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NON À LA GUERRE « Refuzniks, dire non à la guerre en Israël » Martin Barzilai 6 octobre 2017 - 3 février 2018 GUIDE PÉDAGOGIQUE Dossier rédigé par Nathalie Blanc, professeur missionnée par la DAAC MAISON DE L’IMAGE DOCUMENTAIRE

GUIDE péDaGoGIqUE · Entre 2007 et 2017, le photographe Martin Barzilai a rencontré une cinquantaine de ces Israéliens dits « refuzniks», qui refusent, ... Photoquai, Paris

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NON À LA GUERRE « Refuzniks, dire non à la guerre en Israël »

Martin Barzilai6 octobre 2017 - 3 février 2018

GUIDE péDaGoGIqUE

Dossier rédigé par Nathalie Blanc, professeur missionnée par la DAAC

MAISON DE L’IMAGE DOCUMENTAIRE

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NOUs cONtActER

La Maison de l’Image Documentaire17 rue Lacan - 34200 Sète

04 67 18 27 54www.la-mid.fr

sERvIcE édUcAtIf

Camille Baroux, chargée des [email protected]

Nathalie Blanc, professeur missionnée par la [email protected]

NOUs RENdRE vIsItE

Du mardi au vendredi, de 15h à 18h, le samedi de 15h à 19h.

Accueil des scolaires du mardi au vendredi sur rendez-vous.

AtELIERs POUR LEs scOLAIREsÀ partir du cycle 3 (CM1)

Atelier L’acrosticheAtelier (D)écrire la photoAtelier L’autoportrait

Pour connaitre le contenu de ces ateliers et les tarifs, rendez-vous sur www.la-mid.fr rubrique « Publics scolaires »

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L’EdItO

Ils s’appellent Tamar, Yaron ou Gal, ils sont étudiants, agriculteurs, postiers ou anciens officiers. Ils vivent à Tel Aviv ou à Jérusalem, ils ont entre 20, 40 ou 60 ans.Entre 2007 et 2017, le photographe Martin Barzilai a rencontré une cinquantaine de ces Israéliens dits « refuzniks», qui refusent, pour des raisons politiques ou morales, de servir une société militarisée à l’extrême où le passage par l’armée est constitutif de la citoyenneté.Cette exposition est extraite du livre Refuzniks, dire non à l’armée en Israël, qui sortira en novembre aux éditions Libertalia.

Autour de l’exposition de Martin Barzilai, nous aborderons des aspects parfois oubliés ou méconnus des mouvements antimilitaristes en France, les fusillés pour l’exemple, ou encore les monuments aux morts dénonçant la guerre. Des rencontres, des conférences seront également programmées.

Gilles Favier

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MartIn BarZILaI : rEFUZnIKS

Martin Barzilai : Eléments biographiques

Martin Barzilai est né en 1971 à Montevideo en Uruguay. Il aurait pu devenir professeur de physique (il a une formation scientifique) mais, un jour, quelque part, il est tombé sur un appareil photo, argentique probablement. Un biographe bien documenté dirait que la photographie a toujours été là.

Il acquière les connaissances photographiques théoriques et pratiques à l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière dont il est diplômé en 1994 puis devient chef de rubrique dans la presse photo spécialisée. Il vit et travaille aujourd’hui comme photographe indépendant à Paris et collabore avec les magazines Réponses Photo, l’Humanité, Alternatives Internationales, Rolling Sone, L’Obs, Le Monde 2, lemonde.fr et La Croix.

Ses centres d’intérêt sont les problèmes politiques, sociaux et environnementaux de son continent d’origine. Il travaille également sur ces thèmes en France, en Palestine, en Israël et en Tunisie..

Il répond à des commandes de la presse mais propose également des projets personnels.

Depuis 2006 il est rattaché à PictureTank en France.En 2014 et 2015 il a été sélectionné pour une Exposition des Arts visuels d’Argentine à Buenos Aires.

Expositions personnelles : - Opération massacre à Montevideo, 1994, Publico, Paris- Les communautés au cœur de la guerre, 2004, Passerelle, Paris- Les Nuits dans Barcelone, 2007, Ultramarino, Barcelone,

Expositions collectives :- Buenos Aires, 2008, Carré d’Art, Rennes- E.CO, 2010, Antigua fabrica de Tabacos, Madrid- Puerto Quilombo, 2012, Cdf, Montevideo- Behind close Gates, 2013, Forum de photographie de photographie latino-américaine, Sao Paulo ; 2014, Buenos Aires, 2015 Photoquai, Paris.

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Martin Barzilai : Refuznik : le projet photographique

« En octobre 1993, je me rends pour la première fois en Israël et en Palestine. J’ai alors 22 ans et je poursuis mes études de photographie. Mon opinion sur le conflite st à cette époque pratiquement inexistante. Il s’agit surtout d’aller rendre visite à desamis rencontrés à Paris.En 1972, l’imminence d’instauration d’une dictature décide mes parents à quitter l’Uruguay, pays où mon grand-père, juif, s’était installé en 1940, après avoir fui la France. Ne sachant où aller, mon père entre en contact avec un mouvement sioniste socialiste. On lui indique des kibboutzim en Israël où la famille pourrait s’installer. Mais l’idée de quitter un pays au bord du coup d’État pour atterrir dans un autre où la guerre menace, achève de décourager mes parents. Ce sera la France. Ainsi, pendant toute mon enfance, à mesure qu’un nouveau conflit éclatait au Moyen- Orient, ils se félicitaient de leur choix.Lors de mon premier séjour en Israël, je rencontre pour la première fois un refuznik. Il a une vingtaine d’années, il est né en Argentine. Pour fuir la dictature responsable de la disparition de son père, sa famille s’est installée dans un kibboutz du Golan, près de la frontière libanaise. Rapidement, nos origines, nos goûts musicaux communs et nos idées permettent de tisser des liens d’amitié. Il me fait visiter son kibboutz et m’explique comment il s’est fait réformer pour raisons psychologiques, en invoquant la dictature militaire dont son père avait été victime et sa hantise des uniformes.En 2002, le Premier ministre Ariel Sharon annonce la construction de la barrière de séparation en Cisjordanie. Dès 2003, une véritable résistance non violente en opposition au mur se met en mouvement dans plusieurs villages, avec le soutien d’internationaux et de pacifistes israéliens. À Paris aussi, une campagne s’organise pour soutenir cette lutte à travers des débats et des projections.En 2007, je découvre le site d’ActiveStills, collectif de photographes qui documente visuellement les violences exercées par Tsahal en Cisjordanie. À cette époque, ils affichent leurs photos sur les façades de Tel Aviv. Les images des exactions de l’armée israélienne choquent, provoquent et montrent le vrai visage de l’occupation.C’est dans ce contexte effervescent de lutte contre le mur qu’est apparue l’idée de ce travail : représenter l’occupation, mais en tentant une autre perspective que celle d’ActiveStills. Mon choix se porte sur les refuzniks. Photographier ces jeunes qui choisissent de risquer la prison et l’ostracisme plutôt que faire leur service, ou ces réservistes qui refusent. Je suis donc parti à la rencontre des refuzniks en 2008.(…) Durant l’été 2016 puis en avril et en juillet 2017, j’ai de nouveau la possibilité de me rendre en Israël. L’ambiance générale est bien moins combative. Le mur de séparation est achevé et la lutte non-violente dans les villages de Cisjordanie semble s’essouffler. L’arsenal de lois antiterroristes a renforcé les poursuites contre les militants pour la paix. La société israélienne s’est renfermée sur elle-même et les débats au sein de la gauche portent plus sur les inégalités sociales que sur la fin de l’occupation de la Palestine.Au fil des rencontres et des portraits et à travers le prisme particulier du conflit éthique qui anime les refuzniks, c’est une autre vision de la société israélienne que je souhaite proposer. »

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Les Refuzniks

Naissance du mouvement et sociologie des refuzniks

Chaque année, des centaines de jeunes citoyens s’opposent à l’intégration dans l’armée. Réservistes et soldats en activité, ces « refuzniks » s’élèvent publiquement contre les méthodes de Tsahal dans les territoires occupés. Ils créent des mouvements, diffusent des lettres d’indignation au Premier ministre, témoignent... A leurs risques et périls, car un grade militaire favorise la progression professionnelle.

En Israël, le service militaire est obligatoire, deux ans pour les filles, trois pour les garçons. Seuls les Arabes israéliens (20 % de la population) – quelle que soit leur religion – et une partie des Juifs ultra-orthodoxes sont exemptés s’ils le souhaitent. Plus qu’un devoir citoyen, servir Tsahal est une institution fondatrice, souvent vecteur de cohésion et d’ascension sociales. Les faits d’armes et le grade feront office de CV et d’accélérateur de carrière, tremplin dans la vie professionnelle. Les refuzniks, ou objecteurs de conscience, gagnent en visibilité depuis une quinzaine d’années. Ils s’opposent à l’armée et à leur devoir de conscrit, non pas par manque de patriotisme ou rejet de l’autorité, mais parce qu’ils veulent marquer leur refus catégorique de l’occupation, au risque d’être considérés comme des traîtres. Protéiforme et fluctuant, le mouvement évolue au gré des périodes de calme relatif et de tension que traverse l’Etat hébreu. On ignore leur nombre exact, l’armée ne communique aucun chiffre, et la plupart ne font pas état de leur refus. Pour Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Université ouverte d’Israël, c’est « un phénomène minoritaire mais qui a le mérite de faire réfléchir, d’ouvrir des débats ».

L’origine date de la première guerre du Liban, en 1982. Les premiers refuzniks s’opposent à l’occupation du Sud-Liban par Israël. Ces contestataires se regroupent dans le mouvement Yesh Gvul (littéralement : « il y a une frontière »), qui fait des émules jusqu’à la première Intifada (1987-1993), puis s’essouffle, avant de renaître en 2000.

C’est alors la naissance du mouvement Breaking the silence, fondé par un cadre de l’armée, Yehuda Shaul, un officier de 22 ans. Avec des dizaines de frères d’armes ayant servi à Hébron, ils décident de rompre la loi du silence. L’objectif : décrire la réalité quotidienne dans les territoires occupés et raconter les actes d’intrusion dans la vie des civils.

Chaque année connaît son lot d’objecteurs de conscience, de quelques dizaines à plusieurs centaines. Pour Pierre Razoux, directeur de recherche à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem) et auteur de « Tsahal. Nouvelle histoire de l’armée israélienne » (éd. Tempus Perrin), il s’agit « d’un phénomène transgénérationnel. Une génération confrontée à l’occupation au Sud-Liban et en Cisjordanie puis aux opérations à Gaza passe la relève à ses fils, mais ce sont les enfants d’une société postmoderne qui n’a plus rien à voir avec celle de leurs pères. Le message s’exprime différemment ».

C’est désormais sur Internet que le message fédère. Lorsqu’on arrive sur leur page Facebook, l’image iconique du manifestant planté devant une colonne de chars sur la place Tiananmen s’affiche, flanquée d’un bandeau « Resisting the IDF ». Ils se font appeler les « objecteurs de conscience contre l’occupation ». Ils ont entre 16 et 20 ans.

New Profile est une association féministe créée en 1998 qui lutte pour la démilitarisation de la société et se veut une plateforme de conseils pour les futurs refuzniks. « L’année dernière, nous avons reçu plus de 2 000 personnes », détaille Shahaf, 23 ans, employée de New Profile. Installée au café Albi, repère des activistes de gauche à Tel-Aviv, elle nuance : « La plupart des gens qui viennent frapper à notre porte ne sont pas de grands idéologues prêts à se sacrifier pour la cause de l’occupation et passer plusieurs semaines en prison. Ce sont des gens qui ne rentrent pas dans le moule de l’armée : certains ne supportent pas la violence, les armes, d’autres sont gays, d’autres encore doivent travailler pour aider leur famille. Ils ont juste besoin de soutien pour échapper au service. » Ces derniers doivent alors passer des tests afin d’être reconnus inaptes physiquement ou mentalement et, finalement, être exemptés. Selon Shahaf, « les refus idéologiques ne concernent qu’une frange très aisée de la population qui peut assumer les conséquences sociales de cet acte, notamment l’emprisonnement » : Exemples :- Alma, 33 ans: “Refuser de servir, c'est commencer dans la vie avec un handicap”- Omri a reçu l’appui de ses parents, eux aussi très politisés, chez qui il vit encore : « Mon éducation et mon milieu d’origine m’ont permis de limiter l’impact négatif de ma décision sur ma vie future. En ce sens, je suis un privilégié. »Les classes les plus aisées se sont peu à peu détachées du mythe de l’armée et de ses valeurs fondatrices, offrant à leurs enfants une alternative, à travers le service civil, avec peu ou pas de conséquences sur leur avenir. 5

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Les refuzniks : une réaction à la politique Benyamin Netanyahou depuis 2009

Début septembre 2014, les « 43 » ont décidé de frapper un grand coup. Des réservistes de l’unité de renseignement 8200, la plus prestigieuse du pays, ont signé un manifeste dénonçant les abus dans la collecte d’informations, et leur instrumentalisation dans le renforcement de l’occupation : « Nous appelons tous les soldats servant dans les unités de renseignement passées et présentes, de même que tous les citoyens d’Israël, à dénoncer ces injustices et à agir pour y mettre fin. Nous croyons que l’avenir d’Israël en dépend. » Souvent comparée à la NSA (National Security Agency) américaine, l’unité 8200 est spécialisée dans les écoutes téléphoniques et le décryptage de données, permettant de préparer les opérations sur le terrain.

Cette fronde de l’unité 8200 est différente car elle montre aux citoyens que l’occupation se joue non plus seulement sur le terrain, armes à la main, mais aussi dans les bureaux climatisés de Tel-Aviv

Joyau du renseignement militaire et de l'espionnage, l'unité 8 200 est considérée comme l'oreille et, d'une certaine manière, l'œil de l'armée. Elle est spécialisée dans l'écoute électromagnétique et le déchiffrement des codes. Seules les meilleures recrues rejoignent ses rangs, les bacheliers les plus doués en maths, en physique et en informatique. En la quittant, après leur service parfois prolongé de plusieurs années, ils sont nombreux à créer des start-up. De fait, 8 200 est à l'origine du boom technologique israélien de ces vingt dernières années. Jusqu'en 2001, sa mission était entièrement tournée vers l'ennemi extérieur, la Syrie, le Liban, l'Iran, etc. C'est le Premier ministre Ariel Sharon qui, en 2001, au début de la seconde intifada et dans le cadre de la lutte contre les attentats-suicides, a rajouté les Palestiniens à cette liste.

"Notre travail n'était pas seulement tactique. Nous devions aussi collecter des informations très privées concernant des Palestiniens sans lien aucun avec le terrorisme. Par exemple, un homosexuel ou une personne malade ayant besoin d'un traitement coûteux en Israël. Nous devions les signaler. Car ils pouvaient être ainsi la cible d'un chantage afin d'en faire des collabos..." Pour "D", 29 ans, capitaine de réserve, le moment déclencheur eut lieu dans une salle de cinéma, lors de la projection de La Vie des autres, ce film de 2006, évoquant la mise sur écoutes par la Stasi, la police secrète est-allemande, d'une grande partie de la population. "J'étais en état de choc. D'un côté, je m'identifiais aux victimes. La façon dont on les traquait les privait des droits les plus élémentaires. De l'autre, j'ai soudain compris que, lors de mon service militaire, j'avais été du côté de ceux qui traquent. Que nous faisions exactement la même chose, seulement d'une façon beaucoup plus efficace."Dans le passé, à plusieurs reprises, des réservistes ont exprimé publiquement leur refus de la politique israélienne à l'égard des Palestiniens. On se souvient des 27 pilotes et des 13 membres du commando d'état-major qui, en 2003, n'ont plus voulu prendre part aux liquidations ciblées. Mais, pour l'unité 8 200, c'est une première. Même si, selon le spécialiste des affaires de défense et du renseignement à Yedioth Aharonot Ronen Bergman, un lieutenant avait reçu, en 2003, l'ordre de préparer le bombardement du QG du Fatah à Khan Younès, il avait refusé parce que des civils s'y trouvaient. "Il s'agit, avait-il dit, d'un ordre évidemment illégal." Finalement, il avait été limogé et libéré de l'armée, sans être traduit en justice. Visiblement, explique Ronen Bergman, l'armée ne voulait pas que les questions inhérentes à cet acte de rébellion fassent l'objet d'un débat public. Cette lettre des 43 va-t-elle permettre à ce débat d'avoir lieu ? Peut-être ! répond le journaliste de Yediot. Mais d'ores et déjà les contre-feux sont allumés. D'autres réservistes de 8 200 font circuler une lettre condamnant l'initiative des refuzniks et affirmant qu'en fait l'unité sauve des vies. Une autre organisation, proche du mouvement de colonisation, réclame leur limogeage immédiat et déclare qu'ils "ne méritent pas de porter l'uniforme de Tsahal".Jusqu'à présent, ce genre de protestation n'a eu que des échos limités. En 2012, les déclarations très dures de six anciens grands patrons du Shin Beth contre la politique gouvernementale d'occupation, dans le cadre du film The Gatekeepers, ont été très vite oubliées. L'œuvre a eu plus de succès à l'étranger qu'en Israël.

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Martin Barzilai : Photographies commentées

Vue depuis le village Palestien de Al-Nu’eman tout prêt de Jérusalem. Au loin la colonie israélienne de Har Oma. Avril 2017.

Quartier de Silwan, Jérusalem Est. Août 2017.

Aiden Katri, 19 ans en 2006, journaliste, actrice, tel-Aviv.

« J’ai décidé que je n’irai pas à l’armée, quand j’ai vu la vidéo de mon amie Taïr Kaminer. Je voulais faire quelque chose de courageux et de solidaire. J’ai pensé que cela pouvait avoir un effet positif pour cette cause qu’une trans aille dans une prison pour hommes. »

Omer, 20 ans en 2009, étudiante, tel-Aviv.

« Le système de l’armée fonctionne bien. Il ne laisse pas le temps de réfléchir. Je pense que les jeunes Israéliens doivent connaître la situation des Palestiens pour pouvoir choisir s’ils font ou non l’armée. Mon père est un général important, il a été vice-président du Mossad. Nous sommes à l’opposé l’un de l’autre. J’ai passé deux mois en prison. Mon cas à fait beaucoup de bruit. Ca a été difficile, j’ai perdu cinq kilos.»

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sources

Sébastien Leban, Ces Israéliens qui refusent de porter les armes, Paris Match, 25 mars 2015.

Danièle Kriegel, Israël, le choc des 43 « refuzniks », Le point, 13 septembre 2014.

Clare Mary Puyfoulhoux, Uruguay nostalgia, 4 octobre 2012.

Ornon Ronen, 61 ans en 2016, fermier (cultivateur de fleurs et de fruits).

« Pour les gens de mon âge, refuser l’armée n’était pas courant. J’ai servi dans une unité d’infanterie avant le début de la guerre du Yom Kippour en 1973. Je me souviens très précisément du moment où j’ai compris que je ne voulais plus servir. Un samedi, en juin 1982, lors d’une réserve, dans le Sud-Ouest du Liban, dans la ville de Saïda. Il y avait eu des négociations pour un cessez-le-feu. Nous avions entendu à la radio qu’à midi, tout le monde devait arrêter de tirer. A cet instant précis, nous avons reçu l’ordre d’entrer dans un camp de réfugiés.»

Udi segal, 21 ans en 2016, cuisinier, étudiant, tel-Aviv.

« Mon grand-père était un mythe sioniste à lui tout seul. Il a combattu en 1948. Pour lui c’était très dur que son petit fils refuse de servir. J’ai décidé d’aller en prison parce que c’est la seule façon, malheureusement, pour que les gens parlent de l’occupation et de la militarisation de la société israélienne. Le problème dans l’extême gauche en Israël, c’est que les refuzniks deviennent des sortes de martyrs. Pourtant refuser de faire l’armée et aller en prison reste un privilège. En tant qu’ashkénaze issu d’un kibboutz, je n’ai pas besoin de prouver que je suis Israélien. Si j’étais éthiopien par exemple, ce serait différent.»

Martin Barzilai : Refuzniks ; propositions pédagogiques

La série photographique présentée à la MID peut permettre plusieurs activités avec les élèves.

En HISTOIRE, notamment au lycée pour les classes de Terminales, elle peut être utilisée comme une étude de cas pour le chapitre « Les conflits israélo-arabes » : cela permet aux élèves d’aborder la complexité de cette situation régionale et à travers l’histoire du mouvement des Refuzniks et plus largement des mouvements pacifistes d’étudier un conflit précis.

EDUCATION À L’IMAGE : cette série, composée de portraits divers et de paysages peut être analysée de façon technique. Pour les portraits, cf annexe.

En EMC, plusieurs thèmes peuvent être étudiés :- La liberté de conscience- L’engagement- La souveraineté des Etats- Les frontières (également vues en géographie en seconde et terminale)- Les mouvements et manifestations, ici pacifistes- Internet : Les élèves, en effectuant une recherche sur le photographe, vont trouver des liens problématiques : sites conspirationnistes, sites ouvertement antisémites : cela peut déboucher sur des séances sur les fakenews, le conspiration-nisme…. etc.

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LES FUSILLéS poUr L’ExEMpLE

Les « fusillés pour l’exemple », ne remontent pas à 1914,mais à 1870. Après les désastres de son armée et la débandade qui s’ensuivit, le gouvernement français avait autorisé par un décret du 2 octobre 1870 l’établissement de cours martiales qui permettaient l’exécution immédiate d’un soldat.Seul un compte-rendu a posteriori était demandé. Les exécutions furent nombreuses et marquèrent les esprits, mais les données historiques manquent cruellement pour donner un bilan chiffré fiable de ces exécutions.

Le contexte

Avec l’échec de la « Bataille des frontières » fin août début septembre 1914, le commandement rappelle qu’il faut « forcer l’obéissance » des soldats et si besoin est de « faire des exemples » reprenant ici des éléments du Code de Justice qui précise que « c’est l’intimidation que l’on doit toujours avoir en vue parce qu’elle va droit au but et qu’elle seule peut produire de salutaires effets ».

Ce code, adopté en 1857 sous Napoléon III, est renforcé en 1875 : son objectif est que la justice n’entrava pas les opérations militaires. L’instruction est désormais très rapide et le jury réduit à cinq membres. Tout appel peut être suspendu sur décision du Président de la République.

En septembre 1914, devant la situation, sont mis en place des conseils de guerre spéciaux (trois officiers) qui jugent en flagrant délit : la décisions est sans appel et exécutoire sans délai.

Motifs des exécutions et bilan

De 1914 à 1918, il y a 2500 condamnations à mort. Les soldats fusillés sont au nombre de 610 (voire 630). Ces condamnations sont possibles grâce à quatre articles du code de Justice militaire :- article 213 : abandon de poste en présence de l’ennemi- article 218 : désobéissance en présence de l’ennemi- article 223 : voies de fait sur supérieur en service- article 238 : désertion à l’ennemi (condamnation par contumace)

Dans les faits, il a des exécutions sommaires et rappels de la hiérarchie incitant à juger rapidement : il faut trouver des coupables pour provoquer un sursaut parmi les autres.610 (au moins) soldats sont ainsi fusillés : des innocents, des « coupables » de crimes militaires. On trouve également parmi ces 610 fusillés des condamnés pour crime de droit commun (qui aurait dû être amenés à la guillotine plutôt que devant un peloton d’exécution)

La majorité des exécutions ont lieu en 1914-1915 (respectivement 156 et 251).Leur nombre diminue ensuite car de nouvelles lois sont instaurées (notamment celle du 27 avril 1916) afin de ne plus juger sous forme terrorisante.

Il n’existe pas officiellement de catégories d’hommes « fusillés pour l’exemple ». Cependant les archives, les récits, les mémoires de guerres révèlent que de nombreuses situations ont existé.

Dans l’esprit populaire, un « fusillé pour l’exemple » est un militaire exécuté par un peloton d’exécution mais la réalité est autre. Il a plusieurs modes d’exécution :

• On peut obliger quelqu’un à accomplir une mission suicide comme « rachat de sa faute ». • On peut obliger quelqu’un à monter seul sur le parapet pour « montrer son courage » ; • On peut tout aussi bien devant une désobéissance tirer arbitrairement dans la tête de quelqu’un.

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En 1914, les condamnés sont principalement accusés de s’être volontairement mutilés un membre (main, pied), généralement en tirant à travers un pain pour ne pas laisser de traces de poudre indiquant un tir très proche donc suspect ...Une autre façon de procéder était de laisser trainer sa main au dessus des tranchées... D’ailleurs, laisser sa main trainer au-dessus de la tranchée était passible du conseil de guerre.En 1915 et 1916, on assiste de plus en plus à des désertions, puis se développe le concept assez flou, mais généralement attribuable à tout un groupe et non à une personne bien définie : le « refus d’obéissance devant l’ennemi ».En 1917 et surtout en 1918, on constate un déclin des exécutions ; non seulement la Victoire redevient possible, ce qui remonte le moral, mais aussi les commandements militaires comprennent mieux l’état mental des soldats.

Les motifs des condamnations sont multiples ; quelques exemples.Des soldats victimes de désorientation après un bombardement sont accusés d’abandon de poste alors qu’ils errent au hasard. D’autres sont accusés de refus d’obéissance tout simplement parce qu’ils ne comprenaient pas l’ordre (les Corses, les Bretons, etc. ...).Un sous-lieutenant capturé avec une poignée de survivants a réussi bien que blessé, à regagner les lignes françaises. Il sera condamné à mort pour « capitulation en rase campagne ». Des soldats ont été condamnés à mort à cause d’un malentendu. L’officier leur ayant donné un ordre est mort au combat et l’officier successeur les accuse de tout et de n’importe quoi.

La réhabilitation

Très vite la réhabilitation est devenue un enjeu politique notamment avec l’action conjuguée de la Ligue des droits de l’homme, des partis politiques de gauche.

Dans les années qui suivent la guerre, la « réhabilitation » est susceptible d’avoir deux conséquences. La famille est remise dans ses droits et honneurs et elle touche les indemnités de guerre mais « quelqu’un » peut très bien être accusé en retour (forfaiture, faux témoignage, … etc) .

Dans les années 1920 à 1930, les demandes de réhabilitation émanent directement des familles ou des camarades de combat. Il en résultera en tout et pour tout de 40 réhabilitations sur 600 cas de « fusillés pour l’exemple ».

Dans les années 30 à 40, il s’agit de ne pas nuire à l’ Etat Major Français alors que le péril nazi se précise ... Dans les années qui ont suivi la seconde guerre les demandes proviennent encore des rares familles « qui y croient », mais surtout d’associations diverses de droits de l’homme .Le but est alors uniquement symbolique : annuler une « faute », rendre ses honneurs à un soldat, … etc.

Dans les années 40 à 70, le problème est cette fois politique et non plus individuel ; la réhabilitation risque de jeter l’opprobre non plus sur un officier particulier, mais sur l’Etat Major Français dans son ensemble... or après la défaite de « 40 » et les tensions surgies lors de la Guerre en Algérie le moment n’est pas propice.

Qui sont ces soldats » fusillés pour l’exemple » : quelques exemples

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sources

André Bach, Entretien, Revue française de généalogie, hors-série n°19, publié par la mission Centenaire 14-18 le 6 juin 2017.

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Propositions pédagogiques

Le cas des fusillés pour l’exemple peut permettre, dès le collège, de multiples apprentissages.

Les archives qui sont désormais ouvertes offrent des possibilités aussi bien en histoire qu’en français.

Les élèves peuvent, par groupe, reconstituer l’itinéraire de soldats : ainsi, à la fin de la séance, avec un exposé par groupe, ils peuvent se rendre compte à la fois, de la complexité des situations, de leur iniquité, de la spécificité de cette guerre totale.

Ils peuvent également travailler à partir de témoignages, de films, chansons et bien sûr de monuments aux morts qui leur sont parfois dédiés.

Les sentiers de la gloire, S. Kubrick

http://webdoc.rfi.fr/fusilles-premiere-guerre-mondiale-14-18/#Menu ce site donne aux élèves des documents de travail très intéressants

Enfin, ils peuvent élaborer des paragraphes à partir d’un corpus photographique.

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LEs MOMUMENts AUX MORts PAcIfIstEs

Exemple à saint-Martin d’Estreaux« Maudite soit la guerre et ses auteurs… » : saint Martin d’EstreauxLe monument aux morts pacifiste de Saint-Martin d’Estréaux (Loire) a été envisagé dès 1918, édifié en 1922 et finalement inauguré en 1947 au sortir de la Seconde guerre mondiale (après l’inscription des victimes de cette dernière).

Le 8 décembre 1918, Pierre Monot, agriculteur, maire et conseiller général radical-socialiste, veut «quelque chose de bien qui ait son originalité locale, sinon il préfèrerait ne rien faire du tout ».Très discret, il est parvenu à déjouer la surveillance de la Commission préfectorale : il était alors fortement conseiller de glorifier Jeanne d’Arc. Pierre Monot, lui, a rappelé au sous-préfet de Roanne « qu’il était davantage soucieux d’obtenir la réhabilitation des fusillés de Vingré ».

Les textes pacifistes sont rédigés par le maire assisté du directeur de l’école, M. Hugenneng. Les plans du sculpteur roannais Jean-Baptiste Picaud sont présentés en séance du 25 janvier 1920, et le plan de financement faisant état des diverses subventions, le 30 octobre 1921.

Erigé sur la place de l’église en 1922, il est constitué de trois panneaux sur chaque face et est surmonté d’une colonne qui porte une urne funéraire.Le monument aux morts pacifistes comporte de nombreuses particularités :

- La liste des 64 victimes : chaque nom est accompagné d’une photographie : « la municipalité ayant voulu laisser aux générations futures un souvenir vivant des soldats de la commune morts pour la France »

- Le panneau de gauche :

« SI VIS PACEM. PARA BELLUM ! … ou Si tu veux la paix. prépare la guerre ! est une devise dangereuse

SI VIS PACEM. PARA PACEM ! … ou Si tu veux la paix. prépare la paix ! doit être la formule de l’avenir.C’est à dire : QU’IL FAUT AMÉLIORER L’ESPRIT DES NATIONS EN AMÉLIORANT CELUI DES INDIVIDUS PAR UNE INSTRUCTION ASSAINIE ET LARGEMENT RÉPANDUE.

IL FAUT QUE LE PEUPLE SACHE LIRE ET SURTOUT COMPRENDRE LA VALEUR DE CE QU’IL LIT.- Le panneau central :

BILAN DE LA GUERRE :PLUS DE DOUZE MILLIONS DE MORTS !AUTANT D’INDIVIDUS QUI NE SONT PAS NÉS !PLUS ENCORE DE MUTILÉS, BLESSÉS, VEUVES ET ORPHELINSPOUR D’INNOMBRABLES MILLIARDS DE DESTRUCTIONS DIVERSESDES FORTUNES SCANDALEUSES ÉDIFIÉES SUR LES MISÈRES HUMAINESDES INNOCENTS AU POTEAU D’EXECUTIONDES COUPABLES AUX HONNEURSLA VIE ATROCE POUR LES DÉSHÉRITÉSLA FORMIDABLE NOTE À PAYER.La guerre aura-t-elle enfin… assez provoqué de souffrances et de misères…? Assez tué d’hommes…? pour qu’à leur tour les Hommes aient l’intelligence et la volonté de tuer la guerre..? »

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- Le panneau de droite :

SI TOUT L’EFFORT PRODUIT …ET TOUT L’ARGENT DÉPENSÉ POUR LA GUERREL’AVAIENT ÉTÉ POUR LA PAIX… ?POUR LE PROGRÈS SOCIAL, INDUSTRIEL ET ÉCONOMIQUE ?LE SORT DE L’HUMANITÉ SERAIT BIEN DIFFÉRENTLA MISÈRESERAIT EN GRANDE PARTIE BANNIE DE L’UNIVERS, ETLES CHARGES FINANCIÈRES QUI PÈSERONT SUR LES GÉNÉRATIONSFUTURES. AU LIEU D’ETRE ODIEUSES ET ACCABLANTES …SERAIENT AU CONTRAIREDES CHARGES BIENFAISANTES DE FÉLICITÉS UNIVERSELLES.MAUDITE SOIT LA GUERRE ET SES AUTEURS !

Ce monument aux morts pacifiste très spécifique ne fait pas l’unanimité : il est vandalisé à deux reprises : en juillet 1930, un tract très menaçant est diffusé dont l’Action Française est sans doute l’auteur.Néanmoins, il est inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques en 1989.

Les monuments pacifistes : des définitions

Certains monuments aux morts sont qualifiés de « pacifistes » car ils expriment clairement une opinion opposée à la guerre, ils contrastent avec les monuments centrés sur la glorification des héros morts pour leur patrie. Ces « monuments aux morts pacifistes » apparaissent essentiellement à l'issue de la Première Guerre mondiale qui se déroula principalement en Europe de 1914 à 1918.

Il existe deux points de vue différents sur ces monuments qui portent en eux une même interrogation : « dans la boue, sous les obus, comment diable les soldats ont-ils tenu ? »

Des historiens proches de l’Historial de la Grande Guerre pensent que « le sacrifice avait valeur d’évidence » pour la majorité des soldats : on parle alors de consentement patriotique. Parmi ces historiens on trouve Annette Becker, Stéphane Audouin-Rouzeau.Selon Annette Becker, les monuments pacifistes sont peu nombreux (5 ou 6 dont Saint Martin d’Estreaux : « La mémoire du conflit telle qu’elle s’incarne dans les monuments aux morts est symptomatique du prolongement de la culture de guerre dans l’après-guerre – patriotisme et esprit de sacrifice y sont toujours aussi présents – et de la nouveauté due au deuil immense : le pacifisme. »

Un groupe d’historiens constitué en 2005 sous le nom de CRID 14-18 nuance la thèse du consentement patriotique : il est présidé par Frédéric Rousseau et compte des historiens tels Nicolas Offenstadt, Denis Rolland etc.

Les monuments aux morts : un outil mémoriel

Si quelques dizaines de monuments du souvenir avaient été érigés à la gloire de la Grande Armée ou en mémoire des combattants anonymes de la débâcle de 1870, l’hommage aux soldats disparus change de nature et de dimension avec l’apparition des monuments aux morts, tels qu’on les connaît, à la fin de la Grande Guerre (1914-1918).

Pour la première fois, en effet, on « nomme » les victimes, on leur accorde ainsi une identité propre de soldat et d’homme, c’est-à-dire qu’on affirme à la fois la personnalisation de chaque sacrifice et la solidarité de tous les citoyens-soldats. Ces longues listes de noms gravées sur la pierre des monuments portent cette dualité mémorielle : l’identification exhaustive, individuelle et nominative de chaque mort au combat et, parallèlement, une commémoration collective du conflit, via le symbole de la liste, de l’énumération. L’existence des monuments aux morts nominatifs résulte aussi d’une contrainte technique très importante : l’identification, l’acheminement et le listage des corps était impossible à la fin de la guerre. Ces monuments ont donc remplacé les cimetières.

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Le monument aux morts est avant tout une tentative de donner un « sens » à la mort de 1,3 million de jeunes hommes sur le champ de bataille. Un sens qui ne peut se trouver que dans la « passion de la patrie », selon l’expression de l’historienne Annette Becker. Tous ces morts doivent bien être tombés « pour » quelque chose… Et ce quelque chose, c’est la France. Ce qui donne encore plus de force d’ailleurs aux monuments aux morts pacifistes.

L’idée est d’ériger tous ces morts en martyrs héroïquement sacrifiés pour la nation. Le statut de « mort pour la France » est introduit par la loi dès 1915. Son attribution a une grande importance pour la famille du disparu : elle ouvre droit aux pensions pour les veuves et au statut de pupilles de la nation pour les orphelins. Ladite mention est inscrite sur la grande majorité des monuments aux morts. Si la formule la plus classique est bien sûr « la commune de X. à ses enfants morts pour la France », on en trouve des variantes multiples, comme « morts pour la patrie » (dans de très nombreuses communes) ou « morts pour la défense du pays » (à Affieux, en Corrèze, par exemple).

Les monuments aux morts occupent l’espace, déploient une mémoire : De 1918 à 1925, 30 000 monuments sont construits. Entre 1919 et 1922, on compte en moyenne trois inaugurations par jour. Les anciens combattants, qui représentent 90 % des hommes adultes dans les années 1920 supervisent les opérations. Par la loi du 25 octobre 1919, l’Etat propose des subventions, établies en fonction du nombre de morts dans la commune et des ressources de celle-ci, à toutes les municipalités désireuses de se doter d’un monument aux morts. Un véritable maillage mémoriel est rendu possible sur tout le territoire français : la mémoire se rappelle désormais quotidiennement, via ces monuments, aux yeux de chaque Français.

Il existe plusieurs types de monuments aux morts. Antoine Prost en distingue quatre :

- Les monuments civiques : très répandus, ils sont neutres et républicains, sans symboles religieux, ni message de revanche, ni allégorie patriotique.

- Les monuments patriotiques-républicains : ils utilisent le champ lexical de la gloire et de l’honneur en insistant sur la victoire.

- Les monuments funéraires-patriotiques : plutôt installés dans les cimetières ou près des églises : on les trouve très fréquemment dans les régions les plus catholiques.

- Les monuments funéraires qui sont les plus rares : ils ne comportent aucune référence à la France ni à la Patrie. C’est sans doute dans cette catégorie qu’il faut ranger les monuments aux morts pacifistes.

Quelques exemples de monuments aux morts dans la région Occitanie.

Comme dans toutes les régions, ils sont très nombreux. Certains cependant se rapprochent du monument pacifiste présenté.Celui d'Ouveillan dans l'Aude élaboré par le sculpteur moderne René Iché est considéré comme un des plus beaux monuments pacifistes de France. Il fut inauguré par Albert Sarraut et Léon Blum en 1927.

Aristide Maillol, né à Banyuls-sur-Mer dans les Pyrénées-Orientales, y a réalisé en 1933 un monument aux morts d'inspiration pacifiste après celui de Céret en 1922 dénommé « La douleur ».

Dans le département de Haute-Garonne le monument de Cazarilh-Laspènes porte la mention « Maudite soit la guerre ».

A Toulouse, le monument situé sur le mur de l'école Jean-Chaubet, avenue de Castres, est surmonté par cette formule : "Arrête-toi et pense au seuil de cette pierre / Aux deuils accumulés, aux horreurs de la guerre".

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En Ariège le monument aux morts de Capoulet-et-Junac, c’est le sculpteur Antoine Bourdelle qui réalisa celui-ci et c’est Paul Voivenel alors maire de la commune qui l’installa en 1935. La sculpture est composée de trois têtes représentant la peur, la souffrance et la mort. Le monument a été classé Monument historique le 6 août 2007.

Dans le département de Tarn-et-Garonne, au Mas-Grenier, c'est le sculpteur Auguste Guénot (1882-1966) qui réalisa ce monument aux combattants très original, un poilu nu pacifiste inspiré du David de Michel Ange.

Dans l'Aveyron, à Cransac, le monument aux morts porte l'inscription « Aux enfants de Cransac morts pour la Paix », alors que traditionnellement les soldats sont « morts pour la France ». Cette évocation de la paix est aussi le cas à Decazeville toujours dans l'Aveyron. Ce choix n'est pas neutre à l'époque où le patriotisme est de rigueur

sources

Jacky Tronel, Histoire pénitentiaire et Justice militaire, « Maudite soit la guerre et ses auteurs… », 11 novembre 2013 (blog)

Quentin Jagorel, « Les monuments aux morts, puisant outil mémoriel après la Grande Guerre », M Idées, 22 septembre 2014.

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LEs APPELés dU cONtINGENt EN ALGéRIE

Les « appelés » : généralités

Ce fut la dernière guerre des Français. L'Indochine n'avait concerné que les militaires de profession. Combats lointains, à tort vite oubliés. La guerre d'Algérie a mobilisé près de 1,5 million de jeunes appelés et, à ce titre, elle a profondément marqué toutes les familles françaises. Pas une qui ne compte un parent envoyé en Algérie. Le 19 mars 1962, le jour du cessez-le-feu fixé par les accords d'Évian, ils sont encore 400.000 sur le terrain. Pour certains, le service militaire a duré dix-huit, voire trente mois. Quelques-uns ne sont jamais revenus: 15.583 sont morts au combat et 7917 ont été victimes d'accidents divers, notamment de la route. Mais, au-delà des pertes, ce fut un véritable traumatisme pour toute une génération. Certains sont restés profondément marqués dans leur chair par le conflit.

À l’époque, les jeunes Français étaient appelés, dans l’année de leur vingtième anniversaire, afin d’effectuer le service militaire obligatoire, à l’exception des « réformés » qui en étaient dispensés, et des « sursitaires » – notamment les étudiants – qui bénéficiaient d’un report. La durée du service était fixée à 18 mois par la loi du 30 novembre 1950 ; l’objection de conscience n’était pas reconnue, et les insoumis – appelés qui ne s’étaient pas présentés lors de leur appel – pouvaient être recherchés et jugés pour désertion.

Tout commence dans la nuit du 1er novembre 1954, la « Toussaint rouge », à peine dix ans après la Libération de la France. Une trentaine d'attentats menés sur tout le territoire algérien tuent huit personnes, dont certains appelés.

Le 20 août 1955, dans le Constantinois, plus de 70 civils européens sont massacrés au couteau et à la hache. Le gouvernement d'Edgar Faure décide de rappeler en Algérie les soldats du contingent « disponible ». La France s'enfonce dans une guerre qui ne dit pas son nom. Au fil des mois, les attentats se multiplient et, après le drame de Palestro où 19 soldats du contingent sont tués dans une embuscade, la question algérienne se transforme en drame national.

En toute hâte, les appelés venant de toute la France sont convoyés vers la gare Saint-Charles à Marseille, ultime escale européenne avant Oran ou Alger.

Très vite, ils sont affectés sur tout le territoire algérien : travail administratif à l'état-major, sur le terrain, à travers les sections administratives spécialisées (SAS) que la France a créées pour associer l'armée à des missions d'encadrement administratif et humanitaire des populations locales. Les quinze mois passés dans le cadre d'opérations de « pacification » se limitent pour certains à rester sur un piton, avec pour seule distraction le cinéma militaire une fois par mois. Mais, dans d'autres cas, ce sont les opérations de maintien de l'ordre, les embuscades, les trahisons, la nuit dans les djebels un fusil-mitrailleur MAT 49 à la main, ou bien les quadrillages de quartiers, les visites domiciliaires, etc. Les appelés sont parfois confrontés à de grandes horreurs. Le FLN tue non seulement des Européens et des harkis (les musulmans engagés avec les Français), mais aussi des Algériens modérés. Ainsi, le 28 mai 1957, l'Armée française découvre 300 villageois exterminés au couteau à Melouza. La tuerie aurait été ordonnée par un ancien agent nazi, devenu colonel de l'armée du FLN, puis ministre bien après l'indépendance. Seule faute des habitants de ce village: être partisans du modéré Messali Hadj. Mais le plus traumatisant pour les appelés, c'est lorsque, au cours d'une patrouille, ils trouvent, comme le réalisateur Jean-Claude Carrière, leurs camarades atrocement mutilés, « leurs corps (…) coupés en morceaux, à la hache ». Certains jeunes basculent alors dans la haine aveugle du « bicot ». La hiérarchie militaire en rajoute parfois: il faut « casser du fellagha », se montrer impitoyable. Et, alors, surgit l'indicible : la torture. Elle est d'abord le fait de militaires ou de policiers locaux qui commencent à pratiquer la « question » dans certains centres, comme la savonnerie Thiar à Blida.Petit à petit, la pratique se banalise. Les appelés ont participé à ces horreurs dénoncées, dès 1955, par des intellectuels de tous bords, parmi lesquels François Mauriac, qui s'exprime d'abord dans L'Express, puis dans Le Figaro. La plupart resteront profondément traumatisés par ce qu'ils ont vu.

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Bilan de la mobilisation

Les effectifs militaires en AFN (Afrique française du Nord : Algérie, Maroc et Tunisie) : - en 1954, environ 50 000 hommes dont 38% d’appelés pour 18 mois de service, - en 1955, les effectifs passent à 100 000 hommes, - en 1956, le rappel sous les drapeaux porte les effectifs militaires à 200 000 hommes, - en 1957, le maintien sous les drapeaux jusqu’à 30 mois permet d’atteindre un effectif de 400 000 hommes, dont 57% d’appelés.Entre 1952 et 1962, 1 343 000 appelés ou rappelés et 407 000 militaires d’active ont participé « au maintien de l’ordre en Afrique du Nord », opérations qui ne seront reconnues comme « Guerre d’Algérie » que le 5 octobre 1999. Au cours de la même période, 12 000 hommes ont été déclarés réfractaires, dont 10 831 insoumis, 886 déserteurs et 420 objecteurs de conscience Plusieurs dizaines de milliers reçoivent encore aujourd'hui une pension d'invalidité.

L'association des "Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre"

Cette association est née en 2004 du refus de quatre paysans du Tarn et de l'Aveyron qui n'ont pas voulu de leur pension du combattant. Ces paysans refusent le titre d'ancien combattant car leur départ pour l'Algérie n'était pas de leur volonté : ils se considèrent comme d'anciens appelés.Ainsi, plutôt que de refuser la pension accordée par l'État, ils décident de la collecter au sein d'une association et de mener des actions de solidarité et de mémoire contre la guerre.L'association compte aujourd'hui un peu plus de 100 adhérents qui versent leur pension. Le budget d'environ 100.000 € permet de mener des actions en Algérie et en Palestine et des actions de mémoire dans les collèges pour parler et échanger sur la guerre d'Algérie.En Algérie, l'association a permis de soutenir des actions de développement avec d'autres associations : envoi de livres et équipement d'une bibliothèque à Azzefoun, démarrage d'un élevage avicole à Tazla… En Palestine, plantation de dattiers en Cisjordanie, réhabilitation de bassins d'eau dans la Vallée du Jourdain.L'association a pour présidente d'honneur madame de Bollardière, la femme du général de Bollardière qui a refusé les actions de torture comme méthode militaire.L'association est aussi un lieu de parole et d'échange sur cette période de l'histoire de la France et de l'Algérie.« Libérer la parole » est aussi ce que permet l'association. Bien des hommes n'en avaient jamais parlé à leur femme ni à leurs enfants. Pour ces Anciens appelés, en 1954, « aller à la guerre faisait partie de la vie, de la culture, de notre devoir d'obéissance», assure Pierre Verbraeken, ancien appelé du 76. Il n'y avait pas d'objection de conscience. Si les appelés refusaient de partir en guerre, ils étaient emprisonnés. Les Anciens appelés témoignent aussi de ce qu'étaient les « Événements d'Algérie ». Ce qui devait être une opération de pacification, de maintien de l'ordre s'est avérée une opération militaire doublée du choc des cultures pour ces jeunes hommes de 20 ans qui ont découvert des habitants et des conditions de vie bien différents de la France.L'association milite pour la mémoire globale de la guerre d'Algérie, pour tous ces hommes qui y ont laissé une partie d'eux : harki, pieds noirs, Français-musulmans…. .Tous les témoignages se rejoignent : « On a tous participé à quelque chose d'important pour la France et l'Algérie. On a tous gagné, on a tous perdu ».Ainsi, l'association a édité un livre Guerre d'Algérie guerre d'indépendance paroles d'humanité.

sources F. Dosse, Les Héritiers du silence. Enfants d'appelés en Algérie, Stock

Jean-Charles Jauffret, soldats en Algérie 1954-1962. Expériences contrastées des hommes du contingent, Autrement, 2000

Propositions pédagogiques- La mémoire de la guerre d’Algérie, les enjeux de cette mémoire, le travail des historiens sur ce sujet sont abordés principalement en classe de Terminale.- Le cas de l’Association présentée dans cette exposition peut permettre de montrer la complexité de ces enjeux.

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ANNEXELEs OBJEctEURs dE cONscIENcE

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Des définitions

La définition de l’objection de conscience est complexe, parfois confuse. Les dictionnaires fournissent des définitions différentes. Pour Quillet-Flammarion, l’objection de conscience « est l’attitude de l’objecteur de conscience », lui-même défini comme « celui qui refuse le service l’armée, par respect d’une règle morale ». Pour le dictionnaire encyclopédique universel il s’agit du « refus du service militaire fondé sur des opinions religieuses ou philosophiques ». Le Petit Larousse quant à lui définit l’objecteur de conscience comme étant « un jeune homme qui, avant son incorporation se déclare, en raison de ses convictions religieuses ou philosophiques, opposées en toute circonstance à l ‘usage des armes ».

Ainsi, les définitions usuelles de l’objection de conscience reprennent la définition légale de l’objection et taisent les motivations d’ordre politique. De plus, elles la comprennent comme étant le refus du service militaire, la limite à ce terme.

Pourtant, l’objection de conscience se retrouve dans d’autres domaines que celui de l’armée : exemple : en décembre 1973, le Centre international Humanae vitae propose que les personnels des services de santé hostiles à l’avortement puissent bénéficier d’un statut d’objecteurs de conscience afin d’être affectés à d’autres services.

Quelque soit le domaine pour lequel elle s’exerce, on retrouve un point commun : l’objection de conscience est avant tout un refus d’une obligation, à laquelle on ne peut obéir sans rentrer en conflit avec ses convictions personnelles.On peut donc, au sens très large, étendre la notion d’objection de conscience à toute attitude de refus d’un ordre ou d’une loi au nom d’une conviction jugée supérieure à la loi : elle exprime ainsi le décalage entre le légal et le moral.Elle est un passage à l’acte d’une conscience qui refuse de se plier aux injonctions d’une loi ou d’un ordre.

Histoire de l’objection de conscience

Dans l’Antiquité, beaucoup d’auteurs font débuter l’histoire de l’objection de conscience au christianisme primitif. On voit que deux notions risquent de s’opposer : la légalité aux yeux de l’homme et la légitimité aux yeux de Dieu.Peu à peu, les autorités religieuses ne reconnaissent plus cette objection de conscience. La loi est forcément légitime aux yeux de nombre de théologiens et la question ne se pose pas sauf lorsqu’il s’agit de s’opposer à un pouvoir politique qui entend s’autonomiser de l’Église.

Durant la Réforme , il y a de nombreux groupes religieux qui objectent à certaines prérogatives du pouvoir politique, refusent sa légitimité et s’exilent : c’est par exemple le cas des Vaudois, des Anabaptistes au XII°s, des Frères Suisses au XVI°s (ces réactions se poursuivent bien après avec les Amish à partir du XIX°s, les Témoins de Jéhovah au XX°s, qui eux, restent dans leur pays.

Avec Georges Fox et la fondation de la Société des Amis, s’affirme le droit de tout individu, en conscience, à résister au pouvoir civil si celui-ci lui paraît aller à l’encontre de la loi divine ou sur simple bon sens. Ce groupe qui migre aux Etats-Unis, exprime ses opinions : son objectif est d’implanter une communauté respectueuse de la paix en Pennsylvanie : cela a un grand impact aux Etats-Unis et dans les sociétés européennes. Ces Quakers oeuvrent notamment dans des organisations internationales oeuvrant en faveur de la paix.

Toutefois, l’expression semble être employée pour la première fois au tout début du XX° siècle par le Général Smuts, gouverneur d’Afrique du Sud qui utilise alors l’expression «consciencious objectors» pour désigner Gandhi et ses partisans. Ces derniers, luttant pour les droits des immigrés indiens dans les colonies anglaises, passent la frontière du Transvaal qui leur est interdite, et refusent la ségrégation qu’on leur impose : devant la détermination et la non-violence des manifestants, les autorités ne peuvent qu’admettre le fait accompli. Aucun refus du service militaire ou même de l’institution militaire.

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Les premier pays à mettre en place un statut pour les objecteurs de conscience sont la Suède dès 1902, l’Australie en 1903 et l’Afrique du Sud en 1912. En Suède, en 1920, une loi crée un service civil exclusivement pour des motifs religieux uniquement.

Une deuxième vague de concernés intervient en pleine Première Guerre Mondiale ou dans l’immédiat après-guerre.L’Angleterre instaure un « service civil » dès 1916. Il permet aux objecteurs reconnus de ne pas être soldats, mais ne les exempt pas d’aider à la guerre par d’autres moyens ; 16000 hommes en bénéficient jusqu’en 1918. Pendant la Seconde guerre mondiale 60000 appelés sont concernés et effectuent des missions telles le ravitaillement, les premiers secours dans des zones bombardées.Les Etats-Unis suivent de près l’exemple anglais : le 18 mai 1917, dans le cadre du selective service act (premier service militaire de leur histoire) une clause s’adresse à toute personne qui, pour raison religieuse, demande à être exemptée de service si celle attitude de conscience est établie. Des raisons éthiques de refus de la guerre sont également acceptées. Pour les motivations politiques, en revanche, comme l’opposition à la guerre du Vietnam, c’est un refus. En 1971, cela concerne alors 61412 appelés. Ils sont alors affectés dans des hôpitaux, des services sociaux.Le Danemark affecte à des taches civiles les réfractaires dès le 13 décembre 1917. La Norvège et les Pays-Bas suivent en 1922.

Une troisième vague juste après la Seconde guerre mondiale : c’est le cas de l’Allemagne et de la Belgique dès 1945.En Allemagne, une loi fondamentale déclare que « Nul ne peut être contraint d’accomplir contre sa conscience un service militaire ».

Pour la France, il faut attendre la Guerre d’Algérie pour que les objecteurs puissent convaincre du bien-fondé de leur démarche.Les tentatives légales pour obtenir un statut par le Parlement débutent officiellement en 1931 : Georges Richard présente la première proposition de statut pour les objecteurs. En 1949, André Philip et l’Abbé Pierre présente un projet visant à instituer un service civil.

C’est avec Louis Lecoin, anarchiste et objecteur que la démarche évolue. Il fonde un Comité de patronage du secours aux objecteurs de conscience avec le soutien de douze personnalités parmi lesquelles Albert Camus, André Breton, Jean Cocteau, Jean Giono et l’Abbé Pierre. Il propose au gouvernement un service civil international ou à la protection civile. Le projet est rejeté mais le Général De Gaulle promet de régler la question une fois la guerre d’Algérie réglée.

Louis Lecoin entame une grève de la faim le 1er juin 1962 à 74 ans (21 jours).Le projet finit par être voté le 24 juillet 1963.

Bibliographie

Michel Auvray, Objecteurs, insoumis, déserteurs : histoire des réfractaires en france, Stock, Paris, 1983Marilène Clément, Henri Fronsac et Pie-Raymond Régamey, Non-violence et objection de conscience, Casterman, coll. Toute la question, Paris, 1962Denis Langlois, Le cachot , Maspero, Paris, 1967A. J. Muste, La sainte désobéissance, War Resisters’ International, 1968A. J.Muste, Figure de pointe aux États-Unis pour le pacifisme intégral, décrit les arguments pour une objection totaleXavier Godinot [et al.], Objection de conscience, Mouvement pour une alternative non violente (MAN), 1978François de Lacoste Lareymondie, Je refuse. L’objection de conscience, ultime résistance au mal, Éditions de l’Emmanuel, 2011

filmographie

Mur de Simone Bitton réalisé en 2004. Documentaire au sujet des refuzniks et de la construction du mur en IsraëlMel Gibson, tu ne tueras point, 2016Claude Autant-Lara, tu ne tueras point, 1961(France-Italie-Yougoslavie)

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ANNEXELEs ARtIstEs Et LA déNONcIAtION dEs GUERREs MOdERNEs

Propositions d’activités avec les élèves adaptables à tous les niveaux.

A partir de l’exposition proposée par la Maison de l’Image Documentaire, il est en effet possible de proposer aux élèves diverses sources de réflexion sur le rapport entre les artistes et la dénonciation de la guerre : cela permet d’appréhender concrètement l’évolution des formes de la guerre, d’aborder différentes formes d’expressions artistiques sur un même objet d’étude, de constater les évolutions des modes d’expression et de contestation.

Pour ce faire, ce dossier propose deux exemples : La Première guerre mondiale et la guerre en Irak.

La Première Guerre mondiale et sa mémoire

La Première Guerre mondiale modifie profondément le regard que portent les artistes sur la guerre, ces derniers délaissant petit à petit une forme d’exaltation pour une dénonciation de la violence et de la barbarie.Longtemps, en effet, l’art a célébré le courage, le patriotisme et le sacrifice de soi, au travers de héros illustres – comme ceux de l’Iliade – et la guerre a inspiré les artistes de tout temps, à travers toutes les périodes. Cette inspiration est aussi due au fait que les œuvres qui traitent de la guerre étaient souvent des commandes, afin de valoriser un gouvernement ou un homme.Par ailleurs, avant que n’apparaisse la conscription, en 1914 – et à de rares exceptions –, les artistes contemporains des guerres qu’ils représentaient n’y participaient pas eux-mêmes. Pour cette guerre-ci, les artistes – écrivains, peintres, sculpteurs, musiciens – sont massivement mobilisés, voire s’engagent volontairement, portés par l’élan patriotique. Aussi peuvent-ils raconter, peindre, dessiner ce qu’ils vivent et ce qu’ils voient, laissant à la postérité, à travers des œuvres aux formes souvent nouvelles, d’authentiques témoignages.

Quelques propositions d’œuvres artistiques qui peuvent être étudiées aussi en histoire des arts, en arts plastiques, en histoire, en EMC, en lettres modernes, en philosophie… et qui sont dans la continuité de ce que les élèves ont vu avec les photographies .

La Littérature qui dénonce la guerre

Henri Barbusse, Le Feu, Journal d’une escouade, 1916. (Travail possible avec histoire des arts car ce livre a inspiré Otto Dix pour sa dernière toile consacrée à la Première Guerre mondiale en 1934.)

Erich Maria Remarque, À l’ouest rien de nouveau, 1929 : roman pacifiste, il sera considéré comme relevant de l’« art dégénéré » par les nazis, subira les autodafés allemands en 1933.

Jean Giono, Recherche de la pureté, 1939 : pamphlet qui témoigne des positions pacifistes de Giono traumatisé par son expérience de la Première Guerre mondiale dans les années 1930.

Guillaume Apollinaire, Calligrammes, Poèmes de la paix et de la guerre,

1918.

Jean Giraudoux, La guerre de troie n’aura pas lieu, 1935. Blessé durant la Première Guerre mondiale, il est un ardent pacifiste. Il écrit cette pièce à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, établissant un parallèle entre la situation en Europe, où tout le monde voit venir la guerre sans rien faire, et celle de l’Antiquité face à une guerre de Troie annoncée par Cassandre que personne ne veut croire. En 1939, il publie Pleins Pouvoirs aux relents antisémites et xénophobes affirmés : les élèves peuvent avec cet auteur étudier le pacifisme intégral, la complexité de la France de Vichy puisqu’il y participe également politiquement aux côtés de Laval et Pétain.

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En peinture et arts graphiques

Des peintres ont été mobilisés pendant la guerre et cette dernière s’impose dans leurs œuvres : ils rompent avec tout académisme et inventent des modes d’expression nouveaux afin de témoigner de l’horreur de la guerre, des nouvelles armes nées avec la révolution industrielle , de l’effacement de l’homme par la machine.

Quelques propositions :

Fernand Léger : La partie de cartes, 1917

Oeuvre cubiste, elle montre une partie de cartes entre des soldats français de la Première Guerre mondiale, qui ont plus l’air de robots que d’êtres humains. L’idée de peindre cette toile est venue à Léger lorsqu’il était à la guerre et qu’il essayait de dessiner, de « saisir » ces soldats en train de jouer aux cartes. Fernand Léger veut montrer la guerre sous toutes ses formes, et ce dès le premier coup d’œil: quand on regarde l’œuvre on a une première impression de confusion à l’image du champ de bataille. Avec cette représentation d’hommes robots, il insiste sur le fait que la guerre détruit l’homme psychologiquement,

ces robots n’ont plus de sentiments, ils sont vides. Cependant, Léger les représente en train de jouer aux cartes, c’est donc en quelque sorte ce qui les rattache à la vie, bien que le jeu de cartes représente la guerre également, d’un point de vue stratégique. En effet, les joueurs seraient les dirigeants (on peut voir des grades sur les soldats), les cartes abattues des soldats envoyés à l’assaut. Mais Léger veut peut-être signifier également que tout comme dans les jeux de cartes, la guerre laisse une grande place au hasard, et que pour les dirigeants un soldat ne représente pas plus qu’une carte, et la victoire une satisfaction personnelle d’avoir battu l’autre « joueur ». Cette œuvre permet donc de voir la guerre du point de vue d’un soldat, son opinion, ses expériences personnelles, mais également le monde actuel (les robots représentant la modernisation) du point de vue d’un peintre.

Il peut être intéressant d’étudier dans le même temps :

Otto Dix, Joueurs de skat, 1920

Otto Dix s’est engagé en 1914 dans une compagnie de mitrailleurs. « Il fallait que je vive ça. Je le voulais… il faut que je vois tout de mes propres yeux…» Il a com-battu pour l’Allemagne lors de la Première Guerre Mondiale en France et en Russie. Il reste très marqué par la guerre. Peindre lui sert de thérapie. Il souhaite montrer toute l’horreur de la guerre à travers ses œuvres.

On peut encore montrer comment le choix de peindre différemment cherche à exprimer à la fois la violence et la déshumanisation.

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Christopher Nevinson, Explosion , 1916

On peut encore montrer comment le choix de peindre différemment cherche à exprimer à la fois la violence et la déshumanisation.

sculptures et monuments

Voir les monuments aux morts pacifistes.

Le cinéma dénonce la guerre ?

Avec ce conflit, c’est la première fois que la guerre est filmée. Plusieurs genres se côtoient : fictions, documentaires, actualités. Ce sont souvent des réalisations patriotiques qui glorifient la guerre telle La bataille de la somme, film réalisé par M. MacDowell en 1916.

Cependant, au sortir de la guerre le ton change et plusieurs œuvres dénoncent la guerre : il est possible d’analyser avec les élèves plusieurs séquences de films : Abel Gance, J’accuse, 1919 (une seconde version parlante est produite en 1937)Lewis Milestone, À l’Ouest rien de nouveau, 1930 (d’après le roman d’Erich Maria Remarque)Raymond Bernard, Les croix de Bois, 1931 (d’après le roman de Dorgelès).Stanley Kubrick, Les sentiers de la gloire, 1957Christian Carion, Joyeux Noël, 2005

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En musique

La chanson de craonne, 1915. Cette chanson contestataire fut censurée par le commandement militaire pour ses paroles subversives et antimilitaristes.Barbara, Le verger en Lorraine, 1962

Alban Berg, Wozzeck, 1925 :Alban Berg découvre Woyzeck de Büchner en 1914. Très impressionné, il travaille à une adaptation du texte théâtral pour en faire un drame lyrique. L’oeuvre est créée à Berlin en 1925. Détachées, fragmentées, les scènes s’y assemblent en une série de tableaux pour conter l’histoire de Wozzeck, simple soldat ayant pour refuge unique l’amour de sa compagne Marie. La fidélité de celle-ci n’est pas à toute épreuve, Wozzeck est hanté par le tourment, gradés et compagnons d’armes n’apaisent rien.Considérée comme socialisante : la fatalité s'abat sur les pauvres et les exploités. De plus, son antimilitarisme l'amène à être interdite par le régime nazi dès 1933, qui la range parmi les « arts décadents ».

sources

Les arts et la grande guerre, DP, Canopé.

Pascal Sophie, « Représentations de la Grande Guerre : le regard des peintres contemporain et quel usage a été fait de leurs réalisations ? », La guerre 14-18, Bibliothèque nationale de France.

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Les artistes dénoncent la guerre en Irak

Dès 2002, la guerre qui s'annonce en Irak déclenche des mobilisations massives. De Michael Moore à Sean Penn ou Susan Sarandon, de nombreuses figures d'Hollywood comptent parmi les protestataires. En raison de leur extraordinaire médiatisation, ces initiatives se révèlent déterminantes pour le destin du mouvement.

Avec ce conflit, il y a de nouvelles logiques de l'engagement des artistes, plasticiens ou célébrités des mondes de la musique et du cinéma. Les modes de protestation actuels contrastent avec ceux des mobilisations passées, notamment contre la guerre du Vietnam. De nouveaux rapports des artistes à la politique se créent. Prendre publiquement position contre la guerre en Irak, produire de « l'art militant », apparaît comme une entreprise risquée pour les créateurs. Pourquoi se lancent-ils malgré tout dans la bataille? Qu'est-ce qui conduit des stars hollywoodiennes, parfois novices en politique, à s'ériger en figures publiques citoyennes ?

Ici, le personnage de « l'artiste engagé » se redessine :

Les protestations contre l’hypothèse (puis le déclenchement effectif) d’une attaque américaine en Irak se développent à partir de l’été et surtout de l’automne 2002 aux États-Unis avec la constitution d’organisations spécifiques, telles que le groupe Not In Our Name qui rassemble autour d’un premier texte refusant la guerre de nombreux noms d’intellectuels et d’artistes, ou la coalition Win Without War qui regroupe des organisations préexistantes (antiracistes, pacifistes, féministes). Ces instances sont à l’origine d’initiatives publiques et empruntent largement la pétition, diffusée électroniquement, comme moyen de mobilisation. C’est également ce mode d’action qui est, début décembre 2002, le vecteur de diffusion de la mobilisation d’acteurs, de producteurs et de réalisateurs hollywoodiens, qui rejoignent en très grand nombre le réalisateur Robert Greenwald et l’acteur Mike Farrell en signant une lettre-pétition contre la guerre adressée au Président Bush. L’initiative de ceux qui se sont désignés comme Artists United to Win Without War fait grand bruit dans les médias, et fait école, puisque différents groupes informels d’artistes ou de personnalités du spectacle se constituent sur le même mode (Musicians United to Win Without War, etc.). La protestation se maintient et se développe durant toute la durée déclarée de la guerre (de mars 2003 au 1er mai 2003), mais également pendant la période d’occupation qui s’étend officiellement jusqu’en juin 2004.

Les élèves en histoire, en EMC peuvent s'interroger sur les nouvelles modalités de l'implication citoyenne dans les sociétés démocratiques.

Quel est le rôle des artistes ? Quelles sont leurs formes d’engagement ?Quels rôles jouent les NTIC (les nouvelles technologies de l’information et de la communication ) ?Quels sont les liens entre les artistes et le politique ?Qu’en est-il de la censure ?

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sources

Art vs war : les artistes américains contre la guerre en Irak, La suite dans les idées par Sylvain Bourmeau, France Culture, 28/05/2011

Violaine Roussel, Art vs War : Les artistes américains contre la guerre en Irak, Les Presses de Sciences Po ,2011

https://www.kcet.org/shows/artbound/robbie-conal-street-art

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Les élèves peuvent travailler par exemple sur l’œuvre de Robbie conal, dessinateur et caricaturiste de presse réputé de Los Angeles, issu du Street Art. Connu pour ses satires politiques féroces et ses engagements en faveur de différentes causes, en contact suivi avec des groupes de la gauche radicale sans en être militant, il a initié la pratique du guerrilla postering, collage illégal d’affiches politiques dans les rues de plusieurs villes du pays. Son engagement contre la guerre lui apparaît comme évident, dans la continuité d’activités antérieures, il l’exprime dans sa création autant que par la participation à des actions collectives, il l’argumente précisément en mobilisant sa connaissance du jeu politique contemporain et de son histoire.

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Histoire de la photographie

Le mot « photographie » provient de deux racines d'origine grecque :• le préfixe « photo- » signifie : lumière, clarté — qui procède de la lumière, qui utilise la lumière ;• le suffixe « -graphie » signifie : peindre, dessiner, écrire) — qui écrit, qui aboutit à une image.Littéralement : photographie traduit donc par « peindre avec la lumière »

La pHotoGrapHIE avant La pHotoGrapHIE

L’image fait bel et bien partie de notre quotidien et cela ne date pas d’hier. Elle a toujours été présente dans notre société puisque de nombreuses périodes de l’histoire en sont les témoins : de l’ornement des grottes de l’époque préhistorique aux bandes dessinées en passant par les divers tableaux que nous retrouvons dans les divers monuments de France par exemple.

Depuis toujours, l’homme a éprouvé le besoin de reproduire le réel. Confronté à la difficulté de dessiner de sa propre main, il se mit à inventer des machines comme la camera obscura. Connue depuis l’Antiquité et perfectionnée jusqu’au XIXème siècle la camera obscura que beaucoup de peintres ont utilisé, tel que Vermeer, peut être considéré comme le premier appareil photographique. Cette boite noire permet de dessiner fidèlement un paysage par exemple à partir de sa projection sur une feuille à travers un trou minuscule. Cette technique est un moyen de représenter fidèlement son environnement.Le principal inconvénient du sténopé, autre nom attribué à la camera obscura, est son manque de luminosité. En effet, la définition de l'image produite, c'est-à-dire la finesse des détails, dépend de la dimension du trou. Pour obtenir une image suffisamment détaillée, celui-ci doit être le plus petit possible ; mais alors il ne passe que très peu de lumière et l'image est peu visible. Une lentille de verre, qui peut focaliser les rayons lumineux, améliore les performances du sténopé : le diamètre de l'ouverture étant plus important, on admet davantage de lumière et l'image est plus claire.

naISSancE DE La pHotoGrapHIE

En 1816, pour ses premières expériences, Nicéphore Niépce dispose au fond d’une chambre obscure des feuilles de papier enduites de sels d'argent, connus pour noircir sous l'action de la lumière. Il obtient alors en mai 1816, la première reproduction d’une image de la nature : une vue depuis sa fenêtre. Il s’agit d’un négatif et l’image ne reste pas fixée car, en pleine lumière, le papier continue de se noircir complètement. Il appelle ces images des "rétines". Nicéphore Niépce est considéré comme l’inventeur de la photographie. Il est passionné par les procédés lithographiques découverts quelques années plus tôt. Il mélange différents procédés dont il fait des synthèses. Le 28 mai 1816 il découvre « l’écriture par le soleil », l’héliographie. Il réussit ce jour là à fixer après 8 heures de pose, sur un papier imprégné de chlorure d’argent, une image projetée à l’intérieur d’une chambre noire. Il meurt sans arriver à fixer l’image malgré ces nombreuses recherches.

En 1837 Louis Mandé Daguerre, un peintre décorateur de théâtre parisien, met au point un procédé sur métal qui permet d’obtenir une image beaucoup plus nette. C’est le daguerréotype. En janvier 1839 satisfait de son procédé photographique, il décide de faire une communication à l’Académie des Sciences en demandant au professeur Arago de présenter le procédé pour lui. Le résultat est un succès. Il publie les détails techniques de son invention. La nouveauté : la surface sensible est caractérisée par une couche de base d’iodure d’argent, un produit comparable mais plus efficace que ceux dont s’étaient servis ces prédécesseurs pour fixer l’image. Il a trouvé des éléments fondamentaux du bain de fixage des photographies.

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Après avoir mené des recherches parallèles à celles de Niépce et de Daguerre, Fox Talbot fait breveter en 1841 un procédé : le calotype, un procédé négatif-positif qui permet la diffusion multiple des imagesIl ne faut pas non plus oublier les travaux négatif-positif sur papier d’ Hippolyte Bayard, photographe français et contemporain de Talbot, qui publia en 1839 le premier autoportrait. Nièpce, Daguerre et Talbot n’ont cependant pas été les seuls à revendiquer cette paternité de la photographie. Après l’annonce de Daguerre en 1839, au moins 24 hommes, de la Norvège au Brésil, ont déclaré avoir découvert le procédé photographique.

Dès 1854, la Société Française de photographie est crée par des défenseurs de la photographie. Ils se consacrent à l’amélioration des techniques, à leur diffusion dans les mondes de l’art et des sciences.

Durant la vingtaine d’années qui suit, de nombreuses améliorations techniques et chimiques rendent la photographie plus facile d’utilisation, plus rapide, et moins coûteuse : de plus en plus de personnes vont pouvoir prendre des photographies. On assiste à la démocratisation de la photographie. À la fin du XIXe siècle, les « pictorialistes » défendent la photographie comme un art à part entière. En 1907 les frères lumière commercialisent l’autochrome, une technique qui permet de réaliser des photographies sur verre en couleur. En 1924 et 1925, apparait deux nouveaux appareils : l'Ermanox et le Leica 35mm qui permettent de faire des clichés instantanés en lumière naturelle et ouvrent de nouvelles perspectives pour le photojournalisme. Les progrès du matériel et l'audience grandissante des journaux illustrés modifient, dès 1925, la conception du reportage de guerre et du document en général. Ces nouveaux appareils permettent aux photographes de travailler plus discrètement, ce qui devait naturellement se sentir dans leurs clichés. La conception du photoreportage et de la photographie elle-même fut radicalement modifiée.Une des toutes premières expositions consacrées à un photographe dans un musée d’art moderne a lieu au MoMA de New York en 1938.Dès 1994 les appareils photos numériques commencent à être vendus au grand public. Le lancement commercial des premiers Smartphones, les « téléphones intelligents », avec lesquels on peut prendre et envoyer des photographies font leurs apparitions au début des années 2000.

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LE portraIt

qU’ESt cE qU’Un portraIt ?

Un portrait est une œuvre littéraire, picturale, musicale ou photographique représentant une personne réelle ou fictive, d’un point de vue physique ou psychologique. Pour ce qui concerne la sculpture, on dit plutôt tête buste ou statue.Le portrait est donc de facto une interprétation et transcription pour rendre l’apparence d’une personne quelque soit le degré de réalisme. La personnalité intérieure n’est pas absente : elle est sensible par de nombreux indices (pose, expression…)Le genre du portrait, quelque soit l’art considéré, témoigne d’un intérêt pour l’individu.Il se place à l’articulation de l’individu et de la société : conflits, doutes entre autres s’y reflètent. L’autoportrait, quant à lui, est particulier. Le modèle est sans cesse disponible, l’artiste est donc indépendant. Cependant, l’artiste a de lui-même une image inversée, psychiquement, il ne peut se voir de manière impartiale.

Le portrait a différentes fonctions : perpétuer une souvenir d’une personne, créer une image historique, représenter immédiatement,La fonction figurative, mimétique a longtemps dominé.Apparu au V°siècle avant J.C sur les monnaies des rois de Perse, le portrait connait un développement considérable à l’époque romaine. Au Moyen Age, il disparaît des monnaies et ne réapparaît qu’à la fin du XV° siècle.

Monnaie de Châhpûhr II

Pendant les périodes baroque (XVII° siècle) et rococo (XVIII° siècle), le portrait prend une importance croissante : dans les cours et la bourgeoisie, les représentations de mécènes (qui mêlent individu, attributs de la puissance et de la richesse) se multiplient et affirment l’autorité de ces derniers. (voir les œuvres de Rubens, Van Dyck par exemple).

Le portrait, peu à peu, prend en compte les sentiments humains, les émotions. Monet, Degas, Renoir par exemple, peignent souvent des individus seuls ou en petits groupes en donnant à leurs œuvres un caractère intimiste.

Au début du XX° siècle, les artistes s’éloignent de la volonté de ressemblance : l’expressionnisme, le cubisme propose des portraits où le modèle est parfois, à peine reconnaissable.

Rubens, Portrait d’Anne d’Autriche (1601-66), 1625.

Avec l’abstraction et l’art non figuratif, le portrait « décline ». Cependant, il connait aujourd’hui un renouveau.

Parfois objet de controverses, de discordes, il demeure un genre majeur. Les artistes affirment, détournent, convoquent, ridiculisent. Ils engagent avec le portrait une expérience de soi et d’autrui, interrogent la question de l’identité, ils proposent un reflet de l’ordre ou du désordre social, des interdits, libérés de tout diktat.

L’invention de la photographie bouleverse l’art et l’économie du portrait.

Egon Schiele, Autoportrait, 1911.

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LE portraIt pHotoGrapHIqUE

Les enjeux

Peu après son invention, la photographie se tourne vers le portrait croisant ainsi certaines fonctions qu’assurent la peinture et les arts graphiques et très longtemps, des théoriciens de l’art n’ont pas considérés le portrait photographique comme un art. Pour eux, le portrait photographique réintègre ce que l’art, du cubisme au minimalisme, s’est appliqué à déconstruire : volonté de s’éloigner de l’imitation, du semblant. Si comme Jean Marie Schaeffer on se place du point de vue de la photographie, on inverse la perspective, on peut penser que le portrait photographique met en œuvre une vision de l’homme radicalement différente. La photographie n’est pas dissociée des activités humaines non artistiques.

La « fabrique » du portrait : la relation photographe / modèle

Le fait de « prendre » une photo alors que l’on fait un tableau questionne sur la relation photographe et portraituré : peut elle être une relation de pouvoir ?L’interaction n’est pas toujours égalitaire : si l’on pense aux photos ethnographiques du XIX° siècle, au portrait judiciaire, il n’y a pas de consentement. (à l’exclusion par exemple des portraits réalisés par Edward S. Curtis présentés à Sète en 2015).

La fabrique d’un portrait photographique implique deux humains : ce sont deux regards qui s’éprouvent réciproquement : le modèle peut être « absent » : il interprète alors le photographe, voire le « contraint ».Il y a donc une double implication : celle du modèle qui s’expose et celle du photographe qui s’expose à sont tour à travers la manière dont il « prend » la photographie : il y a donc un pacte, un équilibre fragile entre les choix intimes des deux intervenants.

Les évolutions du portrait photographique

Dès les premières décennies, la photographie se tourne vers tous les genres du portrait qui sont toujours d’actualité : commande officielle de puissants, portraits de célébrités, portrait social, documentaire, scientifique, familial, autoportrait, portrait fictif, nu…Très vite, le portrait photographique atteint l’ensemble des territoires, touche toutes les classes sociales à mesure que les progrès techniques, rapides, le permettent.Son rapport avec la société est variable : il peut instaurer un rapport de pouvoir, de contrôle. Il passe progressivement dans le champ de l’amateurisme : il entre alors dans un genre familial et personnel : on est dans la sphère l’intime.

Le portrait photographique, quant à lui, poursuit son évolution (depuis Edward S. Curtis par exemple) : il a une importance artistique, social, témoigne, à l’instar d’autres arts, de la société en proposant une lecture originale, foisonnante des hommes qui la composent.

L’inventeur de la photographie, Nicéphore Niepce, n’a pas fait de portrait en raison du temps de pose qui pouvait parfois excéder une journée.L’invention du daguerréotype permet les premiers portraits : la pose dure 10 minutes à l’extérieur au soleil ou en atelier avec des miroirs qui concentrent la lumière sur le modèle.Dans les premiers temps, seules personnes les plus aisées peuvent demander un portrait. L’invention du « portrait-carte » et du négatif modifie les coûts : le phénomène devient industriel et les prix baissent.Soucieux de conserver des productions de qualités, un groupe de photographes cherchent à imiter la peinture et utilisent des effets de flous et de lumières : ce sont les acteurs du pictorialisme.

Photo ethnographique, A.F. Hartwell, 1880-90, Phoenix

Photo chef oklaoma vers 1900, Edward S. Curtis

Daguerréotype de Giroux, 1839, Paris

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A la fin du XIX° siècle, les appareils portatifs et les boutiques photographiques étendent l’influence du phénomène. Des photographes ambulants proposent des photos pour 1 franc lors de manifestations, foires. Ils cherchent parfois la célébrité en photographiant des personnalités célèbres… ils peuvent également proposer des cartes de visite regroupant des portraits dans les entreprises, les écoles, ….

Au début du XX° siècle, la photogravure, modifie le rapport à la photographie : elle entre de plus en plus dans les revues tout comme le photomaton inventé en 1924.

Le portrait photographique reste cependant un outil pour le autorités qui utilisent les dernières techniques : l’identité photographique, inventée par Alphonse Bertillon permet la constitution de fiches signalétiques des criminels et la constituions de fichiers de nomades étrangers.

Dans l’entre deux guerres et bien après, le portrait photographique s’attache à saisir des personnages officiels publics qui ne se savent pas observés. Quant à lui, le studio Harcourt est dans une démarche inverse. Ces portraits d’artistes s’inspirent alors beaucoup de la peinture.

Avec le surréalisme, le Bauhaus, on entre dans l’ère de la photographie expérimentale : le visage est alors considéré comme un objet à traiter : les angles choisis sont de toute première importance.

Dans la seconde moitié du vingtième siècle et aujourd’hui encore, le visage anonyme est au cœur du sujet : l’individu est promu, il est sujet de reportages photographiques contemporains.

Photo Nadar Baudelaire

Photographe ambulant à Lyon, 1900, Jules Sylvestre.

Landru le jour de son arrestation, 12 avril 1919

Cécile Pheulpin, Cameroun 2016

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anaLySE DE La pHotoGrapHIE DE paySaGES

La réaLISatIon

Les photographes les plus connus de l’histoire ont toujours prédilection pour la photographie de paysages. Souvent, l’aspect documentaire prime tout en faisant une place importante à l’éclairage. : peu de temps après que la photographie a été prise, la scène est déjà toute autre : elle immobilise un instant.Les photographes qui réalisent de la photographie de paysage le font rarement dans le cadre d’une commande : elle permet une très grande latitude créative. Pour ce qui concerne les paysages urbains, industriels, le rapport à la nature joue un rôle moindre. Les sites industriels sont la plupart du temps voués à la photographie documentaire.

Une histoire de la photographie de paysages

Les premières photographies de paysages sont l’œuvre de Nicéphore Niépce, Jacques Louis Mandé Daguerre et William Henry Fox Talbot. Ce dernier réussit en 1835 quatre années avant la publication des premiers procédés photographiques de Daguerre à Paris à produire la première image sur papier au nitrate d’argent, et sa très belle maison de campagne « Lacock Abbey » près de Birmingham.Au début de l’ère photographique, la photographie de paysages n’avait que relativement peu d’importance. L’intérêt du public se portait plus sur le portrait et les photos de groupes. Les images de paysages étaient donc essentiellement dues à l’intérêt personnel des photographesDans la deuxième moitié du XIX siècle, l’intérêt pour les paysages s’accentue avec la découverte de pays lointains : Maxime Du Camp (1822 – 1894) et Gustave Le Gray (1820 – 1884) font sans nul doute partie des pionniers de la photographie de paysage.

Parallèlement à la peinture impressionniste, la photographie de l’époque propose des productions assez uniformes jusqu’en 1914 c’est l’époque du pictorialisme.Après-guerre, le style évolue dans un sens contraire : Les représentations réalistes étaient à nouveau demandées et provoquèrent la création d’œuvres objectivistes. Cela débuta par le « nouveau réalisme » créé par Alfred Renger-Patzsch ou par le nouveau style proposé entre autres par Willard van Dyke et Ansel Adams en 1932 à San Francisco, le Groupe f/64. Le but de ce dernier organisme était l’utilisation de chambres en grand format et d’objectifs diaphragmés jusqu’à 64 (d’où son nom), pour produire des photographies nettes, permettant par-là de représenter les sujets et les scènes aussi fidèlement et réaliste que possible.

Aujourd’hui, la photographie de paysages intéresse à la fois de très grands noms de la photographie qui repèrent, préparent, attendent (on peut évidemment penser à Salgado par exemple), les photographes documentaires (c’est le cas pour la France Vue d’Ici de Pablo Baquedano dans les Ardennes) ; la photographie de paysages intéresse enfin de plus en plus la publicité : C’est surtout le cas pour des produits proches de la nature dans les branches les plus divers comme les lessives, les cosmétiques, la mode, les boissons, les produits alimentaires, les meubles, les produits agricoles, mais aussi les voitures et les machines, pour lesquelles les agences de publicité et les clients directs ont besoin de bonnes photographies de paysages. Il s’agit de montrer en images « un monde en bonne santé » pour vendre les produits selon un aspect écologique ou tout simplement pour mieux les positionner dans le marché.

coMpoSItIon Et rôLE DE La pHotoGrapHIE DE paySaGE

La photo de paysage transmet un message dans lequel le sujet central, qui agit comme un point d’attrait pour le spectateur, joue un rôle primordial.

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anaLySE DE L’IMaGE

LE CADRAGE La photographie de paysages vit des cadrages. Une photographie générale faite avec un objectif grand-angulaire extrême n’est souvent rien d’autre qu’une simple reproduction d’un paysage, mais en tous cas pas l’image travaillée d’un paysage.

Quelle est l’impression que donne l’espace ?

En quelles profondeurs peut-il être divisé ? (Différents plans)

Quel éclairage accentue les caractères d’un paysage ?

LA PERSPECTIVE On appelle perspective la représentation plane de relations et de sujets dans l’espace. A l’aide de la photographie nous transposons une scène à trois dimensions en une reproduction en deux dimensions. Mais l’impression de profondeur, la répartition des sujets dans l’espace doivent être conservées, voire même accentuées. C’est un des éléments d’expression essentiels de la photographie de paysages.

Quel point de vue a adopté le photographe ?

LA LUMIÈRE Alors qu’en studio on peut déplacer et tourner les sources de lumière à volonté, on dépend en photographie de paysages entièrement de la position du soleil et des bonnes conditions météorologiques. Quels sont les choix du photographe ? Quelle place tiennent les ombres ?

LA FOCALE Elle oriente l’angle de la photographie et détermine donc la portion de l’espace sujet sur la photographie. Avec une focale courte, il y aura plus d’espace-sujet, avec une longue focale il y en aura moins. Elle est aussi responsable du rapport d’agrandissement des sujets .Une focale courte présente les objets dans l’image plus petits (à distance égale) qu’une longue focale.

COULEUR / NBQuels choix ont été effectués par le photographe ? Pourquoi ?

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GRILLE D’ANALYSE DE L’IMAGE PHOTOGRAPHIQUE

ObservationObserve et dessine les éléments qui te semblent importants dans l’image.

Vois-tu des personnages ? Combien sont-ils et que font-ils ? Le(s) sujet(s) nous regarde(nt) il(s) ?

Quels sont les crédits photographiques (nom du photographe, agence, etc.) ?

Analyse technique

Format carré rectangulaire

Cadrage Le sujet ou l’objet photographié est -il : centré décentré

S’agit-il : d’un plan d’ensemble

d’un plan moyen

d’un plan américain

d’un très gros plan

Le spectateur perçoit l’action dans son ensemble.

Le spectateur est plus proche de l’action.

Le spectateur est voisin des personnages.

Le spectateur est dans l’espace intime despersonnages.

Angle de prise de vue frontal

en plongée

en contre plongée

oblique

Le spectateur est au même niveau que l’objet photographié.

Le spectateur domine le sujet, qui est souvent dévalorisé.

Le spectateur est dominé. La contre-plongée donne un sentiment de noblesse, de supériorité.

Page 35: GUIDE péDaGoGIqUE · Entre 2007 et 2017, le photographe Martin Barzilai a rencontré une cinquantaine de ces Israéliens dits « refuzniks», qui refusent, ... Photoquai, Paris

Profondeur de champ et zone de netteté

Nomme le premier plan

net flou

Nomme le troisième plan

net flou

Nomme le deuxième plan

net flou

Nomme le quatrième plan

net flou

Lumière du jour

de la nuit

vient de l’intérieur

vient de l’extérieur

est naturelle

est artificielle

est diffuse

est dirigée

D’où vient-elle ? d’en haut en contre-bas

de la droite de la gauchenoir & blanc / couleur

noir & blanc couleur dominantes chaudes dominantes froidessombres clairescontrastées non contrastées

Composition

portrait paysageS’agit-il d’un

Des lignes horizontales ou verticales te semblent-elles dominer ? Dessine les.

Moi spectateur, où est ma place, où est mon regard dans cette photo ? Quels sont mes sentiments face à cette image ? Evoque-t-elle un rêve, un souvenir, un fait d’actualité, une situation particulière ?

Selon la distance de mise au point, mais aussi la focale et l’ouverture du diaphragme de l’objectif, la profon-deur de champ sera plus ou mois vaste.Selon le choix du plan, de la netteté, l’objet photographié est plus ou moins mis en valeur.

Une lumière diffuse détaille les ombres et donne du modelé au sujet ;les traits d’un visage sont adoucis.Une lumière directe durcit l’expression par le contraste et l’intensité des ombres.

Une lumière haut placée rend un effet irréel, divin.Une lumière située en contrebas donne un effet inquiétant.

Où se situe la ligne d’horizon ? Quel est l’effet produit ?

Fais figurer les points de force (rencontre des diagonales et des lignes des tiers).

Légende

La photo a-t-elle une légende ? Si oui, note la. Si ce n’est pas le cas, trouve un titre.

Qu’apporte-t-elle à la compréhension de l’image ? Donne-t-elle une explication supplémentaire ? Le sens de la photo est-il modifié, il y a-t-il un écart entre le texte et la photo ?

Qu’est-ce que le photographe a voulu nous dire ? Quels moyens a-t-il utilisés pour parvenir à son but ?

Analyse formelle et informationnelle

Et l’émotion ?

Pistes pour continuer - écrire ou présenter à l’oral une image analysée grâce à cette fiche- prolonger par une recherche documentaire sur l’auteur et/ou le sujet abordé