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Introduction – Chômage classique/ chômage keynésien E.Malinvaud va développer une analyse qui , tout en reprenant certains éléments critiques de Keynes , va s’efforcer de montrer que la situation sur le marché du travail est plus complexe que Keynes ne l’avait a priori considérée , et qu’il peut y avoir simultanément du chômage keynésien et du chômage classique , ce qui complique la tâche des politiques économiques . En effet, Malinvaud reprend un des éléments essentiels de la critique keynésienne des théories néo-classiques : celui de la rigidité des prix et des salaires qui fait que les prix ne réagissant pas instantanément aux écarts entre l’offre et la demande sur les différents marchés, il peut exister des déséquilibres durables sur le marché du travail. Selon Malinvaud, ces déséquilibres sont de l’ordre de 4 . MARCHE DES BIENS D<O O<D MARCHE DU D<O Chômage keynésien chômage classique TRAVAIL O<D sous-consommation inflation contenue Etudions les deux cas de chômage: le chômage classique : l’origine du déséquilibre se situe sur le marché du travail. En effet : l’offre de biens étant inférieure à la demande de biens, les entreprises pourraient produire plus sans éprouver de problèmes de débouchés, mais elles ne le font pas, car cette production supplémentaire ne serait pas rentable. Les salaires étant trop élevés, les entreprises préfèrent réduire leur production, licencier afin de ne pas subir une chute de leur profit trop importante. On voit bien que le déséquilibre résulte de la rigidité des salaires et que la politique à mener afin de le résorber est de diminuer le salaire, afin d’accroître la rentabilité des entreprises, de les inciter à produire plus, donc à embaucher . Fiche 222 – Quelles politiques de l’emploi pour lutter contre le chômage? NOTIONS : Flexibilité du marché du travail, taux de chômage, taux d'emploi, qualification, demande anticipée, salariat, précarité, Acquis de première : chômage, productivité, demande globale, politique Regards croisés I – Travail, emploi et chômage 1 – 2 – Quelles politiques pour l’emploi ?

Fiche 222 - Quelles politiques de l’emploi pour lutter contre le chômage.doc

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Introduction – Chômage classique/ chômage keynésien

E.Malinvaud va développer une analyse qui , tout en reprenant certains éléments critiques de Keynes , va s’efforcer de montrer que la situation sur le marché du travail est plus complexe que Keynes ne l’avait a priori considérée , et qu’il peut y avoir simultanément du chômage keynésien et du chômage classique , ce qui complique la tâche des politiques économiques . En effet, Malinvaud reprend un des éléments essentiels de la critique keynésienne des théories néo-classiques : celui de la rigidité des prix et des salaires qui fait que les prix ne réagissant pas instantanément aux écarts entre l’offre et la demande sur les différents marchés, il peut exister des déséquilibres durables sur le marché du travail. Selon Malinvaud, ces déséquilibres sont de l’ordre de 4 .

  MARCHE DES BIENS  D<O O<D MARCHE DU D<O Chômage keynésien chômage classique TRAVAIL O<D sous-consommation inflation contenue

  Etudions les deux cas de chômage:

le chômage classique : l’origine du déséquilibre se situe sur le marché du travail. En effet : l’offre de biens étant inférieure à la demande de biens, les entreprises pourraient produire

plus sans éprouver de problèmes de débouchés, mais elles ne le font pas, car cette production supplémentaire ne serait pas rentable.

Les salaires étant trop élevés, les entreprises préfèrent réduire leur production, licencier afin de ne pas subir une chute de leur profit trop importante.

On voit bien que le déséquilibre résulte de la rigidité des salaires et que la politique à mener afin de le résorber est de diminuer le salaire, afin d’accroître la rentabilité des entreprises, de les inciter à produire plus, donc à embaucher .

le chômage keynésien : l’origine du déséquilibre se trouve sur le marché des biens : les entreprises pourraient produire plus ; cette production serait rentable (les salaires n’étant

pas trop élevés par rapport à la productivité), mais elles ne le font pas car elles sont contraintes par des débouchés insuffisants sur le

marché des biens. Dans ce contexte, une politique néo-classique de réduction des salaires, n’aurait aucun effet

bénéfique. Au contraire, cela risquerait d’aggraver la situation en diminuant la consommation des

ménages. Il faut alors, conformément aux préceptes keynésiens, appliquer une politique de relance

augmentant les débouchés des entreprises.  Toute la difficulté est alors qu’on observe simultanément sur le marché du travail des régimes de chômage keynésien et de chômage classique. Alors :

Fiche 222 – Quelles politiques de l’emploi pour lutter contre le chômage?

NOTIONS : Flexibilité du marché du travail, taux de chômage, taux d'emploi, qualification, demande anticipée, salariat, précarité, Acquis de première : chômage, productivité, demande globale, politique monétaire, politique budgétaire, rationnement

Regards croisés I – Travail, emploi et chômage

1 – 2 – Quelles politiques pour l’emploi ?

il y a le risque, réel, d’accroître la part du chômage keynésien si on lutte contre le chômage classique (et inversement), sans arriver pour autant à réduire le taux de chômage.

Les politiques globales de type keynésienne ou néo-classique semblent donc au moins partiellement inadaptées. Il faut, face à des régimes de chômage mixte, appliquer des politiques mixtes qui sont malheureusement très difficiles à définir et à mettre en oeuvre car elles visent des objectifs contradictoires.

I. Les politiques libérales pour lutter contre le chômage classique : la suppression des rigidités

A. La suppression des rigidités sur la demande de travail

Face à un environnement économique de plus en plus instable, les employeurs doivent être libres d’ajuster leurs effectifs sans être confrontés à des contraintes juridiques et financières qui les découragent d’embaucher dans les périodes favorables. Les employeurs ne recrutent pas autant qu’ils le pourraient par peur des difficultés de licenciement à venir. Il faut alors revenir à un marché du travail en concurrence pure et parfaite

1. La flexibilité du coût du travail

Une solution est alors de supprimer le salaire minimum puisqu’il est une entrave à la flexibilité permettant au salaire de jouer son rôle de réequilibrateur d’offre et de la demande.

2. Des mesures restaurant la flexibilité

La solution serait alors, selon les libéraux, de réduire le pouvoir des syndicats (voire selon certains de les supprimer) afin de ramener le marché du travail à l’équilibre (l’hypothèse d’atomicité étant de nouveau vérifiée, tout au moins si les chefs d’entreprise ne sont pas eux-mêmes organisés)

B. La suppression des rigidités sur l’offre de travail

Il faut éliminer les réticences à la reprise d’emploi en réduisant les trappes à l’inactivité.Trois grands axes :

Réformer le système d’indemnisation-chômage L’intéressement à la reprise d’emploi Le crédit d’impôt

1. La réforme de l’indemnisation chômage

a. L’analyse en termes de «   job search   » (Stigler – 1961)

Cette théorie prend en compte une imperfection du marché du travail : la remise en cause de l’hypothèse de la transparence (l’information ne circule pas parfaitement) ; ceci permet d’expliquer que l’on puisse observer simultanément du chômage et des emplois vacants.

les théoriciens du job search considèrent qu’ : un individu qui ne se satisfait pas de son emploi aura beaucoup de mal à en trouver un

nouveau qui lui convienne, tant qu’il ne sera pas au chômage. Dès lors, il devient rationnel pour un individu de quitter son emploi ou de ne pas accepter

n’importe quel emploi s’il est chômeur, car le chômage peut être aussi analysé comme un investissement rationnel.

Le raisonnement que suivra l’individu sera alors le suivant : si je viens d’être au chômage, je perçois des indemnités relativement importantes ;

comme je dispose de peu d’informations, j’ai intérêt à profiter des indemnités qui me sont offertes par la société pour collecter le plus d’éléments possibles sur le fonctionnement du marché du travail. J’ai donc intérêt à refuser toute offre d’emploi qui se situe en dessous de mon salaire de réservation, c’est-à-dire en dessous des indemnités que je perçois

Mais, plus le temps passe, plus je dispose d’informations, moins mes indemnités sont importantes, plus je risque d’être considéré comme inemployable par les entreprises ;

mon salaire de réservation va donc chuter et je vais accepter des offres d’emploi que j’aurais refusé en début de période .

Solutions préconisées par les théoriciens du job search : ils vont alors préconiser certaines mesures :

faciliter la circulation de l’information (c’est à cette logique qu’a répondu la création de l’ANPE à la fin des années 60)

réduire le montant et la durée des allocations-chômage qui incitent l’individu à demeurer chômeur

b. Politiques actives/ politiques passives de l’emploi

Définition des politiques de l’emploi

Les politiques de l’emploi font partie des politiques structurelles. Au sens large, c’est l’ensemble des politiques visant à assurer le plein emploi ; au sens étroit (qui lui est généralement donné), elle désigne les dispositifs de soutien aux chômeurs et de stimulation de la création d’emploi destinées à aider les personnes qui connaissent des difficultés sur le marché du travail. Ces mesures visent à aider les personnes dans la recherche d’un emploi, à favoriser leur insertion sur le marché du travail, et à les maintenir dans un emploi ou encore de compenser des pertes de revenus consécutives à la perte d’un emploi.

Elle se décline alors en deux volets : Les politiques passives qui visant à limiter les conséquences du chômage: indemnisation du chômage et subventions aux

retraits d’activité Les politiques actives dont les objectifs sont de créer des emplois, mais aussi d’améliorer le niveau de formation des

salariés, ou le fonctionnement du marché du travail : dispositifs de soutien à la création d’emploi, formation professionnelle, accompagnement et placement des chômeurs,..

c. L’intéressement à la reprise d’emploi   :Une mesure d’activation : le Revenu Social d’Activité : RSA

Pour les plus motivés   : la création du RMI

Le 1er décembre 1988 la France se dotait d’une nouvelle loi sur le traitement de la pauvreté et de l’exclusion qui était l’expression d’une volonté collective de renforcer la cohésion sociale. Cette loi reposait sur deux logiques complémentaires : assurer un revenu minimum aux plus démunis qui permet aux allocataires de couvrir leurs besoins fondamentaux,

mais dont en même temps les modalités d’application sont suffisamment restrictives pour ne pas être désincitatives au travail : le RMI est ainsi nettement inférieur au salaire minimum (ceci relève de la logique méritocratique).

Réinsérer les individus dans la société en leur donnant des moyens financiers leur permettant de restaurer leur image sociale, mais surtout en leur donnant une formation qui devrait déboucher à terme sur un travail . L’allocataire est donc, de ce point de vue obliger de faire des stages démontrant sa volonté de sortir de l’exclusion . On retrouve ici l’idée traditionnelle selon laquelle les pauvres ont des efforts à faire.

La perception du revenu minimum a permis aux allocataires de couvrir un certain nombre de besoins essentiels : La sécurité matérielle a été complétée par l’amélioration importante de la couverture maladie qui bénéficie désormais à

97 % des Rmistes. La création de la CMU a permis de rendre universelle la prise en charge de la couverture maladie. L’ouverture des droits a, de surcroît, permis aux allocataires d’améliorer leurs conditions de logement. il semble aussi que le RMI ait renforcé la solidarité familiale. Mais surtout le RMI a permis aux allocataires, selon B Perret et G Roustang: «  de disposer d’argent (ce qui) dans notre

société est une composante essentielle du statut personnel. Pouvoir payer, au lieu d’utiliser des bons alimentaires, change l’image des Rmistes pour eux-mêmes et leur entourage.

Grâce au RMI, certains peuvent posséder à nouveau ou pour la première fois un carnet de chèques, signe visible de l’intégration économique sinon sociale. »

Remarque   : en 1999 a été votée la loi créant la Couverture Maladie Universelle qui est destinée à favoriser l’accès aux soins des plus démunis et donc à garantir une couverture aux 6 millions de personnes qui avaient renoncé à se soigner faute de ressources suffisantes.

Néanmoins le RMI n’a pas véritablement atteint ses objectifs qui étaient de réinsérer par le retour à l’emploi l’individu dans la société : En effet une majorité de Rmistes ne sont pas sortis du RMI, par exemple en 1991, seuls un tiers des allocataires inscrits

un an plus tôt ont un emploi ou suivent une formation

Ceci entraîne une forte augmentation du nombre d’allocataires qui est passé de 335 000 en 1998 à près de un million aujourd’hui.

On peut alors en conclure que le RMI qui devait correspondre à une période transitoire de la vie d’un individu est entrain de s’inscrire dans la durée : quand on devient Rmiste on a une forte probabilité de le rester. Cette absence de perspective d’avenir pour les allocataires résulte de la faillite du système d’insertion qui est due principalement à trois raisons : manque de mobilisation des acteurs locaux ( entreprise, collectivités locales , élus) en faveur de l’insertion qui s’est

parfois traduite par la non dépense des sommes affectées à l’insertion . Ainsi le taux d’insertion varie de 30 à 80% selon les départements.

paradoxalement on observe aussi une insuffisance des moyens affectées à la formation : la formation représente seulement 20 % de l’allocation elle devrait au minimum en représenter 60 % . Dés lors les stages sont des stages parkings qui n’offrent pas véritablement de formation et qui ne débouchent pas sur un emploi.

L’allocataire est aujourd’hui obligé de suivre des stages pour s’insérer mais en contrepartie l’Etat n’a aucune obligation d’insertion de l’individu il y a de fait selon Perret et Roustang « une certaine inégalité entre les deux parties » . L’insertion ne pouvant être réalisée tant qu’un nombre insuffisant d’emplois est créé.

Finalement on peut se demander avec Roustang et Perret si l’allocation n’avait pas pour but de freiner la dérive de l’illégalité comme le dit un Rmiste «  si on ne l’avait pas, on serait où, au bord de la révolution ? ».

Du RMI au RSA

M Hisrch , pour justifier la création du RSA, note : le nombre de Rmistes n’a pas diminué pour un Rmiste, il n’est pas toujours intéressant financièrement de reprendre un travail

Le RSA est une prestation qui se substitue et transforme le RMI, l’API et, le cas échéant, d’autres minima sociaux, les systèmes d’intéressement des minima sociaux et la PPE. La substitution permet la simplification et la transformation permet l’efficacité. Juridiquement, c’est une prestation sociale qui :

remplace le RMI, l’API et, le cas échéant, d’autres minima sociaux, en l’absence de revenus d’activité ; complète les revenus d’activité en fonction de la composition de la famille quand un ou plusieurs membres de la famille

travaillent, en remplaçant la PPE.

Le RSA offre à ses bénéficiaires un complément de revenu qui s’ajoute aux revenus d’activité quand la famille en perçoit, pour leur permettre d’atteindre un niveau de ressources qui dépend de la composition familiale et du montant des revenus du travail. L’allocation perçue est égale à la différence entre ce revenu garanti et les ressources du foyer.

Contrairement au RMI qui est une allocation différentielle, le RSA est un dispositif dont le montant diminue chaque fois que les revenus augmentent mais dans une proportion moindre que cette augmentation, garantissant ainsi une progression régulière des ressources globales du ménage. Il s’agit en substance de permettre aux bénéficiaires de cumuler les revenus tirés du travail et une fraction de prestation sociale en faisant en sorte que les revenus du travail soient le socle des ressources. Le RSA sera donc incitatif au retour à l’emploi.

II. Les politiques keynésiennes : le soutien à la demande

A. Les effets pervers engendrés par les politiques néo-classiques

Rappel de l’analyse néo-classique   : Selon l’analyse néo-classique, le chômage involontaire ne peut être que transitoire. En effet, tout déséquilibre sur le marché du travail doit se traduire par une variation du taux de salaire réel (à la baisse en cas de sous-emploi, à la hausse en cas de suremploi) qui ramènera le marché du travail à l’équilibre.

Selon Keynes, cette conception ne fonctionne pas car elle oublie des éléments essentiels :

comme l’écrit J.Généreux, «  selon Keynes, le remède classique au chômage (baisse des salaires) néglige la double nature du salaire : coût de production pour l’entreprise , la baisse des salaires, en réduisant le coût du travail par

rapport à celui du capital exerce bien un effet stimulant sur la demande de travail (effet substitution)

mais revenu pour les travailleurs , elle réduit aussi le revenu distribué aux ménages et déclenche un effet multiplicateur à la baisse sur la demande globale, limitant encore plus les débouchés des producteurs : il s’ensuit un nouveau recul de la demande de travail qui rend nécessaire une nouvelle baisse des salaires, et ainsi de suite. Une politique de baisse des salaires, risque donc, à court terme, d’éloigner de l’équilibre au lieu d’en rapprocher, et de déclencher un processus cumulatif de récession ». Les politiques déflationnistes de réduction des salaires qui ont été appliquées durant les années 30 ont été un échec ; elles ont conduit à l’aggravation du chômage.

L’échec de ces politiques s’explique en particulier par l’échec de la main invisible   : résultant de deux effets contradictoires : En effet, si un producteur et un seul diminue les salaires, il sera plus compétitif, gagnera des

parts de marché, verra la situation de son entreprise s’améliorer, pourra embaucher. Mais cela est un jeu à somme nulle, car les emplois créés par ce producteur compenseront les

destructions d’emploi opérées par les entreprises ayant perdu des parts de marché.

Conclusion   : Dès lors , on peut imaginer si les agents sont rationnels que : toutes les entreprises, afin d’améliorer leur compétitivité vont appliquer la même stratégie, mais alors les consommateurs subissant tous une baisse de salaire vont réduire leur

consommation, la demande effective va donc chuter, les entreprises vont alors être obligées de licencier.

On peut alors se rendre compte que la somme des intérêts individuels n’améliore pas le bien- être de la collectivité , mais au contraire le détériore ( la destruction d’emplois est un jeu à somme négative ) .

Ceci, car la rationalité des agents économiques est limitée ; ils sont myopes, ils ne sont pas capables d’anticiper le résultat de leurs actions cumulées, chacun ne visant que son intérêt particulier, agit finalement à l’encontre de son intérêt .

B. Les solutions keynésiennes

Le point commun à tous ces instruments est d’assurer des débouchés suffisants aux entreprises afin de les conduire à égaliser offre et demande de travail, sans recourir à des variations de salaire qui devient rigide.

1. La relation salaire emploi : la courbe de Phillips

La courbe de Philips met en évidence une relation inverse entre inflation et chômage . A l'origine, c'est le résultat d'une analyse historique sur l'Angleterre entre 1867 et 1957 menée par Phillips en 1958 qui montrait une relation négative entre la hausse des salaires et le chômage.

Elle est ensuite (Lipsey, 1960) devenue une relation entre inflation et chômage avec le dilemme selon lequel les gouvernements devraient choisir un peu plus d'inflation pour faire baisser le chômage et, inversement, accepter davantage de chômage afin de venir à bout de l'inflation.

L'histoire des années 1970-80 a montré qu'il s'agissait d'un Dilemme qui n’était pas systématique et que l'on pouvait avoir à la fois de l'inflation et du chômage. L'histoire de cette relation mouvementée est importante car elle témoigne à la fois des discussions entre experts et des aller-retour entre les théories et les faits. La clé de l'interprétation est sans doute à chercher dans les comportements des agents économiques, eux-mêmes déterminés par leur connaissance des mécanismes économiques, à une époque et en un lieu donnés.

2. La politique budgétaire

dans la problématique keynésienne, tout ce qui n’est pas consommé est épargné mais rien n’assure que ce qui est épargné sera investi. En effet : les entreprises n’ont pas intérêt à investir si elles ne reçoivent pas une demande suffisante pour

écouler leur production, bien que celle-ci soit rentable. Keynes montre par-là qu’un niveau insuffisant de propension à consommer et d’investissement

risque d’entraîner une demande effective insuffisante qui conduira les entreprises à ne plus embaucher ou à licencier, bien que leur production soit rentable.

Il n’existe dans ce contexte aucun mécanisme qui ramène automatiquement à l’équilibre.

Il faut donc que l’Etat intervienne en agissant sur les différentes composantes de la demande : La consommation des ménages : il faut alors augmenter le revenu de ménages pour

augmenter la consommation (hypothèse : la propension à consommer est constante). Il faut alors :

o augmenter les salaires sur lesquels le gouvernement peut peser, c’est-à-dire en France les salaires des fonctionnaires (politique de revenu). Encore faut-il que cela n’augmente pas trop le coût du travail , car alors cela risque d’entraîner une augmentation du chômage , contraire à l’objectif recherché .

o distribuer des prestations sociales (une politique d’accroissement des minima sociaux par exemple) aux ménages les plus défavorisés. En effet ceux sont ces ménages qui ont la propension à consommer la plus élevée. On peut donc considérer que les fuites vers l’épargne seront réduites et donc que l’effet multiplicateur sera plus important. Néanmoins dans un contexte de récession les ménages qui craignent le chômage peuvent avoir tendance à épargner le surplus de revenu, ce qui limite les effets de relance 

et/ou sur l’investissement (en appliquant une politique de grands travaux, par exemple). Le gouvernement peut se substituer à l’investissement défaillant des entreprises en augmentant ses dépenses publiques, en particulier en appliquant des politiques de grands travaux (investissement autonome : cf Roosevelt dans les années 30 ).

Les autorités mènent alors des politiques discrétionnaires de relance qui visent à exercer un effet d’entraînement sur la demande effective par une augmentation des dépenses publiques et/ou une diminution des taux de prélèvements obligatoires ( tax cut ). Ces politiques ont un effet contracyclique Grâce à l’intervention étatique, la demande effective s’élèvera, les entreprises voyant leurs débouchés augmenter accroîtront leur demande de travail, ce qui ramènera le marché du travail à l’équilibre.

Les dépenses publiques ont alors un effet multiplicateur sur la croissance

Toutes ces politiques ont un inconvénient : elles augmentent les dépenses publiques ou diminuent les recettes ; elles engendrent donc une augmentation du déficit public.

3. La politique monétaire

L’objectif est de soutenir l’investissement privé en appliquant une politique monétaire expansive visant à réduire les taux d’intérêt

Contrairement à ce qu’affirmeraient les libéraux, Keynes ne considère pas que cette politique soit inflationniste. En effet : dès lors que tous les facteurs de production ne sont pas mis en oeuvre (situation de sous-

emploi), une politique monétaire expansive aura un effet moteur sur la sphère réelle (Keynes rejette

donc la théorie quantitative de la monnaie quand l’économie est en situation de sous-emploi) . La chute du taux d’intérêt qui résultera de cette politique monétaire permettra, à efficacité

marginale du capital constante, d’augmenter la rentabilité de l’investissement.

Mais, selon Keynes, cette politique est limitée (l’exemple du Japon dans les années 90) car : la baisse du taux d’intérêt peut être compensée par une chute plus que proportionnelle de

l’efficacité marginale du capital, mais surtout la baisse des taux ne saurait franchir une limite ( Keynes la qualifie de trappe à la

liquidité ) , c’est-à-dire que si le taux d’intérêt devient trop faible , toute la monnaie détenue par les ménages est thésaurisée, ce qui engendre des fuites allant à l’encontre des objectifs recherchés par la politique monétaire expansive

La politique keynésienne nécessite donc une mutation de la vision étatique:on doit passer d’un Etat-Gendarme à un Etat-Providence, qui se voit confier la mission d’assurer le plein-emploi, en agissant sur les leviers dont il dispose : augmentation des dépenses publique, distribution de prestations sociales, réduction des impôts , politique monétaire expansionniste.

III. Quelle flexibilité pour lutter contre le chômage ? En TD

A. La flexibilité , un concept polysémique

1. Des formes de flexibilité différentes

On peut opposer schématiquement deux grandes logiques de flexibilité :

une flexibilité de type néo-classique qui a pour objectif de lutter contre les rigidités extérieures au marché dues à l’intervention de l’Etat, des syndicats.

une flexibilité reposant sur l’adaptation des processus productifs et de la main d’œuvre aux variations de la demande : flexibilité qualitative

a. La flexibilité quantitative

La flexibilité quantitative externe   : L’idéal type apparaît alors être un contrat de travail dont les conditions sont révisables au jour le jour. La flexibilité se mesure à la faiblesse des contraintes juridiques régissant le contrat de travail, et en particulier les décisions de licenciement .

La flexibilité quantitative interne   : BOYER considère que ce type de flexibilité peut être atteint soit par la flexibilité du temps de travail (par exemple son annualisation), soit par la mobilité des salariés à l’intérieur des firmes de même groupe

b. La flexibilité qualitative

La flexibilité qualitative externe C’est l’externalisation : Suppression de certaines fonctions assumées par l’entreprise par le recours aux services d’entreprises extérieures soit de production, soit de services

La flexibilité qualitative interne Elle peut être obtenue de deux manières :

L’usine flexible : Cette forme de flexibilité peut être définie comme la plus ou moins grande adaptabilité de l’organisation productive à l’évolution des marchés. Selon BOYER, elle dépend largement des choix technologiques qui sont effectués au moment de la conception de l’unité de production. Ces choix sont largement conditionnés par la taille et la régularité du marché. On comprend mieux, dès lors, l’intérêt que les entreprises semblent porter aujourd’hui à ce type de flexibilité puisqu’elle leur permet de répondre à l’évolution de la demande devenue plus imprévisible , fluctuante et diversifiée

L’ouvrier proudhonien   : Ce type de flexibilité peut être définie comme : « l’aptitude des travailleurs à changer de poste ». Ce type de flexibilité nécessite de la part de la main d’œuvre :

un savoir-faire et une compétence, en particulier une capacité à maîtriser divers segments d’un même processus productif.

Ce type de qualité se situe donc aux antipodes de celle requise par le taylorisme. La polyvalence de la main d’œuvre qui est nécessaire se rapproche de celle que l’on a pu observer dans le modèle de Ohno

c. La flexibilité salariale ou salaire au rendement

C’est  la sensibilité des salaires (nominaux ou réels à la situation économique . Remarque   : On retrouve ici , comme dans le cas précédent , une analyse de type néo-classique qui considère que , comme durant la grande crise de 29 , la cause du chômage serait la rigidité des salaires . La meilleure preuve semble d’ailleurs en être que les pays qui connaissent aujourd’hui le taux de chômage le plus faible sont ceux dont la flexibilité des salaires est la plus forte (USA ,GB , Japon) .

Comme l’indique Boyer : «  cette conception de la flexibilité conduit donc à recommander en retour : plus de concurrence sur le marché du travail, une différenciation des salaires selon la situation financière des firmes et la productivité individuelle ou une atténuation de la législation sur le salaire minimal »

2. Et contradictoires

Ces deux grandes logiques de flexibilité ne correspondent pas à la même temporalité : la flexibilité quantitative externe et la flexibilité salariale correspondent à une logique de court terme . Selon R.Boyer ,

cela résulte de la myopie du marché ; ce type de flexibilité ne permettant en aucun cas de sortir de la crise économique puisque « les licenciements et la baisse des salaires constituent plus un constat d’échec et une forme peu glorieuse d’ajustement qu’une voie royale de sortie de crise » .

en revanche la flexibilité qualitative ( ouvrier proudhonien , usine flexible ) est à long terme : il faut former et fidéliser la main d’œuvre .Selon R.Boyer , cette flexibilité est plus positive:  «  la recherche d’organisation du travail et d’équipement mettant en oeuvre une spécialisation flexible , l’objectif de formation et de qualification de la main d’œuvre visant à une certaine polyvalence , le redéploiement des interventions publiques et la législation du travail définissent d’autres formes d’ajustements , probablement plus porteuses d’avenir et mieux acceptées socialement » . Cette flexibilité est plus adaptée au contexte économique actuel. En effet, l’évolution des caractéristiques de la demande (qualité, différenciation, ... ) nécessite de la part des entreprises des capacités de réactivité . B.Brunhes écrit ainsi : «  actuellement la réactivité est devenue un des principaux atouts : rapidité de réaction aux fluctuations de commandes fréquentes et rapides sur des marchés internationalisés , capacité à faire face par des innovations à l’obsolescence de produits dont la durée de vie s’est raccourcie , impératif du juste à temps et du zéro stock » .

Les 2 grandes formes de flexibilité ne peuvent être atteintes simultanément : Comme le constate R.Boyer, toute la difficulté est alors que les différents types de flexibilité peuvent être contradictoires.

En effet, l’usine flexible nécessite des ouvriers qualifiés et polyvalents (ouvrier proudhonien) ; mais les entreprises pour attirer cette main d’œuvre doivent lui offrir des rémunérations attrayantes (en contradiction avec le salaire au rendement). Les entreprises vont par ailleurs essayer de stabiliser cette main d’œuvre pour laquelle elles ont investi en formation coûteuse (ce qui est contradictoire avec le salariat intérimaire).

Aujourd’hui, les entreprises semblent vouloir courir les deux lièvres à la fois : elles ne le peuvent que parce qu’il y a un taux de chômage élevé, mais elles risquent à terme d’aller à l’encontre de leurs objectifs : les salariés n’étant pas récompensés se désinvestissant de la vie professionnelle pour s’investir dans la vie privée .

Pour les plus motivés   les 3 grands modèles de flexibilité   :

B.Brunhes constate qu’il existe trois réponses types (au sens d’un idéal type wébérien) aux besoins de flexibilité : le modèle anglo-saxon : se caractérise par la faiblesse des lois sociales, l’étiolement du syndicalisme et conduit à une

flexibilité régressive de type quantitative externe et salariale

le modèle du Nord de l’Europe (Scandinavie, Allemagne ) et des grandes entreprises japonaises se caractérise par des législations strictes , limitant la flexibilité quantitative externe . Les entreprises sont alors obligées pour rester compétitives de développer la flexibilité interne ( à cela le Japon ajoute la flexibilité salariale )

le modèle de l’Italie , de l’Espagne et de plus en plus de la France se caractérise par : «  la superposition d’un appareil législatif réglementaire et conventionnel rigide et des comportements quotidiens réels qui ignorent ces contraintes  » , en particulier en multipliant les exceptions aux lois . C’est sûrement le modèle le moins adapté car il subit les inconvénients de la rigidité réglementaire sans bénéficier des bienfaits de la flexibilité qualitative, dans laquelle les entreprises n’investissent pas , préférant bénéficier des mesures exceptionnelles

B. La flexicurité, la solution ? (cf Sujets)

Le Danemark développe un modèle particulier qui apparaît aujourd’hui pertinent, mais qui peut s’avérer difficile à adopter pour les autres PDEM

1. le modèle danois de la flexicurité: le triangle d’or

Il se caractérise par 3 éléments :- Peu de protection de l’emploi : une flexibilité quantitative- Des allocations-chômage généreuses- Des politiques de l’emploi actives qui permettent d’améliorer la

qualification de la main d’oeuvre

Des ressources complémentaires

Exercices de remédiation Sur le net, articles et vidéosDe base Approfondissement

I – Politiques actives/ politiques passives de l’emploi

Les notions du programme Un résumé sonore

Le cours du CNED

Les Politiques de l'emploi - Melchior

Economie de l'emploi et des politiques de l'emploi

Obligations des chômeurs : les modèles allemand, danois

Le Monde

Le Centre d’Analyse stratégique : Télécharger le

rapport "Le travail et l'emploi dans vingt ans"

Une vidéo résumant le

rapport

II – Quelle politique pour quel chômage ?

Un texte à trous sur les différentes explications du chômage

Un article d’ A.Euzéby sur l’intérêt et les limites de la

suppression des charges

Un article de G Dostaler Le débat Keynes-Hayek à la lumière de la crise

Apprendre avec l’INSEE : les explications du chômage

Un texte à trous sur la politique keynésienne de lutte contre le chômage

Un didapage sur les différentes politiques

Une dissertation corrigée : coût du travail et chômage

Dissertation - Baisse du coût du travail et chômage (2008-2009).pdf

Epreuve composée - Politique économique et emploi (2012-2013).pdf

Dissertation - Les politiques de l'emploi (2012-2013).pdf

sociales : ici

Sur L’OFCE, Un rythme de croissance plus élevé n'est possible qu'avec une vraie

relance budgétaire avec Éric Heyer, l'Expansion, 16 avril

2010

Un diaporama présentant l’analyse de Keynes : Présentation PowerPoint - E-Campus

Sur le blog d’A.Parienty, Arnaud Parienty » Blog Archive » Petit cours de keynésianisme à l’usage des gouvernants .

Un cours d’AEHC de Prépa ECE §1. Objectifs et moyens des politiques conjoncturelles. La politique monétaire. La politique budgétaire.La politique du taux de change. Les politiques des revenus et des prix.

III – Quelle flexibilité pour lutter contre le chômage,

La flexibilité

Une dissertation interactive La flexibilité peut-elle réduire le chômage ?

 Dissertation -  Flexibilité du travail et emploi (2011-2012).pdf 

Une définition de la flexsécurité d’écodico de BNP Paribas : iciUne vidéo d’écodico de BNP Paribas expliquant le recours à la flexibilité : ici

Deux vidéos d’écoséko : marché du Marché et flexibilité du travail -2-

Le Monde : Quand trop de flexibilité du travail tue l'économie

Le Figaro : La flexibilité en rempart contre le chômage

Le Monde : La flexibilité? D'abord rentable pour l'entreprise

Les échos : La flexibilité de certaines rémunérations au secours de l'entreprise

Flexibilité des salaires pour rétablir le plein emploi dans les pays de la zone euro

L’exemple italien : Le marché du travail italien, une fabrique de précaires

Project Syndicate : La fausse panacée de la flexibilité du marché du travail -

Un débat de La Tribune sur l’intérêt et les limites de la flexibilité : ici

Atlantico : La flexibilité du temps de travail n'est pas un gros mot !