Extrait de la publication · 2018. 4. 12. · Marquis de Condorcet. (Sur l'admission des femmes au droit de cité, 1790) Extrait de la publication. Michelet écrit l'Histoire

Extrait de la publication



Paule-Marie Duhet,

maître de conférences à l'Université de Nantes,

angliciste et sociologue,est venue à l'histoire par l'étude des idéologies

et des mouvements féministes.

Elle est l'auteur d'une thèse

sur Mary Wollstonecraft-Godwin,l'ancêtre du féminisme britannique,

et d'une étude sur l'œuvre gravéde William Blake.

© GallimardIJulliard, 1971.

« Apprenez qu'on ne sort de l'esclavage que par unegrande révolution. Cette révolution est-elle possible?C'est à vous seules de le dire puisqu'elle dépend de votrecourage. Est-elle vraisemblable? Je me tais sur cettequestion. »

Choderlos de Laclos.

(De l'éducation des femmes, 1783)

« Celui qui vote contre le droit d'un autre, quels quesoient sa religion, sa couleur ou son sexe, a dès lors abjuréles siens. »

Marquis de Condorcet.

(Sur l'admission des femmes au droit de cité, 1790)


Michelet

écrit l'Histoire

Les femmes furent à l'avant-garde de notre révolution,écrivait Michelet en 1854, au début de cet ouvrage intituléLes Femmes de la Révolution qui regroupait, et complétaitdes portraits, des fragments déjà parus dans son Histoire dela Révolution Française.

Pour la première fois un historien essayait, en dépassant lacaractère anecdotique, voire scandaleux, de certaines bio-graphies, de cerner un phénomène social nouveau l'appa-rition d'un groupepartiel, qui découvre à la fois sa cohérenceet sa faiblesse à travers les bouleversements sociaux auxquelsil s'efforce de participer. Les femmes forment le premierde ces groupes, « jusque-là indistincts et fondus dans lesprolongements de la vieille communauté » comme le notaitH. Lefebvre K

Pour Michelet, la Révolution était femme; il s'y consacracomme à une épouse exigeante, allant jusqu'à rompre, pourse purifier, avant de commencer son œuvre, une liaisonjugée dégradante. Pourtant l'intuition de Michelet s'accom-pagne d'une restriction inattendue mais qui résulte en faitde sa propre mythologie filles du monde sidéral, les femmessont pour lui non pas faibles, mais infirmes. S'il les reconnaîtplus propres que l'homme à l'administration, il trouvenormal qu'elles soient par leurs inégalités, écartées de plu-sieurs fonctions rigides des sociétés politiques. Aussi ne

faut-il pas s'étonner de l'entendre dire Il y a paru dans nosrévolutions. Ce sont généralement elles qui les ont faitavorter. Michelet excellait à découvrir de nouvelles pers-pectives mais le voyeur, chez lui, gênait le voyant.

Il faut attendre un demi-siècle encore pour que le problème

Michelet écrit l'histoire


de la participation des femmes à la Révolution soit reprisavec quelque précision. A. Aulard ouvre la voie en 1898,en publiant dans la Revue Bleue du 19 mars un articleintitulé « Le Féminisme pendant la Révolution ». Bientôtles études concernant le rôle des femmes se multiplientl'agitation féministe s'ajoute aux modifications qui se sontproduites dans l'historiographie de la Révolution pour sus-citer un renouveau d'intérêt dans ce domaine. Toutefois lestravaux les plus sérieux sont fragmentaires, et se cantonnentsoit dans la biographie, comme l'ouvrage de LéopoldLacourTrois femmes de la Révolution 2, soit dans la descriptionde l'activité de groupes constitués l'Histoire des Clubsde Femmes et des Légions d'Amazones de Marc de Villierspar exemple 3. Aux envolées lyriques, aux intuitions deMichelet succède l'érudition. Dans les deux cas il semble

bien que l'on néglige un aspect essentiel de la participationdes femmes à la Révolution c'est que toute aspiration collec-tive à l'égalité, si maladroite, si vite étouffée soit-elle,traduit des modifications de la sensibilité générale auxquellesrépond, en retour, l'édification de contre-mythes partagéssouventpar les clans opposés.

Un dossier ouvert

On sait aujourd'hui que les grandes revendications fémi-nines restent, foncièrement, à satisfaire, voire à redéfinir.Le débat a été ouvert de façon éclatante en 1949 par S. deBeauvoir; on se souvient de la formule lapidaire dans sonamertume « On ne naît pas femme, on le devient. » SuzanneLilar vient de fairerebondir la polémiqueavec Le Malentendudu Deuxième Sexe 4 refusant la pure historicité quiferaitde la condition féminine un phénomène culturel, elle tentede redéfinir les rapports entre deux modes d'existence, leMasculin et le Féminin.

Le dossier du féminisme pendant la Révolution françaisedevait être rouvert. Bien des pièces étaient connues, souvent

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éditées depuis Michelet, chaque génération d'historiena rencontré les grandes figures de cette histoire, et reprisles grands textes des revendications proclamations, libelles,pamphlets, ce qui traitait directement, voire uniquement desactivités féminines est souvent bien connu. D'autres sources,moins évidentes, plus obliques, plus éparpillées aussi auhasard des archives et des bibliothèques, ont été oubliéesVœuvre révolutionnaire devait être suivi dans tout ce qui,indirectement mais fondamentalement, mettait en cause le

statut de la femme le droit privé, l'instruction surtout,mais aussi la sensibilité collective qui définit, à un momentde l'histoire, la femme dans une société.

Car là est le fond dit problème. Un dossier existait depuisplus d'un siècle il fallait reconnaître qu'il posait un pro-blème, et que son unité allait au-delà de l'anecdote et duscandale à quoi on le voulait réduire. Il fallait accepter quela femme, dans son existence sociale, ne futpas une évidence,et retrouver la signification d'une crise que suit bientôtle silence. Le dépouillement des sources était déjà éclairantla rubrique femme est maigre aux index généraux. Faitepar des hommes et pour des hommes, l'histoire de la Révo-lution souffre au moins d'une étrange lacune.

Tant que les femmes ne s'en mêlent pas, il n'y a pas devéritable révolution, disait Mirabeau. C'est ce que pensentles hommes quand commencent les révolutions; cela nesignifie pas qu'ils se croient quelque dette que ce soit àl'égard de celles qui les ont aidés.

Michelet écrit l'histoire



Un siècle féministe?

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26 août 1789 l'Assemblée nationale adopte la Déclara-

tion des droits de l'homme et du citoyen Les « principes

de quatre-vingt-neuf », inspirés par l'esprit des Lumières,pourront désormais être invoqués par tous les femmesseront-elles exclues de ces droits naturels et imprescriptibles,dont on affirmait solennellement que l'ignorance, l'oubliou le mépris sont les seules causes des malheurs publics ou

de la corruption des gouvernements? En d'autres termesce citoyen, était-ce l'homme, le mâle, Vir inter Viros?

Bien desfemmes ne l'entendaient pas de cette oreille car ellesétaient à la fois les héritières d'un siècle qui consacra leurapparente souveraineté, et aussi les initiatrices d'une nou-

velle race celle qui considère que la vie sociale exige laparticipation individuelle et collective de tous. L'hagiogra-phie historique a rendu quelques femmes célèbres; les Ven-déennes ont leurs légendes. Marie-Antoinette et Mme Rolandse détachent, elles, sur un arrière-plan de tricoteuses et depoissardes. Dans cette foule anonyme se trouvent quelquesfemmes dont l'histoire a retenu le nom Etta Palm, Olympe

de Gouges, Claire Lacombe, illustrèrent, de façon différente,des aspirations partagées par de nombreuses femmes maiscomment en était-on venu là?

Feu les Précieuses

C'est au XVIIIe siècle que l'on semble prendre consciencede l'existence des femmes en tant que groupe social. Ilsuffit de relire l'ouvrage des Goncourt La Femme au

Un siècle féministe?2

xvme siècle, pour s'apercevoir que cette prise de conscience sefait surtout à partir du rôle joué par la femme dans la viemondaine, en particulier à cause de l'influence qu'ellesemble exercer à la Cour comme dans les Salons 1.

Certes, ces femmes avaient d'illustres ancêtres. Les mat-

tresses de Louis XIV n'avaient pas seulement alimentéla chronique scandaleuse; on se souvient de l'intérêt deMrae de Maintenon pour l'éducation des filles; on sait aussique celle qui épousa secrètement le Roi-Soleil avait demandéà Racine d'écrire des tragédies pour les demoiselles deSaint-Cyr. Mais c'était là un destin individuel, une opérationde franc-tireur en quelque sorte. Pour retrouver un mou-vement collectif féminin il faut remonter, aux débuts duXVII* siècle, aux Précieuses. Mais leurs salons disparurent,vite emportés par la Fronde, et si l'on excepte la Carte duTendre, la Préciosité n'a guère laissé que le souvenir d'unemode assez ridicule Molière est passé par là. Des géné-rations de lycéens ont ânonné la tirade de Clitandre au

début des Femmes Savantes (Acte Iscène 3)

Je consens qu'une femme ait des clartés de tout;Mais je ne lui veux point la passion choquanteDe se rendre savante afin d'être savante;Et j'aime que souvent, aux questions qu'on fait,Elle sache ignorer les choses qu'elle sait;De son étude enfin je veux qu'elle se cache,Et qu'elle ait du savoir sans vouloir qu'on le sache,Sans citer les auteurs, sans dire de grands mots,Et clouer de l'esprit à ses moindres propos.

La sagesse bourgeoise triomphait.Au XVIIIe siècle, la Régence aidant, la vie mondaine prend

vite un tour différent. D'un côté, la Cour, ses intrigues, sescabales; des femmes, bien sûr, s'en accommodent fort bien.De l'autre, et en opposition, le monde des Salons, celui dumouvement des idées. Là des femmes sont reines. Chaquesalon doit à la maîtresse de maison son ton particulier « la

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Cour de Sceaux » qui entoure la duchesse du Maine, leSalon de la rue Richelieu, ouvert par Mme de Lambert,rappellent peut-être les salons précieux. Mais plus tard,chez Mme de Tencin, chez Mm* du Deffand comme chezMIle de Lespinasse, les préoccupations sérieuses l'emportentsur l'aspect frivole. Les hommes de lettres côtoient dessavants, des hommes politiques, français et étrangers. Sou-vent même l'hôtesse encourage la hardiesse des idées chez

ceux qu'elle accueille. Et que dire de cette riche bourgeoisedont le royaume est connu dans toute l'Europe? Mme Geof-frin « patronne » en effet le mouvement philosophique etencyclopédique.

Ancêtre des Précieuses, la marquise de Rambouillet avaitdéjà pris l'initiative de dissocier vie mondaine et vie de Cour,en se retirant rue Saint-Thomas du Louvre. Mais avec le sa-

lon de Mm° Geoffrin ou le bureau d'esprit de Mme de Ten-cin, des femmes participent à la vie collective à son niveaule plus élevé celui de l'élaboration desprincipes d'une sociéténouvelle. Désormais on ne pouvaitplus ignorer que les femmessavaient jouer un rôle social qui ne se limitait ni aux futilitésde la vie mondaine, ni aux servitudes de la maternité.

Franc-maçonnerieet papillon

Tout le monde ne se réjouissait pas des transformations quis'opéraient ainsi. Il est vrai que la première moitié du siècleavait surtout marqué le triomphe d'une société qui sembles'étourdir dans la recherche du plaisir. Mais on sait quel'envers de la volupté c'est le besoin de domination. Diriger,intriguer, voilà des occupations nouvelles pour toute unecatégorie de femmes en qui Montesquieu dénonce, dans lesLettres Persanes, une redoutable franc-maçonnerie

Il n'y a personne qui ait quelque emploi à la Cour, dansParis, ou dans les provinces, qui n'ait une femme par les

Un siècle féministe?


mains de laquelle passent toutes les grâces, et quelquefoisles injustices qu'il peut faire. Ces femmes ont toutes desrelations les unes avec les autres et forment une espèce derépublique dont les membres, toujours actifs, se secourentet se servent mutuellement c'est comme un nouvel état

dans l'état; et celui qui est à la Cour, à Paris, dans lesprovinces, qui voit agir des ministres, des magistrats, desprélats, s'il ne connaît les femmes qui les gouvernent, estcomme un homme qui voit bien une machine qui joue,mais qui n'en connaît pas les ressorts.

Cela n'empêchera nullement Montesquieu de fréquenterchez Mme de Lambert comme chez Mmt du Deffand. L'anti-

féminisme, d'ailleurs, ne sera pas aussi violent chez tousles philosophes. D'Holbach, solennel et lapidaire, affirmedans le Système Social 2 Dans toutes les contrées de la terre

le sort des femmes est d'être tyrannisées. Quant à Diderotil trouve l'occasion d'une envolée lyrique dans un articlevengeur contre un essai sur la condition féminine qui luidéplaît 3 Femmes! que je vous plains! Quand on écritdes femmes il faut tremper sa plume dans l'arc-en-ciel

et jeter sur sa ligne la poudre des ailes du papillon. D'autrespassages sontfortpeu rassurants, en dépit de grandiloquentesaffirmations Le symbole des femmes en général est cellede l'Apocalypse sur le front de laquelle il est écrit « Mys-tère ». Où il y a un mur d'airain pour nous, il n'y a sou-

vent qu'une toile d'araignée pour elles. Du papillon à latoile d'araignée la chute est dangereuse et l'on ne peut oublierque, pour Diderot, la femme se réduit en fait à une différenceanatomique C'est de l'organe propre de son sexe quepartent toutes ses idées extraordinaires. Hystérie et fémi-nité restent synonymes, au Siècle des Lumières et lesentiment religieux peut même être appelé à la rescousseLe rôle de Pythie ne convient qu'à une femme. Il n'y aqu'une tête de femme qui puisse s'exalter au point depressentir sérieusement l'approche d'un dieu.


Un homme manqué

Le rôle de Pythie ne tente plus guère les femmes maisl'hystérie aura la vie dure. jusqu'au jour lointain où Babinskidémontrera que le mot suscite la chose. Voyons plutôtdans /'Encyclopédie l'article consacré à la femelle del'homme. Le chevalier de Jaucourt, qui traite de l'aspectanthropologique et médical, le fait avec un double souci deprécision et d'humanité. Dix-sept rubriques consacrées auxdivers accidents qui peuvent survenir chez la femme encouches voilà pour l'aspect humanitaire. Reste la dualitéde la condition féminine et voilà notre homme bien en peineLes Anatomistes ne sont pas les seuls qui aient regardé enquelque manière la femme comme un homme manqué.Toutefois il ajoute les divers préjugés sur le rapportd'excellence de l'homme à la femme ont été produits parles coutumes des anciens peuples, les systèmes de politiqueet les religions qu'ils ont modifiés à leur tour. J'en exceptela religion chrétienne, qui a établi, comme je le dirai plusbas, une supériorité réelle dans l'homme, en conservantnéanmoins à la femme les droits de l'égalité. Égalité, maisdans l'infériorité. Là était le nœud du problème.

Des animaux

doués de raison

Dans ce royaume où la succession au trône est soumise à

la loi salique, des femmes sont au centre du mouvement des

idées, des femmes aussi font et défont les ministres commeles réputations. Il est plus facile de les exclure des droits àla couronne que de la vie intellectuelle, voire du monde desaffaires. Le rationalisme, celui de Locke, après celui deDescartes, les a élevées à la dignité d'êtres raisonnables.En donnant rang de vertu au sentiment, c'est-à-dire à unequalité jadis jugée indigne des hommes, le XVIIIe siècleesquisse une sorte de rapprochement entre la mentalité de

Un siècle féministe ?2

l'homme et de la femme. La sensibilité collective tend ainsià faire céder le préjugé de différences radicales dans lecomportement. Encore faut-il ne pas oublier que l'organi-sation sociale telle qu'elle existe risque d'amener la femmeà être une fois de plus victime de ce changement. Perfection-ner la raison par le sentiment comme le souhaite Marivauxdans la Vie de Marianne est admirable. Mais la passion,telle que Rousseau la réhabilite, les larmes, l'esthétiquedu sentiment constituent un nouveaupiège que dénonce Dide-rot Les distractions d'une vie occupée et contentieuserompent nos passions. La femme couvre les siennes c'estun point fixe sur lequel son oisiveté ou la frivolité de sesfonctions tient son regard sans cesse attaché. Ce points'étend sans mesure; et pour devenir folle il ne manqueraità la femme passionnée que l'entière solitude qu'elle recher-che 4. Explication moins simplificatrice qu'il n'y paraîtl'interaction du psychique et du moral ne peut êtrenégligée. Il faut détourner la femme d'une existence futile;et comment le faire sinon d'abord en lui donnant uneéducation?

L'éducation des filles

L'optimisme de l'époque se marque aussi par cetteconfiance dans la valeur de l'éducation celle des femmes va

désormais faire l'objet de nombreuses préoccupations. LesAcadémies de province y trouvent un sujet de choix; àBesançon, en 1777, le prix est mérité (même s'il n'est pasdécerné) par Manon Phlipon, la future Mmt Roland; Cho-derlos de Laclos, de son côté, prépare en 1783 un discours enréponse au sujet proposé à Châlons-sur-Marne. Écrivains,conseillers du roi, simples bourgeoises tout le monde est

loin d'être d'accord. Rousseau rêvait, pour son Émile, d'uneSophie douce et effacée. Laclos, lui, est franchement révo-lutionnaire Partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir

éducation; dans toute société les femmes sont esclaves.


Donc la femme sociale n'est pas susceptible d'éducation.Reste à retrouver la femme naturelle.

Car Laclos n'est guère optimiste en ce qui concerne le sortdesfemmes, quelle que soit leur éducation, tant que les institutions ne seront pas radicalement modifiées; en particulierle mariage et la fiction de l'attachement

Qui peut assurer que cette union ne soit pas plutôt lefruit de nos institutions, que l'impulsion nécessaire de

l'instinct naturel?. Outre que cette union de l'homme à lafemme ne paraît pas nécessaire à leur enfant, nous osonsdire qu'elle est impossible. Pour Laclos, la nature ne crée

que des êtres libres. L'éducation devrait être une reconquêtede la liberté dans la solitude, ce qui n'empêche pas l'auteurdes Liaisons Dangereuses de tracer quand même un pro-gramme d'éducation rapide pour une jeune fille qui a del'esprit et de la figure elle devra cultiver sa raison, soncoeur et son esprit et lire attentivement Clarissa, le romande la volonté féminine!l

MllcPhlipon,plus optimiste, était très raisonnable Il y a,ce me semble, deux inconvénients assez communs qu'ilfaut également éviter dans l'éducation des femmes l'unest de trop négliger leur esprit, l'autre de ne pas rapportertoutes leurs connaissances à la perfection des sentiments.La morale est la science des femmes par excellence.

On ne pouvait espérer de tout le monde une telle hauteurde vues. Louis-René de la Chalotais, Procureur du roi auParlement de Bretagne, ne faisait pas, lui, profession d'idéa-lisme. Il écrivait nettement dans son Essai d'Éducation

Nationale a Le bien de la société demande que les connais-sances du peuple ne s'étendent pas plus loin que ses occu-pations. Quant à l'éducation des filles il jugeait inconce-vable, certes, qu'on l'ait tant négligée, mais c'était pour desmotifs bien précis Avec un esprit plus cultivé, elles n'enseraient que plus aimables; elles sauraient s'occuper;connaissant quelques remèdes usuels et approuvés elles endistribueraient gratuitement, et sauveraient la vie à une

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