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GERER LES RESSOURCES DURABLES : DE L’EAU POUR NOURRIR LES HOMMES.
PREMIERE PARTIE : NOURRIR BIENTOT 9 MILLIARDS D’HOMMES.
Problématique : peut-on durablement nourrir des hommes toujours plus nombreux sans mettre en
danger l’environnement et les ressources terrestres ?
Etude de cas : le Brésil, ferme du monde.
I-La production agricole permettra-t-elle d’ici à 2050 de nourrir 9 milliards d’hommes ?
1-Croissance de la population, croissance de la production agricole : les « révolutions vertes »,
réalités et limites.
2-Le maintien des inégalités alimentaires à toutes les échelles
II-Quelles stratégies les hommes adoptent-ils pour garantir la sécurité alimentaire ?
1-Le système agro-industriel va-t-il détruire les petits exploitants ?
2-Devenir une puissance agro-exportatrice
3-Acheter ou louer des terres à l’étranger
III-Comment peut-on développer des agricultures durables ?
LEXIQUE ESSENTIEL
Autosuffisance alimentaire, dépendance alimentaire, insécurité alimentaire (avec famine, crise
alimentaire, émeute de la faim, pénurie), système agro-industriel (et système agro-tertiaire),
transition alimentaire
DEUXIEME PARTIE : L’EAU, RESSOURCE ESSENTIELLE POUR NOURRIR LES HOMMES ET DEVELOPPER LES SOCIETES
Etude de cas : la mer d’Aral, disparition ou renaissance ?
Problématique : quelles solutions durables les sociétés trouvent-elles pour limiter la raréfaction et
la dégradation de la ressource en eau dans un contexte de forte croissance démographique
mondiale ?
I-Comment sont réparties les ressources en eau sur la planète ?
II-Comment les sociétés aménagent et organisent leur espace pour utiliser au mieux les ressources
en eau dont elles disposent ?
III-Quelles politiques durables de gestion de leurs ressources en eau les sociétés essaient-elles de
mettre en œuvre aujourd’hui ?
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GERER LES RESSOURCES DURABLES : DE L’EAU POUR NOURRIR LES HOMMES.
PREMIERE PARTIE : NOURRIR BIENTOT 9 MILLIARDS D’HOMMES.
Problématique : peut-on durablement nourrir des hommes toujours plus nombreux sans mettre en
danger l’environnement et les ressources terrestres ?
Etude de cas : le Brésil, ferme du monde.
I-LA PRODUCTION AGRICOLE PERMETTRA-T-ELLE D’ICI A 2050 DE NOURRIR 9 MILLIARDS D’HOMMES ?
1-Croissance de la population, croissance de la production agricole : les « révolutions vertes »,
réalités et limites.
ETUDE DE CAS : le Brésil, ferme du monde.
-Problématique : le Brésil peut-il durablement être la « ferme » du monde sans mettre en danger
son territoire et ses ressources ?
1)D’après le tableau, comment a évolué la part des actifs agricoles ? La population totale du Brésil ?
La part de la valeur ajoutée (la richesse ajoutée au produit grâce à sa transformation) par travailleur ?
Qu’en déduisez-vous et comment l’expliquez-vous ? D’après le graphique, pouvez-vous dire si ce sont
les grandes entreprises multinationales (les firmes) ou les petits agriculteurs qui détiennent la terre ?
-La part des actifs agricoles a reculé de 40% alors que la valeur ajoutée par actif a augmenté de près
de 110% (soit une multiplication par plus de 2). Cela traduit une très forte augmentation de la
productivité. Cela s’explique par deux raisons : d’une part l’augmentation importante de la
productivité agricole (on produit plus à nombre d’agriculteurs constants), qui se traduit ici par une
augmentation de la valeur ajoutée produite ; d’autre part, l’extension des terres cultivées,
matérialisée par l’augmentation de la surface des terres arables (16% environ).
-On s’aperçoit qu’1/3 des grandes exploitations possède près de 80% de la SAU. Une exploitation sur
2 fait moins de 10ha, mais ces petits exploitants ne détiennent que 3% de la SAU totale. On peut
imaginer que les grandes exploitations appartiennent à des multinationales, souvent américaines
(Cargill, Monsanto, Del Monte) mais également brésiliennes aujourd’hui (Brasil Foods). Cela explique
dans une certaine mesure la hausse de la productivité car ces grandes firmes ont introduit la
mécanisation (tracteurs), les intrants (pesticides, insecticides) et financent la recherche
agronomique.
-La population brésilienne s’est accrue de 23% entre 1990 et 2006, alors que dans le même temps les
disponibilités énergétiques se sont accrues de 10,3%. Le Brésil nourrit donc mieux sa population,
quantitativement, alors que la croissance démographique a été forte. La croissance de la production
agricole a donc été plus rapide que la croissance de la population, on peut dire pour cette raison que
le Brésil est une grande puissance agricole.
Contextualisation :
En 2000, la production mondiale de céréales était estimée à 330 kgs par habitant par an soit presque
1 kg par jour. Cette quantité est suffisante en apparence mais elle n’empêche pas plus de
950 millions de personnes dans le monde d’être encore mal nourries. Au cours du XXè siècle,
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l’agriculture a été capable de nourrir une population qui a quadruplé, passée de 1,5 à 6 milliards
d’habitants. Cela a été rendu possible par l’augmentation des surfaces agricoles, surtout dans les
pays neufs, et par les révolutions agricoles successives. Ce chiffre de 800 millions de mal nourris,
impressionnant, masque cependant une nette amélioration : au milieu du siècle, on comptait 1,5
milliards de personnes en insécurité alimentaire sur 2,5 milliards d’habitants : on est donc passé de
60% à 8% de précaires alimentaires… L’insuffisance quantitative (la sous-nutrition) masque surtout
des carences qualitatives (la mal-nutrition) qui touchent bien plus d’hommes et de femmes : la
malnutrition reste le fait de presque 3 milliards d’habitants sur terre (40% de la population
mondiale). Et ce même si la ration alimentaire mondiale atteint 2800 kcal, soit une augmentation de
15% par rapport à 1960, au-delà des 2500 kcal préconisées par la plupart des nutritionnistes. Rien
n’est acquis car pour nourrir 9MM d’hommes en 2050, il faudra que la production agricole croisse
encore de 70%.
Il faut donc distinguer :
-des pays en autosuffisance alimentaire, comme les Etats-Unis, qui ont dégagé en 2008 un excédent
agro-alimentaire de 24 milliards de dollars.
-des pays en dépendance alimentaire comme le Japon, qui a un déficit estimé à 72 milliards de
dollars.
-des pays en insécurité alimentaire, comme le Burundi, où les importations agricoles représentaient
en 2008 530 millions de dollars soit la moitié de son PIB.
2)D’après le tableau utilisé dans la question 2, et le document ci-dessus, peut-on dire que la faim et
la malnutrition ont reculé au Brésil ? Expliquez comment en complétant le schéma suivant :
Repose sur
Due à
Ces progrès ont permis de moderniser l’agriculture ; cette modernisation a fait reculer la faim, ce qui
se traduit dans le tableau à la fois par une amélioration de la ration alimentaire disponible de plus de
10% et une diminution du nombre de personnes sous-alimentées de 25%. Cette amélioration est à la
URBANISATION
INDUSTRIALISATION
Crédits accordés pour l’achat des
intrants et des équipements
MODERNISATION
AGRICOLE Formation des agriculteurs
Amélioration de la productivité
Puissance exportatrice de produits agricoles
Investissement dans la recherche
agronomique
Forte croissance démographique
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fois quantitative et qualitative, puisque l’insuffisance pondérale a dans le même temps reculé de
14%.
Contextualisation
L’expression de « révolution verte » s’applique spécifiquement à des pays du sud. Elle a vu le jour
en Inde au départ, puis s’est généralisée en Asie du sud et en Amérique du sud. Elle a débuté dans la
seconde partie des années 1960, au moment où les révolutions agricoles étaient déjà bien entamées
et portaient leurs fruits dans les pays riches et industrialisés. Le cas de l’Inde, où la révolution verte
est le fruit du volontarisme politique de l’Etat et d’un homme, le généticien M. S. Swaminathan, a été
pionnier. Les petits producteurs surtout ont dû être aidés : en Thaïlande, des entreprises locales de
services agricoles louent ou financent l’achat de « petite mécanisation ». Partout dans ces pays, l’Etat
subventionne l’accès aux engrais. L’essor de ces révolutions vertes n’a pas toujours comme au Brésil
fait diminué le nombre d’actifs agricoles. Au contraire, les rendements très élevés de variétés
modifiées génétiquement et souvent récoltées deux fois par an font que le secteur nécessite de plus
en plus de bras dans l’agriculture (le double cropping). Pour tous les pays passés par la révolution
verte (Corée du sud, Indonésie, Thaïlande, Malaisie, plus récemment le Vietnam) les rendements ont
augmenté très sensiblement. C’est donc un phénomène principalement asiatique : on considèrera
que le Mexique, le Brésil, l’Argentine ont eux aussi mené leur révolution verte même si la
mécanisation y a été importante et que compte tenu de leur espace, l’intensification a été moins
poussée car les cultures et l’élevage extensif ont pu s’y maintenir (élevage bovin dans la pampa,
déforestation au Brésil…). Mais à chaque fois l’Etat, s’appuyant sur des firmes puissantes, a été
l’initiateur de cette modernisation.
Partout ces révolutions vertes ont reposé sur les mêmes outils : utilisation de nouvelles variétés à
haut rendement, emploi de quantités notables de pesticides et de produits phytosanitaires. Par
rapport aux révolutions agricoles des pays riches, l’usage massif de la mécanisation est plus répandu
et se limite à de petits outillages comme les motoculteurs. L’irrigation y tient une place capitale. Les
conséquences sur l’environnement ont vite été sensibles : l’usage massif des engrais (l’Inde en utilise
aujourd’hui autant que les Etats-Unis, la Chine deux fois plus) provoque des déséquilibres
importants. Partout également, en Inde surtout, une seconde révolution verte a reposé sur la
génétique et l’introduction d’OGM pour consolider sa puissance agricole. L’Inde est ainsi devenue la
5ème
puissance exportatrice de soja.
Les pays riches ont eux connu des révolutions agricoles successives : assolement triennal avec
jachère, développement de la polyculture, mécanisation au XIXè siècle (moissonneuse Mc Cormick)
et aujourd’hui génétique et utilisation du GPS pour cartographier et mesurer les rendements.
Les limites ont été les mêmes dans tous les pays, même si elles sont plus marquées dans les pays
pauvres : endettement excessif d’une partie des paysans, contraints à abandonner leur exploitation
et à alimenter l’exode rural (notamment en Chine), augmentation des coûts de production et
diminution des profits des petits exploitants, concentration des terres…
2-Le maintien des inégalités alimentaires à toutes les échelles
Entre les pays riches et les pays pauvres : l’exemple du blé (magnard, carte 1 p 75). La répartition
des ressources en blé traduit-elle les inégalités de développement ?
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Les principaux exportateurs sont les pays riches, les principaux importateurs sont les pays pauvres.
Logiquement les riches sont totalement autonomes en blé, contrairement aux pays du sud. On
constate qu’au sud les pays qui s’en sortent le mieux (le moins mal) sont ceux qui ont accompli une
révolution verte (Inde, Brésil). Les pays africains sont gravement dépendants en céréales. Le cas de
l’Asie du sud-est, « civilisation du riz », est à mettre à part. Pour des raisons culturelles, le riz est la
céréale hégémonique de ce territoire et les révolutions vertes (Vietnam) ont accentué cela. Comme
l’explique la géographe S. Brunel, « si la nourriture destinée à l’alimentation était également répartie,
chaque être humaine pourrait manger à sa faim. Le problème réside non dans la production, mais
dans la répartition de la nourriture : ceux qui souffrent de problèmes alimentaires sont les plus
pauvres. Même si la nourriture est disponible, elle ne leur est pas accessible. » Elle cite l’Inde,
exportateur de céréales, où 250 millions de personnes souffrent de la faim. 75% sont en outre de
petits paysans dépendants des aléas climatiques et des fluctuations des cours des matières
premières. Par exemple le riz thaïlandais a vu son cours tripler entre 2006 et 2008 ; or c’est l’Afrique
subsaharienne qui achète en proportion la plus grande partie de ces stocks (20%) ce qui l’affaiblit
notablement.
Un bon marqueur de la différence nord/sud sur la question agricole est la place de la viande dans
l’alimentation des populations : elle reste un privilège des pays du nord, dont plus d’1/3 de la ration
alimentaire quotidienne est constituée par des protéines animales. Néanmoins cette situation a
tendance à évoluer puisque les pays émergents développent de plus en plus ces filières ; on parle de
transition alimentaire quand la part des protéines animales dans le régime alimentaire augmente
Un autre marqueur de ces inégalités transparaît dans la carte des émeutes de la faim présentée
ici : on s’aperçoit que la plupart de ces émeutes consécutive à une situation d’insécurité alimentaire
se situe dans les PMA et dans les pays émergents. Si l’insécurité affecte la majorité des habitants
dans les premiers, dans les seconds elles traduisent des sociétés où les écarts de revenus se sont très
largement et très rapidement creusés. Souvent ces émeutes touchent des pays qui exportent pour
tirer une rente du commerce agricole alors que la population n’est pas approvisionnée ou ne peut
pas se procurer ces biens alimentaires.
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Entre villes et campagnes, et même entre les campagnes.
Les révolutions vertes ont créé une coupure entre les campagnes qui en bénéficiaient et les autres ;
par ailleurs les paysans les plus riches en ont plus bénéficié que les autres. Mais la situation de
l’emploi et la sécurité alimentaire restent bien meilleures dans les territoires qui ont eu cette
révolution verte. La situation est donc étonnante : la plupart des sous-alimentés sont des ruraux qui
dépendent de leur propre production pour vivre. L’urbanisation par ailleurs est un facteur de
croissance de la demande alimentaire car le niveau de vie des citadins est en moyenne 3 ou 4 fois
plus élevé que la moyenne des ruraux. Donc leur consommation est aussi plus importante.
Entre pays : il faut largement relativiser cette modernisation de l’agriculture encouragée par les
progrès techniques. Beaucoup de pays pauvres risquent de ne pas pourvoir à la sécurité alimentaire
de leurs concitoyens car ils investissent trop peu dans l’investissement : 500 millions d’agriculteurs
utilisent bêches et houes et pas d’engrais. Ces Etats n’ont souvent pas les lieux pour stocker leur
production, les routes ou les ports pour les exporter, et l’instabilité politique y décourage souvent les
investisseurs. De plus les pays restent dépendants de leur situation géographique : les pays enclavés
n’ont pas pu se constituer en puissance agricole car ils ne pouvaient faire le négoce de leurs
productions. Enfin, les pays en insécurité alimentaire sont dépendants largement des pays fortement
producteurs qui leur fournissent l’aide alimentaire : en 2008 36 pays avaient besoin de l’assistance
des puissances agro-exportatrices pour satisfaire leurs besoins ; 21 étaient situés en Afrique
subsaharienne.
Entre catégories sociales bien sûr : au Brésil, 1% des Brésiliens les plus riches possèdent 45% de la
terre. Cette situation est particulièrement vraie dans tous les pays émergents.
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II-QUELLES STRATEGIES LES HOMMES ADOPTENT-ILS POUR GARANTIR LA SECURITE ALIMENTAIRE ?
1-Le système agro-industriel va-t-il détruire les petits exploitants ?
Au Brésil, on a compris que coexistaient deux systèmes de production très différents : une petite
agriculture familiale (les micro-fundia), une agriculture insérée au système agro-industriel et agro-
tertiaire (de très grandes exploitations, les latifundia héritières des anciennes haciendas ou estancias
coloniales). L’essentiel de la production des premiers est échangée à l’échelle locale, ou sert à
l’autoconsommation, sauf dans le cas du commerce équitable qui valorise les petits exploitants. Les
seconds produisent essentiellement pour l’exportation. Cette situation où très peu de très grandes
exploitations possède l’essentiel des terres est courante dans les pays émergents, mais pas
uniquement : en Italie, 88% des exploitations font moins de 2 hectares, contre seulement 2%
d’exploitations de plus de 50 hectares. En Europe de l’ouest, les exploitations de taille moyenne sont
mieux représentées selon ce que l’on appelle un modèle « danois » : des exploitations familiales
encadrées par des coopératives (40% d’exploitations de 10 à 50 ha en GB). Les grandes exploitations
ne sont pas toujours les plus rentables : dans l’ Europe de l’est, les grandes exploitations héritières
des kolkhozes et des sovkhozes connaissent de graves problèmes économiques. Inversement en
Afrique, les exploitations que l’on essaie aujourd’hui de revaloriser sont des petites exploitations que
l’on cherche à financer par le micro-crédit.
Dans le système agro-industriel, la distance parcourue par les produits agricoles est beaucoup plus
importante que dans le système de la petite exploitation. On parle même aujourd’hui de système
agro-tertiaire car la publicité, le transport, la grande distribution et la restauration rapide prennent le
pas sur les acteurs industriels à proprement parler.
Le système agro-industriel s’auto-entretient et génère lui-même la croissance de la production
agricole. Pour produire 1kg de poulet, il faut 2 kg d’aliments pour l’élever (blés, maïs, tourteaux
oléagineux). Pour produire 1 kg de porc, il faut 3 ou 4 kgs d’aliments. De fait cela pose la question du
caractère durable de cette agriculture, très forte consommatrice d’intrants, d’énergie…
2-Devenir une puissance agro-exportatrice
3)Pourquoi peut-on dire que le Brésil est une puissance agricole majeure ? Comment cette puissance
se traduit-elle dans l’organisation du territoire brésilien ?
-Le Brésil est le premier producteur mondial de café, d’oranges, de sucre, le second de soja, de
bovins et de volailles. Cette évolution tient à deux facteurs : pour ces différentes productions, le
Brésil représente à lui seul entre 1/3 et 80% des exportations mondiales. Cette agriculture est de plus
en plus vouée à l’exportation : la part des exportations alimentaires dans la production a plus que
triplé sur la période. Pour toutes les productions citées, le Brésil est le premier ou le second
exportateur mondial de produits agricoles. Les pays membres de l'Union européenne figurent parmi
les principaux clients du Brésil (22,1 %), tout comme, pour une part croissante, l'Amérique latine
(21 %), les Etats-Unis (17,3 %), la Russie et l'Asie (19 %), notamment sous l'influence du dynamisme
de la Chine.
-Cette puissance se traduit sur l’organisation de l’espace brésilien : l’extension des terres arables
apparaît avec l’ouverture de fronts pionniers dans la forêt amazonienne, et le maintien d’un élevage
extensif très gourmand en espace. Inversement, l’augmentation de la productivité tient au passage à
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la polyculture et à une agriculture plus intensive dans le triangle Sao Paulo, Rio, Belo Horizonte. On
constate que la région la plus dynamique est le sudeste, tournée vers les grandes villes littorales pour
faciliter les échanges (et principalement le triangle urbain précédemment évoqué).
L’idée d’une puissance et d’un développement fondé sur les exportations n’est pas neuve : dans les
années 1960 la Côte d’Ivoire de F. Houphouët Boigny vit un « miracle » de développement
économique, fondé sur le cacao et café. Cet âge d’or cesse dans les années 1990 et le pays s’enferme
dans la crise car il ne fixe pas les prix de ses produits. Il était plus développé que la Corée du sud en
1960, aujourd’hui la tendance s’est inversée.
La plupart des pays émergents à l’image du Brésil sont devenus des pays agro-exportateurs
importants. Dès 1985 ces pays se sont réunis dans le groupe des pays agro-exportateurs pour
défendre leurs intérêts, le groupe de Cairns. Ils entendaient notamment y lutter contre la politique
de subvention aux exportations des pays riches, contraires selon eux à la libéralisation des échanges
initiées par le GATT et poursuivies par l’OMC. Ces pays se prétendaient défenseurs des intérêts des
pays pauvres mais l’appartenance de certains au G20 a aussi fragilisé cette vision, d’autant que le
groupe de Cairns comprend aussi le Canada qui subventionne très fortement ses produits.
Les pays émergents sont de mieux en mieux classés parmi les exportateurs de produits agricoles :
la Chine et l’Inde sont les deux premiers exportateurs de riz, les second et troisième de blé derrière
l’UE, le Brésil et le Vietnam sont les deux premiers producteurs de café…
La stratégie des uns et des autres varie : si le Brésil se tourne de plus en plus vers la demande
extérieure, et exporte de plus en plus, l’Inde elle mise bien davantage sur son gigantesque marché
intérieur (15% de l’Humanité concentrée dans un seul pays !)
3-Acheter ou louer des terres à l’étranger
Carte 5 page 77 : quels sont les pays qui vendent ou louent le plus de terres agricoles ? Quels sont les
pays qui locataires ou acheteurs ?
Les pays qui louent ou vendent leurs terres sont surtout des pays du sud, principalement en
Afrique centrale et sahélienne (Soudan, RDC), mais pas uniquement des PMA. On trouve des pays
émergents (Argentine) et d’ex pays socialistes (Russie). Tous ont en commun d’être de grands pays et
d’avoir de nombreuses terres disponibles. La plupart offre aux pays riches un climat qui permet des
cultures exotiques (en zone tropicale) ou de contre-saison (pouvant alimenter les espaces
développés à tout moment de l’année, par exemple les roses du Kenya ou les haricots du Sénégal).
Les pays riches participent aussi à ce mouvement, mais à une échelle bien moindre.
Les pays qui louent ou achètent sont essentiellement des pays émergents, des puissances
régionales (Chinois en RDC, Sud-Africains en RDC, Indiens en Afrique orientale ou à Madagascar, pays
du Moyen Orient en zone aride achetant en Afrique orientale ou en Asie du sud). Outre ces pays
émergents, ceux qui achètent sont aussi des pays développés qui ont une petite superficie par
rapport à leurs besoins, comme le Japon ou la Corée du sud. Les pays riches participent aussi à ce
marché et à ces échanges, mais dans une proportion bien moindre.
9
Ces sols ne servent pas uniquement à des productions « alimentaires » : les fibres textiles tiennent
une place de plus en plus importante, les carburants aussi tirés des céréales ou des plantes à sucre, la
nourriture animale enfin.
III-COMMENT PEUT-ON DEVELOPPER DES AGRICULTURES DURABLES ?
4)A l’aide de ces documents et de la carte utilisée pour la question 1 : à quoi sert la canne à sucre et
où la produit-on ? Pourquoi l’auteur du texte dit-il que cette culture a un « prix environnemental » ?
La canne à sucre sert à la production de sucre, de rhum et de bioéthanol ; au départ la production
était concentrée dans le sudeste, même si elle était mélangée à des cultures de blé, de soja et
d’oranges. Maintenant, cette culture a besoin de terres nouvelles et elle progresse dans les fronts
pionniers ouverts dans la forêt amazonienne, le long de routes percées à mesure que la forêt
disparaît par le brûlis (qui fertilise temporairement les sols). Cette culture est principalement vouée à
l’exportation. L’auteur explique que cette production a un coût environnemental car elle implique et
aggrave la déforestation. La destruction de l’écosystème forestier pose de gros problèmes :
disparition des espèces, perturbation des peuples de la forêt, moindre capacité d’absorption des
polluants divers par les arbres (la forêt est un poumon de la planète). Le Brésil est perçu comme une
réponse à l’augmentation des cours du pétrole car il permet de se rabattre sur les agrocarburants. Le
problème est que cette production génère une augmentation du prix du sucre alimentaire.
5)Peut-on rêver d’une agriculture durable et équitable au Brésil ?
Certains projets en cours visent à stopper la déforestation comme le projet FLOAGRI, en rendant
viables les sols dégradés par les cultures sur brûlis. Cette politique vise à favoriser les petits
exploitants qui connaissent mieux leur territoire et à les former pour pratiquer une agriculture
intensive et non extensive, pour réduire l’appauvrissement des sols. Cette politique de
développement durable a aussi pour vocation de répondre au mouvement des sans terre, qui
demandaient la récupération des terres qui leur avaient été ravies par les multinationales
américaines.
Une des solutions pour une agriculture plus respectueuse des petits exploitants et de
l’environnement est le commerce dit équitable, particulièrement utilisé pour le café qui emploie au
Brésil près de 30 millions de personnes. Ce commerce vise à mieux rémunérer les petits producteurs
en réduisant les intermédiaires, et s’engage sur le respect d’une charte de qualité : respect de la
législation sur le travail, limitation des intrants…L’accent est mis sur la fixation en amont des prix
avec le producteurs, sur l’emploi des plus favorisés, sur la valorisation des savoirs faire locaux
notamment pour préserver les écosystèmes. En fait ce système continue néanmoins à profiter aux
grands groupes de l’agro-alimentaire et à la grande distribution.
Le développement de l’agriculture est vue par la banque mondiale comme le moyen de réduire la
pauvreté, à partir du moment où la communauté internationale s’entend pour arbitrer entre les
différents usages actuels de l’eau et de la terre. Or la situation s’est dégradée avec la hausse
mondiale du cours des matières premières agricoles puisqu’en 2008 on estimait qu’il y avait 965M de
personnes en grave insuffisance alimentaire contre 800M trois ans plus tôt.
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Ce serait une erreur que de croire que les pays riches sont favorisés pour développer une
agriculture durable : ils ont été victimes de « crises » agricoles d’un genre un peu nouveau qui
dérivait de l’agriculture productiviste (maladies de la vache folle, danger des OGM)… C’est pourquoi
l’UE notamment joue la carte de la qualité avec le renforcement des normes et le principe de
traçabilité. Le développement de l’agriculture bio va dans ce sens même si actuellement elle ne
représente que 1% des terres cultivées et à un rendement inférieur de 30 à 40% à l’agriculture
« normale ».
L’agriculture durable passe par la revalorisation des petits exploitants plus soucieux du respect des
techniques traditionnelles. Ces petits exploitants ont notamment été « réhabilités » par l’essor du
commerce équitable : café au Brésil (Max Havelaar), coton au Mali…En Afrique les tontines et les
institutions favorisent le micro-crédit pour développer les petites exploitations rationnelles, avec des
fermes écoles (exemple traitée dans le thème 1 sur Guélack au Sénégal.
Les OGM sont-ils une chance ou un danger pour l’agriculture durable ?
On constate que la production d’OGM s’est fortement accrue sur la période 1996-2006 ; elle a été
multipliée par 2,5 dans les pays développés et par 3 dans les pays émergents entre 2000 et 2006,
donc l’augmentation est plus forte encore chez les puissances régionales du sud. Le développement
est limité en Europe du fait des lobbies environnementaux, alors que le continent américain s’est
précocement lancé dans ces cultures. L’ensemble des cultures OGM couvrait en 2008 125 millions
d’hectares soit 14% des terres cultivées en grain de la planète. Jamais une innovation technologique
du secteur agricole ne s’est répandue aussi vite que les OGM.
Les réticences sont fortes et pourtant les OGM se développent car les agriculteurs y trouvent un
intérêt fort. Certains semis traités pour résister aux herbicides de base peuvent être semés
directement sans labour, ce qui réduit d’une part l’érosion des sols et d’autre part la libération dans
l’air de CO2 lié aux machines agricoles. De plus les OGM sont parfois moins nocifs que les
insecticides, quand ils ont été modifiés pour détruire certains insectes et pas d’autres (ils préservent
davantage la biodiversité). Les recherches actuelles portent sur les plantes qui peuvent pousser en
zone de stress hydrique, ou de forte salinité, et sur certaines espèces plus riches nutritionnellement.
Pour la première fois une révolution agricole peut permettre de lutter non seulement contre la sous-
nutrition mais également contre la malnutrition. 4 grandes entreprises se partagent le marché
actuellement : BASF, Monsanto, Du Pont, Syngenta.
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CONCLUSION : CARTE DE SYNTHESE
Il faut donc passer des révolutions vertes à une « agriculture doublement verte », à la fois
productrice de hauts rendements et protectrice de l’environnement. Cela implique la stabilisation
des prix, une politique de microcrédit, la redistribution des terres.
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Etude de cas : la mer d’Aral, disparition ou renaissance ?
Problématique : quelles solutions durables les sociétés trouvent-elles pour limiter la raréfaction et
la dégradation de la ressource en eau dans un contexte de forte croissance démographique
mondiale ?
I-Comment sont réparties les ressources en eau sur la planète ?
II-Comment les sociétés aménagent et organisent leur espace pour utiliser au mieux les ressources
en eau dont elles disposent ?
III-Quelles politiques durables de gestion de leurs ressources en eau les sociétés essaient-elles de
mettre en œuvre aujourd’hui ?