé pour le pays A dans l’industrie j

Xaj = exportation du pays A de produit j

Xa = exportations totales du pays A

Xrefj = exportations du groupe de pays de référence de produits j

Xref = exportations totales des pays de références.

Balassa (1977) conclut que les différences des structures d’exportation d’un pays à un autre

sont dans une grande mesure expliquées par les différences dans les dotations en capital

humain physique : en d’autres termes, la structure des exportations change en fonction du

niveau d’accumulation de capital physique et humain. L’avantage comparatif révélé mesure le

succès relatif enregistré par un pays à l’exportation. Il ne dépend d’aucune théorie du

commerce inter branche, des dotations de facteurs, du régime des échanges ou du cadre de

concurrence. A la différence de l’indicateur de marché, l’ACR examine la performance à

l’exportation d’un secteur donné à celle des autres secteurs du même pays. Pour l’analyse de

la compétitivité internationale de l’agriculture, Volrath (1991) a proposé trois indicateurs

alternatifs :

- l’avantage relatif à l’échange avec l’extérieur (ACR) ;

- l’avantage relatif à l’exportation (ARX) qui n’est rien d’autre que l’ACR de Balassa ;

- l’avantage relatif à l’importation (ARM).

Dans un monde composé de n pays dont le pays a et produisant m biens dont le bien i, ARC,

ARM, ARX se calculent comme suit :

ARXai = [Xai/ X( n-a) i] / [ Xa(m-i) / X(n-a)(m-i)]

ARMai = [Mai/ M(n-a)i] / [ Ma(m-i) / M(n-a)(m-i)]

ARCai = ARXai – ARMai

Où:

X ai , (M ai) : Exportations (importations) totales du pays A de produits i.

X( n-a) i, ( M( n-a) i ) : Exportations (importations) totales des autres pays de produits i

X A (m-i) [MA (m-i)] = Exportations (importations) totales du pays A de produits autres que le

produit i

X(n-A) (m-i)[M(n-A) (m-i)] =Exportations (importations) totales des autres pays de produits autres

que le produit i

ARX mesure le degré de compétitivité révélé des exportations.

ARM mesure le degré de pénétration révélé des importations.

Volrath a introduit à travers ARX et ARM une troisième mesure, la compétitivité révélée

(CR) calculée comme suit :

CR = ln ARX- lnARM

Une limite reconnue à l’ACR tout comme aux indicateurs proposés par Volrath est qu’ils ne

donnent aucune explication quant à l’origine de ce qu’ils révèlent.

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B. Indicateurs de potentiel de compétitivité.

Si les indicateurs examinés précédemment se suffisent d’identifier les secteurs compétitifs ou

non, les indicateurs ci-dessous ont pour ambition d’expliquer l’origine du résultat établi

1- Les comparaisons des coûts de productions.

Dans le domaine agricole, les coûts de production et/ou la marge brute sont souvent comparés

pour déterminer l’entreprise qui dispose d’un avantage comparatif. Toutefois, cette démarche

est à utiliser avec beaucoup de précaution.

2- Les coûts unitaires de la main d’œuvre

Le coût unitaire de la main d’œuvre requise pour produire une unité de produit, est un autre

indicateur de compétitivité qui met l’accent sur la dimension coût. Utilisé comme tel,

l’analyse doit tenir compte également de la productivité dont la hausse peut compenser celle

du taux de rémunération horaire. Il faut aussi tenir compte du taux de change pour permettre

une comparaison internationale

CUT = [w / (Q/L)] * (1/e)]

Où CUT = Coût unitaire du travail

W = taux de rémunération horaire

Q = quantité de produit

L = volume de main d’œuvre utilisée

E = taux de change.

Q/L : indicateur de productivité.

Cependant la compétitivité basée sur de faibles coûts de la main d’œuvre ne saurait être

viable. Historiquement, les pays qui réussissent économiquement ont tendance à combler leur

écart de l’écart assez rapidement.

3- Les coûts en ressources intérieures

Le concept de coût en ressources intérieures a été introduit par Michael Bruno. Tout comme

les autres indicateurs de protection, d’avantage comparatif et de rentabilité sociale, le coût en

ressources intérieures peut être illustré à l’aide de la matrice d’analyse des politiques (MAP)

développée par Monke et Pearson (1989).

La MAP est le produit de deux identités comptables se rapportant aux profits, l’une en termes

privés, l’autre en termes sociaux. L’identité établie aux prix sociaux mesure l’effet des

distorsions en faisant la différence entre les valeurs observées et les valeurs sociales.

Matrice d’analyse des politiques

Recettes Coûts des

impôts

échangeables

Coût des

facteurs

locaux

Profits

Prix

économiques

A B C D

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Prix sociaux E F G H

Transports I= A-E J = F-B K=G-C L

Profits privés : D = A-B-C

Profits sociaux : H = E-F-G

Transport nets: L = I+ J+ K.

Indicateurs économiques dérives de la MAP

CPN Coefficient de protection na (A / E)-1

CPE Coefficient de protection effective [(A-B)/(E-F)]-1

CRI Coût en ressources internes G / (E-F)

BCS Ratio de rentabilité sociale (F+G)/E

RPP Ratio de rentabilité privée A-B-C/A

CRP Coût en ressources privées C/A-B

Source : Monke et Pearson (1989)

CRI mesure le coût réel des ressources internes requises pour épargner ou gagner une unité de

devises. Il peut être interprété comme le prix de référence des facteurs domestiques non

échangeables nécessaires pour produire une unité de valeur ajoutée échangeable.

L’inverse de CRI a la dimension d’un coefficient de compétitivité.

4- L’avantage comparatif ou le rôle fondamental de la productivité

La productivité mesure l’efficacité avec laquelle une économie met à profit les ressources

dont elle dispose pour fabriquer des biens et des services. Elle est « le résultat final d’un

processus social complexe qui fait entrer en ligne de compte la science, la recherche et la mise

au point, l’enseignement, la technique, la gestion, les installations de production, les

travailleurs et les organisations syndicales», d’après l’économiste américain John T. Dunlop

Plusieurs indicateurs (uni factoriels et multifactoriels) sont généralement proposés pour rendre

compte de l’évolution de la productivité. Théoriquement, il y a autant de mesures uni

factorielles de la productivité que de facteurs de production dans l’économie. Cependant la

productivité du travail est celle qui est plus fréquemment utilisée.

Le consensus est établi que la seule façon viable sur le long terme pour relever le PIB par tête

d’habitant est accroître la productivité horaire de la population active. Il s’agit ici de l’une des

quelques relations sur lesquelles s’accordent les économistes de toutes écoles.

La productivité est déterminée par un nombre de facteurs parmi lesquels la qualité et la

disponibilité de ressources naturelles, la structure industrielle et les mutations

intersectorielles, l’accumulation de capital (machines et équipements), le progrès

technologique, la qualité des ressources humaines, l’environnement macroéconomique, et

l’environnement microéconomique. Il va sans dire, que le principal objectif économique

d’une nation et de relever le niveau de vie de ses populations.

La globalisation entraîne une intensification des relations économiques et sociales entre

nations et entre individus. Quatre dimensions sont au moins à prendre en compte :

- les questions environnementales viennent s’agrandir un rôle de l’Etat

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les questions culturelles, l’analyse de facteur travail et l’alter - mondialisme sont liés

aux conséquences sociales de la globalisation de l’économie ;

dans le domaine de l’économie internationale, l’extension de la théorie traditionnelle,

les relations entres les politiques commerciales et industrielle ont suscité un regain

d’intérêt pour l’analyse de la compétitivité des nations ;

- les stratégies d’internalisation des multinationales.

V. Les théories de la compétitivité

Du Diamant de Porter au Double Diamant : la compétitivité des petites économies.

En 1990, Michel Porter a publié sa version contemporaine de la Richesse des Nations de

Adam Smith (1976) en intitulant « l’avantage compétitif des Nations.» Dans ce livre Porter

tente de répondre à la question : « Pourquoi certaines industries nationales réussissent pendant

que d’autres échouent. » Réponse : les nations réussissent dans les industries pour lesquelles

le losange national est le plus favorable.

Quel est donc le Losange de la compétitivité que propose Porter ?

A. L’avantage compétitif des Nations de Michael Porter

D’après Michael Porter, la prospérité nationale est créée et non héritée. Elle ne naît pas de

dotation en ressources naturelles (bassin de main d’œuvre, taux d’intérêt ou taux de change)

comme le prétendent les théories classiques. La compétitivité d’un pays dépend de la capacité

de son industrie à innover et à opérer une montée de gamme. D’après Porter, les pays tirent

parti d’une rivalité intérieure forte entre entreprises, de fournisseurs locaux agressifs et de

clients locaux exigeants. Il propose quatre catégories d’attributs qui définissent

l’environnement national dans lequel les entreprises naissent et apprennent à se faire

concurrence :

o les attributs des facteurs de production telles la main d’œuvre qualifiée et les

infrastructures ;

o les attributs de la demande, demande étrangère mais aussi demande nationale ;

o les stratégies des entreprises, leur rivalité réciproque et la structure du marché ;

o les attributs des industries connexes ou de soutien.

Chaque catégorie d’attributs (le Losange qu’ils constituent, comme un système) affecte les

facteurs essentiels de succès sur le marché international.

A ces quatre catégories d’attributs, Porter ajoute le coup du hasard et l’action du gouvernement,

deux variables externes au Losange, hors du contrôle des entreprises (voir des gouvernements).

Exemples de coups du hasard : les nouvelles inventions, les nouvelles technologies, les crises

du pétrole, les mutations dans les marchés financiers, les décision du gouvernements étrangers,

les grèves et situations insurrectionnelles

Le rôle du gouvernement est mieux perçu en termes d’influence sur les quatre catégories

d’attributs qui constituent le Losange de compétitivité.

Porter rejette les politiques commerciales qui « garantissent un marché à des entreprises

inefficientes. » Il considère le rôle du gouvernement comme celui d’un catalyseur et d’un

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stimulant qui encourage (voire pousse) les entreprises à être plus ambitieuses et à porter leurs

compétitivité à des niveaux plus élevés, même si le processus idoine peut s’avérer difficile.

D’après Porter, le gouvernement, seul, ne peut créer des industries compétitives. Les entreprises

ont un rôle central à jouer. De façon intrinsèque, le gouvernement joue un rôle partiel qui ne

réussit que quand il agit de concert avec les conditions favorables du Losange.

Toutefois, le gouvernement a un rôle puissant de diffusion et d’implication des forces du

Losange. Les politiques publiques qui réussissent sont celles qui créent un environnement dans

lequel les entreprises développent des avantages compétitifs.

B. Extensions du modèle de Porter

Dès le début des années 1990, le modèle de Porter a fait l’objet de critiques qui n’ont pas trouvé

convaincant le traitement réservé aux gouvernements et aux entreprises multinationales.

Rugman et D’Cruz (1993) suggèrent que les entreprises fondent leurs compétitivité sur les

losanges domestiques et étranger, en termes de viabilité, de rentabilité et de croissance. Il

considère que dans un monde de libre échange, la définition de Porter du marché intérieur, et

par conséquent la taille et les forces du Losange de compétitivité, devraient faire l’objet de

modifications. En particulier, quand un pays appartient à un bloc commercial, le Losange de

Porter est à étendre à l’ensemble du bloc commercial concerné. De même, Rugman et D’Cruz

(1993) retiennent que les entreprises multinationales peuvent jouer dans la réalité un rôle

important dans les performances économiques d’un pays même si elles ne considèrent pas ce

dernier comme leurs pays d’origine.

A cette critique, Porter et Armstrong (1993) ont opposé la différence à distinguer entre le

périmètre géographique de la concurrence et le lieu géométrique de l’avantage compétitif que

reflète le Losange de compétitivité. Pour illustrer leur propos, il donne en exemple l’industrie

automobile où les entreprises font face à une concurrence mondiale sans que l’on puisse dire

qu’il existe un losange mondial de la compétitivité de la construction automobile. En effet, cela

signifierait que les entreprises opérant dans cette industrie dans tout pays seraient également

positionnées. Ce qui n’est visiblement pas le cas.

En tout état de cause, le cadre du Losange double ainsi proposé par Rugman et D’Cruz (1993)

s’est avéré inapproprié pour des économies moins grandes (que le Canada) comme la Corée du

Sud et Singapour. Ainsi, Moon, Rugman et Verbeke (1995) ont proposé un Losange double

généralisé adapté pour l’analyse de la compétitivité des petites économies.

Les entreprises des petites économies ciblent les ressources et les marchés dans un contexte

mondialisé. Donc leur compétitivité dépend, d’une part, du Losange domestique et, d’autre part,

du losange international pertinent qui comprend, en particulier, les activités des entreprises

multinationales qui ont des relations d’échanges avec les entreprises nationales. Dans le cadre

du Losange double généralisé, la compétitivité nationale est définie comme la capacité des

entreprises d’un pays donné à créer de la valeur ajoutée, dans une industrie donnée, sur de

longues périodes, malgré la concurrence internationale.

Le Losange double généralisé présente trois différences méthodologiques par rapport au

Losange de Porter. Il considère que :

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- la création viable de valeur ajoutée dans un pays est à la fois le fait des entreprises

résidentes et des entreprises étrangères quand Porter n’intègre pas les activités des

entreprises étrangères dans son modèle ;

- la création viable de valeur ajoutée peut requérir le développement d’activités dans

plusieurs pays, notamment quand sont établies la répartition entre plusieurs pays et la

complémentarité des avantages compétitifs spécifiques ou liés au site de production. En

revanche, Porter recommande de concentrer le maximum d’activités dans le pays qui

servira de base de rayonnement sur le monde ;

- le gouvernement est une variable importante du modèle et non un paramètre exogène

comme le soutient Porter.

Le Losange double comprend le Losange de Porter qui se trouve interlié à un deuxième losange

qui inclut les quatre catégories d’attributs proposées par Porter quand celles-ci sont

appréhendées à l’échelle internationale. Le Losange double peut être interprété de deux façons :

- le Losange de Porter sert à comparer les cadres de compétitivité entre pays concurrents ;

- le Losange de Porter est entouré par le Losange international qui comprend les IDE et les

activités multinationales.

Il est proposé de distinguer les deux losanges dans le sens de disposer d’un outil d’analyse des

limites du cadre courant de compétitivité d’un pays dans le contexte de la mondialisation de

l’économie.

Le Losange de Porter a aussi fait l’objet de critique de la part d’analystes Coréens sous la

houlette de Dong - Sung Cho. En particulier, Cho (1994) répartit les sources de la

compétitivité internationale en deux grandes catégories en distinguant :

- quatre facteurs physiques comprenant les dotations de ressources, l’environnement des

affaires, les activités connexes ou de soutien, et la demande intérieure, qui en de concert,

déterminent le niveau de compétitivité internationale dans un pays à une période donnée ;

- quatre facteurs humains qui comprennent les travailleurs, les hommes politiques et les

agents de l’Etat, les entrepreneurs et les managers, les ingénieurs. En créant, motivant et

contrôlant les facteurs physiques, ces facteurs humains sont à la base du passage d’un pays

d’un niveau de compétitivité à un autre.

A ces huit facteurs, Cho (1994) ajoute le facteur chance et propose un modèle à neuf (9)

facteurs. Pour chacun des huit (8) premiers facteurs quatre niveaux de développement sont

distingués : moins développé, en développement, semi-développé, développé. Pour Cho, la

compétitivité internationale viable ne peut être mesurée ni par la balance commerciale, ni par

les parts de marchés mondiaux, ni par l’offre abondante de main d’œuvre, de ressources

financières ou de ressources naturelles. D’après Cho, la distinction entre compétitivité prix

(mesurée à travers les taux de change, les salaires, ou la productivité de la main d’œuvre) et la

compétitivité non prix (mesurée à travers la qualité, le marketing, le service et la

différenciation sur le marché) peut aussi s’avérer inadéquate.

Cho (2000) propose de définir la compétitivité d’une unité d’analyse (secteur / industrie) par

« la capacité de celle-ci à occuper une position supérieure sur le marché à travers des profits

élevés et une croissance constante quand elle est comparée à ses concurrents. » Selon Cho

(2000), le modèle à 9 facteurs fait mieux la liaison entre la compétitivité sectorielle et les

facteurs macroéconomiques et s’appuie sur la définition suivante de la compétitivité d’une

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nation : « une nation est compétitive au plan international quand elle a plusieurs industries

ayant des avantages compétitifs partageant des sources intérieures de compétitivité

communes.»

Modèle à neuf facteurs

cccc

eetrepreneurs

een

Hommes politiques agents de cccc Travailleurs

L’Etat

Entrepreneurs Manageurs

Et ingénieurs

Evènements fortuits

Contexte des affaires

Niveau National

- Routes, ports, TIC, infrastructures

- Acceptation par les populations des valeurs compétitives et des

mécanismes de marché

-Engagement des agents économiques à respecter la légitimité et les

obligations liées aux accords commerciaux et de crédits

Niveau Sectoriel

-Nombre détaillé des concurrents

-Nature et univers des barrières à l’entrée

-degré de différenciation des produits

Niveau Entreprise

-stratégie et organisation des affaires

-attitudes des comportements des individus et groupes à l’intérieur des

Entreprises.

Dotation de

Ressources :

-Mines

Compétitivité

-Agricultures

internationale

-Forets

-pêcheries

Environnement

Compétitivité

internationale

Condition

de la demande :

- taille du marché

intérieur

-qualité des

produits

Activités connexes ou de soutien

-production aval et amont intégrées ; - finances

-industries intégrées horizontales par -assurances

la technologie les matières premières, - transports

les ressources de distribution ou -informations

les activités de marketing -autres secteurs de

services

-finances -Transport

-assurance -autres secteurs de services

-Information

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PIB

Par

tête

Niveau de

développement

Moins

développé

En développement Semi

développé

Développé

Facteur

physique

Dotations en

ressources

Environnement des

affaires

Activités

connexes ou

de soutien

Demande intérieurs

Facteurs

humains

travailleurs Hommes politiques et

agents de l’Etat

Entrepreneurs Managers professionnels

Et Ingénieurs

Exemples Plupart des

pays africains

des pays

asiatiques et

latino-

américains

Thaïlande

Philippines,

Indonésie

Corée,

Taiwan Hong-

kong

Singapour,

Espagne,

Brésil

Etat-Unies,

Japon,

Europe de l’Ouest.

Niveau de développement selon le modèle à 9 facteurs

Cho regroupe les déterminants (physiques et humains) du Losange de Porter, ajoute de

nouveaux déterminants (facteurs humains et environnement des affaires) et répartit les

conditions des facteurs » de Porter en travailleurs (y compris la main d’œuvre) et dotations en

ressources (y compris les ressources naturelles). Cependant les sous-facteurs ci-après peuvent

faire l’objet de classement différent :

o l’acceptation par les populations des valeurs de compétition et des mécanismes de

marché ;

o l’engagement des agents économiques à respecter la légitimité et les obligations liées aux

accords commerciaux et de crédit ;

o les attitudes et comportements des individus et des groupes à l’intérieur des entreprises

Ces sous-facteurs pourraient aussi être classés comme facteurs humains ou même être

regroupés en un deuxième facteur de compétitivité que l’on pourrait dénommer «perception et

attitudes des populations, des cadres et des travailleurs des entreprises.» Cho propose

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également de distinguer des niveaux de développement en fonction de l’accent mis sur des

déterminants particuliers de compétitivité.

Comparaisons du modèle du Losange à celui à 9 facteurs

Modèle du losange. Modèle à 9 facteurs.

1 condition des facteurs 1 dotation en ressources

2. Environnement des affaires facteurs

physiques

2. stratégies et entreprises 3. Activités connexes et de

Stricture et Rivalité soutien facteurs

4. demande intérieure internes

3. Activités connexes 5. Travailleurs facteurs

et de soutien 6. Etat et administration humains

4. Conditions de la 7. Entrepreneurs

demande

5. gouvernement 8. Managers et ingénieurs

6. Chance 9. Evènements fortuits facteurs

externes

L’attention a surtout porté sur les grappes innovatrices de Porter et son système national

d’innovation. Bien que les travaux empiriques à la base du Diamant de Porter avaient porté

également sur de petites économies comme la Suède, certains analystes le considèrent plus

adapté aux grandes économies. Notamment Moon, Rugman et Verbecke (2001) proposa un

modèle de Double Losange généralisé qui prend en compte les questions suivantes :

- une source variable de valeur ajoutée à l’intérieur d’un pays donné peut provenir

d’entreprises de propriété à la fois nationale et étrangère ;

- la compétitivité peut nécessiter une complémentarité entre les avantages spécifiques

des entreprises et les avantages liés à la position géographique.

Le modèle du Double Losange généralisé explique les performances relatives du Singapour

par rapport à la Corée du Sud, explication que le Losange de Porter n’a pas su apporter. Des

conclusions fondamentales sont les suivantes :

- les entrées et les sorties d’investissement directes jouent toutes les deux un rôle

concret dans la compétitivité d’une nation ;

- dans les petites économies, l’action ou l’inaction de l’Etat affecte notamment les

autres facteurs de compétitivités.

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C. La compétitivité systémique et l’importance stratégique du niveau meso

Les différents modèles analysés ci-avant sont liés chacun à une définition de l’environnement

de la compétitivité. Toutefois, chacune présente des difficultés méthodologiques de définition

globale de la compétitivité applicable à des produits donnés fournis par le pays en

développement. Pour lever ces difficultés, l’Institut de développement d’Allemagne (GDI pour

German Development Institute) propose un modèle de compétitivité systémique qui fait appel à

des concepts de sciences politiques et de sociologie dans l’étude du développement industriel.

Le GDI a développé au cours des années 90 le concept de compétitivité systémique pour tenir

compte à la fois des déterminants économiques et politiques de la réussite des stratégies de

développement. En particulier, ce concept a été introduit pour la caractérisation des

dynamiques à travers lesquelles les acteurs publics et privés conjuguent leurs efforts à l’effet

de créer les conditions de réussite de stratégies ciblant des secteurs donnés. A cette fin, quatre

niveaux d’action et /ou d’interaction sont définis :

- le niveau micro où les principaux acteurs sont les entreprises et les groupes

d’entreprises ;

- le niveau méso des institutions et politiques spécifiques ;

- le niveau macro des conditions économiques transversales ;

- le niveau meta des variables à évolution lente telles que les structures socio-

culturelles, des orientations économiques fondamentales ; et de la capacité des acteurs

sociaux à formuler et à mettre en œuvre des stratégies gagnantes.

1. Introduction du concept de compétitivité systémique

Le concept de compétitivité systémique prend en compte un certain nombre de facteurs clé

pour la réussite de stratégies de développement sectorielles :

- au niveau meta : l’existence de valeurs culturelles portées vers le développement et

partagée par une grande proportion de la société ; le développement d’un large

consensus sur la nécessité de promouvoir les activités ciblés et sur l’insertion

compétitive dans le marché mondial ; la capacité des acteurs sociaux à définir

ensemble visions et stratégies et mettre en œuvre ensemble les politiques idoines ;

- au niveau macro : le maintien d’un cadre macroéconomique stable et prévisible ;

notamment à travers une politique de change réaliste, et une politique de commerce

extérieur qui stimule l’industrie locale ;

- au niveau méso : la mise en place d’institutions et la politiques spécifiques pour

construire des avantages compétitifs et donner forme à des secteurs ciblés et à un

environnement qui leur soit favorable. Des exemples de telles institutions et politiques

sont les instituts de technologie, les centres de formation et le crédit à l’exportation,

les initiatives locales et régionales d’amélioration de l’environnement des affaires. Les

institutions intervenant au niveau méso pour promouvoir la compétitivité peuvent être

des structures non étatiques, telles les organisations patronales, des entités à but non

lucratif, ou des entreprises ;

- au niveau micro ; des entreprises capables et en renforcement continue, et des réseaux

d’entreprises à économies externe fortes.

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Le concept de compétitivité systémique a été développé pour mieux tenir compte du fait que,

très souvent, dans les pays en développement, à la fois l’Etat et le marché connaissent des

déficiences importantes qui entravent la pleine expression de l’initiative privée pour

concrétiser des opportunités d’affaires porteuses de création de richesses pour les individus et

la société. Devant une telle situation, il est considérer que le secret des stratégies de croissance

gagnantes réside dans l’établissement d’un équilibre approprié entre les forces du marché et

d’intervention concertée et ciblée, c’est-à-dire la formulation et la mise en œuvre

participatives de politiques spécifiques pour donner forme et stimuler le développement de

secteurs stratégiques.

Le concept de compétitivité systémique capitalise également l’acquis majeur des programmes

d’ajustement structurel des années 1980 et 1990, en considérant que stabilité du cadre

macroéconomique est une condition nécessaire mais non suffisante à une dynamique de

croissance forte et soutenue. Il retient que l’expérience asiatique d’une industrialisation

conduite par l’Etat n’est pas à reproduire telle quelle en ce début du vingt – et - unième

siècle par les pays en développement qui, de surcroît, ne disposent des compétences

techniques nécessaires ni ne sont confrontés aux mêmes conditions initiales. De même, le

concept de compétitivité systémique retient que l’expérience d’industrialisation par

substitution aux importations en Amérique Latine ne s’est traduite que par des réussites

éphémères qui ont fait place à des économies désarticulées.

Le constant est fait que la croissance soutenue requiert une action délibérée à la fois de l’Etat

et des acteurs sociaux à l’effet de promouvoir et de soutenir les efforts que déploient les

entreprises pour se construire des avantages compétitifs. Référence est faite à la définition de

la gouvernance proposée par la Banque mondiale comme « ….la manière dont le pouvoir est

exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales dont dispose un pays pour le

développement. » Cela fait de la création de richesses un processus participatif à la faveur

duquel des acteurs sociaux entre en interaction avec l’Etat dans la définition et la mise en

œuvre des stratégies et des politiques.

La compétitivité requise est qualifiée de systémique pour mettre en relief plusieurs

facteurs :

- une entreprise ne peut être compétitive sans le soutien de fournisseurs et de services

d’appui, ni sans la pression à la compétitivité exercée par les concurrents. La

compétitivité au niveau micro est fondée sur l’interaction. Apprendre de l’interaction

avec d’autres acteurs est un élément clé de processus d’innovation. Les boucles action-

réaction entre les entreprises et les structures d’appui sont indispensables à

l’établissement d’avantages compétitifs dynamiques ;

- l’environnement qui entretient la compétitivité est enraciné dans un système de

normes, règles et institutions qui définit les différentes incitations qui déterminent des

entreprises ;

- de nouvelles formes de gouvernance sont en émergence et sont fondées sur de

nouvelles formes d’interaction entre l’Etat, le secteur privé et le reste de la société

civile, se développant spécialement au sein de réseaux horizontaux.

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2. Portée du concept de compétitivité systémique.

Le caractère systémique de la compétitivité ne présente pas la même importance pour tous les

secteurs d’activités. Spécialement, les filières les plus innovatrices capitalisent au mieux les

économies externes positives nées de l’existence de fournisseurs d’intrants et d’équipements

de classe internationale, de consommateurs exigeants, de services aux entreprises spécialisés,

et d’autres facteurs constitutifs d’un environnement des affaires de qualité. En revanche, les

processus de production matures opérant à l’intention de fournisseurs de marchés captifs

peuvent se satisfaire d’un environnement de qualité munimale, par exemple à l’intérieur de

zone franche d’exportation (de produits d’habillement, d’assemblage électronique, jouets,

etc). La mise en place d’infrastructures de base (aéroports, ports, électricité) et la mise à

disposition d’une main d’œuvre à niveau d’éducation minimal, peuvent être suffisantes pour

attirer de telles activités. De même, les entreprises tournées vers le marché intérieur, et

relativement protégées contre la concurrence internationale par des barrières à l’entrée élevée,

peuvent s’accommoder d’un environnement des affaires relativement faible. Les barrières à

l’entrée que la libéralisation du commerce extérieur n’arrive pas à éliminer complètement

sont :

- les coûts de transport élevés ;

- les systèmes de communication déficients ;

- un marché intérieur trop étroit aux yeux des investisseurs et des fournisseurs

étrangers ;

- des systèmes de distribution sous-développés intégrant des vendeurs et des systèmes

de crédit informels ;

- des modes de consommation locale spéciaux.

Le GDI intègre dans le modèle de compétitivité systémique (MCS) le rôle des règles et des

institutions et distingue quatre niveaux d’analyse de la compétitivité des produits, des

entreprises, des secteurs et des nations. Ces quatre niveaux (micro, meso, macro et meta) sont

appréhendés de façon globale pour rendre l’approche systémique.

L’analyse de la compétitivité à l’échelle micro concerne l’entreprise et les réseaux d’entreprises

jouissant de fortes externalités. La compétitivité au niveau micro a se traduit par des entreprises

efficientes et l’efficience collective de réseaux d’innovation.

L’analyse de la compétitivité à l’échelle méso vise à définir les politiques et institutions

spécifiques nécessaires à doter les industries et leur environnement d’avantages compétitifs. La

compétitivité au niveau meso occupe une position clé de la sphère économique parce que le

niveau meso relier les niveaux micro et macro. Au niveau meso, ce sont des groupes

d’entreprises et d’institutions en réseaux qui sont en concurrence au sein de grappes. Les

institutions fournissent des services spécifiques aux entreprises (institutions de niveau meso) et

mettent en œuvre des politiques sélectives et ciblées à des grappes spécifiques (politiques de

niveau meso).

La distinction que fait Porter entre le développement fondé sur des facteurs généraux et

basiques à un niveau inférieur (ressources naturelles, climat, site d’implantation, main d’œuvre

non qualifié ou sémi-qualifiée, accès au crédit) et le développement fondé sur des facteurs

avancés et spécialisés à des niveaux supérieurs (infrastructures de communication modernes,

ressources humaines hautement qualifiées et l’institutions de recherches spécialisées), permet

de mieux comprendre les politiques publiques mises en œuvre au niveau meso, mettant l’accent

sur les entreprises trouvées.

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Aux premiers niveaux de développement, le gouvernement apporte son concours à travers la

coopération avec la recherche universitaire et l’amélioration du système éducatif. Les

déficiences du marché et l’argument de l’industrie naissante sont utilisés pour justifier des

politiques sélectives et spécifiques comprenant règlementations, instruments financiers, et

concours publics. A des niveaux de développement plus avancés, l’entreprise privée et dans

certains cas, des organisations non-étatiques, apportent leur appui à des politiques publiques

ciblant des secteurs spécifiques.

Toutefois, les politiques menées au niveau meso devaient éviter de créer des distorsions sur le

marché et des pertes futures de compétitivité. Elles devaient rester temporaires et aider les

secteurs à devenir hautement compétitifs. Par ailleurs, les politiques de niveau meso ont

tendance à devenir de plus en plus d’intérêt local ou régional. Ainsi l’Etat central devrait mettre

l’accent sur la préparation d’initiatives technologiques à grande échelle, la formulation de

stratégies globales de long terme, et motiver ses politiques à travers des incitations (par exemple

la décentralisation fiscale) aux niveaux régional et local. Les pressions qu’exerce la

mondialisation sur les entreprises (spécialement les PME) sont si sensibles au délai de réaction

de l’Etat central qu’il est stratégique de responsabiliser les collectivités locales dans la création

d’un environnement compétitif favorable et la formation de grappes d’activités dynamiques.

Les politiques conduites au niveau meso portent généralement sur la structure industrielle, le

commerce extérieur, l’infrastructure régionale, l’environnement, la technologie, l’éducation, la

main d’œuvre.

L’analyse de la compétitivité à l’échelle macro vise à définir un environnement

macroéconomique stable à travers un taux de change stable et une politique de commerce

extérieur qui stimule l’industrie locale. Les politiques conduites au niveau macro visent la

promotion d’un cadre macroéconomique, politique et judiciaire stable à travers des actions

idoines dans les domaines de la concurrence, de la monnaie, du taux de change, des finances

publiques, de la fiscalité et du commerce.

L’analyse de la compétitivité à l’échelle meta prend en compte le rôle des valeurs socio-

culturelles et la capacité des secteurs à formuler des stratégies pertinentes pour le

développement économique. Les politiques au niveau meta concernent les orientations

stratégiques retenues pour conduire le développement pour assurer une ligne compétitive à

l’organisation économique, la capacité de formuler des stratégies et des politiques appropriées,

des attitudes portées vers l’apprentissage et l’adaptation au changement et la cohésion sociale.

Les actions au niveau meta définissent de nouveaux modes de gouvernance requis pour la

promotion de la compétitivité. Cela présuppose une interaction continue entre les acteurs

sociaux et l’Etat.

3- Les racines du concept de compétitivité systémique.

Le concept de compétitivité systémique est un cadre heuristique positionné pour fédérer la

contribution de domaines de l’économie et des autres sciences sociales. Dans le domaine de

l’économie, quatre domaines différents sont mis à contribution : l’économie de l’innovation et

de l’évolution, l’école post structuraliste, l’économie institutionnelle, et les sciences de la

gestion.

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1) De l’économie de l’innovation il est retenu l’importance de l’apprentissage et de

l’échange de connaissances faciles que favorise l’interliés à travers les activités le

long d’une filière d’activités.

En effet, les processus d’innovation sont basés sur un apprentissage continu par la voie de

l’expérience directe et de l’interaction entre entreprises, coût comme entre entreprises et

instituts de recherches et de technologies. Les modes d’innovation varient d’un pays à un

autre en fonction du cadre institutionnel et des systèmes d’incitations. Les connaissances

tacites qui jouent un rôle important dans le processus d’innovation, sont généralement

spécifiques à l’entreprise ou à l’individu et ne sont pas facilement transfersables, sans

interaction.

2) L’école structuraliste a naguère établi le rôle central que peut jouer l’Etat fort et bien

informé dans l’orientation du processus d’industrialisation. En dépit des limites qu’ont

présentées les expériences des nouveaux pays industrialisés d’Asie de l’Est et

d’Amérique Latine, l’école post-structuraliste continue de reconnaître un rôle

important à l’Etat. En sus, elle guet l’accent sur l’importance des systèmes

d’innovations, spécialement le rôle de la pression à la compétitivité à la stimulation de

l’apprentissage et de l’innovation technologiques ainsi que de la montée en gamme.

3) La nouvelle économie institutionnaliste a un programme de recherche qui vise à

identifier les règles, conventions, normes et structures qui déterminent le

comportement des agents économiques, spécialement des entreprises. En particulier,

sans des droits de propriété biens établis et bien respectés le développement de

l’entreprenariat moderne heurte à des limites certaines. De même, la présence de coûts

de transaction (de conclusion, de suppression et d’exécution de contrats) élevés

conduit à des formes d’organisation sous-optimales.

4) Le point de vue des sciences de la gestion, il ressort que les avantages compétitifs des

entreprises ne sont pas fait du hasard mais but plutôt le fruit de mesures de

management stratégique.

Pour les développer, les entreprises devraient se concentrer sur leurs métiers de base et

externalité les autres activités. Michael Porter ajoute que les économies performantes

développent des grappes d’activités compétitives, ceci à partir de quatre facteurs :

- des entreprises capables munies d’une vision stratégique ;

- une clientèle locale exigeante ;

- des activités de soutien de classe internationale ;

- un environnement des affaires développé comprenant des institutions d’appui spécifiques.

Dans le domaine des autres sciences sociales, le concept de compétitivité systémique met

également à contribution quatre domaines la sociologie industrielle, la géographie

économique, et les sciences politiques.

1) La sociologie économique étudie les structures et les processus, particulièrement les

relations de pouvoir qui déterminent les transactions économiques. Elle reconnaît un rôle

cricial à la confiance et aux relatons contractuelles. Elle considère que les transactions entre

l’entreprise et ses principaux fournisseurs ne relèvent pas de relations commerciales

anonymes mais plutôt s’incorporent dans un système complexe de relations sociales.

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2) La sociologie industrielle étudie les obstacles et les jeux de pouvoir à l’intérieur des

entreprises, qui ralentissent, voire interdissent l’identification et l’introduction de nouveaux

concepts de production comme la production souple, les organigrammes plats, le travail en

équipe, la forte réduction de la division du travail au sein des entreprises ;

3) La géographie économique est interpellée par l’importance reconnue à la concentration

spatiale des entreprises et des institutions d’appui, qui contribue à stimuler la communication

formelle et informelle, et donc à faciliter la diffusion rapide de l’information et

l’apprentissage collectifs ;

4) Dans le domaine des sciences politiques, l’on a fini par observer que de nouveaux modes

de gouvernances de type de réseaux se développaient dans les secteurs de la recherche, de la

santé et des télécommunications, en lieu et place des systèmes hiérarchiques dominés par

l’Etat qui ont naguère prévalu. Il est observé que les réseaux horizontaux impliquant l’Etat et

les acteurs non étatiques, mobilisent mieux le savoir-faire essentiel et la créativité ainsi qu’ils

améliorent les perspectives de mise en œuvre réussi des solutions qu’ils contribuent à mettre

au point.

Il ressort des contributions retenues des différents domaines des sciences sociales sollicités,

l’importance reconnue au réseau : les entreprises présentes sur les marchés globalisés

s’intègrent à des réseaux danses comprenant d’autres entreprises (fournisseurs, clients, et

concurrents) et d’autres institutions spécialisées. De même, les acteurs officiels qui sont

chargés de la formulation de stratégies sectorielles ou globales sont membres de réseaux de

représentants d’institutions publiques comme d’organisations non étatiques.

Dans un tel contexte, créer les conditions de compétitivité systémique passe par la

reconnaissance du rôle clé des forces du marché, et implique la stimulation, l’encouragement,

et la modération, en plus de la création d’institutions.

4. Les quatre niveaux de compétitivité systémique.

L’économie orthodoxe distingue les niveaux micro et macro. L’analyse des processus

d’industrialisation performants met en relief la dimension importante d’institutions et de

politiques opérationnelles au niveau meso. Enfin, les valeurs culturelles, la cohésion sociale et

la stabilité politique jouent un rôle majeur qui appelle à prêter davantage attention au niveau

meta.

Niveau macro : lier libéralisation et stabilité économiques à la capacité de transformer

l’appareil de production.

Un environnement macroéconomique porteur, c’est-à-dire des marchés financiers, de bien et

de facteurs fonctionnant correctement, est indispensable à une allocation efficiente des

ressources. En d’autres termes, il est dorénavant admis qu’un cadre macroéconomique

d’inflation rapide, de déficits budgétaire et commercial élevés, de taux de change sur évalué et

barrières protectionnistes, entrave notablement le fonctionnement des marchés financiers, de

biens de facteurs.

Toutefois, il existe une source latente de pouvoir entre les objectifs de maintien d’un cadre

macroéconomique stable et prévisible, d’une part, et la capacité à être compétitifs sur les

marchés mondiaux, d’autre part. ces tensions peuvent être réduites suivant trois directions :

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o les efforts de consolidation du déficit budgétaire devraient être étroitement liés à des

réformes structurelles des politiques budgétaires et financières dans le but de ne pas

fragiliser les bases de croissance future. Il peut alors être particulièrement nécessaire de

concentrer les politiques sociales sur les segments les plus pauvres de la population et de

concentrer les dépenses d’investissement dans les domaines particulièrement important

pour le développement social et celui du secteur privé, et de promouvoir des mécanismes

de financement extra-budgétaire tels que les partenariats public-privé pour le

développement des infrastructures ;

o pour contenir l’inflation à des niveaux tolérable, des politiques budgétaires et financières

ancrées sur la stabilité macroéconomique ne devraient pas être contre carrées par une

politique monétaire expansionniste. La banque centrale doit disposer des pleins pouvoirs

pour contrôler l’offre de monnaie et les entrées de capitaux ; l’on doit mettre l’accent sur

le développement d’un secteur financier privé diversifié et efficient, l’on doit assurer une

plaine concurrence sur les marchés financiers et monétaire ; l’on doit réduire l’influence

de l’Etat sur la formation des taux d’intérêts ;

o pour contrôler le déficit de la balance des paiements qui réduit la marge de croissance et

déstabilise l’économie nationale, la politique commerciale doit donner des signaux clairs

aux entreprises afin de les amener à ancrer leurs stratégies sur les marchés extérieurs. Cela

requiert un certain doigté pour doser les pressions à la compétitivité aux capacités que

développent au fur e à mesure les entreprises et les institutions d’appui pour se moderniser

et s’adapter au nouvel environnement.

Niveau micro : Exigences technologiques et organisationnelles

Au niveau micro, les entreprises sont confrontées à des défis de plus en plus exigeants dans

six directions :

o la globalisation de la concurrence ;

o l’accroissement du nombre de concurrents ;

o des profils de demande de plus en plus différenciés ;

o des cycles d’innovations de produit de plus en plus courts ;

o des innovations organisationnelles et technologiques plutôt radicales ;

o de nouvelles tendances d’intégration de systèmes technologiques (pour donner par

exemple naissance à la télématique et à la mécatronique).

Dans ce contexte, les entreprises ont à optimiser leurs performances dans quatre domaines

pour être compétitives : efficience en termes de coût, qualité, vivacité et réactivité à la

capacité à offrir une variété de produits sans sacrifier la qualité et l’efficience est nécessaire

pour satisfaire une demande de plus en plus différentiée. La réactivité signifie la capacité de

répondre avec célérité aux changements de la demande et aux nouvelles opportunités.

Pour renforcer efficience, qualité, variété et réactivité à la fois, les entreprises doivent

consolider leurs capacités dans trois domaines :

o l’organisation de la production : pour réduire les délais de livraison, le coût de stockage, et

améliorer la qualité en réduisant le coût ;

o l’organisation du développement de produits de façon en à réduire le temps nécessaire

pour mettre plus facilement sur le marché des produits fabriqués à moindre coût ;

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o l’organisation de la chaîne de valeur de façon à réduire l’intégration verticale des activités,

à introduire les liaisons de juste-à-temps et à réduire le nombre de fournisseurs directes.

Dans ces trois domaines, l’enjeu clé est l’interaction entre les innovations organisationnelles,

sociales et technologiques.

Niveau meso : soutien aux efforts des entreprises

Dans l’économie mondialisée, il n’existe plus d’entreprises individuelles qui se font

concurrence ; à la place c’est plutôt des grappes d’activités, des groupes d’entreprises

organisées en réseaux et dont le dynamisme dépend du potentiel d’un site particulier. Ce

potentiel est déterminé par le contact continue et étroit avec des structures de R&D, des

institutions de formation et diffusion de technologies, des universités, des institutions de

formation, des institutions de financement, des institutions d’information sur les marchés

d’exportation, etc. Du fait de l’intensification de la pression globale à la compétitivité ; la

demande exprimée aux niveaux national, régional et local en vue de l’amélioration de

l’environnement des affaires, également se fait pressante. Cette demande est adressée aux

organisations patronales, aux acteurs non étatiques ainsi qu’aux différents niveaux de

l’administration publique.

Au niveau meso, sont ainsi développées des politiques et rendues opérationnelles des

institutions pour soutenir les entreprises et les groupes d’entreprises.

Les institutions au niveau méso.

Un site industriel bien développé abrite un ensemble d’institutions qui offrent services et

soutien aux entreprises. Cet ensemble d’institutions est généralement le résultat d’un long

processus d’apprentissage, de mise à niveau et de montée en gamme de la part d’entreprises

individuelles, et d’institutions, seules ou interaction.

Dans un site industriel donné, la différentiation que propose Michael Porter entre facteurs

basiques et facteurs avancés, entre facteurs généraux et spécialisés, est utile pour définir une

séquence type de développement d’institutions spécifiques.

Les politiques au niveau méso

Les politiques principales menées au niveau meso pour renforcer la compétitivité systémique

sont au nombre de trois :

o les politiques portant sur le cadre juridique ;

o celles portant sur les instruments financiers ;

o les activités de l’Etat pour créer et mettre à niveau les institutions meso.

la tache des institutions au niveau meso est davantage facilité quand les entreprises sont

hautement capables et qu’est établie une culture d’interaction entre les niveaux micro et meso

à travers une communication étroite entre l’administration publique, le secteur privé et les

autres acteurs.

Niveau meta : gouvernance pour la compétitivité des secteurs et des filières.

Au niveau meta, un aspect important porte sur l’existence de valeurs culturelles orientée vers

le développement, et partagées par une grande partie de la société. Parmi de telles valeurs l’on

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comprend la reconnaissance sociale de la réussite économique, l’acceptation générale de

l’idée que comportement prédateur et déjeuner gratuit sont dommageables au développement

social, la priorité donnée à l’investissement à long terme dans l’éducation et la formation, et

une haute propension à épargner. Si de telles valeurs ne sont pas imprimées dans le tissu

social, il devient difficile de les promouvoir par des politiques aux niveaux macro et meso.

Des dotations différentes au niveau de ces valeurs expliquent que les mêmes politiques pour

promouvoir l’entreprenariat, la coopération inter-entreprises, ou les ou les coopératives

d’épargne ne donnent pas les mêmes résultats

Une seconde précondition importante pour la compétitivité est l’existence d’un consensus

fondamental sur la nécessité d’un développement industriel et l’insertion compétitive dans

l’économie mondiale. Les acteurs clé doivent accepter le marché comme cadre d’interaction.

Les entreprises locales doivent accepter de viser à s’approcher davantage les normes

d’efficacité et de qualité internationales.

Une troisième précondition nécessaire au niveau meso est la capacité des acteurs sociaux à

formuler de façon conjointe vision et stratégies et à mettre en œuvre les politiques

subséquentes. Cette capacité se traduit par une vision partagée par un groupe pertinent

d’acteurs sociaux :

o de la position à cibler dans la division internationale du travail ;

o des avantages comparatifs à développer à long terme ;

o du partage des sacrifices et des projets de l’insertion dans le marché mondial, entre les

différents groupes sociaux ;

o etc.

Une telle vision partagée est utile à l’allocation des ressources. Des orientations à moyen

terme permettent de faire les intérêts futurs sur les intérêts courants, et pour générer des

anticipations stables.

La construction d’un consensus aussi fondamental est un processus politique complexe et

hautement exigeant pour les acteurs sociaux : entrepreneurs, travailleurs et les autres membres

de la société civile doivent s’impliquer et s’engager pour la réalisation d’objectifs communs.

Le niveau meta dans un pays en développement. Les programmes d’ajustement structurel

n’avaient pas tenu compte du faible développement des marchés et des faiblesses de la société

civile.

Or une compétitivité systémique ne peut émerger sans intégration sociale : elle implique

l’engagement en faveur de la transformation sociale qui dépasse l’amélioration du cadre

macroéconomique. Elle requiert une restructuration des organisations d’entreprises et des

syndicats de travailleurs ainsi que des autres organisations clé de la société civile. Le

processus de restructuration de ces organisations et de création de nouvelles institutions

intermédiaires répond à trois logiques complémentaires :

o ces organisations et institutions ont besoin de se restructurer en interne ;

o elles doivent renforcer leur capacité à représenter et à défendre leurs intérêts vis-à-vis du

gouvernement et des autres acteurs sociaux ;

o elles doivent restructurer leur propre environnement à travers la coopération et la

participation à des réseaux avec les institutions publiques et privés.

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Seul un gouvernement relativement autonome est à même d’ancrer ses activités sur l’intérêt

économique et social, général. La transparence et l’obligation de rendre compte sont

indispensables. Les sous systèmes fonctionnels autonomes sont fondés sur un clair partage des

responsabilités entre l’Etat, le secteur privé et la société civile.

Le besoin de modes de gouvernance non hiérarchiques.

Le rôle qui revient à l’Etat celui de coordonnateur, de modérateur et de communicateur, dans

les réseaux de politiques impliquant les entreprises, les associations, les milieux scientifiques,

les institutions intermédiaires et les syndicats de travailleurs. L’Etat doit viser à collecter et à

diffuser l’information pertinente et œuvre à l’élaboration conjointe de visions à moyen et à

long terme qui peuvent servir de repères aux politiques publiques et aux initiatives privées au

niveau meso.

Les nouvelles formes de gouvernance opérant sous les forces du marché, le poids des

hiérarchies et les réseaux d’auto-organisation.

Cependant, la réussite des réseaux de politiques dépend de six éléments clé :

o des acteurs collectifs autonomes capables de résoudre leurs conflits internes ;

o la confiance et l’engagement à des échanges équitables ;

o l’orientation vers des résultats substantiels (résolution de problèmes, au-delà de consensus

minimum) ;

o prise conjointe de décision basée sur un partage de l’information ;

o réciprocité, ou une répartition équitable des coûts et des bénéfices d’une décision

conjointe ;

o restriction volontaire de marge d’action parce qu’il est convenu que chaque acteur a un

droit légitime au respect de ses intérêts.

Les réseaux de politiques tendent à être organisés sur une base sectorielle et à traiter des

questions relevant de domaines tels que les sciences politiques, les politiques en matière de

technologies ou les politiques de santé. Ils tendent à s’incorporer dans des structures

politiques où un niveau supérieur intervient si le réseau devient carrent.

Systèmes d’incitations stimulant l’émergence de la compétitivité systémique

Niveau Externe à la société Interne à la société

Meta Pression à la performance émanent

de la réussite des pays voisins

Changement de paradigmes de

développement

Absence d’alternation à l’orientation

vers la concurrence et le marché

mondial

Elite ayant à assurer sa légitimité

Système de valeurs favorables au

développement

Culture favorable à l’apprentissage et

à la coopération

Prestige social à travers la réussite

en entreprise

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Macro Pression à l’ajustement structurel Responsabilité et obligation que

rendra compte à terme.

Externe à la société Interne à la société

Pression à la performance émanant

d’une intégration dans un marché

financier international

Hyperinflation et stagnation

/expérience de d

Meso Coopération au développement Evaluation de performances des

structures d’appui basée sur la

réussite des entreprises privées

Institutions de R&D : compatibilité

entre orientation et application

académiques

Décentralisation des responsabilités

et latitude de formulation créative de

politiques

Structures participatives et pressions

à la performances dans les

associations

Micro Chaînes mondiales de biens

Normes internationales

Pression à la compétitivité

Pression et soutien de la part des

clients

Incitations matérielles à des

performances exceptionnelles

Organisations type aux différents niveaux

Niveau Etatique Non étatique

Meta

Macro Ministère des Finances

Banque centrale

Associations faitières

Meso Centres de R&D

Instituts publics d’éducation et de

formation

Agences de promotion des PME

Banques de développement

Chambres consulaires

Associations

Fondations

ONG

Micro Entreprises publiques Entreprises privées

5. Les chaînes de biens mondiales

Le concept de chaînes de bien mondiales porte sur liens qui existent entre les entreprises de

production, et outre producteurs et négociants, à la fois en termes de considérations

techniques et de relations de pouvoir. Dans la nouvelle division internationale du travail, une

part substantielle de transactions économiques à travers les frontières a lieu à l’intérieur

d’entreprises multinationales, qui doivent leur existence au besoin de tirer avantage de coûts

salariaux plus faibles à certaines étapes du processus de production.

Cependant, la nouvelle division internationale du travail concerne majoritairement les articles

d’habillement, les chaussures et l’électronique. Elle ne peut justifier la part plus grande de

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stratégies d’internationalisation des entreprises. Surtout, elle n’a pu appréhender

l’organisation de chaînes d’approvisionnement internationales de la part d’entreprises comme

Nike, Ikea, Gap ou Otito, qui n’implique pas de propriété de capital et donc ne se reflète pas

dans les statistiques d’investissement direct étrangers.

Les chaînes d’approvisionnement mondiales se rapportent explicitement au fait que le

commerce international se compose principalement de trois types de transactions : des

transactions commerciales anonymes, des échanges intra-entreprises et surtout des

arrangements d’offre internationale.

6- L’importance particulière du niveau meso - les grappes d’activité comme instrument

fonctionnel de promotion de la compétitivité dans les pays en développement.

a) origine et évolution du concept de grappe d’activités

L’analyse en termes de grappe d’activités trouve son origine dans l’économie néo classique.

Le district industriel que définit Marshall (1920) explique la concentration sur une aire

géographique limitée d’entreprises d’un secteur donné. Le site d’implantation est important,

mais ne devrait pas être le seul déterminant de la compétitivité. Dans le district industriel,

l’environnement industriel qu’évoque Marshall et qui est fait de facteurs non économiques

(culture, partage de savoir-faire, relations politiques et sociales, histoire, et autres) constitue le

facteur réel de motivation qui amène un groupe d’entreprises à créer entre elles des relations

horizontales, et verticales, en vue de la réalisation d’objectifs communs. La variable

explicative de l’établissement d’une grappe d’activité dans un district industriel est l’accès à

l’information.

L’approche de Marshall (1920) est jugée incidente par Schmitz et Navid (1999) en opposition

aux initiatives plus récentes de politiques délibérées de promotion de grappes d’activités,

initiatives qui font l’objet d’un inventaire de la part de Chavaria et al (2000).

Une première théorie fonde les grappes d’activités sur des considérations d’économie

géographique et fait de l’attractivité du site d’implantation le principal déterminant de la

constitution de grappe, mais reconnaît aussi un certain rôle au coût de transport. En

particulier, Von Thünen donne la distance entre le lieu de production et le marché comme

déterminant le site d’implantation des grappes. Des auteurs comme Butler (1986) ajoutent des

variables environnementales (climat et facteurs géographiques) pour justifier les lieux

d’implantation des unités de production.

Albert Hirschman (1957 et 1977) met l’accent sur la préférence pour les liaisons amont

(exportation de matières premières et autres i) et aval (transformation de nouveaux produits)

le long de la chaîne de valeur, pour justifier l’existence de grappes. Mais dans cette

deuxième théorie, les entreprises concernées n’ont pas besoin d’être côte à côte pour

constituer une grappe. La participation à la grappe dépend plutôt de la rentabilité des

investissements et de la similarité des technologies de production en amont et en aval de

la chaîne de valeur.

Michael Porter, à travers son losange de compétitivité, propose une troisième théorie qui met

l’accent sur les grappes d’activités manufacturières ou de services et lie les grappes à des

concepts de développement. Dans l’approche proposée par Porter (1990), les déterminants

décrits par le Losange procurent la compétitivité au sein de la grappe. Michael Porter, dans

ISC (2000), propose une définition de la grappe comme base d’une théorie générale de

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l’avantage compétitif est donc susceptible d’être utilisée comme cadre de définition de

politiques publiques dans les régions à développer. Dans cette deuxième formulation proposée

par Porter c’est la grappe qui promeut la productivité des entreprises membres en vue de

les rendre plus compétitives. Un autre fait important dans cette deuxième formulation est

l’accent mis sur l’intégration verticale à opérer sur les grappes constituées à des stades

différents de la chaîne de valeur (grappes de production, de services de marketing, de

transport,..)

b) Points de consensus sur les hypothèses de la théorie des grappes.

L’efficience collective attendue de la grappe s’appuie sur les économies externes et l’action

conjointe.

Economies externes

Les économies externes apparaissent quand les avantages sociaux excédent les avantages

privés. Marshall (1890) et Rugman (1991) identifient trois types d’économies externes

associées aux grappes d’activités :

- l’accès à un bassin de main d’œuvre spécialisée qui se développe en liaison avec les

besoins internes à la grappe ;

- la plus grande efficience de fournisseurs spécialisés dans la mise à disposition d’impôts

intermédiaires ;

- une diffusion plus facile du savoir faire technologique et des idées à travers les canaux

d’information et communications établis entre les producteurs membres d’une même

grappe.

McCormick (1999) ajoute l’accès au marché comme l’économie externe la plus

fondamentalement liée à la grappe. Celui-ci renvoie à l’accès aux clients potentiels amélioré par

la concentration géographique des entreprises de la grappe.

Action conjointe

La thèse qui fonde l’approche des grappes sur la marge d’action conjointe qu’elle offre retient

que les entreprises considèrent la productivité comme l’objet de la coopération et de la

concurrence à l’intérieur de la grappe.

Critique et avancées impliquant l’approche des grappes d’activités.

Tout comme le Losange de Porter, l’approche grappe ne prend pas compte du rôle de l’Etat et

des aspects internationaux. Ainsi Rugman et Verbeke (2002) fait observer qu’une grappe peut

être asymétrique, des entreprises dominantes organisant la grappe en fonction de leurs propres

bénéfices et coûts. Il fait également observer que l’approche proposée par Porter peut se

traduire par le développement de deux types de grappes symétriques :

- les grappes fondées sur l’identité, faites d’entreprises de tailles comparables et d’objectifs

similaires ;

- les grappes à croissance organique, faites d’entreprises de tailles éventuellement

différentes, mais qui entretiennent de fortes relations sociales avec la grappe.

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Altenburg et Meyer-Stamer (1999) identifie trois types idéaux de grappes utiles pour une

meilleure compréhension du profil de la compétitivité dans les pays en développement :

- les grappes de survie pour micro et petites entreprises à produits de faible qualité, aux

relations inter-entreprise fragiles, et au déficit de spécialistes dans le marché du travail

- les grappes de producteurs de masse plus avancés et différenciés : il s’agit d’entreprises

hétérogènes, davantage portées vers la qualité et produisant uniquement pour le marché

local, mais exposées à une concurrence internationale qui les force à améliorer leurs

réseaux de coopération ;

- les grappes d’entreprises transnationales : il s’agit surtout d’entreprises technologiques

servant à la fois les marchés locaux et internationaux.

Les entreprises transnationales et leurs filiales influencent les grappes locales de plusieurs

façons : elles peuvent fournir des IDE à travers la chaîne de valeur, promouvoir la R&D ou

développer de nouvelles connexions à l’intérieur des grappes locales.

Entreprises de la région performent mieux que la moyenne nationale des entreprises du

secteur. Si RFS est positif, la région accroît sa part dans l’emploi dans ce secteur.

L’analyse de la compétitivité des régions a aussi suscité le développement en 1997 et

1998 par Stough et Stinison (1997) et Roberto (1998) de l’analyse qualitative multisectorielle

avec le facteur humain comme compétence centrale. L’analyse qualitative multisectorielle

met l’accent sur quatre domaines :

- les compétences centrales et la compétitivité basée sur les ressources ;

- les possibilités économiques ;

- les possibilités de commerce avec l’extérieur ;

- le risque économique régional.

Les composantes principales sont «un bouquet de technologies et de qualifications sur

une base de ressources physiques, qui sont synthétisées pour produire des flux distinctifs de

qualifications, de technologies et de connaissances ». Elles sont la combinaison de 34

facteurs : c’est-à-dire les technologies, les qualifications et les ressources dans huit domaines :

- les forces économiques locales ;

- l’orientation des échanges avec l’extérieur ;

- la technologie et le développement ;

- la finance ;

- le management ;

- la gouvernance ;

- les infrastructures ;

- le développement des ressources humaines.

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Les 34 compétences centrales sont reproduites dans le tableau ci-dessous :

Forces économiques

locales

Orientation des

échanges avec

l’extérieur

Technologie et

développement

Développement des

ressources humaines

1. Performance du

secteur

2. Dynamique de

l’activité

économique

3. Activités à valeur

ajoutée

1. Performance du

commerce et de

l’investissement

2. Participation à

l’économie

internationale

3. Ouverture aux

affaires

étrangères

4. Proximité des

marchés

5. Alliances

stratégiques

1. Dépenses sur la R

& D

2. Agglomération

de l’expertise

3. Collaboration

dans la recherche

4. Taux

d’absorption de

la technologie

1. services de

formation et

d’enseignement

supérieurs

2. Base de

qualifications

3. Relations sociales

4. Qualité de vie

5. Structure des

salaires et

émolutions.

Finance Management Gouvernance Infrastructures

1. Base de

ressources

financières

2. Disponibilité des

ressources de

financement

1. Qualité du

produit et service

aux chartes

2. Réseaux

d’associations

3. Efficience dans

les affaires

4. Capacités en

marketing

5. Utilisation de

systèmes

d’information

6. Entreprenariat

1. Entraves

juridiques

2. Climat des

affaires

3. Délégation et

autonomie locale

4. Schéma d’appui

aux entreprises

1. Ressources

2. Coûts de l’énergie

3. Adéquation et

flexibilité des

infrastructures

4. Coût du transport

5. Assainissement et

environnement

Sources : D’après B. Roberts, R.J. Stimon (1998).

Chacun de ces 34 critères peut être évalué sur une échelle de 1 à 3 avec 1 pour faible,

2 pour moyen et 3 pour fort. L’évaluation se fait dans chaque région pour chaque secteur

d’activités. Sur la base de tableaux entrées-sorties, de focus groups, d’entretiens avec des

spécialistes, de rapports économiques, et de connaissance de l’économie locale.

Les scores obtenus sont représentés sur un graphique, puis agrégés suivant les secteurs

et les régions en deux indices :

un indice de compétence sectorielle

un indice de compétence centrale régionale.

Le marché du travail fait aussi l’objet d’analyse du point du risque économique

régional, en vue de prévenir l’instabilité sociale dans les régions.

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34

Un nombre de 30 critères répartis en 5 groupes sont évalués sur une échelle allant de 1

à 5.

Le facteur humain dans le risque économique régional.

1. Risques externes II. Risques sectoriels

1. Taux de change

2. Mondialisation et stabilité politique

3. Relations diplomatiques

4. Réduction de tarif/protection

5. Barrières commerciales étrangères

6. Stabilité des prix

7. Technologies nouvelles

8. Communication

9. Concurrence internationale.

1. Continuité de l’offre de matériels

2. Rupture dans le transport/distribution

3. Rupture dans les services publics

4. Pénuries de main d’œuvre

5. Stabilité des relations sectorielles

6. Accès aux ressources financières

7. Hausse de la fiscalité/charges

publiques

8. Accès aux ressources naturelles

9. Capacités et qualifications en gestion

10. Rigidité de la culture des affaires au

changement.

3. Gouvernance 4. Environnement 5. Relations communautaires

1. Stabilité et compétence

du gouvernement

2. Stabilité de la règle

juridique

3. Dépendance sur les

fonds publics

4. Soutien du gouvernement

1. Perte de qualité de

l’environnement

2. Sinistrés et maladies

naturelles

3. Changements de

l’environnement

4. Epuisement des

ressources

1. Attitudes de la

Communauté vis-à-vis

du secteur

2. Impact des vagues de

pression.

Sources : d’après B. Roberts et R. J. Stimson (1998).

De la même façon, l’analyse qualitative multisectorielle produit d’autres indices :

o un indice des opportunités régionales intersectorielles ; basé sur les relations entre

secteurs ;

o une matrice du potentiel sectoriel à l’exportation ;

o un indice’ du potentiel de développement des exportations sectorielles ;

o un indice du potentiel d’exportation pour chaque région.

L’analyse du marché du travail en conjonction avec l’analyse de la grappe et l’analyse

discriminante. Hill et Breman (2000) ont développé une méthode pour l’identification des

facteurs moteurs des grappes d’activités les plus compétitifs et de leurs relations avec les

secteurs amont ou aval.

Les méthodes développées combinent l’analyse de grappes avec l’analyse

discriminante, en utilisant des variables dérivées de la théorie économique de base et du

concept d’avantage compétitif. L’analyse de grappe est un outil mathématique

d’identification de groupes variés de secteurs similaires en termes de caractéristiques

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économiques de base. L’analyse discriminante est une procédure statistique de détection de

ces secteurs.

Dans les analyses de grappe, quatre ensembles de variables sont analysées : des

mesures de compétitivité, l’orientation favorable à l’exportation, centralité dans l’économie

régional et spécialisation de l’emploi.

Mesures de la compétitivité

Productivité (produit brut par heure)

Variation de la part de l’industrie régionale dans l’emploi national ;

Ration revenu local sur revenu national ;

Variation du revenu relatif (ratio précédent) ;

Exportations

Part de la production de l’industrie locale convoyée hors de la région ;

Part des exportations locales imputables au secteur d’activité donné ;

Centralité

Relations avec les clients (aval)

Relations les fournisseurs (amont)

Variation de la part de l’emploi local.

Spécialisation de l’emploi

LQ

Variations de LQ

Les secteurs moteurs sont ceux qui ont une productivité élevée, une spécialisation

forte, et leur région d’accueil a une part croissante de l’emploi national dans le secteur

considéré.

Le marché de l’emploi dans le diagramme de la toile d’araignée (Stough et al, 1999).

Dans le diagramme de la toile d’araignée, chaque grappe est représentée par 15 indicateurs de

performance économique :

1. l’emploi de la grappe ;

2. la variation de l’emploi ;

3. salaires distribués ;

4. taux de variation du total des salaires ;

5. nombre d’établissements ;

6. taux de variation du nombre d’établissements ;

7. niveau des salaires rapporté au niveau des salaires dans l’industrie à l’échelle

nationale ;

8. taux de variation du salaire relatif ;

9. dépendance inter-sectorielle ;

10. productivité ;

11. taux de variation de la productivité ;

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12. contribution au PIB de la région ;

13. taux de variation de la contribution au PIB de la région ;

14. quotient de la localisation (LQ) ;

15. variation des LQ.

L’évaluation de ces indicateurs permet de décrire quatre paramètres de

développement de base de chaque grappe :

- périmètre d’échelle (emploi, total salaires, nombre d’établissements, contribution au

PIB) ;

- paramètre de performances (variations de l’emploi, taux de variation du total des

salaires, du nombre d’établissements) ;

- paramètre de robustesse (salaire relatif, dépendance inter-sectorielle, productivité, LQ) ;

- dynamique de croissance (taux de change du salaire relatif, de la productivité, de la

contribution au PIB, et variation de LQ).

Sur la base de ces indicateurs, l’on construit :

- le diagramme à toile d’araignée ;

- l’indice de puissance de la grappe ;

- l’indice de changement de la grappe ;

- l’indice de forme de la grappe.

Plus l’indice est élevé, plus la grappe s’étend et plus elle est forte.

Mobilité des personnels dans l’analyse des réseaux.

L’analyse réseau est une méthode commune d’identification de grappes d’activités. La

méthode de OCDE (1997) de l’analyse des grappes s’appuie sur quatre types de flux

d’informations et de connaissances :

- interactions entre entreprises ;

- interactions entre entreprises et institutions de recherches ;

- diffusion des connaissances et des technologies ;

- possibilité des personnels.

S’agissant du marché du travail, le flux d’information et de connaissances sur la mobilité

des personnels présente plus d’intérêt. Il est fondé sur le mouvement des personnes et sur les

connaissances tacites qu’elles portent elles. Ces connaissances tacites sont échangées à

travers des contacts internes aux entreprises tout comme à travers des contacts externes entre

entreprises et autres institutions de la grappe.

Mesure de la mobilité des personnels

Contacts internes Contacts externes

Employés impliqués dans la R & D, Participation à des programmes

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dans les activités d’innovation

Equipes de R & D

Temps mis par les employés dans

d’autres entreprises du groupe

Participation à des programmes

d’éducation et de formation, à des

conférences, foires/expositions

Personnel de niveau supérieur,

pourcentage de personnel scientifique,

pourcentage de PhD

Nombre de filiales

Nombre d’investisseurs stratégiques

Taux de cotation

d’éducation et de formation, à des

conférences, foires/expositions

Projets communs avec d’autres

entreprises, institutions, instituts,

services d’appui à l’innovation

Affiliation à des associations

professionnelles, des plateformes

technologiques, des consortiums de R

& D

Nombre de chercheurs universitaires

employés dans une entreprise

Nombre de stages d’étudiants et durée

Pourcentage de projets de R & D

impliquant des partenaires externes

Nombre de chercheurs entrant et sortant

d’instituts de recherches

La mobilité des personnels est considérée comme étant le flux le plus important au

sein d’une grappe. La mobilité de la main d’œuvre garantie l’accès au personnel de R & D, à

l’information, aux technologies et favorise une diffusion rapide des technologies.

V. Evaluation qualitative de la filière

Notation de 0 :! Nul à 5 : très fort. « - » signifie que le critère ne s’applique pas.

1. Critères socio-micro économique

1- Social Evaluation

Niveau d’organisation des producteurs concernés

Ancrage historique de l’activité dans la région (ex : traditionnel,

très récent)

Importance de stratégies de sécurisation alimentaire des acteurs

Perception/Valorisation sociale de l’activité (dégradante ou

valorisante)

Valorisation du travail féminin

Accessibilité de l’activité aux plus pauvres

Existence de « fady » sur le produit

2- Economique Evaluation

Importance de l’investissement financier nécessaire pour mener

l’activité

Importance du revenu généré par la filière

Importance des temps de travaux à prévoir

Facilité d’accès au crédit

Importance des charges de production

Rapidité de retour des investissements (durée du cycle)

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2. Critères méso-économiques

1- Social Evaluation

Existence d’organisation micro-régionale pour la commercialisation

Niveau de risque environnemental

2- Economique Evaluation

Existence de transformateurs locaux

Existence de collecteurs locaux

Importance du nombre d’intermédiaires dans le circuit dominant

Diversité des circuits de commercialisation

Diversité des débouchés actuels

Importance des volumes consommés localement

Importance de la VA locale (cf indicateur)

Existence de périodes de saturation des marchés extérieurs

Importance de la concurrence extérieure au Fivondronanaé sur

marchés extérieurs

Existence de période d’importation

Importance des moyens à mettre en œuvre pour intervenir

(appréciation)

3. Technique Evaluation

Existence d’infrastructures de communication

Possibilité de stratégies de vente différée (calendrier

désaisonné/stockage)

Existence de structures et programmes d’appui/encadrement

Reconnaissance des produits locaux sur le marché extérieur

Appréciation des moyens techniques à mettre en œuvre pour

intervenir

3. Critères macro-économiques

1. Economique Evaluation

Existence de marchés d’exportation

Dépendance de la filière par rapport à des importations

Dynamique du marché national

Existence de projets d’agro-industries ou possibilité de sous-

traitance industrielle

3- Technique Evaluation

Niveau de technicité minimal nécessaire pour maîtriser l’activité

Nécessité d’un encadrement/suivi technique

Pénibilité du travail

Disponibilité locale des intrants de qualité

Risques de pertes (incident technique et climatique)

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2. Environnement Evaluation

Existence de dynamique interprofessionnelle

Rigidité du cadre légal

Existence d’une politique nationale (Ministère technique ou DSRP)

Existence de projets d’appui dans des régions concurrentes

Possibilité d’actions en synergie et en concertation au niveau

provincial

La notion de compétitivité dynamique d’un pays

(expérience de l’Allemagne) ----------------

Le concept de compétitivité dynamique des nations tant de relier celui de

compétitivité tout court à la recherche du mieux-être, à travers, notamment, l’évaluation des

salaires et de la productivité, et des conditions sociales et environnementales qui leur sont

associées.

Le concept de compétitivité dynamique met également en perspective le rôle de

l’équilibre externe, de la maîtrise des coûts de production, le rôle de la technologie, de la

différentiation des produits, ainsi que celui d’autres déterminants de la qualité de la

compétitivité.

L’analyse de la compétitivité dynamique s’appuie sur un concept d’unité de valeur

comme indicateur de la qualité ou de l’évaluation que le consommateur fait d’un produit. Le

concept d’unité de valeur permet de distinguer les marchés dans lesquels les entreprises se

font concurrence sur la base du prix de ceux où la qualité prime.

En référence à l’expérience de l’Allemagne, l’analyse de la compétitivité dynamique

prend en compte les performances macroéconomiques, la position technologique et la

concentration des exportations dans l’identification des activités dans lesquelles le pays est

réparti compétitif.

Définition de la compétitivité à l’échelle de la nation

La compétitivité mesurée par les indicateurs composites correspond à la capacité d’un

pays à « créer proportionnellement plus de valeurs sur le marché mondial que ses

concurrents ».

Le concept de compétitivité dynamique vise à relier la compétitivité au but ultime de

l’économie, la maximisation d’une fonction de bien-être, sous contraintes.

Soit W le bien-être, fonction des arguments C, S et E avec :

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- C un vecteur de consommation ayant comme éléments la consommation par tête

d’habillement (y,1), le pouvoir d’achat en monnaie internationale (ye), la stabilité des

prix et des revenus (y3), et les loisirs (y4) : C ) CCy1, Y2, Y3, Y4) ;

- S est le vecteur des objectifs sociaux poursuivis avec comme éléments la sécurité

sociale (z1), la stabilité de l’emploi (zn), la santé (z3), l’éducation (z4), l’équité (z5),

l’espérance de vie (z6), la démocrate et la stabilité politique (z7) ; S = S(z1, z2, z3, z4,

z5, z6, z7) ;

- E est le vecteur des objectifs poursuivis sur le plan environnemental, avec comme

éléments la préservation des ressources naturelles (n), et la limitation de l’émission

d’effets de serre ; E = E(n1, n2)..

La maximisation de la consommation est contrainte par :

- les conditions d’équilibre externe pensant par exemple sur le compte courant, la

balance des paiements, les réserves de change, les parts du marché mondial ;

- les contraintes technologiques pesant sur les vecteurs, Y, Z et X.

Y = f(K1, L1, R1) = fonction de production.

Z = g(K2, L2, R2)

X = h(K3, L3, R3)

Les contraintes de ressources

Σ ki < K

Σ Li < L

Σ Ri < R

K = stock de capital

L = main d’œuvre disponible

R = ressources naturelles.

La compétitivité d’un pays dépend de ses aspirations et de ses préférences, d’une part,

des technologies accessibles et les capacités, d’autre part.

La compétitivité d’une nature est la sa capacité à :

- vendre assez de biens et servies pour respecter une contrainte extérieure ;

- des revenus factoriels en ligne avec ses respirations (courantes et perspectives) ;

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- à des conditions macroéconomiques, sociales et environnementales, acceptables par

ses populations.

Cette capacité est dynamique et dépend des ressources, capacités et technologies

accessibles à travers les ressources endogènes telles que la technologie, le capital humain, le

capital physique, le capital environnemental et le capital culturel.

Le contenu subjectif des expressions « assez » « aspirations» et « acceptables » peut

être levé en retenant comme niveau à atteindre par un dans un pays, les performances

moyens, médianes, ou correspondant à un pourcentage (déterminé à l’avance) de celles d’une

catégorie donnée de pays perçue comme la référence. Les performances des pays de

référence sont utilisées comme étalons et, à cet effet, doivent être rapportées aux priorités

spécifiques au pays à l’étude, telles qu’elles ressortent de son système économique social,

culturel et politique.

Par exemple, que signifient au Sénégal « assez d’exportations », «le salaire

souhaité », « la stabilité macroéconomique ».

a) « Assez d’exportation »

La vraie bonne question et de savoir l’indicateur le plus approprié pour un pays

comme le Sénégal pour assurer un suivi approprié de l’équilibre extérieur. Pour ce faire, il

faut procéder à l’analyse de la balance commerciale, du compte courant, et la part de marché

du pays.

b) « Niveau de salaire souhaitable »

Pour un équilibre extérieur donné, les revenus sont fonction du niveau des salaires et

du taux de change. Tout test de la compétitivité par le marché subit l’influence des revenus

factoriels.

c) « Conditions macroaceptables »

Comment concilier l’équilibre externe avec l’accès des populations à la santé, à des

pensions de retraite, à l’emploi, dans un contexte de maîtrise de l’inflation, et de protection de

l’environnement.

L’unité de valeur comme indicateur de la qualité de la compétitivité.

la valeur des exportations par let ou tonne ;

la valeur des importations par leg ou tonne.

L’unité de valeur a une dimension coût et une dimension qualité.

Si les valeurs unitaires reflètent les coûts de production et si le produit est

homogène, les pays aux coûts les plus faibles devaient être exportateurs nets. En outre, si n

pays est exportateur net avec des coûts plus élevés, cela devrait être dû à des gains en

qualité.

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Ainsi dans un pays, on peut distinguer :

- les secteurs dominés par la concurrence par les prix

VUexp < VUmp => Qexp > Qimp

VUexp > Vuimp => Qexp < Qimp

- les secteurs dominés par la concurrence par la qualité révélée

Vuexp > VUump mais Qexp > Qimp

Vuexp < VUmp mais Qexp < Qimp

Dans un même pays, on doit analyser les barrières à l’entrée pour les secteurs qui

connaissent un certain succès, et les barrières à la sortie pour les secteurs non performants.

Exemples de définitions de la compétitivité

1) Uri (1971) : la capacité de créer les préconditions de salaires élevés ;

2) la recherche allemande (1981, 2459) ;

La capacité de développer des produits de spécialité et des solutions techniques qui

génèrent des revenus croissants et le plein emploi, malgré la concurrence émergente des

nouveaux pays industrialisés.

3) Orowski (1982) : la capacité de vendre ;

4) Scott & Lodge (1985) : la capacité d’une nation de produire, distribuer et assurer

le service après vente de biens sur le marché international, …… et le faire dans

plans des conditions de relèvement des niveaux de vie ;

5) Fagerberg (1988) : la capacité d’un pays d’atteindre ses objectifs principaux de

politique économique, spécialement de croissance des revenus et de l’emploi,

sans connaître des difficultés de balance des paiements ;

6) Poster (1990) : le seul concept de compétitivité qui a un sens à l’échelle de la

nation est celui de la productivité ;

7) OCDE (1992) : produire des biens et services qui passent avec succès le test de la

concurrence internationale tout en maintenant et en relevant son revenu intérieur

en termes réels ;

8) Conseil de Politique compétitive (Etats-Unis, 1994) ; la capacité de vente des

produits sur les marchés internationaux, pendant que les revenus sur les marchés

intérieurs connaissent une croissance soutenue ;

9) Union européenne (1994) : la capacité de combiner croissance et commerce

extérieur équilibré ;

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10) Forum du Management (1994) : la capacité pour un pays ou d’une entreprise de,

proportionnellement, générer plus de richesses que ses concurrents sur les marché

mondiaux. Des actifs compétitifs croisés avec des procédés et des procédures

compétitifs, donnant des résultats compétitifs ;

11) Union Européenne (1995) : la capacité d’accroître ou de maintenir les niveaux de

vie par rapport aux économies comparables sans détérioration à long terme de

l’équilibre externe ;

12) OCDE (1995) : la capacité pour les entreprises, les secteurs, les régions, les pays et

les regroupements de régions de générer, tout en étant ou restant exposé ) la

concurrence internationale, des revenus factoriels et des niveaux d’emploi

relativement élevés, sur une ase durable ;

13) Oughton, Whittan (1995) : la croissance à long terme de la productivité, et

subséquemment le relèvement des niveaux de vie, compatibles avec la hausse de

l’emploi ou le maintien d’une situation de quasi plein emploi ;

14) Tunzelmann (1995) : d’après les historiens, la compétitivité coïncide avec le

leadership commercial, technique et politique.

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