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N°04 • BIMENSUEL • 68 ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 [email protected] Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles MOBILITÉ Comment le Belge se rend-il au travail? Page 5 AIDE ALIMENTAIRE Un ventre plein sur 5? Page 4 LIVRE Cols blancs Coeur rouge Page 7 Ouvriers-employés Deux poids deux mesures © IHOES - Fonds La Wallonie - Le Matin La FGTB qui avait suspendu sa participation à la concerta- tion sociale revient à la table. Au lendemain de la mani- festation qui a rassemblé 40.000 personnes à Bruxelles, le Gouvernement a en effet débloqué trois dossiers en sus- pens: la revalorisation des allocations sociales, la hausse du salaire minimum et des bas salaires en ce comprise la fin programmée de la dégressivité des salaires des jeunes, la reconduction des prépensions spéciales. Mais la FGTB reste opposée au gel des salaires et à toute manipulation de l’index, et elle attend des mesures de jus- tice fiscale. Elle reste donc prête à mobiliser ses troupes. En attendant, la FGTB ne se laissera pas mettre hors jeu. Elle participera à la négociation sur les autres thèmes soumis à la concertation dont le fameux dossier des statuts ouvrier- employé. Une décision doit tomber avant le 8 juillet. Nous faisons en pages 8 & 9 le point sur les discriminations entre ouvriers et employés qui se sont incrustées depuis un siècle dans notre droit social, que rien ne justifie et qui n’ont jamais entamé la solidarité comme le montre cette manifestation de l’hiver 1960-61 tirée d’un livre sorti de presse sur l’histoire du SETCa-Liège. Pages 8 & 9 ©istockphoto.com 1 ER MARS 2013 Éd. LIÈGE

FGTB - Syndicats N°4

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Journal des membres de la FGTB | Ouvriers Employés : deux poids deux mesures | Aide alimentaire : un ventre plein sur 5? | Comment le belge se rend-il au travail?

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Page 1: FGTB - Syndicats N°4

N°04 • BIMENSUEL • 68ème annéeBureau de dépôt : Charleroi X

Abonnements : 02/506 82 11Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 [email protected]

Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

MOBILITÉ

Comment le Belge se rend-il

au travail?

Page 5

AIDE ALIMENTAIRE

Un ventrepleinsur 5?

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LIVRE

Cols blancsCoeurrouge

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Ouvriers-employésDeux poids deux mesures

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La FGTB qui avait suspendu sa participation à la concerta-tion sociale revient à la table. Au lendemain de la mani-festation qui a rassemblé 40.000 personnes à Bruxelles, le Gouvernement a en effet débloqué trois dossiers en sus-pens: la revalorisation des allocations sociales, la hausse du salaire minimum et des bas salaires en ce comprise la fi n programmée de la dégressivité des salaires des jeunes, la reconduction des prépensions spéciales.Mais la FGTB reste opposée au gel des salaires et à toute manipulation de l’index, et elle attend des mesures de jus-tice fi scale. Elle reste donc prête à mobiliser ses troupes. En attendant, la FGTB ne se laissera pas mettre hors jeu. Elle participera à la négociation sur les autres thèmes soumis à la concertation dont le fameux dossier des statuts ouvrier-employé. Une décision doit tomber avant le 8 juillet. Nous faisons en pages 8 & 9 le point sur les discriminations entre ouvriers et employés qui se sont incrustées depuis un siècle dans notre droit social, que rien ne justifi e et qui n’ont jamais entamé la solidarité comme le montre cette manifestation de l’hiver 1960-61 tirée d’un livre sorti de presse sur l’histoire du SETCa-Liège.

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MARS 2013 • Éd. LIÈGE

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RÉGIONS2 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

LUXEMBOURG

BRABANT WALLON

Vivre debout… maintenant et autrement

Du vendredi 8 au dimanche 10 mars, l’asbl FORABRA, ainsi que de nombreux autres partenaires organise le 5ème festival du fi lm so-cial, au centre culturel de Perwez.

Pour cette 5ème édition, la mondia-lisation et la globalisation seront au cœur des débats. Nous verrons leur conséquence tant au fond de nos assiettes – l’impact des mul-tinationales alimentaires sur ce que nous mangeons – que dans les caisses de nos Etats.

Dans ce contexte, la séance du di-manche après-midi sera en lien direct avec la campagne de la FGTB wallonne, du CEPAG et du CADTM «à qui profi te la dette?». Un débat sera organisé après la projection du documentaire «debtocracy».

Également pendant toute la durée du festival , une exposition-anima-tion consacrée à notre consomma-tion alimentaire, un espace livres, des animations pour enfants les samedi et dimanche après-midi.

Toutes les informations utiles sur www.vivredebout.be

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BRUXELLES2 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

Journée Internationale des Femmes 2013Place de la Monnaie Bruxelles, 12h30 – 13h30

Plus de 40.000 personnes ont marché contre les politiques

d’austérité à Bruxelles le 21 février 2013

Gaz et Électricité: faire le bon choix, défendre ses droits

Mon contrat d’électricité et de gaz est-il vraiment le meilleur? Que puis-je faire si je ne comprends pas ma facture? Que faire si je la conteste? Comment et où porter plainte? Ai-je droit au tarif social?... Autant de questions auxquelles les conseillers du service Infor Gaz Elec peuvent vous aider à répondre.

Libre face aux multinationales et aux grosses entreprises?

La libéralisation du marché du gaz et de l’électricité, impulsée au niveau de l’Union européenne, est intervenue en janvier 2007 en région bruxelloise. Contraire-ment à ce qu’avaient promis ses promoteurs, cette libéralisation n’a pas généré une diminution des factures d’énergie des consomma-teurs, que du contraire. Mais elle a profondément modifi é la rela-tion entre les ménages et leur(s) fournisseur(s) d’énergie, en la ren-dant beaucoup plus complexe.

En effet, dans le marché libéralisé, le consommateur doit faire un choix entre plusieurs fournisseurs proposant eux-mêmes parfois plusieurs types de contrats. Mais il n’est pas évident de s’y retrou-ver dans les factures d’énergies, dans les contrats proposés et de les comparer, afi n de faire le choix du fournisseur le moins cher... Car les offres varient en fonction de la consommation, elles peuvent être modifi ées chaque mois par les fournisseurs et le classement du meilleur choix peut dès lors changer.

En outre, les consommateurs n’ont pas seulement besoin d’être infor-més, mais également de connaître

leurs droits et de pouvoir les dé-fendre. La fourniture de gaz et d’électricité est reconnue comme un bien de première nécessité. Par conséquent, une série de droits et de protections spécifi ques ont été prévus par les autorités publiques. Mais pour que ces droits soient effectifs, il faut que les consom-mateurs les connaissent et qu’ils sachent comment les faire valoir.

La «liberté» du consommateur, isolé sur le marché face à des entreprises multinationales, se résume bien souvent à celle de se retrouver la proie de campagnes publicitaires ambigües, face à un service après-vente peu sa-tisfaisant et à un non-respect de droits et de protections pourtant théoriquement prévus par la loi.

Au moment de la discussion sur l’encadrement du marché libéra-lisé du Gaz et de l’Electricité, dans le prolongement du travail de la Coordination Gaz, Electricité et Eau Bruxelles (CGEE), le Collectif Solida-rité Contre l’Exclusion, Asbl, a inter-pellé le Gouvernement régional et a proposé, avec l’appui de la CGEE et des organisations syndicales bruxelloises, de créer un Centre d’Information et de défense des consommateurs. Grâce au soutien du Gouvernement Bruxellois, en particulier de la Ministre de l’En-ergie, le Service Infor Gaz Elec a dès

lors été créé pour répondre à ces objectifs et offrir des conseils et un accompagnement indépendants et gratuits aux consommateurs bruxellois de Gaz et d’Electricité.

Faites appel à l’équipe!

En particulier, Infor Gaz Elec offre:1° une accompagnement concer-nant le choix du fournisseur de gaz et d’électricité le plus intéres-sant en fonction de la situation de chacun.

Sur base d’un rendez-vous, les Conseillers d’Infor Gaz Elec ana-lysent, avec le ménage, son contrat, sur base de sa consommation, du prix auquel il achète actuellement son gaz et son électricité. Ils com-parent ces données avec les diffé-rentes offres sur le marché bruxel-lois. Si le ménage désire changer de contrat et/ou de fournisseur, ils l’informent des démarches à effectuer et/ou l’aident à remplir les différentes formalités.

En février 2013, opter pour le fournisseur et le contrat le plus intéressant par rapport au contrat le plus répandu à Bruxelles per-met d’effectuer un gain annuel d’environ 160 euros (pour un consommateur bruxellois moyen d’électricité et de gaz).

2° une aide concernant la four-niture de gaz et d’électricité en général.Infor Gaz Elec aide le ménage à comprendre ses factures; au be-soin, il intervient auprès du four-nisseur pour essayer de trouver une solution si le ménage a des problèmes de paiement...

3° une aide concernant les me-sures sociales relatives à l’accès à l’énergie. Infor Gaz Elec Informe le ménage

sur le tarif social et le statut de «client protégé» et intervient pour lui permettre d’y accéder s’il y a droit, pour bénéfi cier du maintien de la fourniture en hiver, de la re-hausse d’un limiteur 6 ampères à 10 ampères...

4° une aide juridique concernant les droits des consommateurs, pour porter plainte contre des abus (montant trop élevé dans les frais réclamés, nouvelle facturation remontant plusieurs années en arrière...).

Infor Gaz Elec constitue des dos-siers pertinents, rédige des plaintes auprès des fournisseurs ainsi que des différentes instances de contrôle et aide le ménage durant tout leur suivi.

Au besoin, Infor Gaz Elec dispense de premiers conseils et oriente le ménage vers des cabinets d’avo-cats pratiquant l’aide juridique légale de seconde ligne lorsque le contentieux arrive devant une instance judiciaire.

Aujourd’hui Infor Gaz Elec est actif depuis déjà 5 ans et a conseillé, accompagné et défendu indivi-duellement plus de 5.000 ménages bruxellois. La qualité du travail de son équipe de professionnels est reconnue. Ne restez-donc pas seuls face à votre fournisseur de gaz et d’électricité, ainsi qu’aux questions que vous vous posez: comparez les offres et faites appel à l’équipe!

PS: Info Gaz Elec est un service bi-lingue, une initiative du Collectif Solidarité contre l’exclusion, dont la FGTB est membre fondateur. Ce service travaille en étroite colla-boration avec Habiter Bruxelles asbl, le service logement de la FGTB Bruxelles (02.552.03.38).

Accessibilité:

Infor GazElec est gratuitement ac-cessible à l’ensemble des consom-mateurs bruxellois.

Les conseillers d’Infor GazElec re-çoivent individuellement les per-sonnes afi n de répondre à leurs questions et/ou de les aider à ré-soudre leurs problèmes.

Le service est joignable par télé-phone (02/209.21.90), par mail ([email protected]) et sur rendez-vous (Chaussée d’Haecht 51 à 1210 Bruxelles - sonnerie 7 – Métro Bo-tanique).

Que faire si vous êtes convoqué devant le Jugede Paix?

En Région bruxelloise, seul le Juge de Paix peut décider une coupure du gaz et de l’électricité. N’hési-tez pas à contacter Infor GazElec si vous êtes convoqué devant le Juge de Paix. Sa juriste pourra vous délivrer de premiers conseils et, au besoin, vous aider à bénéfi cier de la défense d’un avocat dans le cadre de l’aide juridique.

Le 8 mars 2013, la Marche Mondiale des Femmes, le Conseil des Femmes Francophones de Belgique, et le Vrouwenraad organisent pour la troisième fois une action de solidarité envers les femmes du monde entier.

Thème: les conséquences de la crise économique et fi nancière sur les femmes du monde entier.

Nous voulons, lors de cette Journée Internationale des Femmes, marquer notre solidarité avec toutes les femmes qui, suite à des réformes sociales et à des mesures d’austérité, paient le prix de la crise. Nous voulons jeter un pont vers les femmes (en Belgique, en Europe et de par le monde) qui ont de grandes diffi cultés à «joindre les deux bouts». A cause de la crise fi nancière et économique, ces femmes endurent davantage de privations encore et certaines d’entre elles, ainsi que leur famille, cou-rent un risque plus élevé de tomber dans la misère. Plus souvent que les hommes, elles étaient déjà confrontées au chômage, aux emplois précaires, aux bas salaires. Mais les coupes budgétaires en sécurité sociale et les mesures d’austérité dans les

services publics ne font qu’accroître les inégalités.Nous entendrons le témoignage de trois femmes sur l’impact de la crise aux niveaux international, européen et belge.

Nous vous appelons tous et toutes à adresser un message aux autorités internationales, européennes et belges. Mettez vos demandes, revendications, souhaits, rêves… sur des calicots, des affi ches, du tissu ou du papier, que vous pourrez accrocher sur notre «pont symbolique». Nous rassemblerons vos revendications et les transmettrons par la suite à ces autorités.

Rendez-vous le 8 mars 2013, à 12h30, à la Place de la Monnaie, à Bruxelles!

Cette action s’inscrit dans le cadre de la campagne internationale «Women for Women International», durant laquelle des femmes se mobilisent pour les droits des femmes et marquent leur solidarité envers les femmes du monde entier en manifestant dans la rue. ©

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RÉGIONS2 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

CHARLEROI-SUD HAINAUTWALLONIE PICARDE

MONS

dans les locaux de Cenforsoc à la Maison des Huit Heures 23 place Charles II à Charleroi (Salle 206 au 2ème étage)

avec Patrick COULON, journaliste membre de la direction d’Espace Marx (Paris)

coordinateur de l’ouvrage:

Imaginons que Karl Marx revienne sur terre en 2010. Comment juge-rait-il notre société confi te dans le capitalisme dont il avait annoncé la mort prématurément, ce dont il convient? … car, en effet, le voici parmi nous, par la volonté de son auteur et de Dieu qui lui a accordé une heure (Jésus n’était pas libre…) pour retourner sur terre nous don-ner une petite leçon de philosophie post mortem. C’est le très sérieux historien américain Howard Zinn, professeur émérite de l’université de Boston, à qui l’on doit une ad-mirable Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours, qui a eu cette idée qui n’est pas tout à fait une blague. Ainsi, il donne une chance à Marx de remettre les pendules à l’heure, de dénoncer les dérives qui l’ont fait assimiler à Staline et aux crimes des commu-nistes de l’URSS. D’ailleurs, Karl se défend d’être marxiste. Il en pro-fi te pour remettre le couvert sur la religion instrumentalisée par le pouvoir, sur les conséquences tragiques de la spéculation et du profi t pour le profi t, sur les mé-faits du progrès qui rend les gens étrangers à eux-mêmes. Comme si on y était ! Derrière l’économiste et le philosophe, on découvre un homme animé d’une saine colère qui se chamaillait avec Bakounine et évoque la Commune de Paris avec émotion, qui tirait le diable par la queue dans le quartier londonien de Soho où il vivait avec Jenny, son épouse et ses trois fi lles. Engels, dont la famille était aisée, payait

ses dettes, ce qui fait dire à Marx désabusé que le capitalisme les a sauvés. D’ailleurs, par erreur, ou par malice, Dieu l’a envoyé au Soho de New-York, lui pour qui l’Amé-rique représentait le pire démon. Sous la plume de Zinn, notre so-ciété vue avec les yeux de Marx donne raison à ses analyses, cent ans plus tard. La mise en scène d’Alixe Constant rassemble et met en lumière toutes ces qualités avec un économie de moyens redouta-blement effi cace, mais Jean Delval, acteur de combat, seul en scène, est remarquable d’authenticité, de force et de clarté. Il campe un Marx inattendu, familier et gentiment bourru. Ce spectacle, sur un mode léger et blagueur, donne corps à une hypothèse incongrue qu’on a tous distraitement évoquée un jour ou l’autre et met en perspective un point de vue singulièrement d’actualité.

L’Historien, et politologue, Howard Zinn, infatigable militant qui été de toutes les luttes pour les droits civiques, a voulu restituer un Karl Marx accessible. Voilà donc le tour de force : rendre à Marx ce qui est à Marx, au peuple ce qui est au peuple, et permettre à chacun de rencontrer à la fois l’homme et comprendre son enseignement. Cela vaut assurément le détour et toute notre attention par les temps qui courent, car, comment peut-on comprendre cette formidable crise sociale, économique, politique dans laquelle nous baignons tous en nous passant de cette incon-tournable grille de lecture?

Entrée: 10eTél. & Fax: 071/ 54 51 04Portables: 0497/53 50 34 - 0496 /39 31 49

ORGANISATION: BIG BROLCollaboration: le Centre culturel de Fontaine - les Tournées Arts et Vie - la province de Hainaut - les Amis de Cuba - asbl le Progrès Bouton S.A. - Fleurs Cristaline - S.A. Dutron - SPRL l’Etude (A. Fiore) - Feron Jardins SA La ville de Fontaine-l’Evêque

LES RENC’ARTS 2012/2013 DE BIG BROL asbl

A LA BOUTEILLERIEBd du Nord (ancienne brasserie Patiny face au N° 64) - 6140 Fontaine-l’Évêque

le Samedi 15 mars 2013 à 20h BIG BROL A 10 ANS, UNE FÊTE TOUT EN RÉSISTANCE

THÉÂTRE KARL MARX, LE RETOUR

de Howard Zinn par le Théâtre des rues

Conférence formation le samedi 23 mars 2013 à 10h30

Démocratie participative et transformation sociale«Militer pour que chacun puisse accéder aux lieux de décision, de pouvoir sur sa propre destinée, son propre développement, ceux de la société dans laquelle il est inséré, passe par faire du développement de la démocratie la bataille principale de l’éman-cipation humaine!» Extrait du texte «Pour l’égalité politique absolue» de P. Coulon

Editeur responsable: Robert Tangre - 11 rue Jules Destrée à 6040 Dampremy

Une naissance qui a pris du temps. Beaucoup de temps, plusieurs an-nées même. C’est au rythme de chacun que l’on a amené le projet, et enfi n décidé de dissoudre, lors de ce congrès, les deux régionales de Mouscron-Comines -Estaimpuis et Tournai-Ath-Lessines pour créer une seule entité neuve.

Place aux votes tout d’abord, c’est à 76,95% que les congressistes ont voté pour les statuts de la nouvelle régionale. Pas de voix contre, mais 23% d’abstention. C’est quasiment avec autant de voix «pour» que le nouveau et premier Secrétaire ré-gional de Wallonie picarde a été élu (75,66%): il s’agit de Jean Peeters, secrétaire actuel du SETCa Wapi, et président de la régionale de Tour-nai, jusqu’au 1er avril.

La nouvelle régionale aura en outre un président qui lui aussi est déjà connu des affi liés, puisque c’est Charles Vandecasteele qui remplira ce rôle pour les quatre prochaines années. Charles qui était jusqu’à présent président (et l’est encore jusqu’au premier avril) de la régio-nale de Mouscron, et secrétaire de la Centrale générale de Mouscron.

Enfi n, Philippe Dumortier, secré-taire de l’Ubot à l’échelon wallon picard, devient vice-président de cette nouvelle régionale.

Pas de nouvelles têtes, mais de

Premier congrès pour la nouvelle régionale FGTB Wallonie picarde!Congrès historique que celui qui s’est tenu en la salle de la Blommerie, à Mouscron, voici quelques jours. On y a vu naître la nouvelle régionale FGTB Wallonie picarde, qui deviendra la troisième régionale wallonne en termes de nombres d’affiliés.

nouvelles fonctions, de nouveaux défi s à relever, ensemble. Charles Vandecasteele et Jean Peeters ont tous deux acquis la confi ance des militants, et devront travailler en binôme à la cohésion de la nouvelle régionale, dans le respect des spé-cifi cités de chacun.

Ce congrès, c’était aussi celui de l’émotion. Car deux départs, et non des moindres, y ont été célébrés. Alain Vanoosthuyse, actuel secré-taire de la FGTB de Mouscron-Co-mines-Estaimpuis, et Ronald Duval, qui remplit les mêmes fonctions à la régionale de Tournai-Ath-Les-

sines, partent respectivement en pré-pension et en pension, après 34 et 38 ans au sein de la FGTB. Deux longues carrières qui ont dé-fi nitivement marqué l’histoire de leurs régionales, dans un contexte économique et social qui n’a pas toujours été de tout repos dans cette partie du Hainaut.

Anne Demelenne, secrétaire gé-nérale de la FGTB fédérale, a salué le travail des deux secrétaires, et apprécié à titre personnel la dé-termination et le courage d’Alain Vanoosthuyse, qui a toujours été présent sur le terrain et auprès de son équipe, malgré d’importants soucis de santé, aujourd’hui heu-reusement résolus.

Côté pratique, les deux pôles de Mouscron et Tournai restent actifs, ainsi que le confi rme Jean Peeters. «Les affi liés ne doivent rien perdre de la qualité de nos services, il est donc important de conserver les deux sites. Il est important de ne rien précipiter, et de rester respec-tueux des uns et des autres. Nos va-leurs seront le sérieux, le combat, et la présence sur le terrain. Le projet est vaste et complexe, et concerne plus de 70 000 affi liés, ainsi que 74 travailleurs. Chacun devra prendre le temps de s’adapter.» «Les men-talités sont différentes à Mouscron et Tournai», poursuit Charles Van-decasteele, «mais pourtant com-plémentaires. Nous devenons la troisième plus grosse régionale après Liège et Charleroi. Jean et moi sommes décidés à travailler en équipe pour renforcer la présence de la FGTB en Wallonie picarde, et peser davantage sur les décisions qui se prennent au niveau wallon.»

Les délégués de chez Mc Bride, à Estaimpuis, étaient présents au congrès. Ces délégués, soutenus par la Centrale générale de Mous-cron, ont remporté une bataille juridique d’importance, puisque leur entreprise s’était attaquée, en 2011, à leur droit de grève. Tout d’abord, c’est Mc Bride qui avait obtenu gain de cause. Mais la CG a introduit en 2011 une requête devant la Cour d’appel de Mons, et cette fois, ce sont les travailleurs qui ont gagné. La requête originale de Mc Bride est déclarée irrecevable. Une belle victoire.

Page 6: FGTB - Syndicats N°4

RÉGIONS2 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

LIÈGE - HUY - WAREMME

VERVIERS

Page 7: FGTB - Syndicats N°4

SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013 3ACTUALITÉS

> EDITO

Il faut choisirNous étions 40.000 à Bruxelles le 21 février dernier pour dire «non au gel des salaires», «stop à l’austérité», «arrêtez de fermer des usines et de supprimer des emplois». 40.000 à réclamer du Gouvernement qu’il débloque les trop rares et trop maigres me-sures d’amélioration du pouvoir d’achat via la liaison des allo-cations sociales au bien être ou l’augmentation du salaire mini-mum et des bas salaires.

EternitéEt ce n’était que le sommet de l’iceberg parce que ces 40.000 militants ou non, FGTB ou autres, qui se sont mobilisés et que nous remercions étaient eux-mêmes les porte-parole de collègues, d’amis, de parents frappés et par la crise et par l’austérité qui nous est imposée depuis plusieurs an-nées sans perspective d’amélio-ration de notre situation écono-mique. Ce qui devait n’être qu’un mauvais moment à passer, prend des allures d’éternité.

Mais à peine la voix de la rue s’est-elle tue que la droite conservatrice relance en force sa campagne de communication pour renforcer l’austérité. C’est d’abord le Gou-verneur de la Banque nationale qui fait visiblement partie du noyau dur des Gouverneurs présents au sein de la Banque Centrale Européenne. Pour lui, le gel des salaires ne suffi t pas. Il faudrait, dit-il, geler aussi leur indexation. Et pour faire bonne

mesure, il entend aussi prolonger les carrières.

C’est ensuite le Commissaire eu-ropéen Olli Rehn qui presse notre Gouvernement de s’en tenir stric-tement à l’objectif budgétaire de 2,15% de défi cit alors même que les prévisions de croissance ont été revues à la baisse de 0,7% à 0,2%. Alors même que la France est, elle, autorisée à ralentir un peu le rythme des efforts d’assai-nissement. Pourquoi pas nous?

Une chose et son contraireLe plus étonnant dans ces propos c’est que la Commission demande à la fois à la Belgique de pour-suivre ses efforts d’austérité et de modération salariale mais en prévoit aussi les conséquences négatives: une baisse des reve-nus, entraînant une baisse de la consommation intérieure et du taux d’épargne, une baisse du secteur de la construction, un marché de l’emploi se traînant comme une limace, un resserre-ment du crédit qui pèsera aussi sur la consommation. En résumé son message est le suivant: «l’aus-térité nous enfonce dans la crise mais il faut continuer».

Autre contradiction: la même Commission se souvient qu’elle est aussi chargée de la «cohé-sion sociale». Elle sort alors la tête de son trou budgétaire pour constater avec étonnement qu’il y a 26 millions de chômeurs, dont la moitié sont des jeunes.

Que l’on compte 120 millions de personnes, soit une Européen sur quatre, «menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale». Ou en-core que 13% des jeunes de 15 à 24 ans, ne sont ni à l’école, ni au travail, c’est-à-dire qu’ils ont été abandonnés au bord du chemin.

Il faut choisirCette même Commission eu-ropéenne qui plaide le sang et les larmes, professe la réduction «structurelle» des dépenses des Etats, recommande à ceux-ci d’in-vestir dans la protection sociale… Autant dire que la dégressivité des allocations de chômage ne va pas vraiment dans ce sens.

On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Investir dans le capital humain et laisser des Mittal licencier à tours de bras. Prôner, ce que l’on appelle dans le jargon européen «l’inclusion sociale» et exclure les chômeurs ou les réduire à la pauvreté. On ne peut pas professer la «cohésion sociale» et laisser se creuser les inégalités au profi t du capital sur le dos du travail. Il faut choisir son camp : le pouvoir de l’argent ou la dignité des gens.

Anne DemelenneSecrétaire générale

Rudy De LeeuwPrésident

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La domiciliation européenne SEPA pour payer votre cotisation syndicalePour vous affi lier à la FGTB vous payez une cotisation mensuelle ou trimestrielle. Vous pouvez, pour vous faciliter la vie et ne pas l’oublier, opter pour la domicilia-tion bancaire. La domiciliation est une autorisation donnée à votre banque d’honorer les factures présentées par un organisme ou fournisseur de service. Elle est pratique pour les paiements ré-guliers et vous serez ainsi toujours en ordre de paiement.

Ce système de domiciliation va changer pour s’aligner sur le sys-tème européen SEPA.

SEPA est l’abréviation de Single Euro Payments Area, c’est-à-dire la zone européenne dans laquelle le système unique de paiement bancaire entre progressivement vigueur.

Vous aurez en effet remarqué que les virements bancaires sont de plus en plus fréquemment au for-mat européen. Ils comprennent un code IBAN (International Bank Account Number) à 16 caractères commençant par BE… et un code BIC (Bank Identifi er Code). Ces codes permettent d’identifi er le pays et la banque émettrice et fa-cilitent les virements bancaires dans la zone euro sans frais sup-plémentaires.

Le 1er février 2014 marque la fi n de la migration vers ce système de paiement et donc la fi n des vi-rements au format national. Ce changement entraîne dans son sillage la modifi cation du système de domiciliation des factures.

Qu’est-ce que cela change pour vous?

Vous avez déjà opté pour la do-miciliation?

Dans ce cas le système change, mais vous ne devez rien faire. Votre banque s’occupe de tout.

Vous ne payez pas vos cotisations par domiciliation mais vous vou-lez le faire?

Vous devez dans ce cas remplir et signer un formulaire qui donne mandat à la FGTB pour demander à votre banque le paiement de vos cotisations.

Vous pouvez vous procurer – et rentrer rempli et signé - ce for-mulaire auprès de votre régionale FGTB dont vous trouverez les coor-données sur www.fgtb.be/régio-nales-fgtb.

Vous voulez vous affi lier à la FGTB?

Vous pouvez naturellement opter directement pour la domiciliation.

La domiciliation ne change rien: vous pourrez à tout moment la suspendre ou la supprimer.

Pour de plus amples informations, rendez-vous dans une nos régio-nales FGTB ou surfez sur www.fgtb.be/domiciliation-sepa ou sur le site www.sepabelgium.be.

> ACTU

La FGTB ne sera pas hors jeuLa FGTB a décidé de ne pas pratiquer la politique de la chaise vide et a donc accepté l’invitation du Gouvernement à poursuivre les négo-ciations sur les thèmes soumis à la concertation sociale.

Néanmoins, elle estime ne pas avoir reçu toutes les réponses et pré-cisions nécessaires aux questions qu’elle a soulevées. La FGTB reste entre autres très inquiète sur l’avenir que le Gouvernement réserve à notre système d’indexation automatique des salaires.

Par ailleurs, les travailleurs continuent à s’opposer à tout gel des sa-laires, ils réclament que des négociations restent ouvertes au niveau des secteurs, a fortiori quand ceux-ci se portent bien.

C’est la raison pour laquelle, même si elle reste à la table des négo-ciations, la FGTB proposera, dans le courant du mois de mars, un plan d’actions sur le court, moyen et long terme, qui pourra être activé si nécessaire. Elle sera en tout cas mobilisée le 14 mars prochain, en marge du sommet européen, parce que les décisions européennes déterminent aussi les orientations prises par les Gouvernements nationaux.

La FGTB continue à se mobiliser pour une autre société: une meilleure répartition des richesses et plus de justice sociale. Elle rappelle qu’il n’y a pas de fatalité, que des solutions existent, via une fi scalité plus juste et plus progressive.

Page 8: FGTB - Syndicats N°4

ACTUALITÉS4 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 BruxellesNicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11E-Mail: [email protected]

Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45Service abonnements: 02/506.82.11

> AIDE ALIMENTAIRE

De l’aide pour une personne sur cinq?L’aide européenne aux plus démunis réduite de 40%, c’est ce qui est annoncé dans le budget décidé lors du Sommet de l’Union européenne. Un budget qui prévoit que cette aide passe de 500 à 300 millions d’euros. L’aide aux plus démunis, cela veut notamment (mais pas seulement!) dire l’aide alimentaire. A l’heure où la crise frappe de plein fouet, et que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté ne fait qu’augmenter, cette diminution viendrait détruire tous les efforts des nombreuses associations qui luttent pour améliorer le quotidien des familles les plus fragilisées.

Le budget doit encore passer de-vant le Parlement, qui devra se prononcer. Pour ou contre. Oui ou non. Pour le député européen

Marc Tarabella, l’approbation de ce budget, tel quel, n’est pas conce-vable. «La proposition ne recèle pas que de mauvaises choses, loin de

là mais il ne nous donne pas les moyens d’une politique de relance économique ni d’inclusion sociale. Tel quel, nous ne pourrons que le

rejeter.» Récemment, c’est au travers d’une action symbolique que le député a démontré son opposition à ce budget. En distribuant des as-siettes vides, il s’est associé aux acteurs de terrain pour illustrer la triste réalité: réduire le budget accordé à l’aide aux plus dému-nis, à l’heure où leur nombre ne fait qu’augmenter, c’est prendre le risque de ne plus pouvoir aider qu’une personne sur cinq, contre une sur deux à l’heure actuelle en Belgique. Les Restos du Coeur, la fé-dération des banques alimentaires et la société St Vincent de Paul ont

participé à cette initiative. «Il y a 2 ans, nous débarquions avec un caddie rempli de denrées de première nécessité dans le bureau même du président du Conseil, Herman Van Rompuy, pour déjà mettre en lumière ce drame l’im-portance vitale que revêt l’aide ali-mentaire européenne pour un peu moins de 18 millions de personnes. L’aide, un temps maintenue, est à présent rabotée. La problématique n’a pas changé mais deux millions d’européens ont grossi les rangs de ceux pour qui la détresse alimen-taire est le quotidien!» s’indigne Marc Tarabella.

> INTERVIEW

«Les associations sont perdues»Du côté de chez Marc Tarabella, c’est au quotidien que l’on travaille sur le sujet de l’aide alimentaire. Récemment, l’actualité a permis de revenir sur un sujet crucial: le gaspillage de denrées. L’affaire «Findus» et sa viande de cheval a une nouvelle fois mis en lumière certains aberrations du système qui, pour des raisons de sécurité alimentaire et d’une législation très (trop?) stricte en la matière, sacrifie des tonnes d’aliments pourtant propres à la consommation, et qui pourraient satisfaire de nombreuses familles. Le point avec Emmanuel Foulon, porte-parole.

Vous avez mené une action sym-bolique pour illustrer la diminu-tion potentielle de l’aide aux plus démunis. Quelles sont les suites de cette action?

Le budget devra être analysé au Parlement, et sera voté en avril. Plu-sieurs groupes politiques ont déjà annoncé qu’ils n’accepteraient pas ce budget tel quel. Je n’imagine pas qu’il le sera, pas dans cette mou-ture. Toutefois, nous avons mené cette action pour sensibiliser le grand public, certes, mais aussi les responsables politiques. Car chaque voix comptera dans le vote et le remaniement de ce texte. C’est un combat pluri-politique. L’aide aux plus démunis ne doit pas être victime d’un clivage droite-gauche ou quoi que ce soit de ce genre, chacun doit se démener pour les plus précarisés d’entre nous.

Vous avez travaillé en commun avec des associations sur cette action. Comment voient-elles le futur?

Les acteurs de terrain sont plus ou moins perdus face à cette an-nonce. Cette action n’est qu’une action de communication en vue de sensibiliser le public. Toutefois, demain, elle pourrait être un mi-roir de la réalité. Il faut savoir que

l’aide aux plus démunis, ce n’est pas que des repas. Ce sont aussi des vêtements, de l’aide sociale au sens large. Les buts sont louables, mais avec 40% de budget en moins, comment peut-on faire pour les réaliser? Chaque année, 10% de personnes en plus viennent frap-per à la porte de ces associations. Et la crise actuel ne présage pas d’amélioration.

Vous avez travaillé en parallèle sur la réduction de l’aide aux plus démunis et sur les conséquences de l’affaire Findus, qui tous deux touchent à l’assiette des consom-mateurs en général, mais aussi des plus fragilisés. Vous avez de-mandé à ce que la nourriture in-criminée soit offerte aux banques alimentaires. Pouvez-vous nous en dire plus?

L’initiative se confronte à deux élé-ments: l’étiquettage, et la chaîne du froid. L’AFSCA nous dit notamment que pour être vendu ou donné, un produit doit être parfaitement étiqueté. C’est exact, mais je me pose la question... Lorsqu’un pro-duit arrive en fi n de vie, dans les supermarchés, on lui appose un au-tocollant «Consommation rapide, -30%» ou autre, pour mentionner qu’il doit être mangé dans les jours qui viennent. Ceci est autorisé et

fréquent. Pourquoi, ici, ne pour-rait-on pas faire la même chose et poser un autocollant «Cheval» au lieu de «Boeuf»? C’est absurde de devoir tout déballer et de réim-primer des emballages, c’est même impossible! Nous avons là des pro-duits qui sont propres à la consom-mation, qui ne présentent pas de risques – l’histoire de la présence de médicaments est fi nalement restée sans suite – pourquoi ne pas les consommer? Au-delà du fait de les offrir, pourquoi ne pas même les vendre moins cher, avec la même étiquette? Cela pourrait être bénéfi que pour le consom-mateur, qui achèterait alors en connaissance de cause.

De même, la chaîne du froid... Nous avons bien conscience que l’on ne pourra pas tout sauver. Mais il reste des produits qui peuvent l’être! Grâce à des camions frigorifi ques, il serait toujours possible d’achemi-ner les denrées. Mais de grâce, ne jetons pas toute cette nourriture!

Plusieurs communes de Belgique obligent dorénavant les super-marchés à donner leur surplus. Qu’en pensez-vous? Comment élargir et améliorer cette initia-tive?

Il y a des choses à faire. Au niveau de la TVA notamment. Si un super-marché donne des denrées, il paie la TVA sur ces produits. S’il les jette dans un conteneur avec de l’eau de javel déversé dessus – ce n’est pas un fantasme, c’est la réalité, pour ainsi éviter que des gens n’aillent récupérer les aliments dans les poubelles – il n’y a pas de TVA. C’est un système qu’il faut revoir. Eventuellement prévoir une ex-ception dans le cadre de dons à des banques alimentaires. Il faut élar-gir l’initiative prise notamment à Herstal, et ouvrir le débat à ce sujet. On pourra ainsi avancer.

La viande de cheval pourrait être fi nalement distribuéeIl y a 10 jours, Marc Tarabella, député européen en charge de la pro-tection des consommateurs, ouvrit la voie en écrivant au directeur de Findus France pour «éviter qu’à la fraude ne succède le gaspillage de milliers de tonnes de nourriture alors que dans le même temps 19 millions de démunis européens ne peuvent plus se nourrir une fois par jour». Beaucoup d’associations se sont jointes à cette démarche. A présent des ministres du gouvernement allemand se rallient à la demande de l’Eurodéputé, d’autres devraient suivre. Dans le même temps, Findus confi rme avoir gardé la nourriture incriminée au frais. «Absolument rien ne s’oppose donc à la distribution» rajoute encore Marc Tarabella.

Les pertes de l’entreprise sont éva-luées à un million d’euro et une diminution de 20% du chiffre d’af-faires estime le président Findus France. Findus a accepté de ne pas jeter la nourriture incriminée. Ces tonnes de repas sont entreposées et encore surgelées.

La réaction des marques incrimi-née:«De nombreuses entreprises (Findus, Nestlé, ...) ou chaines de magasins comme Lidl ou Ikea par exemple possèdent de la viande étiquetée «boeuf» au lieu de «che-val». Certaines d’entre elles s’ap-prêtent à la jeter en expliquant que la distribuer est impossible.

Leurs arguments s’articulent au-tour de deux axes aussi faibles l’un que l’autre1. L’étiquetage demanderait un reconditionnement des produits: FAUX: rien n’empêche les distri-buteurs d’aposer une petite éti-quette comme ils le font déjà avec les promotions ou les ristournes proposées sur des produits proches de la date de péremption.A aucun moment donc, il n’est question de reconditionner le produit.

2. Distribuer cette nourriture brise la chaîne du froidFAUX: On peut très bien imaginer que Findus, Lidl et les autres dépo-sent des palettes de biens surgelés dans les associations qui font de la distributon de plats chauds . Plus solidaire encore, les boulettes Ikea, par exemple pourraient être cuites

pour une utilisation prolongée.

Que faire avec l’éventuel excédent? La viande de cheval aux démunis ET AUSSI aux munisUne autre proposition est de vendre ces produits à base de viande chevaline mais mal éti-quetés à un prix modique dans les magasins, du moment qu’il com-porte un sur-étiquetage «Viande de cheval».

Qui est responsable de ces fraudes?Sans détour: les marques incrimi-nées sont responsables des pro-duits qu’elles mettent en vente, c’est la règle absolue! Le consom-mateur a le droit de manger en toute confi ance ce pour quoi il a payé!La reglementation sur la traçabili-té est très claire. Ce qui l’est moins, ce sont les contrôles effectués par les fi rmes sur leurs propres pro-duits et la rareté de ceux-ci. De-puis les chevaux retrouvés dans les lasagnes Findus, beaucoup d’entreprises retrouvent du cheval dans leurs produits. Cela donne l’impression que pour éviter de se faire démasquer par les autorités, les groupes agro-alimentaires pré-fèrent se dénoncer eux-mêmes en utilisant comme prétextes de nou-veaux résultats d’analyses. Il fau-dra que les sanctions soient d’une sévérité absolue envers les fi rmes et leurs sous-traitants pour que les coupables et leurs complices sachent ce qu’il en coûte de mentir aux consommateurs! conclut l’Eu-rodéputé Marc Tarabella.

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SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013 5ACTUALITÉS

> RAPPORT DU SPF MOBILITÉ SUR LE TRANSPORT DU DOMICILE AU LIEU DE TRAVAIL

Moins de train, plus de voitureTous les trois ans, le SPF Mobilité collecte les données relatives à la mobilité des travailleurs entre leur domicile et leur lieu de travail. La dernière enquête remonte à 2011, et les résultats ont été publiés récemment. L’enquête s’adresse aux entreprises belges publiques et privées. Plus de dix mille réponses ont été obtenues.

BELGIQUE 2011 2008 2005

VOITURE (SEUL OU AVEC FAMILLE) 67,3% 65,6% 66,8%TRAIN 9,6% 10,5% 9,5%VELO 8,7% 8,4% 7,8%BUS, TRAM, METRO 6,5% 6,4% 5,9%COVOITURAGE 3,5% 4,1% 4,7%A PIED 2,3% 2,2% 2,4%CYCLOMOTEUR, MOTO 1,4% 1,6% 1,7%TRANSPORT COLLECTIF PAR L’EMPLOYEUR 0,8% 1,0% 1,2%

Répartition modale en Belgique (moyen de transport principal, en % des déplacements)

BELGIQUE 2011 2008 2005

PAS DE PROBLEME 55,7 52,8 52,0CONGESTION, FILES 23,6 24,5 25,3NOMBRE DE PLACES DE PARKING INSUFFISANT 22,9 24,4 25,3

TRAFIC DANGEREUX 12,0 13,5 14,2AUTRE 4,7 5,5 5,9COUT ELEVE DU PARKING POUR L’EMPLOYEUR 3,9 5,0 4,6

Problèmes de mobilité pour la voiture et la moto au niveau de la Belgique

Comment vous rendez-vous au travail?

L’enquête 2011 démontre une aug-mentation de l’usage de la voi-ture comme moyen de transport principal du domicile au lieu de travail. L’utilisation de la voiture seul (ou en famille) atteint 67,3 %. L’augmentation de l’ «autosolisme» (usage de la voiture par une seule personne, en opposition au covoi-turage) est surtout retrouvée dans les établissements ayant rempli un pourcentage très élevé d’utili-sation de la voiture (plus de 95% d’utilisation de voiture). Ce sont notamment des entreprises où peu de mesures sont prises en faveur des transports collectifs ou du vélo.

La diminution la plus importante comparée à 2008 est celle du train, alors que l’utilisation des autres transports en commun (bus, tram et métro) reste pratique-ment constante, voire augmente légèrement. Avec 9,6%, le train reste toutefois le deuxième plus important moyen de transport. Le covoiturage continue à perdre du terrain, passant à 3,5%.

L’utilisation du vélo continue à augmenter mais moins fortement qu’en 2008. Le vélo est le principal moyen de transport de 8,7% des travailleurs. Le pourcentage de tra-vailleurs qui se rendent au travail à pied (2,3%) évolue peu. L’utilisa-tion de deux-roues motorisés et de transports collectifs organisés par

l’employeur connaît, depuis 2005, une tendance à la baisse.

Plus de vélo en FlandreDans le nord du pays, la tendance à utiliser la voiture comme moyen de transport principal est plus basse. Ce en raison du succès de l’usage du vélo. Proportionnellement, près de deux fois plus de travailleurs se rendent au travail à pied en Wallo-nie qu’en Flandre. L’usage du vélo étant limité dans le sud du pays, les courtes distances y sont sou-vent parcourues à pied. De plus, le développement d’agglomérations autour de sites de production (avec de faibles distances domicile-tra-vail) joue probablement un rôle.

Plus de transports en commun à BruxellesDans les villes, l’utilisation de la voiture est souvent plus faible qu’ailleurs. Citons les exemples de la Région de Bruxelles-Capi-tale (avec 40,5% d’utilisation de la voiture seul/en famille), d’Anvers (54,4%) et de Bruges (59,4%). Cer-taines villes de moindre ampleur, comme Blankenberge (44,3%), Lierre (49,5%) et Mortsel (53,9%), obtiennent également un bon score. Cette situation n’est pas due au hasard car, dans toutes ces villes (qui disposent d’une gare ferro-viaire), tant le vélo que les trans-ports en commun jouent un rôle important.

Plus de voiture en WallonieEn Wallonie, de manière générale,

l’utilisation de la voiture est plus élevée, notamment dans des villes telles que La Louvière (87,2%) et Tournai (85,9%), mais aussi dans un grand centre urbain tel que Charle-roi (82,0%). Néanmoins, le recours à la voiture diminue dans quelques villes, comme par exemple à Otti-gnies-Louvain-la-Neuve (70,9%), Eupen (73,1%) et Liège (75,7%). Cette utilisation reste néanmoins su-périeure à la moyenne nationale.

L’utilisation du train est en recul par rapport à 2008, même s’il reste le deuxième moyen de transport utilisé pour se rendre au travail, loin derrière la voiture. Le choix du train est conditionné par de nom-breux critères. L’utilisation du train se concentre principalement dans un large rayon autour de Bruxelles, plus particulièrement à l’ouest de la capitale, où le réseau ferroviaire est le plus dense. L’offre ferroviaire limitée dans les zones plus recu-lées se traduit logiquement par un faible nombre de déplacements en train à partir de ces zones. C’est clairement le cas dans l’est du pays, notamment. L’emploi dans la ré-gion du domicile exerce un im-pact important sur l’utilisation du train. Dans les zones où le nombre d’emplois est important par rap-port au nombre d’habitants, les travailleurs sont moins disposés, surtout à Bruxelles, à parcourir de longues distances en train. Bien en-tendu, les embouteillages, l’acces-sibilité du lieu de travail à partir de la gare et l’éventuelle intervention de l’employeur jouent également un rôle dans le succès du train. Ces derniers facteurs contribuent également à la popularité du train auprès des travailleurs employés à Bruxelles.

Les cinq premières communes en termes d’utilisation du train par lieu de domicile sont les suivantes :Enghien (41,1%), Denderleeuw (40,7%), Lierde (35,8%), Silly (35,6%) et Braine-le-Comte (35,5%) soit des communes bien désservies.

Soucis de mobilité

Concernant la voiture, ce sont évi-demment les embouteillages et le manque de places de station-nement qui sont relevés comme étant les principaux problèmes

rencontrés.

Concernant le vélo, c’est la «dange-rosité du trafi c» qui est cité comme souci principal (34,1% des réponses, 59% à Bruxelles).

Dans le cas du transport collectif (principalement les transports en commun, train, tram bus), le pro-blème le plus signalé concerne la non-correspondance des horaires des transports en commun avec les horaires de travail. Il se pose le plus souvent dans le cadre du travail en équipes (trop tôt ou trop tard), d’horaires de travail irrégu-liers (trop diffi cile) ou d’horaires de travail fi xes (temps d’attente trop long).

Dans la catégories des «autres pro-blèmes», les voyageurs citent les

retards (et problèmes de corres-pondance), la capacité aux heures de pointe, ainsi que les grèves. Les horaires de travail irréguliers (qui rendent l’utilisation des transports en commun plus diffi cile) sont également souvent cités dans la rubrique «autres».

Le problème le plus signalé concerne la non-correspondance des horaires des transports en com-mun avec les horaires de travail. Il se pose le plus souvent dans le cadre du travail en équipes (trop tôt ou trop tard), d’horaires de tra-vail irréguliers (trop diffi cile) ou d’horaires de travail fi xes (temps d’attente trop long).

Le rapport complet: http://www.mobilit.fgov.be/data/mobil/Rap-portWWV_2011_FR.pdf

A vélo, en train, à pied…Kaïs vit en région montoise et travaille à Bruxelles. La mobilité, il connaît. Il fait partie de ces nombreux navetteurs qui tant bien que mal tentent chaque matin de rejoindre leur lieu de travail dans un délai raisonnable.

«Je parcours les six kilomètres qui séparent mon domicile de la gare en voiture ou à vélo. Je prends ensuite le train, sur une distance de 74 kilomètres. Ce qui doit, normalement, me prendre 1h11. Ensuite, de la gare du Nord à Bruxelles, à mon bureau, il me reste 1 kilomètre à parcourir à pieds.»

Trois heures par jour, c’est le temps que consacre ce jeune père de famille aux transports. Un parcours du combattant qui représente le quotidien de nombreux travailleurs. Kaïs fait clairement partie de ces insatisfaits du rail, usagers des transports en commun par défaut. «Mon employeur couvre mon abonnement de train, mais pas les frais de déplacement en voiture, c’est la raison pour laquelle je prends le train. Je ne compte plus les retards ni les suppressions de train, voire les deux à la fois, sur la ligne que j’utilise. Il y a un problème presque chaque jour. Par contre pour des raisons écologiques, et aussi économiques, j’essaie de parcourir à vélo la distance entre chez moi et la gare.»

L’employeur de Kaïs encourage les travailleurs à se déplacer à vélo dans Bruxelles, pour venir travailler mais aussi pour le sport ou la découverte, et accorde une indemnité vélo à hauteur de 0.20e le kilomètre.

> TÉMOIGNAGE

Les soucis de la voiture

Les embouteillages , le manque de place de parking incitent les Belges qui vivent dans des régions bien équipées en transports en commun (comme ici Bruxelles) à moins utiliser la voiture.

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6 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013 UNION BELGE DES OUVRIERS DU TRANSPORT

Le savoir c’est le pouvoir!Les militants de l’UBOT – secteur Transport routier & Logistique viennent de terminer le deuxième volet de la formation UBOT S-Cool.

Ce deuxième volet, de deux jours de formation successifs, a été l’oc-casion d’aborder un vaste éventail de thèmes.

Des sujets généraux ont été ap-profondis, tels que le levage er-gonomique de charges, le travail intérimaire et le chômage. Mais des matières spécifi ques aux sec-teurs ont également été examinés, comme le plan de sécurité de la compagnie De Lijn, les contrôles du respect des conventions collectives par Via-Soc, la problématique de la capacité professionnelle imposée par l’Europe aussi bien au secteur des bus et des cars qu’à celui du transport de marchandises, la classifi cation des fonctions du personnel non roulant et le calcul des salaires du personnel roulant.

Pour ces formations, nous avons eu la chance de pouvoir faire appel à des spécialistes des différents fonds sociaux, des services de chô-mage de la FGTB et des sociétés De Lijn et Via-Soc, ainsi qu’à des kinésithérapeutes, à Pascale Wir-ken (experte en travail intérimaire de la Centrale générale de la FGTB) et bien entendu à notre propre per-sonnel de l’UBOT.

Le 21 février, les trois syndicats ont manifes-té à Bruxelles à l’initia-tive de la FGTB pour la sauvegarde du pouvoir d’achat des travailleurs et des allocataires so-ciaux.

Le ministre libéral des Pensions, De Croo, avait en effet bloqué l’accord diffi cilement négocié sur le relèvement des allocations sociales, des salaires minimums et des salaires jeunes. Comme les libéraux nous avaient déjà im-posé le gel des salaires, la coupe était pleine. Même si d’aucuns ont qualifi é d’irrespon-sable la manifesta-tion organisée par les

syndicats, plus de 40.000 travailleurs sont venus à Bruxelles. Et parmi eux une marée rouge, dont une importante délégation de l’UBOT. Pour donner un message clair : Pas touche aux salaires et à l’index!

Après les chauffeurs roumains, polonais et slovaques… voilà les chauffeurs philippins!

La revue Truckstar a été la première à publier la nouvelle qui s’est depuis lors très vite répandue dans le secteur du transport: l’entreprise Dinotrans enregistrée en Lettonie recrute des chauffeurs philippins pour ses transports internationaux en Europe de l’Ouest et en Scandinavie. Dinotrans est une entreprise de transport allemande/lettonne qui roule pour le compte de grands donneurs d’ordre tels que DHL, Schenker, Kühne & Nagel.

D’après Frank Moreels, secrétaire fédéral de l’UBOT, il s’agit d’une évolution extrêmement inquiétante: «Le recrutement de travailleurs asiatiques par des entreprises occidentales est un phénomène rencontré jusqu’ici uniquement dans la marine marchande. Son apparition dans le transport routier est une évolution plus qu’inquiétante.»

Depuis novembre 2012, la fi rme Dinotrans recrute des chauf-feurs par l’intermédiaire d’une agence intérimaire philip-pine. Sur le site de cette agence, on recherche des chauffeurs qui parlent l’anglais et ont une expérience de chauffeur de poids lourd d’au moins trois ans. L’annonce réclame également une bonne santé et le sens des responsabilités.

Esclaves modernes

Frank Moreels: «L’ouverture des frontières en Europe et l’adhésion des pays de l’Europe de l’Est, sans prévoir une harmonisation fi scale et sociale, a mis les conditions de salaire et de travail sous lourde pression. Le secteur du transport a été pris dans une spirale à la baisse qui a causé d’énormes dégâts sociaux et économiques au secteur. Avec le recrutement de chauffeurs asiatiques, on franchit une nouvelle étape dans cette spirale néfaste qui ébranle com-plètement les rapports dans le transport routier. Où cela va-t-il s’arrêter?»

Les salaires payés aux chauffeurs philippins seront sans aucun doute encore plus bas que les salaires des chauffeurs de l’Europe de l’Est, déjà largement inférieurs à ceux des chauffeurs de l’Europe occidentale. L’argument invoqué pour le recrutement de ces chauffeurs est la pénurie im-portante de chauffeurs. Vu les chiffres actuels du chômage en Europe, cet argument ne tient pas la route. En réalité, si pénurie il y a, c’est une pénurie de main-d’œuvre au rabais, une pénurie d’esclaves modernes.

Quand l’Europe se réveillera-t-elle

Le recrutement de chauffeurs philippins signifi e un nou-veau camoufl et pour le transport routier en Europe et un nouveau pas dans l’exploitation et le dumping social.

Pour Frank Moreels, les choses sont claires: «C’est une nouvelle preuve que l’Europe doit sortir du rêve néolibéral et entreprendre d’urgence des actions pour parvenir à une harmonisation sociale et fi scale permettant à tout le monde en Europe de lutter à armes égales. Il faut la volonté poli-tique pour mettre fi n à cette évolution néfaste et protéger le marché européen contre la régression sociale initiée depuis de nombreuses années. Nous attendons également un peu plus de combativité de la part de la section Transport de l’ETF, le syndicat européen des ouvriers du transport. Elle a été interpelée et nous attendons maintenant d’elle qu’elle passe à l’action.»

La FGTB ne se laisse pas mettre sur la touche!

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SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013 7ACTUALITÉS

Ouvriers, employés et techniciens manifestent ensemble en 1960-61

Sous la chemise des cols blancs bat un cœur rouge comme le prouve le combat actuel des Liégeois pour sauver leur sidérurgie et ses milliers d’emplois. Ici Francis Lallemand, Egidio Di Panfi lo et Patrick Masson lors de la manifestation le 26 octobre 2011 à Seraing.

> HISTOIRE DU SECTA LIÈGE (ET D’AILLEURS)

Cols blancs cœur rougeSous le titre «Cols blancs cœur rouge», la régionale SETCa de Liège-Huy-Waremme, en collaboration avec l’Institut d’histoire ouvrière économique et sociale (IHOES), a publié à l’occasion de son congrès du 12/12/2012 un ouvrage qui retrace l’histoire du syndicalisme des cols blanc à Liège depuis le XIXe jusqu’à nos jours. Y sont abordées les questions d’avenir plus générales telles que le mouvement de concentration et de fusion des centrales compte tenu de l’évolution du monde du travail mais aussi du rapprochement des statuts d’ouvrier et d’employé.

Si le Syndicat des Employés Tech-niciens et Cadres, plus connu sous le sigle «SETCa» est né en 1949, il plonge naturellement ses racines bien plus profond dans l’histoire sociale de notre pays. Les premiers syndicats d’employés socialistes voient le jour dès la fi n du XIXe siècle.

«Prolétaires en redingote»On faisait alors la distinction entre «les travailleurs du muscle»: les ouvriers, et les «travailleurs du cerveau»: les employés. Au XIXe, ces derniers en costume cravate ou nœud pap étaient assimilés à la bourgeoisie. Ils n’étaient dans l’industrie que quelques pourcents des travailleurs. Leurs conditions de vie étaient a priori meilleures que celles des ouvriers, mais mal-gré le costume, ils restaient «des prolétaires en redingote». Ils ne tardèrent d’ailleurs pas à fonder leur(s) syndicat(s).

Aujourd’hui, le Syndicats des em-ployés techniciens et cadres est l’une des plus grosses centrales professionnelle de la FGTB. Elle est présente dans tous les secteurs et à ce titre est de tous les combats aux côtés des ouvriers avec qui les employés partagent le même sort quand il y a des diffi cultés. Sous la chemise des cols blancs bat donc un cœur rouge comme le prouve le combat actuel des Liégeois pour sauver leur sidérurgie et ses mil-liers d’emplois.

L’ouvrage publié par le Setca Liège retrace ainsi l’histoire du syndicat à travers une série de confl its exem-plaires à Liège (Val-Saint-Lambert, le Grand Bazar, Memorex, Arcelor-Mittal…) sous forme de contribu-tions de chercheurs et historiens de divers horizons. Mais il élargit le champ en consacrant plusieurs chapitres à la réfl exion sur le de-venir de l’organisation syndicale dans la perspective d’une harmo-nisation des statuts d’ouvrier et d’employé (voir notre dossier en pages 8 & 9).

Un rapprochement au fi l du tempsAinsi sous la plume d’Aurélie Mortier, on remonte aux origines de la distinction entre les lois sur les contrats d’emploi des ouvriers (1900) et des employés (1922). Les différences de traitement des ou-vriers et des employés sont nom-breuses. Elles se sont cristallisées dans les textes de loi et s’y sont si profondément enracinées que «la brusque suppression de la division des deux statuts entraînerait la réorganisation complète des cen-trales professionnelles et mettrait à mal nombre de conventions collectives» dit l’auteure. Mais au fi l du temps, les statuts se sont néanmoins rapprochés même si ces avancées au profi t des ouvriers restent encore timides.

Mateo Alaluf se penche quant à lui sur l’évolution sociologique du monde du travail et des concepts

de classe ouvrière et de salariat. La classe ouvrière, rappelle-t-il, n’a jamais été homogène. La re-présentation qu’en ont faite le mouvement ouvrier organisé «a de tous temps plus correspondu à la mythologie ouvriériste qu’à la réalité historique». Les employés ont pris dans cette classe ouvrière de plus en plus de place avec la tertiarisation de l’économie, l’aug-mentation du niveau d’instruction, la féminisation de l’emploi. Sans parler des «nouveaux agencement de travail qui ont profondément modifi é la fi gure de l’entreprise», à savoir l’externalisation d’une série de tâches et la sous-traitance.

M. Alaluf, constate que les ouvriers ont conquis des droits et qu’ils partagent fi nalement avec les employés la même condition sa-lariale et que donc le clivage entre ouvrier et employé «est à présent dénué de signifi cation». Mais aussi qu’il y a bel et bien «une classe ouvrière» qui désigne «la capacité des travailleurs de divers métiers, régions et pays de donner, par delà les clivages et les cloisonnements, une communauté d’objectifs et de destin».

Evolutions et réfl exionsCertes. Mais la capacité de se donner ces objectifs est intime-ment liée à l’organisation et aux structures qui en découlent. Or, le rapprochement, ou l’harmonisa-tion des statuts remet en question l’organisation historique des tra-vailleurs sur base de leur métier. Jean Faniel, chercheur au Centre de recherches et d’information so-cio-politiques (CRISP) se penche sur la question de l’évolution des structures syndicales. Les syndi-cats se sont organisés sur une base professionnelle. Au fi l du temps, ces syndicats ont fusionné pour former des centrales profession-nelles dont certaines regroupent tellement de métiers et de secteurs qu’elles en sont devenues de vé-ritables «interprofessionnelles».

Le syndicat des employés repose, lui, sur le type de contrat de travail sous lequel ses membres sont occu-pés, à savoir le contrat d’employé. Les structures syndicales forgées au gré des circonstances, des évo-lutions socio-économiques et des réalités de terrain avec des spécifi -cité (sous)-régionales sont devenus complexes «et souvent synonymes de confusion pour les observateurs extérieurs, voire pour nombre d’affi liés eux-mêmes», écrit Jean Faniel. «Réformer les structures syndicales afi n de les rendre mieux adaptées aux problématiques ac-tuellement rencontrées par les syndicats, plus lisibles pour les affi liés et globalement plus effi -caces, paraît donc souhaitable.» dit le chercheur.

Suit une série de scénarios pos-sibles allant du statu quo à la

concentration à la scandinave en trois grandes centrales: services publics, travailleurs de l’industrie et travailleurs des services, avec des variantes… y compris pour la coupole interprofessionnelle soit ramenée au rang de 4e roue de la charrette pour ne pas dire 5e, soit au contraire comme une véritable coupole et même un scénario as-sez improbable de fusion des cen-trales d’employés socialistes et chrétiennes.

En conclusion, Egidio Di Panfi lo,

Secrétaire général du SETCa Liège-Huy-Waremme, espère en publiant cet ouvrage historique «susciter l’envie d’aller plus loin et que ce travail de pionnier soit un point de départ à d’autres recherches». Il en-tend aussi que ce livre puisse servir «de base pour des discussions et des débats avec nos militants sur l’avenir du syndicalisme». Etant entendu que «l’ensemble – ajoute Egidio Di Panfi lo reprenant une image empruntée à une centrale ouvrière - constitue une pierre brute qu’il nous reste à tailler».

Index santé de février 120,27

Leçon inaugurale de René MouriauxDirecteur de recherche honoraire de la Fondation nationale des Sciences politiques

Radiographie et prospective du syndicalisme au XXe siècle Actualité et conditions de l’indépendance syndicaleJeudi 7 mars 2013 à 18h - ULB Campus du SolboschInstitut de sociologie, bât. S, Salle Dupréel , 44 Av. Jeanne, 1050 Bruxelles

Leçons suivantes: bâtiment H, auditoire 2215 - 18h à 20hCauses de l’impuissance syndicale contemporaine: économiques, sociologiques, politiques et idéologiques - 11 marsLa stratégie du patronat et des pouvoirs publics: intégrer - 12 marsDépasser les modèles pan-syndicaliste, léniniste, social-démocrate pour construire l’égalité syndicat/parti - 13 marsUn projet syndical du XXIe siècle, ni libéral, ni «populiste». Les trois A: anthropo-écologie, altermondialisme, autogestion - 14 marsConjuguer réforme et visée transformatrice - 15 mars

Informations: [email protected]

> CHAIRE FGTB DE L’ULB

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DOSSIER8 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

LE PROJET D’ACCOCONCERTATION SOCIALE

Au XIXe, entre la gueule noire en sarreau et sabots qui émergeait de son puits de mine et le comp-table en col blanc qui sortait tout propre de son bureau, la différence était évidente. Le premier appartenait à cette «populace», tantôt amorphe, tantôt explosive dont il fallait se méfi er et main-tenir à sa place mais dont on avait malgré tout besoin.

Le second s’imaginait appartenir à la bourgeoisie qui avait tout intérêt à le laisser croire. Il était donc préférable de chouchouter l’employé ins-truit, plus rare.

La main d’œuvre ouvrière abondante et misé-rable devait s’estimer heureuse de décrocher un travail. Il n’était pas nécessaire de la fi déliser, ni par le salaire, ni par la sécurité de l’emploi. Mais il fallait par contre la protéger d’elle-même, de son manque de prévoyance. Ces clichés et préjugés sur le monde ouvrier ont la peau dure et se sont insinués entre les lignes de notre droit social et s’y sont incrustés.

Aujourd’hui, la distinction entre ouvrier et em-ployé a perdu son sens. La distinction entre tra-vail manuel et intellectuel est de plus en plus diffi cile à faire compte tenu de l’évolution des technologies et du degré d’éducation des gens. Un magasinier qui gère les stocks dans un entrepôt avec un ordinateur est-il un manuel ou un intel-lectuel? Ouvrier ou employé ? Bref, il n’y a plus de raisons objectives de traiter différemment les travailleurs selon des critères qui appartiennent au passé.

D’un point de vue purement juridique, tous les citoyens sont supposés égaux devant la loi. C’est ce principe constitutionnel qui a poussé la Cour Constitutionnelle à juger illégales les discrimina-tions entre ouvrier et employé en ce qui concerne spécifi quement les délais de préavis et le paie-ment du salaire en cas de maladie. La Cour a fi xé un ultimatum au 8 juillet 2013 pour résoudre cette question.

Mais l’harmonisation de statuts différents ancrés dans notre histoire et dans une réglementation sociale à la fois complexe, touffue et évolutive depuis un siècle n’est pas facile et les implications juridiques et fi nancières sont aussi importantes. Du point de vue syndical, il est en tout cas exclu de déshabiller Paul pour habiller Jean ou d’en déshabiller l’un sans pour autant rhabiller l’autre comme voudrait le faire le patronat.

La concertation sociale déjà mal embarquée en ce qui concerne les salaires, doit normalement se saisir de la question. Mais les points de vue patronal et syndical sont aux antipodes.

Il est sans doute utile de faire un arrêt sur image de la situation actuelle et des thèses en présence.

> 8/07/2013

L’ultimatumLe contrat de travail des ouvriers a fait pour la première fois l’objet d’une loi en 1900. Le contrat de travail des employés n’a été régle-menté que 22 ans plus tard. Depuis lors les deux statuts ont coexisté et évolué séparément.

On aurait pu continuer ainsi en-core pendant un siècle si un cer-tain M. Deryckere, ouvrier licencié le 3 avril 2008 par son employeur la S.A. Bellerose, n’avait pas porté l’affaire devant le tribunal du Tra-vail de Bruxelles pour licenciement abusif. L’ouvrier licencié qui n’a reçu

qu’un préavis de 28 jours après plus de 6 ans de travail réclame à son employeur une indemnité de 6 mois de salaires comme les employés à ancienneté égale. Il conteste en outre la soustraction de jours de maladie que l’employeur avait comptés comme «jours de carence», c’est-à-dire des jours de maladie non rémunérés.

Le Tribunal du Travail est bien em-bêté car la différence de traitement entre ouvriers et employés est bien inscrite dans la loi de 1978 sur les contrats de travail mais elle serait

contraire aux articles 10 et 11 de la Constitution «du Peuple belge». Il renvoie donc la patate chaude à la Cour Constitutionnelle sous forme de «question préjudicielle». La Cour constitutionnelle est en effet char-gée de trancher les questions de droit quand il y a confl it entre les normes.

Elle est elle aussi bien embêtée. On lui avait déjà posé la question en 1993 mais elle l’avait esquivée en renvoyant la patate au législateur qui s’est bien gardé de la rattraper. On a mis la question à l’étude et

Art. 10 - Il n’y a dans l’État aucune distinctionArt. 11 - La jouissance des droits et libertés rec

Discriminations

Maladie et jour de carence

L’employéL’employé qui tombe malade a droit – sans conditions d’ancienneté

- à sa rémunération payée par l’employeur pendant les 30 premiers jours de maladie et cela dès le 1er jour. Ensuite il tombe sous le régime de l’assurance maladie.

Hors période d’essai, la rémunération pendant les 30 premiers jours est égale à 100% du salaire.

L’ouvrierL’ouvrier qui tombe malade mais dont la durée d’incapacité n’atteint pas 14 jours, n’a son salaire garanti qu’à partir du 2e jour d’incapacité. le premier jour n’est ni indemnisé par l’employeur, ni par la mutuelle.

C’est ce que l’on appelle «le jour de carence». En pratique, le jour de carence a fait l’objet de nombreux aménagements sectoriels. En sidérurgie ou dans la chimie, par exemple, il a été supprimé. Dans certains secteurs on a supprimé un ou deux ou trois jours de carence par année calendrier. Parfois sous conditions d’ancienneté. Et parfois même le nombre de jours de carence payés par l’employeur augmente avec l’an-cienneté comme dans les cinémas où les deux premiers jours de carence par an sont payés et un troisième y est ajouté après 15 ans d’ancienneté.De plus, l’ouvrier qui n’a pas une ancienneté d’au moins un mois dans l’entreprise, n’a droit à aucune rémunération garantie en cas d’incapacité.

Après un mois d’ancienneté, la rémunération payée par l’employeur n’est pas de 100%:

Du 1er au 7e jour 100%8e au 14e jour 85,88%Du 15e au 30e jour 85,88% de la rémunération subdivi-

sée comme suit: • 60% à charge de la mutuelle • un complément de l’employeur de

25,88% de la partie de la rémunéra-tion qui ne dépasse pas le plafond fi xé par l’AMI

• 85,88% de la rémunération qui dé-passe ce plafond

Délais de préavis

La question des délais de préavis est bcompliquée aussi à résoudre. Il faut en- entre le préavis donné par l’employeu

étant entendu que le travailleur qui dcourt que lorsqu’il reçoit son C4;

- entre les travailleurs en période d’es- entre les contrats de travail dont l’exé

2012 ou après le 1er janvier 2012, date dles délais de préavis;

- entre le statut des ouvriers avec de celui des employés;

- entre les employés selon leur niveau

Les ouvriersEn règle générale, les ouvriers r

- au minimum de la CCT 75 durogations sectorielles),

- améliorée par la loi du 12 avri2013 pour les contrats exécut

- améliorable par convention sectorie

Préavis donnépar l’employeu

Contrats ayant

pris cours avant

1/01/2012apr

1/01/

Ancienneté Moins

de 6 mois 28 jours 28 jo

De 6 mois à - de 5 ans 35 jours 40 jo

De 5 à - de 10 ans 42 jours 48 jo

De 10 à - de 15 ans 56 jours 64 jo

De 15 à - de 20 ans 84 jours 97 jo

20 ans et plus 112 jours 129 j

L’allocation de licenciementMaigre compensation: l’ouvrier licenallocation de licenciement de 1250 el’ancienneté si le contrat a pris cours

Les employésRecevoir son C4 ne fait jamais

quand même de meilleures coDepuis le 1er janvier 2012 de nou

selon le niveau de rémunératio

Ouvriers – employés: deux poids deux La Constitution belge

Les principales discriminations entre ouvriers et em-ployés pointées par la Cour Constitutionnelle portent sur les délais de préavis et le jour de carence. Quelles sont-elles?

Rémunération annuelle inAncienneté

Moins de 5 ansPar tranche de 5 ans

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SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013 9DOSSIER

ORD INTERPROFESSIONNEL

les choses sont restées en l’état. Il faut dire que cela relève de la concertation sociale et sur ce sujet, les points de vue entre employeurs et syndicats ne sont pas vraiment convergents.

Remise une fois de plus au pied du mur, la Cour Constitutionnelle est toujours bien embêtée mais elle est cette fois dans l’obligation de tran-cher à tout le moins sur la question qui lui a été posée, c’est-à-dire sur les délais de préavis et les jours de carence. Dans son arrêt du 7 juillet 2011, elle arrive à la conclusion que

la discrimination entre ouvriers et employés est contraire à l’égalité devant la loi prévue dans la Consti-tution. Mais consciente des impli-cations en cascade de cet avis en termes d’insécurité juridique (tous les ouvriers du pays licenciés peu-vent contester les termes de leur licenciement) et en termes fi nan-ciers pour les employeurs, la Cour renvoie une fois de plus la question au législateur en lui laissant un délai d’un an pour trouver une solution. Le 8 juillet 2013, donc, la question doit être réglée…

n d’ordres. Les Belges sont égaux devant la loi.connus aux Belges doit être assurée sans discrimination.

beaucoup plus compliquée, donc plus n effet faire la part des choses: ur et le préavis donné par le travailleur démissionne à un délai de préavis plus

sai et ceux qui l’ont dépassée;écution a commencé avant le 1er janvier d’entrée en vigueur de la loi modifi ant

nombreuses variantes sectorielles et

u de rémunération.

relèvent u Conseil national du Travail (sauf dé-

il 2011 qui allonge les délais de 15% dès tés après le 1er janvier 2012, elle.

ur

Préavis donné par le travailleur

rès /2012

avant 1/01/2012

après 1/01/2012

ours

14 jours

ours

ours

ours

ours

ours 28 jours

ncié (sauf faute grave) a droit à une uros (voire jusqu’à 3.750 euros selon avant le 1/01/2012) exonérée d’impôt.

plaisir mais les employés bénéfi cient onditions de préavis que les ouvriers. uvelles règles ont été fi xées différentes on.

Rémunération annuelle entre 32.254e et 64.508e Ancienneté Délai de préavis

Moins de 3 ans 91 jours3 à 4 ans 120 jours4 à 5 ans 150 jours5 à 6 ans 182 jours

6 ans et plus 30 jours par année d’ancienneté commencée

Les autres différencesLa Cour Constitutionnelle ne s’est prononcée que sur les délais de préavis et les jours de carence, mais il existe d’autres différences importantes entre les statuts d’ou-vrier et d’employé qui rendent le rapprochement des statuts d’autant plus complexe.

La période d’essai

Pour les ouvriersLa période d’essai s’étend de 7 à 14 jours. Aucun préavis n’est possible pour l’ouvrier durant les 7 premiers jours de la période d’essai.

Pour les employésLa période d’essai peut s’étendre de 1 à 12 mois. En cas de rupture pendant la période d’essai, un préavis de 7 jours est prévu, mais il

ne peut prendre fi n avant le dernier jour du premier mois d’essai.

Le pécule de vacances

Pour les ouvriersPour les ouvriers, le simple pécule (salaire pour les jours de vacances) et le double pécule (prime de vacances supplémentaire) sont payés

par une caisse de vacances indépendante, quel que soit l’employeur, sur base des rémunérations (15,38% des rémunérations brutes portées

à 108%) de l’année précédente (primes comprises).

Pour les employésL’employeur paie le simple pécule (100% du salaire) et le double pécule (92% du salaire) sur base du salaire mensuel ordinaire (hors

primes ou heures supplémentaires). En cas de licenciement, l’employé reçoit son pécule de vacances en même temps que son indemnité de licenciement. Mais si l’employeur est défaillant, en cas par exemple de faillite, l’employé n’est sûr de recevoir son pécule que si la liquidation permet de payer les créanciers prioritaires.

Le paiement du salaire

Pour les ouvriers Le salaire est généralement payé tous les 15 jours. L’ouvrier est payé

à l’heure.

Pour les employésLe salaire est payé chaque mois. L’employé a un salaire fi xe tous les mois sur base d’un temps de travail défi ni.

Comment harmoniser les statuts?«Harmoniser», rapprocher, cela peut se faire en sens divers: vers le bas, vers le haut, à mi-chemin, etc. La question est à l’ordre du jour de la concertation sociale tripartite patrons-gouvernement-syndicats. Mais il sera diffi cile d’harmoniser les points de vue.

La position de la FGTBLa position syndicale est qu’il faut harmoniser les statuts par le haut. Pour ce qui est du jour de carence, il faut poursuivre les efforts des secteurs pour le supprimer. Cela relève de la négociation collective.Pour les préavis: la règle de base doit être de 3 mois par tranche de 5 ans d’ancienneté pour tous comme pour les employés sous le seuil de 32.254 euros/an.

Pour tous les travailleurs au dessus de ce plafond, il est indiqué d’aboutir après une période transitoire à un préavis de 1 mois par année d’ancienneté. Le coût de cette mesure pourrait être mutualisé sur le modèle du Fonds de Fermeture des entreprises.

La position de la FEB Pour la Fédération des Entreprises de Belgique, en ce qui concerne les préavis il est impensable d’harmoniser par le haut ni même «de couper la poire en deux». L’organisation patronal prône un système avec une base minimale interprofessionnelle et un plafond fi xé par la loi avec une marge de négociation sectorielle entre les deux.

Pour le jour de carence, Pieter Timmermans suggère soit de le sup-primer pour tous, soit… de l’appliquer à tous.

«Hire and Fire»: le rêve patronalLes délais de préavis sont destinés à laisser au travailleur licencié le temps de se retourner, de chercher un nouvel emploi en lui garantissant un revenu dans cette période char-nière. Ils peuvent avoir comme effet de décourager le licenciement. Cet effet-là gêne les employeurs. Pourtant la Belgique se montre assez souple de ce côté-là. Au point d’en faire un argument d’attractivité pour les investisseurs étrangers au même titre que les intérêts notionnels et le taux effectif de l’impôt des sociétés bien en deçà du taux facial.La Belgique paradis fi scal, serait aussi un paradis antisocial. Dans un pros-pectus édité par l’Association belgo-japonaise & Chambre de commerce on peut lire en toutes lettres: «Une étude de la Banque mondiale sur la réglementation des affaires a mon-tré que la Belgique est l’un des pays d’Europe les plus accueillants en ce qui concerne l’embauche (en anglais hiring) et le licenciement (fi ring) des travailleurs.»

Tableau à l’appui: (plus bas est le score, mieux c’est pour les affaires)

BE DE FR NL GBRigidité de l’emploi 17 42 52 42 10Diffi culté d’embauche 11 33 67 17 11Rigidité des horaires 40 53 60 40 20Diffi culté de licencier 0 40 30 70 0Couts du licenciement (en semaines de salaire) 16 69 32 17 22

mesures

nférieure ou égale à 32.254e Préavis donné par l’employeur

3 mois3 mois

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10 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

> POINT DE VUE

Bloquez les participations aux bénéfi ces, pas les salairesLa manifestation du 21 février était particulièrement grande. Une véritable marée humaine, partie du Botanique et qui est passée par les artères centrales de Bruxelles.

C’est donc là qu’ils étaient, tous ces travailleurs déraisonnables, avec leurs exigences bien trop élevées, tous ces syndicalistes irrespon-sables qui ne veulent pas comprendre que c’est la crise.

Déraisonnables parce qu’ils veulent mener des négociations libres dans les secteurs et les entreprises pour une rétribution décente et correcte de leur travail. Parce qu’ils n’acceptent pas que l’on affaiblisse l’index et donc aussi leur pouvoir d’achat. Parce qu’ils veulent des investissements pour plus d’emplois et des emplois de qualité. C’est pour ces raisons que les employeurs et leurs acolytes politiques les stigmatisent comme étant des irresponsables et des déraisonnables.

Pourtant, les travailleurs ne sont quand même pas si déraisonnables que ça lorsqu’ils veulent que les allocations sociales soient un peu augmentées, que le salaire minimum interprofessionnel soit quelque peu amélioré et que les salaires jeunes particulièrement discrimi-natoires soient supprimés. D’autant plus que le patronat le voulait aussi, cela avait été convenu. Sauf que le gouvernement a trainé durant des mois pour mettre en œuvre l’accord. Rien d’étonnant dès lors de protester.

On ne peut pas non plus dire que notre demande de pouvoir négocier des augmentations salariales dans des secteurs et des entreprises où il y a de la marge soit si déraisonnable que ça. Car il y a encore toujours beaucoup de trop petits salaires. Même dans des secteurs forts comme celui de la chimie. Le salaire minimum y est d’à peine 10 euros de l’heure, brut, entendons-nous bien. Un parent avec deux enfants qui travaille pour un tel salaire doit essayer de s’en sortir avec environ 1300 euros par mois.

Il n’est dès lors pas déraisonnable que des travailleurs s’opposent à la modération salariale et aux diminutions du pouvoir d’achat. Les salaires ne doivent pas être bloqués pour restaurer notre com-pétitivité, cela aurait d’ailleurs l’effet inverse. Les bonus des chefs d’entreprises et les participations aux bénéfi ces pour les actionnaires, voilà ce qui doit être bloqué. La fameuse loi sur la compétitivité dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée dit d’ailleurs que des efforts doivent aussi être faits de ce côté-là. Sauf que pour ça, on reste sourd.

Non donc, il n’y a rien de déraisonnable aux demandes pour les-quelles 40.000 personnes sont descendues dans les rues. C’est pour cela que nous continuerons d’appuyer ces demandes. Durant les semaines à venir, nous composons les cahiers de revendications pour les négociations des conventions collectives de travail sectorielles. En ayant bien en vue la situation économique de chaque secteur, mais aussi avec comme ferme objectif d’améliorer les salaires et les conditions de travail.

Pour cela, il faut pouvoir négocier librement. Si nous ne disposons pas de cette liberté, la paix sociale sera mise sous pression dans les secteurs et les entreprises.

24 février 2013

Paul Lootens Alain ClauwaertSecrétaire général Président

Le matin de la manifestation du 21 février, la Centrale Générale de la FGTB avait organisé en parallèle d’autres actions visant à renfor-cer le mouvement. Notamment devant diverses fédérations pa-tronales de nos secteurs comme la fédération de l’intérim, du verre, de la transformation du papier, de la construction sans oublier la fédération des entreprises de Belgique, la FEB.

Nous avons récemment infor-mé les fédérations patronales qu’elles recevront prochaine-ment un cahier sectoriel de re-vendications dont l’objectif sera de récompenser les efforts des travailleurs. Nous leur disons très clairement qu’en cas de re-jet, nous ne garantirons plus la paix sociale. Nos actions devant les fédérations patronales avaient pour but de renforcer ce message.

Suite au lobby patronal, le gou-vernement veut s’emparer de la concertation sociale et geler les salaires. Dans un tel contexte, il sera impossible de négocier des meilleures conditions de travail. Le message est clair : s’il y a gel des salaires, la paix sociale sera au frigidaire. Nous avons sym-bolisé nos propos en offrant aux fédérations patronales un bloc de glace.

Une action était également me-née devant la Bourse de Bruxelles. Un lieu hautement symbolique quand on sait qu’une fois de plus, les travailleurs seront les seuls à trinquer et que les actionnaires seront encore épargnés. Nous demandons des mesures plus équitables de la part du gouver-nement. Qu’il arrête le gel des salaires et qu’il bloque les par-ticipations aux bénéfi ces et les bonus.

La manifestation a attiré 40.000 personnes à Bruxelles. Une véri-table marée humaine qui a donné un signal fort aux employeurs et au gouvernement. Nous n’accep-terons pas d’être mis au pied du mur. Nous voulons pouvoir négo-cier librement dans les secteurs et les entreprises pour assurer des revenus justes pour tous, pour maintenir la paix sociale et enfi n sortir de la crise.

> JOURNÉE D’ACTIONS DU 21 FÉVRIER

Un cadeau «glacé» aux fédérations patronales

Page 15: FGTB - Syndicats N°4

SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013 11

Herman Baele: C’est déjà la qua-trième fois que nous procédons de la sorte. Nous envoyons l’enquête à tous nos affi liés qui travaillent dans une entreprise du secteur de la chimie dans laquelle il n’y a pas d’accord d’entreprise sur les salaires et les conditions de travail. Il s’agit principalement de petites entreprises, mais pas exclusive-ment.

PARTICIPATION

Et pourquoi précisément ce groupe?

Herman Baele: Parce qu’ils dépen-dent totalement des accords qui se-ront conclus lors du nouvel accord sectoriel. Il s’agit des conditions minimales et ces gens doivent y participer étant donné qu’ils ne pourront pas négocier d’autres conditions, meilleures, dans leur entreprise. Pouvoir faire part de leurs attentes lors des négocia-tions sectorielles est donc pour eux d’une importance capitale.

Cela aura des effets?

Herman Baele: Les questions prioritaires qui ressortiront de l’enquête seront de toute façon reprises comme fi l rouge lors des négociations sectorielles. Nous donnons la parole à ces gens dans notre processus décisionnel, car vous ne pouvez pas oublier que bon nombre d’entre eux travaillent

dans des petites entreprises, sans délégation syndicale. Nous leur donnons un moyen de s’exprimer directement. Et le conseil syndical qui compose le cahier de reven-dication en tient naturellement compte.

Mais est-il déjà arrivé que des at-tentes apparues lors de l’enquête se soient effectivement concré-tisées?

Herman Baele: Bien sûr. Deux exemples. Nous avons obtenus deux jours d’ancienneté supplé-mentaires afi n de rendre le tra-vail plus humain. Le nombre de travailleurs exigé dans une entre-prise afi n de pouvoir installer une délégation syndicale a été réduit à 25 au lieu de 30.

CAHIER DE REVENDICATIONS

La question est de savoir s’il sera possible d’obtenir grand chose maintenant que le gel des salaires est imposé. Vous ne pourrez pas demander beaucoup?

Herman Baele: Cela doit encore être déterminé. Dans le secteur de la chimie, nous déposerons en front commun syndical un cahier de revendications traditionnel, et celui-ci aborde aussi la question de l’amélioration des salaires. Cela signifi e que les salaires bruts, les avantages extra-légaux et les

trouvailles parafi scales ne consti-tuent pas la base pour une bonne convention collective de travail. Le secteur réalise encore toujours des bénéfi ces, les actionnaires sont toujours généreusement récom-pensés, il est donc naturel que les efforts des travailleurs soient eux aussi récompensés, y compris dans les petites entreprises. On dit toujours que les salaires sont bons dans le secteur de la chimie, mais il faut savoir que le salaire mini-mum est d’à peine 10 euros brut de l’heure. Avec ça, vous n’allez pas loin.

Voyez-vous des possibilités d’ob-tenir un bon accord?

Herman Baele: Beaucoup de choses vont naturellement dé-pendre du gouvernement. Il de-vrait comprendre qu’il faut au minimum faire quelque chose pour les minima. Je le répète, les bénéfi ces pour l’ensemble du sec-teur sont assez importants afi n de pouvoir faire quelque chose pour le pouvoir d’achat des travailleurs. On veut améliorer la compétitivité des entreprises, mais pour cela, on ne prend en compte que les salaires conventionnels, on ne regarde pas les salaires individuels qui tom-bent en dehors des conventions collectives de travail, ni des bonus, des dividendes. Ca ne va pas. Celui qui grâce à son travail assure la production a le droit de recevoir une partie équitable du gâteau.

D’ailleurs de bons salaires sont dans l’intérêt de chacun, y compris pour l’ensemble de l’économie et on sait que la chimie joue un rôle central dans l’économie. Le pouvoir d’achat est et reste un moteur pour relancer l’économie et donc aussi pour créer des emplois. Mais ef-fectivement, les négociations s’an-noncent particulièrement dures, ça c’est clair. Et s’il n’y a pas d’écoute pour mener une concertation sé-rieuse, cela mettra la paix sociale en danger.

Conclusion: les travailleurs ont tout intérêt à participer à l’en-quête.

Herman Baele: Pas besoin de les

convaincre. Nous recevons toujours beaucoup de réponses et il n’en sera pas autrement aujourd’hui. Les travailleurs des petites entre-prises veulent vraiment partici-per au fonctionnement syndical. Ils demandent des informations, ils s’inscrivent à notre newslet-ter et grâce à cette enquête, ils s’adressent beaucoup plus à leur syndicat pour y demander aide et assistance. D’ailleurs, si un tra-vailleur devait ne pas avoir reçu l’enquête, il peut toujours la de-mander par mail à [email protected]. Mais attention, ne sont concernés que ceux qui travaillent dans des entreprises où des accords d’entreprise ne sont pas conclus.

Herman Baele: «On dit toujours que les salaires sont bons dans le secteur de la chimie, mais il faut savoir que le salaire minimum est d’à peine 10 euros brut de l’heure.»

> HERMAN BAELE À PROPOS DE LA GRANDE ENQUÊTE DANS LE SECTEUR DE LA CHIMIE

«Il y a encore assez de bénéfi ces pour pouvoir faire quelque chose pour le pouvoir d’achat»Plusieurs milliers de travailleurs du secteur de la chimie affiliés à la Centrale Générale de la FGTB ont reçu récemment une enquête dans leur boîte aux lettres. Celle-ci leur permet de se prononcer sur les priorités qu’ils veulent retrouver dans le cahier de revendications qui servira lors des prochaines négociations pour une nouvelle convention collective de travail sectorielle. Nous avons demandé à Herman Baele quelques mots d’explications par rapport à cette initiative.

C’est avec beaucoup de tris-tesse que nous vous faisons part du décès de notre cama-rade Georges Vanderstraeten.

Georges était âgé de 42 ans, il était un des piliers de l’équipe syndicale Unilin Decorative Panels d’Izegem. Il était délé-gué principal et membre du Comité d’Entreprise Européen d’Unilin. Il a été durant des années un militant fi dèle de la Centrale Générale de la FGTB.

Nous présentons nos plus sincères condoléances à son épouse ainsi qu’à ses en-fants.

Décès de Georges Vanderstraeten

> IN MEMORIAM > SOLIDARITÉ INTERNATIONALE

Le Tribunal Russell sur la Palestine à BruxellesLe Tribunal Russell sur la Palestine est un tribunal populaire créé en 2009 pour examiner le rôle et les complicités des parties tierces dans les violations du droit international commises par l’Etat d’Israël envers le Peuple palestinien.

Les 16 et 17 mars, le Tribunal Russell sur la Palestine plante ses tentes à Bruxelles, une occasion unique d’y participer.

Le 16 mars, c’est un événement culturel qui sera organisé avec un mélange de musique et de discours des membres du jury dont notamment Pierre Galand. La soirée débutera à 19h30. A no-ter aussi des interventions mu-sicales de Miguel Angel Estrella et de Zebda. L’entrée est fi xée à 10e, 5e pour les chômeurs et étudiants. Tickets en prévente à la Fnac et sur Ticketnet. 15e à l’entrée.

Le 17 mars aura lieu la session de clôture du Tribunal Russell sur la Palestine. Celle-ci repren-dra entre autres les résumés des interventions faites la veille par des différents membres du jury. Des visages célèbres seront éga-lement présents comme l’épouse de Marwan Barghouti, Leila Shahid et Roger Waters de Pink Floyd.

L’événement aura lieu de 9h30 à 13h30. Entrée libre sur inscription pré-alable à l’adresse [email protected].

Lieu de l’événement: Passage 44, Boulevard du Jardin Bota-nique 44, 1000 Bruxelles.

Plus d’infos sur www.russelltri-bunalonpalestine.com

Page 16: FGTB - Syndicats N°4

MÉTAL12 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

> POINT DE VUE

La FGTB s’est donc rendue le mer-credi 27 février au rendez-vous proposé par le Gouvernement et n’a pas pratiqué la politique de la chaise vide dans la poursuite des prochaines négociations por-tant sur nos conditions de travail pour les années à venir. Ce n’était pas le premier choix des Métallos wallons et bruxellois mais ils ont accepté la décision de la majorité de leurs camarades.

Anne et Rudy ont donc été en-voyés à cette séance d’équili-brisme, mandatés par notre Comité Fédéral au terme d’une journée de mardi dont beaucoup se souviendront tant les débats furent animés.

Pas simple, l’exercice pour eux. En gros, on les a envoyés jouer au poker menteur face à des pros du bluff ou du mensonge avec l’obli-gation pour eux seuls de dire la vérité et de revenir sans s’être fait plumer!

Vrai non? Car comment com-prendre les règles du jeu auquel patrons et gouvernement enten-dent nous soumettre?

Nos entreprises continuent à en-granger de larges bénéfi ces. Assez pour continuer à rétribuer géné-reusement les actionnaires. Mais pas assez pour investir, pour créer des emplois, favoriser la forma-tion des travailleurs et laisser de la marge pour améliorer les salaires. «C’est normal», nous disent-elles, reprises en chœur par le gouverne-ment, «il faut comprendre l’écono-mie dans un tout et ce grand tout est en crise». Et on veut nous faire croire que le remède, c’est l’aus-térité… alors que les plus grands économistes, prix Nobel en tête, affi rment le contraire.

Dès le 18 décembre, nous nous sommes positionnés très claire-ment sur les points que nous dé-noncions. Nous n’y reviendrons

pas dans le détail, ils ont fait les gros titres de la couverture de la manifestation du 21 février dernier et qui a rassemblé plus de 40.000 personnes dans la rue, en moins de 15 jours de temps et sans cou-verture de grève générale!

• Pas question de manipuler l’in-dex.

• Pas question de geler les salaires.

• Pas question de moderniser le droit du travail dans son volet fl exibilité alors que la Belgique bat déjà tous les records en la matière. Seule une politique vo-lontariste de création d’emplois luttera effi cacement contre le chômage.

• Pas question de bâcler l’harmo-nisation des statuts ouvriers/employés en portant atteinte aux travailleurs.

• Pas question de remettre en

cause notre droit de grève.

• Pas question de confi squer notre modèle de concertation.

Les Métallos ne se sont par ailleurs pas privés de se rendre aux sièges de leurs fédérations patronales et d’y rencontrer leur CEO pour reta-per sur le clou. Nous leur avons promis un cahier de revendica-tions sectorielles dont l’objectif sera de récompenser les efforts réalisés par les travailleurs. Nous leur avons signifi é que nous nous inscririons dans toutes les actions menées dès ce jour par la FGTB ou décidées par nos instances pour mener des négociations totalement libres et visant une meilleure redistribution des fruits de la croissance pour plus de jus-tice sociale.

Nous continuerons ici et là à dire et redire que seul le travail crée la richesse et qu’une part signi-fi cative de cette richesse revient

de plein droit aux travailleurs. Au sein de la FGTB, face aux élus politiques, dans les négociations que nous avons avec le banc pa-tronal, dans toutes les gazettes qui nous feront écho, sur toutes les antennes qui nous relayeront ou sur tous les tracts que nous distribuerons, notre discours ne changera pas d’une virgule. Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle!

Nico CuéSecrétaire général

Le même discours, partout, tout le temps!

Le 26 février 2012, il y a tout juste un an, une milice armée jusqu’aux dents, commanditée par la direc-tion de Meister débarquait dans nos locaux avec pour mission de délocaliser matériel et données techniques vers (entre autres) la Tchéquie.

Notre société, bien que bénéfi ciaire et de renommée internationale, allait être sacrifi ée sur l’autel de l’avidité des actionnaires-pro-priétaires. On avait beau être très rentable… on ne l’était pas encore assez, en somme!

Très rapidement, la solidarité entre travailleurs s’est organisée et a réussi à empêcher le dépeçage de l’entreprise. Mobilisation mas-sive de la FGTB devant les grilles de l’usine, blocage des gangsters et de leur butin. Gros titres des gazettes et des JT… le commando n’en est pas moins reparti libre, la police ayant failli à sa tâche.

Personne n’aurait imaginé que Meister allait pouvoir se relever de cette tentative d’extorsion de notre travail et de notre carnet de

Moins visible, moins violent?commandes. Aussi, lorsque les re-présentants du personnel furent conviés dès le lendemain à l’audi-torat du travail de Liège, beaucoup d’entre nous pensaient que «les carottes étaient cuites».

Mais un coup de théâtre nous a temporairement redonné espoir. Un administrateur de crise fut en effet désigné pour une période de six mois. Avec lui, le personnel a accepté de retrousser ses manches et la société envisageait le retour au beau fi xe… malgré l’entêtement des actionnaires à fermer le site de Sprimont. Des messages de soutien nous parvenaient régulièrement et les politiciens se montraient abondamment … faut dire que les élections communales n’étaient plus très loin!

L’administrateur mis en place ayant réussi à renouer avec les bénéfi ces se porta même candi-dat acquéreur, mais à la fi n de sa mission, son offre ne fut pas ju-gée suffi sante. Les actionnaires ne renouvelèrent pas son contrat, le virant comme un malpropre et reprirent les rênes de la société

en mains, désignant un nouveau chargé de pouvoir, entièrement sous leurs ordres.

A partir de ce moment, malgré qu’elle dise vouloir rassurer les travailleurs, la direction ne prendra plus que des décisions qui porte-ront préjudice à Meister CC.

Nouvelles délocalisations sous cou-vert de la crise, avec mise en place de chômage économique. Arrêts de production complets ici et re-distribution de charge de travail à d’autres sites du groupe. Les représentants du personnel de la FGTB ont eu beau demander au tribunal de commerce de Liège de désigner un nouvel administrateur qui aurait eu pour mission d’arrê-ter le massacre et, pourquoi pas, de vendre la société à quelqu’un qui aurait eu une véritable envie de sauver nos emplois… la juge en charge de l’affaire a estimé la demande «recevable mais non fondée»!

Les lois protègent la propriété pri-vée avant le droit au travail!

La situation de Meister n’est-elle pas comparable, à celle d’ARCELOR-MITTAL?

Nous sommes face à des action-naires qui prennent des décisions permettant d’encore augmenter leurs bénéfi ces déjà plantureux, tout en fermant une entreprise pourtant rentable.

Tout comme pour la sidérurgie, nous sommes face à l’impuissance «du politique» et de l’Europe qui ne peuvent obliger ces patrons-gangsters à céder leurs entreprises ou même à les pénaliser quand ils jettent des familles entières dans la misère après avoir profi té des deniers publics.

«Camarades politiciens, la balle est dans votre camp! Il vous appar-tient de rétablir un juste équilibre entre le travail et le captal.»

Les travailleurs de Meister iront en appel de la décision de justice et ont décidé de ne pas baisser les bras.

Il y a un an, notre usine était ni plus ni moins victime d’une ten-tative de braquage orchestrée par ses propres patrons. Plus de milice aujourd’hui, plus de matraque ni d’armes de poing mais l’attaque contre les travailleurs n’en reste pas moins inacceptable!

Nous sommes plus mobilisés que jamais à défendre notre boulot!

Pour la délégation MWB-FGTBJean-Luc Noirfalise

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SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013 13TEXTILE-VÊTEMENT-DIAMANT

Frais de transport: intervention de l’employeur à partir du 1er février 2013Vêtement et confectionDans le secteur du vêtement, l’intervention dans les frais de transport s’élève en moyenne à 50% du montant de la carte de train correspondant au même nombre de kilomètres. Vous retrouvez ces montants au tableau n°2. La réglementation s’applique à partir de 10 km (aller). Il peut y avoir des règlements plus favorables au niveau de l’entreprise.

Chaque travailleur reçoit en outre, n’importe la distance ou le moyen de transport, une allocation de 0,2479 euro par jour effectivement presté.

Récupération du textile (chiffons)Le montant de l’intervention de l’employeur pour le transport privé et les transports publics s’élève à 100%. Vous retrouvez les montants au tableau n°2.

Les travailleurs qui se rendent au travail à vélo reçoivent une allocation supplémentaire de 1,10 euro par jour effectivement presté et ce à partir du premier kilomètre.

Entretien du textileIl n’existe pas de réglementation spécifi que pour le remboursement du transport privé dans le secteur (il peut y avoir une réglementation au niveau de l’entreprise). Les ouvriers reçoivent cependant une allocation forfaitaire de 0,90 euro par jour effectivement presté comme intervention dans les frais de transport. Les travailleurs qui reçoivent déjà une in-tervention dans les frais de transport pour les transports publics perçoivent également cette allocation forfaitaire. L’indemnité est payée mensuellement, en même temps que le salaire.

Tableau n°2: intervention de l’employeur dans la confection et la récupération du textile

Transport privé: le véloLe travailleur qui utilise le vélo pour aller au travail, tombe sous la réglementation du transport privé.

Dans certains secteurs et certaines entreprises, il existe toutefois une «CCT vélo». Dans ce cas, les travailleurs qui vont au travail à vélo, ont droit à une indemnité vélo. L’exemption fi scale est valable jusqu’à un montant maximum de 0,22 euro par kilomètre parcouru.

Cette indemnité peut également être octroyée si le travailleur combine le vélo avec un voyage en train, tram ou bus. La règle stipule que le travailleur ne peut être indemnisé qu’une fois pour le même trajet. Le travailleur n’a droit à l’indemnité vélo que pour le trajet qu’il parcourt effectivement à vélo entre son domicile et la gare ou l’arrêt de bus ou de tram.

Jusqu’à présent, il y a eu peu d’accords sectoriels ou d’entreprise qui ont été conclus en rapport avec cette indemnité vélo. Ce n’est que dans le secteur de la récupération du textile (chiffons) que chaque travailleur, qui va au travail à vélo, reçoit une indemnité supplémen-taire de 1,10 euro par jour effectivement presté.

Les tarifs de la SNCB, De Lijn et la STIB sont adaptés chaque année au 1er février. Ces adapta-tions peuvent également avoir des conséquences au niveau de l’intervention de l’employeur dans les frais de transport des travailleurs. Cet article vous offre dès lors un aperçu des modalités d’application pratiques dans nos secteurs.

Il existe quatre possibilités pour l’intervention de l’employeur dans les frais de transport pour le trajet domicile-lieu de travail, selon le moyen de transport utilisé:• Train • Autres transports publics: tram, métro, bus, … • Transport privé: voiture, cyclomoteur, …• Transport privé: vélo.

Train: aucune modifi cation!Le prix d’une carte de train a augmenté de 1,32 % au 1er février 2013. Mais cette augmenta-tion de prix n’a aucune incidence sur l’intervention patronale. Les montants d’application à partir du 1er février 2009, restent valables.

Transports publics autres que le train: tram, métro, bus, …L’employeur doit également intervenir dans les frais de transport de chaque travailleur qui utilise le tram, le bus ou le métro pour se rendre au travail. Il doit y avoir 5 kilomètres au minimum entre l’arrêt de départ et le lieu de travail. Il existe deux sortes d’intervention:• Le prix dépend de la distance: la cotisation patronale est égale à l’intervention de l’employeur

dans le prix d’une carte de train pour la même distance (les montants qui s’appliquent depuis le 1er février 2009 restent valables).

• Le prix est un prix unique (qui ne dépend donc pas de la distance): la cotisation patronale s’élève à 71,8% du prix payé effectivement par le travailleur, avec un maximum de 30 euros par mois.

Transport privé: voiture, cyclomoteur, …Pour les travailleurs qui utilisent un moyen de transport privé pour parcourir la distance entre leur domicile et leur lieu de travail, il faut recourir très souvent à des accords conclus au niveau du secteur ou de l’entreprise.

Voici un aperçu des réglementations sectorielles qui sont d’application dans un nombre de secteurs:

TextileDans le secteur du textile, il y a une intervention par jour presté. La distance minimum est de 5 km (aller). Le montant de l’intervention par jour presté est égal au montant mensuel de l’intervention de l’employeur dans la carte de train (selon le nombre correspondant de km), divisé par 21,66.

Pour les travailleurs occupés dans les équipes-relais du secteur textile, une intervention plus importante est valable. L’intervention de l’employeur dans le prix du transport n’est pas liée à une distance minimum : une intervention est donc due à partir de 0 km.

Vous trouverez l’intervention de l’employeur pour le secteur textile dans le tableau n°1.

DiamantDans le secteur du diamant, chaque travailleur a droit à une intervention dans les frais de transport. Le travailleur doit introduire une déclaration dans laquelle il communique quelle est la distance du domicile au travail. Une distance minimum n’est pas requise. Le montant par journée prestée est égal à 1/5e de l’intervention que doit payer l’employeur pour l’abonnement hebdomadaire (carte de train). Vous trouverez l’intervention de l’em-ployeur pour le secteur du diamant dans le tableau n°1.

Tableau n°1: intervention de l’employeur dans le textile et le diamant

Distance en kmIntervention journalière équipes de

semaine – textile

Interventionjournalière

équipes-relais – textile

Intervention journalière

diamant

1-3 1,52 1,344 1,64 1,465 1,15 1,78 1,586 1,23 1,89 1,687 1,30 2,01 1,788 1,38 2,12 1,889 1,45 2,24 1,9810 1,53 2,35 2,0811 1,59 2,45 2,2012 1,68 2,59 2,3013 1,74 2,68 2,4214 1,83 2,82 2,5215 1,89 2,91 2,6216 1,98 3,05 2,7217 2,04 3,14 2,8218 2,13 3,28 2,9219 2,19 3,37 3,0620 2,28 3,51 3,1621 2,34 3,60 3,2622 2,43 3,74 3,3623 2,49 3,83 3,4824 2,58 3,97 3,5825 2,64 4,06 3,6826 2,73 4,20 3,8227 2,79 4,29 3,9028 2,85 4,39 3,9829 2,94 4,52 4,1230 3,00 4,62 4,20

31 - 33 3,12 4,80 4,3634 - 36 3,33 5,12 4,6637 - 39 3,51 5,40 4,8840 - 42 3,69 5,68 5,2043 - 45 3,87 5,96 5,5046 - 48 4,05 6,23 5,8049 - 51 4,22 6,51 6,00

Distance en kmIntervention mensuelle récupération du textile

(100%)Intervention mensuelle

confection (50%)

0-3 33,00 4 35,50 5 38,50 6 41,00 7 43,50 8 46,00 9 48,50 10 51,00 25,5011 53,00 26,5012 56,00 28,0013 58,00 29,0014 61,00 30,5015 63,00 31,5016 66,00 33,0017 68,00 34,0018 71,00 35,5019 73,00 36,5020 76,00 38,0021 78,00 39,0022 81,00 40,5023 83,00 41,5024 86,00 43,0025 88,00 44,0026 91,00 45,5027 93,00 46,5028 95,00 47,5029 98,00 49,0030 100,00 50,00

31 - 33 104,00 52,0034 - 36 111,00 55,5037 - 39 117,00 58,5040 - 42 123,00 61,5043 - 45 129,00 64,5046 - 48 135,00 67,5049 - 51 141,00 70,50

Page 18: FGTB - Syndicats N°4

Augmentation salariale - cp 322.01En tant que ouvrier, ouvrière travaillant dans une entreprise titres-services, mon salaire s’élève à:

Ancienneté Salaire horaireMoins d’un an 10.28e

Au moins un an 10.69e

Au moins deux ans 10.82e

Au moins trois ans 10.93e

Salaire minimum à partir du 01/02/2013

L’ancienneté est calculée depuis l’exécution du premier contrat de travail titres-services avec le même employeur en ce compris les CDD.

HORVAL remercie & félicite ses militants pour leur mobilisationLa manifestation a rencontré un franc succès.Nous attendions 20.000 militants, nous étions 40.000.Le secrétariat fédéral de la FGTB-HORVAL a été impressionné par l’importante représentation de notre centrale lors de la mani-festation ; une représentation qui était le fait de toutes les régions du pays. Nos militants ont donné un signal sans ambiguïté. Le gouvernement DOIT tenir compte des revendications légitimes des travailleurs où alors…

21/02 - Mobilisation réussie

Ils sont venus, ils sont tous là… de toutes les régions du pays. Les militants, en train, en bus, sont présents et bien décidés à se faire entendre.

Ce 21 février, la mobilisation est très imposante chez HORVAL. De Flandre, de Wallonie, de Bruxelles, tous nos secteurs sont côte à côte, l’industrie, le commerce, l’HORECA, mais aussi les aides familiales et les titres services, tous sont présents pour lancer un avertissement au gouvernement: TROP IS TE VEEL!

Les travailleurs l’ont exprimé , ils n’acceptent plus que le gouverne-ment n’ait d’oreilles que pour le patronat et les actionnaires.

Il n’est pas question de tomber dans la démagogie du «il n’y a

qu’à», mais le gouvernement ne peut plus mettre les partenaires sociaux hors jeu. La négociation sociale en Belgique doit être libre. Les partenaires sociaux ne sont pas des irresponsables comme certains, VLD et autres libéraux, le pensent dans ce gouvernement.

Personne n’est aveugle; chacun connait la situation tant politique qu’économique.

Mais HORVAL le dit aujourd’hui, les efforts ne sont pas équilibrés; on fait peser sur les travailleurs et sur les allocataires sociaux la plus grande partie de l’effort alors que les actionnaires et les grosses fortunes trouvent dans notre pays un lieux d’exil doré, presque un paradis fi scal.

On parle beaucoup de justice fi s-cale, du cadastre des fortunes: mais on ne voit rien nulle part!

On bloque les salaires des tra-vailleurs, mais pas les dividendes des actionnaires, ni les revenus locatifs.

HORVAL exige une juste réparti-tion de l’effort de crise;

Exige que ceux qui ont les revenus les plus élevés contribuent de ma-nière plus importante

Rappelle que le cadastre des for-tunes était une pièce essentielle pour la mise en place de cette im-position juste.

Notre modèle social est basé sur la concertation sociale; notre mo-

dèle social a permis de traverser la crise avec un moindre mal, même lorsque nous étions «privés» de gouvernement… Ce qui tendrait à démontrer sa solidité et sa per-tinence. HORVAL n’acceptera pas que certains veuillent sinon le dé-truire, du moins le museler!

Mais la concertation sociale, c’est aussi et surtout la détermination dans les secteurs et les entreprises des conditions de rémunération et de l’organisation du travail. C’est

pourquoi, HORVAL ne peut accep-ter que le gouvernement veuille unilatéralement imposer encore plus de fl exibilité dans les entre-prises, bloquer les salaires. En un mot faire des cadeaux au patronat et seulement au patronat.

LA COUPE EST PLEINE!LE PATRONAT DOIT TENIR

COMPTE DES REVENDICATIONS LEGITIMES DES TRAVAILLEURS

OU ALORS…

ALIMENTATION - HORECA - SERVICES14 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

Page 19: FGTB - Syndicats N°4

SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013 15EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

En action pour la formation en CPNAE!

La CPNAE (Commission Paritaire Nationale Auxiliaire Pour Em-ployés) est la commission pour employés la plus importante de Belgique. Le secteur emploie envi-ron 400 000 employés et compte de nombreuses entreprises. Plus d’un travailleur sur deux y est oc-cupé dans une entreprise comp-tant moins de 5 travailleurs.Saviez-vous que chaque employé de cette commission a droit à 4 jours de formation au cours de la période du 1er janvier 2012 au 31 décembre 2013?Cette formation doit se dérouler pendant les heures de travail ha-bituelles. Si, exceptionnellement, la formation se déroule hors des heures, votre employeur doit vous octroyer une compensation égale en temps de travail. Les frais de déplacement sont aussi à charge de l’employeur. Les employés à temps partiel ont droit à une formation confor-

mément à leur temps partiel. En d’autres termes, un employé à mi-temps a droit à deux jours de formation. Cependant, diverses si-tuations peuvent s’appliquer en fonction de la situation en entre-prise (délégation syndicale ou non).

Le respect du droit à la forma-tion des travailleurs: un de nos combats!Suivre des formations est un droit individuel: ne le laissez pas passer! Nous pouvons vous conseiller à ce niveau et vous aider. Nous venons d’éditer un Expresso qui détaille tout ce que vous devez savoir sur la formation en CPNAE. Dans cette publication, vous retrouverez no-tamment un modèle de lettre type que vous pouvez adresser à votre employeur afi n de demander de bénéfi cier de votre droit à la for-mation. N’hésitez pas à demander la bro-chure «Expresso» auprès de votre délégué syndical ou adressez-vous directement à votre section ré-gionale. L’Expresso ainsi qu’une multitude d’autres informations sont également disponibles online sur notre site web http://www.setca.org/News/Pages/Formation-CPNAE.aspxDurant la semaine du 25 février au 1er mars, le SETCa organise plu-sieurs actions de sensibilisation dans différentes entreprises du pays afi n de conscientiser les travailleurs de la CPNAE à cette problématique. et de les informer en direct sur ce droit encore trop souvent méconnu.

Droit à la formation pour tousDans le monde du travail actuel, il est extrêmement important de pouvoir suivre des formations. Le SETCa veut que chaque travailleur ait un droit individuel en la matière, comme dans la CPNAE. Il s’agira de l’un des points prioritaires pour les prochaines négociations sectorielles.

En 1999 déjà, les employeurs acceptaient d’investir davantage dans la formation de leurs travailleurs. L’objectif était d’affecter un pourcentage fi xe de la masse salariale aux formations. Les 1,9% convenus n’ont cependant jamais été atteints. L’objectif de permettre à un travailleur sur deux de suivre une formation pour 2010 n’a jamais été réalisé lui non plus.

Droit exigibleIl faut clairement passer à la vitesse supérieure! Lors des né-gociations sectorielles, le SETCa mettra dès lors sur la table la revendication d’octroyer un droit individuel à la formation à chaque travailleur. Concrètement, l’employeur doit octroyer un certain nombre de jours de formation par an, avec des sanctions à la clef s’il omet de le faire. Sans menace de sanctions, le droit à la formation reste bien trop souvent une boîte vide.

Résultat: davantage de formationDe nombreux secteurs possèdent des fonds de formation, gérés paritairement par les employeurs et les syndicats, qui offrent des formations de qualité. Mais bien trop souvent, les formations sont refusées aux travailleurs, les employeurs avançant toutes sortes de faux prétextes. Les employeurs ont eu plus de dix ans pour permettre aux travailleurs de suivre les 1,9% de formation promis. Il n’en a rien été. Pour nous, il est grand temps d’en faire un droit individuel. Il en résultera des travailleurs mieux formés. Tout le monde y gagnera, non?

Depuis quelques années, nous avons réussi à faire en sorte que la formation occupe une plus grande place dans le secteur de la CPNAE (CP218) et soit développée dans une convention. Nous continuerons à nous battre pour que ce droit à la formation individuelle des travailleurs s’applique dans toutes les entreprises. Ce point sera d’ailleurs au cœur de nos revendications dans le cadre des négociations sectorielles.

La formation professionnelle continue, comment ça marche?Aujourd’hui comme jamais, les outils et les méthodes de travail changent rapidement, les technologies évoluent sans cesse et on vous demande pour cela de nouvelles compétences. Dans ce contexte, se former tout au long de sa carrière est une nécessité mais aussi un droit… pour tous! Et cela vaut d’autant plus pour certains groupes de travailleurs – les plus de 50 ans, ceux dont le métier est amené à disparaitre, ceux qui sont peu qualifiés entre autres – ce sont les groupes à risque. Des règles spécifiques en matière de formation sont par ailleurs prévues pour eux.

Combien de jours et pour qui?

Si les grands principes de la for-mation professionnelle sont tracés par les Accords interprofessionnels (AIP), elle est réglée en pratique par les conventions collectives de travail (CCT). Les travailleurs concernés, le nombre de jours de formation,… tout cela dépend de ce qui est prévu au niveau de votre commission paritaire, par-fois même au niveau de de votre entreprise.

Quelles que soient vos questions en matière de formation, prenez toujours contact avec votre délé-gué SETCa ou votre section régio-nale. Ceux-ci pourront vous indi-quer les possibilités de formation dans votre secteur, mais également vous conseiller d’autre formules de formation – un congé éducation payé par exemple.

Quelles sont les formations proposées dans le cadre de la formation professionnelle continue?

Impossible de dresser une liste qui rende compte de l’éventail de for-mations proposées. Globalement, on peut souligner:

- Des formations de type «transver-sal»: langues, sécurité, informa-tique, développement personnel, communication…

- Des formations «sectorielles»: dé-veloppent ou approfondissent les aspects techniques du métier que vous exercez.

Pendant ou en dehors des heures des heures de travail?

Certains secteurs prévoient ex-plicitement que les formations doivent être dispensés pendant

les heures de travail. C’est aussi parfois l’employeur qui prend en charge les frais de déplacement. Prenez contact avec votre délégué ou votre section régionale SETCa pour savoir ce qui est d’application pour vous.

La formation «sur le tas», une formation professionnelle à part entière?

Certains secteurs ont établi une défi nition claire de ce que l’on considère comme formation pro-fessionnelle. Dans certains cas, la formation sur le tas est donc bien considérée comme une formation professionnelle à part entière. Il en va de même pour l’auto-apprentis-sage et l’e-learning. Prenez contact avec votre délégué ou votre section régionale SETCa pour savoir ce qui est d’application pour vous.

Un volume de formation collectif ou individuel?

Certaines commissions paritaires prévoient un «volume collec-tif de formation». Cela signifi e que l’employeur peut décider de transférer un certain nombre de jours de formation d’un groupe déterminé d’employés à un autre groupe d’employés. D’autres com-missions paritaires prévoient un crédit d’heures individuel, c’est-à-dire que chaque employé a droit personnellement à ce nombre d’heures de formation.

Page 20: FGTB - Syndicats N°4

EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES16 SYNDICATS • N°04 • 1er MARS 2013

Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa

Erwin De Deyn, Président du SETCa

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L’austérité, ça ne marche pas!Voilà déjà bien longtemps que nous ne sommes plus les seuls à défendre cette thèse. De nombreux professeurs, et pas seulement des professeurs belges comme Paul De Grauwe, mais aussi des autorités académiques jouissant d’une réputation internationale comme les vainqueurs du prix Nobel Joseph Stiglitz et Paul Krugman font entendre leur voix. Le principe de départ est le suivant : lorsque la croissance économique est en repli, les mesures de stimulation de l’économie par les pouvoirs publics sont plus nécessaires que jamais. Faire des économies, c’est appauvrirLes économies ne conduisent pas à une relance économique. Au contraire. Elles freinent la crois-sance économique. L’application du modèle allemand dans les autres pays européens nous mène tout droit au démantèlement social. Aussi, les économies nationales et, en fi n de compte par addition de ces dernières, l’économie eu-ropéenne en souffrent. Tout ceci a déchaîné une spirale infernale qu’il convient d’arrêter.Il y a lieu dès lors d’ajuster radi-calement la politique socio-éco-nomique allemande. En d’autres termes, il faut effectivement ac-croître les dépenses et c’est bien possible. Nous espérons que les élections allemandes qui se tien-dront plus tard au cours de cette année donneront lieu à un revi-rement. Car, dans l’entre-temps, la pression dans le sens d’une augmentation des mesures d’éco-nomie est renforcée systémati-

quement. La semaine dernière, la Banque nationale de Belgique a lancé des messages alarmants. De même, le commissaire européen Rehn n’a pas manqué l’occasion pour inciter la Belgique à produire encore plus «d’efforts», en d’autres termes, à réaliser encore plus d’éco-nomies. Heureusement, des voix politiques s’élèvent pour soulever des ques-tions sérieuses au sujet de pareilles déclarations, même si, comme telle, il n’y a pas eu de contre-attaque à part entière. Les montants bud-gétaires à atteindre, car imposés par l’Europe, placent le couteau sur la gorge de la Belgique. Concrète-ment, en plus des efforts de plus de 4 milliards déjà prévus pour 2013, il s’agit d’économiser un certain nombre de milliards en plus. Et pour atteindre l’équilibre en 2015, il conviendra d’y ajouter encore des milliards supplémentaires au cours des prochaines années. La coupe est pleine. Les travailleurs qui n’ont pas provoqué la crise

ont déjà produit suffi samment d’efforts. Il appartient à présent à d’autres groupes de la popula-tion d’apporter leur contribution. Les épaules les plus larges doivent porter les charges les plus lourdes. Les mesures de blocage salarial prévues par notre gouvernement et les tentatives répétées de mani-pulations de l’index n’amélioreront certainement pas la situation. Une vraie relance doit passer par une amélioration du pouvoir d’achat et une augmentation de la consom-mation. Qui contrôle l’Europe?Nous partageons l’avis de ceux qui prétendent qu’il faut plus de souplesse lorsqu’il s’agit de don-nées budgétaires et que cette sou-plesse est possible. Dans l’intérêt de notre économie et de celle de l’Europe. Mais aussi dans l’intérêt des travailleurs et de la population. Aussi, il est scandaleux d’entendre le commissaire européen Rehn me-nacer de sanctions si la Belgique n’atteint pas les chiffres avancés. Au demeurant, auprès de qui Rehn doit-il rendre des comptes? Pour sa part, le gouvernement belge doit rendre des comptes au parlement belge qui représente la population belge. C’est ce que l’on appelle la démo-cratie, un système permettant à l’électeur de sanctionner ses re-présentants s’ils ne font pas bien leur travail. La Commission eu-ropéenne, dont Rehn fait partie, n’est pas un organe élu. Il n’est pas contrôlé par le parlement euro-péen. Cette commission se fonde sur des chiffres et des modèles

économétriques élaborés par des techniciens et des technocrates. Aucune sanction n’est prévue si ces derniers se trompent.

14 mars, un appel démocratiqueSauf si nous parvenons à faire passer clairement le message d’une autre manière pour dire que l’approche est erronée, nous descendrons dans la rue le 14 mars à l’occasion du sommet européen à Bruxelles. La politique européenne doit changer. Il faut que cesse cette politique d’économies aveugles. Tant que le privé que les pouvoirs publics européens et nationaux

doivent jouer leur rôle en tant qu’investisseur dans une économie d’avenir verte et durable. L’Europe a l’intention de serrer en-core un peu plus la vis à l’avenir. A l’automne, une nouvelle pro-cédure sera introduite à cet effet et qui, dans les faits, placera les budgets nationaux sous curatelle. Le transfert de compétences à l’Eu-rope serait une bonne affaire si, dès lors, il débouchait sur une Europe meilleure et sociale. Tel n’est assu-rément pas le cas en l’occurrence. Voilà ce que nous dirons haut et fort le 14 mars. Pour une autre Eu-rope, une Europe meilleure, une Europe sociale!