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INTERVIEW Analyse > Valérie Létard, secrétaire d’Etat à la Solidarité, dévoile ses objectifs pour 2008 p. 2 FORMATION Blocage > Les universités ont des difficultés à accueillir les étudiants handicapés p. 4 INITIATIVES Créativité > Comment certaines sociétés recrutent des personnes handicapées p. 6 CONSEILS Démarches > Cinq façons de rechercher et de trouver un emploi p. 8 ALTERNATIVE Réussite > La création d’entreprises permet de devenir son propre patron p. 10-11 REPORTAGE Découverte > Visite dans une entreprise adaptée qui compte 95 % de salariés handicapés p. 12 NOVEMBRE 2007 HANDICAP La difficile ascension des handicapés au travail > Lorsqu’ils parviennent à décrocher un poste, ils peinent souvent à progresser p. 14-15 LE MAGAZINE DE CLOSON / ISOPIX / SIPA minutes SUPP

HANDICAP NOVEMBRE 2007 SUPP• Sensibilisation théâtraleLe 15 novembre,lessalariésdeConfo-rama assisteront à une pièce de théâtre intitulée Le Petit Fauteuil de Raymond qui

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Page 1: HANDICAP NOVEMBRE 2007 SUPP• Sensibilisation théâtraleLe 15 novembre,lessalariésdeConfo-rama assisteront à une pièce de théâtre intitulée Le Petit Fauteuil de Raymond qui

INTERVIEWAnalyse>ValérieLétard,secrétaired’Etat à laSolidarité, dévoile sesobjectifs pour2008 p. 2

FORMATIONBlocage>Lesuniversitésontdesdifficultés àaccueillir lesétudiantshandicapés p. 4

INITIATIVESCréativité>Commentcertainessociétésrecrutentdespersonneshandicapées p. 6

CONSEILSDémarches>Cinq façonsde rechercheret detrouverunemploi p. 8

ALTERNATIVERéussite> Lacréationd’entreprisespermetdedevenir sonproprepatron p. 10-11

REPORTAGEDécouverte>Visitedansune entrepriseadaptéequi compte95%desalariéshandicapés p. 12

NOVEMBRE 2007

HANDICAPLadifficile ascensiondeshandicapésau travail> Lorsqu’ils parviennent à décrocher un poste, ils peinent souvent à progresser p. 14-15

LE MAGAZINE DE

CLO

SON/ISOPIX

/SIPA

minutes

SUPP’

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Secrétaire d’Etat à la Solidarité.

Quel bilan faites-vousde la loi handicap deux ansaprès son entrée en vigueur?Au-delàde l’augmentationdessanc-tionspour lesemployeursquineres-pectentpas l’obligationd’emploi, l’undesgrandsapportsdecette loi restela création du fonds pour l’insertiondes personnes handicapées dansla fonction publique. Nous avonsamélioré sa gouvernance pour qu’ilpuissesemettreenordredemarche.Deplus,unecirculaireparaîtradansles toutprochains jourspourdeman-der à toutes les administrations demettre en place un plan pluriannueloù elles s’engagent à augmenter de25%lesrecrutementsdepersonneshandicapées.Et si ces objectifs ne sontpas atteints?Nousgèleronslescréditsquin’aurontpas été utilisés pour l’embauche depersonnes handicapées.Comment allez-vous encouragerles entreprises privées,notamment les PMEet TPE,à recruter des travailleurshandicapés?Je souhaite aller au-delà de la loi eninformant et en aidant les entrepri-ses de moins de 20 salariés, donccelles qui ne sont pas assujettiesà l’obligation d’emploi, à recruterdes travailleurs handicapés. Carc’est en leur sein que se trouvent

les gisements d’emplois de demain.J’ai donc demandé à l’Agefiph (As-sociation chargée de gérer le fonds

pour l’insertion professionnelledes personnes handicapées) de sepencher sur ce sujet. Plus que desfinancements, je pense que ces en-treprises ont besoin de personnescapablesd’identifieretd’intégrer lesnouvelles recrues. Je veux égale-ment que nous progressions sur laquestionde l’accessibilitédes locauxprofessionnels pour les personneshandicapées.Nousvoulonsaider lesentreprises à financer les travauxnécessaires.Lesmaisons départementalespour les personnes handicapées(MDPH) suscitent beaucoupde critiques. Commentexpliquez-vous cela?Onconstateun turn-overduperson-nel car les fonctionnaires affectésà ces maisons départementales ontbeaucoup usé de leur possibilité deretourner dans leur administrationd’origine. Du coup, les personneshandicapées n’ont pas toujours lemême référent. J’espère que d’ici àla fin de l’année, nous aurons trouvéunesolution.Pourquoinepaspropo-ser que les fonctionnaires qui déci-

dentd’aller travaillerdans lesMDPHne puissent fairemachine arrière ?Certaines personnes handicapéescessent de travailler car la naturede leur emploi, à temps partielpar exemple, leur fait perdrelesminima sociaux. Du coup,leur pouvoir d’achat baisse…Ce sujet est l’un de mes principauxchevaux de bataille mais c’est aussiunequestionsensible. Il faut trouverunsystèmequid’unepartnepénalisepas les personnes handicapées quiretournent vers l’emploi et, d’autrepart, permetteàcellesqui sontdansl’incapacité de travailler d’avoir un

revenudécent.Avantd’opterpourunerevalorisation des minima sociaux,nousdevonsréaliserdessimulationssérieuses et envisager tous les casde figure. La législation est com-plexe, nous devons faire attention àne pas faire pire quemieux.Quand allez-vous annoncerdes propositions concrètes?Nous avons toute l’année 2008 pourtravailler et inscrire les nouvellesmesures à l’exercice budgétairede 2009. La Conférence nationaledu handicap, prévue au printempsprochain, sera l’occasion de faire unpremier point.Allez-vous développerl’emploi dans les établissementset services d’aidepar le travail (Esat)?Sur les 2000 places que nous crée-rons en 2008dans ces structures, lamoitié des personnes handicapées,toujours encadrées par des respon-sables des Esat, ira travailler dansdes entreprises ordinaires.Cela ressemble à une périoded’essai…C’est plus une adaptation mutuellepour les deux parties. L’employeurapprend à connaître le travailleurhandicapé et ce dernier teste sa ca-pacité à s’adapter à un milieu dit or-dinaire. C’est, àmon avis, une excel-lente passerelle vers l’autonomie.

Propos recueillis par Sylvie Laidetet Delphine Bancaud

Le marché de l’emploi reste précaire

S.P

OUZET/2

0MINUTES

LA LOI HANDICAP N’EST QUE TRÈS RAREMENT RESPECTÉE DANS LE PRIVÉ ET LE PUBLICOBLIGATION

Pour Valérie Létard, l’administration va augmenter de 25 % ses recrutements.

VALÉRIE LÉTARD

à suivreUn comité de suivi de la politique handicap Installé par la secrétaired’Etat chargé à la Solidarité, son objectif est de faire travailler desexperts sur les points de blocage de la loi handicap de 2005 et d’avancerdes propositions concrètes pour y remédier. Un groupe de travail seconcentre sur les ressources et l’emploi des personnes handicapées.Diagnostic gratuit de l’Agefiph Les 23000 entreprises qui n’ont pasencore mené la moindre action en faveur de l’emploi des handicapésferont l’objet d’un rendez-vous avec l’Agefiph pour leur proposerun diagnostic gratuit de leur situation.

Même si leur situation s’améliore,les travailleurs handicapés (TH) nesont toujours pas légion dans lesentreprises : 4,1 % dans le privé et3,7 %dans lepublicalorsque la loidu11 février2005 imposelaprésencede6% de personnes handicapées dans

les effectifs des entreprises de plusde 20 salariés. Dans le secteur privé,94 %d’entre eux ont certes décrochéun CDI, mais plus d’un quart à tempspartiel alors que les personnes vali-des ne sont que 10% dans cette si-tuation. Pire, le taux de chômage de

cettepopulationdépasse les17%.Enmoyenne, un handicapé met près dequatre ans et demi pour retrouver unemploi. Aquel typedeposte?Plusdelamoitié des TH sont ouvriers contre35 % pour l’ensemble des salariés.Et selon l’Agefiph (association natio-

nalegestiondu fondspour l’insertionprofessionnelledespersonneshandi-capées), ils sont concentrés dans unpetit nombre de métiers : les postesd’agentd’entretienetadministratif re-présentent 12% des emplois des THet 19% des recrutements. S. Laidet

« Je souhaite aller au-delà de la loi »

« Les entreprisesdemoins

de 20 salariés ontbesoin de personnescapables d’identifier

et d’intégrer lesnouvelles recrues. »( )

2 handicap NOVEMBRE 2007

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nouvellescompétencesParmi les retombéespositives de l’applicationde la loi du 11 février 2005,l’Agefiph (associationnationale de gestion dufonds pour l’insertionprofessionnelle despersonnes handicapées)a décidé d’amplifier sapolitique de formation.En mai 2006, elle aainsi lancé l’opérationHandicompétencequi durera jusqu’en 2010.Destiné aux demandeursd’emploi handicapés,ce programme leurpropose de fairele point sur leur projetprofessionnel afind’acquérir, si besoin est,de nouvelles compétencesgrâce à une formation.En 2006, 100000 personnesont bénéficié de cedispositif. Ils ont pupar ce biais accéderà une formation enalternance ou à uneformation préalableà l’embauche délivréeen entreprise, faireun bilan de compétences,acquérir les prérequisnécessaires pourintégrer une formationqualifiante, se formerà de nouveaux métiersen fort développement,effectuer un stagede remise à niveau…

NOMBRE D’ÉTABLISSEMENTS RESTENT TROP PEU ACCESSIBLESFORMATION

L’université affiche des lacunesFrein majeur des personnes han-dicapées pour trouver un emploi :leur faibleniveaudequalification.Seulement 19 % d’entre elles pos-sèdent un niveau égal ou supérieurau bac. Une situation qui s’expliquenotamment par l’accueil très hé-térogène qui leur est réservé dansles établissements d’enseignementsupérieur :certainsne leursontphy-siquementpasaccessiblesetne leurproposent pas d’accompagnementpédagogiquespécifique.D’autres,enrevanche, sont plus actifs. Résultat :soit ils renoncent à s’engager dansdescursus longs, soit ils choisissentleur filièreen fonctiondesconditionsd’accueil prévues plutôt que pourleur intérêt.Du coup, les universités recensentaujourd’hui seulement12000 jeuneshandicapés sur 1,6 million d’étu-diants. « Certaines facs ne peuventpas les accueillir car elles ne sontpas dotées d’ascenseurs ou de ram-pes d’accès. Par ailleurs, elles neparviennentpasàrecrutersuffisam-ment d’auxiliaires de vie. Enfin, lesaidesfinancièressontinsuffisantes »,souligneMichelLussaut, chargédesquestions d’accueil des étudiants àla Conférence des présidents d’uni-versités. Les écoles de commerceet d’ingénieurs n’affichent pas demeilleurs résultats : les membresde laConférencedesgrandesécoles(CGE)n’accueilleraientainsiqu’envi-ron 500 étudiants handicapés. « Cesdernières années, les initiatives à

leur égard reposaient surtout sur lebon vouloir des directeurs d’école »,résume Alain Jeneveau, animateurdu groupe handicap à la CGE.Cependant,lasituationdevraits’amé-liorer : « Depuis2005, laCGEa invitéles écoles à se doter d’un référenthandicapet70%d’entreellessesontdéjàexécutées.Leurmission : facili-ter laviedesétudiantshandicapésenleuraménageantunemploidutempsadapté, en les conduisant en sallede classe, en leur photocopiant descours… », détaille Alain Jeneveau.

Dans les universités aussi les cho-ses devraient bouger car laministredel’Enseignementsupérieur,ValériePécresse, s’est fixé un objectif : ac-cueillir 1000 étudiants handicapéssupplémentaires par an dans lesfacs. Pour ce faire, les présidentsd’universitéset legouvernementontsignéunecharteuniversité-handicaple 5 septembre dernier. Elle prévoitla mise en place d’un service d’ac-cueil dans chaque université. « Il estégalement nécessaire que chaqueétudianthandicapébénéficied’unré-férentà l’université », indiqueMichelLussaut. Par ailleurs, le ministèrea annoncé une enveloppe de 4mil-lions d’euros à la rentrée 2007 et de15 millions en 2008 pour aider lesuniversités à financer des travauxd’accessibilité. Delphine Bancaud

12000jeunes handicapéssont présents dans

les universitéssur un total

de 1,6 milliond’étudiants.

( )

Rares sont les facultés qui disposent de salles adaptées pour les étudiants handicapés.

DENUL/S

IPA

« J’ai surtoutcomptésurmesamispour récupérer lescours »

25 ans, élève en troisième annéeàHEC enmajeure stratégie fiscaleet juridique internationale.

Quel a été votre parcours avantd’arriver àHEC?

Après mon bac ES avec mentionassez bien, j’ai perdu la vue l’étésuivant après un accident. J’ai doncdû renoncer à intégrer une prépaHEC. Un an plus tard, je suis rentréà l’université de Dauphine où j’ai étédiplômé d’unemaîtrise de finance.Quelleaidevousaproposéel’université?Elle était dotée d’un relais handicapqui n’était pas très rodé car les étu-diants handicapés étaient rares. J’aidonc surtout compté sur l’aide demes amis pour récupérer les courset m’orienter dans l’université.Pourquoi avez-voussouhaitéintégrerHEC?

C’était une façon de surmonter monhandicap en revenant à mon projet.Et en septembre 2005, j’ai réussi leconcours en admission directe.Comment s’organise votre viesur le campus?Je partage un appartement avec unamiquim’aidedanslequotidien.Pourmes cours, je reçois la plupart dessupports en version électronique etj’utilise un ordinateur à reconnais-sance vocale. Pour les devoirs, je lesfais parmail et, pour les examens, jesuis assisté d’un professeur ou d’undoctorant qui me lit le sujet et écritsousmadictée; ilm’arrivedepasserdes oraux avec des enseignants.

Avez-vous reçu des aidesfinancières spécifiques?En rentrant à Dauphine, j’ai reçuune aide de l’Agefiph qui m’a permisd’acheter un ordinateur et un logicielde reconnaissance vocale. Lorsquej’ai intégré HEC, j’ai bénéficié d’uneconvention passée entre l’école etSFRpouraiderlesélèveshandicapés.Ducoup, l’entreprisem’aoctroyéuneboursegrâceà laquelle j’aipurenou-velermonmatériel informatique.Quels sont vos projets?Je n’ai pas encore fini mon cursus,mais j’ai déjà signé un CDI à la RoyalBank of Scotland, où j’occuperai unposte d’analyste. Recueilli par D. B.

CHARLES-ANTOINEDE VILLAINES

S.O

RTOLA

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informationspratiquesOù postuler :• Aviva : www.aviva.fr,rubrique RH Carrières• Conforama :[email protected]• Generali : [email protected]• La Poste : www.laposte.fr, rubrique recrutement etengagement/action handicap• Legrand : www.legrand.fr• Léon de Bruxelles : www.leon-de-bruxelles.com• Lyonnaise des eaux :www.lyonnaise-des-eaux.fr• SNCF : www.recrutement-sncf.com, ou contacterLaurent Thevenet,responsable missionHandicap et Emploi.Tél. : 0153253972 [email protected]• Leroy-Merlin :www.recrute.leroymerlin.fr• SFR : www.apropos.sfr.frNeo Job-Meeting :Du 13 au 15 novembre,forum de recrutementorganisé sur Second Life.Sur l’île TMPNEO,l’agence organisatrice,les candidats peuventrencontrer les recruteurset les chargés de MissionHandicap d’Air France,d’Axa, de la Caissed’Epargne, de L’Oréal ainsique des représentants del’Adapt. Puis, TMPNEO auraun pavillon permanent pourles travailleurs handicapés.

COMMENTCHOISIRET INTÉGRERDESPERSONNESHANDICAPÉESRECRUTEMENT

Des initiatives performantesEloignéesoupasdu fameuxquotade6%detravailleurshandicapés,certaines entreprises redoublentd’effort et de créativité pour lesrecruter et les intégrer au mieux.Exemples.• Adaptation des process de re-crutement Aviva vient de nommerune responsable du recrutementdes personnes handicapées. Samission : identifier des candidatset veiller à leur bonne intégration.Pour leur faciliter la vie, l’assureurconcentre les entretiens d’embau-che sur une journée et assure unenavette entre la gare et l’entre-prise.• Sensibilisation théâtrale Le15 novembre, les salariésdeConfo-rama assisteront à une pièce dethéâtre intitulée Le Petit Fauteuilde Raymond qui relate l’histoired’une entreprise qui recrute deshandicapés. Objectif : faire évoluerle regard et les mentalités des col-laborateurs afin que ces nouvellesrecrues (180 prévuesd’ici à fin2009)soient mieux intégrées.• Aide aux chômeurs Outre un ac-cordd’entrepriseen faveurde l’inté-grationdespersonneshandicapées,Generali dispense des formationscourtes (reprisedeconfianceensoi,aide à la rédaction de CV, de lettresde motivation…) aux demandeursd’emploi de Seine-Saint-Denis etde Paris. Objectif : les aider à dé-crocher un job. A ce jour, plus de445 stagiaires ont été accueillis.

• EmploisréservésLéondeBruxel-les crée des postes d’employé ad-ministratif à temps partiel pour leshandicapés. Leurmission : aider lesdirecteursd’établissementsdans lasaisie des factures, l’émission descommandes…En2008, legroupederestaurationenrecruteraentrecinqet dix nouveaux postes et veillera àla compatibilité de ces emplois avecle maintien des aides allouées auxpersonnes handicapées.• Ergonome interne Actif depuis1992, le groupe Legrand emploieaujourd’hui 8 % de handicapés.« Sans viser de quotas, nous sou-haitons juste que, dans le flux d’em-bauche, nos recruteurs respectentles 6 %.Nous sensibilisons ainsi lesDRH et misons sur nos ergonomesinternes qui font remonter des can-

didatures », explique Jean-PierreJuly, le directeur prévention dugroupe Legrand. Tout nouvel em-bauché valide suit une formation desensibilisation au handicap.• Communauté de moyens LaSNCF, Aviva et d’autres entrepri-ses planchent sur un prototype deplate forme virtuelle d’interpréta-riat permanent pour leurs salariésmalentendants. « Lorsdesréunionsoudes rendez-vousavec leurschefsde service, ils auraient accès en si-multané à une traduction en languedes signes ou en sténotypie pourfaciliter la communication et leurintégration dans les équipes et à lavie de l’entreprise », détaille Lau-rent Thévenet, responsable de lamission handicap et emploi de laSNCF. Sylvie Laidet

L’aménagement du poste de travail en fonction du handicap reste primordial.

CROSSKNOWLE

DGE

« Leplus important reste de faire évoluer lesmentalités »

Responsable du Pôle insertiondes travailleurs handicapés (Pith)de l’assureur Generali.

Vous vous apprêtez à projeterla série Ça tourne auPith!

aux salariés du groupe. De quois’agit-il précisément?Ça tourne au Pith! est une série desept épisodes relatant les péripé-ties d’une salariée handicapée. Onaborde aussi bien ses problèmesd’intégrationque l’adaptationdesonposte de travail ou encore le regardque lui portent ses collègues. Unepremière dans le monde de l’entre-prise, d’autant que tous les acteurssontdesemployésdeGenerali.Nouspensons qu’ainsi, le personnel s’ap-proprieramieux lemessage.Pourquoi avoir opté pour unesitcomplutôt qu’un témoignage?Le rire est unbon vecteur pour faire

passer des sujets graves. Mais at-tention, tout n’est pas rose. En tour-nant dans nos locaux, nous avonstenté de coller au plus près de laréalité.Quel est l’objectif de la série?Elle sert à montrer notre engage-ment sur le thèmeduhandicapmaiselle doit aussi susciter le débat eninterne et faire changer les regards.Uneintégrationréussieneserésumepas à changer les meubles ou amé-nager le poste de travail, il faut faireévoluer lesmentalités.Commentont réagi les salariéshandicapésdugroupe?Isabelle,malentendante, qui joue un

rôleprochedesavie, s’estparexem-ple approprié l’une des répliques dela série : « Ne te cache pas derrièreton handicap. » Autrement dit, quechacunsoit reconnupoursesseulescompétences.Etquel’entreprisesoitcapable de répondre à l’ambition detous ses collaborateurs.Envisagez-vous de diffuser pluslargement la série?Il faut qu’elle vive en interne et enexterne. Nous allons donc la met-tre sur un blog relatif à la gestion duhandicapauseindeGenerali.Plusonfera de bruit autour de l’événement,plusoncontinueraà faireévoluer leschoses. Recueilli par S. L.

FRANÇOIS-XAVIER KRIEG

S.O

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CINQ FAÇONSDERECHERCHER ETDE TROUVERUNEMPLOICONSEILS

De bons tuyaux pour du boulotPlusieurs voies permettent auxpersonnes handicapées de trou-verlechemindel’emploi.Petit tourd’horizon.• L’ANPEAParis, il existeuneagencespécialisée, baptiséeHandipass.Ellepropose un atelier de recherched’emploi pour les personnes handi-capées et met à leur disposition desoffres qui leur sont destinées.• Les CAPemploiCes 118 organis-mes de placement spécialisés sontfinancés par l’Agefiph et éparpilléspartout en France. Ils proposentun accompagnement individualiséaux chômeurs handicapés pourles aider à bâtir leur projet pro-fessionnel et des ateliers collectifs

de recherche d’emploi. Ils dispo-sent aussi d’une base de donnéesd’offres de postes.• LessitesemploispécialisésOutredes offres ciblées, ils proposent desinformations intéressantes sur lemarché de l’emploi, des conseilspratiques pour présenter sa candi-dature, des infos sur les manifes-tations liées au recrutement, desforums d’internautes, des témoi-gnages de salariés handicapés…• Les forums recrutement L’Adapt(association pour l’insertion socialeet professionnelle des personneshandicapées) organise réguliè-rement des job-dating à l’instard’Handy recrut. De son côté l’Afij

(association pour faciliter l’insertionprofessionnelledes jeunesdiplômés)pilote chaque année des journéesemploi/stage handicap.• L’intérimEn2006, les agencesontdélégué 15000 intérimaires handi-capés chez leurs clients. Et 40 %d’entre eux ont accédé à un emploidurable (CDD, CDI). Plusieurs ré-seaux à l’instar deManpower ou deKelly services possèdent une mis-sion handicap. De son côté, Adeccoa lancé une plate-forme dédiée àce public (www.trilogie.org) et leGroupe Vedior France organisedepuis quatre ans des journées derecrutement à leur attention.

Delphine Bancaud

Comment rendre sacandidature plus efficace

le CV en vidéoMeilleur moyen de combattre les a priori des recruteurs : se présenterà eux. Pour ce faire, le site www.youjob.com propose aux candidats dese fabriquer gratuitement un CV vidéo consultable via le site par lesrecruteurs. « C’est une bonnemanière de leur montrer quelles sont lesimplications du handicap », indique Pete Stone, directeur marketing ducabinet de recrutement Hudson. D’autre part, à l’occasion de la semainepour l’emploi des personnes handicapées, du 12 au 18 novembre, lescandidats pourront réaliser gratuitement leur e-CV à Paris et à Marseille.

«Denombreusesentreprisescher-chent à recruter des travailleurshandicapés,maisneparviennentpasà trouver des candidats. Il est doncimportant de faire mention de sonhandicap sur son CV dans la partieétat civil », recommandePeteStone,lui-mêmehandicapé,directeurmar-keting du cabinet de recrutementHudson. Si la candidature fait mou-che, il conseille « d’aborder la ques-tion du handicap directement car lerecruteur n’est pas toujours à l’aise

pour mettre le sujet sur la table ». Ilpréconise aussi au candidat de spé-cifier les éventuels aménagementsde postes que son handicap imposeet de rappeler, si besoin est, au re-cruteur lesaidesdontpeutbénéficierl’entreprise en l’embauchant. Enfin,Pete Stone invite le candidat à biennégocier son salaire d’embauche :« Il nedoit pas se sous-estimer sousprétextequ’ilesthandicapémaisêtrerémunéréen fonctiondesescompé-tences ». D. B.

Lors d’un entretien, il faut aborder directement la question du handicap.

F.D

URAND/S

IPA

infos pratiquesHandipass : 3, rue desNanettes 75011 ParisTél. : 01 43 38 27 34Coordonnéesdes Cap emploi :www.capemploi.netSites emploi spécialisés :www.agefiph.comwww.hanploi.comwww.handi-cv.comwww.handiplace.orghttp://handicap.monster.frwww.portailhandicap.comwww.embauchehandicap.frDates des job-datingde l’Adapt :www.ladapt.net

Dates des journéesHandy recrut :www.human4up.com

Dates des journéesemploi et stage handicapde l’Afij :www.afij.org

“CHLOÉ GRATIERDE SAINT LOUIS

«Les entreprisesviennent vers nous »Lorsque je recherchaisun emploi l’an dernier,ma conseillère ANPEm’a aiguillée vers lesjob-dating organiséspar l’Adapt (associationpour l’insertion socialeet professionnelle despersonnes handicapées),explique Chloé, malvoyante,chargée d’administrationde la direction commercialede Daikin. J’ai saisi la balleau bond. Jeme suis d’abordinscrite sur le site de l’Adapt.Puis, le jour J, j’ai rencontrésix recruteurs qui avaientsélectionnéma candidatureparmi les 40 CV desparticipants. Lors de cesentretiens de 13minutes,je devais synthétiser monparcours et mes ambitionsprofessionnelles.Un exercice de synthèse pasévident, mais qui m’a plutôtréussi : deux joursaprès,j’avais rendez-vous pourun deuxième entretien avecAdia, qui recherchait uneassistante de directionpour Daikin. Aprèsavoir passé des testsbureautiques, j’ai rencontréle directeur commercialet le DRH de l’entreprisequi ont décidé deme prendreà l’essai. Au bout de six moisde CDD, j’ai décrochéun CDI. J’ai vraimentapprécié la formulejob-dating car, pour une fois,ce sont les entreprises quiviennent vers les personneshandicapées, pas l’inverse.Cela montre qu’elles ontbesoin de nous.

S.O

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8 handicap NOVEMBRE 2007

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Succès pour les créations d’entrepriseEN2006, 2707PERSONNESHANDICAPÉESONTDÉCIDÉDECRÉERLEURPROPREEMPLOIALTERNATIVE

Parce que trouver un poste sala-rié relève souvent du parcours ducombattant, certaines personneshandicapées décident de créer leurpropre emploi. En 2006, 2707 d’en-tre elles sont ainsi devenues chefd’entreprise avec l’aide de l’Agefiph,qui finance la majorité de ces pro-jets. Ces derniers ont progressé de3,2 %en 2006 « ce qui porte à 30000le nombre de structures conçuesdepuis 1989 », note Pierre Blanc,directeur général adjoint de l’Age-fiph. « Environ 85 % d’entre ellessont des entreprises individuelles,ce qui prouve bien que les deman-deurs d’emploi créent par ce biaisleur propre poste », ajoute-t-il.Secteurs les plus prisés : le com-merce(quiconcernait36%desjeunespoussesen2006), lesservicesauxen-treprises(13%), leshôtels,cafés,res-taurants (12%), laconstruction(11%),l’industrie (8 %). Pour démarrer leuractivité, les futursentrepreneursbé-néficientdeplusieursaidesréservées

aux personnes handicapées : aprèsavoir vérifié que leur projet est réa-liste à l’ANPE ou auprès d’un Capemploi, avec l’appui d’un conseillerencréationd’entreprise (boutiquesdegestion, chambre des métiers…), ilspeuvent solliciter auprèsde l’Agefiphune subvention d’un montant maxi-

mal de 10675 €. Ils bénéficient aussid’une participation à la formation àla gestion dans la limite de 250 heu-res et d’un accompagnement par unorganisme spécialisé sur une duréede trois ans. « Nous accordons enmoyenne 8000 € de subvention parprojetet2200 €defraisdeconseilset

d’accompagnement », indiquePierreBlanc. Par ailleurs, afin de renforcerles projets, l’Agefiph étudie la possi-bilité deproposerauxcréateurshan-dicapés une micro-assurance ainsiqu’une garantie bancaire en collabo-ration avec France Active.Ce dispositif d’aide vient en complé-ment d’autres aides de l’Etat et descollectivités territorialesaccessiblesà tout créateur d’entreprise (Accre,Eden,prêtà lacréationd’entreprise…)Enfin,chaqueannéel’Agefiphorganiseun concours baptisé « Les lauriersd’or ». Les deux lauréats se voientremettre un chèque de 1500 €, lesdeux suivants une somme de 750 €.Grâceàcesdifférentesaidesetà leurdétermination, leschefsd’entrepriseshandicapésobtiennentgénéralementd’excellents résultats : « 70 % desstructuresqu’ils ont crééessont tou-jours en activité deux ans après leurnaissance, soit 8 %deplusquecellesgénérées par les valides », conclutPierre Blanc. Delphine Bancaud

10 handicap NOVEMBRE 2007

Depuis 1989, près de 30000 entreprises ont été créées par des personnes handicapées.

R.D

AMORET/R

EA

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Ecrivain public à Guyancourt (Yvelines).

Pourquoi avez-vous décidéde créer votre entreprise ?J’aiperdu lavueen1998à50ans,à lasuite d’un accident domestique. Et jeboitedepuisunemésaventuresurve-nue lors demes 19 ans, alors que jefaisaisduski. Lorsque j’ai recherchéun emploi, l’ANPE ne m’a pas aidée

et les entreprisesm’ont fermé leursportes. Je me suis donc tout natu-rellement tournée vers la créationd’activité. Comme j’avais quinze ansd’expériencedansl’aide juridiquebé-névole, j’ai décidédedevenirécrivainpublic. Je suis spécialisée en droitadministratif (dossiers de demandede carte de séjour…) et je corrigeaussi des mémoires universitaires.Je rédige des lettres d’amour, desbiographies, des discours de ma-riage, etc. Je reçois environ deuxclients par jour, qui me connaissentpar le bouche-à-oreille ou me trou-vent sur les Pages jaunes.Quelles ont été les principalesdifficultés à surmonter ?Lemanquedeconfianceenmoi,maismafamillem’aencouragéeàmelan-cer.J’aiaussi rencontrébeaucoupdedifficultésavec labanquequirefusaitde me prêter 1 500 €, à moins quemon mari ne se porte garant. Maisil était hors de question de le solli-citer car je voulais réussir par mespropres moyens. J’ai donc menacéma banque de la quitter pour obte-

nir gain de cause. De plus, j’ai eu demauvaises relations avec l’Urssaf.Je suis fière d’avoir persisté contrevents et marées car ma petite en-treprise a finalement vu le jour enoctobre 2003. J’ai même gagné lelaurier d’or du concours de la créa-tion d’entreprise organisé par l’Age-fiph en 2005. Un autre signe qui m’aredonné confiance enmoi.Dequelles aides avez-vousbénéficié ?L’Agefiph m’a épaulée en finançantmonmatérieldetravailpour10 000 €(ordinateur adapté avec lecteurd’écranet logicieldereconnaissancedecaractères, sansoublierunscan-ner).Deplus, j’ai obtenuparsonbiaisles conseils d’un tuteur de la bouti-que de gestion Athéna de Mantes-la-Jolie qui m’a aiguillée dans mesdémarches administratives. Et pouréviter des frais supplémentaires,j’ai installé mon cabinet au rez-de-chaussée demamaison.Comment se porte votre activité ?En 2006, mon chiffre d’affairess’élevait à 22 000 €, mais je compte

bien le doubler d’ici à fin 2008 ! Jus-qu’ici, j’avais unpeu trop tendance àme faire payer avec les moyens dubord, et encore, pas toujours. J’aiaussi décidé de me lancer dans lecoaching : j’aide ainsi les étudiantsà trouver leur voie et les personneshandicapées à reprendre confianceenellespourretrouverunemploi. Jesouhaite aussi proposer de plus enplus mes services aux entreprisesafin de les aider à mieux accueillirles personnes handicapées.

Recueilli par D. B.

BERNADETTE PILLOY

« Je suis fière d’avoir persisté contre vents etmarées »

profilLes créateurs d’entreprisessont à 74,6 % des hommeset ont 42 ans en moyenne.Ils ont généralement unmeilleur niveau de formationque la moyenne des personneshandicapées : 36 % ont suiviun cursus supérieur ou égalau bac et 10 % ont un niveauinférieur au CAP.

S.P

OUZET/2

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Page 12: HANDICAP NOVEMBRE 2007 SUPP• Sensibilisation théâtraleLe 15 novembre,lessalariésdeConfo-rama assisteront à une pièce de théâtre intitulée Le Petit Fauteuil de Raymond qui

Auboutdel’impasseTruillot,dansle11e arrondissementdeParis, senicheuneentreprisepastoutà faitcomme les autres. Et pour cause :95 % de ses salariés sont des tra-vailleurs handicapés. Cette entre-prise adaptée appartient à l’ANRH(association pour l’insertion et laréinsertion professionnelle et hu-maine des handicapés), qui détientune douzaine d’établissements dece type. A l’inverse d’un Esat (éta-blissement et service d’aide parle travail), l’entreprise adaptée nefait pas partie du secteur protégé.« Nous fonctionnons comme unesociété privée classique avec obli-gation de résultats et nos collabo-rateurs ont le statut de salarié »,prévient d’emblée Franck Menu,directeurdudéveloppementsecteurtertiaire à l’Anrh. Pas question nonplusde rémunérer les salariéshan-dicapés au rabais. « Leurs salairessont conformesàceuxdumarché »,certifie le directeur.

Une ambiance productiveet convivialeSpécialisée dans les travaux admi-nistratifs, l’entreprise adaptée deParis compte aujourd’hui 105 sala-riés dont 100 handicapés (psychi-ques, moteurs, mentaux légers…).« Nous travaillons principalementpour quatre clients : la SNCF, la So-ciété générale, CNP assurances etla RATP. Nous collaborons depuislongtemps avec eux et ils nous fontpleinement confiance », explique ledirecteur. Les salariés sont répar-tis sur trois étages en open space.Leursmissions : saisir desdonnées

sur écran, scanner des documents,répondre à des candidatures… Auquatrième étage règne une am-biance à la fois studieuse et décon-tractée. Rivée à son écran, CélineGurdal, 35 ans, s’attelle à sa tâchedu jour : « Je saisis les demandesde cartes de réduction à partir deformulaires rédigés par les clientsd’uneentreprise pour laquelle noustravaillons », décrit-elle. Une foissa tâche effectuée, la jeune femmearchive le dossier. Son léger han-dicap intellectuel n’entrave en riensa productivité. A ses côtés, Rose-MarieMartin, jolie blonde piquante,travaille avec enthousiasme : « Je

suis analyste. Ma fonction consisteà décider l’octroi ou non de la cartede réduction en fonctionde certainscritères. Je dois aussi vérifier quetous les documents accompagnantlademandesontprésentsavantdelavalider », indiquecette jeune femmemalentendantequi lit àmerveillesurles lèvres de ses collègues. Pourbeaucoup, cet emploi est d’autantplus important qu’il est le premierde leurcarrière, à l’instard’AissatouDial, qui savoure sa toute nouvelleautonomie financière à 43 ans.

Unmanagement de proximitéA quelques mètres de la jeunefemme trône le bureau de sonma-

nager, Ronan Garnier. « Ma mis-sion consiste à répartir les tâchesà la trentaine de collaborateursque j’encadre, d’animer l’équipeet de découvrir les compétencescachées de certains. » Un défi quecet ancien superviseur du serviceclientèle de Michelin relève avecbonheur : « Le style de manage-ment n’est pas le même que dansune entreprise classique car ondoit être plus à l’écoute de sescollaborateurs », confie-t-il. Uneoreille attentive qu’apprécie Char-lotteTietchau, opératricedesaisie :« Nos patrons sont très conciliantset comprennent nos problèmes desanté. » Mais pas question pourautant de rogner sur la produc-tivité des équipes : « Notre chif-fre d’affaires en 2006 s’élevait à1,5 million d’euros et va doubler en2007 », affirme Franck Menu.

Des employés forméset enthousiastesAutre challenge que le directeurdoit relever : s’efforcer de péren-niser les emplois de ses salariés.« Ce n’est pas évident car certainestâches qui nous étaient confiéessont en perte de vitesse, commelamise en formede documents parexemple », note-t-il. Pour compen-ser la perte de certains marchés,il doit veiller à former ses salariésà de nouveaux métiers. « Récem-ment, nous les avons initiés notam-ment à la gestion électronique dedocuments », précise-t-il. Pour lesadapter à leurs nouveaux posteset compenser le manque d’effi-cience, l’entreprise touche une

aide annuelle de l’Etat de 11691 €par salarié. Grâce à cette politiqueactive de développement des com-pétences, cette société espère à lafois capter de nouveaux clients etfaire évoluer ses collaborateurs.Car leur handicap n’a pas freinéleurs ambitions professionnelles :« J’aimerais bien devenir respon-sable de service », confie ainsiRose-Marie Martin.

Delphine Bancaud

Quand l’entreprise s’adapte aux handicaps

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.ORTOLA

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VISITEDANSUNEENTREPRISEQUICOMPTEUNEMAJORITÉDESALARIÉSHANDICAPÉSREPORTAGE

Franck Menu, le directeur.

Spécialisée dansles travaux

administratifs,cette société

compte 105 salariésdont 100 atteintesd’un handicap.

( )fiched’identitéLes entreprises de plusde 20 salariés doiventemployer 6 % de personneshandicapées dans leurseffectifs. Elles peuvents’acquitter pour moitiéde cette obligationen sous-traitant desprestations de serviceauprès des entreprisesadaptées. On en recense570 en Franceet elles comptent20000 salariés handicapés.Elles prennent la formede sociétés commerciales,d’associationsou de coopératives.Leurs effectifs deproduction doiventcomporter au moins80 % de salariés handicapés.Et près de 80 % des offresproposées correspondentà des postes d’ouvrierset d’employés.

Aïssatou Dial, opératrice de saisie. Les postes de travail. Céline Gurdal, opératrice de saisie.

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COMME LES FEMMES, LES HANDICAPÉS SONT VICTIMES D’UN SOLIDE PLAFOND DE VERREBLOCAGE

La discrimination freine les promotions«Unplafonddeverre?Encorefau-drait-il qu’il y ait des travailleurshandicapés dans les entreprisespour parler de promotion. » Der-rière cette provocation de NathalieMalige, PDG de Diverseo, cabinet deconseil et de formationengestiondela diversité, se cache une triste réa-lité :une foisenposte, lespersonneshandicapéespeinentàprogressereninterne. Fin octobre, la Halde (Hauteautorité de lutte contre les discrimi-nations) comptabilisait 372 plaintespour discrimination liée à la santéou au handicap. Selon le ministèredu Travail, il n’y aurait que 15000cadres handicapés dans le privé.Certes, leur niveau de formationrelativement bas induit des emploismoinsqualifiés,maiscelan’expliquepas tout. Les freins sont ailleurs. Unpeu du côté des personnes handica-pées qui s’autocensurent et ne de-mandentpasd’évolutiondeposte,depeurd’êtrerabrouées.LaSNCF,quia

menéuneétudesur leparcourspro-fessionneldeses4283 salariéshan-dicapés,neconstatepasde« grandedifférence dans les carrières » saufchez les plus âgés qui, du coup, sevoient proposer des formationsspécifiques. Les entreprises ont eneffet aussi leur part de responsabi-lité. « Certains chefs de service sont

réticents à l’idée de voir progresserles personnes handicapées car ilscraignent unebaisse deproductivitéde l’équipe. Ils sont dans le faux carmêmeencasdebaisseponctuelle,etcela reste à démontrer, la présenced’unhandicapéasouventuneffetpo-sitif sur lemoral de l’équipe et sur letauxdeprésencedans le service.Du

coup, laproductivitéaugmente »,ob-serve Charles-Henri Besseyres desHorts,professeuràHECetconseillerscientifique de l’agence Entreprises&Handicap. Selon lui, il faut adapterlessystèmesdemesuredelaperfor-mance desmanagers.Aviva s’apprête ainsi à revoir à labaisse les objectifs des services ac-cueillant des handicapés pour ras-surer les managers. Le Crédit agri-colemisedavantagesurunmaillageserré de cellules handicaps (46 enFrance) pour veiller à leur évolutionprofessionnelle. Tout en lançantun bilan statistique pour connaître« l’appétence à la promotion » destravailleurs handicapés, La Posteapplique déjà un nouveau systèmede promotion : « Le changement dequalification ne passe plus néces-sairement par une mobilité géogra-phique », précise Christine Bargain,la directrice du projet diversité ethandicap du groupe. Sylvie Laidet

D’après leministère du Travail, il n’y aurait que 15000 cadres handicapés dans le privé.

F.D

URAND/S

IPA

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Page 15: HANDICAP NOVEMBRE 2007 SUPP• Sensibilisation théâtraleLe 15 novembre,lessalariésdeConfo-rama assisteront à une pièce de théâtre intitulée Le Petit Fauteuil de Raymond qui

opérationformationPour certains employeurs,la promotion passe parla formation. Chez Legrand, lessalariés handicapés ont droitenmoyenne à 10% d’heuresde formation supplémentaires.Soit 2336 heures en plus en2006. Adia vient de signer uneconvention avec l’Agefiph pourrenforcer la formation de sesintérimaires handicapés : «Nousallons étudier les profils des3000 candidats inscrits et,en fonction de leurs attentes,nous leur financerons uneformation pouvant aller de15 jours à un an et demi selon lesmétiers choisis », détaille YvetteDufour, la responsable du pôleHandicap d’Adia. Enfin, le Créditagricole vient de créer un diplômede niveau bac + 1 d’une durée de14mois pour les handicapés quidébuteront leur carrière commeassistant de clientèle avantd’évoluer vers des postesde conseillers commerciaux.

« Ici, je n’ai pas de traitement de faveur »

Responsable des applicationset analyste de développementà la caisse régionale Ile-de-Francedu Crédit agricole, handicapé visuel.

En quinze ans, quelle a étévotre progression de carrière?J’ai commencé comme analysteprogrammeur et je suis désormaisresponsable des applications des

agences du groupe. Cette promo-tion m’a été proposée, je ne l’aipas demandée. En ce qui concernela rémunération, j’ai toujours étéaugmenté comme les autres.Comment le savez-vous?Nous en parlons ouvertemententre nous. Je peux donc facile-ment apprécier mon niveau desalaire.Avez-vous ressenti une formede discrimination?Non, heureusement les chosesont évolué. Quand j’ai commencéà travailler, j’ai parfois entendudes réflexions du genre : « Qu’ils’estime déjà heureux d’avoir duboulot, pas la peine de lui pro-poser une augmentation. » Ici, jesuis traité à lamême enseigne quemes collègues. Je ne travaille niplus ni moins. Hormis quelquesexceptions et aménagements deposte, je n’ai pas de traitement defaveur.Par exemple?Pour optimiser ma vision surécran, j’ai besoin d’un contraste

maximum donc de peu de lumièredu jour. Pour éviter que mes col-lègues travaillent dans le noir àcause de moi, nous avons installédes paravents qui atténuent la lu-mière du jour sur mon écran sansgêner les autres. Et puis, si je tra-vaille tardivement, on me paie leretour en taxi pour m’éviter dessituations périlleuses. Mais riende plus.Donc, il est possible d’avoirune belle carrière malgréun handicap…Je suis conscient que certainespersonnes handicapées rencon-trent des problèmes dans leurtravail et leur vie personnelle.Par exemple, je connais ici despersonnes atteintes de surditéqui hésitent à se déclarer handi-capées. Elles craignent vraimentpour leur carrière. Je les pousseà le faire car une fois que l’on aaccepté son handicap, on supporteplus facilement l’image que lesgens ont de nous.

Recueilli par Sylvie Laidet

GILLES CIBISCHINO

S.O

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