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Presses Universitaires du Mirail Genèse des guerres internes en Amérique centrale by Gilles BATAILLON Review by: Pierre VAYSSIÈRE Caravelle (1988-), No. 82 (Juin 2004), pp. 294-298 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40854141 . Accessed: 14/06/2014 07:34 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.205 on Sat, 14 Jun 2014 07:34:10 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Genèse des guerres internes en Amérique centraleby Gilles BATAILLON

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Genèse des guerres internes en Amérique centrale by Gilles BATAILLONReview by: Pierre VAYSSIÈRECaravelle (1988-), No. 82 (Juin 2004), pp. 294-298Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854141 .

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cambio de carácter ni de propósito. Si algo tiene de significativo mi larga obra es Ia continuidad de sus temas y angustias. En el cuento, en el ensayo, en las aproximaciones a la poesia y hasta en el discurso político he sido el mismo hombre con la misma condición (...)» (p. 128).

P. Spinato Bruschi met alors en relief le fait qu'Uslar Pietri est fondamentalement convaincu de la valeur et de la dignité latino-américaines en même temps que de la supériorité de son pays au sein du sous-continent. Partant de ces pré-supposés, il affirme la spécificité vénézuélienne et la nécessité de reconnaître le Venezuela comme un modèle économique et culturel.

Douze chapitres analysent tour à tour les thèmes principaux traités et repris dans les différents écrits d'Uslar Pietri :

- Le rôle de l'artiste - La valeur de la culture - Les hiérarchies sociales et raciales. Le métissage -La conquête espagnole. La colonie -Guerres et révolutions -Démocratie et liberté en Occident -La conception religieuse -La patrie vénézuélienne - L'Amérique latine, un continent en voie de développement - L'Utopie : l'Amérique, lieu du rêve - Deux mondes confrontés - La conscience nationale et continentale. L'étude de Patrizia Spinato Bruschi, complétée par une abondante

bibliographie (près de 30 pages) tant active que passive, est illustrée de nombreuses références très éclairantes. On retiendra celle qui clôt le livre :

«Yo he tenido toda mi vida la angustia existencial de ser venezolano, a mi me ha preocupado mucho que este pais que ha tenido las oportunidades más excepcional es del mundo de haberse transformado en un modelo, haya fracasado de la manera tan rotunda como ha fracasado (...). Yo vivo campaneando y despertando a los venezolanos para que se den cuenta de los inmensos errores en que hemos incurrido y de la necesidad de enmendarlos a fondo. Y esa angustia no va a desaparecer sino cuando desaparezca mi vida...» (p. 129).

Claire PAILLER Université de Toulouse-Le Mirail

Gilles BATAILLON.- Genèse des guerres internes en Amérique centrale- Paris, Les Belles Lettres, Histoire, 2003·- 474 p.

L'Amérique centrale n'a jamais fait recette, ni dans l'opinion publique ni parmi les chercheurs ; à l'exception du Nicaragua qui, de 1979 à 1990, a fasciné la gauche française, cette région, si proche des Etats-Unis et si différente de l'Amérique du Sud par sa géographie morcelée et par son histoire chaotique, est restée trop longtemps dans notre imaginaire une « zone à part », pour ne pas dire délaissée, voire totalement ignorée. C'est le premier mérite de Gilles Bataillon d'avoir choisi comme terrain de thèse trois de ses Etats, le Nicaragua, le Salvador et le Guatemala, en centrant plus particulièrement ses problématiques autour d'une période extrêmement courte : les quelques années qui précèdent, dans chacun des pays, une révolution ou un coup d'Etat, moments jugés décisifs par

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leur symbolique : la révolution du 19 juillet 1979 au Nicaragua, le putsch du 15 octobre 1979 au Salvador et le coup d'Etat du 23 mars 1982 au Guatemala. Le second mérite du chercheur est d'avoir - entreprise ô combien délicate - su transformer sa thèse en un vrai livre où la rigueur de l'analyse n'occulte jamais le plaisir (peut-être douloureux) de l'écriture- les notes sont rejetées en fin d'ouvrage, complétées par une ample chronologie et une bibliographie à jour.

Sans jamais renoncer à l'approche sociologique, qui reste au fondement de sa démarche, l'auteur a su fort bien marier le respect de la chronique historique et l'analyse de la symbolique des actes et des discours ; mais, encore une fois, cette sémiotique n'apparaît jamais ici comme un jargon pour spécialiste ; elle est mise en acte plus que théorisée et elle a le grand mérite de valoriser d'autres « instances » que la sempiternelle économie ou que la théorie de la dépendance qui a servi trop longtemps d'explication unique à la compréhension de l'Amérique centrale.

Gilles Bataillon sait très bien que l'analyse d'une histoire très contemporaine implique aussi un retour sur le passé ; ses deux premiers chapitres resituent donc la région dans la durée des tendances longues : un système de pouvoir de type patriarcal et « caudilliste », une oligarchie pratiquant largement le clientélisme, et aussi la sur-représentation des militaires, dans des traditions « nationales » où la culture démocratique est restée faible (on pourrait lui opposer l'exception du Costa Rica, qu'il n'a pas intégré dans son analyse...). Si l'on ajoute à ce tableau des « archaïsmes» l'influence culturelle et politique de puissances extérieures - l'Angleterre au XIXe siècle, et surtout les Etats-Unis -, on peut mieux saisir l'ampleur des blocages qui, depuis longtemps, se sont opposés à une modernisation comparable à celles du Mexique et des grands Etats du Sud. J'ajouterai que ce poids historique contribue à faire mieux comprendre comment l'Amérique centrale est devenue, très tôt et jusque dans les années 1980, un terrain propice aux « révolutions » violentes. Pour autant, la réserve formulée par Gilles Bataillon à l'encontre des thèses « économicistes » de la « dépendance », chères à Edelberto Torres Rivas, se justifie pleinement, car celles-ci traduisent avant tout « une cécité devant la complexité sociale ». L'un des grands mérites de Gilles Bataillon est d'avoir intégré dans l'analyse des conflits une autre donnée, jugée essentielle, qui est celle des circonstances qui entourent tout événement et qui, en grande partie, l'infléchissent au point qu'il finit par échapper à l'intentionnalité de ses propres acteurs.

L'auteur nous introduit à une meilleure connaissance de la région à la veille des années I960 : il s'agit de pays faiblement peuplés, d'économies dépendantes et exportatrices, de territoires enclavés et fragmentés, où l'Etat joue un rôle négligeable - l'exemple du Guatemala est presque caricatural, avec ses groupes indiens et ses communautés villageoises éclatées, attachées à leurs rites et à leurs mentalités spécifiques, toujours perçues par les Ladinos comme « pré-civilisées ». Au Nicaragua aussi, des sous-cultures rivales coexistent, mais il s'agit davantage de particularismes géographiques et politiques, comme l'opposition entre la ville « conservatrice » de Granada et la ville « libérale » de Leon. Comparativement, le Salvador apparaît comme une nation plus homogène. Cette description d'un monde ancien doit cependant être corrigée par une approche, sinon dynamique, du moins évolutive : car depuis les années trente, l'espace politique s'est élargi avec l'apparition de nouveaux partis. Pour autant, Gille Bataillon ne considère pas qu'il s'agit d'une « démocratisation » de la vie politique ; sa thèse est, au

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contraire, plus pessimiste : à l'image de la théorie des jeux, il décrit l'instance politique comme « un système de négociations entre des concurrents pour le pouvoir », car l'action politique reste (aujourd'hui comme naguère) le fait d'un petit nombre d'acteurs, qui s'arrangent entre eux avant d'aller à des élections dont la fonction première n'est que de ratifier les accords préalablement conclus au sommet par des arrangements occultes. . .

Ce processus politique atypique n'est pas remis en cause par la poussée du capitalisme marchand, qui dynamise l'économie régionale après 1960, une modernisation voulue par le haut, c'est-à-dire par l'Etat, dans le sillage de l'Alliance pour le Progrès et sous l'impulsion du Marché commun centramé- ricain (MCCA, I960) : développement des routes, recul de l'analphabétisme, législation sociale, et même un début de réforme agraire au Nicaragua. Ces mutations récentes ont deux conséquences majeures : au plan social, la poussée des cultures d'exportation aboutit à une sorte de révolution culturelle silencieuse, avec l'expulsion des colonos des haciendas, ce qui conduit à la rupture des liens traditionnels entre les maîtres des haciendas et leurs aparceros et autres colonos ; au plan politique, la « modernisation » introduit aussi une nouveauté, à savoir une plus grande ouverture du système des concurrents pour le pouvoir, avec les nouveaux partis, mais aussi avec Γ Eglise, l'armée et les guérillas. . .

Après avoir exposé les structures et les mutations régionales, Gilles Bataillon aborde la question qui donne le titre à son ouvrage : quelle est la genèse des conflits, ou plutôt des « guerres internes », qui éclatent à la fin des années 1970 ? Ni l'insatisfaction des exploités ni l'intervention de puissances extérieures ne suffisent à en rendre compte : bien plus décisive apparaît la conjonction d'événements plus ou moins aléatoires, tels que la géopolitique environnante, l'enclenchement d'autres violences dans les pays voisins, ou encore la rivalité des principaux acteurs. Ainsi, au Nicaragua même, plusieurs événements semblent avoir joué un rôle convergent, à commencer par l'infarctus d'Anastasio Somoza, en juillet 1977, qui éloigna le dictateur de son pays durant plusieurs semaines, et qui favorisa donc indirectement la fronde. En janvier 1978, l'assassinat de Pedro Joaquín Chamorro, directeur du puissant journal La Prensa et principal opposant au dictateur, est décrit par l'opposition comme un véritable acte de barbarie ; Chamorro devient pour Γ« opinion » un martyr des libertés, tandis que le dictateur est dénoncé comme étant l'incarnation du mal absolu (p. 169). Dans les mois qui précèdent le « triomphe » du 19 juillet 1979, la radicalisation des représentations et des discours s'opère dans les deux camps ; alors que Somoza dénonce l'archevêque de Managua et le président Jimmy Carter comme des « ennemis du Nicaragua », ses adversaires se rapprochent. C'est ainsi que le FSLN (Front sandiniste de libération nationale, d'obédience marxiste) assume sans état d'âme les décisions et les discours du syndicat patronal (le COSEP) et de l'Eglise catholique. Réciproquement, l'épiscopat légitime à son tour le FSLN. : le 20 juillet 1979, Mgr Obando y Bravo bénit les neuf membres de la junte marxiste, qui prête serment à la fois devant l'Eglise et devant le représentant de Jimmy Carter. Cette onction chrétienne illustre parfaitement la rhétorique de la Nueva Nicaragua, qui établit un lien fort entre politique et religion (une collusion qui ne surprend qu'à moitié en Amérique latine où l'on a pu voir, en novembre 1970, le nouveau président chilien Salvador Allende, marxiste et franc-maçon, intronisé solennellement dans la cathédrale de Santiago

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pour y célébrer le Te Deum). Pour mieux comprendre le cas nicaraguayen, il faut aussi se souvenir des origines « patriciennes » de bon nombre de jeunes révolutionnaires, ainsi que de la puissance des clans familiaux, bien au-delà des clivages politiques. L'Eglise elle-même est perçue depuis toujours comme un lieu de contacts et une instance d'arbitrages au sommet... Par ce rite politico- religieux du 20 juillet 1979, c'est une aura chrétienne qui est donnée au nouveau gouvernement révolutionnaire ; la révolution apparaît alors comme une nouvelle résurrection, et le 19 juillet comme un jour pascal. Pour les chrétiens radicaux du Centre Antonio Valdivieso, la thématique chrétienne épouse l'eschatologie révolutionnaire, et le Christ devient lui-même guérillero - Gilles Bataillon parle d'une homologie entre le sacrifice du Christ et celui des martyrs de la révolution. Mais en recevant de l'Eglise cette onction, le nouveau pouvoir révolutionnaire se dote d'une arme spirituelle à double tranchant, qui se retournera bientôt contre lui, au moment de la radicalisation de la révolution... Quant à la hiérarchie catholique, elle devra bientôt régler ses rapports conflictuels avec le clergé progressiste, essentiellement formé de clercs étrangers...

Appliquée au Nicaragua, la démonstration de la thèse des « circonstances » est assez convaincante, mais plaquée sur les deux autres pays, elle semble parfois plus artificielle. Au Salvador, c'est encore Jimmy Carter qui remet en cause la légitimité du parti militaire, et c'est un autre ecclésiastique, Mgr Romero, qui, fort du magistère moral de l'Eglise et aussi de sa « nomination » pour le Prix Nobel de la Paix, dénonce les errements du pouvoir militaire. Le triomphe de la révolution nicaraguayenne aura aussi joué son rôle comme modèle possible de libération, aussi bien pour le « pasteur » de San Salvador, de conviction plutôt conservatrice, qu'auprès des « intellectuels organiques » potentiels de l'université jésuite... Pour Gilles Bataillon, tous ces facteurs ont concouru à la mise en place du putsch militaire du 15 octobre 79, qui semblait s'inspirer en partie des homélies de l'archevêque et en partie des valeurs de la démocratie. . .

Au Guatemala, enfin, c'est encore une conjonction d'événements qui va pousser au coup d'Etat du 23 mars 1982 : la pression nord-américaine en faveur des droits de l'homme, la crise de la « frontière chaude » du Belize, les grèves et les multiples protestations contre les assassinats ciblés, sans oublier la guérilla. La dialectique de la violence militaire et des insurrections avortées conduit à une sombre période de terreur, qui fera plus de 35.000 morts et des centaines de milliers d'exilés. Par rapport aux deux cas précédents, le Guatemala révèle sa double originalité ; ici, l'Eglise catholique se fait muette face aux surenchères des deux camps et, par ailleurs, c'est l'armée qui semble, un temps, assumer son propre aggiornamento, avec la personnalité du nouveau président, Rios Montt. Certes, la constitution est suspendue et le congrès dissous, mais l'armée prétend éradiquer le marxisme des hautes terres, non plus avec la violence aveugle justifiée par la thèse dite de la «sécurité nationale », mais avec des méthodes contre-insurrectionnelles inspirées de Giap et de Mao, associées à une volonté de développement rural, le tout résumé dans le fameux slogan « haricots plus fusils ». Cette nouvelle rhétorique est illustrée par Rios Montt lui-même, qui appartient à l'Eglise du Verbe, et qui se présente comme un reborn christian, un envoyé de Dieu pour lutter contre la corruption. . . Contrairement au Salvador et au Nicaragua, ici c'est l'armée, et non l'Eglise, qui se pense comme la colonne garante de la stabilité politique.

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La thèse de Gilles Bataillon sur le rôle essentiel des nouveaux acteurs sociaux reste intéressante dans la mesure où. elle propose une lecture complexe du fait révolutionnaire et de la culture politique en Amérique centrale : sans rejeter totalement l'approche par les structures de la dépendance et de l'exploitation, il réintroduit l'événement aléatoire dans le jeu des acteurs. Il démontre aussi magistralement que « la » guérilla du Nicaragua n'était pas celle du Salvador, que l'épiscopat catholique a pu jouer des rôles divers selon les pays et que l'armée guatémaltèque était elle-même divisée dans ses objectifs sociaux. C'est à une lecture complexe du réel et de ses représentations que nous invite Gilles Bataillon, et ce n'est pas le moindre de ses mérites. . .

Pierre VAYSSIÈRE Université de Toulouse-Le Mirail

José COMBLIN.- Où en est la Théologie de la Libération ? L'Eglise catholique et les mirages du néolibéralisme.- Paris, L'Harmattan, 2003.- 311p.

Sorti en 1996 aux éditions Paulus de São Paulo avec pour titre Cristiãos rumo ao século XXL Nova caminhada de libertação, ce livre paraît en France aux éditions l'Harmattan dans la collection « Horizons Amériques latines » en 2003. Le titre original est peut-être plus proche du contenu que le titre français car l'ouvrage se développe plus autour de l'axe principal de la libération au sens large du terme, qu'uniquement autour de la Théologie de la Libération proprement dite. Bien entendu, il en sera question tout au long de l'ouvrage puisque l'auteur prend toujours l'Eglise catholique comme toile de fond de sa réflexion. En effet, ce docteur en théologie de l'université de Louvain, qui exerce son ministère en Amérique latine depuis 1958, a pris le thème de la libération comme fil conducteur de son livre. Assesseur de Helder Câmara et des évêques de la même tendance, auteur de plus de trente livres, il a publié celui-ci en 1996 et en a repris plusieurs thèmes en 1998 dans Vocação à liberdade, non traduit en français, et en 2000 dans O Neo liberalismo, traduit chez L'Harmattan. A quatre- vingts ans passé, José Comblin, partisan de l'Eglise progressiste, se bat toujours pour une société plus juste et pour une Eglise catholique plus proche des laissés pour compte. Le thème central de ce livre se développera autour de plusieurs idées.

Composé au total de neuf chapitres, les trois premiers sont consacrés à un retour historique sur les grands changements survenus depuis trente ans dans le monde. Après avoir passé en revue la fin de la révolution socialiste, la décadence de l'Etat-Nation et ce que l'auteur appelle la troisième vague technologique, Comblin dresse un état de la question sur le contexte ecclésial et de la « nouvelle evangelisation » depuis Léon XIII et Pie X jusqu'à Jean-Paul II. Depuis le XIXe siècle cette option de nouvelle evangelisation débouchera dans l'action des partis conservateurs tant d'Europe que d'Amérique latine. Ce fut l'option de Pie IX, Pie X et aussi celle de Pie XI, Pie XII et Jean-Paul II. Selon l'auteur, cette conception de nouvelle evangelisation impliquait que l'Eglise récupère le pouvoir, le contrôle, ou tout du moins une influence profonde sur la culture dominante. « C'était et c'est encore une espèce d'évangélisation à forte composante politique, même si le fait n'est pas toujours explicité ».

Plus loin, Comblin situe les nouveaux signes des temps qui vont conditionner les évolutions ultérieures de l'Eglise catholique et de la société dans

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