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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009 1 FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009 1 1 1 1 EN PRATIQUE SOMMAIRE N°30 - SEPTEMBRE 2009 Dossier Accounting Quels leviers la comptabilité peut-elle activer an de contribuer activement aux résultats de l’entreprise? Tentative de réponse et partage d'expériences dans notre dossier.

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009

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EN PRATIQUESOMMAIREN°30 - SEPTEMBRE 2009

Dossier

Accounting

Quels leviers la comptabilité peut-elle activer afi n de contribuer activement aux résultats de l’entreprise? Tentative de réponse et partage

d'expériences dans notre dossier.

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009

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L e spectre business de GIAL, organisme parapublic,

se révèle relativement large. Il couvre la globalité

des services informatiques offerts à des services

publics locaux, du matériel et des logiciels de bu-

reautique à des applications « métier » ou le développement de

services d’e-administration ou d’e-gouvernement, en passant

par l’aide sur site ou à distance aux utilisateurs. A cette activité

s’ajoute une mission de gestion de la téléphonie et des lignes

informatiques à proprement parler. Pour résumer, GIAL joue le

rôle de service informatique externalisé d’une administration

locale, son principal client restant la Ville de Bruxelles.

La comptabilité n’étant, généralement, pas un produit de l’en-

treprise, elle ne contribue pas, à proprement parler, aux résul-

tats de celle-ci. Faut-il pour autant n’y voir qu’un mal néces-

saire? Non, bien entendu. En traduisant son patrimoine, ses

résultats, en permettant de suivre ses budgets et de comparer

les éléments réels aux estimations, la comptabilité permet de

construire des outils de gestion. En outre, elle offre des services

aux autres départements, ces services pouvant être valorisés

au même titre que toutes les autres prestations internes, elle

devient, en ce sens, un centre de profi t. Dans ses activités, on

trouvera des services permettant de supporter le processus de

décision tels que la production d’indicateurs, de reporting, de

situation de trésorerie, etc. Un début de contribution concrète

aux résultats, en produisant des indicateurs opérationnels et

en les livrant à un système de management plus global.

Néanmoins, la comptabilité possède ses propres limites. Les

entreprises sont complexes et le périmètre de la comptabilité

ne peut pas avoir la prétention de traduire toutes ses facettes

liées à la stratégie, à la structure, aux systèmes, au style de

management, aux ressources humaines, au savoir-faire. Ses

indicateurs doivent donc être pensés en fonction de l’activité

de l’entreprise, de sa taille, de ses points d’attention. Ces don-

nées seront ensuite traduites dans un tableau de bord à des-

tination du management qui bénéfi ciera ainsi de données de

gestion ergonomiques et structurées.

RESPONSABILISATION Chez GIAL, la fonction comptable est internalisée et position-

née en reporting direct par rapport à Pascal Deknop, le CFO.

Elle couvre aussi les aspects contrôle de gestion en termes

d’analyses primaires des résultats. « Depuis plus de cinq ans et

la disparition du service externe, le choix de la fonction comp-

table interne s’est effectué par rapport au volume de travail,

explique-t-il. Cela nous permet une plus grande accessibilité à

l’information et une plus large fl exibilité par rapport au travail

du personnel en charge. Dans une PME, on peut envisager un

service comptable externe. Dans une entreprise plus grande,

La compta, centre de profit?

FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS

Quels leviers la comptabilité peut-elle activer afi n de contribuer activement aux résultats de l’entreprise? L’expérience en « accounting » qu’ont pu accumuler Pascal Deknop et Robert Delimont leur permet de jeter un regard éclairé sur une fonction qu’ils considèrent avant tout comme un pourvoyeur d’indicateurs.

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

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3la comptabilité dépasse le strict aspect légal. On doit traiter

les volets analytiques, les budgets… On ressent vite le besoin

d’avoir à disposition immédiate un responsable qui connaît

bien les rouages internes. Dans le cadre de notre société, la

comptabilité a contribué ainsi à responsabiliser nos collabora-

teurs, à favoriser les initiatives de contrôle des projets et des

activités courantes. »

EN ALERTEDésormais, face à l’évolution du métier, Pascal Deknop ne

peut plus attendre d’un comptable qu’il soit « uniquement »

un bon technicien. « La fonction a fortement évolué depuis dix

ans. Il faut désormais pouvoir démontrer certaines capacités de

base en contrôle de gestion, maîtriser la balance des comptes

généraux, les notions élémentaires de trésorerie… Ce qui n’était

pas forcément nécessaire autrefois lorsque le métier de comp-

table se révélait bien plus cloisonné. Aujourd’hui, les comp-

tables doivent aussi faire preuve de polyvalence. » D’autres

facteurs, plus récents, ont également exercé un mouvement

dans l’activité comptable. En effet, le ralentissement écono-

mique et la profonde crise fi nancière que nous traversons in-

fl uencent pour une grande part l’actualité des professions du

chiffre. Transparence et corporate gouvernance se partagent

la vedette avec la simplifi cation administrative, l’analyse de la

rentabilité des activités et le choix dans les investissements.

Il en résulte que les CFO ont été largement sollicités pour

revoir des processus internes. Ces interrogations permettent

de mettre en lumière des opportunités, des améliorations po-

tentielles ou encore des choix sur les segments les plus ren-

tables. Chaque crise met en lumière de nouvelles possibilités

et les entreprises les mieux armées, en termes de pilotage de

leurs informations, en sortiront grandies. « Ce qui ne signi-

fi e pas pour autant que notre service comptabilité a dû être

réorganisé de fond en comble. Sa structure était, au contraire,

tout à fait pertinente et la crise n’a pas eu d’impact sur elle.

Par contre, nous avons accentué les garde-fous au niveau de la

prise de décision, pour aider la direction fi nancière. »

Au cours des prochains mois, selon Pascal Deknop, la pru-

dence restera de mise. Dans ce sens, GIAL a reporté son projet

de changement de logiciel de comptabilité afi n de privilégier

d’autres actions importantes et ne pas diversifi er plus que de

raison ses investissements. « Les économies occidentales vont

aussi devoir s’interroger sur leur manière de fonctionner. L’im-

pact pour les professions comptables sera inévitable en ce sens

que, dans le futur, on attendra d’eux et des directeurs fi nanciers

« La comptabilité s’est rapprochée des preneurs de décision. »

Pascal Deknop: « La structure de notre service comptabilité était tout à fait pertinente et la crise n’a pas eu d’impact sur elle. Par contre, nous avons accentué les garde-fous au niveau de la prise de décision, pour aider la direction fi nancière. »

Prévisions financières et Suivi

Analyses financières sur mesure

Une gestion efficacepasse par des

outils performants

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FISCALITÉ DOSSIER

une approche davantage orientée vers la valeur ajoutée des

services plutôt que vers la technicité du service. »

Parlant de technicité, Pascal Deknop ajoute qu’un logiciel

comptable se destine à soutenir l’activité conduite par l’en-

treprise. Ni plus, ni moins. Sur le marché, l’offre est très large.

On pourrait la classer sous trois catégories: les logiciels comp-

tables, les systèmes multidomaines et les ERP. Les premiers

couvrent, en général, les aspects comptables et les opérations

relatives aux stocks, aux achats et aux ventes. Les systèmes

multidomaines, quant à eux, forment un patchwork, plus ou

moins bien intégré, de modules couvrant différents processus

de l’entreprise. Enfi n, les ERP ont vocation de faire travailler en-

semble les processus d’entreprise afi n de gagner en effi cacité.

Pour sa structure, GIAL a fait le choix, il y a déjà quelques an-

nées, d’un logiciel fi nancier qui touche peu à peu à ses limi-

tes. Et, depuis un an, l’entreprise pense le renouveler par un

package ERP pour PME. L’avantage du produit actuel touche à

son coût. « Mais ses limites au niveau collaboratif nous pénali-

sent fortement. Nous avons envisagé deux pistes de réfl exions,

l’une pour un système ERP classique et l’autre pour un système

libre construit sur une plateforme collaborative. » Un projet

toutefois « gelé » pour l’instant, faute de budget…

DU SUCRE DANS LES ÉPINARDSLes ERP libres présentent plusieurs intérêts comme l’absence

de redevances relatives aux licences, une communauté active,

un produit qui évolue depuis un certain nombre d’années…

Cette philosophie qui permet aussi d’adapter le produit aux

spécifi cités sur lesquelles sont basés les avantages concur-

rentiels de l’entreprise, ne manque pas de charme. D’un autre

côté, la consultance entourant ces produits est importante et

doit faire l’objet d’une étude sérieuse.

En ce qui concerne les logiciels propriétaires, rares sont ceux

pour lesquels une mise en départ de moins de 100.000 € est

nécessaire! L’approche est différente avec le « libre » mais

les résultats peuvent être aussi probants. « Quel que soit le

choix, il faut garder en tête que nos entreprises vivent dans

un monde en perpétuel changement. La réponse aux besoins

de nos clients dépend, en partie, de l’aptitude à faire évoluer

nos systèmes d’information. » Souvenons-nous aussi que la

solution doit être adaptée à la taille de l’entreprise et que l’on

ne pourra jamais se substituer à la réfl exion humaine pour

prendre des décisions. Pascal Deknop estime à ce propos que

la crise fi nancière et économique n’est pas due aux logiciels

fi nanciers. C’est plutôt la recherche de rentabilité à tout prix

qui a entraîné des dérives dans des entreprises qui ont pris

des risques trop importants, pensant qu’elles pourraient sur-

fer sur une vague de croissance continue.

Faut-il, dès lors, ajuster le logiciel à l’entreprise ou adapter

l’entreprise au logiciel? Ce débat profond aurait le mérite

d’être posé. « SAP, par exemple, part du second principe. Je ne

suis personnellement pas convaincu par cette méthodologie,

conclut-il. Une entreprise représente un ensemble d’avan-

tages concurrentiels qui peuvent être proposés à un client. Si

l’on décide de les transformer afin de s’adapter à un logiciel,

on court le risque de faire disparaître la spécificité de l’entre-

prise. Ce qui n’est pas une bonne chose en soi. Bien entendu,

il ne faut pas pour autant tomber dans le sur mesure. Mais

le logiciel doit se montrer suffisamment paramétrable pour

s’adapter à l’entreprise. »

Avec ses 35 ans d’expérience, Robert Delimont, aujourd’hui

Director Finance & Accounting de la Raffi nerie Tirlemontoise,

en connaît lui aussi un bout sur le métier. Lorsqu’il parle du

début de sa carrière et de l’évolution de la comptabilité au

cours des années, il aime se rappeler une anecdote. A l’épo-

que, le meilleur outil technologique que le comptable pou-

vait posséder pour l’aider dans son travail prenait la forme

d’une énorme calculatrice électronique Olivetti. Un véritable

mastodonte qui occupait la moitié d’un bureau et produisait

un bruit assourdissant.

Autre point caractéristique de la comptabilité de cette pé-

riode, la personne en charge du département comptabilité

communiquait les soldes des comptes de l’actif, du passif

et du résultat – ni plus, ni moins – aux autres membres de

la direction, au personnel ou à l’extérieur de l’entreprise.

« Soit un maximum de trois pages. Et encore, elles parlaient

uniquement de la fi n de l’exercice et faisaient soigneusement

l’impasse sur l’évolution que les comptes pouvaient avoir vécu

Robert Delimont: « Les chiffres sont disponibles au jour le jour. Le comptable peut rapidement préparer une présen-tation lisible et compréhensible par le département de-mandeur mais, aussi et surtout, par des personnes moins familières avec le jargon économique ou comptable. »

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durant l’année écoulée. L’utilité de cette comptabilité se révélait

donc plutôt limitée… Et faute de moyens techniques, il fallait

au moins tabler sur deux mois de travail à commencer de la fi n

de l’exercice pour réaliser tous les calculs. Et durant ces longues

semaines, aucune information ne fi ltrait. »

OUTIL DE DÉCISION Comme on le sait aujourd’hui, l’évolution technologique –

sans doute encore loin d’être achevée – a permis de réduire

drastiquement l’attente des résultats comptable. Pour en fi -

nir avec la petite histoire, notons encore que cette évolution

ne fut pas toujours des plus simples à suivre. Surtout avant

l’ère de la nanotechnologie. Faute de place dans les bureaux,

la Raffi nerie fut en effet forcée de construire un bâtiment…

pour entreposer les ordinateurs. Aujourd’hui, les choses ont

bien changé. La Raffi nerie Tirlemontoise est, par exemple, di-

rectement reliée à la maison mère, Südzucker, pour le stoc-

kage des données.

Grâce à cette évolution, l’outil comptable est devenu beau-

coup plus proactif. « Désormais, on peut donner une situation à

tout moment et bénéfi cier d’une vue bien plus prospective. Il y a

trente ans, sortir les balances nécessitait de bloquer les comptes.

Aujourd’hui, c’est une question de secondes. En ce sens, la comp-

tabilité s’est rapprochée des preneurs de décision. Le but de notre

département consiste donc à fournir des informations pointues

à notre comité exécutif, pratiquement en ligne, pour qu’il puisse

prendre ses décisions en connaissance de cause. »

Selon Robert Delimont, les employés qui rentrent au départe-

ment comptabilité sont mieux armés qu’avant. Ils possèdent,

au minimum, un graduat en économie ou en fi scalité. Le mix

« gradués-universitaires » est intéressant car, comme toujours,

un jeune licencié manque cruellement de pratique. « C’est

pourquoi la formation de gradué nous convient bien. Grâce à de

nombreux stages et exercices, ces jeunes possèdent déjà une très

belle vue sur la comptabilité. Ils ont également reçu des cours

d’informatique. Ils se révèlent donc immédiatement opération-

nels. Pour les tâches de contrôles et éviter la multiplication des

erreurs – et surtout le temps passé à essayer de les corriger en-

suite – compter sur du personnel qualifi é est primordial. »

RAPIDITÉ ET INTÉGRATIONRobert Delimont estime également que la comptabilité peut

contribuer aux résultats de l’entreprise. Et certainement da-

vantage que par le passé grâce à sa proactivité. « Si nécessaire,

les chiffres sont disponibles au jour le jour. Et plutôt que de sor-

tir des listes en vrac, le comptable peut rapidement préparer

une présentation lisible et compréhensible par le département

demandeur mais, aussi et surtout, par des personnes moins fa-

milières avec le jargon économique ou comptable. » Le Director

Finance & Accounting de la Raffi nerie Tirlemontoise explique

ce rapprochement du business en deux temps.

Premièrement, comme nous venons de le voir, l’approche a

changé avec l’évolution technique et à permis d’accéder plus

vite aux chiffres. Deuxièmement, utiliser des programmes

intégrés au lieu d’un programme comptable unique et cen-

tral dans lequel les autres départements « déversent » leurs

chiffres a permis de gagner en efficacité. Ici, on utilise un

programme qui intègre toutes les données. « Il s’agit d’Ad-

ministration avec un grand A. Si l’on enregistre une facture

d’un fournisseur dans les achats, automatiquement, en un

seul encodage, le compte fournisseur est mis à jour, ainsi que

l’imputation comptable, la tva est déduite dans la déclaration

tva… La comptabilité légale et l’analytique sont mises à jour

en une seule fois. »

L’intégration des circuits administratifs a permis de réduire for-

tement le travail « papier ». Un sensible gain de temps, de main

d’œuvre… et donc, forcément, d’argent. Notamment au dépar-

tement des ventes qui a vu son travail fortement informatisé

et facilité, par exemple dans la gestion, la préparation et la fac-

turation des commandes. La Raffi nerie Tirlemontoise utilise un

logiciel SAP dont la caractéristique principale est d’offrir bien

plus que de la comptabilité. « SAP a été conçu par des techni-

ciens avec une grande expérience de la comptabilité, conclut

Robert Delimont. Le logiciel brille par sa fi abilité. Par contre, il se

révèle parfois plutôt rigide. Nous avons donc dû, dans un premier

temps, un peu nous adapter à leur approche. »

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L e métier de comptable est protégé. Pour avoir

accès à la profession, être reconnu par l’Institut

professionnel des comptables et fi scalistes (IPCF)

ou par l’Institut des experts comptables (IEC) se

révèle en effet indispensable. Un comptable en entreprise ne

peut donc pas, du jour au lendemain, décider de se mettre à son

propre compte. Auparavant, il lui faudra effectuer des stages et

présenter et réussir plusieurs examens. Pour évoquer ce métier,

nous avons rencontré un interlocuteur de choix, à l’expérience

variée et au franc-parler.

Après des études orientées vers l’économie, David Vanhove dé-

bute dans l’audit où on lui laisse l’opportunité de se forger une

vue globale sur l’entreprise… sans pour autant se voir condam-

né à traiter une seule et même thématique durant toute sa

carrière. Si l’audit lui permet donc de découvrir le quotidien

d’entreprises différentes, il n’a pas l’impression de réellement

participer à leur développement. C’est pourquoi, en parallèle, il

débute ses activités en comptabilité. Un exercice qui, lui, per-

met par contre de vivre de l’intérieur un projet entrepreneurial.

Tout d’abord en tant que comptable indépendant, il participe,

entre autres, à la création de la fi liale européenne d’une socié-

té américaine. Et, durant quelques années, il en accompagne

le développement, de l’extérieur puis de l’intérieur.

Suite à la crise de 2001, l’antenne européenne est malheu-

reusement contrainte de fermer ses portes. David Vanhove

opte alors pour un nouveau choix de carrière en intégrant

une plus grande structure: Fluxys. Il y occupera notamment

le poste de responsable de la comptabilité générale, fournis-

seur et de la consolidation. Fluxys se révèle être une société

bien structurée, stable et qui ne souffre pas trop de la crise,

notamment grâce à la régulation de ses tarifs par la Commis-

sion de régulation de l’électricité et du gaz (CREG), le régu-

lateur. Les surprises comptables – bonnes ou mauvaises – y

sont donc plutôt rares.

GRANDS BÉNÉFICIAIRES Après quelques années, David Vanhove ressent le manque de

contact avec le terrain, les hauts et les bas qu’une activité

commerciale peut connaître et le rôle crucial que le comp-

table est appelé à jouer auprès des entrepreneurs. Il dé-

cide alors de créer Finance Spirit, sa propre fi duciaire, pour

travailler auprès d’indépendants, de PME et de starters. En

outre, il s’engage aussi auprès de la Chambre de commerce

de Bruxelles qui a créé le Centre pour les entreprises en dif-

fi culté, le CED. Une occasion pour lui d’accompagner des in-

dépendants ou des entreprises sur Bruxelles qui rencontrent

des problèmes spécifi ques. Une démarche non commerciale

mais qui, lorsqu’on aide quelqu’un à sortir de ses problèmes,

voit généralement s’installer une relation de confi ance.

Question: les comptables sont-ils les grands bénéfi ciaires de

la crise? David Vanhove ne croit pas que les clients se soient

multipliés. « Sans doute ont-ils demandé un peu plus de tra-

vail à leurs comptables, dit-il. En réalité, avec ou sans crise,

le métier de comptable se porte plutôt bien. Lors d’une crise,

Avec ou sans crise, le métier de comptable se porte plutôt bien

FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS

Qu’il travaille dans une PME ou au sein d’une multinationale, en tant que salarié ou comme indépendant, le comptable est amené à exercer ses talents de différentes manières. Tantôt expert technique, tantôt conseiller précieux, il devient souvent très vite l’homme de confi ance de l’entreprise. Retour sur un métier qui ne craint pas la crise.

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

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nous n’allons pas nous mettre subitement à analyser les chif-

fres, semaine après semaine. Sur base d’une photographie du

contexte de l’entreprise et de sa situation, nous allons suggérer

d’autres possibilités de fi nancement, voire certaines réductions

des frais superfl us ou sur lesquels on peut jouer. »

SE POSITIONNER L’entreprise n’appartient pas au comptable. La décision fi nale

revient au manager. A lui aussi de rechercher de nouveaux

clients. « Le comptable donne un conseil. Mais généralement, si

la relation est saine, le manager suit les recommandations. Si la

crise perdure, lors des fermetures, on devra également faire ap-

pel à un comptable. Lors d’une phase de reprise, des entreprises

se créent. Dans ce cas aussi, il faut donner du conseil et de l’ac-

compagnement. Quelle que soit la conjoncture, le monde de

l’entreprise a donc toujours besoin de comptables. Par contre, je

pense que le marché va être amené à faire une distinction entre

les comptables polyvalents et proactifs et les techniciens. »

En effet, certains professionnels, qui excellent dans leurs ac-

tivités régulières – déclarations fi scales, TVA, etc. – ne sont

jamais confrontés à de véritables diffi cultés. « Or, en période

de crise, le comptable doit se positionner comme un homme

de confi ance, un homme sur lequel le patron d’entreprise peut

s’appuyer. De l’entreprise mais aussi à titre privé dans le cas de

très petites structures. Il doit pouvoir aider la société à faire

face à ses problèmes. Notamment en avertissement le mana-

gement dès que des indicateurs passent à l’orange. Surtout

que, généralement, un client est parfaitement conscient de la

situation lorsque son activité commence à battre de l’aile. Le

comptable doit vraiment se montrer proactif. »

Pourquoi n’est ce que trop rarement le cas? « Parce que les

études pour devenir comptable sont très techniques et com-

plexes à travers leurs aspects juridiques, réplique David Van-

hove. Dans ce rôle, il faut également faire preuve d’une certaine

fi bre entrepreneuriale. Surtout lorsqu’on s’occupe de PME, TPE

et d’indépendants. Pour certains, le métier de comptable est un

métier technique et avec des horaires stables et régulier, parfait

pour un temps partiel. »

ECOSYSTÈME DE CONFIANCE La fonction comptable peut-elle contribuer au résultat de

l’entreprise? « Améliorer le chiffre d’affaires de 5% ou faire

disparaître les charges lui est impossible, précise-t-il d’em-

blée. Par contre, il peut apporter une plus-value impalpable

en fournissant une image fi dèle des comptes, en calculant cor-

rectement les indicateurs, en transmettant des comptes exacts

aux banques… Tout ceci crée un écosystème de confi ance vis-

à-vis des partenaires de la société. Une chose très importante

aujourd’hui. Il y a quelques années, une entreprise qui ne com-

muniquait pas ses chiffres à sa banque était considérée comme

en bonne santé. Actuellement, c’est l’inverse! »

Un manque de communication peut même entrainer la rup-

ture du contrat, du prêt, etc. « Le comptable a aussi un rôle à

jouer, surtout auprès des PME, dans l’accompagnement de sa

clientèle lors de ses relations avec les banques. Le comptable

peut, notamment, traduire le discours banquier qui n’est pas

toujours simple à comprendre pour un entrepreneur. Bien sou-

vent, les liquidités entrantes et sortantes constituent le nerf de

la guerre. En cas de crise, les clients disparaissent ou payent plus

tard. Il faut dès lors étudier les possibilités de reporter les paie-

ments ou d’augmenter la capacité fi nancière de l’entreprise via

d’autres canaux, comme l’endettement ou le rééquilibrage du

bilan, par exemple via un emprunt pour fi nancer des actifs. »

David Vanhove: « Il y a quelques années, une entrepri-se qui ne communiquait pas ses chiffres à sa banque était considérée comme en bonne santé. Actuellement, c’est l’inverse! »

Le métier comptable a-t-il évolué? « Fondamentalement, je

pense qu’il est resté le même, estime David Vanhove. Peut-

être les comptables ressentent-ils une pression plus grande

de la part des banquiers? Le client fait confi ance au banquier

qui lui-même fait confi ance au comptable… Tous font partie

d’un même écosystème. Un comptable doit donc rester indé-

pendant, ne jamais fausser les chiffres et jouer la carte de la

transparence vis-à-vis de tous. Même si parfois, en entreprise,

la tentation de la cosmétique est grande… Heureusement, on

observe une déontologie naturelle assez forte au sein du mé-

tier. Certains entrepreneurs, par contre, ont parfois tendance

à s’approprier leur comptable externe ou freelance… oubliant

que celui compte d’autres clients. »

« EN ENTREPRISE, LA TENTATION DE LA COSMÉTIQUE EST PARFOIS GRANDE »

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8 R esponsable de la comptabilité chez Pierre Fabre

Benelux, Gilles Servaty s’occupe de la compta-

bilité générale et de la comptabilité analyti-

que et prend aussi sous sa responsabilité ce

qui touche à la fi scalité. Dans l’entreprise, ces trois pôles sont

en effet interconnectés: la fi scalité est reliée à la comptabilité,

notamment pour des aspects stratégiques, la comptabilité est

unie à la comptabilité générale car elle permet de mieux guider

les branches d’activité à l’intérieur de la société et la comptabi-

lité générale reste, quant à elle, une obligation légale.

Sous ses ordres, six collaborateurs: deux pour la comptabilité client

(principalement une refacturation de frais divers), deux pour la

comptabilité fournisseurs (réception des factures, approbation,

paiement et suivi) et deux pour la comptabilité générale (clôture,

vérifi cation des comptes, statistiques…) et fi nancière. Quand on lui

parle de simplifi cation administrative, Gilles Servaty reste plutôt

dubitatif vis-à-vis de l’Etat. « Depuis deux ans, je reçois en effet de

plus en plus d’enquêtes – semestrielles, trimestrielles ou annuelles – à

rédiger pour les statistiques de la BNB, dit-il. Et comme nous gérons

trois entités juridiques, généralement, ces enquêtes sont multipliées

par deux ou par trois. Le travail est conséquent, surtout que les ren-

seignements demandés se veulent plutôt précis et tendent à déter-

miner dans quelle mesure notre activité se développe. »

EVITER TOUT SOUCISi d’un côté, les documents – déclaration fi scale, comptes annuels…

– qu’une entreprise peut désormais rentrer électroniquement as-

surent un gain de temps considérable aux comptables, d’un autre

côté, d’autres organismes d’Etat semblent se charger de trouver

de nouvelles occupations aux responsables de la comptabilité! Et

répondre à ces enquêtes – qui pourtant n’ont aucune force légale –

semble vivement conseillé afi n d’éviter tout souci ultérieur avec la

BNB... « Les montants mentionnés dans ces enquêtes et statistiques

nous sont déjà revenus lors d’un contrôle fi scal. Nous savons donc

que l’Etat a accès à une partie de ces données. »

Le secteur pharmaceutique est réputé particulièrement surveillé.

« Par exemple, les codes Intrastat ont été changés, avec pour impli-

cation une modifi cation de la base de données au niveau des arti-

Gilles Servaty: « Avec nos tableaux de bord précis, nous expliquons au CFO toute éventuelle variance par rapport au budget et les postes où l’on pourrait éventuellement opérer des consolidations. »

Au plus proche du business

FISCALITÉ DOSSIER : OPTIMISATION DES COÛTS

Il y a dix ans, pour vivre heureuse, la comptabilité pouvait sans doute se permettre de vivre cachée. Aujourd’hui, en entreprise, le département se doit de faire preuve d’ouverture, de fl exibilité et de perfectionnisme. Plus qu’un partenaire, la comptabilité devient un véritable guide pour le business.

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

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cles et des rapports envoyés. Parfois, la BNB nous demande aussi de

modifi er les renseignements que nous leur fournissons: depuis cette

année, nous devons indiquer les modes et moyens de transport et

d’assurance pour chaque arrivée de produit en Belgique. »

Un travail qui dépasse totalement les limites de la comptabi-

lité mais dont Gilles Servaty doit logiquement s’acquitter car

les pièces justifi catives se trouvent entre ses mains. « C’est une

évolution très importante. On exige de plus en plus de travail de

la part de la comptabilité. Mais d’un autre côté ce travail permet

de mieux contrôler nos fl ux fi nanciers et de remarquer que nous

pouvons améliorer certaines choses. Ce n’est donc pas totalement

inutile. Par contre, le volume de travail administratif supplémen-

taire est considérable. » On le voit, sous l’infl uence des statisti-

ques, le métier de comptable a fortement évolué chez Pierre

Fabre Benelux. « Nous avons notamment dû adapter notre ERP

pour pouvoir répondre à ces demandes, sans systématiquement

tout retravailler en Excel ou en Access. »

5% DE GAINPour contribuer aux résultats de l’entreprise, l’équipe de Gilles Ser-

vaty essaye de fournir des résultats les plus exacts possibles. « La

comptabilité générale ne doit pas forcément permettre de guider

une stratégie. Il s’agit plutôt du rôle de la comptabilité analytique.

Pierre Fabre Benelux compte sept marques. L’ensemble des coûts,

y compris les coûts spécifi ques, sont répartis entre ces marques et,

chaque fi n de mois, nous rendons des tableaux de bord où l’on peut

vérifi er que tous les coûts ont bien été imputés. »

A la suite de cette opération, un reporting est conduit, d’une part

pour l’entièreté de la marque, d’autre part pour chacun de ses dé-

partements. « Cela permet de déterminer un éventuel problème, les

postes qui auraient engendré des coûts supplémentaires et d’ajus-

ter les actions à prendre, si nécessaire. Si nous nous basions unique-

ment sur la comptabilité générale, nos informations ne se révèle-

raient pas toujours très fi ables puisque nous ne saurions pas, avec

précision, d’où vient le souci. » D’autres statistiques fournies par

l’équipe de Gilles Servaty offrent également la possibilité d’obte-

nir automatiquement des tableaux qui donnent une vision entre

le réalisé, le budgété, l’estimé et le n-1 (voire jusqu’au n-5). De quoi

suivre les dépenses de manière très réaliste et automatique.

Enfi n, lors des clôtures du mois de juin et de décembre, les conso-

lidations effectuées réduisent la marge d’erreur sur les comptes.

« En day to day, en milieu de semestre, nous connaissons une marge

d’erreur de 5% maximum sur la valeur indiquée de nos coûts. Et, à

fi n juin et fi n décembre, nos comptes sont exacts. Ils sont d’ailleurs

audités. Avec ces tableaux de bord précis, nous expliquons au CFO

toute éventuelle variance par rapport au budget et les postes où l’on

pourrait éventuellement opérer des consolidations. Ce dernier point

est, bien entendu, discuté en droite ligne avec les départements

concernés et la décision fi nale est prise par la direction. »

AIDE STRATÉGIQUEResponsable du contrôle de gestion au sein du département

fi nance de BNP Paribas, Thierry d’Hautcourt connaît chaque

moi, avec son équipe, un pic d’activité en termes de délais et de

charge de travail. Celui-ci survient lors des débuts de mois qui

correspondent en fait à la période où les informations doivent

être remontées. Une fois cette phase énergivore derrière le dos,

le département prend en charge diverses tâches de contrôle

plus récurrentes ou des demandes internes pour des analyses

ponctuelles. Le département fi nance de BNP Paribas se différen-

cie d’une comptabilité classique d’entreprise dans le sens où, s’il

assure certaines tâches de comptabilité telles que la comptabi-

lité fournisseur, la comptabilité client se voit prise en charge par

des back-offi ce qui traitent les opérations directement dans les

systèmes. Une réalité qui s’explique par la complexité des opé-

rations bancaires qui incitent directement à la comptabilisation.

Pour Thierry d’Hautcourt, la comptabilité participe clairement

au résultat de l’entreprise. « Nous sommes chargés de donner un

éclairage sur l’activité passée et future lorsqu’on élabore un bud-

get, de fournir des états clairs, qui font preuve d’un sens écono-

mique. Nous devons apporter une analyse qui permettra ensuite

au manager de défi nir une stratégie. Les décisions stratégiques ne

sont pas de notre ressort mais notre action peut apporter une plus

value grâce à des chiffres rigoureux ».

Thierry d’Hautcourt a, lui aussi, vu son métier évoluer. Notam-

ment au niveau des exigences en matière de rapport fi nancier

qui se révèlent de plus en plus importantes. « Le niveau de détail

est de loin supérieur et les questions plus pointues. Il ne suffi t plus

d’apporter un bilan équilibré, il faut pouvoir le détailler et expli-

quer ses évolutions. Le travail s’est donc intensifi é. Car en dehors

d’un bilan ou d’un compte de résultats, nous nous penchons éga-

lement sur des travaux spécifi ques au monde bancaire: suivi de

nos liquidités, des risques de crédits… Cas indicateurs ont pris une

importance considérable pour la banque, au même titre que les

résultats: il faut déterminer ce que cela coûte en fonds propre, si la

banque n’est pas exposée au niveau des liquidités… » Un proces-

sus de suivi existant depuis bien longtemps chez BNP Paribas

mais que la crise se sera chargée d’intensifi er.

Thierry d’Hautcourt: « Nous devons apporter une analyse qui permettra ensuite au manager de défi nir une stratégie. Les déci-sions stratégiques ne sont pas de notre ressort mais notre action peut apporter une plus value grâce à des chiffres rigoureux. »

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009

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C réée en 1995 en tant que plate-forme commune

à l’initiative de plusieurs banques belges, Isabel

a, parmi ses missions, celle de contribuer à sim-

plifi er et à augmenter l’effi cacité de la chaîne

fi nancière, depuis la facturation jusqu’au paiement par le

client. Parmi les solutions développées pour faciliter la gestion

comptable des entreprises, il en existe une toute simple, mais

dont encore bien trop peu de départements fi nanciers sont

conscients: activer « Isabel » dans l’application comptable utili-

sée (Isabel est en effet proposé ‘out-of-the-box’ par les logiciels

les plus courants)!

Déjà bien utile en temps normal, cette fonction prend tout

son sens dans l’environnement de crise actuel. « Voici un an

encore, une entreprise facturait et l’argent rentrait sans trop

grandes diffi cultés, explique Christian Luyten, Corporate

Communications Offi cer chez Isabel. Ces jours-ci, crise oblige,

c’est devenu beaucoup plus diffi cile. L’argent rentre, mais au

compte-goutte. Il faut déployer énormément d’efforts et gérer

rigoureusement sa trésorerie: est-ce que les clients paient dans

les temps? Est-ce qu’à l’inverse, mon entreprise contrôle suffi -

samment les factures fournisseurs? »

A TROIS REPRISES!Or, estime Christian Luyten, les collaborateurs des équipes

fi nancières perdent encore trop de temps à opérer des enco-

dages manuels, au détriment de tâches à plus haute valeur

ajoutée. « On attache trop d’importance à la gestion fi nanciè-

re dans le rétroviseur, dit-il. A savoir encoder et transcrire des

transactions clôturées, mettre à jour ce qui a été réalisé par le

passé. Or, en regardant plutôt vers l’avant, on pourrait davan-

tage se centrer sur des informations permettant de travailler

sur l’argent qui ne rentre pas et sur les raisons qui peuvent jus-

tifi er cette situation afi n de les corriger. »

Illustration: dans bien des entreprises, on introduit encore des

paiements à trois reprises! Une première fois lorsqu’on tape

la facture – en indiquant ce qu’on doit payer, à qui, pour quoi

et quand – dans la comptabilité fournisseurs. Une deuxième

fois à la date d’échéance, lorsqu’on introduit le paiement

dans l’outil de paiement par internet – ce qu’on doit payer, à

qui, pour quoi et quand. Et une troisième fois lorsqu’on trans-

crit les données des extraits de comptes et qu’on réconcilie la

facture payée – avec réencodage de ce qui a été payé, à qui,

pour quoi et quand!

« Or, une transaction électronique ne présente aucun avan-

tage en elle-même, pointe Christian Luyten. Au cours des

étapes 2 et 3, la personne ré-exécute donc la partie ‘paiement’

de l’étape 1! Ces transactions se passent de manière électro-

nique, mais en manquant totalement de la plus élémentaire

efficacité. Dès lors, pourquoi se plaindre d’être débordé et de

manquer du temps nécessaire pour régler les problèmes de

trésorerie? Et ne croyez pas que le problème est limité aux

entreprises de petite et moyenne tailles! Vous seriez étonné

de savoir à quel point, même dans les grandes structures, il

subsiste un grand nombre de tâches manuelles en matière

Trois sociétés sur quatre gaspillent encore énormément de temps dans les encodages multiples de leurs informations comptables. Pourtant, cliquer deux fois sur un bouton leur permettrait déjà de libérer jusqu’à une demi-journée de travail par semaine! Un gain non négligeable qu’elles pourraient utiliser pour des tâches à plus haute valeur ajoutée dans un contexte où une gestion rigoureuse de la trésorerie s’impose plus que jamais.

Deux « cliques » qui rapportent gros!

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : CHRISTOPHE LO GIUDICE

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Liste des programmes comptables qui ont réussi avec

succès les différents tests de certifi cation pour l’échange

de fi chiers avec Isabel:

de comptabilité, et bien davantage par rapport à ce que les

outils informatiques permettent. »

AMÉLIORATION CONTINUE D’après ses statistiques, près de trois quarts des sociétés en-

codent encore manuellement les infocomptes dans la comp-

tabilité. « Il existe donc une marge importante d’opportunités

pour améliorer ces fl ux », ajoute-t-il. Comment? Sur base de

la collaboration nouée entre Isabel et les développeurs de lo-

giciels de comptabilité, il est possible d’éliminer ces étapes

2 et 3. Tout d’abord, tapez votre facture (y compris les infor-

mations pour le paiement, comme le montant par exemple)

dans votre comptabilité fournisseur. Ensuite, à l’échéance,

vous sélectionnez les factures à payer. Votre programme de

comptabilité génère un fi chier de paiement que vous pouvez

importer en une seule fois dans Isabel, sans devoir retaper les

données. Il vous suffi t de cliquer sur le bouton « Importer ».

Et, lorsque vous recevrez vos extraits de compte dans Isabel,

vous les introduirez directement dans votre programme de

comptabilité, sans devoir retaper les données, en appuyant

également sur « Importer ».

D’après Christian Luyten, cette simple manipulation peut

faire gagner à l’équipe comptable jusqu’à une demi-journée

par semaine! Non négligeable par les temps qui courent!

« Autant de temps qui peut alors être consacré non plus à trai-

ter des transactions clôturées, mais à appeler les clients qui

n’ont pas payé leur facture ou à éclaircir d’éventuels problèmes

détectés dans les factures des fournisseurs. Cette simple fonc-

tionnalité permet d’opérer automatiquement la réconcilia-

tion, avec une effi cacité de 85% en moyenne. Il reste environ

15% de cas où la question nécessite une intelligence supérieure

à celle de la machine, par exemple dans le cas où un client paie

€ 1.200 pour acquitter trois factures de € 500. L’humain doit

intervenir pour comprendre pourquoi. »

Pourquoi si peu d’entreprises ont-elles recourt à cette solution

pourtant à portée de main? « Certaines n’en sont pas conscientes,

d’autres ne la comprennent pas et d’autres encore la jugent trop

compliquée, conclut Christian Luyten. C’est pourquoi nous tra-

vaillons à la fois sur la communication et sur la simplifi cation et

l’amélioration continue de nos outils. Nous préparons entre autres

la nouvelle version d’Isabel, Isabel 6, aujourd’hui encore en phase

pilote, avec de nombreuses avancées destinées à faciliter l’accès aux

solutions, en renforçant l’accent mis sur le dialogue entre la fi nance

et le business. » Affaire à suivre, selon la formule consacrée…

Liste des programmes comptables qui ont réussi avec

succès les différents tests de certifi cation pour l’échange

de fi chiers avec Isabel:

Christian Luyten: « On attache trop d’importance à la gestion fi nancière dans le rétroviseur. On devrait davantage se centrer sur des informations permettant de travailler sur l’argent qui ne rentre pas et sur les raisons qui peuvent justifi er cette situation afi n de les corriger. »

Cette rubrique a pu être réalisée

grâce à la collaboration de

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12 N uméro 1 mondial des éditeurs de solutions de ges-

tion, Sage Group a déjà convaincu plus de 30.000

clients actifs en Belgique et au Luxembourg, dont

près de 3.000 fi duciaires grâce à ses solutions

de comptabilité et de gestion commerciale. A travers sa démarche,

basée sur l’innovation pragmatique, Sage Group souhaite apporter

une réponse fonctionnelle à la demande de ses clients. En effet, les

entreprises ont besoin de solutions de gestion conçues pour l’envi-

ronnement dans lequel elles se développent et qui répondent aux

normes légales du pays. Bien souvent, Sage Group s’adresse à des

innovateurs. Ses logiciels doivent donc imaginer les fonctionnalités

dont les entrepreneurs (et leurs entreprises) auront besoin, les met-

tre en adéquation mais aussi anticiper leurs éventuels problèmes.

Un constat particulièrement d’actualité en matière de comptabilité.

« Nos logiciels sont, pour le chef d’entreprise, ce que le radar et le GPS

sont au capitaine d’un navire qui ‘croise’ au milieu d’un océan houleux:

des outils vitaux de navigation, souligne Philippe Tailleur, directeur de

Sage Belgique. Face à une crise structurelle, doublée d’une crise fi nan-

cière, s’en doter se révèle absolument indispensable. »

Il va sans dire que le logiciel doit s’adapter à la vision de l’entreprise.

Et non le contraire. A cet effet, Sage a développé la version 2.1 de son

logiciel BOB 50 de façon à consacrer encore moins de temps aux tâ-

ches administratives liées à la comptabilité et à la gestion commer-

ciale. La philosophie « espaces de travail », exclusive de l’ergonomie

de BOB 50, est basée sur le principe de la navigation Web. Concrè-

tement, différents espaces de travail ont été prévus pour faciliter la

réalisation des tâches les plus importantes dans la gestion d’une so-

ciété et, surtout, in fi ne, la prise rapide et effi cace de décisions, basées

sur les données sélectionnées. Chaque espace de travail regroupe,

au sein d’un seul écran, toutes les informations utiles pour la réalisa-

tion de la tâche. Ce qui évite à l’utilisateur de devoir ouvrir différents

menus et sous-menus pour avoir une vue d’ensemble et pertinente

de l’information à traiter, comme dans la plupart des logiciels de

gestion. Quelques clics de souris et toutes les décisions sont prises!

Demande de recouvrement, arrêt des livraisons… avec BOB 50, le

chef d’entreprise est aux commandes d’un outil puissant qui lui

assurera un gain de temps considérable, surtout pour les opé-

rations périodiques telles que les missions de contrôle, d’audit

et de sécurité. Une enquête de satisfaction réalisée auprès de

sa clientèle par Sage Group a mis en avant l’unanimité faite par

BOB 50 à propos de sa simplicité d’utilisation et sa fl exibilité,

malgré l’énorme complexité de ses mécanismes. « Depuis deux

ans, nous développons BOB 50 principalement sur deux axes.

Premièrement, aider les entrepreneurs à affi ner la vision qu’ils

portent sur leur entreprise, notamment en ayant recours à de la

business intelligence ou des cubes d’analyse qui leur permettront

de considérer l’information sous un angle d’attaque personnalisé.

Deuxièmement, une gestion réactive du cash, par exemple afi n

d’intervenir directement sur les créances douteuses avant qu’elles

ne deviennent irrécouvrables ».

La gamme de produits de Sage ne s’arrête bien entendu

pas à BOB 50. Dès le mois de novembre, BOB 30 sera

destiné aux plus petites entreprises qui témoignent

de besoins plus limités. Parmi les alternatives effi caces

aux environnements de type ERP, souvent implémentés

à grands frais, Sage 100 – qui répond aux besoins des

grandes organisations – a déjà conquis plus de 100.000

entreprises en Europe. Son coût d’implémentation, qua-

tre à cinq fois moins élevé que la concurrence, sa sécu-

risation optimale, son environnement familier pour les

directeurs fi nanciers et sa grande simplicité d’utilisation

en font un atout de premier ordre.

Sage 100, l’alternative

Dans une période marquée par des marchés instables, pouvoir travailler rapidement et précisément prend d’autant plus d’importance. Le logiciel BOB 50, référence en comptabilité et gestion commerciale pour les PME de 5 à 50 collaborateurs, offre en un seul « clic de souris » tous les instruments nécessaires à la prise de décision.

GPS pour PME

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

Philippe Tailleur: « Nos logiciels sont, pour le chef d’entreprise, ce que le radar et le GPS sont au capitaine d’un navire: des outils vitaux de navigation. »

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009

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L ’Institut professionnel des comptables et fi sca-

listes agréés (IPCF), fondé en 1992 et régi actuel-

lement par la Loi du 22 avril 1999 relative aux

professions comptables et fi scales, compte 6.200

membres et stagiaires. Il a pour mission de veiller à la formation

et d’assurer l’organisation permanente d’un corps de spécialis-

tes. Il veille également au respect des règles de déontologie, au

bon accomplissement des missions confi ées à ses membres et

à l’organisation du stage permettant d’obtenir l’agréation légale

requise du comptable(-fi scaliste).

CINQ PROPOSITIONS Sa vice-présidente, Maria Ploumen est aux premières loges

pour observer les changements qui transforment le métier.

« Fondamental, le comptable est passé du papier à l’électroni-

que, explique-t-elle. Car, désormais, la fi nalité de son travail

– à savoir la déclaration fi scale, de TVA et du précompte profes-

sionnel, le dépôt de bilan des sociétés… – se fait de plus en plus

par voie électronique. Dans mon bureau, nous sommes par

exemple passés de 100.000 feuilles de papier à 15.000 feuilles.

La photocopie a disparu, tout est scanné et si un client souhai-

te consulter un document, il lui est envoyé par mail. » On l’aura

compris, c’est tout un métier qui s’est transformé. L’IPCF y a

d’ailleurs répondu par un nouveau cycle de formations afi n

de préparer ses membres aux changements.

Autre conséquence du nouveau positionnement que le

comptable occupe en entreprise, celui-ci ne doit pas se limi-

ter à produire des chiffres et un bilan. Ses clients comptent

en effet sur lui pour présenter les conclusions qu’il tire de ce

bilan. « Un exercice délicat, qui s’apprend beaucoup plus sur le

terrain qu’à l’école, commente Maria Ploumen. Le comptable

doit aider son client en l’accompagnant. Et, pour y arriver, rien

de tel que de le rencontrer régulièrement. » Travaillant sur tous

les fronts l’Institut des experts-comptables et des conseils

fi scaux (IEC), l’Institut professionnel des comptables et fi s-

calistes agréés (IPCF) et l’Institut des réviseurs d’entreprises

(IRE) ont également souhaité profi ter des récentes élections

européennes pour souligner la valeur économique ajoutée

d’une information fi nancière compréhensible et accessible

ainsi que l’importance fondamentale du lien entre la respon-

sabilité limitée et la transparence fi nancière, afi n de protéger

l’économie contre des risques systémiques.

La mise en œuvre de leurs cinq propositions en faveur d’une

plus grande transparence fi nancière, fruit d’un large débat et

Les trois instituts belges des professions économiques ont profi té des récentes élections européennes pour faire part de nouvelles propositions de simplifi cation en matière de comptabilité, d’audit et de droit des sociétés afi n de sortir le débat de l’ornière dans laquelle il s’était embourbé lors de la dernière législature. Ces propositions ont pour objectif une plus grande transparence et un accès plus aisé à l’information fi nancière.

Plaidoyer pour plus de transparence

FISCALITÉ DOSSIER

TEXTE : LAURENT CORTVRINDT

« Promouvoir la transparence fi nancière des entreprises doit être une priorité de la politique extérieure de l’Union européenne. »

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009

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Pour les Européens, les normes comptables internationales

comme les normes américaines posent question: elles infor-

ment l’investisseur en premier lieu, alors que notre approche du

droit comptable s’axe davantage vers la protection du créancier.

En d’autres mots, nous avons là deux visions, deux philosophies

du reporting comptable fondamentalement opposées. Au cours

des derniers mois, les reproches ont d’ailleurs fusé de toute part

envers ces normes comptables, accusées d’avoir renforcé la crise

fi nancière. Observons ce qui s’est passé pour le critère d’évalua-

tion de l’actif, à savoir la juste valeur (fair value). Celui-ci suppose

que le marché fonctionne normalement. Ce qui n’était bien en-

tendu plus le cas lorsque plusieurs marchés se sont bloqués pour

différents actifs. Les normes comptables ont alors « reconnu »

qu’elles n’avaient plus de valeur… amplifi ant en même temps la

crise. Dès lors, comment valoriser des actifs lorsque les marchés

ne fonctionnent plus?

Professeur de contrôle de gestion à la Louvain School of Mana-

gement, Yves De Rongé nous le rappelle: si les normes IAS-IFRS

(International Accounting Standards/International Financial

Reporting Standard) – véritable référentiel comptable – ont été

adoptées par l’Union européenne pour les comptes consolidés

des sociétés cotées, c’est parce que le processus de création de

normes comptables en Europe était en panne, à cause de la

règle d’unanimité. En 1995, suite au développement des nou-

veaux produits fi nanciers, la Commission européenne se révélait

incapable de produire des normes comptables pour valoriser ces

instruments. Les directives européennes relatives à la compta-

bilité furent le fruit de compromis entre les visions allemandes,

anglaises et françaises.

« En même temps, les grands groupes industriels et fi nanciers

européens souhaitaient accéder au marché des capitaux améri-

cain, pour se fi nancer, explique-t-il. Or, pour pouvoir être coté à

New-York, il fallait, à l’époque et encore aujourd’hui, produire des

comptes selon le référentiel américain – ou à tout le moins une

réconciliation avec celui-ci. La Commission européenne a alors

choisi de soutenir la démarche IAS, de créer un référentiel compta-

ble universellement accepté plutôt que de s’aligner sur les normes

IAS-IFRS: POUR LES PME ?

de consultations menés au sein des professions économiques

et des entités socioéconomiques belges, devrait engendrer un

impact positif majeur sur l’ensemble des entreprises, petites

ou grandes, issues du secteur marchand ou non-marchand:

• Promouvoir la transparence fi nancière des entreprises doit être

une priorité de la politique extérieure de l’Union européenne.

• Autoriser les petites entreprises à publier une annexe ré-

duite à leurs comptes annuels, qui reprendrait uniquement

le nombre et le coût des personnes occupées, les investis-

sement et désinvestissement bruts réalisés, un résumé des

Maria Ploumen: « Le comptable ne doit pas se limiter à produire des chiffres et un bilan. Ses clients comp-tent en effet sur lui pour présenter les conclusions qu’il tire de ce bilan. »

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FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°30 - SEPTEMBRE 2009

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règles d’évaluation ainsi que la mention des éléments, même

non bilantaires, qui revêtent une importance signifi cative

pour la compréhension des comptes annuels. Le cas échéant,

uniformiser les états fi nanciers des petites entreprises sous

la forme d’un schéma unique, électronique et multilingue.

• Promouvoir le développement de l’information fi nancière élec-

tronique au sein des Etats membres (cf. la Centrale belge des

bilans, XBRL, etc.). En soutenant la technologie et la taxonomie

XBRL, les autorités européennes faciliteront la lecture des états

fi nanciers des entreprises par des lecteurs d’autres langues.

• N’exiger des Etats membres, en matière de statistiques

relatives aux entreprises, que ce qui peut être compilé

à partir des comptes publiés ou d’autres sources qui

n’impliquent pas une déclaration ad hoc de la part des

entreprises, et coordonner davantage les exigences des

différentes directions générales de la Commission euro-

péenne à ce sujet.

• Poursuivre activement devant la Cour de Justice les Etats mem-

bres qui ne respectent pas la lettre et/ou l’esprit de la législa-

tion européenne en matière de transparence fi nancière.

américaines. C’est pourquoi, il me semble improbable d’observer

un retour en arrière. Nous n’avons plus de régulation européenne

propre depuis cette date. Et voir 27 pays se mettre d’accord sur des

normes comptables semble improbable, vu qu’ils n’y arrivaient

déjà pas à 15. A moins d’une forte volonté politique, j’ignore d’où

pourrait surgir une alternative. »

Pour Yves De Rongé, échapper à l’infl uence anglo-saxonne en

matière de comptabilité semble donc impossible. Néanmoins,

les scandales fi nanciers, comme celui d’Enron, ont assoupli la

position américaine au sens où, à partir de 2011, les autorités

boursières d’Oncle Sam reconnaîtront les comptes IAS. Souli-

gnons que le board de l’IAS a récemment approuvé une forme

simplifi ée des normes comptable IAS-IFRS à destination des

PME. La question de l’adoption va maintenant se poser. L’Union

européenne a d’ailleurs lancé un processus de consultation car

pour l’instant, il n’était pas question, du moins à court terme,

d’appliquer les normes IAS-IFRS aux PME.

« L’Etat belge va-t-il approuver des normes différentes qui pour-

raient modifi er le résultat comptable et donc éventuellement le

montant de l’impôt à payer? Ces normes ne vont-elles pas se révé-

ler trop complexes pour les professionnels de la comptabilité? Rien

n’est moins sûr… Leur éventuelle infl uence ne devrait donc pas se

faire sentir avant quelques années pour les PME belges. » Rappe-

lons à ce propos que, pour les sociétés cotées, les normes IAS-

IFRS sont relativement complexes. Il ne faut dès lors sans doute

pas s’attendre à ce qu’elles aillent dans le sens de la simplifi ca-

tion pour les PME, même en cas de formule simplifi ée…

Notons enfi n qu’en matière de transparence fi nancière, certains

pays, comme l’Allemagne, n’ont pas totalement appliqué la di-

rective européenne incitant à la publicité des comptes annuels.

En Belgique, suite au strict respect de la directive, l’accès aux

comptes de toutes les sociétés est libre. Or, Charlie McCreevy,

le Commissaire européen en charge du marché intérieur et des

services, souhaiterait revenir en arrière et limiter cette publicité

des comptes annuels aux entreprises d’une certaine taille. Bien

entendu, la profession, à l’instar de certaines institutions profes-

sionnelles, se mobilise face à cette potentielle perte de clients.

Yves De Rongé: « Nous n’avons plus de régulation européen-ne propre. Et voir 27 pays se mettre d’accord sur des normes comptables semble improbable, vu qu’ils n’y arrivaient déjà pas à 15. A moins d’une forte volonté politique… »

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Au cours des douze derniers mois, les dossiers chauds tou-

chant de très près ou de plus loin à la comptabilité se sont

accumulés sur les bureaux des directeurs fi nanciers. « Pre-

mièrement, de manière générale, respecter les législations à

100% semble de plus en plus compliqué », analyse Dirk Ver-

mussche, associé responsable du département Global Com-

pliance Services de PricewaterhouseCoopers. Ce dernier

vise tout particulièrement les aspects juridiques, légaux et

fi scaux et comptables. « Nos clients sont souvent des fi liales

d’entreprises américaines ou anglo-saxonnes. La gouvernance

d’entreprise qui est appliquée dans ces pays nécessite davan-

tage d’attention pour respecter les exigences légales. »

Ce problème se couple à un autre: chaque année, les com-

pétences comptables et fi scales disponibles au sein de l’en-

treprise tendent à diminuer. Les Centres de services partagés

ont joué (et continuent à jouer) un rôle considérable dans

cette situation. S’ils ont permis de consolider des fonctions

comptables ou administratives en un seul lieu – souvent à

l’étranger – fi nancièrement plus attractif, les compétences

locales pour maintenir un responsable de la « compliance »

en place se révèlent généralement insuffi santes. Tout douce-

ment ces fonctions y ont disparu. « Or, conserver ses connais-

sances à jour par rapport aux aspects légaux est un métier de

spécialistes. C’est là que nous intervenons. Et nous sommes de

plus en plus souvent amenés à le faire, notamment pour ce

qui concerne les déclarations et formalités fi scales, ainsi que

les comptes annuels et les clôtures de fi n d’années. »

Troisièmement, la course aux « e » documents et l’amélioration

technicité engendrée, notamment au niveau du logiciel utilisé

par l’entreprise, semble décontenancer plus d’un entrepreneur.

« Nos clients sont souvent débordés, par exemple lorsqu’il s’agit de

transformer des documents en fi chiers XML. Pour répondre à leur

demande, nous avons développé notre propre outil pour gérer les

processus automatiquement, comme par exemple l’envoi des fi -

ches 281-50, introduites par les sociétés pour pouvoir déduire à

titre de frais professionnels certaines dépenses. »

AUTOMATISATIONQuatrième dossier chaud: les nouvelles règles de taxation des

services reçus de prestataires étrangers et rendus à des clients

établis en dehors de leur pays d’établissement qui entreront

en vigueur à partir du 1er janvier 2010. « Un changement fon-

damental qui réclame, presque chez tout le monde, d’adapter le

logiciel comptable. Nous intervenons dans la gestion des nou-

veaux fl ux et des modifi cations nécessaires dans les logiciels de

nos clients. Mais, parfois, certains considèrent d’externaliser ce

‘paquet TVA 2010’ et de pas toucher à leur logiciel. »

Cinquièmement, notons que nombre d’entreprises saisissent

la crise comme une opportunité pour optimiser leurs pro-

cessus… avec comme objectif de réduire leurs coûts. « Nous

observons un certain regain d’intérêt pour les ‘anciens’ modèles

ASP. Une sorte d’externalisation fl exible. » Rappelons que l’ASP

consiste à utiliser, à distance, une application informatique

(logiciel de comptabilité, de CRM, d’e-mailing,..) hébergée chez

un prestataire. L’accès se fait via le Web et l’interface d’un na-

vigateur. L’application s’utilise alors comme si le logiciel était

installé sur le poste de l’utilisateur. L’ASP permet à son utili-

sateur d’éviter les contraintes de maintenance informatique

tout en bénéfi ciant, en permanence, des mises à jour de l’outil.

Enfi n, pour les années à venir, Dirk Vermussche s’attend à voir

la technologie OCR (optical character recognition) fortement

se développer, surtout au sein des grandes sociétés traitant un

grand volume de factures en provenance principalement de

fournisseurs uniques. Ce module, qui pourra venir se greffer

sur un ERP assurera l’enregistrement automatique des factu-

res, sans autre intervention humaine que celle nécessaire pour

lancer l’opération. Un gain de temps… et donc d’argent vrai-

semblablement considérable.

CINQ DOSSIERS « CHAUDS »

Dirk Vermussche: « Si les CSP ont permis de consolider des fonctions comptables en un seul lieu fi nancièrement plus attractif, les compétences locales pour maintenir un responsable de la ‘compliance’ en place se révèlent généralement insuffi santes. »