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93 Ann. Endocrinol., 2006 ; 67, 1 : 93-94 © Masson, Paris, 2006 SEPTIÈMES RENCONTRES NATIONALES DES INTERNES EN ENDOCRINOLOGIE GREFFE D’ÎLOTS Olivia Miquel Service d’Endocrinologie, CHU d’Amiens. D’après les communications orales de la session « Greffes d’îlots », animée par F. Pattou et G. Reach — Congrès annuel de l’ALFEDIAM « Diabète-Lyon 2005 », 22-26 mars 2005. INSULINO-INDÉPENDANCE APRÈS TRANSPLANTATION D’ÎLOTS-APRÈS-REIN AVEC UN PROTOCOLE IMMUNOSUPPRESSEUR SANS STÉROÏDES C. Toso et al. (Genève, Suisse) [O32] Cette communication du GRAGIL nous relate les résul- tats d’une étude dont l’objectif était d’évaluer l’effica- cité d’un traitement immunosuppresseur sans stéroïdes après greffe d’îlots chez des patients ayant préalable- ment déjà bénéficié d’une greffe de reins (greffes d’îlots-après-rein, IAR). Les critères d’inclusion Patients présentant un diabète de type 1, greffé rénal avec une fonction rénale correcte estimée par une clai- rance de la créatinine supérieure à 50 ml/min et une protéinurie des 24 heures inférieure à 0,5 g/24 heures. Les critères d’exclusion Indice de masse corporelle (IMC) > 26 kg/m 2 ; besoins en insuline > 0,7 UI/kg/jour ; poids > 75 kg pour les hommes et > 70 kg pour les femmes. Protocole Quatorze infusions d’îlots ont été réalisées chez huit pa- tients, il existe un délai de 0,5 à 7 mois entre les infu- sions et au maximum deux infusions par patients. Les infusions étaient réalisées dans un délai de 1,5 à 23 ans après la greffe rénale et représentaient environ 11 000 îlots équivalents/kg de masse corporelle/patient. L’immunosuppression associe sirolimus, tacrolimus et doclizumab dès le premier jour de greffe, le sevrage en stéroïdes est réalisé avant la greffe, une prophylaxie par Bactrim ® et valganciclovir est instaurée dès la transplan- tation. Résultats Les résultats portent sur les sept premiers patients, le huitième étant une greffe récente. Les patients acquièrent tous l’insulino-indépendance ; un patient pendant 3 mois, et un deuxième pendant 10 mois, qui nécessiteront de nouveau de l’insuline avec des besoins nettement diminués. Les autres sont tou- jours insulino-indépendants. Sur le plan métabolique, on observe une positivité du C-peptide après greffe. Le taux d’HbA 1c s’améliore après transplantation, puis se stabilise dans les normes. Cette stabilité s’observe toujours 2 ans après greffe. Le test à l’arginine est un bon reflet de la quantité de cellules bêta fonctionnelles. Il montre une quantité de cel- lules bêta fonctionnelles, croissante au cours du temps. De nombreuses complications sont observées : pneu- mopathie interstitielle sous sirolimus, hémorragies, infec- tions, un rejet rénal (perte du greffon rénal après arrêt de l’immunosupresssion), dyslipidémie nécessitant un traite- ment, ulcères buccaux, troubles hématologiques… Conclusion Bonne fonction des îlots suite à la transplantation rénale avec ce protocole d’immunosuppression, mais existence de nombreux effets secondaires incitant à toujours bien réfléchir à l’indication de la greffe et au respect des cri- tères d’inclusion stricts, notamment néphrologiques. LA DÉTECTION DE CELLULES BÊTA CIRCULANTES DANS LE SANG PÉRIPHÉRIQUE APRÈS TRANSPLANTATION D’ÎLOTS EST UN INDICATEUR DE DÉTÉRIORATION DU CONTRÔLE MÉTABOLIQUE T. Berney et al. (Genève, Suisse ; Grenoble) [O33] Dans le cadre des greffes d’îlots, le protocole d’Edmonton retrouve un taux d’obtention d’insulino-indépendance de 80 % après un an. Cependant, on observe une perte de fonction dans les cinq ans qui suivent, ayant pour cause le rejet, l’immunosuppression et des phénomènes inflammatoires non spécifiques. Actuellement, il est dif- ficile de prévoir cette perte de fonction et donc de ce fait de l’antagoniser. L’hypothèse émise est que les dégâts subis par les îlots pourraient être associés à un « relargage » de cellules bêta dans le sang, qui seraient détectables par l’étude de l’ARNmessager (ARNm) de l’insuline par RT-PCR quantitative. L’étude utilise des échantillons de sang prélevés de manière prospective, entre juillet 2002 et décem- bre 2003, chez des diabétiques de type 1 greffés ayant un suivi minimal de 50 jours. Vingt transplantations d’îlots réalisées chez 12 pa- tients ont été analysées avec étude des évènements mé-

Greffe d’îlots

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Page 1: Greffe d’îlots

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Ann. Endocrinol., 2006 ; 67, 1 : 93-94© Masson, Paris, 2006

SEPTIÈMES RENCONTRES NATIONALESDES INTERNES EN ENDOCRINOLOGIE

GREFFE D’ÎLOTS

Olivia Miquel

Service d’Endocrinologie, CHU d’Amiens.

D’après les communications orales de la session « Greffes d’îlots », animée par F. Pattou et G. Reach — Congrès annuel de l’ALFEDIAM« Diabète-Lyon 2005 », 22-26 mars 2005.

INSULINO-INDÉPENDANCE APRÈS TRANSPLANTATION D’ÎLOTS-APRÈS-REIN AVEC UN PROTOCOLE

IMMUNOSUPPRESSEUR SANS STÉROÏDES

C. Toso

et al.

(Genève, Suisse) [O32]

Cette communication du GRAGIL nous relate les résul-tats d’une étude dont l’objectif était d’évaluer l’effica-cité d’un traitement immunosuppresseur sans stéroïdesaprès greffe d’îlots chez des patients ayant préalable-ment déjà bénéficié d’une greffe de reins (greffesd’îlots-après-rein, IAR).

Les critères d’inclusion

Patients présentant un diabète de type 1, greffé rénalavec une fonction rénale correcte estimée par une clai-rance de la créatinine supérieure à 50 ml/min et uneprotéinurie des 24 heures inférieure à 0,5 g/24 heures.

Les critères d’exclusion

Indice de masse corporelle (IMC) > 26 kg/m

2

; besoinsen insuline > 0,7 UI/kg/jour ; poids > 75 kg pour leshommes et > 70 kg pour les femmes.

Protocole

Quatorze infusions d’îlots ont été réalisées chez huit pa-tients, il existe un délai de 0,5 à 7 mois entre les infu-sions et au maximum deux infusions par patients.

Les infusions étaient réalisées dans un délai de 1,5 à23 ans après la greffe rénale et représentaient environ11 000 îlots équivalents/kg de masse corporelle/patient.

L’immunosuppression associe sirolimus, tacrolimus etdoclizumab dès le premier jour de greffe, le sevrage enstéroïdes est réalisé avant la greffe, une prophylaxie parBactrim

®

et valganciclovir est instaurée dès la transplan-tation.

Résultats

Les résultats portent sur les sept premiers patients, lehuitième étant une greffe récente.

Les patients acquièrent tous l’insulino-indépendance ;un patient pendant 3 mois, et un deuxième pendant10 mois, qui nécessiteront de nouveau de l’insuline avecdes besoins nettement diminués. Les autres sont tou-jours insulino-indépendants.

Sur le plan métabolique, on observe une positivité duC-peptide après greffe. Le taux d’HbA

1c

s’améliore aprèstransplantation, puis se stabilise dans les normes. Cettestabilité s’observe toujours 2 ans après greffe.

Le test à l’arginine est un bon reflet de la quantité decellules bêta fonctionnelles. Il montre une quantité de cel-lules bêta fonctionnelles, croissante au cours du temps.

De nombreuses complications sont observées : pneu-mopathie interstitielle sous sirolimus, hémorragies, infec-tions, un rejet rénal (perte du greffon rénal après arrêt del’immunosupresssion), dyslipidémie nécessitant un traite-ment, ulcères buccaux, troubles hématologiques…

Conclusion

Bonne fonction des îlots suite à la transplantation rénaleavec ce protocole d’immunosuppression, mais existencede nombreux effets secondaires incitant à toujours bienréfléchir à l’indication de la greffe et au respect des cri-tères d’inclusion stricts, notamment néphrologiques.

LA DÉTECTION DE CELLULES BÊTA CIRCULANTES DANS LE SANG PÉRIPHÉRIQUE APRÈS TRANSPLANTATION D’ÎLOTS EST UN INDICATEUR DE DÉTÉRIORATION

DU CONTRÔLE MÉTABOLIQUE

T. Berney

et al.

(Genève, Suisse ; Grenoble) [O33]

Dans le cadre des greffes d’îlots, le protocole d’Edmontonretrouve un taux d’obtention d’insulino-indépendancede 80 % après un an. Cependant, on observe une pertede fonction dans les cinq ans qui suivent, ayant pourcause le rejet, l’immunosuppression et des phénomènesinflammatoires non spécifiques. Actuellement, il est dif-ficile de prévoir cette perte de fonction et donc de cefait de l’antagoniser.

L’hypothèse émise est que les dégâts subis par les îlotspourraient être associés à un « relargage » de cellulesbêta dans le sang, qui seraient détectables par l’étudede l’ARNmessager (ARNm) de l’insuline par RT-PCRquantitative.

L’étude utilise des échantillons de sang prélevés demanière prospective, entre juillet 2002 et décem-bre 2003, chez des diabétiques de type 1 greffés ayantun suivi minimal de 50 jours.

Vingt transplantations d’îlots réalisées chez 12 pa-tients ont été analysées avec étude des évènements mé-

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Septièmes rencontres nationales des internes en endocrinologie Ann. Endocrinol.

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taboliques (rejet, évaluation des besoins en insuline,HbA

1c

), extraction de l’ARNm sur sang complet pourmesure de l’insuline par RT-PCR quantitative.

Les résultats retrouvent une baisse du taux d’HbA

1c

aucours du temps, une élévation du C-peptide, et des be-soins en insuline réduits.

Sur le plan moléculaire, après une greffe, on observechez tous les patients, un pic initial élevé d’ARNm del’insuline qui tend à diminuer, puis à disparaître. Parfois,au cours du suivi, on voit apparaître un second pic chezcertains greffés.

On constate que l’amplitude du pic d’ARNm aprèsgreffe est moins importante lorsqu’il s’agit de la se-conde ou troisième greffe, mais associée à l’effet« greffe îlot seul » d’interprétation difficile.

Le pic initial est retrouvé chez tous les patients, aprèstoute transplantation, d’une durée moyenne de 4 jourset d’une amplitude moyenne de 400 copies/ml. Ce picest lié à la procédure. L’amplitude et la durée n’étaientcorrélées, ni à la masse du greffon, ni avec une éven-tuelle insulino-indépendance à venir.

Vingt pics secondaires ont été observés, survenant60 jours en moyenne après la greffe, d’une durée de60 jours en moyenne et d’une amplitude moyenne de93 copies/ml. Douze ont été suivis d’événements dans undélai moyen de 14 jours : rejet (deux cas), besoins en in-suline doublés (deux cas), reprise de l’insuline (cinq cas),élévation de l’HbA

1c

(neuf cas), avec parfois plusieurs deces effets observés simultanément chez un même sujet.

L’amplitude du pic secondaire était plus importantechez les patients ayant eu un événement (131 copies/mlcontre 45 copies/ml), mais non significativement.

La durée du pic est significativement prolongée avantla survenue d’un événement, et donc prédictive d’unévénement (durée moyenne de 11 jours avant événe-ment

vs

un seul jour en l’absence d’événement).Aucun événement n’a été observé sans pic préalable.En conclusion, la méthode apparaît comme promet-

teuse d’une détection précoce de la perte de fonctiondes îlots pancréatiques transplantés et permettrait d’en-visager la mise en place de thérapeutiques visant à pré-venir cette détérioration.