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EN PRATIQUE> SOMMAIREN°05 MARS 2007
Pas moins de 129 sociétés belges sont entrées en Bourse depuis 1984 (hors Marché Libre). Et, en matière d’IPO, l’année 2006 a été exceptionnelle pour les marchés annexes d’Euronext Bruxelles, avec 13 introductions. Notre dossier éclaire les grands défi s d’une introduction en Bourse avec,
en parallèle, le témoignage de patrons et CFO ayant orchestré une IPO.
Dossier
Management: Comment réussir son
introduction en Bourse
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°05 - MARS 2007
2
Comment réussir son introduction
en Bourse
MANAGEMENT
P our une société, une introduction en Bourse
consiste à faire entrer des tiers dans son capital.
Mais il existe en réalité de nombreuses maniè-
res d’ouvrir le capital d’une entreprise. L’entrée
de tiers dans le capital de groupes familiaux/privés peut revêtir
des formes très variées: achat d’actions existantes, souscription
à des actions nouvelles, souscription à des obligations « Equity
Linked » (emprunt convertible, emprunt avec warrants, etc.).
Quant aux tiers, ils peuvent être des Business Angels, des Ven-
ture Capitalists, des Private Equity Investors, des fonds spécia-
lisés, des holdings fi nanciers, des investisseurs industriels (vi-
sant, à terme, le contrôle), … mais aussi précisément, le grand
public à l’occasion d’une Initial Public Offer (IPO), comme on
dit en anglais.
La décision d’entrer en bourse est en fait l’aboutissement d’un
processus parfois long et complexe. Au cours d’une analyse
préliminaire approfondie de nombreux aspects doivent être
examinés: le climat boursier est-il réceptif? Y a-t-il une solution
alternative à une opération publique? L’entreprise est-elle gran-
de assez? Le « free fl oat » sera-t-il suffi sant? L’entreprise a-t-elle
des besoins d’argent frais? Le contrôle est-il structuré? Etc.
Dans le prolongement de ce qui précède, il faut identifi er les
principaux avantages et inconvénients d’une introduction en
Bourse tant pour la société et son personnel, que pour ses ac-
tionnaires. La réussite d’une introduction en Bourse dépend
de nombreux facteurs qui devront être surveillés et étudiés de
près. Nous en détaillons quelques-uns ci-dessous.
L’ENVIRONNEMENT Même si l’entreprise répond parfaitement aux critères d’ad-
mission, le succès de son introduction en Bourse sera condi-
tionné à un climat boursier favorable. Un coups d’oeil dans le
rétroviseur illustre parfaitement cet aspect des choses. Dans
notre pays, depuis 1984, année du début de la vague des in-
troductions en Bourse de sociétés belges, le nombre d’opé-
rations s’est élevé à 129 (hors marché libre). Le moment de
survenance de ces opérations a été étroitement lié au climat
boursier ambiant.
L’euphorie boursière des années 80 et 90 a entraîné dans son
sillage une centaine d’introductions en Bourse de sociétés
Pas moins de 129 sociétés belges sont entrées en Bourse depuis 1984 (hors Marché Libre). Et, en matière d’IPO, l’année 2006 a été exceptionnelle pour les marchés annexes d’Euronext Bruxelles, à savoir Alternext et le Marché Libre, avec 13 introductions. Administrateur délégué de la Banque Degroof et président du Conseil d’administration de Degroof Corporate Finance, Alain Schockert éclaire les grands défi s d’une introduction en Bourse. En parallèle, Finance Management est allé à la rencontre de patrons et de CFO ayant orchestré une IPO.
TEXTE : ALAIN SCHOCKERT (BANQUE DEGROOF)
ENCADRÉS: LAURENT CORTVRINDT
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°05 - MARS 2007
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belges. De juin 1984 à juin 1987, soit en trois ans (période
boursière faste), 19 sociétés belges ont été introduites. Le
crash du 19 octobre 1987 a marqué un coup d’arrêt à l’eupho-
rie, tout comme – mais dans une moindre mesure – le déclen-
chement de la guerre du Golfe, trois ans plus tard.
De 1997 à 1999, 59 sociétés belges ont emprunté le chemin
de la Bourse, soit une tous les 15 jours, en moyenne. Cet en-
gouement faisait suite à des performances boursières remar-
quables. Le déclin de 35% des actions belges en 1999-2002
a relégué, à l’arrière-plan, les IPO de même que les appels
publics à l’épargne. Le redressement spectaculaire du marché
boursier belge depuis mars 2003 (+ 159% en 2003-2006) a re-
donné vigueur aux IPO: six en 2005, dix en 2006, sans comp-
ter le marché libre.
ALTERNATIVES À L’INTRODUCTIONSi les actionnaires d’origine veulent ouvrir le capital à
des tiers tout en conservant le contrôle de l’entreprise, ils
s’interrogeront peut-être sur les mérites des différentes
options qui s’offrent à eux, notamment l’introduction
en Bourse ou de l’entrée de partenaires financiers (ou de
fonds spécialisés ou non) dans le capital. Ce dernier scé-
nario précède parfois – de plusieurs mois, voire plusieurs
années – l’entrée en Bourse.
Cela a notamment été le cas pour des sociétés comme Asso-
ciated Weavers, Ackermans & van Haaren, Côte d’Or, Deceu-
ninck, GIMV, Quick, etc. A ce stade, le partenaire financier
entre, en principe, dans le capital à un prix moindre, puisque
l’action qu’il acquiert est illiquide (car non cotée).
VALEUR DE L’ENTREPRISE L’évaluation de l’entreprise est une étape clé de la phase prélimi-
naire à une introduction en Bourse. En règle générale, la valeur
sera approchée sous divers angles, par le conseiller fi nancier de
l’entreprise, les méthodes les plus souvent utilisées étant:
- la valeur patrimoniale ou actif net redressé,
- la méthode des ratios boursiers,
- actualisation des revenus futurs
« Depuis quelques années, nous avions
décidé de faire du pôle immobilier un
pôle stratégique, confi e Carl Mestda-
gh, CEO d’Ascencio née, en mai 2006,
de la volonté du groupe Mestdagh de
mieux valoriser son expérience immo-
bilière développée depuis une dizaine
d’années en parallèle à ses activités de
distribution alimentaire. A partir du
moment où nous voulions réaliser et
accélérer notre développement et trou-
ver le meilleur outil de rendement pour
les actionnaires, j’en ai conclu que la So-
ciété d’investissement à capital fi xe im-
mobilier (Sicafi ) constituait le meilleur
investissement. Et comme une Sicafi
signifi e une cotation en Bourse, nous
avons franchi le pas. Pour l’immobilier
belge, je dois avouer qu’il s’agit sans
doute de la meilleure solution pour ren-
contrer ces objectifs. »
Cependant, la durée et la complexité
de ce genre d’aventure sont souvent
sous-estimées, poursuit-il. « Pour les
entrepreneurs qui veulent s’y attaquer,
l’entrée en Bourse représente sou-
vent une nouvelle expérience. Je leur
conseillerais de toujours garder leur
bon sens d’entrepreneur et de conser-
ver les pieds sur terre. Il faut également
veiller à ne pas sous-estimer la lour-
deur de la tâche et le formalisme qui
complexifi e le processus. La communi-
cation se révèle également très impor-
tante. Mais, là aussi, il faut rester pru-
dent et attendre le bon moment pour
communiquer. »
Le programme s’est révélé particuliè-
rement compliqué car la transaction
rassemblait de nombreux parte-
naires. « Cette expérience fut toute-
fois positive car elle m’a permis de dé-
couvrir de nouvelles facettes de mon
métier. L’entrée en Bourse pousse en
effet votre société beaucoup plus loin
en corporate gouvernance, en forma-
lisme, en prudence... Le prix d’intro-
duction a été arrêté pour rencontrer
un juste équilibre entre, d’une part,
les intérêts des actionnaires existants
et, d’autre part, le fait de proposer un
produit attrayant pour les action-
naires existants et futurs. Nous avons
donc cherché notre cible en termes de
rendement afi n de nous positionner
de façon compétitive sur le marché. »
Carl Mestdagh,Chief Executive Offi cer d’Ascencio
« Il faut garder son bon sens d’entrepreneur »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°05 - MARS 2007
4
MANAGEMENT
Le chocolatier NewTree proposant
une approche originale du chocolat
a fait son entrée sur le Marché Libre
d’Euronext Bruxelles fi n 2005 pour
fi nancer la dynamique de sa crois-
sance. « Les fonds ont été réservés au
fi nancement de nos fi liales et de no-
tre joint-venture américaine, confi e
Benoît de Bruyn, son directeur. Nous
avons également étoffé notre équipe
commerciale internationale. Sans
compter le fi nancement classique de
notre cash-fl ow, les fonds ont aussi été
consacrés à notre équipe de recherche
et développement et au fi nancement
de nos innovations. »
Contrairement aux apparences,
cette arrivée en Bourse fut peu com-
pliquée. « Elle nécessite cependant
une préparation drastique de toutes
les composantes de l’entreprise. Cela
présente néanmoins un avantage
indéniable pour tout responsable
d’entreprise qui désire professionna-
liser sa structure et sa stratégie: les
documents juridiques, fi scaux, comp-
tables, fi nanciers et sociaux seront
irréprochables, le fonctionnement
interne précisément rodé, la straté-
gie clairement stipulée, les règles de
bonne gouvernance mises en place,
les risques défi nis et canalisés, etc. »
Si tout cela n’est pas déjà sur les rails,
l’entreprise devra aussi apprendre à
professionnaliser sa communica-
tion. « En résumé, que du bon pour
une gestion effi cace! Sans parler de la
crédibilité supplémentaire obtenue
auprès des clients et de la visibilité in-
ternationale sur les produits. » Pour
réussir l’opération, NewTree s’est en-
touré d’avocats (Laga), d’auditeurs
(Deloitte), d’une société de Bourse
(Leleux) et d’une agence de com-
munication (Ogilvy). « Nous n’avons
fait aucune concession sur le choix
des auditeurs. Ils restent garants d’un
audit aux normes et critères inter-
nationaux. Nous avons aussi sélec-
tionné la société de Bourse comme
intermédiaire d’introduction. Elle
disposait de managers expérimen-
tés, d’un réseau de clientèle étendu
pouvant toucher de nombreux petits
porteurs et elle nous a donné, avant
l’introduction, une garantie sur fonds
propre de bonne fi n de l’opération
d’introduction. »
En ce qui concerne le prix de l’ac-
tion lors de l’introduction, Benoît
De Bruyn s’est toujours rallié à l’avis
postulant que le marché décidera de
lui-même. « Si le marché estime que le
titre est trop valorisé, il corrigera. Et si
le titre représente une belle opportu-
nité, il grimpera lors de son introduc-
tion. Le juste prix ne constitue donc
pas un véritable débat car on vérifi era
a posteriori si le titre était sous ou sur-
valorisé. Dans notre cas, le calcul a été
réalisé en tripartite, entre la société de
Bourse, le management de NewTree et
le contrôle du réviseur. Chacun a pro-
cédé à son estimation que nous avons
comparée afi n de défi nir un équilibre
guidé par les intérêts de marché. »
L’introduction en Bourse comporte
certainement moins de désavanta-
ges que de contraintes, conclut-il.
« Au rayon des points négatifs, no-
tons quand même le coût fi xe de ce
type d’opération lorsque les mon-
tants levés sont proportionnellement
faibles, ce qui est le cas sur le Marché
Libre. Ensuite, on rencontrera encore
une série de contraintes – ou d’op-
portunités – lors de l’après Bourse car
l’entreprise devient fort courtisée et
elle doit assumer son statut en gé-
rant quotidiennement ses nouveaux
actionnaires, la communication et la
bonne liquidité du titre. »
Benoît de Bruyn, Managing Director de NewTree
« L’IPO ? Que du bon pour une gestion efficace! »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°05 - MARS 2007
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STRUCTURE FINANCIÈRELa structure bilantaire du groupe permet-elle de faire face
à ses projets de développement? Si non, l’introduction en
Bourse pourra avoir lieu par émission d’actions nouvelles. Le
cas échéant, lors de la détermination de la taille de l’opéra-
tion offerte au public, cette émission pourrait être couplée
à une cession de titres. Il ne faut pas perdre de vue qu’une
société cotée doit solliciter le marché des capitaux lorsque
celui-ci est réceptif et pas nécessairement au moment où
elle a besoin des capitaux.
STRUCTURE DU CONTRÔLEQuoi qu’il en soit, il est impératif de structurer le contrôle de l’en-
treprise au moment où celle-ci va acquérir un caractère public. La
raison essentielle en est la continuité. Dans les groupes familiaux,
l’affectio societatis risque de s’éroder avec le passage des généra-
tions. Des divergences de vues, voire des confl its, peuvent surgir
au sein de l’actionnariat familial sur les objectifs de l’entreprise, sa
politique de distribution, sa politique de croissance, etc.
De surcroît, dès l’instant où l’entreprise est cotée, la tentation
peut être forte chez les actionnaires familiaux en opposition avec
la stratégie de l’entreprise ou tout simplement désireux de dispo-
ser de moyens fi nanciers additionnels, de vendre en Bourse des
actions de l’entreprise.
Aussi, afi n de prévenir toute dérive pouvant être néfaste à l’entre-
prise, il convient de structurer, préalablement à la mise en Bourse,
le contrôle de l’entreprise. C’est une des missions-clés du conseiller.
Sans entrer dans le détail, diverses dispositions peuvent être pri-
ses. Citons, par exemple, la mise en place d’un pacte d’actionnai-
res (à tout le moins avec le noyau dur de l’actionnariat d’origine),
la création d’un holding de contrôle coiffé, le cas échéant, par un
Administratiekantoor, etc.
En raison des nouvelles dispositions en matière d’OPA, il est
hautement recommandé de fédérer au moins 30% du capi-
tal de la société cotée ou de celle qui entrera en Bourse, sous
peine de déclencher une OPA lorsque le noyau dur franchira
la barre des 30%.
Jadis exsangue, la cristallerie du Val Saint-
Lambert (Seraing) a fait son introduction
en Bourse sur le Marché Libre d’Euro-
next Bruxelles à la fi n 2005. « La levée
des fonds a rencontré nos espérances et
notre objectif, explique Sylvie Henquin,
sa CEO. Nous désirions davantage de visi-
bilité. Nous l’avons obtenue. Pour y arriver,
la communication externe a joué un rôle
essentiel. Le Val Saint- Lambert possède
un nom porteur. Nous bénéfi cions d’une
certaine renommée et cela nous a cer-
tainement aidés. A ce jour, je peux donc
avancer que l’expérience fut très positive
pour notre marque. »
Quant aux éventuels côtés négatifs, elle
dit ne pas encore bénéfi cier du recul né-
cessaire pour porter un jugement précis.
Peu de sociétés communiquent d’ailleurs
sur cet « après » entrée en Bourse. Le prix
d’introduction a été déterminé au ni-
veau des fonds propres alors que, pour
des produits de marque, il atteint géné-
ralement quatre à six fois ce montant.
« Pour les particuliers, cela s’est matérialisé
par un attrait important. Par la suite, nous
espérons toutefois parvenir à ce niveau de
multiples de fonds propres. »
L’entrée en Bourse d’une société implique
une série de répercussions. « Par exemple,
nous so sonnes de confi ance qui croient
aussi au projet et qui dynamisent les
équipes, conclut Sylvie Henquin. « Chez
Val Saint-Lambert, nous avons tout réalisé
grâce aux ressources internes. A titre per-
sonnel, j’avais déjà participé à cet exercice
pour un ancien employeur. Je savais donc
à quoi m’attendre. C’est un avantage car
la préparation d’une entrée constitue un
travail de grande ampleur, un peu com-
me si l’on répondait à un très gros appel
d’offre. Et lors qu’on se présente devant la
Commission de Bourse, le dossier doit im-
pérativement être bien étayé. »
Sylvie Henquin, Chief Executive Offi cer du Val Saint-Lambert
« Nous désirions davantage de visibilité et nous l’avons obtenue »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°05 - MARS 2007
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MANAGEMENT
QUEL MARCHÉ BOURSIER?En Belgique, les segments boursiers sont:
- Eurolist – Euronext
- Alternext
- Marché Libre
Principaux avantages et inconvénients d’une introduction
en Bourse
L’opportunité d’une introduction en Bourse doit être exami-
née tant du point de vue de la société et de son personnel,
que de ses actionnaires.
Du point de vue de la société et du personnel
Une introduction en Bourse présente les principaux avanta-
ges suivants:
° Elle permet à la société d’accéder, à des conditions plus favo-
rables, au marché des capitaux en vue de fi nancer son expan-
sion et/ou d’améliorer sa structure bilantaire. Même si l’opé-
ration se fait exclusivement par cession de titres existants, la
société, grâce à sa cotation, pourra accéder ultérieurement
plus aisément au marché des capitaux et bénéfi cier d’un coût
du capital moindre.
° Réduction du coût du capital: le coût des fonds propres est
le taux de rentabilité exigé par l’actionnaire. Il se compose du
taux sans risque et de la prime de risque. Soit dit en passant,
celle-ci a atteint un niveau historique sur Euronext Brussels,
avec plus de 7% en 2003. Actuellement, la prime de risque
avoisine les 5%, encore très supérieure à la moyenne de 3%
environ observée ces dernières décennies. Une société qui est
introduite en Bourse aura un coût du capital moindre en rai-
son de la disparition de la décote d’illiquidité.
Alain Schockert: « Une introduction en Bourse a des retombées médiatiques importantes non seulement au moment de l’opération proprement dite mais aussi – et surtout – après celle-ci. »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°05 - MARS 2007
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° Corporate Governance (Code Lippens): à l’occasion de leur
introduction en Bourse sur un marché réglementé (Eurolist
– Euronext), les sociétés adopteront un code de Corporate
Governance (Code Lippens).
° Croissance externe: une mise en Bourse favorise la crois-
sance externe, à savoir les fusions, absorptions et acquisi-
tions. En effet, les actions d’une entreprise cotée peuvent être
échangées contre celles d’une société à acheter.
° Notoriété accrue: une introduction en Bourse a des re-
tombées médiatiques importantes non seulement au mo-
ment de l’opération proprement dite mais aussi – et surtout
– après celle-ci. Des sociétés de relations publiques sont gé-
néralement mandatées pour accompagner l’entreprise dans
l’organisation de ses premiers contacts avec la presse, dans
l’organisation de ses séances de présentation (road shows) à
la communauté fi nancière belge ou étrangère. Celles-ci ont
pour but de mieux faire connaître l’entreprise, ses dirigeants,
ses produits, sa situation fi nancière, ses perspectives, etc.
Bref, une entreprise cotée occupe une place importante dans
le paysage fi nancier du pays.
° Pérennité de l’entreprise: celle-ci est assurée par la mise
en place d’une structure de contrôle qui accompagne géné-
ralement une introduction en Bourse.
° Facilite la mise en place d’une politique d’intéressement
du personnel, le prix d’exercice des options étant le cours
de Bourse.
Evidemment, il n’y a pas que des avantages, mais également
aussi quelques inconvénients:
° Coûts liés à l’introduction en Bourse: sont visés les coûts
– directs et indirects – liés à l’étude de faisabilité et à la pré-
paration de l’introduction en Bourse. Ceux-ci dépendent gé-
néralement de la nature du dossier et de sa complexité. Cette
étape requiert du top management une disponibilité de
temps car il s’agit d’un processus qui nécessite une réfl exion
souvent longue et approfondie. Sans oublier les coûts liés à
la cotation.
° Obligation en matière d’information: toute société cotée sur
Euronext Brussels doit informer ses actionnaires:
- communication de toute information susceptible d’avoir
une infl uence signifi cative sur le cours de l’action;
- publication semestrielle des comptes.
Toute divergence entre la réalité et les prévisions des analys-
tes fi nanciers peut conduire à des réactions brutales des mar-
chés fi nanciers, surtout en cas d’avertissement sur résultats
(profi t warning). Face à ces réactions parfois exagérées des
marchés, certaines entreprises refusent d’ailleurs désormais
de faire connaître leurs prévisions.
DU POINT DE VUE DES ACTIONNAIRESUne mise en Bourse présente les principaux avantages suivants:
° Par défi nition, une mise en Bourse offre une liquidité à l’ac-
tion. Il s’ensuit une valeur supérieure, par la disparition de la
décote d’illiquidité. Celle-ci avoisinerait actuellement les 15 %.
° Le cours de Bourse est désormais une valeur de référence dans
les transactions au sein même de l’actionnariat d’origine.
° Si l’introduction en Bourse se fait par cession de titres exis-
tants, l’opération permettra aux actionnaires de réduire leur
« exposure » dans la société, et de diversifi er leur patrimoine,
sans perte nécessairement du contrôle.
° Une introduction en Bourse laisse toutefois ouverte la possi-
bilité d’une cession ultérieure du contrôle. Elle peut même fa-
voriser celle-ci, par une plus grande visibilité de la société et un
accès plus aisé à l’information. Il va de soi qu’une structuration
du contrôle s’impose généralement avant l’entrée en Bourse
afi n d’éviter une prise de contrôle larvée. Ceci est une des fa-
cettes de l’analyse préalable à la mise en Bourse (cfr. supra).
Sur les 129 sociétés belges qui sont entrées en Bourse depuis 1984
(hors marché libre), 58 – soit près d’une sur deux – sont ressorties
de la Bourse, soit qu’elles aient été l’objet d’une OPA (amicale, en
général), d’une OPE, ou qu’elles soient tombées en faillite. Par voie
de conséquence, ces sociétés ont été radiées de la cote. Ces OPA/
Valeur - PrixObservations empiriques
Source: Banque Degroof.
D’une manière plus générale, en matière d’évalua-
tion, des écarts parfois signifi catifs peuvent apparaî-
tre entre la valeur d’une action/société et le prix payé
(rencontre entre l’offre et la demande) pour cette ac-
tion/société. Les sources de divergence peuvent être:
- mode de cession : de gré à gré, auction, ...
- poids de critères non fi nanciers
- ampleur de l’intérêt pour la cible
- degré d’engouement pour un secteur
- ampleur et durée des garanties concédées par le vendeur
- ...
Introductions en bourse de sociétés belges (1984 – 2006)Ecart entre le premier
cours de Bourse et le « prix »
(basé sur la valeur) de l’offre publique
de vente
Nombre d’introductions
en BourseEn % du
total
< 0 % 19 14,7
De 0 à 10 % 74 57,4
De 10 à 25 % 19 14,7
De 25 à 50 % 8 6,2
Plus de 50 % 9 7
129 100
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°05 - MARS 2007
8
MANAGEMENT
Fondée en 1997, U&I Learning est un important
intégrateur d’e-Learning opérant en Belgique et
aux Pays-Bas. L’entreprise a connu ces dernières
années une forte croissance avec une clientèle
de haut niveau réunissant bon nombre de grands
noms de l’industrie et du secteur public. « Nous
avons décidé d’entrer en Bourse pour deux rai-
sons, explique son patron, Francis Declercq. Tout
d’abord, pour assurer la croissance de l’entreprise
en recherchant du capital. Ensuite, notre action-
nariat était malheureusement un peu divisé suite
à nos investissements et à une fusion. Or, si vous
voulez une croissance pour votre entreprise et une
stratégie qui recueille l’assentiment de tous, vos
actionnaires doivent tous regarder dans la même
direction. C’est justement ce que permet une entrée
en Bourse, ainsi qu’entre autres un gain de notoriété. »
Pour réussir cette tâche, il est d’abord essentiel de
trouver le capital pour l’entreprise. « Cela prend du
temps – généralement plus que prévu – et de l’énergie
pour signer les accords, boucler les dossiers… Ce capi-
tal, nous l’avons cherché en majorité chez le public.
Notre actionnariat se compose donc majoritairement
de particuliers. Pour le côté pratique, je déconseille-
rais de rentrer en bourse sans ‘reference shareholder’.
En effet, en restant dans l’entreprise avec son capital
majoritaire, un reference shareholder permettra de
continuer à prendre des décisions conformes à la stra-
tégie de l’entreprise et à la stratégie du fi nancier. Sans
cette combinaison, rien ne va plus. L’entrée en Bourse
réclame réellement une locomotive. »
Différentes formules se valent pour déterminer
le prix d’introduction, ajoute Francis Declercq.
« Le peer group permet par exemple de se baser
sur ce qu’on fait des firmes semblables à la vôtre,
en Belgique et à l’étranger. Si elles sont cotées en
Bourse, vous obtiendrez ainsi de précieuses réfé-
rences en vente et en valorisation. Avec la méthode
discounted cash flow, on peut estimer une situa-
tion future sur base des chiffres du présent. Enfin,
vous pouvez également rechercher des transac-
tions, comme par exemple une vente d’entreprise
dans votre secteur, afin de trouver des points de
références qui permettront de déterminer une
méthode de valorisation de votre entreprise. Pour
U&I Learning, nous avons privilégié une moyenne
de ces trois méthodes. »
L’entrée en bourse constitue un moyen difficile
de recherche d’argent, conclut-il. « Les entrepri-
ses familiales doivent se rendre compte qu’à par-
tir de ce moment, elles ne seront plus maîtresses
de leur destin à 100%. Désormais, un investisseur
s’occupera avec eux de la gestion, des méthodes
de travail, des décisions, de la communication…
Pour une entreprise à plus gros capital, les habitu-
des changeront moins. Il s’agira tout au plus d’un
investissement d’une ou deux personnes en extra
pour effectuer le travail. »
Francis Declercq,Chief Executive Offi cer d’U&I Learning
« L’entrée en Bourse réclame réellement une locomotive »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°05 - MARS 2007
9
OPE, qui sont l’expression d’un mouvement de concentration pro-
gressive, voire de mondialisation, se sont généralement déroulées
dans des conditions attrayantes pour les actionnaires de la cible.
Sur base d’observations statistiques des dernières décennies en
Belgique, les primes de contrôle avoisinent les 25-30%. Celles-ci
sont mesurées par l’écart entre le cours avant l’annonce de l’offre
publique et le prix de celle-ci. En Belgique, en matière d’OPA, la
nouvelle loi devrait entrer en vigueur avant l’été 2007. Le nouveau
dispositif légal sera très différent du régime actuel (cfr infra).
Au rang des inconvénients (le cas échéant):
° La déclaration de transparence: il s’agit probablement de
l’inconvénient majeur, lorsque le groupe candidat à la cota-
tion est entre les mains de familles. La loi du 2 mars 1989
stipule que toute personne détenant plus de 5% des droits de
vote d’une société cotée en Bourse doit en informer la Com-
mission bancaire, fi nancière et des assurances (CBFA). Cette
communication doit également être faite à chaque fois qu’un
seuil de 5 % est franchi. Dans certains cas, les statuts des so-
ciétés fi xent les seuils à 3 %.
Fondée en novembre 2005, Aedifi ca est une société d’inves-
tissement à capital fi xe immoblilier (Sicafi ) dont l’activité se
concentre principalement sur le marché immobilier rési-
dentiel en Belgique. « La cotation en Bourse constitue une
des conditions du statut légal d’une Sicafi , commente d’em-
blée Stefaan Gielens, son CEO. Si notre société était récente,
elle manifestait néanmoins des ambitions de croissance bien
défi nies. Et pour fi nancer cette croissance, nous avons fait ap-
pel à l’épargne publique. »
L’équipe a présenté un business plan qui devait lui permet-
tre de créer un portefeuille immobilier. « Notre opération
était mixte car nous avons augmenté le capital par la créa-
tion de nouvelles actions… tout en permettant à une partie
des actionnaires de vendre leurs titres. Nos objectifs ont ainsi
été réalisés. »
De nombreux facteurs infl uencent une entrée en Bourse,
poursuit-il. « Je pense naturellement qu’il faut avant tout
posséder un produit qui permette à l’investisseur de croire
dans un projet et en votre entreprise. Plus techniquement, il
faut absolument s’entourer de spécialistes de l’introduction
en Bourse qui, eux, sauront ce qu’il faut ou ne faut pas réali-
ser fi nancièrement, juridiquement… Ces conseils garantissent
une partie du succès. »
Stefaan Gielens estime aussi que la communication joue
un rôle essentiel. « Car, au fond, une entrée en Bourse signifi e
la mise en vente de votre produit sur le marché. Il est donc
essentiel de communiquer de façon effi cace à propos de votre
produit, de vos projets, de vos perspectives… Pour ce domaine
également nous avions travaillé avec des spécialistes, Comfi ,
une agence de communication fi nancière. Enfi n, il faut éga-
lement se rendre compte qu’une société cotée en Bourse
comptera beaucoup plus d’obligations qu’une autre entre-
prise. »
Le prix d’introduction a quant à lui été défi ni entre, d’un
côté, le conseil de la société et ses actionnaires, et les ban-
quiers d’un autre côté. « Différentes méthodologies existent
pour défi nir les prix, mais il s’agit là aussi d’un problème
d’équilibre entre les actionnaires existants de la société et le
marché », dit-il.
Stefaan Gielens, Chief Executive Offi cer d’Aedefi ca
« Une entrée en Bourse signifi e la mise en vente de votre produit sur le marché »
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