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Fenichel Otto (1945, éd.1979)
,
La théorie psychanalytique des névroses
il y a des folies de l’existence dont la vie est un rêve éveillé; et la
belle âme se complaît dans l’affirmation délusoire d’un altruisme
généreux dont le principal ressort est la méconnaissance de la
passion qu’elle a d’elle-même. » (Lagache, 1961, p.241)
Ils sont généreux et inondent chacun de leur aide et de leurs
présents. Si les conditions sont favorables on a une conduite
authentiquement altruiste sinon, leur conduite devient pénible, leur
attitude a une signification magique « je répands mon amour pour
que vous m’inondiez du vôtre.» (Fenichel, 1945, éd.1979, p.587
’est cela que nous permet de le considérer comme un homicide altruiste à la manière de
De Clérambault [29] En tant que traits principaux de l’homicide altruiste,... [29] et non
pas comme un suicide altruiste, puisque le passage à l’acte d’Althusser répond, comme
dans les meurtres familiaux, à des angoisses altruistes, s’arrête à la destruction de
l’Autre de l’amour, ne parvenant pas jusqu’au suicide du sujet. Dans le suicide altruiste, il
s’agit d’un acte suicidaire effectif (meurtre du sujet par lui-même) qui s’accomplit en
même temps par la mise à mort de gens dépendant affectivement du sujet ; c’est le cas
lorsque le sujet entraîne ses proches dans le suicide, ou lors de suicides collectifs,
comme dans les mouvances sectataires par exemple. De son côté, l’homicide altruiste
équivaut à un suicide symbolique du sujet mais qui est accompli seulement chez l’Autre.
Le sujet suicide l’Autre. Il s’agit en général d’un Autre que le sujet aime d’un amour
profondément anxieux aspirant à la fusion et au salut, comme dans le meurtres
familiaux. De tels actes sont liés à une puissante identification au sauveur chez certains
maniaques. Et, si au fond de ces actes, il y a évidemment l’idée de suicide, c’est par ce
même fonds anxieux et maniaque que suicide altruiste et homicide altruiste se
retrouvent assez souvent accomplis dans un seul passage à l’acte.
En tant que traits principaux de l’homicide altruiste, De Clérambault note des négations,
un caractère sexuel des persécutions, une activité anxieuse du délire et notamment une
anxiété altruiste (l’angoisse d’être séparé de l’autre). Cf. G.G. De Clérambault, «
L’Homicide altruiste chez les mélancoliques » (1921), Œuvres psychiatriques. Frénésie,
Paris, 1987, p. 668-678. Cf. aussi, « Suicides de maniaques et impulsions incendiaires de
mélancoliques » (1921), ibid., p. 678-679.
Il est important de caractériser l’ambiance altruiste de l’amour maniaque par cette
sentence qu’un ami médecin d’Althusser lui avait fait parvenir par écrit après l’attentat à
Hélène : « Le désir de tuer par exemple, ou de se détruire et de tout détruire autour de
soi, est toujours doublé d’un immense désir d’aimer et d’être aimé malgré tout, d’un
immense désir de fusion avec l’autre et donc du salut » (p. 278).
« Dans la destruction de l’existence d’autrui, dans la réfutation implacable de toutes les
formes de secours, de soutien et de raison qu’on tentait de m’offrir, ce que je recherchais
était bien évidemment la preuve, la contre-épreuve de ma propre destruction objective,
la preuve de ma non-existence, la preuve que j’étais bel et bien déjà mort à la vie, à toute
espérance de vie, et de salut. […] ma destruction propre passait symboliquement par la
destruction des autres » (p. 269).