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Etudiante : THIEBAUT Aurore Groupe 3B Fiche de lecture : « L’enfant arriéré et sa mère » Maud MANNONI Problématique : Comment et pourquoi la relation de l’arriéré mental à ses parents peut-elle influencer sa déficience ? 1 ère année, IUT Carrières Sociales Année : 2003/2004

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Etudiante : THIEBAUT Aurore Groupe 3B

Fiche de lecture : « L’enfant arriéré et sa mère »

Maud MANNONI

Problématique :

Comment et pourquoi la relation de l’arriéré mental à ses parents peut-elle influencer sa déficience ?

1ère année, IUT Carrières Sociales Année : 2003/2004

Rappel de la problématique :

Comment et pourquoi la relation de l’arriéré mental à ses parents –et particulièrement à sa mère – peut-elle influencer sa déficience ?

Introduction

Dans son livre, Maud Mannoni s’attache à interroger la notion même de « débilité »

Effectivement, après un certain nombre de recherches sur ce sujet, la débilité se trouve être une

notion bien plus complexe que le synonyme de « déficience intellectuelle » dû parfois à un facteur

organique.

Dans cette étude et dans ce commentaire, on va donc s’attacher à chercher le sens de la

débilité dans la relation à la mère qui est souvent déterminante dans la débilité de son enfant. Dans

un second temps, on verra comment va pouvoir intervenir une thérapie dans cette relation pour

tenter de donner au débile la possibilité d’accéder à l’état de sujet.

Description de la relation entre la mère et son enfant débile

Relativement tôt, l’enfant déficient va recevoir un diagnostic précis de la part du corps

médical. Or le risque est grand pour que l’enfant se fige et s’enferme dans ce diagnostic, ainsi que

ses parents qui vont alors parcourir un chemin rempli d’ornières névrotiques. Ce diagnostic de la

déficience de l’enfant, va donc tomber comme un couperet sur la vie de l’enfant et le marquer à

vie, mais c’est aussi sur la mère qu’il va tomber.

Celle-ci en réaction, va s’engager dans un combat permanent contre l’indifférence sociale, pour

revendiquer la santé de son enfant. En quelque sorte prise en défaut dans son rôle de mère qui se

doit d’enfanter des enfants « normaux », elle va mettre en jeu pour son enfant une énergie

considérable. Le père quant à lui peut développer une attitude démissionnaire, de résignation, de

dépression, de persécution ou d’inconscience. Attitude que ne s’autorise pas la mère tellement est

concernée, impliquée sur le plan symbolique et fantasmatique, par la vie de son enfant.

Il faut ici préciser que la naissance revêt pour une mère une signification particulière : l’enfant

va matérialiser son désir qui est soit de vivre à travers son enfant la répétition de sa propre enfance,

soit de faire vivre à son enfant ce qui lui a manqué. A travers son enfant c’est en quelque sorte sa

propre enfance qu’elle va réitérer ou réparer. C’est pourquoi celui-ci va être l’enfant de rêve auquel

elle va s’identifier dans un premier temps. Or quand celui-ci chargé de tous ces rêves et de cette

identification, s’avère à la naissance être « infirme », alors cette identification n’est plus possible : cet

être réel complètement dissemblables des fantasmes maternels, va produire un choc et réveiller les

insatisfactions et les traumatismes passés de la mère. D’autre part sur le plan symbolique le problème

de la castration ne peut se résoudre, c’est-à-dire le renoncement à l’enfant fétiche.

En revanche, cet enfant va combler un désir de la mère puisqu’on va lui donner un objet à soigner, à

chérir d’une façon assez exclusive hors de l’influence du père puisque c’est à elle que va –en règle

générale- incomber la mission de l’éduquer et de le soigner. Elle va trouver toute sa place face au

besoin de soin que lui demande la situation de son enfant déficient. Parce que ses repères

d’identification lui font défaut dans son enfant, elle va transposer son angoisse, son désir sur l’enfant

et va les vivre à travers lui. De ce fait elle va non seulement, priver son enfant de pouvoir un jour être

sujet, mais aussi empêcher son enfant d’avoir ce dynamisme et cette force pour s’affirmer un jour

sujet en dehors d’elle.

Ainsi, il n’est pas rare de voir une mère s’identifier à son enfant et agir en véritable dragon dès que

son « petit » est en jeu. Parce qu’a travers les diagnostics, les psychanalyses qu’il doit subir, c’est

finalement elle qui se sent atteinte puisque son enfant est son angoisse ou encore son fantasme.

Quand la relation thérapeutique rencontre la relation mère-enfant….

On a vu que la relation mère-enfant débile est assez complexe dans la mesure où quelque

fois, l’enfant sert d’objet témoin, de partie malade que chacun peut voir. L’enfant devient l’objet

témoin qui protége la mère contre sa propre phobie ou angoisse ; puisque c’est son enfant qui est

malade ce n’est pas elle ! Or dès que par la relation psychanalytique ou thérapeutique on veut

donner à l’enfant son autonomie et sa position de sujet, on va modifier la relation qu’elle entretient

avec son enfant ; relation qui lui procurait jusqu’ici un certain équilibre. Soigner l’enfant est souvent,

paradoxalement, insupportable à la mère qui soudain n’aurait plus de protection contre sa phobie

ou son angoisse. Lorsqu’on cherche à soigner l’enfant on va se heurter à la protection et au monde

fantasmatique de sa mère. « A toucher à l’impuissance de l’enfant, on touche au manque à être de

la mère, provoquant souvent ainsi des réactions au niveau de la réalité faute de médiateur

symbolique »1

L’enfant est donc parasite de la mère tant que sa place de sujet ne lui est pas donné ; de cette

place découlerait pour l’enfant : la pleine possession de son intelligence, de sa motricité et par

conséquent une réduction de son handicap.

Non seulement, il est vrai que l’enfant débile possède un handicap intellectuel mais on voit bien que

celui-ci peut encore s’aggraver du fait que la mère ne lui donne pas la possibilité de disposer

entièrement de ses capacités même diminuées.

Ainsi lorsque pour les aider on écoute ces enfants débiles, on se trouve très rapidement emportée vers

le monde fantasmatique et symbolique des parents, tant le chemin du sens de la débilité passe par le

sentier des parents. En éclairant pour les parents, la situation de l’enfant par rapport à leurs fantasmes

on pourra arriver à dégager certaines clés qui permettront à la suite d’analyser et d’aider le débile.

Le drame de ces enfants est que leur déficience va très souvent être utilisée pour cacher la folie ou la

névrose d’un des deux parents. En conséquence, si l’on n’élucide pas dans un premier temps le 1 MANNONI Maud, 1981, édition du Seuil

contexte d’existence de celui-ci par rapport à celui de ses parents, on ne peut aider le débile à

devenir sujet et à être en pleine possession des capacités qui sont les siennes.

Conclusion :

Bien que la définition d’un débile soit vague et qu’apparemment il reste des zones d’ombres à

découvrir dans cette définition qui n’est sûrement pas complète ; on s’aperçoit que définir la débilité

implique d’aller plus loin que la simple déficience intellectuelle, puisque cette situation va ensuite

entraîner un certain traumatisme pour l’entourage et par réaction miroir, pour l’enfant lui même.

Un des éléments les plus évidents qui résultent de cette analyse c’est que la plupart des enfants dits

« débiles » ont une capacité évolutive dans une certaine mesure, qui peut être mise à jour lors d’une

psychothérapie ou psychanalyse, par exemple.

C’est bien cela, que M.MANNONI nous amène à comprendre : elle insiste sur le fait qu’un diagnostic

n’est jamais réellement irrévocable et qu’il faut redonner au débile et à ses parents l’espoir, puisque

que le constat n’est absolument pas définitif. On a vu plus haut que si l’on permet au débile de ne

pas être enfermé dans le carcan du diagnostic et de sa déficience, avec l’aide d’une psychanalyse,

l’évolution est possible. Son ouvrage a pour vocation de reposer la question de la débilité, en lien

avec la parentalité, et de la place que l’on donne ou non à ces enfants déficients dans la société.

Cette notion paraissait tellement évidente dans l’inconscient collectif qu’à la ré-interroger on

s’aperçoit qu’on n’en savait rien et que c’est un phénomène complexe que la situation d’un débile

dans son contexte familial.

Dans l’étude que fait MANNONI, je trouve particulièrement primordiale la place qu’elle

consacre à la dimension humaine des débiles et des parents qu’elle a rencontrés. Effectivement,

dans tout travail thérapeutique ou relationnel, on semble quelque fois oublier que les personnes en

face de nous -quel que soit leur problème- sont avant tout des personnes humaines qu’il convient

d’écouter avec le plus grand respect et la plus grande empathie. Ce faisant, on est bien plus en

capacité de pouvoir apprécier au plus juste la situation qui est la leur et ensuite proposer une

thérapie qui colle au plus près de la situation.

Même si proposer une psychothérapie à tous les enfants déficients et leurs parents reste

encore impossible faute de professionnels formés à ce travail spécifique, l’espoir d’évolution réside

tout de même dans le changement du type de relation au monde de ces enfants : qui consiste à

tenter de les guider vers l’accès au « je » distinct du « je » des parents et vers l’autonomie, en tant que

sujet.