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EDITO SOMMAIREBeaucoup de contact ausommaire de ce numérode Janvier, actualitéoblige. D'abord, le cham-pionnat du monde Sylla-Cunningham. C'est la pre-mière fois qu'un françaisremporte un titre mondialen W.K.A. Richard Cœur-de-Lion Sylla n'a pas déçuses supporters : un com-bat fantastique ! Ceserait, dit-on, l'amorced'un rapprochement entrela B.F. et la W.K.A. Affaireà suivre... A Marseille,autre rencontre d'antholo-gie, le choc Battesti-Zénaf.Un match d'enfer, rem-porté à l'arraché par unZef comme on n'en avaitjamais vu. Du grand art.Enfin, les Internationauxde Boxe Française ont unpeu déçu. Peut mieuxfaire ! Du côté des artsmartiaux, Jean-MichelLeligny nous a ramené unsuperbe reportage desPhilippines, où l'arnis demano semble en pleinessor. A Paris, à l'occa-sion d'un stage, nousavons rencontré un kara-téka étonnant : TamasWeber, 7e dan, instructeurde close-combat. Pour lui,karaté rime avec effica-cité ! Pour finir, SylvainGuintard, le seul Françaisdiplômé du Japon en Nin-Jitsu et représentant offi-ciel de maître Hatsumi,nous a expliqué sa démar-che. Il désire réunifier l'artdes Ninjas avec le Shu-gendo, la voie spirituelledes moines Yamabushi.D'où la marche sur le feuet autre ascèse qu'ildemande à ses élèves.J'espère que vous aurezautant de plaisir à lire cenuméro que nous-mêmesà le préparer. Toutel'équipe se joint à moipour vous souhaiter uneannée 87 qui soit la réali-sation de vos vœux lesplus secrets ! Bonneannée, et... bonne lecture !

P.Y. Bénoliel

1 4 A la uneKhali El Quandili

1 O L'homme du moisGeorges Boissin, Président de laFédération Nationale de Boxe Amé-ricaine.

I O Escrime PhilippineUn grand reportage sur l'Arnis deMano, par Jean-Michel Leligny.

58 Boxe AméricaineZenaf-Battesti à Marseille : un com-bat extraordinaire, raconté parP. Iglicki et A. Iran Van.

62 KaratéTamas Weber, 7e Dan, un karatékad'exception. Un reportage de P.-Y.Bénoliel.

26 Kick-boxingSylla devient champion du mondeen battant Cunningham. Par J.-P.Maillet et A. Tran Van.

34 CinémaAmerican Warrior 11.

Boxe FrançaiseLes Internationaux de Paris, suivispour vous par J.-P. Maillet et A. TranVan.

50 Nin-JitsuLa marche sur le feu.

POSTER : Calendrier Bruce Lee.Dan Schwartz et Patrick Tamburinià Shaolin (photo P.-Y. Bénoliel).

Karaté n° 132, Janvier 87, 2 bis: rue Mercceur, 75011 Paris, Tél. : (1) 43.67.64.24. Couverture: SylvainGuintard (photo P.Y. Bénoliel). Directeur : Gilles Barissal • Rédacteuren chef : Pierre-Yves Bénoliel »Secrétariat de rédaction : Gilles Werner • Ont collaboré à ce numéro : Dominique Balta, Georges Char-les. Jean-Paul Maillet. Catherine Rascon, Hubert Tisal. Annie Tran Van Maquette : Jean Paoli, Isa-belle Cransac. Cristina Barbosa * Publicité i Jean Pilavoine • Secrétariat : Juliette Coy • Administra-tion : Ariette Sinégre. Françoise Durin • Abonnements : France : 11 numéros par an : 220 F, étranger :275 F, Par Avion : supplément 55 F • Service des ventes : SORDIAP : 48.87.02.30. TER : E 87 • Tousdroits de reproduction (textes et photos) réservés pour tous pays, sous quelque procédé que ce soiî.Les documents insérés ou non ne sont pas retournés. Commission paritaire n° 55708. Imprimé enFrance. Compo : Sté Ogerault. Photogravure couleur : Photogravure de l'Ouest. Imprimé par Sima.« Karaté » est une publication des Editions du Monde. RC Paris B 318 762 226. Directeur de la publi-cation : Gilles Barissat. « Karaté » est distribué en France par les NMPP. Dépôt légal : 20953.

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Un dimanche de Décembre, dans laSarthe, à 30 kilomètres du Mans.II fait un froid de canard !

Devant moi, un champ. Jusque là, rienque de très banal, me direz-vous. Dansle champ, un espace délimité par 4 cor-des, avec des petits papiers blancs, typi-que du rituel Shinto. A l'intérieur, unedizaine de personnes, vêtues de blanc,sont assises autour d'un grand bûcher.Le maître de cérémonie porte le costumedes Yamabushi, les moines guerriers duJapon féodal. Pendant que ses élèves,en pleine méditation, récitent des textesbouddhiques, Sylvain Guintard s'occuped'entretenir le brasier. Quatre heuresdurant, ses élèves vont rester assis dansle froid. A la fin, lorsque les trois stèresde bois se sont consumées, ils aident leurprofesseur à étaler les braises. PuisSylvain jette du sel sur le feu, un rituelde purification. Il se déchausse, et, touten récitant des sutras, il traverse piedsnus le tas de braises. Arrivé à l'autrebout, il pousse un kiai retentissant. Puisil effectue le trajet en sens inverse. Lesélèves sont toujours assis de chaque côtédu brasier. Sylvain va les voir l'un aprèsl'autre. A tous, il pose la même ques-tion : « Tu veux passer ? » Si le postu-lant répond par l'affirmative, il se lèveet va se placer devant le sentier de brai-ses. Sylvain prend position de l'autrecôté. Un premier élève marche sur lebrasier. Arrivé à l'extrémité, il pousse unkiai intense, aussitôt repris par le pro-fesseur. Puis les deux hommes se saluenten inclinant le buste, et l'élève retourneà se place. Ce jour là, personne ne s'est

Méditation pendant 4 heures, le temps

brûlé. Une semaine auparavant, un élèvebelge, qui ne s'était pas concentré cor-rectement, a eu des brûlures au seconddegré. Un des participants me confie,juste après la marche : « J'avais trèspeur de me brûler. En posant mes piedssur les braises, j'ai été très surpris : jene ressentais rien, ni chaud, ni froid.Seulement une impression de grandedouceur... »

Contrairement à ce qu'on pourraitcroire, il ne s'agit pas d'une nouvellesecte, ni d'un soi-disant guru cherchantà exploiter la crédulité de gogos, moyen-nant finances. Sylvain Guintard ensei-gne le Nin-Jitsu, et nous vous en avonsdéjà parlé. Il représente officiellementl'école du maître Hatsumi pour les paysfrancophones. Quel rapport peut-il bienexister entre les Ninjas, ces redoutablesespions du Moyen-Age japonais, et unetelle cérémonie ? La marche sur le feu,ou Iwatari, comme la méditation sousla cascade (Takishugyo), fait partie desascèses traditionnelles du Shugendo. LeShugendo, ou voie du Shugen, est unediscipline spirituelle pratiquée au Japonpar des moines-guerriers qu'on nommeles Yamabushi. Ces moines bouddhistessuivent la doctrine dite du Grand Véhi-cule. A l'époque Kamakura (1192-1333),l'âge d'or du Nin-Jitsu, cette élite cléri-cale était à la tête des différents clansninjas. Pour des raisons politiques etsociales, les moines manipulaient et uti-lisaient les Ninjas, tout en leur servantde stratèges. Les Yamabushi vivaient enreclus, dans les montagnes, comme lesNinjas. Leur union était inévitable. LesYamabushi donnèrent aux Ninjas lesmoyens de développer l'énergie intrin-sèque que chaque individu possède enlui-même. Cette énergie peut se matéria-liser sous la forme de pouvoirs. Ainsi,les Ninjas ajoutèrent à leur art déjà

que le bois brûle. Avec l'aide de ses

sophistiqué une aura due à la maîtrisede certaines énergies. En contre-partie,ils enseignèrent aux Yamabushi lemaniement d'armes particulières, ainsique la stratégie du combat. On retrouvecet apport sur certaines estampes, oùl'on voit des animaux mythiques, lesTengus, sorte de Gobelins, enseignerl'art du sabre aux Ninjas (les Tengussymbolisent ici les Yamabushi).Depuis l'époque Meiji (1868), Nin-Jitsuet Shugendo se sont séparés, les castesguerrières étant abolies. Les Yamabushiexistent encore de nos jours : il s'agitd'une congragation de moines complè-tement pacifistes. Le Nin-Jitsu s'est per-pétué jusqu'à aujourd'hui. Cinq écolessont répertoriées comme trésors cultu-rels. Mais aucune de ces deux congré-gations ne joue de rôle actif dans la viejaponaise. La chance de l'Occident, etplus particulièrement de la France, estde pouvoir recréer l'union entre Shu-gendo et Nin-Jitsu, le Shugendo devantapporter au Nin-Jitsu la spiritualité quilui manque.C'est ici qu'apparaît Sylvain Guintard.Au cours de plusieurs séjours au Japon,il a reçu environ 2500 heures de coursprivés auprès de Hatsumi Sensei, qui està la tête de l'école Ninja Togakure.Parallèlement, Sylvain est devenu mem-bre de la congrégation religieuse desmoines Yamabushi. 11 a reçu l'autorisa-tion d'enseigner ces deux voies. En cequi concerne le Nin-Jitsu, Sylvain estdélégué pour les pays francophones duBudjinkan, l'école de maître Hatsumi(chaque professeur doit en effet ensei-gner dans sa propre langue). Il est enoutre diplômé de l'école de Nin-Jitsu deNawa Sensei (Masaaki-ryu). Pour leShugendo, Sylvain a reçu l'enseignementde la congrégation Honzan, à Takaosan,dans le sud de Tokyo. Il est devenu

élèves, Sylvain étale /es cendres.

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Nin-Jitsu et Nin-JutsuUn peu d'étymologie ne faitjamais de mal, surtout si l'ondésire percer les secrets des Nin-jas ! le mot Nin possède 3 signi-fications différentes. Dans sonsens premier, on le traduit parendurer, persévérer, survivre. Ontrouve également l'idée de secret,à la dérobée, furtivement. C'estle sens martial, la techniquesecrète. Le deuxième senss'obtient en décomposant lekanji Nin, qui est fait de 2 let-tres. La première veut dire sabre,la deuxième cœur ou esprit : ilfaut que l'esprit acquiert l'effi-cacité de la lame. Enfin le troi-sième sens de Nin est religieux :il faut se servir de la lame pourouvrir l'esprit, arriver à l'harmo-

nisation de l'individu avec l'uni-vers. Ainsi le Nin-Jitsu devientun kokoro-no-budo, une voie ducœur. C'est dans cette idéequ'enseigne le maître Hatsumi ;il parle de Ninpo Nin-Jitsu, leprincipe supérieur du Nin-Jitsu,qui englobe la réalisation del'individu tant au niveau spirituelqu'à celui du combat. Dernierpoint, sur lequel insiste beaucoupSylvain Guintard. Jitsu signifiestyle, ressemblant à. Jutsu veutdire technique. Nin-Jitsu, c'estdonc ce qui se rapproche de l'artdes Ninjas. Nin-Jutsu, c'est latechnique secrète. Sylvain n'uti-lise que la seconde version (Nin-Jutsu), et il aimerait que tout lemonde en fasse autant.

moine Yamabushi, premier niveau (ilexiste trois niveaux). Il considère donccomme son devoir de réunifier Nin-Jitsuet Shugendo, le tout avec l'approbationet même... sur l'ordre de ses différentssenseis, Hatsumi, Ryubun, son maîtreYamabushi, et Suzumora Shinkai, unmoine Shingon qui lui a fait travaillerses premières ascèses sous la cascade(Takishugyo).Karaté : « Sylvain, dans quel but fais-tu pratiquer ces ascèses, méditation sousla cascade et marche sur le feu, à tes élè-ves ?Sylvain Guintard : Tout d'abord, il n'estabsolument pas question d'enseigner destechniques destructrices, voire mortelles,à des individus qui, mentalement, n'ontpas « l'ouverture de cœur » nécessaire.Ces ascèses font partie du travail men-

tal. Le Nin-Jitsu est destiné à façonnerle corps, le Shugendo sert à polir le men-tal. Les deux vont de paire. Plus l'indi-vidu accède à des techniqus dangereu-ses, plus il doit avoir un mental propre.K : Ces ascèses nécessitent-elles une pré-paration ? Je pense par exemple à laméditation sous la cascade.S.G. : II y a un risque de syncope sousla cascade, et cette syncope peut parfoisêtre mortelle. L'eau glacée, en pleinehiver (à 2° par - 15° de température),entraîne une réaction physiologique. Lecerveau secrète une hormone, la vaso-prescine, qui est vaso-conductrice. Lesartères du cerveau se rétrécissent enquelques dixièmes de secondes, ce quiprovoque la syncope. Les exercices quel'on exécute avant d'entrer sous la cas-cade (récitation de sutras et exercices res-

piratoires) provoquent une hyper-oxygénation du sang et du cerveau. Unefois sous la cascade, on suit un rituelprécis. C'est un travail d'alchimieinterne destiné à polir le mental, certes,mais surtout à développer l'énergieinterne. L'individu qui, en hiver, peutrester vingt à trente minutes sous unecascade et ressortir avec un corps chaud,a réellement fait appel à cette énergieinterne.K : Si la méditation sous une cascadepeut se comprendre, la marche sur lesbraises semble bien plus mystérieuse.Pourquoi ne se brûle-t-on pas ?S.G. : On ne doit pas se brûler. Je neveux pas être assimilé à ces séminairespour cadres dynamiques qui fleurissentun peu partout. Nous, nous effectuonsun travail de recherche sur le mental. Lerite de l'eau est un rite majeur. Demême, il existe le rite du feu. La fina-lité reste la même. Simplement tout letravail de développement de l'énergie sefait avant. La marche sur le feu n'estque la conséquence d'un état de cons-cience qui résulte d'un travail sur l'éner-gie. C'est une purification. D'abord,pendant que le tas de bois se consume,il y a une méditation guidée qui dureenviron quatre heures. Les gens qui vontmarcher sur les braises récitent dessutras, des textes bouddhiques. Ils sonttout à fait lucides et conscients lorsqu'ilseffectuent la marche.K : Rien à voir avec l'auto-hypnose ?S.G. : Absolument rien. Des médecinssont venus le constater. Ils ont pu véri-fier que les pieds n'étaient pas brûlés.K : Comment l'expliques-tu ?S.G. : D'un point de vue scientifique,je ne l'explique pas. Je me borne à leconstater. D'un point de vue ésotérique,il existe des explications. Sur un plan spi-rituel, on peut parler d'harmonie entre

Après le professeur, passage du premier élève. l'arrivée, les pieds dans le sel, l'élève pousse un kiaï.

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la vibration de l'énergie feu et la vibra-tion de l'énergie de l'individu. Ce sontdeux notes différentes qui, pendant laméditation de quatre heures, vont com-mencer à s'harmoniser. Quand l'indi-vidu met son pied sur les braises, on peutdire que lui et le feu sont en harmonie :ils ne font plus qu'un. C'est pour cetteraison que l'on ne se brûle pas. Pour lacascade, c'est pareil. Dans les arts mar-tiaux, on entend souvent parler d'har-monie, d'union du corps et de l'esprit.Dans ce type d'ascèse, l'union est réali-sée, palpable. Dans la marche sur îe feu,il peut y avoir des brûlure par manquede sincérité dans la pratique. Si l'indi-vidu n'est pas sincère dans sa médita-tion, la marche sur le feu va se solderpar des pieds brûlés au 2e, voire 3e degré.Certes, les braises sont grises, mais leurtempérature reste très élevée. Il y a par-fois des accidents. Au Japon, on cite lecas d'un Américain qui est tombé àgenoux dans le brasier et qu'il a falluamputer des deux jambes. C'est donc unexercice assez dangereux. Cela dépendde la puissance que le Yamabushi vamettre enjeu. Toujours au Japon, cha-que année, les moines Yamabushi orga-nisent une grande cérémonie avec mar-che sur le feu. Après avoir marché surle brasier, ils invitent les spectateurs àen faire autant. Et l'on voit de bravesménagères, leurs cabas à la main, tra-verser le tas de braises ! Dans ce cas,c'est uniquement la puissance mentaledes Yamabushi qui leur permet de pas-ser sans se brûler ».

Texte et photos : P.Y. Bénolîel.Prochainement, Karaté publiera unesérie d'articles sur l'histoire et la tech-nique du Nin-Jitsu.

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