32
FICHE AUXILIAIRES L L e e s s s s y y r r p p h h e e s s MARAÎCHAGE O O u u t t i i l l s s d d ' ' e e n n t t r r e e t t i i e e n n e e t t d d e e t t r r a a v v a a i i l l d d u u s s o o l l ARBORICULTURE V V i i s s i i t t e e d d e e v v e e r r g g e e r r s s a a l l l l e e m m a a n n d d s s B B i i o o d d i i v v e e r r s s i i t t é é f f l l o o r r i i s s t t i i q q u u e e c c h h e e z z u u n n c c é é r r é é a a l l i i e e r r b b i i o o d d u u G G â â t t i i n n a a i i s s La bio : un choix pour une eau de qualité 10lter gri mars-avril 2007 82 La bio : un choix pour une eau de qualité lter gri

gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

FICHE AUXILIAIRESLLeess ssyyrrpphheess

MARAÎCHAGEOOuuttiillss dd''eennttrreettiieenneett ddee ttrraavvaaiill dduussoollARBORICULTUREVViissiittee ddee vveerrggeerrssaall lleemmaannddss

BBiiooddiivveerrssiittéé fflloorriissttiiqquuee cchheezzuunn ccéérrééaalliieerr bbiioodduu GGââttiinnaaiiss

La bio : un choix pourune eau dequalité

10€

lter

gri mars-avril 2007 n° 82

La bio : un choix pourune eau dequalité

lter gri

Page 2: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Sommaire n°82 mars-avril 2007

ActusDU COTÉ DE L’ITAB ........................................................................................................................ 4• “Qui fait quoi en agriculture biologique”, un outil de référencePar Stanislas Lubac (ITAB)

DU CÔTÉ DU RÉSEAU BIO ......................................................................................................... 6• ABioDoc, l'incontournable centre de ressources en ABPar Sophie Valleix (ABIODOC) et Aude Coulombel (ITAB)

Dossier LA BIO : UN CHOIX POUR UNE EAU DE QUALITÉ ! ... 7Réalisation Maureen De Mey (GABNOR)

•La bio : une réponse adaptée pour protéger l’eau ? •Un point de vue scientifique ............................................................................................ 8

• En pratique, comment les agriculteurs bio limitent-ils•les pollutions de l’eau ? .................................................................................................... 10

• La bio pour protéger l’eau dans le Nord-Pas-de-Calais............................. 12

• L’exemple de Munich ...................................................................................................... 13

TechniqueMARAÎCHAGE ............................................................................................................................... 14• Outils d'entretien et de travail du sol Par Annick Taulet (GRAB)

ARBORICULTURE ........................................................................................................................... 17• Voyage GRAB/ITAB en Allemagne : un concentré de pommes Par Gilles Libourel (GRAB) et Aude Coulombel (ITAB)

FICHE TECHNIQUE AUXILIAIRE .......................................................................................... 21• Les syrphes Par Aude Coulombel (ITAB)

Recherche/ExpéÉLEVAGE ............................................................................................................................................. 23• Effet du niveau d’apport des aliments concentrés sur l’engraissement d’agneaux en bergeriePar Jean Pierre Dulphy, Hervé Tournadre, Marc Benoit, Gabriel Laignel etRoland Jailler (INRA de Clermont-Ferrand-Theix)

GRANDES CULTURES ............................................................................................................... 27• Biodiversité floristique chez un céréalier bio du GâtinaisPar Philipe Viaux (ARVALIS – Institut du Végétal) et Alain Fontaine (Botanisteamateur)

Fermoscopie • 25 ans de non labour chez Friedrich et Manfred Wenz ! ............................................................................. 30Par Blaise Leclerc (ITAB), Claude Aubert (Chambre d’Agriculture de Seine-et-Marne, GAB RégionIle-de-France), Ulrich Schreier et Aude Coulombel (ITAB)

Page 3: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Le dossier de cet Alter Agri porte sur l’eau,principalement sur l’intérêt de la bio pour préserverla qualité de l’eau qui transite par la ferme bio. Etfidèle à son principe « Mieux vaut prévenir queguérir », l’agriculture biologique, par la non

utilisation de produits chimiques de synthèse et l’emploi avec justessedes engrais, évite un certain nombre des pollutions actuelles.

L’eau, c’est la vie! C’est un élément fondamental du vivant. Eneffet, plus de 95% du poids d’une salade est constitué par de l’eau(mais ne me faites pas dire que les maraîchers ne vendent que dela flotte !!!). L’eau constitue 66% du corps humain (adulte) enmoyenne, plus ou moins selon son âge (75% pour un nouveau né,60% pour une personne âgée). Mieux encore, la matière grise denotre cerveau contient 85% d’eau ! Pour grandir et penser, l’eauest aussi fondamentale.

Récemment, sur le net, a circulé un scénario catastrophe sur lasituation des humains en 2070, en pénurie d’eau. L’eau potable estobtenue par la désalinisation de l’eau de mer (les salariés y sontpayés en eau !). Des systèmes alternatifs sont mis en place.Comment se laver sans eau ? Et notre système d’égouts actuellemententièrement basé sur l’eau ! Et l’agriculture impossible (le désert !).D’accord, c’est une fiction, mais il est bien temps de réfléchir sur lerapport de notre société avec l’eau !

Parlons qualité et attardons-nous sur le rapport de l’IFEN1 portantsur la qualité de l’eau dans nos rivières et lacs. Les analysesrévèlent que « la contamination –par les pesticides– concernel’ensemble du territoire (métropole et DOM) et touche aussibien les eaux superficielles que les eaux souterraines,préférentiellement au niveau des zones anthropisées (agricoles eturbaines)». En 2004, 96% des points de mesure retenus (plus de 10 000, sur notre territoire) pour les eaux superficielles contiennentdes pesticides et 61% pour les eaux souterraines ! L’agriculturebiologique doit revendiquer toute sa place et faire valoir ses atoutspour la gestion, la préservation voire la restauration de la qualitéde l’eau sur tout le territoire.

Les propriétés de cette petite molécule d’H2O sont multiples etétonnantes ! Un certain nombre de scientifiques travaillent surces aspects controversés (vortex, l’eau vecteur d’information… etmême osons la citer : la mémoire de l’eau…). Il suffit pour s’enconvaincre de voir l’affluence aux Journées Toulousaines de l’Eauorganisées depuis 2003 à Toulouse par Effervesciences2 !

Enfin je voudrais aussi rajouter, que même en bio, il faudraitmettre en place des systèmes de production qui soient économesen eau, avec des cultures valorisant le mieux possible l’eauapportée. Nous aurions sûrement beaucoup à apprendre sur lafaçon dont historiquement les sociétés vivant dans les déserts oules oasis gèrent en permanence une pénurie d’eau.

Par Bruno Taupier-Létage Responsable de la Commission Qualité de l’ITAB

Édito

L’eau qualité bio

Revue bimestrielle de l’InstitutTechnique de l’AgricultureBiologique (ITAB)• Directeur de Publication : André Le Dû (Président ITAB)• Rédacteur en chef : Krotoum Konaté• Chargée de rédaction : Aude Coulombel• Comité de rédaction : André Le Dû, Rémy Fabre, KrotoumKonaté, Guy Kastler, François Le Lagadec, Marie Dourlent• Comité de lecture : Élevage : Anne Haegelin (PÔLE AB MASSIF CENTRAL), StanislasLubac (ITAB), Jean-Marie Morin (FORMABIO), Jérôme Pavie(INSTITUT DE L’ÉLEVAGE)Fruits et légumes : Cyril Bertrand (GRAB), Alain Garcin etSébastien Serot (CTIFL), Monique Jonis (ITAB)Grandes cultures : Bertrand Chareyron (CA DRÔME),Laurence Fontaine (ITAB), Philippe Viaux (ARVALIS INSTITUT DU

VÉGÉTAL)Viticulture : Denis Caboulet (ITV), Marc Chovelon (GRAB),Monique Jonis (ITAB)Agronomie/Systèmes : Blaise Leclerc (ITAB), Laëtitia Fourrié(ACTA)Qualité : Bruno Taupier-Letage (ITAB)• Rédaction/Administration - Promotion/CoordinationITAB - 149, rue de Bercy - 75595 PARIS CEDEX 12Tél. : 01 40 04 50 64 - Fax : 01 40 04 50 66• Abonnements : Interconnexion Alter Agri - BP78 - 3151FENOUILLET Cedex - [email protected] : 01 40 04 50 66• Publicité : Aude Coulombel - ITAB - 149 rue de Bercy - 75595Paris Cedex 12 - Tél. : 01 40 04 50 63 - Fax : 01 40 04 50 66• Réalisation : Pascale MOTTO - 04 94 98 04 86 [email protected]• Comission paritaire : 1007G82616• ISSN : 1240-3636

Imprimé sur papier 100% recyclé 1 IFEN : Institut Français de l’Environnement. www.ifen.fr2 www.effervesciences.com

Page 4: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

4 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Actus - Du côté de l'ITAB

Rencontre arboCtifl/ITABLa rencontre Ctifl/ITAB sur l’arboricul-ture biologique a eu lieu le 1er févrierdernier à Baladran. Thèmes abordés :faune auxiliaire et biodiversité, pro-tection du verger contre les rava-geurs, l’éclaircissage du pommier,protection du verger, gestion du sol,aspects sociaux économiques. Lesactes sont téléchargeables gratuite-ment sur www.itab.asso.fr.

VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB surla carie du bléDossier technique très complet de12 pages. Téléchargeable gratuite-ment sur www.itab.asso.fr.Version papier disponible gratuite-ment. Envoyer une enveloppe A4timbrée à 2¤ à votre adresse à : ITAB - 149, rue de Bercy 75595 Paris - cedex 12

AG de l'ITAB

24 avril 2007Sur le thème de la “mise en synergiedes réseaux d'expérimentation (fer-mes expérimentales, stations expé-rimentales, fermes de lycées agrico-les...) et comment formaliser leurstructuration au sein de l'ITAB.L'assemblée générale se tiendra àParis à la Maison Nationale des Éle-veurs - Paris 12e - Tél. : 01 40 04 50 64

JT Grandes Cultureset Agronomie ITABLes journées techniques GrandesCultures (Colza, auxiliaires et cariedu blé) et Agronomie (résultats duprogramme Fertiagribio) ont ras-semblé plus de 150 personnes

début février 2007. Les actes sontdisponibles gratuitement en lignesur : www.itab.asso.fr

Ard

ea

r

“Qui Fait Quoi”en agriculture biologiqueUn outil de référence

L orsqu’un problème tech-nique se pose en agricul-ture biologique -comme

dans n’importe quel domained’ailleurs-, le réflexe est sou-vent de monter un essai pour yrépondre. Une recherchebibliographique 1 est souventengagée, mais il n’est pas tou-jours facile de cerner complète-ment le sujet, surtout si l’étudeenvisagée est innovante. Laquestion qui se pose alors est lasuivante : « N’y a-t-il pas déjàdes personnes, des structuresayant mis en place ce type dedispositif ou qui y travaillentactuellement, qui pourraientêtre contactées ? ». Cette ques-tion est souvent soumise auxanimateurs de l’ITAB : elle fait eneffet partie de la mission decoordination de la recherche-expérimentation en agriculturebiologique. C’est même un tra-vail fondamental. C’est pour-quoi un recensement de cesactions est réalisé très réguliè-rement. Il permet de créer unlien entre les différents acteursde l’agriculture biologique. Pour chacune des filières, l’ITAB

diffuse donc, si possible tous lesans, ce qu’il a baptisé le « Qui faitquoi ? ». Il s’agit de tableaux Exceltrès riches en informations, quise veulent les plus exhaustifspossible. Vous pouvez y recher-cher par thématique, par type deproduction et par région les étu-

des en cours vous intéressant.Ainsi, vous serez informés destravaux encore non publiés, maisdont les protagonistes pourrontvous conseiller, vous orienter. Les « Qui Fait Quoi ? » sont télé-chargeables sur le site Internetde l’ITAB : www.itab.asso.fr, dansles rubriques Grandes Cultures,Elevage et Semences et Plants.Les « Qui fait Quoi » Fruits etLégumes et Viticulture serontdisponibles fin 2007.Pour une efficacité encore plusgrande et une meilleure valori-sation, la présentation des «Quifait quoi » sera revue et corrigéedans les mois à venir ! Une ré-flexion est également en courssur la capitalisation des actionspassées et sur la mise en placed’un outil regroupant les théma-tiques en émergence. r .

Par Stanislas Lubac (ITAB)

Les «Qui FaitQuoi ?»

disponibles sonttéléchargeables

surwww.itab.asso.fr,

rubriquesGrandes

Cultures,Elevage et

Semences etPlants.

Si vous effectuez des essais enagriculture biologique et que vous nefigurez pas dans ces tableaux, merci deprendre contact avec les animateursITAB des commissions concernées.

Deux nouveaux « Qui Fait Quoi » sont disponibles : l’un en éle-vage et prairies fourrages, l’autre en semences et plants.Retrouvez-les sur www.itab.asso.fr rubrique Elevage ouSemences et Plants

ITAB

1 ABioDoc, centre national de ressource en agriculture biologique pourravous aider dans vos recherches bibliographiques www.abiodoc.com.

Page 5: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

5MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Actus - Du côté du réseau bio

G R A B B A S S E - N O R M A N D I E

Pour une Basse-Normandie sans OGMAvec le collectif InPACT Basse-Normandie, le GRAB

BN vient de finaliser la première phase du projet«Pour une Basse-Normandie sans OGM, une agri-culture plus autonome : réalisation d’une étude defaisabilité pour l’autonomie alimentaire des exploi-tations agricoles bas-normandes », avec le soutienfinancier du Conseil Régional. Le diagnostic de la

dépendance de l’élevage Régional, a permis à InPACT de formuler des préconisationsde politique publique au Conseil Régional. Après présentation du travail au comitéde pilotage fin février, la suite consiste à réunir les acteurs concernés pour mettre enœuvre les propositions sur le terrain.

Protection de la ressource en eauEn lien direct avec la direction de secteur « Bocages Normands » de l’Agence de l’EauSeine-Normandie, le GRAB BN lance une «étude de faisabilité de protection de la ressourceen eau par le développement de l'agriculture biologique en Basse-Normandie». L'études'attachera à définir une stratégie globale d'accompagnement technique, politique et fi-nancier du développement de l’agriculture bio vis-à-vis de la ressource en eau.

Contact : Claire Blanchard - Tél. : 02 31 47 22 31

B I O D E P R O V E N C E

Désherbage mécanique des céréales d’hiverLe 20 février 2007, sur le plateau de Valensole entreculture de lavande, amandiers et céréales, Christianet Hélène Sauvaire ont accueilli une quarantaine depersonnes sur leur ferme. Producteurs de lavandeet de céréales, en agriculture biologique depuis septans, ils ont dû trouver une solution pour éviter laconcurrence entre adventices et céréales. Les par-

ticipants ont assisté à une démonstration de passage de herse étrille sur une parcellesemée en « blé meunier d’Apt » (variété ancienne de la région). Les herses étrilles sontutilisables sur de nombreuses cultures : r soit à l’aveugle (entre le semis et la levée dela culture) ; r soit sur la culture à des stades clés (céréales à partir de trois feuilles, pom-mes de terre avant émergence des tiges…). Le passage de la herse étrille n’est efficaceque sur des adventices peu développées. Il faut donc intervenir avant le stade deuxpaires de feuilles maximum des adventices pour viser une efficacité supérieure à 80%.

Contacts : Agribio 04 - Bruno Bidon - Tél. : 04 92 72 53 95

Bio de Provence - Didier Jammes - Tél. : 04 90 84 03 34

C H A M B R E D ’ A G R I C U LT U R E D E L ’ H É R A U LT

Performance Bio®, l’outil de référence dansle vignoble héraultaisPerformance Bio® est né il y a plus de quatre ans pour répondre aux attentes des vi-gnerons en agriculture biologique.Il est constitué : r d’un bulletin flash sur l’état sanitaire accompagné de notes d’in-formations, de fiches sur les produits utilisables en viticulture biologique… ; r d'unguide pratique composé du guide annuel des vignobles Rhône-Méditerranée (conduiteet protection raisonnée) et de fiches spécifiques au département de l’Hérault.

Contact : Tél. : 04 67 20 88 32 - E-mail : [email protected]

BaromètreAgence Bio/CSAD’après la quatrième édition, lesproduits bio sont de plus en plusancrés dans les habitudes deconsommation des Français. Plusde 4 Français sur 10 consommentdes produits bio au moins une foispar mois, 23% au moins une foispar semaine et 7% tous les jours.Résultats complets sur :

http://www.agencebio.org.

Pesticides, révélations sur unscandale français !

Par Fabrice Nicolino etFrançois Veillerette.Editions FayardCe livre révèle un sys-tème né après 1945,grâce auquel l’indus-trie des pesticides a

pris le pouvoir. Il explique que lespesticides s’attaquent directementà la vie de tous les êtres vivants. Ilexplore les méthodes du lobby,dénonce les congrès « scientifi-ques» truqués. Il raconte le sort desAntilles, dont certaines zones sontpolluées pour des centaines d’an-nées, et la complicité de très hautsfonctionnaires avec l’industrie dansle terrible dossier du Gaucho.

http://www.pesticides-lelivre.com

Génétiquementindéterminé

Le vivant auto-orga-nisé Editions QuaeLa biologie contempo-raine est appelée à sereconstruire autour del'idée que si l'ADNparticipe à la forma-

tion de l'individu, les autres consti-tuants de l'organisme ou de sonenvironnement sont tout aussidéterminants. Rien ne serait “pro-grammé” à proprement parler et laquestion devient alors de compren-dre comment l'ensemble s'articuleet s'organise. Cinq chercheurs d'ho-rizons scientifiques différentsapportent ici des éclairages origi-naux et complémentaires sur la sin-gularité et l'auto-organisation dessystèmes vivants.

30¤ http://quae.com.

GR

AB

BNBi

od

ePr

ove

nc

e

Page 6: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

6 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Actus- Du côté du réseau bio

Par Sophie Valleix (ABIODOC)et Aude Coulombel (ITAB)

Créé en 1993 au Lycée Agricole de Brioude-Bonnefont(Haute-Loire), le Centre de Ressources est devenu natio-nal en 1998. Il s’est installé en 2003 à l’ENITA deClermont-Ferrand. Depuis, il poursuit ses missions deveille, de traitement et de diffusion de l’information liéeà l’agriculture biologique, avec le soutien du Ministère del’Agriculture et des partenaires de l’agriculture biologi-que, en particulier de l’ITAB.

Rappel

ABioDocL’incontournable

centre de ressources en agriculture biologique

O uvrages, études, résul-tats de recherche, actesde colloque, rapports

de stage et mémoires, cassettesvidéo, revues spécialisées ounon en agriculture biologique,régionales, nationales ou étran-gères… ABioDoc possède unemultitude de sources d’informa-tions sur des thèmes aussi variésque la santé animale, les techni-ques végétales, les études éco-nomiques, la réglementation,

l’environnement, l’énergie… etce toujours en lien avec l’agri-culture biologique.L’information y est disponiblepour tous. Qu’on soit agriculteurprofitant d’un jour de pluie pourfaire le point sur le taupin, étu-diant venu faire une bibliographieou coordinateurs nationaux ourégionaux en charge de nouveauxdossiers et curieux de découvrirce qui est disponible sur le sujet…Toute personne intéressée peutcommander une liste bibliogra-phique, un dossier ou desphotocopies d’articles, emprun-ter un livre, ainsi que s’abonnerà la revue bibliographique men-suelle : Biopresse. Pour rendre cetaccès plus simple, ABioDoc per-mettra, dès 2007, pour lesabonnés, la consultation en lignedes résumés des 11 000 référen-ces. Pour les années à venir, ilnourrit un gros projet : permet-tre l’achat en ligne des articles.

Nouveau nom, nouveausite Internet

A l’occasion de la création de sonnouveau site Internet, en 2005, leCNRAB a changé de nom pour unedénomination plus conviviale,qui évoque l’agriculture biologi-que et la documentation :ABioDoc.Le site www.abiodoc.com pré-sente la structure, les servicesproposés, les principaux partenai-res, un agenda national etinternational, des brèves et descommuniqués de presse. Depuisdécembre 2006, il permet d’avoiraccès gratuitement à la base de

données des acteurs de la bio.Cette base comporte les référen-ces des personnes et desorganismes intervenant dans lesdomaines de la recherche, de laformation, du développement etde l’animation de filières en agri-culture biologique. Pour chacun,elle présente ses coordonnées, sesactivités (animation, réglementa-tion…), ses secteurs d’intervention(productions animales,qualité desproduits, politique agricole…) etses compétences particulières.

Des fiches techniques« énergies renouvelables »

Appuyé par le Conseil Régionald’Auvergne,ABioDoc a réalisé desfiches techniques sur les princi-pales énergies renouvelablesutilisables à la ferme (économiesd’énergie, huiles végétales brutesutilisées comme biocarburant, so-laire thermique et photovoltaïque,séchage solaire, éolien de pom-page et éolien électrique,chaudières au bois déchiqueté,méthanisation, géothermie, hy-draulique). Ces fiches, conçues àpartir de documents (livres, re-vues…), de recherches surInternet, de visites d’exploitationsagricoles et d’interrogations d’ex-perts, abordent le principe defonctionnement, les coûts, lesaides possibles, la législation et lescontacts utiles (personnes ressour-ces,associations, fournisseurs…).

Contact : ABioDoc - ENITASite de Marmilhat- BP 3563 370 Lempdes - Tél. : 04 73 98 13 99E-mail : [email protected]

ABioDoc, ex CNRAB (Centre National deRessources en Agriculture Biologique),

situé à l’ENITA de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) est une véritable mine

d’informations sur l’agriculture biologiquedisponible pour tous. Il vient d’achever

plusieurs projets menés depuis deux ans :création d’un nouveau site Internet, mise

en ligne de la base de données desacteurs de la bio et réalisation de fiches

techniques sur les énergiesrenouvelables en agriculture.

Découvrez les services d'ABioDoc sur www.abiodoc.com.

Page 7: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

7MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Dossier - Eau & bio

A ctuellement, en France,avoir de l’eau potable aurobinet est considéré

comme normal et ordinaire.Pourtant, soumise aux pollu-tions industrielles, agricoles eturbaines, l’eau est aujourd’huimenacée.Quelques chiffres de l’institutfrançais de l’environnement endisent long…

● Pesticides :en eaux de surface,49% des points de mesure ont unequalité moyenne à mauvaise ; eneaux souterraines, 27% despoints nécessiteraient un traite-

La bio : un choixpour une eau de qualité !

Actuellement, en France, avoir de l’eau potable au robinet est considérécomme normal et ordinaire. Pourtant, soumise aux pollutions industrielles,agricoles et urbaines, l’eau est aujourd’hui menacée.

Dossierréalisé

parMaureen

De Mey(GABNOR)

Il est aussi possible de prévenirla dégradation de la qualité del’eau. Dans le domaine agricole,cela passe par l’adoption demodes de production limitantles pollutions de l’eau.

L’agriculture biologique est-elle une réponse adaptéepour protéger l’eau ?

Des éléments de réponses sontrassemblés dans ce dossier :● Quel éclairage peuvent appor-ter les scientifiques ?● En pratique, comment les agri-culteurs bio limitent-ils lespollutions de l’eau ? Commentvaloriser leur expérience ? .● Que nous apprend l’expé-rience de Munich, qui, depuis1992, encourage le développe-ment de la bio pour protéger sesressources en eau potable ?

Boss

en

ne

cIN

RA

Sla

gm

uld

er

INR

A

Soumise auxpollutions

industrielles,agricoles et

urbaines, l’eauest aujourd’hui

menacée.

ment spécifique d’éliminationdes pesticides pour la produc-tion d’eau potable.

● Nitrates : dans 10% des sta-tions, les teneurs en nitrates sontincompatibles avec une distri-bution de l’eau sans traitementspécifique (de 50 à 100 mg/l).

La dégradation de la qualité deseaux prélevées entraîne des aban-dons de captages. Par exemple,selon un rapport parlementaire,en 2002, dans le bassin ArtoisPicardie, 514 captages avaientdéjà été abandonnés. Sur les 1206captages actifs, 181 étaient « dansune perspective d’abandon ». Autotal, 695 captages seraient ainsiabandonnés, soit 40% du nom-bre total de captages !

Pour bénéficier d’une eau debonne qualité, il est possible dela traiter pour éliminer les pol-lutions, mais cela implique desprocédés à la fois complexes etcoûteux.

Pour bénéficier d'une eau de qualité, mieux vautprévenir sa dégradation que la traiter

Si vous réalisez des projets en faveurde la qualité de l’eau, faites vousconnaître auprès du GABNOR

Le Paradis - 59133 PhalempinTél : 03 20 32 25 35

Page 8: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

8 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Dossier - Eau & bio

P O I N T D E V U E S C I E N T I F I Q U E

La bio : une réponseadaptée pour protéger l’eau ?L’INRA et le CEMAGREF se sont penchés sur cette question… Voici les principaux résultats de leurs travaux.

D es chercheurs de l’INRA

ont analysé plusieurs ca-hiers des charges

agricoles, dont celui de l’agricul-ture biologique, en fonction deleur impact sur la qualité del’eau. L’analyse a été réaliséepour la partie des cahiers descharges concernant les grandescultures.Leur méthodologie était la sui-vante : pour chaque prescriptioninscrite dans le cahier des char-ges, un panel d’experts aattribué, par consensus, unenote allant de 0 à 10 : +10 si laprescription a un impact très fa-vorable sur l’environnement ; 0si la prescription ne va pas au-delà de la réglementationgénérale.Grâce à des méthodes multicri-tères, les informations ontensuite été agrégées. Cela a per-mis de classer les cahiers descharges en fonction de leur im-pact sur la qualité des eauxsouterraines (figure 1).L’analyse de l’INRA indique éga-lement que :● Au niveau de la protectionphytosanitaire, le mode de pro-duction biologique présente unavantage indéniable : en inter-disant totalement les molécules

de synthèse, les risques de pol-lution sont considérablementréduits.● Au niveau de la fertilisation,pour limiter encore plus les ris-ques de pollution de l’eau, uncertain nombre de pratiquespourraient être mieux encadréespar le cahier des charges.Marc Benoît et son équipe, del’INRA, ont repris cette questionde la fertilisation en mesurantconcrètement les pertes de ni-trates sous des parcellesbiologiques.

Productionintégrée

Quali'Terre

Agriculture raisonnée

Agriculture biologique

Un cahier des charges qui protège l’eau…

Figure 1 - Comparaison de cahiers descharges du plus favorable au moinsfavorable à une eau de qualité - INRA 2003

Le cahier des charges de l’agriculturebiologique est aujourd’hui celui qui limite au mieux lesrisques de pollution de l’eau.

ITAB

ITAB

ITAB

Page 9: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Viti

PE

Mar

Cer

Arbo

Viti

PE

Mar

Cer

Arbo

0 2 4 6 8 10

9MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Dossier - Eau & bio

Les pratiques des agriculteursbiologiques limitent le lessivage desnitrates

M arc Benoît et sonéquipe ont mesuré lelessivage des nitrates

sous des parcelles d’agriculteursbiologiques en polyculture éle-vage. Pour cela, en 1989, desbougies poreuses ont été im-plantées à 90 cm de profondeur,sous des terres labourées et sousdes prairies. Les bougies poreu-ses permettent de collecter l’eauqui s’écoule sous le système ra-cinaire ; la teneur en nitrates decette eau est ensuite mesurée.L’INRA a ainsi pu montrer que, auniveau d’un bassin versant conduiten bio depuis 1977, l’eau « pro-duite » contient 23 à 28 mg/l, cequi est très faible. A titre de com-paraison, on estime que laconcentration « naturelle » en ni-trates des eaux souterraines en

l’absence de fertilisation est de 5à 15 mg/l. La norme de potabilitéest de 50 mg/l. L’eau « produite »sous des parcelles biologiques estdonc directement potable pour leparamètre nitrates.L’analyse de l’INRA montre éga-lement que les prairies sont detrès bons pièges à nitrates. C’estlà le point fort des exploitationsbiologiques de polyculture éle-vage. En effet, les agriculteursbiologiques intègrent générale-ment d’importantes surfaces enherbe dans leur assolement : desprairies permanentes et plu-sieurs années de prairiestemporaires dans les rotations.Cela leur permet d’assurer lesbesoins en fourrages, de luttercontre les adventices et de régé-nérer la fertilité du sol.

Les prairies sont de très bons pièges à nitrates.

Le CEMAGREF, institut de rechercheappliquée pour l’ingénierie del’agriculture et de l’environnement,a évalué l’impact sur l’environne-ment des modes de productionbiologique et conventionnel, àl’échelle de l’Aquitaine. Des diag-nostics agri-environnementaux(DAE) ont ainsi été réalisés pour 81exploitations, 40 en agrobiologieet 41 en agriculture convention-nelle,représentatives de la diversitédes systèmes de production pré-sents en Aquitaine. Le DAE secompose de plusieurs indicateurs: mode de protection des cultures,bilan azote… Tous les indicateurssont évalués selon une notationcomprise entre 0 et 10. La note 10correspond à un impact potentiel

Des indicateurs clairs comme de l’eau de rocheComparaison des notes obtenues par les modes de production biologique et conventionnel pour les volets

● Bilan azote

● Mode de protection des cultures

Viti = viticulture Cer = céréaliculture PE = polyculture élevageArbo = arboriculture Mar = maraîchage

■ Exploitations conventionnelles ■ Exploitations biologiques

Légende Figures

Du – au + favorable à une eau de qualité

Du – au + favorable à une eau de qualité

r P. Girardin et E. Sardet (2003). Évaluation de l’impact surles eaux des prescriptions du cahier des charges del’agriculture biologique. INRA.

r Benoît, M. et al. (2003). Agriculture biologique et qualitédes eaux : Depuis des observations à des tentatives demodélisation en situation de polyculture élevage. INRA.

r Bourdais, J-L. (1998). Agrobiologie et environnement : unecomparaison de systèmes de production agrobiologiqueset conventionnels en Aquitaine sur la base d’indicateurs –CEMAGREF.

Pour en savoir plus

ITAB

très favorable sur l’environnement,la note 0 à un impact potentiel trèsdéfavorable.Les figures suivantes présententles résultats pour deux indicateursliés à la protection de l’eau : lemode de protection des cultures(surface traitée développée enpesticides/SAU) et le solde dubilan azote.

Que dit cette étude ? Elle confirmeque les pratiques biologiques ontun intérêt indéniable vis-à-vis dela protection de la ressource eneau : elles permettent de limitersignificativement les risques depollution par les nitrates et pro-duits phytosanitaires.

Page 10: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

10 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Dossier - Eau & bio

Un élément-clé : une approche globale, àl’échelle du système deproduction

Le cahier des charges de l’agri-culture biologique repose sur unpilier majeur : l’absence de re-cours aux engrais et produitsphytosanitaires de synthèse.Pour y parvenir, les agriculteursbiologiques travaillent sur la based’une approche système et nonpas culture par culture. C’est làle point fort de la bio pour pro-téger l’eau.Comment se traduit en pratiquecette approche système ?

● Des rotations longues et diversifiéesPrairie temporaire dactyle lu-zerne (trois ans), blé, féverole,triticale : voici un exemple de ro-tation-type sur six ans, pratiquéeen polyculture élevage dans leNord-Pas-de-Calais.Analysons cette rotation : qu’est-ce qui va permettre de limiter lespollutions de l’eau ? Succession de plantes à enraci-nements différentsUn enracinement profond (ex :luzerne) permet de fissurer le solen profondeur tandis qu’un en-racinement superficiel (ex :

dactyle) permet d’améliorer lastructure en surface. Les culturesà racines pivotantes (ex : féverole)ont également un impact positifsur la structure du sol. La succes-sion culturale permet ainsid’améliorer naturellement lastructure du sol : décompactage,drainage, aération…Alternance de cultures d’hiver etde printempsL’alternance de cultures d’hiver(blé, triticale) et de printemps(féverole) permet de limiter laprolifération de certaines adven-tices, les flores adventices n’étantpas les mêmes selon la saison.

EN PRATIQUE…

Comment les agriculteurs bio limitent-ils les pollutions de l’eau ? Des scientifiques se sont penchés sur la question des impacts de l’agriculture biologique sur laqualité de l’eau (cf. article précédent). Leur conclusion : la bio est une réponse adaptée pourprotéger la ressource en eau. Comment, alors, valoriser l’expérience des producteurs bio ?Quelles sont, pratiquement, les solutions agronomiques qu’ils mettent en œuvre et qui permettentde limiter les pollutions de l’eau ? Pour répondre à cette question, le GABNOR, a analysé en 2005 lespratiques des producteurs bio du Nord-Pas-de-Calais au regard de la protection de l’eau.

Des rotations longues et diversifiées permettent de limiter les pollutions de l'eau.

ITAB

ITAB

ITAB

Page 11: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

En privilégiant le désherbage mécanique, les agriculteurs bio protègent l'eau.

11MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Dossier - Eau & bio

Les surfaces en herbe

constituent l'undes couvertsvégétaux les

plus efficacespour réduire les

risques delessivage, de

ruissellement etd'érosion.

Par conséquent, l’utilisation deproduits phytosanitaires peutêtre évitée. Les céréales d’hiverpermettent d’obtenir un couvertvégétal susceptible de réduirel’impact des précipitations fré-quentes en hiver. Ellespermettent également de capterle surplus d’éléments fertilisantsde la culture précédente.Alternance de familles végétalesCela permet d’éviter les mala-dies et la prolifération desparasites tels qu’insectes, néma-todes… et donc le recours auxproduits phytosanitaires.

● Un chargement modéré Dans les exploitations biologi-ques du Nord-Pas-de-Calais, lechargement moyen est de 1 à 1,3 UGB/ha.Limiter le nombre d’animaux àl’hectare permet d’éviter lesexcès de fertilisant à l’échelle dela ferme.

● L’intégration d’importantessurfaces en herbeLes prairies permettent d’épui-ser les organes de réserve et lestock grainier des adventices.Ainsi, il est possible de gérer l’en-herbement sans avoir recoursaux produits phytosanitaires.L’implantation de prairies tem-poraires est un moyen privilégiépour augmenter le taux d’humusce qui participe à améliorer lastructure du sol.Les surfaces en herbe consti-tuent sans nul doute l’un descouverts végétaux les plus effi-caces pour réduire les risques delessivage, de ruissellement etd’érosion. Par exemple, 60% dessurfaces biologiques du Nord-Pas-de-Calais sont couvertes pardes prairies.

Rotations longues et diversifiées,chargement modéré et intégra-tion d’importantes surfaces enherbe constituent des éléments-clés pour la protection de l’eau.Les agriculteurs biologiques

mettent également en œuvred’autres pratiques qui limitentles pollutions par les nitrates etles produits phytosanitaires.

Moins de nitrates dans l’eau● Des apports azotés modérésLe cahier des charges de l’agri-culture bio limite les apports à170 unités/ha.

●L’implantation de cultures in-termédiairesParce qu’elles couvrent le sol, elleslimitent les risques d’érosion et deruissellement. De plus, elles per-mettent de piéger les nitratespendant l’interculture : au lieu deperdre un fertilisant qui sera lessivé et polluera la nappe phréa-tique, la culture intermédiairepermet de piéger les excédentsd’azote qui resteront disponiblespour la culture suivante.

Moins de pesticides dans l’eau

●Désherbage mécanique,ther-mique ou manuel plutôt quechimiqueHerses étrilles, bineuses, but-

toirs, houes rotatives… Ces ou-tils sont pleinement utilisés parles producteurs bio pour gérerl’enherbement.

● Implantation de haies, ban-des enherbées ou fleuriesLes haies, bandes enherbées oufleuries réduisent l’érosion et leruissellement. De plus, elles main-tiennent la biodiversité sur laferme. Ainsi, lorsqu’elles sont bienconçues, elles peuvent abriter desinsectes auxiliaires, prédateursdes ravageurs des cultures.

Ces solutions agronomiques, dé-veloppées par les agriculteursbio, ont un véritable intérêt pourla protection de l’eau. Comment,alors, les transmettre à d’autresagriculteurs ? Dans le Nord-Pas-de-Calais, leGABNOR propose aux acteurs territoriaux de mettre en place desprojets concertés de protectionde l’eau. L’enjeu : accompagnerdes agriculteurs vers l’adoptionde solutions agronomiques bio-logiques qui préviennent lespollutions de l’eau (cf. p12).

Ch

am

bre

d’A

gric

ultu

red

ela

Drô

me

Page 12: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

12 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Dossier - Eau & bio

En 2004, le GABNOR a rencontré des acteurs de l’eau du Nord-Pas-de-Calais, enparticulier des animateurs ou élus de SAGE 1. L’objectif de ces rencontres étaitd’échanger sur le rôle que peut jouer la bio pour la protection de la qualité del’eau. Elles ont été fructueuses : le GABNOR travaille aujourd’hui en partenariatavec deux territoires pour concevoir et mettre en œuvre des projets concertésde protection de l’eau. Présentation de l’une de ces deux expériences : celle del’Avesnois, petite région agricole située aux contreforts des Ardennes belges.

Dans l’Avesnois, tout part d’une volonté d’élus locaux : en 2004, le PaysSambre Avesnois inscrit dans sa Charte son souhait de développer des solu-tions agronomiques bio pour protéger leur ressource en eau souterraine,source d’eau potable pour les habitants ; en 2005, suite aux rencontres avec leGABNOR, le SAGE Sambre valide cette orientation. Le choix est fait de travaillersur le transfert de solutions agronomiques bio, la certification restant un choixlibre des agriculteurs.Le partenariat se met alors en place pour concrétiser l’orientation prise par lePays et le SAGE. Le SIDEN

2 prend en charge la maîtrise d’ouvrage du projet.L’Agence de l’Eau et le GRAPPE

3 apportent leur appui stratégique. Le GABNOR, leParc naturel régional de l’Avesnois, l’ADARTH

4 et la Chambre d’Agricultureapportent leur expertise technique dans le domaine agricole. L’objectif : bâtirun projet commun, en s’appuyant sur les compétences de chacun.

r Quel territoire d’action ? Huit communes de l’Avesnois, correspondant à uneaire d’alimentation de captages, ont été retenues comme site-pilote. Ce terri-toire a été choisi car des dépassements ponctuels des normes en produits phy-tosanitaires et nitrates ont été enregistrés. De plus, le fonctionnement hydro-géologique simple de la zone facilitera le suivi des impacts sur la qualité del’eau.

r Quel programme d’actions ?Réaliser, avec les agriculteurs volontaires, des diagnostics d’évolution de leursystème de production.Le GABNOR a pour cela conçu un outil de diagnostic, en lien avec d'autres par-tenaires. Il s’agit d’un guide de réflexion approfondi pour les agriculteurs quisouhaitent s’engager dans une démarche de protection de l’eau, en s’appuyantsur l’expérience des agriculteurs bio. Il comporte trois étapes :a. Réaliser un premier diagnostic pour comprendre le fonctionnement actuel

de l’exploitation et préciser les objectifs de l’agriculteur.b. Construire un ou deux projets d’amélioration pour mieux protéger l’eau tout

en répondant à ses propres objectifs. Le projet retenu peut être une certifi-cation bio.

c. Simuler les impacts du ou des projets d’évolution retenus sur les résultatstechnico-économiques et sur la qualité de l’eau.

La Chambre d’Agriculture propose également aux producteurs un outil complé-mentaire, basé sur une méthodologie CORPEN 5. Il est destiné aux agriculteursqui souhaitent améliorer le système actuel, sans nécessairement le repenserglobalement.

1 Les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux sont définis dans le cadre d’une démarcheparticipative, associant, pour chaque territoire, tous les acteurs de l’eau : collectivités territoriales ;usagers, organisations professionnelles et associations ; représentants de l’Etat. L’enjeu est de définirun projet commun, sur le long terme, pour préserver la ressource en eau.

2 Syndicat Intercommunal de Distribution des Eaux du Nord3 Groupe Régional d’Actions contre la Pollution Phytosanitaire de l’Eau4 Association de Développement Agricole et Rural Thiérache Hainaut5 CORPEN : Comité d'ORientation pour des Pratiques agricoles respectueuses de l'ENvironnement.

Ce programme d’actions est aujourd’hui validé. Lesactions concrètes ont commencé. Le 4 juillet 2006, les 65 agriculteurs du site-pilote ont étéinvités à une rencontre destinée à leur présenter ce pro-jet qui débute. Ils sont venus nombreux : plus de trenteagriculteurs étaient présents. Suite à cette rencontre, sept agriculteurs ont pris contactavec le GABNOR pour réaliser un diagnostic. L’objectiffixé est de mener dix diagnostics courant 2007. Les premières rencontres donnent des signes positifspour le développement de l’agriculture bio. En effet, plu-sieurs agriculteurs montrent un intérêt pour travailler àun scénario de certification à l’agriculture bio pour leurferme.

Conclusion

Les bandes enherbées réduisent l'érosion et le ruissellement.

ITAB

La bio pour protéger l’eau dans le Nord-Pas-de-Calais

Accompagner les agriculteurs qui souhaitent concrétiser lesprojets d’amélioration identifiés à l’issue des diagnostics.Le diagnostic n’est en effet qu’une première étape.L’enjeu est d’accompagner dans la durée les agriculteursqui souhaitent concrétiser leur projet.

Page 13: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

13MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Dossier - Eau & bio

D epuis le début du XXe siècle, le StadtwerkeMünchen (SWM : service

municipal de distribution des eauxde Munich) achète des terrains si-tués sur la zone d’influence descaptages pour les boiser et ainsipréserver la ressource en eau.Malgré cette politique de préven-tion, depuis les années 60, lesteneurs en nitrates ont progressi-vement augmenté(figure 1). Larégion étant essentiellement re-

couverte de forêt et d’exploitationsagricoles, l’augmentation des te-neurs en polluants observés estprincipalement le résultat de l’in-tensification progressive del’agriculture. Les teneurs obser-vées en 1991 (14,2 mg/l pour lesnitrates et 0,065 mg/l pour les pes-ticides) restaient bien inférieuresaux normes de potabilité (50 mg/lpour les nitrates et 0,5 mg/l pourles pesticides). Néanmoins, leSWM a décidé de réagir.En 1992, le programme de pro-motion de l’agriculturebiologique a débuté. Pour en-courager l’implication desagriculteurs, la ville de Munichdécide d’accompagner les agri-culteurs à tous les niveaux :● accompagnement techniquepar les associations biologiqueslocales ;● accompagnement financier ;- La municipalité finance inté-gralement le premier conseildonné par les associations auxcandidats à la conversion ainsique les contrôles annuels.- La municipalité verse une aideaux producteurs pour honorerleur contribution à la protectionde l’eau. Montant : 280 e/ha pen-dant six ans puis 230 e/ha lesdouze années suivantes.- L’État verse également desaides : 442 e/ha/an pendant cinqans, dans le cadre des program-mes agri-environnementaux.●accompagnement commercial Munich est devenu le premierclient des producteurs bio. Sur

les 13000 l de lait produits cha-que jour, 5000 sont distribuésdans les crèches. Dans les lycées,les étudiants peuvent trouver dessandwichs et pains bio.Les agriculteurs sont convaincus !Depuis 1992, 90% des 2250 ha deterres agricoles sont passées en bio(figure 2). De 23 en 1992, ils sontaujourd’hui 92 agriculteurs à pra-tiquer l’agriculture bio.

Quels impacts sur la qualitéde l’eau ?

Les résultats sur la qualité de l’eausont visibles ! Depuis 1992, les te-neurs en nitrates ont diminué de43% (baisse de 14 à 8 mg/l) et lesteneurs en phytos de 54% (baissede 0,065 mg/l à 0,03 mg/l).

Tous comptes faits…Le programme de soutien àl’agriculture bio coûte un cen-time d’euros par mètre cubed’eau distribuée. A titre de com-paraison, le coût de ladénitrification (évitée grâce à lapolitique préventive de Munich)est estimé en France à 27 centi-mes d’euros par mètre cubed’eau distribuée. Sur le longterme, Munich réalise donc deséconomies en encourageantl’agriculture bio !

- 43% en 14 ans

1991 2005

8

14

NITRATES

1975

mg/l

- 43%en 14 ans

Afin d’obtenir une eau de qualité et de réduire les processus coûteux de traitement, la ville deMunich a décidé d’agir en amont. Depuis 1991, elle encourage l’agriculture biologique sur les2250 ha de terres agricoles situées à proximité des captages d’eau potable. Les agriculteurssont accompagnés techniquement et financièrement.

U N E V I L L E E X E M P L A I R E

Munich encourage la biopour protéger l'eau

Figure 1 - Evolution des teneurs en nitrates

Pour en savoir plus :Contacter le GABNOR

Le Paradis - 59133 PhalempinTél : 03 20 32 25 35 - Fax : 03 20 32 25 35Nos rapports d’étude et fichestechniques sont téléchargeables surwww.gabnor.org

2 900 ha48%

Forêt

1 985 ha33%

Agri bio

Agri conv.850 ha

14%265 ha

Autres

4%

Figure 2 - Zone de réserve d’eau potable etzone d’influence 6000 ha - Source : SWM

Page 14: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Le MTCS a étérécompensé auMIFFEL 2005 (2e

prix de l’innova-tion) et au SIFEL

2006 (catégorieenvironnement).

14 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Technique - Maraîchage

D É M O N S T R AT I O N D E M AT É R I E L

Entretien et travaildu solOptimisation des itinéraires techniques etréduction des coûts de production

Le « MTCS maraîchage », unoutil simple et polyvalent

Le principe des planches perma-nentes est de limiter les zonesde compaction de la parcelle auxpasse-pieds en empruntant tou-jours les mêmes passages deroues. Sur la planche, le sol n’estjamais labouré et entretenu enpriorité avec des outils à dents.Les outils rotatifs ne sont utili-sés qu’en cas de nécessité avérée(éventuellement enfouissementd’engrais verts…). Le « MTCS maraîchage » (Matérielde Techniques CulturalesSimplifiées en maraîchage), outilinnovant conçu à l’initiative duGRAB,est adapté aux planches per-manentes. Il permet de travaillerle sol en reprise après la culture,de préparer le lit de semences, deformer des buttes et d’entretenirla culture(désherbage et buttage).

Fortement inspiré du cadre porte-outil de Truchet, il est en pluscomplété par des disques étoilesgénéralement utilisés en désher-bage. Sans mise en œuvre de laprise de force, il prépare le sol uni-quement grâce à l’avancement dutracteur. Les disques étoiles posi-tionnés au centre du MTCS

effectuent le travail du sol. Cet outilest adaptable : il est possible deretirer des éléments et de l’utiliseren cours de culture pour assurerle désherbage,le buttage ou le net-toyage des passages de roues.(Renseignements : Annick Taulet(GRAB)).

Combinaison d’outils :ameublisseurs et disquesportés

Peu de transferts ont été établisentre les cultures céréalières etlégumières. Pourtant, la société

leader du marché en TechniquesCulturales Simplifiées (TCS) engrandes cultures propose unegamme d’outils combinés pou-vant aussi bien simplifier letravail du sol en maraîchagequ’en grandes cultures.L’ameublisseur présenté peutêtre utilisé avec un rouleau oucouplé avec un outil «classique»de travail du sol (herse rotative,rotavator…). Grâce à son atte-

C'est dans une démarche d'optimisation desitinéraires techniques et de réductions des coûts deproduction que s'est inscrite la demi-journée dedémonstration organisée par l’équipe maraîchagedu GRAB, le 28 septembre dernier sur son sited'expérimentation en Avignon dans le Vaucluse. Plusd’une soixantaine de producteurs et techniciens ontassisté aux présentations des différentes techniquesd’entretien et de travail du sol en maraîchage etplantes aromatiques.

Par Annick Taulet (GRAB)G

RA

B

Ameublisseur à pointe décalée.

GR

AB

Page 15: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Disques portés indépendants et escamotables.

Décompacteur polyvalent arboriculture/maraîchage.

15MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Technique - Maraîchage

lage trois points, il se fixe devantl’outil rotatif de préparation dusol. En un seul passage, les deuxoutils travaillent et forment le litde semences. Cette combinai-son ne demande pas plus depuissance au tracteur.Le principe des ameublisseursest simple, il s’agit de soulever lesol en formant une vague. Pourcréer cette vague, la pointe déca-lée de la lame exerce une forceverticale qui assure le soulève-ment homogène du sol. Puis labande de sol est repositionnéesans bouleversement, ce qui as-sure une bonne continuitéstructurale pour permettre unecapillarité efficace et le passagedes racines en profondeur.D’après le constructeur, cettelame spécifique brevetée permetde réduire la consommation decarburant de 28% en comparai-son avec un labour traditionnel.

Les disques portés Ils s’inscrivent dans la même lo-gique que l’ameublisseur :rapidité de travail, gain de tempset d’énergie. D’ailleurs, ces deuxoutils peuvent fonctionner encombinaison ou séparés.Chaque disque a l’avantaged’être auto-animé et ne requiertpas l’utilisation de la prise deforce. La vitesse d’usure des dis-ques est plus faible que celle

d’une dent. Ils travaillent facile-ment en présence de résidusvégétaux sans risque d’andai-nage. Associés à un tablierbrise-mottes, le mélange des ré-sidus est amélioré, l’affinementdu lit de semences est efficaceet le sol reste nivelé. L’utilisationdes disques peut réduire jusqu’à20% la consommation de carbu-rant par rapport à un cover-crop.Une pièce intermédiaire amovi-ble permet de varier l’inclinaisondes disques de bordure. Cettefonction permet d’éliminer laformation de creux ou de billons.

La gamme des disques est im-portante : de 460 à 610 mm dediamètre selon les fournisseurs.

Un décompacteur pour untravail du sol en profondeur

Ce décompacteur polyvalent arboriculture / maraîchage estconstitué d’un cadre à barrespleines et de deux types de dentscomplémentaires qui permet-tent un travail complet du sol enprofondeur sur l’ensemble dupassage d’outil :- deux dents courbées vers l’ex-térieur placées de chaque côté ;- une dent droite située au cen-tre de l’outil. Les dents courbées travaillent auniveau du passage de roue versl’extérieur. Leur courbure per-met d’effectuer un mouvementdu sol de haut en bas, créantainsi le décompactage. Ce mou-vement vertical du sol ne créepas de perturbation du sol etn’engendre pas de semelle. Ladent centrale droite occupe lapartie centrale qui n’est pas tra-vaillée par les dents courbées.Elle découpe le sol en le soule-vant légèrement et finit de casser

GR

AB

GR

AB

Page 16: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Socs, dents ou buttoirs adaptés au petit cadre porte–outil.

Des porte–outils précis et efficaces.

GR

AB

16 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Technique - Maraîchage

les éventuelles semelles de la-bour. Cet outil sollicitel’utilisation d’un tracteur de 80chevaux quatre roues motrices.

Une gamme légère pourmicro-tracteurs

Les micro-tracteurs ou les trac-teurs de faible puissance onttendance à se développer. Les ex-ploitations de petite tailles’équipent pour limiter les coûtstout en réalisant un meilleur tra-vail qu’avec un motoculteur. Maisqu’en est il des outils adaptables ? Plusieurs sociétés proposent dés-ormais des gammes de griffonsou de petits porte-outils adap-tés. Par exemple, un petit griffonconstitué de trois petites dentsdroites placées en triangle sur uncadre réglables permet d’inter-venir sur l’inter-rang. Il est possible de remplacer lesdents droites par des socs ou desbuttoirs utilisés en préparationde sol et en entretien des cultu-res (désherbage et buttage). Leschangements d’outils sont rapi-des et simples, ce qui rend lecadre très polyvalent.

Des porte–outils intelligentsqui s’adaptent aux cultures

Les bineuses exigent une planta-tion régulière avec un alignementparfait. Elles sont réglables selonla largeur de travail et le nombre

de lignes. Le modèle présenté estun « trois points tractés ». Il peutêtre utilisé par deux applicateurspour un travail précis ou par une

seule personne (moins de préci-sion et risque de dégât sur laculture). Les portes-outils peu-vent accueillir plusieurs outils :disques étoiles, bineuse à doigts,socs butteurs… Les vitessesd’avancement sont variablesselon le travail à effectuer : 4 km/hpour un sol assez « sale » (adven-tices âgées) jusqu’à 12 km/h pourun sol peu envahi. La profondeurde travail est comprise entre 2 et4 cm.Tous ces outils peuvent par ail-leurs avoir un effet bénéfique surla structure du sol (aération, dé-croûtage…) mais ne pourrontêtre utilisés que dans certainesconditions (sol bien ressuyé parexemple).

Quelques sociétés proposent une gamme de pneumatiques basse pression, utilisés surtout en gran-des cultures mais encore peu en maraîchage par méconnaissance. Les produits existants et adaptésaux cultures maraîchères ont donc été présentés.Un pneu basse pression roule à moins d’un bar. Il limite le tassement des passages d’engin et réduitde 50% les ornières. Il s’écrase sous le poids du tracteur, les points d’appui sont plus importants etles empreintes plus larges. Ce type de pneu a une durée de vie supérieure de 25% à celle d’un pneudit « classique ». La sécurité sur route est améliorée : meilleur freinage, précision de conduite,confort vibratoire. La résistance à l’avancement est réduite de 20%.

Une nouvelle gamme de pneumatiques qui ne manque pas d’air !

GR

AB

Page 17: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

17MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Technique - Arboriculture

V O YA G E G R A B / I TA B

Un concentréde pommes Allemagne du sud-ouest

Une quinzaine de passionnés del’arboriculture fruitière biologique de

France Belgique et Suisse ont participéau voyage d’étude organisé par l’ITAB

et le GRAB en Allemagne. Auprogramme, des visites chez des

producteurs variés et représentatifs duSud-ouest, en synchronisation totale

avec la coupe du monde de football(malheureusement perdue par les

hôtes !). Malgré tout, les découvertesarboricoles en sont restées très

enrichissantes et les débatscontradictoires et passionnés.

Par Gilles Libourel (GRAB)et Aude Coulombel (ITAB)

M Jacoby, l’industrieldu jus bioSon grand oncle a suivi le « Coursaux agriculteurs » de Steiner, ini-tiateur de la Bio-Dynamie. C’estla raison pour laquelle les ver-gers de M. Jacoby sont conduitsselon cette méthode. La société,créée en 1923 exploite 250 ha depommiers en Alsace et 40 enAllemagne. Le verger allemandsitué dans la plaine alluviale duRhin, est conduit selon un mo-dèle semi-extensif sur MM 106planté à 6 x 3 m environ, forméen axe central. La forme géné-rale de l’arbre est conique. Lepalissage est absent, l’ancrageest bon. Mais pour la majoritédes variétés, la distance sur lerang est insuffisante, d’où unmanque d’aération favorable àla tavelure accentuée égalementpar la structure forte de la par-tie inférieure des arbres.Si le couple Jocoby affectionneparticulièrement son verger, l’ac-

tivité principale de l’entreprisereste la transformation en jus defruits de toutes espèces. Les ver-gers de l’entreprise fournissentseulement 40% du jus de pommebio total produit, qui s’élève àcinq millions de litres. Le resteest issu de pommes importéesde Pologne. M. Jocoby achèteégalement d’autres fruits bio (ce-rises, fruits exotiques…) et deslégumes bio (des carottes, radis,betterave rouges, céleri, radisnoir…) ou directement des jus(choux par exemple) et les trans-forme en cocktails bio. Lagamme de produits est donc trèslarge. L’activité bio ne représenteaujourd’hui qu’un quart du vo-lume produit.

Vente directe multi-fruits chez M. HofflinA Denzlingen (région deFribourg), au pied de la forêtNoire, entre l’autoroute et la voieferrée, Christoph Hofflin pos-sède 13 hectares de pommiers,poiriers, fraisiers, cerisiers, pru-niers, pêchers et emploie unedizaine de salariés. Il profite desa localisation périurbaine pourproposer une gamme diversifiéeà la vente directe et aux circuitscourts. Il gère un magasin sur saferme où d’autres producteursvendent également leurs pro-duits. Il fréquente deux marchéspar semaine, assure deux per-manences hebdomadaires dansL’entreprise Jocoby propose une large gamme de jus bio, dont des jus de légumes.

ITAB

ITAB

Page 18: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

18 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Technique - Arboriculture

des magasins bio. Mais surtout,il est membre d’une organisa-tion de producteurs qui permetà chacun d’avoir un étalage di-versifié par des achats à tarifspréférentiels entre membres.Cette association s’appelle SüdHof et fait partie de la marqueBioland dominante dans la ré-gion de Fribourg.En pommes, il propose les va-riétés Topaz, Florina, Boskoop,Goldrush, Cybèle, Elstar, Collina.Le rendement moyen est de 15à 20 tonnes par hectare. Les ver-gers courants sont greffés sur IXavec un enherbement trèfle lapremière année, ensuite détruitpour éloigner les campagnols.Pour maîtriser ce ravageur, il pri-vilégie les fauchages fréquentspour éviter les montées à grainequi attirent le rongeur, et le pié-geage massif avec des pincesTopcat.

L’éclaircissage est réduit et ma-nuel (sur fleur pour Goldrush),il n’ose pas utiliser les produitséclaircissants car il n’est pas spé-cialisé sur la pomme. Sur Elstar,il accepte l’alternance car la qua-lité reste suffisante même ensituation de surcharge. Cette va-riété est d’ailleurs plus valoriséeque les autres (au minimum +0,50 e en vente directe).« Topaz est la variété adaptée àce climat », affirme M. Hofflin,mais elle doit être greffée sur unintermédiaire pour résoudre sonproblème d’hypersensibilité dutronc au Phythophtora à proxi-mité du sol. Contre la tavelure,il emploie le cuivre avant fleurpuis du soufre mouillable. Le pu-ceron cendré est contrôlé par leneem. Le carpocapse est résis-tant au Madex alors que leMadex « 2 » est en préparation.La fragilité du verger « standard»a incité le producteur à essayerune plantation de Topaz sur MM111 pour lequel l’itinéraire tech-nique reste à préciser.En cerise, les arbres âgés sonttrès volumineux et greffés surmerisier. Les jeunes plantationssont en axe sur Gisela avec no-tamment les variétés Regina etEugénie. Le premier problèmephytosanitaire est le corynéumou maladie criblée, dont les dé-gâts sont contenus par le cuivreavant fleur et le soufre après fleur.

M. Holland, un pionnieren thermothérapieLe verger de M. Holland couvre40 hectares dans la région duBodensee, au-dessus du Lac deConstance. Ses pommiers sontconduits selon le modèle classi-que de la région : 3,5 m x 1 m surporte-greffe de type M9, avec filetparagrêle systématique. Les ver-gers de quinze ans sontconsidérés comme âgés. Sa pro-duction totale varie entre 800 et1000 tonnes par an dont 500 enTopaz ! L’entretien des vergersest parfait avec l’objectif decontrer la pression des campa-gnols, traqués aussi par lepiégeage par pinces. Les piedssont propres, la tonte rase. L’attraction principale chez M.Holland est la thermothérapie,une méthode de conservationdes fruits par « désinfection » àl’eau chaude. Il a testé d’autresméthodes mais c’est celle-ci quilui est apparue la meilleure. Il ya plus de cinq ans, il a découvertaux Coteaux Nantais la « dou-che » à thermothérapie de M.Bernard. Le problème de ce sys-tème selon lui, c’est que l’eau necoule pas sur toute la surface despommes. Pour y remédier, il aentrepris avec l’institut de recher-che allemand, la mise au pointd’un système de trempage inté-gral des pommes, d’abord adaptéà des cageots de 20 kg. Ensuite,

M. Hofflin vend ses pommes 1,90 e/kg en vente directe (saufElstar : de 2,40 à 2,90 e/kg), 1,20 e/kg aux collègues et 1,00 e/kgaux grossistes.

Dans sa boutique, M. Hofflin vend ses produits et ceux de collègues. Il reçoit 70 clientspar journée d’ouverture et réalise alors1000 e de chiffre d’affaire.

ITAB

ITAB

Le rendement moyen en pomme est de 15-20 tonnes à l’hectare.

ITAB

Page 19: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

19MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Technique - Arboriculture

avec son voisin, ils ont cherchéun constructeur pour réaliser unemachine capable de baigner lespallocks de 300 kg. Aujourd’hui,ils en possèdent chacun une.Les pallocks sont immergés deuxminutes dans l’eau. La tempéra-ture de l’eau doit être compriseentre 48 et 54°C. Au delà les ris-ques de brûlures sont importants.Après le bain, les pommes pas-sent une nuit dehors pour

Monsieur Holland.

La géomantie pourplanifier les soinschez M. HollandUn curieux assemblage de pierres trône au milieu de lapelouse des Holland. Des signes mystiques y sont gravés.C’est la fille de M. Holland qui l’a installé à cet endroitprécis, guidée par la géomantie qu’elle pratique. Elleexplique que grâce à la méditation, elle rentre en contactavec les arbres, les animaux et autres formes de la nature.Elle ressent alors ce qu’ils nécessitent comme traite-ments. L’eau de l’étang artificiel voisin est utilisée pourtous les traitements. L’assainissement est assuré par desplantes filtrantes. Au centre, un jet oxygène l’eau qui estinformée (grâce à des fleurs de Bach, de la silice et descristaux de pierre).

L’étang artificiel et un hangar couvert de panneaux solaires.

ITAB

ITAB

La machine traite 40 tonnes de pommes en huit heures et mobilise une personne.

assurer leur refroidissementavant d’être rentrées en cham-bres froides.La machine coûte 60 000 e (voircaractéristiques en encadré), uninvestissement déjà rentabilisépuisque M. Holland estime à100 000 e les économies réaliséesgrâce à elle. Préventivement, ilpréfère tremper toute la récoltecar il n’a pas une idée précise deson calendrier de ventes.

ITAB

ITAB

r Coût : 60 000 ¤r Efficacité : 40 tonnes de pommes traitées en huit heures, avec la mobilisa-tion d’une personne.

r Consommation d’eau : 60 000 l/h. L’eau est traitée à l’ozone pour la dés-infecter, elle peut ainsi être réutilisée dans le circuit de la machine. Elle estchangée tous les jours.

r Consommation d’énergie : 1litre de fuel/tonne de pommes traitée. La cha-leur émise par les réfrigérateurs (chambres froides) est récupérée pour pré-chauffer l’eau.

r Coût de revient par pallox : 8 ¤

La machine à thermothérapie

Page 20: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

20 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Technique - Arboriculture

A Fildenmoos, le type de vergerde M. Blank suit le même schémaque les autres avec environ 3 000pieds par hectare, et des filetsparagrêle (17000 e/ha, installa-tion comprise) très bienentretenus. A noter, la pratiquesystématique de la coupe des ra-cines par une lame passant prèsdu pied de l’arbre, sur un côtéen mars et en juillet sur l’autre.Cela permet de contenir le dé-veloppement de l’arbre.M. Blank père est président de lasociété de commercialisationEcobow, qui regroupe les plusgros producteurs de pommes biode la zone de Constance. Cettezone représente 10 000 tonnes depommes bio, pour une produc-tion nationale de 25 000 tonnes !Ecobow fait partie de l’associationdes principaux producteurs depommes bio européens.Pour ten-ter de maitriser le marché, ilséchangent leurs prévisions de ré-coltes, leurs tonnages récoltés etleurs stocks. Les prix pratiquésvont de 0,80 à 1,15 e en emballagevrac de 9 ou 13 kg. Les discoun-ters allemands sont trèsdemandeurs en pommes bio. Leprix de vente au consommateurdans ce type de magasin est de

1,70 à 1,90 e.Pour faire face à cettedemande, une conversion de 120ha est prévue dans le Bodensee,les harddiscounters ayant promisde donner priorité aux fruits lo-caux. Un débat s’est alors installésans pouvoir être clos. Le déve-loppement du bio en harddiscount est-il vraiment un pointpositif ? Faut-il à tout prix augmen-ter rapidement l’offre au risque desaturer le marché et retomber dansles mêmes problèmes subis enconventionnel ?

Les filets paragrêle sont indispensables dans la région.

Le « rodénator » de M. Blank est unappareil d’extermination des campa-gnols très peu « bio » : du propane etde l’oxygène sont injectés dans lesgaleries avant d’en provoquer l’explo-sion par une étincelle.

Centre de recherche de la région

Le KOB (Kompetenzzentrum Obstbau-Bodensee) est uncentre d’expérimentation fruitière de la région duBodensee côté allemand. Les travaux menés concernentprincipalement la pomme, même si certains restentconsacrés à la cerise et à la poire.Depuis que le KOB ne fait plus partie de l’Université deStuttgart, une fondation a été créée. Elle permet la ventede prestations et a accru la motivation des salariés car lesrentrées financières sont beaucoup plus rapidement liéesaux résultats.Les sources de financements sont les projets européens(cinq en juillet 2006), les sociétés privées essentielle-ment phytosanitaires, les coopératives de producteurs, etla vente des fruits. 10% de la surface du centre sontconduits en biologique sur un total de 25 hectares.L’Institut est divisé en cinq départements : production,éclaircissage, protection phytosanitaire, conservation,vente.Les expérimentations bio ont commencé en 2002. Ellessont très axées sur la tavelure et les maladies de conser-vation. M. Mayr est le spécialiste des variétés de pom-mes. Il teste des variétés (mais n’en crée pas) à faiblecoût de production pour fournir les hard discounters. Lespremiers essais sont restreints à la station, avant d’êtremenés chez certains professionnels si les premièresrécoltes sont favorables. Trois variétés semblent actuelle-ment intéressantes : COLLINA, MODI et OPAL (voir tableau).La variété Rubinola attire toujours pour sa qualité gusta-tive, mais ses problèmes de dégarnissement et d’éclate-ment limitent son développement. Par ailleurs, concer-nant les portes-greffes, pour l’ensemble des personnesrencontrées dans la zone du lac de Constance, le type IXfait l’unanimité.

Les discounters allemands sont très demandeursde pommes bio.

M. Blank et son système de commercialisationdirect

r COLLINA - Pays-Bas

Résistante à la tavelure, précoce (début août au KOB),la meilleure à son époque. Sa vigueur forte est considé-rée comme un défaut, ainsi que son alternance àconfirmer, et son calibre moyen.

r MODI - Italie - Parents : Gala X Liberty

Rouge, résistante à la tavelure, récolte proche de laGolden. Bon calibre (75/80), bon auto-éclaircissage,douce, bonne conservation vigueur faible. Problèmes derugosité et de roussissure. En club en Italie, en discus-sion en Allemagne.

r OPAL - République Tchèque - Parents : Topaz X Golden

Jaune, résistante à la tavelure, bon auto-éclaircissage,petite sensibilité à l’oïdium et maladie de la suie,sensible à la rugosité, mais la meilleure selon UlrichMayr. Récolte fin septembre.

REMERCIEMENTS : L’ensemble du groupe remercieles producteurs hôtes, Birgit Künstler, Sascha

Buchleither et Jean-Luc Tschabold pour la préparation,l’organisation, l’accompagnement et la traduction.

Le KOB

ITAB

ITAB

Page 21: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Syrphes sur fleur de chicorée sauvage.

21MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Les syrphesPar Aude Coulombel (ITAB)

L eur abdomen à bandes outaches jaunes sur fond noirleur donne un air de peti-

tes guêpes. Pourtant, les syrphesappartiennent à l'ordre des dip-tères (mouches, moustiques,taons…). Leur vol souvent sta-tionnaire et ponctué de rapidesdéplacements latéraux est trèscaractéristique. Le cycle biologi-que des syrphes comporte quatrephases de développement : l’œuf,la larve, la nymphe et l’adulte. Lenombre de générations, de uneà cinq, et le cycle évolutif, varientselon les espèces. Les adultes, flo-

Fre

do

nN

PC

Fra

val/

INR

A

Au stade adulte, cet insecte entomophage mesure de 8 à 15 mm.

Du printemps à l'automne, les syrphes sont desinsectes courants en Europe. Si leur abdomen rayérappelle les guêpes et pousse à la méfiance, lessyrphes sont pourtant parfaitement inoffensifs pourl'homme… et tellement utiles ! Les larves sont degrandes dévoreuses de pucerons tandis que lesadultes, gourmands de pollens, miellat et nectar,participent à la pollinisation.

Fiche technique - Auxiliaires

ricoles, se nourrissent de pollenset de nectar et contribuent ainsià la pollinisation. Cette prise denourriture conditionne d’ailleursla formation des œufs chez lesfemelles.

Une larve friande depuceronsLa fécondité des syrphes est éle-vée : de 500 à plus de 1000 œufspar femelle. Le “record” observéest même de 3000 œufs ! Deformeallongée, d’environ un millimètrede long et blanchâtres, ils sont dé-posés isolément au milieu d’une

Page 22: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Après une semaine d'incubation, la larve apparaît : un petit asticot aveugle, vert pâle, jaunâtre ou brun.

Fre

do

nN

PC

22 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Fiche technique - Auxiliaires

plus tôt possible en attirant, avecdes fleurs appétentes, les pre-miers adultes vers les coloniesde pucerons. C‘est possible, enlaissant se développer des plan-tes vivaces ou bisannuelles quiutilisent les réserves de leurs ra-cines pour se développerrapidement dès la fin de l’hiver.Plusieurs de ces espèces de fleurssauvages les attirent pour uneautre raison. Grâce à leur propreespèce de puceron (inféodée àchacune), bleuet, achillée mille-feuilles, compagnon blanc entreautres, constituent des nurseriesà syrphes sans risque pour lescultures. Les pucerons ne se dé-veloppent pas sur la culture etoffrent un garde-manger pourles larves.

Pour assurer leur survie lors dela mauvaise saison, les syrphesadoptent diverses stratégies selonleur espèce. Certains hivernentà l’état de femelles adultes fécon-dées tandis que d’autrespréfèrent migrer. D’autres espè-ces hivernent dans le sol à l’étatde pupes. Cette carapace chiti-neuse permet de résister à desgrands froids et à des sécheres-ses prolongées pendant ladiapause. Mais attention, ellesne doivent pas être dérangées.Ramenées en surface, elles se-raient à la merci de conditionsclimatiques peut-être trop rudesou raviraient un merle peu scru-puleux !

Favoriser leur environnement La mobilité des adultes permetune colonisation rapide des cul-tures, assez tôt en saison, surtoutsi le stade hivernant est celui defemelle adulte fécondée (casd'Episyrphus balteatus, espècela plus commune). C’est la recher-che de miellat qui les conduit auxcolonies de pucerons bien queleur nourriture favorite soit le nec-tar, qui améliorerait la longévitéet la prolificité des femelles. Laprésence abondante de fleursnectarifères (mellifères) dans l’en-vironnement cultural favorisedonc leur installation rapide. Maisil faut choisir des espèces adap-tées. Ils ne peuvent pas puiser lenectar de certaines fleurs trop pro-fondes comme la phacélie, leslégumineuses fourragères detypes trèfles, luzernes. Les syrphesapprécient particulièrement lesOmbellifères, comme la berce,l’anthrisque commun encore ap-pelé cerfeuil sauvage, l’achilléemillefeuilles, l’angélique, maisaussi la carotte, le fenouil, le cer-feuil…Pour réguler précocement les pu-cerons, il faut relancer lamultiplication d’auxiliaires le

Pupe.

colonie de pucerons. Après unesemaine d’incubation, la larve ap-paraît : un petit asticot aveugle,vert pâle, jaunâtre ou brun. Selonles genres, la larve est plus oumoins allongée et graduellementrétrécie vers l’avant du corps.Apode, elle adhère à la feuille ouau rameau sur lequel elle se trouve.Elle avance à tâtons grâce à la par-tie antérieure de son corps jusqu’àce que ses crochets buccaux ren-contrent une proie.Elle la soulèvegrâce à sa salive collante et la videde sa substance par aspiration !Les larves sont des prédateurs trèsvoraces,elles consomment de 400à 700 pucerons au cours de leurdéveloppement (environ dix jours).Elles peuvent visiter toute uneplante voire changer de pied si lesfeuilles en contact offrent un pont.En fin de développement, la larvemesure environ un centimètreet demi et excrète une uniquedéjection noire très visible (mé-conium). Elle se transformeensuite en nymphe. La puped’environ huit millimètre prendla forme d’une gouttelette(comme chez Episyrphus baltea-tus, Sphaerophoria scripta…) ouplus rarement d’un tonnelet (lecas chez Scaeva pyrastri,Eupeodes corollae…). Les gout-telettes restent accrochées auvégétal alors que les tonneletstombent plutôt au sol.

ITAB

La présenced’œufs àproximité descoloniesprimaires depucerons est unbon indicateurd’efficacité.

Les larvesconsommentde 400 à 700pucerons aucours de leurdéveloppement.

r Fiche technique : Les syrphes,prédateurs de pucerons. FREDON

Nord-Pas-de-Calais.

r Guide : Les auxiliaires entomo-phages, ACTA, 1999.

Pour en savoir plus

ITAB

Les syrphes apprécient particulièrement les Ombellifères.

Page 23: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Agneaux de race Limousine, suivis lors de l'étude.

23MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Recherche/Expé - Élevage

D es observations faitesdans un essai réalisé en2000, sur des agneaux

conduits en mode d’agricultureconventionnelle, montraientqu’une limitation de l’apport deconcentré à 45% de la matièresèche ingérée ne permettaitqu’une croissance modérée de250 g/jour environ, contre 330 gpour les agneaux recevant leconcentré à volonté. En agricul-ture biologique, une tellecroissance n’est pas rédhibitoire.Elle pose cependant la questionde la durée de la période d’en-graissement, des quantités de foiningérées, et finalement du coûtde cet engraissement et de la qua-lité des carcasses produites.

E N G R A I S S E M E N T D ’ A G N E A U X E N B E R G E R I E

Effet du niveau d’apport des aliments concentrés

Les règles d’élevage en agriculture biologique limitentl’incorporation d’aliments concentrés dans la ration desruminants. Leur proportion doit être au maximum de 40%de la matière sèche ingérée quotidiennement (CC-REPAB-F, 2006). Dans le cas des agneaux élevés enbergerie, ces proportions sont en réalité très difficiles àrespecter car l’aptitude des jeunes ovins à ingérer dufourrage est faible. C’est pourquoi, au cours de deuxessais effectués à l’INRA de Clermont-Ferrand-Theix, ontété examinées les conséquences d’une réduction de lapart des concentrés dans la ration d’agneaux sevrés derace Limousine.

Par Jean Pierre Dulphy, Hervé Tournadre, Marc Benoit, Gabriel Laignel et Roland Jailler (INRA

de Clermont-Ferrand-Theix1)

essais ont donc été mis en place,début 2004, puis début 2005, du-rant l’hiver, avec des agneaux nésen novembre de l’année précé-dente. Au cours de l’allaitement,les agneaux disposaient d’un ali-ment concentré à volonté. Lepremier essai a concerné deuxlots de 27 agneaux après leur se-vrage à neuf semaines et lesecond quatre lots de treizeagneaux après leur sevrage à huitsemaines.Les recommandations alimen-taires pour les agneaux sevrés àl’engraissement préconisent uneteneur en PDI de la ration d’en-viron 100 g par kilo de matièresèche afin d’éviter un engraisse-ment trop précoce. De manièreà respecter cet équilibre, la te-neur en MAT des concentrés a étéajustée en fonction des valeursdes fourrages et des quantitésingérées prévues. Les valeurs desfourrages et des concentrés uti-lisés sont données dans letableau 1.

Deux essais à la ferme de Redon

Sur la ferme de Redon 2, dans lecadre d’une conduite en agricul-ture biologique certifiée, deux

Tableau 1 - Valeurs nutritives des fourrages et des concentrés utilisés (kg/MS)Essai I Essai II

Concentré Concentré Concentré ConcentréFoin ordinaire riche en azote Foin Paille ordinaire riche en azote

UFV 0,50 0,93 1,00 0,60 0,20 0,90 1,00

PDIE 66 95 125 74 40 95 140

PDIN 52 110 164 63 24 110 160

1 INRA de Theix - 63122 - Saint-Genès-Champanelle

2 détails : domaine de 50 ha conduit en AB,avec 200 brebis, à 800 m d’altitude, sur terrainsgranitiques et volcaniques.

INR

Ad

eTh

eix

INR

Ad

eTh

eix

Page 24: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

24 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Recherche/Expé - Élevage

Tableau 2 - Résultats obtenus lors du premier essai

Lot 2 Lot 1 (concentré limité) Signification

Concentré ingéré en g brut par jour par agneau 1220 610

Matière Sèche totale ingérée en kg 35,4 46,5

Durée d’engraissement en jours 30 43 ***

Age à l’abattage en jours 94 107 ***

Foin ingéré en kg de MS 6,0 24,8

Concentré ingéré en kg de MS 29,4 21,7

% de concentré 83 47

Poids au sevrage en kg 23,2 23,1 NS

Poids abattage en kg 34,6 34,2 NS

Poids vif vide en kg 26,7 28,8 **

GMQ g/j 403 273 * **

Poids de carcasse froide en kg 15,2 14,3 **

Conformation de carcasse (EUROP) R- O+ NS

Etat d’engraissement (note de 1 à 5) 3 2,2 ***

Epaisseur de gras dorsal en mm 3,3 2,7 *

Poids de gras de rognon en g 341 259 **

Coût du concentré en euros 12,8 9,4

Coût du foin en euros 0,9 3,2

Marge* par agneau en euros 56,4 55,8

* Marge = prix de vente de l’agneau - coût de son alimentation lors de la période d’engraissement

Premier essaiDeux traitements ont été com-parés avec un apport de foinidentique à volonté (résultatsdonnés par le tableau 2) :- Lot 1 : apport de concentré or-dinaire pratiquement à volonté(1100 g brut par jour max.).- Lot 2 : apport de concentrériche en azote, limité à 600 g brutpar jour. Dans cet essai, lesagneaux (quinze mâles et douzefemelles par lot) ont été abattusà même poids vif, sans tenircompte de l’état d’engraisse-ment. La limitation du concentréa permis de réduire de 26% saconsommation totale pour le lot2 sur la période d’engraissement,mais a augmenté nettement laconsommation totale de foin(multiplié par 4 !) et la duréed’engraissement. En moyenneles animaux du lot 2 ont ingéré1,08 kg de MS par jour contre1,18 kg pour ceux du lot 1. Lesanimaux du lot 2 ont dû êtreconservés plus longtemps. A même poids vif à l’abattage,les agneaux limités ont eu un

poids de carcasse un peu plusfaible, en raison d’un poids ducontenu digestif plus importantchez ces agneaux. De plus, l’étatd’engraissement des carcassesdes agneaux limités a été égale-ment inférieur. Cependant lesagneaux du lot 2 ont été un peumieux valorisés (+0,19 euro parkilo de carcasse ; moinsd’agneaux trop gras dans le lotlimité ; 4,75 contre 4,56 euros parkilo), ce qui a été pris en comptedans le calcul de la marge.Les coûts des rations d’engrais-sement ont cependant étéproches et les marges compara-bles pour les deux lots.

Second essaiQuatre traitements ont été com-parés avec deux fourragesdifférents (résultats donnés parle tableau 3) :- Lot 1 : paille et concentré ordi-naire à volonté (niveau haut).- Lot 2 : foin et concentré ordi-naire à volonté (niveau haut).- Lot 3 : foin et 55% de concen-tré -mélange de concentréordinaire et de concentré enri-chi en azote- (niveau moyen).- Lot 4 : foin et 40% de concen-tré enrichi en azote (niveau bas).Le foin distribué a été le mêmepour les trois lots. Pour les lots 1et 2, la quantité de concentré of-ferte a été plafonnée à 1150 gbrut/agneau/jour, pour éviterles problèmes de lithiase uri-naire. Pour les lots 3 et 4, leconcentré a été offert en propor-tion fixe de la matière sèchetotale ingérée quotidiennement. Pour cet essai, les agneaux (sixmâles et sept femelles par lot) ontété abattus à même poids vif vide(poids vif diminué du contenudigestif) et lorsque leur état d’en-graissement était optimal (jugépar palpation dorsolombaire).Ces modalités permettent decomparer les résultats d’abattageindépendamment du contenu di-gestif des agneaux.

Le lot 2 a eu une croissance éle-vée et a ingéré, évidemment, peude foin. Son remplacement parde la paille a augmenté la duréed’engraissement de huit jours,mais sans affecter véritablementla marge par agneau.La diminution du concentré (lots

Page 25: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

25MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Recherche/Expé - Élevage

Tableau 2 - Résultats du second essai

Signification des Lot 1 Lot 2 Lot 3 Lot 4 différencesPaille Foin Foin Foin

Concentré 1 150 g brut 1 150 g brut 55 % 40 %

Matière Sèche Totale ingérée en kg 70,0 60,0 71,3 63,4

Fourrage ingéré en kg de MS 16,0 12,6 31,1 36,5

Concentré ingéré en kg de MS 54,0 47,4 40,2 26,9

% concentré réel 77 79 56 42

Durée d’engraissement en j. 58 50 70 75 ***

Age à l’abattage en j. 120 112 132 138 ***

Poids sevrage kg 19,1 19,1 18,8 19,1 NS

Poids abattage kg 35,1 35,1 35,3 35,0 NS

GMQ g/jour 282 324 238 210 ***

Poids vif vide en kg 28,5 28,9 29,4 28,6 NS

Carcasse froide kg 15,0 15,5 15,3 14,7 NS

Conformation carcasse (EUROP) R R- R R NS

Profondeur de poitrine en cm 20,4 19,5 22,6 23,2 ***

Etat d’engraissement (note de 1 à 5) 2,8 3,1 3,1 2,8 NS

Epaisseur de gras dorsal en mm 3,3 3,5 3,3 2,7 NS

Poids de gras de rognon en g 200 236 268 250 NS

Coût du concentré en euros 26,5 23,4 20,6 15,9

Coût du foin en euros 1,2 1,9 4,8 5,8

Marge en euros 57,3 59,2 57,9 61,0

3 et 4) a fait augmenter notable-ment la durée d’engraissement etla quantité de fourrage ingérée.Avec 40% de concentré, le GMQ

(gain de poids moyen quotidien)a été faible, à 210 g par jour.Néanmoins, les marges ont été denouveau peu affectées, mais avecune tendance à la hausse.La limitation du concentré à 40ou 55% n’a pas eu de conséquen-ces sur les critères de poids, de

conformation et d’état d’engrais-sement des carcasses produites.Cependant, pour ces deux lots,la profondeur de poitrine a étésignificativement plus élevéebien que cela ne se soit pas tra-duit par une note deconformation différente entrelots. La valorisation a été infé-rieure de 17 centimes d’euroseulement par kg de carcassepour les lots foin haut et foinmoyen (5,33 contre 5,5 euros parkilo de carcasse).

Les agneaux ont un comportement d’ingestiondifférent des adultes

Les quantités totales de matièresèche ingérées par jour augmen-tent toujours avec l’élévation duniveau d’apport de concentré.Ceci est contraire à ce qui est ob-servé normalement pour lesruminants adultes (augmenta-tion des MSI, puis diminution).Le comportement des agneauxest donc différent de celui desadultes : leur capacité d’inges-

tion pour les fourrages grossiersest faible. En suivant ces MSI parle détail, on note qu’à un poidsdes agneaux de 35 kg, les MSI parjour totales se rapprochent, pourdes apports différents de concen-tré, mais restent tout de mêmeencore plus élevées si l’apport deconcentré est élevé (1,4 kg de MSpar jour ; figure 1).A noter cependant que sur le ter-rain les éleveurs ne peuvent pasconnaître exactement la propor-tion de concentré distribué etdoivent donc éviter de trop res-treindre son apport. En terme de conduite, il est né-cessaire que le poids des agneauxsoit au moins de 25 kg au sevragelorsque la diminution du concen-tré est sévère (40%). Avant cepoids, leur capacité d’ingestionest trop faible pour assurer unequelconque croissance.

Croissance en seuil limite à40% de concentré

La croissance diminue évidem-ment avec la limitation du

Figure 1 : Quantités ingérées par agneauet par jour selon le poids vif et laproportion de concentré dans la ration(synthèse des deux essais)

0,40

15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35Poid vif (kg)

0,80

0,60

1,00

1,20

1,40

1,60 kg de MS

conc. 43% (200g/l)conc. 60% (200g/l)conc. 80% (300g/l)

Page 26: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

26 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Recherche/Expé - Élevage

concentré. Le principal incon-vénient est alors un allongementde la durée d’engraissement etune augmentation de la quan-tité de travail de l’éleveur. Celapeut également conduire à ac-croître la surface de bâtimentslorsque les périodes d’agnelagessont rapprochées. Avec 40% deconcentré, dans notre essai, lacroissance est encore accepta-ble. Dans la pratique on pourraitprobablement améliorer ce ré-sultat en distribuant un très bonfoin. Le nôtre était correct, maisde valeur alimentaire moyenne(voir plus haut). A un tel niveaude limitation, il est de toute façonpréférable de maintenir l’allai-tement des agneaux jusqu’à10-12 semaines au moins.

Pas de différence notablede qualité de carcasses

Les mesures très précises effec-tuées sur les poids de carcasse,leur état d’engraissement et leurconformation, ne montrent pasde différence de qualité pour lesanimaux abattus ici. Cependant,pour obtenir un poids de car-casse donné, les agneaux limitésdevront avoir un poids vif supé-rieur d’un ou deux kg par rapportaux agneaux à volonté, sansconséquence sur l’état d’engrais-sement : dans nos essais, en effet,les trois critères d’appréciation(note, épaisseur de gras dorsalet poids de gras de rognon) in-diquent une tendance à unmoindre état d’engraissementdes agneaux limités. A noter ce-pendant que des traitementsextrêmes n’ont pas été étudiés :

moindres disponibilités enconcentré par un accroissementsuffisant de l’ingestion de four-rage. La limitation ne doit doncpas être trop drastique et le four-rage distribué doit être de bonnequalité. Ce n’est que vers quatremois (30-35 kg vif) que la com-pensation peut se faire etautoriser une limitation prochede celle recommandée par le ca-hier des charges AB, mais alorsles agneaux sont très proches del’abattage. Cette limitation, dansla mesure où elle n’est pas tropforte, allonge la durée d’engrais-sement et le temps passé parl’éleveur. Elle augmente signifi-cativement les besoins enfourrage du troupeau. Elle n’en-traîne cependant pas deconséquences négatives sensi-bles sur la qualité des carcasseset le coût de l’engraissement. Finalement, au vu du CC actuel,si le sevrage des agneaux inter-vient avant 25 kg de poids vif, ilfaut être très prudent avec la li-mitation du concentré. Au-delàde ce poids de sevrage la limita-tion indiquée est possible,moyennant un GMQ faible.

concentré à volonté, concentrétrès limité. Les résultats de cesmesures sont donc rassurantes,même si elles ne concernentqu’un nombre de traitements fi-nalement très limité (six).

Des coûts d’engraissementsimilaires, mais avec desstocks de fourrages supplé-mentaires

La limitation de l’apport deconcentré nécessite bien sûr dedisposer d’un lot de bon foin,voire de regain pour les agneaux.Cette limitation entraîne uneaugmentation de la durée d’en-graissement, mais les coûts desconcentrés et du foin (pris ici à0,13 euro par kg brut) se com-pensent quasiment, si bien quele coût des rations n’est pas vrai-ment modifié par la limitationdu concentré dans la limite desproportions étudiées. Par ail-leurs, sur le terrain, les coûts desaliments peuvent être différentsdes prix retenus ici. Selon qu’ildoit acheter ou non des aliments,l’éleveur peut donc modifier sen-siblement la proportion deconcentré dans la ration desagneaux à son avantage.Par ailleurs, lorsque l’apport deconcentré est limité, les agneauxmangent alors plus de foin, et lestock nécessaire pour eux passede 5% environ à 15% du stocktotal (pour les brebis et leursagneaux) (voir les quantités à dis-tribuer dans le tableau 4).

Limiter l’apport de concen-trés s’avère difficile en AB

Finalement la limitation des ap-ports de concentré aux agneauxélevés selon le cahier des char-ges de l’agriculture biologiqueest difficile. En effet, le seuil de40% de concentré apparaîtcomme la limite inférieure pos-sible, pour maintenir une vitessede croissance acceptable, car lesjeunes agneaux en engraisse-ment entre deux et quatre moisne peuvent pas compenser les

r Tournadre H., Dulphy J.P., JaillerR., 2006. En agriculture biologique,réduire la part des concentrés dansla ration d’agneaux de bergeriesevrés : conséquences sur les quan-tités ingérées et les croissances.Journées 3R. Paris.

r Theriez M., Van Quackebeke E.,Cazes J.P., 1976. Influence de l’ali-mentation sur la croissance, l’étatd’engraissement et la qualité des car-casses. Journée de la recherche ovineet caprine. ITOVIC. Pages 79-109.

Pour en savoir plus

Tableau 4 - Quantité brute de concentré(kg) à distribuer selon le type de ration et lepoids des agneaux

Poids des Foin + 80% Foin + 60% Foin + 40% agneaux de concentré de concentré de concentré20 kg 0,85 0,45 -

25 kg 1,10 0,65 0,40

30 kg 1,25 0,80 0,55

35 kg 1,35 0,90 0,60

Le seuil de 40%de concentré

apparaîtcomme la limite

inférieurepossible pourmaintenir une

vitesse decroissance

acceptable.

Page 27: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

27MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Recherche/Expé - Grandes cultures

L’exploitation de Jean-PierreBouchet est située sur lacommune d’Orveau-

Bellesauve dans le Loiret. Lepaysage rappelle à la fois laBeauce avec sa plaine caracté-ristique et le Gâtinais avec sonrelief mollement ondulé et sesterres blanches. Les parcelles del’exploitant sont « à cheval » surces deux paysages et en règle gé-nérale ce sont des «petites terres»ou « terres à cailloux ».L’étude porte sur onze parcellesde dimensions variables et à ro-tations différentes liées auxpotentiels du sol. Seules les par-celles de Boinveau et de la Grosseépine seront décrites ici. Les observations floristiques ontété réalisées dans les dix culturesles plus souvent présentes à sa-voir : l’orge de printemps seule,l’association la première année«orge de printemps + luzerne» ou«orge de printemps + trèfle vio-let», le blé tendre d’hiver, l’engrain(ou petit épeautre), l’avoine deprintemps (avoine nue), la fève-

role d’hiver, les haricots (surtoutle flageolet), le « seigle + lentillon(lentille rose de Champagne) », lalentille de printemps.Au total 189 «adventices» ont étéobservées en incluant les treizeespèces cultivées. Ce nombre im-portant comprend pratiquementtoutes les espèces des champsde cultures intensives et d’au-tres disparues de la régionentière. On peut aussi estimerque la quarantaine d’espèces deschamps de grandes cultures«conventionnelles » se retrouvedans cette liste.

La parcelle de BoinveauC’est la parcelle la plus riche avecses 143 espèces soit près de 80%de la flore globale sur les seizecultures se succédant depuis ledébut du suivi de la flore (1986).Selon les années et les cultures,l’amplitude va de 19 à 65 espè-ces. Les cultures les plus «sales»sont les blés tendres et le seiglelentillon. Les autres céréales :l’orge de printemps et l’engrain,

sont plutôt propres avec une pe-tite trentaine de plantes. Pourl’orge, ceci s’explique par la sé-cheresse printanière sur la terremarneuse qui se rétracte (priseen masse et fentes de retrait im-portantes). L’engrain, lui, jouitd’un tallage exceptionnel : il cou-vre le sol avant l’hiver et cejusqu’à la montaison des épis,ce qui limite le développementdes adventices.

C H E Z U N C É R É A L I E R B I O D U G Â T I N A I S

Biodiversité floristiqueUne étude remarquablePar Philipe Viaux (Arvalis – Institut du Végétal) et Alain Fontaine (Botaniste amateur)

Alain Fontaine, botaniste amateur éclairé et membre de plusieursassociations naturalistes a réalisé un suivi floristique chez unagriculteur bio. Ce travail est remarquable de part la durée du suivi :de 1986 à 2004 soit 18 ans, mais également car les parcelles n’ontjamais reçu de traitement chimique et ont toujours respecté le cahierdes charges bio. Ce site permet donc d’avoir une idée de ce queserait la flore présente dans les cultures céréalières (flore ditemessicole) de la région si les herbicides n’existaient pas. Ce suivipermet de progresser dans la connaissance des interactions entrecultures et adventices en système bio.

Miroir de Vénus.

A.F

on

tain

e

La dauphinelle ou pied d’alouette est l’espèce d’adventicecéréalière la plus abondante de cette ferme bio.

A.F

on

tain

e

Page 28: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

28 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Recherche/Expé - Grandes cultures

L’exposition plein sud de la par-celle et sa taille importante, desix hectares tout en longueur,adossée à des pelouses sèches etdes pré-bois à chênes pubes-cents, donne à sa flore unechance de survie supplémentairepar rapport aux autres parcellesplus exposées aux pesticides desagriculteurs conventionnels voi-sins. Ceci explique en grandepartie sa richesse et le confine-ment de certaines adventices.Dans les endroits les plus recu-lés et les refuges, les adventicesles plus fragiles et les plus raresseront retrouvées.

● La moutarde des champs estla plus répandue Les espèces que l’on rencontresystématiquement sur cette par-celle sont parmi les pluscommunes même dans leschamps intensifs : le cirse deschamps (Cirsium arvense (L.)Scop.), le liseron des champs(Convolvulus arvensis L.) et lamoutarde des champs (Sinapisarvensis L.), dominante de cetteparcelle. Quelle que soit la cul-ture, elle domine durant tout leprintemps par ses fleurs jauneset sa fructification relativementlongue. Par contre, le liseron,mauvaise herbe crainte, est sim-plement disséminé dans laparcelle et n’a pas présenté d’in-festation remarquable. Ce typede sol et la sècheresse qui lui estparticulière lui sont fatals. Il peutêtre considéré comme constantmais sans réel danger. Le coque-licot (Papaver rhoeas L.), lavéronique de Perse (Veronica per-sica Poiret), le compagnon blanc

(Silene latifolia poiret ssp alba(Mill.)Gr.et Buedt.), la renouée li-seron (Fallopia convolvulus (L.)'A. Löve), la renouée des oiseaux(Polygonum aviculare L.), la pa-relle à feuilles crépues (Rumexcrispus L.), le mouron des champs(Anagallis arvensis L.), la folleavoine (Avena fatua L.), le gailletgratteron (Galium aparine L.) etle brome stérile (Bromus sterilisL.) suivent de près (plus de 90%de fréquence). A noter que seulsla véronique de Perse, la renouéeliseron et le coquelicot sont abon-dants en moyenne tous les ans,peu importe la culture.Une espèce présente seulementune fois sur deux, selon les cultu-res, est la véronique à feuilles delierre (Veronica hederifolia L.) quiest abondante et même dominantechaque fois que le blé tendre re-vient dans la rotation. Elle sembledisparaître dans les légumineusespérennes et le seigle lentillon.En résumé, cette parcelle au plusfort du printemps, passe dujaune de la moutarde au bleu dupied d’alouette (Consolida rega-lis S.F. Gray) et termine en rougecoquelicot. Si la dauphinelle oupied d’alouette ou ne figure pasparmi les plantes les plus fré-quentes, elle est tout de mêmeabondante dans les céréales d’hi-ver (blé, engrain et seigle lentillon),soit une année sur deux environet seulement dans ces cultures.La taille de ses inflorescences aug-mente considérablement sonimportance réelle.

● Des espèces remarquables Des thérophytes des moissons,

comme le gnaphale spathulé oucotonnière (Filago pyramidataL.) ou le gnaphale des lieux hu-mides (Gnaphalium uliginosumL.) ainsi que l’herniaire glabre(Herniaria glabra L.) et une pe-tite valérianacée, l’érythréecharmante (Centaurium pulchel-lum (Sw.)Druce) révèlent unecertaine tendance du sol auxexcès d’eau prolongés. Propresaux sols calcaires, le bifora rayon-nant (Bifora radians M. Bieb.),l’ibéris amère (Iberis amara L.),la vogélie en panicule (Neslia pa-niculata (L.) Desv.), le miroir deVénus hybride (Legousia hybrida(L.) Delarbre), le galéopsis laineuxà feuilles étroites (Galeopsis an-gustifolia Ehrh.ex Hoffmann.), lemuflier des champs (Misopatesorontium (L.) Rafin.), le pavotdouteux (Papaver dubium L.) etle gaillet à trois pointes (Galiumtricornutum Dandy) se rencon-trent sans problème presque tousles ans. La passerine est très rare(Thymelaea passerina (L.) Cosson& Germ.) ; cette calcicole est uneplante très discrète, se confon-dant avec des brins d’herbeseffilés et à l’écologie très pointue.Pour cette toute petite espèce descalcaires à vif, la compétition pa-raît être exclue. Quant à l’ivraie(Lolium temulentum L.), elle apratiquement disparu des zonesde grandes cultures du bassin pa-risien (au sens géologique). Des vivaces, issues des pelousessèches s’aventurent dans ce champà la faveur de quelques culturesclaires et d’un sol peu travaillé.C’est le cas de l’hippocrépis fer àcheval (Hippocrepis comosa L.), dela coronille variable (Securigeravaria (L.) P. Lassen), du muscari àtoupet (Muscari comosum (L.)Miller) ou de la cardoncelle molle(Carduncellus mitissimus (L.) DC.).Ce petit « chardon » sans tige etsans épine est très décoratif avecses grosses fleurs bleu-délavé. Cetteespèce, protégée dans les régionsCentre et Ile de France est une ca-ractéristique des pelouses sèchessur sols calcaires ou marneux.

Adonis annuel.

A.F

on

tain

e

Knautie des champs.

A.F

on

tain

e

Page 29: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

29MARS-AVRIL 2007 - ALTER AGRI n°82

Recherche/Expé - Grandes cultures

La richesse floristique de cette ferme bio reflète bien l’inté-rêt de l’agriculture biologique dans la préservation de labiodiversité floristique. Cet exemple est en adéquation avecles résultats d’études qui montrent que la diversité spécifi-que des végétaux est plus forte dans les cultures biologi-ques que dans les conventionnelles1. Une étude britanni-que2 a mis en évidence une augmentation de 85% de la bio-diversité des espèces végétales en agriculture biologique.

1 Benefits of organic farming to biodiversity vary among taxa, (2005),Fuller, R.J. et al, The Royal Society; Does organic farming benefit biodiver-sity? (2004), Hole, D.G et al, Biological Conservation ; the effect of orga-nic agriculture on biodiversity and abundance: a meta-analysis, (2005),Bengtsson, J.et al, Université d'Uppsala/Journal of Applied Ecology.2 An assessment of the environmental impacts of organic farming, (2003),Shepherd, M. et al, DEFRA.

Conclusion

La parcelle de la Grosse épine

Cette parcelle est un limon brunsur les trois quarts du fond detalweg et marneux sur le haut depente correspondant à la based’un coteau exposé à l’ouest.Cette parcelle est riche de 92 es-pèces observées durant onzecultures. C’est une amplitude de20 à 40 espèces qui se succèdentpar an selon la culture en place.Là encore le blé est, avec le sei-gle lentillon, la culture où l’onobserve le plus d’adventices.

● Les espèces importantes decette parcelleLes cinq espèces rencontrées sys-tématiquement d’année enannée sont : la moutarde deschamps, le coquelicot, la renouéeliseron et la folle avoine. La gessetubéreuse (Lathyrus tuberosusL.) est exceptionnelle ici et, bienqu’elle ne soit pas dominante, onla remarque aisément au mo-ment de sa floraison. D’autrespresque constantes sont aussiparmi les plantes déjà citées ail-leurs, seule la dauphinelle ou piedd’alouette (Consolida regalis S.F.Gray) est patrimonialement in-téressante. Les plus fréquentesne sont pas forcément les domi-nantes ou parfois seulement,comme par exemple le mouronblanc (Stellaria media (L.) Vill.),le vulpin des champs (Alopecurusmyosuroides Hudson.) et la véro-nique à feuilles de lierre (Veronicahederifolia L.) qui sont fortementdominants dans les blés les pre-mières années d’observations.Ces deux blés, en 1986 et en 1989,étaient particulièrement envahispar les adventices en général.

● Les espèces remarquables decette parcelleLes deux apiacées (Ombellifères)vues ailleurs mais plus fréquen-tes ici, le bifora rayonnant et lepeigne de Vénus, sont parfoisabondantes dans le blé. Le bleuet(Centaurea cyanus L.) observédans un tournesol, le gnaphale

des lieux humides (Gnaphaliumuliginosum L.), est rare ici, ainsique la spéculaire hybride(Legousia hybrida (L.) Delarbre)très discrète dans ce fatras d’her-bes sauvages. La knautie deschamps (Knautia arvensis (L.)Coulter) bénéficie ici des abordsimmédiats d’une pelouse sèche,comme un refuge où elle abonde.La vesce de Hongrie (Vicia pan-nonica Crantz) abondante dansla lentille et qui reste de nouveauabondante l’année suivante seu-lement dans le petit épeautre.Cette vesce est un ancien four-rage qui était utilisé pourengraisser les moutons. On peutajouter aussi les deux petites fu-meterres devenues très rares :fumeterre à petites fleurs(Fumaria parviflora Lam.) et lefumeterre de Vaillant (Fumariavaillantii Loisel.). Le mélampyredes champs (Melampyrum ar-vense L.), venu comme la knautiede la pelouse proche et qui s’estmaintenu une année ensuite.C’est une plante parasite des gra-minées mais qui subvientégalement en partie à ses besoins(hémiparasite). Le brome deschamps (Bromus arvensis L.) estde plus en plus fréquent dans lesjachères nues ou spontanées eten attente en lisière des cultures

intensives.Enfin l’adonis flamme (Adonisflammea Jacq.) a été découvertdans le blé et le seigle lentillon.C’est certainement une des der-nières stations connues (lacommune d’Orveau) après 1980dans le bassin parisien (au sensgéologique) alors qu’il y en avait170 avant cette date (source : M.Gérard Arnal Conservatoire bo-tanique du Bassin Parisien).

Les espèces observéesdans les autres parcelles

19 espèces ne sont présententdans aucune des deux parcellesprésentées ici, elles sont listéesdans le tableau ci-dessous.

Adonis flamme.

A.F

on

tain

e

APIACEAE Daucus carota L. CarottePastinaca sativa L. subsp. sylvestris Panais cultivé

ASTERACEAE Cirsium eriophorum (L.) Scop. Cirse épineuxConyza canadensis (L.) Cronq. Erigéron du CanadaPicris echioides L. Picride fausse vipérine

BRASSICACEAE Thlaspi arvense L. Tabouret des champs

FABACEAE Trifolium campestre Schreber Trèfle champêtreTrifolium dubium Sibth. Trèfle nainVicia tenuifolia Roth Vesce à feuilles étroites

GERANIACEAE Geranium molle L. Géranium mouGeranium rotundifolium L. Géranium à feuilles rondes

MALVACEAE Althaea hirsuta L. Guimauve hérisséeMalva sylvestris L. Mauve sauvage

PAPAVERACEAE Papaver argemone L. Pavor argémone

RANUNCULACEAE Adonis annua L. Adonis annuel

ROSACEAE Prunus mahaleb L. Cerisier de Sainte LuciePrunus spinosa L. Prunelier

POACEAE Agropyrum repens var : glaucum Döll Chiendent glauqueBrachypodium sylvaticum (Hudson) P. Beauv. Brachypode des bois

On constate ainsi qu’il faut observer, même dans un territoire relativement restreint, un nombre de situations relativementélevé pour approcher un inventaire relativement complet de la flore. Il faut ajouter que ce suivi doit être fait pendant denombreuses années car le nombre d’espèces présentes est très variable d’une année à l’autre.

Pour ensavoir plus

La synthèse

complète est

disponible sur

www.itab.asso.frrubrique

Grandes

Cultures.

Page 30: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

30 ALTER AGRI n°82- MARS-AVRIL 2007

Fermoscopie

ITAB

C H E Z F R I E D R I C H E T M A N F R E D W E N Z

25 ans en non labour !Préserver le sol et réduire le tempsde travail

A Ottenheim en Allemagne, dans laplaine du Rhin, non loin de Strasbourg,Friedrich et Mandfred Wenz conduisentune ferme céréalière en agriculturebiologique. Sur ce domaine, aucunlabour n’a été effectué depuis plus de25 ans ! Objectifs : entretenir un bonéquilibre du sol et diminuerconsidérablement la charge de travail. les 75 cm est perturbée. Le bou-

leversement de la flore et la faunedu sol est donc très limité, puis-que des refuges sont préservés.La technique de travail est baséesur : r un outil polyvalent com-posé essentiellement d’unchâssis où alternent butoirs etdents d’ameublissement, r unfaux semis soigné avec uncontrôle méticuleux de la pro-fondeur du travail.En quelques années, elle permetà Manfred Wenz de guérir sessols, de doubler ses rendementset de retrouver des blés propressans aucune intervention entrele semis et la récolte.En 2000, les Wenz sont séduits par une rencontre avec AlexPodolinsky1 et des visites de do-maines en Bio-Dynamie en Italieet en Suisse. Ils introduisent lespréparations bio-dynamiques surle domaine. À base de bouse devache et de silice, elles agissentnotamment sur le développementde la vie et la structure du sol,

M anfred Wenz est l’un,pour ne pas dire « le »pionnier du non labour

en agriculture biologique. Maisavant d’adopter ce système, il atravaillé ses terres de manière clas-sique et essuyé de nombreuxéchecs. Dans les années 1950, laferme, menée en conventionnel,suit une rotation maïs-blé. Lesherbicides, non utilisés initiale-ment, sont finalement intégrés ;les doses de fertilisants s’accrois-sent. Simultanément, ManfredWenz constate un salissementprogressif des parcelles : « les her-bicides étaient de moins en moinsefficaces ». La couleur du sols’éclaircit parallèlement à la chutedes teneurs en humus. En 1969,les sols sont en très mauvais état,les rendements ne cessent de chu-ter. Pour contrer le processus dedégradation, il convertit sa fermeà l’agriculture biologique. Les dixpremières années n’apportent pasles résultats escomptés : « demoins en moins de blé avec des ré-coltes autour de 20 q/ha mais deplus en plus d’adventices », se sou-vient Manfred Wenz.

La reconquête de solsdégradés

En 1979, suite à une rencontreavec Hans Kemink, il adopte lesystème qui porte ce même nom.Il s’agit d’un travail du sol en bil-lons avec six passages espacés desept à dix jours pendant les moischauds de l’été. A chaque pas-sage, seule une bande étroite tous

Par Blaise Leclerc (ITAB), Claude Aubert (Chambre d’Agriculture de Seine-et-Marne, GAB

Région Ile-de-France), Aude Coulombel et Ulrich Schreier (ITAB)

r 30 hectaresr Sols : plaine du Rhin, sols très hétérogènes entre sable,r limons battants caillouteux et limons argileuxr 1969 : Conversion à l’agriculture biologiquer 2000 : Passage à la Bio-Dynamie

Le domaine en quelques repères

1 Pionnier en Australie, où plus d’unmillion d’hectares sont aujourd’huimenés en Bio-Dynamie.

La plupart des céréales sont vendues directement à un boulanger de la région.

ITAB

Pattes d’oie avec en bleu les tubes dis-tribuant les graines. Les dents visibles àl’arrière sont destinées à affiner etmélanger la terre après le semis.

Page 31: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

Fermoscopie

Pattes d’oie avec au premier plan des disques ajoutés sinécessaire pour éviter les bourrages d’herbe.

ITAB

Une visite des parcelles estorganisée chaque année en juin.

Contact : Ulrich Schreier.Tél. : 02 41 77 48 45 - Fax : 02 41 77 43 37E.mail : [email protected]

l’équilibre des plantes et la décom-position de la matière organique.Depuis leur utilisation régulière,« elles sont devenues un pilier im-portant de notre système »,expliqueManfred. En 2004, sur certaines parcelles,les rendements en blé dépassent60 q/ha, avec une restitution depaille de cinq tonnes à l'hectare,incorporée en surface et dégra-dée en très peu de temps. La terreretrouve une couleur plus fon-cée sur 20 à 30 cm de profondeur.Le taux d’humus, inférieur à 1%en 1980, atteint alors 5%. D’aprèsManfred, cette épaisseur de« nouvelle » terre correspond enpartie au travail des vers de terrequi peuvent produire de 100 à200 tonnes de turricules 2 parhectare et par an, soit une cou-che d’environ un centimètre àun centimètre et demi !Aujourd’hui, les Wenz ne gardentdu système Kemink que certainsprincipes de base et souhaitentréduire davantage le travail dusol. Ils se dirigent vers les TCS etle semis direct. Ils cherchent àutiliser de plus en plus de cou-verts auxiliaires qui jouent unrôle important dans l’améliora-tion du sol et la réduction dusalissement.

Un système favorable auxrendements et à la qualité

Les Wenz utilisent maintenant unoutil de travail superficiel du sol(de 2 à 5 cm) développé par la so-ciété Eco-Dyn. Le matériel

polyvalent et évolutif intègre tra-vail du sol et semis. Il permet unebonne gestion des résidus de ré-colte et garantit un bon contrôlede la profondeur du travail. Or, cecontrôle est capital pour une bonnemaîtrise des adventices. Il permetnotamment d’éviter, à chaque pas-sage, de ramener à la surface denouvelles graines dormantes.La plupart des céréales de qua-lité bio-dynamique (marqueDemeter) est vendue directe-ment à un boulanger de larégion, la qualité et la régularitéde l’approvisionnement des pro-duits est donc prioritaire. LesWenz réalisent de plus en plusde cultures associées notam-ment avec de la cameline, planteoléagineuse riche en oméga 3. La rotation de base est de cinq àsix ans, avec une tête d’assole-ment de trèfle blanc semée enavril et détruite à 80% en fin d’été,lors du semis direct du blé oud’épeautre, récolté en deuxièmeannée (objectif de rendement de25 à 35 q/ha). Les charges pourcette culture, qui contribue à laphase de construction du sol, sonttrès réduites : seulement 30 mi-nutes à l’hectare pour le semis,puis aucune intervention jusqu’àla récolte. Le trèfle repousse aprèsle fauchage des chaumes de blé.Un mois après, il est scalpé et dé-truit complètement par un à deuxpassages de pattes d’oie (voirphotos) et ne repousse pas en rai-son de la période sèche et chaude.Suivent en année trois, undeuxième blé ou de l’épeautre,

puis en années quatre et cinq dela féverole, du soja, du carthame,du tournesol ou du seigle.Manfred Wenz indique que lesrendements des dernières annéessont assez réguliers - entre 40 et60 q/ha pour le blé - et d'unebonne qualité boulangère avecdes taux de protéines élevés.

Diminuer le temps de travail et la consommationd’énergie

Par leur système, les Wenz anti-cipent la crise énergétique et lararéfaction des énergies fossiles.Contrairement au systèmeKemink, gourmand en temps eten énergie par les nombreux pas-sages, ce sont désormais unebaisse du nombre d’interven-tions, des passages à vitesserapide, et une diminution de lapuissance de traction qui sontrecherchés. Pour pouvoir utili-ser des tracteurs moins puissants(70-80 chevaux au lieu de 90-100), il est prévu de développerune version tirée de l’outil Eco-Dyn. Egalement, l’utilisationd’une camionnette et non d’untracteur pour pulvériser les pré-parations bio-dynamiquespermet une réduction considé-rable du temps passé et de laconsommation de carburant.

2 Les turricules sont les déjections deslombrics. Elles jouent un rôle importantdans la structuration des sols et leuractivité car elles sont un mélange dematière organique et matière minéraleriche en éléments nutritionnels.

Bonne porosité.

ITAB

La féverole estgénéralementintégrée à larotation.

ITAB

Page 32: gri mars-avril 2007 lter gri - itab.asso.fritab.asso.fr/downloads/AlterAgri/aa82web.pdf · ment sur. VIENT DE PARAÎTRE : un dossier ITAB sur la carie du blé Dossier technique très

société coopérativede finances solidaires

la Nef - 114 bd du 11 novembre 191869626 Villeurbanne Cedexfax : 04 72 69 08 79 - courriel : [email protected] www.lanef.com

Les Jardins de Lucie, maraîchage bio dans le Rhône (69)

Prêt n° 1480 de 118 130 pour la construction de locaux administratifs et de stockage

Grâce à son offre de services bancaires, la Nef apporte son soutien à tous les acteurs de la fi lière bio. Elle intervient par le biais de prêts professionnels classiques ou bonifi és à l’agriculture, et propose des comptes d’épargne dédiés au fi nancement de projets écologiques et environnementaux.

Comme vous,la Nef participe au développement

de l’agriculture biologiqueet biodynamique