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GUÉ ANTIQUE DANS LE LIT DE LA MAYENNE (Rapport àla Commission de la topographie des Gaules) Author(s): Général Creuly Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 10 (Juillet à Décembre 1864), pp. 365-369 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734323 . Accessed: 19/05/2014 20:49 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.178 on Mon, 19 May 2014 20:49:39 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

GUÉ ANTIQUE DANS LE LIT DE LA MAYENNE (Rapport à la Commission de la topographie des Gaules)

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GUÉ ANTIQUE DANS LE LIT DE LA MAYENNE (Rapport àla Commission de la topographie desGaules)Author(s): Général CreulySource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 10 (Juillet à Décembre 1864), pp. 365-369Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734323 .

Accessed: 19/05/2014 20:49

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GUÉ ANTIQUE

DANS

LE LIT DE LA MAYENNE

( Rapport à la Commission de la topographie des Gaules.)

Vers la fin du mois d'août dernier, le service des ponts et chaus- sées travaillant à approfondir le lit de la Mayenne, au gué de Saint- Léonard situé en amont et à 1,300 mètres de la ville de Mayenne, trouva dans les fouilles plusieurs sortes ďobjets qui s'accordent pour indiquer sur ce point l'existence d'un gué artificiel approprié au parcours de la voie romaine venant de Jublains.

Voici le détail de ces objets.

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366 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. 1° Deux grillages en charpente engagés dans le sable de transport

qui fait actuellement le fond du lit de la rivière, à environ 80 centi- mètres au-dessus du terrain vierge formé d'argile. Les pièces de ces grillages sont assemblées à mi-bois, les principales dirigées parallè- lement aux berges, comme s'il s'était agi de fonder les piles d'un pont en maçonnerie. Mais il n'existe absolument aucune trace d'une telle construction dans cette partie du lit de la rivière. Un petit bloc de maçonnerie de briques, probablement romaine, que nous avons vu sur la rive droite, ne provient, selon toute apparence, que de quelque bâtiment d'habitation. On ne supposera pas non plus que les gril- lages portaient les palées d'un pont en bois, car il y aurait fallu des mortaises, et ils n'en présentent aucune. Un membre de la commis- sion scientifique désignée par le préfet pour suivre les travaux de fouille a émis l'opinion que les charpentes dont il s'agit sont les pa- lées mêmes d'un pont de bois, lesquelles auraient été renversées par une cause quelconque et couchées au fond de la rivière. Suivant nous, le système de ces charpentes ne permet pas d'adopter une telle hypothèse, et notre avis est partagé par le membre de la commission le plus compétent à cet égard, l'ingénieur des ponts et chaussées. Nous donnerons plus loin l'explication que l'ensemble des faits ob- servés semble désigner comme la plus probable.

2° Un nombre considérable de monnaies antiques trouvées dans le sable du chenal, entre les deux grillages, du côté d'amont, à un niveau généralement plus bas que celui où gisent ces bois. Outre quelques centaines qui ont été dispersées, la commission en avait recueilli, à la date du 15 septembre, 3,740, dont 1,040 plus ou moins frustes. Les 2,700 autres ont été classées ainsi par la commission :

Gauloise en billon i Très-petit bronze d'origine grecque (?) 1 Consulaires en argent 3 Auguste (y compris 24 col. de Nimeset 37 Agrippa) 205 Tibère 1077 Drusus, Antonia, Germánicas, Néro et Drusus 60 Caligula 26 Claude 698 Néron 259 Vespasien et ses fils 239 Nerva, Trajan, Hadrien et Sabine 96 Antonins et divers de l'époque suivante jusqu'à Tétricus 35

Total 2700

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GUß ANTIQUE DANS LE LIT DE LA MAYENNE. 367

Tout indique que ces médailles ont été jetées dans la rivière comme ex-voto. Ce qui le prouve, indépendamment de leur grand nombre et de leur variété, c'est que parmi elles il y en a de coupées en deux ou de marquées d'un coup d'instrument tranchant, comme cela paraît avoir été l'usage général en pareil cas, d'après les découvertes semblables faites à divers passages de rivières. Il s'y trouve aussi, d'ailleurs, plusieurs de ces hachettes en forme de pa- villon, qui sont reconnues pour être indubitablement des ex-voto, puisqu'on en voit, dans les musées, qui portent les noms des divi- nités auxquelles la superstition les avait offertes (1).

3° Enfin la partie inférieure d'une borne milliaire, sur laquelle on lit ces restes de mots :

JN 10 v INVIC AYG P t ÍIII

Cette pierre a subi des mutilations qui sont certainement du fait de l'homme. Elle a été piquée à droite de manière que les lettres qui, très-probablement, suivaient celles-ci ont entièrement disparu. Une entaille a été faite transversalement, au bas de la ligne des chiffres, dans l'intention, non réalisée, de débiter la pierre en blocs plus maniables, et c'est peut-être à un travail pareil qu'il faut attribuer la disparition de la partie supérieure du monument. Toutefois, mal- gré ces regrettables mutilations, il n'est pas impossible de restituer l'inscription, au moins en ce qu'elle avait d'essentiel. En effet, le groupe NIO, qui est la fin du nom de famille de l'empereur sous le règne duquel la borne a été plantée, ne peut convenir qu'à Gordien {Antonius), à Valérien (Liánius), à Postume ( Cassianius Latinius), à Victorin (Piavvonius), ou enfin à Florien ( Annius ); mais la lettre V qui suit, et qui est le commencement du surnom, exclut immédiate-

(1) Sous le rapport du métal, une partie de ces pièces romaines sont en cuivre pur (rouge), d'autres sont en laiton (jaune), beaucoup présentent les deux natures de métal réunies, mais non point mélangées, comme si la matière en fusion, formée des deux éléments, n'avait été brassée qu'avec négligence. On a remarqué que toujours le cuivre pur avait perdu son brillant sans pour cela s'être .couvert de patine, tandis que le laiton avait conservé, sinon acquis, un éclat pareil à celui de l'or.

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368 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. ment Gordien, Postume et Florien. Restent Yalérien et Victorin, entre lesquels aucun indice certain ne permet de faire un choix, ce qui, du reste, a peu d'importance, l'usurpateur Victorin n'étant séparé de Valérien que par un très-petit nombre d'années.

Le P de la 3« ligne doit être interprété Patri (patriœ) ou Pontifici (maximo), mais non point Pio, attendu que ce dernier titre se met- tait avant celui ď Augustus, suivant cet ordre Pius Felix Augustus, généralement observé depuis Commode, et surtout à l'époque dont il est question ici.

Quant aux caractères de la dernière ligne, qui consistent en cinq hastes dont la première est séparée de la seconde par un intervalle plus grand que celui qui sépare les autres de leurs voisines, il faut faire attention que le bas de ces signes a disparu par suite de l'en- taille dont nous avons parlé, et considérer hardiment le premier comme étant un L, tandis que les autres sont des unités. En un mot, cette ligne doit se lire Leugœ quatuor, et, en effet, ce nombre répond parfaitement à la distance de Jublains, l'ancienne capitale des Dia- blintes, au gué de la Mayenne.

L'explication qui nous reste à donner se déduiť sans effort de cet ensemble de choses.

Dès le commencement de la domination romaine, et bien proba- blement dès l'époque purement gauloise, une voie Irès-fréquentée partait de la capitale des Diablintes, se dirigeant à l'ouest-nord- ouest, et laissant à gauche l'emplacement de la ville de Mayenne, fondée dans des temps postérieurs. Le passage de la Mayenne se fai- sait, comme aujourd'hui encore, à gué, et le voyageur, plus ou moins ému, manquait rarement de jeter son offrande à la divinité des eaux, du côté où elle arrivait menaçante. La ferveur des passants devait être le thermomètre de l'état d'entretien du gué, aux diverses époques, et nous pourrions conclure quelque chose à cet égard, si nous sa- vions, ce que du reste nous ignorons parfaitement, en quelle pro- portion les monnaies des différents empereurs furent répandues dans le pays. Mais au moins nous sommes, ce nous semble, en droit de dire que sous les Antonins le gué fut amélioré de manière à faire disparaître à peu près tout danger d'y périr. C'est donc à cette épo- que que nous attribuerions la pose des grillages, sur lesquels nous croyons que fut établi, sans l'intermédiaire de piles, au moyen de poutrelles, de madriers et de pavés, une espèce de pont submergé, ou plutôt un radier, qui assurait le passage des animaux et des chars, sans nuire à l'écoulement des eaux ni peut-être même à la naviga- tion. Dès lors les offrandes à la divinité locale cessèrent à peu près

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entièrement d'avoir lieu. Mais tout périt à la longue, et il arriva, dans les temps de barbarie, que, faute d'entretien, ce gué artificiel, ébranlé peu à peu, fut emporté par les eaux. L'ignorance et le dé- sordre ne surent plus que jeter au hasard des pierres dans le goufre, les plus grosses et les plus dures de préférence, et les bornes de la route ne furent pas épargnées.

Nous prierons, en terminant, la Commission de vouloir bien dé- gager la parole que nous avons donnée à M. l'ingénieur des ponts et chaussées, de mettre à sa disposition quelques fonds pour rechercher les traces de la voie (1) romaine, ou peut-être des deux voies romai- nes, qui prolongeaient celle du Jublains, au delà du gué de Saint- Léónard, principalement de celle qui, remontant la Mayenne, aurait conduit à Aregenuœ, et nous donnerait ainsi l'itinéraire de la table de Peutinger.

Paris, 38 septembre 1864.

Général Creuly.

(1) Une somme de cinq cents francs a été votée & la suite de ce rapport, pour être mise à la disposition de M. l'ingénieur des ponts et chaussées.

z. ta

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