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Vendredi 2 septembre 2011 > N o 71 JAA CH–1006 Lausanne PP/Journal FRANC SUISSE PLUS FORT QUE SARKO : « TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER PAS PLUS. » VALAIS Des comptes à mourir debout Page 3 FRIBOURG C’est quoi, ce commerce ! Page 5 ÉLECTIONS FÉDÉRALES Qui va prendre la pâtée Page 10 VAUD La dent de Lyon Page 16 GAGNEZ UN MILLION Retrouvez Kadhafi Page 17 www.vigousse.ch CHF. 3.– / Abonnement annuel CHF. 140.– Faites la moukère, pas la guerre. Proverbe libyen

Franc suisse plus Fort que sarko : « travailler plus pour ... · marre de ces pédago-gauchistes de merde, avec leurs conneries de méthodes à la con ! ». Maman répond que

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Vendredi 2 septembre 2011 > No 71

JAA CH–1006 Lausanne PP/Journal

Franc suisse plus Fort que sarko : « travailler plus pour gagner pas plus. »

VALAISDes comptes à mourir debout Page 3

FRIBOURGC’est quoi, ce commerce ! Page 5

ÉLECTIONS FÉDÉRALESQui va prendre la pâtée Page 10

VAUDLa dent de Lyon Page 16

GAGNEZ UN MILLIONRetrouvez Kadhafi Page 17

www.vigousse.ch CHF. 3.– / Abonnement annuel CHF. 140.–

Faites la moukère, pas la guerre.

Proverbe libyen

Vigousse vendredi 2 septembre 2011

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Vigousse vendredi 2 septembre 2011

2 RubriqueC’est pas pour dire ! 3Vendanges précoces. « On va récolter autour du vin septembre. »

L’école des dramesSebastian Dieguez

Papa et maman sont très fâchés. Ils n’arrêtent pas de s’engueuler. C’est bizarre parce qu’ils parlent beaucoup de l’école alors que ce sont des adultes. Je ne comprends pas tout,

mais avec sa grosse voix papa dit qu’ « il y en a marre de ces pédago-gauchistes de merde, avec leurs conneries de méthodes à la con ! ». Maman répond que, justement, « c’est fini l’école à papa… Aujourd’hui il faut mettre l’enfant au centre de l’apprentissage afin de favoriser l’éclosion de sa personnalité ! ». Ça, ça énerve beaucoup papa. Il devient tout rouge et hurle : « Tu crois que ça n’a pas assez duré, ces conneries ? Tu as vu le résultat ? Les morveux se croient tout permis et ils sont incapables d’aligner deux mots sans faire de faute, merci pour la génération de crétins ! » Là, maman, elle se met à pleurer : « Mais tu voudrais quoi ? Qu’on traite ces pauvres gosses comme à l’armée pour mieux les préparer à se faire exploiter en silence dans un monde impitoyable ? » « Parfaitement ! » dit alors papa, qui a maintenant un grand sourire. « Je te foutrais toute cette racaille au pas de l’oie, la récréation a bien trop duré ! Et au passage, je leur collerais bien un peu de catéchisme aux mômes, ça leur fera pas de mal de renouer avec nos vraies valeurs ! » C’est généralement à ce moment que maman part en claquant la porte. Papa s’allume alors une cigarette en murmurant des choses que je n’entends pas. Puis il me voit du coin de l’œil et me dit d’aller jouer dehors. Ça fait des semaines que ça dure. J’en ai vraiment marre, mais heureusement il paraît que ça va s’arrêter le 4 septembre. Ce sera bien, mais moi, j’espère surtout que papa va bientôt retrouver un travail et que maman va s’arrêter de boire. En tout cas pour l’instant, il faudrait vraiment qu’ils mettent la télé moins fort et qu’ils arrêtent de se disputer parce qu’avec tout ça moi, je n’arrive pas à faire mes devoirs. Font chier, ces vieux.

Torture [tORtyR] n. f. Supplice physique, souffrances infligées à quelqu’un à l’aide de méthodes diverses et variées, notamment pour le faire avouer. La torture est très utile pour la bonne marche du ménage. (Aline Kadhafi). ♦ Syn. Chinoiseries.

le petit Vigousse de la langue française

Nombres d’un doute L’Inspection cantonale des finances s’est plongée dans la facturation de certains produits par le Réseau Santé Valais. Migraine garantie !La polémique rebondit ces

jours-ci : l’inspecteur de po-lice à mi-temps Yvan Perrin

risque un blâme pour avoir, en mai dernier sur la RSR, justifié l’usage de la torture dans certains cas. Et comme l’autre moitié de son cer-veau se consacre à la vice-prési-dence de l’UDC, il crie au coup bas politique.

Il y a des Saints qui se perdent. Comprendre le système de fac-turation du Réseau Santé Valais

(RSV) relève du martyre et méri-terait la canonisation ! Bouclé en juillet 2011 par l’Inspection can-tonale des finances (ICF), tiré à 14 exemplaires, le rapport intégral est encore placé sous le sceau de la confidentialité. Normal : expé-rience faite, sa lecture peut provo-quer des maux de tête carabinés.Depuis l’automne 2010, l’Inspec-tion des finances enquêtait sur les accusations d’un ancien méde-cin-chef en radiologie à l’Hôpital de Sion. L’homme n’avait pas tenu plus de six mois (décembre 2006 à juin 2007) avant de démissionner. Selon lui, les rabais de 40% accor-dés par certains fournisseurs de re-mèdes ne se retrouvaient pas dans les factures délivrées aux patients et aux caisses maladie. Or selon l’article 33 de la loi fédérale sur les médicaments, c’est obligatoire. A plusieurs reprises, ledit médecin avait, comme de juste, alerté ses su-périeurs de l’Hôpital de Sion, les chefs du RSV et le conseiller d’Etat en charge de la santé. Avec pour seul résultat une absente totale de résultat : l’indifférence absolue.

Dans son édifiant rapport, l’ICF relève bon nombre de fois qu’on aurait mieux fait d’écouter le tru-blion ! Car, oui, il y a bel et bien eu violation de l’article 33, pour un montant global d’environ

Bien évidemment, on attend d’un agent de la force publique qu’il soit au service de la communauté. Il ferait beau voir qu’un policier ne torture un suspect que pour sauver sa femme à lui, et pas celle des autres ! Il s’agit donc d’être cohérent : la torture se justifie dès que ça peut sauver la compagne de quelqu’un.Et d’ailleurs il n’y a pas que les femmes aimées. Au nom de quoi le sort d’un frère, d’une cousine ou d’un petit neveu serait-il moins im-portant ? Et le sort d’un excellent copain, ou d’une voisine affable ? Logiquement, on doit donc envi-sager la torture si ça peut sauver n’importe quel être cher à n’im-porte qui. Il serait par ailleurs inéquitable de n’appliquer la méthode qu’aux cas de séquestration. D’autres délin-

quants menacent la vie de per-sonnes aimées d’autres gens.

imaginons qu’un type soit soupçonné d’avoir brûlé un feu

rouge à 90 km/h dans une agglo-mération. Convoqué, il nie. Faute de preuves, on le relâche. Peu après, il récidive et percute mortellement une pié-tonne mariée. Si on avait torturé le suspect, il aurait avoué et on lui aurait retiré son permis. On aurait sauvé la compagne de quelqu’un. Et aussi la sœur, la tante, la cou-sine et la voisine d’autres citoyens.La torture doit donc être généra-lisée et systématique, et ce pour sauver des êtres chers aux gens. Et si un policier torture à tort une personne aimée de quelqu’un ? Il risquera un blâme.

Laurent Flutsch

350 000 francs. Mais pour aboutir à cette conclusion, les limiers de l’ICF ont dû transpirer sec. C’est qu’ils auraient bien aimé dispo-ser d’une « comptabilité transpa-

rente ». Au lieu de quoi ils ont dû patauger dans un intense foutoir de facturations sans co-hérence. Dans la base informatique, des ar-ticles identiques appa-

raissaient avec des numéros et des prix différents. D’un site à l’autre, chacun n’en faisait qu’à sa tête. Entre Martigny, Sion, Sierre, voire le Haut-Valais, des prestations semblables pouvaient être soit trop chères (parfois de 50% !), soit trop bon marché. Mieux encore, au lieu de passer commande à la pharmacie de l’Institut central des hôpitaux valaisans (ICHV), chaque site se procurait produits et médi-caments dans son coin.

Ces bizarreries auraient dû consti-tuer des exceptions, mais comme le RSV s’est soigneusement abstenu de tout contrôle, la cacophonie était générale. Le tout, bien sûr, au mépris total des dispositions légales. L’enquête approfondie de l’ICF n’a pourtant porté que sur six médicaments en oncologie et sur le produit de contraste Ultravist : elle a découvert un chaos dont l’am-pleur laisse pantois. On n’ose ima-giner le reste.

Face à ces conclusions, le RSV – qui veut à présent qu’on l’appelle Hô-pital Valais – s’est défendu avec une morgue rageuse, rejetant avec dédain le travail assidu et les ré-

sultats des enquêteurs. Lesquels ont vérifié les allégations point par point et pris en compte tous les points de vue, remontant même jusqu’à Swissmedic et à l’Office fé-déral de la santé publique. Et si les révélations du rapport d’enquête ne sont que du pipeau, il faudra que le RSV et le Centre hospitalier du centre du Valais ex-pliquent pourquoi, suite aux ru-meurs grandissantes, ils ont formé un groupe de travail sur la question en septembre 2009 déjà... Non sans continuer, bien sûr, d’empocher ce qui ne devait pas l’être. Il faut savoir soigner les petits profits.

Pierre-Pascal Chanel

Sévice public Une compta sous perfusion

« vous avez dit 33 ? »

Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], Tél. +41 21 612 02 50 > Directeur rédacteur en chef : Barrigue > Rédacteurs en chef adjoints : Laurent Flutsch & Patrick Nordmann > Chef d’édition : Roger Jaunin > Secrétaire de rédaction : Monique Reboh > Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 612 02 56 > Publicité : Inédit Publications, av. Dapples 7, CP 900, CH-1001 Lausanne, [email protected] > Layout et production : www.unigraf.com > Imprimé en Suisse chez Courvoisier-Attinger SA/Bienne > Tirage : 15 000 ex.

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Santé valaisanne

Faits divers et variés

Quoi qu’il en soit, les critiques en-vers Yvan Perrin sont très injustes. Le policier n’a fait que formuler une évidence. « Par exemple pour sauver ma compagne, oui, je pour-rais recourir à la torture », a-t-il déclaré à la presse. Qui ne ferait pas pareil ? Si l’on tient le ravis-seur de sa femme et qu’il refuse de dire où il l’a séquestrée, si elle est en danger de mort, alors, bien sûr, la torture s’impose. Perrin ne pré-cise pas la méthode : la baignoire, l’électricité, un petit trou à la per-ceuse dans la rotule, le plomb fon-du ? Peu importe, l’efficacité prime et la fin justifie les moyens. Il s’agit de sauver sa compagne, bon sang !

Aïe aïe aïe L'utilité de la torture « dans certains cas » pose des questions douloureuses.

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Les PDC sont contre les hooligans. A moins qu’ils ne votent pour eux.Faits divers et variés

Afin de laver les couverts im-bibés du gras des saucisses et des miettes de chips,

Coop a sorti cet été une offre spéciale : un produit de vaisselle à l’arôme dit « melon ». Sauf que l’emballage montre une pastèque, pas un melon. Il faut dire qu’en allemand pastèque se dit « Was-sermelone ». Comme souvent, les génies alémaniques du marketing ont sans doute traduit sans juger bon de consulter un francophone. Bande de courges !

que j’aime ton odeur, café…Maintenant, pour boire vite fait un petit café en Suisse romande, il faut compter, en étant minima-liste, dans les 3 francs 60 et sup-plier pour obtenir un verre d’eau. Mais si en plus certains cafetiers multiplient par 700 le prix du petit noir, l’amateur de ristretto risque d’en être renversé !

Léger couac la semaine dernière pour la reprise de l’école dans le canton de Fribourg. L’EPC (Ecole profession-

nelle de commerce) était censée accueillir les nouveaux apprentis de première année pour une première journée d’information, d’orientation et de remise des fournitures. Mais surprise : une quarantaine d’entre eux ont été renvoyés chez leur patron au prétexte que cette année ils sont en sur-nombre !Ces jeunes avaient pourtant signé un contrat de travail, avalisé par l’em-ployeur et le Service de la formation professionnelle, dont l’EPC avait reçu copie. Fâchée avec l’arith-métique, l’école de commerce se défend mollement en pré-

tendant que nombre de contrats sont arrivés durant l’été et donc n’ont pu être trai-tés qu’au retour de vacances de son personnel administratif. Voilà qui est instructif et encou-rageant pour de nombreux ap-prentis fonctionnaires : on leur enseigne dès le premier cours que dans la fonction publique, quand on est en congé, on est en congé et que pour les usa-gers et le reste, ma foi, il n’y a qu’à attendre pour voir !

Vigousse

La 23e édition de la Jazz Pa-rade de Fribourg a eu lieu du 30 juin au 16 juillet. Avec un

triste bilan. Peu de gens ont bravé le froid et la pluie pour écouter quelques concerts, croquer deux saucisses et faire passer le tout avec une lampée de bière.Mais c’est d’un point de vue hu-main et économique que le dé-sastre est le plus douloureux. Les employés du festival ont travaillé dans des conditions particulière-ment difficiles et pour des salaires plutôt risibles. Un technicien pré-posé au montage nous a d’ailleurs

confié que durant la mise en place il était payé à l’heure, comme prévu. Mais le premier jour du festival, on lui a proposé, ou plu-tôt imposé, un nouveau forfait à 50 francs par jour.

D’autres travailleurs ont tout bon-nement quitté leur poste, certains qu’ils ne seraient pas payés. Une prédiction pertinente puisque, début septembre, plusieurs em-ployés n’ont d’ailleurs toujours pas reçu leur cachet. Tout ça parce que l’association Jazz Parade n’a pas trop bien géré son coup et

Manque de classes Quand des apprentis modèles veulent suivre des cours, l’école qu’on leur propose n’est que buissonnière.

Parade en rade En 2011, le festival de jazz fribourgeois n’a pas fait des étincelles. Le temps était mauvais, et le reste aussi.

parce qu’elle n’a pas reçu assez de subventions. Les anecdotes au-tour de ce fiasco foisonnent. En voici donc un petit florilège. Qua-siment aucune place de parking n’étant prévue pour les artistes, ces malheureux troubadours déjà pas très bien payés ont dû casquer une amende par soir pour leur ba-gnole. En plus, comme il n’y a pas de petites économies, le dernier soir les repas étaient uniquement offerts aux musiciens étrangers, sauf que ce soir-là il n’y a avait que des Suisses ! Si l’on a grap-pillé quelques sous sur le dos des artistes, on en a gaspillés pour le matériel et les structures. En effet, sur les trois scènes prévues cette

Conso & consorts Fribourg a vu trop cours !

De l’eau dans le jazz année, seules deux ont accueilli des représentations durant la deu-xième semaine. C’est qu’il n’y a avait pas de musiciens pour fouler la troisième scène (on ne pouvait, dit-on, ni en loger ni en payer d’autres). Cette scène déserte a donc été occupée par un pauvre et esseulé technicien son qui passait des musiques tirées du iPod du pa-tron. La grande classe.

le directeur de la Jazz Parade re-connaît sa part de responsabilité dans cet échec, mais se dit hon-nête et de bonne volonté. « Je ne peux pas payer les employés de ma poche », dit-il. Normal, mais si ça continue ainsi, pour ce qui concerne l’avenir du festival, ce n’est pas dans la poche.

Maurice Julmy

Pour ce qui est de « savoir bien présenter, savoir parler en public, avoir de l’assurance

et savoir se vendre », le potentiel d’une femme est plus long et plus cher à développer que celui d’un homme. C’est du moins ce qui ressort du programme de l’Ecole-Club Migros.

Migros machoAutrement dit, de deux choses l’une : soit les femmes sont attifées comme des sacs, parlent comme Rain Man, sont aussi sûres d’elles qu’une coquille Saint-Jacques et se vendent aussi bien qu’un footballeur professionnel dans un cercle philosophique ; soit ce sont juste des tartes un peu lentes

Vincent

Chapeau le melon !

à la compréhension. Soit il y a quelque chose que nous ne com-prenons pas. C’est sûrement ça puisque l’auteur de ce billet est une femme...

Alinda Dufey

indienne que pourraTous les dix ans, un long et laborieux travail est réalisé en Inde : le recensement national. Celui de 2011 dénombre 1,2 milliards d’habitants. Bien que ce chiffre soit déjà très impressionnant, voire préoccupant, l’association Terre des Hommes fait remarquer dans son magazine du mois d’août qu’il y a une autre estimation bien plus inquiétante : en Inde, il n’y a en moyenne que 914 filles pour 1000 garçons. Voire, dans certaines régions, 550 pour 1000 ! Or normalement, la moyenne est de 1040 nanas pour 1000 mecs.Mais comme la progéniture féminine coûte plus cher en raison de la dot et comme elle joue un rôle de second plan dans la famille et la société, les Indiens s’en débarrassent par avortement ou par infanticide. A force d’éliminer les filles, ils risquent d’avoir du mal à faire des garçons.

poisson d’avrilDepuis peu, les Français tournent en dérision une nouvelle proposition de loi : interdire l’utilisation du bocal comme aquarium pour poisson rouge. Pourtant, le bien-être de Némo est une affaire sérieuse ! Les Allemands, les Italiens et les Néerlandais ont déjà légiféré pour la fin du bocal. Avec un président comme Sarkozy, la France devrait pourtant s’intéresser au traitement réservé aux petites créatures…

Les rèves

un inscrit de douleur

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Ouragans. Après DSK, Irène quitte New York.

victimes de la modeL’ONG Greenpeace a épinglé 14 grandes marques, comme Adidas, H&M ou Ralph Lauren, dont les lignes de vêtements contiennent des substances chimiques responsables de certaines perturbations hormonales. Et dire qu’on accusait les minijupes !

cœurs en chocolatLa société européenne de cardiologie se base sur plusieurs études scientifiques pour clamer haut et fort que la consommation régulière de chocolat réduit de plus d'un tiers les risques de maladies cardio-vasculaires. C’est bien. Mais elle aurait aussi pu rappeler que les gros ont 16% de chance en plus d’avoir une crise cardiaque.

Les rèves

Voilà déjà 18 jours que le juif est tenu en otage, et sa communauté de radins ne

veut toujours pas payer la rançon. Il va falloir leur envoyer une nou-velle photo, mais avec sa gueule bien défoncée ce coup-ci. Le chef du gang transmet donc ses ordres à sa troupe de malfrats : mettez-lui la tronche en sang, prenez une photo – surtout faites en sorte qu’on voie clairement la « une » d’un journal du jour – et envoyez-la par e-mail à la famille. Facile.Seulement, les geôliers commen-cent à en avoir un peu marre de cet enlèvement qui s’enlise. S’ils tabas-sent encore le feuj, il va finir par y rester ! Leur vient alors une idée de génie : le barbouiller de « faux sang » ! L’effet sera le même et ça épargnera de nou-velles souffrances à cet otage somme toute sympathique. Problème : le maga-sin de farces et at-trapes ne vend pas de « faux sang » ! Ils se résolvent donc à cou-per la joue de l’otage avec un vieux cutter… Mince, plus de batterie dans l’appareil photo ! Qu’importe, le cliché sera pris le lendemain,

Un nouveau grand machin fait son apparition sur la Toile : la consommation collabora-

tive. Ce concept vaporeux repose sur le constat que nous possédons de plus en plus de biens et que nous les utilisons donc de moins en moins. Jusque-là, on est tous d’accord. Il vrai qu’il est ardu d’uti-liser simultanément sa télévision, son lecteur DVD, son ordinateur portable, son baladeur MP3, son té-léphone, son canapé, sa voiture, sa place de parking, sa baignoire et son lit. Ce sont donc autant d’objets que l’on pourrait louer à d’autres plutôt que les stocker.

partant de cette idée de génie, les sites web de location entre parti-culiers se multiplient, suscitant l’enthousiasme des internautes ainsi que des journalistes. Vous êtes invités à louer tantôt votre voi-ture quand vous êtes au bureau, tan-tôt votre appartement de 8 heures à 16 heures aux travailleurs de nuit, ou encore votre écran plat lors de

avec la tronche du type couverte de son sang séché et Le Parisien (ache-té la veille, bien sûr) bien en vue. Finalement, le stratagème n’était pas si loin d’être parfait, hormis le fait que nos rois du kidnapping ne sont jamais parvenus à envoyer la photo. C’est compliqué, l’informatique…

scénario rocambolesque d’un film des frères Cohen ? Hélas non, il s’agit là d’une des effarantes « anec-dotes » du dernier roman de Mor-gan Sportès, Tout, tout de suite (Editions Fayard). Le récit détaille par le menu, dans une enquête

froide et millimétrique, comment une bande d’abrutis déculturés a en-levé Ilan Halimi, l’a tor-turé pendant 24 jours et finalement l’a brûlé vif dans un bois. Les faits remontent à 2006 et avaient alors épouvan-té le monde entier. Ici les noms sont chan-gés, mais l’enquête est d’une précision diabolique. Pour de l’argent, pour s’acheter un scoo-

vos vacances en auto-stop, voire votre marteau quand vous avez fini de bricoler.

ter ou une paire de talons aiguilles, une vingtaine d’individus ont accepté de tremper dans le plan

ignoble de Yous-souf Fofana (ici nommé Yacef), consistant à enle-ver un juif (n’im-porte lequel, mais si possible pas trop costaud),

puis à rançonner sa famille. C’est que les juifs ont du pognon, n’est-ce pas ? Et si ceux-là n’en ont pas, leur « communauté » paiera, car après tout « ils se serrent les coudes », ces gens-là. Des filles serviront d’appât et une cave sordide de cellule de détention. En trois jours l’affaire sera réglée et l’otage pourra être libéré. La petite bande de malfrats roulera alors sur l’or : tout, tout de suite.

Hélas pour lui, Ilan s’est fait kid-napper par de parfaits débiles. Lors de l’enquête, la police, intriguée, demandera aux geôliers pourquoi ils n’ont pas utilisé de la peinture rouge, ou même de la sauce tomate,

ce grand partage monétisé est censé, selon les puristes, être écolo tout en combattant « le cercle dia-

bolique de la consommation par la rentabilisation des ob-jets ». Voilà un projet d’enver-

gure mondiale aussi vertueux que grandiose. En théorie. Car la réalité s’avère légèrement moins engageante. Imaginez-

vous vraiment chercher sur le web, puis aller chercher un téléviseur d’emprunt à chaque fois que vous dé-sirez regarder un film ? Ou attendre une heure de plus au bureau que la personne

à qui vous avez loué votre voiture pour une bou-chée de pain sorte des bouchons ? Ou encore débrancher votre home cinéma pour le donner à un parfait inconnu le

temps d’une soirée ? On ne parle même pas des assu-

rances, des risques de vols et des coûts en carburant (très éco-

Le gang des tocards Ce qui est à moi est à toiFaux pour de vrai Evénement de la « rentrée littéraire », un roman s’attaque au scalpel à l’affaire du « gang des barbares ». Voyage désespérant dans les rouages de la connerie absolue.

Partage payant Louer ce qu’on a quand on ne l’utilise pas, voici la nouvelle idée surfaite qui surexcite le web.

logiques !) pour déplacer tous ces objets dans tous les sens. D’ailleurs, sur chacune de ces pla-teformes internet il y a, au bas mot, deux fois plus de contenu dans la rubrique « articles de presse » que de véritables annonces. Bref, on est en présence d’un principe conçu par quelques penseurs virtuels si déconnectés de la réalité qu’ils ne doivent probablement même plus abandonner leur clavier pour pisser. Sans compter qu’il est peut-être pré-maturé de clamer que la consom-mation collaborative est LE remède au capitalisme extrême. Louer plus pour dépenser moins, d’accord. Mais après ? Que faire avec l’argent économisé ? Acheter ? Pour louer plus ?! Tiens, revoilà le « cercle dia-bolique de la consommation » tant dénoncé par les adeptes de cette pratique révolutionnaire. Qui aura, tout au plus, servi à noircir quelques pages de magazines cet été.

Jonas Schneiter

Audience en correctionnelle dans un Tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.

Faits divers et variés

pour simuler la blessure de l’otage. Pas de réponse. Voilà un monde où le réel a été remplacé par le spec-tacle, où le langage s’est dématéria-lisé et où même le factice n’est plus du domaine de l’imaginaire. Car qu’est-ce qui pourrait bien rem-placer du sang, si ce n’est du vrai « faux sang » ?

Sebastian Dieguez

Tout, tout de suite de Morgan Sportès, Ed. Fayard, 379 pages.

radin rabbin

Début 2011, la procédure judiciaire a subi de nom-breuses modifications. La nouvelle loi prévoit no-tamment que le procureur et l’avocat de la défense peuvent, après la condamnation de l’accusé, s’en-tendre sur les détails de la peine avant ratification de la sanction par le juge.C’est le cas pour l’audition de Monsieur Yabrir, déjà re-connu coupable de possession et trafic de drogue.– Bonjour,  Monsieur  Yabrir, dit le juge principal. Au fait  c’est  bien  votre  nom ?  La  dernière  fois  vous  en aviez trois autres.– Non, non, celui-là, c’est le bon !– Bien. Monsieur le procureur a proposé une peine de 24  mois  d’emprisonnement,  ce  que  votre  avocate  a accepté. Vous êtes d’accord ?– J’aurais préféré 12 mois, mais bon…– Mauvais réponse ! coupe le juge tout sourire. C’est pas ce qu’il fallait répondre. Avec un bon comporte-ment vous auriez pu sortir plus tôt…Les deux juges qui le secondent se mettent à rire ; quant à l’accusé, il est totalement décontenancé. Son avocate lui chuchote alors quelques mots, après quoi il sourit également, mais de manière plutôt crispée.

– Maintenant  les  questions  bêtes.  Monsieur,  vous acceptez  les  faits,  mais  vous  n’avez  pas  été  tapé, contraint ou torturé ?– Hein ? Non...– C’est  la  procédure…  Bien,  alors  on  dit  24  mois moins la préventive. Ce qui nous fait… ? demande le magistrat à l’avocate.– Heu, je sais pas…– Ben  bravo,  c’est  pas  comme  si  c’était  à  vous  de faire  ce  calcul !  Alors,  greffière,  donnez-moi  la  ma-chine. Donc il est emprisonné depuis 8 mois, nous ne sommes pas une année bissextile, ce qui fait…Après cinq minutes de calcul, la peine est ratifiée.– Bien, conclut le juge, l’audience est levée. Mais bon, trois  juges,  un  procureur,  une  avocate,  un  policier et un prévenu convoqués aujourd’hui, ça fait quand même beaucoup de monde pour faire des divisions. Allez, merci à tous pour votre présence, vous pouvez maintenant retourner à vos activités. Quant à vous, Monsieur Yabrir, vous retournez en détention : bonne journée ! 

Lily

« C’est bien votre nom ? La dernière fois vous en aviez trois autres. »

attendez-moi !Aux championnats du monde d’athlétisme à Daegu en Corée du Sud, Sogelau Tuvalu, athlète des îles Samoa, a réussi la « prouesse », en séries, de courir le 100 mètres en 15’’66. Soit près de 6 secondes de plus que le temps de Yohan Blake, le nouveau champion du monde (9’’92). Peu lui importe puisque ce spécialiste du lancer du poids a ainsi battu son record personnel. Comme ne l’a jamais dit le baron Pierre de Coubertin, l’important est de participer !

Les rèves

Dawa est Tibétaine. Elle vit en Suisse avec son Helvète d’époux depuis longtemps.

Chaque année, le couple effectue un voyage au Tibet, ce qui ne va pas sans mal : comme on sait, ce « pays » connaît de sérieux pro-blèmes depuis les années 50 en raison de l’occupation chinoise. Difficile donc d’obtenir un visa pour le Tibet dit « autonome », car les autorités pékinoises veillent.Pour la première fois, en juillet 2011, toutes les tentatives de

Info lecteurs

Tintin pour le Tibet !Visas visés Pour une Tibétaine de Suisse, se rendre dans son pays d’origine est un vrai casse-tête chinois.

Dawa pour obtenir un tel visa se soldent par un cuisant échec.– C’est intolérable ! Parce la Chine fête les 90 ans du Parti commu-niste, je ne peux pas rentrer chez moi. Pour les Chinois c’est une forme de prévention à toutes sortes d’insurrections. Mon œil ! C’est encore une tactique pour humilier et éliminer le Tibet, son peuple et sa culture. Et on ose dire qu’il est autonome, c’est honteux !Opiniâtre, le couple décide alors de se rendre en Chine pour, de là,

tenter de rejoindre directement les régions tibétaines où se trouve sa famille. Nouvel enfer pour obtenir le visa (pensez, une Tibétaine en Chine…). En fin de compte, Dawa et son mari s’envolent pour l’Em-pire du Milieu. Mais peine perdue : pas moyen de passer de la Chine au Tibet.– Et lors du départ, à l’aéroport chinois de Chengdu, j’ai vu que toutes les vendeuses des boutiques étaient des Chinoises habillées avec le costume traditionnel tibé-tain. Et elles disaient « Welcome in Tibet ».

Alinda Dufey

Bien profond dans l’actu !

Vigousse vendredi 2 septembre 2011 Vigousse vendredi 2 septembre 2011

98 Payez-vous un dessinateur : [email protected] percutants Kloten. Les riverains allemands traités de « talibans ». Et en plus ils mangent de l’aéroporc !

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Vigousse vendredi 2 septembre 2011

Pense-bête : refaire une affiche pour refaire parlé de moi. 

Rappeller      Oskar

Apple. Steve quitte son Jobs. Les Kadhafi en Algérie. Ils se contenteront de pô pô pô d’choses.

On demande aux Suisses de donner de l’argent pour venir en aide aux habitants

de la Corne de l’Afrique qui souf-frent de la faim. Voilà qui est pro-prement scandaleux ! Je ne vois pas pourquoi on devrait lever le petit doigt pour ces gens qui se sont mis sciemment dans le pé-trin.Je suis opposé à ce qu’on porte se-cours à tous les inconscients qui pratiquent des loisirs dangereux comme l’alpinisme, la spéléologie ou le tractor pulling et qui, dès que la corde casse, que l’eau monte ou que le moteur s’embrase, pleurni-chent pour qu’on vienne à grands frais les tirer de la mouise dans laquelle ils se sont empêtrés tout seuls. Qu’ils crèvent ! Ils n’avaient qu’à rester tranquillement à jouer au scrabble chez eux.

c’est la même chose pour les So-maliens, qui vivent délibérément dans un coin où rien ne pousse. Cette région est régulièrement touchée par des sécheresses. Et vous croyez que les habitants dé-ménageraient dans une contrée moins désertique ? Rien du tout,

ils demeurent s tup idement sur leur bout de terre craquelée par le soleil en attendant qu’on vienne leur donner la bec-quée. Ils mettent donc leur vie en danger volontaire-ment. En plus, contraire-ment aux sportifs de

l’extrême, on ne voit pas bien quel plaisir ils en retirent… Enfin bref, on ne va pas discuter des goûts et des couleurs. S’ils veulent jouer avec leur santé, grand bien leur fasse, mais il est hors de ques-tion de les encourager.Si ces crève-la-faim avaient quelque chose dans la caboche, ils viendraient chez nous, où ils

seraient accueillis à bras ouverts. Les incessantes initiatives UDC contre les étrangers pourraient laisser croire le contraire, mais au fond on a toujours besoin de main-d’œuvre pas chère. Alors, bien sûr, ces pauvres cornichons

Aux imbéciles le ventre videLa vie selon le professeur Junge Cette semaine: pourquoi il ne faut pas envoyer d’argent aux gens qui meurent de faim.

Pitch

faméliques sont trop affai-blis pour rejoindre le Vieux Continent à la nage. Evi-

demment, il fallait y pen-ser avant que la famine s’installe. La courte vue mène à l’estomac vide. Que ça leur serve de leçon.

Moi, par exemple, qui aime vivre dangereuse-ment, mais sans embê-ter personne, la dernière fois que je me suis blessé en jouant au scrabble chez moi (j’ai avalé une

lettre que je suço-tais distraitement en cherchant à placer un

mot compte triple), je n’ai pas alerté d’ONG ni rameuté la communauté internationale. J’ai attendu stoïquement que la lettre ressorte naturellement, et puis c’est tout. C’était un « F ».

Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

Bien profond dans l’actu !

place aux jeûnes !Anna Hazare, qui, pour dénoncer la corruption en Inde, avait entamé une première grève de la faim en avril 2011, puis une deuxième en août dernier, a obtenu gain de cause : le Gouvernement indien va surveiller de près ses fonctionnaires et leurs agissements. Il aura donc fallu deux jeûnes au militant pour que ses revendications soient prises en compte. De son côté, avec son énième grève de la faim, Rappaz fait un bide.

Les rèvesPetits plaisirs faciles

Le livreur de pizzas est souvent jeune, mal rasé et basané. Il serait livreur de kebabs qu’on n’y verrait que du feu. Sauf qu’il est livreur de pizzas, mais qu’à part sa façon de conduire son scooter, rien ne le rapproche de l’Italie de Berlusconi. De plus, il est tellement poli que c’est à se demander s’il ne le fait pas exprès… Pour toutes ces raisons et tout un tas d’autres, faisons donc chier notre livreur de pizzas bien-aimé. Comment ? C’est assez simple.Juste avant que le livreur arrive en trombe avec ses pizzas froides sous l’aisselle, remplissez-vous la bouche d’anchois et de câpres, et laissez macérer quelques minutes vos dents pour un

résultat optimum. Lorsque viendra le moment de régler la facture, approchez vous très près du livreur et soufflez-lui un long « merciiiiiiiii pour touuuuuuuuuuuuut » dans le blase. Si vous avez bien suivi mes conseils, au pire le petit livreur de pizzas ne reviendra pas de sitôt dans votre immeuble, au mieux il sortira de chez vous en titubant et se fera retirer le permis de scooter pour ébriété au guidon.

Tonton Pierrick

La semaine prochaine : comment faire chier une nordic walkeuse.

Il n’est pas toujours aisé de faire chier les grands de ce monde. Essayons donc avec les petits. Aujourd’hui : un livreur de pizzas.

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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c'est notre manque d'agressivité au niveau international.

A force de s'aplatir devant tout le monde,

Et si on annonçait qu'on a descendu le mollah Omar qui se cachait en Suisse et qu'on s'est débarrassé du corps dans le lac Léman?

Personne pourrait prouver le contraire,

J'y avais pas pensé…

c'est une action d'éclat comme celle des Américains avec l'exécution de Ben Laden.

ça fait combien de temps qu'on n'a pas abattu de terroriste?

Je suis très déçu…

Mais qu'est-ce que vous foutez, mon vieux?

Ce qui me chiffonne,

Ueli,

Ce qu'il nous faudrait, Nous,

pour savoir,

Comment ça, jamais?

Mmh…

non?

Ah, le mollah Omar lui-même…

plus personne ne va nous prendre au sérieux.

Vous me l'apprenez…

Bien sûr…

Et si on l’empêchait de révéler qu’il est vivant ?

Par exemple

en le tuant ?

PÂTÉS DE CAMPAGNE

Journal de Grégory LogeanLes journaliste et les autres gauchistes arrête pas de m’ataquer avec mon affiche soit disant indécente sur Amy Winehaus contre la drogue parce qu’en plus elle étais pas droguée mais elle avait seulement consommer de l’alcool, alors ils m’ont demander si du coup je suis pour interdire l’alcool, mais j’ai dis que l’alcool c’est pas de la drogue et qu’il faut d’abord me prouvé que l’alcool c’est une drogue, mais on m’a dit que s’est prouvé par l’OMS et tout les autres et parce qu’avec l’alcool il y a aussi des malades acro et des cures de désintoxication pour eux et tout ça mais de toute façon si l’alcool c’est une drogue alors il faudrait d’abord me prouvé que la drogue, c’est un alcool, et toc, ces imbéciles ils sont trop bête pour pensé clairement. De toute façon s’est bien égal, je vais être élu parce que Dieu va m’exhosser et les Suisses vote UDC.

Ayant réinvesti une partie des bénéfices liés à la vente de bière Vigousse dans la mise en orbite d’un satellite espion à haute résolution, nous sommes en mesure de scanner les carnets de notes personnels des candidats aux élections fédérales du 23 octobre. On en trouve ici, au fil des semaines, les extraits les plus significatifs.

Journal de Pierre KellerMardi, soirée électorale à Granges-Marnand avec les radicaux du coin. Tous ces rudes paysans un peu épais, ces faces burinées, ces bras noueux, ces grosses mains rugueuses, quel délice ! Décidément c’est exquis, la politique ! J’adore, j’adore, j’adore ! Je m’amuse comme

un fou ! Le plus étonnant, c’est que ces gens n’ont pas eu l’air sidérés de me voir moi-même en

personne... Cette pudeur campagnarde qui empêche d’extérioriser la joie, c’est trop chou. Ils ont dû être vraiment très très impressionnés par ma compétence en politique agricole quand je leur ai expliqué la vendange des betteraves parce que là aussi ils n’ont pas osé exprimer leur fol enthousiasme. Je vais être élu dans un fauteuil ! Du reste, comment le pays se passerait-il de moi ?

Idées : Ne pas passer pour vaniteux. Parler aussi de la tont

e des vaches.

Rappeler Karim, 

Gilou, Giancarlo 

et Boris.

Faim de non-recevoir

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Vigousse vendredi 2 septembre 2011

12 Chagaev. Un œil-de-perdrix, dix de retrouvés.

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Ordre et discipline est de re-tour, vous n’échapperez pas au dernier bouquin de MIX & REMIX… c’est un ordre. Son livre s’intitule Gags. Il nous prend quand même pour des cons. Comme si on n’avait pas deviné.Philippe Becquelin ne sait faire que des gags. Pour lui, le monde et l’actualité ne sont que gags.Et c’est vrai que vu sous cet angle ça donne envie de vivre.MIX résume en quelques

traits simples et terriblement efficaces ce que nous sommes, pauvres cloportes de passage sur terre.Son humour passe aussi par ses légendes et sa police de caractère. Non, Mon-sieur Siné, nous ne sommes pas jaloux de MIX & REMIX … on ne peut pas être jaloux du talent. Cela donne seulement envie.Je remarque une seule erreur dans ce bouquin,

une faute de goût, parmi ses collaborations régulières, il n’est pas cité votre hebdoma-daire préféré Vigousse.C’est un oubli ou un gag ?

MIX & REMIX sera présent au Livre sur les quais à Morges pour dédicacer Gags le samedi 3 sep-tembre de 10 h à 12 h et de 14 h à 16 h Rentrons directement dans le

vif du sujet. Enfin, vif, c’est juste

pour dire… The Future parle d’un couple de trente-naires en pleine crise qui, avant d’adopter un chat, se donne un mois pour changer de vie et pour savoir s’ils sont vraiment félins pour l’autre. Petit détail : le chat parle! Ses réflexions censément philoso-phico-métaphysiques sont parfaite-ment barbantes et donc net-tement moins

Cette semaine encore, nous nous sommes trouvés dans l’inconfor-table situation de devoir choisir entre a) donner à manger aux handicapés du cerveau en chroni-quant le nouveau chef-d’œuvre de David Guetta et b) sustenter tous les autres (c’est-à-dire une petite minorité). Nous avons choisi la deuxième option avec ce troisième et magnifique LP de Beirut intitulé

Ken Loach a toujours été un cinéaste engagé. Sur 40 ans, son œuvre dénonce les inégalités sociales de l’Angleterre des années 70. Dans son dernier film, Route Irish, le réalisateur dévie un peu de cette trajectoire, car il s’occupe d’un fait divers tristement banal, la mort d’un soldat anglais en Irak.Le meilleur ami du mort, un soldat rentré au pays pour l’enterrement, n’accepte pas la version officielle et commence à enquêter. De ce fait, il ramène les sables du désert chez lui à Liverpool, en territoire « loachien ».Ce qu’il découvrira nous montre encore une fois qu’il n’existe pas de guerre « propre », que les intérêts économiques et politiques priment sur les vies humaines. Mais là où Loach est très fort, c’est qu’il démontre que le simple fait de vouloir s’engager dans des missions aussi dangereuses masque parfois de profonds troubles personnels qui, dans une situation de stress intense, ne demandent qu’à exploser.

Michael Frei Karloff, films cultes, rares et classiques,Lausanne

Route Irish, Ken Loach, 2010, 3.6.9, VOST, 109 min.

MIX & REMIX prince du gag

Des Cédés

Un film

Un film bobo, ça fait mal?

Beirut… assassins !

Sous-film surréaliste Un couple, un chat qui parle, le temps qui se fige sont les ingrédients de The Future, OFNI qui ne fournit même pas l’aspirine.

Des Anglais dans le désert

Des Védés

drôles que celles de la créature de Geluck. Cela aurait

pu être une bonne idée si, comme le reste, elle n’abou-

tissait pas à rien, n’était pas là que comme

gadget, comme une idée jetée au hasard du scénar et que l’on aban-donne parce que l’on aurait d’autres chats, justement, à fouetter. Il y a aussi ces phases où l’image se fige, où

le temps, celui qui fuit, celui de l’amour,

celui des

The Rip Tide. Cet album d’une incomparable sobriété propose neuf titres qui rappellent avec brio que la vie est triste et belle à la fois. Lorsque la voix de Zach Condon, tout droit sortie d’un vieux 78 tours anglais des années 30, nous happe le conduit auditif, c’est déjà charmant ! Mais lorsque les arrangements de cuivres, de caisse claire et d’instruments à

cordes en tous genres débarquent, à cheval entre le mariage roumain et l’enterrement mexicain, on se surprend à fantasmer que c’est David Guetta qu’on met définiti-vement en bière grâce à ce disque. Beirut, ça tue !

Pierrick Destraz

The Rip Tide, Beirut, Pompeii Records.

Les copains d’abord

Un livre

questionnements existentiels, s’ar-rête. A priori, là aussi l’idée est in-téressante, dotée d’un indéniable potentiel poétique, mais non, rien, elle ne fait que cruellement sym-boliser cet objet filmé non iden-tifié (OFNI) qui fait du surplace, qui se complaît dans son agaçant nombrilisme, bien au chaud dans son ghetto bobo.Signé Miranda July, qui à ses heures perdues (visiblement nom-breuses) donne aussi dans l’art contemporain. The Future, film sur des dépressifs, remplit ce qui était peut-être sa mission: il nous déprime.

Bertrand Lesarmes

The Future de Miranda July, avec elle-même et un type. Durée : 1 h 31. En salles.

Brouillon de culture

FLÂNER Un bucolique jardin au bord du lac Léman parsemé de sculptures géométriques en métal et en couleurs. Exposition André Félix, Centre Général Guisan, Pully, jusqu’au 30.10.

VOYAGER De vieilles bicoques ou des immeubles flambant neufs, une balade en images à travers trois grandes villes asiatiques aux architectures surprenantes. Et tout ça à Morges ! Séoul- Shanghai- Tokyo, Musée Alexis Forel, Morges, jusqu’au 02.10.

BRILLER Des fonds marins au cou des rombières, l’histoire d’une vraie perle indonésienne. Mutiara, légendes d’une perle, Musée d’histoire naturelle, La Chaux-de-Fonds, jusqu’au 23.10.

FLIPPER Qu'elles soient humaines ou animales, retour sur des êtres étranges qui hantent l’histoire neuchâteloise. Superbes ! Créatures, Château et Musée de Valangin, jusqu’au 28.10.

ÉPICER Une expo pas fadasse qui démontre que l’ «or blanc» a mis du sel dans nos vies. Sel- Bien plus que du NaCl, Musée de Morat, jusqu’au 30.10.

La guerre et l’errance. L’absurdité aussi. Du sang qui coule. La mort. Du lait qui coule. La vie. Ici, le monde n’est pas post-apocalyp-tique comme chez Cormac McCar-thy, mais la route est semblable. On y chemine, cahin-caha, au mi-lieu du chaos. Dans un pays sans nom (une région « balkanisée »), un soldat « défroqué » recueille un nourrisson qu’il nomme Skoda, parce que trouvé tétant le sein de sa mère morte dans une voiture de cette marque. Devenu le protecteur de cette « petite hirondelle », Stjepan entame « la plus douce et la plus triste des marches d’enterrement, pulsée par ses sanglots », traverse les atrocités de la guerre (obus, viols, exactions, peur). Dans Skoda, le Lausannois Olivier Sillig signe un court roman qui prend aux tripes. La fin est superbe, le reste n’est pas mal non plus.

B. L.

Skoda d’Olivier Sillig, Ed. Buchet/Chastel, 102 p.

Errer humanum est

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HORIZONTAL1 Chrétiens tournant au gré du vent 2 Etoile de toile – Raboule 3 Son peuple de Libye en guise d’alibi – Grosses nouilles 4 Départs pour le par – Petit nom socialo d’un grand renom. 5 Capitale fatale sans finale – A la DSK estoquas 6 Sentirions le sang ou le pour-cent 7 Le Turc la sacqua – Corps conducteur – Après la saison arabe 8 Refuges pour eurofuges – Traditions chères à Freysinger 9 Horreur pour Blocher – Asiniennes 10 Corps blanc – L’économie suisse par le franc fort.

VERTICAL1 A-t-il la fiole à viol ? – Pierres pour joaillières 2 Crack du snack. 3 Plaisir de Proust 4 Rivière-frontière de travers 5 Larves blanches pour tanches 6 Force au-dessus du forcené de Tripoli – Liaisons dangereuses 7 Solution pour empeser – Tourisme en Allemagne nazie 8 Réfléchi – Rivière d’Angleterre – Stamm d’Abraham 9 Poire-lavoir – Ivresse à Boveresse 10 Plant – Acier dans le quartier.

Solution pour les nuls dans le prochain numéro

Gare aux grilles par égé

Culture et déconfiture

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Congrès socialiste à La Rochelle. Beaucoup d’Aubry pour rien. Le funambule Freddy Nock a fini par péter un câble.Rebuts de presse

Malade, hier…C’est entendu, Bulat Chagaev n’est pas l’homme le plus délicat du monde. Encore moins le mieux éduqué d’entre tous. Personnage pour le moins sulfureux, le Tchétchène s’est toujours muré derrière le secret bancaire suisse pour ne pas dévoiler la provenance des fonds qu’il prétend posséder… et dont il a promis d’arroser sa nouvelle danseuse, Neuchâtel Xamax. Fort bien !

parfaitement incapable de se maîtriser, le voici qui déboule dans « ses » vestiaires, escorté de ses gardes du corps, et injurie entraîneur et joueurs. Pas beau, pas vraiment la classe ! Du coup, la presse locale et « romande » se déchaîne, réclame son départ et supplie les politiques de rendre aux Neuchâtelois ce qui appartient aux Neuchâtelois. On y parle d’« un comportement inacceptable » (L’Express, 29.08.11) et de « le rendre (le club) à ceux qui lui veulent du bien » (Le Matin, 29.08.11). Magnifique !

ce que personne ne dit, ou n’ose se souvenir, c’est que les mêmes politiques, dirigeants et sponsors que l’on (r)appelle au secours ne sont autres que ceux qui, il y a de cela un peu plus de cinq ans, avaient laissé le club pire qu’exsangue, cliniquement mort. Neuchâtel est un haut lieu du football suisse, NE Xamax, son équipe première comme sa section juniors doivent survivre. Mais arrêtons de rêver : l’épisode Chagaev n’est – et ne sera – qu’un bref et écœurant chapitre dans l’histoire d’un club dont le directeur général s’appelle (pour l’instant) Marc Imwinkelried.Tout un symbole, non ?

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Le cahier des sports

Le système RTS est en place et il s’agit désormais pour la télé, la radio et les multimé-

dias d’œuvrer tous ensemble dans un but d’efficience et d’économie au sein d’une structure commune. Ça, c’est pour la théorie. En pra-tique, n’en déplaise au directeur Gilles Marchand, il semble bien que la foirade soit totale.Un sondage réalisé parmi le per-sonnel est en cours de dépouille-ment : il en dira un peu plus sur les sentiments des employés soumis à une organisation que n’aurait pas reniée Kafka.Couleur 3 en est l’un des exemples. La chaîne « jeune », qui va fêter ses 30 ans prochainement, est dirigée par le « chef d’antenne » Yves De-may. Son prédécesseur Jean-Luc Lehmann est devenu « directeur

du pôle Musique nouvelle » au niveau RTS. C’est-à-dire qu’il di-rige tout ce qui est musical pour les trois médias. Sur le papier, c’est simple. Dans la réalité, Lehmann a gardé son beau bureau à Couleur 3 et a relégué le nouveau chef d’an-tenne dans un cagibi au fond d’un couloir.

Dépourvu de tous moyens, Yves Demay ronge son frein dans son coin alors que Lehmann continue à diriger la chaîne au grand dam des collaborateurs qui ne savent plus à quel saint se vouer quand il s’agit de prendre une décision.Dans d’autres secteurs de la radio, c’est l’inverse qui se passe. Jean-Jacques Roth, le directeur RTS de l’information, est régulièrement zappé par Gilles Marchand qui

On rame à la pagaille La Radio Télévision Suisse existe et tous ses employés convergent pour reconnaître que c’est le foutoir.

saute par-dessus son échelon pour s’entre-tenir directement avec Patrick Nussbaum, le patron de l’info de la radio romande.Bref, comme nous l’avions prévu en pu-bliant le premier orga-nigramme fouillis de la nouvelle structure (Vigousse, 26.03.10), la « convergence » a eu pour seul effet de multiplier les échelons de décision (et par conséquent les chefs !), de compliquer à l’envi les contraintes administratives, de multiplier à l’infini les séances et autres réu-nions de « coordination », en un mot de faire tout, sauf des émis-sions !

Gilles Marchand devrait tirer avant la fin de l’année un premier bilan opérationnel de la nouvelle RTS. Parions qu’il sera extrêmement sa-tisfait !

Patrick Nordmann

Mass merdia

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Tuyaux à secCet été, sous le titre « Les tuyaux du lecteur », le quotidien vaudois 24 heures a diffusé des affichettes qui invitaient tout un chacun à se rendre dans un restaurant lausannois pour apporter du « biscuit » aux journalistes maison : « 24 heures vous donne la parole et mène l’enquête. Quelque chose à nous raconter ? Venez nous rencontrer. » Le bistrot en question est à deux pas de notre rédaction. Renseignement pris, les deux journalistes de piquet ont fait tapisserie durant des heures, mais en vain. Personne n’est venu. Zéro résultat. Mais comme on en parle ici, cette belle initiative journalistique aura au moins fourni, grâce à Vigousse, matière à un article !

Le procureur fessé Le 25 août, Le Matin a complaisamment ouvert ses colonnes au procureur genevois Daniel Zappelli, qui s’y est épanché abondamment. Suite à quoi, ni une ni deux, le Parti socialiste genevois a rédigé un communiqué de presse intitulé « Bonnet d’âne dès le premier jour de la rentrée pour le procureur Zappeli », qui administre une volée de bois vert au magistrat : « Il a asséné aux lecteurs une série de déclarations viriles où le disputent la contre-vérité, la lapalissade et la vacuité. » S’ensuivent trois pages de rectifications qui tendent à montrer « qu’il n’est pas acceptable que le premier magistrat du canton se permette de telles libertés avec les faits et joue les démagogues avec une si grande désinvolture ». Aux dernières nouvelles, Le Matin n’a rien publié à propos de ce rectificatif.

Je l’élu dans le journalA la rentrée, Vigousse (26.08.11) a lancé la rubrique « Pâtés de campagne ». Chaque semaine on y découvre des extraits des carnets intimes, parfaitement imaginaires, de candidats authentiques aux législatives fédérales.Nos chers confrères ont bien sûr eu la même idée. Ainsi Le Matin Dimanche (28.08.11) offre-t-il sous le titre « Ma semaine » un compte-rendu de six jours trépidants dans la vie de l’UDC fribourgeois Jean-François Rime. On y apprend pêle-mêle que « lundi, j’ai rendez-vous pour ma scierie. Mercredi, c’est mon fils qui m’a conduit à Nyon. Merci, fiston. Jeudi, pour la première fois, j’ai pu manger à la maison ». Et plein d’autres choses fascinantes. Et le plus fort, c’est que dans Le Matin Dimanche, ils n’inventent rien !

Du canular ou du cochon ?La semaine dernière (Vigousse, 26.08.11), nous ironisions un petit peu sur Pascal Siffert, le patron de la librairie BD de Fribourg, La Bulle, qui se serait fait quelque peu abuser par un album intitulé 1 h 25 qui n’était qu’une imposture inventée par des auteurs, belges bien sûr.Le patron de La Bulle nous écrit et proteste surtout contre le fait que nous ayons écrit : « La librairie n’a toujours pas pigé la supercherie et continue de vendre la BD en coup de cœur. »Il est évident qu’un connaisseur comme Pascal Siffert ne pouvait pas ignorer la blague, fort bonne d’ailleurs et qui a eu une suite intitulée Momon. A canular, canular et demi. Qu’il nous pardonne cette provoc !

VIG...OUPS

Bienvenue sur Douleur 3 !

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Constantin-Blatter : à coups de cornes dans l’Hérens.La suite au prochain numéro

orages ô désespoirlundi, Météosuisse annonce une horreur

orages ô désespoirMardi, Météosuisse annonce une erreur

Maladière et demainchagaev bombarde les vestiaires

la Bourse a un creuxles somaliens aussi

C’est arrivé la semaine prochaine(ou du moins, ça se pourrait bien)

Les témoins sont unanimes : dans la vaste gamme des ca-lamités responsables des

souffrances humaines, le dis-cours d’Anne-Catherine Lyon se classe entre la coulée de boue et le brouillard givrant, ex æquo avec l’abcès dentaire. Les malheureux qui le subissent ont beau lutter, ils sombrent dans une douloureuse léthargie au bout d’une minute en-viron, même si certains fanfarons

prétendent avoir tenu 1 minute 30. Et pas moyen de fermer les yeux ni de s’allonger. Les tortionnaires de Guantanamo infligeaient à leurs détenus du hard rock à plein vo-lume ? De la rigolade, rétorquent en chœur les victimes hagardes d’un discours d’Anne-Catherine Lyon.

Bref : voix monocorde, verbe aus-tère, ton desséché, rythme absent, un discours d’Anne-Catherine Lyon est à l’éloquence ce que la tonalité d’un téléphone fixe est à Jean-Sébastien Bach. Cela dit, quand elle parle en public, la

conseillère d’Etat socialiste vau-doise sait généralement de quoi elle cause. Dommage que per-

sonne ne puisse l’entendre (sauf durant la première minute). Mais depuis quelques semaines, il y a du nouveau. Anne-Catherine Lyon se montre pugnace, presque vive. C’est qu’elle défend farouche-

ment le bébé qui porte son nom : LEO (lion en latin).

Enième avatar d’une réforme scolaire vau-doise qui n’en finit pas

d’agiter les esprits, la Loi sur l’Enseigne-

ment Obligatoire est un glorieux compromis vaudois. A savoir un contre-projet à l’initiative « Ecole 2010 » portée par l’UDC et autres partisans subtils du c’était-mieux-avant.

c’est donc pour convaincre les ci-toyens vaudois d’adopter LEO qu’Anne-Catherine Lyon s’anime enfin. Elle joue gros, car en cas d’échec son siège pourrait devenir éjectable. Quittant ses oripeaux amidonnés, elle arbore le T-shirt de campagne et sourit sur les photos. S’extrayant de l’usine à gaz bureau-cratique qu’est son département, elle monte aux barricades mé-diatiques. Madame Lyon sort ses griffes, grands mots enthousiastes par ci, petits mots assassins par là. « Oui, je suis claire et ferme. Dans mon parcours, c’est la troisième fois que j’utilise ce ton-là, qui tranche avec mon style généralement af-fable et paisible. » D’autres diraient plutôt effacée et mollachue, mais passons : donc elle n’a été « claire et ferme » que trois fois en dix ans ? Voilà une vraie meneuse d’hommes !

Catherine Avril

Comme une Lyon en cage