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FESTIVAL In Vivo du 19/01 au 05/02 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

FESTIVAL In Vivo - ParvisLibération mai 2015 « Caroline Guiela Nguyen sait ins-tiller le trouble, inventer des gestes inédits, de belles images insolites. En un élan gauche, un

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FESTIVALIn Vivo

du 19/01 au 05/02

Est-ce ainsi que les hommes

vivent ?

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CALENDRIER

Est-ce ainsi que les hommes

vivent ?

La création contemporaine, déconnectée de

la vie réelle ? En aucun cas… C’est en tout

le constat que veut défendre cette première

édition du festival In vivo, qui explorera pen-

dant une quinzaine de jours les liens entre

l’art et la société. De la crise économique

(Ce ne Andiamo… | mar 26/01) à la déshé-

rence de la jeunesse (Le Dernier contingent

| mar 02/02 & mer 03/02), de la douleur du

deuil (Le Chagrin | mar 19/01 & mer 20/01) au

spectacle crue de la marginalité (Les bruits

de couloir | mer 27/01), de l’émancipation

des femmes (Legacy | jeu 28/01) à l’expres-

sion de la parole publique (Conseil extraor-

dinaire | jeu 21/01 & ven 22/01), aucune des

nombreuses thématiques façonnant notre

contemporanéité n’échapperont au regard

des artistes invités à l’occasion de ce temps

fort. Un programme militant et pétri d’huma-

nité, qui passionnera ceux qui cherchent à

voir le monde tel qu’il est…

LE PARVIS

SCÈNE NATIONALE

TARBES PYRÉNÉES

Centre Méridien

Route de Pau

BP 20 - 65421 IBOS Cedex

Licences : 1-1065296,

2-1065297, 3-1065298

DIRECTION

Marie-Claire Riou

ADMINISTRATION

05 62 90 08 55

9h30-12h30 / 14h-18h00

BILLETTERIE

C.C Le Méridien - 65420

Ibos - 05 62 90 08 55

du mardi au samedi de

13:30 à 19:00

TARIFS

M C B

Plein 12 € 24 € 28 €

Adhérent 10 € 20 € 24 €

Abonné 8 € 17 € 20 €

www.parvis.net

Retrouvez-nous

sur Facebook

couverture et maquette : Aurélie

Blain / Le Parvis • p 4-5 ©

Jean-Louis Fernandez • p 6-7

© Ici-Même (Gr.) • p 8-9 © Futura

Tittaferrante, droits réservés •

p 10-11 © Kristof Guez • p 12-13

© Anthony Merlaud • p 14-15

© Marc Ginot • p 16-17 © Journal

La Terrasse, droits réservés •

p 18-19 © Martin Argyroglo •

p 20-21 © Victor Tonelli • p 22-23

droits réservés

janvier

Sam 16 Rendez-vous aux Archives Départementales, Tarbes PROMENADE

14:00 "Traversée" avec le collectif Ici-Même [Gr.] & CONVERSATION

Cinéma Parvis Méridien 18:30 Carte blanche à Ici-Même [Gr.] | Taxi Téhéran + Iranien CINÉMA & CONVERSATION

Lun 18 Cinéma Parvis Méridien 20:00 Khaos, les visages humains de la crise grecque | Ana Dumitrescu CINÉMA

Mar 19 & Mer 20 Le Parvis 20:30 Les Hommes Approximatifs / C. G. Nguyen | Le Chagrin THÉÂTRE

Jeu 21 & ven 22 Le Parvis, Les Ateliers 19:30 Ici-Même [Gr.] | Conseil extraordinaire CONVERSATION PUBLIQUE

Mar 26 Cinéma Parvis Méridien 18:00 Rencontre avec Jacques Le Cacheux RENCONTRE

Le Parvis 20:30 A. Tagliarini / D. Deflorian | Ce ne andiamo per non darvi... THÉÂTRE

Mer 27 Le Parvis 20:30 Cie Ouïe/Dire | Les bruits de couloir ARTS SONORES

Jeu 28 Cinéma Parvis Méridien 18:00 Difret | Zeresnay Mehari CINÉMA

Le Parvis 20:30 Nadia Beugré | Legacy DANSE

février

Lun 01 Cinéma Parvis Méridien 20:00 Carte blanche à Jacques Allaire | La Tête haute d'Emmanuelle Bercot CINÉMA

Mar 02 Le Parvis 18:30 Rencontre avec Jacques Allaire & Alain Julien Rudefoucauld RENCONTRE

Le Parvis 20:30 A. J. Rudefoucauld / Jacques Allaire | Le Dernier Contingent THÉÂTRE

Mer 03 Cinéma Parvis Méridien 15:00 Carte blanche à Jacques Allaire | Le Kid de Charlie Chaplin CINÉMA

Le Parvis 20:30 A. J. Rudefoucauld / Jacques Allaire | Le Dernier Contingent THÉÂTRE

Jeu 04 Le Parvis centre d’art 19:00 Vernissage de l’exposition de Philippe Quesne ART CONTEMPORAIN

Ven 05 Cinéma Parvis Méridien 18:00 Carte blanche à Philippe Quesne | Sud Eau Nord Déplacer d'A.Boutet CINÉMA

Le Parvis 20:30 Philippe Quesne | La mélancolie des dragons THÉÂTRE

Retrouvez l'ensemble de la programmation du Festival In vivo sur www.parvis.net. Ce programme est susceptible de modifications.

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Le ChagrinLES HOMMES APPROXIMATIFSCAROLINE GUIELA NGUYEN

« On pourrait voir dans l’accumu-

lation d’objets qui composent le

décor de cette création une multi-

plicité d’ex-voto – ces images dont

l’origine remonterait aux époques

les plus anciennes et que l’historien

d’art Georges Didi-Huberman dis-

tingue notamment pour leur capaci-

té à traverser le temps. Pour le reste,

c’est plutôt une maison de poupée

qu’évoque cette scénographie foi-

sonnante signée Alice Duchange. De

l’ex-voto à la maison de poupée, la

relation n’est pas flagrante. Sauf si on

se penche un peu plus précisément

sur ce qui se joue dans Le Chagrin,

spectacle conçu et mis en scène par

Caroline Guiela Nguyen à partir d’un

travail d’écriture collective, comme

ce fut le cas pour Elle brûle, sa créa-

tion précédente. » Hugues Le Tanneur

Libération mai 2015

Il faut en effet un certain temps pour comprendre à quoi rime cette régression soudaine de deux adultes, qui, se retrouvant dans le décor de cette étrange chapelle votive, jouent à faire chauffer de l’eau dans une botte en caoutchouc, à renverser le contenu d’un sac de terreau sur une table de cuisine, à s’éclabous-ser mutuellement de mousse… La réponse viendra plus tard, même si elle est contenue, dès l’origine, dans le titre du spectacle : le retour à l’en-fance est la possibilité d’un refuge au chagrin, celui qui frappe lorsqu’on se trouve confronté à la perte, à l’ab-sence, à la douleur d’un deuil. C’est le père de ces deux "grands enfants" que l’on enterre. Lui, est jardinier, et n’a jamais quitté la demeure fami-

PETIT THÉÂTRE DE L’ACCUMULATION QUE CETTE MISE EN SCÈNE DE CAROLINE GUIELA NGUYEN, QUI ENTASSE DANS DES NICHES, À LA MANIÈRE DE MAÎTRES-AUTELS SURRÉALISTES, UNE MULTITUDE D’OBJETS LIÉS À L’ENFANCE : JOUETS, POUPÉES, CHÂTEAUX FORTS, COLIFICHETS EN PLASTIQUE MULTICOLORES…

lial, s’est tenu présent jusqu’aux der-niers moments. Elle est danseuse, vit à Paris où elle essaie, sans suc-cès, de vivre de son art. La mort du père va rapprocher le frère et la sœur dans une relation étrange, placée sous le signe de la tendresse et d’une douce absurdi-té, drôle et touchante à la fois... Dans la chambre de l’enfance, dans l’antichambre de la mort, c’est la vie qui triomphe. Malgré le deuil, malgré le chagrin.

« Tout le spectacle baigne dans un

climat enfantin jusqu’à marcher en

quelque sorte à reculons - comme

s’il s’agissait à tout prix de retrou-

ver le temps d’avant la disparition du

père, mais aussi comme si ce mou-

vement était le seul moyen de sai-

sir pleinement une situation qui

échappe. Progressivement, quelque

chose se précise, qui s’appuie sur

des détails d’une vérité et d’une jus-

tesse profondément touchantes - à

l’image de ce moment où la tante

demande à l’employé des pompes

funèbres de la serrer dans ses bras

- pour converger vers

une phase ultime où,

ensemble, ils façonnent

un autel à la mémoire du

disparu. Autel qui donne

tout son sens à ce spec-

tacle. » Hugues Le Tanneur

Libération mai 2015

« Caroline Guiela Nguyen sait ins-

tiller le trouble, inventer des gestes

inédits, de belles images insolites.

En un élan gauche, un regard perdu,

les comédiens expriment l'indicible.

Le non-dit émeut. C'est le « dit » qui

sonne faux. » Ph. C Les Échos mai 2015

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MARDI 19 & MERCREDI 20/01 20:30 LE PARVIS THÉÂTRE Tarif C

Dans la chambre de l’enfance, dans l’antichambre de la mort, c’est la vie qui triomphe. Malgré le deuil, malgré le chagrin

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RÉSIDENCE DE CRÉATION

Conseil extraordinaire Étape de travail n°1ICI-MÊME [GRENOBLE]Fondé en 1993, Ici-Même [Gr.] est un collectif à géométrie variable, regroupant des artistes et, selon les projets, des sociologues, des urba-nistes, des travailleurs sociaux... La pratique artistique d’Ici-Même

croise les approches et brouille les frontières entre les disciplines : jeu d’acteur, création sonore, installa-tion, écriture, vidéo, sociologie de terrain… Sa démarche est profon-dément ancrée dans l’espace public, envisagé comme lieu d’expérimen-tation et comme source d’infor-mations et de sensations, qui sont elles-mêmes enregistrées et accu-mulées comme matière à création. Au fil d’une exploration sensible des "territoires humains", Ici-Même interroge les différents usages de l’espace public. Le Parvis a déjà

accueilli Ici-Même [Gr.] en résidence pour la création de balades sonores que le public était invité à parcou-rir les yeux fermés, au centre de tri de La Poste et a u Secours Populaire. Il a souhaité réinviter ce collec-tif d’artistes pour saisir une parole publique in vivo.

À l’issue d’un temps de résidence de création d’un peu plus d’une semaine, se donnera le premier Conseil extraordinaire, qui devrait prendre sa forme définitive en 2017. Le processus de création de ce spec-tacle se nourrit d’un travail d’écri-ture dans l’espace public entrepris au contact direct des passants, débuté il y a une dizaine d’années par le collec-tif via ses Agences de Conversation. Les Agences sont des fabriques de parole et d’écrits, toute conversation dans l’espace public donnant lieu à un texte qui s’invente dans l’ici et maintenant de la rencontre. Elles ont été créées entre les deux tours de la présidentielle de 2002… comme une réplique au choc subi, comme des activateurs de paroles à partir de nombreuses questions : comment en sommes-nous arrivés là ? Nous sommes-nous assez parlé ? Nous connaissons-nous vraiment ? Autant de questions qui se posent de nou-veau aujourd’hui avec acuité.

Le public convié sera tour à tour auditeur, lecteur, spectateur et pourquoi pas auteur d'une parole in vivo

On peut percevoir un certain "bruit du monde" dans cette masse de textes produits depuis 2012 dans dif-férents pays d’Europe et du pourtour méditerranéen, celui de la "grande actualité" vécue au quotidien, à tra-vers des thèmes récurrents et des particularités liées aux territoires visités par Les Agences (le déraci-nement, la violence, la relation à la religion, les étrangers, l’identité…). L’urgence s’est imposée aujourd’hui au collectif de dire ces textes, de les faire entendre.

Travail vocal, dispositif multimédia reliant le “dedans” au “dehors”, “l’avant” et le présent, avec, comme problé-matiques, les “iden-tités mobiles” – et leur pendant : l’ha-biter ici – l’espace donné étant celui de la parole dans l’espace public ; voici les points de départ de cette prochaine création. L'assemblée qui se tiendra à Tarbes prendra la forme d’une émission radiopho-nique publique, tournée et montée en direct. Le public convié sera tour à tour auditeur, lecteur, spectateur et pourquoi pas auteur d'une parole in vivo... Les ordres du jour de ces pre-miers conseils seront définis à prio-ri par l’actualité, les rencontres et les conversations qui se seront tenues à Tarbes les jours précédents.

AVEC ICI-MÊME [GR.]

Ici-Même [Gr.] vous invite à participer à une balade inédite dans la ville de Tarbes qui sera prolongée par une discussion avec les artistes du collectif dans la salle d'étude des Archives Départementales. Après la balade, rendez-vous au Cinéma Parvis Méridien pour la Carte Blanche d'Ici-même [Gr.] ("Conversations d'ailleurs" voir page cinéma).

SAMEDI 16/01 À 14:00 DÉPART DEVANT LES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES

Durée : 3h. Merci de confirmer votre

présence à [email protected]

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JEUDI 21 & VENDREDI 22/01 19:30 LE PARVIS, LES ATELIERS CONVERSATION PUBLIQUE Tarif M

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Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioniANTONIO TAGLIARINIDARIA DEFLORIAN

Trajectoires personnelles, trajec-toires nationales ; l’histoire de ces quatre femmes, imaginée d’après des faits réels par l’auteur grec Pétros Márkaris, est évidemment conçue, dans le théâtre de Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, comme un récit « par le détail » d’une problématique plus vaste, qui concernerait, non pas quelques individus frappés par un retournement arbitraire de la for-tune, mais bien davantage la socié-té occidentale dans son ensemble, prise dans l’étau d’une crise systé-mique dont elle peine à sortir...

Au cœur de ce spectacle : le couple conceptuel camusien de l’absurde et de la révolte, l’absurde revêtant ici les autours de la condamna-tion, mortelle de facto, de vieilles femmes innocentes n’ayant rien fait pour mériter un tel traitement, la révolte s’imposant dans l’idée d’un suicide « supérieur », apparemment altruiste, puisque les retraités justi-fient leur geste par le souci de « ne

plus peser sur une société incapable

de les incorporer », et, que, en tout état de cause, il apparait comme un moyen de rendre visible l’intolérabi-lité d’un système…

Mais la question est, naturellement, moins celle de savoir si le geste est noble que de comprendre pour-quoi la société s’avère, semble-t-il, incapable de l’empêcher, en se ren-dant coupable de ne plus assurer aux plus faibles les moyens d’une vie décente. Avec, en filigrane dans le travail d’écriture de Tagliarini et de Deflorian, la volonté de débattre, directement sur le plateau, ce que

LE SUICIDE INEXORABLE : VOILÀ L’ISSUE IMPOSÉE À QUATRE RETRAITÉES GRECQUES, QUI, VOYANT LEUR RETRAITE RÉDUITE DE MOITIÉ, CONÇOIVENT SOUDAINEMENT QUE LEUR SEULE UTILITÉ SOCIALE NE PEUT DÉSORMAIS PLUS CONSISTER QU’À SE DÉMETTRE DU JEU…

« Comment le théâtre peut-il arrêter de filer la métaphore pour regarder le monde contemporain dans les yeux ? »

le théâtre peut faire, s’il a ou non les moyens d’agir sur la réalité des faits sociaux…

« Comment le théâtre peut-il arrêter

de filer la métaphore pour regarder le

monde contemporain dans les yeux ?

Est-ce utile ? Nécessaire ? Possible,

impossible ? Ces interrogations-là, les

deux co-metteurs

en scène, ainsi que

les deux acteurs qui

les accompagnent

tout au long du

spectacle, aucun ne

les contourne. Ils

les affrontent dans

des échanges sensibles et vifs où ils

sont à la fois les acteurs et les per-

sonnages de cette pièce ; où der-

rière le suicide de ces quatre femmes

qui, jusqu’ici, n’avaient jamais fait par-

ler d’elles, se dessine le portrait de

quatre femmes qui disent non. Non

à ce monde où les êtres ne sont plus

considérés sauf à l’aune de la rentabi-

lité. » Marie-José Sirach, L'Humanité,

sept. 2015

AVEC JACQUES LE CACHEUX, ÉCONOMISTE

L’Europe est engluée dans une crise économique qui ne semble pas vouloir finir. Si ses origines remontent à la "crise des subprimes" américaine, l’enchainement des événements a montré que les États-Unis ont bien mieux résisté à la tempête que le continent européen… Dès lors, ne conviendrait-il pas de chercher dans nos institutions les raisons du prolongement du désastre ?Pour répondre à ces questions, Le Parvis et le C.D.D.E. invitent Jacques Le Cacheux, directeur du département des études de l’OFCE, professeur à l'Université de Pau et à Sciences Po Paris, à venir expliciter un sujet dont il est un des éminents spécialistes.

MARDI 26/01 À 18:00 CINÉMA PARVIS MÉRIDIEN

Entrée libre

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MARDI 26/01 20:30 LE PARVIS THÉÂTRE Tarif C

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Les bruits de couloirCIE OUÏE/DIRE

En 2012, Marc Pichelin, musicien « phonographiste » (comprendre : musicien à l’écoute du réel et du quotidien, dont le fondement créa-tif est « l’entendre ») et Kristof Guez, photographe, avaient été invités en résidence à l’hôpital psychia-trique de Fleury-les-Aubrais, en région Centre. À l’occasion de cette « immersion » en milieu hospitalier, les deux artistes avaient conjugué leurs pratiques pour produire une

« carte postale sonore », réunissant une pièce phonographique d’une heure et un livret photo d’une cin-quantaine de pages. Ce travail pré-liminaire fut le point de départ du spectacle Les bruits de couloir…

Car, fortement marqués par cette expérience, Pichelin et Guez sentirent qu’il y avait nécessité à approfondir les thèmes déjà mis en lumière par leur première production : enferme-

ENTRE PHOTOGRAPHIE, ART BRUT ET ART MUSICAL, LE SPECTACLE LES BRUITS DE COULOIR EST UNE EXCURSION SENSIBLE ET DOCUMENTAIRE DANS LE MONDE DE LA PSYCHIATRIE CLINIQUE, MILIEU QUE LES ARTISTES DE LA CIE OUÏE/DIRE ONT EXPLORÉ « DE L’INTÉRIEUR », EN IMMERSION…

ment, relations patients / soignants, relation au temps et à l’espace de l’hôpital, réflexion sur la place de l’ar-tiste dans ce genre de contexte… Et pourquoi pas par d’autre biais que la musique et la photographie ? Par le théâtre, notamment ?

Cette résolution prise, ne man-quait plus aux deux hommes que les moyens de transcrire cette expé-rience sensible pour le plateau… Il fallut, pour que l’aventure soit possible, l’arrivée de Frédéric Le Junter, bri-coleur virtuose spéciali-sé dans la fabrication de machines musicales, qui signera la mise en scène de ce spectacle pré-senté aux Ateliers du Parvis.

Internée volontaire, libre d’aller et venir dans les corridors de l’hôpi-tal, dans les espaces réservés aux malades et dans ceux réservés aux soignants, la compagnie Ouïe/Dire s’est mise en quête de l’intimé des lieux, l’intimité des êtres, ouvrant les portes et laissant traîner micros et appareils photos. Sachant tou-jours conserver la bonne distance par rapport à ce qu’ils entendent et ce qu’ils voient, le trio d’ar-

tistes évoque avec pudeur la réali-té d’une institution de santé encore trop méconnue, et souffrant, sur-tout, de préjugés tenaces. À l’écoute du personnel soignant de l’hôpi-tal, des experts en psychiatrie ou des malades eux-mêmes, ils rap-portent, via leurs enregistrements, la complexité des vies et des par-cours, l’absurde, qui, parfois, surgit et pointe dans les détails. Un mot,

une phrase, un rire qui viennent soudainement rappeler la dimension terriblement humaine d’une réalité qui se laisse difficilement sai-sir, qui s’émancipe brus-

quement du contexte clinique et médical. C’est cette complexité que Frédéric Le Junter incarne sur scène, avec un immense sens poétique et une justesse impeccable. Sans pathos, mais non sans sérieux et sans sensibilité. Les bruits de couloir donne tout son sens à la présence des artistes dans les espaces habi-tuellement infranchissables, mais dont ils détiennent seuls le pouvoir de transcender la réalité, aussi tra-gique soit-elle.

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MERCREDI 27/01 20:30 LE PARVIS, LES ATELIERS ARTS SONORES Tarif M

AVEC LE SOUTIEN

DE L’ONDA

ET DE L'OARA

Une excursion sensible et documentaire dans le monde de la psychiatrie clinique

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LegacyNADIA BEUGRÉ

Sa danse puissante, musculaire et investie est d’évidence sa propre façon de marcher, voire de courir, de courir sans fin, pour (se) manifester. « La liberté n’est pas quelque chose de

donné, c’est un risque à prendre, c’est

une lutte à mener » dit Nadia Beugré. « Je crois que la danse est la vie elle-

même. Je sens que danser est une

mission, je danse toujours comme si

c’était mon dernier jour. Pour Legacy,

je me suis inspirée de la Marche de

Bassam, durant laquelle mes com-

patriotes ivoiriennes furent passées à

tabac alors qu’elles protestaient paci-

fiquement afin d’obtenir la libération

de leurs maris emprisonnés pour des

raisons politiques. » À la question de savoir s’il s’agit d’une œuvre fémi-niste, elle répond : « Je ne me suis

pas posée la question, j’aborde ces

luttes parce qu’elles me touchent et

qu’elles me rappellent ces combat-

tantes qui m’inspirent tant : Myriam

Makeba, Nina Simone... » Legacy est une œuvre militante, qui interroge la position que les femmes occupent dans les sociétés africaines. Non pas celle qu’on leur cède, mais celle qu’elles conquièrent avec force et

LUTTE, FEMMES, LIBERTÉ. CES TROIS MOTS RÉSUMENT BIEN LE SILLON QUE CREUSE NADIA BEUGRÉ ET DONT LEGACY EST LA DERNIÈRE PIÈCE EN DATE. UNE PIÈCE DE GROUPE ET D’HÉRITAGE, CELUI DE LA MARCHE DE GRAND-BASSAM, EN 1949, OÙ DES IVOIRIENNES, RÉUNIES POUR UNE MANIFESTATION PACIFIQUE, FURENT ROUÉES DE COUPS, ET CELUI DE TOUTES LES FEMMES EN MARCHE QUI N’ONT PAS ACCEPTÉ DE SIMPLEMENT SE TAIRE.

« La liberté n’est pas quelque chose de donné, c’est un risque à prendre, c’est une lutte à mener »

détermination. « Ne pas être assigné

au rôle qu’on leur a réservé : c’est cela

qui m’intéresse dans ces destins de

femmes et c’est cela qui m’anime en

tant qu’artiste. Pour créer, pour avan-

cer, j’essaye toujours de m’affranchir

du regard des autres. »

De 1997 à 2007, Nadia Beugré a dansé avec la compagnie Tché Tché d'Abi-djan, uniquement composée de femmes, avant de rejoindre Germaine Acogny à Dakar, puis Mathilde Monnier à Montpellier. « Il me fal-

lait quitter le pays, explique-t-elle. Je

ressentais le besoin d’une formation.

C’est la clé de tout, et cela manque en

Afrique. J’avais aussi envie de goûter

à ce qui se passait ailleurs. Par ail-

leurs, la danseuse

n’est pas respectée

chez nous, elle est

celle qui bouge

der-rière le chan-

teur et c’est tout. »

Après son premier solo Un espace vide : moi et Quartiers

libres on la retrouve dans Baron

Samedi d’Alain Buffard et Samedi

détente de Dorothée Munyaneza, deux spectacles récemment présen-tés au Parvis, puis dans Tapis rouge

au festival d’Avignon 2014. « Je fais ce

que je vis, ce que je vois » assène-t-elle « Je crois en l’avenir. Les femmes

ne se laissent pas faire. »

D’après des propos recueillis par Kandida

Muhur Africultures août 2015

Pour Legacy, Nadia Beugré lance un appel à participation : elle recherche 15 femmes de différents âges, origines, croyances et activités. La chorégraphe tisse des liens très forts avec les femmes qu’elle rencontre et les accompagne pleinement dans un processus de création unique. Déjà présenté à Paris et à Bergen (Norvège), Legacy a donné lieu, à chaque fois, à une aventure humaine et artistique exceptionnelle.

Rendez-vous sur notre site www.parvis.net, rubrique spectacle vivant, pour en savoir plus.

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JEUDI 28/01 20:30 LE PARVIS DANSE Tarif C

COPRODUCTION

DU PARVIS SCÈNE

NATIONALE TARBES

PYRÉNÉES

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Le Dernier ContingentA.J. RUDEFOUCAULD JACQUES ALLAIRE

La raison de cet engouement ? Il suf-fit, pour la comprendre, d’ouvrir le livre… L’histoire de ces six adoles-cents en fuite, poursuivis par tout ce que le pays compte d’institutions sociales (police, armée, foyers…), est animée d’une pulsion de vie impé-rieuse et pressante, qui remet les idées en place et réconcilie avec l’hu-main. Sans que cela n’aille d’abord de soi : car comment ne pas s’effa-rer du constat, brossé à larges traits par Alain Julien Rudefoucauld, d’une jeunesse à la dérive, constamment

brutalisée par un système qui vou-drait la contraindre à "rentrer dans le rang", continuellement malmenée par une société qui, prétextant l’aider, ne fait qu’ajouter au désastre ?

D’aide pourtant, chacun de ces jeunes gens aurait eu bien besoin, alors que leurs parcours person-nels se heurtaient à la violence que perpètrent les adultes à l’encontre de leurs enfants : brimades, viols, proxénétisme, sévices en tout genre. Ces adolescents auront compris que leur salut ne pouvait désormais plus dépendre de ceux qui avaient déjà participé à les faire déchoir… D’où la tentation de faire sécession, de reconstruire, ensemble et contre l’adversité, une nouvelle fraternité, un nouvel idéal. Ils formeront, à eux six, le Dernier Contingent.

Il y a quelque chose du conte ini-tiatique dans la réécriture radicale qu’entreprend Jacques Allaire du roman d’Alain Julien Rudefoucauld, réécriture qui, tout en affirmant son

EN DÉCOUVRANT PAR HASARD LE DERNIER CONTINGENT, ROMAN DE L’ÉCRIVAIN BORDELAIS ALAIN JULIEN RUDEFOUCAULD RÉCOMPENSÉ EN 2012 DU PRIX FRANCE CULTURE / TÉLÉRAMA, JACQUES ALLAIRE SU IMMÉDIATEMENT QU’IL NE POUVAIT S’EXONÉRER DE PORTER AU PLATEAU CETTE EXALTANTE ÉPOPÉE SOCIALE.

... je fais juste du théâtre. Mais il y en a qui font du théâtre désengagé. Jacques Allaire

esthétique singulière, trouve à l’évi-dence des frères d’armes dans le lan-gage d’un Dickens, d’un Jack London ou d’un Lewis Carroll. Le sujet prê-tait à tirer le livre vers le « théâtre social », mais à la question « Faites-

vous du théâtre engagé ? », Allaire répond, très simplement : « Non, je

fais juste du théâtre. Mais il y en a qui

font du théâtre désengagé. »

À l’arrivée, un spectacle puissant et roboratif, liant, dans une fluidité eurythmique, le texte, la lumière, la musique (performée en live, directement sur scène) et les corps… Où l’ef-fet de réel s’abîme dans l’empire des sensations, dans les divagations d’un rêve flir-tant avec le cauchemar, tendance bad trip. Où la poésie et l’onirisme deviennent matières à penser… Jacques Allaire, en réinvestissant Le

Dernier Contingent de son langage et de ses obsessions, fait sans doute œuvre de salubrité publique.

AVEC JACQUES ALLAIRE & ALAIN JULIEN RUDEFOUCAULDJacques Allaire n’avait pas été le seul à être frappé de la force de l’ouvrage d’Alain Julien Rudefoucauld au moment de sa sortie… Critiques unanimes, lecteurs enthousiastes, tout le monde ou presque s’entendit pour dire qu’il fut l’un des grands livres de l’année 2012, le jury du prix France-Culture/ Télérama

compris, qui décida de lui décerner la prestigieuse récompense.Le Parvis vous invite à venir rencontrer son auteur, Alain Julien Rudefoucauld, et le metteur en scène Jacques Allaire, pour une discussion d'avant spectacle.

MARDI 02/02 18:30 / LE PARVIS RENCONTRE

Entrée libre

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MARDI 02 & MERCREDI 03/02 20:30 LE PARVIS THÉÂTRE Tarif C

COPRODUCTION

DU PARVIS SCÈNE

NATIONALE TARBES

PYRÉNÉES

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Entretien avec Jacques Allaire

Le Parvis : Vous mettez en scène Le Dernier Contingent, d’après l’ou-vrage d’Alain Julien Rudefoucauld. Pourquoi le choix de ce livre, sorti récemment et dont il n’était initia-lement pas prévu qu’il puisse faire l’objet d’une adaptation théâtrale, plutôt qu’un autre ?Jacques Allaire : Comme la totali-

té des spectacles que je fabrique,

ce qui m’a conduit à faire ce choix

est la conjonction de préoccupa-

tions personnelles et le hasard d’une

rencontre... En général, cette ren-

contre se produit avec un livre, ou

une pensée, ou un auteur, vers les-

quels je vais être attiré parce que

je comprends que cet objet, ou

cette pensée, ou cette individualité,

répondent à mes préoccupations du

moment. En l’occurrence, mes pré-

occupations, lorsque j’ai découvert

Le Dernier contingent, étaient liées à

l’adolescence : mon propre fils était

adolescent. J’étais frappé par l’an-

goisse qu’il éprouvait de son devenir,

alors que je me souvenais de l’ado-

lescence comme un temps de la vie

humaine où, comme on dirait en

philosophie, le champ des possibles

est ouvert et presque infini.

C’est un constat terrible de voir

de jeunes gens, ayant normale-

ment l’avenir devant eux, se trouver

dans l’impasse d’un monde devenu

"fermé", où les différents possibles ne

sont plus que des impératifs réduc-

teurs : nécessité de produire de

l’argent, être finalement avalé par ce

qui constitue la société d’aujourd’hui,

à savoir un univers de marchan-

dise, être avalé par la marchandise

et se concevoir soi-même comme

une marchandise... Si l’adolescence

n’est pas un champ de possibles,

un champ de devenirs, de désirs, de

rêves de projections de possibles,

alors il y a perte de l’adolescence.

Comment vous êtes-vous engagé dans le travail d’adaptation de ce texte ?Mon travail d’adaptation ne s’attache

pas directement au texte, mais à l’im-

pression que j’ai en lisant le texte.

En l’occurrence, ce qui se dégage

de l’ouvrage d’Alain Julien

Rudefoucauld, c’est l’extraor-

dinaire vitalité et la puissance

du désir de vie

qui l’animent.

Je l’ai lu prati-

quement d’un

trait, et, comme

habituellement

dans les spec-

tacles que je

crée, je ne l’ai

pas relu ensuite.

J’en reste géné-

ralement à l’im-

pression que l’ouvrage produit

sur moi à la première lecture,

puisque c’est justement cette

impression, et l’ensemble

des sensations que j’éprouve

pendant la lecture, qu’il me

semble important et intéres-

sant de mettre en scène.

Et que faîtes-vous alors de ces sensations ?Je prends un carnet et je des-

sine. De ces dessins dépen-

dra toute la construction de

la pièce. Sur le papier se fait

la transcription de mes sen-

sations, selon un mode de

dessin que l’on pourrait dire

subconscient…

Comme une sorte de "dessin automatique", à la manière surréaliste ?Automatique, non, cela signi-

fierait qu’il n’y a pas forcément

un objet qui l’aurait guidé, là

c’est un subconscient parta-

gé avec le roman, et les pré-

occupations qui m’occupent

au moment de la

lecture. Un sub-

conscient qui se

mélange potentiel-

lement aussi à un

subconscient qui

a animé le roman,

sans que je ne

connaisse rien, bien

entendu, de celui

de l’auteur, que je

n’ai aucune préten-

tion à connaitre. C’est dans

cet état subconscient que se

produisent des dessins que

je fais sans réfléchir, sans

aucune sorte de réflexion.

Passée cette phase préli-minaire des dessins, que se passe-t-il ? Notamment après la construction de l’es-pace de jeu, et, plus précisé-ment, lorsque cet espace de jeu se trouve occupé par des acteurs ?J’ai fait le tour de la France pour

choisir mes acteurs. Comme,

dans l’ouvrage, il s’agit de

jeunes gens, et que je ne vou-

lais pas avoir à « représenter »

de jeunes gens, je voulais donc

de jeunes acteurs. Une fois la

sélection faite, je les ai conviés

autour d’une table, et on a

ensemble rouvert le roman. À

ce stade-là il n’y a pas de texte

pour le spectacle. Je leur ai

demandé à chacun de lire à

haute voix et à tour de rôle le

livre, intégralement. Quant à

moi je me tiens à distance de la

table, avec un carnet de dessin,

je prends des notes en même

temps que j’écoute.

De cette première phase de tra-

vail en groupe résulte une sorte

de « découpage à la hache »

du livre, qui pourrait tout aussi

bien être considérée comme

une sorte de destruction du

roman et de sa structure roma-

nesque... L’ouvrage implosé, il

n’en reste que des miettes, et

ces miettes, il y en a certaines

qui t’affectent, d’autres qui t’af-

fectent moins, sans pouvoir

savoir exactement pourquoi.

Ce que je cherche, en réalité,

c’est la fièvre, intacte, complète,

pas l’événement, et le récit que

je produis n’est pas le récit de

ce qui est arrivé, mais le récit

de la fièvre de ce qui est arri-

vé. En cela on rejoint quelque

chose qui est de l’ordre d’un

rêve ou d’un cauchemar, ou

du moins de l’état dans lequel

on se trouve lorsqu’on est en

situation de rêve. Le texte de

la pièce se conçoit directe-

ment sur le plateau, en même

temps que se construit le reste,

le son, la lumière… Tout ça se

construit de manière ininter-

rompue. ●

Retrouvez l'intégralité

de l'entretien sur www.parvis.net

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Si l’adolescence n’est pas un champ de possibles, un champ de devenirs de désirs, de rêves de projections de possibles, alors il y a perte de l’adolescence.

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La mélancolie des dragonsPHILIPPE QUESNE

Précipitation inutile vous diront les héros indolents de Philippe Quesne, cheveux longs et cuirs épais, qui préfèrent attendre dans leur Citroën AX défectueuse, en buvant des bières et en se repassant les tubes de Scorpion, que ne « se passe

quelque chose »... Stratégie hasar-deuse diront d’aucuns, mais qui aura le mérite ici de faire ses preuves, puisqu’il finira, effectivement, par se passer quelque chose. Ou, plus exactement, par passer quelqu’un…

Ce quelqu’un, c’est Isabelle, dont on n’ignore pourquoi elle se pro-mène précisément là, dans cet endroit désert et recouvert par la neige. Mais finalement, peu importe, puisque celle-ci semble du moins

prêter intérêt aux ennuis méca-niques de nos six hard-rockeurs en rade. Problème cependant : il faudra vraisemblablement changer la tête de delco, et la pièce ne pourra arri-ver que sous huitaine…

Il en faudrait davantage pour bous-culer le flegme des six hommes éga-rés, qui profitent de l’occasion qui leur est donnée d’avoir une specta-trice "prête à l’emploi" pour dévoiler à Isabelle le contenu de la remorque harnachée à leur Citroën. Et, sur-prise, les nonchalants musicomanes se révèlent être de fabuleux touche-à-tout, maternant un curieux parc d’attraction ambulant qui aurait par-faitement sa place dans un centre d’art contemporain…

GÉNÉRALEMENT, LORSQU’ON SE TROUVE LÂCHÉ PAR LA MÉCANIQUE AU MILIEU D’UN NO MAN’S LAND ENNEIGÉ, ON EST RAPIDEMENT TENTÉ DE TROUVER DE L’AIDE, OU DE SOLUTIONNER SOI-MÊME SON PROBLÈME PAR UNE PROMPTE INSPECTION DE CE QUI, SOUS LE CAPOT, DYSFONCTIONNE…

« Du Moyen Âge à Woodstock, les hommes qui

ont voulu sauver le monde se sont toujours laissés pousser les cheveux. »

Rien d’étonnant à cela d’ailleurs, puisque Philippe Quesne, qui en assume, en réalité, la paternité, a d’abord fait ses armes en tant qu’ar-tiste plasticien. Aujourd’hui directeur du théâtre des Amandiers à Nanterre, il se distingue à chacune de ses créa-tions par ses scénographies stupé-fiantes et par le talent avec lequel il fait vivre de "petites communautés humaines" dans des espaces sem-blant toujours clos sur eux-mêmes, et pratiquement imperméables à la triviale réalité. Mais, au fait, le nom de la compagnie de Philippe Quesne ? Vivarium Studio. Heureuse rencontre du mot et de la chose…

« Inspiré par la marginalité et les rup-

tures de convention, Quesne mani-

feste une fois encore

une puissante liberté

narrative. La drama-

turgie semble s'écrire

par ajouts, voire

par accidents, don-

nant à l'ensemble

l'apparence d'une

succession de micro-

événements, de pe-

tites scènes prenant

part à une fresque to-

tale qui déborde le cadre de la seule

pièce jouée. Cette narration sponta-

née, souvent contrariée, amputée ou

redirigée, ne fait que mieux ressor-

tir les nombreux contrastes qui l'ani-

ment, entre littérature fantastique et

monde ordinaire, gestes dérisoires et

grands projets, spectacle du trois fois

rien et émerveillement collectif. Ce

nivellement des autorités artistiques

(une anthologie qui rassemble Dürer,

Bruegel, Artaud, Huysmans, Friedrich

ou Baudelaire) et du monde ordinaire

fait alors signe vers un fondement de

la mélancolie: quand la gratuité d'un

acte devient insignifiance, quand l'ex-

traordinaire peine à naître du banal,

l'homme est condamné à une sorte

de paresse affective. »

Florian Gaité Paris-art janv. 2015

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VENDREDI 05/02 20:30 LE PARVIS THÉÂTRE Tarif B

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ART CONTEMPORAIN

Welcome to CavelandUNE EXPOSITION DE PHILIPPE QUESNEPHILIPPE QUESNE EST UN DES METTEURS EN SCÈNE LES PLUS DOUÉS DE SA GÉNÉRATION, ET UN DE CEUX QUI TRAVAILLENT LE PLUS AVEC DES ARTISTES CONTEMPORAINS. IL EST LE TENANT D’UNE ŒUVRE D’ART TOTALE QUI COMBINE SUBTILEMENT DIFFÉRENTES DISCIPLINES, DIFFÉRENTS MÉDIUMS. SON UNIVERS EST MÉLANCOLIQUE ET DRÔLE, IL BROUILLE LES FRONTIÈRES ENTRE LA RÉALITÉ (AVEC DES ACTEURS QUI NE JOUENT PAS EXACTEMENT UN TEXTE MAIS PERFORMENT DES SITUATIONS VÉCUES) ET LA FICTION.

Ainsi, le centre d’art va être trans-formé en grotte géante par l’entre-mise d’une forme plastique noire monumentale qui respirera comme un poumon. Le visiteur sera invi-té à pénétrer à l’intérieur et il pour-ra découvrir le travail d’autres artistes, notamment des vidéos, inspirées par l’imaginaire de la grotte. Des livres, une documentation seront mis à dis-position du public et des conférences, peut-être des performances y seront données sur des rendez-vous régu-liers… Gageons que l’on y retrouvera également sa célèbre Taupe, totem ou fétiche de sa compagnie Vivarium Studio…

DU 05/02 AU 16/04 PARVIS CENTRE D’ART CONTEMPORAIN

VERNISSAGE en présence de l’artiste

jeudi 4 février à 19:00. Entrée libre.

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AVEC PHILIPPE QUESNELe Parvis invite donc Philippe Quesne à double titre : pour son travail de metteur en scène et pour son activité de plasticien, qui ne sauraient, en tout état de cause, se penser déconnectées l’une de l’autre. Le metteur en scène, directeur du Théâtre des Amandiers à Nanterre, sera présent le 4 février à l’occasion du vernissage de l’exposition Welcome to Caveland qu’il propose au centre d’art, et viendra par ailleurs discuter le lendemain, avec le public du Parvis, de son œuvre singulière dans le champ du théâtre français.Le lendemain, Philippe Quesne présentera, au Cinéma Parvis Méridien, un film documentaire en résonnance au fil rouge de notre festival : Est-ce ainsi que

les hommes vivent ? (voir pages cinéma)

VERNISSAGE JEUDI 04/01 À 19:00 PARVIS CENTRE D’ART

Entrée libre

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Philippe Quesne s’intéresse aux micro-événements et aux grands gestes, à notre fragile humanité, à ses petits travers et vaines utopies.

L’artiste est invité dans le contexte du Festival In Vivo à s’emparer du centre d’art comme il le ferait du plateau de théâtre. C’est-à-dire à penser un projet dont la forme va en quelque sorte s’auto-générer et se nourrir de l’expérience, des envies de personnalités invitées.

Welcome to Caveland a quelque chose de l’incongruité d’un parc d’at-traction dans une grotte préhisto-rique. C’est une exposition « en vie », toujours en mouvement, collabora-tive qui fera intervenir différentes per-sonnes : des artistes, des scientifiques et historiens, la société civile autour de la question du monde souterrain, de la caverne de Platon à celle d’Ali-Baba. C’est également une forme que Philippe Quesne reprendra dans ses futurs spectacles et qu’il fera évoluer au gré de ses représentations.

"Welcome to Caveland" a quelque chose de l’incongruité d’un parc d’attraction dans une grotte préhistorique.

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Cinéma In Vivo

Taxi Téhérande Jafar Panahi2015 - Iran - 1h26Ours d'or au dernier festival de Berlin

Ce taxi-là n'est pas un taxi. C'est un plateau de cinéma clandes-tin, le véhicule d'un réalisateur insoumis reconverti en chauf-feur. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, Jafar Panahi dresse le por-trait de la société iranienne ,entre rires et émotions…

SAMEDI 16/01 18:30 & 21:00 CINÉMA PARVIS MÉRIDIEN

Tarif 6€ le film / 8€ les 2 films

Iranien

de Mehran Tamadon2014 - Iran - 1h45Gd Prix du Festival international des

films documentaires Cinéma du Réel

Iranien athée, le réalisateur Mehran Tamadon a réussi à convaincre quatre mollahs, partisans de la République Islamique d’Iran, de venir habi-ter et discuter avec lui pendant deux jours. Au cœur des dé-bats, une question : comment vivre ensemble lorsque l’ap-préhension du monde des uns et des autres est si opposée ?

Suivi d’une conversation avec Ici-Même qui présentera Conseil Extraordinaire

EN ÉCHO À LA QUESTION POSÉE PAR LE FESTIVAL IN VIVO EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ? CETTE PROGRAMMATION DE FILMS NAVIGUE ENTRE RÉEL ET FICTION, ABORDE DIFFÉRENTES VISIONS DE LA SOCIÉTÉ, D'ICI ET D'AILLEURS, S’ACCOMPAGNE DE RENCONTRES AVEC DES ARTISTES, REMET LA LIBERTÉ D’ÊTRE ET DE S’EXPRIMER AU CŒUR DE TOUS LES SUJETS.

CONVERSATIONS D'AILLEURSCARTE BLANCHE - COLLECTIF ICI-MÊME (GR.)

UNE JEUNESSE MALMENÉE CARTE BLANCHE - JACQUES ALLAIRE

CRISE(S)

FEMMES ÉMANCIPÉES

CREUSER LE RÉELCARTE BLANCHE PHILIPPE QUESNE Khaos, les visages humains

de la crise grecqued’Ana Dumitrescu2012 - France - 1h35

Panagiotis Grigoriou, historien, anthropologue et blogueur économique, nous accom-pagne et partage sa perception de la situation grecque. Sur les routes de Trikala en passant par Athènes et l’île de Kea, c’est un voyage à travers l’âme d’un pays qui vous emmène dans une réflexion sur la situation critique de la crise actuelle.

LUNDI 18/01 20:00 CINÉMA PARVIS MÉRIDIEN

Tarif 6€

Présenté dans le cadre du

spectacle Ce ne andiamo...

Difret de Zeresnay Mehari 2015 - Éthiopie - 1h39Inspirée d’un procès de 1996, cette fiction rappelle l’histoire d’une jeune éthiopienne qui tua son violeur et échappa de justesse à la condamnation à mort grâce à l’intervention

d'une avocate pionnière du droit des femmes en Ethiopie.

JEUDI 28/01 18:00 CINÉMA PARVIS MÉRIDIEN

Tarif 6€

Dans le cadre du spectacle Legacy de Nadia Beugré. Projection suivie d'un débat

avec le Planning Familial.

Philippe Quesne est un artiste pluriel, invité au Parvis à double titre : en qualité de plasticien au centre d'art pour l'exposition Welcome to Caveland, et en qualité de metteur en scène pour son spectacle La mélancolie des dragons, présenté le vendredi 05/02 à 20h30 au Parvis.

Sud Eau Nord Déplacerd'Antoine Boutet2015 - France/Chine - 1h50

Le Nan Shui Bei Diao – Sud Eau Nord Déplacer – est le plus gros projet de transfert d’eau au monde, entre le sud et le nord de la Chine. Ce chantier national dresse la cartographie mouvementée d’un territoire d’ingénieur où peu à peu des voix s’élèvent, réclamant jus-tice et droit à la parole.

VENDREDI 05/02 18:00 CINÉMA PARVIS MÉRIDIEN

Tarif 6€

La Tête hauted’Emmanuelle Bercot 2015 - France - 2hFilm d'ouverture du festival

de Cannes 2015

Documentaire fiction retracant le parcours de personnages at-tachants — Malony, adolescent placé en foyer, une juge des enfants et un éducateur ex-périmenté — ce film grave re-fuse tous les déterminismes. Un film qui résonne avec le parcours des six jeunes cabos-sés et rageurs qui forment Le

Dernier Contingent…

LUNDI 01/02 20:00 CINÉMA PARVIS MÉRIDIEN

Tarif 6€

Le Kidde Charlie Chaplin1921 - États-Unis50 mn

Un pauvre vitrier recueille un enfant abandonné par sa mère victime d’un séducteur. Après l'avoir arraché à des dames patronnesses, il va tout faire pour le rendre à sa mere, depuis devenue riche.

MERCREDI 03/02 15:00 CINÉMA PARVIS MÉRIDIEN

Tarif 4-6€

Ces deux films seront suivis d'une rencontre avec Jacques Allaire metteur en scène du spectacle Le Dernier Contingent.

À PARTIR DE

A N S3

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Centre Méridien

Route de Pau - 65420 Ibos

Billetterie 05 62 90 08 55

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