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SEMINAIRE DE PHILOSOPHIE ET ETHIQUE – YVON PESQUEUX Psychologie des Foules Gustave Le Bon Jennifer Malet M2 CMA 2008-2009

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  • SEMINAIRE DE PHILOSOPHIE ET ETHIQUE YVON PESQUEUX

    Psychologie des Foules Gustave Le Bon

    Jennifer Malet

    M2 CMA 2008-2009

  • propos de lauteur Charles Marie Gustave Le Bon (1841-1931) est

    docteur en mdecine mais peu intress par la pratique. Il se consacre la recherche, tout dabord en physiologie, puis en psychologie sociale. Il publie ainsi de nombreux ouvrages dont Psychologie des Foules en 1895, qui fait suite dautres livres sur les peuples, dont Lois Psychologiques de l'volution des Peuples (1894) et qui sera galement suivi par dautres publications portant sur certains points prcis abords dans Psychologie des Foules tels que Les Opinions et les Croyances (1911) ou des tudes portant sur les rvolutions.

    Contemporain de Sigmund Freud, il ne distingue pas lHomme par le Moi, le Sur Moi et le a mais par diffrents niveaux de caractristiques acquises. Les comportements sont ainsi soit ancestraux, hrits du peuple, de la race, soit issus de lducation propose aux individus.

    Source : http://classiques.uqac.ca/classiques/le_bon_gustave/le_bon_gustave_photo/le_bon_gustave_photo.html

  • Rsum Introduction. Lre des foules

    ditions PUF pp. 1-8

    Les grands changements des civilisations ne sont pas les plus violents et les plus visibles. Ils sont en ralit bien plus profonds, subtils et concernent [l]lment le plus stable dune civilisation (p.1), savoir les opinions, les conceptions et les croyances propres des civilisations. La puissance des foules trouve ses racines dans ces changements, absorbant toutes les autres forces, quil sagisse des traditions politiques ou des tendances individuelles. Elle se construit par tapes. Les ides de quelques individus se diffusent dautres, crant en cela une conscience collective, ce qui constitue alors une foule et permet de raliser le concept thorique initial.

    Les civilisations se dveloppent dans les rgles, la discipline et la culture. Les foules, quant elles, ne sont pas enclines raisonner, mais bien plus agir. Elles renversent la socit et sont la recherche non de la paix ou du bonheur, mais de la vrit quelles trouvent dans lavnement dun nouveau dieu : la science.

    Par ailleurs, les foules possdent des traits de caractre. Elles peuvent ainsi tre criminelles , vertueuses ou hroques (p.4). Leur connaissance a permis aux grands chefs qui ont jalonn notre histoire de les utiliser. Cette manipulation est ignore du lgislateur qui ne mesure pas la part impulsive et lincapacit de prvoir des foules. Elles ne recherchent pas la justice mais des notions, telles que la visibilit.

  • Livre premier : Lme des foules ditions PUF pp. 7-42

    Chapitre premier. Caractristiques gnrales des foules. Loi psychologique de leur unit mentale

    ditions PUF pp. 9-16

    La dfinition commune des foules, savoir un rassemblement dindividus, est diffrente de la dfinition donne par la psychologie ; la foule possde en effet un caractre transitoire qui lui est propre. Elle constitue alors un tre nouveau [soumis] la loi de lunit mentale des foules (p.9) sous linfluence dexcitants (p.9).

    La constitution dune foule nimplique pas la prsence en un mme lieu des individus la constituant. Ce sont les caractristiques intrinsques de convergence des ides et dabandon de la volont consciente des individus qui forment la foule.

    Les foules possdent, tels des individus des caractristiques gnrales communes ainsi que des caractristiques qui leur sont propres et les rendent uniques. Ces caractristiques communes sont difficilement isolables et ne seront pas tudies au niveau de leur formation, mais de ce que les foules peuvent devenir.

    Quels que soient les individus qui composent une foule, quelles que soient leurs similitudes ou leurs diffrences, leur regroupement les dote dune me collective (p.11) qui nest pas lagrgation des caractres des individus qui la composent. La psychologie distingue couramment le conscient face merge de liceberg et linconscient face immerge. Les races, au sens dindividus issus dune mme socit, se caractrisent par un inconscient commun refltant les valeurs hrditaires de la socit telles que les instincts (p.12), les passions (p.12) et les sentiments (p.12). Ce mme inconscient est mis en commun lors de la formation dune foule et domine lindividualit. La foule est alors dote dun fort instinct, mais dune faible intelligence.

    Lindividu lui-mme est modifi par son appartenance une foule, un groupe anonyme le dlivrant de sa responsabilit et lui confrant une certaine forme de dsinhibition justifiant que la foule ne soit pas la somme ou la moyenne des caractres des individus la constituant. Par ailleurs, toute ide et tout acte naissant au sein dune foule subissent une contagion mentale (p.13) qui aboutit ce que lindividu sacrifie trs facilement son intrt personnel lintrt collectif (p.13). Cette contagion est rapprocher dun phnomne de suggestibilit des foules sur lindividu se rapprochant dun acte de fascination hypnotisant, dmultiplie par laction rciproque des individus les uns sur les autres. Dresponsabilisation, contagion mentale et suggestibilit justifient labandon de la personnalit consciente des individus et son dclassement dtre dou de raison barbare instinctif et primitif, facilement impressionnable. Si linstinct prime sur lintelligence, les foules peuvent alors tre tout aussi bien criminelles quhroques.

  • Chapitre II. Sentiment et moralit des foules ditions PUF pp. 17-30

    Certaines caractristiques, qui sont par ailleurs des caractristiques primitives, sont observables dans toute foule.

    1. Impulsivit, mobilit et irritabilit des foules

    Les foules se caractrisent par la prdominance de linconscient sur le cerveau. Leurs actes sont donc dconstruits, dans la mesure o ils connaissent de multiples variations sous linfluence dimpulsions. La foule est alors incapable de dominer ses rflexes (p.17) comme le ferait un individu qui lui sacrifie alors son intrt personnel. Elle est par ailleurs extrmement sensible ces stimuli qui lui confrent une forme de volatilit dans les actes et dans les penses, mais galement une incapacit prmditer ses actions, ce qui les rend difficiles gouverner.

    Par ailleurs, les foules ne supportent pas la contrarit en ce sens quelles ne tolrent pas lobstacle la ralisation de leurs dsirs. Elles sont aides en cela par le sentiment de puissance n du nombre et de lanonymat.

    Le degr dimpulsivit et dirritabilit des foules est variable selon lorigine des foules. Les foules latines voient par exemple ces caractristiques plus exacerbes que les foules anglo-saxonnes.

    2. Suggestibilit et crdulit des foules

    Les foules connaissent un tat permanent dattente rceptive tout excitant. Cette attente se traduit par une suggestibilit excessive permettant la convergence rapide d leurs ides et/ou de leurs actes. Elles sont par essence dpourvues dinfluence rationnelle, ce qui les rend victimes de sentiments et de crdulit excessifs.

    Les foules raisonnent par images, qui sont promptes la dformation. Bien quelles soient constitues par une multiplicit dindividus, il napparat quune mme dformation commune tous ces individus. Une illusion initiale, faisant appel des rminiscences plus ou moins vagues (p.22) chez un individu, est cristallise. Elle est vhicule par contagion et suggestion et elle donne naissance des lgendes ou des hallucinations, considres comme relles. La foule a perdu toute rationalit.

    Les enfants et les femmes sont particulirement impressionnables, ce qui explique linexactitude des tmoignages des enfants au tribunal et des tmoignages des foules en gnral, celles-ci tant en effet dpourvues de logique. Les rcits historiques de la vie de grands hommes, tels que les prophtes se basent pourtant souvent sur les tmoignages de foules et ne peuvent tre pris pour vrai. Par ailleurs, les lgendes se transforment selon le temps et selon les races, i.e., selon les valeurs sous-jacentes de la foule qui porte la dformation.

  • 3. Exagration et simplisme des sentiments des foules

    Les sentiments des foules quils soient bons ou mauvais sont extrmes, exagrs. Un dsaccord se transforme en haine, et cela est facilit par un sentiment de non-responsabilit et donc dimpunit. Cest ainsi que les foules sont plus aisment aptes aux pires actions quaux meilleures.

    Par ailleurs, pour impressionner la foule, il est ncessaire duser dexcs. La foule demande aux autres les mmes extrmes que ceux dont elle est capable et seule lexagration la touchera. Elle ne peut porter que sur les sentiments et les actes, mais pas sur lintelligence : lorateur de doit pas raisonner, mais marteler.

    4. Intolrance, autoritarisme et conservatisme des foules

    Incapable de raisonner, la foule accepte ou rejette en bloc. Elle ne supporte pas lavis contraire et ne peut pas prendre part une discussion sur ce quelle croit ou rejette. Le degr dintolrance et dautoritarisme dpend de lorigine raciale de la foule ; il est particulirement dvelopp chez les foules latines.

    La fascination des foules pour lautoritarisme les enclins prfrer le tyran au hros gnreux, considr comme faible. Elles se soumettront ainsi rapidement cette autorit forte, quitte tomber dans la servitude, et qui met en exergue un fort conservatisme des foules. Malgr des ides initialement rvolutionnaires, les foules retournent toujours aux fondamentaux de leur fond hrditaire. On peut alors se rjouir que la puissance des foules nait clat quaprs lavnement de la science et de lindustrie.

    5. Moralit des foules

    Si la foule est incapable de rfrner certains instincts primitifs, tels que la violence, comme le ferait un individu primitif, elle peut montrer en revanche une abngation certaine, ainsi quun sens du sacrifice et de dsintressement, indpendamment du degr de moralit des individus qui la composent. De fait, si les instincts primitifs des foules sont exacerbs, elles peuvent, sous dautres aspects, se montrer des plus vertueuses.

    Chapitre III Ides, raisonnements et imaginations des foules ditions PUF pp. 31-38

    1. Les ides des foules

    Les civilisations disposent toutes dun petit nombre dides fondamentales (p.31), fortement enracines dans leur culture.

  • Les foules connaissent deux types dides : les ides fondamentales et les ides passagres. Les ides, pouvant imprgner les foules ne peuvent tre que simples et schmatises sous forme dimages qui nont pas ncessairement de lien logique. La reprsentation de ces ides sous forme dimages ncessite toujours une simplification. Il nest pas question alors de qualit de lide initiale, mais de qualit de limage produite.

    Seules les ides fondamentales ne sont pas contradictoires ; les autres voluant au gr des images suggres. Elles ne pntreront les foules que lorsquelles se seront transformes en sentiments et prendront alors toute leur puissance. Cependant, cette imprgnation est longue (tout comme la sortie dune ide du cur des foules), ce qui explique que les foules soient toujours en retard par rapport aux scientifiques.

    2. Les raisonnements des foules

    Le raisonnement des foules est bas sur des analogies dides. Ces analogies sont permises par les liens de ressemblance apparente ou de succession existants entre lesdites ides. Les foules sont en revanche incapable dadmettre un raisonnement complexe et logique, ce qui les prive de tout esprit critique (p.35).

    3. Limagination des foules Faute de raisonnement, les foules sont facilement impressionnables et les images auxquelles

    elles sont soumises prennent la force de la ralit. Toute civilisation se construit alors sur le lgendaire qui savre tre plus marquant. Il nest pas ici question de chronologie : limage doit tre nonce brut. Les foules ne diffrencient alors plus le rel de lirrel. Ladhsion de leur imagination fait la force des grands hommes qui ont jalonn lHistoire : il faut limpressionner pour la conqurir. Tout comme lide initiale ntait pas llment pertinent, le fait initial ne lest pas non plus. Cest la reprsentation que la foule sen fera qui lui donnera ou non de la valeur.

    Chapitre IV. Formes religieuses que revtent toutes les convictions des foules

    ditions PUF pp. 39-42

    Toute foule se caractrise par [l]adoration dun tre suppos suprieur, [la] crainte de la puissance quon lui attribue, [la] soumission aveugle ses commandements, [l]impossibilit de discuter ses dogmes, [le] dsir de les rpandre, [la] tendance considrer comme ennemis tous ceux qui refusent de les admettre (p.39). Quelque soit cet tre suppos suprieur auquel se rfre cette vnration, ces proprits sont celles du sentiment religieux en ce que la foule accepte toute soumission ltre suprieur. Cette acceptation aveugle (p.40) donne naissance la fascination et lintolrance. Il sagit l, une fois encore, de sentiments et non de raison.

  • Livre II : Les opinions et les croyances des foules ditions PUF pp. 42-90

    Chapitre premier. Facteurs lointains des croyances et opinions des foules

    ditions PUF pp. 45-58

    Les facteurs lointains sont les facteurs sous-jacents permettant la permabilit ou la non-permabilit des foules certaines ides. Ils prparent lme des foules une prise de position et limitent les rsistances.

    1. La race

    La race est entendue au sens dorigine culturelle de la civilisation. Les ractions des foules ont dj t compares en fonction de leurs origines. La race impacte ainsi sur les croyances ou les institutions.

    2. Les traditions

    Un peuple est un organisme cr par le pass (p.47) ; il est empreint par les ides, les besoins, les sentiments du pass (p.46) Vritable me du pass (p.47), les traditions mnent les peuples et sont relativement stables. Lhomme prouve un rel besoin de crer des traditions en adquation avec ses besoins.

    Malgr une grande stabilit, les traditions ne doivent pas immuables faute de quoi, elles enliseraient le peuple dans son pass, empchant sa propre projection vers le futur. Or, les foules constituent le premier vecteur de la conservation des traditions. Elles ne sattachent pas la personne, symbole de puissance tel que le dieu ou le chef, mais la tradition elle-mme et ses significations.

    3. Le temps

    Le temps est un facteur lointain permettant [laccumulation] [] de croyances et de penses. (p.48), ncessaires lmergence de nouvelles ides. Cest uniquement laccumulation spcifique des croyances qui permet lmergence dune ide donne. Elle est alors issue du pass et contribue modeler lavenir.

  • 4. Les institutions politiques et sociales

    Une ide fausse qui traverse les ges est que lvolution des institutions permet celle des peules. Or, au moment de cette volution visible se trouve celle, impalpable, des ides. De fait, les institutions nont aucune vertu intrinsque ; elles se sont ni bonnes ni mauvaises en elles-mmes. Bonnes un moment donn pour un peuple donn, elles peuvent tre dtestables pour un autre (p.49).

    Issues de la race, les institutions sont stables, seuls leurs noms varient dans le temps, donnant ainsi lillusion dun renouveau. Elles sadaptent en revanche aux besoins du peuple, mais il ne sagit pas l dun changement radical. Il est impossible dagir sur un peuple en manipulant ses institutions.

    5. Linstruction et lducation Linstruction passe pour rendre les hommes gaux entre eux. Or celle-ci nimpacte pas sur leur

    fond hrditaire et sur leurs intrts, voire elle les exacerbe si elle est mal dirige (p.52). Lducation latine consiste gnralement apprendre et rciter, sans rflexion, crant par l mme le mcontentement des individus en leur impulsant lenvie de sortir de leur condition ; le rsultat final carie en fonction du niveau social des individus sur lchelle sociale. En bas, cela cre des proltaires mcontents et en haut, des individus incapables dassumer un autre poste que celui de fonctionnaires publics dont le nombre est limit. La dmocratisation de lducation cre un nombre toujours plus lev de rvolts.

    Taine (1894 in Le Bon, 1895 : 56) montre ainsi comment lhomme doit apprendre de la chose et de son exprience plus que des livres pour dvelopper une ducation utile

    Chapitre II. Facteurs immdiats des opinions ditions PUF pp. 59-68

    Les facteurs immdiats sont lorigine de la persuasion active chez les foules (p.45).

    1. Les images, les mots et les formules

    La suggestion dimages, auxquelles les foules sont rceptives, par des mots et des formules choisies judicieusement est capable tant de soulever que de temprer lardeur des foules. La puissance religieuse de ces mots nest pas associer leur signification, mais aux images qui leur sont associes. Cette association nest pas prenne ni universelle ; elle varie dans le temps et suivant les races. Lvolution du pouvoir suggestif est plus rapide que celle des mots eux-mmes.

  • La haine dun mot, mais non de lide pousse donc les dirigeants changer les mots, sans changer le fond, c'est--dire les principes et les institutions, afin de leur permettre de survivre dans la socit.

    2. Les illusions

    La philosophie sest consacre leffondrement des illusions religieuses qui proposaient pourtant un espoir de bonheur aux peuples. Elle na propos aucune illusion de remplacement et les foules sont aujourdhui contraintes, faute dobjectif, de ttonner dans leur recherche didal. Cet idal na pas tre vrai ou rel, mais crdible. Qui sait illusionner [les foules] est aisment leur matre ; qui tente de les dsillusionner est toujours leur victime (p.64).

    3. Lexprience Raisonnement et dmonstration ne pntrent pas les foules. Une illusion devenue trop

    dangereuse (p.64) peut cependant tre dtruite par lexprience. La foule doit alors renouveler une exprience grande chelle et de nombreuses fois pour modifier voire dtruire lillusion laquelle elle croit.

    4. La raison

    La foule nest pas raisonnable, mais sentimentale. Il convient de faire appel ses sentiments, de les suivre ou de lui faire croire quon les suit pour linfluencer. Ce processus ncessite donc de comprendre les sentiments qui animent les foules et de dchiffrer les mots auxquels elle sera sensible. Cest alors que les foules prendront leur puissance.

    Chapitre III. Les meneurs des foules et leurs moyens de persuasion ditions PUF pp. 69-82

    1. Les meneurs des foules

    Le meneur est essentiel la foule en ce quil la dirige. Il en est souvent issu et il est aveugl par lide dont il est le vecteur. Il se doit dtre un homme daction la limite de la nvrose faute de quoi les doutes qui lassailleraient nuiraient ses facults daction. Lobsession de leur ide se fait aux dpens de tout, mme de leur vie quils peuvent sacrifier pour devenir martyr.

    Leur influence nest souvent quphmre, mais ils dveloppent chez la foule dont ils sont les meneurs une foi qui va dcupler sa force (p.70). Dnue de volont, la foule est attire par celui qui en est dot et choisi souvent un despote comme meneur.

  • Les meneurs sont de deux sortes. Les uns ne survivent pas lextinction de lexcitant. Ils ont besoin dun autre meneur, hirarchiquement plus influent, et dtre stimuls en permanence. Les autres, bien plus rares, ont des actions parfois moins spectaculaires mais plus durables auxquelles rien ne rsiste.

    2. Les moyens daction des meneurs : laffirmation, la rptition, la contagion

    Les meneurs ont besoin de faire pntrer lentement, mais durablement des ides dans lesprit et les intentions de la foule. Pour cela, ils ont recours diffrentes techniques.

    Laffirmation fait cho labsence de raisonnement ; elle doit tre succincte et prcise, mais surtout, elle doit tre constamment rpte, le plus possible, dans les mmes termes (p.73) pour tre perue comme une vidence. Apparat alors un courant dopinion (p.74) qui se propage par contagion au sein de la foule. Elle est souvent assimile de limitation mais elle possde une puissance bien suprieure en ce quelle permet une vritable propagation des opinions et des ides ainsi quune ngation de lintrt personnel.

    3. Le prestige

    Le prestige est un sentiment particulier confrant aux ides un pouvoir que lon peut assimiler de la fascination. Cette fascination paralyse toutes nos facults critiques et remplit notre me dtonnement et de respect (p.76). Il est ncessaire la domination du meneur ou de la doctrine sur la foule et permet sa contagion immdiate.

    Le prestige peut tre acquis ou personnel. Sil est acquis, il est constitu par un titre ou une position telle quelle veille chez les autres un prestige quasi artificiel en ce quil nat de la rptition. Le prestige personnel est inn. Il est issu des caractristiques propres de la personne ou de la chose qui exerce alors un pouvoir magntique (p.78) sur les autres.

    Le prestige peut tre de diffrentes sortes (militaire, religieux, ascendance personnelle). Sil possde une force surprenante, il disparat toujours en cas dinsuccs (p.82) une vitesse proportionnelle la puissance quil possdait.

    Chapitre IV. Limites de variabilit des croyances et opinions des foules

    ditions PUF pp. 83-90

    1. Les croyances fixes

    Les croyances permanentes sont peu nombreuses et traversent les ges, formant en cela lossature dune civilisation. Elles sont la fois difficiles diffuser et difficile dtruire au sein dune

  • civilisation, ce qui ne se fait dailleurs que par des rvolutions violentes qui permettent de finir de rejeter une croyance dj abandonne. Labandon dune croyance fixe ne se fait quen change de ladoption dune autre croyance. Les peuples ne peuvent pas vivre sans elles faute de quoi ils sombrent dans la dcadence.

    2. Les opinions mobiles des foules

    Les opinions mobiles sont, comme leur nom lindique, momentanes, superficielles et constitues gnralement par de simples thories. Leur dure de vie ne dpasse pas une gnration et elles peuvent tre bien plus courtes que cela, se succdant les unes aux autres parce quelles ne rattachent pas spcifiquement une croyance gnrale.

    la fin du XIXe sicle, les opinions mobiles taient trs nombreuses parce quelles ctoyaient une priode o les croyances permanentes de la civilisation perdaient en puissance sur lorientation des opinions et o elles perdaient en force dopposition. Par ailleurs, le dveloppement de la presse acclre la diffusion dopinions contradictoires modifiant ainsi lquilibre entre la politique ou la presse et la foule : cest dsormais la foule qui domine et oriente la fois la politique et la presse et non linverse.

    Linstabilit et le manque de conduite de ces opinions ont modifi le comportement des foules et des individus, provoquant leur indiffrence ds lors que leurs intrts personnels ne sont pas concerns. Le terrain libre laiss au prestige que pourrait potentiellement acqurir une opinion est alors effrayant en ce quelle acqurait une inexorable force tyrannique.

  • Livre III : Classification et description des diverses catgories de foules ditions PUF pp. 91-125

    Chapitre premier. Classification des foules ditions PUF pp. 93-96

    La runion dindividus sous la volont dun meneur constitue une foule. Au-del de cette gnralit, elles peuvent tre classes suivant divers critres qui sont toujours [contenus] par [ceux] de la race (p.93).

    1. Foules htrognes

    Les foules htrognes, quelles soient anonymes (comme les foules de rue) ou non (comme les jurys ou les assembles) sont formes par des individus divers, ne prsentant pas de caractristiques communes si ce nest celles de la race fondant les bases mentales hrditaires de la foule. Lme de la race domine donc entirement lme de la foule (p.94) et en limite dautant plus les variations que la race a un fond hrditaire fort.

    2. Foules homognes

    Les foules homognes regroupent les sectes, les classes et les castes qui correspondent des niveaux hirarchiques dorganisation des foules.

    La secte ne regroupe les individus que par leurs croyances quand la classe les runit par leurs intrts, leurs habitudes de vie ou leur ducation. La caste reprsente le niveau le plus en termes dorganisation rassemblant des individus par leur profession, ce qui se rapproche galement de lducation et du milieu communs.

    Chapitre II. Les foules dites criminelles ditions PUF pp. 97-100

    Le terme criminel est erron en ce que les foules, perdant leur libre arbitre, obissent la suggestion gnrale accompagne dune exagration des sentiments mais quelles ne rpondent pas une pulsion personnelle violente. Le raisonnement que lon retrouve la source de leur acte meurtrier est toujours rudimentaire.

  • Chapitre III. Les jurs de cour dassises ditions PUF pp. 101-106

    Mme si certains se sont tonns (par manque de connaissance des foules) que la composition des jurs dassise (professions dites claires ou composition alatoire) ne changent pas le type des dcisions prises par les jurs dassises, il faut se rappeler la faible capacit de raisonnement de la foule. En amont des jurs se trouve en revanche la procdure de plusieurs magistrats qui, prsentant un accus et exposant ses actes participent fortement la dcision prise ; ils doivent seuls tre tenus pour responsables des erreurs ventuelles de jugement.

    Les jurs dassises possdent en revanche la caractristique commune dtre impressionnable. Il sont ainsi instinctivement capables de distinguer les crimes dangereux pour la socit de ceux qui ne le sont pas comme les crimes passionnels et se montreront plus indulgents pour la seconde catgorie. Ils temprent ainsi la loi. Ils sont galement sensibles au prestige, notamment au prestige acquis. Lune des grandes qualits dun avocat ou dun orateur en gnral est donc de dceler les meneurs de la foule et de surveiller leur sensibilit lvocation de certaines images afin de sassurer ensuite de la contagion de ses ides au travers de la foule. Il ne faut donc pas convaincre tout le monde, mais juste un petit nombre choisi et savoir adapter son discours pour sassurer ladhsion des meneurs.

    Chapitre IV. Les foules lectorales ditions PUF pp. 107-112

    Pour sduire une foule aussi htrogne que les foules lectorales, le candidat doit ncessairement possder un prestige certain et il convient de diminuer le candidat adverse. Il faut par ailleurs flatter llectorat, mme si les propos tenus nont pas de ralit en tant que telle. Il faut pour cela affirmer et rpter un programme qui ne doit pas tre trop prcis pour ne pas risquer lattaque et user de formules adaptes pour stimuler des images chez llectorat.

    Le suffrage universel est donc dfaillant en ce quil fait appel au caractre impressionnable des foules et non aux capacits de raisonnement des individus qui les composent. Cependant, slectionner un petit nombre de personnes claires pour prendre une dcision ne changerait a priori pas le rsultat puisquelles formeraient, elles aussi, une foule, mais qui serait dautant plus dangereuse quelle constituerait une caste dominante plutt quune foule htrogne. Au final, le rsultat des votes est reprsentatif de lme moyenne de [la] race [de chaque nation] (p.112) et est donc relativement constant pour une mme race.

    Chapitre V. Les assembles parlementaires ditions PUF pp. 113-125

  • Les assembles parlementaires reprsentent souvent un idal en ce quelles sont associes par les peuples des dcisions meilleures, alors mme quelles ne constituent quune foule dont les caractristiques ne varieront que du fait de la race. Les diffrents partis utilisent ainsi toujours des principes simples pour rsoudre tout type de problmes, exagrant ainsi leurs effets.

    Pour tout ce qui concerne lintrt local, la suggestion amont des lus est puissante et ils ont des ides inbranlables tant la suggestibilit antrieure est puissante. En revanche, pour les questions dintrt gnral, les foules parlementaires restent suggestibles, mais elles sont confrontes aux possibles contradictions de la suggestibilit amont et de linfluence des meneurs actuels, au prestige personnel et suivant lopinion, ce qui les rend hsitantes.

    Stimules suffisamment, les foules parlementaires prsentent les mmes caractristiques que les foules htrognes classiques et deviennent donc la fois extrmes et obissantes.

    Comment peut-on dans ces conditions adoptes des lois complexes ? Les textes sont gnralement prpars par un individu puis soumis aux lus. La foule parlementaire ne participe pas llaboration du texte en lui-mme, mais se contente de ladopter ou non. Les lois issues dune succession damendements collectifs constituent dailleurs les pires textes lgislatifs dont puisse se doter une nation en ce quils sont luvre mme de la foule.

    Si elles constituent le seul moyen actuel de ne pas tomber sous le joug dun tyran, les foules parlementaires prsentent galement des dangers. En effet, elles noseront pas sopposer des propositions qui seraient dmocratiques en apparence ou qui rpondraient lintrt local, et ce quelles quen puissent tre les consquences. Par ailleurs, les foules ayant un raisonnement limit, les parlementaires ont des difficults valuer les consquences de leurs votes ; La multiplication de lois votes gnre souvent in fine une restriction des liberts des individus.

  • Commentaires A propos des exemples choisis

    Les nombreux exemples de Psychologies des Foules proviennent de la Rvolution Franaise. On peut alors regretter que Le Bon nen ait pas t contemporain, dautant plus quil dfend limportance de la contextualisation des mots et des formules, intimement associe au fond hrditaire de la race mais qui sadapte au cours du temps. Or, on peut supposer que la Rvolution Franaise constitue une priode de dcadence suffisamment marquante pour notre peuple quelle ait modifi certains de ces repres sociaux.

    Cependant, leur dimension historique et leur richesse sur une priode aussi courte donne une validit certaine aux dmonstrations quelles illustrent. Mais surtout, Le Bon se protge ainsi de toute attaque concernant une ventuelle perte dobjectivit de ses arguments du fait de la contagion dont il pourrait tre victime en prenant des exemples quil aurait pu vivre de lui-mme.

    Un faux problme de smantique Au-del des caractristiques gnrales ou particulires des foules, Le Bon distingue les races. Si

    certains pourraient tre amens considrer son ouvrage comme raciste du fait de lemploi de ce terme (commentaires du distributeur Amazon sur louvrage), il faut rappeler quil ne portait pas la mme connotation ngative il y a plus de 100 ans que celle dont il peut tre dot aujourdhui. tudiant les caractristiques des peuples, Hofstede (1980 et 2001) lui prfrera le terme de culture pour tudier les peuples. Un sicle avant sa fameuse tude, Le Bon ne restreint pas ses propos des limites de frontires mais bien des caractristiques gnrales et communes permettant de regrouper les individus en peuples.

    Lactualit de louvrage La description des foules de Le Bon reste dactualit et permet de comprendre certains

    comportements tels quils peuvent tre observs de nos jours, notamment concernant les votes des parlementaires ou sur les motivations des foules qui font grve le font bien plus pour obir un mot dordre que pour obtenir une augmentation de salaire (p.30). Lactualit rcente illustre parfaitement ces propos. En Outre-Mer, les grvistes bien quayant obtenu gain de cause, ont ainsi continu leur grve, trouvant toujours dautres revendications exposer. On peut galement supposer que la multiplication des moyens de communication et que lacclration de la vitesse de diffusion de linformation exacerbe la mobilit des foules dj observes par Le Bon alors mme que la presse prenait son essor. Lopinion domine alors encore plus nos dirigeants quelle na pu le faire au moment de la publication de Psychologie des Foules.

  • Le Bon critique ouvertement lducation latine qui ne fait pas suffisamment appel au raisonnement des individus mais se contente de la rptition. Il oppose ainsi lducation latine de lducation anglo-saxonne. On pourrait alors prtendre avoir appris de nos erreurs en multipliant la slection langlo-saxonne avec les questionnaires choix multiples. Cependant, leur application, tout au moins en France, ne fait gnralement que peu appel la rflexion et il est craindre lexacerbation des critres primitifs des foules dirigeantes constitues par des individus slectionns sur ces critres.

  • Bibliographie

    Commentaires du distributeur Amazon sur louvrage : http://www.amazon.fr/Psychologie-foules-Gustave-Bon/dp/2725601789/ref=sr_1_6?ie=UTF8&s=books&qid=1237961757&sr=1-6

    Hofstede G., 2001, Cultures Consequences, Sage Publications, 2nd Edition, (1980)

    Taine H., 1886, Les Orgines de la France Contemporaine Tome V : Le Rgime Moderne, http://classiques.uqac.ca/classiques/taine_hippolyte/origine_France_t5/origine_France_t5.html

    Vie de lauteur : http://www.denistouret.fr/ideologues/Le_Bon.html

  • Table des matires propos de lauteur ...........................................................................................................2

    Rsum ..................................................................................................................................3

    Introduction. Lre des foules ..................................................................................................3

    Livre premier : Lme des foules .................................................................................................4

    Chapitre premier. Caractristiques gnrales des foules. Loi psychologique de leur unit mentale........................................................................................................................4

    Chapitre II. Sentiment et moralit des foules..................................................................5

    Chapitre III Ides, raisonnements et imaginations des foules............................................6

    Chapitre IV. Formes religieuses que revtent toutes les convictions des foules ..................7

    Livre II : Les opinions et les croyances des foules ..........................................................................8

    Chapitre premier. Facteurs lointains des croyances et opinions des foules.........................8

    Chapitre II. Facteurs immdiats des opinions..................................................................9

    Chapitre III. Les meneurs des foules et leurs moyens de persuasion................................10

    Chapitre IV. Limites de variabilit des croyances et opinions des foules...........................11

    Livre III : Classification et description des diverses catgories de foules.........................................13

    Chapitre premier. Classification des foules...................................................................13

    Chapitre II. Les foules dites criminelles ........................................................................13

    Chapitre III. Les jurs de cour dassises ........................................................................14

    Chapitre IV. Les foules lectorales...............................................................................14

    Chapitre V. Les assembles parlementaires..................................................................14

    Commentaires .....................................................................................................................16

    A propos des exemples choisis .................................................................................................16

    Un faux problme de smantique.............................................................................................16

    Lactualit de louvrage............................................................................................................16

  • Bibliographie........................................................................................................................18