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Mémoire Examen de la posture érigée Position relative de la ligne de gravité et de l'axe tragien Ann. Kinésithér" 1982, 9, 389-402 G. PENINOU 1 Après avoir étudié la localisation de la ligne de gravité et du centre de gravité d'un sujet vu de profil, cette étude a permis d'objectiver la posi- tion spontanée que prend un sujet talon joint vu de profil (position de l'examen clinique habituel). Cinq points de repères ont servi de référence: Tragus, Acromion, Grand Trochanter, Tubérosité du condyle externe, et Malléole externe. L'analyse statistique de la position de ces points par rapport à une verticale permet d'obtenir une référence de la position en attitude relachée, tant en ce qui concerne le positionnement général du sujet que celui des ceintures et des membres inférieurs. INTRODUCTION Pouvoir comparer ou avoir une référence est un souci constant pour un praticien qui examine un patient en orthopédie. L'examen des membres se fait habituellement par comparaison avec le côté opposé, et l'examen du tronc dans le plan frontal se fait en appréciant la symétrie; mais l'obser- vation de la statique d'un sujet dans le plan sagittal ne peut s'effectuer qu'à partir d'une référence. L'objet de cette étude est d'essayer d'obectiver qu'elle est la position moyenne des différents segments corporels dans une observation de profil; non seulement dans l'examen de la statique du tronc, mais également de celle des membres inférieurs et des ceintures. CONDITIONS ACTUELLES DE L'OBSERVATION DE PROFIL L'examen de la littérature pour l'observation d'un sujet, nous indique qu'il faut apprécier la rectitude sagittale des membres et mesurer les flè- ches de l'occiput et des courbures vertébrales. 1. Kinésithérapeute-moniteur, enseignant de la S,E,E.E.F.O.M., 118 bis, rue de Javel, F75015 Paris. 389

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Mémoire

Examen de la posture érigéePosition relative de la ligne de gravitéet de l'axe tragien

Ann. Kinésithér" 1982, 9, 389-402

G. PENINOU 1

Après avoir étudié la localisation de la ligne de gravité et du centrede gravité d'un sujet vu de profil, cette étude a permis d'objectiver laposi­tion spontanée que prend un sujet talon joint vu de profil (position del'examen clinique habituel).

Cinq points de repères ont servi de référence: Tragus, Acromion,Grand Trochanter, Tubérosité du condyle externe, et Malléole externe.L'analyse statistique de la position de cespoints par rapport à une verticalepermet d'obtenir une référence de la position en attitude relachée, tant ence qui concerne le positionnement général du sujet que celui des ceintureset des membres inférieurs.

INTRODUCTION

Pouvoir comparer ou avoir une référence est un souci constant pourun praticien qui examine un patient en orthopédie. L'examen des membresse fait habituellement par comparaison avec le côté opposé, et l'examendu tronc dans le plan frontal se fait en appréciant la symétrie; mais l'obser­vation de la statique d'un sujet dans le plan sagittal ne peut s'effectuer qu'àpartir d'une référence.

L'objet de cette étude est d'essayer d'obectiver qu'elle est la positionmoyenne des différents segments corporels dans une observation de profil;non seulement dans l'examen de la statique du tronc, mais également decelle des membres inférieurs et des ceintures.

CONDITIONS ACTUELLES DE L'OBSERVATION DE PROFIL

L'examen de la littérature pour l'observation d'un sujet, nous indiquequ'il faut apprécier la rectitude sagittale des membres et mesurer les flè­ches de l'occiput et des courbures vertébrales.

1. Kinésithérapeute-moniteur, enseignant de la S,E,E.E.F.O.M., 118 bis, rue de Javel, F75015 Paris.

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La plupart des auteurs: Boulaya, Caillet, Castaing et Santini, Charrièreet Roy, Desèze, Kapandji, Stagnara, Troisier, pour ne citer que les plusconnus, donnent des valeurs de référence pour les courbures vertébrales;mais ces valeurs, si elles nous renseignent sur le positionnement du rachis,ne nous donnent aucune information sur la position des membres et sur­tout des ceintures.

La rectitude des membres indiquée par la position de référence anato­mique ne correspond pratiquement jamais à l'examen clinique moderne. Ilnous faut une autre référence: différents auteurs en particulier Charrièreet Roy, et Troisier, parlent de l'axe abaissé à partir du Tragus. Pour cesauteurs, l'axe passe en avant du moignon de l'épaule, mais au bord anté­rieur du trochanter pour le premier, et au milieu pour le second, ensuiteil tombe sur l'articulation calcanéo-cubo"idienne. D'autres auteurs pré­conisent toujours l'axe abaissé du tragus mais le décrivent à l'aplomb del'épaule, du grand trochanter et de la malléole externe.

La recherche bibiographique nous a fait remonter jusqu'à Léonard deVinci, humaniste du 158 et 168 siècle, et qui a décrit dans un dessin d'ana­tomie, conservé au Château Royal de Windsor sous le numé­ro 19 136-19 139 recto, cet axe du plan vertical frontal, passant par leconduit auditif externe et définissant le squelette humain en positiondebout. PilOn nous dit « Albert Dürer qui connut ce dessin lors de sonséjour à Venise en vérifia l'exactitude puis l'applique au tracé du canon ducorps humain ». Ce dessin semble avoir ensuite servi de référence pourl'anatomie et l'anatomie artistique.

Ce sont les études sur la ligne de gravité effectuées au début de cesiècle qui nous éclairent d'un jour nouveau. Ce sont des auteurs commeBraune et Fischer, Fick ou Strasser, cités par Steindler, Basmadjian et plusrécemment Scherrer qui ont effectué ces études. Ils nous donnent 3 posi­tions:

Une première dite « normale », dans cette position une verticale élevéede la malléole externe passe au niveau du tronchanter, de l'épaule, et duconduit auditif externe.

La deuxième dite « relaxe» montre que la verticale élevée de la mal­léole externe passe nettement en arrière de la hanche au niveau de l'épauleet un peu en arrière de l'oreille.

La troisième dite « militaire », montre un sujet où la verticale élevée dela malléole externe passe nettement en arrière du dos et de la tête.

Vandervael nous dit: « Ce qui caractérise la position debout ordinairec'est qu'elle est une position de repos dans laquelle chaque individu cher­che à maintenir son équilibre avec un minimum de fatigue c'est-à-dire leminimum de contraction musculaire ».

La position théorique répondant le mieux à ce souci c'est-à-direaucune activité musculaire, et celle décrite par Léonard de Vinci reprisedepuis par des auteurs modernes, c'est celle que Strasser appelle la posi-390

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tion normale. Dans nos observations cette position n'est adoptée spontané­ment par personne, et les sujets qui la prennent s'en écartent rapidement,l'état d'équilibre étant précaire. Cette position théorique idéale ne peutdonc être qualifiée de « normale ».

La notion de « normale» correspond à une station stable qui permetde tenir avec le minimum de fatigue, mais avec une activité musculaire.

Pour essayer de déterminer cette norme nous avons mené 2 étudesconsécutives: la première a cherché à vérifier la projection de la ligne degravité chez un sujet de profil, et la deuxième à vérifier la position réellede l'axe tragien et l'intérêt de son utilisation clinique.

PREMIÈRE ÉTUDE: LA LIGNE DE GRAVITÉ

Nous avons tout d'abord choisi 5 repères à objectiver sur le sujet defaçon à visualiser la position des segments et des ceintures.

1) La malléole externe a été choisie comme référence de l'axe derotation de l'articulation tibio-tarsienne, de plus ce point très proche du solest une référence stable et constante.

2) La tubérosité du condyle externe est facilement repérable legenou fléchi; en extension ce point est recouvert par le tendon terminalde la bandelette de Maissiat mais il reste palpable. Quoique un peu posté­rieur son intérêt est d'être considéré comme axe moyen de rotation de laflexion extension du genou.

3) Le grand trochanter est une surface importante dont aucun pointne fait particulièrement saillie sous la peau. Les bords antérieurs et posté­rieurs sont facilement palpables entre le pouce et l'index. Le bord supérieurdu grand trochanter est un peu plus difficile à palper en position debout,il est recouvert par la tension des abducteurs fessiers, aussi il faut deman­der au sujet de s'incliner du côté palpé pour obtenir la détente de ces élé­ments musculaires. On obtient ainsi le bord supérieur du grand trochanterdont le milieu nous sert de référence.

L'intérêt de ce repère est d'être proche de la tête 2 à 4 cm en arrièreet légèmrement en dessous, il nous sert de référence pour la coxo-fémo­raie.

4) L'acromion, saillie osseuse externe de l'omoplate, est assez largeplusieurs centimètres. Le milieu du bord externe est notre point de réfé­rence. Cet élément nous indique avec intérêt la position de la ceinture sca­pulaire, la place de la clavicule étant étroitement liée à celle de l'omoplate.

5) Le tragus de l'oreille « est une saillie aplatie qui se projette à lamanière d'un opercule en avant et en dehors de l'orifice du conduit auditif

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externe)} (Rouvière). Cet élément osseux a généralement servi de référencepour la position de la tête dans le plan sagittal.

Ces différents points de repères annoncés plus haut ont été marquéssur la peau de chaque sujet à l'aide de crayon gras et pour tout le mondedu côté droit.

Matériel et méthode

Nous avons voulu vérifier que les points préalablement décrits étaient ou non alignéssur le plan frontal passant par le centre de gravité général du corps humain. Parmi lesdifférentes techniques permettant de connaître le plan de gravité et le centre de gravitégénéral du corps, la méthode qui nous a paru la plus simple est celle décrite en 1909par Reynolds et Lovett et reprise depuis par différents auteurs modernes.

Rappel de la technique de la pesée de Reynolds et Lovett ffig. 1)

---

FIG. 1. - Calcul de la position du centre de gravité et de sa projection verticaleà raide de la balance de Reynolds et Lovett.

392

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Cette technique utilise les lois de la composition des forces parallèles: une planchede 2 mètres repose sur ses extrémités; la première extrémité sur le plateau de la balance,la deuxième sur un point fixe. Un corps placé sur la planche repose en partie sur la balanceet en partie sur le point fixe.

Nous avons un équilibre qui se réalise entre la balance et le poids du corps autourdu point fixe, il y a égalité mathématique des moments des forces soit:

OA x P = OB x P

DA = OB x pP

connaissant la distance DA nous pouvons marquer sur la planche où se projette la lignede gravité. Il suffit ensuite d'élever un fil à plomb, le plan frontal et le G sont derrière lefil à plomb.

En recommençant le sujet couché, dans une position similaire à celle debout on ob­tient la position du G vue de profil entre le plan vertical frontal et le plan transfersal ouhorizontal.

On aurait pu aussi continuer pour le 38 plan mais cela n'était pas l'objet de notre étude.

Matériel utilisé

- Une balance SECA 709 portée 150 kg précise à 50 g près, ce qui nous a paru très suffi­sant.- Deux points d'appui en coin de bois.

- Une planche en bois épaisse longue de 2,30 m et pesant près de 30 kg.En effet il fallait déborder de chaque côté des couteaux posés sur la balance d'une

part, et sur le sol d'autre part. Un sujet devait pouvoir s'y allonger sans dépasser, et unsujet devait s'y tenir debout sans faire plier la planche par son poids.

La planche possède un repère pour installer exactement à deux mètres chacun despoints d'appui, et nous avons inscrit sur le bord de la planche les centimètres à partir dupoint zéro, de façon à placer le fil à plomb en face du chiffre calculé.

- Le fil à plomb monté sur pied nous a permis une fois placé d'observer le sujet et demesurer les repères osseux par rapports à lui.

Choix de la population

Nous avons demandé à une centaine d'étudiants en kinésithérapie: 62 garçons et40 filles de se prêter à l'expérimentation à laquelle ils ont participé.

L'âge des sujets est compris entre 18 et 25 ans, cette population nous permet d'avoirdes sujets dont l'activité de croissance est terminée. Ils ont une morphologie d'adulte, maisne sont pas encore adaptés à une activité sociale ou professionnelle.

Les variables dans cette population sont néanmoins nombreuses.Nous avons les morphologies raciales des différentes régions de France (les étudiants

originaires d'autres continents ont été exclus de l'étude).

Bien que l'âge soit homogène les variables de taille, de poids et d'activité physiquesont nombreuses.

C'est ainsi que chez les garçons le plus grand mesure 1,93 mètres et le plus petit1,60 mètres. La taille moyenne étant de 1,76 mètres avec un écart type de 6 centimètres.Le plus lourd pèse 98 kg et le moins lourds pèse 55 kg, avec un poids moyen de 69,06 kget un écart type de 8,31 kg.

L'étude de la corrélation entre le poids et la taille nous donne r = 0,69.

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Chez les jeunes filles la plus grande stature est 1,74 mètres, et la plus petite1,54 m€tres. La taille moyenne est 1,64 mètres avec un écart type de 5,6 centimètres. Laplus lourde pèse 82 kg et la plus légère 43 kg. Le poids moyen est de 54,91 kg avec unécart type de 6,44 kg.

La corrélation poids-taille nous donne r = 0,76.

Les activités physiques semblent également très variées, elles vont des activités decombat (karaté, judo) jusqu'aux activités gymniques (danse, gymnastique) en passant parles différents sports collectifs.

Chez les jeunes gens 38 % disent n'avoir aucune activité sportive régulière, soit 62 %d'activités très variées avec une préférence pour le sport de groupe et d'équipe.

Chez les jeunes filles 42 % disent n'avoir aucune activité sportive régulière soit 58 %d'activités très variées avec une préférence pour le tennis et la natation.

Ces chiffres comparés à d'autres échantillons d'étudiants montrent que notre popula­tion est assez représentative de cette catégorie de la population.

Mesures et observations

Nous avons placé chaque sujet dans deux positions:

1) Debout sur la planche de profil les talons joints, avec un écart entre les pointesde pied de 30° à 45°, le regard à l'horizontal, les membres supérieurs le long du corps.

2) une position similaire à la précédente mais en décubitus dorsal.

Chacun des repères a été marqué sur la peau à l'aide d'un crayon gras et nous avonsobse,vé la distance de ces points en avant ou en arrière par rapport à la ligne de gravitésymbolisée par le fil à plomb,

L'observation a été visuelle et les chiffres enregistrés immédiatement notés, Pour lespoints les plus élevés (Tragus. Acromion, Trochanter) les oscillations antéro-postérieuresdes sujets nous ont fait noter le point médian entre les extrêmes antérieurs et postérieurs.

Les oscillations étaient négligeables au niveau condylien et nulles au niveau malléolai-res,

L'observateur se plaçait pour chacune des mesures dans le prolongement frontal dufil à plomb. Il fallait 3 personnes pour cette observation, La première s'assurait que le filà plomb ne bougeait pas, la deuxième restait immobile dans l'observation frontale, et latroisième positionnait une règle horizontalement entre le fil à plomb et le repère osseux,de façon à avoir une projection orthogonale sur le plan frontal.

Sur la peau était également tracée une droite verticale dans la région fessière, symbo­lisant le plan frontal longitudinal derrière le fil à plomb. Cette droite recoupée, dans la posi­tion allongée par celle du plan transversal nous donnait la projection du centre de gravitégénéral du corps vu de profil.

Résultats

Pour chacune des populations masculine et féminine et chacun des5 points de repère nous avons calculé la distance moyenne et l'écart typeen relation avec la ligne de gravité.

Ces résultats ont été consignés dans le tableau 1.

Pour plus de clarté nous avons positionné les points moyens sur ungraphique et le rapport avec la ligne de gravité (fig. 2).

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ACRO.-n-n-S! ~ 0' n S!6 f 0'

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3,5:/ 3,79 3.03/ 3,36, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, ,, /

MAL.n- Ôn--nnnnn_ 0POSITION RELÂCHÉE POSITION REDRESSÉE

FIG. 2. - Report de nos mesurespar rapport à la position de la lignede gravité - en trait plein les sujetsmasculins, en pointillé les sujetsféminins.

FIG. 3. - Fréquence statistique de la position desrepères, de bas en haut la malléole externe de la che­ville prise comme référence (= 0), puis successive­ment élévation des quatre repères et leur positiondans l'espace calculée à partir de la verticale de réfé­rence élevée à partir de la cheville.

La première constatation est que les 2 sexes n'ont pas exactement lamême statique.

La ligne de gravité tombe nettement en avant des malléoles:6,54 cm pour les garçons avec a = 2,515,71 cm pour les filles avec a = 2,16

A l'inverse, cette ligne passe nettement en arrière du tragus, Les gar­çons ont la tête plus antérieure que les filles, de sorte qu'ils sont plus pen­chés en avant.

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TABLEAU 1. - Position des points

Population masculinePopulation féminine

Moyenne

Écart TypeMoyenneÉcart Type

Tragus

+ 4,172,68+ 2,482,57

Acromion

- 1,092,58- 1,862,31

Grand trochant

+ 0,152,22+ 1,092,08

Condyle

- 1,132,26- 0,702,37

Malléole

- 6,542,51- 5,712,16

Relation avec la ligne de gravité en cm

Le signe + indique en avant de la ligne Le signe - indique en arrière de la ligne

Cette ligne de gravité passe très proche du milieu du bord supérieurdu grand trochanter pratiquement à l'aplomb chez les garçons et légère­ment en arrière chez les filles environ 1 cm. Le grand trochanter sembleêtre la référence de profil pour savoir où passe la ligne de gravité.

L'étude de la corrélation des points entre eux nous a donné des chiffresvoisins des chiffres biométriques habituellement considérés comme cor­rects.

Ces résultats consignés dans le tableau IV seront analysés avec ceuxde la 28 population sur l'axe tragien.

La position du centre de gravité général du corps objectivé par larencontre du plan frontal et du plan transversal vu de profil a été marquéesur la peau des sujets.

Nous avons mesuré la distance entre le centre de gravité ainsi objec­tivé et le bord supérieur du grand trochanter. La moyenne et l'écart typeont été calculés pour l'ensemble des deux populations masculine et fémi­nine ce qui nous donne le tableau Il.

TABLEAU II. - Position de G. au-dessus du Grand Trochanter (en cm).

Population

Population

Moyenne

5,52

3.83

Écart type

2.13

1,93

Nous pouvons observer que le G est situé sensiblement plus haut chezles individus du sexe masculin.

Si on rapproche ces chiffres de ceux de la position du grand trochanter

396

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sagitallement par rapport à la ligne de gravité; on peut annoncer lors del'examen d'un sujet que le repère du bord supérieur du grand trochanterpermet de connaître approximativement, compte tenu des écarts types, laposition du G du patient.

Chez un homme en moyenne 5,5 cm en dessus.Chez une femme un peu moins de 4 cm en dessus et 1 cm en arrière.

Corrélation entre taille et position du G au-dessus du grand trochanter

Les jeunes filles étant plus petites en moyenne et plus légères que lesgarçons nous avons vérifié si la position du G un peu plus bas chez les jeu­nes filles était en relation avec leurs différences de taille et de poids.- La corrélation tailie et situation au-dessus du grand trochanter nousdonne r = 0,29.- La corrélation poids et situation au-dessus du grand trochanter nousdonne r = 0,19.

Ces chiffres nous semblent suffisamment faibles pour que l'on puisseconclure qu'il y a très peu de relation entre la taille et le poids d'une partet la position du G au-dessus du grand trochanter.

DEUXIÈME ÉTUDE: l'AXE TRAGIEN

L'habitude veut que lorsque l'on observe un sujet on le regarde « dela tête aux pieds ». Le premier point observé est cet os, le tragus situé àhauteur des yeux de l'examinateur. La verticale abaissée de ce point a ainsipris le nom d'axe tragien. Pour l'étude de cet axe nous avons repris les 5 re­pères précédemment utilisés, à savoir, Tragus, Acromion, Grand Trochan­ter, Tubérosité du Condyle externe, Malléole externe. Ces repères ont étémarqués sur la peau pour tout le monde du côté droit.

Chaque sujet a été placé debout de profil, dans la position identiqueà celle utilisée pour la pesée de Reynolds et Lovett. Les sujets devaientrester quelques minutes dans cette position, puis prendre une position diteredressée (position militaire).

Nous avons comparé la place des 5 points de références dans ces posi­tions debout relâchée et debout redressée.

Matériel et méthode

Nous avons utilisé un cadre orthopédique d'une hauteur de 2 mètres et large de0.90 mètre avec un quadrillage de fils tendus verticalement tous les 5 cm et horizontale­ment tous les 10 cm.

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La verticalité et l'horizontalité du cadre ont été vérifiées à chaque expérimentation auniveau à bulle.

Le cadre était placé entre le sujet examiné et l'observateur,

Pour garder un document et pouvoir l'analyser, chaque sujet a été pris en photo 2 fois:une première en position relachée, une ,deuxième en position corrigée. L'appareil photomonté sur pied avait son objectif dans le plan frontal du sujet et il était distant de 3 mètresde façon à prendre une photo de la totalité de chaque sujet.

Population

Nous n'avons pas pu, pour des raisons matérielles, conserver la même population(l'ensemble de cette étude ayant durée 3 années) les premières populations n'étant plusdisponibles,

Nous avons obtenu la participation de 200 personnes, 140 garçons et 60 jeunes filles,toUS étudiants en kinésithérapie de Paris, traits communs avec notre premier groupe,

En effet les moyennes des tailles et poids de même que les écarts type sont très pro­ches de la première population néanmoins la corrélation de ces deux données était plusfaible surtout chez les filles,

Pour les garçons r = 0,62 et les filles r = 0.49 la population était donc sensiblementmoins homogène que la précédente.

Résultats

L'ensemble des résultats a fait l'objet de l'étude statistique de chacundes points de repère. Pour l'étude de « l'axe tragien » les chiffres sont don­nés à partir de la position de la malléole externe prise comme référence,ce point étant parmi .Ies 5, le plus proche du sol par conséquent le plusstable.

C'est de la verticale élevée de ce point que nous avons calculé la posi­tion des autres en centimètres. Pour chacun des sexes et chacune des posi­tions relachées ou redressées nous avons établi la moyenne des points etl'écart type. Ces résultats sont consignés dans le tableau /II, et pour plus

TABLEAU III. - Tableau récapitulatif des moyennes et des écarts types pour chacun des 5 repèresosseux, pour chacun des sexes et dans les 2 positions étudiées.

Population masculinePopulation féminine

Position

PositionPositionPositionrellJchée

redresséerellJchéeredressée

Moyen.

EcartMoyen.EcartMoyen.EcartMoyen.Ecart

type

typetypetype

Tragus

9,162,137,372.41 7,091,995,522,33

Acromion

4,262,253,662,26 3.441,662.442,19

Grand troch

7,202,226.462,09 6,261,735,831,83

Tu. condyle

3,791,813,361,71 3,581,593,031,59

Malléole

00 00 00 00

398

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de clarté nous avons positionné les moyennes des points sur le graphiqueci-joint (fig. 3).

Cette première analyse nous a montré que les deux populations mas­culine et féminine n'avaient pas la même statique et que tous les repèresdes jeunes gens sont plus antérieurs que ceux des jeunes filles.

De plus en position redressée parmi les deux populations tous lespoints tendent à se repositionner sensiblement vers l'arrière dans une atti­tude plus droite, avec des écarts type qui par contre ont très peu bougés.

La deuxième partie de l'étude statistique était d'apprécier la corrélationde ces points entre eux pour chacun des sujets et dans les 2 positions.

La malléole externe n'a pas été corrélée avec les autres points puis­qu'elle a servi de point zéro de référence. Ce sont les 4 autres points surchaque sujet et dans les deux positions que nous avons calculé. Les résul­tats ont été rassemblés dans le tableau IV.

TABLEAU IV. - Corrélations des repères entre eux.

Position relfichéePosition redressée

Population masculinePopulation masculine

Tu. cond.

Gd. troch.Acrom.Tu. cond.Gd. Troch.Acrom.

Tragus

0,350,500,550,310,420,61

Acromion

0,410,57X0,290,41X

Gd. troch.

0,44X0,57 0,40X0,41

Population féminine

Population féminine

Tragus

0,340,460,480,150,380,64Acromion

0,330,42X0,050,38XGd. troch.

0,39X0,420,31X0,38

C'est dans la position relâchée que les rapports des points entre euxsont les plus constants, ce qui semble indiquer que chaque sujet possèdeune perception de la position debout plus homogène lorsqu'elle est relâ­chée que lorsqu'elle est redressée, et ce, pour tous les points, à l'exceptiondu rapport tragus/acromion qui corrèspond à un redressement postérieurde la tête en position corrigée qui est constant.

Aussi il nous semble que cette deuxième position que nous avonsappelé redressée doit être évitée dans l'examen d'un sujet, les variables in­dividuelles étant trop importantes pour être comparées avec une référencemoyenne.

L'analyse des tableaux nous montre que le Tragus qui servait de réfé­rence dans la littérature à l'axe vertical est le point qui se corrèle le moinsbien avec les autres, il semble que ce soit une référence qu'il est préférabled'abandonner.

399

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1

1

11

TRAGUS ·..· · ·~1

11

ACROM ION -:, '7

Gd TROCHANTER-

TUBER:· ..· · · ·..·-

MALL. EXT:....·.....·..-

r:f ~

+9,16

+7,09

+4,26

+3,44

+7,20

+6,26

+3,79

+3,58

0

°

TRAGUS .

ACROMION ·· ·..·..

Gd TROCHANTER-

TUBER. CONDYL·: ..·....·

MALL. EXT:· ·..

r:f ~

+4,17

+2,48

-1,03

-1,86

+0,15

+1,09

-1,12

-0,7

6,54

-5,71

FIG. 4. - Différence entre la verticale (( idéa­le)) passant par la malléole externe (d'aprèsla description des anciens auteurs) et lesrésultats de nos mesures.

FIG. 5. - Différence entre la verticale pas­sant par le centre de gravité et la position habi­tuelle révélée par nos mesures.

~

La tubérosité du condyle externe à notre étonnement est moins biencorrélée même avec le grand trochanter, ce qui semble indiquer que laposition du genou n'est pas la même d'un sujet à l'autre et que l'attitudequi respecte l'alignement cuisse-jambe des membres inférieurs décrit dansla littérature est loin d'être une constante chez un sujet debout.

Ce sont les références de ceintures Acromion et surtout Grand Tro­

chanter qui possèdent les meilleures corrélations, et cela chez les popula­tions des deux sexes, ce qui semble indiquer une certaine homogénéité dela position des ceintures.

Cette homogénéité démontre l'intérêt qu'il y a à rechercher ch~z unpatient examiné la position des ceintures et de la comparer avec lamoyenne.

Toutes les références apprises aux étudiants concernent la position del'axe de la jambe par rapport à la plante du pied est de 900• Aucun sujetde notre étude n'a présenté un genou à l'aplomb de la cheville.

Nous avons utilisé le calcul trigonométrique simple pour apprécier laposition de ja jambe par rapport à la plante du pied.

Sachant que le genou est de 3 à 4 cm en avant de la cheville il suffisaitde mesurer les segments jambiers de nos sujets.

Ce calcul nous montre que le sujet debout en position relâchée pré­sente une flexion dorsale de 50 environ.

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CONCLUSION

La première conclusion est que les différents points étudiés vue deprofil ne sont pas alignés ce qui confirme dans l'ensemble les études deStrasser, Fick, Straun et Fischer et Reynolds et Lovett du moins dans laposition que certaine de ces auteurs ont appelé « relaxed » (fig. 4 et fig. 5).

L'examen d'un sujet de profil doit se faire dans la position relâchée,un fil à plomb à la verticale de la malléole externe; habituellement le seg­ment jambier est en dorsi-flexion d'environ 5°, le genou peut présenterquelques degrés de flexion, les épaules sont en arrière du grand trochanter,et la tête plus antérieure.

Le Centre de masse général du corps humain est situé à 5 cm au-des­sus du grand trochanter pour les hommes, et un peu plus bas pour les fem­mes.

L'étude clinique de ces points, doit compléter l'étude des courburesantéro-postérieures du rachis et ainsi connaître la statique générale d'unsujet vu de profil.

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