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 — 67 — Sur la région de Nendaz Montagnards botanistes - Forêts par I. MARIETAN Résumé de la causerie donnée à la réunion de la Murithienne aux Rairelles, le 30 mai 1937 La vallée de Nendaz est différente des autres vallées de la chaîne pennine ; ses caractères particuliers tiennent au fait que la vallée de Bagnes orientée vers le nord-est et celle d'Hérémen- ce et des Dix orientée vers le nord, partent du même point et laissent entre elles un territoire en forme de triangle dont la base, vers la vallée du Rhône, a environ 30 km. depuis Bramois jus qu'à Martigny. Sur ce triangle devait s'établir un réseau hydro graphique particulier : la vallée de Nendaz, longue de 16 km., le val d'Isérables long de 9 km., et le vallon qui domine Saxon ré duit à 4 km. La vallée de Nendaz est donc très courte par rapport à celles de Bagnes et d Hérens, elle ne pénètre pas dans la chaîne des Alpes pennines, mais reste sur sa bordure nord. Son orientation vers le nord lui confère un climat particulier, peu ensoleillé en hiver, avec de faibles précipitations atmosphériques comme dans le Valais central. Flore :  La flore de Nendaz est moins riche que celle des grandes vallées voisines qui ont reçu plus d'éléments du midi. Les botanistes ont négligé l'étude de la flore de Nendaz, soit par ce qu'ils n'espéraient pas y trouver beaucoup d'espèces, soit par ce que l'absence d'hôtels rendait l'exploration de cette vallée  dif- ficile. Parmi les plantes très rares de Nendaz nous citerons le DracoceplvJum austriacum  de Bieudron, seule station valaisanrte

Haute Nendaz Plantes Vieux Savants

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Sur la rgion de NendazMontagnards botanistes - Fortspar I. MARIETAN

Rsum de la causerie donne la runion de la Murithienne aux Rairelles, le 30 mai 1937

La valle de Nendaz est diffrente des autres valles de la chane pennine ; ses caractres particuliers tiennent au fait que la valle de Bagnes oriente vers le nord-est et celle d'Hrmence et des Dix oriente vers le nord, partent du mme point et laissent entre elles un territoire en forme de triangle dont la base, vers la valle du Rhne, a environ 30 km. depuis Bramois jusqu' Martigny. Sur ce triangle devait s'tablir un rseau hydrographique particulier : la valle de Nendaz, longue de 16 km., le val d'Isrables long de 9 km., et le vallon qui domine Saxon rduit 4 km. La valle de Nendaz est donc trs courte par rapport celles de Bagnes et d Hrens, elle ne pntre pas dans la chane des Alpes pennines, mais reste sur sa bordure nord. Son orientation vers le nord lui confre un climat particulier, peu ensoleill en hiver, avec de faibles prcipitations atmosphriques comme dans le Valais central. Flore : La flore de Nendaz est moins riche que celle des grandes valles voisines qui ont reu plus d'lments du midi. Les botanistes ont nglig l'tude de la flore de Nendaz, soit parce qu'ils n'espraient pas y trouver beaucoup d'espces, soit parce que l'absence d'htels rendait l'exploration de cette valle difficile. Parmi les plantes trs rares de Nendaz nous citerons le DracoceplvJum austriacum de Bieudron, seule station valaisanrte avec celle du haut de Cry, sur Ardon. Si les botanistes ont nglig l'tude de la flore de Nendaz, il

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s'est trouv des montagnards de la valle qui s'y sont vivement intresss. Montagnards botanistes : Dans le village de Haute-Nendaz (1255 m.) vivent acluellement trois hommes clibataires, les frres Love : l'an Jean-Barthlemy a 69 ans, le second Jean-Jacques 66 ans et le troisime Maurice 60 ans. Ayant perdu leurs parents de bonne heure, ils ont vcu ensemble pendant 45 ans, travaillant la campagne. En 1914, ils se dirent que le fait de passer leur vie au milieu des plantes sans les connatre tait une anomalie et une lacune. Ils entreprirent alors l'tude des plantes en gnral et plus particulirement des plantes mdicinales. Le premier ouvrage qu'ils se procurrent fut une brochure de F.-O. Wolf sur les plantes mdicinales. Ils se rendirent compte bien vite qu'elle tait insuffisante, et peu peu, ils constiturent une petite bibliothque botanique avec les ouvrages suivants : Fr. Losch : Les plantes mdicinales. Gillet et J. A. Magne : Nouvelle Flore franaise. (1898). Schrter : Flore des Alpes. Dr P. J. L. Lehmann : Plantes, remdes et maladies. (1907). J. Hrail : Trait de matire mdicale pharmacographie. L'acquisition d'une loupe dont ils ressentaient vivement le besoin pour la dtermination des plantes, ft tout un vnement. Un petit dictionnaire des termes techniques, annex la nouvelle flore franaise de Gillet et Magne leur rendit de grands services. Ils se mirent l'tude des plantes et leur dtermination avec une ardeur et une tnacit toute montagnarde. Les* travaux de la campagne ne leur laissant que peu de temps libre, ils utilisaient les dimanches et les soires, surtout les longues veilles d'hiver, pendant lesquelles ils s'assimilaient les gros ouvrages. Ils rencontrrent beaucoup de difficults dans la dtermination des espces, tant livrs leurs propres ressources. Parfois Jean Gaillard, d'Ardon, venait leur secours et leur donnait quelques indications, accueillies avec une trs grande reconnaissance. J. Gaillard tait charron de son tat, il fut membre de la Murithienne, et il connaissait bien les plantes, on lui doit la dcouverte d'espces intressantes dans la valle de la Lizerne. Quelle joie profonde lorsqu'ils arrivaient trouver le nom

69 d'une plante nouvelle ! Jean-Barthlemy nous disait les difficults rencontres pour le Botrichium Lunaria en particulier. Les caractres distinctifs des espces, les endroits o ils les trouvaient, s'inscrivaient dans leur mmoire seulement, ils n'tablirent aucune liste et ne firent pas d'herbier. Ainsi le contrle de leurs dterminations est rendu impossible. Nous avons l'impression qu'elles l aient assez exactes, lis parcoururent peu peu leur valle de Nendaz dans tous les sens et firent mme des excursions plus loin. Pour draciner certaines plantes afin de faire des essais de culture, soit dans un petit jardin aux Mayens, soit dans leur jardin potager du village, ils comprirent qu'un piolet leur serait utile. Ne voulant pas faire les frais d'un piolet ordinaire, ce qui et t contraire la rgle de stricte conomie qu'ils ont toujours suivie, ils firent fabriquer par le forgeron du village deux pioches dans le genre de celles qui sont en usage pour des travaux divers, mais un peu plus petites. Elles ne leur cotrent que 5 francs chacune. Ils firent eux-mmes de longs manches en frne et y adaptrent des pointes mtalliques comme aux piolets. Ces instruments taient trs lourds, mais leurs bras entrans aux pnibles travaux des champs, ne se refusaient pas porter de tels instruments pendant des journes. Dans leur petit jardin des Mayens, ils cultivrent en particulier la Grande Gentiane (G. lutea) dont ils avaient t chercher les graines dans la montagne basse de Saxon. Elle mit 12 ans avant de fleurir. Contre leur maison Haute Nendaz, ils cultivrent un pied de Lavande dans une sorte de rcipient en tuf. Cette plante leur avait t donne par Mme J. J. Mercier Sierre. Elle a prospr pendant une dizaine d'annes mais elle a pri en 1935. Dans leur jardin potager on voit encore plusieurs espces de plantes mdicinales trangres. Il y a l'Anglique (Angelica Archangelica) assez souvent cultive en Suisse autrefois. D'aprs Hegi on ne la trouverait plus aujourd'hui que dans les jardins botaniques et Zermatt (1615 m.) comme plante d'ornement (1919, 1922 Thellung) et chapp des jardins vers la Vige. Plante employe comme stomachique, cordiale, sudorifique, vulnraire et aussi pour se prserver de la peste. Ils cultivent encore Tanacetum Balsamita L. (= Chrysan-

=- 70 themum lialmmHu L. la Menthe de N. D., Menthe romaine, herbe au coq, dans le Bas-Valais feuille de St-Pierre. Cette plante est spontane en Orient : Asie, Armnie, nord de la Perse, subspontane dans les Balares, le sud de l'Italie, la France et l'Espagne. Trs employe dans la mdecine populaire pour des usages nombreux, depuis le Moyen Age jusqu' nos jours. Inula Heleuium L. Grande aune. Plante souvent cultive laquelle on attribue des proprits mdicinales pour les maladies de l'estomac, de la peau et contre les parasites. Glycyrrhiza glabra L. Rglisse. Souvent cultive chez nous. Levisticum officinale Koch. Livche, ache des montagnes. Cultiv jusqu' 2000 in. au Simplon et sur Torbel. Ruta gravcolens, Rue ftide. Cueillie St-Maurice, ils la cultivrent Vtroz, puis Haute Nendaz. Ils cultivrent encore la Menthe crpue et le Raifort A Vtroz, dans leurs vignes, ils transplantrent la Sauge officinale. Entre Fez et Nendaz, ils introduisirent Scolopendrium vulgare, provenant des gorges de Saillon. Parmi les plantes qu'ils ont observes nous signalerons les suivantes qui constituent des stations non indiques dans le Catalogue de Jaccard : Allium ursinum l'alpe de Sachire dans le vallon d'isrables : Mulgedium alpinum au-dessus des1 Rairettes ; Listera cordata sur Haute Nendaz et sur le Bleusy ; Aconitum paniculatum Planchouet sur les deux versants de la valle ; Menyanthes trifoliata observ dans un tang au-dessus des Rairettes d'o il a disparu actuellement. Ils l'ont galement observ Tortin et Esserze o il avait t signal par Rion ; Digitalis lutea sur le bisse de Vex, dans les rochers, prs; du torrent dans la combe de Verreys (1500 m.). Pyrola uniflora sur les Rairettes ; Pyrola Rotundifolia dans les bois sur Haute-Nendaz ; sur les moyens de Zofleu ; Pyrola minor jusqu' Siviez ; Calamintha officinalis. Haute-iNendaz et au-dessus de Verreys. Dentaria digitata. Haute Nendaz, prise du bisse de dessous sur Saclens ; Gentiana tenella Tortin ; Lycopodium clavatum sur Haute Nendaz dans les forts suprieures ; Rhododendron ferrugineum fleurs blanches, Tortin : deux colonies dont l'une a les fleurs plus petites ; Marrubium vulgare Brignon ; Campanula cenisia Tortin ; Hyssopus officinalis Beuson. Ils signalent encore pour Nendaz : Lrythraea Centaurium, Anemone nemorosa, Con-

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ualUiria majalis, Asperula odorata, Polggonatum officiate, iMthyms oernus, Ceterach officinarum, Aqnilegia alpina.

multiflorum et Phaca frigida,

Les frres Loye habitent l'tage infrieur d'une maison en bois, construite en 1814. Elle a conserv tous ses caractres primitifs : la chambre est sombre parce que les trois fentres sont petites et parce que le bois est devenu d'un brun trs fonc, noirci encore par la fume- Un grand lit, deux bahuts, une table, c'est la grande simplicit, tout comme en 1814 l'poque o elle a t btie. Les frres Loye s'intressent aussi l'histoire de leur village et de leur famille. Ils conservent prcieusement de vieux documents. Pour arriver lire certains parchemins crits en latin, Jean Barthlmy me montra une grammaire latine Leclair, qu'il s'tait procure il y a deux ans et qu'il tudiait avec persvrance. Faut-il avoir du courage pour commencer l'tude du latin tout seul 67 ans ! Ils ont russi tablir la gnalogie de leur famille en remontant dans le pass environ trois sicles, le plus ancien document date de 1681. Ce got pour l'tude et en particulier pour l'tude des plantes, chez de simples montagnards, nous rappelle les Thomas des Devens sur Bex, qui ont beaucoup parcouru la valle du Rhne et les montagnes voisines, au temps de Murith, pour connatre notre flore. Si les Loye avaient eu comme eux des botanistes! pour les guider, ils eussent fait certainement du bon travail scientifique. Nous pensons qu'il n'est pas sans intrt pour l'histoire de la botanique en Valais, de signaler les efforts de ces braves et modestes montagnards. La botanique applique constitue la ressource fondamentale de la population Les prairies et les alpages fournissent la nour riture du btail. Les arbres taills pour la feuille en vue de fournir un supplment de nourriture pour le btail sont en voie de disparition, on utilise encore les feuilles de Frnes. La nourriture humain est fournie par le bl et le seigle, puis par les pommes de terre. Les jardins localiss sur les terrains plus humides donnent les lgumes. Les rcentes plantations d'arbres fruitiers indiquent qu'on suit Nendaz, le courant gnral qui pcu&se les Valaisans vers l'arboriculture. La vigne ne se trouve que sur une surface restreinte au-dessous de Basse-

72 Nendaz ; beaucoup possdent des vignes Vtroz, o ils se rendent pour les travailler, sans que la famille se dplace. Le transport du raisin dans des sacs en cuir chargs sur des Mulets est encore trs en honneur. La culture des plantes textiles a peu prs disparu. Forts. La commune de Nendaz possde 1457 ha. de forts. L'utilisation du bois soit pour les constructions, soit pour le chauffage et la prparation des aliments joue un grand rle. La faon dont les habitants; de Nendaz ont envisag l'importance pratique de leurs forts a subi une telle volution depuis environ un sicle qu'il nous parat intressant de donner un aperu historique de cette question, d'aprs un rapport tabli par Fins pecteur forestier A. de Werra sur les donnes du forestier de triage Pierre Lathion. Ce rapport nous a t communiqu par son fils, forestier actuel auquel nous exprimons notre reconnaissance. 1812-1815. Rgime franais. Avant 1812, les coupes et l'exercice du parcours dans les forts communales n'taient soumis aucune rgle Sous le rgime franais (Dpartement du Simplon), coupes et parcours furent rglements ; la police des forts tait exerce par des agents en uniforme, les contraventions importantes taient punies de l'emprisonnement ou de l'enrlement forc dans les armes de Napolon. Lors de la poursuite travers le canton des armes franaises par les Autrichiens, ceux-ci exigrent des communes la livraison de btail pour l'entretien des troupes. La commune de Nendaz paya ce btail diffrents particuliers par la cession de forts communales (Mayen Bornet Julien Planchouet-Mayen, Verrey, Zofloz, etc.). En 1814, un incendie dtruisit Basse Nendaz 60 btiments, Napolon qui se trouvait en Russie (retraite de Moscou) eut connaissance de ce malheur, et, par un dcret sign de sa main, accorda un subside de 12,000 fr. (grosse somme pour l'poque) rpartir entre les plus ncessiteux des sinistrs. (Le dcret se trouve aux archives de la commune). 1815-1830. En 1815, la Dite valaisanne prenant exemple sur les lois franaises dcida la constitution de forts ban pour les1 cas d'incendies de villages.

73 Les forts de Nendaz furent divises en 3 tiers et les gens de chaque tiers dsignrent une fort ban. Dans les autres forts toutes les restrictions du rgime franais concernant cou pes et parcours taient leves. Quantit de mayens se sont alors agrandis au dtriment de la fort et le parcours des bergeries causa de grands ravages. Les forts proximit des villages taient exploites avec intensit, celles qui taient loignes restaient peu prs des forts vierges. 1840-1850 ^Charbonnires et flottages : Dans les annes 1840-50, des trangers, Tyroliens pour la plupart, achetrent dans diffrentes communes les bois des forts des hautes rgions, ces forts contenaient des arbres aux dimensions normes. La vente comprenait en gnral toutes les plantes de plus de 15 cm. de diam. et se faisait des prix drisoires (demi batz soit 7,5 centimes la toisej. Certains propritaires payaient mme les bcherons pour qu'ils les dbarrassent des gros arbres qui encombraient leurs Mayens . L'alpage de Novelli a donn ces exploiteurs de beaux fromages pour qu'ils extirpent des pturages les Aroles de 60 cm. i! un m. de diamtre qui s'y trouvaient. De grandes coupes presque rases ont ainsi t faites dans les forts communales de Favouet-Louet sur Fey, Lavantier suprieur, Dussin. L'alpe de Combyre a vendu pour environ 800 fr, (rpartis aux ayant-droit raison de 2,5 fr. par cuillere) au choix des acqureurs tous les bois situs sur ses territoires. La coupe a produit 10,000 toises. Ces bois taient emports par flottage surtout. Ou bien transforms en charbon sur place (travail dont s'occupaient surtout des Valdolains). Le charbon tait transport avec des traneaux Les emplacements des charbonnires et des chemins sont encore visibles. Beaucoup de bois taient employs pour la fabrication de la chaux en fort. On comptait 3 400 billons soit 70 100 m3 par fourne. Les mlzes taient perfors en grand nombre la base pour la rcolte de la rsine (trbenthine). Vers 1840 des ouvriers boisseliers s'installrent en forts dans les Lavantiers sup. et, pendant plusieurs annes, fabriqu-

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rent avec du bois d'Arole, des ustensiles de laiterie. Cette industrie prit fin avec les coupes rases des Tyroliens. Les forts particulires taient encore peuples de vieux bois jusqu' la construction des G. F. F., poque laquelle les Mlzes furent exploits par milliers pour la fabrication de traverses et des prix drisoires (4 5 fr. par plante de 4 5 m3). 1850-1880. Emue par ces dboisements, la Dite, en 1851, dicta la premire loi forestire. Cette loi, trs large, ne rglait que la question des martelages. Ceux-ci taient oprs par des gardes -forestier sans aucune formation, nommsi par les communes, ils martelaient les bois sains, de belle venue dans les forts rapproches et en quantit illimite, au gr des consignataires. C'tait en ralit une slection rebours. Les bois se payaient raison de 0,50 fr. par petite plante et 1 fr. par grande plante pour toutes les forts. Ds 1882 les bois se vendirent au m3 et les prix augmentrent. Incendies de forts : En 1821, un incendie allum par des chasseurs qui voulaient enfumer un ours dans sa tanire, au sommet de la fort de Vernaz, ravagea totalement les vieilles futaies de Achouet, Vernaz, Orphelinat, du torrent de Zachaz au torrent Ronture. Au total 85 ha. Ces forts recules paraissaient de si peu de valeur que, pendant 15 jours que dura l'incendie, personne ne s'occupa de l'teindre. Une quipe d'hommes de Beuson et Brignon s'employa protger les chalets des mayens des environs. Pour mettre profit les cendres, on sema dans les parties les moins rocheuses, 50 fichelins (100 mesures) de seigle. Com me hersage > on fit parcourir la surface ensemence par les < bergeries du tiers de la Majorie. La rcolte fut bonne (1500 mesures). En 1844, un incendie clata dans les forts vierges de Zofloz et des Troncs et dtruisit 50 ha. Toute la population se rendit sur les lieux pour lutter contre le flau, on ouvrit des tranches dans la partie suprieure. En 1921, un incendie dtruisit 10 ha. dans la fort Orphelinat. La lutte intense intreprise empcha un plus grand dsastre. Epoque actuelle : Les forts sont actuellement apprcies leur juste \aleur. Leur surface est mesure : 1175 ha. plus 278 ha. de taillis pour Nendaz.

75 Le dnombrement des arbres a t fait peu prs compltement : soit le 66 %. Le rsultat a t le suivant : 331,465 plantes avec un cube de 165,269 m3. La proportion des diffrentes essences s'tablit comme suit : Epicas : 83 %., 274,535 plantes ; Mlzes 17 %, 56,535 plantes ; Pin sylvestre : en faible quantit dans les expositions ouest ; Aroles : en asse?. faible quantit vers les limites suprieures. Possibilit calcule 2800 m3D'importantes amliorations ont t entreprises : on a fait des. reboisements, 170,000 pieds en 1930 ; on a tabli des chemins ; le parcours du btail a t interdit dans toutes les forts communales : on ne permet plus de ramasser la litire sauf dans de rares exceptions. Ainsi les forts de Nendaz nous ple de l'volution des ides au sujet lativement trs court, soit un sicle. ge une grande leon : ne gaspillons donne la nature. donnent un excellent exemde la fort en un temps reDe cette volution se dgapas les ressources que nous

Faune : Lu faune des Vertbrs de la valle de Nendaz a t trs appauvrie par le braconnage et la chasse exagre. Le district franc fdral du Pleureur atteint le sommet du vallon d Cleuson. Signalons le Chamois au Mt Gond, la Dent de Nendaz, sur Ballavaux et au Grand Dsert. Le Chevreuil sous la Dent de Nendaz, sous Combire, jusqu' Thyon ; c'est sa limite en remontant la valle du Rhne. Le Renard et le Blaireau sont communs. Les Marmottes se maintiennent avec peine Cleuson, Tortin, Siviez, Ballavaux. La Gelinotte se trouve aux Mayens des Giettes, vers le lac d'Ouchet, le petit Coq de Bruyre sous la Dent de Nendaz, la Perdrix de.* neiges au pied du Mont Gond et au Grand Dsert. Il y a des Vipres Tortin et la Couleuvre d'Esculape sur la crte ensoleille vers la chapelle de St-Sbastien. Ethnographie : La commune de Nendaz s'tend sur toute la valle depuis 486 m. jusqu' 3348 m. Elle comprend les villages d'Aproz en plaine, sur le cne d'alluvions de la Prinze, Fey l'ouest sur le versant de la valle du Rhne, Brignon et Beuson dans des combes abrites, Basse-Nendaz, le village principal, Haute Nendaz sur le mme versant, Saclens au fond de la valle, Glbes sur une moraine et Verrey au-dessus 1466 mtres. .

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La population tait de 3046 en 1930. La Prinze tant alimente par des glaciers est favorable pour l'irrigation. De nombreux bisses utilisent son eau ; sur la rive droite, le principal est celui des Mayens de Sion ; sur la rive gauche, le plus important est le bisse de Saxon construit de 1864 1886. Sa le ngeur est d'une trentaine de km. Il est destin arroser la rgion de Saxon lorsque les neiges de la Pierre Voir ont disparu. Sa rparation avant la mise en charge demande le travail d'une centaine d'ouvriers pendant une quinzaine de jours ; sa surveillance exige la prsence continue de plusieurs gardiensL'un d'eux habite sur Haute Nendaz, dans une maisonnette difie sur le bisse mme. L'eau actionne un marteau avertisseur qui frappe sur une planchette raison de 24 coups par minute ; on l'entend de trs loin. Par la collaboration qu'ils demandent comme par les conflits qu'ils dterminent, les bisses jouent un rle conomique et social trs important. Citons encore un fait d'volution dans les moyens d'utilisa tion de l'eau pour l'abreuvage du btail l'alpage de Ballavaux sur Isrables o l'eau est trs rare. Dans une combe vers 1900 m., il y a quelques sources de faible dbit. Pour utiliser cette euu et surtout pour la conserver on a tabli toute une srie de troncs de Ml/es vids. 11 y en a 31 superposs assez irrgulirement parce qu'on s'est adapt aux conditions du terrain. Ces bassins atteignent jusqu' 9 m. de longueur. L'eau s'coule de l'un l'autre par des chenaux formes par des troncs plus petits vids. L'ensemble forme un rservoir d'une certaine importance, mais les pertes taient certainement assez leves : outre l'vaporation il y a de l'eau qui s'infiltre d'un bassin l'autre, les chenaux tant installes d'une faon assez dfectueuse. Tous ces bassins permettaient de nombreuses pices de btail d'tancher leur soif en mme temps, ce qui est un avantage. Nulle part en Valais nous ne connaissons un semblable dispositif de bassins. Ce systme a t abandonn il y a quelque temps pour faire place une amene d'eau, sans doute parce qu'elle manquait dans la combe. On s'est heureusement inspir de l'ancien systme pour les bassins devant recevoir l'eau. Au lieu de faire des bassins en ciment on a continu utiliser des troncs de Mlzes

77 vids, mais on les a placs dans le sens de leur longueur^ l'eau s'coulant de l'un l'autre. Il y en a 5 atteignant jusqu' 10 m. de longueur. Un dispositif semblable existe dans un alpage audessus de St-Luc o il y a une dizaine de troncs ainsi disposs. Nous signalons ce fait d'volution dans les moyens d'utilisation de l'eau pour son originalit et pour montrer qu'on peut rester dans le cadre des moyens que nous offre la montagne sans faire appel aux systmes utiliss dans les rgions industrialises. L'alpage de Ballavaux est remarquable par ses Mlzes disperss sur le pturage : ils sont trs nombreux, trs gs pour la plupart et atteignent des dimensions gigantesques. Leur forme tourmente cause de la lutte qu'ils ont soutenir contre les lments hostiles, rappelle celle des Aroles de haute montagne. Nulle part en Valais, nous n'avons vu une telle quantit de Mlzes aussi grands, aussi gs et aussi expressifs de la zone de lutte des arbres isols de la montagne. La population de Nendaz subit actuellement une volution intense. La route qui relie la valle Sion, avec sies ramifications dans les villages, facilite la pntration des influences extrieures de modernisation. A Basse Nendaz, en particulier, les maisons voulant imiter celles des villes surgissent partout, bousculant les vieilles constructions en bois. Au-dessus du village, les maisons isoles se multiplient jusqu' Haute Nendaz. Systme nouveau, abandonnant la tradition des maisons groupes en villages.