Guide ouvrages partie1 - 2016.sevre-nantaise.com2016.sevre-nantaise.com/...01_105702_Guide_ouvrages_hydrauliques… · Ouvrages hydrauliques du bassin de la Sèvre Nantaise P 03 Dans

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  • Soyo

    ns

    SAGEs

    pour que leauvive

    Ouvrages hydrauliques

    Milieux, paysages, usages : pour une gestion intgre

    du bassin dela Svre Nantaise

  • Sommaire

    Page de couverture : moulin de la Roche, Tiffauges

    Introduction ........................................................................................................... 4

    Elaboration et fonctionnement de loutil daide la dcision ........................................... 5

    La mthode dvaluation des sites hydrauliques ....................................................... 6 7

    La Svre nantaise : une rivire biefs tags ........................................................ 8 11

    Les ouvrages et la mobilit du lit .......................................................................12 14

    Les ouvrages et la qualit de leau ......................................................................15 16

    La fonction biologique et la vie piscicole .............................................................17 19

    La fonction hydraulique des ouvrages ..................................................................20 22

    Les usages du site hydraulique et de la retenue ....................................................23 24

    La valeur paysagre et patrimoniale des sites hydrauliques .....................................25 26

    Les aspect juridiques (droits dusages, travaux) ....................................................27 28

    La restauration patrimoniale et lentretien des ouvrages anciens ..............................29 30

    Les solutions alternatives la restauration lidentique .........................................31 32

    Glossaire ........................................................................................................33 34

    Abrviations ...........................................................................................................35

    Bibliographie .........................................................................................................36

    Remerciements .......................................................................................................37

    P 02 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

  • Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise P 03

    Dans le contexte de llaboration du SAGE du bassin de la Svre nantaise, lInstitution Interdpartementale du Bassin de la Svre Nantaise a ralis un travail dapproche important sur les ouvrages hydrauliques.Ltat des lieux de ces ouvrages a t ralis en 1999 pour llaboration dun Contrat

    Restauration-Entretien de lensemble des cours deau du Bassin de la Svre nantaise. Ce travail a permis de montrer la diversit de quelques 240 ouvrages hydrauliques tant sur le plan environnemental que patrimonial.

    La Commission Locale de lEau, organe de concertation et de rgulation de la gestion de leau sur le bassin a dcid de travailler la mise au point dune mthode danalyse participative prenant en compte lintrt des ouvrages hydrauliques mais aussi leur impact.

    En effet, tous les acteurs de leau nont pas le mme point de vue sur cette question et il tait important de pouvoir les rapprocher.

    Une journe de travail a t organise en 2002 Nantes. Elle a permis de runir 269 acteurs et de comparer les points de vue.

    Sur le bassin de la Svre nantaise, une grande partie des ouvrages a t analyse au cours de visites de terrain et de runions associant : les propritaires, les pcheurs, les maires, les services de la police des eaux, les prsidents de syndicat de rivire,

    Le prsent guide est le fruit dun long travail anim par Monsieur Rgis BARRAUD, Doctorant en gographie et de la participation de nombreux acteurs runis au sein du groupe Ouvrages Hydrauliques du SAGE.

    Il aboutit une vision partage de la manire de traiter les ouvrages hydrauliques lavenir.

    La dmarche mene depuis bientt 4 ans permettra, moyen terme, de disposer de plans de gestion par sous-bassin versant. Elle doit guider les gestionnaires, 70 % des propritaires privs, les syndicats de rivire ou les communes grer ce patrimoine en prenant en compte la multiplicit des usages et la sensibilit des milieux aquatiques. Elle doit aussi permettre aux dcideurs de cibler leurs interventions fi nancires l o lintrt collectif est le plus fort.

    Il appartient chacun de tirer, pour ce qui le concerne, le meilleur parti de cet ouvrage.

    Le Prsident de lInstitution Interdpartementale

    du Bassin de la Svre Nantaise,Bruno RETAILLEAU.

    ditorial

  • Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre NantaiseP 04

    Le Schma Directeur dAmnagement et de Gestion des Eaux prconise que les gestionnaires de bassin versant fassent linventaire des ouvrages hydrauliques et laborent des plans de gestion dans le but damliorer la qualit de leau et des milieux aquatiques. Les prconisations du SDAGE sont renforces par les objectifs fi xs par la Directive Cadre sur lEau (objectif datteinte de bon tat cologique et chimique pour les eaux de surface). Cette directive, consacre le concept de gestion physique des cours deau. Les progrs de lhydrocologie incitent les gestionnaires et les riverains de cours deau apprhender les problmes de qualit des eaux et des milieux aquatiques de manire globale : la qualit cologique des rivires nest pas seulement une rsultante dune pollution lie des apports externes, elle refl te le niveau de dgradation physique des cours deau (chenalisation, segmentation, artifi cialisation des coulements).

    Depuis mars 2001, lInstitution Interdpartementale du Bassin de la Svre Nantaise (IIBSN) et ses partenaires, ont engag une rfl exion globale sur le devenir des ouvrages hydrauliques et des paysages associs dans le cadre du Schma dAmnagement et de Gestion des Eaux (SAGE). Ce travail de concertation a abouti la construction dun outil daide la dcision fonde sur une mthode danalyse multicritre participative. Le but est dabord de relire ensemble - usagers, gestionnaires et experts -, les paysages de fond de valle. Il sagit dacqurir un fond culturel commun pour mieux poser un diagnostic partag sur les sites hydrauliques. Ce diagnostic, qui met en exergue les intrts et les impacts des ouvrages, doit favoriser llaboration des paysages de demain. La richesse historique, architecturale et technique des moulins et usines de la valle de la Svre nantaise a t maintes fois mise en lumire. Les lus, rpondant une demande des divers usagers, se sont engags dans une politique de restauration patrimoniale. Cest par ce biais quune vingtaine de sites ont pu retrouver ou prserver leur cachet.

    Laction soutenue de plusieurs associations de protection du patrimoine (associations de propritaires de moulins, de riverains et de maisons de pays) participe galement la reconnaissance des moulins comme patrimoine vivant. Ces associations animent des journes de dcouvertes, poursuivent des recherches historiques et soutiennent leffort de restauration. Quelques sites possdent encore leurs quipements et sont en tat de fonctionnement.

    Les paysages daujourdhui, fortement amnags, hrits dun long pass artisanal et industriel ont peu peu chang de vocation du fait du dclin de lutilisation de lnergie de la rivire. Des usages nouveaux ont peu peu pris leur essor : loisirs nautiques, randonne pdestre, pche de loisir, fonction rsidentielle. Ces mutations plus ou moins rapides se sont accompagnes dune volution du mode de gestion de la rivire.

    Aujourdhui, il sagit de mieux connatre et faire connatre les intrts et impacts des ouvrages hydrauliques afi n de proposer aux propritaires privs et publics de ces sites des modes damnagement et de gestion compatibles avec lobjectif prioritaire affi ch par le SAGE damlioration de la qualit de leau et des milieux aquatiques.

    Introduction

  • P 05Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La prparation du Contrat Restauration Entretien Svre rivire vivante, 2001-2005 a permis de mettre en vidence les limites de la politique

    dintervention publique sur les ouvrages. Un inventaire dressant un tat apparent des

    ouvrages a t ralis cette occasion. En 2001, un groupe de travail

    runissant reprsentants des usagers, partenaires techniques et fi nanciers

    a t mis en place dans le cadre de llaboration du SAGE afi n dapprofondir lanalyse du parc douvrages et de construire un outil daide la dcision. Durant trois annes, ce groupe a largement contribu faire avancer la rfl exion. Celle-ci se poursuit aujourdhui en abordant les questions des modes de gestion, du suivi et de lencadrement des diffrents types damnagements.

    Elaboration et fonctionnement

    LIIBSN sest appuye sur des expriences menes sur dautres bassins versants pour nourrir son

    propre projet. EPIDOR et le CEMAGREF,pionniers de lapproche multicritre sur

    cette problmatique ont fourni un modle de base, qui a servi de point de dpart pour

    construire notre propre mthode danalyse des sites hydrauliques. Un colloque national intitul

    Ouvrages hydrauliques milieux, paysages, usages Pour une gestion intgre a aliment les dbats et permis de tisser des liens avec des gestionnaires et usagers confronts aux mmes questions sur dautres rivires (Lay, Thouet, rivires des Mauges). Cest lensemble de lquipe

    technique de la Svre nantaise, soutenue par un gographe, qui sest mobilise pour amliorer la connaissance et la faire partager au plus grand nombre. Des enqutes et recherchesont t menes, des bases de donnes construites(Systme dInformation Gographique), des reprages de terrain effectus, un fi lm documentaire ralis

    Il ne sagit pas dun systme automatis, lvaluation se fait in situ par un collge dusagers et dexperts reprsentatifs. Des grilles de lecture ont t construites pour chaque critre dont lvaluation est guide par une srie de descripteurs. Lexpertise technique nest pas exclue, mais elle est replace au cur dune dmarche participative. La grille danalyse multicritre obtenue doit conduire ladaptation de lintervention en fonction des enjeux prsents lchelle dun tronon homogne, de louvrage (site) et de sa zone dinfl uence hydraulique. Les rsultats obtenus sont intgrs une base de donnes spatialises (ACCESS / MAPINFO),

    lensemble constituant un observatoire lchelle du bassin versant.

    de loutil daide la dcision

    Loutil prsent ici rsulte de toute cettedmarche. Au fi l du t

    emps des amliorations

    y sont apportes mais les principes d

    e

    fonctionnement ont t valids. Lobject

    if

    est destimer le niveau dintrt de chaq

    ue

    site, den faire le diagnostic. Ltude sinsc

    rit

    dans un cadre spatial qui ncessite un je

    u

    dchelles, ainsi on analyse :

    Un parc douvrages lchelle

    du

    bassin versant

    Des ouvrages compris sur un territoi

    re

    syndical et des sous bassins

    Des tronons homognes

    Des sites et leur zone dinfl uen

    ce

    hydraulique

    Moulin du Thouet, Mortagne-sur-Svre

    Au del de laspect oprationnel, la mise en uvre de la mthode permet lchange entre usagers et experts, une sensibilisation sur des questions techniques et une meilleure apprhension des contraintes et attentes locales

  • P 06 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Svre nantaise

    Moine

    Sanguze

    Maine

    Crme

    Ouin

    15 km0

    N

    LaLoire

    LaLoire

    Les tronons homognes ont t dlimits en fonction des caractristiques physiques, des usages et de la typologie des paysages de fond

    de valle. La hirarchisarion des critres dfinis pour analyser les sites hydrauliques, rvlent les caractristiques spcifiques de chaque

    tronon. Les diffrents ouvrages sont donc tudis dans un contexte gographique prcis.

    Hirarchisation des critres

    stab

    ilit

    qual

    itde

    l'eau

    fonc

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    usag

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    age

    / pat

    rimoi

    ne

    La Svre nantaise de Monnires au Longeron

    La Svre nantaise du Longeron Mallivre

    La Svre nantaise en amont de Mallivre

    La Maine aval

    Les Maines runies et la Grande Maine aval

    La Petite Maine et la Grande Maine amont

    La Sanguze aval

    La Sanguze amont

    La Moine amont

    La Moine intermdiaire

    La Moine aval

    L' Ouin

    intrt majeur

    intrt secondaire

    intrt local

    Niveau d'enjeu

    LaLoire

    La mthode dvaluationdes sites hydrauliques

    Lvaluation doit permettre de dresser un diagnostic. La dmarche, mene lchelle du bassin versant vise apporter une aide aux propritaires riverains et aux collectivits pour

    dfi nir des interventions adaptes. Les projets lourds doivent faire lobjet

    dune tude complmentaire avant la ralisation de travaux. Un tat initial et un suivi sur un temps assez long peuvent galement savrer ncessaires. Le panel de

    prconisations et de projets est large : entretien, maintien en ltat, remise en fonctionnement dun moulin, restauration patrimoniale, modifi cation de la confi guration dun site (ex : rouverture dun bief) ou de la structure dun ouvrage (chancrure, arasement partiel), simple amlioration du parement dun ouvrage, abandon (accompagn), effacement dun ouvrage... Les prconisations peuvent galement porter sur la mise en place dun mode de gestion adquat.

    Douze tronons homognes ont t dlimits en fonction des caractristiques physiques, des usages et de la typologie des paysages de fond de valle. La hirarchisation des critres dfi nis pour analyser les sites hydrauliques, rvlent les caractristiques spcifi ques de chaque tronon. Les diffrents ouvrages sont donc tudis dans un contexte gographique prcis.

  • P 07Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Un groupe dvaluation sur le terrain - Lanalyse se fait par comparaison entre ouvrage dun mme tronon homogne (morphologie du cours deau, usages, paysage)

    De nombreux indicateurs composent chaque grille de lecture et facilitent lvaluation.Voici quelques paramtres cls pris en compte :

    A lchelle du tronon : morphologie et hydrologie du cours deau

    A lchelle de la zone infl uence par louvrage longueur du bief / proportion zone infl uence - coulement libre hauteur moyenne de la lame deau

    A lchelle du site : type douvrage, tat apparent, fonctionnalit,

    mode de gestion statut foncier et juridique tat global du site (prsence / absence dun

    moulin)

    Observatoire des sites hydrauliquesSIG / Centre de ressources

    Analyse multicritre et valuation collective

    Critres analyss

    Possibilit dintervention pour la collectivit

    Stabilit - vulnrabilit du bief amont (occupation du sol, quipements (I)

    Qualit de leau (imp) Fonction biologique (imp et I) Fonction hydraulique (I) Usages collectifs/privatifs (I) Paysage et patrimoine (I)

    Descripteurs

    Evaluation collective(sries de 5 sites/journede terrain)

    Intrt (I)Fort = 10 pointsMoyen = 5 pointsFaible = 0 point

    Impact ngatif (imp)Fort = 0 pointMoyen = 5 pointsFaible = 10 points

    Hirarchisation des critres lchelle de tronons homognes (caractristiques physiques, usages)

    Pondration :

    Critre dintrt majeur (X3) Critre dintrt secondaire (X2) Critre dintrt local (X1)

    Groupe dvaluation collective

    Animateur (collectivit, gestionnaire de bassin) Propritaires riverains Police de leau Association de propritaire de moulin Technicien de rivire Garde de pche / ingnieur fdration de pche Club de cano Elus

    Note globale dintrt collectif du site Prconisations (intervention, gestion)

    Elaboration dun plan de gestion lchelle du tronon homogne

  • P 08 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La Svre nantaise :une rivire biefs tags

    Des fonds de valle amnags en vue dutiliser lnergie des rivires

    Prs de 240 ouvrages jalonnent le rseau hydrogra-phique du bassin versant. La plupart de ces ouvrages sont des chausses de moulins. Les premiers moulins ont probablement t implants entre le VI etle X sicle, leur nombre augmente fortement entre le X et le XIII sicle. Bien avant la rvolution, le rseau hydrographique est satur : les sites favorables sont tous mis en valeur. Ces moulins ont constitu lun des rouages de lconomie rgionale

    en permettant la transformation de crales en farine, mais galement en donnant naissance un artisanat

    puis une industrie trs diversifi e (papier, textile).

    Ldifi cation de la fi lature dAngreviers (Gorges) en haut, et celle du moulin papier du Liveau (Gorges) ci-contre,

    ont particip lindustrialisation de la valle de la Svre nantaise. Les caractristiques architecturales de ses deux usines prolongent le

    projet de paysage italianisant initi par Cacault et Lemot autour de Clisson.

    Cette histoire est celle de trs nombreux cours deau en France comme en Europe. La Svre nantaise sindividualise par la grande densit de sites qui ponctuent sa valle et par lindustrialisation marque dont elle a fait lobjet au XIX sicle.

    Moulin de Baudry, Mallivre

  • P 09Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Limplantation des sites : des systmes hydrauliques plus ou moins complexes

    Implantation des sites hydrauliques, nature et fonctionnement des ouvrages

    La majorit des sites hydrauliques est directement implante sur le cours deau, le stockage de leau ncessaire lentranement des roues se fait donc larrire dune chausse. Un court canal damen conduit leau vers la vanne motrice. Certains dversoirs sont quips de vannes de dcharge ou de pertuis dancienne pcherie.

    Sur la Svre amont, une vingtaine de sites ont une confi guration diffrente du fait dune pente naturelle insuffi sante, de la quasi-absence de seuils rocheux, dun dbit faible et irrgulier. Des biefs artifi ciels en drivation ont t creuss au dessus du fond de valle (talweg) pour obtenir une hauteur de chute plus consquente. Ces biefs endigus sont parfois longs de plusieurs centaines de mtres.

    Certains ouvrages associs composent des systmes hydrauliques complexes destins, par exemple, alimenter des douves de chteau.

    Lorigine du Chteau de la Fort sur Svre remonte au XIVme sicle. Incendi pendant la rvolution, il fut reconstruit en 1918 (B.Raymond, 2004).

    La constitution des chausses

    La chausse est un ouvrage hydraulique transversal bas et submersible, il sagit dun seuil artifi ciel. Il est constitu dun corps tout-venant plus ou moins structur par des pices de bois et tanchifi largile. Lensemble est recouvert dun parement de moellons jointoys (granite ou schiste). Les chausses prennent la forme de dme dont la pente aval avoisine les 30, tandis que la partie amont est sub-verticale. Sur la Svre amont, les ouvrages qui supportent les vannes de dcharges au droit du moulin, prennent la forme de muret.

    CEMAGREF

    ill.

    Hl

    na

    Defo

    lie

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    Vannes de dcharge

  • P 10 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Les autres types douvrages

    Un paysage hrit mais pas fi g

    Si la majeure partie des ouvrages sont des chausses de moulins, on trouve galement sur le bassin versant, une trentaine de clapets (automatiques ou commande manuelle). Ces ouvrages rcents, souvent installs lors de programmes hydro-agricoles (1970 1990) ont remplac des dversoirs de partage sur les systmes en drivation. Enfi n, on trouve quelques seuils de dimensions rduites utiliss des fi ns agricoles, piscicoles ou ornementales (Parc oriental de Maulvrier). Les digues dtangs et les grands barrages ne sont pas intgrs notre propos.

    Le paysage de fond de valle a connu de nombreuses volutions (amnagement, gestion), il est ncessaire de prendre en compte cet aspect dynamique afi n de mieux envisager son devenir.

    constructiondes premiers moulins eau

    apparition et diffusion du

    moulin vent

    insurrection vendenne

    marasme conomiquedestruction de

    nombreux moulins

    apparition et dveloppement des moteurs suppltifs :vapeur, gaz pauvre,diesellectricit

    Les riverains comme les collectivits sont

    aujourdhui confronts la gestion de ces

    paysages hrits : que faire face aux processus

    de dgradation des ouvrages ? Comment

    prserver et mettre en valeur le patrimoine tout en amliorant le fonctionnement

    cologique de la rivire et en maintenant un quilibre des usages ?

    boom de limplantation des moulins

    eau

    industrialisation rglementationdes sites hydrauliques

    contingentement des moulins farine

    dclin industriel, marginalisation de lusage des roues

    2000190018001200600 roue Sagebien

    diversifi cation de lusage des roues (farine, foulon, papier,

    tissage, forge)

    ill.

    Hl

    na

    Defo

    lie Clapet du pont d

    e lcluse sur lOuine,

    communes de Largeasse et du Breuil Bern

    ard

  • P 11Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Ltat des ouvrages : une dgradation diffi cile matriser

    En 2000, un inventaire a fait tat du niveau de dgradation des ouvrages hydrauliques. Les chiffres prsents ci-dessous sont purement indicatifs car ltat des lieux est fond sur ltat apparent des ouvrages. Il faut

    procder avant toute intervention une expertise plus prcise. Les ouvrages anciens sont des structures fragiles dont lvolution est souvent trs alatoire faute dentretien rgulier et adapt.

    Ouvrages dgrads

    Les modes de gestion : des ouvrages peu fonctionnels

    Seulement 35 % des ouvrages sont rellement fonctionnels sur le plan hydraulique : les vannes sont manoeuvrables et confrent louvrage une relle fonction doutil de gestion . Parmi ces sites fonctionnels, on note la prsence de quelques moulins en tat de fonctionnement.

    Tandis que la rivire tait autrefois gre par le fond, lusage hydraulique permettant un renouvellement rgulier

    des plans deau, on recherche aujourdhui davantage le maintien dune rivire pleine. Les vannes restent souvent fermes, les passages deau sont parfois comblsLabsence de manuvre des vannes sexplique aussi par la perte des savoirs. La gestion des ouvrages hydrauliques ne peut simproviser. Ceci est dommageable pour la qualit des cours deau qui voient saccumuler les sdiments en amont des ouvrages.

    Prs de 10 % des ouvrages sont dj ruins 15 % sont trs dgrads (brche importante, effondrement) 35% sont dans un tat moyen 40 % sont dans un tat correct (pas de dsordre apparent, il sagit

    notamment douvrages rcemment restaurs)

    Chausse en tat

    Ltat des lieux au dbut du XXI sicle

    Le statut foncier : faible matrise foncire publique et morcellement

    Le parc douvrages du bassin de la Svre nantaise est en grande partie priv. En effet, peine 30 % des ouvrages appartiennent une collectivit. De plus, limage de la proprit prive, le patrimoine collectif est trs morcel (syndicat de rivire, commune, dpartement, fdrations de pche).Les syndicats de rivire, par le biais de conventions avec des particuliers ou dautres collectivits, ont obtenu la gestion dune trentaine douvrages supplmentaires.

    Labsence de matrise foncire publique sur les ouvrages est un frein majeur toute intervention et lengagement de fonds publics.

    Les propritaires privs sont donc des partenaires incontournables de la gest ion des s ites hydrauliques et de la rivire.

    ill. Hlna Defolie

    Moulin de la Moreau, La Verrie

    Moulin des pinettes, Aigrefeuille-sur-Maine

    La Doucinire, Cugand

  • P 12 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Les ouvrageset la mobilit du lit

    Les cours deau sont des systmes en quilibre dynamique. Leur ajustement permanent dans lespace et dans le temps, aux fl uctuations des

    dbits liquides et solides, se traduit par une mobilit latrale et verticale. Cette mobilit permet dviter des dysfonctionnements hydrauliques et

    sdimentologiques majeurs. Elle est aussi le moteur dune dynamique cologique intense, garante de la richesse et de la diversit des milieux naturels (Malavoi, 1998) .La morphologie dune rivire nest pas une donne fi xe, son volution rpond au jeu des processus drosion et de dpt.

    La rivire a besoin de libert

  • P 13Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Impacts des seuils sur la mobilit du lit de la rivire

    Les seuils induisent des modifi cations plus ou moins fortes en fonction de leurs caractristiques propres (hauteur, forme, implantation). De manire gnrale, les ouvrages qui forment obstacle dans le lit mineur retiennent les sdiments, mais en se comblant, les retenues deviennent peu peu transparentes (faible perturbation du transit sdimentaire).

    Leur mode de gestion peut aussi tre dterminant puisquune gestion approprie des vannages permet dassurer la circulation dune proportion non ngligeable des sdiments. La modifi cation des fl ux de sdiments peut contribuer enclencher des phnomnes drosion.

    La densit de seuils, leur infl uence sur la ligne deau (rapport entre la hauteur de louvrage et la pente du cours deau) sont des paramtres cls pour valuer limpact des ouvrages sur la dynamique du cours deau. Par ailleurs, lintensit de limpact doit aussi tre estime au regard de

    la dynamique naturelle du cours deau ou du tronon de rivire tudi : le rythme de renouvellement des formes du lit est intimement li ses caractristiques physiques (gologie, type de valle, pente, puissance du cours deau, frquence des dbits effi caces)

    La perturbation des fl ux de sdiments

    Leffet stabilisateur

    Les seuils sont galement des points durs qui bloquent ou limitent fortement la mobilit latrale du lit et lvolution du profi l en long. Le calage de la ligne deau pleins bords accentue cet effet stabilisateur.

    Les socits locales face la mobilit des rivires

    Le processus damnagement des fonds de valle des fi ns nergtiques ou agricoles est trs ancien en France comme en Europe. En fonction de lusage dominant et des moyens techniques mis en uvre, les socits locales ont labor des paysages spcifi ques. Ces paysages nont cess dvoluer. Le rfl exe instinctif, face la dgradation de ces amnagements anciens est celui de la conservation. Ainsi, une approche trop systmatique conduit fi ger le paysage et gnrer des problmes cologiques et des risques.

    Les gestionnaires et les socits locales doivent prendre en compte la protection de la scurit des biens et des personnes, la prservation dun patrimoine et la mise en oeuvre dune meilleure gestion cologique sur le long terme. Ces diffrents objectifs peuvent parfois tre contradictoires, mais pas toujours. Une palette des solutions techniques est aujourdhui disponible et les comptences en ingnierie cologique se sont considrablement dveloppes.

    Lintensit de limpact

  • P 14 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La Svre nantaise et ses affl uents : des cours deau assez peu mobileset trs amnags

    La Svre nantaise est une rivire sud armoricaine rapide, scoulant sur un substrat impermable (granite, schiste). Les valles encaisses ont t creuses par le cours deau une poque durant laquelle il tait beaucoup plus puissant. Sa comptence actuelle ne lui

    permet pas de renouveler la gomtrie de son lit un rythme rapide : la Svre, sur la majeure partie de son trac, est naturellement contrainte dans un espace de libert trs limit.

    Certains tronons prsentent dautres caractristiques et une dynamique diffrente. Entre Moncoutant et le verrou de Mallivre par exemple, une zone de replat correspond une valle plus large o la rivire scoule sur des matriaux trs meubles (alluvions sableux).

    La divagation de la rivire est alors trs marque. Sur ce secteur, la dstabilisation des berges a t accentue par des travaux dhydraulique agricole (recalibrage, destruction de la ripisylve)

    La mobilit du lit doit alerter le gestionnaire ou les propritaires riverains dans deux cas particuliers :

    Lvolution observe, du lit et des berges, traduit un grave dsquilibre lchelle du cours deau ou dun tronon

    La mobilit met en pril la scurit des biens ou des personnes.

    La matrise de la mobilit du lit dun cours deau, ou de lvolution de son profi l en long est trs dlicate. Des interventions non adaptes peuvent entraner de graves perturbations cologiques et paysagres.

    Quelle est la dynamique observe sur le tronon tudi ? Quel est leffet de louvrage (ou du systme hydraulique) sur cette dynamique ?

    Les questions se poser pour avancer ?se pos?Comme pour la question des inondations, il sagit davantage pour la population locale de mieux apprendre vivre avec lvolution de la rivire que de svertuer lutter contre. La stabilisation ne peut pas tre un objectif systmatique de gestion durable du cours deau.La grille danalyse qui dcrit et permet dvaluer ce critre pose deux sries de questions : Quel est le niveau de vulnrabilit des quipements

    et des terrains riverains sur lensemble de la zone dinfl uence hydraulique de louvrage ?

    Le maintien dune fonction de stabilisation peut-tre compatible avec la modifi cation dun ouvrage. Il existe parfois des solutions alternatives qui garantissent la mise en scurit du bti, ou dinfrastructure tout en rduisant les impacts ngatifs dun seuil.

    La Svre entre le Longeron et TiffaugesLa Svre amont

  • P 15Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La prsence dune succession douvrages et le maintien de plans deau stables favorisent galement la sdimentation en amont des retenues (dpts des matriaux fi ns). Les vases et les sables stockent diffrents produits polluants. Les apports diffus peuvent provenir de lamont ou sont concentrs et localiss sur le bief (par exemple rejet deaux pluviales urbaines).

    Ces phnomnes deutrophisation et de pollution peuvent tre aggravs par la baisse des dbits due laugmentation de lvaporation et des prlvements.

    Labsence de manuvres rgulires et adaptes des vannages provoque laugmentation du temps de transfert de leau de bief bief.

    Dans certains cas, les ouvrages, en fonction des caractristiques cologiques du fond de valle : permabilit du substrat, largeur, topographie, prsence dannexes hydrauliques, qualit de la ripisylve et des herbiers, peuvent jouer un rle plus positif sur la qualit de leau (dnitrifi cation, rduction de la turbidit).

    Les retenues : caisses de rsonance des pollutions

    Lintensit de la dgradation de la qualitde leau rsulte de linteraction de plusieurs paramtres : Les apports en polluants Limportance de la zone dinfl uence/la proportion dcoulement libre entre deux ouvrages - les types dcoulements(amnagement et morphologie du cours deau). Les caractristiques du fond de valle (type de sols, ripisylve, zone tampon)

    contexte hydrologique (type dalimentation,abondance, rgularit, saison)

    Lit plus troit (ombrage plus effi cace) Diversit des coulements, meilleure oxygnation moins vulnrable leutrophisation Sensible aux pollutions massives

    Ralentissement et rchauffement de leau

    Risque daccumulation et de relargage des pollutions Risque deutrophisation

    Conditions favorables la prolifration de certaines espces exotiques invasives (jussie, ragondins) Effets hydrogologiques : variables. Ils peuvent tres positifs si la qualitde leau dans la retenue nest pas trop dgrade, dans le cas inverse, la nappealluviale peut-tre pollue.

    Entre lamont immdiat dune chausse et laval de la chute,le bilan de loxygnation est nul la plupart du temps, notamment durant la priode dtiage.

    Zone dinfluence de la chausse, plan deau

    Tendance au comblement (vase et sable)

    Ecoulement plus ou moins turbulent(blocs et rochers)

    Radiers

    Les eaux lentes, peu ombrages et fortement enrichies en nutriments (phosphore et nitrate) sont trs sensibles au phnomne deutrophisation qui se traduit par une forte croissance des algues microscopiques (phytoplancton),

    fi lamentauses, des lentilles deau ou toute autre espce de vgtaux suprieurs

    aquatiques.La croissance et la dcomposition de ces

    vgtaux provoquent une perturbation du cycle

    journalier de loxygne (abaissement proche de 0mg/l en fi n de nuit et sursaturation en fi n de journe). De plus, si les conditions sont favorables, la succession des espces phytoplanctoniques entre le printemps et la fi n de lt, conduit lapparition des cyanobactries. Celles-ci peuvent librer des toxines plus ou moins nocives pour les organismes vivants (et donc pour lhomme). En fonction du nombre de cyanobactries et de toxines, des mesures de restrictions concernant les activits nautiques et la production deau potable sont prises.

    Les ouvrages en lit mineur ralentissent les coulements et modifi ent leur typologie. Cette perturbation entrane plusieurs effets qui contribuent dgrader la qualit de leau. La masse deau calme et plus profonde se rchauffe et sappauvrit en oxygne dissout. On considre que le pouvoir auto purateur dun cours deau est prserv lorsque sa morphologie est peu modifi e et propose une alternance dcoulements lents et rapides (alternances de fosses et de radiers).

    Zone non influence

    Zone influence par louvrage

    Chausse

  • P 16 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La Svre nantaise : une rivire sensible aux pollutions

    Vulnrabilit Quel est limpact hydraulique de louvrage (linaire infl uenc,

    pourcentage dcoulement libre entre louvrage tudi et louvrage situ lamont) ?

    Cet ouvrage peut il tre gr et est il gr correctement ?

    Quelles sont les caractristiques du fond de valle ?

    La priode estivale est particulirement critique, mais la sensibilit du cours deau reste forte de la fi n du printemps au dbut de lautomne (dfi cit dcoulement). Loxygnation de leau par le biais de la chute deau au niveau des chausses (lame deau dversante) est trs alatoire et peu comparable leffet li au brassage mcanique sur des portions courantes de la rivire.

    La Svre nantaise est trs sensible aux pollutions du fait de ses caractristiques physiques : faibles dbits dtiages, coulements de surface dominants. Par ailleurs, la densit de population, lclatement de lhabitat et limportance des activits agricoles et industrielles gnrent des apports consquents en polluants.

    Leutrophisation de la rivire a t particulirement marque en 2003 et 2004 et a conduit des restrictions dusages sur certains tronons.

    Les questions se poser?on sLimpact des ouvrages sur la qualit de leau est apprhend par le questionnement suivant dans loutil daide la dcision :

  • P 17Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Fonction biologique et vie piscicole

    Les successions douvrages implan-ts dans le lit mineur segmentent le cours deau en altrant une composante de base de lcologie de la rivire : la continuit. La segmentation et plus encore, lhomognisation des conditions de vie engendres par les sries de seuils

    perturbent la rpartition des espces damont en aval.

    Les poissons deau calme par exemple, plus rsistants aux pollutions et moins exigeants dans la ralisation de leur cycle de vie (alimentation, reproduction) sont favoriss, aux dpens des espces deau vive : on parle alors de drive ou de glissement typologique.

    Certaines espces susceptibles de provoquer des dsquilibres biologiques peuvent tre galement favorises (perche-soleil, poisson-chat, ragondin).

    La fonction biologique reprsente la capacit des cours deau assurer des conditions de vie aux diffrentes espces fl oristiques et faunistiques. Ltude de certaines espces repres de poissons (truite, brochet) nous donne des indications sur le fonctionnement global des milieux aquatiques.

    La perturbation de la rpartition des espces, la rarfaction des poissons deau courante et peu profonde

    Lamnagement de la rivire a entran une transformation des typologies dcoulement. IL sagit maintenant de grer au mieux leau retenue par les ouvrages tout en restaurant des secteurs en coulement libre.

  • P 18 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Les obstacles la migration des espces piscicoles

    Les ouvrages augmentent les dimensions du cours deau (profondeur et largeur). De ce fait le volume dhabitat disponible dans la retenue est augment mais la diversit de cet habitat est fortement diminue.En effet, les eaux courantes offrent une plus grande diversit dhabitats (principalement de part la diversit de la granulomtrie mais aussi des coulements) que les eaux stagnantes.

    En France, la plupart des espces de poissons deau douce sont infodes aux ambiances deaux calmes profondes et tempres (Hamonet, 2003). Ainsi les rivires amnages prsentant ces conditions peuvent tre caractrises par une diversit spcifi que importante. Toutefois la nature et la forte densit des amnagements, la mauvaise qualit gnrale de leau, peuvent conduire une rduction de cette biodiversit spcifi que. Dans des conditions diffi ciles, seul un petit nombre despces peut sadapter.

    Tous les poissons, doivent pouvoir se dplacer pour gagner des habitats spcifi ques chaque stade de leur cycle biologique. Certains, que lon regroupe sous le terme de Grands Migrateurs sont trs exigeants : leurs dplacements peuvent stendre lensemble du cours deau et au del en mer. La dure et les rythmes de migration sont variables en fonction des espces.

    Les ouvrages peuvent bloquer totalement ou ralentir les poissons dans leurs dplacements. Pour lalose qui ne

    saute pas, un seuil bas de soixante centimtres de dnivel peut tre infranchissable. Languille qui est le migrateur le plus reprsentatif du bassin de la Svre nantaise a galement de faible capacit de nage face au courant. Sa facult de reptation sur des surfaces humides et rugueuses lui permet de franchir de nombreux obstacles. Toutefois, la multiplication des ouvrages et leur diffi cult de franchissement entranent des retards de migration et une plus forte mortalit (on parle deffets cumuls).

    La situation critique de languille : un dclin li une multitude de facteurs

    Depuis une vingtaine dannes, la population danguille europenne est confronte une diminution importante qui se traduit par une rduction de son aire de rpartition. Languille occupe une part importante de la biomasse des cours deau de louest de la France. La rduction de la ressource semble sexpliquer par plusieurs facteurs : une exploitation conomique importante tous les stades du cycle biologique de lespce, une altration des habitats, la perturbation des phases migratoires (avalaison et montaison), la prdation, les maladies et la pollution.

    Le brochet : trouver et atteindre des zones de frai adaptes

    Le brochet ralise lintgralit de son cycle biologique en eau douce, il effectue des migrations courtes mais cruciales, notamment lors de la recherche de frayre. Le brochet est galement une espce vulnrable. La disparition des zones humides et la modifi cation du fonctionnement hydraulique des fonds de valles (acclration des fl ux) sont, entre autres, mises en cause. Il est possible de recrer des frayres ou de valoriser des annexes hydrauliques existantes en ajustant leur gestion hydraulique. Lamnagement dun ouvrage (passe poissons, rivire de contournement) peut tre prconis sil condamne laccs une frayre importante ou verrouille totalement laccs un cours deau.

    Pour en savoir plus : Chancerel F, 2004, Le brochet, Biologie et gestion, Collection Mise au Point, 200 p.

    Cycle biologique de languille

    Source : CSP DR4

  • P 19Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La libre circulation des poissons migrateurs : aspects rglementaires

    Les ouvrages et lcologie du fond de valle

    Les ouvrages implants en lit mineur, les drivations amnages depuis plusieurs sicles ont cr des milieux originaux qui peuvent avoir un fort intrt cologique. Les conditions hydrauliques artifi cielles permettent parfois dalimenter des annexes hydrauliques (anciens mandres, biefs, rseaux de fosss,). En fonction de la topographie et de la gomtrie de la valle, les ouvrages peuvent augmenter la frquence des dbordements dans le lit majeur, favorisant ainsi le dveloppement de milieux humides intressants. Le paysage hrit peut donc se caractriser par une forte valeur cologique quil convient de considrer dans le cadre de lvaluation de lintrt global des ouvrages pour la collectivit.

    Lestimation du niveau de diffi cult de franchissement de louvrage par les poissons migrateurs (anguille, brochet intgration de lexpertise du CSP).

    Lanalyse du degr daltration des habitats piscicoles (linaire infl uenc, conditions dcoulement, caract-ristiques physiques du bief tudi).

    La mise en vidence de lintrt cologique ventuel li la prsence du seuil ou lorganisation dun systme hydraulique.

    En amont de Mallivre, les amnagements anciens plus ou moins conservs et la mobilit de la rivire concourent diversifi er les milieux humides. Certains dentre eux peuvent tre valoriss pour la reproduction du brochet.

    Les questions se poser?s Lvaluation de ce critre sappuie sur :

    Le statut de rivire migrateurs est fi x par dcret et complt par un arrt prcisant la liste despces concernes (L.432-6, code de lenvironnement). Sur les rivires classes tous les ouvrages nouveaux doivent tre quips de dispositifs de franchissement pour les poissons migrateurs, dont lentretien doit tre assur par lexploitant. Les ouvrages existants sont soumis une mise aux normes dans les cinq annes suivant ldition dune liste despces.

    La situation actuelle de la Svre nantaise sur le plan rglementaire est en cours de rvision. Jusqu prsent, seules la Svre et la Maine aval en Loire-Atlantique taient classes et cela sans quune liste despces nait t dite.

    Le COGEPOMI propose dans son plan de gestion 2003-2008 dtendre le classement lensemble des cours deau principaux du bassin versant (Svre, Maine, Moine, Sanguze, Ouin) et darrter une liste despces pour la Svre nantaise en Loire Atlantique jusqu sa confl uence avec la Moine (Anguille, Alose et brochet).

    Les syndicats de rivire ont anticip la procdure rglementaire en intgrant dans les projets de restauration douvrages des amnagements spcifi ques pour la montaison des anguillettes. Les fdrations de pche soutiennent galement lamlioration de la transparence des axes migratoires ; cet effort doit tre poursuivi pour obtenir des rsultats signifi catifs.

  • P 20 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La fonction hydraulique

    La plupart des ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre nantaise sont des chausses de moulins eau. Leur

    rle premier est de rendre exploitable le

    dbit trs irrgulier en crant une retenue. Les chausses ont t implantes de faon diriger leau vers la vanne motrice et les roues.

    Lvolution de la fonction hydraulique des ouvrages

    des ouvrages

    Linfl uence hydraulique longitudinale dun ouvrage est fonction de deux paramtres cls : la pente de la rivire et la hauteur de louvrage, sous les graphes ci-dessus, nous avons uniquement fait varier la pente de la rivire.Dautres lments peuvent entrer en compte : la topographie de la rivire, le mode de gestion hydraulique de louvrage.

  • P 21Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Malgr la marginalisation de lusage de la force motrice de leau, le paysage de fond de valle est encore trs souvent organis autour de lensemble bief-moulin-chausse. La trame paysagre a souvent t adapte pour permettre dautres usages qui profi tent du calage dune

    ligne deau stable et haute en amont des chausses. Depuis le milieu du XX sicle le mode de gestion tend rejeter toutes variations de la ligne deau en dessous de la crte de louvrage. Le paysage de production (nergie) sest peu peu transform en un paysage dagrment (loisir, patrimoine).

    Linfl uence des ouvrages sur le niveau de leau et le rythme hydrologique de la rivire

    Le moulin du Gu (la Pommeraie-sur-Svre). A gauche, lame dversante en priode de crue et en coulement hivernal moyen droite.

    Autrefois, le fonctionnement des moulins impliquait des variations de niveau plus frquentes, dont limpact global demeure diffi cile valuer. Toutefois, on sait que les niveaux plus bas favorisaient lessor dune vgtation plus diversifi e.

    Limpact cologique de cette gestion a des rpercussions importantes sur le fonctionnement de la rivire.

    Linfl uence des ouvrages sur le niveau de la nappe daccompagnement

    Les ouvrages ont quelquefois un impact hydrogologique en maintenant le toit de la nappe daccompagnement un niveau lev. Cet effet peut tre recherch dans le cas de la production deau potable par exemple. Cet effet est

    souvent localis et son intrt est loin dtre systmatique. Sur la Svre amont il conviendrait de raliser des tudes complmentaires afi n de mieux valuer le poids de cet effet.

    Les ouvrages et le risque dinondation

    Globalement, les seuils submersibles et quips de vannages de dcharge sont neutres dans la gense des inon-dations majeures. En effet, on estime que la plupart de ces ouvrages sefface en cas de fortes crues (> Q5, cest dire dont loccur-

    rence statistique est quinquennale). Cependant en cas de mauvaise gestion des ouvrages, le rehaussement des dversoirs peut rendre certains btiments, ou zones urbaines plus vulnrables de petits dbordements frquents.

    Rappelons qutre riverain de cours deau, cest aussi accepter les contraintes lies son rythme hydrologique. Il est possible dattnuer, la marge, les excs du cours deau plus ou moins engendrs par laction de lhomme. Il nest pas possible de lutter contre la crue, il faut apprendre vivre avec.

    La carte postale ancienne tmoigne du besoin deau pour les usiniers, confronts la rcurrence dtiages prononcs (rehausse sur louvrage). En aval, de la chausse de Gaumier, le dveloppement de la vgtation et la prsence du gu charretier signalent un niveau plus bas que celui maintenu actuellement (photo de droite).

  • P 22 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La gestion des ouvrages : fonctionnalit hydraulique et rgles de gestion

    Pour quun ouvrage soit rellement un outil de gestion il doit comporter des vannages correctement dimensionns et facilement manoeuvrables. Labsence dentretien rgulier des chausses a fortement altr cette fonctionnalit

    hydraulique lchelle du bassin versant puisque seulement 30% des ouvrages sont fonctionnels.

    Vannage hors service

    Vannage restaur et fonctionnel

    La gestion dun moulin eau demeure fonde sur des rgles trs prcises. On peut retrouver des descriptions des rgles de gestion dans les rglements deau tablis par les Ponts et Chausses au XIX.sicle. Les propritaires douvrage peuvent sappuyer sur le rgime juridique ancien (fondement en titre et sur titre) pour grer leur site dans la mesure o ils respectent strictement la consistance lgale de leur droit deau et lensemble des prescriptions qui encadre lusage de ce droit (voir fi che juridique).

    Sur certains sites ou tronons, dautres modalits de gestion, adaptes un usage collectif ou privatif ont pu tre labores. Sur la Svre amont une grande partie des ouvrages de partage sont grs de faon contrler les prlvements agricoles en priode dtiage.

    Lvaluation de la fonction hydraulique des ouvrages

    Quel est le type douvrage ou de systme hydraulique tudi ?

    Quelle est son infl uence hydraulique ? (sur la ligne deau, sur le volume stock)

    Cet ouvrage est-il fonctionnel, constitue t-il un outil de gestion ?

    La gestion de louvrage rpond-elle des rgles de gestion prcises et conformes la rglementation ?

    La gestion de louvrage rpond-elle au maintien de plusieurs usages et / ou une fonction dintrt gnral ?

    ?Loutil daide la dcision apprhende ce critreen posant les questions suivantes :

  • P 23Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Les usages du site hydraulique

    Une volution rapide des usages de la rivire au cours du 20 sicle

    La plupart des sites hydrauliques du bassin de la Svre nantaise sont danciens moulins eau. Lamnagement de la valle est remarquable du fait de la grande densit des sites (environ 1 ouvrage par km) mais galement au regard de limportant processus dindustrialisation qui a permis la transformation et la reconversion de

    nombreux moulins artisanaux au 19 sicle. Aprs 1000 ans de vocation nergtique,

    lusage hydraulique de la Svre nantaise a rapidement dclin entre la fi n du 19 sicle et 1945.

    Le potentiel de production nergtique est parfois conserv et mis en valeur. La puissance brute et lirrgularit des dbits de la Svre et de ses affl uents ne permet que rarement une exploitation industrielle. En revanche, quelques propritaires utilisent leur chute dans le cadre dune autoconsommation (chauffage en hiver par exemple).

    Ce dclin de lutilisation de la rivire comme outil de production a t suivi de lessor progressif dusages nouveaux qui ont entran lmergence de nouveaux modes de gestion. Tandis que les usages agricoles se maintiennent ou se dveloppent (abreuvement, irrigation) on assiste lexplosion de loisirs tels que la pche, la randonne pdestre, les activits nautiques. La recomposition du paysage de fond de valle se traduit galement par la transformation en rsidence (attrait de la

    maison au bord de leau) de nombreux moulins ou dpendance. La valeur collective de ces lieux, longtemps vcus comme de vritables carrefours de la vie locale (franchissement de la rivire, achat de farine ou autres produits) est mise mal par de nouvelles formes dappropriation et de pratique de lespace. Le paysage de fond de valle tend clater en une multitude de sites dont on a oubli les interrelations.

    Reconstruire une culture commune de la rivire

    Les usages de loisirs, ainsi que lirrigation ont en commun la mme exigence : le maintien dun niveau haut et relativement constant (la rivire pleine). Le maintien des biefs pleins en t

    permet un type de pche deau calme. De mme, le maintien dune ligne deau assez leve en t permet une pratique confortable du cano et des autres activits nautiques.

    Au-del de la ncessit du

    maintien de niveau li

    lusage, la rivire pleine a

    t progressivement intgre

    comme une norme par la socit

    locale (aspects esthtiques,

    qualit de la rivire).

    Avec la disparition de lusage hydraulique, cest lensemble dune culture de la rivire qui sest appauvrie. Les mthodes dentretien traditionnel ne sont que rarement observes, le rythme hydrologique de la rivire est souvent mconnu ou rejet (alternance crue / tiage).

    Labandon et la dgradation de nombreux sites ont incit la collectivit entreprendre de vastes chantiers de restauration patrimoniale des chausses ou de moulins dans leur intgralit. Cependant, malgr les oprations douverture au public, dinstallations de bases de loisirs, ou de musographies,

    la culture de la rivire est encore en reconstruction sur le bassin versant de la Svre nantaise.

    Dans le cadre du SAGE, les diffrents usagers sont amens repenser leurs pratiques afi n de mieux prendre en compte les caractristiques naturelles et galement lhistoire de la rivire. Le respect de la variabilit normale des dbits, du rythme de la rivire conditionne la qualit cologique globale du cours deau.

  • P 24 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Toutefois certains biefs sont rellement valoriss par la prsence dusages prcis et structurs qui peuvent dpendre du maintien dun niveau minimal en tiage : sites de pche, bases de canos-kayaks, gtes, randonne, utilisation du moulin (production artisanale, musographie).

    Il est parfois possible denvisager la mise en place de mesures garantissant le maintien de ces usages tout en rduisant les impacts cologiques lis la prsence de louvrage dans le lit du cours deau.

    Rsidence, minoterie, muse, support dactivit de loisir (pche, randonne nautique et pdestre), les moulins et la rivire amnage font lobjet dusages varis.

    Quels sont les usages prsents sur le site et la zone infl uence par louvrage ?

    Quelle est lintensit de chaque usage ? Sont-ils structurs et / ou associs un amnagement, intgrs un rseau / parcours ?

    La pratique de lusage est elle dpendante du maintien de louvrage / du maintien dune cote minimale ou dun mode de gestion particulier ?

    Lusage fait il lobjet dune valorisation conomique directe / indirecte ?

    Des mesures alternatives compensant la disparition de louvrage peuvent-elles tre facilement mises en uvre ?

    ?Les questions se poser :

    Minoterie de la Guerche, Saint-Amand-sur-Svre

    Clisson

  • P 25Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La valeur paysagreet patrimoine des sites hydrauliques

    Le moulin : un des objets les plus riches du patrimoine hydraulique

    Les sites hydrauliques, du fait de leur inscription dans lespace et de leur infl uence hydraulique, structurent les paysages de fond

    de valle. Si le moulin eau peut sembler tre un btiment de bord de rivire assez commun, sa valeur patrimoniale demeure souvent forte.

    Lintrt des sites hydrauliques ne repose pas uniquement sur laspect architectural, mais galement sur lhistoire propre chaque site, lhistoire des techniques et leur poids dans lart

    en gnral et le fond culturel commun (chansons, contes et lgendes) leur confrent une richesse spcifi que au regard des autres lments du patrimoine bti.

    La mise en valeur du patrimoine : les efforts de la collectivit,des particuliers et du tissu associatif

    La valle de la Svre nantaise se singularise par le grand nombre de moulins qui jalonnent le rseau hydrographique et leur diversit : implantation au fi l de leau, sur des biefs drivs, moulins artisanaux ou

    usinesDes inventaires et recherches menes par la DRAC des Pays de la Loire au milieu des annes 1980 ont soulign les particularits et la valeur patrimoniale de nombreux sites (Dufournier, 1985).

    Cette grande richesse sest traduite par la mise en uvre par la collectivit de politiques de restauration patrimoniale des sites hydrauliques. Toutefois, de nombreuses diffi cults techniques et fi nancires nont pas toujours permis de sauver des sites trs forte valeur patrimoniale (Maze, 1996). Par

    ailleurs, le nombre de sites prsents sur le bassin ne permet pas de gnraliser cette politique. Bien que relay par des particuliers passionns et courageux, ainsi que par un tissu associatif local dynamique, le projet de restauration patrimoniale ne peut tre reproduit partout.

    Si les diffi cults fi nancires, tech-niques ou mme juridiques peuvent expliquer le faible nombre de sites rellement mis en valeur, il faut aussi prciser que tous les ouvrages et moulins ne prsentent pas un intrt majeur. Notons quenviron 40% des sites ne sont pas ou plus associs un moulin eau.

    Attractivit des sites de bord de rivire et ouvrages hydrauliques

    La prservation ou lamlioration de lattrait dun paysage de bord deau ne dpend pas toujours du maintien en ltat dun ouvrage hydraulique ; dautres critres contribuent expliquer la qualit paysagre des sites.

    Le potentiel productif des moulins eau est actuellement redcouvert. Plusieurs propritaires souhaitent, par exemple, rinstaller une roue pour produire de lenergie auto-consomme.

    Certains sites ont un int

    rt

    majeur, dautres sont trs dgrads

    sur le plan de la qualit paysagre

    (friche industrielle) ou ont une valeur

    patrimoniale peu affirme.

  • P 26 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Moulin de la Roche, Tiffauges

    De quel type de site sagit-il ? (sur drivation, unipolaire / bipolaire, prsence de bti)

    Quel est son tat et son niveau de mise en valeur architecturale ?

    Est-il ouvert et accessible au public ?

    Fait-il lobjet dune valorisation (musographie, rhabilitation du moteur hydraulique, sentier dinterprtation) ? / prise en compte des projets en cours dlaboration.

    Le site ou sa zone dinfl uence font ils lobjet de classement administratif (site inscrit / class, ZPPAUP) ?

    Quelle est lhistoire du site ?

    Evaluer lattractivit et lquilibre du paysage

    Moulin de Poupet, Saint malo du Bois

    Moulin de plessard, Clisson

    Cette valuation de la qualit paysagre et patrimoniale du site comme dautres critres intgre ncessairement une part de subjectivit et de sensibilit. Les paysages

    du scientifi que, de lingnieur ou du juriste ne sont pas des vrits. Leurs reprsentations ont toutes un intrt, mais au mme titre que celles du riverain, du pcheur, du randonneur.

    ?Les questions se poser :

  • P 27Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Les aspects juridiques(droit dusage et travaux)

    Des ouvrages anciens : statut juridique hrit et droit de lenvironnement

    La plupart des moulins eau qui jalonnent le cours de la Svre nantaise ont t construits avant la rvolution. On peut retrouver leur trace sur la carte de Cassini, tablie entre 1760 et 1789 (publie partir de 1815). La localisation dun moulin sur la carte de Cassini est suffi sante pour prouver lexistence dun droit fond en titre mais cela ne permet pas de dterminer ltendue de ce droit : il faut pour

    cela procder une expertise de terrain et/ou avoir recours des documents (actes de ventes

    de biens nationaux, contrat dalbergement). Si un propritaire peut apporter la preuve de lexistence de son moulin avant labolition des privilges ainsi que des lments dcrivant la consistance de son droit deau alors il lui est possible de rutiliser la force motrice dans le strict respect de ltendue de son droit et des autres dispositions rglementaires sappliquant aux ouvrages (voir ci dessous). Un projet modifi catif, implique que le ptitionnaire suive les procdures de dclaration ou dautorisation au titre de la loi sur leau (se renseigner auprs de la police de leau).

    Par ailleurs, on estime que prs de la moiti des ouvrages recenss sur la Svre et ses affl uents a t rglemente au cours du XIXme sicle par ladministration des Ponts et Chausses, puis dans un second temps par les ingnieurs du service hydraulique du ministre de lagriculture (aujourdhui, DDAF, responsable de la police de leau sur les cours deau non-domaniaux). La procdure de rglementation, trs complexe, a t plusieurs fois remanie (premire instruction en 1798, 1817, 1834, 1848 -1851, 1898). La procdure et son esprit mme ont volu sur fond de dbats trs polmiques sur la proprit des rivires non navigables et sur le sens donn lintrt gnral (Haghe). La rglementation na pas permis de limiter les

    confl its dusages, ce paradoxe a t trs relev par Nadault de Buffon (Ponts et Chausss) dans son ouvrage intitul Des usines et autres tablissements sur les cours deau dveloppements sur les lois et rglements (premire dition en 1852). La procdure dinstruction tait souvent assez longue. Cette dure tait fonction de la complexit du dossier (industrialisation dun site ou simple rutilisation de lexistant), des ventuelles contestations et enfi n de la conformit des travaux excuts. Sur la Svre nantaise le temps de traitement dun dossier a vari au 19me sicle, de 3 15 ans ! Par ailleurs, certaines usines ont pu faire lobjet de rglements modifi catifs.

    En tout tat de cause, le droit dusage de leau nest pas un droit de proprit, il sagit dun droit rel li la proprit, il dcoule des accords coutumiers anciens (trs divers), peu peu homogniss. Les limites de ce droit font lobjet dune importante jurisprudence.

    Toutefois, le rglement deau permet dapprocher, en principe, avec beaucoup plus de prcision la consistance lgale du droit deau, soit la puissance brute de lusine dfi nie

    par le dimensionnement des ouvrages rgulateurs, de la prise deau, la hauteur

    de chute et niveau lgal. Ce niveau lgal, appel aussi point deau tait souvent llment le plus dlicat arrter : il conditionne la puissance disponible sur le site, mais peut galement gner

    le fonctionnement du site amont, voire celui des sites en aval dans le cas de trs petits cours deau (cluses). Il est parfois diffi cile aujourdhui de mettre en uvre les prescriptions dfi nies dans les rglements deau du fait de labsence dun systme de cotes repres cohrent et exploitable lchelle dun tronon de rivire. Il faudrait donc reprendre les travaux raliss par les ingnieurs au XIX en essayant de traduire les cotes anciennes des principaux lments des sites hydrauliques : niveau lgal, organes rgulateurs, prise deau en cotes NGF (Nivellement Gnral de la France).

    Pour comprendre les droits et les devoirs du propritaire riverain, il faut consulter les textes ayant trait au droit de riverainet. Vous pourrez vous reporter aux propos introductifs de larticle de Mlinda Jadaut actes du colloque du 21/09/2002 ou pour davantage de prcisions au livre de Pascal Gourdault-Montagne : le droit de riverainet : proprit, usages, protection des cours deau.

  • P 28 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    En terme de droit deau, il est important dans une succession ou lors dun projet (hydrolectrique notamment) de prouver ses droits fonds en titre ou de dtenir lacte administratif pour les ouvrages fonds sur titre.

    Le rglement deau est li un partage des usages, ce rglement est modifi able en fonction de lvolution de ces usages ou du non-usage, et en fonction de lintrt gnral.

    La police de leau sapplique lensemble des ouvrages.

    En cas de projet, nhsitez pas recourir laide de personnes comptentes :

    Services de police de leau : DDAF, DDE ou SMN

    Association des Amis des Moulins ou autre association de riverains

    La Svre et la Maine en Loire-Atlantique sont classes cours deau rservs : aucune autorisation ou concession pour des entreprises nouvelles ne peut tre dlivre. Cependant, la puissance maximale (capacit de production) des sites

    hydrauliques du bassin de la Svre nantaise tant toujours infrieure 150 Kw, ils ne sont pas concerns par la loi du 18 octobre 1919 (rgime de la concession et de lautorisation).

    Les autres dispositions rglementaires sappliquent ces ouvrages : ainsi, les dispositions de larticle 109 du code rural demeurent inchanges aprs la publication de la loi sur leau de 1992 (art. L. 215-10 du Code de lEnvironnement). A ce titre, le rglement deau peut tre abrog ou modifi

    pour des questions motives dintrt gnral par lutilisation des dispositions des articles L.214-4 et L.215-10 du Code de lEnvironnement. Toutefois, ils ne peuvent pas tre mis en chec par des droits attribus postrieurement par le Code civil.

    Des arrts complmentaires (art. 42 et 43 du dcret du 29 mars 1993) peuvent imposer des mesures aux installations fondes en titre, en vue de protger les lments cits larticle L. 211-1 du Code de lEnvironnement ou pour les rendre

    compatibles avec un SDAGE ou un SAGE sous rserve que ces prescriptions nentranent pas de modifi cations susceptibles de remettre en cause lactivit ou lusage de louvrage.

    En rsum

    Les rglements deau, ainsi que les dossiers dinstruction anciens sont consultables aux archives dpartementales (srie S et srie continue pour les versements postrieurs 1945). Un certains nombre de documents peuvent encore se trouver en DDAF.

    Les dossiers de rglementation contiennent souvent des pices trs intressantes sur le plan historique et technique. LIIBSN a engag depuis 2003 un travail de collecte de ces documents, les informations peuvent tre mises disposition.

    Rfrences bibliographiques :

    JADAULT M, 2002, Le rgime juridique des ouvrages fonds en titre prsents sur les cours deau non domaniaux, in Ouvrages hydrauliques. Milieux, paysages, usages, Actes du colloque de Nantes, Htel de Rgion des Pays de la Loire, 21/09/02, IIBSN, pages 11-16.tlchargeable sur le site www.sevre-nantaise.com

    HAGHE JP, 1998, Les eaux courantes en France (1789-1919) : du contrle institutionnel la ftichisation marchande, Thse de gographie, EHESS, Lille, 660 pages

    MAUVAIS F, 1992, Manuel du propritaire de moulin eau, Paris, FFAM, 30 pages

    GOURDAULT-MONTAGNE P, 1994, Le droit de riverainet : proprit, usages, protection des cours deau non domaniaux, Paris, TEC et DOC, 168 pages

    Plan densemble du site de Gaumier, ralis vers 1850, dans le cadre de la rglementation des usines (implantation de la fi lature de coton Bureau la place dun ancien moulin farine) ADLA srie S

    Un article du rglement deau stipule : Ds que les eaux dpasseront le niveau lgal de la retenue le concessionnaire ou son fermier sera tenu de lever les vannes de dcharge pour maintenir les eaux ce niveau. Il sera responsable de la

    surlvation de leau, tant que les vannes ne seront pas leves toute hauteur . On sait, aujourdhui quau del dun certain dbit (crue quinquennale ou dcennale), la manuvre des vannes a un effet ngligeable sur le niveau de leau

  • P 29Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    La restauration patrimonialeet lentretien des ouvrages anciens

    Evolution des modes de reconstruction

    Les chausses sont des ouvrages hydrauliques submersibles constitus dun corps en tout venant, recouvert dun parement en moellons jointoys (blocs de granite ou de schistes). On peut galement trouver des pices de bois structurantes en pied du parement aval ou bien dans le corps de louvrage. Ce mode de

    construction prservait une relative permabilit des chausses. Il sagissait douvrages peu prennes, seul un entretien permanent permettait leur maintien. La plupart des chausses du bassin versant de la Svre nantaise ont connu des restaurations partielles ou des reconstructions compltes.

    Lemploi du bton sest souvent avr mal adapt ou mal matris. Cela a conduit dans bien des cas masquer lvolution du processus de dgradation ou mme lacclrer (phnomnes de sous-pression).

    La reconstruction totale douvrages avec ces matriaux et de nouvelles techniques rend les amnagements raliss peu

    rversibles. Lallongement de la dure de vie de louvrage est bien sr recherch par la collectivit ou les particuliers qui souhaitent viter de rinvestir continuellement sur un mme site, mais les consquences cologiques de tels amnagements sont parfois mal estimes (impact sur le long terme).

    Lemploi de nouveaux matriaux tels que le bton, les palplanches et les enrochements a eu deux consquences inverses :

    Tous les ouvrages ne peuvent faire lobjet dune reconstruction. En fonction de ltat de louvrage et de son intrt, une palette de solutions techniques existe. Dans le cas dun

    ouvrage ne prsentant pas de dsordre majeuret dont la ruine brutale nentranerait pas de consquences graves (scurit, cologie), un entretien rgulier est prconis.

    Rappels sur les processus de dgradation

    Les structures anciennes sont fragiles, la disparition de lusage originel a fait reculer les pratiques dentretien rgulier et adapt. Les travaux de restauration inadquats peuvent comme on la vu plus haut provoquer la ruine rapide dun ouvrage. Les amnagements lourds de la rivire (recalibrage, implantation / suppression douvrages) expliquent aussi le dclenchement de phnomnes rosifs menaant la stabilit des ouvrages.

    Mcanisme de contournement de seuil par rosion des berges

    Le phnomne de renard (ou rosion interne)Source : CEMAGREF

    Source : EPIDOR

  • P 30 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Quelques conseils

    Lemploi non raisonn du bton et des enrochements est proscrire

    Ce quil ne faut pas faire :

    Couler du bton laveugle en pied douvrage ou dans une brche.

    Recouvrir louvrage dune carapace de bton (exemple ci-contre sur la chausse de Guidreau sur la Maine).

    Laisser pousser des arbres et des arbustes sur louvrage et aux abords immdiats des ancrages.

    Supprimer la vgtation sur les berges.

    Dsherber chimiquement le dversoir : les herbes et plantes semi aquatiques ne sont pas gnantes et si elles le sont, un dsherbage mcanique est suffi sant. La dvitalisation de certaines souches peut ncessiter lemploi dun dsherbant, dans ce cas il convient de respecter prcisment les dosages et protocoles dapplication (de prfrence, faire appel un technicien).

    Ce quil convient de faire :

    En cas de reprise de tout ou partie de louvrage, il faut absolument assurer le bon drainage de louvrage (joints discontinus, barbacanes)

    Replacer rgulirement les pierres manquantes (scelles au mortier).

    Entretenir les maonneries des bajoyers.

    La restauration de certains ouvrages imp

    lique la

    mise en uvre de chantiers importants.

    Ici la

    restauration de la chausse du moulin du

    Gu la

    Pommeraie-sur-Svre en 2002.

    Encadrement technique et juridique des initiatives

    Un diagnostic pralable toute intervention sur les ouvrages, les berges ou dans le lit du cours deau est indispensable, sachez vous entourer des personnes qui pourront vous conseiller :

    Le technicien de rivire Le garde pche Les services de police de leau (DDAF, DDE ou SMN) Des associations de mise en valeur des moulins

    Par ailleurs, les travaux en rivire sont strictement encadrs par la loi, il faut donc sy rfrer et suivre les procdures.

    La loi sur leau de 1992 est le texte de rfrence (en cours de rvision). Une nomenclature des diffrents types de travaux et manuvres douvrages a t tablie, elle oriente la procdure suivre (dclaration, autorisation). Il faut se rfrer deux dcrets. Le dcret n93742 du 29 mars 1993 donne les procdures

    dautorisation et de dclaration. Le dcret n93743 du 29 mars 1993 donne la nomenclature des installations, ouvrages, travaux et activits dans le domaine de leau. Ces dcrets sont disponibles en version consolide sur www.legifrance.fr

    Dautres textes doivent tre pris en considration :

    La loi pche Les dispositions relatives aux droits dusage de leau.

    Pour plus de renseignements sur les techniques de restauration des ouvrages anciens, vous pouvez consulter :

    EPIDOR, comit de rivire Cre, 1999, La restauration et lentretien des seuils bassin de la Cre Guide technique (fi ches), Aurillac, imprimerie Champagnac, 14 p.

    Ouvrage de Guidreau, Aigrefeuille-sur-Maine

  • P 31Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Les solutions alternatives la restauration lidentique

    Les mesures compensatoires

    Les ouvrages en lit mineur constituent des obstacles aux fl ux liquides, solides et biologiques. La continuit cologique des cours deau peut tre trs dgrade par la succession douvrages ou par un ouvrage particulirement pnalisant. Les fi nanceurs, dont lobjectif est notamment damliorer la

    qualit de leau et des milieux sont demandeurs de mesures permettant de rduire limpact des ouvrages, dans le cas o les travaux se traduisent par leur maintien. Ces objectifs de rduction dimpact sont aussi affi chs dans la Directive Cadre sur lEau, le SDAGE, le SAGE, les PDPG

    Les travaux et mesures, prsents ici sont soumis aux rgles de la police de leau et ncessitent une grande matrise technique.

    Leur prennisation passe par un suivi prcis et la mise en place de protocole dentretien et de gestion.

    La nature des mesures compensatoires est fonction de limportance de lentrave que reprsente louvrage et des enjeux prsents sur la

    portion de cours deau en cause (axe de migration piscicole, prsence dune frayre).

    Les mesures compensatoires peuvent donc concerner lcologie :

    Mise en place de passes poissons

    Mise en place de vannages sur les ouvrages qui en en sont dpourvus (renouvellement du plan deau, transparence hydraulique)

    Cration dun amnagement particulier destin assurer un dbit rserv

    Amnagement dune frayre en amont de louvrage

    Amnagement dun bras de contour

    nement pour

    faciliter le passage de languille sur l

    a chausse de

    Gaumier, Cugand

    Languille est le poisson migrateur emblmatique du bassin versant.Lamlioration de son parcours migratoire ne passe pas ncessairement par la ralisation damnagement lourd.Ici, lamnagement rustique du parement du dversoir du moulin de Jourdain sur la Svre amont (source CSP).

    La Maine tant classe rivire migrateur, louvrage de Pont Caffi no a t amnag dune passe poissons bassins successifs en 2004 dans le sas de lancienne cluse. Cet ouvrage devrait permettre lalose et au brochet de disposer dun plus grand linaire de reproduction.

  • P 32 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Les mesures compensatoires peuvent galement viser lamlioration, la scurisation de la pratique dun usage (randonne nautique, pche de loisir, randonne pdestre) : Amnagements lis aux loisirs nautiques (passe canos, rivire de contournement, zone de portage)

    Prservation ou amlioration du franchissement pdestre de louvrage (gu, passerelle, saut de pierres)

    Le franchissement des ouvrages peut savrer trs dangereux pour les usagers des loisirs nautiques, les parcours amnags sont pourvus dune signaltique. Certains amnagements

    peuvent tre qualifi s de mixtes lorsquils concourent aussi bien lamlioration de la qualit cologique de la rivire qu sa praticabilit pour les usagers.

    La renaturation des sites

    La restauration dun ouvrage nest pas la solution unique, la mise en uvre de mesures compensatoires augmente le cot des projets. La restauration cest galement un investissement engager sur le long terme (rparation, entretien courant, gestion).

    Lingnierie cologique propose aujourdhui un panel important de solutions techniques qui vont de laccompagnement dun processus de dgradation (abandon dun ouvrage) leffacement volontaire.

    Leffacement progressif des ouvrages passe souvent inaperu, les sites concerns sont dailleurs peu connus et diffi ciles daccs. En revanche, larasement partiel ou total dun ouvrage peut provoquer des volutions importantes :

    Abaissement de la ligne deau Mobilit accrue des berges (la rivire recre son lit) Adaptation de la faune et de la fl ore

    Ces volutions doivent tres suivies et peuvent faire lobjet de mesures daccompagnement et de correction. Les projets deffacement peuvent intgrer une demande sociale de maintien dun niveau minimum (micro-seuils, pis). Les structures

    importantes ne sont que rarement totalement supprimes, on maintient un seuil noy pour garantir un niveau minimum et prvenir les risques drosion du lit (enfoncement).

    Plusieurs ouvrages dlaisss, qui pour la plupart ne sont plus associs un moulin, se sont dgrads progressivement. Ladaptation cologique du milieu seffectue sur un temps plus ou moins long. Ici en amont du site de Fleuriais Mortagne-sur-Svre.

    La renaturation doit tre considre comme un projet de paysage, elle doit tre comprise, accepte localement pour prendre de lintrt.

  • P 33Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Glossaire

    Amphihaline : se dit dune espce de poisson qui effectue une partie de son cycle biologique en mer et lautre en eau douce. Languille est une espce amphihaline.

    Annexes hydrauliques : ensemble des zones situes en lit majeur, plus ou moins humides et en connexion temporaire ou permanente avec le lit mineur (ancien mandre, bief de moulin, mare, dpression humide, rseau de fosss). Ces zones constituent souvent des habitats cologiques de premire importance.

    Bief (diffrentes dfinitions) : 1- canal artificiel qui drive leau ncessaire lalimentation dun moulin. 2- Section de rivire comprise entre deux ouvrages hydrauliques.

    Canal damene : canal plus ou moins long, conduisant leau vers le moulin et son moteur hydraulique (roue, battoirs, turbine).

    Canal de fuite : canal permettant le retour vers la rivire des eaux exploites dans le moulin pour produire de lnergie.

    Chausse : seuil artificiel submersible permettant lexploitation nergtique (cration dune chute, stockage de leau, rgulation).

    Clapet : vanne mtallique, ancre sur un radier en bton. Ces vannes, pour la plupart implantes sur la Svre amont, la place des petits seuils de partage, sont des ouvrages mobiles. Leur largeur est voisine de celle de la rivire (entre 5 et 12 m). Ce sont des ouvrages basculants dont la manuvre est automatique ou semi-automatique. Quelques clapets sont installs sur des chausses, en lieux et place des vannes de dcharge. Ces ouvrages, trs en vogue jusque vers la fin des annes 1980, ne sont plus gure prconiss (contrainte dentretien, impact cologique, esthtique).

    Crue : Ne pas confondre avec linondation. Phnomne caractris par une monte plus ou moins brutale du niveau dun cours deau, lie une croissance du dbit jusqu un niveau maximum. Ce phnomne peut se traduire par un dbordement du lit mineur. Les crues font partie du rgime dun cours deau. En situation exceptionnelle, les dbordements peuvent devenir dommageables par lextension et la dure des inondations (en plaine) ou par la violence des courants (crues torrentielles). On caractrise aussi les crues par leur priode de rcurrence ou priode de retour (voir rcurrence). Le terme de crue est galement utilis dans le mme sens en hydrologie urbaine (rseau dassainissement).

    Dbit minimal : Valeur de dbit maintenu laval dun ouvrage localis de prise deau (rivire court-circuite,...) en application de larticle L 432-5 du code de lenvironnement (loi Pche de 1984). Cet article vise explicitement les ouvrages construire dans le lit dun cours deau, et les dispositifs amnager pour maintenir un certain dbit. Il oblige laisser passer un dbit minimal garantissant la vie, la circulation et la reproduction des

    espces qui peuplent les eaux. Ce dbit minimal est au moins gal au dixime du module (au 1/40me pour les installations existantes au 29/06/84) ou au dbit entrant si ce dernier est infrieur. Le dbit minimal est souvent appel, tort, dbit rserv. Article L-232-5 du code rural.

    Dbit rserv : dbit minimal ventuellement augment des prlvements autoriss sur le tronon influenc. Il est exprim notamment dans les cahiers des charges et les rglements deau. Souvent utilis tort la place de dbit minimal.

    Drive ou glissement typologique : modification des peuple-ments piscicoles au regard des compositions et distributions thoriques. Exemple : diminution de la proportion ou disparition des espces deau courante sur une zone amont de rivire. Ce changement peut notamment rsulter de lartificialisation des coulements.

    Etiage : Priode de lanne hydrologique durant laquelle on observe les faibles dbits. Ltiage fait partie du rythme normal de la rivire, tout comme la crue. Sur le bassin de la Svre nantaise, les dbits dtiage sont relativement faibles et les basses eaux peuvent stendre couramment de juin octobre. Ces caractristiques impliquent une gestion parcimonieuse de leau et une grande vigilance face au risque de dgradation de la qualit. Les dbits caractristiques dtiages correspondent des valeurs calcules sur des temps prcis, on parlera notamment de dbit dtiage journalier, dbit mensuel

    Eutrophisation : Enrichissement des cours deau et des plans deau en lments nutritifs, essentiellement le phosphore et lazote qui constituent un vritable engrais pour les plantes aquatiques. Elle se manifeste par la prolifration excessive des vgtaux dont la respiration nocturne puis la dcomposition leur mort provoquent une diminution notable de la teneur en oxygne. Il sen suit, entre autres, une diversit animale et vgtale amoindrie et des usages perturbs (alimentation en eau potable, loisirs,...).

    Frayre : habitat piscicole spcifique la priode de reproduction. Dans le cadre de notre problmatique, on voque particulirement le cas des frayres brochets qui sont des zones devant fournir un support de ponte adquat (herbiers) et rpondre un rythme hydraulique trs prcis.

    Gestion : par le fond : le fonctionnement des moulins eau tait fond sur le respect du niveau lgal de la retenue et la maximisation de la puissance disponible sur les sites. Leau passant par dessus le dversoir tait considre comme de leau perdue. Les vannes levantes permettaient un renouvellement hydraulique par le fond. Le non-usage des roues a conduit un blocage hydraulique : leau passe plus souvent sur les dversoirs, ou du moins, il se fait de moins en moins de renouvellement par le fond. Cela a des impacts hydrauliques et cologiques dont certains restent encore dterminer.

    Les dfi nitions sont issues pour partie du glossaire de lagence de leau Rhne-Mditerrane-Corse.

  • P 34 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Glossaire

    Habitats : Diffrents lieux permettant aux espces de raliser lintgralit de leur cycle biologique. Un habitat se dfinit par sa [] structure physique et sa dynamique perue et utilise par les tres vivants, les habitants des cosystmes en quelque sorte . (Souchon et al, 2002). La diversit, la combinaison et la distribution des habitats conditionnent la diversit cologique globale du cours deau (faune et flore).

    Holobiotique : Le brochet est une espce holobiotique, il effectue lintgralit de son cycle biologique en eau douce, et recherche ses diffrents habitats (chasse, refuge, frayre) sur un territoire moins tendu que les grands migrateurs.

    Hydrocologie : champ scientifique en cours de dveloppement, visant dterminer les liens entre les caractristiques physiques dun hydrosystme et les rponses biologiques (type despces prsentes, volution de la biodiversit et de la fonctionnalit des milieux). Elle permet de mieux comprendre limpact cologique des diffrents amnagements et modes de gestion. (lien cemagref Lyon LHQ).

    Montaison / dvalaison : Qualifie le sens de la migration dun poisson migrateur. Cette priode correspond une phase de son cycle biologique. Languille par exemple, colonise les eaux douces au stade juvnile (civelle, anguillette : montaison) et dvale les rivires afin de retourner en mer des Sargasses pour se reproduire.

    Nappe daccompagnement : Les coulements de surfaces interagissent avec des coulements souterrains plus ou moins dvelopps en fonction des caractristiques hydrogologique de la valle concerne. Sur le bassin de la Svre nantaise, cette nappe daccompagnement parat peu dveloppe (substrat granitique). Des prospections pourraient permettre de mieux identifier le fonctionnement hydrogologique de la Svre amont qui scoule dans une valle large sur des alluvions sableuses. La dfinition prcise est actuellement en cours de discussion dans le cadre de la mise en uvre de la DCE.

    Passe canos / rivire de contournement / zone de portage :systmes permettant le franchissement ou le contournement des ouvrages par les usagers de la randonne nautique (canos, kayaks). Les ouvrages peuvent constituer un danger pour ces usagers (phnomne de rappel). Sur les parcours amnags, une signaltique guide le randonneur et le prvient du danger ventuel.

    Passe poissons : permet le franchissement dun ouvrage constituant un obstacle pour la migration des poissons. Il existe diffrents types de passes et systmes de franchissement en fonction de lespce cible (tapis anguillettes, passe bassins successifs, rivire de contournement). Certains ouvrages peuvent tre franchissables par conception (chancrure, pr-barrage). Des amnagements rustiques du parement des ouvrages (pente, rugosit et forme du dversoir) peuvent parfois tre un compromis satisfaisant pour languille.

    Pcherie (pertuis) : de nombreux moulins taient quips de vannages troits, utiliss pour pcher languille davalaison notamment.

    Pleins bords : se dit dun dbit pour lequel le niveau atteint les hauts des berges (en limite de dbordement dans le lit majeur) sur le plan de la statistique hydrologique, on considre souvent que le dbit pleins bords est le dbit de crue de rcurrence annuelle ou bisannuelle.

    Radier : Partie dun cours deau sans profondeur sur laquelle leau scoule rapidement.

    Renaturation : Intervention visant rhabiliter un milieu plus ou moins artificialis vers un tat proche de son tat naturel dorigine. La renaturation se fixe comme objectif, en tentant de rhabiliter notamment toutes les caractristiques physiques du milieu (remandrage dune rivire recalibre par exemple), de retrouver toutes les potentialits initiales du milieu en terme de diversit biologique, de capacit autopuratrice etc.

    Site inscrit / class : Les sites et monuments naturels de caractre historique, artistique, scientifique, lgendaire ou pittoresque, susceptibles dtre protgs au titre de la loi du 2 mai 1930, sont des espaces ou des formations naturelles, dont la qualit appelle, au nom de lintrt gnral, la conservation en ltat (entretien, restauration, mise en valeur) et la prservation de toutes atteintes graves (destruction, altration, banalisation...). A compter de la publication du texte (dcret ou arrt) prononant le classement ou linscription dun site ou dun monument naturel, tous travaux susceptibles de modifier laspect ou ltat dun site sont soumis au contrle du ministre charg des sites ou du prfet du dpartement. Source : ministre de lcologie et du dveloppement durable DIREN Ile de France.

    Site unipolaire / bipolaire : Sur une mme chausse on peut trouver un seul moulin (site unipolaire), ou un sur chaque rive (site bipolaire). Certains sites sont mme plus complexes, autorisant lalimentation de 3 5 moulins (lot, plusieurs moulins sur une rive).

    Systmes hydrauliques : Les moulins eau sont parfois implants sur des biefs artificiels, situs en drivation de la rivire. Ces sections sont souvent endigues et quipes de dcharge. En tte de bief un petit ouvrage contrle la rpartition de leau entre la rivire naturelle et le canal damene du moulin.

    Vanne de dcharge : vanne situe sur le dversoir (chausse) ou sur le bief driv. Elle permet de rguler le niveau de leau dans le canal damene et de respecter, dans la mesure du possible, le niveau lgal de la retenue. Cette vanne doit en principe tre manuvre lorsque les eaux dpassent le niveau lgal.

    Vanne motrice : vanne situe lentre du moulin, elle contrle lalimentation du moteur hydraulique.

  • P 35Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Abrviations

    APS : Avant Projet Sommaire

    COGEPOMI : COmit de GEstion des POissons MIgrateurs

    CSP : Conseil Suprieur de la Pche

    DCE : Directive Cadre sur lEau

    DDAF : Direction Dpartementale de lAgriculture et de la Fort

    DDE : Direction Dpartementale de lEquipement

    DRAC : Direction Rgionale des Affaires Culturelles

    EPIDOR : Etablissement public territorial du bassin de la Dordogne

    FDPPMA : Fdration Dpartementale de Pche et de Protection des Milieux Aquatiques

    IIBSN : Institution Interdpartementale du Bassin de la Svre Nantaise

    PDPG : Plan Dpartemental de Protection des milieux aquatiques et de Gestion des ressources piscicoles

    SAGE : Schma dAmnagement et de Gestion de lEau

    SDAGE : Schma Directeur dAmnagement et de Gestion de lEau

    SMN : Service Maritime et de Navigation

    ZPPAUP : Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager

  • P 36 Ouvrages hydrauliques du bassin de la Svre Nantaise

    Bibliographie

    Allemand-Cosneau et al, 1990, Clisson ou le retour dItalie, catalogue dexposition, Cahier de linventaire n21, Paris, imprimerie nationale, 301 p

    Barraud R, 2003, Quel devenir pour les seuils artificiels en rivire laboration dun outil daide la dcision, exprience Svre nantaise , in Actes du colloque Ouvrages hydrauliques milieux, paysages, usages, 21 sept. 2002, Nantes, IIBSN, pp 85-98

    Bravard JP, 2000, Les extrmes hydrologiques : handicaps rductibles ou composantes patrimoniales sauvegarder, in Bravard JP,(dir.), Les rgions franaises face aux extrmes hydrologiques, Paris, Sedes, p. 5-14

    Croze O, Larinier M, 2001, Libre circulation des poissons migrateurs et seuils en rivire Bassin Rhne Mditerrane Corse, Guide Technique n4 / GHAAPPE, 51 p

    Des Accords et al, 2000, Pour que leau vive vade mecum des riverains, Marans, Association des Riverains de France, 41 p

    Dufournier B, 1984, Lexploitation de la force hydraulique de la Svre Nantaise, les volutions dune technique, in 303 n3/1984,p. 115-135

    Malavoi JR, 2003, Dfinition de la stratgie dintervention de lAgence de leau Loire-Bretagne sur les seuils rapport dtape, 91 p

    MEDD, 2003, Quels sont les enjeux de lhydrolectricit ? En annexes, rapports sur les nergies renouvelables, Paris, La Documentation franaise, 176 p

    Meriaux P et al., 1997, Mise en oeuvre dune approche intgre pour le diagnostic de seuils en rivires, tude des rivires Cre, Jordanne et Authre (Cantal), in Ingnieries EAT-n51, p. 51-70

    SCE-IIBSN 1998-2000, Contrat de Restauration et