ELÉMENTS POUR UNE SOCIOLOGIE D'UNE ÉMEUTE(LÉOPOLDVILLE - JANVIER 1959)Complément au Courrier hebdomadaire N°2 du 16 janvier 1959

CRISP | « Courrier hebdomadaire du CRISP »

1959/14 n° 14 | pages 1 à 5 ISSN 0008-9664

Article disponible en ligne à l'adresse :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1959-14-page-1.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

!Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------« Eléments pour une sociologie d'une émeute (Léopoldville - Janvier 1959). Complément auCourrier hebdomadaire N°2 du 16 janvier 1959 », Courrier hebdomadaire du CRISP 1959/14 (n°14), p. 1-5.DOI 10.3917/cris.014.0001--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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CENTRE DE RECHERCHE ET D'INFORMATION SOCIO-POLITIQUES. - C.R.I.S.P.

16, RUE AUX LAINES. BRUXELLES 1

COURRIER HEBDOMADAIRE

N° I4. I'1 avril !959

SOMMAIRE:

I. Elemen:ts pour une sociologie d'une emeute ( complement au COURRIER no 2, sur la base du Rapport de la Commission parlementaire d'enqu~te)

2. L'eventail des pa.rtis pol1t1ques oongolais. p.6 MNC • - PDO • -Fro. -MPNC. • - UPCO - • UO • - CEREA . • • AS • -

3. Deux nouveaux partis a L6opoldville. Le M.l~O.et le P.T.c. p.IO

X

4. L'arrondissement de Bruxelles :

Structures de la federation sociale-chretienne. p.I2

X

5. Bibliographie. a. La fonction at les services du Premier ministre. p.I6

b. Grands problemas de la science politique contemporaine p.IS

6. Les investissements americains en Belgique.

Ce huCletin est reJige en vue Je !'information personnelle Jes correspondants et n'est pas destine <'l la publiCation.

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CRISP N° I4. 323.274 ( 675.11 ) I959.0I 325.485 ( 675.11 )

. . ELEMENTS PO~ UNE SOCIOLOGIE D'UNE EMEOTE

---~-~----------------------·-------------( Leo;poldville .. Janvier I959 )·.

Complement a.u Cour.rier hebdomadaire N°_ .2 du I6 janvier .!959.

Depui.s lti publication de notre dos.~ ier. N° 2 du I6 janvier !959, consacre aux emeutes de Leopoldville, des info~tions complementairas· ont eta f ou:t'nies a 1' opinion. belg~' speo1alement par le rai~'ort de l~ Conuniss on Parlementaire d 'en u~te ~ ( 1 ) Dans queUe mesur , ces fitro=a.tions confir.ment ou irment-e as lea donnees de notre dossier ? SUr auaun ~ essential• la Conun.ission ne oontredit nos hypotheses mais, d~ un souoi ~........__.._...., de precision, nous publions ici quelques notes ~ui gagneraient a.· ~tre join-tea au Co~ier du CRISP N° 2. Pour faciliter l'emploi de ces notes, nous suivons le m~me schema que c~lui de janvier et renvoyons ~ux pages corres-ponde.ntes. · ·

- J?. 4 ( !8 a 25 eme ligna ) Relations entre le Mouvemen'b National Co~solais, l.tinterfederale. ethnique et l*Abako :

en page 27 de son rapport, la dommiss!on cite,- parmi les elements po­litiques qui detar.minaient le climat de ~eopoldvi1la.a la veille du 4 jan­vier !959, " la surenchere entre mouvements antagonistes ( ·Abako, M.N.c. at Interfederale ). " Cette affirmation ~e para±t pas corresp~ndre a la rea­lite historique : ainsi que nous l'avons ecrit , jusqu'a· sa dissolution l'Abako etnit co-signataire des motions ou documents e~anant des federations ethniques ( par example , la motion du 5.II.I958 portait la signature de N. Ko.sa- Vubu , aussi bien que ties leaders .des autrefJ federatibn.B ·ethniques); co n'est qu'apres lea emeutes que l'InterfMerale joua un rele politique en opp9sitibn avec l•Ab~o, De m~e .1 le M.N.c. comptait par.mi ses diri­geants des abakistes aussi notoires que M. Diomi, bourgmestre de Ngiri­Ngiri et la 4 janvier !959, M. Kasa .. Vubu lui-m&ta .mit. en garde ses audi· teurs contra csux qui cherchaient a opposer le M.N .c.. et 1' Abako et se prononcta en fa.veur de la double appurtenance·, pour ceux qui la souhaitaient.

- Page 6 et 7 - Le climat politique a Leopoldvilla. Nous evoquions 1 'amertune des Congolais davant ·1es lenteurs de l' e­

volution. La Commission ecrit a ce propos : " Voioi , dans leur ordre d I importance 1 les pl'Obl:emes dont la SOlUtion aurai t dtl interyenir pour eVi• ter la deterioration d~ la situation :

··a) En !9541 il rut annonce une legislation sur .le contrat d1emplo1 at sur l'unification de la legislation sociale. Rien n'a ete t'ait depu1s lors.

b) le statut unique que l'on se propose de realiser maintenant est promis aux Congolai's depuis !953 - !954 •.

c) La reforma ·judiciaire : non realisee.

·d) La problema des remunerations : en suspens depuis !954.

(i} voir page suivante.

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e) La q~estion des adjudications : non realisae.

f) Le ste:.tut des vilies annonee'depuis I948 : realise partielle­ment et imparfaitement depuis!I957.

g) Au cours des derniers mois, il nty avait plus de gouvernaurs et autres fonctionnaires de province, mais simplement des faisant-fonction.ff

( Rapport de la Commission - p~ 27 )

- Page 7 . (. lignes 2 a 5 ) - Les relations humaines • Le rapport_ de la Commission attache une extr~me importance au fac­

teur " relations humaines " tant. en ce qUi ooneerne le pourrissement de la situation a Leopoldville fin I958 qu'en ce qui concerne la voie vera une solution pacifique a l'avenir. Nous avons souligne le poids du facteur " humiliations raciales " dans l'evolution de l'opinion congolaise mais nous ajoutions : ft le problema de colour-bar~~oso maintenant en termes politiques , au sens fort du mot et non plus de simples relations humai­nes et d'attitudes psycho1ogiques tt. Le rapport ne degage pas la mame obsAr­vo.tion mnis rapporte un fait r6ve1ateur. A un blanc qui proposait des ran­centres amicales entre me11ages europeans et congolais, M. Kasa-V\lbu deman­do. : " a quai sert-11 de manter ensemble sur une echelle ~1 n'a pas d'eche­lons ? "

- Page 8 et 9 - Le eh~age et la situatio~ economigse a. LeopoldvilleA " En dec·embre I958, !'Administration recensait 226600 cE:i5iiieurs ;; ,

ecrivions-nouse Le rapport de la Commission { page I3 et I4~onne d'utiles precisions ace sujet, sur la_base des statistiques fournies par le gou­vernement general :

" 1e voluoe global du ch$mage a Leopo1dvi1le a evolue comma suit :

1 inai I958 I3.I73 ch~meurs 1 .juin I958 I4.27I " 1 juiUet l:958 !5,973 " 1 aodt I958 I7.765 tf

l septembre I958 I9.II4 " l octobre I958 20.237 " l novembre I958 2I.705 " l deeembre !958 22.277 " l janvier I959 23.!57 "

D' autre part, 1 'enqu~te demographique de mai I956 comparee a 1' en­qu~te de main d'oeuvr~ de mai I958 fQit'apparattre qu'entre ees deux epo­ques , le nombre de salaries est tombe de 90.279 a 74.848 ••• Un magistrat a fait observer que, parmi las personnes arr8tees. 40 p.c. etaient en ehamage ••• on a constate en I958 una reduction des credits destines aux travaux publics et a l'enseignement. Oette politique de res­trictions budgetaires a aggrave le phenomena du chemage. "

( l ) note de la page pr&e3dente. Chambre des Representants, Session I958-. I959, 27 mars I959 f IOO { I958-I959 ) N° 3. 'ta Commission 6tai1; composee de MM. Dequae ( president ), Brasseur, Demuyter, De Saeger, Housiaux ( secre­taire ), Lahaye, .Major, Scheyven4 , Spinoy.

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• Pages IO et suivantes - Le recit des faits. Le rapport de la Commission d1enqu§te confir.me que n ni l'Abako,

ni M. Kasa-Vubu n•ont lance un appel ~ l'emeute ce jour la. " ( p. 25 ).

La question de davoir s'i la reunion de Kalamu etait autorisee on interdite n'a pas· eta completement ~lucid8e. Mo Duvivier ·, administrateur des affaires sooiales a rapports avoir declare a la foule, dans un but d'upui­sement , que " la reunion n'etait pas strictement interdite " { page 4I

. du rain)()rt ) • · . .

du matin Il est contirme que l'Abako· , le 4 janvier des 5 heuresfavait deoom­

manda la reunion de Kalamu : " jusqu'aU debut de l'apres-midi, M. Moandu, ( president de l'Abak:o.:..Kalamu ) tente de toucher le :pJno grand noobre possibie de cembres pour les avertir que la reunion est deoommandee. " ••• et a I2 h. 30 se rend chez M. Kasa-VUbu qui •• o oonfir.me que la reunion n•a~a pas lieu. A !3 heures, M. Moanda, entoure de quelques membres de son comite annonce ala foule , du milieu du_terrain de basket situs au centre du terrain de 1 'Y .M,C.A. que la reunion est decomma.ndee. Cette annonce n .n­leve de.vives protestations ••• " (Rapport P• 42 ) Ce n•est qu 1apres quel~ ~ues incidents et la declaration apaisante de M. Duvivier qu'a I5 heures qua Me' Kasa-Vubu. arrive a l'Y.M.C.A• " Il aurait dit que la reunion etait r~portee a plus tard et aurait exhorts tous les congolais a l'union, ajou­tant qu'ainsi serait obtenuel'indu~endanee immediate " ( Rapport p. 43 ). Aprea cela, aucune allusion n'est faite a une quelconque_presence du leader de l'Abako. A aucun moment, .cell.e de M. Daniel Kanza n'est signalee· ( con­ttrmation de nos informations de janvier concernant M. Kanza 'et precisions eoncernnntle r5le de M. Kasa-VUbu; pp. 11 et 12 de notre Courrier ).

Page !4 - Armes de la Fbrce Publique. . En page 32, le rapporteur signale que" ).as-grenades laerymogenes

existantes etaient defectueuses "·precise (page 49) que c•est a 20 h.45 (J.Ue " le eonseil :fut donne de tirer si c'est necessaire " pour contenir ln foule d~chatnee. Un saul temoignage - celui du commissaire de ~olice en chef de Leopoldville • affirme ( p. 50 ) que " la foule a tire, notamment nveo des fusils Gras". Pour diriger l'op6ration, le commandant de la place disposait de 2•500 hommes environ ( le 4/I ) et de 3e400 environ ( le 7/I )~

" D'une faqon.generale, la Force Publique a , depuis le soir du di­manoh& 4 janvier a 20 h, 50 jusqu'au jeudi matin, 8 janvier : fait 64 fois usage de ses armes (.257 grenades O.F. ; 573 cartouches 30 ; 622 cartouches de 9 mm. : IO balles de 7,62 ) " { Rapport 54 )

- Page I4 • L'influence des Kibanguistes. Salon la commission d t·enqu§te ( pp. 29 et 30 du rapport ) la raponse

A la question de savoir si lea missions catholiques n'auraient pas ete par­t1ouliere.ment visees doit ~tre negative. " Si des etablissaments apparte­nnnt a des missions ont ate attaques, c'est parce qu'ils etaient oonaideres par lea ~eutiers comma des etabliasements des blanca "•·o "La commission ata pu recueillir aueun temoignage prou.vant que le kibanguisme comma tel a~ait participe·directement et de faqo~ visible aux emeutes ••• ( mais ella estime que ) le kibanguisme a contribue par le passe a creer une at­moaph~re dthostilite ns-a-vis des blanca "· Ce facteur est classe ·, par lea parlementaires, parmi " lea causes plus loi~"ltainea de 1' emeute ".

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p~e !5 - Le nombre des viotimes.

La commission esttme· ( en ann~xe 4 du rapport , pp, 88 • 89 et 90 ) ~ue le ohiftre de victtmes donne par les services de·l'Administration de Leopoldville " est un chitfre s1nollre •• ·• qu ton rte peut ra1sonna'blement pas mettre en d6ute ~. Le nombre totai de decades sorait de 49 et celui des blesses de 24I. · ·

En page 33i le rapport publie d'utiles precisi{)ns sur la ruite U.es capitaux du Congo• depuis' plus~eu.rs ~· -:--~--- · ·-. ----·

''"<'•• -...--~~·..,.,..--~-...,... ... _ ...

" ies dep~ts bancaires ant evolue comma suit :

Septembre 'I956 • Septen-tbre !957

Septembre I958

Les reserves de ehange

Septembre !956 Septembre I957 Septembre !958

F. !7.695 millions F. I5.564 millions F. !0.965 millions

F. 9.544 millions F. 7.460 millions F. 5.993 millions

Les apports en oapitaux ant to.rtement dim!nue ; ils sont tomb&s de 3.700 millions de fran~s en 1956 a 450 millions en !957.

La fU.ite des capitau,x se fait via la Belgique.

Les revenus des so~ietes ,et des particuliers ne sont plus reinvestis uu Congo, mais exportes , notamment par le truohement des exportations payables en francs belges. La valeur de ces exportations ne doit pas, legalement, ~tre rapatriee au Congo, comme o'est le cas pour celles libel• lees en une autre monnaie. On exporte done des marchandises congolaises. les paiements restent en Belgique "• ·

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