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$ 9 . 95 1 8 2 méthodes audacieuses pour piquer la curiosité de vos élèves en redonnant vie à l’histoire. Récompenser le risque : Pourquoi vous devez prendre des risques en classe. Guérir grâce à l’histoire : Les survivants des pensionnats autochtones racontent leur histoire. 10 Anne Tenning Enseignante belles excursions pour vos élèves. En kiosque jusqu’au 31 mars 2010 histoirecanada.ca Une publication spéciale de la Société d’histoire du Canada NUMÉRO SPÉCIAL INTERACTIF

Histoire Canada: innover en classe

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Histoire Canada : Innover en classe est un numéro interactif. Vous pouvez cliquer sur les images et les mots en caractères gras pour accéder à des sites Web, à des plans de leçons et bien plus!

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Page 1: Histoire Canada: innover en classe

$9.95

182 méthodes audacieuses pour piquer la curiosité de vos élèves en redonnant vie à l’histoire.

Récompenser le risque : Pourquoi vous devez prendre des risques en classe.

Guérir grâce à l’histoire :Les survivants des pensionnats autochtones racontent leur histoire.

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Anne Tenning Enseignante

belles excursions pour vos élèves.

En kiosque jusqu’au 31 mars 2010

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Une publication spéciale de la Société d’histoire du Canada

NUMÉRO SPÉCIAL INTERACTIF

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DÈS NOVEMBRE 2009 Le livre cadeau de la saison

Précommandez votre exemplaire dès aujourd’hui au téléphone au 1 888 816-0997 ou en ligne à societehistoire.ca. Le produit de la vente de chaque livre contribuera à financer les activités de la Société d’histoire du Canada.

NOTE : cet ouvrage n’est offert qu’en anglais.

Page 3: Histoire Canada: innover en classe

Deborah Morrison Éditrice, présidente- directrice générale Joel Ralph Rédacteur Mark Reid Rédacteur en chef Nelle Oosterom Rédactrice en chef adjointe James Gillespie Directeur artistique Phil Koch Rédacteur Beverley Tallon Recherchiste Tanja Hütter Webmestre Stephanie Barker Rédactrice (Édition français) Marie-Catherine Gagné Traductrice Linda Miller Traductrice Vicky Lapointe Consultante en recherche

PO Box 56060 Portage Place RPO, Winnipeg, Manitoba R3B 0G9 Canada

Téléphone: (204) 988-9300 Télécopieur: (204) 988-9309

Courriel: editors@ historysociety.ca Site Internet: historysociety.ca

©Copyright 2008 Société nationale d’histoire du Canada. Le contenu du magazine ne peut être reproduit sans

autorisation écrite.

ISSN 0005-7517

Tarifs d’abonnement annuel pour Le Beaver (6 numéros en anglais seulement) Canada : 32,95 $ (taxes incluses).

Résidents du Manitoba, de Terre-Neuve, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse : ajouter 2,18$ pour un

abonnement annuel. États-Unis : ajouter 10$ pour un abonnement annuel.

Autres pays : ajouter 18$ pour un abonnement annuel.Prix à l’unité pour ce numéro: 9,95$

Si vous désirez vous abonner par téléphone, télécopieur, courriel ou par notre site Internet : TheBeaver.ca

Numéro d’entreprise : 13868 1408 RT

Ventes publicitaires – Brian StendelTéléphone : 416 630-4274 Télécopieur : 416 630-8557

Courriel : [email protected]

Receveur des postes au Canada : Retourner tout courrier ne pouvant être livré à : The Beaver 167, Lombard Avenue,

bureau 478, Winnipeg (Manitoba) R3B 0T6 Canada

US postmaster : Send address changes to :The Beaver UPS Supply Chain Solutions, C.P. 369,

Pembina, North Dakota 58271

Frais postaux payés à Winnipeg.

Numéro septembre 2009

Imprimé au Canada sur papier recyclé

Numéro hors série publié par la Société d’histoire du Canada

Ce projet reçu l’aide financière partielle du Programme des études canadiennes, Ministère du Patrimoine canadien. Les opinions

exprimées n’engagent pas le Gouvernement du Canada.

’est la leçon que retient la Société d’histoire du Canada des quatorze années d’existence des Prix du Gouverneur général pour l’excellence en enseigne-

ment de l’histoire canadienne. Chaque année, nous rencon-trons des enseignants dont le travail en classe, la passion de l’enseignement et l’amour de l’histoire nous inspirent. C’est pourquoi nous sommes impatients de partager avec vous leurs idées et méthodes, qui contribueront sans aucun doute

à former la prochaine génération de professeurs d’histoire. En fait, ces enseignants ont in-cité la Société d’histoire à faire preuve de courage, à sa façon. Histoire Canada : Innover en classe est un magazine interactif. À partir de notre version numérisée, que vous trouverez sur www.histoirecanada.ca/innover, vous pouvez cliquer sur les images et le texte, les publicités et les logos. Chaque lien vous renvoie à une information additionnelle sur des sujets qui vous intéressent. Dans le magazine, vous trouverez des mots en gras, comme les liens sur un site Web. Vous pouvez alors cliquer sur chacun de ces liens pour accéder à un site Web, un plan de leçon ou une ressource sur notre site Web. Nous vous invitons à nous lire et à venir nous voir en ligne pour nous faire part de vos réalisations. C’est un grand moment pour le monde de l’enseignement et de l’édition. Allez, foncez!

n parle souvent de moments « propices à l’ensei-gnement », des occasions uniques qui nous don-nent l’occasion de préparer les élèves à la vie hors de

la salle de classe. Ce magazine est un peu comme un de ces « moments propices à l’enseignement », version 21e siècle. Histoire Canada : Innover en classe est un guide pratique, in-formatif et divertissant destiné à tous les enseignants qui cherchent des façons d’intéresser leurs élèves à l’histoire. Ré-

digés par des enseignants primés et des experts de l’éducation, les articles proposent aux lecteurs d’innombrables conseils, ressources et liens Internet qui contribueront à stimuler vos élèves, à lancer des discussions et surtout, à redonner vie au passé de notre nation. Comment amener vos élèves à adopter une pensée historique? Peut-on recourir à la contro-verse pour enseigner l’histoire contemporaine? Comment intéresser les élèves à l’histoire des pensionnats autochtones? Qu’enseignait-on en temps de guerre? Comment utiliser les technologies pour transformer votre enseignement? Ce sont toutes de bonnes questions, auxquelles vous trouverez réponse dans ces pages. Enseigner l’histoire du Canada n’est pas facile en cette époque dominée par des technologies en évolution rapide et par de nouveaux outils, comme Facebook et Twitter. Plus que toute autre génération, les élèves d’aujourd’hui sont branchés aux nouvelles technologies. Afin de les rejoindre, il faut parler leur langue. Il faut ouvrir nos esprits et notre enseignement aux nouvelles technologies et aux nouvelles méthodes d’enseignement. Comme le dit Joe Stafford dans son article intitulé « Récom-penser le risque », l’avenir est aux professeurs qui prennent des chances en classe!

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Soyez ambitieux!

Joel Ralph, éditeur [email protected]

Mark Reid, é[email protected]

Cert no. SW-COC-000952

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 4: Histoire Canada: innover en classe

Histoire Canada : Innover en classe est un numéro interactif. Visitez histoirecanada.ca/innover pour accédez à notre magazine en ligne. Vous pouvez cliquer sur les images et les mots en caractères gras pour accéder à des sites Web, à des plans de leçons et bien plus!

Les images accompagnées de ce symbole sont interactives.

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 5: Histoire Canada: innover en classe

SommaireRéflexion sur le passé PAR PETER SEIXAS 16Six conseils pour aider les élèves à recourir à la pensée historique.

Grands débats PAR CATHRINE DUQUETTE 24Comment la controverse peut susciter l’intérêt des élèves à l’égard de l’histoire.

L’Etincelle de curiosite PAR ERIC LANGHORST 30Comment piquer la curiosité de vos élèves grâce aux technologies.

Histoire en marche PAR ANNE TENNING 36Les histoires des survivants des pensionnats autochtones sont de puissants outils d’enseignement pour les enseignants et les élèves.

Creuser l’histoire PAR ROSE FINE-MEYER 41L’histoire dans votre cour? Les élèves découvrent le passé dans leur habitat naturel.

Souvenir PAR BLAKE SEWARD 45Des élèves racontent les histoires de soldats morts au combat.

ChroniquesDossier enseignement 6 Une section consacrée aux pratiques exemplaires en enseignement de l’histoire.

Courants 9 Défendre le Canada. Des prix d’histoire qui voient grand. Établir des liens en histoire.

Votre histoire 14 Quoi enseigner lorsque la guerre éclate?

Histoire vécue 48 Prenez des chances en classe. Vous pourriez être surpris!

Escapades 50 Dix belles excursions au Canada.

Guide-ressources 54 Une foule de liens vers les meilleures ressources en histoire.

Album 62 Creuser un garde-feu.

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 6: Histoire Canada: innover en classe

Deborah Morrison parle avec John Ralston Saul et Peter Seixas.

qu’une impressionnante collection de documents, transférée aux archives de la province. Grâce aux économies d’impôt découlant de ces dons, la Compagnie a mis sur pied la Fondation d’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson afin de verser un finance-ment permanent dédié au maintien de ces collections, ainsi qu’à cette populaire société d’histoire qui, entre autres, continue de publier The Beaver: Canada’s History Magazine — le deuxième plus vieux magazine du pays, après Maclean’s.

Depuis 1994, la Société d’histoire Canada a lancé plusieurs projets de son cru pour élargir son public et concrétiser sa mission,

Une première dans le monde de l’éducation Un numéro spécial entièrement consacré aux pratiques exemplaires en enseignement de l’histoire. Par Deborah Morrison

ienvenue au premier numéro de Histoire Canada: In-nover en classe; une publication spéciale de la Société Histoire Canada!

Nous racontons les histoires du Canada depuis 1920, l’année où notre publication phare, The Beaver, a été distribuée pour la première fois par la Compagnie de la Baie d’Hudson. La Société a elle-même été fondée par la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1994, dans la foulée des nombreux dons de la Compagnie à la province du Manitoba. Parmi ces cadeaux, no-tons des artéfacts qui ont été légués au musée du Manitoba, ainsi

B

DOSSIER ENSEIGNEMENT6

Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 7: Histoire Canada: innover en classe

qui est de susciter un plus grand intérêt pour l’histoire du Canada. La Société d’histoire Canada a jusqu’à maintenant mis principalement l’accent sur les Canadiens, à la maison et au sein de leur communauté. Au fil des ans, nous avons appuyé des sociétés d’histoire régionales et provinciales en organisant des conférences sur le perfectionnement professionnel, en versant des subventions pour des projets locaux et en formant un programme de partenariats qui fait la promotion de leurs activités, en échange de rabais et d’offres spéciales pour les membres de la Société d’histoire Canada.

Le magazine The Beaver est une publication phare. Elle compte un peu moins de 50 000 abonnés et rejoint plus de 350 000 lecteurs. Forts du succès du Beaver en 2004, nous avons commencé à publier Kayak : Navigue dans l’histoire du Canada. Cette revue illustrée, qui vise les jeunes âgés de 7 à 12 ans, est publiée quatre fois par année. En anglais, elle est disponible par abonnement, et en français, elle est distribuée dans le cadre d’un partenariat avec Les Débrouillards, un magazine scientifique populaire destiné aux enfants.

De plus en plus, les enseignants nous font part de l’utilité de ces deux magazines en tant que ressources à utiliser en classe et comme source d’inspiration pour élaborer des plans de leçons innovateurs. L’évolution de l’Internet nous a permis de répondre à leurs suggestions. Nous leur transmettons maintenant des bulletins bimensuels qui mettent en valeur les articles reliés au programme d’études qui paraissent dans le numéro le plus récent. En 2010, nous créerons un tout nouveau site Web permettant de former une communauté d’enseignants en ligne et d’ouvrir un guichet unique à partir duquel ils pourront accéder à des stratégies d’enseignement et à d’autres sources issues du milieu universitaire et communautaire.

La Société d’histoire Canada sait depuis longtemps que pour bon nombre d’entre nous, l’intérêt pour l’histoire est né à l’école. Une des premières initiatives de notre organisation a été de créer un programme de reconnaissance national pour les enseignants. Nous avons tous en mémoire un professeur dont l’enthousiasme et l’approche ont complètement changé notre façon de voir une matière en particulier.

Notre objectif, avec le Prix du Gouverneur général pour l’excellence en enseignement de l’histoire canadienne, était d’honorer ces enseignants exemplaires dans le domaine de l’histoire et des sciences humaines, non seulement pour les récompenser, mais aussi pour faire profiter les autres de leurs stratégies et approches. Notre premier récipiendaire du prix, Charles Hou, estime qu’il a enseigné à plus de 6 000 élèves au cours de sa carrière. Je suis toujours surprise par l’ampleur de ce chiffre, et je ne peux m’empêcher de penser à l’influence qu’exercent ces enseignants sur nos jeunes.

Au fil des ans, nous avons récompensé plus de 200 enseignants dans le cadre du programme, et des milliers d’autres ont soumis leur candidature. Les enseignants saisissent bien l’importance de leur rôle. Mais nous savons également qu’ils font face à des défis pour prouver la pertinence de l’histoire et trouver des ressources appropriées qui font appel aux médias que nos jeunes emploient au quotidien.

Ce numéro spécial fait partie de nos efforts pour aider les enseignants à relever certains de ces défis, et leur fournir une aide. Trop souvent, ce sont les critiques qui les attendent hors des murs de l’école.

Et nous ne sommes pas les seuls à leur venir en aide. Ce projet a bénéficié du généreux soutien du Programme des études canadiennes du ministère du Patrimoine canadien et des annonceurs figurant dans ce magazine. Que vous lisiez ce numéro sur papier ou en ligne, nous vous invitons à nous faire part de vos commentaires sur notre site Web, et à vous joindre à la communauté que ce numéro a pour but de créer. Ensemble, nous pouvons rendre l’enseignement de l’histoire amusant et stimulant, pour le plus grand bénéfice de vos élèves.

Une première dans le monde de l’éducation Un numéro spécial entièrement consacré aux pratiques exemplaires en enseignement de l’histoire. Par Deborah Morrison

Société d’histoire du Canada

Éditrice d’Histoire Canada: Innover en classe, du magazine

d’histoire The Beaver et de Kayak : Navigue dans l’histoire

du Canada

Deborah Morrison, présidente et directrice générale

Linda Onofreychuk, adjointe administrative

Patricia Gerow, gestionnaire des finances et de l’administration

Danielle Chartier, coordonnatrice du marketing

Tanja Hütter, éditrice Web

Pat Hanney, représentante des services en ligne

Joel Ralph, gestionnaire des programmes de

sensibilisation et d’éducation

James Gillespie, graphiste

Fondée en 1994 pour populariser l’histoire du Canada,

la Société d’histoire du Canada compte de

nombreuses cordes à son arc :

Histoire Canada–Innover en classe, The Beaver, Kayak,

le Prix du Gouverneur général pour l’excellence en enseignement

de l’histoire, qui vise à souligner le travail des meilleurs profes-

seurs d’histoire du pays, et le Prix Pierre Berton, remis à ceux et

celles qui font connaître notre histoire à un plus vaste public.

Conseil d’administration :

*Charlotte Gray, présidente, Ottawa

*James Baillie, Toronto

*Margaret Conrad, Fredericton

*Paul Jones, Toronto

Jacques Lacoursière, Beauport (Québec)

Gillian Manning, Toronto

Don Newman, Ottawa

Richard W. Pound, Montréal

H. Sanford Riley, Winnipeg

David Ross, Toronto

*Brian Young, Montréal

*Comité des publications

Conseil consultatif :

E. James Arnett, Toronto

Charlie Baillie, Toronto

Elsa Franklin, Toronto

Peter C. Newman, Vancouver

L’Honorable Duff Roblin, Winnipeg

Thomas H.B. Symons, Peterborough (Ontario)

Jane Urquhart, Stratford (Ontario)

Rolph Huband, éditeur émérite

Joseph E. Martin, président émérite

Rolph Huband, Publisher Emeritus

Joseph E. Martin, President Emeritus

Le Beaver a été fondé en 1920 par la Compagnie de la Baie

d’Hudson, dont l’engagement envers la Société d’histoire et

ses programmes se poursuit encore aujourd’hui grâce à sa

Fondation d’histoire.

7

Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 8: Histoire Canada: innover en classe

Ressources

pédagogiques

gratuites

Bulletins gratuits

Abonnez-vous au magazine d’histoire du Canada et découvrez le passé fascinant de notre pays!Une année complète (6 numéros) pour aussi peu que 26,95 $Abonnez-vous dès maintenant! En ligne à historysociety.ca/09BEDUAu téléphone au 1 888 816-0997Ou en nous envoyant la carte d’abonnement par la poste

Également

disponible

en version

numérisée

Économisez plus de 42%sur le prix en kiosque!

Page 9: Histoire Canada: innover en classe

13 avril Pour souligner le début, en 1808, de la carrière de George Provost à titre de lieutenant-gouverneur de la Nouvelle Écosse; ce dernier a favorisé l’adoption de lois sur l’éducation en vue d’ouvrir des écoles et a lutté pour le respect des droits à l’éducation dans toute la province. Devancez la semaine de relâche!

Des élèves à la défense du Nord20, ajoute « la Russie a tort de pénétrer dans notre espace aérien. »

Plusieurs pays, y compris la Russie et le Canada, revendiquent diverses parties de l’Arctique dans l’espoir de prendre possession des immenses gisements de pétrole et de gaz, enfouis sous le plancher océanique.

L’enseignant Paul Yanchus affirme que le moment de la manifestation était idéal : juste à temps pour inaugurer son cours sur le nationalisme et le Nord. Dans ce cours, les élèves explorent les revendications territoriales et les traités qui touchent le Nord.

M. Yanchus est ravi de voir que ses élèves ont un tel intérêt pour la souveraineté dans l’Arctique.

« Tous les élèves du Nord devraient garder un œil sur l’Arctique, sur ses ressources et son environnement; ils devraient également s’impliquer dans les dossiers politiques, surtout ceux qui concernent la souveraineté, affirme M. Yanchus. Je suis convaincu que le gouvernement du Canada et ses peuples autochtones sont les mieux placés pour prendre soin de cette terre exceptionnelle. »

— Le personnel

Les élèves du Nord sont directement concernés par la souveraineté de l’Arctique orsque les élèves de l’école Mangilaluk ont ouvert leur cahier sur une nouvelle leçon intitulée Le nationalisme et le Nord, ils ne croyaient pas devenir des acteurs d’un véritable

conflit au sujet de la souveraineté de l’Arctique. Le printemps dernier, des élèves de 11e année de

Tuktoyaktuk se sont retrouvés sur une route de glace, en plein sur la mer de Beaufort, afin de protester contre les intrusions aériennes de chasseurs-bombardiers russes dans l’espace aérien canadien. Troquant la chaleur de la classe pour le froid glacial des grands espaces, les élèves ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans, tels que « Dehors les Russes! »

Dolly Loreen, une étudiante de 11e année, affirme « Je m’en fous que les Russes survolent notre pays, dans la mesure où ils ne font aucun dommage et qu’ils ne polluent pas. En même temps, je crois qu’ils devraient demander notre permission pour voler ici : est-ce qu’on ne devrait pas faire la même chose si on survolait la Russie? »

Carey Blake, un autre étudiant du cours de sciences humaines

L

CourantsJAM

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 10: Histoire Canada: innover en classe

4 maiPour souligner ce jour de 1639 où Marie de l’Incarnation et d’autres Ursulines ont mis les voiles en direction de la Nouvelle France; trois ans plus tard, elles ouvraient une école pour jeunes filles. Préparez votre sac d’école.

17 août Pour célébrer l’arrivée du missionnaire jésuite Jean de Quen à Québec en 1635; ce dernier enseigna le français aux jeunes garçons amérindiens à la petite école – la première école primaire en Amérique du Nord. Debout les braves!

CourantsL’art prend l’autobus!Des prix

d’histoire qui voient grand

es nouveaux prix d’histoire du Canada seront remis en novembre à Rideau Hall, à Ottawa. Le Prix du Gou-verneur général pour l’excellence en enseignement de

l’histoire canadienne est remis chaque année à six des meil-leurs enseignants du pays et, pour la première fois, ce prix sera accompagné d’une série d’autres honneurs.

« Nous nous sommes inspirés des élèves à qui ces professeurs enseignent l’histoire pour élargir la portée de ces prix, afin d’accorder plus d’attention aux réalisations de tous les intervenants dans le domaine de l’histoire », affirme Deborah Morrison, présidente et directrice générale de la Société d’histoire du Canada, qui organise la remise des prix aux enseignants.

La Société d’histoire du Canada remettra en même temps son Prix Pierre Berton annuel pour souligner les réalisations de ceux et celles qui font connaître l’histoire du Canada à un plus vaste public.

Également, la Société historique du Canada remettra son prix Sir John A. Macdonald aux meilleurs ouvrages sur l’histoire du Canada; les gagnants du concours Begbie pour les élèves des écoles publiques seront annoncés et Historica – l’Institut du Dominion fera connaître les lauréats de son concours de rédaction Grandes questions canadiennes.

Au cours des années à venir, Mme Morrison veut poursuivre sa collaboration avec des organisations publiques oeuvrant dans le domaine de l’histoire afin que souligner les efforts déployés au sein de la communauté.

— Phil Koch

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Visitez societehistoire.ca afin de consulter la liste complète des lauréats de ces prix le 20 novembre!

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Bev Milobar-den Ouden

accepte le prix que lui remet la

gouverneure générale Michaëlle

Jean le 17 novembre 2008.

’autobus peut sembler un lieu inusité pour une leçon d’histoire, mais

c’est pourtant l’endroit idéal pour une enseignante d’arts plastiques de Saskatoon.

« Je profite d’un public captif, explique Monique Martin, une enseignante en arts visuels à la Georges Va-nier Fine Arts Catholic School de Saskatoon. Vous êtes ‘condamné’ à apprendre quelque chose de nouveau, que vous soyez en route vers le travail, l’école ou pour faire les courses! »

Si vous avez pris les transports en commun à Ottawa ou à Kingston, en Ontario, l’été dernier, vous faisiez sans doute par-tie du public captif dont parle Mme Martin. En effet, difficile de ne pas remarquer les affiches dans les abribus ou les bannières à l’intérieur des autobus décrivant l’histoire du canal Rideau.

Lancé en juin, le projet « Branchés sur le canal Rideau » a permis d’exploiter les talents artistiques et le travail de recherche historique de centaines d’élèves, âgés de 5 à 14 ans, de l’école de Mme Martin, à Saskatoon, et de l’école Vincent Massey à Otta-wa. Les élèves ont créé des centaines d’illustrations qui ont servi à concevoir les 45 affiches et bannières que l’on pouvait admirer dans les transports en commun.

Chaque publicité illustrait non seulement le travail artis-tique d’un élève, mais un fait historique passionnant sur le canal Rideau. Par exemple, dans une des publicités, on mentionne que le canal a été construit après la guerre de 1812 afin de repousser de

Je voulais que les enfants comprennent que l’art, à cette époque,

était une façon de documenter l’histoire, mais que l’art a évolué

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

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1er décembre Pour marquer cette journée de 1841 où le Canadian Spelling Book est devenu le premier livre protégé par le droit d’auteur. Un droit à respecter.

24 décembrePour marquer la conclusion des rencontres rassemblant 16 pères de la Confédération, à Londres, en 1866; à l’issue de ces discussions, ils décidèrent de séparer les systèmes scolaires catholique et protestant au Québec et en Ontario. Deux entités distinctes.

nouvelles attaques américaines.Les élèves des deux écoles ont mené des recherches sur l’histoire

du canal en faisant appel aux archives et en étudiant les œuvres d’artistes canadiens à l’époque de sa création.

« Je voulais que les enfants comprennent que l’art, à cette époque, était une façon de documenter l’histoire, mais que l’art a évolué, ex-plique Mme Martin. L’art ne sert plus à documenter, mais à décorer ».

Ce projet est né d’une initiative antérieure de Mme Martin intitulée « Stops in History ». Elle a reçu le Prix du Gouverneur général pour son travail dans le cadre de cette initiative, où les élèves devaient créer des affiches dans les abribus sur l’histoire de Saska-toon. Elle a eu cette idée lors de ses études en arts, en France.

« Chaque fois que je donnais rendez-vous à quelqu’un, on fixait toujours un arrêt d’autobus comme lieu de rencontre », explique-t-elle, ajoutant que l’on y trouvait souvent de l’information sur l’importance his-torique du personnage ayant donné son nom à l’arrêt.

Lors du banquet de remise des prix du Gouver-

neur général en 2007, Mme Martin a parlé de la difficulté de re-lier les Canadiens à leur histoire avec le président du Festival du canal Rideau, Michel Gauthier.

Leur discussion a donné lieu au projet « Branchés sur le ca-nal Rideau », auquel a participé plus d’une centaine de bénévoles et de partenaires, notamment Pattison Outdoor Advertising,

qui a fait don de l’espace publicitaire pour la campagne. Mme Martin affirme que même si le projet a aidé ses élèves à acquérir une con-naissance concrète de l’histoire du Canada, elle espère également qu’il a enrichi la vie de ceux qui on vu les affiches de ses élèves.

« Nous sommes inondés de publicités qui tentent de nous vendre quelque chose. Pour moi, je crois qu’on peut améliorer notre con-dition d’être humain grâce à l’influence de la culture visuelle, affirme Mme Martin. Lorsque l’on combine le travail artistique des enfants à des faits historiques, on peut exercer une réelle influence sur les gens. »

— Joel Schlesinger

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En haut : publicité faisant la

promotion du site du patrimoine

mondial du canal Rideau

À gauche : l’enseignante Monique

Martin a demandé à ses élèves de

créer des peintures historiques pour

les abribus et les autobus.

En bas : publicité faisant la

promotion du festival du canal

Rideau en tant que « festival sans

empreinte écologique ».

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 12: Histoire Canada: innover en classe

CourantsÉtablir des liens

es professeurs d’histoire savent depuis longtemps que les universitaires dans leur tour d’ivoire sont bien loin de ce qui se passe en classe. Mais un nouveau réseau national de professeurs d’histoire, du primaire au niveau

universitaire, veut faire disparaître ce fossé.« Notre projet vise principalement à répondre au manque de communication

entre les instances responsables de l’enseignement de l’histoire, affirme Penney Clark, directrice de The History Education Network/Histoire et Éducation en Réseau. Également appelé THEN/HiER, le réseau vise à rapprocher les historiens en milieu universitaire, les éducateurs en histoire des facultés d’enseignement, les historiens des musées et des sites historiques, les archivistes, les enseignants sur le terrain et les décideurs. Le réseau leur donne la possibilité d’échanger, de collaborer et d’apprendre de l’expérience des autres.

« Notre réseau vise l’enseignement de l’histoire, peu importe où cet enseignement a lieu », affirme Mme Clark, professeure adjointe à l’Université de la Colombie Britannique.

« Cette initiative s’étend de la maternelle jusqu’à l’obtention du diplôme et englobe les établissements postsecondaires et les sites historiques, mais également les aînés autochtones qui transmettent aux jeunes leur tradition orale. »

Récemment, le réseau a lancé son site Web, www.thenhier.ca.« Nous voulons que les gens s’impliquent grâce à notre site Web. Évidemment,

les rencontres en personne ne peuvent pas avoir lieu très souvent, ajoute Mme Clark. Le pays est vaste, et ces rencontres seraient trop coûteuses. Notre site Web est donc un outil de communication indispensable. »

En plus de diffuser des nouvelles sur les recherches les plus récentes en enseignement de l’histoire, le site offre aux enseignants la possibilité de comparer les programmes d’étude de partout au pays.

« Par exemple, un enseignant de la C.-B. peut voir à quoi ressemble le programme d’études d’un enseignant de l’Ontario », explique Mme Clark.

En outre, le site propose des ébauches de programmes d’études, à différentes étapes de leur développement, afin de recueillir les commentaires des enseignants et des administrateurs. On y diffuse également des fichiers balados de leçons d’histoire et de conférences, et les enseignants peuvent participer à des groupes de discussion pour débattre de sujets d’actualité dans le monde de l’enseignement.

« Les enseignants sont notamment invités à répondre à la question “Devrait on imposer un programme commun d’enseignement de l’histoire?” mentionne Mme Clark. Ils peuvent ainsi savoir ce qu’en pensent leurs collègues de partout au pays. »

Cependant, THEN/HiER est plus qu’un site Web. En plus de créer une communauté virtuelle d’enseignants et de chercheurs dans le domaine de l’histoire, le réseau finance des projets qui favorisent la coopération entre ces derniers, tout en faisant la promotion de l’enseignement de l’histoire.

« Nous tentons de rejoindre différents groupes pour participer à des projets, et nous accorderons un financement pouvant atteindre 2 500 $ », explique Mme Clark au sujet du programme de subventions pour de petits projets.

Le réseau organise une grande réunion en 2010, en collaboration avec le projet Repères de la pensée historique, les ministères provinciaux de l’éducation, Historica – l’Institut du Dominion et Patrimoine canadien, afin d’élaborer des stratégies permettant d’intégrer les concepts de la pensée historique aux programmes d’études provinciaux.

— Joel Schlesinger

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LTHEN/HiER rapproche les intervenants du monde de l’enseignement de l’histoire

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 13: Histoire Canada: innover en classe

NUMÉRO SPÉCIAL INTERACTIF.

Les images accompagnées de ce symbole sont interactives.

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Histoire Canada : Innover en classe est un numéro interactif. Visitez histoirecanada.ca/innover pour ac-cédez à notre magazine en ligne. Vous pouvez cli-quer sur les images et les mots en caractères gras pour accéder à des sites Web, à des plans de leçons et bien plus!

Page 14: Histoire Canada: innover en classe

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Amy Brown, dernière rangée, à l’extrême gauche, et les enfants de

l’école Tate Creek, 1939.

e moment où l’on donne son premier cours en est un de grande nervosité et les défis à relever sont imprévisibles. C’est une épreuve difficile même pour l’enseignant le mieux préparé.

Ajoutez à ce défi le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, alors que les troupes allemandes envahissent la Pologne, en septembre 1939, et vous vous retrouvez devant une tâche colossale!

Mais une jeune enseignante, en route vers sa première journée de classe dans une région isolée, a découvert qu’un peu de compassion permet de créer un pont vers les élèves en temps de guerre.

Amy Brown, alors âgée de 19 ans et fraîche diplômée de la Vancouver Provincial Normal School, quitte sa ville de Vancouver pour se rendre à Tate Creek, dans la région de la rivière Peace en C.-B., près de la frontière avec l’Alberta, pour occuper son premier emploi d’enseignante. Peu après son embarquement à bord du train, elle apprend que la Grande Bretagne a déclaré la guerre à l’Allemagne.

Pour Amy, membre actif de la British Columbia’s Young

Enseigner en temps de guerreUne jeune enseignante débute sa carrière le jour même où est déclarée la Seconde Guerre mondiale, écrit Helen Raptis.

Socialist League, et fine observatrice de la scène politique, la nouvelle est troublante, mais pas inattendue. Elle a accepté ce poste en sachant fort bien que Tate Creek accueillait 518 réfugiés qui avaient quitté les Sudètes en Tchécoslovaquie après la signature des Accords de Munich en 1938 (et qui annexaient leur territoire à l’Allemagne nazie).

Même si elle est formée pour enseigner à des élèves du primaire de langue anglaise, Amy, qui ne parle que l’anglais, n’éprouve aucune crainte à l’idée d’enseigner l’anglais à 28 élèves de langue allemande, âgés de 12 à 15 ans. Elle attribue ce courage aux difficultés de la Dépression et à l’esprit d’aventure que ses parents lui ont insufflé; ces derniers avaient eux mêmes émigré de Terre-Neuve en 1912.

Son père, un capitaine souvent absent de la maison, jugeait les femmes égales aux hommes et encouragea Amy à poursuivre un métier non traditionnel. En 12e et 13e année, elle fut la première présidente du conseil étudiant de son école secondaire. Alex Lord, le directeur de son école, la qualifiait d’« extravertie » et la jumela à une

Votre histoire 14

Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

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AVEC LA PERMISS

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AVEC LA PERMISS

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ELEN RAPTIS

Amy Brown à Tate Creek en 1939 en compagnie d’un veau que les

pionniers ont nommé « Amy ».

des élèves, et pour réussir cela, il faut savoir d’où ils viennent. « À cette époque, il n’y avait rien pour nous aider. Il n’y avait pas

de bibliothèque, pas de ressources, c’était difficile, mais j’ai survécu. J’attribue une grande partie de cette réussite au soutien des enfants et des parents. »

En 1940, Amy épousa Tim Dauphinee, avec qui elle a élevé trois enfants. En 1971, elle devient la première femme élue au conseil d’administration du Ontario Credit Union.

Toujours préoccupée du sort des populations marginalisées, elle adopta, dans le cadre de son travail d’enseignement, deux orphelins en Inde, auxquels les élèves des classes d’Amy venaient en aide. En plus de leur offrir un soutien financier, les élèves servaient de « famille d’accueil » aux orphelins. Dans le cours de sciences humaines, les élèves rédigeaient des lettres et réalisaient des œuvres d’art et des cartes postales à l’intention de leurs orphelins indiens.

Helen Raptis est professeur adjoint à la faculté d’éducation de l’université

de Victoria. Elle mène actuellement des entrevues auprès d’enseignants

à la retraite au sujet de leurs expériences en classe afin d’aider les nou-

veaux enseignants à mieux se préparer

à leur première journée de travail.

camarade plus timide afin d’« adoucir » son approche, tout en aidant sa camarade « à sortir de sa coquille ».

Lorsqu’Amy arriva à Tate Creek, l’école, qui ne comportait que deux salles de classe, n’était pas encore terminée. Elle en profita donc pour visiter ses élèves à domicile afin d’apprendre à mieux les connaître. Sa volonté de se rapprocher de la communauté favorisa une belle amitié avec les colons. Lorsqu’elle commença à enseigner, à la fin de septembre, les parents des élèves l’invitaient régulièrement à diverses activités sociales. Amy admirait les réfugiés pour leurs valeurs sociales-démocrates, qui les opposaient au nazisme. Ils avaient également demandé une aide des gouvernements canadiens et britanniques afin de les aider à quitter les Sudètes, ce qui, selon elle, exigeait beaucoup de courage. Amy, qui se considérait elle-même comme une sociale-démocrate, avait l’impression d’être « l’un d’eux ».

Cependant, la directrice d’Amy n’approuvait pas ses relations. La directrice, qui avait vingt ans d’expérience d’enseignement au primaire auprès de jeunes âgés de sept à onze ans, ne fréquentait pas les familles, malgré le fait qu’elle parlait couramment l’allemand. Elle habitait à l’extérieur de la colonie et devint de plus en plus intolérante à l’égard des liens qu’entretenait Amy avec les réfugiés.

Chaque semaine, elle se rendait à Pouce Coupe pour faire son rapport à l’inspecteur régional au sujet des comportements intolérables d’Amy. Elle affirmait qu’Amy n’exerçait aucun contrôle sur les élèves, et que le niveau de bruit en classe était inadmissible. La directrice s’indignait du fait qu’Amy jouait au soccer avec les élèves, ce que cette dernière considérait comme une façon pour les élèves d’évacuer le stress.

À Noël, l’inspecteur informa Amy qu’elle était transférée dans une autre école. Quatre mois à peine après avoir commencé sa carrière d’enseignante, elle dut accepter un nouveau poste à l’école North Swan, à près de 10 km de Tate Creek, mais toujours dans la zone de la colonie des réfugiés sudètes.

Une douzaine d’élèves d’Amy marchèrent de Tate Creek à North Swan, exigeant le retour de « Miss Brown ». Mais l’inspecteur s’en tint à sa décision – décision qu’il finit par regretter et pour laquelle il présenta des excuses à Amy.

Même si cette première expérience se révéla difficile pour Amy, son séjour à Tate Creek eut une réelle influence sur sa carrière, qui se termina en 1985. Elle apprit, dans cette petite colonie, qu’un des aspects les plus importants de l’enseignement est de bâtir des liens solides avec les enfants et leur famille.

« Si vous faites un pas vers les parents, ils feront un pas vers vous », affirme t elle.

Être un bon enseignant, c’est être capable de se mettre à la place

Sa volonté de se rapprocher de la communauté favorisa

une belle amitié avec les colons.

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

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Six conseils pour aider vos élèves à « penser » l’histoire. Il s’en passe des choses...

John A. Macdonald exige un autre versement de 10 000 $ dans un télégramme secret envoyé au magnat du chemin de fer, Sir Hugh Allan, en 1872. Viola Desmond, une Afro-canadienne, refuse de laisser son siège dans un cinéma de la Nouvelle-Écosse en 1946. Vous êtes né.... l’année de votre naissance (évidemment). Il s’en passe des choses...

Et le temps suit son cours. Ces événements font partie du passé, ce passé qui englobe tout ce qui s’est produit avant, de ce message plein de « friture » envoyé d’une radio de Norway House, au Manitoba, en 1922, à la bombe atomique larguée sur Hiroshima en 1945.

Le premier gros problème du passé, c’est qu’il est vaste, en

grande partie méconnu et potentiellement infini. Le deuxième gros problème, eh bien... c’est qu’il est passé, justement. Si l’on n’a pas d’imagination et que l’on est incapable de « faire semblant », on ne pourra jamais retourner en 1872 ou en 1946, ou même à l’année de notre naissance. Mais, et c’est ici que surgit le troisième problème avec le passé, c’est que ce dernier a des conséquences sur la vie d’aujourd’hui et de demain. Les Américains ont largué la bombe atomique sur le Japon et des dizaines de milliers de personnes sont mortes : la guerre s’est terminée, mais la guerre froide a commencé, les mineurs ont commencé à explorer le sol canadien à la recherche d’uranium, les Américains et les Soviétiques ont consacré des millions de dollars à l’invention d’armes encore plus destructives, qui se sont d’ailleurs répandues dans d’autres pays.

Ainsi, la bombe atomique n’a pas été un événement unique

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Six conseils pour aider vos élèves à « penser » l’histoire. Par Peter Seixas

d’un passé maintenant disparu. Ses conséquences se font sentir encore aujourd’hui et continueront de se faire sentir pendant de nombreuses années. Il en va de même pour l’année de notre naissance. Les conséquences de cet événement existent encore aujourd’hui, et continueront d’exister jusqu’à notre mort, et même au-delà, par le truchement de nos enfants, de nos créations et de nos idées.

Nous avons ainsi défini un des éléments clés de l’histoire. Le passé, infini, sans signification réelle et disparu, est une chose. Les histoires que nous racontons sur le passé, de façon rétrospective, en sont une autre. Ces histoires sont circonscrites (elles ont un début, un milieu et une fin), elles parlent de personnages et de groupes particuliers (on ne peut quand même pas raconter l’histoire de tout le monde...) et elles se situent dans le présent -

dans les livres, magazines, films, photographies et musées.Qui raconte l’histoire, comment elle est racontée, pourquoi,

à qui et quand, voilà quelques-uns des nombreux facteurs qui façonnent les histoires sur le passé. Le fait que « le passé » soit très différent des histoires que nous racontons à son sujet présente de nombreux défis.

The Beaver: Canada’s History Magazine constitue une ressource importante pour nous aider à relever ces défis. L’article dont il est question ci dessous montre comment on peut y parvenir, en faisant appel aux six concepts de la pensée historique. En décrivant ces concepts de façon explicite, comme nous l’avons fait dans le cadre du projet Repères de la pensée historique, on peut mener une enquête historique enrichissante, que ce soit en classe ou ailleurs.

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Recourir à des sources primaires

semblant dominer, du moins aux yeux d’une personne civilisée. »Les lecteurs du Beaver en 1943 ont sans doute lu cet article dans le

but d’apprendre une foule de choses passionnantes sur les « Esquimaux ». En 2009, nous le lisons différemment, en tant que source primaire, pour en apprendre davantage sur la culture du Canada anglais et la rencontre entre les colonisateurs britanniques et les Inuits dans les années 1940. Pour ce faire, il faut lire le texte attentivement, porter attention à la terminologie employée et se servir de cette information pour en tirer des hypothèses sur les croyances et sur la vision du monde de l’auteur. Pour nous, la comparaison entre les « races primitives » et les « personnes civilisées » constitue un aspect frappant.

Les « Esquimaux » sont « ridicules » aux yeux de l’auteur. Ce court passage, comme le reste de l’article, montre clairement comment George Anderson, en 1943, considère sa culture supérieure à celle des Inuits, paralysée par l’ignorance et les superstitions.

Pour transformer une source en preuve, il faut connaître le lieu et l’époque de sa création, afin de la contextualiser. Il faut également poser de bonnes questions. En voici quelques-unes : De quoi s’agit il? (un article tiré du Beaver de 1943) Quelle est la position de l’auteur ou du créateur? (un Canadien anglais qui vivait dans le Nord, un employé de la Compagnie de la Baie d’Hudson) Que révèle ce texte sur les buts (conscients) de son auteur et ses valeurs et sa vision du monde (inconscientes)? (Il considère les Inuits comme un peuple ignorant, qui a besoin de son aide, et en même temps, il les méprise).

es sources primaires deviennent le lien crucial entre le passé et nos récits sur le passé. Il existe de nombreuses formes de sources primaires, notamment des documents écrits, des

témoignages de vive voix, des reliques, des lettres, des documents gouvernementaux, des cartes et des enregistrements à la radio. Ce qui en fait des sources primaires, c’est qu’elles ont été créés à l’époque qui fait l’objet de notre étude. Elles peuvent donc servir de preuves décrivant ce que pensaient les gens de cette époque, la façon dont ils vivaient, et les événements dont ils étaient témoins. Les sources primaires font partie du passé que vous étudiez.

Le Beaver est-il une source primaire? Cela dépend des questions que vous posez. Le magazine était à l’origine, en 1920, une publication de la Compagnie de la Baie d’Hudson. En lisant les premiers numéros, on peut comprendre la pensée des auteurs canadiens de cette époque et, par analogie, le type de pensée culturellement acceptable à cette époque.

Prenez par exemple ce passage, écrit par George Anderson, en juin 1943. Il fait partie d’un article sur les Autochtones, qu’il nommait « les Esquimaux païens », suite à ses expériences sur la côte ouest de la baie d’Hudson :

[traduction] « Je suppose que toute personne qui est entrée en contact avec une race primitive a été confrontée, à un moment ou à un autre, à un tabou. Les Esquimaux sont pratiquement paralysés par les tabous. Ces interdictions vont du sublime au ridicule, ces dernières

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Le premier numéro du Beaver a été

publié par la Compagnie de la Baie

d’Hudson en 1920.

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Établir la pertinence historique personnes, sur une longue période. Les événements importants peuvent aussi révéler des enjeux de longue date ou nouveaux dans l’histoire et la vie contemporaine. D’une certaine façon, l’histoire de Viola Desmond répond à ces deux critères. Ses actions n’ont pas eu les conséquences d’une bombe atomique, mais elles ont certainement eu

des répercussions à l’échelle locale et une incidence sur la commu-nauté noire. Son histoire révèle également les problèmes liés à

la lutte contre la discrimination et pour l’égalité des droits qu’a livrée la communauté noire au Canada, et par analo-

gie, les autres minorités. Cette lutte demeure d’actualité encore aujourd’hui.

La pertinence historique peut également changer au fil du temps. Il y a cinquante ans, les manuels ne parlaient pas des Afro-canadiens, car ils n’étaient pas jugés « importants » sur le plan historique. La pertinence historique ne reflète pas seulement le passé,

mais également nos valeurs, en tant que société, dans le temps présent : ce qui est important pour nous.

Notez que dans la discussion qui précède sur « The Legacy of Viola Desmond », je n’ai pas posé les mêmes

questions que pour l’article sur les Esquimaux. Mais je peux trouver dans un Beaver de 1945 un article intitulé « Nigger Dan’ at Fort St. John », qui constitue une excellente source primaire décrivant la discrimination que Viola Desmond et Carrie Best combattaient au Canada, dans les années 1940.

e passé englobe tout ce qui s’est passé, partout. On ne peut pas se souvenir de tout. Les historiens doivent faire des choix sur ce qu’il vaut la peine d’étudier. Le rédacteur

en chef du Beaver prend des décisions sur ce qu’il choisit de publier. Les enseignants et les rédacteurs de manuels scolaires font de même pour déterminer ce que les enfants devraient apprendre.

Un article intitulé « The Legacy of Viola Desmond » a récemment été publié dans le Beaver (avril-mai 2009).

[traduction] « Le refus de Viola Desmond de laisser son siège dans un cinéma de la Nouvelle-Écosse en 1946 a créé une onde de choc que l’on ressent encore plus de 50 ans plus tard.

L’événement a galvanisé la communauté afro-canadienne locale comme jamais auparavant. Il a braqué les lumières sur la Nova Scotia Association for the Advancement of Coloured Peoples, qui a payé l’amende de Viola Desmond et a appuyé sa lutte devant les tribunaux. L’événement a aussi donné naissance à un journal indépendant créé par des Noirs, The Clarion…. »

Selon le rédacteur en chef du Beaver, les actions de Viola Desmond étaient importantes. Comment décider de ce qui est pertinent sur le plan historique? Il y a deux façons pour les historiens d’établir la pertinence historique de personnages ou d’événements. La première consiste à dégager de ces personnages ou événements des conséquences marquantes, pour de nombreuses

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Viola Desmond, dans une publicité

pour ses propres produits de beauté

(ci-dessus).

Le cinéma de New Glasgow où Viola

Desmond a été arrêtée, tel qu’il

était en 1956.

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Adopter une perspective historiqueimpliquant un canot renversé :

[traduction] « Un des garçons réussit à atteindre la berge, mais l’autre était encore dans l’eau. Je parvins à le repêcher, mais il semblait ne pas avoir survécu. Immédiatement, on entendit des lamentations et deux Angakook entamèrent le rituel. De toute évidence, ces gens ne connaissaient rien des techniques de réanimation. Je les écartai avec agacement et m’employai à réanimer le jeune homme. Heureusement, après plus d’une heure de respiration artificielle, le jeune se réveilla. Dans le domaine de la médecine, les Esquimaux font bien mauvaise figure. Ils croient que les maladies leurs sont envoyées par de mauvais esprits. »

Cet extrait met en lumière une nouvelle fois l’arrogance d’Anderson : on se l’imagine en train de repousser avec agacement les membres de la famille. Mais que ressentait il lui-même à ce moment? Quelle signification a-t-il tirée de cet incident? Nous en dégageons l’image d’un homme plein de bonnes intentions, mais totalement insensible à la culture locale qui, malgré tout, avait quelque chose à offrir à ce peuple. Pour rendre le tableau encore plus complexe, il introduit ce dernier récit en affirmant ce qui suit : « nous nous efforçons de ne jamais ridiculiser les croyances des peuples primitifs », et par la suite, il raconte l’histoire d’une femme Angakook qui prédit l’avenir avec précision, à son grand étonnement. Ce n’est qu’en évitant de juger l’autre, en étudiant les sources et en adoptant une perspective historique que l’on peut commencer à comprendre la complexité de cet échange interculturel d’une époque révolue.

e passé est si différent que les gens paraissent parfois stupides, ignorants, étranges ou encore, tout ce qui précède.

Mais les juger ainsi simplement parce qu’ils n’ont pas vécu à notre époque est une erreur. Leur façon de vivre, leur façon de penser et même leurs émotions, diffèrent des nôtres et cette distinction est difficile à imaginer pour nous. Adopter une perspective historique, c’est se mettre à leur place, en faisant appel à toutes les preuves que l’on peut trouver. Il faut laisser derrière nous, temporairement du moins, certaines des valeurs qui façonnent notre façon de penser au 21e siècle. Adopter une perspective historique, ce n’est pas nécessairement être d’accord avec ces personnages ou s’identifier à eux, mais essayer de les comprendre. Les sources primaires peuvent nous aider à cette fin, mais encore là, il faut prendre soin de ne pas imposer nos significations à leurs mots. Et pour compliquer le tout, les personnes qui ont vécu un même événement historique peuvent avoir des points de vue différents sur ce même événement. Comprendre la diversité des perspectives à toutes les époques est essentiel à la compréhension des événements de l’époque.

Forts de tout cela, revenons à George Anderson et à ses « Esquimaux païens ». Notre première réaction serait de qualifier M. Anderson d’ignorant pour son jugement sur les Inuits. Mais la perspective historique nous oblige à prendre du recul par rapport à ce jugement et à tenter de le comprendre le mieux possible, comme un produit de sa culture. Voici la suite de l’article, où il raconte un incident

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Une famille inuite accompagne George

Anderson qui examine des fourrures de renard blanc dans un magasin de la Compagnie de la

Baie d’Hudson.

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Comprendre la dimension éthique de l’histoire

cupe dans un récit narratif plus vaste décrivant l’histoire de la nation, ce qui, en soi, n’est pas une tâche particulièrement difficile. Mais au delà de cela, le lecteur de 2009 peut facilement détecter le jugement éthique que porte Creighton : Macdonald est, et doit demeurer, un héros.

En revanche, voici un passage tiré d’un article de Peter Black sur Macdonald, publié dans le Beaver d’octobre/novembre 2007:

[traduction] « L’esprit affaibli par la peur, le stress et l’alcool, un certain télégramme envoyé le mois d’août précédent a certaine-ment hanté Macdonald : ‹ J’ai besoin d’un autre dix mille – ce sera mon dernier appel. Ne me fais pas défaut; réponse aujourd’hui ›. Cette tentative d’extorsion avait été rendue publique, accompagnée de nom-breuses preuves accablantes le reliant au scandale du Pacifique. Mac-donald était fait comme un rat, et avait peu d’espoir de s’en sortir. Et c’est donc en cette belle journée d’août que le premier premier min-istre du Canada décida de fuir; pendant les quelques jours suivants, personne ne sut où il se trouvait, ou personne n’osait le dire... C’est ce que l’on appela la ‹ fin de semaine perdue › de Sir John. »

Macdonald se remit de ce terrible épisode, mais Black peint un tableau très différent de celui de Creighton, celui d’un politicien af-faibli par l’alcool et pris au piège de ses propres machinations. La « construction d’une nation » qu’admire Creighton prend maintenant une autre tournure – de ses alliances avec des politiciens corrompus et quelques magnats du capitalisme, à la vente de territoires en guise de pots-de-vin jusqu’aux effets dévastateurs de ces tractations sur les populations autochtones.

Ces interprétations éthiques du passé ont également des con-séquences sur notre façon de penser à ce que nous sommes aujourd’hui – et cela illustre bien la façon dont les événements du passé se font ressentir jusqu’à aujourd’hui. Si la construction d’une nation est un geste héroïque, comme le dit si bien Creighton, alors les conséquences de ce geste pour ceux qui ont été laissés pour compte ne sont que des dommages collatéraux. Si, d’un autre côté, nous recon-naissons, comme Black, que notre héros avait en fait des pieds d’argile, nous som-mes mieux en mesure de reconnaître les torts que ce « geste héroïque » a pu provoquer.

ême lorsque nous gardons nos distances, il y a toujours, forcément, une dimension éthique à l’histoire. La plupart des historiens essaient de réserver leurs

jugements éthiques sur les personnages qui sont au cœur d’une his-toire. Ils doivent le faire, en partie parce que nos propres normes éthiques sont très différentes de celles de l’époque que nous étudions : des concepts comme le racisme, le sexisme et l’homophobie, par exemple, sont tous relativement récents.

Mais, ceci étant dit, si l’histoire est pertinente, elle comporte généralement un jugement éthique. Il serait difficile d’imaginer une bonne histoire sur la rencontre entre les Autochtones et les Européens dans le Nord, l’Holocauste ou l’esclavage dans le sud des États-Unis, qui n’adopterait aucune position éthique.

Parfois, le simple fait de lire l’histoire nous aide à accomplir notre devoir de mémoire (p.ex. les soldats morts au combat pendant la Pre-mière Guerre mondiale). Parfois, une histoire nous aide à comprendre que les événements d’une époque passée exigent maintenant des ex-cuses (p. ex. l’internement des Canadiens-japonais pendant la Seconde Guerre mondiale). Et parfois, cette histoire justifie des revendications territoriales ou la nécessité d’offrir réparation aux victimes des crimes (p. ex. les anciens élèves des pensionnats autochtones). Souvent, les jugements éthiques d’un historien se trouvent sous la surface, et la ca-pacité de discerner ces jugements, même lorsqu’ils ne sont pas clairs, constitue un aspect important de la pensée historique.

Voici l’introduction d’un article de Donald Creighton sur John A. Macdonald, publié dans le Beaver en 1956 :

[traduction] « On l’appelait ‹ vieux lendemain ›. Ce surnom qui n’était pas méchant, et même affectueux, portait tout de même à confusion. Il ne vivait pas dans le futur. Il vivait intensément dans le présent... En moins d’un quart de siècle, il a construit une nation, il l’a étendue d’un océan à l’autre, et a relié le tout avec des voies de chemin de fer. Même au 19e siècle, époque où le pays s’est bâti, il s’agissait d’un exploit considérable; et le temps, avec tous les bouleverse-ments dont nous avons été témoins au cours des cinquante dernières années, a tout simplement servi à mettre en lumière l’importance de cette réalisation. »

Creighton veut ici souligner la pertinence his-torique de Macdonald, en montrant la place qu’il oc-

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Sir John A. Macdonald, 1883.

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Dégager la continuité et le changement

Le mot de la fin

Cause et conséquence

n février 1921, le Beaver a publié un court texte dans lequel l’auteur qualifie le hockey de sport national du Canada : [traduction] « Nulle part ailleurs au monde joue-t-

on au hockey comme au Canada... c’est l’esprit de la crête de Vimy et de Festubert qui surgit lorsque le joueur s’élance sur la patinoire avec la rondelle. La vigueur, l’endurance, l’absence de peur et la confiance virile qu’exige ce sport sont déjà des qualités naturelles des Canadiens; le hockey s’est ensuite développé sur ce terreau fertile. »

Ce passage soulève des questions sur les concepts de la pensée historique abordés jusqu’à présent. Les batailles de la Première Guerre mondiale à la crête de Vimy et à Festubert sont traitées dans ce passage comme ayant une importance historique équivalente. Alors pourquoi la crête de Vimy figure-t-elle dans tous les manuels

d’histoire canadienne du 20e siècle, alors que la bataille de Festubert a disparu, malgré les 2 500 soldats canadiens qui y ont laissé

leur vie? Si l’on considère ce passage comme une source primaire, nous devons alors effectuer un examen attentif

du langage employé, des hypothèses et des arguments invoqués, dans le contexte des années suivant

immédiatement la Première Guerre mondiale. On y présente la virilité, le zèle militaire et

un esprit typiquement canadien comme les fondements du sport. La question

de la continuité et du change-ment nous incite à déterminer

ce qui a changé et ce qui est  demeuré identique

depuis la rédaction de cet article du

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ès qu’un événement survient, on peut se demander ce qui l’a causé et quelles en sont les conséquences. Les questions de cause et de conséquence peuvent être très

précises (qui a compté le but gagnant?) ou très vastes et complexes (qu’est ce qui a donné lieu à la commercialisation du hockey? Quelle a été l’incidence de la télévision sur le sport?) Qui (les gens et les groupes de gens) et quoi (les conditions économiques, politiques, sociales, géographiques) doit-on considérer?

D

e danger en classe, c’est que les élèves vivent l’histoire comme une série de faits sans liens entre eux : « une chose après une autre ». Mais même lorsqu’un enseignant raconte

des histoires fascinantes sur le passé, cela n’empêche pas toujours les élèves d’être des auditeurs passifs. Pour que les élèves participent activement à cette étude du passé et essaient d’en dégager un sens, ils doivent faire plus qu’écouter et lire les récits des autres : ils doivent « penser » l’histoire. Les six concepts de la pensée historique, ainsi que des outils de référence comme le Beaver, existent justement pour aider les élèves dans cette voie.

Peter Seixas est professeur et détenteur d’une chaire de recherche du

Canada à la faculté d’éducation de l’université de la Colombie Britan-

nique. Vous trouverez plus d’information sur le projet

Repères de la pensée historique à

www.historybenchmarks.ca.

L

Beaver en 1921.Dans quelle mesure le hockey est-il toujours un jeu empreint de

masculinité? Est ce que l’introduction du hockey féminin a modifié cette description? Même si, au début du 21e siècle, on n’associe pas immédiatement le hockey au zèle militaire, on ne peut ignorer que la relation entre le hockey et la violence masculine demeure un thème récurrent.

Certainement, il serait difficile de dire aujourd’hui qu’au Canada on joue au hockey comme nulle part ailleurs dans le monde. Et pourtant, l’idée du hockey comme d’un sport distinctement canadien demeure dans notre psyché nationale.

Les questions de la continuité et du changement soulèvent diverses interrogations : quelles sont les différentes périodes de l’histoire du hockey? Les changements dans ce sport sont-ils survenus rapidement? Est-ce que ces changements représentent un progrès, et le cas échéant, pour qui?

« La vigueur, l’endurance, l’absence de peur et la

confiance virile qu’exige ce sport sont déjà des qualités naturelles des Canadiens; le

hockey s’est ensuite développé sur ce terreau fertile. »

Des membres d’Équipe Canada remportent la médaille d’or au hockey sur glace féminin lors des Jeux olympiques de 2006.

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Oyez, oyez, professeurs d’histoire, créateurs de programmes d’histoire et éducateurs au service de musées ou de sites historiques de partout au Canada! Vous êtes invités à participer à cet exceptionnel programme bilingue qui se tiendra dans la belle ville historique d’Ottawa.

FACULTYEducation

http://eplt.educ.ubc.ca/programs/institutes/bht

LE PROGRAMME :Cette école d’été, qui s’annonce fort stimulante, comprendra des conférences plénières, des groupes de discussion, ainsi que des visites de lieux d’intérêt à Ottawa, notamment Bibliothèque et Archives Canada, le Musée canadien de la guerre et le Musée canadien des civilisations.

À titre de participant, vous devrez utiliser les concepts de la pensée historique pour concevoir des expériences d’apprentissage actives et pratiques destinées à des élèves ou aux visiteurs de musées.

VOS ANIMATEURS : Dr. Peter Seixas, université de la Colombie-Britannique Dr. Penney Clark, université de la Colombie-Britannique Jill Colyer, Projet Repères de la pensée historique

HÉBERGEMENT :Vous pourrez être hébergé soit à l’université d’Ottawa, soit dans un hôtel du centre ville, à distance de marche des locaux où se dérouleront les cours.

INSCRIPTION :Inscriptions en vue d’une accréditation ou non. Nous acceptons les demandes de partout au Canada. Pour plus d’information sur les inscriptions, visitez notre site Web à : http://eplt.educ.ubc.ca/programs/institutes/bht

ÉCHÉANCE :Faites vite, premier arrivé, premier servi! Les places sont limitées. Nous vous invitons à réserver le plus tôt possible. Date butoir : le 1er avril 2010.

BOURSES DISPONIBLES :Histoire et Éducation en Réseau offre cinq bourses d’une valeur de 2 500 $. Consultez www.thenhier.ca pour plus de détails.

Repères de la pensée historiqueRepères de la pensée historiqueInstitut d’été - Ottawa, Ontario5 au 10 juillet 2010

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L’équipe de hockey masculin New Hazelton, 1913.

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La pensée historique peut aider les élèves à comprendre des enjeux contemporains, comme le débat enflammé entourant le controversé code de vie destiné aux immigrants à Hérouxville, au Québec.

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Page 25: Histoire Canada: innover en classe

Par Catherine Duquette

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Page 26: Histoire Canada: innover en classe

La Conquête : un exemple d’une controverse historiqueécoles de pensée aide l’élève à comprendre que l’histoire n’est pas un récit unique et véridique du passé, mais bien une interprétation des événements du passé et de leurs conséquences sur le présent. Sans tomber dans un relativisme exacerbé, l’étude de la Conquête à partir de la controverse historique amène l’élève à être confronté à des interprétations multiples d’un même événement. Cette confrontation a l’avantage de donner sens au travail de la pensée historique, puisque l’élève doit y recourir dans le but de s’interroger sur les interprétations proposées par les différentes écoles de pensée et parvenir à sa propre interprétation. D’autre part, l’interprétation historique de la Conquête a encore aujourd’hui un impact important sur la société québécoise, en particulier dans les débats sur l’indépendance. Par conséquent, l’étude de l’influence des interprétations de la Conquête sur les positions politiques modernes conduit les élèves à constater l’influence de l’histoire sur leur vie de tous les jours. Ce faisant, les élèves seront peut-être plus en mesure de comprendre les liens complexes existant entre le passé et le présent et le rôle de l’histoire dans l’interprétation de ce passé.

La mort de Montcalm, 1902, par Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté.

otre histoire se déroule dans une classe d’histoire con-temporaine de 5e secondaire. L’enseignant voulant développer les habiletés à débattre de questions actu-

elles de ses élèves leur propose de recréer une session de l’ONU. Engouement général chez les élèves, ces derniers s’approprient rapidement un pays qu’ils représenteront lors de l’activité. À date, tout va bien. Les choses commencent à se gâter lorsque le sujet à débattre est proposé : les conflits entre Israël et la Pal-estine. Deux élèves d’origine palestinienne s’aperçoivent que la France, le pays qu’ils doivent représenter au conseil, tend à soutenir Israël plutôt que la Palestine. Ces derniers outragés re-fusent ouvertement de participer à l’activité et ils donnent com-me raison le fait qu’ils ne peuvent moralement pas s’associer aux positions soutenues par la France. L’enseignant embêté propose aux élèves de modifier leur choix de pays et d’en choisir un avec

N des politiques en faveur de la Palestine. Une fois ce problème réglé, l’activité se poursuit. Cepen-dant, un sentiment de malaise demeure chez l’enseignant : a-t-il pris la bonne décision? Cet exemple, tiré d’un fait vécu, démontre bien la complexité de l’enseignement de l’histoire contemporaine surtout lorsque l’enseignant désire s’attaquer à des ques-tions controversées. Que faire dans de pa-reilles situations? Est-il possible d’exploiter favorablement la controverse? Si oui, de quelle manière?

Ces questions sont de plus en plus d’actualité au Québec car à la rentrée de 2009, les élèves de cinquième secondaire suivront pour la première fois le

a controverse « historique » est une controverse entourant l’interprétation de certains événements du passé par les historiens. Les conséquences de la Conquête britannique

sur société de la Nouvelle-France est un bon exemple de ce type de controverse. En effet, il existe plusieurs écoles de pensée sur le su-jet et, parmi ces dernières, les écoles historiques de Montréal et de Québec proposent une interprétation divergente des résultats du même événement. Ainsi, de manière très générale, l’école de Mon-tréal, qui inclut des historiens tels Michel Brunet, Maurice Séguin et Guy Frégault, propose une vision souvent dite « plus traditionnelle » des effets de la Conquête sur la société québécoise, selon laquelle cette dernière doit lutter pour conserver ses origines francophones. À l’opposé, les tenants de l’école de Québec, tels Fernand Ouellet et Jean Hamelin, interprètent la Conquête moins comme le début d’une lutte entre deux peuples que comme un événement parmi d’autres qui a contribué à former la société québécoise moderne.

L’intérêt d’enseigner la Conquête à partir des controverses entourant son interprétation est double. D’une part, l’étude des

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Les demandes territoriales des Premières Nations : un exemple d’une controverse type

Certaines controverses, comme les revendications territoriales autochtones, déclenchent parfois des débats passionnés en classe.

les demandes territoriales des Premières Nations peuvent susciter des discussions enflammées, particulièrement si la communauté de l’élève est directement touchée par les décisions découlant de la con-troverse.

Bien qu’elle soit plus délicate à traiter en classe, la controverse type a l’avantage de conscientiser les jeunes à la complexité des liens entre le passé et le présent. En effet, l’élève qui travaille sur les relations entre Européens et Autochtones à partir de la controverse sur les demandes territoriales devra, dans un premier temps, s’interroger sur les causes de cette controverse. Ce faisant, il n’aura d’autre choix que d’interpréter le passé pour comprendre le présent, ce qui l’aidera ainsi à comprendre les liens existant entre les différentes époques. De plus, l’étude de la controverse type permet également à l’élève de s’interroger sur l’influence du passé sur ses décisions dans le présent. Par exemple, l’importance qui sera accordée à l’interprétation des relations entre Autochtones et Européens dans le passé peut avoir une influence sur les décisions prises aujourd’hui. Par conséquent, l’élève pourra réfléchir sur les liens complexes entre l’interprétation d’une situation dans le passé et l’influence de cette interprétation sur une prise de position par rapport à un enjeu contemporain.

nouveau cours portant sur les enjeux du monde contemporain. Ce cours, qui remplacera les

anciens cours d’économie, d’histoire et de géographie, a pour objectifs : « d’amener les élèves à saisir la complexité du monde actuel et à s’ouvrir à la diversité des so-ciétés qui la composent ». Ces objectifs seront en partie atteints grâce à l’étude d’enjeux de société dans d’une perspec-tive historique. Cette dernière permet en

effet de comprendre l’évolution et la com-plexité de ces enjeux qui, par l’analyse de

leur développement dans le temps, permet de comprendre leur évolution et leur complexité. La

pensée historique devient alors, en ce sens, l’outil es-

sentiel pour parvenir à une telle compréhension, dans le temps puisque qu’elle seule conduit à l’interprétation critique des événements du passé. Cependant, de nombreuses études ten-dent à démontrer que l’apprentissage de la pensée historique pose problème à bon nombre d’élèves. Ces derniers auraient, en effet, de la difficulté à faire des liens entre les événements du passé et les enjeux du présent, ce qui limiterait leur capacité à interpréter les enjeux contemporains dans une perspective historique. De quelle manière les enseignants peuvent-ils aider leurs élèves à comprendre la complexité de ces enjeux et leurs liens avec le passé? Une solution à ce problème se trouve peut-être déjà dans le programme. En effet, les enjeux étudiés sont fréquemment la source de controverses et ces dernières sont peut-être une clé permettant aux élèves d’atteindre les objec-tifs du programme.

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a controverse entourant les demandes territoriales des Pre-mières Nations est un exemple d’une controverse type. La controverse type, qui tire son nom de sa popularité dans

les recherches sur le sujet, est comprise dans ce texte comme une controverse dont l’origine se situe dans le passé, mais dont l’enjeu s’inscrit dans le présent. En effet, les demandes entourant la créa-tion de l’Innu Assi ainsi que la demande du respect des droits ances-traux de chasse, de pêche et de cueillette ne peuvent être expliqués en détail sans avoir interrogé le passé au préalable. De plus, la posi-tion adoptée au regard de cette controverse dépend en grande partie de l’importance accordée au passé. La controverse type se compose donc d’une double controverse : une controverse historique qui est, dans le cadre de notre exemple, liée à l’interprétation des relations entre Européens et Autochtones dans le passé, et une controverse sur les actions à accomplir dans le futur. Contrairement aux con-troverses historiques qui n’ont pas toujours des liens clairs avec le présent, la controverse type peut avoir un plus grand impact sur les valeurs et les émotions et elle demeure par le fait même plus délicate à amener en classe. Par exemple, une controverse historique telle que l’emplacement de la Vinland viking est peu susceptible d’entraîner des débats de valeurs chez les élèves du secondaire. Au contraire,

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L’immigration au Canada : un exemple d’une controverse prospective perspective historique permet d’établir des parallèles entre les con-séquences des décisions passées sur l’immigration et celles prises par la société d’aujourd’hui. L’étude de l’histoire de l’immigration au Canada permet ainsi de comprendre ce phénomène, puisque les élèves sont en mesure de comparer la situation du passé avec la situ-ation du présent et de s’interroger sur les éléments semblables et différents constitutifs de cette question à travers les âges et les so-ciétés. L’enseignement de l’histoire favorise alors l’activité de l’élève, car celui-ci est confronté à une situation qui l’amènera à comprendre non seulement la pluralité des interprétations du passé, mais égale-ment l’impact du passé sur son présent ainsi que son futur.

En conclusion…Comment intégrer ce type de question en classe, de manière à ce qu’il y ait apprentissage de la discipline historique? Com-ment amener les élèves à travailler ces questions pour favoriser une prise de position basée non pas sur les ouï-dire ou sur les médias, mais sur le travail de la pensée critique? Il reste encore beaucoup de recherches à effectuer avant de pouvoir répondre à ces questions. Toutefois, les réaliser s’avère essentiel car, étant donné les nombreux avantages qu’offre l’enseignement de l’histoire par les controverses, l’enjeu en vaut la chandelle.

Catherine Duquette est candidate au doctorat en enseignement

de l’histoire à l’Université Laval, au Québec. Dans le cadre de ses

recherches, elle s’intéresse tout particulièrement à l’enseignement

de la pensée et de la conscience historique, à l’enseignement des

controverses et au rapport entre l’histoire et la culture.

otre dernier exemple traite des controverses prospectives, c’est-à-dire des controverses inscrites dans le présent et dont les enjeux se situent dans le futur. L’élément contro-

versé de ces questions est lié aux conséquences de l’enjeu pour les so-ciétés du présent et du futur. Par exemple, les questions concernant l’immigration et les accommodements raisonnables sont des enjeux de sociétés contemporaines, mais dont l’élément controversé découle des conséquences futures des décisions prises aujourd’hui. Bien qu’elle soit essentiellement située dans le présent et axée sur l’avenir, la controverse prospective peut bénéficier d’un questionnement his-torique. En effet, l’étude de la controverse prospective à partir d’une

N

ous avons pu constater que les trois types de contro-verses retrouvées dans la classe d’histoire sont, cha-cune à leur manière, une façon d’amener les élèves

à comprendre le passé non pas comme un donné, mais comme un construit. De plus, les controverses types ou prospectives illustrent, par des situations concrètes, les liens entre les en-jeux du présent et les événements du passé. L’enseignement de l’histoire par les controverses nous semble donc constituer un moyen intéressant pour aider les élèves à se dégager de leur pen-sée ancrée dans le présent et l’actuel et à prendre conscience de l’influence du passé sur leur vie quotidienne. Malheureusement, il n’est pas toujours simple d’intégrer des questions controver-sées dans la classe. De fait, l’enseignant d’expérience craindra peut-être les réactions des élèves, des parents ou même de la direction d’école. Par ailleurs, la nature délicate des questions controversées requiert une approche pédagogique particulière.

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La société québécoise a suivi avec un grand intérêt les débats sur les accommodements raisonnables.

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Par Eric Langhorst

Des méthodes simples pour « allumer » vos élèves

Enseignant Eric Langhorst

Page 31: Histoire Canada: innover en classe

ela m’est arrivé des douzaines de fois. Je bavarde avec un étranger, dans un avion, à la partie de baseball ou dans une salle d’attente, et on me demande ce que je fais dans la vie.

Quand je réponds que j’enseigne l’histoire américaine à des jeunes de 8e année, mon interlocuteur me répond par un « Ah... » plein d’empathie, que j’attribue à ma clientèle d’ados de 13 et 14 ans.Ensuite, il enchaîne généralement en me disant qu’il n’aimait pas vraiment l’histoire lorsqu’il était étudiant. Pire, que ça l’ennuyait profondément. Et pourtant, et ça ne rate presque jamais, il avoue maintenant adorer l’histoire. S’ils ne me disent pas de plein gré ce qui les a fait changer d’idée (mais ils le font généralement), je leur demande ce qui a changé depuis qu’ils ont quitté l’école. Les réponses varient, mais elles évoquent souvent la visite d’un site historique, un livre passionnant ou un documentaire qui a suscité un véritable intérêt pour l’histoire. Dans chaque cas, ce n’est pas le contenu qui a changé, mais plutôt le lien que cette personne entretient avec le « récit » de l’histoire. Il ne s’agit plus de mémoriser bêtement des dates, des noms, des batailles, etc.Je nourris une passion personnelle pour l’histoire et je crois qu’il est triste de se découvrir cette passion si tard dans la vie. Alors, que pouvons-nous faire en tant que professeurs d’histoire pour allumer cette étincelle chez nos élèves dès maintenant, plutôt que dans dix ans? Je ne prétends pas avoir réponse à tout, mais je vous propose quelques techniques et approches que j’ai trouvées efficaces au cours de mes 15 années d’enseignement de l’histoire.

Personnalisez la matiere

a bataille est à moitié gagnée si vous parvenez à établir un lien personnel entre vos élèves et le contenu du cours. Dans mon cas, je dois créer un lien entre des adolescents et l’Amérique coloniale, ce qui, vous

l’avouerez, constitue un défi de taille.

Depuis plusieurs années, j’emploie une technique en classe qui repose en partie sur la tromperie et en partie sur le jeu d’acteur, mais qui donne de fameux résultats! Au début du cours, je me présente devant mon groupe en feignant un air furieux : j’ai encore trouvé une note laissée par un de mes élèves, note que je me prépare à lire devant la classe pour donner une leçon à son auteur. Les élèves sont ravis de cette distraction, surtout lorsque je leur mentionne qu’il s’agit d’une lettre de rupture. Je raconte la fin d’une relation et je ne lésine pas sur les détails croustillants : « Tu ne m’écoutes jamais, tu ne me respectes pas et je veux être seul(e). »

Les élèves sont fous de curiosité et attendent avec impatience de savoir qui a écrit cette lettre. Après qu’ils m’aient bien supplié, je leur réponds que la lettre est signée par « les colonies américaines ». Cette réponse est généralement suivie d’un silence hébété. Les élèves découvrent alors avec stupeur que la Déclaration d’indépendance est la lettre de rupture la plus connue.

Cette activité est suivie de discussions plus sérieuses sur les ramifications de ce document, les risques qu’ont pris ses signataires, etc. J’ai capté leur attention et j’y suis parvenu en établissant un lien avec l’Amérique coloniale. Je crois que ce lien personnel est un ingrédient crucial de l’enseignement de l’histoire aux élèves, quelle que soit l’époque. Si la matière n’interpelle pas les élèves personnellement, ils s’en désintéressent.

Des eleves heureux

os élèves du 21e siècle ne sont pas des consommateurs passifs qui absorbent l’information en silence et la récitent sur demande. Ils sont plutôt des producteurs actifs de contenu et surfent sur la vague des nouveaux médias.

Ils font partie des jeux vidéos auxquels ils jouent. Ils s’expriment sur YouTube et se bâtissent des réseaux sur Facebook. J’ai trouvé une façon d’exploiter leur désir de création en leur permettant de devenir des producteurs de contenu en classe et en leur confiant des travaux qui leur donnent la possibilité de fusionner le tout.

Si Abraham Lincoln cognait à votre porte aujourd’hui et vous

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demandait de créer une publicité télévisée de 60 sec-ondes pour l’aider à remporter les élections présidenti-elles de 1860, que proposeriez vous comme contenu? Chaque année, je demande à mes élèves de se plier à cet exercice. Pour réussir, ils doivent en premier lieu connaî-tre les enjeux de l’élection et les candidats.

Je leur fournis de l’information sur les élections et nous en discutons en groupe. Je leur donne ensuite la possibilité de créer leur publicité à l’aide d’un logiciel de montage libre. Le produit fini est ensuite présenté à l’ensemble du groupe. Les élèves veulent jouer un rôle actif dans le contenu qu’ils étudient. En leur permettant de jouer avec le contenu, ils deviennent des producteurs de contenu actifs, et non pas uniquement des consommateurs passifs.

Le concept d`ouverture

n tant qu’enseignants, nous fermons sou-vent la porte de nos classes, tant sur le plan physique qu’émotif, et nous trouvons dans notre routine un sentiment de sécurité.

Avec tous les outils dont nous disposons aujourd’hui, nous ne rendons pas service à nos élèves si nous ne les rapprochons pas du monde extérieur et si nous ne les encourageons pas à interagir avec le reste du monde. Les outils libres comme Gmail de Google et Skype permettent à tous les enseignants de provoquer des discussions stimulantes entre les élèves et des experts.

Cette année, mes élèves ont échangé avec le

directeur de l’éducation du National Constitution Center à Philadelphie, en Pennsylvanie, par Google Gmail. Alors que le directeur nous faisait faire une visite virtuelle du Hall of Signers, où l’on pouvait voir des statues grandeur nature des pères fondateurs qui ont signé la Constitution des États Unis, mes élèves pouvaient lui poser des questions en temps réel. Comme les outils nécessaires à ce type d’échange sont gratuits et accessibles, de plus en plus de classes y auront recours, mais également les enseignants pourront se connecter avec n’importe qui dans le monde.

Vive l'accessib il ite!

l importe de rendre votre contenu accessible dans divers formats pour permettre à des élèves qui présentent divers niveaux de compétence de réussir.Il y a quatre ans, j’ai commencé à enregistrer des

balados d’étude avec Audacity — une application gratuite qui permet de traiter les fichiers audio. Un balado d’étude est un fichier MP3, généralement de 15 minutes, qui passe en revue les principaux concepts d’une unité. Je diffuse ce fichier audio sur Internet et affiche le lien sur le site Web de ma classe. Les élèves peuvent l’écouter à la maison sur Internet ou télécharger le fichier sur leur lecteur MP3 personnel.

Les élèves qui n’ont pas Internet à la maison ou qui n’ont pas de lecteur MP3 peuvent copier le fichier

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sur un CD, qu’ils peuvent alors écouter à la maison. Ces fichiers se sont révélés fort populaires, tant chez les parents que chez les élèves. Les élèves ayant des difficultés d’apprentissage ont trouvé les enregistrements particulièrement utiles, puisqu’ils peuvent l’écouter autant de fois qu’ils le souhaitent.

Les élèves m’ont dit qu’ils écoutaient les balados partout : en vélo, dans l’autobus, en promenant le chien, en courant sur un tapis roulant. La création de ces fichiers se révèle également une utilisation très productive de mon temps : il me faut environ

20 minutes pour créer et diffuser l’enregistrement, auquel mes élèves peuvent alors accéder des milliers de fois.

Le balado est une façon pratique de placer le contenu entre les mains de mes élèves. Je fais également appel à différents balados histor-iques provenant de sources diverses pour compléter le contenu présenté en classe.

Bon nombre de nos élèves disposent de lecteurs MP3, pourquoi ne pas les intégrer dans notre programme pour enseigner la matière, plutôt que de les interdire sur nos campus?

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Eric Langhorst fait appel aux dernières technologies pour créer des projets multimédias qui piquent la curiosité de ses élèves.

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Mettez la main a la pate

l faut parfois se salir pour intéresser les élèves à l’histoire, et je parle ici de se salir « au sens propre »!

Ce printemps, j’ai fait livrer une boîte de bouse de bison séchée en classe et nous l’avons employée pour un projet visant

à faire revivre à mes élèves l’expérience du Oregon Trail au milieu des années 1800. J’ai enseigné le cours sur le Oregon Trail et l’expansion vers l’Ouest pendant quinze ans, et chaque année je raconte à mes élèves que les pionniers, pendant leur périple, ne disposaient que de peu de bois. Ils avaient donc recours à la bouse de bison séchée pour se tenir au chaud et faire la cuisine. Cela m’a toujours intéressé, et mes ados aussi, bien entendu, et j’ai voulu en faire l’expérience.

Cet été, mes élèves et moi-même avons tenté de faire brûler de la bouse de bison, un peu comme les pionniers le faisaient. Nous avons fait rôtir des guimauves au-dessus de cette flambée nostalgique et avons confectionné des « smores ». (visitez mon blogue sur http://speakingofhistory.blogspot.com/ pour voir des photographies et des vidéos du projet).

Au fil des ans, mes élèves sont également partis à la recherche d’or dans une mine du Dakota du Sud et ils ont envoyé des signaux de l’autre côté du champ de bataille, comme le faisaient les soldats pendant la guerre civile américaine.

Des expériences comme celles-ci demeurent longtemps à la mémoire des élèves, bien après leurs études. Et c’est beaucoup plus stimulant et amusant pour l’enseignant.

Tisser des liens

haque jour, il y a des milliers d’enseignants du Canada et des États-Unis qui essaient d’enseigner l’histoire à leurs élèves. Cette réalité présente une incroyable possibilité de

collaboration, d’autant que nous disposons maintenant d’une multitude d’outils de communication multimédias.

Pourquoi réinventer la roue chaque fois que l’on cherche une nouvelle activité ou un nouveau travail de rédaction? Il y a fort à parier que quelqu’un, quelque part, a déjà créé un plan de leçon stimulant et efficace qui répond à vos besoins. Tout ce qu’il faut, c’est trouver une façon d’établir un lien avec l’autre.

Nous faisons tous partie d’un groupe d’enseignants, d’amis et de collègues qui peuvent nous donner de l’information et nous offrir leur soutien. Actuellement, le mot à la mode pour désigner ce type de groupe est Professional Learning Network (ou PLN) (réseau d’apprentissage professionnel). Votre PLN peut être formé des enseignants de votre école, des auteurs dont vous lisez les blogues, d’un créateur de fichiers balados que vous appréciez ou des personnes que vous suivez sur Twitter. Cultiver ces relations dans le cadre de votre PLN se révèle une approche terriblement efficace pour l’enseignant.

J’ai commencé à écrire un blogue à l’été 2005 qui s’appelait Speaking of History. Mon objectif premier était d’écrire sur des sujets comme la technologie, l’histoire et l’éducation.

Le contenu varie de jour en jour. Un jour, je diffuse la critique d’une biographie que je viens de terminer, le lendemain, je décris une leçon qui a fait mouche avec mes élèves.

Le même été, j’ai commencé à produire un balado portant le même nom. Au départ, je ne savais pas qui l’écouterait, et bien franchement, je m’en foutais un peu, puisque je ne faisais que m’exercer à maîtriser le logiciel libre servant à créer ce type de fichiers.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai commencé à recevoir des commentaires de personnes qui écoutaient mon balado Speaking of History. J’ai également découvert que plus je diffusais, plus je recevais en retour de mes auditeurs. Si je créais un balado

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« Mes auditeurs ont accédé à ma page Web à partir de 156 pays. Mes fichiers balados ont été téléchargés

plus de 380 000 fois en 2008. »— enseignant Eric Langhorst

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Les élèves d’Éric font griller des guimauves au-dessus d’un feu alimenté par des bouses de bison.

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Page 35: Histoire Canada: innover en classe

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Blogger.com et Wordpress.com sont deux sites Web faciles à employer qui vous permettent de lancer votre blogue. Vous n’avez qu’à ouvrir un compte, trouver un titre pour votre blogue, et inscrire votre premier commentaire. Vous pouvez écrire sur des ressources que vous découvrez, des plans de leçons, des moments propices à l’enseignement et tout ce qui vous intéresse en tant qu’enseignant. Votre blogue est un peu comme un carnet de notes en ligne où vous pouvez noter des idées pendant qu’elles sont encore fraîches à votre mémoire.

décrivant une leçon sur la révolution américaine, je recevais des nouvelles d’autres enseignants qui avaient utilisé ma leçon ou qui me proposaient d’autres approches.

Mon blogue et mes balados continuent de s’enrichir. J’ai actuellement plus de 200 fichiers balados sur divers sujets et mes auditeurs ont accédé à ma page Web à partir de 156 pays. Mes fichiers balados ont été téléchargés plus de 380 000 fois en 2008.

Twitter est une nouvelle application que vous pouvez intégrer à votre PLN. Il s’agit d’une application libre qui vous permet de microbloguer avec un réseau d’amis. Chaque mise à jour se limite à un maximum de 140 caractères. Vous décidez des amis que vous souhaitez suivre et les autres « twitteurs » décident s’ils veulent vous suivre ou non. Actuellement, je suis environ 300 personnes, notamment des professeurs d’histoire, des spécialistes de l’enseignement, des employés de musées, des parents, des amis, et environ 450 personnes me suivent.

Certains des commentaires sont de nature triviale : « Je me fais griller des steaks sur le patio », ou « L’épisode de The Office de ce soir était tordant ». La semaine dernière, j’ai appris qu’une de mes collègues avait eu son bébé en rédigeant un Tweet sur Twitter.

Cependant, la majeure partie des discussions portent sur l’enseignement. Les gens diffusent des liens vers des articles en ligne sur l’enseignement de l’histoire ou une nouvelle ressource éducative.

Twitter est également une excellente façon de faire réagir les membres de votre PLN.

Alors que je travaillais récemment à un article sur le recours au clavardage vidéo en classe, j’ai envoyé un Tweet pour demander si quelqu’un avait une bonne anecdote à raconter sur une occasion où il aurait employé cette technique en classe. En l’espace d’une heure, plusieurs enseignants qui me suivent sur Twitter m’avaient fourni d’excellents exemples à inclure à mon article.

Le mot de la fin

es méthodes dont j’ai parlé dans cet article ne sont que des outils que j’emploie pour enseigner l’histoire en classe. Certains de ces outils peuvent s’adapter à des activités spécifiques de votre programme d’études, mais

il est également possible qu’ils ne répondent à aucun de vos besoins.Je crois que nous enseignons dans une période absolument

fabuleuse, car nous disposons d’outils qui nous aident à redonner vie à l’histoire pour nos élèves. Nous nous devons d’explorer ces outils et de les intégrer à nos approches pour établir un lien avec le contenu à transmettre.

L’histoire est un recueil d’histoires incroyables sur l’humanité. Si nous n’arrivons pas à établir ce lien avec nos élèves, c’est que nous avons échoué. Est ce que vos élèves découvriront leur passion pour l’histoire aujourd’hui, dans votre classe, ou dans 20 ans?

Eric Langhorst est l’enseignant de l’année 2007 2008 au Missouri et dif-

fuse régulièrement un fichier balado sur l’enseignement de l’histoire et

les technologies sur son blogue à www.speakingofhistory.blogspot.com.

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Les nouvelles technologies offrent aux enseignants la possibilité de devenir de véritables leaders du monde de l’éducation. Ouvrir un blogue ou un journal en ligne, dans votre classe, afin de faire part à vos lecteurs de votre réflexion sur l’enseignement constitue un excellent point de départ.

Neil Stephenson enseigne à l’école Calgary Sci-ence à Calgary, en Alberta. Il a ouvert son pro-pre blogue, Thinking in Mind, en janvier 2009 et compte déjà de nombreux fidèles lecteurs. La possibilité d’apprendre de l’expérience d’autres enseignants est totalement irrésistible. « J’aimerais beaucoup accéder aux innombrables expériences d’enseignement de mes collègues partout au pays », écrit Stephenson sur son blogue.

Quelques programmes gratuits et faciles à utiliser, comme Blogger et Wordpress, sont offerts aux enseignants qui veulent se lancer dans l’aventure. Stephenson ajoute que des « outils comme les blogues et Twitter sont fort utiles pour échanger sur votre métier et améliorer vos techniques. »

Ouvrez votre blogue

Page 36: Histoire Canada: innover en classe

es pensionnats autochtones. Lorsque je présente ce sujet à mes élèves, certains

avouent n’en avoir jamais entendu parler. Pour d’autres, leur connaissance du sujet se limite à un entrefilet

dans leurs cours d’histoire canadienne des années précédentes. Certains élèves croient que les pensionnats autochtones existaient il y a fort longtemps et se demandent pourquoi on en parle encore aujourd’hui. Pour d’autres, cependant, les pensionnats font partie de l’histoire récente de notre pays, car leurs grands-parents ou les aînés de leur famille s’y trouvaient.

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LAUR

A LEYSHO

N

Pour les Premières nations du Canada, le terme pensionnat est synonyme d’une tentative systématique visant à abolir la culture et l’identité autochtones. Pour les survivants, il rappelle de douloureux souvenirs d’abus physique, psychologique, mental, sexuel et spirituel, des sévices dont les répercussions continuent d’accabler les générations d’aujourd’hui.

Ce sujet me tient à coeur, puisque ma mère est une survivante d’un pensionnat autochtone. Contrairement à certains survivants, ma mère ne peut pas parler du temps qu’elle a passé dans un pensionnat, car ces souvenirs sont encore trop douloureux pour elle.

Les histoires des survivants des pensionnats autochtones sont de puissants outils pour les enseignants et les élèves.

Par Anne Tenning

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 37: Histoire Canada: innover en classe

Anne Tenning fait appel aux expériences de sa mère, Elizabeth

Tenning, en tant que survivante des pensionnats autochtones pour

aider ses élèves à comprendre certains moments sombres de

l’histoire du Canada.

Je ne savais pratiquement rien de l’expérience de ma mère, jusqu’au jour où j’ai assisté à une audience dans le cadre du règlement concernant les pensionnats autochtones, plus tôt cette année. Pendant six longues heures, ma mère a raconté les abus dont elle a été victime aux mains des employés de l’école. J’écoutais en silence, en étouffant mes cris et ma rage. Pendant tout ce temps, je voulais prendre ma mère dans mes bras et la protéger de ses propres souvenirs. J’ai plutôt tenu sa main, j’ai pleuré, et à la fin de l’audience, j’ai ressenti de l’admiration, de l’amour et du respect pour ma mère. Plus que jamais, je comprenais ce qu’était ma mère.

Il est essentiel de comprendre l’histoire des pensionnats autochtones pour saisir les enjeux auxquels font face les peuples autochtones aujourd’hui. Comme l’a si bien dit Katie M., une de mes élèves du cours de 12e année d’études des Premières nations de la C.-B., « le sujet des pensionnats autochtones est encore récent, c’est de l’histoire vivante qui touche encore de nombreuses vies et communautés.

Ce qu’on nous transmet sur les pensionnats autochtones nous aide à mieux comprendre les difficultés que vivent les Premières nations. En comprenant mieux, nous pourrons outrepasser les

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 38: Histoire Canada: innover en classe

« Contrairement à certains survivants,

ma mère ne peut pas parler du temps qu’elle a passé dans

un pensionnat, car ces souvenirs sont encore

trop douloureux

pour elle. »

Pensionnaires autochtones à qui on apprend à coudre, vers 1930.

Le premier ministre Stephen Harper arrive à la Chambre des

communes afin de présenter ses excuses aux survivants des

pensionnats autochtones.

stéréotypes et le racisme, en faisant la lumière sur les pages sombres de notre passé. »

e 11 juin 2008, le premier ministre Stephen Harper s’est levé à la Chambre des

communes et a présenté des ex-cuses officielles pour le rôle qu’a joué le Canada dans la création et l’administration du système des pensionnats autochtones, un sys-tème conçu pour détruire la culture autochtone. Ces excuses furent un grand moment d’histoire, et des milliers de Canadiens ont écouté ce discours à la télévision et sur Internet.

Pendant un bref moment, un des chapitres les plus sombres de l’histoire canadienne était porté à l’attention du public. Pour les en-

seignants, ces excuses ont renforcé l’importance de présenter à leurs élèves une époque de l’histoire qui continue d’avoir des échos aujourd’hui.

De toutes les politiques d’assimilation imposées aux Peuples autochtones, y compris la Loi sur les Indiens, l’interdiction des potlatchs et la création de réserves, aucune n’a fait autant de dommages que les pensionnats autochtones.

Dans le but ultime de civiliser les Premières nations, les en-fants étaient arrachés à leurs familles et communautés et entassés dans des pensionnats où on leur imposait les valeurs, la langue, la culture et la religion du peuple colonisateur.

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l existe des similarités remarquables entre le système carcéral et les pensionnats autochtones. Mais la principale différence réside dans le fait que les pensionnats n’étaient pas remplis de prison-

niers, mais d’enfants et de jeunes dont le seul crime était d’appartenir à une culture jugée inférieure par les autorités canadiennes de l’époque.

Même si le but était de civiliser les enfants, il n’y avait rien de ci-vilisé dans ce système.

Les enfants étaient négligés et maltraités, souvent pour la pre-mière fois de leur vie. Les abus de toute sorte étaient courants; les con-ditions de vie lamentables et une mauvaise alimentation allaient de soi. La qualité de l’éducation était nettement déficiente, puisque les élèves passaient le plus clair de leur temps à faire le ménage et à assister à des cérémonies religieuses. Pire, on leur a volé leur enfance et on leur a refusé leurs droits les plus fondamentaux : être aimé, protégé et pris en charge par leur propre famille.

Un grand nombre d’enfants dans les pensionnats sont morts de maladie, de malnutrition, d’abus, ils se sont suicidés ou sont morts en tentant de se sauver. Le premier ministre nous a particulièrement tou-chés lorsqu’il a dit « malheureusement, bon nombre des anciens élèves ne sont pas avec nous aujourd’hui et sont morts sans avoir entendu les excuses du gouvernement du Canada. Les élèves qui leur ont survécu portent avec eux une peine et une douleur immenses. »

Les élèves de mon cours d’études des Premières nations de la C.-B. de 12e année apprennent au contact de nombreux experts, et participent à des activités pratiques et authentiques. Par exemple, avec chaque conférencier et au cours de chaque excursion, les élèves revivent la tradition orale autochtone. Chaque vendredi, les élèves participent au cercle de la parole traditionnel, où chacun a la possibilité de s’exprimer librement sur des sujets abordés en classe et de faire le point sur sa vie. Nous créons ainsi un sens de la communauté et à la fin du cours, les élèves ont l’impression de faire partie d’une grande famille.

Une des façons les plus efficaces de présenter ce sujet à vos élèves est d’inviter un survivant en classe. Tous ne sont pas prêts à parler de leur expérience, mais certains ont suffisamment progressé dans leur guérison pour pouvoir aborder ce difficile sujet avec des jeunes.

Alex Nelson a eu un pro-fond effet sur mes élèves.

Il nous a raconté ses an-

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nées passées au pensionnat St. Michael’s, à Alert Bay, en C.-B. Il nous parle de ses souvenirs les plus personnels et les plus troublants, des effets de ces expériences sur sa vie et de ce qu’il a dû faire pour trou-ver le chemin de la guérison. Les élèves voient en Alex Nelson non pas uniquement un survivant des pensionnats, mais également un modèle et un héros autochtone.

Pour faire revivre ce sujet en classe, communiquez, dans un pre-mier temps, avec les représentants d’une communauté autochtone locale, ou avec un agent de liaison autochtone de votre commission sco-laire, afin que l’on vous recommande un conférencier. Assurez-vous que ce dernier est bien à l’aise pour parler de son expérience avec vos élèves.

Avant la présentation, préparez les élèves en leur transmettant des renseignements de base sur les pensionnats, en formulant des questions à poser au conférencier et en passant en revue les principes fondamentaux d’un accueil respectueux. Accueillez votre conférencier en demandant à vos élèves de se présenter. Ensuite, remettez-lui un cadeau ou une contribution. Les élèves peuvent également signer une carte de remerciement ou mieux, écrire des lettres au conférencier au sujet de son exposé.

Les répercussions de cette expérience sur les élèves sont indé-niables. Comme le dit si bien un de mes élèves, Tejas P., dans son journal : « M. Nelson a réussi à transformer sa propre expérience, ai-nsi que celle des autres, en quelque chose d’instructif. Comme tous les grands orateurs, il a parlé simplement, mais avec puissance. Ses mots ont redonné vie aux couloirs humides de la grande école, aux salles à manger à l’odeur de détergent où s’entassaient les enfants, ainsi qu’à la froideur et à la distance des enseignants et du personnel. C’était cer-tainement plus évocateur que n’importe quelle vieille photographie en noir et blanc ».

J’ai demandé à Alex Nelson pourquoi il trouve si important de parler aux élèves.

« Lire sur les pensionnats, c’est une chose, mais entendre ces récits de la bouche d’un conteur, ça c’est de l’histoire vivante, explique-t-il. Je suis très heureux de ce qui se passe actuellement, de nombreux anciens élèves des pensionnats commencent à parler, et c’est l’occasion idéale pour recueillir le plus de récits possibles de ces survivants. »

La connaissance historique que les élèves tirent de ces récits est inestimable, tout comme la rencontre avec un modèle et un héros au-tochtone chez qui la force et la résilience sont omniprésentes. Alex W., un autre de mes élèves, a dit : « Alex Nelson est le genre d’homme que je veux devenir ».

Il n’y a pas meilleur endroit que la classe pour faire com-prendre aux jeunes ce qu’étaient les pensionnats. Il est essentiel de bien comprendre ce pan de notre histoire pour compren-dre l’ensemble de l’histoire du Canada.

Anne Tenning a reçu en 2008 le

Prix du Gouverneur général pour

l’excellence en enseignement

de l’histoire canadienne. Elle

enseigne les études autochtones

à l’école secondaire Victoria, à

Victoria, en Colombie Britan-

nique, depuis huit ans.

e cours sur les Premières nations de la C.-B. de 12e an-née est un cours unique qui porte sur l’histoire de la province, selon le point de vue des Autochtones.

Dans un premier temps, les élèves en apprennent davantage sur les cultures autochtones riches, diversifiées et dynamiques qui existaient il y a des milliers d’années avant l’arrivée des pre-miers explorateurs et colons. On parle longuement des premiers contacts, du commerce de la fourrure, des effets des maladies introduites par les Européens, et des politiques colonialistes qui visaient les peuples autochtones de la Colombie Britannique.

En outre, les élèves se familiarisent avec le rôle qu’ont joué les soldats autochtones pendant les deux guerres mondiales, les premiers activistes autochtones, l’état actuel des négociations sur les traités en C.-B. et les enjeux politiques et sociaux contem-porains des communautés autochtones dans la province.

Lorsque je donne ce cours, j’essaie d’y intégrer le plus de stratégies d’enseignement autochtone traditionnelles possible. Dans de nombreuses nations autochtones, avant la rencontre avec les Européens, les enfants apprenaient au contact non pas d’un nombre restreint de personnes, mais de nombreux membres de leur famille, de leur famille élargie et de la communauté dans son ensemble. Pour recréer cela, j’invite en classe de nombreux conférenciers qui nous parlent de divers sujets de façon concrète.

Les élèves participent à des activités spirituelles autoch-tones, comme le tambour, le chant et la visualisation guidée, activités qui sont dirigées par un enseignant autochtone. Ils ap-prennent également quelles ont été les répercussions de la Loi sur les Indiens en écoutant un conférencier parler de son histoire personnelle. Ils comprennent mieux l’importance du potlatch en visitant une maison longue. Ils découvrent le lien des peuples autochtones avec la terre. Pour étudier les traités modernes, ils échangent en classe avec de véritables négociateurs de traités. J’ai également invité des professeurs d’université à nous parler du système de gouvernance autochtone et des techniques autoch-tones traditionnelles.

— A.T.

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Enseignements traditionnels

Des joueurs de tambours traditionnels accompagnent les danseurs.

Lors d’un cercle de parole, seul

l’élève qui tient le coquillage a le

droit de parler.

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de l’accord, est une indemnisation financière fondée sur les sévices physiques ou sexuels subis. Le montant est déterminé à l’aide d’un système de points, les formes d’abus les plus graves donnent le plus grand nombre de points. Les demandeurs doivent raconter leurs expériences personnelles douloureuses et humiliantes afin de toucher cette indemnisation. Les audiences du PEI se dérou-lent maintenant, et seul le temps pourra nous dire quelle aura été l’incidence de ce processus sur les demandeurs.

De nombreux survivants ont maintenant soixante, soixante-dix ans et même plus, et on leur demande de se souvenir d’atrocités qui se sont produites il y a cinquante ans ou plus. Pour certains, les audiences du PEI sont la première occasion qu’ils ont de raconter ces souvenirs. Même s’il est difficile pour eux de replonger dans cette époque, on apprend beaucoup à écouter leurs récits person-nels. L’histoire des pensionnats a, jusqu’à tout récemment, été sur-tout racontée selon le point de vue du colonisateur, mais il est tout aussi indispensable d’entendre celui des anciens élèves.

C’est pour cette raison que le gouvernement a créé la Commis-sion de vérité et de réconciliation. La Commission, dans le cadre de son mandat de cinq ans, doit donner aux survivants l’occasion de raconter et de documenter leurs histoires. La Commission établira un recueil historique sur le système des pensionnats et formulera des recommandations au gouvernement sur la façon de faire face à ce pénible héritage.

— A.T.

ême si la majorité des pensionnats ont fermé leurs portes dans les années 1960, leurs effets continuent de se faire sentir dans les communautés autochtones

aujourd’hui. Les Autochtones accusent des niveaux de pauvreté, d’incar-

cération, de toxicomanie, des problèmes de santé et des difficultés d’apprentissage disproportionnés par rapport aux non-autoch-tones. Ces différences servent à alimenter les stéréotypes négatifs et le racisme. Même si elles ne s’appliquent pas à la majorité des Autochtones, nombreux sont ceux qui continuent de percevoir ce peuple de façon négative. De nombreuses personnes ne compren-nent pas que les difficultés auxquelles sont confrontés les Autoch-tones sont des symptômes d’une histoire collective parfois sombre et douloureuse. L’éducation est un aspect essentiel pour affronter et détruire ces dangereux stéréotypes.

En plus des excuses officielles historiques prononcées par le premier ministre Stephen Harper, les survivants des pensionnats touchent également une indemnisation financière du gouverne-ment. En mai 2006, l’Accord de règlement relatif aux pensionnats indiens a été ratifié; il s’agit du plus important recours collectif de l’histoire du Canada. La première partie de l’Accord, le Paiement d’expérience commune, repose sur le nombre d’années qu’une personne a passées dans un pensionnat.

Le processus d’évaluation indépendant (PEI), la seconde partie

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Les aînées Sophie Smarch, à droite, et Martha Van Heel, écoutent les excuses du premier ministre Stephen Harper au

conseil des premières nations du Yukon, à Whitehorse, le 11 juin 2008.

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Favoriser une approche locale de l’histoire du Canada

Par Rose Fine-Meyer

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Dans la communauté où j’enseigne, il y a un parc qui résume parfaitement la notion de plein air, et ce, depuis des générations.

natation dans les années 1940 et 1950. Les filles étaient toujours représentées dans le cadre d’activités axées sur la santé. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, on proposait également aux élèves des cours sur la reconnaissance des aéronefs.

Mes élèves suivent les changements architecturaux qui ont façonné notre école, maintenant centenaire. Ils ont ainsi appris que le gymnase actuel était l’ancienne cafétéria. À l’époque, on mangeait à de longues tables de chêne et la pièce était éclairée par des puits de lumière. Les élèves devaient demeurer dans cette salle jusqu’à la fin de l’heure du dîner.

Après avoir étudié l’école, les élèves se tournent vers les rues de la communauté. Parfois, ils étudient l’histoire de leur propre

maison ou appartement et font des découvertes sur l’immeuble, le terrain et les gens qui habitaient là.

Vanessa, une de mes élèves, a mené une recherche sur sa maison et y a découvert des artefacts intére-ssants. « Lorsque mes grands-parents ont acheté la maison, il y a trente ans, elle était dans un état déplorable. Ils ont dû faire des travaux de rénovation majeurs, explique-t-elle. En abattant une cloison, ils ont découvert un petit

paquet de cigarillos, une revue « pour adultes » et un bouton Victory Bond de la Première Guerre mondiale. »

Une autre élève, Andrea, mentionne que sa famille a découvert un coffre rempli de documents et de lettres personnelles dans le grenier de la maison. « Cela faisait des années que ces objets se trouvaient là et nous ne le savions même pas! »

Que ce soit pour dévaler les pentes en hiver ou pour la promenade en été, les résidents de la région s’y plaisent depuis plus de 70 ans.

Ce parc semblera sans doute familier à de nombreux Canadiens qui ont grandi dans des communautés comme la mienne. Pour bon nombre d’entre eux, leur vie a été façonnée par leur quartier et par les gens qui y demeuraient. Chaque fois qu’ils allaient à l’école, qu’ils se rendaient au parc ou à la patinoire, qu’ils mangeaient au restaurant ou achetaient des bonbons au dépanneur du coin, ils établissaient des liens qui forment la trame de l’histoire de leur communauté.

C’est cette histoire locale qui définit qui nous sommes et ce que nous faisons. Et même si nos figures emblématiques et nos symboles nous aident à créer une image de notre pays, il est souvent difficile de voir leur lien avec notre vie quotidienne. En outre, ils ne disent rien sur le rôle que les communautés locales ont joué pour façonner notre identité collective.

Les enseignants doivent aider les élèves à comprendre la société dans laquelle ils vivent, afin qu’ils en deviennent des membres actifs et qu’ils s’y impliquent. Pour ce faire, il ne suffit pas de consulter des manuels scolaires, de fréquenter la bibliothèque ou même de naviguer sur Google. Il faut visiter le quartier!

C’est justement cette idée qui sous-tend mon cours de préparation à l’université de 12e année, intitulé Archives et histoire

Les élèves creusent dans leur propre cour pour mener leurs recherches historiques.

locale. Ce cours n’est pas encore officiel, mais j’espère qu’il sera adopté à l’échelle de la province, et qui sait, peut-être même du pays. Mon cours vise principalement à aider les élèves à déterminer comment leur communauté a contribué à définir leur propre identité, tant à l’échelle individuelle que collective. Le cours commence en classe et dans les couloirs de l’école. Quelles sont ces photographies accrochées aux murs? Qu’y avait-il sur ce terrain avant que l’école n’y soit construite? Qui a parcouru ces couloirs et comment leurs expériences ont fait de l’école ce qu’elle est aujourd’hui?

Par exemple, après avoir étudié l’histoire de l’école, mes élèves ont découvert que les premiers cahiers-souvenirs de l’école ne contenaient que les photographies de ceux qui excellaient en sport ou dans les matières académiques. On y voit des photos de garçons au cours de

la valeur la plus importante véhiculée dans ce cours est certainement le lien qui les relie à leur

communauté.

ne fois que les élèves sont immergés dans l’histoire locale, ils étendent leur territoire. Les élèves se penchent sur la communauté dans son ensemble, la ville et la province. Ils visitent des sites historiques locaux, des musées et des

maisons patrimoniales. Chaque élève étudie une section d’une grande artère commerciale de sa communauté et doit découvrir l’histoire des commerces qui s’y trouvent. Pour Alex, un de mes élèves, « lorsqu’on a grandi au même endroit, il est difficile d’imaginer ce à quoi une rue pouvait ressembler avant notre arrivée. »

Mes élèves ont également visité Colborne Lodge, une maison conservée à la mémoire de John et Jemima Howard, le couple qui a fondé High Park à Toronto. Mes élèves ont examiné les photos et croquis du parc et ont comparé l’usage du parc, à l’époque et aujourd’hui. Ce processus permet aux élèves de découvrir l’histoire démographique de leur communauté et d’établir un lien avec leur environnement de vie.La dernière étape pour mes élèves est de creuser dans leur propre cour pour découvrir l’histoire! En tant qu’« archéologues qualifiés », ils effectuent de véritables fouilles afin de trouver un objet du passé. Parfois, ils font de vraies trouvailles!

Une de mes élèves a trouvé un anneau de baril dans sa cour. Elle a réussi, avec beaucoup d’adresse, à relier l’histoire de la communauté à celle de la Prohibition. La région où elle demeure était un des « quartiers secs » les plus anciens de Toronto; ce n’est qu’en 1997 qu’on y a autorisé la vente d’alcool! Elle a déduit de sa découverte que les anciens propriétaires de la maison devaient fabriquer leur

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 43: Histoire Canada: innover en classe

propre alcool dans des barils entreposés dans la remise, remise qui est d’ailleurs toujours là.

Une autre élève, Rosemary, a trouvé une pièce de porcelaine ancienne provenant d’un service à thé ou d’un nécessaire de toilette.

« J’ai couru dans la maison pour raconter à mes parents que nous avions trouvé de vrais artefacts du passé », affirme-t-elle. D’autres élèves ont trouvé de vieilles bouteilles, des clés, des morceaux d’un rail de chemin de fer qui remonte à l’époque où la communauté servait de point de jonction entre plusieurs artères ferroviaires centrales de l’Ontario. Dans chacun de ces cas, les découvertes ont réellement enflammé l’imagination des élèves. Ils faisaient soudainement partie de l’histoire, une histoire qui avait toujours été là, mais que personne ne s’était donné la peine d’approfondir.

MAIN M ISE SUR L’H ISTO IRE

la communauté à s’adresser aux élèves. Les archivistes, les historiens locaux, les urbanistes et les aînés ont tous des réflexions fort intéres-santes à partager. Dans la plupart des cas, ils sont impatients de part-ager leur savoir avec les élèves : ils n’attendent que votre invitation!

Certains Canadiens affirment que l’absence de connaissance des élèves sur le Canada pourrait être à l’origine d’une crise. Les solutions sont nombreuses, mais elles reposent sur l’une des deux options suivantes : soit on trouve des façons d’enseigner l’histoire de façon plus attrayante, soit on rend les cours d’histoire du Canada obligatoires. Même si j’appuie ces deux approches, je crois qu’on peut très bien ouvrir une fenêtre sur le passé en étudiant notre propre cour ou notre propre quartier. Ce que l’on aperçoit par cette fenêtre permet d’établir un lien entre ce que nous sommes, ce que nous faisons et ceux qui étaient là avant nous.

Les histoires de nos communautés locales, des gens qui en ont fait partie et de leur rôle pour façonner notre pays sont essentielles à notre enseignement. Pour les élèves, il est à la fois fascinant et passionnant d’être si près de leur histoire, et c’est à leur enseignant de leur donner l’occasion d’y participer et de développer leur sentiment d’appartenance à cette histoire locale qui les rapproche de l’histoire de tous les Canadiens.

Rose Fine-Meyer a reçu en 2007 le Prix du Gouverneur général

pour l’excellence en enseignement de l’histoire canadienne.

Elle termine actuellement son doctorat en éducation à

l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario.

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ans notre école, on peut voir un énorme vitrail commandé en 1920 pour honorer les soldats qui sont morts au combat pendant la Grande Guerre. Le souvenir de leur sacrifice était important pour la communauté après la guerre, et il le demeure encore aujourd’hui.

Pendant plusieurs mois, les élèves effectuent des recherches sur des soldats qui ont résidé dans leur quartier. Ensuite, nous nous rendons à Ottawa pour consulter leur dossier militaire. Les élèves peuvent eux-mêmes manipuler ces dossiers et comprendre un peu mieux l’expérience de ces hommes, tant sur le plan physique qu’émotionnel.

Pour Sonja Smiljanic, une de mes anciennes élèves, le voyage s’est révélé un moment décisif : « Pour moi, c’est le voyage qui a permis de boucler la boucle : j’ai pu relier ce que j’avais appris en classe sur l’histoire locale avec l’importance de préserver ce souvenir. » Il s’agit d’une expérience émouvante pour chaque élève, qui permet de relier l’histoire d’un garçon de la communauté à l’histoire de la nation. Le sacrifice de ces jeunes hommes prend alors un tout autre sens et les jeunes en retirent une idée plus claire et plus immédiate de ce

que cela signifie d’être Canadien.Ce lien avec l’histoire d’un jeune garçon du coin donne une dimension plus personnelle à l’identité d’un jeune Canadien 90

ans plus tard. Notre recherche à Ottawa a éveillé la conscience historique de Sonja.« C’est ce matin-là, alors que j’étais assise dans une salle de conférence à Bibliothèque et Archives nationales, que j’ai décidé

de poursuivre mes études universitaires en histoire, dans l’espoir de travailler un jour dans le domaine de la conservation. »Pour la première fois, en tenant les dossiers des soldats, les élèves réalisaient ce que cela signifie de faire partie de

l’histoire en marche. D’anciens élèves étaient partis se battre à l’étranger et ne sont jamais revenus, et mes élèves parviennent maintenant à comprendre ce sacrifice de façon très personnelle et directe – ils ont une compréhension plus vaste des répercussions de la guerre sur tous les Canadiens, hier et aujourd’hui.

— R.F.M.

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u fur et à mesure que progresse le cours, je remarque que mes élèves s’intéressent davantage aux enjeux locaux. Ils commencent à devenir des citoyens à part entière et actifs au sein de leur communauté. L’activisme communautaire local est

à la base d’une société démocratique forte, et ces élèves découvrent des enjeux locaux qui les relient à l’identité de la communauté d’hier et d’aujourd’hui, mais aussi à leur identité nationale.

Ce cours permet aux élèves d’acquérir des compétences fon-damentales, comme la recherche, et d’améliorer leurs techniques d’enquête historique. Cependant, la valeur la plus importante vé-hiculée dans ce cours est certainement le lien qui les relie à leur com-munauté. Il y a de nombreuses façons d’améliorer cette expérience pour les élèves, notamment en étudiant des documents, des films et des livres sur leur localité, ou en invitant des membres importants de

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Des élèves racontent les histoires de soldats morts au combat.

Par BLAKE SEWARD

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Teaching Canada’s History | Special Issue

e jour du Souvenir en 2001, j’ai visité avec ma femme, Ann, et nos deux enfants, Rebecca et Benjamin, notre monument aux morts local, au coeur de notre ville de

Smiths Falls, une petite communauté de l’Ontario de 9  000 personnes.

Je venais tout juste de terminer des recherches sur mon grand-oncle, Clarence Mainse, qui avait combattu à Passchendaele en novembre 1917, et qui y a malheureusement trouvé la mort. Ce n’était pas la première cérémonie du jour du Souvenir à laquelle j’assistais, mais celle-là était différente. L’histoire de la mort de Clarence m’a permis de mieux comprendre la notion de souvenir. Pour la première fois, j’ai ressenti un lien très personnel avec les noms figurant sur le monument. Ce n’étaient plus seulement des noms gravés dans la pierre, mais des Canadiens qui ont vécu et qui ont leur propre histoire à raconter.

C’est là que j’ai eu un éclair de génie : et si je demandais à mes élèves d’effectuer des recherches sur la vie des soldats dont le nom figure sur le monument, comme je l’ai fait pour mon grand-oncle? Quel type de lien émotif et éducatif pourrait naître de cet exercice?

C’est ainsi qu’est né le projet « Lest We Forget ».Quand vient le temps de raconter l’histoire des guerres

mondiales, la principale difficulté de l’enseignant est de trouver une façon d’interpeller les élèves et de les intéresser à des événements qui sont pour eux de l’histoire ancienne. Après tout, la Première Guerre mondiale est terminée depuis plus de 90 ans, la Seconde depuis plus de 60 ans. Comment intéresser les élèves à cet aspect important de notre passé?

La réponse se trouve dans presque toutes les villes et tous les villages du pays – autour du monument aux morts local.

Le monument aux morts a été pendant longtemps un symbole important et unificateur dans les communautés canadiennes. Suite aux énormes pertes subies lors de la Première

Guerre mondiale, les communautés ont ressenti le désir d’honorer le sacrifice de ceux qui ont servi leur patrie et qui sont morts au combat. Ces monuments représentent également un symbole durable de notre deuil collectif.

Cependant, aujourd’hui, que sait-on vraiment des soldats dont le nom est gravé sur ces monuments? Sont-ils morts au combat? Au cours de quelle bataille? Dans quelle division? Étaient-ils volontaires ou ont-ils été conscrits?

Le projet « Lest We Forget » permet de répondre à ces questions. Dans ce projet, les élèves du cours d’histoire canadienne

adoptent un soldat figurant sur leur monument aux morts local ou un ancien élève figurant au tableau d’honneur de leur école, et rédigent la biographie de cette personne. Vous ne manquerez certainement pas de matériel : plus de 66 000 Canadiens sont morts pendant la Première Guerre mondiale, et 36 000, au cours de la Seconde Guerre.

Les élèves de Smiths Falls ont terminé leurs recherches en 2004. Depuis, mes élèves rédigent plus d’une centaine de biographies en choisissant des noms de soldats de partout au pays. Après avoir terminé leurs recherches, les élèves partent en pèlerinage sur les champs de bataille européens afin de retracer le passage de leur soldat sur le vieux continent.

Passer du projet à la réalité

Mais je vous entends d’ici : « C’est un bon projet, mais comment et par quoi commencer? »

Il faut en fait commencer à Bibliothèque et Archives Canada (BAC). On y trouve une vaste collection de dossiers militaires de soldats et d’infirmières de la Première Guerre mondiale, dossiers auxquels les élèves peuvent avoir accès. Les documents d’attestation (d’enrôlement) sont disponibles en ligne, ainsi que les journaux de chaque bataillon, brigade et division. En tout, plus d’un million de documents militaires ont été numérisés.

les communautés ont ressenti le désir d’honorer le sacrifice de ceux qui ont servi leur patrie et qui sont morts au combat.

5890: le nombre de monuments aux morts AU Canada

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On peut organiser une visite pour consulter les documents originaux avec BAC sans frais. Des ateliers sont offerts en anglais et en français. Les enseignants peuvent également commander des copies des dossiers militaires auprès de BAC. Dans chaque dossier, les élèves trouveront notamment des renseignements médicaux, de l’information sur le bataillon, les déplacements de troupes, les cartes de décès et les grilles de salaire. Lorsqu’ils reçoivent les dossiers, les élèves peuvent les compléter par des sources secondaires, comme les manuels d’histoire et d’autres textes en ligne.

Alors que le casse tête commence à prendre forme, les élèves se font une meilleure idée du soldat qu’ils étudient. Soudainement, la surface dure et froide du monument aux morts révèle une nouvelle perspective sur la vie de ces hommes et leurs réalisations.

Pour certains élèves, le projet leur permet d’établir un lien personnel avec le soldat, surtout s’il faisait partie de leur famille.

Par exemple, en 2007, j’ai eu l’occasion d’amener ma fille de 10 ans, Rebecca, avec mon groupe d’histoire canadienne visiter la tombe de mon grand-oncle Clarence, au nouveau cimetière militaire de Vlamertinghe, en banlieue d’Ypres, en Belgique. « C’était à mon tour de me souvenir de cet homme que je n’ai jamais rencontré. J’étais heureuse, mais en même temps très triste » a affirmé Rebecca à son retour à la maison.

Les élèves qui ne sont pas parents avec les soldats abordent leur recherche comme une véritable enquête : ils cherchent des indices, consultent des documents et en viennent à mieux comprendre la vie et l’œuvre qui se cache derrière les noms gravés sur le monument aux morts.

Dans de nombreux cas, les élèves sont les premiers à s’être intéressés à ces soldats. Ils deviennent par le fait même les gardiens de leur souvenir.

Le voyage en Europe

Pour la majeure partie des élèves, c’est lors du voyage en Europe, pour suivre les derniers moments de la vie de leur soldat, que le projet prend toute sa dimension émotionnelle.

Nous retrouvons les tombes des soldats et parlons de ce qu’était la vie pendant ces grandes guerres. Les élèves présentent la biographie de leur soldat, devant sa tombe, et reproduisent l’inscription qui y figure. C’est souvent un moment de grande émotion pour les élèves.

Une élève de 16 ans, Melanie Fisher, a travaillé et économisé pendant un an après avoir terminé ses recherches pour participer à ce pèlerinage. Lorsqu’elle est arrivée à la tombe de son soldat,

elle était accompagnée de l’ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, Jack Ranger. Ce dernier a fait le voyage avec les élèves plusieurs fois au fil des ans. Mélanie était submergée par l’émotion lorsqu’elle a lu la

Enseignants sur le champ de bataille

biographie du soldat John Foster, enterré au Cimetière de Regina Trench, en France. Mélanie a coécrit sa biographie avec sa camarade Jenna Mantle, qui avait visité la tombe du soldat Foster lors du voyage de 2004.

Les élèves peuvent soumettre leur travail à Anciens combat-tants Canada afin qu’il soit diffusé sur le site Web du Ministère. Les enseignants peuvent également publier un recueil de ces biogra-phies ou en faire des films et les diffuser sur Facebook, YouTube et d’autres sites de réseautage.

Les histoires de nos anciens combattants sont peu connues et risquent d’être oubliées à jamais.

Si nous ne connaissons rien d’autre que le nom des soldats morts au combat, je crois que leur sacrifice aura été en vain. Peu d’événements dans l’histoire du Canada ont eu les mêmes répercussions que les deux guerres mondiales. La possibilité pour les élèves de revenir sur ce passé et de rédiger une histoire locale est essentielle si nous voulons que la prochaine génération de Canadiens s’implique et connaisse l’histoire du pays.

Pour plus d’information, visitez le projet « Lest We Forget » en ligne sur le site Web de Bibliothèque et Archives Canada à www.collectionscanada.ca/cenotaph. Vous pouvez en profiter pour commander vos dossiers.

Blake Seward est un récipiendaire du Prix du Gouverneur général pour

l’excellence en enseignement de l’histoire canadienne. Il réside et

enseigne à Smiths Falls, en Ontario.

ans le cadre des voyages d’études des champs de bataille canadiens, des

enseignants peuvent visiter des champs de bataille et des cimetières en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Au cours de ce pèlerinage, les enseignants doivent répondre à des questions et élaborer des scénarios. Le matériel créé leur est ensuite très utile en classe. Ils adoptent également un soldat de leur propre province. Linda O’Reilly, une enseignante de Terre Neuve et Labrador, parle avec passion de son soldat, Douglas Snow, décédé le 1er juillet 1916, à Beaumont Hamel. « J’ai l’impression d’avoir amené avec moi toute la population de Terre Neuve », affirme-t-elle. En 2008, les enseignants ont participé à une cérémonie en l’honneur du South Saskatchewan Regiment à la crête de Verrières, au sud de Caen, en France.

— B.S.

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Vous pouvez trouver des monuments aux morts dans votre communauté et partout au pays en consultant l’Inventaire national des mémoriaux militaires canadiens.

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ILLESPIE

BLAKE S

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Melanie Fisher rend hommage à un soldat mort au combat pendant la Seconde Guerre mondiale, en compagnie de l’ancien combattant Jack Ranger.

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Page 48: Histoire Canada: innover en classe

e premier jour de cours pour un enseignant est une expérience pour le moins intimidante.

Je me souviens de mon premier jour d’enseignement. J’étais impatient de déverser tout mon savoir sur mes trente

cinq élèves d’histoire de 10e année. Je voulais leur faire partager ma passion pour cette matière.

Mais je me suis rapidement rendu compte qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. La matière à elle seule ne suffit pas à « allumer » les élèves. Il me fallait en faire plus. Je savais qu’il ne suffirait pas de demander aux élèves de lire le bouquin et les questions à la fin du chapitre. De toute façon, cette stratégie ne me disait rien.

Selon moi, les jeux de rôle et la reconstitution sont deux merveilleuses façons de redonner vie à l’histoire. Mais le problème, c’est que je ne savais pas par où commencer. Je craignais de quitter ma zone de confort, et je me suis dit, l’espace d’un moment, qu’il valait peut-être mieux laisser tomber cette aventure.

Heureusement, un collègue plus expérimenté, informé de mes hésitations, me lança le défi de prendre une chance. « Pense petit, me dit-il, commence par une petite activité et voit ensuite comment ça se passe. Même si le projet est un flop, les élèves apprécieront les efforts que tu as déployés pour capter leur intérêt ». J’ai donc décidé de faire le saut, et j’ai organisé une reconstitution du Jubilé de diamant de la Confédération du Canada, en 1927. Vous auriez dû voir mes élèves lorsque je leur ai dit qu’ils devraient porter des robes à crinoline et des chapeaux hauts de forme!

Je retenais mon souffle. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Prendraient-ils mon idée à la blague ou me jetteraient-ils un regard désabusé, ou même gêné?

Et mes élèves se sont mis à rire, non pas pour se moquer, mais

Récompenser le risque Prenez des chances en classe. Vous pourriez être surpris, écrit Joe Stafford.

plutôt parce qu’ils s’amusaient follement. Ils enfilèrent leur costume, faisant du coup disparaître la rigueur de la salle de classe. Un de mes élèves a décrit l’expérience comme « une promenade dans le passé... Les leçons et le tableau montrent soudainement leur « p’tit côté givré »... et tout le monde participe. »

Mon mentor avait raison. Mes élèves n’attendaient que cette occasion de sauter à pieds joints dans le passé du Canada. Ils apprenaient, tout en s’amusant.

Les élèves ont non seulement apprécié mes efforts, mais ils m’étaient reconnaissants de leur avoir fait suffisamment confiance pour plonger dans l’aventure. Et en vingt ans d’enseignement, je n’ai jamais eu de problème de comportement en classe, une grande crainte pour la plupart des enseignants.

Parfois, on croit qu’il est plus facile d’éviter les risques, de suivre les sentiers battus.

Mais la vraie récompense revient aux enseignants qui n’ont pas peur de relever les défis.

Et des défis, il y en a. Trop souvent, l’histoire du Canada est reléguée aux oubliettes. Au fil des ans, certains cours gagnent en popularité ou sont perçus par les parents comme facilitant l’accès à l’université. Si le département d’histoire ne fait pas une promotion active des cours d’histoire, l’intérêt diminue et les enseignants se voient obligés de bifurquer vers d’autres matières.

Pour renverser cette tendance, les enseignants doivent raconter les nombreuses histoires passionnantes et mystérieuses du passé du Canada. Nous devons également établir un lien entre le présent et le passé, et expliquer comment ces deux dimensions contribuent à façonner notre avenir.

Nous devons aider nos élèves à comprendre que les personnages

Histoire vécueRO

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Joe Stafford et ses élèves à l’école

secondaire catholique St. Theresa.

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Nous sommes à la recherche de professeurs d’histoire exceptionnels qui ont inspiré leurs élèves et les ont incité à explorer le passé du Canada!

Les gagnants reçoivent un prix en argent, une médaille et un voyage pour deux à la cérémonie de remise des prix à Rideau Hall, à Ottawa!

Si l’un de vos collègues ou vous même méritez cette distinction, présentez votre candidature!

Pour plus d’information, visitez notre site Web à http://www.societehistoire.ca/gga.asp

Les candidatures seront acceptées jusqu’au printemps 2010

Société d’histoire du Canada

de l’histoire du Canada ont déjà été bien vivants, tout comme eux, avec leurs joies, leurs peines et leurs espoirs.

Le manuel décrit, par exemple, que « Baldwin et Lafontaine ont instauré toute une série de réformes avant de quitter la scène poli-tique, en 1851 ».

Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’après la mort de sa femme, Baldwin s’est retrouvé dans un état d’accablement tel qu’il ne pouvait plus rien faire, et ce, pendant des semaines. Il a également demandé que son cercueil soit attaché à celui de sa femme à l’aide d’une chaîne et que l’on pratique sur son corps la même incision que celle qui a tué sa femme, lors d’une césarienne qui a mal tourné. On ne peut qu’imaginer la profondeur de ses tourments. Qui pourrait trouver de tels détails ennuyeux?

Et ne vous limitez pas uniquement à la salle de classe.

À mon école, nous avons formé un club d’histoire il y a plusieurs années pour aider les élèves à élaborer leurs reconstitutions historiques. Nous avons également créé un club dont le mandat est d’accroître la visibilité du département d’histoire au sein de l’école. La Renaissance Society tient chaque année des conférences destinées aux élèves sur différents sujets de l’histoire canadienne, mais portant toujours sur le même thème : le passé, le présent et l’avenir.

Nous avons réussi à établir une solide relation de travail avec

la société d’histoire locale et nous invitons régulièrement ses membres à notre école pour assister aux conférences. Les élèves sont également invités au banquet annuel de la société. Ils s’impliquent au sein de la communauté, comme en témoigne l’élection d’un de mes élèves au comité de préservation du patrimoine municipal.

Aujourd’hui, ceux qui visitent ma classe ont l’impression de faire un retour dans le passé. Ouvrez la porte de la classe et vous

y verrez peut-être la reconstitution d’un p’tit resto de quartier des années 1950, avec des figurants en costume d’époque, ou un rallye politique où des hippies, le poing levé, dénoncent la guerre du Vietnam!

Mais vous n’y trouverez aucun élève à bayer aux corneilles, ni aucun enseignant parlant d’une voix monocorde et demandant à ses élèves de lire leur manuel et les questions à la fin du chapitre....

J’ai eu la chance de profiter de bons conseils, et je n’ai pas eu peur de prendre des risques.

Suivez mon exemple, et je vous garantis que vous ne le regretterez jamais.

Joe Stafford est un récipiendaire du Prix du Gouverneur général pour

l’excellence en enseignement de l’histoire canadienne. Il enseigne à

l’école secondaire catholique St. Theresa, à Belleville, en Ontario.

Mes élèves n’attendaient que cette

occasion de sauter à pieds joints dans le passé du

Canada. Ils apprenaient, tout en s’amusant.

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Escapades

e crois fermement que les excursions constituent un aspect essentiel de l’enseignement de l’histoire. Elles sont au cours de sciences humaines ce que les laboratoires sont à la for-

mation scientifique. Le territoire et le paysage sont une source de données historiques aussi importante que toute autre source primaire. Après tout, les élèves doivent s’exercer à analyser et à interpréter ce qui reste de notre passé.

Peu après avoir obtenu mon diplôme de l’université, j’ai par-couru en canot les rivières Parsnip et Peace dans le nord de la Colombie Britannique, les territoires qu’avait exploré Alexander Mackenzie. Ce voyage m’a permis de mieux comprendre les réali-sations exceptionnelles des explorateurs canadiens. Plus tard, ma femme et moi-même avons visité, à pied et en canot, les lieux de la ruée vers l’or du Klondike, au Yukon, ainsi que des sites associés à l’histoire de Louis Riel, en Saskatchewan et au Montana.

Je suis toujours ému lorsque je visite des lieux où se sont produits d’importants événements. Lorsque je suis devenu en-seignant, j’ai voulu partager ma passion pour l’histoire avec mes élèves et les emmener avec moi visiter ces berceaux de notre his-toire.

Lors d’une de nos premières excursions, nous avons visité Fort Langley, à Langley, en Colombie Britannique, le site histo-rique national le plus près de mon école. Le fort comporte encore des édifices d’origine et d’autres bâtiments fidèlement reconstru-its. Le personnel manifeste également un véritable intérêt pour l’histoire. Cependant, mes élèves éprouvaient de la difficulté à comprendre la vie que l’on menait dans un fort du 19e siècle.

L’année suivante, mes élèves se sont déguisés en voyageurs et se sont rendus au fort en canot, à partir d’un point de départ situé à 15 km en amont du fort. En chemin, nous avons entonné des chansons françaises et vécu une expérience sensorielle et concrète de cette expédition, tout comme l’auraient fait des voyageurs du 19e siècle.

Le professeur d’économie domestique et des élèves ont préparé de la soupe aux pois, de la banique et de la tarte au sucre que nous avons dégusté au bord de la rivière. Un autre élève a ac-

compagné les voyageurs de sa musique jusqu’au fort. Le professeur de théâtre a fait revivre aux élèves la cérémonie de 1858 au cours de laquelle la C.-B. est officiellement devenue une colonie de la Cou-ronne. Les élèves ont ensuite visité le fort, le musée et le cimetière local.

Lors d’un autre voyage, j’ai fait de la randonnée avec mes élèves dans un ancien sentier emprunté par la brigade de la Compagnie de la Baie d’Hudson, plus haut en amont du fleuve Fraser. Les élèves ont suivi le sentier escarpé de Cascade Mountains, qu’ont emprunté les Autochtones pendant des milliers d’années, les brigades à cheval en 1848-1849 et les mineurs pendant la ruée vers l’or, de 1858 à 1860. Ils ont vécu les difficultés des brigadiers et des mineurs, et ont littérale-ment suivi les pas de grands personnages de notre histoire, comme A. C. Anderson, Matthew Baillie Begbie et James Douglas.

Notre camp, surplombant le Black Canyon du fleuve Fraser, était l’endroit idéal pour donner une leçon sur l’histoire des Autoch-tones, du commerce de la fourrure et de la ruée vers l’or, et sur la construction du Cariboo Wagon Road, des chemins de fer Canadien Pacifique et Canadien National, ainsi que de l’autoroute transcana-dienne.

Enseigner dans des lieux historiques est une excellente façon de faire participer les jeunes à notre passé et de susciter chez ces derniers un véritable intérêt pour l’histoire du Canada. Lors d’un de mes voyages les plus mémorables, je me suis rendu avec deux de mes élèves à Ottawa pendant une semaine pour consulter les archives nationales. De nombreux enseignants traversent même l’océan pour faire visiter à leurs élèves la crête de Vimy ou des champs de bataille en Normandie. Heureusement pour les enseignants, chaque prov-ince compte son lot de sites et de sentiers historiques, et de lieux où

se sont déroulés d’importants événements de notre histoire.

Charles Hou est un enseignant à la retraite qui a été membre du conseil

d’administration de la Société d’histoire du Canada pendant plusieurs

années. Il est un membre actif de la British Colombia Historical Federation

et de la Vancouver Historical Society.

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Retour aux sourcesCharles Hou fait visiter des lieux historiques à ses élèves.

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En bas : Enseignant Charles Hou s’adresse à ses élèves lors d’une excursion.

À droite : Des élèves redonnent vie à l’histoire.

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Dix grandes excursions axées sur l’histoire du Canada Il existe plus de 1 500 sites historiques nationaux au Canada et des milliers d’autres destinations associées

à l’histoire provinciale et locale. La Société d’histoire du Canada a dressé une liste de dix excursions que

chaque professeur d’histoire devrait organiser au cours de sa carrière. Chacune de ces propositions est ac-

compagnée d’un texte pertinent tiré des anciens numéros du Beaver.

Colline du Parlement (Ottawa)En plus du canal Rideau, du Musée canadien de la guerre et des innombrables autres sites historiques de la région de la capitale nationale, une visite sur la Colline du Parlement est un « must » pour comprendre les rouages de la démocratie canadienne. En parcourant les couloirs du Parlement, on revit les passions et les débats qui ont façonné notre pays.

Lecture du Beaver : « Parliament in Flames, 1916 » (avril-mai 1992)

L’Anse aux Meadows (Terre-Neuve et Labrador)Le séjour des Vikings sur les côtes de Terre-Neuve a donné lieu à l’un des sites ar-chéologiques les plus importants au Ca-na-da. En chemin vers L’Anse aux Meadows, admirez la splendeur du paysage du parc national Gros Morne.

Lecture du Beaver : « Viking Farewell » (décembre 2006-janvier 2007)

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La forteresse de Louisbourg (Nouvelle-Écosse)La forteresse historique de Louisbourg, le plus important projet de reconstruction historique au Canada, offre aux visiteurs de vivre une expérience unique. Théâtre de deux sièges d’importance, en 1745 et 1758, le fort fut le lieu de batailles épiques entre la France et la Grande Bretagne pour obtenir le contrôle de l’Amérique du Nord.

Lecture du Beaver : « D-Day at Louisbourg » (juin-juillet 2008)

Pier 21 (Halifax)Un des deux seuls sites à l’extérieur d’Ottawa à être désigné musée national, Pier 21 est l’endroit où plus d’un million d’immigrants sont entrés au Canada. C’est également le point de départ idéal d’une vi-site historique de Halifax.

Lecture du Beaver : « Along the Waterfront » (juin-juillet 2007)

Vieux-Québec (Quebec)Les rues et ruelles en pavés font revivre aux visiteurs quatre cents ans d’histoire, de l’arrivée de Champ-lain jusqu’à aujourd’hui. Le district historique du Vieux-Québec est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO et un lieu que chaque élève du Canada se doit de visiter.

Lecture du Beaver : « New World, Old Charm » (février-mars 2008)

Crête de Vimy (France)Ce lieu est de l’autre côté de l’Atlantique, mais grâce au dévouement d’enseignants de partout au Canada, des mil-liers d’élèves ont pu faire ce pèlerinage de plus de cinq cents kilomètres pour honorer nos soldats morts au combat en France. Au Monument commémoratif du Canada à Vimy, observez la plaine de Douai, avec son paysage encore ravagé par les années de guerre. Vos élèves y vivront certainement une expérience inoubliable.

Lecture du Beaver : « Vimy Revisited » (avril-mai 2007)

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 53: Histoire Canada: innover en classe

Site historique national de Batoche (Saskatchewan)Situé à cent kilomètres au nord-est de Saskatoon, le site histo-rique national de Batoche a abrité le quartier général de Louis Riel pendant la rébellion du Nord-Ouest de 1885 et c’est égale-ment l’endroit où il a livré sa dernière bataille. Il s’agit d’un des cinq sites historiques de la région.

Lecture du Beaver : « Rebellion Route » (août-septembre 2006)

Barkerville Historic Town (Colombie Britannique)Revivez l’époque de la ruée vers l’or et parcourez les sentiers périlleux vers le Klondike, à Barkerville, ville historique, au sud-est de Prince George. Avec l’aide d’animateurs en chair et en os, les élèves en apprennent davantage sur l’appareil judiciaire, l’enseignement et le mode de vie de l’époque en Colombie-Britannique.

Lecture du Beaver : « All That Glitters » (février-mars 2005)

Dawson City (Yukon)La ville originale du Klondike, Dawson, a été restaurée par Parcs Canada. Faites un arrêt au Diamond Tooth Gertie’s Gambling Hall, cherchez de l’or dans la rivière et campez sous les aurores boréales afin de vivre une expérience unique.

Lecture du Beaver : « Mining Tourist Gold » (octobre-novembre 2007)

Le Musée canadien des droits de la personne (Winnipeg)

La construction du Musée vient de débuter, mais une fois terminé, il accueillera des milliers d’élèves de partout au Canada qui se rendront à Winnipeg pour visiter la première institution hors d’Ottawa à recevoir la désignation de musée national. Le Musée canadien des droits de la personne met en valeur les ex-périences canadiennes en adoptant un point de vue international afin d’inspirer

toute une nouvelle génération de défenseurs des droits de la personne.

Lecture du Beaver : « Votes for Women! » (octobre- novembre 1993)

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Page 54: Histoire Canada: innover en classe

Il y a plus de vingt ans, l’historien P.B. Waite a publié un guide de référence des ressources

en histoire du Canada. Dans une petite section, vers la fin du guide, il mentionne qu’il

existe énormément d’information sur l’histoire en ligne, mais qu’elle n’est « offerte qu’à

ceux qui disposent d’un ordinateur, d’un terminal et d’un modem ou d’un ordinateur central

en milieu institutionnel. »

Heureusement, l’époque des ordinateurs centraux est maintenant révolue (mais mal-

gré cela, le guide de Waite demeure un excellent recueil de références sur l’histoire du

Canada). Aujourd’hui, on accède à ces ressources par un simple clic. Chaque ressource qui

figure dans la liste ci dessous renvoie à un site Web ou à de l’information. Les profils et les

citations des enseignants renvoient à des plans de leçons et à des vidéos sur YouTube, qui

vous permettent ainsi de faire connaissance avec ces enseignants.

Venez consulter notre magazine en ligne interactif à www.histoirecanada.ca/innover

– un monde d’information.

Une foule de ressources et de liens pour disposer du meilleur matériel en classe

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Histoire Canada : Innover en classe | Édition spéciale

Page 55: Histoire Canada: innover en classe

Le Prix Pierre Berton Chaque année, la Société d’histoire du Canada remet le Prix Pierre-Berton pour honorer ceux et celles qui contribuent à populariser notre histoire. L’historien québécois, Jacques Lacoursière, figure dans la liste des récipiendaires de ce prix.

Le Prix Sir John A. Macdonald Vous vous demandez où trouver les meilleures recherches et les meil-leurs textes sur l’histoire du Canada? Chaque année, la Société historique du Canada décerne le Prix Sir John A. Macdonald pour le meilleur nouveau livre d’histoire du Canada. Visitez le site Web pour connaître les anciens récipiendaires et dresser votre liste de lectures! La Société remet égale-ment d’autres prix liés à l’histoire des femmes, de l’immigration, des syndi-cats, et bien plus.

Les grandes questions canadiennes L’histoire est-elle importante? Vos élèves peuvent s’attaquer à cette question et à bien d’autres chaque année dans le cadre du concours Les grandes questions canadiennes. Les élèves rédigent une dissertation de 1 500 mots sur des questions d’importance et courent la chance de gagner 2 000 $ et un voyage à Ottawa pour assister à la remise des Prix.

PRIX ET CONCOURS

BÂTIR SON RÉSEAU PERSONNEL Dans ce guide, nous vous proposons une façon d’établir des liens avec d’autres enseignants qui partagent vos besoins et votre intérêt pour l’histoire du Canada, grâce au site de mise en signet Delicious. Bon nombre des ressources con-tiennent un lien vers la page d’une autre personne qui a trouvé cette ressource intéressante. Vous pouvez visiter son signet sur Delicious et partager d’autres ressources avec cette personne.

Certaines de ces ressources seront utiles, et d’autres non. Souvent, on ne sait pas quelle est la ressource idéale tant que le besoin ne se présente pas de façon immédiate.

Quelles ressources connaissez-vous qui pourraient être utiles à d’autres enseignants? Regardez le vidéo Common Craft sur la mise en signet, ouvrez un compte Delicious et commencez à partager vos ressources en leur assignant le marqueur « enseignerlhistoireducanada », et en précisant le code de votre classe.

En partageant nos ressources, nous contribuons à améliorer notre travail d’enseignement.

Concours Begbie Si chaque école participait au concours Begbie, l’histoire canadienne s’en porterait bien mieux! Lancez vos élèves sur la voie de l’excellence en histoire en inscrivant votre école. Les élèves sont invités, de façon amusante et stimulante, à réfléchir à des questions complexes sur le passé du Canada.

Opération DialogueObtenez une note de cinquante sur cinquante et un dans ce questionnaire en ligne et vos élèves pourraient être admissibles à une bourse de plus de 45 000 $ de Dis-cussion sur le Canada. Opération Dialogue vise à éveiller l’intérêt des Canadiens à l’égard de leur histoire et à proposer de nouvelles idées et ressources.

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Les grands mystères de l’histoire canadienne Parfois, un petit mystère crée une grande intrigue. Les grands mystères de l’histoire canadienne est un projet unique qui transforme vos élèves en historiens enquêtant sur certains des mystères les plus étonnants de notre histoire. De la première enquête, Qui a tué William Robinson? à l’étrange disparition de Tom Thompson, le site Web propose une nouvelle façon pas-sionnante d’explorer notre passé. Le site Web a également été le récipien-daire du prestigieux Prix Pierre-Ber-ton 2008. Écoutez ses créateurs Ruth Sandwell, John Lutz et Peter Gossage discuter de la naissance du site sur le fichier balado du Beaver.

L’apathie c’est plate Si les élèves pouvaient changer le mode de scrutin, voici à quoi il ressemblerait. Le site L’apathie c’est plate vise à rendre l’apprentissage amusant. En faisant appel à des faits qui éveillent la curiosité aux arts, à la musique et à tout ce qui interpelle les jeunes, ce site Web a pour but d’intéresser ce public cible à la démocratie, au Canada et à la politique. Vous y trouverez des guides destinés aux élèves, notam-ment 10 motifs pour s’investir en politique, un guide sur le leadership et 10 conseils pour être mieux organisé. Au cours de la dernière élection fédérale, une trousse du candidat a été diffusée sur le site afin d’aider les politiciens à rejoindre les jeunes grâce aux outils de réseautage social. Ce guide, qui vous aidera également en classe, vous propose des conseils sur la façon d’exploiter les programmes en ligne que vos élèves emploient chaque jour.

Portail du Canada atlantique Vous voulez en savoir davantage sur la côte Est? Visitez le Portail du Canada atlantique qui vous donnera accès à des publications en ligne et à une bibliographie sur la région. Les descriptions de cours de niveau universitaire au Canada atlantique vous offrent une foule d’information et de liens. Les archives virtuelles du Canada atlantique proposent des ressources d’enseignement directes combinées à des sources primaires et à des images illustrant l’expérience des Loyalistes. Certaines collections spéciales portent notamment sur les Loyalistes noirs et les femmes.

Des saisons en Nouvelle-FranceCette exposition virtuelle a été créée par le Musée de la civilisation de Québec (MCQ). Elle nous explique ce qu’était la vie au temps de la Nouvelle-France. Voyez comment le quotidien (l’alimentation, l’habillement, etc.) était rythmé par les saisons. Apprenez comment les habitants de la Nouvelle-France ont pris possession du terri-toire et comment ils partageaient leur savoir. On peut suivre le MCQ sur Twit-ter: twitter.com/mcqorgPartager par mbprotic

1759: le sentier de la guerre1759: Du sentier de la guerre aux plaines d’Abraham est une expo-sition virtuelle issue de la col-laboration entre la Commission des champs de bataille nationaux et le Musée virtuel du Canada. Cette exposition présente les acteurs de la bataille des plaines d’Abraham, qui a eu lieu le 13 septembre 1759. On a accès à beaucoup d’informations sur l’habillement, les armes, la stratégie militaire, les loisirs et la société de l’époque. http://1759.ccbn-nbc.gc.ca/index_fr.html

SITES WEB

« C’est un apprentissage qui va bien au-delà du manuel. »

– Nancy Hamer-Strahl, récipiendaire du

PGG de 2008

L’APATHIE C’EST PLATE

Zaki Ibrahim lors de sa prestation au concert de lancement du site Web l’Apathie c’est plate, en février 2007.

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Musée McCord Le Musée McCord est un des chefs de file canadiens de la création de collections en ligne. Avec plus de 135 000 images d’artéfacts, de peintures, de miniatures, de costumes et de photographies, son immense base de données en ligne constitue un excellent point de départ pour enseigner l’histoire du Canada.Les expositions virtuelles portant sur la caricature, la photographie au Canada, la vie urbaine, et les spectacles de lanterne magique donnent de la vie et de la couleur à vos leçons. En outre, l’excellente section éducative permet de relier le matériel par thème afin de pouvoir l’employer rapidement en classe. Le Musée McCord s’est récemment joint à Flickr Organismes publics, une base de données en ligne per-mettant d’accéder facilement à des photographies. Partager par ressourcescstl

NiCHEVous vous intéressez à l’histoire de l’environnement au Canada? La Nouvelle initiative canadienne en histoire de l’environnement est un projet qui vise à regrouper des cher-cheurs partageant des points de vue communs pour étudier la relation entre la nature et l’être humain.

Projet mémoireHonorer la mémoire des anciens com-battants du Canada constitue une des tâches les plus importantes des enseignants et des écoles. Projet mèmoire de l’Institut du Dominion établit un lien entre les anciens com-battants et les écoles, et diffuse des centaines d’entrevues chaque année. Grâce aux archives numériques, vos élèves peuvent accéder à des sources audio, vidéo et primaires sur des sol-dats canadiens.

Musée virtuel du Canada Le nouveau Centre des enseignants interactif du Musée virtuel du Ca-nada est votre porte d’entrée sur le monde du Web 2.0. Inscrivez-vous et créez une page pour vos élèves dans un contexte totalement sécuritaire. Vous pouvez accéder à des ressour-ces d’apprentissage, à des sources primaires et à des activités propo-sées par des musées de partout au Canada. Ensuite, vous n’avez qu’à les sauvegarder dans votre propre compte. Le musée virtuel offre égale-ment des expositions, des images et des liens vers des musées de votre communauté.

Que sont les enfants devenus? Guérir l’héritage des écoles résidentielles Créée par la Fondation autochtone de guérison et Bibliothèque et Archives Cana-da, l’exposition virtuelle propose aux élèves une visite 3D du pensionnat mohawk à Brantford, en Ontario. Dans la section Histoires communes, vous pouvez écouter des témoignages vidéo sur l’expérience des élèves qui ont fréquenté ces écoles et regarder des photographies. Une présentation flash interactive décrit les pension-nats et explique l’importance d’en parler en classe.

L’ÉTIQUETTELorsque vous accédez à des ressources en histoire issues de votre communau-té, assurez-vous de toujours transmettre vos commentaires à l’organisation dont elles proviennent, plus particulièrement si vous appréciez son travail. Précisez ce que vous pensez de ces ressources et comment vous les avez utilisées en classe. Ces organisations seront sans aucun doute ravies d’avoir de vos nouvelles!

Une scène de Murray Village, au Québec, en 1895, accessible à partir de la collection Flickr Commons du Musée McCord.

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Y paraît que…Y paraît que… est un site Web créé d’après la série de dessins animés du même nom. Y paraît que... présente quelques-unes des légendes du folklore québécois: la Corriveau, Alexis le Trot-teur, Jos Montferrand, la chasse-galerie, etc. Ces histoires, qui font partie du patrimoine du Québec, sont accom-pagnées d’informations historiques. Y paraît que...contient aussi des jeux et des guides pédagogiques.Partager par slyberu

Les Archives de Radio-CanadaLes Archives de Radio-Canada con-tiennent des clips radiophoniques et télévisuels diffusés par Radio-Canada depuis ses débuts. On y retrouve des entrevues et des reportages qui ont marqué notre histoire. Chaque clip est accompagné d’informations complé-mentaires. Pour les professeurs, il y a des suggestions d’activités à faire en classe à partir du contenu de ce site.Partager par univers_social

Musée Pointe-à-CallièreSur le site internet du Musée de Pointe-à-Callière à Montréal, il y a plusieurs jeux en ligne sur l’histoire du Québec. Parmi ces jeux, on retrouve Bâtir Montréal, Mémoire en péril, Les Iroquoiens 1350, Place du Marché, 1740, Les Fortifications, 1720, L’épidémie de variole de 1885 et Fouille archéologique Mission pour un apprenti archéologue.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ)Bibliothèque et Archives nationales du Québec propose plusieurs ressources en ligne (livres, journaux, manuscrits, photos, musique, cartes postales et estampes) qui font partie du patrimoine du Québec. On y retrouve des parcours thématiques et des expositions virtuelles sur l’histoire du Québec. Vous pouvez suivre la BANQ sur Twitter http://twitter.com/BAnQ_MontrealPartager par recitus

« [Les étudiants] ont découvert la reconnaissance incroyable de people français qui même âpres 65 ans est toujours reconnaissant au Canada d’avoir libéré la France de la tyrannie Nazi. »

Jean-Pierre Frigon, récipiendaire du

PGG de 2008

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Page 60: Histoire Canada: innover en classe

Vos archives provincialesVos archives provinciales sont un excellent endroit où trouver des sour-ces primaires. Les archives de l’Ontario sont un bon point de départ (Ensei-gner avec des documents primaires – tout ce qu’il faut savoir), alors que les archives provinciales de l’Alberta décrivent comment présenter une photographie historique à vos élèves. Communiquez avec les responsables des archives de votre province et les employés chargés des programmes éducatifs afin d’aider vos élèves à tra-vailler avec des sources primaires.

Votre bibliothèque, société d’histoire ou musée localVotre bibliothèque, société d’histoire ou musée local sont souvent d’ex-cellentes sources sur l’histoire et leurs employés sont toujours prêts à faire profiter vos élèves de leurs res-sources. La Regina Public Library, par exemple, est maintenant en ligne, elle participe au blogue Prairie Histo-ry, diffuse des photographies histo-riques sur Flickr et propose des liens vers des ressources utiles. Communi-quez avec votre organisme d’histoire locale ou encore mieux, montrez à vos élèves comment aider le musée de leur communauté, tout en en appre-nant davantage sur l’histoire.

Votre organisme provincial responsable des électionsLes organismes provinciaux respon-sables des élections sont un endroit idéal pour trouver de l’information sur le vote, et proposent une foule de ressources éducatives. Le pou-voir de choisir, la trousse d’Élections Manitoba, propose des plans de leçons, des guides pour les élections en milieu scolaire, des bulletins de vote, des isoloirs, des affiches et bien plus.

Votre association provinciale de professeurs d’histoireLa plupart des provinces ont créé un solide réseau de professeurs chapeauté par une organisation pro-vinciale. En devenir membre vous permet non seulement d’accéder à d’excellentes ressources et d’être invité à des conférences annuelles, mais vous aide également à élaborer du matériel de qualité pour vos cours d’histoire.

VOS <R>ESSOURCES

BIB

LIOTH

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E ET ARCHIVES CA

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A / PA-169337

Service national du RECIT de l’univers socialLe RECIT offre aux enseignants plu-sieurs ressources telles des images libres de droit pour des projets péda-gogiques et une application web pour créer une ligne du temps. Le RECIT pro-pose des situations d’apprentissages destinées aux enseignants et des actu-alités sur le monde des TIC. Il est aussi responsable de Sociétés et territoires, un site internet permettant à l’élève d’explorer l’organisation d’une société de 1500 à nos jours. Partager par p47r1k

Le Code Perdu Le Code Perdu est un jeu en ligne du Musée de la civilisation de Québec (MCQ). L’internaute, dans le cadre du jeu, visite trois lieux historiques, en l’occurrence le Manoir Mauvide-Ge-nest, la Seigneurie des Aulnaies et le Musée L’Aventure Leclerc et explore leurs collections. Ce jeu aborde les thèmes de la société et de l’économie. Un guide de l’enseignant accompagne le jeu.Partager par CTREQ_RIRE

Archives de la Ville de MontréalLe Service des archives de la Ville de Montréal nous propose des expositions virtuelles sur l’histoire de Montréal. Citons l’exposition La démocratie à Montréal de 1830 à nos jours, Portraits historiques canadiens, Photographies du Québec et Montréal, 500 ans d’histoire en archives. Plusieurs photographies provenant de ses archives sont en ligne.On peut suivre sur les archives de Montréal sur Twitter (http://twitter.com/Archives_Mtl)

Parcours l’Abitibi-Témiscamingue Ce site présente des situations d’ap-prentissage et d’évaluation mettant en vedette l’histoire de l’Abitibi-Témis-camingue. Les activités suggérées sont destinées aux élèves de niveau primaire et secondaire. Ce site contient un lexique, une liste avec hyperliens des personnages illustres de la région ainsi qu’une bibliographie. Il s’agit d’un bon exemple d’intégration de l’histoire régionale à l’enseignement de l’histoire.

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Aidez-nous à former l'équipe de rêve du Canada

À VOUS de choisir!Attaquez-vous à vos

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Pour souligner les JEUX OLYMPIQUES D'HIVER DE 2010 À VANCOUVER, le Beaver, avec votre concours, présentera les plus grands joueurs de hockey,

hommes ou femmes, de notre passé glorieux! Qui choisirez-vous? Wayne Gretzky? Rocket Richard? Hayley Wickenheiser?

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Au fil de l’histoire Vous avez l’histoire en tête? Visitez Au fil de l’histoire de Historica. Des auteurs discutent de sujets variés sur l’histoire du Canada.

104 histoires de Nouvelle-France104 histoires de Nouvelle-France est une collection de fichiers de baladodiffusion portant sur divers aspects de la vie au temps de la Nouvelle-France ainsi que sur des événements connus et moins connus. On y parle de justice, des explorateurs, de la nourriture, les Amérindiens et bien plus. 104 histoires présente de façon intéres-sante les sources de l’époque. Partager par feanorfire

BLOGUE

BALADODIFFUSION

« Les enfants apprennent qu’ils ont des responsabilités à assumer et des rôles importants à jouer, ils ont le pouvoir de changer la communauté dans laquelle ils vivent. »

– Mike Ward, récipiendaire du

PGG de 2008

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Creuser une allée coupe-feu Mildred Middleton est arrivée à Birch Hills, en Saskatchewan, en 1924, à l’âge de 19 ans. Elle venait de terminer ses études à la Regina Normal School l’année précédente et se préparait à sa première année d’enseignement à la nouvelle école de Mankota. L’école était située au coeur d’une prairie ouverte, au sud ouest de la Saskatchewan. Cet établissement, qui ne comptait qu’une seule pièce et un vestibule, était le seul visible à plusieurs kilomètres. Il n’y avait pas de route pour relier les districts scolaires, mais seulement des sentiers, et on se déplaçait soit à cheval, soit à pied. Les prairies étaient souvent dévastées par des feux de brousse. Pour protéger les écoles et les enfants, des allées coupe-feu étaient souvent creusées dans le sol des prairies. Cette photographie montre Cyril Harpham creusant le sol avec sa charrue, tirée par quatre boeufs. Cet événement était toujours une source d’amusement pour les enfants, qui montaient sur le dos des boeufs pour une petite promenade. La mère de William, Mildred, est la troisième personne debout, à droite. En 1928, le CP a construit une voie de chemin de fer à six kilomètres au nord de cette école, donnant ainsi naissance au village de Mankota. L’école est restée en place et a été rebaptisée Bannock School.

Album William J. Cameron est le fils de Mildred (Middleton) Cameron et habite à Okotoks, en Alberta.

Avez-vous une vieille photo qui témoigne d’un moment important ou ordinaire de l’histoire canadienne ? Si vous voulez nous la proposer pour une possible publication, faites une photocopie (n’envoyez pas l’original) et postez le tout à la rubrique « Album » à l’attention de : The Beaver, 478-167 Lombard Ave., Winnipeg, MB, R3B 0T6, ou par courriel à [email protected]. Donnez-nous une courte description de votre photo, avec la date et le lieu. Si possible, fournissez-nous de l’information concernant la photo et indiquez le nom des personnes qui y figurent. Si vous désirez que l’on vous renvoie votre document, veuillez inclure une enveloppe-réponse affranchie.

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Leurs Souvenirs. Notre Reconnaissance. Une Rencontre Unique.

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et sacrifi ce avec vos élèves. Pour céduler une visite GRATUITE, contactez le Projet Mémoire au

www.leprojetmemoire.com ou au 1.866.701.1867.Le Projet Mémoire est une initiative éducative, bilingue, de l’Institut Historica-Dominion. Il a été conçu pour faciliter le rapprochement entre les anciens combattants, les élèves et les groupes communautaires. Il permet aux anciens combattants de partager avec les jeunes leurs expériences et leurs sacrifi ces personnels lors de leur service militaire. Les Archives numériques du Projet Mémoire constituent une ressource en ligne qui diff use les histoires orales et les souvenirs de plus de 1000 anciens combattants canadiens.

Enseignez-vous l’expérience immigrante, les droits de la personne et le multiculturalisme

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Passages vers le Canada - Un projet qui rend compte de la complexité de l’expérience de l’immigration ! Passages vers le Canada est une initiative nationale de l’Institut Historica-Dominion qui invite des bénévoles à raconter leur expérience d’immigration dans le but d’offrir aux Canadiens une meilleure connaissance et une meilleure appréciation de la contribution des immigrants et des réfugiés au Canada.

Enseignez-vous l’expérience immigrante, les

Faisons unedifférenceensemble

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De concert avec la Société d’histoire nationale du Canada, nous faisons

la promotion de l’histoire à l’école.Dans le cadre de son engagement à fournir un apport positif aux collectivités,

le Groupe Financier Banque TD est fier de soutenir les prix du Gouverneur Général de la Société d’histoire nationale du Canada pour l’excellence en enseignement

de l’histoire canadienne.