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SOMMAIRE p.2-3 Le Conte d’hiver - Sylvie Osman p.4-5 Singspiele - Maguy Marin p.6-9 Cartographies - Frédéric Ferrer p.10-11 Ateliers pratiques p.12-13 Retour sur une collaboration p.14-15 TEC & Informations pratiques ÉDITORIAL La saison théâtrale se poursuit à la Vignette avec une figure du répertoire que l’on ne présente plus : William Shakespeare, dont la compagnie Arketal livre une interprétation du Conte d’hiver avec acteurs et marionnettes. Les visages seront ensuite à l’honneur avec Singspiele, présenté par la chorégraphe Maguy Marin qui interroge l’identité et le rapport à l’autre sur un rythme lancinant et troublant. Puis viendra le temps de deux enquêtes ludiques, l’une sur des canards perdus et l’autre sur la survie de l’espèce humaine, grâce aux Cartographies 1 et 5 de Frédéric Ferrer. Enfin, la scène accueillera les étudiants de l’Université pour l’édition 2015 de Lehrstück! pièces d’apprentissages. JOURNAL SEMESTRIEL - FÉV. - JUIN 2015 THÉÂTRE LA VIGNETTE - UNIVERSITÉ PAUL-VALÉRY

Focus N8 - FEV 2015 - JUIN 2015

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journal semestriel du Théâtre la Vignette pour en savoir + sur les spectacles // Entretiens, critiques, portraits,annonces, infos pratiques...

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SOMMAIREp.2-3 Le Conte d’hiver - Sylvie Osmanp.4-5 Singspiele - Maguy Marinp.6-9 Cartographies - Frédéric Ferrerp.10-11 Ateliers pratiques p.12-13 Retour sur une collaboration p.14-15 TEC & Informations pratiques

ÉDITORIALLa saison théâtrale se poursuit à la Vignette avec une figure du répertoire que l’on ne présente plus : William Shakespeare, dont la compagnie Arketal livre une interprétation du Conte d’hiver avec acteurs et marionnettes. Les visages seront ensuite à l’honneur avec Singspiele, présenté par la chorégraphe Maguy Marin qui interroge l’identité et le rapport à l’autre sur un rythme lancinant et troublant. Puis viendra le temps de deux enquêtes ludiques, l’une sur des canards perdus et l’autre sur la survie de l’espèce humaine, grâce aux Cartographies 1 et 5 de Frédéric Ferrer. Enfin, la scène accueillera les étudiants de l’Université pour l’édition 2015 de Lehrstück! pièces d’apprentissages.

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LE CONTE D’HIVER

//REPRÉSENTATIONS AU THÉÂTRE

LE CONTE D’HIVER Mise en scène : Sylvie Osman Adaptation pour 10 marionnettes et 6 acteurs Adaptation du texte et dramaturgie : Béatrice Houplain Interprétation : Mathieu Bonfils, Carol Cadilhac, Marion Duquenne, Fanny Fezans, Youna Noiret, Jean-Baptiste Saunier

—JEU. 5 MARS — 20H30 VEN. 6 MARS — 19H15

DURÉE : 1H30

TARIFS - T.P 15€ - T.R 10€ - LPV 2€

EN PARTENARIAT AVEC RADIO NOVA

— RENCONTRE DU LENDEMAIN VEN. 6 MARS — 11H Rencontre animée par Didier Plassard enseignant-chercheur du département d’Études théâtrales de l’Université Paul-Valéry en présence de la metteur en scène Sylvie Osman. - entrée libre - au théâtre

Jennifer Ratet : Vous privilégez la marionnette comme moyen d’expression en quoi vous intéresse-t-elle particulièrement ?Sylvie Osman : L’objet-marionnette est une forme plastique née de l’imagination et des mains d’un artisan-plasticien. La main du marionnettiste est à l’origine des mouvements. Elle dirige, mais elle reçoit en retour. Cet échange est capital, il crée le dialogue entre le corps vivant du marionnettiste et le corps inerte de la marionnette. Il crée un rapport qui “dépasse la mort des choses”. C’est ce rapport qui m’intéresse et qui m’anime.

Votre compagnie “Arketal” a été fondée en 1984. Comment avez-vous traversé ces trente dernières années, riches en mutations dans le domaine de la marionnette ? Quel regard portez-vous sur le paysage marionnettique actuel ? Trente années. Passées comme trois jours. Avec trois mots à la sortie de la formation de L’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières, dirigée par Margareta Niculescu, Michael Meschke, Henryk Jurkowsky et Jan Dvorák : Pourquoi, pour qui, comment ?Quelques moments clefs : - Création de la compagnie Arketal en 1984, à Mougins, avec Greta Bruggeman et François Boulay, mais un appel de Michael Meschke a bouleversé les débuts de nos vies de marionnettistes : nous avons été engagés en tant qu’interprètes dans le spectacle Ramayana, que notre ancien professeur allait mettre en scène en Suède et en Thaïlande avec des marionnettes d’inspiration « Bunraku » (jeu à vue) et de grandes figures plates (jeu caché derrière des écrans). Les répétitions et les tournées qui vont suivre vont durer une année et nous emmener de Stockholm à Bangkok, puis à Tokyo, Nagoya et Sapporo, à Dresde, à Athènes, de nouveau à Stockholm, puis à Paris à la Maison des Cultures du Monde. Commencer le métier de

marionnettiste avec cette ouverture sur le monde, un projet d’une telle force et un grand maître de la marionnette a été et reste une aventure artistique et de vie inoubliable. Michael Meschke nous a fait découvrir son répertoire essentiellement pour adulte : Antigone de Sophocle, l’Odyssée d’Homère, La Bonne Âme du Set-Chouan de Brecht, Ubu roi de Jarry où le jeu de comédien se mêle au jeu des figures. - De retour à Mougins, le Centre Éducatif et Culturel des Campelières nous invite à installer notre atelier dans l’ancienne cabane du jardinier. Le 29 octobre 1984, René Corbier organise le Festival International de la Marionnette de la Côte d’Azur (FIMCA). D’autres suivront en 1986 et 1988. Puis nommé directeur de la culture, René Corbier le reprendra à Cannes jusqu’en 2000. Vivre et travailler sur le lieu même de ce festival a été une chance inestimable pour parfaire ma formation, et influencer ma démarche artistique, car de grands maîtres et de jeunes compagnies de la scène contemporaine sont venus du monde entier s’y produire : la compagnie hollandaise « Triangel », ses numéros oniriques et ses marionnettes inspirées des personnages de Jérôme Bosch ; le thème de la Shoah avec des marionnettes à la table de la compagnie allemande « Theater im Wind » ; les figures créées à partir d’objets de la vie quotidienne de Jozef van de Berg ; les figures-structures animées de Jean-Paul Céalis ; les silhouettes et les ombres d’Amoros et Augustin ; les marionnettes du théâtre tchèque Drak... et tant d’autres. - En 1988, la sortie de la revue PUCK la marionnette et les autres arts dont la rédactrice en chef est Brunella Éruli. Grande ouverture et « oxygénation » de la sphère Marionnette. - En 1995, Brigitte Hedel Samson (Conservatrice du Musée National Fernand Léger de Biot) nous commande un spectacle inspiré de l’œuvre de l’artiste peintre Fernand Léger. Les mouvements des avant-gardes, du futurisme, de l’esprit nouveau, des artistes russes inspirent notre travail jusqu’à aujourd’hui.

Entretien avec Sylvie Osman, metteur en scène Propos recueillis par Jennifer Ratet

Sylvie Osman - photo ©DR

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- En 1999, j’organise la première rencontre entre auteurs contemporains et compagnies de marionnettistes au CNES, à La Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon en partenariat avec THEMAA. Rencontre avec Jean Cagnard, Patrick Kermann. Le début d’un partenariat des auteurs contemporains avec les marionnettistes.- En 2003, Didier Abadie, directeur de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes (ERAC) me demande d’animer un atelier de pratique du jeu marionnette. Depuis je travaille presque essentiellement avec des anciens élèves de l’ERAC.- THEMAA, le Festival Mondial de Charleville, L’ESNAM (École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette), les CEDAM (lieux de compagnonnage), les lieux de Fabrique (dont L’Atelier d’Arketal, atelier de formation pour les professionnels), la revue Puck, les universitaires de plus en plus nombreux, les Scènes conventionnées marionnettes, les ateliers de pratique au sein des conservatoires et des Écoles de formation de l’acteur ont incontestablement donné une visibilité de plus en plus forte à la Marionnette. Du côté des compagnies, les spectacles pour adultes ne rentrent pas encore assez dans la programmation des structures de théâtre.

Vous avez travaillé en tant qu’interprète-marionnettiste à plusieurs reprises. De quelle manière ces expériences influencent-elle votre travail de metteur en scène ?Ce travail d’interprète-marionnettiste est capital. La marionnette engage tout le corps de l’interprète. La marionnette est action. Comme pour le masque, il y a quelques règles de base par rapport au public. Le jeu de marionnette s’inscrit aujourd’hui, dans un langage multiple. Il a un rapport avec l’écriture, les arts plastiques, les arts de la scène, le corps de l’acteur-manipulateur. Pour l’acteur, dont la question de l’iden-tité scénique est très sensible et fonda-mentale, le jeu de marionnette à vue pose beaucoup de questions : la place et la présence de son corps par rapport à l’objet marionnette. Qui suis-je ? Qu’est-ce que je donne à voir ? Com-ment gérer l’énergie ? Comment créer un langage avec le corps marionnette ? Le jaillissement de la parole à travers l’objet. La marionnette bouge l’expé-rience du jeu pour l’acteur. Au moment de se confronter à elle, c’est un nouveau

chemin intérieur qu’il doit chercher, car le manipulateur doit se mettre au ser-vice de la marionnette. La contrainte de l’objet « devant soi », ouvre une vaste voie de recherche et d’exploration.

Pourriez-vous revenir sur vos activités en tant que formatrice et sur ce qui motive cet engagement au service de la transmission ?Le travail à l’ERAC depuis 12 années m’a permis d’évoluer dans la trans-mission de mon art, de faire connaître et de faire reconnaître la marionnette contemporaine auprès de jeunes qui ont de moins en moins de clichés vis à vis d’elle. Je donne mais je reçois beau-coup en retour des élèves. La marion-nette est, pour moi, une écriture dans l’espace, un langage. La formation est un espace de recherche permanent pour la recherche de ce langage, aussi bien avec des textes de répertoire que des textes d’auteurs contemporains. Un lieu de transmission et d’expérimentation, car la marionnette a énormément évolué et avec elle la pédagogie de la transmis-sion du jeu.

À quelles modulations de la version originale avez-vous procédé pour Le Conte d’hiver ? Béatrice Houplain a fait une première adaptation en lien avec la dramaturgie. J’ai ajouté des coupes en commençant la mise en scène, en privilégiant des dialogues plus courts, sauf pour le procès de la reine Hermione.

Comment êtes-vous entrée en dialogue avec les comédiens et comédiennes de l’ERAC que vous avez dirigés sur cette pièce ? Le fait qu’ils ne soient pas spécifiquement formés à la marionnette a-t-il nécessité une adaptation de votre approche ?Je connais tous les comédiens engagés dans Le Conte d’hiver. Ils sont issus de cinq ensembles différents et ont tous suivi une formation à l’ERAC avec moi. Je n’ai pas adapté ma mise en scène. J’ai fait venir régulièrement Béatrice Houplain, la dramaturge, pour être de plus en plus dans la justesse de la dra-maturgie. Pour permettre aux comédiens d’avoir une approche de plus en plus sen-sible de leur personnage. Les discussions autour du sens sont infinies avec Shake-speare. Au début de la mise en scène (et je le fais toujours), j’ai donné plusieurs rôles à apprendre à chaque acteur. Cela

permet de voir son personnage, de se nourrir des propositions des uns et des autres et de favoriser un esprit collectif.

Vous avez opté pour une manipulation à vue et un partage de l’espace scénique par les manipulateurs et les marionnettes, pourquoi ces choix ?Le Conte d’hiver questionne la représentation du vivant et de l’inerte, de l’illusion et de la réalité, la croyance en l’humain. L’espace est identique pour les marionnettes et les acteurs. C’est un espace métaphorique où se confondent le vivant et l’inanimé. Comédiens et marionnettes sont assis et accrochés autour du podium. C’est un chœur, ils sont la matière même de l’histoire. Les comédiens-manipulateurs sont toujours en regard sur la scène qui se joue quand ils ne sont ni acteurs, ni manipulateurs. Les acteurs assis sont un regard extérieur tout comme les spectateurs. Ce qui se joue est sous le regard des acteurs et le regard du public. Le narrateur s’adresse au public mais parfois, les personnages-marionnettes s’adressent directement au public. Le Conte d’hiver se joue dans un mouvement continu. Le mouvement du cercle, espace ludique du jeu innocent d’abord entre Léontès et Mamilius. Cercle qui aspire Hermione et Polyxènes. Cercle-corrida, espace de la mise à mort de Mamilius en parallèle au jeu de l’illusion amoureuse entre Polyxènes et Hermione. Plus tard, mouvement de la peur, puis de la fuite de Camillo et Polyxènes. Les personnages se croisent d’une scène à l’autre, contaminés par la folie destructrice de Léontès, dans la première partie. La 2ème partie se termine par le retour de la croyance en l’humain, par le réveil de la statue. Réveil animé par l’amour contagieux de Florizel et de Perdita. La statue d’Hermione, artifice poétique, symbolise à merveille l’éternel recommencement de la vie. L’acteur prête son corps, sa voix, son souffle à la marionnette. J’aime la présence partagée de l’acteur et de la marionnette, du vivant et de la matière, un théâtre de textes mêlé à un langage de la matière en mouvement. Dans Le Conte d’hiver, je dirais même que j’ai tenté de mélanger les peaux.—

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SINGSPIELE - MAGUY MARIN

Jennifer Ratet : Comment envisagez-vous les enjeux chorégraphiques actuels et quel regard portez-vous sur la nouvelle génération ? Maguy Marin : Je crois que l’enjeu aujourd’hui surtout, mais depuis longtemps se trouve dans le refus de faire diversion, dans une ouverture déjà entamée par certains chorégraphes aux autres arts sans entrer dans un « tout en un », une exigence de travail qui défie les lois de la précarité, de l’impossibilité par la solidarité et la coopération, nous n’avons pas d’autres choix.

Vous avez développé Singspiele à partir d’un fragment de texte de Robert Antelme et vous vous êtes inspirée des écrits de Levinas, pourquoi ces choix ?Ces textes ont été très importants. Approcher un visage, un portrait, et lui imaginer un corps demande une grande délicatesse, une attention bienveillante. Chez Antelme, la reconnaissance de l’Autre est primordiale pour chacun d’entre nous. Nous sommes une seule et même espèce. Chez Levinas, c’est l’idée de responsabilité immémoriale qui nous incombe en vertu de cette fraternité humaine qui dépasse le cadre de la parenté biologique.

Singspiele interroge la responsabilité. Quelle est selon vous celle de l’artiste ?La responsabilité de l’artiste selon moi tient dans l’ouverture au poétique avec un autre. Et comme l’a écrit Nicolas Bouvier, « chaque ligne s’écrit avec du sang et comme on n’en a que 4,5 litres, il faut savoir où on le met ».

Peut-être connaissez-vous l’application “Snapchat” qui permet de partager des photos éphémères, bien souvent des “selfies”, ces autoportraits photographiés avec des smartphones ? Dans notre société narcissique où les individus fabriquent et diffusent des images

d’eux-mêmes supposées authentiques mais finalement mises en scène, la nature du rapport à soi fait question. Avez-vous voulu mettre le spectateur face à lui-même en le confrontant aux images constituées par David Mambouch ?Non, je n’ai pas pensé à cela particulièrement. Mais j’ai constaté qu’on ne regarde jamais assez le visage d’une personne et que l’on passe souvent à côté des autres sans les avoir rencontrés. Une patience qui nous manque.

Justement, dans quelle mesure prenez-vous en compte le spectateur lorsque vous créez un spectacle ?Je ne le prends pas en compte quand je travaille et pas non plus directement en tant que spectateur, mais j’ai toujours en tête que des gens viendront voir.

SPECTACLE PRÉSENTÉ AVEC LE SOUTIEN DE L’ONDA OFFICE NATIONAL DE DIFFUSION ARTISTIQUE

Entretien avec Maguy Marin, chorégraphe Propos recueillis par Jennifer Ratet

Maguy Marin - photo ©Cavalca

//REPRÉSENTATIONS AU THÉÂTRE

SINGSPIELE Conception : Maguy MarinInterprétation : David MambouchScénographie : Benjamin Lebreton

SPECTACLE CO-ACCUEILLI AVEC MONTPELLIER DANSE SAISON 2014-2015

—MAR. 10 MARS — 20H30 MER. 11 MARS — 19H15 JEU. 12 MARS — 19H15

DURÉE : 1H05

TARIFS - T.P 15€ - T.R 10€ - LPV 2€

EN PARTENARIAT AVEC RADIO NOVA

— RENCONTRE DU LENDEMAIN MER. 11 MARS — 11H Rencontre animée par Alix de Morant enseignante-chercheuse du département d’Études théâtrales de l’Université Paul-Valéry en présence de l’artiste David Mambouch. - entrée libre - au théâtre

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« L’HISTOIRE DE CHACUN SE FAIT À TRAVERS LE BESOIN D’ÊTRE RECONNU SANS LIMITE ; L’AMITIÉ DÉSIGNE CETTE CAPACITÉ INFINIE DE RECONNAISSANCE. IMAGINER QUE CE BESOIN SOIT CONSTAMMENT CELUI D’AUTRUI, QUE L’AUTRE COMME NOUS-MÊME SOIT LIVRÉ À CETTE EXIGENCE ET ACHARNÉ À OBTENIR RÉPONSE, QU’IL SE DÉVORE LUI-MÊME ET QU’IL SOIT COMME UNE BÊTE SI LA RÉPONSE NE VIENT PAS, C’EST À QUOI ON DEVRAIT S’OBLIGER ET C’EST L’ENFER DE LA VIE QUAND ON Y MANQUE. LE CHEMIN DE LA RECONNAISSANCE, C’EST L’INFINI : ON FAIT DEUX PAS, ON-NE-PEUT-PAS-TOUT-FAIRE, MAIS PERSONNE N’OSE JUSTIFIER AUTREMENT QUE PAR UN PETIT CYNISME LE RECUL DEVANT UNE TELLE TÂCHE… »1

1 Robert Antelme : Les principes à l’épreuve, article paru le 14 juillet 1958 dans la revue « le 14 juillet » créé par Dionys Mascolo et Jean Schuster repris dans Robert Antelme - textes inédits sur « L’espèce humaine » essais et témoignages - éditions Gallimard -

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FRÉDÉRIC FERRER - CARTOGRAPHIES

DISCOURS INTRODUCTIF À LA CONFÉRENCEÀ LA RECHERCHE DES CANARDS PERDUS - CARTOGRAPHIE 1

La conférence À la recherche des canards perdus n’est ni une réunion ni une poire, mais un exposé fait devant un public. Elle traite de petits canards jaunes en plastique et d’une expérience scientifique sur un glacier du Groenland pour mesurer la vitesse du réchauffement climatique.La forme de cette conférence est simple : un émetteur (moi) transmettra à un récepteur (vous), un flux d’informations. Ce flux sera véhiculé essentiellement par le son de ma voix. Je prononcerai à voix haute des phrases, dont certaines sont écrites sur des feuilles de papier que je tiendrai à la main. Pour plus de commodités entre nous, et pour rompre autant que possible la monotonie d’une lecture, je tâcherai de lever les yeux vers vous le plus souvent possible. J’inventerai aussi de très nombreuses phrases en direct afin de rendre cela encore plus vivant. De même, j’utiliserai des documents pour agrémenter mon discours. D’autres fois je tenterai de réaliser en direct devant vous des dessins.Je ne suis pas spécialiste du Groenland, ni de la glace, ni des canards jaunes en plastique.Mais n’importe qui peut faire une conférence sur n’importe quoi. Toute personne qui décide de faire une conférence a la possibilité de le faire (sauf bien sûr dans les pays où les réunions publiques sont interdites, ou dans ceux où les êtres humains sont privés de leur liberté d’expression, ou

sur des sujets interdits par des lois en vigueur).Le public qui vient assister à une conférence vient soit de son propre gré (le sujet l’intéresse) soit parce qu’il y est obligé (que ce sujet l’intéresse ou non). Pour cette conférence, aucun dispositif de contrainte du public n’a été mis en place.Vous êtes donc venus de votre propre gré. Cela signifie que la glace, le Groenland, le changement climatique et les petits canards jaunes en plastique sont des sujets qui vous intéressent.Dans une conférence, le public est libre (en général) d’écouter ou non le conférencier. Si certaines personnes du public souhaitent ne plus écouter le conférencier, elles peuvent alors, soit sortir de la salle, soit rester dans la salle (et profiter, en attendant la fin de la conférence, de ce moment précieux et savoureux où notre pensée déambule loin des mots entendus qui la bercent). Certains peuvent aussi, en restant dans la salle, ou en sortant de la salle, faire du bruit afin d’empêcher la parole du conférencier de parvenir aux récepteurs... Cette attitude radicale mondialement répandue de la maternelle à l’université du troisième âge, est souvent très mal vécue par le conférencier et par ceux qui désirent réellement continuer à l’écouter.J’ai souhaité faire une conférence sur des petits canards jaunes en plastique, car je veux livrer publiquement le résultat de ma recherche et de mes investigations sur ces palmipèdes. La conclusion à laquelle je suis arrivé est effrayante, affligeante et désespérante sur le monde que nous préparons pour nos enfants. Je veux rendre public ce

que j’ai découvert. Comme personne en France et dans le monde ne fait aujourd’hui de conférence sur ces petits canards jaunes en plastique, j’ai décidé de m’investir personnellement dans cette mission.C’est ma manière de participer et de travailler à l’invention d’un monde meilleur.L’ensemble des faits, arguments et démonstrations que je vais présenter ici sont rigoureusement exacts, vrais, scientifiques et n’ont subi aucune déformation.Cette conférence, bien qu’elle ait lieu dans un espace théâtral, ne cherchera donc pas à brouiller les cartes, à mélanger le vrai et le faux, à jouer de la réalité et de la fiction.Ce n’est pas parce que nous sommes au théâtre que ce qui s’y passe est faux.Cette conférence ne traitera que de faits et d’événements réels. Aucun artifice théâtral ne sera utilisé pour mettre en scène mon discours : aucun effet de lumière, pas de musique pour accompagner une progression dramatique, pas de mouvements particuliers : je ne danserai pas ce soir.Ce qui vous sera dit dans cette conférence sera la vérité. Nue. Brute. Violente. Et désespérante dans son inéluctabilité. —Frédéric Ferrer,Discours introductif à la Conférence À la recherche des canards perdusÉcrit le 9 juin 2010 à 5h40, juste après le biberon de mon fils, et jamais encore prononcé.

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WOW! (CRÉATION) FRÉDÉRIC FERRER

CONFÉRENCE SUR NOS POSSIBILITÉS DE VIVRE AILLEURS / LE PARA-DOXE DE FERMI, L’ÉQUATION DE DRAKE ET LES PETITS HOMMES VERTS. La cartographie Wow! tient son nom du « signal Wow! » qui tient lui-même le sien du commentaire écrit par l’astrophysicien Jerry Ehman dans la marge d’un relevé papier des sons captés par un radiotélescope. Ce 15 août 1977, un signal radio de 72 secondes présumé extraterrestre vient en effet d’être enregistré. De celui-ci, on ne connaît ni la nature, ni l’origine. On ne sait pas même s’il codait quelque chose. Dans cette conférence, Frédéric Ferrer pose la question de l’avenir de l’espèce humaine en cas de disparition de la Terre dont il énumère six causes possibles : une collision intergalactique, le soleil, un sursaut Gamma, une inversion du champ magnétique, un astéroïde et l’espèce humaine elle-même. Quoi qu’il en soit, cette dernière ne pourra se perpétuer qu’en s’installant sur une autre planète. Ce qui soulève deux grandes questions :

Sur quelle autre planète s’installer ?On estime qu’il y aurait à peu près 1800 milliards de planètes dans notre galaxie.N’y en n’aurait-il pas une qui puisse accueillir l’humanité ?N’y aurait-il pas une chance pour qu’on s’en sorte ?Chaque mois de nouvelles exoplanètes sont découvertes, portant à près de 1800 aujourd’hui le nombres de planètes connues (mai 2014). Parmi ces 1800, plusieurs se situent dans la zone d’habitabilité de leur étoile, c’est à dire qu’elles sont à la bonne distance de leur étoile et qu’elles ont peut-être à leur surface de l’eau à l’état liquide.Et une atmosphère ?De l’oxygène ?Existe-t-il une planète qui offre les mêmes possibilités que la Terre pour le dévelop-pement de la vie ?Quelle est cette planète ?Où est-elle située ?Comment peut-on y aller ? En combien de temps ?

Et si une telle planète existe, est-ce possible que la vie soit déjà apparue sur cette planète ?Les briques du vivant étant présentes partout dans l’univers, la vie a peut-être pu se développer ailleurs ?Sous quelle forme ?Et si une vie existe sur cette planète, est-elle compatible avec celle de l’espèce humaine ?Et à quel stade de développement se situe-t-elle ?Cette vie est-elle intelligente ?Plus intelligente que nous ? Plus avancée ?L’équation de Drake sur les possibilités de vie extraterrestre intelligente ne serait-elle pas en passe de trouver une résolution ?Comment interpréter sinon les signes extraterrestres enregistrés par le radiotéles-cope de l’Ohio en 1977 ?— Extraits du dossier de la Cartographie 5

Wow! tisse un réseau de réflexion fait de questions et d’hypothèses sur fond de constats et considérations autour de cette problématique qu’est l’avenir de l’espèce humaine. Oubliés, les cours de sciences rébarbatifs. Avec Frédéric Ferrer à la manoeuvre, place à l’investigation !

//REPRÉSENTATIONS AU THÉÂTRE

Conception, interprétation : Frédéric Ferrer—MA. 31 MARS — 19H15 MER. 1ER AVRIL — 21H00

À LA RECHERCHE DES CANARDS PERDUS - CARTOGRAPHIE 1Conférence sur une expérience scientifique pour mesurer la vitesse du réchauffement climatique dans l’ArctiqueDURÉE : 1H MA. 31 MARS — 21H00 MER. 1ER AVRIL — 19H15

Wow ! (Création) - CARTOGRAPHIE 5Il y a quelqu’un ? (Conférence sur nos possibilités de vivre ailleurs / le paradoxe de Fermi, l’équation de Drake et les petits hommes verts)DURÉE : 1H

— RENCONTRE DU LENDEMAIN MER. 1ER AVRIL En présence de Frédéric Ferrer et Pierre Ghesquiere, doctorant en astrochimieau Labo Univers et Particules de Montpel-lier, en partenariat avec le service culture scientifique de l’UM. - entrée libre - au théâtre

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Wow! visuel ©Frédéric Ferrer

SPECTACLES PRÉSENTÉS AVEC LE SOUTIEN DE L’ONDA OFFICE NATIONAL DE DIFFUSION ARTISTIQUE

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EXTRAIT EN IMAGES - WOW! CARTOGRAPHIE 5

“ WOW!

C’EST LA 5ÈME CARTOGRAPHIE DE MON ATLAS.

APRÈS LES CANARDS EN PLASTIQUE, ERIK LE

ROUGE, LE MOUSTIQUE-TIGRE ET LE PÔLE NORD,

JE M’INTÉRESSE MAINTENANT À UN TERRITOIRE

NON-TERRESTRE.” — Frédéric Ferrer

[...] Voici la Terre vu de la Lune. Cette planète se distingue des autres dans le système solaire, car la vie y est apparue, il y a maintenant 3,8 milliards d’années. Cette vie est complexe et diversifiée, puisqu’on pense qu’il y aurait aujourd’hui entre 8 et 9 millions d’espèces vivantes sur cette planète. L’une de ces espèces, plus intelligente que les autres, a réussi récemment à prendre cette photo (en se posant sur la Lune). Mais tout ceci ne va pas durer. La vie devrait disparaître prochainement sur la Terre [...]

[...] À moins que la vie ne disparaisse avant, à l’occasion d’une collision intergalactique entre la Voie Lactée et Andromède. [...]

[...] Conclusion l’espèce humaine n’a pas d’avenir sur la terre [...] Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’est pas dans notre système solaire [...]

[...] Voici ces 21 planètes, où peut-être nous pourrions vivre. [...]

[...] Voici Gliese 667C c. [...]

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[...] Scénario 1 : L’espèce humaine s’installe sur une planète sur laquelle elle peut vivre immédiatement [...] Question 1 : Quelle est cette planète ? Où est-elle ?

L’ATLAS DE L’ANTHROPOCÈNEDE FRÉDÉRIC FERRERCARTOGRAPHIES DES BOULEVERSEMENTS DU MONDE

Cela faisait longtemps que j’avais envie de faire quelque chose avec des lieux et des cartes. Et l’accélération actuelle du monde, l’anthropocène et le changement global, bouleversant les milieux et les hommes, excitent davantage encore mes envies d’explorateur.L’Atlas de l’anthropocène est né de ça.De mon envie de raconter des espaces. L’Atlas de l’anthropocène est un recueil de cartographies des bouleversements du monde.Chaque cartographie est créée suite à un travail de terrain. Elle se nourrit d’enquêtes, de rencontres et d’échanges avec les « connaisseurs » de l’espace cartographié et des thématiques abordées.Chaque cartographie met donc en jeu un territoire.Chaque cartographie pose une question centrale non résolue. C’est ce que j’appelle la problématique axiale de la cartographie. La question est essentielle. Sans question, il n’y a pas de cartographie.Chaque cartographie développe un raisonnement par hypothèse.Et utilise, pour ce faire, un outil de présentation vraiment très efficace.Chaque cartographie propose aussi un moment particulier, que j’appelle souvent « l’échappée ontologique ».L’échappée ontologique n’est cependant pas systématique.Chaque cartographie apporte une ou des réponses à la question posée initialement. La réponse peut être une vraie réponse ou une nouvelle question. Mais quelque soit la réponse, il y en a une. Car une cartographie sans réponse n’est pas une cartographie.Chaque cartographie a une durée d’une heure. Mais c’est jamais facile de tout dire en une heure.Toutes les cartographies ont la même forme. Seul le contenu change (car le contenu est toujours en fonction de la question posée).Chaque cartographie nécessite : un écran de grande taille, un vidéo-projecteur très puissant, un ordinateur, un micro-casque, une table et un chevalet de conférence avec une surface blanche pour feutres effaçables (mais pas systématiquement, cela dépend de plein de choses, surtout pour le chevalet de conférence avec une surface blanche pour feutres effaçables).Le dispositif cartographique peut s’adapter à différents types de lieux.La première cartographie a été créée en 2010.Le nombre total de cartographies de l’Atlas est à ce jour inconnu.On peut donc dire que l’Atlas de l’anthropocène est un projet en développement.Ou bien qu’il n’a pas de fin.—

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ATELIERS PRATIQUES VIGNETTE

Jennifer Ratet : Après avoir présenté plusieurs pièces au Théâtre la Vignette et animé un premier atelier (en binôme avec la metteur en scène Marie-José Malis), vous revenez de janvier à juin 2015 avec un second. Intitulé La Révolution française, quel héritage pour notre présent ?, il sera axé autour de la pièce La mort de Danton de Georg Büchner. Pourriez-vous expliquer ce qui a motivé votre choix ? Olivier Coulon-Jablonka : La première fois que je suis intervenu dans ces ateliers, c’était en effet avec la metteur en scène Marie-José Malis autour du thème Théâtre et Histoire. En choisissant La Mort de Danton c’est donc une façon pour moi de continuer à tramer ce fil, de faire un clin d’oeil à mes camarades de la Vignette. Je prolonge par ailleurs les questions qui m’agitent depuis quelques spectacles déjà : quelles lumières portent les textes du passé qui peuvent éclairer l’obscurité du temps présent.Ce qui m’intéresse dans la pièce de Büchner c’est évidemment la Révolution française. Celle-ci n’est pas seulement un décor en toile de fond, la pièce s’appuie sur des faits et des personnages historiques précis, la guerre des factions entre mars et avril 1794. C’est donc pour nous l’occasion de revenir sur cette séquence historique qui fait partie de notre imaginaire commun, mais dont nous méconnaissons souvent les enjeux polémiques. La pièce met en abîme le rapport entre le Théâtre et l’Histoire de façon particulière : au début de la pièce, le personnage de Danton, héros de la Révolution, cherche à s’extraire de la scène historique. Après s’être taillé un costume mythologique, il a pris sa retraite et s’enivre en compagnie de femmes dans des orgies somptueuses ; avec ses compagnons, les indulgents, il veut goûter les fruits de la liberté. Pourtant la révolution n’est pas achevée, et le peuple continue à mourir de faim... Danton est bientôt rattrapé

par le processus révolutionnaire. Le titre de cet atelier - La Révolution française, quel héritage pour notre présent ? - est un peu tétanisant. Au départ, il s’agit d’envisager le texte de Büchner comme un matériau. Il est la production d’un temps singulier et Büchner lui-même réfléchit la révolution à travers son époque, celle du romantisme. De même, notre lecture de la pièce est conditionnée par les postulats de notre temps, l’interprétation que nous avons de la Révolution française. Or c’est un texte éminemment problématique. C’est donc une question que je souhaite adresser à la jeunesse d’aujourd’hui, comment décide-t-elle de lire ce texte, et quelles leçons tire-t-elle de la Révolution française ? Il ne faut jamais oublier que celle-ci fut faite par de très jeunes gens qui devaient inventer leur propres solutions, ils se sont consumés d’amour pour elle. Comment avez-vous structuré votre atelier et quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ? J’ai décidé d’inviter une autre metteur en scène, Irène Bonneau, pour constituer un binôme. Nous souhaitions travailler ensemble depuis longtemps. Elle connaît très bien cette pièce et l’a retraduite magnifiquement. C’est une occasion formidable. Je suis très heureux de cette collaboration. Je pense que pour les étudiants c’est une vraie chance de pouvoir travailler en alternance avec deux metteurs en scène. Cela permet de voir les différences, mais aussi de saisir les préoccupations communes. Je pense que nous avons beaucoup de points communs avec Irène ; et nous avons aussi un parcours différent, chacun a du inventer son propre langage de plateau. C’est vraiment salutaire pour les étudiants, je pense, ce travail dans l’altérité, une invitation à trouver son autonomie, l’idée qu’il faut fabriquer, avec ses propres moyens, le théâtre dont on a besoin.

Il y aura donc quelques séances communes au début pour lire la pièce ensemble, et nous nous retrouverons à la fin de l’atelier pour nous montrer les travaux en cours et construire le spectacle. Dans l’intervalle les étudiants travailleront chacun une semaine avec les deux intervenants. Parallèlement, un colloque est organisé avec d’autres intervenants autour de la séquence historique qui nous occupe. L’ambition de l’atelier est d’offrir une pratique aux étudiants de l’université, et aussi de voir comment l’université peut être le lieu d’une formidable expérimentation, en articulant de façon originale la pratique au savoir. Le théâtre de l’université est un de ces rares endroits où le théâtre peut dialoguer avec les autres disciplines. C’est extrêmement stimulant. Quelle est l’actualité de Moukden Théâtre ? Le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers nous a passé commande d’une « Pièce d’actualité » avec cette question : que vous inspire la ville d’Aubervilliers aujourd’hui ? Il s’agit de travailler avec ses habitants, des amateurs. Je suis très heureux de cette commande qui fait écho au précédent spectacle Paris nous appartient, lequel abordait autrement la question de la ville et de l’urbanisme. Nous avons choisi de travailler avec des personnes qui occupent illégalement un site de Pôle Emploi parce qu’elles n’ont pas de logement.Parallèlement, nous sommes avec les comédiens en préparation du prochain spectacle, une adaptation du Faucon Maltais de Dashiell Hammett, un polar « métaphysique » écrit aux États-Unis pendant la crise de 1929. — Les Ateliers pratiques Vignette sont ouverts à tous les étudiants de l’UPV toute filière confondue et se dérouleront de janvier à juin 2015.

Entretien avec Olivier Coulon-Jablonka, metteur en scène de la Compagnie Moukden Théâtre Propos recueillis par Jennifer Ratet

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Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours jusqu’ici et comment définiriez-vous le champ de votre travail ?

J’ai rencontré le monde du théâtre en 99 à l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette et je crois que nous avons eu la chance, notre promotion, d’avoir une directrice (Margareta Niculescu) qui avait une vision pluridisciplinaire de la marionnette, ce qui était intrinsèquement avant-gardiste et un directeur pédagogique (Eloi Recoing) avec une vision pointue de la dramaturgie marionnettique ancrée dans l’art du spectacle vivant. Ce mélange détonnant nous a permis de découvrir le travail de créateurs comme Claude Régy, Peter Brook, Bob Wilson et d’être confrontés à des auteurs comme Heiner Muller, Kleist, Georges Aperghis... Autant de rencontres qui ont été le ferment d’un langage composite aux accents visuels caractéristiques en ce qui me concerne et qui est aussi resté tourné vers mes amours cinématographiques d’avant.

Pourriez-vous nous dévoiler quelques indiscrétions sur le stage que vous animerez en mars en salle de répétions du Théâtre la Vignette ?

Lors du stage, je voudrais travailler en petits groupes sur un auteur inconnu sous le nom de Lutz Bassmann et mieux connu sous d’autres. Et explorer les liens possibles entre l’image et ses textes parfois énigmatiques.

Quels sont vos prochains projets avec Pseudonymo ?

Mes prochains projets sont Squid, un travail sur le corps transformé qui sera créé en mars prochain et dont j’ai pu faire une première épreuve de quinze minutes à Charleville lors de J-365, puis Ruines, une forme chorégraphique avec danseurs et marionnettes à taille humaine sur 2016...

Metteur en scène de la Compagnie Pseudonymo Propos recueillis par Jennifer Ratet

CRÉÉE EN 1999, LA COMPAGNIE PSEUDONYMO EST DIRIGÉE PAR DAVID GIRONDIN MOAB, MARIONNETTISTE DIPLÔMÉ DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE NATIONALE DES ARTS DE LA MARIONNETTE DE CHARLEVILLE-MÉZIÈRES.

EN SAVOIR +http://pseudonymo.eu

David Girodin Moab animera un atelier pratique en avril dans le cadre du Master 1 Théâtre et spectacle vivant de l’Université Paul-Valéry. — JOURNÉE D’ÉTUDES :Poétiques de l’image sur la scène marionnettique contemporaine

EN SAVOIR + www.theatrelavignette.fr

Squid - création 2015

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DAVID GIRODIN MOAB

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RETOUR SUR UNE COLLABORATION

Sylvie Thuret : Régis Hébette était déjà là et avait amorcé le contact avec les étudiants. Quelques questions : sur la mise en scène d’un roman, le découpage, le choix de la traduction, les lectures qui ont nourri le travail, la place centrale occupée par Sancho, sa multiplication selon une ludique table de trois. Les réponses sont éclairantes, saupoudrées d’humour, sans jamais occulter la finesse d’un esprit pour lequel tout est matière à réflexion, à déchiffrer les signes de la réalité, à l’image de Don Quichotte. Puis l’exercice prend fin. Car ce qui l’intéresse, ce pour quoi il est venu, c’est eux. Et c’est vers eux qu’il se tourne. L’occasion leur est offerte de l’interroger : pourquoi le Quichotte ? Quel est le rôle de la musique ? Celle, aussi, d’élucider des choix de mise en scène qui ont pu les perturber, bousculer. Non, Don Quichotte ou le Vertige de Sancho n’est pas El ingenioso hidalgo de Cervantès. Et oui, le théâtre est là pour faire réagir, quitte à bousculer, en passant parmi eux ou, pire, en les traitant de moutons… L’occasion, surtout, de dire ce qu’ils ont aimé et pourquoi. Ces livres, apanage de Don Quichotte, et qui servent de siège à Sancho. Les souliers d’un Sancho dont on se demande si la pièce ne conte pas le songe éveillé. Questions et réponses s’enchaînent naturellement, en confiance réciproque. Et cela aussi fait partie de tout ce qu’a apporté cet échange du lendemain. Régis Hébette privilégie ces moments de rencontre avec le public. Et celui-ci le lui rend bien. —

Adeline Chainais : Dans le cadre des cours de première année de Licence d’espagnol, les étudiants ont travaillé, en collaboration avec l’enseignant de civilisation hispano-américaine M.Lavat et moi-même, sur le spectacle La imaginación del futuro. Ils sont ensuite allés voir la pièce au Théâtre la Vignette et la “rencontre du lendemain” a été pour eux l’occasion de poser des questions qui restaient en suspens concernant la réception du spectacle, en France et au Chili notamment, et de mieux comprendre les motivations de cette jeune troupe de théâtre pour le moins iconoclaste.Les étudiants ont pu poser leurs questions dans la langue qu’ils étudient, et entrer dans un échange avec les acteurs et le metteur en scène, qui les a éclairés sur le sens et les enjeux d’un spectacle aux accents fortement politiques et parfois incompréhensible pour un public non averti.Pour ma part, j’ai pu approfondir un certain nombre de questions, liées notamment au contexte de création du spectacle (le mouvement social et étudiant au Chili en 2011) et aux intentions de ces artistes par rapport à la figure emblématique de Salvador Allende. De concert avec Laurent Berger, enseignant-chercheur au département d’Études théâtrales qui a co-animé la rencontre avec moi, nous avons pu également nous pencher sur les formes artistiques et les choix esthétiques de la compagnie, dans le sillage de différentes traditions théâtrales, notamment de théâtre populaire.La présence de personnes extérieures à l’université a permis également d’amener le débat sur le terrain de l’engagement citoyen et de la défense de droits sociaux (comme ceux des intermittents par exemple) ou encore de

DANS LE CADRE DE L’ACCUEIL DE DEUX SPECTACLES PROGRAMMÉS EN DÉBUT DE SAISON À LA VIGNETTE, DEUX ENSEIGNANTES-CHERCHEUSES DU DÉPARTEMENT D’ÉTUDES HISPANIQUES ET HISPANO-AMÉRICAINES DE L’UNIVERSITÉ PAUL-VALÉRY SE SONT INVESTIES À NOS COTÉS...

La programmation de théâtre nous oblige à assurer une veille permanente sur la création contemporaine. À la Vignette la plupart des spectacles programmés sont inédits en région et offrent à notre public la possibilité de découvrir cette richesse.

En tant que théâtre universitaire, chaque accueil de spectacle nous amène à inventer de nouvelles interactions entre les artistes et les universitaires.

Lors de l’accueil de Don Quichotte ou le vertige de Sancho d’après Cervantès, mis en scène par Régis Hébette, nous avons eu l’occasion de questionner de nombreuses problématiques qui ressortent de la pièce.La nécessité de l’art pour donner un sens à nos existences bien sûr, car c’est une des questions centrales du roman, mais aussi les problématiques plus techniques pour le théâtre comme celle de l’adaptation d’un roman, de la traduction ou de la scénographie.

C’est cette même approche qui nous a guidé dans l’accueil du spectacle La imaginación del futuro de la compagnie chilienne Teatro la Re-sentida où le public, en particulier étudiant, a été confronté à une œuvre forte, iconoclaste , que nous souhaitions accompagner d’une vraie lecture universitaire. — Nicolas Dubourg,directeur du Théâtre la Vignette

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POURRIEZ-VOUS NOUS FAIRE PARTAGER CETTE EXPÉRIENCE ET CE QU’ELLE VOUS A APPORTÉ, À VOUS AINSI QU’À VOS ÉTUDIANTS ?

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Don Quichotte ou le vertige de sancho - D’après Miguel de Cervantès Adaptation, mise en scène et scénographie : Régis HebetteD’après L’ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (Editions Points), traduction d’Aline Schulman 4,5 & 6 NOV. 2014

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la diffusion de la culture en France.Pour conclure, je dirais que cette rencontre a permis aux étudiants de s’approprier le spectacle, d’en affiner leur lecture et d’entrer, chose assez rare pour eux, dans l’envers du décor d’un spectacle produit dans une aire géographique et culturelle qui fait l’objet de leurs études universitaires. Certains ont même établi des contacts avec des acteurs de la compagnie et ont poursuivi le débat en dehors du théâtre. De mon côté, cet échange m’a permis d’approfondir un travail de recherche sur le spectacle prévu, dans le cadre du colloque de Pau, en octobre 2015 et d’enrichir ma réflexion sur la diffusion du théâtre latino-américain en France. —

La imaginación del futuro - Mise en scène : Marco Layera - Texte : La Re-sentida (Santiago / Chili) 12 & 13 NOV. 2014

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FOCUS SUR : TEXTE EN COURS

En ces temps de crise-s, un festival du théâtre qui s’en vient est créé en mai 2013, dans une brasserie de Montpellier : Texte En Cours. Aujourd’hui, TEC est invité à La Vignette.

Né de la découverte du Jamais Lu québécois, inspiré par lui, TEC propose aux auteurs, aux comédiennes et comédiens en début de carrière de prendre la parole, de se montrer dans la plénitude des mots, l’invention et le goût du jeu.

Texte En Cours est un moment de rassemblement où peuvent se reconnaître les forces d’écrivains et d’acteurs, sans trop d’écart d’âge, parfois isolés ou qui ne savent plus où se rencontrer et s’identifier aujourd’hui.

Texte En Cours, c’est donner accès, dans la mesure de ses moyens, à la parole d’artistes que nous ne pouvions entendre ailleurs. Pour qui n’est pas encore sous les grands projecteurs, il présente des propositions artistiques de toutes sortes et en tous genres.

Texte En Cours n’est pas un concours de beauté et ne rejette ni les formes dramatiques classiques ni les recherches formelles : avec bienveillance, nous fonctionnons aux coups de cœur.

TEC établit des points de rencontre et de divergence. Il se revendique comme temps et lieu des engagements et désengagements d’une génération portant la langue et son action dans le monde et la cité.

Composé de plusieurs lectures au lutrin pour chacune de ses soirées (du 15 au 18 avril), TEC se désire laboratoire des prises de risque, des opinions, des questions et des affirmations dans l’espace et l’époque que nous habitons ensemble dans la concorde ou les crispations. Il cherche, parmi la génération des 18-35 ans, des points de vue sur ce que nous vivons, des refus, des accords, des cris, des quasi-silences. Il attend, avec confiance, des propositions sur la lecture (celle des comédiens) et l’écriture dramatique (celle des auteurs) qui s’adressent sinon à tous, du moins au plus grand nombre pour que naisse une identité où se reconnaît le public.

Ce qui compte, pour nous, est ce qui travaille la nouvelle génération des comédiens et des auteurs, leur rapport aux publics vers lesquels toute œuvre, même encore fragile, se dirige. Ce que nous défendons aussi est le texte fraîchement écrit (parfois dans l’urgence d’une émotion, d’un événement personnel, politique, social). Et nous aimons aussi les choses un peu folles.

Comment un texte de théâtre peut-il se lire aujourd’hui et hors des salles qui lui sont destinées ? Nous avons choisi de bâtir Texte En Cours sur un modèle de convivialité et de décontraction celui du bar : écouter, un verre à la main ; ne pas écouter le texte suivant ; prendre le temps de parler entre spectateurs, avec les auteurs, les comédiens, à côté du zinc. C’est dans ce laboratoire inventif et décomplexé que nous voulons faire entendre le talent conjugué des auteurs et des lecteurs.— L’équipe de Texte En Cours

FESTIVAL—

§ AU BAR DU THÉÂTRE LA VIGNETTE — JEU. 16 AVR. À 20H AU REZ-DE-CHAUSSÉE DU BÂTIMENT H

TARIF UNIQUE : 5 € / 2€ AVEC LE LPV BILLETTERIEWWW.THEATRELAVIGNETTE.FRT 04 67 14 55 98

§ LES AUTRES DATES ET LIEUX — MER. 15 AVRIL À 20H À LA BRASSERIE LE DÔME

— VEN. 17 AVRIL À 20H AU CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL HUMAIN TROP HUMAIN - GRAMMONT

EN SAVOIR + SUR LE FESTIVALWWW.TEXTEENCOURS.WORDPRESS.COM WWW.FACEBOOK.COM/TEXTEENCOURS

L’équipe TEC - photo ©Martin Griffault

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CALENDRIER & INFOS PRATIQUES

— ET AUSSI ... —

— EN FÉVRIER —

CONCERT DE L’OONM § MER. 4 FÉV. — 19H15MUSIQUE CINÉMA TARIF UNIQUE : 5 € / 2€ AVEC LE LPV

PROJECTION : CAFÉ MÜLLER DE PINA BAUSCH§ LU. 23 FÉV. — 18H15 ENTRÉE LIBRE

— EN AVRIL — PROJECTION : WIELOPOLE,WIELOPOLE DE TADEUSZ KANTOR§ MA. 7 AVRIL — 18H15 ENTRÉE LIBRE

CONCERT DE L’OPV-CRR § JEU. 9 AVRIL — 19H15 TARIF UNIQUE : 5 € / 2€ AVEC LE LPV

FESTIVAL LEHRSTÜCK 2015 § AVRIL - JUINprogramme détaillé à partir de mi-avril sur www.theatrelavignette.fr TARIF UNIQUE : 5 € / 2€ AVEC LE LPV

• BILLETTERIE • • La billetterie est ouverte •Le soir des représentations 1h avant le début du spectacle.(hors vacances universitaires)En semaine, du lundi au jeudi de 14h à 18h - bâtiment H bureau 101 Université Paul-Valéry

• Modes de règlement • CB, espèces, chèque (à l’ordre de l’agent comptable de l’Université Paul-Valéry)

• Quand réserver ? • Le plus tôt possible dès l’ouverture de la saison avant que les spectacles ne soient complets !

• Où et comment réserver ? •Sur place, par téléphone 04 67 14 55 98 ou par mail [email protected] places réservées sont définitivement acquises à réception du règlement. Les réservations non réglées sont maintenues jusqu’à 30 minutes avant le début des représentations, au-delà elles ne sont plus garanties.

• Où et comment acheter une place ? •Sur place ou sur le site internet du théâtre : www.theatrelavignette.fr

• TARIFS GÉNÉRAUX •§ Plein tarif 15 €§ Tarif réduit* 10 €§ Tarif super réduit** 5 €§ Concerts et Lehrstück! – tarif unique 5 € / 2 € avec le Laissez-Passer Vignette- Projections – gratuit * Tarif réduit : étudiants, moins de 25 ans, personnel UPV, demandeurs d’emploi, bénéficiaires des minima sociaux, abonnés d’un des 6 théâtres* de l’agglomération, de la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau, groupes de + 10 personnes** Tarif super réduit : lycéens, scolaires, partenaires : nous contacter

• ABONNEZ-VOUS ! •

Avec le Laissez-Passer Vignette, venez voir tous les spectacles pour 2 € la représentation !

• CARTE LAISSEZ PASSER • § LAISSEZ-PASSER - TARIF PLEIN 30 € + 2 € PAR SPECTACLE

§ LAISSEZ-PASSER - TARIF RÉDUIT* 20 € + 2 € PAR SPECTACLE

§ LAISSEZ-PASSER - TARIF ÉTUDIANT 10 € + 2 € PAR SPECTACLE

* Tarif réduit : personnel UPV, moins de 25 ans, demandeurs d’emploi, bénéficiaires des minima sociaux, sur présentation d’un justificatif.

• Comment s’abonner ? •§ Venez remplir un formulaire à la billetterie, réglez sur place par CB, espèces ou chèque.§ Ou rendez-vous sur notre billetterie en ligne, achetez votre Laissez-Passer, et récupérez-le le soir du premier spectacle auquel vous assistez.

• Les avantages Laissez-Passer •§ Bénéficiez de tarifs bas !

§ Recevez des informations régulièrement !

§ Recevez le FOCUS – Journal du théâtre dans votre boîte aux lettres !

§ Bénéficiez de tarifs réduits dans les 5 autres théâtres de l’agglomération de Montpellier! (Domaine d’O, CDN, Jacques Cœur, Jean Vilar, La grande Ourse)

§ Faites bénéficier la personne qui vous accompagne d’un tarif réduit !

Théâtre la Vignette Université Paul-Valéry Montpellier Route de Mende 34 199 Montpellier Cedex 5

ACCUEIL & BILLETTERIE T 04 67 14 55 98 bâtiment H – bureau [email protected] www.theatrelavignette.fr

Singspiele - Maguy Marin - photo ©Stéphane Rouaud 10, 11 & 12 mars 2015

JOURNAL SEMESTRIEL - FÉV. - JUIN 2015THÉÂTRE LA VIGNETTE - UNIVERSITÉ PAUL-VALÉRY

Édité par le Théâtre la Vignette - Université Paul-Valéry Montpellier Directeur de publication : Nicolas Dubourg, directeur du théâtreRédaction : Jennifer RatetCoordination et mise en page : Denise Oliver Fierro, responsable de communication

Impression : Imp’act Imprimerie - janvier 2015

Licences d’entrepreneur de spectacle : 1-1063683 / 2-1006318 / 3-1006319