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Actualites de l’ASCO 2007
GIST et sarcomes
A. Le Cesne
Institut Gustave-Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, F-94805 Villejuif, France
Correspondance : E-mail : [email protected]
Les sarcomes–GIST ont fait l’objet
de cinq seances entieres. De nom-
breux scoops ont ete rapportes
cette annee qui ont souvent fait la
une des journaux. Il s’agissait
d’un tres grand cru 2007 pour les
sarcomes.
Tumeurs stromales (GIST)
Sept ans apres le traitement du
premier patient par imatinib
(Glivec®), l’engouement autour
des GIST est toujours aussi excep-
tionnel avec desormais des
sessions entieres sur cette patho-
logie pourtant rare. Les resultats
de plusieurs etudes etaient cette
annee attendus avec impatience.
Les enseignements de cet ASCO
2007 sur les GISTs peuvent se
resumer de la facon suivante.
Le 12 avril 2007, un commu-
nique de presse du NCI rapportait
les resultats preliminaires de l’etude
ACOSOG Z9001 posant la question
de l’interet de l’imatinib en situation
adjuvante apres l’exerese d’unGIST
de plus de 3 cm. Ceux-ci ont ete
rapportes par DiMatteo en commu-
nication orale a la fin de la session
orale des sarcomes (rajoute sur le
programme initial, pas de numero
d’abstract). L’etude comparait le
devenir des patients ayant recu un
an d’imatinib (400 mg/j) par rapport
a ceux qui recevaient un an d’un
placebo, l’inclusion des patients
dans cette etude se faisant dans
les 70 jours qui suivent une chirur-
gie R0 ou R1 (exerese complete).
Six cent quarante-quatre patients
evaluables ont ete randomises. La
survie sans recidive a un an des
patients est de 97 % dans le bras
imatinib contre 84 % dans le bras
placebo (p < 0,001). Le benefice de
l’imatinib s’observe dans les GIST
operes ayant une taille comprise
entre 6 et 10 cm (p = 0,01) mais
surtout dans les GIST de plus de
10 cm (p < 0,001) ou la survie sans
recidive a un an est de 55 % dans le
bras placebo contre 95 % dans le
bras imatinib. La difference n’est
pas significative pour les GIST de
petites tailles (de 3 a 6 cm). Il
n’existe pas de difference sur la
survie globale entre les deux bras
therapeutiques. Les patients rando-
mises dans le bras placebo, tou-
jours en cours de traitement,
peuvent desormais recevoir de
l’imatinib. Cette etude a bien evi-
demment ete longuement discutee
et les resultats disseques aussi bien
lors de cette session qu’en dehors,
notamment avec tous les investiga-
teurs d’etudes paralleles en cours
posant plus ou moins la meme
question dans cette pathologie. Plu-
sieurs conclusions peuvent et doi-
vent etre tirees de cette etude :
– le benefice duGlivec® adminis-
tre un an en situation adjuvante
est indiscutable (14 % de diminution
du risque absolu de recidive ou
poursuite evolutive) et va devenir le
traitement de reference dans les
annees qui viennent aux Etats-Unis
(enregistrement probable de l’ima-
tinib dans cette indication) et pro-
bablement en Europe ;
– cette etude merite une reac-
tualisation des donnees avec un
recul plus important pour mieux
connaıtre l’impact reel du Glivec®
sur les GIST localises operes
(possible effet accordeon sur les
recidives, les deux courbes se
rapprochant chez les patients
ayant un follow-up plus long) ;
– cette etude est critiquable,
car outre le changement du critere
principal en cours d’etude (survie
globale puis survie sans recidive),
les criteres d’inclusions des
patients atteints de GIST ne por-
taient que sur la taille tumorale
initiale, n’incluant ni l’index mito-
tique (parametre plus puissant
que la taille tumorale dans les
GIST) ni le site tumoral (une
nouvelle classification est en
cours d’elaboration incluant egale-
ment ce parametre qui vient
modifier le risque de rechute de
la classification precedente de
Miettinen–Fletcher) et, ni le statut
mutationnel initial qui condi-
tionne la sensibilite de l’imatinib
dans les GIST metastatiques
(Debiec-Richter, EJC 2006) ;
– menee par des chirurgiens,
cette etude occulte la pierre
angulaire du traitement des GIST
localises, la chirurgie initiale. Plus
de 230 chirurgiens ont participe
a cette etude et le recueil des
donnees sur la qualite de l’exerese
initiale des tumeurs n’a ete que peu
ou prou aborde. Compte-tenu de la
courbe de survie sans recidive du
groupe placebo desGIST de grande
taille (plus de 10 cm) avec 20 %
de poursuite evolutive a six mois
a partir de la randomisation, il est
hautement vraisemblable que
certains patients etaient meta-
statiques au moment de leur
inclusion ;
– les consequences de ces
resultats sur la prise en charge
optimale des GIST peuvent etre
importantes dans la mesure ou
Oncologie (2007) 9: 525–534© Springer 2007DOI 10.1007/s10269-007-0702-5
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DU
525
certains patients ayant un GIST a
faible, voire a tres faible risque de
rechute vont etre incontestablement
surtraites et des patients ayant des
GIST a haut risque de rechute
vont a l’oppose etre sous-traites,
car par analogie avec les resultats
du BFR14, il va rapidement etre
demontre que ces patients devront
beneficier d’un traitement plus
prolonge, voire a vie... ;
– une des questions fonda-
mentales qui va etre rapidement
posee au decours de cette etude est
celle du devenir des patients
qui vont rechuter apres un an
d’imatinib. Cette premiere ligne
metastatique va rapidement faire
l’objet de nouvelles etudes random-
isees, chaque « ib » nouvellement
ou anciennement testes dans les
GIST devant etre etudie dans cette
nouvelle categorie de patients
pretraites par un an d’imatinib. La
reintroduction duGlivec® et l’appari-
tion dans le temps des resistances
secondaires seront des points a
surveiller de tres pres dans les
annees a venir ;
– en attendant, les inclusions
dans le protocole coordonne par
l’EORTC (etude 62024), 580/
750 patients inclus a ce jour, se
poursuit (accord de tous les
investigateurs). L’etude compare
deux ans de Glivec® a une
surveillance apres l’exerese d’un
GIST localise de risque inter-
mediaire ou de haut risque de
rechute. Le critere de jugement
principal est la survie globale. Les
resultats ne seront donc connus
qu’en 2011 ou 2012. Les inclusions
se poursuivent egalement dans
l’etude germanoscandinave, 268/
345 patients inclus a ce jour.
L’etude compare un an a trois ans
de Glivec® apres l’exerese d’un
GIST a haut risque de rechute
(base sur la taille tumorale et
l’index mitotique). Le critere de
jugement principal est la survie
sans recidive, premiere analyse
prevue en avril 2009 ;
– des reflexions se poursuivent
quant a la conduite therapeutique
optimale a proposer aux patients
operes a la fin des inclusions,
prevue debut 2008 dans les deux
etudes adjuvantes qui sont les
dernieres actuellement en cours.
Des guidelines vont etre elaborees
sur le sujet en octobre 2007 sous
l’egide de l’ESMO. Certaines equ-
ipes proposent deja de l’imatinib
400 mg en situation adjuvante
pendant un an dans des etudes
non controlees dans les GIST de
plus de 5 cm ou avec plus de cinq
mitoses pour 50 grands champs
(Zhan et al., abstract 10045).
La meta-GIST ou meta-analyse
des deux etudes pionnieres com-
parant 400 a 800 mg de Glivec®
dans les GIST avances etait tres
attendue. Rapportes par Martine
Van Glabbeke (abstract no 10004),
les resultats portant sur les 1640
patients randomises dans les deux
etudes americaines et europeen-
nes peuvent etre resumes de la
facon suivante :
– apres une mediane de follow-
up de 55 mois pour l’etude
americaine et de 42 mois pour
l’etude europeenne, la survie sans
recidive est significativement
superieure pour les patients qui
ont recu d’emblee de l’imatinib a la
dose de 800 mg (p = 0,04) mais la
survie globale est strictement
identique (impact du cross-over et
des nouvelles therapeutiques
ciblees) ;
– la mediane de survie globale
des patients ayant unemutation KIT
sur l’exon 11 est de cinq ans,
43 mois pour les GIST wild type, et
31 mois pour les exons 9 (34 mois
pour les autres mutations). Les
patients ayant donc une mutation
sur l’exon 9 vont moins bien que
ceux qui ne presentent aucunemut-
ation, ce qui n’etait pas forcement
evident il y a quelques annees ;
– la survie sans progression des
patients, ayant un GIST mute sur
l’exon 9, traites d’emblee par
800 mg est significativement
superieure a celle observee chez
les patients ne recevant que 400mg
de Glivec® par jour (p = 0,017). La
mediane de survie sans recidive est
de 19 contre 6mois respectivement.
Elle n’est pas significative sur les
autres exons. La mediane de survie
est de 28mois pour les patients ayant
recu 400mg par jour contre 35mois
pour l’autre groupe (p = 0,15). Il est
loin d’etre certain que les autorites
sanitaires acceptent une extension
de l’AMM pour autoriser d’emblee
la prescription des fortes doses
d’imatinib dans les GIST ayant une
mutation de l’exon 9. Une etude
prospective posant la meme
question devra sans doute etre
elaboree dans cette cohorte de
patients (environ 15 % de tous les
GIST) pour valider ce concept qui
pourrait d’ailleurs s’appliquer
secondairement aux situations
adjuvantes. Il n’en reste pas moins
que si des etudes randomisees
posant la superiorite eventuelle d’un
nouvel « ib » par rapport a l’imatinib
sur la survie sans progression, ce
dernier devra etre administre a la
dose de 800 mg dans le bras non
experimental ;
– un etat general mediocre, le
sexe masculin, un taux de poly-
nucleaires eleve au depart et la
presence d’une mutation autre
que l’exon 11 sont des facteurs
predictifs defavorables pour la
survie sans recidive et la survie
globale. Un etat general mediocre,
la presence d’une mutation autre
que l’exon 11 et un index mitotique
superieur a 10/50 HPF sont correles
egalement a une survie defavorable
si l’on s’interesse exclusivement a
des patients presentant des GIST
de l’intestin grele (69 %demutation
de l’exon 11, 21 % de mutation
de l’exon 9) (Rutkowski et al.,
abstract no 10052).
L’etude BFR14 a ete une nou-
velle fois a l’honneur a l’ASCO
(quatrieme annee consecutive, cer-
tainement pas la derniere !) avec
deux communications orales. Les
donnees de survie des 58 patients
randomises a un an (arret versus
poursuite) ont ete reactualisees
avec une mediane de follow-up de
39mois (Rios et al., abstract 10016).
Au moment de cette analyse,
91 % des patients ayant ete rando-
mises dans le bras arret ont re-
progresse avec une mediane de
six mois contre 65 % des patients
ayant poursuivi l’imatinib avec une
mediane de progression de 29mois
(p < 104). La reprise de l’imatinib
permet d’obtenir un nouveau
controle de la maladie dans 86 %
ON
CO
LO
GIE
526
des cas. La survie globale a trois ans
est identique dans les deux bras
therapeutiques (71 % dans le bras
arret et 73 % dans le bras pour-
suite), l’apparition des resistances
secondaires dans le temps sous
imatinib etant la meme, sauf peut-
etre dans le groupe de patients sans
maladie residuelle a l’inclusion
(patients metastatiques operes,
VHR ou very high risk GIST selon
la classification des scandinaves)
recevant du Glivec® depuis le
debut sans interruption (bras pour-
suite). A noter que deux patients qui
ont arrete l’imatinib apres un an de
traitement n’ont pour l’instant tou-
jours pas rechute.
La meme question sur la duree
optimale avait ete posee par l’etude
BFR14, non plus apres un an de
traitement mais apres trois ans
d’imatinib, les patients repondeurs
(non progressifs a trois ans) sous
Glivec® etant randomises une nou-
velle fois, entre arret du traitement
et poursuite. Cent cinquante-deux
patients devaient etre randomises a
trois ans avec une premiere analyse
interimaire apres la randomisation
des 50 premiers patients (Le Cesne
et al., abstract 10005). Les resultats
de cette premiere analyse sont
spectaculaires :
– la survie sans progression a
un an apres la randomisation des
patients est de 20 % dans le bras
arret contre 92 % dans le bras
poursuite (p = 0,0013) ;
– quatre-vingts pour cent des
patients ayant atteint une annee
d’interruption ont rechute, la
mediane de reevolution etant de
six mois, y compris dans le petit
groupe des patients etant consi-
deres en remission complete (un
tiers des patients randomises) ;
– la reprise de l’imatinib chez
ces patients semble permettre une
nouvelle fois un nouveau controle
de la maladie (communication
personnelle). L’impact de l’arret de
l’imatinib a trois ans n’est pas
encore connu (ASCO 2008) ;
– les courbes de re-progres-
sions tumorales apres un an ou
trois ans d’interruption de l’imatinib
sont strictement identiques
(mediane de reintroduction du
Glivec® de six mois) malgre une
selection naturelle des patients
longs repondeurs ;
– ces derniers sont en majorite
des femmes ayant un GIST de
l’intestin grele avec des meta-
stases hepatiques ayant une
mutation proximale (entre 555 et
560) de l’exon 11 de KIT (83 % des
patients longs repondeurs ayant
une mutation de l’exon 11, 8,5 %
de l’exon 9 et de wild type (Cioffi
et al., abstract 10053). La sensibi-
lite particuliere a l’imatinib des
GIST ayant une mutation proxi-
male de l’exon 11, en l’occurrence
une mutation des codons 557–558
pourrait etre expliquee par un plus
haut potentiel proliferatif de ces
GIST (plus de huit mitoses en
mediane pour 50 HPF) par rapport
aux autres (Romero et al., abs-
tract 10051). A noter que les
patients longs repondeurs dans
l’etude BFR14 n’avaient pas un
volume tumoral significativement
inferieur que les autres patients
inclus initialement dans l’etude,
contrairement aux donnees react-
ualisees de l’etude B2222 ame-
ricaine (Byrd et al., abstract 10054) ;
– les randomisations a trois ans
sont suspendues, les patients
informes des resultats, mais les
inclusions dans l’etude BFR14 se
poursuivent et lameme question va
etre posee chez les patients ayant
atteint cinq ans de traitement
(nouvel amendement au protocole
prevu en juin 2007).
Les criteres de reponses radio-
logiques observees sous imatinib
(et vraisemblablement applicables
aux autres inhibiteurs antityrosines-
kinases dans d’autres modeles
tumoraux) sont toujours aussi criti-
ques et critiquables. Les patients
ayant une reduction d’au moins
10 % du volume tumoral (analyse
unidimensionnelle selon les criteres
RECIST) apres deux ou quatre mois
deGlivec® ont exactement lememe
devenir que les patients ayant une
reponse complete radiologique. Et
apres six mois de traitement, les
patients ayant une maladie stable
(reduction de moins de 30 % jus-
qu’a une augmentation de 20 % du
volume tumoral selon les criteres
RECIST) ont egalement une survie
identique (environ 70 % a trois ans)
aux patients ayant une reponse
objective (RC et RP) (ASCO 2006,
Le Cesne et al., abstract 9510). Une
diminution de la densite tumorale
d’au moins 15 % couplee a une
diminution d’au moins 10 % du
volume tumoral sur le scanner
(Choi et al., JCO 2007, Benjamin
et al., ASCO 2006, abstract 9506)
definit desormais les bons repon-
deurs a l’imatinib. Ces criteres CHOI
ont ete appliques sur 50 patients
traites en Angleterre : le taux de
reponse apres trois mois d’imatinib
est de 88 % selon les criteres CHOI
contre 16 % selon les criteres
RECIST. Ce taux de 88 % corres-
pond effectivement a la proportion
de patients reellement repondeurs
au Glivec®. L’avantage de ces der-
niers criteres se poursuit pendant
toute la duree du traitement (Busulu
et al., abstract 10019).
Dans la guerre des inhibiteurs
tyrosines-kinases possiblement effi-
caces en deuxieme ligne therapeu-
tique, seul le sunitinib (sunitinib
malate, Sutent®) a obtenu actuelle-
mentuneAMMen2006danslesGIST
refractaires–resistants–intolerants a
l’imatinib. Plusieurs communica-
tions ont porte sur le sunitinib :
– confirmation de l’efficacite de
ce pantyrosine-kinase sur une co-
horte de 768 patients (96 centres,
33 pays) traites selon le schema
AMM on/off quatre semaines de
traitement, deux semaines d’arret
(Reichardt et al., abstract no 10022).
Un tiers des patients est toujours
sous traitement a six mois. Un bon
etat general et un jeune age condi-
tionnent significativement la duree
mediane du traitement ;
– malgre son efficacite inde-
niable, ce schema therapeutique on/
off du sunitinib avait ete critique les
annees precedentes avec un effet
flare-up sur le PET-scan de facon
repetee a chaque cycle de sunitinib,
les patients perdant une partie du
benefice clinique et radiologique
pendant les 15 jours d’arret (ASCO
2006, Rault et al., abstract no 9547).
Le Dr George a rapporte cette annee
les resultats definitifs d’une etude
multicentrique americano-europee-
nne de phase II testant le schema
continu du Sutent® a la dose de
CO
MP
TE
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DU
527
37,5 mg/j (George et al., abstract
10015). Soixante et un patients ont
ete inclusdanscette etudedephase II
qui posait en outre le timing optimal
de l’administration du sunitinib (ran-
domisation entre prise matinale et
vesperale). La majorite des patients
etaient resistants a l’imatinib (plusde
90 %) apres une mediane de deux
ans de traitement. Les patients ont
recu une mediane de dix cycles (de
28 jours) de sunitinib, 23 % des
patients ont du diminuer la dose a
25 mg en cours de traitement. Ce
schemasecompare favorablement a
celui de l’AMMen termes de taux de
benefice clinique (RC, RP et SD >
24 semaines a 52 %), de survie sans
progression (mediane de 34 contre
24,5 mois avec le schema prece-
dent), de toxicite (comparable dans
les toxicites principales) et en termes
de. profil pharmacocinetique (con-
centration residuelle). Aucune diffe-
rence, en termes de tolerance–
efficacite, que la prise soit matinale
ou vesperale. Ce schema therapeu-
tique va certainement se generaliser
dans cette indication et devenir
le schema therapeutique de refe-
rence dans les GIST resistants–
refractaires–intolerants a l’imatinib ;
– le mecanisme d’action du
sunitinib a ete decortique par
l’equipe bien connue de l’Oregon
(Heinrich et al., abstract 10006) par
transfection dans des lignees
tumorales de GIST des mutations
innees ou acquises en cours de
traitement par imatinib–sunitinib :
confirmation de l’efficacite du
Sutent® dans les GIST presentant
unemutation de l’exon 11 sensible a
l’imatinib (il existait toujours un
doute sur le sujet), la presence
d’une mutation dans la partie non
catalytique de l’exon 11 (V654A ou
T6701 classiquement resistant a
l’imatinib) n’altere pas l’efficacite du
sunitinib, a la difference de la
presence d’une mutation situee
dans la zone catalytique (exon 17).
Enfin, des nouvelles mutations de
KIT ont ete retrouvees dans des
lesions progressives operees sous
sunitinib (L738V). L’effet anti-VEGF
du Sutent® ne suffit pas pour
reverser toutes les resistances
secondaires a l’imatinib lorsque KIT
reste active ;
– des facteurs predictifs bio-
logiques sur la survie sans recidive
des patients inclus dans l’etude de
phase III (sunitinib versus placebo,
ASCO 2006, Casali et al., abs-
tract no 9513) ont ete individualises
(Blackstein et al. abstract 10007) :
les patients presentant une dimi-
nution du KIT soluble plasmatique
quatre semaines apres la mise en
route du sunitinib ont une survie
sans progression significativement
superieure aux autres. Cette diffe-
rence se majore si l’analyse
s’effectue a la findudeuxiemecycle ;
– il n’existe pas plus souvent
de complications peri-operatoires
avec le sunitinib qu’avec l’imatinib.
Ces deux inhibiteurs tyrosines-
kinases peuvent etre arretes deux
jours avant l’intervention et repris
a la premiere visite postchirur-
gicale (entre 20 et 30 jours apres
la date operatoire (Rault et al.,
abstract 10044). Le role de la
chirurgie des lesions residuelles
sous TKI, notamment sous ima-
tinib, reste cependant a demontrer,
compte-tenu d’une morbidite peri-
operatoire non negligeable et un
impact sur la survie non demontre
(Gronchi et al., abstract 10043).
Autres « ib » ou autressubstances dans les GIST
Le nilotinib (AMN107, Novartis)
est un inhibiteur tyrosine-kinase
de deuxieme generation actif sur
KIT, PDGFR et Bcr-Abl (d’ou son
developpement initial dans la
LMC). Dix-huit patients presentant
un GIST resistant (a 800 mg/j) ou
intolerant a l’imatinib ont recu du
nilotinib seul (800 mg/j en deux
prises) et 35 patients une associa-
tion d’imatinib (400 mg/j) avec le
nilotinib administre a doses crois-
santes (de 200 a 800 mg/j). Une
reponse partielle et 13 stabilisa-
tions tumorales (72 %) ont ete
observees avec le nilotinib seul.
Une reponse partielle et 25 stabi-
lisations tumorales (71 %) ont ete
rapportees avec la combinaison
des deux produits (Von Mehren
et al., abstract 10023). Une PFS
mediane de 168 jours avec le
nilotinib seul et de 106 jours
avec l’association a fortes doses
(dose recommandee pour les etu-
des ulterieures) a ete obtenue
chez des patients pretraites par
imatinib et sunitinib. La tolerance
du nilotinib seul est excellente
(pratiquement aucune toxicite de
grade 3) et la toxicite limitante de
l’association nilotinib–imatinib est
cutanee (six episodes de grade
trois quart) quelles que soient les
doses administrees. Cette asso-
ciation ne modifie pas les para-
metres pharmacocinetiques des
deux antityrosines-kinases.
Le masatinib (AB1010, AB-
science) est un inhibiteur tyrosine-
kinase de troisieme generation plus
actif in vitro que l’imatinib sur KIT et
PDGFR. Il a ete propose en premiere
ligne de traitement chez 29 patients
dans six centres francais (Bui et al.,
abstract 10025). Les resultats ont
ete rapportes sur 21 patients ayant
recu au moins trois mois de traite-
ment a la dose de 7,5 mg/kg fractio-
nnee en deux prises. Ils se com-
parent en tout point favorablement
a l’imatinib aussi bien en termes de
reponse (48 % de RP, 33 % de
maladie stabilisee et 10 % de PD
comme meilleure reponse dans le
temps) qu’en termes de toxicite
(majorite de grade un demi). Au
moment de l’analyse aucun repon-
deur au masatinib n’avait presente
de resistance secondaire.
IPI504 (Infinity Pharmaceuti-
cals, Cambridge, Etats-Unis) est un
derive de la 17-AAG inhibant la
proteine Heat Shock Protein 90.
In vitro cette substance semble
particulierement active sur les
lignees cellulaires transfectees par
des mutations resistantes connues
aux TKI. Vingt-six patients pretraites
ont recu des injections repetees de
30 minutes de l’IPI504 (j1, j4, j8, j11,
eventuellement j15 et j18) a des
doses allant de 90 a 400 mg/m2.
Une diminution de la SUV max
au PET a ete observee dans 66 %
des patients avec un effet flare-up
pendant les periodes de repos, la
majorite des patients lourdement
pretraites ont eu une maladie stabi-
lisee. La dose maximale toleree n’a
pas encore ete atteinte, la tolerance
ON
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528
etant excellente dans les deux sche-
mas therapeutiques (Demetri et al.,
abstract 10024).
Pour etre definitivement com-
plet dans la thematique GIST, cette
annee, a l’ASCO, a noter :
– une etude prospective sur
l’incidence des GISTs en France
(etude PROGIST) aupres des anato-
mopathologistes (136 centres) du
1er decembre 2004 au 30 novembre
2005 (Monges et al., abstract
10047) : 535 nouveaux GIST ont ete
declares pendant cette periode soit
une incidence de 12 pour 106 hab-
itants (incidence semblable aux
autres pays europeens), 3,7 % de
GIST c-kit negatif (87 % des GIST
CD117 negatifs ont une mutation
KIT/PDGFR et corres-pondent a de
veritable GIST (ASCO 2006, Black-
stein et al.), un tiers de GIST de
decouverte fortuite, 10 % de GIST
d’emblee metastatique, 67 % de
GIST gastrique non metastatique
au diagnostic, et une proportion
reguliere en fonction de la classi-
fication de Miettinen (20 % par
classe), soit 40 % environ de GIST
a risque intermediaire et a haut
risque de rechute (patients poten-
tiellement incluables dans l’etude
adjuvante europeenne). Des resu-
ltats similaires ont ete retrouves sur
une serie ecossaise avec toutefois
une incidence estimee plus faible de
5,2pour106habitants (Grahametal.,
abstract 10050) ;
– la toxicite cardiaque de
l’imatinib est un evenement excep-
tionnel (0,2 % des cas sur les 946
patients traites dans l’etude europ-
eenne (Verweij, poster discussion,
communication personnelle). En cas
de problemes cardiaques concomi-
tants, la mise en route d’inhibiteurs
calciques, de betabloquants ou de
diuretiques n’empeche pas la
poursuite du Glivec® (Khakoo et al.,
abstract 10026) ;
– la decouverte simultanee
d’une double localisation tumorale
presentant des profils genotypiques
differents est exceptionnelle en
dehors des cas pediatriques et
d’un terrain NF1. Un seul cas d’une
doublemutation differente a etemis
en evidence sur 200 GIST (Dei Tos
et al., abstract 10048).
Imatinib dans les tumeursconjonctives autresque les GIST
Si le Glivec® semble totalement
depourvu d’activite dans les sar-
comes non GIST (Judson, ASCO
2002 ; Ganti, ASCO 2003) trois
modeles tumoraux presentent
des cibles moleculaires pour une
efficacite imatinib-dependante.
Dermatofibrosarcomeprotuberant de Darieret Ferrand (DFSP)
C’est la deuxieme tumeur mesen-
chymateuse demontrant la preuve
du concept : expression precoce et
constante d’une anomalie causale –
mecanisme d’action connu – thera-
peutique ciblee disponible–essai
positif. Le DFSP se caracterise par
sa translocation chromosomique
specifique t(17-22)(q22; q13) impli-
quant le gene codant pour la chaıne
beta du PDGF (90 % des DFSP). La
presence d’une grande quantite de
PDGFß up-regule son recepteur
tyrosine-kinase, le PDGFR, autre
cibleduGlivec®. Deux etudes testant
le Glivec® dans les DFSP avaient ete
rapportees l’annee derniere (ASCO
2006 Kerob et al., abstract 9550
et Ugurel et al., abstract no 9561).
L’etude francaise a ete reactualisee :
25 patients presentant un DFSP
localement avance ou en rechute
(taille mediane de 45 mm) ont ete
inclus dans cette phase II (Misset et
al., abstract 10032) qui prevoyait
l’administration de deux mois de
Glivec® a la dose de 600 mg/j. Le
taux de reponse objective est de
36 % (criteres RECIST), le pourcen-
tage median de reduction volume-
trique est de 20 %. L’analyse des
pieces operatoiresmontre une dimi-
nution significative de la cellularite
avec une perte de l’expression de
CD34. Un projet d’extension de la
duree preoperatoire de l’imatinib est
actuellement a l’etude.
A noter par ailleurs que quoique
non mute, le gene du PDGFRa a ete
retrouve amplifie et sa proteine
hyper-exprimee dans 100 % des
cas dans 14 cas de sarcome intimal
de l’artere pulmonaire (Dewaele
et al., abstract 10055). Ces sarcomes
exceptionnellement rares en font
une cible potentielle pour des thera-
peutiques ciblees de type imatinib.
Tumeursdesmoıdes–fibromatosesagressives
Autre tumeur rare potentiellement
sensible au Glivec® vraisemblable-
ment plus par le biais de PDGF–
PDGFR (Heinrich, JCO 2006) que
de KIT, les tumeurs desmoı-des ou
fibromatoses agressives, avaient
fait l’objet de deux posters discus-
sions l’annee derniere (Penel et al.,
abstract no 9516 et Chugh et al.,
abstract no 9515 ASCO 2006). Le
Groupe sarcome francais a reactua-
lise les donnees de l’etude de phase
II ayant inclus 40 patients progres-
sifs a l’inclusion (Penel et al., abs-
tract 10062). L’imatinib etait admi-
nistre a la dose de 400mg/j pendant
un an :
– confirmation de l’efficacite du
Glivec® dans cette pathologie avec
un RC, trois RP, 28 stabilisations
apres trois mois d’imatinib (tous
progressifs a l’inclusion) et trois
progressions ;
– apres un suivi median de
21 mois, 50 % des patients ont
presente une poursuite evolutive,
la survie sans progression est de
67 % a un an et de 53 % a deux
ans. La survie globale a deux ans
est de 94 % ;
– les blocs de paraffine ont
pu etre recuperes chez 30 patients :
trois patients sur dix analyses
presentent une mutation de l’exon
10 de KIT, ces trois patients ayant
unemaladie controlee par l’imatinib.
L’expression de la cycline D1 est
correlee a la reponse tumorale
(benefice clinique) et la patiente
ayant obtenu une reponse complete
avait une tumeur exprimant forte-
ment la MAP-K erk. Ces resultats
devront bien entendu etre valides
sur une cohorte de patients plus
importante ;
– certains patients ayant une
maladie controlee pendant la
premiere annee de Glivec® ont
presente une nouvelle evolution
de leur affection a l’arret de ce
CO
MP
TE
REN
DU
529
dernier sous-tendant indirectement
l’efficacite du traitement dans le
temps et la necessite vraisemblable
de le poursuivre au-dela d’un an.
Des reflexions sont actuellement en
courspour elaborer une etudephase
III comparant le Glivec® a une
hormonotherapie (ou AINS) avec
une randomisation entre poursuite
et arret de l’imatinib apres un an de
traitement.
La prise en charge optimale de
ces tumeurs rares reste a definir. Il
est de plus en plus admis qu’une
chirurgie marginale (de type R1),
ce qui est le plus souvent le cas,
est plus deletere qu’une abstention
therapeutique (Bonvalot et al., abs-
tract 10078). Les tumeurs desmoı-
des ont tendance systematique-
ment a reevoluer en casde chirurgie
inadaptee puis a se stabiliser apres
une progression initiale. L’abs-
tention therapeutique devient une
approche reconnue dans un pre-
mier temps pour ne reserver des
approches plus agressives qu’en
cas de progression documentee
sur plusieurs bilans successifs
(environ 20 a 30 des cas). La mise
en route d’un traitement syste-
mique de type Glivec® avant un
traitement loco-regional peut alors
se discuter dans ces cas defavora-
bles. Des etudes moleculaires sont
actuellement en cours pour mieux
caracteriser ces patients.
Chordomes localementavances
Deja suggeree il y a deux ans
(Casali, ASCO 2005) sur 18 patients,
l’equipe de l’Institut nationale des
tumeurs de Milan a rapporte de
nouveau une certaine efficacite de
l’imatinib administre a la dose
de 800 mg/j sur une cohorte de
55 patients juges inoperables (geste
mutilant ou chirurgie incomplete)
presentant un chordome exprimant
le recepteur beta du PDGFR (soit en
immunohistochimie, soit en FISH).
Soixante et onze pour cent des
patients ont eu une maladie stabili-
see (avec un benefice clinique supe-
rieur a six mois) dont 16 % de
reponse mineure (Stacchiotti et al.,
abstract no 10003). Un patient sur
deux environ a presente une ame-
lioration au PET-scan (diminution
du SUVmax de plus de 10 %) et
64 % des patients une amelioration
des symptomes en rapport avec
leur maladie. La survie sans pro-
gression mediane est de 31 mois
pour l’ensemble de la population et
de 39 mois pour les patients ayant
une reponse « tissulaire » au PET-
scan ou au scanner. L’adjonction du
cisplatine (25 mg/m2 hebdoma-
daire) a l’imatinib (400 mg/j) per-
mettrait de rattraper certains
patients progressifs sous imatinib
seul avec une nouvelle amelioration
des images PET, une amelioration
des symptomes et deux reponses
mineures–tissulaires sur quelques
patients (Casali et al., abstract
10038)... a suivre.
Sarcomes des tissusmous (STM)
L’ASCO 2007 a ete un tres grand
cru dans le domaine des sarcomes
des tissus mous. Le concept des
therapeutiques ciblees inaugure
avec les GIST en 2000 a incontesta-
blement ouvert des horizons nou-
veaux dans le domaine des STM.
Un meilleur demembrement biolo-
gique–cytogenetique des sarcomes
en general fait de chaque sous-type
histologique une cible potentielle
pour des nouvelles approches the-
rapeutiques qui verront leur essor
dans les annees qui viennent.
Quelles sont les nouveautes dans
le domaine des STM ?
Chimiotherapie adjuvante
Les resultats de la derniere etude
au monde posant la question de
l’interet d’une chimiotherapie adju-
vante apres l’exerese d’un sarcome
des tissus mous de haut grade
de malignite etaient tres attendus
(Woll et al., abstract 10008). Coor-
donnee par l’EORTC (62931) cette
etude a inclus 351 patients en neuf
ans (entre 1995 et 2003) et comparait
cinq cycles d’AI (ADR : 75 mg/m2
plus IFO : 5 g/m2) toutes les trois
semaines a une simple surveillance.
Le sous-type histologique le plus
represente est le leiomyosarcome
(18 %), 6 % des patients inclus
avaient un STM de bas grade de
malignite apres relecture. Deux tiers
(66 %) des patients avaient un STM
des extremites. Trois quarts (73 %)
des patients ont recu une radiothe-
rapie adjuvante et 73 % des patients
ont bien recu les cinq cycles de
chimiotherapie prevus par le proto-
cole. La toxicite de la chimiotherapie
etait principalement hematologique
avec 39 % de neutropenie de grade
trois quart. La survie sans recidive a
cinq ans est de 52 % dans les deux
bras therapeutiques et la survie
globale est de 69 % a cinq ans pour
les patients n’ayant pas recu de
chimiotherapie contre 64 % pour
les patients randomises dans le
bras chimiotherapie. Les conclu-
sions de cette etude sont donc les
suivantes :
– la chimiotherapie adjuvante
ne modifie donc pas le devenir
des patients presentant un STM
localise de haut grade de
malignite opere ;
– la chimiotherapie adjuvante
n’est pas un standard en 2007 ;
– l’augmentation de la survie
sans recidive et de la survie globale
dans le bras temoin est liee a
l’optimisation dans le temps des
techniques chirurgicales et a
l’utilisation plus importante de la
radiotherapie (73 % dans cette
etude, contre 42 % dans l’etude
precedente) ;
– la meta-analyse de 1999
(Lancet) devra etre reactualisee
avec les deux etudes publiees
depuis cette date (Frustaci et al.,
Woll et al.), une positive, l’autre non.
Il s’agissait de la derniere etude
posant cette question dans cette
pathologie. L’ere d’un traitement
standard dans une population hete-
rogene de tumeurs est revolue.
Une analyse detaillee des deux
etudes consecutives de l’EORTC
(62771 : 468 patients, Bramwell
et al., JCO 1994) et celle-ci (62931 :
351 patients) devra etre effectuee
afin de determiner quels sous-
groupes de patients, en termes de
localisation initiale, taille tumorale
ou sous-type histologique, beneficie
le plus ou moins d’une chimiothera-
pie adjuvante (ASCO 2008).
L’interet d’une chimiotherapie
adjuvante doit desormais etre dis-
ON
CO
LO
GIE
530
cute aucaspar casdansdescomites
pluri-disciplinaires.
L’ere d’un traitement adjuvant
« a la carte », substance specifique
pour sous-type histologique speci-
fique, est ouverte.
Chimiotherapieneoadjuvante/ILP
Chimiohyperthermie
Un autre scoop de l’ASCO 2007. Les
allemands avaient deja rapporte en
2004 et 2005 (Lindner et al.) les
resultats alors preliminaires d’une
autre etude coordonnee par
l’EORTC (etude 62961) comparant
une chimiotherapie d’induction de
type EIA (etoposide 250 mg/m2,
ifosfamide 6 g/m2 et adriamycine
60 mg/m2) a cette meme chimio-
therapie associee a une hyper-
thermie locoregionale dans les
sarcomes des tissus mous locale-
ment avances. Les resultats defini-
tifs de cette etude ont ete rapportes
cette annee (Issels et al., abs-
tract 10009). Ces derniers peuvent
modifier la prise en charge des
sarcomes non metastatiques. Trois
cent quarante et un patients ont ete
inclus dans cette etude multicen-
trique proposee aux patients ayant
une tumeur localement avancee
(taille mediane de 11 cm), une
rechute locale ou une chirurgie
initiale inadaptee (exerese R1 et
R2). L’association chimiohyperther-
mie donne des resultats significati-
vement superieurs a la chimiothe-
rapie seule en termes de :
– reponse objective : 29 versus
13 % (p = 0,002) ;
– survie sans recidive locale a
deuxans : 84versus 64 %(p < 0,02) ;
– mediane de survie sans
rechute locale : 45 versus 24 mois
(p = 0,015) ;
– mediane de survie sans
progression : 32 versus 16 mois
(p = 0,003) ;
– cet avantage se voit quelle
que soit la localisation initiale du
sarcome.
Doit-on generaliser cette tech-
nique a tous les centres prenant
en charge des patients atteints de
sarcome des tissus mous ? Cette
question merite d’etre posee.
L’impact d’une telle approche sur
la survie globale reste a etre
demontre. Il s’agit d’un traitement
locoregional visant a optimiser le
controle local comme l’est la per-
fusion isolee de membre (cf. plus
loin). L’impact de la chimiothera-
pie utilisee (role de l’etoposide
dans les STM, ifosfamide utilise
a des doses suboptimales, cf.
chimiotherapie adjuvante plus
haut) sur l’incidence des metasta-
ses doit etre secondairement ana-
lyse. A suivre donc.
Chimiotherapie
L’utilisation d’un traitement syste-
mique d’induction dans les sarco-
mes localement avances de haut
grade de malignite des membres
est frequente dans les centres pre-
nant en charge ce type de patholo-
gie. Son impact sur la survie reste a
demontrer et la selection des
patients pouvant en beneficier a
determiner. L’equipe de l’institut
Gustave-Roussy a rapporte son
experience sur les 79 patients
traites par une chimiotherapie d’in-
duction sequentielle et intensive
de type API-AI (ASCO 2002 et
2005). Cinq pour cent des patients
ont obtenu une reponse complete
radiologique, 32 % une reponse
partielle, 57 % une maladie stable
et 6 % une progression (Ruiz et al.,
abstract 10074). Tous les patients
sauf un ont ete secondairement
operes (84 % d’exerese R0). La
survie sans recidive a cinq ans est
de 47 % et la survie globale a cinq
ans de 62 %. Le risque annuel de
rechute decroıt inversement en
fonctiondupourcentagedenecrose
observe sur la piece operatoire. Le
pourcentagemedian de necrose est
de 70 %. Les patients presentant
une bonne reponse histologique
(> 70 % de necrose) ont une survie
sans recidive significativement
superieure a ceux ayant une
mauvaise reponse histologique
(62 versus 37 %, p = 0,012). Le
pourcentage median d’expression
de la topo-isomerase II en IHC sur
60 tumeurs est de 27 % avant la
chimiotherapie (sur la biopsie ini-
tiale). Soixante-treize pour cent des
bons repondeurs histologiques ont
une forte expression initiale de la
topo II, 66 % des mauvais repon-
deurs ont une faible expression de
la topo II. La survie mediane des
patients n’exprimant pas ou faible-
ment la topo II est de 2,7 ans, elle
n’est pas atteinte dans l’autre
groupe (p = 0,07). Enfin, la survie
sans progression des patients ayant
une tumeur exprimant peu ou prou
ERCC1 est de 2,5 ans, elle est
de sept ans dans le cas inverse
(p = 0,17). Ces resultats devront etre
valides prospectivement (projet
Conticanet) sur plusieurs centres.
La recherche d’une amplification
du gene de la topo II par RT-PCR
est en cours. Aucune des tumeurs
n’exprimait HER2 sur la biopsie
initiale.
Si ces resultats se confirment, il
sera plus aise de selectionner les
patients devant ou non recevoir une
chimiotherapie d’induction avant
l’acte operatoire. Le pourcentage
relevant de la reponse histologique
dans les sarcomes des tissus mous
doit etre egalement valide sur un
nombre plus important de patients.
Une nouvelle fois, le PET-scan
semble superieur au TDM conven-
tionnel dans l’evaluation predictive
de la reponse histologique (> 90 %
de necrose tumorale). Ce dernier,
comme l’IRMd’ailleurs (ASCO2006,
Shuetze et al., abstract 9005) ne
retrouve aucune correlation entre
la reponse clinique–radiologique
(criteres RECIST) et la reponse his-
tologique dans les STM localement
avances recevant une chimiothera-
pie premiere (Evilevitch et al.,
abstact 10017). La reponse au PET-
scan sembleen revanchenettement
plus fidele a la realite des choses
puisque les bons repondeurs histo-
logiques ont une diminution
mediane du SUV de 64 % versus
seulement 37 % chez les mauvais
repondeurs. Le PET-scan semble
devenir ASCOapresASCO lamoda-
lite radiologique la plus pertinente
pour evaluer l’efficacite ou non de la
chimiotherapie.
Perfusion isolee de membre
Cette technique de traitement loco-
regional a repris des couleurs cette
CO
MP
TE
REN
DU
531
annee a l’ASCO. Le Dr Bonvalot a
rapporte l’experience de l’institut
Gustave-Roussy sur une serie de
100 patients traites de 2001 a 2006
par cette approche therapeutique
(Bedart et al., abstract 10010). La
dose de TNFa administree en
60 minutes avec du melphalan et
couplee a une hyperthermie mode-
ree (38 a 40�) etait trois a quatre
fois inferieure a celle de l’AMM, soit
une dose totale de 1 mg. Cette dose
avait ete retenue a la suite d’une
etude de phase II randomisee sug-
gerant que cette derniere etait
moins toxique et tout aussi efficace
que celle de l’AMM (Bonvalot et al.,
CTOS 2003). C’est ce qui a ete
demontre une nouvelle fois. Le
taux de reponse est de 70 % avec
30 % de reponse complete sur les
IRMs effectues apres un et deux
mois du traitement, aucune diffe-
renceentre les tumeursprimitiveset
les rechutes locales. Seuls 12 % des
patients ont progresse au decours
de cette approche. Trente-six pour
cent des patients operes sont consi-
deres comme bons repondeurs
(moins de 10 % de cellules tumora-
les identifiables sur la piece opera-
toiresur les 83patientsoperes, 71 %
de traitement conservateur). Aucun
facteur predictif de reponse a l’ILP
n’a etemis en evidence, notamment
ni le grade histo-pronostique et la
taille tumorale duSTM, ni l’adminis-
tration prealable d’une chimiothera-
pie systemique d’induction. La
reponse histologique est parfaite-
ment correlee aux donnees de l’IRM
pre-operatoire. Les toxicites locales–
systemiques sont radicalement dif-
ferentes de celles observees avec
les fortesdosesdeTNFa. Seuls 17 %
des patients ont developpe une
recidive loco-regionale. Le taux de
survie a trois ans est de 89 %. Cette
approche va certainement etre
relancee compte-tenu de l’alle-
gement logistique et financier des
faibles doses de TNFa. Comme la
chimio-hyperthermie, il s’agit d’un
traitement loco-regional et en aucun
cas un traitement systemique. L’ILP
s’integre dans une prise en charge
globale du patient atteint de sar-
come localement avance inoperable
(necessitant des gestes chirurgic-
aux fonctionnellement delabrant ou
resection inadaptee), elle n’empeche
pas et ne substitue pas a la chimio-
therapie ou a la radiotherapie
« adjuvante ». Elle permet un taux
de conservation du membre dans
88 %descas, cequi est exceptionnel
dans une pathologie ou la majorite,
si ce n’est la totalite, des patients
decedent d’une dissemination
secondaire de leur maladie.
Chimiotherapie en situationavancee
Nouvelles substances–
therapeutiques ciblees
Pazopamid (GW786034, Glaxo)
Inhibiteur de VEGF, PDGF et KIT,
le pazopamib a ete teste chez
142 patients a la dose de 800 mg/j
chez des patients atteints de leio-
myosarcome, liposarcome, syno-
vialosarcome et autres sarcomes
pretraites par une ligne de polychi-
miotherapie ou deux lignes de
monotherapie successive (EORTC
62043). Outre quatre reponses
objectives rapportees dans les leio-
myosarcomes, synovialosarcomes
(2) et MFH, les taux de survie sans
progression a trois mois sont de
44 % pour le synovialosarcome, et
les autres sarcomes, 34 % pour le
leiomyosarcome et 15,7 % pour le
liposarcome (Sleijfer et al., abs-
tract 10031). Son efficacite est simi-
laire en deuxieme ou en troisieme
ligne. La tolerance est tout a fait
acceptable avec 6 % de toxicite de
grade trois quart, principalement
une hypertension arterielle, une
asthenie et une diarrhee. Le pazo-
pamib est une substance tout a fait
prometteuse dans les STM metas-
tatiques et des etudes randomisees
vont voir le jour dans les sous-types
histologiques les plus prometteurs.
Sorafenib (nexavar, Bayer)
Des resultats similaires ont ete
observes avec ce pan-tyrosine-
kinase qui a obtenu son AMM
dans le cancer du rein. Administre
a la dose de 800 mg/j sur 134 patie-
nts atteints de differents sarcomes
les resultats les plus prometteurs
ont ete observes dans les leiomyo-
sarcomes (deux reponses objecti-
ves sur 26 patients) et les angiosar-
comes (deux reponsespartielles sur
37). Le taux de survie sans progres-
sion a six mois est de 40 % dans les
leiomyosarcomes et de 33 % dans
les angiosarcomes. Ce produit n’est
cependant pas denue d’une cer-
taine toxicite avec 17 %des patients
qui ont du arreter le traitement pour
intolerance, 52 % des patients ont
du reduire la posologie (dans
90 % pour des problemes cutanes),
12 % des patients ont developpe
une thrombopenie de grade 4
(D’Adamo et al., abstract 10001).
Une dose initiale de 400 mg/j est
recommandee chez les femmes qui
developpent tout particulierement
une toxicite cutanee (Keohan et al.,
abstract 10061).
Imatinib (Glivec®, Novartis)
Voir chapitre precedent.
AP23573 (Ariad) : inhibiteur
de la voie mTOR
Deja a l’affiche l’annee derniere, les
analogues de la rapamycine, inhibi-
teurs de la voie mTOR, bloquent la
voie intra-cellulaire AKT/mTOR/
S6kinase. Actuellement au nombre
de cinq (Sirolimus, everolimus
[RAD01], CCI779, AP23573 et peri-
fosine), seules les molecules
AP23573 des laboratoires ARIAD et
la perifosine semblent prometteuses
dans les STM. L’AP23573, a ete
evaluee enphase II sur quatre cohor-
tes de patients (lipoS ; leiomyoS,
tumeurs osseuses et autres sarco-
mes (Chawla et al., abstract 10076).
Avec un schema therapeutique de
12,5 mg i.v. sur cinq jours tous les
15 jours, la tolerance est acceptable
(anemie, thrombocytopenie, mucite
et rashcutane)avecuneincidencede
grade 3 inferieure a 5 % chez
212 patients traites. Les benefices
cliniques (RO + stabilisation de plus
de quatre mois) sont de 30 % pour
les tumeurs osseuses, 33 % pour les
leiomyoS, 30 % pour les lipoS et
23 % dans les autres sarcomes. Le
taux de non-progression a mois est
de 23 % pour l’ensemble des
patients, soit un taux superieur a
celui retenu par l’EORTC (14 %)
pour considerer une substance
comme active en deuxieme ligne
de chimiotherapie dans les STM
ON
CO
LO
GIE
532
metastatiques. La survie globale est
de 40 semaines et de 68 semaines
pour ceux qui en tirent un benefice
clinique. Une phase III devrait debu-
ter prochainement sous une forme
orale chez des patients non progres-
sifssouschimiotherapieconvention-
nelle (principe de la maintenance de
la reponse dans les STM, etude
contre placebo, projet SMART).
La perifosine (KRX-0401) est ega-
lementun inhibiteurde lavoiemTOR
en inhibant la phosphorylation de
la voie AKT. Cent quarante-cinq
patients ont ete inclus dans une
etude de phases I/II testant plusieurs
schemas therapeutiques (adminis-
tration quotidienne ou hebdoma-
daire d’une dose faible ou elevee de
ce produit oral). Des reponses par-
tielles ont ete observees dans un
chondrosarcome, un chondrosar-
come myxoıde extrasquelettique,
un leiomyosarcome et une tumeur
desmoıde, toutes avec la dose faible
de ce produit (Birch et al., abs-
tract 10059). Le benefice clinique
(reponse partielle et maladie stabili-
see de plus de quatre mois) est de
52 % pour l’ensemble de la popula-
tion etudiee. Aucune toxicite de
grade trois quart n’est rapportee.
Cette substance est actuellement
testee dans les chondrosarcomes
osseux et les chondrosarcomes
myxoıdes extrasquelettiques dans
un programme SARC.
Taxol
Depuis plusieurs annees le taxol
hebdomadaire ou administre de
facon conventionnelle toutes les
trois semaines avait demontre une
certaine activite dans les angiosar-
comes metastatiques dans des
etudes ou tous les sous-types his-
tologiques etaient alors represen-
tes. Le Groupe sarcome francais a
rapporte cette annee a l’ASCO les
resultats d’une etude de phase II
chez 30 patients tous atteints d’an-
giosarcomes inoperables (Penel et
al., abstract 10002). Le schema pre-
voyait d’administrer 80 mg/m2 de
taxol aux j1, j8 et j15, cycles toutes
les quatre semaines. Les taux de
non-progression sont de 78 % a
deux mois, 45 % a quatre mois et
24 % a six mois avec 20 % de
reponse objective a deux mois
selon les criteres RECIST chez des
patients presentant un angiosar-
come des tissus mous (dix cas),
un angiosarcome radio-induit du
sein (dix cas), huit angiosarcomes
visceraux et deux angiosarcomes
du scalp. La survie globale des
angiosarcomes visceraux est plus
defavorable que les autres. La
mediane de survie est de 7,6 mois
pour l’ensemble de la population.
L’efficacite du taxol hebdomadaire
est similaire en premiere et deu-
xieme ligne de chimiotherapie avec
une toxicite tout a fait acceptable.
Des resultats similaires ont ete
observes avec des schemas diffe-
rents de taxol. Le taux de reponse
objective atteint meme 75 % dans
les angiosarcomes du scalp. Le
taxol devient la substance de refe-
rence dans les angiosarcomes
metastatiques et peut etre adminis-
tre aussi bien en premiere ligne
qu’en enieme ligne therapeutique
(Schlemmer et al., abstract 10033,
Saroha et al., abstract 10034). Cer-
taines alterations moleculaires pro-
pres aux angiosarcomes en font un
candidat interessant pour des the-
rapeutiques ciblees (Ravi et al.,
abstract 10030), surtout la voie
anti-VEGF dans la mesure ou la
totalite des angiosarcomes expri-
ment fortement ce facteur de pro-
liferation de la voie angiogenique
(Dim et al., abstract 10068).
ET-743 (Yondelis, Pharmamar)
Le scoop de l’ASCO 2006 dans les
STM provenait indiscutablement
de l’efficacite remarquable de
l’ET-743 ou Yondelis (trabectidine)
dans les liposarcomes myxoıdes.
(ASCO 2006, Grosso et al., abs-
tract no 9511). Representant deja le
sous-type histologique le plus chi-
miosensible des STM (Mispelaere
et al., abstract 10 066), et possible-
ment le plus favorable avec une
survie a 15 ans de 64 % pour les
MLPS localises (Gomez-Roca et al.,
abstract 10075), l’activite de l’ET-
743 dans les LPS myxoıdes se
passe de commentaires : 45 % de
reponses objectives dont certaines
apparaissant tardivement (50 %des
PR), 41 % de reponse mineures ou
stabilisations tumorales avec
necrose tumorale majeure (de type
Glivec® like), 4 % de vraies stabili-
sations et seulement 10 % de pro-
gression tumorale, soit un taux
de controle tumoral de 90 % chez
44 patients lourdement pre-traites.
Le nombre median de cycles admi-
nistres est de huit cycles (jusqu’a
22), la mediane de survie sans
progression est de 17 mois (du
jamais vuendeuxiemeou troisieme
ligne de chimiotherapie dans les
STM metastatiques) et une survie
mediane de 28 mois.
L’equipe de l’institut des tum-
eurs de Milan a reactualise ces
resultats en y apportant une touche
de biologie moleculaire dans une
session uniquement tournee vers
certains sous-types histologiques
de sarcome particulierement sen-
sible a une substance donnee
(Grosso et al., abstract 10000). Les
LPS myxoıdes sont caracterises
par une translocation specifique
t(12-16) [FUS/TLS-CHOP] dans 95 %
des cas ou t(12-22) [EWS-CHOP]
dans 5 % des cas. Il n’est pas exclu
que ces proteines de fusions puis-
sent interagir avec l’ET-743 mais le
mecanisme sous-tendant l’activite
du Yondelis dans les LPS reste
encore inconnu. Une augmentation
de l’expression de ERCC1 (nucleo-
tide excision repair, TC-NER)
couplee a une diminution de
l’expression de BRCA1 (homolo-
gous recombination repair, HRR)
dans les cellules tumorales de
patients porteurs de STM traites
par ET-743 identifient une cohorte
de patients particulierement sensi-
bles a la trabectidine (AACR 2007,
Schoffski et al.). Cinquante-huit
pour cent de reponse objective
plus stabilisations de plus de six
mois et une survie globale mediane
de 18 mois pour ces patients contre
9 % de benefice clinique et une
mediane de survie de cinq mois
dans le groupe de patients presen-
tant les caracteristiques inverses
(ERCC1 <des expriment naturelle-
ment et de facon tres intense
l’ERCC1 (83 % des cas) et peu ou
prou BRCA1 (70 %) pouvant expli-
quer l’activite remarquable du Yon-
delis dans cette pathologie. Douze
genesdefusiondifferents issusde la
translocation t(12-16) ont ete identi-
CO
MP
TE
REN
DU
533
fies. Le Yondelis ne semble pas
interferer avec la transcription du
gene TLS/FUS-CHOP en lui-meme
mais par l’intermediaire des protei-
nes deregulees par cette transloca-
tion. Les transcripts de fusions
courts conferent a la cellule une
sensibilite toute particuliere a l’ET-
743. Les patients presentant une
translocation de type I et II sont
tous sensibles a l’ET-743 et ceux
(peu nombreux) presentant une
translocation de type III sont tous
progressifs.
L’autre etude sur l’ET-743 etait
particulierement attendue. Seule-
ment releguee au rang des posters
pour une etude de cette envergure
qui va servir vraisemblablement a
l’enregistrement de cette substance
dans les STM metastatiques, elle
comparait en deuxieme ou troi-
sieme ligne de traitement deux
modalites d’administration du Yon-
delis dans les leiomyosarcomes et
liposarcomes : administration heb-
domadaire (0,58mg/m2 3w/4 versus
toutes les trois semaines selon le
schema vraisemblable de l’AMM
(1,5 mg/m2 q3w) (Morgan et al.,
abstract 10060). En mai 2005, un
comite independant a recommande
d’arreter les randomisations et de
switcher tous les patients du
schema hebdomadaire vers l’autre
schema therapeutique. Deux cent
soixante-dix patients ont participe a
cette etude. Les resultats se passent
de commentaires :
– la duree mediane est de deux
cycles pour le schema hebdo-
madaire (19 % des patients ayant
recu plus de sept cycles) contre cinq
pour le schema continu (24 heures
de perfusion toutes les trois
semaines) [38 % des patients ayant
recu plus de sept cycles] ;
– la mediane de survie sans
recidive est de 2,3 versus 3,3 mois
respectivement (p = 0,041) ;
– la survie sans progression est
de 27,5 versus 35,5 mois dans les
deux bras therapeutiques, et les
survies medianes de 11,8 versus
13,8 mois. Cinquante pour cent
des patients sont en vie a an versus
61 %. Il s’agit de la survie la plus
longue jamaisobtenuedans lesSTM
metastatiques pre-traites avec en
outre un avantage therapeutique
d’un bras sur l’autre, ce qui est tout
a fait inhabituel ;
– ces differences se majorent
encore si l’on tient compte uni-
quement des patients ayant une
relecture des lames pour n’analyser
que les leiomyosarcomes et les
liposarcomes ;
– ce dossier a ete depose a
l’EMEA pour une suite, on l’espere
favorable ;
– l’association de l’ET-743 et de
la doxorubicine est egalement
excessivement prometteuse (Blay
et al., abstract 10078). Administree
en premiere ligne de traitement a 41
patients jusqu’a la dose deADR : 60
mg/m2 plus ET-743 : 1,1 mg/m2
toutes les trois semaines avec du
GCSF, seul un patient a progresse
au premier bilan d’evaluation apres
six semaines de traitement contre
12 %de reponse partielle et 83 %de
maladie stabilisee dont 37 % a plus
de six mois. La survie sans progre-
ssion a six mois est de 58,5 % et la
survie a 12 mois de 69 %. Par titre
de comparaison, la survie sans
recidive a six mois des substances
considerees comme actives en
premiere ligne de traitement est de
40 a 50 %. La toxicite est princi-
palement hematologique.
Anciennes drogues
Toujours aussi peu de communica-
tions, cette annee encore, sur les
deux substances considerees
comme les moins inactives dans
les STM, la doxorubicine et l’ifos-
famide. A noter juste une etude
portant sur 45 patients presentant
un STMmetastatique traite en Italie
avec des fortes doses d’ifosfamide
selon un schema fractionne sur
14 jours : 1 g/m2 par jour pendant
14 jours en perfusion continue
avec une pompe portable a la
maison (Coco et al., abstract
10067). Aucune toxicite de grade
trois quart n’a ete rapportee, ce qui
est inhabituel avec ces doses
d’ifosfamide et un benefice de
37 % (RP et SD > 6 mois), ce qui
est habituel avec ces doses-la,
meme chez des patients pretraites
par des doses plus faibles d’ifos-
famide.
L’etude randomisee americaine
(SARC) comparant la gemcitabine a
l’association gemcitabine–taxotere
dans les STM metastatiques pre-
traites etait l’un des scoops de
l’annee derniere (ASCO 2006
Maki et al., abstract no 9514). Une
equipe du Nouveau Mexique (Vers-
chraegen et al., abstract 10056) a
rapporte les resultats preliminaires
de l’association gem–tax avec de
l’avastin (5 mg/kg tous les 15 jours)
dans une phase I d’escalade de
dose de la gemcitabine (dose fixe
de taxotere a 50 mg/m2). La dose
recommandee est de 1500 mg/m2
pour les phases II avec un schema
j1–j8. A suivre...
Divers
Le risque de developper un sar-
come mammaire dans les annees
qui suivent une radiotherapie pour
un traitement conservateur de can-
cer du sein n’est pas negligeable. Le
hazard ratio est de 1,5 pour tous les
sarcomes pour atteindre 2,5 pour
les MFH et 7,5 pour les angiosarco-
mes (Mery et al., abstract 10072). Le
pic est maximal entre 10 et 14 ans
pour disparaıtre a 22 ans.
Inversement, une patiente att-
einte de sarcome des tissus mous a
une probabilite plus importante de
developper un cancer du sein (Jive-
liouk et al., abstract 10071).
Une seule communication, de
taille, a porte sur les sarcomes
retroperitoneaux (Rivoire et al.,
abstract 10065). Coordonnee par
l’Association francaise de chirurgie,
l’etude a porte sur 382 patients
porteurs de sarcomes retroperito-
neaux operes en France. L’exerese
systematique en monobloc des
organes contigus non envahis par
la tumeur (taille mediane de 18 cm)
afin d’obtenir des marges saines
conditionne l’avenir des patients,
les patients ne beneficiant « que »
de l’exerese des organes adjacents
envahis ou une simple enucleation
de la tumeur ayant une survie sans
recidive et survie globale inferieure.
Le grade histopronostique, une
biopsie prealable et l’absence
d’effraction tumorale sont egale-
ment correles a un pronostic plus
favorable.
ON
CO
LO
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