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GÉR JANIC

GÉR JANIC - gerardjanichon- · PDF fileAprès une longue es - cale à Cape Town, les deux jeunes-67 I ... serpentin filant vers l’avant. «Beaucoup ... Voilure : GV, 16 m2; génois

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GÉRJANIC

Anniversaire

Le monde vu de ma fenêtre… En voilier ou à terre, Gérard Janichon atoujours été un observateursensible du monde et des hommes. Ci-dessus,Damien le jour du départ,en mai 1969. Quelques instants plus tôt, Damien,rendu mou par son génoistrop grand, heurtait la tourSaint-Nicolas dans un virement… prélude à untour du monde exceptionnel.

Texte Eric Vibart. Photos collection G. Janichon.

gens font voile en océan Indien versles grandes solitudes des îles Crozet,Kerguelen, puis gagnent le Pacifiquepar Hobart, Nouméa, Tahiti avantune grande plon gée vers le Sud quis’achève sous le cercle polaire, l’An-tarctique, enfin ! A La Rochelle, enseptembre 1973, hom mes et bateaurentrent «plein d’usa ge et raison», Gé -rard et Jérôme dé barquant d’une au -tre planète, plus humains, accomplisdans leurs destinées.

DES DÉTAILS DE CE VOYAGE NOUS NEPARLERONS PAS. Ce n’est que justicepour Gérard Janichon dont la vie nes’est pas arrêtée en franchissant sousles acclamations les tours de La Ro -chelle et qui, à ce jour, a donné da -vantage d’heures de veille à l’écriture,la lecture, la vie de couple et l’éduca-tion d’une enfant au nom lumineuxdevenue brillante étudiante, que surles bateaux où on l’imagine encorevolontiers. La mer omniprésente estpourtant là, qui vient lécher les piedsde l’écrivain jusque sous son bureau.Qu’il suffise de dire que «Damienautour du monde» est l’un des livresqu’il faut absolument lire avec «Seul

Le héros de cette histoire, c’estDamien. Ne dites jamais «le»Damien car ce bateau en boismoulé de 10,10 mètres, person-

nage véritable, joua sa partie au-delàde toute espérance. A la rigueur, dites«les Damien» pour désigner les deuxjeunes gens qui le menèrent au boutd’eux-mêmes, de l’extrême Nord à l’ex-trême Sud. Sur 55 000 milles, Damien,Jérôme et Gérard ont ouvert des voiesinaccoutumées. Jugez plutôt : quittantLa Rochelle, les deux équipiers rallientle Spitzberg avant de rejoindre l’Islan -de, Saint-Pierre-et-Miquelon et la côteEst américaine. Les Antilles abordées,le temps pour Jérôme de se faire enle-ver un rein, laissent place à la Guyanepuis à une remontée de l’Amazone,ren contre bouleversante. Viennentensuite le Brésil, la Terre de Feu et unpremier franchissement du cap Hornd’Est en Ouest bientôt payé au prixfort. A l’approche de la Géorgie duSud, Damien retourné, démâté et surle point de couler, revient miraculeu-sement à l’endroit. Une étoile en ormassif brille au-dessus du voilier etde ses marins. Après une longue es -cale à Cape Town, les deux jeunes

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Il y a quarante ans, GérardJanichon, Jérôme Poncet et leur bateau Damienrevenaient à La Rochelle au terme d’un périple decinq ans. Tout était atypiquedans ce tour du monde : levoilier, les escales, les âgesdes capitaines. Rencontreavec Gérard Janichon,navigateur et auteur derécits devenus classiques.

ARD HON

ON A MARCHÉ SUR LA LUNE !

RETROUVEZ

AU GRANDPAVOIS !

DAMIEN

L. C

HARP

ENTI

ER

68 -

pour plusieurs semaines de pêche authon. Résolus, les deux amis travaillentdans n’importe quoi, font entrer del’argent par tous les moyens pour faireconstruire, non un bateau, mais unepetite coque dont les plans sont décou-verts pour 2 500 francs (1967) chezl’Anglais Robert Tucker, seul architecteà avoir daigné répondre à leur deman -

autour du monde» de Slocum ou «LaLongue Route» de Moitessier pourl’ampleur d’intention, le poids d’hu-manité qui marquent les vertus deleurs propos. Le voyage de Damien re -présente dix ans de la vie de Jérôme etGérard : cinq ans de préparation puiscinq ans de voyage entre 17 et 27 ans.

«Le meilleur, c’est à 15 ans ou 17 ansqu’on l’a en soi : c’est Rimbaud, le génie,l’ins pi ra tion ! s’exclame Gérard Jani-chon. Après on réalise… ou pas. Jérômeet moi savions d’emblée que nous parti-rions coûte que coûte.»

GÉRARD, JÉRÔME, DEUX COPAINS DECLASSE. Gérard pensionnaire, orphe-lin d’un père officier d’aviation ; Jérô -me, externe, fils d’un Français libreen gagé dans la RAF, l’un et l’autreenfants de troupes par la grâce de laRépublique. Un établissement d’édu-cation militaire tenant en ces annéescinquante-soixante du mo nas tère etde la maison de force. De quoi pro-duire des baroudeurs cinglés, desrévoltés ou des poètes. Jé rô me devintrévolté. Gérard poète.

«J’ai le sentiment d’avoir purgé une pei -ne de huit ans entre 10 et 17 ans, confieGérard. Dans les moments difficiles, cettepériode me revient en mémoire pour merappeler que, quoi qu’il m’arrive, j’ai lachance de me trouver de l’autre côté dumur. On était enfermés, pris en charge,cou pés du monde. D’un autre côté, cet en -

Cap vers le Spitzberg. Premier but de ce voyage

initiatique, le Spitzberg se dressait au Nord comme

un sommet à atteindre.

Au cœur de la selva. Mouillage dans un des

multiples bras de l’Amazone,sur la route de Manaus, bloqués par les arbres.«Araignées et insectes

tombaient directement dans la grand-voile et le cockpit…»

Une indéfectible complicité.Jérôme (pied de mât) et Gérard

(cockpit) en manœuvre.Pour commander l’appareilphoto scotché sur le balcon

avant, Jérôme presse sous le pied la poire d’un

déclencheur pneumatiquedont on aperçoit le

serpentin filant vers l’avant.

«Beaucoup des navigateurs qui nous ont suivissont partis en claquant les portes.Nous, nous partionspour en ouvrir !»

de. Ce qui laisse encore plus éberlué,c’est l’absolue sûreté de choix de cesdeux jeunes dont l’un n’a jamais navi-gué : coque en bois moulé dotée d’un plisupplémentaire pour atteindre 20 mil -limètres d’épaisseur, varan gues addi-tionnelles pour renforcer la coquedans les zones glaciaires, régulateurd’allure caréné à l’intérieur du safran…

«On était naïf et extrêmement ma tu re,ce qui n’est pas antinomique, fait ob -server Gérard d’une voix toujourségale. Pour ma part, je revendique lanaï veté car si on ne l’est pas un peu on serend incapable d’émerveillement ! Notrechance a été, à la fin des années soixan -te, de partir pour un monde encore in -con nu pour les jeunes que nous étions, cequi donnait d’emblée à notre voyage unedimension initiatique. Notre luciditénous a aussi incités à nous donner lesmoyens d’appareiller avant d’être blaséssur quoi que ce soit !»

SUPRÊME SAGESSE, LES JEUNES GENSprévoient dès avant leur départ leurdate de retour, à l’inverse de la mytho-logie complaisante des évasions desannées soixante. «On nous a souvent as -similés à la génération de 68 ce qui esttotalement faux : on a découvert 68 aprèscoup ! Notre parcours était extrêmementstructuré. Beaucoup des navigateurs qui

fermement a peut-être préservé ma capa-cité d’émerveillement…»

La rigueur du plan d’évasion desdeux complices de 17 ans reste confon-dante. Gérard passe son bac, s’aventuresans lendemain dans les études supé-rieures. Quand vient son tour, Jérômetourne bride et, à l’île d’Yeu, au matinmême de l’épreuve de philo, embarque

nous ont suivis sont partis en claquant lesportes. Nous, nous partions pour en ou -vrir ! On était jeunes, costauds, on s’en-tendait bien, on s’est dit qu’on allaitréali ser des choses peu communes : la re -mon tée vers les glaces, l’Amazone, le capHorn… On avait besoin de carottes, depoints difficiles. Originaires de Grenoble,nous voulions nous aussi devenir conqué-rants de l’inutile, Damien devait nousem mener sur les cimes ! L’itinéraire a étéassez vite décidé par rapport aux grandspoints du globe. Ensuite le respect des sai-sons nous a guidés.»

RÉPÉTONS-LE : IL FAUT SE PLONGERDANS LA LECTURE DE «DAMIEN» pources élans partagés, la complicité évi-dente de deux hommes qui n’ont pasà s’épater mutuellement et man-quent mourir d’une mort gémellaire,prisonniers du ventre de leur bateaus’en fonçant sous les eaux. Il faut lireces 600 pages parfaites d’équilibre etde fi nes se dans un récit très adjectivéoù do mi ne une volonté d’élucida-tion profonde d’un voyage qui bou-leverse la vie elle-même. Rien d’éton-nant à ce que ce récit ait suscité desvo cations, ou que dans les annéessoixan te-dix des dizaines de nouveau-nés se soient retrouvés baptisésDamien par référence au bateau et à

AnniversaireGérard JanichonOn a marché sur la lune !

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l’accomplissement humaniste de sonvoyage.

«J’ai une phrase fétiche, poursuitGérard : “l’important n’est pas ce que tufais, mais la façon dont tu le fais”. AvecJérôme, quand on a défini notre projet,le premier mot qui nous soit venu était“authenticité” : ne jamais tricher. AvecDamien, on avait conscience que cequ’on faisait n’était pas nécessairementfacile et qu’il était inutile d’en rajouter.Au retour, lorsqu’on s’est mis à nous par-ler d’exploits, cela nous a mis très mal à

l’aise. Pour nous, notre voyage avait unedimension personnelle, initiatique, unpoint c’est tout. Quand je vois Arm -strong, Aldrin, ces hommes des missionsApollo, à une époque où nous avionsnous-mêmes un peu marché sur la lune,j’observe que ces types-là n’ont jamais eula grosse tête !»

Périple et récit classiques, Damienest l’arbre qui cache la forêt. Sa gesteparticulière fait oublier que Jérômen’abandonna jamais les hautes lati-tudes et devint spécialiste des régions

Après l’Amazone. Ici enroute pour Rio, dans les

heures calmes, les partiesd’échecs étaient prétextes

«à discuter tout en rêvant».

Caractéristiques Architecte : Robert Tucker.Constructeur : NauticSaintonge pour la coque (1968).Long. HT. : 10,10 m. Long.flot. : 7,95 m. Larg. 3,08 m.TE. : 1,35 m. Poids : 5 t (lest1,6 t). Voilure : GV, 16 m2 ;génois de 26 et 28 m2 ;trinquette, 12 m2 ;tourmentin, 2,28 m2.Moteur : BD2 Couach 15 chessence.

F. CHEVALIER

polaires, qu’il s’est établi aux Ma loui -nes et, chaque saison, emmène tou-jours à la voile ou au moteur desscientifiques en Antarctique. Jérômeest un esprit du Grand Sud, taillépour la lutte et les tours de force dansun univers à sa mesure. Son éloigne-ment, ses engagements l’ont mis àl’abri des regards et des importunsarmés de caméras et de questions fu -ti les. Gérard, quant à lui, poursuivitune destinée où la terre, la mer et leciel se disputèrent longtemps le rôleprimordial. Il rédigea d’autres livresdont le très humain «Voyage sansesca le», texte bref évoquant le fond detout périple maritime : les sépara-tions, les rencontres, la ductilité dutemps, la part d’inconnu qui effraiemais épure les questions et réformel’être. Autre ouvrage à inscrire en têtede sa liste de lecture !

Successeur de Damien, Damien III,grand dériveur intégral de 14,14 mè -tres se révéla insatisfaisant pour Gé -

rard qui se retrouva seul à bord d’unbateau dont la construction l’avaitfait douter et qui n’a jamais corres-pondu à ses désirs. Il retrouva plus deplaisirs avec Damien IV, plus petit,mais peut-être jamais le même épa-nouissement total qu’avec le premierbateau de jeunesse, Damien le seul,l’unique, celui des pêches miraculeu -ses et de toutes les premières fois,part essentielle d’une aventure longuecomme la vie elle-même.

ETABLI À TERRE, GÉRARD DEVINT HÉLI-CICULTEUR DANS LE LOT, releveur deruines, directeur d’une station de ra -dio, pilote d’avions et, de 1986 à1993, fondateur d’une école de pilo -tes professionnels. «Avec Yann Nedel-lec, qui s’est tué en Guyane quelquesmois plus tard, on a convoyé aux Etats-Unis un petit monomoteur par l’Islande,le Groenland et le Canada. C’était uneroute que j’avais faite en bateau, Yannétait un ma rin et on se comprenait bien.Chargés d’essence à mort, on pilotaitengoncés dans des combinaisons de sur-

«Avec Jérôme,quand on a défininotre projet, le premier mot qui nous soit venu était “authenticité” : ne jamais tricher.»

Sous le cercle polaire. Mouillé à l’île Adélaïde après 4 500 milles sans escale

depuis Tahiti, le but ultime est atteint.Surpris par les glaces et le mauvaistemps, Damien devra vite déguerpir

de ce premier mouillage.

AnniversaireGérard JanichonOn a marché sur la lune !

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vie… Un grand moment aéronautique.»Dans le même temps, Gérard conti-

nue à écrire, publie un bel album surCharcot, écrit des articles (parfoispour Voiles et Voiliers !) retourne unesaison en Antarctique avec Jérômepour mener des reporters du NationalGeographic sur la banquise. A la de -

sans nous exiler. Les rivages de la mortet l’immensité de l’océan m’ont faitcôtoyer l’intimité de l’infini. L’infinim’offre la paix.»

LE MONDE DE LA VOILE N’A PAS TOU-JOURS COMPRIS la discrète et sensiblepersonnalité de Gérard Janichon quia préféré entrer en lui-même, ne pass’expliquer sur ses motivations, sessilences, plutôt que se laisser collersur le dos l’étiquette de gourou de lagrande croisière. Gérard : sage inquietaux regards clairs, prompt aux ques-tions fondamentales par disciplinephilosophique.

«J’ai été terriblement gâté, conclut-il.A dix-sept ans, je voulais une vie forte,authentique, non linéaire. J’ai l’impres-sion d’avoir eu de la chance, même s’ilm’est arrivé de devoir effectuer des choixpar obligation. Enfant je rêvais d’écriredes livres, j’ai écrit des livres ; je rêvais defaire de l’avion, j’ai piloté ; je rêvais devoyager, j’ai voyagé ; je rêvais d’avoir desenfants, j’ai eu des enfants ; j’ai rêvé deplanter des arbres, j’ai planté des arbres…La grosse surprise par rapport à tous mesrêves est que jamais je n’aurais imaginéaller sur la mer. Jamais il ne me seraitvenu à l’esprit que je pourrais à ce pointaccomplir une partie de moi-même ennaviguant sur un bateau !» E.V. ●

Nouvelle vie, nouvelles aventuresVendu après le retour de Gérardet Jérôme, Damien ne connutjamais par la suite de destinée à la hauteurde son histoire. Abandonné sous un hangarà Gravelines, puis récupéré il y a dix anspour un projet de restauration qui tourna court, le bateau, désormais confié à l’Association des Amis du Musée maritime de La Rochelle, va enfin renaître.Remarquablement bien construite par le chantier Nautic Saintonge, la coque a passablement souffert, mais plan de pont et emménagements sont restés inchangésà quelques détails près. Un programme de trois ans est mis en placeafin que Damien, petit bateau de haute merde déplacement léger, retrouve sonélément et accueille visiteurs et stagiaires.Classé monument historique, il est essentielde sauver ce voilier pour que vive l’espritDamien ! Le bateau, lié à La Rochelle et quimarqua par son retour la toute premièreédition du Grand Pavois, sera annuellementexposé dans le cadre de ce salon au fil destravaux. De tout cœur avec cette entreprise,bien qu’un peu étonné que ni Jérôme ni Gérard n’y soient parties prenantes,Voiles et Voiliers s’en fera régulièrementl’écho. Gérard Janichon signera «Damien» et ses autres livres sur plusieurs stands de librairies du Grand Pavois.

Contact : Comité Damien, à l’attentiond’Alain Barrès ou de Michel Dérand, [email protected]

BibliographieGérard Janichon a rédigéplusieurs albums, de nombreuxouvrages techniques et unequinzaine de livres parmilesquels : «Damien autour dumonde», Editions Transboréal ;«Voyage sans escale», Glénat ;«Charcot, le gentleman des pôles» (avec BenoîtHeimermann), Editions Ouest-France ; «L’île Bleue», L.N.Editions ; «L’aventure polairefrançaise» (avec Christian deMarliave), Arthaud ; «Tempêtessur un baleinier», GallimardJeunesse ; «Atalaya»,Transboréal ; «La Malédictionde la Rainha Filipa», Arthaud.

Nouvelles aventures.Chez Méta, à Tarare, auprintemps 76, devant legrand Damien de l’architecteMichel Joubert (à gauche),Sally et Jérôme, Jaquie et Gérard préparent leurs nouveaux départs.

Compagnon de voyage.Damien IV, 11 mètres delong, dessiné par Jean-

François André, partenairedu chantier ACCNO avec

Claude Fontaine, a été, plusque Damien III, le parfait

prolongement de Damien.

Pilote et formateur. Gérard en stage hydravionen Corse. Mais c’est à bord

d’un monomoteur SocataTB 20 bourré d’essence

qu’il traversa l’Atlantiqueavec Yann Nedellec.

mande du célèbre magazine améri-cain, il réalise plusieurs reportages,dont l’un au Rwanda qui vire au tra-gique. Capturé avec une petite équipepar des rebelles Tutsi venus de lafrontière du Burundi, puis relâchésans violence, il court le plus granddanger aux mains de l’armée régu-lière Hutu, hors de contrôle et sou-cieuse de ne pas laisser de témoins.Trop discret pour reconnaître qu’il acertainement sauvé l’équipe par sonobstination à se tirer d’affaire par lui-même, Gérard préfère les souvenirsde son monde intérieur : «Pendant cesjournées où j’ai vraiment cru y passer,beaucoup d’images de mers australes etd’Amazonie me venaient à l’esprit…»

LA MORALE DE L’HISTOIRE RESSEMBLEÀ CES CONTES DE FÉES qui fascinent etterrifient délicieusement les enfants :Gérard rencontra la femme qui par-tage sa vie sur une plage, le jour mê -me où il s’y séparait de son ultimeba teau, argument magnifique pourun théâtre d’ombres ou de marion-nettes. Nul regret : les trois voiliers deGérard ont marqué de manière irré-versible les grandes inflexions d’undestin prolongé dans l’espace, letemps et l’écriture. Il y eut des livresde commande plus ou moins heu-reux, des traductions d’ouvrages ma -ri times, «Atalaya», récit initiatiqueplongeant ses racines dans l’expé-rience du «délire amazonien», et toutrécemment un roman, le tout pre-mier, «La Malédiction de la RainhaFilipa», où les mystères des êtres s’en-tremêlent et où le présent convoqueles images d’un passé historique. Ony relèvera ces phrases, parmi les der-nières du texte : «Nous devons vivre

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DAMIEN