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HISTOIRE DE FRANCE (1789-1815) PAR PAUL MARTINE ERIC BASILLAIS EDITEUR

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HISTOIRE DEFRANCE

(1789-1815)

PAR PAUL MARTINE

ERIC BASILLAIS EDITEUR

Droits d'adaptation, de traduction et de reproduction réservés pour tous pays© ERIC BASILLAIS – 01-2017

A paraître : ERIC BASILLAIS : INTERPRETATION SPECIALE DE L'ART ROMAN.

Informations mises à jour : www.ericbasillais.wordpress.com

Contact, conférences, commandes de livre :

ERIC BASILLAISBP 7123200 AUBUSSONFRANCE

@EricBasillais

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Je dédie ce livre à la France, à la famille Basillais* et à la jeunesse gauloise, laisséevolontairement dans l'oubli de la gloire de notre peuple et l'ignorance de ses ennemisde long-terme. Je forme le vœu qu'elle puisse lire d'abord du bon Français et du bonroman national, illustré par de belles peintures. Les réflexions pour notre tempssuivront. Le texte de Paul Martine1 est intact, sauf un mot malheureux, réputédangereux, qui sera remplacé par le son fameux de la censure : ((BIP)).

* : Selon Benveniste2, notre patronyme provient de WAZIR, première fonction indo-européenne : souveraineté, intellect, sacré.Egalement dans les patronymes, toponymes et théonymes suivants :En France : Basillac, Basillais, Bazilier, Bazire, Vazeilles, Bazin, Bassier.En Germanie : Kwazir.En Grèce : Basileus, Basilée.En Roumanie : Vasilescu.En Russie : Basurin, Vasily.En Anatolie et Iran : Vizir (?)En Afghanistan et au Pakistan : WazirEn Inde : Vasin

1 Martine (Paul) : Histoire de France. Troisième partie. De 1789 à 1830. Rédigée conformément aux programmes de l'Université. 1904. Paul Martine fût professeur agrégé d'histoire au Lycée Condorcet, aux écoles normales supérieures primaires de Fontenay-aux-Roses, de Saint-Cloud et à l'Ecole commerciale. L'oeuvre est donc écrite sous la troisième république, avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat (1905).

2 : Benveniste (Emile) : Le vocabulaire des institutions indo-européennes. 2 volumes. 1969.

L'eau la plus pure jaillit des noirs hurlements de l'orage

ASSEMBLEE CONSTITUANTE. LES ELECTIONS DE 1789. LES DEPUTES.

La Révolution de 1789 est précédée de plusieurs soulèvements dans lesprovinces, en Bretagne, en Dauphiné et surtout à Paris. Le ministre Necker,très effaré, décide que le Tiers-Etat (le peuple) nommera des députéségaux en nombre à ceux de la noblesse et du clergé réunis (doublement duTiers). Louis XVI ordonne imprudemment de convoquer les Etats-Générauxà Versailles. La session est ouverte le 5 mai 1789, au milieu d'un grandconcours du peuple, accouru de Paris. Parmi les députés du Tiers, onremarquait Mirabeau, Bailly, Siéyès, Thouret, Péthion, Volney, Boissyd'Anglas et Robespierre; dans les rangs du clergé, Talleyrand et Grégoire;parmi les nobles, Philippe d'Orléans, La Fayette, Laly-Tollendal, Le Pelletierde Saint-Fargeau. Jamais la France n'avait vu, réunis en une assemblée, tantd'hommes diversement célèbres.

LA PRISE DE LA BASTILLE. LES PARISIENS A VERSAILLES.

La noblesse et le clergé refusent de s'unir au Tiers pour délibérer, ce quirendait toute réforme impossible. Aussitôt Louis XVI ordonne aux députésde se dissoudre. Ils refusent et s'engagent à résister par le serment du Jeude Paume. Une seconde fois le roi leur enjoint de se séparer. Mais tousprotestent par la voix de Mirabeau la cour prépare alors un coup d'étatmilitaire, au moyen de troupes étrangères. Mais, à Paris, CamilleDesmoulins soulève le peuple, qui s'empare de la Bastille, grâce à l'appuides gardes françaises. Aussitôt les paysans s'insurgent, dans toutes lesprovinces, contre les seigneurs. Pour conjurer la guerre civile, l'Assemblée,déclarée Constituante, abolit la noblesse dans la nuit du 4 août. La Fayettedonne à la France un nouvel emblème (le drapeau tricolore) et unenouvelle armée (la garde nationale) formée de tous les citoyens.L'assemblée proclame les Droits de l'homme. Mais la cour prépare unnouveau coup d'état. Il est déjoué par la marche des Parisiens surVersailles. Le peuple ramène en triomphe l'Assemblée et le roi à Paris.

LA FEDERATION. FUITE ET ARRESTATION DE LOUIS XVI.

Pour célébrer l'abolition de l'ancien régime, la Constituante décrète lagrande fête de la Fédération. Elle est célébrée à Paris par les délégués de laFrance entière, réunis dans un même sentiment de justice et d'égalité. MaisLouis XVI et les courtisans s'adressent aux rois étrangers pour les inviter àenvahir la France et à disperser l'Assemblée. L'orateur Mirabeau se laissegagner par l'or de la royauté et meurt déshonoré. Louis XVI s'échappe, unenuit, avec la famille royale, pour gagner la frontière et se mettre à la têtedes armées allemandes. Il est reconnu par Drouet, arrêté à Varennes,ramené à Paris. Les Républicains demandent sa déchéance. Mais La Fayetteet Bailly, qui veulent sauver le gouvernement royal, font fusiller le peupleau champ de Mars. La Constituante se sépare après avoir transformé,régénéré toutes nos institutions.

L'EGALITE SOCIALE. LA CONSTITUTION. LES DEPARTEMENTS. LA JUSTICE.

La Constituante a proclamé l'égalité des hommes, aboli le servage,supprimé la noblesse. Elle a mis la liberté dans l'Etat comme dans lafamille, émancipé l'enfant, la femme. Désormais le souverain n'est plus leroi, mais le peuple français tout entier. Louis XVI n'est plus que le premiermagistrat héréditaire de la nation. Il doit appliquer les lois votées parl'Assemblée nationale, mais a le droit d'en retarder l'exécution par sonveto. La France sera gouvernée par une assemblée unique, élue à lamajorité des citoyens, à l'exclusion des plus pauvres. Les anciennesprovinces sont supprimées, avec leurs privilèges. A ce vieux systèmeadministratif, la Constituante substitue les départements, égaux en droits.Désormais les magistrats seront tous élus dans la commune, le district et ledépartement. Elus également, sont les juges des tribunaux nouveaux, quiremplacent les vieux parlements devenus odieux. Le jury est institué pourgarantir la liberté des citoyens.

LA LIBERTE DU TRAVAIL. LES ASSIGNATS. LA CONSTITUTION CIVILE DUCLERGE.

La Constituante établit la liberté des cultes, institue les actes de l'état civil(autrefois confiés à l'Eglise), affranchit les travailleurs, supprime lescorporations ouvrières, imagine les brevets d'invention. Elle ouvre à tousles soldats les plus hauts grades de l'armée. Elle abolit toutes les taxesiniques ou vexatoires (taille, gabelle, dîme d'église) et institue trois impôtsnouveaux, que tous devront payer d'après leur fortune. Mais l'anciennemonarchie avait tout préparé pour la banqueroute. Afin de l'éviter, laConstituante décrète la vente des biens du clergé ( biens nationaux), ce quipermet au paysan de devenir propriétaire du sol. L'opération s'exécute aumoyen de papier-monnaie (les assignats). Mais le clergé suscite desémeutes en province. La Constituante en profite pour restreindre lenombre des évêchés, ordonner l'élection des évêques par les catholiques etinstituer un traitement pour les ministres du culte. Telle est la Constitutioncivile du clergé, qui divise les ecclésiastiques en deux partis hostiles : lesconstitutionnels ou patriotes, les réfractaires ou royalistes.

LA LEGISLATIVE. LES GIRONDINS. L'INVASION. LA PATRIE EN DANGER.

L'Assemblée législative succède à la Constituante. Elle se divise en troispartis : les Feuillants, royalistes modérés; les Girondins, indécis entre laroyauté et la république; les Montagnards, républicains et patriotes. LesGirondins dominent le gouvernement et décrètent plusieurs mesures quele roi refuse d'exécuter. Mais les rois étrangers préparent une formidableinvasion de la France avec la complicité de Louis XVI. Le ministèregirondin, provoqué par l'Autriche, déclare la guerre. Malgré l'élan destroupes, excitées par le nouveau chant de la Révolution (la Marseillaise),les Autrichiens sont vainqueurs sur la frontière belge. Louis XVI,encouragé, tente un coup d'état à Paris. Mais toute la population envahit lesTuileries. La Législative déclare la patrie en danger. Les volontairess'enrôlent en masse malgré les menaces des Prussiens de Brunswick.

LA LEGISLATIVE. LA PRISE DES TUILERIES. LA VICTOIRE DE VALMY.

Le Conseil municipal de Paris demande la déchéance de Louis XVI.L'Assemblée refuse. Aussitôt la révolution éclate. Les Tuileries, défenduespar la garde suisse, sont emportées d'assaut; le roi, arrêté, déposé, estenfermé au Temple. Mais le général La Fayette fait défection. Les Prussiensentrent en Lorraine, guidés par les émigrés royalistes. Les Parisiens,furieux, massacrent, dans les prisons, les complices de l'étranger.Dumouriez défend les défilés de l'Argonne, qui sont forcés par lesPrussiens. Kellermann se jette derrière eux à Valmy, et remporte sur le ducde Brunswick la première victoire de la Révolution.

LA CONVENTION NATIONALE. GIRONDINS ET MONTAGNARDS. JUGEMENTDE LOUIS XVI.

La convention nationale, élue au suffrage universel, succède à laLégislative. Elle se divise également en trois partis : les Girondins,modérément républicains; les Montagnards, ardemment patriotes etrévolutionnaires; la Plaine, indécise. Les principaux Girondins sontVergniaud, Condorcet, Buzot. Les plus célèbres Montagnards sontRobespierre, Danton, Camille Desmoulins. Lazarre Carnot, Lakanal, Marie-Joseph Chénier, Anacharsis Klotz. Appuyés par la Commune de Paris(Conseil municipal), ils font proclamer la République une et indivisible etmettre en accusation Louis XVI. Convaincu de trahison envers la patrie, leroi déchu est condamné à mort et exécuté à Paris.

JEMMAPES. TRAHISON DE DUMOURIEZ. ARRESTATION DES GIRONDINS.

Les jeunes armées de la République remportent d'éclatants succès surtoutes les frontières. Nice et la Savoie sont enlevées au Piémont. Lescitoyens de Lille repoussent toutes les attaques des Autrichiens.Dumouriez les poursuit et les bat à Jemmapes, tandis que Custine annexeMayence sur les Allemands. Mais toute l'Europe se coalise contre la France,sous prétexte de venger Louis XVI. Un faux mouvement de Custinecompromet Dumouriez. Celui-ci, vaincu à Nerwinden, croit la Révolutionperdue et trahit la France. Mais l'armée s'insurge contre son général. AParis, un soulèvement furieux éclate contre les Girondins, amis deDumouriez. Les uns sont arrêtés, les autres s'enfuient et soulèvent contreles patriotes de Paris les royalistes des provinces; trahissant ainsi la causede la France et de la République.

LES MONTAGNARDS. L'ARMEE DE LA REVOLUTION. REPRISE DE TOULON.

Les Montagnards, enfin libres d'agir, déploient une énergie merveilleuse.Ils instituent le Comité de Salut public, décrètent l'arrestation des suspects,promulguent la loi du maximum pour éviter la famine. L'armée estréorganisée par Carnot, qui ordonne la levée en masse de tous les Français.Les représentants du peuple courent aux frontières. Des volontairesenthousisates accourent, sous la conduite de jeunes officiers pleins detalent et d'ardeur. Le péril est extrême. Paris même est menacé par lesinsurgés girondins: le représentant Marat est assassiné par CharlotteCorday. Mais les patriotes, armés par la Montagne, reprennent Caen etBordeaux. Avignon est sauvée par le dévouement du jeune Viala. Marseilleest occupée; Lyon bombardée, reprise; les Anglais, auxquels la trahison alivré Toulon, en sont chassés par Dugommier et Bonaparte.

LA GUERRE DE VENDEE. LA CHOUANNERIE.

La plus terrible révolte fut celle des paysans vendéens. Fanatisés par lescurés réfractaires, entraînés par les nobles, soutenus par les Anglais, cesmalheureux commirent le crime d'attaquer la patrie, en proie à l'invasionétrangère. Ils faisaient une guerre atroce aux gens des villes, torturaientcruellement leurs prisonniers. L'insurrection dévasta la Bretagne, le Poitouet l'Anjou. Commandés par Cathelineau, les paysans emportèrent Fontenay,Thouars et Saumur. Mais Nantes est sauvée par l'héroïsme de ses habitants.Cathelineau est tué. Attaqués bientôt par Westermann, Marceau et Kléber,les Vendéens sont écrasés Cholet, repoussés à Granville, anéantis au Mans,à Savenay. La chouannerie de Bretagne, inaugurée par Jean Cottereau,dégénère en brigandage.

MAYENCE. WATTIGNIES. FLEURUS.

Toutes les armées de l'Europe attaquaient les frontières du nord. MaisKléber à Mayence, Ferrand à Valenciennes, résistent avec une énergiesuprême. Carnot inaugure une tactique nouvelle. Il fait débloquerDunkerke par Houchard, Maubeuge par Jourdan, et remporte la victoire deWattignies. En Alsace, Saint-Just met Strasbourg en défense; Hocheremporte la victoire de Freschweiler et délivre Landau. La prise deCharleroi et la victoire de Fleurus ouvrent la Belgique à Jourdan. Dagobertet Dugommier repoussent les Espagnols sur les Pyrénées; Dumas etDumerbion, les Autrichiens et les Piémontais sur les Alpes.

LA GUERRE AUX COLONIES. LES MARINS DE LA REPUBLIQUE. LE VENGEUR.

Une guerre terrible désolait nos colonies, envahies par les Anglais,bouleversées par la libération des noirs (Martinique, Guadeloupe, Saint-Domingue, Pondichéry). La marine française, ruinée par l'émigration desofficiers nobles, n'existait plus. D'admirables corsaires ( Lhermitte,Surcouf) résistent pourtant sur l'Océan Indien. Le capitaine Van Stabel estchargé d'amener d'Amérique un immense convoi de blé pour ravitailler laFrance. C'est pour sauver ce convoi que Villaret -Joyeuse et Jean-Bon-Saint-André livrent la terrible bataille où s'engloutit le vaisseau Le Vengeur.Grâce au dévouement de nos marins, le convoi est sauvé.

DICTATURE ET MORT DE ROBESPIERRE. LA REACTION GIRONDINE.

La Dictature des Montagnards a sauvé la France en péril; mais, après lavictoire ils se divisent en trois fractions. Les plus violents sont lesHébertistes, les plus modérés sont les Dantonistes; entre ces deux partisdominent les Robespierristes, hommes de gouvernement. Robespierre sedébarrasse des deux fractions rivales, qu'il estime dangereuses pour laRépublique. Puis il essaie de reconstituer une société, une sorte dereligion. Mais la terreur n'est plus nécessaire puisque la France est sauvée.Robespierre et ses partisans sont arrêtés et massacrés sans jugement.Aussitôt les Girondins et les royalistes reprennent le pouvoir. Partout lesMontagnards sont traqués, arrêtés, égorgés. En vain, pour les sauver, lepeuple de Paris s'insurge et envahit deux fois la Convention. Les derniersMontagnards périssent par le suicide ou l'échafaud.

HOCHE A QUIBERON. BONAPARTE AU 13 VENDEMIAIRE.

La chute des Montagnards rend courage aux royalistes; Le comte d'Artois(futur Charles X) organise une expédition anglaise pour soulever laBretagne. Les émigrés débarquent à Quiberon. Mais le général Hochereprend Auray, enlève le fort de Penthièvre, écrase les royalistes au fond dela presqu'île, sous le feu des vaisseaux anglais. Alors les agents royalistesforment un complot à Paris, soulèvent les quartiers aristocratiques. Mais laConvention en danger est sauvée par un jeune officier républicain,Napoléon Bonaparte. Quelques jours après, la Convention déclarait samission terminée, et émettait un vœu pour l'abolition de la peine de mort.

CONQUETE DE LA HOLLANDE. TRAITE DE BALE.

A ce moment, la France est victorieuse sur toutes ses frontières. Jourdanconquiert la Belgique et les rives du Rhin. Il chasse devant lui lesAutrichiens, les Hollandais, les Anglais, les Prussiens. La Hollande estenvahie et conquise en plein hiver, sur la glace. Mêmes succès aux Pyrénéeset sur les Alpes. La Toscane cède la première puis la Hollande (conventionde Paris), puis l'Espagne et la Prusse (traités de Bâle). La France recouvreenfin ses limites naturelles, perdues depuis dix siècles, la frontière duRhin. La Convention se montre généreuse envers la faible Espagne; elle luirend son territoire et se fait céder seulement Saint-Domingue, à titred'indemnité.

REFORMES SOCIALES. CREATIONS SCIENTIFIQUES.

Malgré l'invasion et la guerre civile, la Convention a trouvé le tempsd'accomplir de grandes réformes politiques, sociales et scientifiques. LaConstitution de 1793, la plus démocratique que nous ayons jamais eue,établissait une sorte de gouvernement populaire (l'assemblée annuelle, leplébiscite, etc.) La Convention a transformé la guerre en la rendantscientifique. Elle a établi, avec Romme, les premiers télégraphes; institué ,avec Carnot, les aérostats militaires; évité la banqueroute, grâce à Cambon,en créant le Grand-Livre de la dette publique; imaginé, avec Arbogast, lesystème métrique décimal; établi, avec Monge et Fabre d'Eglantine, lenouveau calendrier républicain, astronomique et raisonnable; organisé,avec Lakanal et Marie-Joseph Chénier, les trois enseignements (primaire,secondaire, supérieur), ouvert nos grands établissements scientifiques,protégé les lettrés, enfin supprimé (avant toutes les nations) l'esclavagedes noirs.

Barras (Directoire)

LE DIRECTOIRE. CONSTITUTION DE L'AN III. LES COMPLOTS. REVERS ENALLEMAGNE.

Après la chute de Robespierre, les Girondins avaient aboli la Constitutionde 1793. Elle fut remplacée par celle de l'an III, très confuse et trèsanarchique (le Directoire). Ce fut une époque de désordre, de spéculationsfinancières et d'immoralité ( les Incroyables, les Merveilleuses). Lesmandats territoriaux furent mal accueillis. La révolte des Vendéensrecommence; mais Charette et Stofflet, parjures à leur serment, sont pris etexécutés. Le soulèvement des Jacobins ( patriotes), organisé par GracchusBabeuf, est durement réprimé. Pour réduire l'Autriche, Carnot imagine delancer trois armées sur Vienne (Jourdan, Moreau, Bonaparte). MaisJourdan est vaincu sur le Mein, et son lieutenant Marceau périt dans laretraite, à Altenkirchen. Moreau, isolé sur le Danube, se replie lentementsur le Rhin, en franchissant les défilés du Val d'Enfer.

CAMPAGNE DE BONAPARTE EN ITALIE.

Les succès du général Bonaparte font oublier les revers de Moreau et deJourdan. Chargé, après le 13 vendémiaire, de diriger l'armée d'Italie,Bonaparte, avec une poignée d'hommes, tourne les Alpes, repousse lesPiémontais de Colli, les Autrichiens de Beaulieu, désarme le Piémont (quinous cède trois départements). Puis il poursuit Beaulieu, emporte Lodi,soumet les princes italiens, délivre la Corse. L'armée de Wurmser estbattue, poursuivie, bloquée dans Mantoue. Celle d'Alvinsi est repoussée aupont d'Arcole, puis dispersée au plateau de Rivoli: Wurmser capitule. Lepape est obligé de signer la paix de Tolentino. Bonaparte marche alors surVienne, repousse l'archiduc Charles, franchit les Alpes. Mais les paysansitaliens, fanatisés par les moines, ont égorgé nos blessés dans Vérone.Bonaparte, irrité, fait occuper Venise, et y supprime le gouvernement del'aristocratie.

LA PAIX DE CAMPO-FORMIO. LE 18 FRUCTIDOR.

Les préliminaires de Léoben, imposés par Bonaparte à Cobentzel, arrêtent,en Allemagne les succès de Hoche et de Moreau. La paix est signée parBonaparte avec l'Autriche à Campo-Formio. La cour de Vienne nousreconnaît la frontière du Rhin, nous cède la Lombardie (qui devient larépublique cisalpine) et reçoit Venise en échange. Mais ces éclatants succèssont compromis par l'anarchie intérieure, les soulèvements royalistes enprovince, les complots parlementaires à Paris. Le coup d'état du 18fructidor sauve la république en danger. Mais Pichegru se vend auxroyalistes, avec la complicité de Moreau. En même temps, le général Hochemourrait en Allemagne. Des grands généraux de la république, Bonaparterestait presque seul. Il songeait à attaquer l'Angleterre, harcelée par nosvaillants corsaires, et un instant menacée par le débarquement deHumbert en Irlande.

EXPEDITION DE BONAPARTE EN EGYPTE.

Bonaparte et le Directoire décident imprudemment de conquérir l'Egypte,pour aller relancer les Anglais dans les Indes. Une admirable armées'embarque à Toulon, enlève Malte aux chevaliers, emporte Alexandrie.Bonaparte s'enfonce dans le désert de Damanhour, repousse lesMameluchsà Chébreiss, les écrase au pied des pyramides. Le Caire estoccupé. Mais l'amiral Nelson, après avoir cherché la flotte française deBrueys, l'atteint dans la rade d'Aboukir. Les fautes de Villeneuve amènentun désastre. Bonaparte, enfermé dans sa conquête, réprime la révolte duCaire, envahit la Syrie, ne peut emporter saint-Jean-d'Acre, mais jette à lamer une armée turque devant Aboukir. Apprenant les revers en France, ils'embarque, traverse les croisières anglaises et tout à coup apparaît àFréjus.

PROPAGANDE REPUBLICAINE. ATTENTAT DE RASTADT. REVERS EN ITALIE.

En l'absence de Bonaparte, la France a éprouvé de cruels revers. LeDirectoire, pour soutenir la liberté des peuples, a fait envahir les étatsétrangers. L'armée française a renversé en Suisse l'aristocratie, en Italie lePape, le roi du Piémont, le roi de Naples, le grand duc de Toscane. Mais unecoallition générale se forme contre nous. Nos trois ambassadeurs sontassassinés à Rostadt par les Autrichiens. En Italie Schérer est vaincu par lesRusses à Magnano. Moreau à Cassano, MacDonald à la Trébbia. L'héroïqueJoubert se fait tuer à Novi; Championnet est repoussé à Génola. Les Turcss'emparent de Corfou. Les Anglais débarquent en Hollande. La France esten danger.

VICTOIRES DE MASSENA ET DE BRUNE. LE COUP D'ETAT DE BRUMAIRE.

Heureusement la division éclate entre les coalisés. L'Autriche s'obstine àfaire passer en Suisse les Russes victorieux, afin de se réserver lapossession de l'Italie. Masséna profite de cette faute. Il écrase Korsakoff àZurich, anéantit l'armée de Souwaroff autour du lac de Lucerne. De soncôté, Brune délivre la Hollande par deux victoires. Mais à Paris règne unecomplète anarchie. En vain Jourdan fait établir la conscription régulière. LeDirectoire multiplie les impôts absurdes et décrète la loi des otages. Puistrois coups d'état se succèdent. Les Directeurs cassent les élections despatriotes. Mais les Conseils, à leur tour, renversent les Directeurs. EnBretagne les royalistes s'insurgent. Tout le monde conspire. Bonaparte enprofite. Fort de sa popularité et de l'appui des troupes, il disperse à Saint-Cloud le Conseil des Cinq-Cents. Le Directoire est supprimé, et remplacépar le Consulat.

LE CONSULAT. LA CONSTITUTION DE L'AN VIII. LA POLITIQUE CONSULAIRE.

Les trois consuls de la république sont Bonaparte, Cambacérès et Lebrun;mais Bonaparte réunit entre ses mains tous les pouvoirs. Il veut réconcilierles partis, inaugurer une politique d'union nationale. La Constitution del'an VIII divise le pouvoir législatif en quatre assemblées (le Conseil d'Etat,le Tribunat, le Corps législatif, le Sénat). Tous les magistrats seront choisispar les Consuls sur une liste de citoyens élus, à trois degrés, par le suffrageuniversel. La Constitution consulaire est adoptée par un plébisciteunanime. Tous les proscrits, royalistes ou républicains, sont rappelés. Leschouans se soumettent. Le Tsar de Russie se hâte de signer la paix avec laFrance. Le comte de Provence (futur Louis XVIII) essaie de gagner lepremier consul à la cause de la royauté. Mais ses propositions sontrepoussées avec mépris.

GENES, MARENGO ET HOLELINDEN. LA PAIX DE LUNEVILLE.

Avant de commencer la lutte, Bonaparte propose la paix à l'Angleterre et àl'Autriche qui refusent. Il se jette alors sur les Autrichiens, habilementattirés par Suchet sur le Var. Masséna, pour les retenir, soutient, dansGênes, un admirable siège. Bonaparte, avec l'armée de secours, s'avancepar Lausanne, franchit le saint-bernard au milieu de difficultés inouïes, faitcapituler le fort de Bard, entre à Milan. Mélas, complètement tourné, estrepoussé à Montebello, enfermé dans Alexandrie. Il livre une batailledésespérée à Marengo, mais est vaincu grâce à l'arrivée du général Desaix,qui reste parmi les morts. Toute l'Italie est reconquise. De son côté moreaurepousse les Autrichiens en Allemagne, et remporte, grâce à Richepanse, lavictoire de Holenlinden. La paix de Lunéville confirme à la France lafrontière du Rhin, le Piémont, et l'indépendance des républiques voisines.L'Espagne nous rend la Louisiane.

KLEBER ET MENOU. LA PAIX D'AMIENS. L'EXPEDITION DE SAINT-DOMINGUE.

Une seule puissance restait à vaincre : c'était l'Angleterre. Les brigandagesexercés par ses marins soulèvent une coalition. L'Angleterre la déjoue pardeux crimes. Elle fait assassiner notre allié Paul I, tsar de Russie. Elleconfisque la flotte du Danemark sans déclaration de guerre. Bloquée dansMalte, notre garnison capitule. Kléber consent à évacuer l'Egypte. Mais,indigné par la perfidie des Anglais, il reprend les armes, écrase les Turcs àHéliopolis. Un fanatique musulman l'assassine. Son successeur Menou,repoussé à Canope, évacue le pays. Mais l'Angleterre épuisée, signe avec lepremier consul le traité d'Amiens, qui nous reconnaît toutes nos conquêtes.Toute l'Europe était enfin pacifiée. Bonaparte en profite pour reconquérirsaint-Domingue insurgée. Mais il commet la faute de rétablir l'esclavagedes noirs. Leur chef, Toussaint-Louverture, est arrêté. Mais la fièvre jaunedécime nos troupes, emporte les généraux Richepanse et Leclerc. Saint-Domingue est perdue pour la France.

RUPTURE DE LA PAIX D'AMIENS. INSTITUTIONS DU CONSULAT. LE CODECIVIL.

La mauvaise foi de l'Angleterre amène la rupture de la paix d'Amiens. MaisBonaparte, vaincu aux colonies, est tout puissant en Europe. La républiquecisalpine ( Lombardie) l'élit président; la république helvétique (Suisse) leproclame médiateur. Il fait occuper Naples et Hanovre. A l'intérieur, il arétabli l'ordre et la paix. L'anarchie du Directoire est remplacée par uneadministration savante que nous avons gardée depuis lors (maires, sous-préfets, préfets, conseils généraux). La justice est réformée, les nouveauxtribunaux institués. Le code civil ( autrefois nommé code Napoléon)consacre les principes de la Révolution française et garantit, dans lafamille, les droits des citoyens.

LA BANQUE DE FRANCE. LE CONCORDAT. L'AMNISTIE.

Le Directoire avait laissé la France à la veille de la banqueroute. Le premierConsul fait appel au crédit, institue les rentes, amortit la dette publique. Ilétablit une nouvelle administration financière des plus sages, et que nousavons conservée (percepteurs, receveurs, etc.) Il fonde la Banque deFrance, le premier de nos établissements financiers. Pour apaiser lesquerelles religieuses, alors très violentes, il traite avec le pape Pie VII. LeConcordat, que nous avons maintenu, réduit le nombre des évéchés, etplace les cérémonies du culte sous la surveillance de la police nationale(articles organiques). La grande faute de Bonaparte fut de sacrifier lesprêtres constitutionnels (patriotes) au clergé réfractaire (royalistes), cequi excita les murmures de l'armée. Une large amnistie rouvrit la France àtous les émigrés royalistes.

LEGION D'HONNEUR. UNIVERSITE. LES COMPLOTS. BONAPARTEEMPEREUR.

La Révolution donnait aux braves des armes d'honneur. Pour récompensertous les services, militaires ou civils, le premier consul institue unedécoration nouvelle, la Légion d'honneur. Il transforme l'enseignementpublic, néglige à tort l'instruction primaire, mais fonde les lycées où l'onétudiera les sciences et les lettres. L'enseignement supérieur estdéveloppé, agrandi. De vastes travaux publics décuplent la prospérité de laFrance et augmentent la légitime popularité du premier consul. Quelquescomplots républicains sont étouffés. De leur côté, les royalistes essaientd'assassiner Bonaparte au moyen de la machine infernale. Ce crime a pourrésultat de le faire proclamer consul à vie. Un nouveau complot royalisteest préparé par Georges Cadoudal et le comte d'Artois pour égorgerBonaparte. Celui-ci, fortement exaspéré, fait exécuter un Bourbon, le ducd'Enghien, ancien chef d'émigrés; mais il gracie le général Moreau, un desconspirateurs. L'indignation produite par ces attentats royalistes amène laproclamation de l'Empire.

L'EMPIRE. CONSTITUTION DE L'AN XII. LE CAMP DE BOULOGNE.

L'établissement de l'Empire est voté par les quatre assemblées et consacrépar le plébiscite populaire. Napoléon I institue les grands dignitaires, etnomme 18 maréchaux de France. Il croit se rattacher les royalistes en sefaisant couronner à Paris, par le pape Pie VII. A Milan, il est proclamé roid'Italie par les cisalpins. Sa première pensée est d'imposer la paix àl'Angleterre qui exerce un véritable brigandage sur l'Océan. Il réunit aucamp de Boulogne une puissante armée, et imagine un plan hardi pouréloigner la flotte anglaise. Mais les lenteurs de Villeneuve font échouer lesopérations.

ULM. AUSTERLITZ. TRAFALGAR. PRESBOURG.

La troisième coalition, formée par cinq puissances, décide Napoléon à leverle camp de Boulogne. Il se précipite sur le Rhin avec la grande armée,tourne les Autrichiens de Mack et les oblige à capituler dans Ulm. Ilrepousse les premiers corps de l'armée russe à Dnierstein, occupe Vienne,surprend les ponts du Danube, et rencontre enfin les Austro-Russes enMoravie à Austerlitz. Les Français y remporte une éclatante victoire.L'Autriche implore la paix, que Napoléon lui accorde à Presbourg.L'établissement de la Confédération du Rhin, la conquête du royaume deNaples, placent l'Italie et l'Allemagne sous l'influence française. Mais lesnouvelles fautes de l'amiral Villeneuve amènent, sur l'Océan, le glorieuxdésastre de Trafalgar.

IENA. EYLAU. FRIEDLAND. TILSITT.

La Prusse nous déclare brusquement la guerre, et forme la quatrièmecoalition. Mais les Prussiens sont repoussés à Schleitz, culbutés à Saalfeld,écrasés à Iena, anéantis à Auerstaedt. Toute la Prusse est conquise.Napoléon entre à Berlin, occupe la Pologne. Il livre aux Russes la sanglantebataille d'Eylau, tandis que le maréchal Lefèvre enlève Danttzick. Maisl'éclatante victoire de Friedland décide la tsar Alexandre à traiter. Les deuxempereurs signent la paix de Tilsitt, par laquelle ils partagent tacitementl'Europe. L'alliance franco-russe était également avantageuse aux deuxpays.

LE BLOCUS CONTINENTAL. LA GUERRE D'ESPAGNE.

Pour abattre l'Angleterre, notre dernière ennemie, Napoléon organise leblocus continental. Mais le pape Pie VII s'obstine à rester l'allié des Anglais.Napoléon fait occuper Rome et déposer le pape. Le Portugal restait dansl'alliance anglaise. Napoléon le fait envahir par Junot, puis il décide lesBourbons d'Espagne à l'abdication. Mais Madrid se soulève, avec toute lapéninsule en faveur de ces tristes princes. En vain Napoléon promulgue enEspagne les plus libérales réformes. Malgré la victoire de Bessières àMédina, Dupont se laisse enfermer à Baylen, et capitule lâchement plutôtque de sacrifier ses fourgons. Presque tous les prisonniers français sontassassinés. Junot évacue le Portugal. Mais Napoléon resserre son allianceavec le tsar Alexandre, entre en Espagne, disperse les armées espagnoles etanglaises, occupe Madrid. Saragosse est emportée après une furieuserésistance.

RATISBONNE. ESSLING. WAGRAM.

Voyant Napoléon engagé en Espagne, l'Autriche forme avec l'Angleterre lacinquième coalition. L'empereur surpris forme ses troupes sur le Rhin. LesAutrichiens sont battus à Eckmühl, à Ratisbonne. Vienne est prise.Napoléon vainqueur cherche à forcer le passage du Danube. La rupture desponts rend indécise la bataille d'Essling. Renforcé par l'armée d'Italie,Napoléon force enfin le passage à Enzersdorf, et remporte victoire deWagram. L'Autriche subit un nouveau démembrement au traité de Vienne.La victoire de la France déconcerte les Anglais, qui viennent de se fairebattre à Walcheren, et les Allemands, prêts à la révolte. L'un d'eux, lefanatique Stabs, essaie même d'assassiner l'empereur.

CAMPAGNE DE PORTUGAL. LES ANNEXIONS. MARIE-LOUISE.

La paix était établie partout, sauf en Espagne où nos généraux avaient àlutter contre trois armées (anglaise, espagnole, portugaise). Les succès deSoult sont compensés par l'échec de Masséna devant Lisbonne. Napoléon,impatient d'étendre le blocus continental, multiplie ses annexions en Italieet en Allemagne. Il réunit même la Hollande à l'empire français, et faitmonter au trône de Suède Bernadotte, qui nous trahira bientôt. L'empereurdivorce de Joséphine. Il épouse la fille de François II d'Autriche, Marie-Louise, dénuée d'intelligence et de coeur. Mais la naissance du roi de Romesemble consolider l'empire napoléonien.

LA FRANCE ET L'EUROPE EN 1811.

L'année 1811 marque l'apogée de l'empire et de la puissance française.L'Europe a été deux fois bouleversée, par la république d'abord, puis parNapoléon. Empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de laConfédération du Rhin, médiateur de la république helvétique, il dominetout le continent. En Occident, les rois sont ses frères, ses parents, sesgénéraux; l'empereur d'Autriche est son beau-père; le tsar son allié. LaFrance comprend alors 130 départements. Elle répand autour d'elle, par lavictoire, les principes généreux de la révolution française : la liberté deconscience et l'égalité sociale. Mais l'Angleterre reste en armes, soutenuepar la coalition secrète des aristocraties et des royautés déchues.

LA GRANDE ARMEE. LES FINANCES. LES TRAVAUX PUBLICS.

Napoléon possède au plus haut degré le génie administratif. Il transformel'armée, discipline l'élan patriotique des soldats de la révolution, régénèreles services. L'ordre est rétabli dans les finances, le budget réduit, le trésorde l'armée institué; Napoléon multiplie les grands travaux qui doiventdévelopper la prospérité publique (ports, routes, ponts, canaux); ilembellit la capitale de monuments somptueux ou utiles, et rêve detransformer Paris en une cité unique au monde pour l'étendue, la richesseet la splendeur.

LES PROGRES INDUSTRIELS. LE DESPOTISME IMPERIAL.

Napoléon protège l'industrie française pour mieux ruiner le commerceanglais. Il récompense la chimistes qui ont trouvé le sucre de betterave;Oberkampf, inventeur des toiles peintes et des impressions sur tissus;Jacquard, qui a fabriqué le métier à tisser la soie; Lenoir et Richard quiimaginé la machine à filer le coton. Cinq codes nouveaux transforment lalégislation. Napoléon protège l'Université, favorise le clergé tout enréprimant ses écarts; mais il a le tort de vouloir instituer une noblesseimpériale. C'était rendre quelque importance à la vieille noblesse royaliste,tombée dans le mépris public, et qui trahira la France en 1814.

LA CAMPAGNE DE RUSSIE. VILNA, VITEPSK ET SMOLENSK.

Depuis Tilsitt, l'alliance russe nous avait permis de braver toutes lescoalitions. De futiles incidents (le mariage autrichien, l'Oldenbourg, laquestion des douanes) amènent une rupture entre les deux empereurs.Pour envahir la Russie, Napoléon réunit une armée formidable. Mais laTurquie l'abandonne; en Suède, Bernadotte le trahit pour l'Angleterre. Toutle reste de l'Europe marche avec nous. Napoléon est salué à Dresde partous les rois. Il franchit le Niémen, traverse Kowno, Vilna, emporteMohileff, Smolensk, Valoutina. Mais l'armée russe se replie sur Moscou, ets'arrête enfin pour livrer bataille à Borodino.

BORODINO ET MOSCOU.

Napoléon fait emporter les hauteurs de Chevardino, puis engage unebataille décisive autour de Borodino, près de la Moscova. Après une mêléefurieuse et un carnage horrible, la grande redoute des Russes estemportée. Napoléon reprend sa marche, occupe Mojaïsk et atteint Moscou.Mais le gouverneur, l'énergique Rostopschine, se décide à sacrifier la villepour sauver le pays. Les Français entrent dans la cité déserte, livrée à larapacité des forçats. Ceux-ci mettent le feu aux divers quartiers de Moscou;Alexandre, sollicité par Napoléon, refuse de traiter. L'hiver approche;l'Autriche semble trahir; la Russie entière se lève. Napoléon décided'évacuer Moscou.

LA RETRAITE DE RUSSIE. SMOLENSK. KRASNOE. LA BERESINA. VILNA.

L'armée quitte Moscou; mais sa marche est ralentie par l'énorme convoiqu'elle traine avec elle. A Malo-Iaroslavetz, elle repousse toutes lesattaques de Koutousoff. Mais la famine et le froid font périr nos soldats parmilliers. Arrivé à smolensk, Napoléon se voit menacé d'être enfermé partrois armées. Il disperse l'ennemi, par un violent effort, à Krasnöe; maisEugène et Ney, isolés, presque perdus, échappent à l'ennemi par un prodiged'audace. Une marche heureuse sur Stoudzianka nous permet de franchirla Bérésina. Mais la conspiration de Malet rappelle Napoléon à Paris. Lesdébris de nos troupes traversent Vilna, où les ((BIP)) polonais assassinentnos blessés, et Kowno, dont le maréchal Ney défend l'entrée. La grandearmée n'existait plus.

LA FRANCE EN 1813. LUTZEN, PRAGUE ET DRESDE.

Napoléon trouve la France émue par la folle conspiration de Malet. Ilreforme une armée, traite avec le pape. Mais déjà les Russes sont enAllemagne, ainsi que les Suédois. La Prusse ose déclarer la guerre àl'empereur. Mais Napoléon reparaît en Saxe avec une armée à peineéquipée. Il écrase les Prussiens à Lutzen et à Bautzen, mais accepteimprudemment un armistice. Au congrès de Prague, l'Autriche veutimposer à la France des conditions fort dures; Napoléon hésite; mais sonbeau-père passe à la coalition. Presque toute l'Europe est contre nous. MaisNapoléon écrase, à Dresde, les trois principales armées coalisées.

LES REVERS EN ALLEMAGNE. LEIPSICK. L'OPPOSITION.

La victoire de Dresde est compensée par les revers des lieutenants deNapoléon; à Kulm, à Gros-Beeren, à la Katzbach, à Dennevitz. La plupartdes contingents allemands passent à l'ennemi. L'empereur veut rétablirson prestige par une bataille décisive, autour de Leipzig. Toutes les nationsde l'Europe se heurtent, pendant trois jours, dans une mêlée furieuse latrahison des saxons décide Napoléon à la retraite. Il écrase à Hanau, lesBavarois. Mais la perfidie des coalisés nous prive du précieux appui de nosgarnisons d'Allemagne. Murat trahit la France et appelle les Anglais enItalie. L'Espagne est perdue, la France envahie. A l'intérieur, les royalistesconspirent en faveur de l'étranger.

LA CAMPAGNE DE FRANCE. LA BATAILLE DE PARIS.

La France est envahie sur toutes ses frontières par les armées d'Europe.Napoléon, avec une poignée d'hommes, se précipite en Champagne où lespayasans s'arment à son appel. Il disperse d'abord les Prussiens et lesRusses à Saint-Dizier, à Brienne, à Champaubert, Montmirail, Château-Thierry; puis les Autrichiens à Montereau. La reddition de Soissons sauvel'armée prussienne d'un grand désastre. La trahison d'Augereau livre Lyonaux Autrichiens; celle des royalistes livre Bordeaux aux Anglais. Napoléonrepousse les Russes à reims, les autrichiens à Arcis-sur-Aube. Il imagine unmouvement tournant pour les enfermer sous Paris. Mais la trahison livre lacapitale. Les gardes nationaux se font massacrer à la Fère-Champenoise.Moncey et Mortier défendent, avec quelques bataillons, Paris contre toutesles armées coalisées, puis capitulent pour éviter à la grande ville leshorreurs d'une prise d'assaut.

L'EMPIRE ET LES BOURBONS. FONTAINEBLEAU. LA PREMIERERESTAURATION.

Averti trop tard du danger qui menace la capitale, napoléon accourt. Maisdéjà les alliés font leur entrée dans Paris, où quelques misérablesroyalistes ont le triste courage de les acclamer. Le sénat impérial, toujoursservile, déclare Napoléon déchu et rappelle au trône les Bourbons. Latrahison de Marmont décide Napoléon à abdiquer. Il adresse à sa vieillegarde de touchants adieux au château de Fontainebleau, et se dirige surl'île d'Elbe, tandis que la police royaliste essaie de le faire assassiner. LesBourbons rentraient à Paris, au milieu de l'hostilité générale. Ilscommencent par démembrer la France, promulgue leur charte octroyée,déchirent le drapeau tricolore, multiplient les provocations, les violences,sacrifient tout aux émigrés et au clergé. Mais la nation apprend avec joieque Napoléon a reparu.

LE RETOUR DE L'ILE D'ELBE. L'ACTE ADDITIONNEL.

Napoléon a de viné l'irritation du peuple. Il s'échappe de l'île d'Elbe, éviteles croisières anglaises, débarque au golfe de Jouan. Toute la Francel'acclame avec enthousiasme. Il entraîne les troupes envoyées contre lui,entre à Grenoble, à Lyon, sans tirer un coup de feu. Le maréchal Ney, partipour le combattre, vient se placer sous ses ordres. A Paris, les Bourbonsépouvantés ne trouvent pas un bras pour les défendre. Ils s'enfuient, denuit, vers la Belgique, pour se mettre à l'abri derrière les Anglais et lesPrussiens. Napoléon entre à Paris. Il fait appel à tous les patriotes, auxlibéraux, aux défenseurs de la Révolution. Il promulgue l'Acte additionnel,que consacre libéralement un plébiscite populaire. Il cherche à obtenir lapaix. Devant le refus des rois, qui organisent une septième coalition, ilréorganise l'armée pour une lutte suprême.

L'EMPIRE. LE CHAMP DE MAI. LIGNY ET LES QUATRE-BRAS.

Le réveil de la France excite l'étranger, surtout en Prusse, une véritablerage. Avant de courir à la frontière, Napoléon célèbre à Paris la solennitédu Champ de Mai, et rouvre la session des Chambres. Militairement, il sedécide pour l'offensive. La frontière du nord est menacée par deux armées,l'une, formée d'Anglais, de Hollandais et de Hanovriens que commandeWellington; l'autre formée de Prussiens et d'Allemands, que commandeBlücher. Napoléon décide d'écraser Blücher d'abord, puis Wellington. Maisun général royaliste, le traitre Bourmont, livre tous nos plans à l'ennemi.Napoléon enlève Charleroi aux Prussiens, puis écrase Blücher sur leshauteurs de Ligny, tandis que Ney repousse les Anglais aux Quatre-Bras.Mais une erreur du maréchal empêche la destruction complète de l'arméeprussienne.

WATERLOO. L'ABDICATION. SAINTE-HELENE.

Repoussé aux Quatre-Bras, Wellington réunit toutes ses réserves ets'établit sur les hauteurs de Waterloo. Napoléon, qui a rejoint Ney, imagined'attirer les Anglais vers Hougoumont, par une fausse attaque, et de percerleur centre à la Haie-Sainte. Elle est emportée. Mais le corps prussien deBulow, échappant à Grouchy, arrive au secours de Wellington. Ney affoléengage imprudemment notre cavalerie. A ce moment, Blücher arrive avectout le reste de l'armée prussienne. La panique se répand dans nos rangs.La garde impériale, formée en carrés, se fait massacrer sans reculer.Cependant Napoléon a réuni nos troupes à Laon. Mais, à Paris, la Chambredes députés se prononce contre l'empereur, que le peuple acclametoujours avec enthousiasme. Découragé, Napoléon abdique. Les députéssont expulsés par les Prussiens. Napoléon se retire à Rochefort pourdemander asile aux Etats-Unis. Mais la flotte anglaise garde les passages.L'empereur se livre aux Anglais, qui l'envoient mourir au rocher de sainte-Hélène, sous les insultes du geôlier Hudson Lowe.

LOUIS XVIII. LES VIOLENCES DES ALLIES. LE SECOND TRAITE DE PARIS.

Le désastre de Waterloo annonçait la revanche des rois, de l'aristocratie,du clergé, de tout le parti féodal vaincu en 1789. Ce fut l'époquedouloureuse de la Restauration. Malgré la capitulation de Paris, lesprovinces résistaient encore. Barbanègre se couvrait de gloire à Huningue.Mais Louis XVIII ordonne de licencier nos dernières troupes, et livre laFrance aux vengeances, aux vols, aux cruautés des Prussiens. Paris est pillépar les Anglais et les Allemands. Un nouveau démembrement nous enlève,outre les conquêtes de la Révolution et de l'empire, plusieurs territoires etdes colonies que nous possédions depuis des siècles. En outre, unecontribution de guerre énorme nous est imposée, ainsi qu'une garnisonétrangère dans nos forteresses de l'est et du nord.

LA REACTION ROYALISTE. PROSCRIPTIONS ET MASSACRES.

Les royalistes, vainqueurs grâce aux Prussiens, se livrent dans toute laFrance à une réaction féroce. Le vieux Louis XVIII, rassuré par le départ del'empereur, se décide à revenir sur Paris. Il lance, à Cambrai, uneproclamation équivoque, et choisit pour ministres ces deux traîtres,Talleyrand et Fouché. Aussitôt les proscriptions commencent. Tous lespartisans de l'empereur, tous les républicains, sont désignés auxvengeances de la police. A Marseille, les royalistes assassinent lespatriotes, égorgent les femmes et les enfants des mamelouks del'empereur. Dans Avignon, ils assassinent le maréchal Brune. A Nîmes, àUzès, ils massacrent les soldats désarmés. Le général Lagarde est égorgé envoulant sauver les protestants menacés de mort. A Toulouse, les royalistesassassinent le général Ramel. A Bordeaux, les frères Faucher de la Réole,suspects de républicanisme, sont fusillés. A Paris, le colonel Labédoyère,arrêté par les Prussiens, est exécuté sous l'ordre formel du roi. Lavalette,directeur des postes sous l'Empire, est condamné à mort, mais sauvé parl'admirable dévouement de sa femme.

LA REACTION ROYALISTE. LA TERREUR BLANCHE.

Les royalistes furieux s'acharnent sur les généraux qui ont défendu laFrance. Le maréchal Ney est arrêté, condamné par la Chambre des pairs,fusillé à Paris. Murat, en même temps, tombait sous les balles desBourbons napolitains. Les généraux Peireleau, Debelle, Travot, sontcondamnés à mort; Chartran fusillé, Bonnaire dégradé, Mietton, exécuté. ALyon, les royalistes font périr Mouton-Duvernet. A Paris, d'infâmes agentsprovocateurs dénoncent un certain nombre de malheureux, soupçonnés depatriotisme, et qui sont condamnés au carcan, au bagne, ou au supplice desparricides.

LA CHAMBRE INTROUVABLE. LE DUC DE RICHELIEU.

En province, la terreur blanche est encore plus violente. Les magistrats, lesjuges sont destitués au mépris de la loi; des milliers de suspectscondamnés à la prison, à l'exil. De nouveaux massacres ensanglantentMontpellier, Nîmes, Lude, Castelnaudary. Des malfaiteurs, d'anciens forçatsse font donner des titres, des honneurs en affichant un grand zèle royaliste.Partout les drapeaux tricolores sont brûlés, les portraits de Napoléon etdes généraux républicains détruits. Menacés de mort, les derniersconventionnels s'enfuient à l'étranger. La Chambre introuvable, produitd'élections frauduleuses, réclame l'arrestation et la déportation de tous lesFrançais qui ne sont pas royalistes, livre l'enseignement au clergé, toutesles fonctions aux nobles, supprime le divorce, multiplie les congrégations.Le ministère de Richelieu préside à toutes ces infâmes violences.

LES CONSPIRATIONS. LE REGIME PARLEMENTAIRE. L'EVACUATION DUTERRITOIRE.

La France entière frémissait d'indignation. Mais toutes nos villes du nordétaient gardées par des garnisons étrangères. Le soulèvement éclata dansle sud, à Grenoble. Un certain Didier, agent du duc d'Orléans, dirigeait lecomplot. Les conjurés trahis sont surpris et massacrés par le généralDonnadieu. A Lyon, un ancien jacobin, le général Canuel, imagine uncomplot, fait arrêter en masse et exécuter des ouvriers, des paysans, pourobtenir enfin le titre de baron. Mais Louis XVIII, inquiet de ces violences,fait dissoudre la Chambre. Des élections nouvelles amènent une majoritémodérée. Elle vote une loi électorale, très conservatrice, rétablit lescontributions indirectes, réorganise l'armée sur proposition de Gouvion-Saint-Cyr. Enfin, au congrès d'Aix-la-Chapelle, le duc de Richelieu obtient dutsar Alexandre l'évacuation du territoire français par les arméesétrangères, malgré les protestations scandaleuses du comte d'Artois.

LE MINISTERE DECAZES. MEURTRE DU DUC DE BERRY.

A la Chambre, toutes les élections viennent renforcer l'opposition libérale.Louis XVIII appelle au ministère Decazes, qui se trouve attaqué par lesdeux partis. L'élection de l'abbé Grégoire, comme député de l'Isère, estillégalement cassée. Mais la colère publique augmente. Un soir le duc deBerry, second fils du comte d'Artois, est poignardé par Louvel, au sortir del'Opéra. Les royalistes exigent la destitution de Decazes et rappellent aupouvoir un des terroristes de 1815, le duc de Richelieu.

RICHELIEU ET VILLELE. LES MISSIONS A L'INTERIEUR.

Richelieu inaugure une réaction violente. Il supprime toute liberté, faitvoter une loi qui permet à la police de perquisitionner, jour et nuit, cheztous les citoyens. Les journaux sont à peu près bâillonnés, le droit desuffrage réservé aux propriétaires les plus riches. A Paris, les étudiantsprotestent par une manifestation libérale. Ils sont sabrés, dispersés par lagarde royale. Mais Louis XVIII était mourant. Qui lui succéderait ? Tout àcoup, l'on apprend la naissance du fils posthume du duc de Berry ( le futurcomte de Chambord). Richelieu, pliant devant l'impopularité, se retire. Ilest remplacé par Villèle, qui livre la France au clergé. Aussitôt s'organisentdans toutes les villes des missions à la fois politiques et religieuses, en vuede convertir les Français au culte de l'église et de la royauté.

LE CARBONARISME. LES CONSPIRATIONS.

Ces inutiles provocations ravivent la colère publique. Partout des complotss'organisent. A Saumur, ce sont les chevaliers dela liberté; à Paris, lescarbonari. Ils ont pour chefs quelques députés, pour soldats des étudiants,des lettrés, des ouvriers, des paysans, d'anciens militaires, toute la partiegénéreuse de la nation. A Paris, le complot du capitaine Nantil est dénoncépar un traître. A Belfort, le soulèvement échoue par un simple hasard. AColmar, les conjurés sont trahis par des agents provocateurs. A Marseille,une imprudence révèle le complot. A Saumur, trois essais successifsd'insurrection amènent des répressions sanglantes. Enfin les quatresergents de La Rochelle, dénoncés par un misérable, sont condamnés àmort et exécutés, malgré les efforts des carbonari pour les sauver.

LA GUERRE D'ESPAGNE. LA CHAMBRE RETROUVEE.

Pour rendre un peu de gloire à leur drapeau blanc, les Bourbonsimaginèrent de déclarer la guerre à l'Espagne. Une révolution libéralevenait de supprimer, à Madrid, le pouvoir absolu du tyran Ferdinand VII.Louis XVIII se charge d'écraser la liberté espagnole. En vain le députéManuel proteste contre cette iniquité. Il est expulsé de la Chambre, aumépris des lois. Sur la Bidassoa, les carbonari parisiens essaientvainement de soulever les troupes. L'armée du duc d'Angoulême entre enEspagne, emporte Cadix, le fort du Trocadéro, partout guidée, par lesmoines et les absolutistes qui menacent les libéraux. Fier de ce tristesuccès, Villèle multiplie les violences, frelate les élections, et obtient ainsiune majorité docile (la Chambre retrouvée). A ce moment expirait LouisXVIII.

LE MILLAIRD DES EMIGRES. LA LOI DU SACRILEGE. LE GENERAL FOY.

Le vieux comte d'Artois arrivait aussitôt au trône sous le nom de Charles X.c'était le plus mortel ennemi des idées de 1789, le vrai chef du parti féodal.Son passé rappelait les plus lamentables souvenirs. Aussitôt il chasse desrangs de l'armée tous les généraux qui ont servi la Révolution et l'Empire.Il fait voter , par les Chambres serviles, le milliard des émigrés ( que nouspayons toujours à leurs petit-fils), et la loi du sacrilège, qui rappelle letemps de l'Inquisition. Le nouveau roi est sacré à Reims, avec tout lecérémonial de l'ancien régime. Mais le général Foy, Béranger, Courier,Châteaubriand lui-même protestent contre ces maladroites violences. Lamort du général Foy, amène une grande manifestation libérale autour ducercueil.

LE DROIT D'AINESSE. LA LOI D'AMOUR. CHUTE DE VILLELE.

Le ministère Villèle propose de rétablir le droit d'aînesse. Mais de toutesparts s'élèvent les protestations. La Chambre des pairs, comprenant ledanger, rejette cette loi fatale. Alors le roi propose de réduire la liberté dela presse et de censurer jusqu'aux livres. En vain l'Académie elle-mêmeproteste contre cette prétendue « loi d'amour ». Elle est votée par lesdéputés, mais repoussée par les pairs, furieux de l'injure faite au cercueilde l'un des leurs. A une revue du Champ de Mars, le roi est accueilli par lescris de « Vive la Charte! ». il ordonne de licencier la garde nationaleparisienne, pourtant composée de bourgeois conservateurs. Villèle essaiede brusquer les élections, pour conserver la majorité; mais les libérauxl'emportent; une émeute éclate à Paris. Le ministère Villèle se retire, sousla malédiction publique.

DELIVRANCE DE LA GRECE. LE MINISTERE MARTIGNAC.

A ce moment la France, unie à la Russie et à l'Angleterre, intervenait enfaveur de la Grèce, cruellement ravagée par les Turcs. Depuis six ans déjàles volontaires français soutenaient l'insurrection grecque. Enfin les troisescadres combinées, envoyées à Navarin, sont attaquées par la flotteturque, qu'elles détruisent. Une expédition française débarque en Morée,et délivre le pays des Ottomans. A l'intérieur Martignac, successeur deVillèle, essaie de donner quelques satisfactions à la majorité libérale. Ilinterdit les fraudes électorales, supprime le cabinet noir, ferme les collègesdes jésuites, propose de rendre électifs les conseils départementaux. MaisCharles X congédie le ministère Montignac. C'était le dernier espoir de laroyauté qui s'en allait.

LE MINISTERE POLIGNAC. LA PRISE D'ALGER.

Le ministère Polignac est composé des plus violents parmi les royalistes.Chacun comprend que la guerre civile est proche. La Fayette est acclamédans les provinces. Charles X ouvre la session par un discours hautain. LaChambre y répond par une adresse libérale, celle des 221. Aussitôt elle estprorogée. A ce moment partait l'expédition d'Alger. Il s'agissait de châtierles Barbaresques, dont le dey Hussein avait grossièrement outragé notreconsul et nos envoyés. La flotte de Duperré débarque à Staouéli. Algerbombardé capitule. La France prenait pied désormais en Afrique.

LE COUP D'ETAT ROYAL. LA REVOLUTION DE JUILLET.

Le succès des troupes fait croire à Charles X qu'il peut désormais déchirerla Charte. Déjà la Chambre est dissoute. Mais les élections nouvellesaugmentent encore le chiffre des opposants. Alors le coup d'état est résolu.Les ordonnances du 25 juillet suppriment illégalement les journaux etretirent le droit de suffrage aux bourgeois, pour le conférer aux seulsnobles de province. Les députés ne savent que décider; mais lesjournalistes protestent. Le peuple prend les armes, arbore le drapeautricolore, et livre une bataille de trois jours à la garde royale de Marmont.Enfin le Louvre est emporté. Le roi s'enfuit au château de Saint-Cloud,poursuivi par les Parisiens jusqu'à Rambouillet, où il abdique. ACherbourg, il s'embarque pour l'Angleterre. La dynastie des Bourbons étaitdéchue.