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Extrait de la publication

Extrait de la publication… · Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifi que Ainsi est éteinte la genèse, et, de destruc- ... Tout le monde s’est penché aux bastingages,

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LE BANQUET DES AFFAMÉS             BAT_001a336 - 14/05/13 - 3

collection folio

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Patrick Chamoiseau

L’empreinte à Crusoé

Postface de Guillaume Pigeard de Gurbert, De la trace à l’empreinte

Gallimard

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© Éditions Gallimard, 2012, et 2013 pour la postface.

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Patrick Chamoiseau a publié du théâtre, des romans (Chro-nique des sept misères, Solibo Magnifi que, Biblique des derniers gestes), des récits (Antan d’enfance, Chemin-d’école) et des essais

littéraires (Éloge de la créolité, Lettres créoles, Écrire en pays dominé). En 1992, le prix Goncourt lui a été attribué pour son

roman Texaco.

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À Son Altesse sérénissime,

le comte Guillaume Pigeard de Gurbert,

juste comme ça, tout contre,

mais sans philosophie.

P. C.

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Je crois impossible de peindre au vif

les transports et l’espèce d’extase où se trouve

l’homme qui se voit sauvé de la sorte, et arra-

ché, pour ainsi dire, du fond du tombeau.

Daniel Defoe, Robinson Crusoé

Et ma solitude n’attaque pas que le fonde-

ment des choses, elle mine jusqu’au fonde-

ment même de leur existence.

Michel Tournier,

Vendredi ou les limbes du Pacifi que

Ainsi est éteinte la genèse, et, de destruc-

tion, on ne doit pas entendre parler.

Parménide, Le Poème

Partons donc de cet aveu d’impénétrabilité.

Victor Segalen

Il n’est pas d’arrière-pays. Tu ne saurais te

retirer derrière ta face.

Édouard Glissant

Quelle tâche colossale que l’inventaire du

réel.

Frantz Fanon

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Sommaire

Journal du capitaine 15

1. L’idiot 17

Journal du capitaine 85

2. La petite personne 89

Journal du capitaine 217

3. L’artiste 221

Journal du capitaine 263

L’atelier de l’empreinte. Chutes et notes 277

Postface. De la trace à l’empreinte 301

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JOURNAL DU CAPITAINE

22 juillet – En l’an de grâce 1659 – Ces

voyages vers le nouveau monde n’en

fi nissent pas de me surprendre, et la

divinité sait combien j’en ai mené

durant ces vingt dernières années.

Aux premières lueurs du jour, nous

avons abordé une mer d’algues

bleues, scintillantes, avec des refl ets

roses qui se répercutaient sur le ciel

et la matière des bas nuages. Après la

tempête que nous venions d’essuyer,

c’était comme si nous entrions dans

un monde de féerie légère où le réel

se mettait à trembler légèrement...

Les vents étaient faibles, cependant

j’ai fait ramener de la voilure pour

que l’équipage puisse vivre cet ins-

tant très étrange. Tout le monde

s’est penché aux bastingages, cer-

tains ont escaladé les fi lins, ou se

sont agglutinés sur la tour de vigie, et

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dans un silence stupéfait, quasi reli-

gieux, nous avons contemplé ce pro-

dige que notre vaisseau divisait très

doucement...

Nous devrons atteindre Saint-Do-

mingue puis le Brésil dans quelque

temps, la cale est silencieuse, pas de

cris, juste l’odeur eff rayante que j’ai

fait combattre une fois encore à

coup de vinaigre chaud et d’herbes à

fortes senteurs...

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1. L’idiot

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seigneur, je naquis de nouveau en cette année

dont je ne savais rien, en cette heure d’équi-

noxe sur mon île oubliée, sans doute à l’instant

même où j’éprouvais le sentiment de m’insi-

nuer entre deux masses de lumière  : celle qui

provenait du brasillement de l’océan, et l’autre

que constituait la phosphorescence implacable

de la plage ; et ce que j’avançais entre les deux,

ce n’était pas seulement mon corps, mon para-

sol, mes hardes en peaux de bêtes, mon mous-

quet cliquetant, ou même ce sabre qui me

battait la jambe au bout du baudrier ; non ;

c’était une superbe corporelle et mentale qui

résumait ces vingt années de solitude durant les-

quelles j’avais malgré tout réussi à dompter l’in-

fortune ;

je m’étais déplacé vers cette partie de l’île car

depuis quelque temps j’éprouvais le sentiment

d’être sauf du péril ; je croyais avoir atteint

ce stade ultime d’ordre et d’organisation où

rien n’aurait pu me ramener en arrière ; j’avais

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apaisé les démons du sang, des chairs et de l’es-

prit, domestiqué des peurs, vaincu ces régres-

sions qui bien des fois m’avaient vautré à la

manière des crapauds ladres dedans les mari-

gots ; et plus encore : j’avais su conserver le don

de la parole ; et même la faculté d’écrire ; et si le

curieux petit livre rescapé du naufrage de la

vieille frégate n’avait jamais atteint à mon clair

entendement, j’avais maintenu jour après jour

le geste de l’ouvrir, l’envie de le feuilleter, la

coutume de le lire, pratiqué cette liturgie d’en

recopier très souvent au hasard ses phrases énig-

matiques ;

cela faisait longtemps que je n’étais pas revenu-

là, en cet endroit où j’avais touché terre à l’équi-

noxe d’automne, inaugurant sans le savoir

encore l’éternité d’une tragédie dépourvue de

témoins ; oublier cette plage avait été ma ma-

nière de larguer l’espérance d’un départ de ce

lieu, le sanglot du possible retour ; ainsi, j’avais

formalisé ma volonté d’assumer cette île, ma so-

litude, mon désespoir, mes oublis et mes larmes,

et d’en faire, à force de travail, d’ordre et de

raison, la matière d’un destin ; sitôt que cela me

fut possible, j’avais donc viré le dos à ces années

biliaires épuisées à guetter une voile dans ce

métal de sel qui plombait l’horizon ; mes pre-

mières années furent des années sans vie à

battre l’espère d’une visite, à la redouter aussi

de par la crainte des cannibales natifs de la ré-

gion ; un jour, j’avais déserté ce rivage, comme

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LE PAPILLON ET LA LUMIÈRE, Philippe Rey, 2011 (Folio

no 5597).

HYPÉRION VICTIMAIRE, La Branche, 2012.

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Cette édition électronique du livre L’empreinte à Crusoé de Patrick Chamoiseau

a été réalisée le 12 septembre 2013 par les Éditions Gallimard.

Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage (ISBN : 9782070453504 - Numéro d’édition : 252942).

Code Sodis : N55683 - ISBN : 9782072491009 - Numéro d’édition : 252944.

L’empreinte à CrusoéPatrick Chamoiseau

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