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Chaignet, Antelme-Édouard (1819-1901). Histoire de la psychologie des Grecs. 1887. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

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Chaignet, Antelme-Édouard (1819-1901). Histoire de la psychologie des Grecs. 1887.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Page 2: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PSYCIIOLOGIE

ES GRECSPAR1 PAR

Â._En. CHAIGNET

RECTEI!R DE L~AGAUÉ111E£lE POITIERS, CORRESPO.XDA',TDE L'IN"sir[TUT

IlISTOIREDEL1\PSYCHOLOGIEDESGRECS

AYANTETAPRÈSARISTOTE

LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie

HISTOIRE

DELA

Q8oJzî;; 'itEÍ~~t.:l GuiC a", i~E..j:Q£1) 1t-iI]'1

Èr.n:'Jpf'J~IlE.t); Lr,v· l')'JttIJ ~~fj~'1 >'¿Yt;lV

Ëzu.- lIerac/il., ap. Diog. la~rl., IX, 7.

TOJiE PREMIER

61

PARIS ¡

BOL1E\ARD S.%LN-1-CF.R3dAl'i,79

1887

Droits de propritlb el de tradurdon rlunle

r_

Page 3: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE 1~1PSYCHOLOGIEDES GRECSIl

et le plus essentiellement aux lois et aux faits de la vie

réelle et pralique. Les problèmes les plus graves de

l'ordre politique et social, et par exemple le problème

de l'éducalion, dont la solution conlient peut Nrc la

solution de tous les autres, ne peuvent être ni agités

ni résolus, sans une connaissance quelconque de la

nature et de la deslinée de l'homme et par conséquent

sans une connaissance de son éme, quand bien même

on ne voudrait voir dans ce mot qu'un nom collectif,

groupant, sous une notion unique subjective et pour

les seuls besoins de l'esprit, un ensemble de faits d'un

certain ordre. Je suis loin de vouloir dire que le légis-

lateur, l'homme d'État, le politique, l'économiste doi-

vent être des psychologues de profession mais je suis

persuadé que la science prépare pour eux tous et

élabore un certain nombre de vérités ou de principes

qui éclairent leur sens pratique, et leur donnent une

conscience plus précise et plus claire des duestions

qu'ils ont à résoudre et à transformer en actes. Il ne

faut donc pas s'étonner, et l'on pourrait en donner

d'autres explications encore, de l'intérêt très général

et passionné qu'excitent les questions psychologiques,et dont l'état actuel de la science donne une double

preuve et manifeste.

D'une part elle a singulièrement élargi son domaine,

et pour le mieux étudier, a senti la nécessité

d'appliquer à ses recherches, pour en circonscrire

nettement le chatnp, la méthode de la division du tra-

vail qui est aussi une méthode philosophique c'est

ainsi qu'on a vu se constituer de nos jours, avec quel-

que luxe et peut-ètre quelque excès, comme branches

distinctes sinon séparées, la psychologie des races

Page 4: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

rnÉeaCE 1/1

et des nations, la p~~ychoJogic comparée, la psycho-

logie des animaux, la psychologie du sauvage et du

barhare, la psychologie de la femme, la psychologiede l'enfant, et même j'allais dire la psychologie ou du

moins la physiologie du fœtus, ce qui pour certaines

écoles est tout un.

Ce n'est pas seulement en surface c'est encore et

surtout en profondeur que s'est développée la science

psychologique, et c'est par là qu'on peut dire qu'ellea éprouvé un vrai renouvellement et une sorte de

rajeunissement. Heprenant des questions qu'avaitécartées une méthode trop circonspecte et plus poli-

tique que scientifique, on s'est demandé si l'esprit

humain, tel que l'observation de conscience nous le

fait connaître aujourd'hui, toujours été ce qu'il

est; s'il n'était pas, dans sa constitution actuelle,sinon le terme, du moins un stade du développement,et même le produit de l'histoire de la race humaine;

quelle influence la vie sociale a-t-elle exercée sur l'or-

ganisme intellcctuel et moral de l'individu? Le moi

n'est-il qu'un phénomène psychique qui se fait et

n'est pas donné? Comment l'esprit, à l'essence duquelil doit appartenir de sc savoir lui-même, peut-il de-

meurer le même et se savoir comme un autre, se

dédoubler en sujet et en objet dans un même acte? Les

catégories de l'esprit humain sont-elles données, ou au

contrairo sont-elles un produitet le résultat du trav·ail

de l'esprit sur lui-même dans le cours de son dévelop-

pement; car tandis que les forces naturelles agissentexclusivement les unes sur les autres, il y a en nous

une force ou des forces qui réagissen t surelles-mêmes.Ce que nous pouvons saisir de co passé psychique qui

Page 5: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE DP.l~1 PSYCIIOLOGIEDES GRECSIV

vit en chacun de nous, ne pourrait-il pas nous donner

quelques pressentiments, encore qu'obscurs, sur ce

quc l'esprit peut devenir, sur co qu'il doit être, sur les

limitescluerencontrentledéveloppementclesonactivité

et le progrès cle son essence? La connaissance est-elle

possible et comment est-elle possible? du'ést-elle en

soi? un fait d'assimilation, d'appropriation ou un.fait

de création, puisque c'est nous qui produisons nos

idées dans notre conscience, et qu'à cause de cela

nous disons nos idées? ou bien cette appropriation

et cette production n'c sont-elles que deux dénomi-

nations ou deux faces d'un même acte psychique ?Comment se forment nos idées, comment s'organisentnos facultés, s'il y a lieu d'en reconnaitre dans l'es-

prit, et dans ce cas y a-t-il entr'elles un lien causal,ou un rapport essentiel, et quel est-il? Est-ce un méca-

nisme qui combine, associe ou dissocie les représen-tations et les élève à la forme du jugement, et alors

quel est le moteur de ce mécanisme, cluelle en est la

structure, quel en est l'auteur, quelle en est la loi? Y

a-t-il lieu d'admettre une transmission héréditaire des

facultés constitutives de l'essence actuelle de l'àme,c'est-à-dire qui ne dérivent pas de son principe même,et (lui'elle n'a acquises que sous l'influence de causes

externes? Comment se représenter cette héréclité

même, sur laquelle repose l'hypothèse de Darwin,

hypothèse obscure et qu'aucun fait ne confirme, si

l'on n'admet pas que la cellule qui conlient le germode l'acte physique contient également le germe de la

vie spirituelle, et les transmet l'une et l'autre de

génération en génération, à travers toute la série des

siècles, par un transport réel d'une partie de sa

Page 6: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PRÉFACE

substance même f. Cette cellule clle-méme, quelles

en sont les formes essentielles? quel est le principe

qui dirige-son développement et lui en fait parcourir

tous les stades successifs et progressifs?

La gravité de ces questions en fait comprendre aussi

et explique le développement de la science

qui ne se résigne pas à les considérer toutes comme

insolubles, bien que plusieurs d'entr'elles semblent

nous avertir, comme le vieil Héraclite, que la notion

de l'âme est si étendue et si complexe que c'est en vain

que l'esprit humain espère en atteindre les limites et

en mesurer la profondeur.

Quoi qu'il en soit de ces tentatives hardies, c'est un

fait qu'elles témoignent d'un mouvement général et

d'un attrait puissant vers les questions psycholo-

gidues. Il n'en est pas de même de l'histoire de cette

science qui, depuis l'ouvrage de F.-A. Carus2, n'a été,

que je sache, l'objet d'aucun travail spécial, ni en

France ni à l'étranger. On en a même contesté l'utilité

pour les progrès do la psychologie même. Le seul

avantage, dit Ilerm. Fichte 3, que la connaissance et

l'examen critique des opinions antérieures oITrent à

la science psychologique est de déterminer les pro-blèmes principaux qu'elle soulève, et d'attirer l'atlen-

tion sur les difficultés spéciales que rencontre leur

solution. Herbart, tout en rendant justice aux recher-

ches de Carus, exprime l'idée qu'une critique de la

psychologie, traitée dans l'esprit de la Grili jrce de la

1G'esll'hY(lOlh~deM.Weismann(DieConlinuilne!dcaAeimpfa~mru.,Jeo!1835.

Ceach.d. Paychologie,Leips., 1805.Théoriede l'drne humaine,p. 19.

Page 7: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Il IIISTOIREDE L.1 PSYCHOLOGIEDES GRECS

snorale de Schleiermacher, rendrait beaucoup plus de

services à la science que son histoire 1.

Ce jugement sévère et presque dédaigneux ne me

semble pas justifié j'ai à peine besoin do le dire, au

momentoù, poursuivant des travaux depuis longtemps

commencés, je publie une llisloine clc la Ps~cholo~ic

des Grecs. ~lais j'ai besoin de montrer en quoi il n'est

pas justifié, et cle prouver que, sans avoir la préten-

tion d'égaler en importance et en dignHé les concep-

tions psychologiques systémaliclues et originales,

l'histoire dc la psychologie, dans sa sphère modeste

et dans une mesure restreinte mais encore appré-

ciable, peut rendre d'utiles services à la science, et des

services qu'elle seule lui peut rendre.

D'abord, et on l'avoue en passant, c'est son office

de déterminer avec précision et (I'énunierer complé-

tement les questions qui composent tout problème

scientifique et dans lesquelles il se divise, de rappelerles formules diverses sous lesquelles elles ont été

posées, discutées et résolues, d'examiner la nature

des difficultés spéciales qu'elles ont rencontrées: c'est

là une partie dit travail scientifique, travail prélimi-

naire, sans doute, mais dont on ne peut guère con-

tester l'utilité, je dirai même la nécessité. Descartes

fait de ces opérations la seconde et la quatrième règle

de la méthode, qui prescrivent, l'une, de diviser chaquedifficulté d'un problème philosophique en autant de

parcelles qu'il se peut pour les mieux résoudre

l'autre, de faire de ces difficultés et questions parti-

culières des dénombrements si entiers et des revues

1Paycl~ol.ala11'isatnachojr,17,s' foL,p.'l31.

Page 8: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

pnf:f.\f.E vif

si générales qu'on soit assuré de ne rien omettre.

L'histoire de la psychologie fait pour tous ce travail

préalable de synlhèse et d'analY5e, et jamais on ne le

ponrra bien faire sans elle. Jamais, sur aucun pointde la science, le plus vaste et le plus profond génie

livré à lui-même ne peut être assuré de ne rien

omettre ni dans la division ni dans le dénombrement

des questions parlielles qui composent le problème

scientifique qu'il s'efforce de résoudre,oudesobjections

qui s'opposent auxsolutionsqu'il présente. C'estdonc

une loi de méthode philosophique, reconnue et prali-

quée déjà par Aristote, qui recommande ou plutôt

qui commande, pour la psychologie et toute autre

science philosophiquc,comme condilion d'une recher-

che mélhodique, la connaissance préalable de son

histoire.

Ce n'est pas le seul profit que la science en doive

espérer. Si la loi du temps gouverne le développementde l'à me même, comment croire que la science

dont l'àme est l'objet, considérée aussi bien dans sa

forme que dans son conlenu, dans ses principes aussi

bien que dans sa mélhocle, puisse se déroher à celte

même loi? Commentadmellrc que la connaissance de

ce long passé ne conlienne aucun enseignement sur

son avenil" et ne nous éclaire pas sur son état actuel?

Sans doute les sciences de raisonnement pur et les

sciences exclusivement expérimentales ont peu lie-

soin, pour se développer, de s'appuyer sur leur passé-,l'hisloire des mathématiques, encore qu'elle ne soit

pas, j'imagine, sans inlérèt pour le mathématicien,n'est pas indispensable à l'intelligence des problèmeset au progrès des sciences matliématiques. La con-

Page 9: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

\111 IIISTOIREDELAPSYCHOLOGIEDESGRECS

naissance des méthodes inexactes, des solutions

fausses, résultats d'arguments vicieux ou expressionde faits mal observés, n'a pcut-Nre plus qu'une valeur

de curiosité, et l'on peut soutenir que ces sciences

n'ont aucune place à faire dans leur constitution

même à cette sorte de curiosité. En est-il de même

de la psychologie ? Dans les sciences qui ont pour

objet le monde physique, les moyens dont l'observa-

teur dispose sont si précis, l'expérience peut être si

facilement répétée, les phénomènes qu'il mesure et

détermine sont relativement si fixes et si constants

qu'on peut être à peu près assuré, sous certaines con-

ditions réalisables, qu'il n'y a plus à revenir sur des

observations une fois faites et vérifiées et qu'on fi le

droit de considérer comme l'expression exacte de faits

réels. L'observation psychologique ne peut prétendreà une semblable sùreté: elle a un objet trop mobile

et trop changeant, un instrument trop délicat et trop

imparfait pour qu'elle n'ait plus à revenir sur les

résultats des recherches antérieures ni à consulter

les opinions des grands penseurs du passé. Il y aura

toujours pour la psychologie une nécessité de le faire,et par suite un profit certain. Si cela est vrai de la psy-

chologia de l'entendement, combien n'est-il pas plus

clair qu'il en est de même de la psychologie morale,

oit la certitude même ne peut guère avoir qu'une

valeur relative. Pour tous ces problèmes de la vie

morale est-ce un argument qu'on puisse négliger que

le témoignage unanime, s'il se rencontre, des obser-

vateurs de l'homme qui se sont succédé à travers les

lieux et à travers le temps.

Je prends par exemple l'idée de l'àme en faire une

Page 10: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

pn~e~c.~ ia

histoire complète, assister à la naissance, à la géné-ralion de cette notion, la suivre dans son évolution

historique, la voir se développer peu à peu, s'orga-

niser successivement, à travers les mouvements divers,

multiples, parfois contradictoires des opinions psy-

chologiclues, n'est-ce pas écrire la préface nécessaire

d'une théorie de l'àme?

Il est manifeste, et M. Renouvier l'a prouvé avec une

clarlé et une force irrésistibles, que c'est une vaine

tenlalive de vouloir construire le sysléme des faits

psychologiques sur un fait unique, et absolument

premier, que rien ne condilionne. Quiconque aborde

celle science ne le fait et ne le peut faire qu'avec des

idées générales anlérieures, sans lesquelles aucune

pensée, aucun raisonnement, aucune parole même ne

sont possibles. L'histoire de la psychologie nous ti,aiis-

met ces aulécédenls synthétiques, parmi lesquelsnotre

esprit fait un choix, après les avoir soumis à la véri-

flcalion el à un examen critique. Le langage à lui seul

est non seulement un instrument d'analyse: il contient

déjà lout faits les résullats des analyses antérieures,des classifications établies, des spécifications appuyéessur les observations d'un long passé. Il y a là comme

une psychologieprovisoire que l'histoire nousenseigne,et pour quelque temps au moins nous impose car il

ne faut pas oublier que ce travail hislorique, tout

individu, s'il veut seulement le comprendre, doit le

refaire pour lui-même. Savoir c'est construire.

Il semble d'ailleurs qu'on doive admettrc entre les

productions de l'esprit, entre les idées qu'il se forme

des choses et qu'il formule, quelque chose d'analogueà cette loi de concurrence YilaIe, de combat pour

Page 11: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

x IIISTOIREDE Li PSYCIIOLOGIEDES GRECS

l'existence que nous rencontrons dans le monde des

élres vivants. Les systèmes philosophiques, ou du

moins le groupe de notions qui leur sert de principes,

sont aussi des espèces d'organismes qui prétendent à

vivre, à se conserver, à se développer. Seulement au

lieu d'une sélection naturelle et fatale, hypothèse clui

d'ailleurs reste à démontrer, c'est le travail intelligent

et réfléchi de l'esprit humain, qui, du milieu de la

mêlée confuse et des luttes incertaines, opère le

choix entre la vérité et l'erreur, entre les idées des-

tinées à survivre au combat pour l'existence et celles

qui doivent succomber, c'est-à-dire se modifier et se

transformer plutôt que réellement disparaltrc car ce

n'est pas l'ûnseignemûntle moins instructif que nous

donne l'histoire de la psychologie que de voir, aux plus

lointaines origines de la spéculalion philosophique,

apparaitre dans leurs lignes principales et dans leurs

principes caractéristiques des systèmes depsychologie

qui passent encore aujourd'hui pour originaux et

nouiveaux, et dont l'originalité prétendue étonne et

parfois scandalise.

Ce passé lointain qui tient une si grande place dans

le présent le plus récent, nous permet de le mieux

comprendre, cluand on en peut suivro à travers l'his-

toire le mouvement et le développement. Que d'idées

on croyait mortes et qu'on retrouve avec étonnement

vivantes et agissantes 1Quod'idées on ci-o3,aitnotii,elles

et qu'on retrouve avec plus d'étonnement encore

vieilles de tant de sièclesl Ce n'est pas sans une

certaine émotion, qui n'est pas sans profit, qu'on

s'aperçoit que les morts, comme on l'a dit, mènent

les vivants, et qu'on mesure la part que les pensées

Page 12: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PRÉfACE XI

de tous les hommes et de tous les temps, Z,.jvbç).&'(~"

prennent dans la pensée individuelle des génies les

plus puissants. Je crois donc que l'histoire de la psy-

chologie accomplit, dans une mesure modeste, uno

ocuvre utile et, je dis plus, nécessaire aux progrès et

à l'intelligence de la science même.

Maintenant que doit comprendre ceUehistoire? Sans

doute les matières qui sont l'objet de la psychologie;

mais quel est l'objet de la psychologie? Quelques

écoles modernes en ont voulu relrécir le terrain la

spéculation psychologique ltevrâit se horner «à l'étude

de la représentalion et de ses lois, sous les condilions

de l'expérience possible, ensuite aux postulats, aux

inductions qu'une telle méthode autorise 1 }). H fau-

drait ainsi exclure cle la psychologie non seulement

la métaphysique, ce qui serail légitime, puisque c'est

là une partie distincte et reconnue telle de la philo-

sophie, mais même toute notion métaphysique, celle

de force comme celle de substance, et par exemplesÏnterdire de rechercher si l'alme est une substance

ou une fonction, ou si les facultés sont des forces

réelles, ou des dénominations générales purement

logiques et servant tiniqtienient à la classification des

phénomènes, vides par conséquent de contenu propre.Pour rester fidèle à l'esprit scientifique, tel qu'on 10

conçoit, il est interdit dese lrasarder dans ce domaine

des substances, des forces, des causes, région de

1lIenomier,F,aa.denaych.,1.III,p. 158.t'c51 surloul cODlrccette llnorie que s'esl Elevc r~co)e d'J!rrwI1; 11'olkrr~nn

les dtfioil Le5¡Mesalulrailcs des rar~porupar IC5quclsles ~lémcnlsdifT~renls,exis-

L~olsimullanéllleoidans Ic nnme iDl!il-idu,sonl 4'parEsIe.,uns des aulrcs, el qui, par

suile, ne peuvent dislinguerni les individusni les périodes de b vie individuelle. i

Page 13: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

XII lHSTOIREDE L,1 p65'C1I01.OCIEDES GREC-S

l'inconnaissable et vrai royaumo des ténèbres. La

matière de la psychologie est donc simplement le sys-tème des représentations opérées et liées par des lois

et suivant dos lois.

Je ne pouvais, sans mutiler touto l'histoire do la

psychologie, en réduire ainsi arbitrairement l'objet.Les Grecs qui l'ont fondée la définissaient la science do

l'âmo. Il n'y a peut être pas un seul d'entre lours phi-

losophes qui n'ait écrit un traité spécial intitulé

T=~l'}u¡:i¡ç.danslequel étaient expliqués non seulement

la connaissance, ses modes et ses lois, mais l'origine,

l'essence, la destinée de l'âme, la vie, l'être mêmo,dont

l'âme leur paraissait le principe ou le type. Comment

par exemple exposer la théorio do la connaissance do

Platon, sans faire connair,re la théorie des Idées, qui,

pour lui, loin d'ètre purement formelles, sont 10

principe de la réalité et le contenu cle l'essence des

choses? Comment faire comprendre la théorie de la

raison pure et la définition même de l'âme, dans

Aristote, sans la rattacher, comme 10 systèmo le fait,aux idées de l'acte, de la puissance, de la forme, de

la fin, qui sont manifestement d'ordre métaphysique.On peut dire que c'est lIi1 trait caractéristique do la

psychologie des ancions, non pas de l'avoir confondue

avec les autres parties de IClscience métaphysique et

morale, mais d'en avoir fait comprendre les rapportsintimes et d'avoir ainsi constitué l'unité du tout de la

philosophie. Ainsi La Rélo~blique de Platon n'est

autre chose qu'une application à la constitution de la

société politique des faits et des lois do la psychologie.

Qu'est-ce que l'État, pour Aristote, sinon un orga-

nisme et un organisme psychique? Il ne m'était pas

Page 14: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PRÉFACE xm

possible de séparer absolument la psychologie de la

mélaphyslque, mêmequand j'aurais consid6ré comma

foml6es les critiques qu'on élève contre la psycho-

logie ainsi conçue: mais il est loin d'en étile ainsi.

Les 1-opi-ésentatioiis, dont la théorie doit constituerle seul objet dc la psychologie, ne sont et ne peuventêtrc cluc les représentations de quelqu'objet à quelque

sujet, c'est-à-dire des états de conscience. Les états

do conscience et les représentations nous mettentmanifestement en face d'un sujet auquel les choses

sont représenLées: c'estce qu'on appellela conscience.

Qu'est-ce maintenant que la conscience ? N'est-elle

plus, elle aussi, qu'un nom vide, l'idée abstraite d'un

rapport, unoenlité, une idole métaphysique ? L'analysedu fait de la représentation ne permet pas de la con-

cevoir ainsi.

L'état de conscience, suivant 11i.Herbert Spencer,est la face subjective d'un état objectivement nerveux t.Si l'on s'en tenait aux termes même de cette formule,qui d'ailleurs n'est qu'une métaphore, on hoiilraitcrolre

que M. Spencer laisso à la conscience et peut-êtromème à l'âme une sorte de réalité objective; car unemédaille qui présente à l'observateur deux faces estbien quelque chose, et chacune des faces opposéesqui la constituent par leui, unité n'est pas sans réalité.Mais malgré cette équivoque de langage, peut-êtrevoulue, au fond M. Spencer n'admet pas l'existence de

laconscience, même comme un phénomène ps~~chiquo;elle n'est pas pour lui une des deux faces réelles d'uneréalité vivante, elle n'est qu'une fonction et un cffet

1Princip.dePtych.,p.1~7.

Page 15: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE LA PSYCHOLOGIEDES GRECSX11-

du système nerveux, système qui est seul la cause en

même temps que le siège de nos représentations, de nos

états de conscience.

Dans cette conception, que ce n'ost pas ici le lieu

d'examiner à fond, la psyclloloôic s'évanouit tout

entière dans la physiologie l, comme elle s'était autre-

fois, chez les pythagoriciens et cliez les successeurs

immédiats de Platon, é\'anouiedans les matllématidues.

On pourrait supposer qu'on est enfin, dans cet asile,

délivré des fan tÓmeset des visions de la métaphysique:il n'en n'est rien.

La notion de cause qui subsiste dans celle théorie

est une idée métaphysique au premier chef, quandbien même on la réduirait à l'idée de succession habi-

tuelle, qui cependant en diflère essentiellement i. Il

faut bien que la transformation d'un processus ner-

veux en une idée consciente ait une cause, et cette

cause est une hypothèse cl'ordre métaphysique; car ce

n'est certes pas un fait d'observation et d'expérimenta-

tion externes; c'est encore moins un fait d'obsen'ation

et d'expérience internes, un fait de conscience. \I. Bain

le reconnaH lui môme la conscience, phénomène

unique en son genre, ne nous dit rien d'uno pareille

transformation.

1 L1 psychologie,dilllcroorl, 1. l, p. f3G, fournil la. physiologiebeaucoupplus de

lumihe qu'elle n'en a jamais rcçu elqu'ello n'en peul rccCl"oird'elle.t Elle en diffiro, car, d'une pnl, 1,1successionne se r"c,tle jamais, commele dit

lIerb.ul; elle esl toujours la mAmcpour loul ce qui commencecl qui ce.;5Cen memc

temps; d'aulre p.1rl, l'habiludo esl dans l'espril elle peul lier les i~lées,elle ne

lie pas les choses.Leschosesne 50nldors que des séries ou possibililésde reprtlsenL1-

lion;; mais ces séries onlleur unill!, ces représentationsonl leurlien: bien plus, cello

suile de rcprésentalions sc sent, se s,1iI,sc dit unilt!. Elle dil moi mais ici Le

lioto5y, quel est la principe qui cr~c celle unilé? el nous relombonsdans la méla-

physique.

Page 16: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PIIF:F~1CE 1\"

Si à l'idée de mouvement mécanique ou chimiquedontloutes les expériences n'ont jamais tiré une sen-

salion ni une pensée, on ajoule, pour expliquer la

lransformation, celled'un mouvemenLilal; si les nerfs

sonl considérés comme autre chose que des cordes

plus ou moins tendues, s'ils contiennent un principe

que la physique ne connait pas et par suite n'explique

pas, nous nous tl'Ou\'ons en présence d'un fait myslé-rieut et à coup s>tr métaphysique, la vie. En eUet ce

n'esl que dans l'clre organisé, vivant, sensihle qu'onouserl·e ces contractions dans les troncs nerveux, et

ces moU\'ements comme ces sons convulsifs, à la

suite de blessures profondes dans les cenlres nerveux,

phénomènes dans lesquels on veut voir le passage de

l'état physique à l'état conscient. fbMais la vie est inexplicablc elle-niéme par les seules

lois de la duanlilG~,de la figure et du mouvement 1

011 n'a pas encore pu surprendre le moindre fait

propre il metlre sur la voie des origines et (luidé\'cloIJ-

pement de la nature vivanle 2. 0 « Quand la terre s'est

délachée du soleil, la vie, comme nous la comprenons,ne pouvait y exister. Comment donc est elle venue 3.n

Le principe inconnu, que nous appelons la vie, pré-

pare, d'une manière à nous incompréhensible, des con-

ditions variées qui servent au développement de l'affi-nité des élémenls'. » Et au fond M. Berlhelot lie nie

pas ces faits qui sont constants. d Les effeis chzm~qzics

1Filemouvementlui-mrmc,d'oilvient-il?Ya-I-ilunmouvementpo.>siblesmsunedirection?clya-I-iluncdireclionpo-zsiblesmsun11U1?ya-I-ilunbulpossibleSolnsunepcns~e.5.'IDSuneraison.

1 de Qualrefages,Journal rit.!Saran(a, mat5 1871.3 T)lIJalL Réun. de /h50C. Il~i(ann, à ,lôru~ich, 1888.t nerz~lius.

Page 17: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

nI HlSTOIRE-DE LA PS\'CIIOLOGIEDES GIIEGS

de la vie sont dus au jeu des forces chimiques ordi-

naires, au même till'e que les effets hl~ysiqrceset

mc~ccrniques Sans doute, mais il n'est dueslion ~luodes effels chimiques de la vie n'v en a-t-il pas d'au-

tres ? M. Bertlielot ne le dit pas, mais il ne le nie

pas, pas plus que Pteyet', ( Il n'y a attcune raison

cl'admettre que dans les corps vivants les forces de

la natlll'e inorganique agissent autrement que dans

le reste du monde t D. Personne ne le conteste

mais cela ne prouve nullement que ces forces, tout en

gardant leur mode propre d'action, ne se trouvent pasdans les corp.~ organisés en concurrence ou en conflit

avec d'autres forces qui les limitent. La vie n'est pasle résultat d'un seul processus, mais d'un nombre

illimité de processus, liés par un but et dirigés Vers

un but.

Si l'on veut considérer la vie elle-même comme la

cause organisatrice des corps vivants, on n'en arrive

pas moins à une idée métaphysique, c'est-à-dire à

une i.déedont l'origine ne peut ètre cherchée dans les

lois £le la physique. Son mode de manifestation, dit

Claude Bernard, est une évoluLi.)Jl C) vers un

but par une idée, et quand bien même il faudrait

renoncer à l'espoir d'en dccouvrir l'origine, on peut

être assuré qu'eUe n'a pas son commencement et son

principe dans lemilieu organiquc. ~(1.esystème vivant

forme, fi l'encontre de l'inorganiclua, un groupe dis-

tinct dans lequel des phénomènes proprea et spontanés

se produisent et suivent un cours tranché, jusqu'à ce

qu'il se décompose\1D.

~~fém.de Phgs. géh., Iraâ: SOtiry.

Renouv., Eas. de Psych., 1. 1, p. 55.

Page 18: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PRF.rACE -%il[

Ceux mêmes qui refusent t d'attribuerà la vieunprin-

cipe spécial et veulent combler la distance qui sépare

l'inorganique de l'organique n'ont rien trouvéde mieux,

pour faire dispara) tro la contradiction essentielle, qu'ils

ne peuvent nier, entre les faits do la biologie et les

lois de la physique et de la chimie, que d'étendre le

concept de l'énergie potentielle de manière que la

faculté de sentir, pour la matière, rontrât aussi dans

ce concept Il Il est nécessaire, dit l'un d'eux, d'attri-

buer à toute matière une sorte de mémoire 1 J. La

sensation et la mémoire ne se laissent pas réduire à

des associations ompiriques dont l'hatilude, si tant

est que l'hahitude puisse être une propriété de la

matière, serait l'unique agent. Qu'est-ce alors que les

attribuer à la matière, sinon lui donner une âme, ou

plutôt en fairo une ~tnie1, comme Héraclite l'avait pres-

senti, et comme Aristote l'avait reconnu, sous

certaines réserves et dans certaines limites (1Il y a,dit Berckley, dans tout ce qui existe, de la vie dans

tout ce qui vit, du sentiment; dans tout co qui sont,de la pensée ib.L'cime en un sens, est dans tout bien

plus, l'àmo en un sens est tout '1[ '}uz-~Tk xYt~7rû'J;

t'iTt7rÍV'i"Z3, et Dacon reproduit en d'autres termes la

pensée d'Aristote: zrbiquedeni~ue est penceptio, c'est-

à-dire il y a partout afl'ection vague ot représentationconfuse.

Mais voilà, par là même, la pspohologie rejetée ou

1EwaldlIeringUeberdvaCtdoechlniaaafaeineallgemeineFuncf(qnderorganisirlen.llalerit.

l.olzc-Paych. Phyaiol., Irad. PCDjOD,p. 76 c Nousfaiton3do)la matière une5.moou une substancecsscDlicllelll~1de mpmenature. »

3Ar., de r1n., III, 8.

Page 19: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

msromeDELi PSYCIIOLOGIEDESGRECSX~'lll

ramenée dans la région des idées métaphysiques,comme il est nécessaire d'ailleurs, puisque le monde

physique, si l'on veut en scruter sévèrement ressence,ne peut pas plus exister que s'expliquer par lui-même.

La psychologie matérialiste repose sur un concept

métaphysique, sur un dogme, lui aussi entouré £le

mystères. La notion £le matière, si on la presse, se

résout en des atomes ou en des forces qui ne sont

atteints, ni les uns ni les autres, par les sens ni parla conscience et ne peuvent pas l'être l, C'est un

pur concept.La psychologie critique de M. Renouvier proclame

l'axiome il faut bien que quelque chose commence jmais n'est-cc pas là un axiomc métaphysique, dont

nous ne prenons connaissance que dans l'analyse des

principes et des lois de la psychologie La psychologiede l'évolution repose également sur un concept d'ordre

métaphysique j car l'évolution n'est que cela, une

hypothèse, légitime d'ailleurs, et que l'expérience

vérifiera, contredira, ou limitera.

La représentation n'est pas seulement, comme

semble l'avoir surtout envisagée Leibniz, dont la théo-

rie, surce point, n'est exempte ni d'obscurité ni d'équi-

voque, la représentation n'est pas seulement une ex-

pression des choses, par laquella leur être invisible,

latent, pour ainsi dire absent, est rendu présent,

comme lorsqu'il nous dit que le corps est une repré-

1 llarirnann, Philoa. de l'Inconacienf, 1. l, p. 153 « Il n'y a que deux manière3

d'emisager les Ch05e5 ou rime csl absolumentle dernier résultat des phénom~nesmatérielsquI constituent la vie du cerveau, el il faul alors nier l'elislence des fins,

ou l'âme c51présente au fondde lousles processusnerveuxde Il matière ellee>1

le principe qui les dirige el les produil, el la consciencen"collJu'une manife_lation

phénoméae de ce principe, laquelle résulte des plOce.;susneneUI. r

Page 20: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PRÉF.~CE: :(U:

sentation de J'âme (lui lui est propre. Le mot a un

sens plus élencla et plus profond C'est celui parlequel on entend un élre qui sc rend lui-même présentfi lui-méme, un sujet qui se représente soi-même à

soi-même, c'est-à-dire un moi. Le caractère propre et

myslérieux de cét acte est de se doubler soi-mèmedans l'ètre; c'est de contenir et de manifester la dua-lité dans l'unité de l'élre, l'unité synlhélique de

l'objecLifet du subjectif. Le monde exlérieur lui-même

y est donné, ainsi que les idées de substance, de cause,de force, de relation, d'espace, de temps, en un mottoules les catégories et fonctions de la pensée, lesformes générales des phénomènes.

Que sont donc ces concepts sinon des conceptsmétaphysidues, et comment les chasser de la psrcho-loôie qui nous les fait connaiLre, sinon comprendre.Quand bicn même on admettrait due la recherche et

l'analyse des principes psychologiques apparliennentàla méLaphysiquel, il faut bien reconnaiLrequ'i1s sontfournis pal' la perceplion interne. Tous les problèmesde la métaphysique sont des produits psychiques, etmême la pensée mét:J.physique est un processus psy-chique.

Il est vrai que sans nier l'existenco de ces conceptsdans l'esprtt ou de leur objet dans les phénomènes,on peut les réléguer dans le monde de l'inconnu etmême de l'inconnaissable i, Mais outre que le but de

Herbarl,Paych.ala~1'isaenach.,p.~2. F.inleil.s. Philos.,p.50 1:Sanio~Elal,hp,iquciln'ya pasdep,yrllOlob<Ïepo»iblca

Il. Sleneer, Ih~incip.de l'aych., 1. Il. p. 1.16 111',1 impo.<ibJede connJllrela sub,tancede l'e.ril ncnous., 1. 1 p 13i « Nousdcvons renoncer aux sim-F-liGcatiowforcéesde la mélaphy,ique5ub,lanIiJli,le. L'Cli,lenceproplc et concrètedll

Page 21: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOInF.DE LA rS\"CIIOLOGIF.DES GREC-13u

la science, personne ne le conteste, est tic reculer

indéfiniment les bornes inconnues du connaissable et

(lue par conséqucnt il y a au moins inconvénient à

vouloir les déterminer et les fi~er a prioni, est-il donc

possible de le faire? Cummcnt fixer ces bornes sans

les connaitre, alors qu'on accorde précisément qu'elles

sont inconnues`l La nolion méme de la limile pl'OU\'C

que l'esprit l'a déjà franchie, et qu'il ne peut la posersans la détruire.

Il n'est pas, pour cela, nécessaire d'admettre, avec

Hegel, que l'esprit, comme la nature, est une essence

universelle et infinie, et qu'il embrasse et éhuise l'in-

fini et l'universel; mais il est cei-tiin due cela pl'OU\'o

qu'il r a de l'infinité dans notre esprit, des désirs de

connaitre el cl'aimer infinis 1, qui ne se lúisscr1l pas

enfermer dans des l~ornes, d'ailleurs arbitraires et in-

définiment mobiles. Encore une fois comment, oÙ

poser cette limite sans connaître il la fois delà et

l'en deçà qu'on veut qu'elle sépare'! son essence est

précisément cl'appartenir aux deux domaines elle fait

donc partie à la fois de l'inconnaissable et dit connais-

sable, et ce syslèmc engendre la contradiction que

l'esprit, s'il posc la limilo, connaît l'inconnai~sable.

La connaissance est mais la relalivité de

la connaissance exprime seulement ce fait que la

connaissance de l'homme est humaine, et qu'il a

conscience que son esprit ne petit épuiser l'absolu.

Mais s'il ne peut l'épuiser, c'est-à-dire le comhrenclre,

l'AmeJev-ienlaussiinutileilb ps~-cLoloéiequel'eslà la¡,h)-siIJuel'e1Íslencedecequ'onnommelecalorique.a

1 Uéelarer l'c;pril Immain inlini, en pui~~nce, sinon en acte, n'errra)aii pasS. Thomas.le Inrdi cl pmfon~in!cr¡,rNe .J'ri,lule l'ire cU ioconrcuien~inlcl-

leclum esse ioGoilumin polcnlÎJ..rr Summ.Theol., p. 1 qu., 87 ,lrl., 1, 4.

Page 22: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PR~`F~f.E xx~

peul-il s'en séparer? n'est-ce pas en lui qu'il a ses

racines? n'csl-cc pas en lui qu'il est Mifié et comme

bâli? La pensée comme l'ètre de l'homme sont

pénétrés de l'absolu. Il lie peut, quoiqu'il fasse,

se contenter du monde donné, et d'ailleurs l'absolu

est un monde à lui donné dans la conscience. Il ne

peut pas plus se passer de métaphysique que d'air

respirahle, a dit Kant.

La psycllologie enveloppe la métaphysique comme

elle en est enveloppée Il n'est aucune partie de

la philosophie qui ne soit accompagnée de clues-

tions ps~·chologiclaesQ. On eomprenclra donc que dans

ces condilions de pénétralion intime el réciproque,

aussi l~ien clue par des raisons spéciales tirécs de la

période dont fexpose l'llistoire, j'ai tlù, dans l'ouvrage

que je public, lie pas me borner -c'tl'llistoire dcs théo-

ries de la représenlation, chez les philosophcs grecs,

mais élendre mes recherclles aux questions mélaphy-

siques qui s'y lient essentiellement, d'autant plus que

c'est là un des traits caractéristiques de la psychologiedes Grecs.

Ce volume contient deux parties distinctes la pre-

mière expose la psychologie des philosophes qui ont

précédé Aristote; la seconde commence l'histoire des

lhéories psychologiques de ceux qlli l'ont suivi. Par

l'influencc considérahle qu'elle a exercéc et qui est loin

cl'ctre épuisée, la psychologie d'Aristotc a dû ètre

1Tren,Jelenbul'Ilisl.Ileifrag.,111,p. 97 Fliessldiemetapliysil,zuallersei(indie.\ulTa5Sungenderps)"ehologie"i

t1.1Iùgir¡uea ses racines dans liMe mélaphssique de la nEceailE, qui esl le (IOinl

central de l'une el d~ l'aulre, el c'esl la ps)"chùllY.;iequi MCOUHCdans l'eslirit celle

iMe c'e>1 dans la psycholuôie qu'lIedml lraite des catégories, qui sont le poinl de

délarl de la psychololçie de ~I. lIenou\"ier.

Page 23: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

XXII IIISTOIfiEDELI t>S\'CIIOLoGIEDESCnEr.S

l'objet d'un ouvrage spécial, qui peut être considéré

comme le centre autour duquel s'ordonnent les deux

parties de celui que je publie aujourd'hui, et le pointde dépi1rt de celui ou de ceux qui le complèteront, si

le temps et les forces me permettent do continuer cet

effort. Car c'est \'éri lablement à Aristoteque commence

la psychologie en tant que science systématisée et

organisée, et par conséquent son histoire,

Poilim. 3 juin f881.

Page 24: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIRE

DELA

PSYCHOLOGIEDESGRECS

PREMIÈRE PARTIE

LAPSYCHOLOGIEDESGRECSAVANTARISTOTE

CHAPITRE PREMIER

LA P~YC"OLOOIE DES POiTES

L'homme est naturellement désireux de savoir 1j quand celle

curiosilé naturelle est devenue un besoin, un tourment de la

pensée, lorsque l'intelligence a pris une claire conscience de ce

désir, et qu'elle cherche par des moyens méthodiques et réflé-

chis à 10 satisfaire, la philosophie commence. De quelquemanière qu'on l'envisage, de questions en questions, la philo-

sophie en vient toujours, et il faut toujours qu'elle en vienne à

la question essentielle, fondamentale qu'est-ce que l'I;tre7~

mystère qui conlient tous les autres mystères et vis-à-vis duquell'homme 50 sent dans celle situation étrange et contradictoire

d'être dans l'éternel désespoir et l'espoir éternel de parvenir à

le connaitre.

Le problème général quose propose la philosophie est donc de

savoir ce que c'est que l'ètro j mais où l'hommo- qui veut

1Ans! ar~r.,t, t.

rlf.lIf.~[f. Pryrhof~lr. 1

Page 25: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE Li PSYCHOLOGIEDFSGIIF,CS2

surprendre l'essence de l'Nre pourra-t-il l'éludier si ce n'csl dans

son propre êlre? Car c'e5lle seul dont l'existence et les acles

lui soienl alleslés par la conscience, c'esl-à-dire soient révélé5

à l'homme par lui-même, avec une telle force et une telle clarté

qu'il ne puisse pas en douler.

L'être, dans l'homme, se manifesle comme vie, et dès l'origine

de la philosophie, sous une forme plus ou moins clairo, les

Grecs 1ont conçu le principe de la vie, comme dislincldu corps,

sous un notai parliculier, l'âme, ·~y-f,. II semble donc que la

philosophie ait c1Mcommencer ses spéculaI ions par l'élude de

cette ¡\me, principe de la vie, c'esl-à-dire principe de cet C!lre,

dans la connaissance cérlaine duquel l'homme pouvait espérer

trouver le secrel de la connaissanco de. l'êlre mème, en tanl

qu'être.

L'histoire nous montre cependanlla philosophie suivant une

route dilTérente, et au lieu d'éludier l'essence et les fonctions

de cet être intérieur qu'il porte en soi, l'espril grec tout d'abord

s'élance hardiment et souvenl se perd dans l'élude de la nalure

et des phénomènes du monde extérieur3.

Mais l'écart de la vraie méthode est moins grand qu'on ne le

suppose, cl la conladiction plus apparenle que réelle. C'est

encore lui-même, c'est encore l'énigme de son propre Nre et

1 El l'on pourrail dire lou. les peuple.>jusqu'ici connus. Commenl,avanl loulerecherche scicnlifiquc,la nolion plu~ou moins confuse, obscure, mais foi-lede celle

dislinclionde l'lmc, du corps, el de vivant commc composé nffC5SaÍreml'll!

de ces deux fadeurs unis, s'e·l-elle révélée la conscienceci imprimée dans le

langage de tous les peuples, c'esl ce que l'on ne peul se, représenter que par de.

conjcclures. En général, on pourrail dire sans paradoxeque les faits ps)rfliqucs sonl

connus, dénommés,classés, liien antéiieurenient il loute psychologieci à loule philu-sophie. La -sciencene les IroU\-epas elle les relmure, Ic~conlrûlc, les analyse, les

coordonne, les relie, en cherche en suil Ie déwloppemenl, en délennine le

sens CIles cspose dans une forme spslémaliquc et suivant une mélhodo logique.A quelle époque de l'hisloire, el de quelle manière, l'homme qui pense, et donl

l'essence esl de penser, a-I-il remarqué qu'il penail, el nIé dans son langage qu'ilil

pensait, qui le saur.. jamais?j Les premiers e.s.¡isde spéculationphilusophirpicremonlenl cn Gn.'ce,au milieu

du vite siffle, el c'e.1 1'13100,le premier, qui, deux sü4lra-plus L1rd,donner,,iaux

recherches psychologiquesune forme syziténialique,et constituera la p·jchologiccommesciencedislincie.

Page 26: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I I~1'CIIOLOCIFDFS POÈ~'FFS 3

de sa propre vie, que l'homme cherche à deviner en ~tudianl

la nature, ses phénoménes et ses lois. La vie est un rapporl

¡'Nre vivanl ne vil pas de lui-m6me, il vit des aulres Nrcs il

ne se conserve, il ne se développe que par une adaptation conti-

nuelle, une correspondance constante entre les aclions du prin-

cipe interne de la vie, et ses objels externes. La vie sensihle est

la forme primitive de la vie, et toutes les formes de la sensibilité

ont pour conditions des stimulus et des objets externes, sans

lesquels la vie resto en puissance, c'esl-1I.-dire comme si elle

n'existai! pas, et san3 la connaissance desquels il serait chimé-

rique d'en vouloir connallre la nature el les fonctions. Le monde

extérieur e~l dans un rapport intime, conslant et nécessaire avec

notre élre propre, dont il stimule les énergies, donl il provoque

les mouvements, dont il satisfait lcs besoins, dont il l'emplit les

vides pour ainsi dire. La connaissance du monde extérieur qui

lui fournit ses objets au moins les plus immédiats est donc

inlimementliée à la connaissance de J'dme considérée comme

principe de la vie.

Je n'insiste pas sur ce fait que l'ordre el la méthode sont les

fruits tardifs de l'expérience dans la science comme dans la vie

morale; car je suis persuadé que, considérés dans de grands

ensembles, les efforts de l'esprit humain la recherche de la

vérité suivent en général la vraie route et la plus ralionnclle. Il

y a là une force des choses qui nous ramène secrètement, douce-

ment, à l'ordre donl nous paraissons nous écartel'. Aussi la

ps)'ehologie est moins élrangL~re qu'on ne le dil aux premiers

essais do la science qui commence et la philosophie à. son

origine est déjà ce qu'elle est par essence, l'union de la psycho-

logie et de la métaphrsique f. Il n'est pas difficile d'apercevoir,

1 Herh1ff, 6infeir., § 13, p. 55, croit que la mi-laphysiquej-récède,dansl'hisloirede la iiiiilosothie,Il hsyrliologie,el il en donnepour1-ienvesquedes

s)-slèmesde mElaply-.iqucsinofnicmscsonlrn1duilsen l:rlrc, quandla ps)rllologieD'alJilencorequ'une.formegrossière,(elle que Ici de 1)(-iiiocrile.Je ne

partagepasle senlinientde cc lMn_cur,malgréle respcclque m'inspireun espritsi

pralonJcl si sincère.Jemudraisesp{.rerquecelleIiibloirede lapS)Thol~iemunlrcral'unioninsA~urahledes deux sciences,qui sârcompagnenl('( se conditionnent

Page 27: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L\ PSYCIIOLOGIEUES GIIECâ-1

sous la philosophie de la nature des anciens, la psychologie t,

c'cst-à-dire, comme l'appelle Platon, la philosophi~ de J'âme.

Ainsi il est bien vrai que l'École ionienne a réduit loulo la

philosophie la physique, parce que la nature est l'~lrc unique

et universel; mais comment est-elle arrivée à celle -conclusion,

et ne peut-on soutenir avec vraisemblance qu'elle est déduite

d'une analyse déjà profonde, quoiqu'incomplète et imparfaite,

des phénomènes de l'esprit? Si la pensée n'est qu'une sensalion,

commo l'ont cru tous les philosophes de celle école, même

Diogène d'Apollonie 2, la conclusion nécessaire est que l'être

est nature.

JI est un principe qui gouverne toute la physique et toute la

métaphysique des anciens, c'est le principe de l'allraclion du

semblable vers le semblable quelle en est la sovrce et n'en

doit-on pas altribuer l'origine l'analyse psychologique par

laquelle on a cru pouvoir démontrer que l'essence de la pensée

est dans l'assimilation du sujet qui pense, et de l'objet qui est

pensé, quelque soit d'ailleurs le mode selon lequel s'opère celle

assimilation.

Quelle que soit la notion que nous nous fassions de l'étre en

soi, de l'être universel, que nous le concevions comme force ou

substance, comme esprit ou matière, la racine de celle concep-

tion universello et objective ne peut-être que dans la notion

quo nous nous faisons de nous-mêmes soit comme substance

ou force, comme matière ou esprit 3. Toutes les choses que

muluellemenldans leurs originescommedansleursdéveloppenit-nis.On pourraitmèmodire qu'unepsychologie,inconscienlesaos doule,maisMj. unepsychologie,présideà toutesles conccplionsplrilusophiquc3,d'ordremoral,F-hysiilueou rnéla-

physique.Ce n'est pas,commeon pourraitle croire,un molgrec.C'('~tun Allcmand,

RudolphGockd,qui j-arditl'avoir le premierintroduitet créé. sous sa forme

grecquc,cii le donrlintpourlilre à un de:sesouvrage~,donlil développecommeil suitle sujet lioc col,dehominisloI'rfcclione,anima,orlll

in-8~,31aéburg,1590.Cclivren'cslqu'unecûllcclionde mémoiresdodiversauleurs,qui se r.Jpporlenlau débat alursfort \if sur le tr.iducianisme.31élanclironparaitégalementavoiru~éde ce nompourdésignerle sujetde 51'Sleçonsacadémiyues.

i Simplic.,id l'hya., f. 33.3 Lcibn.,Ellemanoncognoscil(mens)nbipcreaqua3sunlin semelipi~.1.

Page 28: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LA PSYCIIOLOGIEDF-3rot:n: 5

nous cherchons à coimallre sont éloignées de nous, toute-

excepté nous-mêmes, qui sommes assurément toujours présents

à nous-mêmes.

Nous croyons que ces considérations générales recevront

leur preuve de l'histoire de la psychologie grecque dans laquelle

nous allons immédiatement entrer.

Dequelque côté qu'en en\'isage la civilisation grecque, on voit

éclater dans toutes ses formes, dans la poésie et dans l'art,

dans la religion et dans la politique, la prédominance, tempérée

par la proportion et l'harmonie, de l'esprit sur la matière. En

toutes choses les Grecs ont conçu, hoursuivi, et dans une

certaine mesure, réalisé un iMal, c'est-à-dire au fond une idée.

Leur conception théologique, toute grossière quelle puisse

aujourd'hui nous paraHrc, est encore une conception idéaliste

et même spiritualiste. « C'est à les passions, Ó liomirie, que tu

as emprunté l'essence de tes dieux, n disait un ancien, auquel

Hegel répond qu'il serait plus exact de dire que c'est de ses

pensées, de son esprit, que l'homme a emprunté cette notion

encore imparfilite du monde divin. Tandis que les mythologies

.orientales sont en général les représentations des grandcs

forces de la nature- physique, la mythologie grecque est la

personnification divinisée des forces morales et intellectuelles

de la nature humaine, uno sorte de psychologie vivante et

divine.

Il serait bien ertraordinaire que ce grand caract~re idéaliste

et spiritualiste, qui marque d'un trait si frappant cl si beau

toutes les créations dit génie grec, ne se manifeslàt pas égale-

ment dans les premiers eS5ais de la philosophie naissante,dont les principales doctrirres apparaissent déjà dans la mytho-

logie. Les dieux sont des êtres personnels, vi\'ants, spirituelsce sont des esprits sinon immatériels, du moins immort('ls la

matière dont ils s'enveloppent, est si subtile qu'elle semb!e

s'évaporer et s'évanouir; ce n'est qu'une apparence et comme

une apPat'ition dont l'esprit est la réalité- stil)stantielle. Telle C3l

déjà l'idée quo nous en présentent, plus ou moi ns. obscurcie,

Page 29: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIiSTOIHBm: LI l'SrCIIOI.OGIF.IIF'a'Gm:c.6

Homerc cl llésiode, qui ont fait aux Grecs leur théogonie, c'cst-

a-dire leur théologie 1.

Et qu'est-ce queThommc? Un (ils de~ dieux, qui a conscience

du lien subslantiel (lui unit sa nature à la nature divine dont il

tire son origine: ({ Leshommes et Ics Dieux no formenl qu'une

seule espèce: eux et nous nous devons fIuno même mrre le

soume de la vie i ». Sans doute une faculté distingue les Dieux

do nous 'et noussépare d'eux tandis que nous sommes des êtres

éphémères, cl que notre vie passe et se dissipe comme le rêve

d'une ombre J, les Dieux demcurent et sont élernels et cepen-

dant, malgré notre ignorance de la lin suprême où nous tell dons,

Il nous sommes semblablcs aux Dieux, par notre essence, par

nolre nature, à savoir, par l'esprit y, notre vraie grandeur

La conscience de la distinclion de l'esprit et du corps, et de la

supériorité de t'àme sur la matière a pénélré tout l'esprit grec,

el l'a de bonne heure profondément pénétré-. Les anciens

théologiens, disait déjà Pliilolaüs 5, nous enseignent que l'ime

a été unie au corps en expialion cl en punition de ses faute! et

qu'elle a été ensevelie dans cette chair périssable comme dans

un tombeau.

Dans chacune des trois périodes de développement que dis-

lingue, dans la vie de la nature, la Théogonie d'Hésiode, à côté

des élrcs monstrueux et informes qui représentenl les forces et

les phénomènes physiques, on en rencontre déjà qui person-

1IIcl'oo.,11,53.i Pind.,~1'em.,\1, L

"Fv~W", Erfj!)., YEv·.c~¿~l'Ii, ~r-ml"I'<"l'np~ç ¿'1'tE~

P,lUs.1Il.,\'111.2. tivil 1<2;'¿11"'?:<'ltECO'6:oi~.

3 Pind., Pylh., \'111, 9~.1 Id., \'ettt., 1'1, 8.

41),~i T'. 7t?o.f?o¡u"

éuaxv, \1lY(lv V6,J~é,T,,rot cpjOEgvln9avâcovc.

5noectn, Philol., p. 181.

Page 30: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LArsocnomcieDESrotrr.s 7

ninenll'esl1l'it, la raison, J'âme et ses allrilmts essentiels. Si le

Chaos est le premier des Nres, c'est un Nre stérile, qui est

impuissant fi produire, ou du moins qui ne produit rien de

vivant cl de beau l, et ne semble représenter que la puissance

nue et pure au contraire, J'Amour, qui lui succède sans

~tre né de lui, esl un principe de vie indépendant et existant

par lui-mème; c'est une force spirituelle et psychique, active

et féconde qui s'unit fi la Terre, principe matériel, pour lui

donner la forme et la vie, l'ordre et la beauté. Nous voyons

également aprarallre l'f:rnulation, et la Victoire, Thémis

ou la Justice, Mnémosyne ou la Mémoire, Promélhée et Épi-

méthée, la Prévision et la Réflexion, le Temps (Kronos) et le

mouvement incessant, le Devenir mohile et comme nuide

(fihéa); enfin arrive avec Jupiter, le Père de la lumière, la

domination d'un esprit qui soumet fi la loi de l'ordre et de la.

raison, de la beauté et de la justice, les forces aveugles, vio-

lentes, désordonnées de la nature, et qui gouverne le monde,

le renouvelle et le crée pour ainsi dire une seconde fois,

d'après des fins conçues par un esprit souverainement sage.

Non seulement on aperçoit clairement percer, malgr~ l'ohs-

curilé naturelle do la forme mythique et la confusion des

pensées contre laquelle lutte péniblement le poète, non seule-

ment on voit clairement percer la grande doctrine du dualisme

de l'esprit et de la matière, mais encore les doclrines non moins

féconclcs d'un mouvement de l'humanité et des choses, d'un

progrès par ce mouvement, qui conduit 10 monde entier des

ténèbres du chaos, do la violence et du désordre, la lumière

de l'ordre, de la raison et de la justice. Le fait seul de ramener

les phénomènes de la nature, les faits de l'histoire, les événe-

ments de la vie humaine, à des causes inlelligenles, libres,

puissantes, pemonnelles, ll des Dieux, en un mot, alles te la

tendance de l'esprit grec vers ce spiritualisme, vers cet

1Il neproduitque l'ÉITOOcl la Nuit,c'C-5I-l-direle ,ideinfinicl presquelenéantdcnlre, oudumoinssa formela plusbassecl la plusinMlermin~c.

Page 31: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDEw 1"SYCIIOLOGIEm:8cuecs8

idéalismo sensé et tempéré qu'il n'a jamais cess6 de professer,et qu'on remarque pendant tout le dé\'eloppement de la civili-

sation comme de la philosophie grecques.

Hombre conlient même uno sorle d'anal)'50 ébauchée des

facultés de l'âme La est le souffle vital, le sujel de la

fonclion respiratoire, la vie, spiri~ns, anima elle est le prin-

cipe de la vie animale. Les esprits animaux, placés dans la

poilrine et le diaphragme, i?lvEÇ,sont le principe de la vie

inlellecluelle, tandis que le Oo~6;est une sorle do conscience

morale ces deux dernières parlies de l'organisme psychiquesont les véhicules de la sensation, de la sensibilité, de la pensée

et de la volonté, et forment comme l'opposé de l'~tre corporel

et vivant ¡. Mais néanmoins avec la ~o~ el avec le corps

qu'elle anime el vivine, les autres facullés disparaissent. Le

.corps vivant seul est la personne humaino, 3, le vrai moi.

Mlvoçest l'expression ordinaire pour le sentiment passionné do

la colère, qui se manifeste dans la bataille; 'Top, le cœur dans

son élat calme; xp.Uf¡,le cœur plus volonUers pris dans 10sens

inlellecluel. 'Il~op, xp:r.8{-'j.x'l¡psont lous et chacun la faculté

d'éprouver des sentimenls morauz. Les expressions 1Cl1lVU1J21

vd'¡l-l,et 1CE1Ivu¡Lln1tzvn VO~1J21monlrenllolien qu'élablissnille

poNe entre les fonctions du 1CVEÙ:Uet les fonclions de l'inlelli-

gence, i~'do;Ii.

Quel est l'état de cette âme après la mort? Dans la concep-

tion homérique, la mort ne la sépare pas absolument et com-

1Conf.Ilaikari,PiychofogioIlomerica,17!1a.Ilammcl,CommenfafiddePay-chologiollomu-ica,Pari;,1833,1'clekcrUeGerdieIlrdrufnngund d?w)-ovinder Ilia. Giessen.,1825;.'riCtlreichllie lfralicnind. llins.Erlang.,1851,clsurloulNaegelsoochllomeriacheTheologie.Niirb..1810.

t Grolemescr(IlomersCrundanaichlrondw Secfe,1851,p.38),conleslocelleoppositionetcroilquela-}'Jzf,représente,non-sculcmcnlla forcevitale.maisencorelaconscienteelles auIresfonclion~psychiques.

3 Od.,XI,601.4il.. XXIV,311.5 LeKo?"commelel'ho., Sl'mhfelafacullédecODJ1.liSS3I1Ceinhérenleau6vl1~'

Voi',wl6'1" fv:y?!?LV,6'JI1'i'vo·_iv,;>L vnlv.11ais,parfois,le6'1' 5emhles'identifieraveclade sortequ'iln'ya plusd'autredifrt-Irencedanslei faits

pafchiquesquecellequirésultede la viedel'âmeagitéeparla (I.15Sionet ledésir,eldelavieduNo')"sourcedespenséesc3lme~et pures.

Page 32: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1-i W'~1-CIIOLOCIEDESPOF.TFS 9

plèlement du corps Il reste une image de l'un comme de

l'autre, la vaine apparence d'un corps qui n'a qu'une vaine

apparence de vie et de pensée. Cependant la personnalité,

'identité personnelle demeure. Achille mort non seulement

r.orle et pense encore mais il reste lui-même, Achille.

Les morts no sont à proprement parler ni des lmes ni des

corps ce sont des fantômes, des ombres, .zt7-t, des

crânes vides, !i:J.lY"fj'l1sans pensée, sans conscience, sans

cœur, !i'frZa!Eç,sans voix et n'ayant plus qu'un cri aigu

et faible, comme 10 cri perçant de la chauve-souris, y(;EU. 1.

Ces Nres étranges, dont la aie est un rcwc, qui n'ont plus de

corps et n'en gardent que l'ombre, qui floUent à la limite

indécise de l'étre et du non être, sont cepen~lant éternels. Ils

ont, dans cet état mystérieux, Enl'»).I)V~oo'r,s, quelctuechose de

cli\'in ce sont les héros, les démons, les Dieux 111~nes,di uéJlanes.

Ils habilent l'invisible Hadès, placé par les Grecs tantôt dans les

profondeurs sombres de la terre, ú7t'bxe~9sc~Y'lÚ1Ç,où ne pénè-trenl jamais les clairs et doux rayons du soleil, tantôt dans la

région vague et lointaine de l'Ouest, dans un pays égalementsans soleil, au-delà du fleuve Océan, qui enveloppe la terre.

Ils peuvent, il est vrai, momentanément retrou\-er plus de

vie réelle, et avec la vie la pensée, la conscience, la parolemais c'est condition de retrouver le principe de la vie, le

sang. De là l'empressement des ombres évoqué~s par Ulysse

pour venir boire le sang des victimes égorgées; de là les sacri-

fices sanglants faits aux mort:; pour prolonger ou leur rendre

pour quelques moments la vie 'i.

1 Ilel manir~lequelesvisionsticssongesonl fournila premièretlonn~eà cetteconcepliondes3mesdansl'iladèb.

Ilom.,OJ., VII,556 ¡X,-I!l5; XI, 'H0-2i!i!-W1.Il.. IX,2-15;X\1I1,419XXIII,100-103~fi5.Conr.Nacgclsooch,llomer. Theologie.-Ni.Itavais=on(AC.1d.desIristririt.~I~m.lu Ic30 avril1815)prélcndque, dèsle lenipsd'iloinère,IcsGrecscroyaientuniwrscllcmcnlà unevieMurc, qui ne duilpoint finir,el qui imldi~lucm2nieunceilaindcgrétic htlJlilutie.Cellecroyanceconruseci groS5i~rclui p;l1~IHiiitliiieremonlcrau-dclàd'llomtre.1..1plusancicnnedi\-ini!~desGrecsest la lcrrc,'luirhele le (CH,t~retics source tic la chalcur,de la lumi~rcel tic la vie,matièrecisubstancedel'Ame.Leculleticsmorls,le premierdescullesquisc lieau

Page 33: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOJnEUE LI 1'"3\"CI10I.OGIP.UFS r.m:c."10

Il est difficile de voir dans cette conception autre chose qu'un

pressentiment vague et or~scur do l'immortalité de l'ime, doc-

trine qui pousse à ses conséquences e~trérnes la distinction de

l',ime et du corps, b dislinclion d'r;;sencc, hien entendu. On

prétend que celle opinion a été clairement formulée pour la

première fois par Plrcrécyde ou par Pyllagore. Il est plus con--forme à la nature des choses, et aussi plus en accord avec les

lurnoiônages £le l'antiquité, d'y voir une tradition, 7CÚ:z! :Úv~~yëuT4T!; 1, qui se dérohe, par son ancienneté mème, la

recherche et à la \"lie de l'histoire. Dans les monuments posté-

rieurs à llomérc, elle prend une forme plus précise et plus

philosophique.- 1.'llymne homérique à Cércs '? ouvre aux initiés

des mystères d'ileusis la perspective et l'espoir d'une vie plus

heureuse an-delà de la vie présente, et c'est un écho de celle

tradition conservée dans les mystères et la théologie orphique

que répèlent Pindare el ~ophocle, cc dernier disant que les

initiés seuls, après la mort, auront le privilège de vivre 3, et

l'autre, (lue l'initié seul peut savoir que la lin de celle vie est le

commencement d'une autre vie, d'une vie divine 1. La puissance

de la mort triomphe du corps et le Mtmit mais l'âme reste

vivante 5 j l'expression tralril ici l'incertitude £le la pensée

l'âme est désignée dans ce passage comme nale inra~c zirantc

de lcc vie, t;c;w:ziwYIj;mtis qui, en opposition avec le

corps qui se dissout et périt, persiste et demeure, ),d7tu'1.

euliedelalerreet du feu, allC3I~,dit le awanlacaMrnicien,h croyance111.1persi3-lancede la force,-iIJle,daniunevied'an11e15.

1Plal.,l'had., 70, C.t-1·. -180.

Fra.-in. 750-

r~t( la Y&P.I,V')I;lui

C~Oéart.

1 rind., I~i'.Ihr., 8.,i~~v !1É'J pt~'tI}'J TE).EJT7Y,

,,[l,Ev U dll,¡"~TI)" 1i?Z'h.

3 rd., rd., 31.

IJWWX.1" 1r2YT"Entsw

O:X'dT'~ntpllJOl.u,~¡;'V~llarntTolI2iwv'),tYdm).ov.

Page 34: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1,1 J>3Yf.IIOLOGŒDE3 rotrr.s Il

j,e,3philosophe3 ont donc reçu ces notions psycholoâiyues ou

JII~laphysiques sur l'âme des croyances religieuses elles font

partie de la conscience morale des Grecs, comme peut-être de

tous les homme", sans avoir pris partout le inètne degré de force

et de cIarlé. Je n'insisterai pas sur les éléments psychologiques

flue conlient la théologie des poésies orphiques- Malgré les

parlies plus anciennes (lui s'y peuvenl renconlrer, ces poèmes

sont certainement au moins dans leur forme l'œuvre d'un

fau~~aire, Onomacrite l, Dans celle conceplion, de tenrhmces

p~nlhéislique; on relrouvc encore l'opposilion de la malitre

rCJlr~senlée le Temps, condition néces:>1irc el forme univer-

selle de lous les phénomènes, el par le Chaos l'espace, et de

l'esprit représenlé par le divin f~lher, dans le sein duquel le

Temps engendre l'muf du monde 3, el qui dc,'ient le père de

Phanès Éros, apIlClé aussi ~Ibtis. C'esl lui (lui donne à toules

choses le mouvement, la forme, l'ordre, c'est de lui que

1,tine humaine tire son ori~ine t.

1 1)nmmcrilc,d'Athènes,viv~iitau 1~lIIpsde Pi cl d~ ses fils ("lit-510:Ilauil r,'l:u~illicl réviq Ic.;I~"c; des poé-siesorphblucs,ci il s yIxrmilJc tellesinlerpolalionsc(altéralionsqu'ilfuIbannilar lIiN.1nluc.

'1LeChaosnc senitile-sedi~tinguerduTcmhsque,commcI~pleinscdi3lingueglu,j,le,C'csila n1ali;;olionmalhiclledu temps.1~dur.t'eest la plusiide desah:lrac-lions,lui[qu'onn'yajoule[.a.sla n"liond'unequi dure-Sansl'âmc,dilAri;-ll'le,c csl-à-dircsansla Vie,1-iiintileTemps-~I. Ilcnoul-ier,Logiq.,I. III. h. IH,trouveentrecc sy·ltmecl celuide )1.Ilcrh. Sf~enccrdesrJ!orl; ~ingulier.>:SrsvriVLlesan,llogie.>(de la liliiiosoi-liietic \I. Spenrcr)sonldanstelleCosmogoniedc1-t.li2tule.\nli'luilé IluChaosnaquirenll'ÉrElx.cl la Nuit;de l'ErNiecl de 1a,1\1Ii!n;¡llcr,l'.luruurcI l'Enlendemenr.(:'c:l bien le. f.1¡,10_i,enclfcr,c cstbien n:rèIJCclIl I\lIilquisonlrepnisentASpar le slIjellnimilifde 1'Jf'otllfse néGulaire,ain:ique-%I.Spencerl'ilipelle,c'est-à-dirc'.11'la matièreroiiii~o-anlle sysièriiesolaireà 1'~laldiffus.l~esoleillumineuxesl LiCnl'tlher, dMI Ics cihraliun;cn¡;endrenlh lumière,cl l'Amourcl l'Entenilementrépondentbienauxscnlimcnlael auxiiléei,ramenéspar la cont-rrsiundes furrcsauxon,]l1l.1liQnsdela nEbulcu·ccondensée,iliiiesllesoleil..

OnSolenclfclque la hhilosohhicde M.Spenrerreposesur la transformationcil'équinlencoJes forces,quionl loulc5leur originecommunedans les ,-ibrali,'nssohiresrommuni']l1éesdeprocheen procheàccrlail1esharliculeséllçliilueidescorhs,ci qui deviennentlnurà lourl'haleur,force,-¡laie,force nerveuseet enllnf,lft,\)sensHile,lntellmivecl ,-olonlaire.

Le rappnxhemcnlmo parai!quelquepeu forcé,puisquelesOrphiqueshosrnlàl'originedeschoses.nonlusune forceunique,maisundualismede forces.

a I.'œufel ainsil'imagede l'unionde la malitreci del'cspril.1Lobcck.rl pfaoph.,p. -191.

Page 35: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE l~1 P3\"CIIOLOGIEliES GnEŒta

Nous relrouverons d'ailleurs presque les mémes spécula lions

dans Phérécyde, quicna peut-êlre fourni les Irails principaux.

Enlre la lhéoloôie dcspoèlcs et la philosophie proprcmenl

dile, Arislote place comme une phase intermédiaire, comme

urle forme mixte, les spéculations de quelques penseurs qui

cherchent à se faire une conception générale des choses, et

lonlent un elTorl quoique impuissant pour sortir du vague et de

l'arbilraire des mythes poéliques 1. Arislole nomme Phérécyolc

et fait allusion, sans les nommer, à quelques autres. Le carac-

1ère commun qu'rlristote établit entre les idées de ces écrivains,

et qui les distingue des doctrines des Orphictucs, c'est de poser

comme premier, comme principe, le parfait, T~2f!'iTIj'I'Il faut se

souvenir de ce jugement d'Arislole pour bien entendre et

exactement interpréter le peu que nous avons conservé des

écrits de Phérécyde.

Phérécyde de Syros était un contemporain de Thalès, du roi

de Lydie, Alyalle, et a dd nailrc, d'après Suidas, vers la

tLY~ Olympiade (GOOans av. J.-Ch.), et mourir vers la LVIII.

(5i8 av. J.-Ch.). Comme l'llislorien Cadmus de \f ilet, il passepour

clre le premier écrivain grec en prose Son ouvrage, inlitulé

était une théologie, qui posait à l'origine des choses,

et comme principes premiers trois ètres éternels Jupiter,

le Temps, la Terre. La Terre, et peut-être aussi le Temps 3,

doit ètre considérée comme l'élément vague et informe, mais

préexistant éternellemcnt, de la matière; tandis que Jupiter, qui

pour former le monde, lui donner l'unité, l'idenlité, l'harmonie,

se transforme en l'Amour, représente évidcmrnent une force

motrice, intelligente, sage, et dont la bonté, l'amour, constilue

un attribut essentiel. Le dualisme grec se montre encore ici,

mais plus clair et plus pur, puisque la Pensée, le Parfail,.

n. â; lGioy, est, suivant Aristote, pour Phérécyde, le vrai

1 .1/el.,XI\ IMI, b. 8, oî ra \1q.llY\1bol (1'~TW"(X:Ù/-r'\17;\1'J~I¡(W;""<X'/nHYElY.

f Suit",J Puisqu'ililf~ilnailredu lemps,rCJU,l'air (~3mÕIj\1<X)ci le feu.

Page 36: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

rsocuo~ocieuesro~-rrs 13

Premier. Que pensait-il dé l'âmc mème de l'homme, c'est ce

qu'il e~l assez difficile dc savoir eL de dire; Porphyre nous

alprcnd que par des noms symboliques, tels que ceux d'aGimes,

de fos.sc3, d'nnlrcs, de Porlcs l, il désignait les généralions

et les disparitions, c'csl-:r-dirc les lransformations ct migrations

Liesâmes ce qui prouve du moins que l'àme humaine élail,

(Jour lui, un principe dislincl et sépara hie du corps, survivant

à la corruplion qui aUeint nécessaircrnent celui-ci, cl peuL-t'JLre

~lernel 3. Nous retrouwns, dans les Cosmogonies llréologiques

d'f:piménide eLd'Acusilaüs, qui npus sonl d'ailleurs très impar-

faitement connues, la même tendance, d'opposer au principesans forme de la malière, un principe supérieur, qui se présente

tour à tour ou à la fois comme une forme du temps, comme un

moteur, cl sous le nom de l'Amour comme une loi de la pro-

duction. de l'ordre et de la beauté des choses de la nature.

D'après Damascius « Épiménide wait imaginé deux principes,l'Air et la Nuit; mais il est évident qu'il plaçail tacilement un

principe unique antérieur et supérieur5 aux deux aulres, qui

engendrent le Tartare. De ces deux principes0 nalL encore

(outre le Tartare) ce qu'il appelle le ~no~err infelleclnel,

Ÿ~VO-rT-4~.LCQ~TY~(,pai·ce qu'il se porte également aux deux

extrêmes, Tdre iÍx¡;IjVX!1\Tb 7ripi~ç.Acusilaüs pose un premier

principe qu'il déclare absolument inconnaissable 1. Deux prin-

cipes inférieum, f1tTZT'!rYf1{:XV,dont l'un, la l~uil, joue le rôle

de l'illimité, de l'informe, ~czmpla; l'aulre, l'Érèbe, celui de la

1 PÙrph)T.,dednlr. r\'ymph.,c. 31. ¡1V;(!"Iv.X!1\€l.6pov~u\ Œvtp'1.X'1.\6.jP2.xal r.i).

Porriti)-r.,de Anlr. i\'yrnph.,c. 31. Lv so·5sw!1iVlttlj¡1lv!"I'JtŒ.'l"W"yyfwytvl(Ju~xni Œ1toytvl(J!lç..J Cie.,Tusnrl.,1,~6.

4 Uc Princ., p. 3IÚ.SIlc Pr-inc.,ayi, 'l"1¡1;J'XV'1'1'1,"~i~v1t¡:.?''l"GI'Iduo:v.

Lelexie,r,rohJ';lemenlmu.il_ ne pennelp.S ded(-Iermineraveccertitudesil'mtelligence,considr'rr'ecommeunmilieu,unolimite,un Ibinlcenlrdl,oùse rencon-lI'Cnlfi sc p~nNrenllesexirérnesdeschoses,e.1n~ede l'aircl de la nni.,'on dodeuxautresprincipe.¡.Onnesail,en un mol,à quoirapporter:lt eLvtdo Tlv!Í..

1EtquidoilélmLef'arjaif, suivanll'obxrvaliond'Aristote,quidonnepourcarac-I~reà toutecelle c;¡1~goriede penseursdoconcevoirla perfectioncommecauseaL~olumeol1-reniière.

Page 37: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE 1~1r'S\"CIIOLOGIEDFS GRECS1-1

limito, De cas deux principes naissent trois ètres, trois

personnes intellectuelles, Tpd; Y7'yTlÇ V7r04TŸ,evs l'Éther,

l'Amour, la Raison pl-7¡TI<;),»

Le sentiment gr..1\'e, moral et religieux qui inspire les poésies

des Élégiaques, des Gnomiqucs, et les maximes des Sept Sages l,

a un caractère beaucoup trop, sinon exclusivement pratique,

pour qu'il nous soit permis de nous y arrèter. Uicéarclue

disait avec raison de ces derniers qu'ils n'avaient été ni des

ni des cir ils n'avaient pas recherché la science

pour elle-mème, et ce n'étaient que des gens avisés, d'un grand

bon sens, qui s'étaient surtout appliqués à donner de

bonnes et sages lois leurs conciloyens, YQ:}.')'krlx~{~.Il est

vrai que ces législateurs, ces homme., d'État, suivant la notion

11peu près universelle qu'on sc faisait alors de la politique, se

sont crus tenus d~: fonder dans la. pratique et l'aide de- la loi,

la vie morale, et ont été par conséquent obligés de renéchir sur

les principes de la vie morale mais ces rénexions, ces concep-

tions, issues d'un intérêt pratique, toujours appliquées à des ca,

concrets et particulier<1, n'alfectent dans aucun de ces sages le

caractère général, sysUnnatiduc et spéculatif qui constillle la

science, et quoi qu'on rencontre dans ces maximes des pensées

que la philosophie rel¡'n'era plus lard, par exemple Comlais-

toi toi-vvrrce; Prends hour ~uicle lccraiso~e, ce serait en mécou-

naitre le sens et la porU;e que de leur aHribuer uno valeur pliilo-

sophique. OÙpeut signaler co progrès des idées morales, ce déve-

loppement de la conscience religieuso, comme une préparation à

la science philosophique, et particulièrement commo un prélude

poétique ou pratique de la psychologie; mais nous croyons que

c'est une exagération de le considérer commo une partie inté-

grante de cette science, et de lui donner une place dans son

histoire.

1 D~¡r.élriu~de Phalèreposele conunenremenlde cellesériesous l'ArrhonbldeDallla,¡05(01.-13,3 = GO;)av.1£ nombre('1 loin d'en ~Irc consia-ni.1£son[ Tha}¡~5,Solon,Dia-sde Il ène, l'illacusÆ.;)lonNede ~lil)l~ne,Péri1ndre,1)'r.uJde Corinlht',ClliJonde l.acédl!mon(',Uéobulede Lifidus.

i L. t, .10.

Page 38: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE DEUXII-NIE

TIIAU:S

On distingue ordinairement, comme on sait, dans la période

philosophique qui précède Socrate, outre les atomistes, quatre

écoles, l'école Ionienne l, l'é~ole Halique ou Pythagoricienne,

récole Eléatique et l'école des Sophistes.

Le nom d'école conviendrait assez peu à la première d'en-

tre elles, si l'on voulait qu'il exprirnâL l'idée d'une transmission

continue de doctrines identiques, par le moyen d'un enseigne-

ment direct et personnel, comme le prétendent les critiques

Alexandrins, (lui ne comprenant pas et ne pouvant expliquer

l'analogie et l'affinilé des opinions philosophiques, que par des

rapports personnels faisaient d'Anaximandre le disciple de

Thalès, d'~lnaaimLne le disciple d'Anaximandre, de Diogène

d'Apollonie et d'Anaxagore, les disciples d'Anaximène, etc.

La Chronologie n'autoriserait cette filiation directe qu'en ce qui

concerne les trois premiers, Thalès, Anaximandre, Anaximène

tous de ~Iilet et presque contcmporains.

Par école nous ne pourrons entendre ici qu'une affinité dans

la tcndance philosophique, qui lie entr'eux les memhres d'un

certain groupe de penseurs et les distingue- d'autres groupes

1 .\rislolene œnnallpasccnom,el il appellecesphilo:opl~cslesI,hpidcnsou les

phfsiologues.Thadèsde639à ~16.AnaximandredeGI1à 5Il.Anaximènede 560à 5-18.Uio6êncvivaitaulcmpsd'l1.mgoreà Alliènes,c'cst-à-direde 501--I~jà -129--125,

Page 39: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L.W'S1-CIIOLOCIEDES Gnf.ŒIG

tels que ceux qu'on appelle les Éléates et les PylhagoriciensLe trait qui est propre à tous les philosophes ioniens est

moins d'avoir exclusivement cherché une explication dos êtres,

des choses et des phénomènes de la nature, car c'est une ten-

d:lI1cecommune à tous les philososophés avant ~ocrate, qued'avoir cru que le dernier principe de toutes choses était

une matière vivante, d'avoir supposé que la nature- s'expli-

quait par elle-même, et de n'avoir pas soupçonné que, soumise

à un changement incessant, elle ne peut s'expliquer que par un

principe qui la dépasse et la domine vérité dont assurément

avant Socrate, qui en a eu la claire conscience, les Pylhagori-

ciens et les Éléates ont eu un pressentiment puissant quoi-

qu'obscur.En se renfermant ainsi et en renfermant la science dans la

limitede la nature, conçue comme l'uni\'ersalité des choses sou-

mises au devenir, les philosophes d'Ionie méritent par excel-

lence le nom, qu'Aristote leur donne constamment, dephysicienset de physiologues.

Thalès, dit Aristote fut le fondateur, 4p/tydç, de celle pro-mière forme de la philosophie, considérée comme une science

de la naturo, et on pcutle nommer ainsi le fondateur de la phi-

losophie. Il était, d'après Hérodotei, d'origine phénicienne 3;

mais il était né à \ület la \'ille la plus consiiléralJle de l'Ionie,

qui avait envoyé plus de 80 colonies sur lès rivages de toute la

hléditcrranéo, ci qui eut la gloired'être le berceau de la poésie et

le berceau de la philosophie.

On ne peut fixer que d'uno manière approximative l'époque

de sa vie il a été certainement contemporain de Crésus et de

Cyrus, c'esl-à-dire qu'on doit le placer entre les années 639 et

5~IGavant J.-Ch. On ne sait rien de plus certain sur sa personne

Jlrf., 1,983,b. R0.lierm., l, 75et 170.Le faitestremarquable.De la familledesThélitles(Diog.1."l, 'li!et R5),quir,rélend.1ientdescendredu

phénicicnCadmuset naieoll'migrédeThèbesen Ionie.

Page 40: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

THALÈS 11

ses voyages en Égypte, son amour de la science, ses découvertes

astronomiques et industrielles, paraissent appartenir à la

légende plus qu'à l'histoire. Il n'avait rien écrit: Diogênet nous

le dit expressément, et Aristote nous l'indique par les termes Il

dont il se sert en exposant ses doctrines. On ignore d'ailleurs sur

quels documents Aristote et Eudème s'appuyaient dans celle

exposition. Aristote considérait certainement Thalès comme un

philosophe, quoique ce mot n'ait été inventé que plus tard par

Pythagore, et même comme le premier des philosophes; car il

ne se borne pas un récit purement mythique 3 il ne mêle pas

la fable poétique aux recherches scientiriques, comme Phé-

récyde mais il cherche à prouver et à démontrer 5: ce qui est

le caractère de la science philosophique.

On sait quo pour Thalès l'eau est le principe, l'élément

primitif etultime de tout; c'est-à-dire, car il n'est pas probahle

que Thalès se servil de ces expressions techniques, que l'eau est

ce dont proviennent tous les êtres, et ce en quoi ils sc résolvent

quand ils sont détruits et périssent 6. L'eau est ainsi une

substance qui demeure, qui garde éternellement sa nature et

dont les formes et propriétés seules changellt 7.

Mais Aristote croit deviner quel est le fait expérimental, la

vériié uni\'erselle d'observation qui a conduit Thalès à celle

conclusion et à celle doctrine c'est sans doute, dil-il, parce

qu'il a vu que toute nourriture est humide j que la chaleur même

1 l, 23.Alex"in .lltl., p. 21. non. Scholl.Ik'kk,p. 531, a. 2. o-jplvy..p

~lpmua~ToljJoli. Philopon.in 1.de An., 1,2. Er~GVxr.0p,,Yro

a',T~1jOUYYCHÍ\ll1ua,z).).'<inol,LVr,»E.j\lat'2,Simplîc.,in 6. HYET'ŒIivyp2"tç ,riv xnalmEh, l'exception d'une aslronomienautique,que 1.~l)Ond'Argosmiteo vers,et qued'aulm alhi!JUJ.ienlau 5J.micnPhocas.Diog,L., 1,23.l'luI.,de f'ylh. Orac.,-102,allribuecepo~meIi Thalè5indine.

t Hrual. Jltl., l, 3, 0&1,a. 2 j de An., l, 2, iE w &tOI1~1'j\lo~E~o"'al,¡J'3l'rèscequ'ona conxn-éde luid'aprèsla Iradilion.

Ar., .Iltl., 111,-l, 1000,a. 18, \l\J~IXW~aO.>lt6I1E~OI.id.. \11',-l, 1091,b. 8.5 ld., id., III,1, 1:1. ol ti HrO~TE'.a Hippolyl.,llt( llxr., l, 1.1 Ar., Jltl., 1,3, 1.1.. TT,Ç~èvo~'7Íaçûaopvo5ar,ç,sotç ~iTC-i~I'71\llTat2l-

)·.3~ rS~srG'[~u:.jtt¡' çvQew~âei .w;opdv".CIL\IGSEr.l'ryrhologlr. Q

Page 41: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE 1~1PSYCHOLOGIEDES GRECS18

vient de l'humide, m~me la chaleur vitale, et que lous les germes

vivants ont une nature humide l. Or, ce qui fait que l'humide

est humide, c'est l'eau. Simplicius se fondant sans doute unique-

ment sur des raisonnements, croit qu'il est arrivé à cette propo-

sition ( parce qu'il a vu dans 1'&1.uun principede génération, de

nutrition, d'unité, de vie P. Je ne vois aucun motif de ne

pas croire que ces hypothL~sessont fondées. Thalès a sans doute

eu une raison pour admettre l'eau comme principe de tout; et

pourquoi celle raison ne serait-elle pas celle qu'rlristote suppose

qu'il a eue à savoir l'étude des phénomènes de la généralion,

de la nutrition, de la vie, qui se confond avec l'unilé. Ce serait

ainsi l'observation des phénomènes psychiques, ce serait une

analyse psychologique, en prenant ce dernier mot dans 10 sens

large que les anciens donnaient la science ou fi. l'étude de

l'âme, qui lui aurait inspiré le principe de son système: l'eau

est le principe universel parce qu'elle est, ou contient en

soi le principe de la vie et de tous les phénoml?ncs de la vie.

L'eau ou l'humide c'e"t l'âme même3, Tertullien et Philopon5,

attribuent à Thalès l'opinion que l'âme-humaine est faite d'eau.

Ce doit être inexact, l'eau élant plutôt la principe primitif

un, l'unité du psychique et du corporel, l'âme universelle,

l'àme du monde, et le monde même ou Dieu. Celte force

divine, subtile, mobile et motrice, pénètre travers la matière

des choses auxquelles elle donne le mouvement et la vie 8. Par

elle tout est vivant, tout est plein do Dieux. La plante est vivante et

Ar., Met,.1, 3, 1.1.

simrilie., in Phya.,f. 8, a. b.3 Ceque sera le feupour les Stoiciens,qui ne le s~p.1fenlJI3Snonplusdu

monde,J'admcUraisplusvolontiersla premi~rcalternative,parcefJu'rislQle(31el.,1,3. 1.1..)nousdil posilil-cmenlque les ancienspliilosopliesn'ont connud'aulres

illincipe-3des chosesque desprincipesmal~rÍels.4 lieAn.,5. c. _Ilanc.,13. TlialesaquamDeumpronunli.11'il.5 De An., 7.e Stob.,Eclog.,1, W, V05vroli x~'1¡L/)vsLv9sf.v. t~ ~l iliv l'p~fov

6~a n\ 7t).;P!C- Ptyxltvllx'l\ ~12ro0 arov/ewi3~uçûppo4MV\II¡LI'I6!l(l'1XIVljtlxT,'1'l,h/)Ij.Je lraduis La forcedivinede l'humidepénètreà traversJ'mmenlmJI~fielprimilifel le meul

Page 42: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Tl/ALÈS 19

a une ~me; la pierre elle-même n'en est pas dépourvue: et cette

âme de la pierre a la puissance de produire un mouvement;

car pourquoi l'aimant atlire-t-ille fer, si ce n'est pas parce (Ju'ila une âme. A plus forte raison le monde, le tout a une 5me l.

C'esl!à un hylo7.oïsnicradic.~l toute matière possède la vie, toute

vie est nécessairement atlachée, liée à une matière. Si l'on croit

que les textes ne permettent pas tous cette identification du

principe de la vie e de l'humide, et que, d'après Cicéron 2,

il faille au contraire les séparer, on aura dans Thalès uno

philosophie d'un caractère dualiste marqué d'un côté la

matière repré5entée par l'eau, de l'autre, l'esprit, l'Ame, qui lui

donne la forme de l'unité, le mouvement, la vie et la puissance

de se développer par l'alimentation et de se multiplier par la

génération.

En tout cas il semble démontré par l'une comme par l'autre

de ces interprétations que Thalès a conçu toutes les choses

comme des forces, ou comme un s}'stème de forces vivantes et

actives, d'après l'analogie de l'âme humaine, fidèle en cela à

cette psychologie instinctive et sensée que nous avons déjà

apercue percer sous les mythes des poèmes grecs. Toutes deux

enferment si naturellement la conséquence que l'éme est éter-

nelle et principe d'un mouvement éternel et spontané, que jene vois aucune raison de mettre en doute le~ témoignages quiattribuent expressément Thalès ces deux doctrines de l'immor-

talité de l'dme 3, et de son mouvement automoteur 4.

t Arist.,deAn.,1,2, 10.5,a. 19 XIYljTIX¿VTIT~.V.¡,uj(; id.,1,5,-III, a. 7.Slob.,Ecl., 1, 758.021~,çX(¡\TœfVtœt'W~lrvxa(W2.Diog.,1.1, 27,T6.,x6o¡J.!lvl¡J.'}vj(!lv,id., 1.21, a..h6v(Thalès)X(¡\sot~â'y5~o~cLrd~.vav~v~aiç.Cie.,deGeg.,Il, 11.

j Uer1·af.D.,1, 10.Thalesaquamdilil esseiniliumfCfUm,Deumaulemeammen(em,quajel aquaruncblingerel,Diog.,1. 1, 35. L'3meesl immorlelle,ellamorlne sediplioguepasdela lie ¡clicn'eslqu'unaulroétatd'uneforceimpé-risublepar nature.ToulemaliL'repossédola lie, toutelie est nécessairemenlallarhée,liéeune matière.

3 Diog.L., l, U.4 Plul., Placil.Phil.,IV,2, 1. Nemes:,de r1·af:hom.,c. 2, p. !8. 9-1,jiç

âe~xivr,so~?,C'est sansdouleparuneerreurdecopislequ'oniii tlallsTheodor.,Crxc.AJfeef.Crn-1', 18,e. 7'l.hlvJjt!l;pour&!Ixlvr,to;.

Page 43: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDELi Psocoo~.ocnDESGRECSqo

Après avoir cité les opinions de Thalès, de Diogène, d'Héra-

clite, d'Alcméon, d'Ilippon sur l'âme, Aristote ajoute: c tous

ils définissent l'àme par trois caractères le mouvement, la

sensation, l'incorporéité, et de plus « tous soutiennent

égalemenl le principe, que le semblable est connu par 10

semblable t Nous sommes donc en droit de conclure que cette

eau, principe de tous les êtres, et de l'âme par conséquent,

était pour Thalès une matière sans doute, un élément matériel

"T(,IZt(W1S;i, mais incorporel, -:i¡¡w:J.:r.T(,v,et douée de mouve-

ment 3, et sans nous renseigner sur la nature de la différence

que pouvaient avoir ces deux E'>xpressions, il implique du

contexte d'Aristote que Thalès en affirmail une, et en outre

que c'est par l'incorporéité qu'il expliquait le phénomène psyclio-

logique de la connaissance.

Les Grecs ne pouvaient comprendre ce fait mystérieux que

par un rapprochement, une pénétration de l'objet el du sujet,

dont l'un comprend, reçoit l'aulro. Mais pour que ce contact,

cette fusion puisse s'opérer, il faut nécessairement qu'entre les

deux termes il y ait identité, ou du moins analogie de

nature: et voilà pourquoi Thalès et tous les Ioniens onl admis

l'unité de substance des choses et de toutes choses c'étail

le seul moyen de rendre intelligible le fait de la sensation. Le

principe de l'objet à connaitre peut pénétrer dans l'âme qui

le doit connallre, parce qu'au fond l'âme et l'objet ont un même

pnncipe, et que ce principe tout matériel qu'il est, est cepen-

dant par sa nature incorporelle, si subtil et si mobile qu'il peut

se mêler à tout On peul donc dire que dans Thalès 'se

dégagent quelques vérités psychologiques d'une importance

t .lr., DeAn., 1.2, -105,a. 10-15.çzaiv yàp YIYWlJxt'79<11,~gl1~IOY''Î' ~11~1,t \lalérielsansdoule, car Aristotenous la dil espressémenl(.llel., 1, 3) les

anciensphilomphesonl lousconçules prinripessousla forme,wus la notionde la

matière,w G).tçEt-?,Et.a .lr., de Caelo.,111,3.Simpl.,inPhys.,r. 39.0\ [.,d211<1\Xly~.jl1tY~Yri,v';P:(7,"

ôn"I1!YOI,w;Ainsi celle matièrea unepropriété,le mouvement,contraireà l'essencede la matièrequi esl l'inertie,

UeAn., 1, 5, HI, a. 7. 1-o''Î' &).tad2 TlYI~<I.hT,(l';I,me)I1ll1tZhlf<lIJLY,E9e~rlJw;xxi etc.

Page 44: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TI1.11.FS ~I

considérable, La connaissance est un acte dans lequel sont assi-

milés 10 sujet et l'objet, ou qui suppose leur similitude l'âme

est une substance incorporelle, quoique matériello j elle se

meut clle-mëme j elle est par essence immortelle f.

1 D'ares lIegel, 1. X11',p. 19~,Ic sens de la proposition dc Thalès esl que l'cs-

æncedes chosescsl l'in/orme; quch nuidM esl, dans sno idée, vie, ci que, par

con~équenl,l'eau c-siconçuecommee;pril c Tliales (assld~s 11'esenals t'ormluxs.!lie t1üssigkeilisl ihrem £legriffcmch, Leben, und somil das 11'u~er selbsl nach

Gehlcs 11'eisegescl1l.

Page 45: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE 'fHOISIÈME

ANAXI>IANDRE

Quelqu'im portance el quelque valeur qu'ait pu avoir dans le

progrès de la science philosophique la doctrine d'Anaximandre l,

le disciple, le successeur, le comp3trioie le Thalés, il ne nous

esl rien resté de ses opinions sur l'âme, si ce n'est un rensei-

gnement que nous a transmis Théorlorel sans nous dire

quelle en e3ll'origine'el l'autorité. Anaximandre aurail consi-

déré l'<1me comme une substance aériformo, Cela ne nous

apprend pas grand chose sur la psychologie de ce philosophe,

et nous ne savons absolument rien sur la manière dont il conce-

vait les rapports de l'âme avec cet inOni 3, un, éternel, impéris-

sable, embrassant lout et gouvcrnanltout, qui, d'après lui, était

le principe universel des choses eL des êtres, qu'il appelait le

Divin, Tb0tTQYl, et auquel il allrilmaiL un mouvement spontané

et éternel 5.

Ce principe incorporel0 d'un mouvement éternel, qui sépare

1 D'aprèsla chronologied'pollodore, il seraitné 01. J~, 2 (611av. J.-Ch.),elruorl01. 58, 2 (517 av. On le cilecommel'aulcurdu premierourrag')philosophiqueen prose 7rEp'L~,·laf~ Cequi n'cslvrai quesi on considèreceluide Phérécydecomllleà moitiémythiqueci poétiquepar sonconlenu.

1 Cmrc..1/~ecl.Cur., V, 18,8, i2- AnlIim~neci A':J~¡I'J'I); nfp~.r,si;c'JZ;.C srlYG3aw(ip;'x~'1t'l.

a .1ri51.,Phys., III, .1,203,h. 10.1tEPllZEl'/&1t:J'/T:J,JI 'lt2'E:J"ut;!¡wh.l .ltül., Plys., III, -l, 203, b. 13. UI r,~5t'Elv:xtc36fi.v. Si!llplic.,in. 1. 1.

o.j~~v~11;0'II~IYfl flE:9YEx'I'fLfi.5 flerm.,¡l's., c. -1. 2p%ŸFl-j2tllyu n,' &tal"vx'YY,6lY.Orig.,Philos., l,

p. II. 1t~ '-1tn5cwx(vr,awâi~tovflvm. Simplic.,Ith~s.,q. b. o.a Simplic"Ph~s.,3~,b.o.É-06'ia:lc-IàçE'l:JHlhljt:J'~Yt~1Û7SnxflhÉY41~lfLClrf~

6vitici'7Wl1-lÍf~tyxplyFe2t'~1jal'/'AV:J~'I1-.»

Page 46: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

!1 \.1 15fA1DIIE 23

el dégaga par une sorte d'é\'olulion les oppositions primitives

qu'il renfermo confondues pour produire les réalités concrètes

et flnies l, ce principe élait-il une âme pour Anaximandre?

Nous n'en savons rien et nous osons d'autant moins l'affirmer,

malgré la vraisemblance de la déduction logique, qu'Aristote ne

mentionne même pas le nom de ce philosophe parmi ceux qui

se sont occupés de l'âme, et que les deux premières oppositions

qui se développent de l'infini sont le froid et le chaud, ou l'air

et le feu. Ce principe, qui tienL alors comme une sorte de

milieu entre les deux extrêmes qu'il contient, ressemble moins

à une âme qu'à un élément matériel, la matière primitive, un

infini de grandeur et indéfini d'espèce, sans aucune

détermination quelconque, mais d'ou proviennent les éléments

déterminés do l'eau, du feu, etc- 2.

Une chose très singulière, cependant, c'esL de voir dans

Anaximandra l'origine des choses expliquée par une raison

morale Ce dont toutes les choses ont tiré leur origine doit

nécessairement les recevoir quand elles périssent, car elles

doivent expier les unes envers Jes autres l'injustice (d'êtra

nées), et en être chàti~es dans la succession du temps3 1. Il

n'est pas facile de se rendre compte de celle faute primitive,

dont tous les êtres se sont rendus coupables par le seul désir

d'arriver à l'existence individuelle, désir insensé et injuste,

parce que, en sortant du sein immense de l'infini qui les conte-

nait à l'état de possibilités pures, ils entrent dans le fini, se

1 PourAnaximandre,dil Ariziole(Phys~,1, 5), loul('déterminationr¡lulilali,-c,c'e51-i-direconstitutivede "cs,¡enc(',duqrroidescho:es,esluneallAraGon,undevenirautre,à:lll)t~ÕjGfJ:II.

Simr,lic.,inPh~s., III, a. llyo'J'11V0\1tÕ?i'.lva~. (W~1t£I~I)"thou) rn1t<:l[pXIti aroyein lt o`vsz GtOIZ!ï~Y£VVÓ''1LY;11-In. ).Eyw7'avri,v C.PZT,V!-ITonûT~~pw7Tfâ).).oTù~Vxa).oL~Evu1'roTOL~Ei~'r,n)).' €rapxvwvi r~Wtva1tu~l'jv.On peulcroire que c('llo inMlermina!itln~Iail 1('lIeque la nature de l'infiniculuailla di,linclillnliel'esprilel IIc1,\matière,et confondailen soi I'esencedelamaliéreel de la ,ie. lmn., c. Il, Il, 2. Anaximamlcraulcmhoc yur~1immensumeit omniuminiliumsulljC'fil,seminnliler10311('nsin semclipoomniumgeneziin('xquoinuuenm:niunilosconilareail.

3Siinpl.,in pidys.,6. 1\Y1' yàp2-JT&3:xr,vxzi -tg'-7[V~).).i?.or;si,; àa,x'<:I[;

1In1lro5 yp&vr,-iTittv.

Page 47: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOlfiE DE LI P5\'CIIOLOGIF:DES GnECSu

limilent par conséquent réciproquement, se nuisent et se font

tort les uns aux autres, Lit vie de l'individu est comme la

négation de la vie de tous les autres et de la vie universelle.

C'est un 6goïsme coupable 1 leur imperfection allribul

nécessaire du fini, est cause de leur mort. L'infini seul a le

droit d'~tre, parce qu'il est parfait; le fini n'a pas ce droit,

parce qu'il est imparfait. C'est un mal que d'être, dans la

condition d't~tre fini. Ce mal que '{Junilla mort ne cesse que

lorsque l'infini a fait rentrer dans son sein éternel tous ces êtres

imparfaits qui ont aspiré à l'existence, l'ont obtenue et ont expié

le désir coupable de l'avoir désirée et le faux bonheur do

l'obtenir.

La vie se développe sous l'innuénce de la chaleur de l'élément

humide. Les premiers organismes vivants naissent dans l'eau

et sont enveloppés de peaux épineuses. Avec le progrès de

l'âge, ils se laissent porter sur un terrain plus sec; ils hrisent

leur peau, et en peu de temps changent de vie, F'~7»~1(yovZpÓ'/I)'/

(J.£t'1()UÏ!'IXI:1.Le changement des conditions d'existence modifie

les espèces et les transforme; les poissons dp,viennent des

animaux terrestres. L'homme lui-mêlJ1e tire son origine

d'un animal d'uno autre espèce, I; ,zHI)EIÔ(";j'l:v ~'IQp(!J7!'I);

iYE'I'I1¡Q.'3. Le moment où celle tra~sformation se produit, c'est

lorsque ces êtres ichthyoformes, sont arrivés l1un développe-

ment plus grand, et sont devenus capables de soutenir leur

existence dans ces conditions nouvelles 1. Nous rencontrons ici,

1 Il y aurait donc l'II déjà.le presscnlimenlda la grandemaxiniemoraledesSloiciens:imene ft loti mundo, dont 10germe l'sIdansPlalon th a3v âcl~H1tt;'v,Tl~e~l.,21.

pl~l.,Plac. Phif., 19.3 Euseb.,rmp_ Eu., 1.8. 2. Ilipp., l'hil., G,7. zEv -ïv~1tI"J'/ht~I1;<:>

yeyoviv2t, i~9·5v,azpan7.i,avov:czs'âp/n~.1Les Prélresde Poseidon(Plul.,Symp.,1'lll,8, -1),appelésiliéroiiiriérnons,110

mange;¡1pasdo poissonparceque le Dieup.1Ssepourllro leur fière Les descen-danlsd'Hellenl'ancienfontde.3S.1criftcesà. PoseiJon,pèrede leurrace,parcequ'ilscroienl,commeles Syriens,que l'hommoest né de la subslancehumide,lx TT,;'vyp5~tw zv9rr~r.ovyvxv,1'1c'c>1pourcelaqu'ilsadorenlle poissoncommc,lela mêmeraceet de la mêmesubs4mce,I,l'l)yt~;¡-,t2l pluspliiiosor-licien celaqu'Ana-iimandrequi croil non pasque le.>hommesci lespoissonsonl Il

Page 48: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

.~s.~wn.~wne

à l'origine de la sp~culaiion philosophique, le germe de la

Ih~orie de Darwin sur l'évolution et l'origine des espèces

animales t, et m~me sur la lutte pour l'existence 2.

mpmeorigine, mais que l'Gommea élé primilh-_ernenlengendré par 11'>poissons.1 ¡/tJ'7! [nCnTJ: Ilipp Phil0.t., 6, G.orAnaximandrecroil que les animauxsonl

nés de l'énporalion produite par le soleil, el que l'homme csl né d'un aulre animal,le poisson,auqpei il ¡llail, â l'origine, loul Il fait scmhlahlc. 0

1 l'lul S~mp \11, 8. h7"'I'J; b'J~ç ~r,4=:v_t « Nouscroyons, dil Treiirinus (Uiolog.[lie vol., p. 2:) que les Encrinile~,

les Peniicriniles, les Aniiiionitesel les auIre,>Zoophyle.>du mondeprimitif, sonl lesformes primordiile-s d'oil sont sorti> par un dhelop~ment 5ucce,if lous les

organisme>des cla.sscs5upéricure;. J C'esl AnuiUlJndre, qui le premier, Il lJilel,créa ou dél-clop[\1l'art de de,>"inerla lerre, el fil entrer dans l'élude xicnlifique dela géographiele tracé des cahes. Une carte du monde fuI ainsi dressée. Cf. \lûller-hol[: UieAllherlhnemer, p. 231.

Page 49: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CH.\PlTRE QUATRlÈ~1E

.xta~èxe

Anaximène est de Milet, comme ses deux prédécesseurs. La

plupart des écrivains postérieurs font de lui un disciple et un

contemporain d'Anaximandre, tandis que d'autres le mellent à

l'époque de Parménide dont il aurait été l'auditeur. La Chrono-

.logie d'Apollodore contient manifestemenl une erreur qu'on ne

peut pas reclifier car en plaçant sa naissance dans l'Ol. L~IfI(529-525), et sa mort à la prise de Sardes, elle lui don ne à

peine 24 ans d'existence l,

Ce philosophe se rattache elairome'nt aux théories d'Anaxi-

mandre; mais il les fonde plus visiblement que ce dernier sur

un principe psychologique: Notre ~me est de l'air, disait-il,et celle âme est le principe de notre vie et de l'unité de notre

êlre; c'est ainsi que le monde entier a pour principe d'unité

et d'existence l'esprit, l'air il. »

C'est donc en généralisant une observalion loule psycholo-

gique, c'est par la considération de la vie et de son prin-

cipe, à savoir que la vie consiste dans la respiration de l'air,

1Encorefaul-ilpourcelaenlendrela prisede Sardespar Darius,filsd'llysimpe,quicul lieuen503 carlacon'lu~ledecellevillepar Cyrus,qniarril'adansrOi.58,mellnil la mortal'anl la naissance,Pèlll-~Ircy a-i-ilconfusion,dans .\pollotlorc,enIre le Icmpsoù .\n;uilll~nea Ocuri,et la dale où il esl né. D'aprèsSuidas,ilvivaitet Oon,>ail01. 55, au lempsdeCyruset deCrésus.

j Slob.,Fclog., 1,296.oro-,7'lIly,-jx,ri'TILEIrglilâTa o'h'x a-Uyxp2relY"lLa;,n\-rè-0 X~'1I'I,)"sicOp.an\ ŒTI?ncpvE~c~.'Id., p. 7!JO.zcp,~7q(ci,v 'yr;li,v).Conf.Theodor.,9erm.,v, 18,P. 515.Tertull.,9. « 1\onul aer silipsasubstanti.1('jus(animæ),elsihoc¡Enesidemolisuml'51elAniximeni.i llacrob.,Somn.Scip.,l, 11.19.Anaximenes(dilil animam)aera.Philopon.,in1.De Anim.,S. A., p. 0\ ~l (sr,v-J;:},v~h?rŒV,w; »AY2~.x:r./itvtçsLw:Etwrxw'"

Page 50: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

A~AXlm;Xt: 9i

qu'Anaximène est arrivé à sa thèse cosmologique l'air est le

principe universel des choses, conçues ainsi sous la notion de

la vie. Le monde est un ê!re vivant. Cet air qui meut tout et

produit tout est une substance invisible, infinie, toujours en

mouvement. C'est Dieu même l,

Mais ce Dieu invisible se distingue mal ou plutôt ne se

distingue pas du tout de la matière, puisque c'est par les phé-nomènes de la condensation et de la raréfaction que se déve-

loppent de lui les corps élémentaires déterminés, et toutes

choses par une évolution et une série de changements qui

supposent comme condition nécessaire le mouvement 2, Sim-

plicius l'appelle neUementl'Un matériel 3.

Il est à croire que, dans la pensée d' ,\naximèn\J,I'opposiliondes deux.-natures était encore incertaine et confuse, et qu'ilse représentait cet être primitif comme l'identité, la substance

commune de la matière comme de l'esprit, de la cause malc-

rielleet de la cause motrice et finale. Nous ignorons absolument

comment il expliquait à l'aide de ce principe les phénomènesde la vie; de l'âme, de la pensée.

1Origen., Philat., l, 12. &ipi n"avp4v Cpq si,v âl~i,v ctva~ 4'l .J:l~'J.

xm¡PJ'1I d} nci. f.ie De a1'aE.D., 1, 10. Aera lJcum staluil.f

O~ig., Phil., 7. 4u Yâp IUnlJ,ïHu &')::1 ysz5~).).e~ ai 11-<'xrr4Wo.3

Simpl., in Ph~a., r. 3:;1.ix roh vll1<j tv; Y[VVW'71sz iÍ.H'XIl'7.v6~tI xzi

Itnv6~"TI 'Av2.~ll1lvr.

Page 51: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CUAPITRF; CINQUlÈ~1E

(([PPON

A cette tendance dynamique de l'école ionienne l, il fautrattacher un philosophe, flippon, séparé des précédûnls par un

long espace de temps, mais duo nous leur rattachons parcequ'il ne semble avoir subi que leur influence. IIippon, de Mélos,d'après Clément d'Alexandrie de Rhéges, suivant Origène 3

et Sextus Empiricus 1, de Samos, si l'on en croit ArÍsloxène 5,a vécu probablement longtemps à Athènes, à l'époqué de Péri-clès 0, Aristote en fait bien peu de cas 7, et cependant toutesa philosophie, qui porte la marque d'un développement et d'un

progrès sérieux de la science, semble s'aPPU}'BI'sur l'expérienceet l'observation, méthodes cli~re,3 à Aristote telles sont sesrecherches sur la production elle développement du fœlus 8,et en général sur tes phénomènes de la vie organiquo. C'est encela même qu'il se distingue des premiers penseurs de son

1tamblique(1'it.Py(h.,Q67),enNi arocuneimpanionuablcI~gtrclAunp)-IIIJ-goricien.

1Cohort.ad.Gent.,p. 15.3Orig.,Philpsoph.,c. 16.1Pyrrh.,Ilyp 111,30.3 Cen;or.,DeDie~1'al.,c. 5. larubl..Vit.P~th.,367.IlScholl,Arislopb.,Nub.,v. 96.Cratinus,dansses)H~~lCrxr,s'~lailmoquéde

lui.Berdk,Ileliq.com.Allic.,p. 161-181.Jlel., l, 3, p8-L,a. 5. ~ax ti,v drO_fl~v I][Jro¡')ci,~ lI1~l)rX',

8 CelJsonn.,~DeDieO'al.,eh.5-1,9. l'lui"deP~JCit.Philoa.,v. b, 3 7, 3.

Page 52: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

//IPPON

école, dontlcs conceptions ont un caractère plus abstrait et plus

métaphysique il semble que Iii.spficialisation scientifique com-

mence; ella philosophie devient, surloul entre les mains d'Ilip-

pon, une biologie, une psychologie ou du moins une physiologie

de râmc.

Sans doute, comme 1'halès, il cherche le principe unh'cr5el

des choses et le trouve dans l'eau, ou plutôt comme le dit

Alexandre d'Aphrodisée, dans l'humide, 2~. (¡Y¡;~v1; mais le germe

logique de cette conception génémle, c'était, cômme leremarque

expressément Simplicius 3,~que toute chose étant vivante, et le

monde même étant vivant, le principe de la vie organique doit

être le principe universel. Or le principe de la vie, c'est la

semence, c'est le sperme,c'est le germe, dontl'~senc.e est d'être

humide. Donc l'âme est la substance humide, est de l'eau, ell'cau

est le principe de tout ce qui est. Ce philosophe, « qu'on ose à

peine nommer après Tlialès, Anaximène et Diogène, à cause de

la puérilité par trop naivo de ses doctrines3 n, est un de ( ceux

dont les conceptions grossières ont fait l'àme d'eau ils sem-

blcnt avoir été conduits à celle conclusion par la considération

que le sperme do tous les animaux est humide. Hippon réfutait

l'opinion de ceux qui soutiennent que l'âme est du sang, par

la raison que la semence n'est pas du sang pour lui l'âme

dans sa forme primitive et première 1, c'est le sperme 5J. La

semence n'est pas dtisang elle est un écoulement do la moelle,

comme Ilippon prétendait le démontrer dans des recherches

expérimentales sur les animaux °. L'âme est une eau qui a la

vertu essentielle de produire la semence, 'ÕW? 'YGY~;tGIGY'7, Elle

nalt de l'humide 8.

Scholl. adMet.,1,3, 981,a. 5.De CrÛ.,151.Scholl.Arisl.,GU,a. 26.J Ari51.,Jlel., 1, 3, I. 1.

Si,Y 1t:v 'j:<Y.

De An., 1,'l, .105,b. 1.8 Censorin.,DeUit ~af., c. 5.

Herm.,lrr. Cenf.,C.l, Insf. Cohm~f.,c.1.Orig., ['hi/w.I, 19.H typool~ o`v'l'1j<1\o}'J1.T¡Vriv°aAu.Conf.Slob.,liclog.,

1, i93.Terlull.,De rtnim., c. 5.

Page 53: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA PSYCIIOWGIEDESGRF..CS30

C'est une simple conjecture qui fait supposer à Alexandrc 1

que ce matérialisme psychologique fut 10motif de l'accusation

d'athéisme partée contre lui, comme elle' l'a été si souvenl

contre les philosophes, dont la grande faute, la faute inexpiablc

est en tout temps une indépendance, une révolte de l'esprit

contre les opinions reçues et communes.

1 InJ/d., XII,1,t}.\3,U. 8ooilz.Plut.adv.S(oic.Rtp.,c. 31,.1.Conf.Zeller,1.1, p. 189,ne1.

Page 54: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE SIXIÈ~Œ

HÉRACLITE

En reprenant l'ordre des temps, nous rencontrons mainte-

nant le vraiment grand Héraclite, avec lequel la philosophie

émigre de Milct à Éphèse il doit avoir fleuri vers la soixante-

neuvième olympiade1 et a vécu, d'après Aristote\ soixante ans.

Nature mélancoliquo et chagrine 3, dédaigneux de la science

de3 livres 4, ayant la prétention de ne. rien devoir qu'à lui-

même 5, il n'écrivit qu'un seul ouvrage, incomplet, dont les

idées étaient parfois contradictoires G, et dont le style, obscur

jusqu'à être inintelligible, lui valut le surnom mérité de aX?TfIVOÇ,

le fé)iébrettx '7.

Cet ouvrage, cité sous deux titres Les .llttses et De fa ~ature,

fut divisé par les disciples ou les commentateurs 8, en trois

traités, ).dYoo;, intitulés: le premier, dit Toul le second, la Poli-

tique; Jo troisième, la Tlrccologie t'.

1 SOI-500av. J.-Ch., né vers 5~0-516.9 Diog.1. 1'lll, 52.3rd.,rx,6,ù7rèIlÜ\l!Y1.°)/,¡ç.

ld., IX, 1 el VIII, G. no>'ull\l!~i1jy~~v ov t~3zar.ev. Clem.Alex., SI#-CRI.l,p. 315. Alhen. XIII, 6\0. Procl., in Tim., f. 31.

&D., 1. IX, 5, Suid., v.e /d., IX, G, sà lil-oi,ptsf).rl, T281 n").),orcn> t'XOYT\I!yp;~2t.1 Arisl., de.llundo, r. 5. Cie, Del1'ar.D., 1, 20_ Dicisocculle,lanquamIIcraclilus,

id., III, U. Oui quoniamquid diceret inlelligi noluil, omillamus s. Clarus ob obi-curam liDguam,dit nec quelquepréciosilé. Lucrt~ce,1,639.

8 Ils étaient rorl nombreux.Diogène(1\, 15), cile Anlislllênc,mraclide, Cléanlllc,le grammairien Diodole.

8Diog. L., IX, 5 el l'l.

Page 55: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE-LAPSYCHOLOGIEDESGREOE3:!

Tout le monde s'accorde à placer le point cenlral do la

doctrine d'Héraclite dans la proposition quo l'étre est le devenir,

que l'essenccde l'étre est le mouvement t. Tout cequi est change

sans cesse, el rien ne demeure; la vie même, et la vie dc

l'homme également, est soumise ce changement perpétuel et

éternel pour l'ètre vivant, l'immollilité, le repos, la p!Jrma-

nence, c'est la mort i. Ce n'esl pas seulement le neuvc qui,

coulant sans cesse, change sans' CC5SC; nous aussi qui y

cntrons, nous changeons en sorte qu'on peut dire que nous

entrons et que nous n'entrons pas, que nous sommes et

que nous ne sommes pas dans le mêmc fleuve; car ni nous

ni les eaux du neuvc ne sommes restés les mêmes. Les conlra-

dictoires sont donc vraies 3. Non-seulement tout change, mais

tout change en son contraire, EY1Y,l7.~I)-f¡.La vie et la mort, la

veille et le sommeil, 1'£lre et le Non êLre sont identiqucs. L'idée

fondamentale de la doctrine semble être l'identité absolue 1.

Il est donc tout à fait nécessaire que l'homme ne puIsse

jamais arriver à connallre la vraie essence, la vraie raison des

choses 5 son esprit est la proie du même mouvement, du

même changement qui les entraine 6, Il n'y a pas de science

d'un objet qui change sans cesse il n'y a pas de science pour

un sujet qui change sans cesse.

llais cependant ce changement constant est dominé par une

loi supérieure, par un principe dernier, inconditionné, qui y

1 Ans! de An., 1, 2, -105,28. tV XIV;'OUt'£f'/21 1;~"'11;7.;id., .llel., 1, 6.w~&:1I<Ínwv1;WVaio:rfJ;'tw'l·'1Eiptl,v1;wVX2\t1l\0rf.¡¡;¡~1I&p\aûco0ovxo~ar,c.Diog.L., IX, 8 1I2./titpE!VtcosnPoOdixr,v.Conf.Scll. Emp.,Ilyp., III, 115.

Plal., Cral., 4N a.'àPlul.,dePlacil.Phil.,t, 23. :,pt¡¡Ínn\ eszawExfW'1Saw âv rpcnè'w Yàp

·ro4sofW'1VEXpWV,3 IIcracl., AIleg.Ilom., c, 21, r. 2. 1Iof2¡¡OT,1;oT,a'~toT~l¡¡G2ivl)¡¡tvSc

xxl uvx lp6alvopsv.Plul.,do Et, p. 3~i. ovdl;6vr,fr"ovalncd?c&·io9avxasàiE~n.

4Plul.,Conaol.adApoll.,c.,IO.savs51;'lvlCwvn\ n6v;¡x~ 1(7.\z3lyp,.yo~xa? s~ U6E'IV, X7.\viovu\ Y;¡P2\l,v,Etym.\lagn.,v. Ploc"1;ij>o3v Lvo~akLI-0Ploc,~pYwdl.6'¡v2tO~.

5 Ari~l.,/!hel.,III, 5. T6rJ).Yovsorr~'gVfO;lr!IH'~vnol ~VO:W1IOIylyvOVf2I.6

Ilippocnl.,1t! 1,121n¡;,I, .1.sb "'2'~f~xal "11~ ~6~W1lw'l.

Page 56: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

nÉ:n~ci,nF 33

échappe, cause consciente de l'ordre du monde et qui peut-être,

malgré 10 nom qu'on lui donne quelquefois, est une

cause finale 1 s'il ne s'élève pas à la notion claire d'un esprit,

d'unc raison qui ordonne le monde d'après des fins, du moins

lIéraciite commence à élever le principe de l'ordre au-dessus

d'une loi aveugle et inconsciente dans son action souveraine.

l~a matière est une force, ou du moins la force estl'csscncc

de la matière C'est cette force à la fois iinmanente eltranscen-

dante qui explique et règle le mouvement, mouvement qui est

la loi uni"cl'Eellc de la vie et la loi de la vie Ulli\'ersclle.

Mais cellc force, essence de la matière, semble être une pensée,

et l'on entend, non sans surprise ct sans admiration, celle

grande parolc que répétera Anaxagorc C'est la pensée qui

gouverne le monde, h. 't~ü '(¡;~Y(i;V't~çO¡¡w;;r.'J~Ef'lint T>~

a~i~xzxvp.

Li doctrine de l'unité universelle apparalt chez Héraclite

avant d'apparailre chez Xénophanc, mais sans y supprimer,

comme cher ce dernicr, la réalité des choses ct des êtres indivi-

duels. Tout est un, ct savoir que tout est un, c'est la science

inéme 3. Celle unité ne va pas jusqu'à effacer la distinc-

lion de l'esprit et de la matière, dont il n'a pas sans doute

une pleine conscience et que troub!e cerlainemenl son système,

en la maintenant. Les choses phénoménales changent, mais le

mouvement qui les entraine est éternel; et puisque le. mou-

vement c'est la force, nous tcnolls ici dans son germe,ohscur

mais réel, le principe de la conservation, de la persistance de

la force et à cette opposition de la persistancc de la rorce' et

de la mobilité changeantc des phénomènes, correspond l'op-

position de la science ou connaissance vraie ct de l'apparence

sensible ou connaissance trompeuse.

1Il l'appelleaussi)I.y~" "lutO",rcl.h\l.o" 1t2li~Tp~rc~:o!IPIIM:Ij,YV~\l.T"Ta1(t~111fj~T,IlrlGliv xai 4r,iEYTFEG.$7EV;.

Plu! de/aiJ., 75.IJirpol~I.,c. lx-9. 2110.aorr~YE?T(Ytv 1t<>~T2e;Unl. C'eslI~sansdoulece

quieil~l6~ucquequelque.auteursen ronlun disciplede Xénoptiane.Uiog.L., IX,5,Suid.,V.

CII.\Ir.~T.T, Pyvhologir. 3

Page 57: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE L-1 PSYCHOLOGIEDES CRF('->33&

Nous avons voulu présenter cet aperçu de l'ensemble de la

doctrine d'Ilér~clile avant d'entrer dans le détail de sa psyclio-

logie que nous allons maintenant exposer. Remarquons d'abord

le principe et comme la racine profonde de tout le système

comment Héraclite est-il arrivé à celle pensée que toute chose

change et change sans cesse, et ne possède de la permanence

constitutive de l'ètre que l'apparence '1Oùa-t-il saisi, comment

a-t il surpris ce fait de la perpétuclle mobilité de l'èlre phéno-

ménal'1 C'est en lui-mcme qu'il l'a observé, et par l'obscn'a-

tion de lui-mêmc il s'est examiné, étudié, observé, lui-m~me,

et c'est ainsi qu'il a vu, qu'il a su qu'il n'était rien de réel, du

moins rien depermanent, d'identiclue, de fixe: Ël,v¡;i:.L"f,"~HWJ-

't.h 1. -f,1 i:w'Jt~ :J.'(I~~Vlvn~. Puisque. son esprit, comme

son essenct} cntière, change à chaque instant, et change de

penséc et d'objet, l'homme nc sait vérilablement rien 3. Les

yeux'et les oreilles, qui sont cependant les deux sens les plus

nobles et les moins imparfaits l, ne sont cncore que des témoins

grossiers et infidèles de la véritéS, quarul l'Ùme qui les possède

est barbare; c'est-à-dire n'entend pas, ne comprend pas leur

langage. La sensation changeanle, qui ne saisit qu'unc mobile

apparence, ne mérite aucune confiance. Or comme tout ensei-

gnement communiqué par autrui ne peut nous a-f'river que par

les yeux et les orci!les, ce ne sont pas là des maitrcs qu'il faille

écouter et croire. On n'apprend rien dans les livres qui encom-

brent l'esprit et le corrompent, sans l'élever ni le nourrir 6. Il

faut s'interroger, s'écouter, s'observer soi-n7~me.

1 Plul.,adv. Col.,1118,fr. 73.DiOZ.L., IX,5. p29L: :ci'Iti 1t:X;ï'h'JT~!i.'JSlob.,Swm., XXI,p. lili.a \.1"1-.fil.J,n, commcle porteuneleçondu pismgede Plnarque,citénol.1.1\

ri a apasde niéthodepourarriverconwllre les limitesel parconséquentl'essenceproprede l'àme lanlcellee~senceeolprofonde,ourm :hf¡~ ).J,y')vDiol.L., IX,1.

Origen.,Phifar.,IX,9. LI vue,loulemenleusequ'elleesl(Diog,L., IX,î.

'rT¡Ygp2aLv'}t.HtoTJ7;I),e.;1supérieureà l'oule,Pollb.,XIIl"') 21.5 Sul. Emp.,Mil..I[all! \11, U6. xixol \.I,jpT'J~à~sr.~IOI ~ll\.l')\ xa1

~T'2Ihp6~po'J;afyà~ Ex')n"8 p.31,001.J, ProcJ.,inTilll"1. 31.r.o7.vpa9slr,vLovo-i'f1u.. DiOl!.L.,\'111,G.

1I~)."Ij\.l7;~i,x7;x~n1.Y¡'

Page 58: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

II tR\C1.1Tr. 35

Qui peut méconnailre dans cette proposilion le principe

même de la méthode psychologique, l'obseryalion de cons-

cience, considérée comme la source de toute connaissance

vraie Comme Socrate et comme Descartes, Ilérnclile renvoie

l'homme qui veut savoir quelque chose à lui-même, a sa propre

pensée, à J'examen de son propre esprit; il prépare donc l'avè-

nement de leur philosophie critique, s'il ne l'inaugure pas i.

Celle analyse de la pensée par elle-mèrne lui révèle, en oppo-

silion avec la sensation, et la dominanl, une faculté supérieure,

la raison, qui,se porlant vers le général, donne seule une valeur

à la connaiss,mce 9, Tous les hommes l'ont en pariaore mais en

réalilé IJicn peu en ont la pos~e: ~ion pleine el aciuelle la plu-

part préférenl suivre les lrompeuses indicalions de leurs sens

en sortc que l'on peul dire que l'homme ne possède vraimenl

pas la pensée, la raison, la science qui n'apparlient qu'aux

Dieux 3. L'homme, yar rapport Dieu, csl ce qu'un pelit

enfant qui ne sait pas encore parler esl par rapport à l'homme

fait S.

Toute imparfaile qu'cllc soit, c'est en consullant lui-même

celle raison sup~rieurc la sensation, c'est en étudiant sa

propre nature -lui eal lnouvement ct vie, que la nature enlière

des choses lui a apparu comme une vie s, comme une vie éter-

nelle et uni\'crsellc, et ohéissant dans ses mouvements allcrnés,

tIans ses allernali\'cs de progrès et de réaction, à une règle, à

une mesure, à un rliyilitne. Le feu de la vie s'allume et s'éteint

1 KunoFisclier.Ceach.d. \'euenn~hifoa., J, p. ~9?.thm (Dc~.ulc..»crscbcinldic\ïrlwisserci,H-iccinsldcmSokralc,;dieGclclJr5J.mkeilder Scphislcnerscliienenwar, aisTandimVergleiehmilJcm oirklithenErkennen1.

j Slob., Serm.,111,8t b',I". i'1., «i'11T9;PIIVEi-0-Uiog.1. 1\, 7, Ti:v01;1).yov~[nl

"p"i.pl~

a Uriâ.,c. Ctla., VI,yàp nv~lp~a·_L·.v~év.,·L ?:Eeyv:~lar,v,rieir, E·é/tl.Id., id., zvrrvi,r.LO;~X'J'JE'J;ç. ~p.Ij~t).;~x(a)r;1t~p~2i; 1t~1~à.\I~~¿'

5 Notre moi e>1la ~ulc C..lU'Ü,cummcb sculcsull-L1nrcquenuusconniissiortsdireclem~nt,cl la nolio:Jque ngiusnous faisonsde nou;m~o:edHicnlle n:oMlc.le typed'aprèslequelnousconcevons,nousnousrcprésentonstouteslesforcesdelanature,C'cslun fail rnJi5il rc>leà l'expliquer,Celleanalo-ôie,ce rapporlcnlrelemoiel le non moi,]nousserail-ilppssiblcde l'affirrucrci mémede Ic cancc~~uir,s'ilne s'appulail-surlarMilé, surquelqu'analogiedansle. choses~

Page 59: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTomE Of: LI PSWIOLOGIE UE3 GrlEt:s36

en suivant une loi 1. Tout vit toute fonction de l'êtrc est une

fonction vitale. La mort n'est qu'une fonction, un mode de la

vie. La mort d'un Nre est la vie d'un autre. La mort de la terre

fait la vie du feu, la mort du feu fail la vie de l'air; la mort dc

l'air fait la vie de l'eau, la mort de l'eau fait la vie do la terre 2.

La mort de l'homme fait vivre les dieur la mort des dieux c'est

la vie des hommes 3. Les formes et les modes de la vie chan-

gcnt et passent la vie demeure 1. Celle vie est un feu ce feu

c'est une âmc, c'est le feu éternel de la vie, 7tÙ¡;&EI~W~V,dont

tous les èlrcs phénom~llaux ne sont que des degrés divers, des

formes changeantes et passagèrc~ 5. Ce feu ne parait pas avoir

été pour Héraclitc une sulJslancc matérielle fixe, déterminée et

identique à elle-même, semblable à l'un des quatre él~menls

de la phrsique d'Empédocle et d'J\naxagorc. C'est le subslrat

immédiat, incorporcl 6 sinon immalériel, du mouvement et de

la vie. Le principe de la vie est le feu, ou l'àme, qui est dans

sa substance une sorte d'évaporation chaude, légère et sèche,

une vapcur qui se porte PO haut 1. Le feu la vie, ct est

en même temps le principc de l'ordre, de l'harmonie, de la

beauté. C'cstlc feu ai-liste 8. Il est ou l'àme mème ou la suhs-

tance quasi immatérielle de l'alme. tlussi pourl'âme, mourir, c'est

devenir do l'eau; naitre, c'est passcr, parun mouvement oppos~a,

1 Clem.Alex"511"0111.,v. p. 559,fr. 1t!i?-:i.)~ &1tTI.Il~GVIlhpwnI &7t~O"'6E~jtJ.E"'I)'"11~T~,41.

i 31&x.Tyr" llis,s.,\\1', p. 260.3 LuC.,.lucf. rif., Id.4 Uiog.L., I\, 1f.7ràp""-ri 1ti.It~.5 Plul., lie Ei, p. 3811,f. -II. ""J?' CtHXlldl.:ôr¡IJ:1I7t<Í'[:Z.8 Arisl.,de ,In., 1, 2, -105,-iO"wllxtwnt~1 Arhl., iJ., iJ., T7,%Ct?zr,~EiT.:1'01 ·~v/T,vEïnEytT,VwaHytaatv it;

-ri).).%ruviarr,om. l'Lilop.,in 1.1.,C. S., 8. 1t'Jp ~hYE1-V~1j?2V<i'IX~'JllhO"lv'EXT9LVT,G·.3vEivatxal -ri.-O'~jZ;

8 Siruplic"in PhHs.,8, a. n. 'lIp<ÍÛ,m~;,Ù ti)twl,y~v~"nI ~"Il'O'.lPYI""vso9 ayb;.

9 Le changements'opèrede l'un à l'aulreconlrdire,el ce mouvemenld'allerelde relour allemalif..uicon.lruil le monde,s'alipelledans la lan¡çuesymboliquetI'/lérdclilel'affer enItaul el l'alfn· enbas, <Í"Wt<Ítwtl,~n yiyvtfflj2t n,,2t~ Fragiii. 32 el 91. [.'unde cesmopremcnh,celuide la pruJuclioo,yfvEats,c'e51la lutte,c'esl la dilisioll i.l'auIre,celuiqui les dissoulpar le feu

Page 60: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIÉR.\r.UTP. 37

de l'état d'c.1uà celui de vapeur sèche et de flamme brillante t.

L'âme humide est une lame imparfailc ct grossière; l'âme

sige cl bonne est une âme sèche, et comme un rayonnement

pur de foule humillilé 2. C'est pour cela que les climals secs et

chauds sont fa\'orahles au 'développement 'de l'intelligence, ct

au perfeclionnement moral de l'âme 3. Plus le feu divin qui

l'alimenle est chaud et sec, plus l'âmc est sage et parfaite.

1; 3me est comme l'éclair; de inème que celui·ci illumine le

nuage qu'il rend, de même l'âme rayonne et ét;nccllc pour ainsi

dire à lravers le corps qu'elle pûnèlre cttraverse 1, Toutes les

manife5lalions de la vie nc sont ainsi que des rayonnements et

pour ainsi dire des fulgurations de l'àme se faisantjour à travers

le corps. Cette flamme de la vie et de la raison s'alimente du feu

extérieur, de l'âme universelle (lui enveloppe et contient tous

les étres individuels, ct. clui possède seule la vie, la raison et

l'intelligence 5. Ce feu étcrnel, suhslrat du mouvement éternel,

donne la vie à tous les Cll'cSqui l'ont cn parlage; en se répan-

dant et cn se divisant, il crée les individus, ct illcs vi\'ifie, les

dévcloppe, les alimente. C'est ainsi que le sou Ole unique qui

sort de la houcho du musicien, en pénélrant et en se divisant

entre les divers trous du chalumeau, crée autant de sons dis-

tincls et individuels a. De plus en se répartissant dans les

C'est la paix'lui rlcA)/Icilieles oppo>iliom,,j!i).r,yin nI [ip;'vy,"¡'!g.1. IX,8 (fngm.28, h,1maiscesmouvemenlsn'en -,ontqu'un,circulaireci éternel.

1(:Icm.Alcx.,Sfrom.,1'I, 2, G2L.,~ojZ..r¡15ivasoe~·r ¥[.,fr¡IJ:u.L' v'~zsoc(yLyv=.r2t). Conr.Pilil.,de 311111(1-inCO17-JIP.,p, ~J58.f Sloh.,Serm.,V.p 1 1.cxuil(et uneautreIcçonlionne'=l'~yy,~"pTI)1J'i;;W'

sir xzi 4p,i-re, Ga/en,,«r QuanJl'âmedCI'jcnlhumide,ellepeolla raison,et 1-ailàcuuuucnls'clpliqucla pertedeIl raisonchcz1'lioiniiie-qtiia tropbu le vina Iroi)Immcclé!'i1nâme Ifr. 59),el c'c>1ainsioluele Dieudu Vincslle Dieude la )lorl;cardevenirhumide,pourl'Atiie,c'eslmourir(fi-ag.i01. r

J Fusel).,Pmp. Er., VIII,U. C'e>1pour cela, dit Philon,que la GrèceseuleenfanteJe l'hilahle5homme;,4.v;G,; ~O~r"lt"y"nT.

l'lui., l'il, Iloiii c ¡!!I,'wr¡1tÕP,i¡¡tp"T.'Il; ;UttOll'lvlj1,,1)IJw!tO;.5 Scxl.Emp.,a~lv .l/alh., 1'll, 121. sb mpÍE1.'i"i~2; ),"YI"~Vr !,n 1!

;;=rTIVr,~EÇ-6Terlull.,deAn.,c. U. in lolumC°'T'U5diffusa,clubiqlleipsi. \"Clulnalusin

calamopcrcanrna5,ila rer sertsualiavariismOlliscmicel.

Page 61: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREUE (<1 PS1-CIIOLOGIEUFS Gm:cs38

diverses pal'tics de l'organisme humain, celtc 3me du Tout 1

crée et développe dans l'individu autant dc facultés distinctc5

cl particulières.

Héraclitc est le premicr qui sernl7le avoir conçu nctlement ct

mis en relief la distinction des facullés £le l'.lme, et rcconnu dans

l'intelliôence une faculté par laduelle elle aUcint l'uni\'crscl.

Celle facullé qu'il nommc la raison, est déterminéc avec

plus de précision par Ic terme tle b c'est-à-dil'e la pensée

de tous, ce que reconnaissent d'un commun accord lotis les

hommes, et qui constitue comme le fond commun de leur

essence intellectuelle. C'est celteraisongénérale qu'il faul suivre,

comme dans un État on suit la loi qui s'impose à tous, parce

qu'elle est l'expression dc la pcnsée ct de la volonté dc tous J,

Il semble que celte raison soit celle qui, venue de l'~lmc

universelle qui nous enveloppe, principe vivant el intelligent du

tout, contenant cri soi les raisons universelles des choses,

pénètre en nous avec l'air extérieur par l'appareil respira-

toire J, mais ne se divise point entre les organes, ne s'5, localise

point, ne s'y particularisc point, et au contraire garcle, atitiiit

que cela esl possible 11l'indiviclu, la plus grande gp-néralit,~

possible. C'esL par là que l'individu reste en communicalion

avec l'universel, c'est-à-dire avec Dieu, avec le vrai, avec le

bien c'cst par :à que l'ièine inilividtielle même reste infinic,

1 \Crncs.,rfe 1âl Itonr.,c. 21p 28. '[;1"(11'IThJ7LYYrOC·1~i,7.Tona,el nonpasseulementle grandDOIIlI,re;car. le grandnomlnel'si inin-

lelli~enl;il enleml,cl cepcnd~ntil c-ilcommeun souro il as,;Î,leaux rhoses,(-1c'e;\commes'iln'yPlail~H(r.lenl.,Jlrom-, v. fi0.t,;'z.kn", "r?" È,7t,l?"n; Quelle 1'11.1la quclle1'II'jlllrlli~en,'edu graOdnombreYuivent leseliiniitirsf.oNesquilç-.iIromrcnl Irs mrrrlnnl;.:unliréi nombreux,cl il )-un bien l'elil nnsrbrede bon;e tirl., irl., 5j .1~tTicY';?'X.)., v. T,;;PT. .I.to)'l !t1')~)~1'j1 g~t'JT:U 'j'¡1)1).1)'!X:Lzt'Jt, :)l~y~~ 2Y:lrJfj~.L

3 5lob.,Serm.,IV,.IS.&11.Ernr.,.Ilalh.,1'll, 133.G!:;7tô"'<J'U l;uvlwb~y;? X'1!J; (?..y·.C)-

t &11.Emp., 11.I.1a9,ro'JTOY¡;1¡rw FJ!10)'J>.1,Y?"xx4' '1/?7Û!,T"V,n-:SY77C IJrr2'1:Z't" v')~P')\ YI.r.L!t}:t.

5 Seil. F.mr Il 1Ivfi "'homme, d'aprésmraclile, est pourw de deuxins.-frumentspourconn.l11reh vérité fi ScnsJlionel Il Raisoo.IA Senzalion,qui luip.1rall,commaauxphysiciensdonlnou; avonsparléantérieurement,lr~s rienslirl',landequ'ilposela Raisoncommelecnlérium,commele jugeinlailliblede la vérité.

Page 62: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

m:l\cun: 39et garde l'immensité de son essence rationnelle: c'cst en vain

qu'on voudrait chercher à poser des limites à l'âme 1.

Mais comme le seul fait d'enlrer dans un ètrc individuel,

divise, partage et par conséque-nt affaitilit, éteint celle raison

univcr5clle, les hommes n'en ont qu'une étincelle obscure i, et

ils écoutentlcUl' sens propre, i8fz «r~'H,'n;, leur pensée indivi-

duelle et leur volonlc personnellc, qui Irs ég.are, et qui,

semblable aux furcurs de l'épilepsie, les pousse à l'erreur et au

mal. C'csl une dévialion de la dircction et du mode d'action de

cette âme qui meut et ordonne tout 3.

Le corps est cause de cette déviation du mouvement,

essence et pour ainsi dire subslance de notre âme; le corps

non seulement affaiblit celle force motrice et diminue notre vie

on pcut mèmc dire qu'il la tue et comme notre vie actuellc

est précisément liée fatalement à un corps, on peut dire que

cette vie est la mort de l'âme, que le corps est un tomheau où

elle est ensevelie; ce n'est flue lol.squc nous en scrons délivrés

que _l'alme rctl'OlI\'era véritahlement et reprendra sa force et

son mouvement l, c'csl-à-dire sa vie.

5laipcelteRaisonri c_lp-Lsla liaisonde n'imporlequi c'c·l la Raisoncommunc,laItii~ondivinel,

1nil~- 1. IX. 1.rJ'l.T,t;; 1tdp:tt:l 4ix iv lç:tjtl) 71:21]']: i1tt1tI)~E\f~l1~t}; r~

t't'lJ 3x5uv l&y,¡ l'ZEI.

I~L,I- L, 129,51]'1'« Demtmcqnc descharlansqu'onr.1pprùChclesunsdes-iuire ci dll feus'cmlnasenl,ci quesi on lesdcartcils s'eleigneni,de iiiéliiecellef-ictillode Il n.1i;on,)"Ylx-Í"¡M'12I' quia 1,~n~lr~cnnnuslur lescanauxdessens,'{-l'cm'ede la fi,Ü.n uni'w,:dlcqui nuuseni-eloprie,Cide qui cllelienlsa nalure,('Z(d~t'Z~T~; "'it~ T~ 'lt:'(i[!:zr.ri wTpij vou~).n'a5anldani noirecorpsqu'unedcmcurer1S3Jg~re,commcun liMeincomlanl,de,-ienlPar cellesépi-raliun mt'me. r'fC5tlllCsins r.li~f)n,t)~tMxit T, ¿Ta~lw(J:Jz -¡- '¡I.£tl~rl;'J"jtl7jl"1 'r.~j son -;t:.?:!l.r~"HIj; ~'j!t:, ~:t~:r IJ-È'I Z[(}~tl]~'jY rr~m 'l'~yr~; y¡v~'t"~u.

~l.1i;rcpcndanl,pn-~uilcde la coiliiiiunatilé,ilelïdënlil~demlurcci d'cSSf'ncc'lu'cllca ~-ivecle foui,celle1\1i5olncoinnitineci divine,devientlecritéiiuriidela Vérité,el!lér.Jclileilit ce qui vienta l'esprit tic IOUjc;1certain,car il c,1saiii Parlaliaisoncommunecl.li,;nc, lantlisque, par la raisoncontraire,ce 'lui ne se niontrequ'i l'esprild'uncl'arliec,.sld,mIeuxci faux

J ,,ext.Emfto.1.1.. 1:13.T·,0l/,)"J l ~l.vtoGEvv·.u,~1~Vl']'t..oi ao).).01r:l; if:av¡'zrJ~T£1;~Y~ir ~?tr'r, G'E?T!Y4'Jx'ri 0:)1'i~~Yr.GI;'tl)~'t1"JI,1t'J'J'tTI:Tr:J'ltÇlv't;J;~t"JI7..T.N;.

4&11-llyl;of., 111,\130ôTEl'-h't'ilp;,l'-E;((wl'Y, vl(zG T,I'-WVn~Y'¡Y::1171711EY7,Il.LYTEyâÿ9xt'"rt T,1T~;Gàrt'l)vT.lJxt,)~u.v,'(~~7Jl~C ŒV:xt;IO{,VI:CI\C~,y-Philo.arr~gor·.t~ l, p. 00,

Page 63: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIllt: DE LI l':5YCIiOLOGIt:[JES C11EGS.to

Le sommeil augmente encore l'influencc funcste du corps sur

l'âmc, Nous avons vu quc c'est par l'appareil rcspiratoire et

par l'acli\'ité dc tout le système organidue des sens que la vie

s'alimente, que la flamine intérieure se nourrit du feu e~téricur

(lui l'enveloppe ct l'environne. Le sommeil en arrUant ou en

diminuant l'activité de cette communication avec le réservoir

d'3 la vie et de l'alme universelle l, climinue hour ainsi dire la

quantité de vie de l"ètrc inJividuel; le feu intérieur baisse,

pâlit, semble s'étcindre pour ne se rallumer qu'avec Ic réveil,

qui rouvre les canaux de cette transmission fermés par Ic

sommeil.

Tant que l'échange alternatif, le renouvellement périodique

de sa substance continuc de s'opérer, l'3me, malgré le change-

ment incessant qu'elle éprouve, comme toutes les choses de ce

monde, l'âme sc conserve dans sa forme ct dans son identité.

Quand le corps meurt, l'alme indi\'iduclle qui l'animait el qu'il

animait, meurt également 2 ce qui veut dire simplement

que la particule de feu qui s'était séparée du tout pour vivifier

celle matière, retourné au feu universel d'où elle était soi-lie,

et en accroH l'intensité comme la quantité. C'est ainsi, comtne

nous l'avons déjà dit, que la mort d'un être particulier alimenle

et augmente la vie généralc, et que la naissance ct la' yie de

l'individu semble comme une mort ou plus exactement une

diminution de la vie universelle, du feu ct de l'être divin. Il n'y

a donc pas de différence de nature entre l'homme et les dieux

c'cst une même substance qui pa.s5e par diflérents états, dont

1Scxl. F.mp,arlr Ilnfh 1'll, 13i ( D.tni le ~ummcil,lousle.;canau~deIltsmSJlionEl;~nlrerlllr" noire raisone.;1sérortleJc cc r.lpporlmturelavccle milieuqui enveloppe,~WJl~ET1!Ciç~cp%ib ci il ne resle

plusde conununieatiuniliiepar1,-t/pir,llion, quiestpourain:idireIl sculencinc,·.lov=lrwot pir on noussommcsr,dl1chr;j 3 la vie Hrraclileappellel,lusluinnolm,irncr4) %.). Gmf-,fr.ig-Gl.

2 Paruneconlratlidionqueje ne niecll.~rgcInsJ'cxl~lirlucr,Héraclilemainlcnlil

peut-étrie,aumoin;dm; loi leriiies,l'existenceindiviiliiellearii-èsIl lIIorl.~1.li;Ic;

fi-agmenisdonton lire celleconxS~ucnccne p.mals;cnlavoir 'Ju'une:;ignillc,llionmoralc,liralique.cl nonune wleur iii tic, à 'exceptiond'un 5<'ulnilil e..1ditquelesAme.sdansl'H1Jè¡neconserventqu'unsen:, celuitle Il re'r,ir.llion.f9u1defac. Gun.,c. 28,

Page 64: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIÉn_\U.m: .IIle mouvement incessant du devenir fait tour à tour un homme et

un dieu de sorte qu'à le bien entendre on peut dire que Ics

dicux sont mortels, puisqu'ils deviennent des hommes, et flue

les llommes sont immortela, puisqu'ils deviennent des dieux 1,

ou, cc qui est plus exact, toute vie est divine, toute {,mc

est un Dieu, et comme l'avait déjn avancé Thalès, tout, dans

1'unii,ci-s, est Irlnin de dieux, parce que tout y est plein d'êtres,

plein de vies, plein d'àmcs

C'est à l'aide de ces principes qu'il faut expliquer la distinc-

tion de la connaissance sensible ct de la connaissance ration-

nelle, et la contradiction apharente par laquelle IIéraclile

soutient la fois l'infaillibililé de la raison, ce feu, cette lumière

(lui ne pcut pas ne pas nous éclairer 8, et l'impuissance de

l'llomme à connaitrc la vérilé ct à posséder la science 1, La

raison est la faculté de comprendre l'universel, et l'uni\'crsel

seul a cette [acuité absolue ct complète. L'individu ne la pos-

séde qu'en tant qu'il participc ct dans la mesure où il participe

Ü cc feu universel, et c'cstlc hrivilègc de l'homme de pouvoir

établi, c'~stla gloire de l'holnmc de génic dc mainlenir pleine

et vive celle communication avec l'uni\'cl'sel qui constitue Il

raison et la vie rationnelle 5et morale, la sagc5sc et la science-

La morale d'Il6raclilc û est intimement liée à sa dorli-iiie

métaplrysicluc. Cet être infini qui -nourrit de sa flamme, éternel-

lcment en mouvement, la vie des êtres individuels, qui, ahsorbé

1 )lu. Tyr., Ui.s~erl.,\11, p. 301.0_oi9v,TOi,oÏ>'¡~[oI1t~',i'¡ivn-,I Ilcnclildllrg. llomer.,e. `1t.Clcm..11c~f'rrlfayog.III, 1'-215.

:1Iliog.1. I\, j. 7r4,ri El'd2t :<7',Txy.YUr~"lT.~1j.x Clcm.,Po?J~JJ.,11-10,p, 196,).T.O"EU'p€vyàp ïam;TI ~7Ii7~JY,T4'I~W(T~ T:

~i't~J' ~J"Xt'JV ESTCY' Ÿ Û)~ iQ'·~ '1I~:x:(l. T4 lLT, i'~YrnY 1t~t~, 'fCW~ 1Y T!=

H'J~

Conf. r,IU5liaulp. 3: n. 3.Sexi. Emp., Jlalh. \·I1, 13: x-£-rà~ET:/r,YTo`~'Jd~'J7c -0-rxilpir-

Till.=YtEx~, VIj~V.8 llalgrésamis.1nlhror,icsuuvenlamtm,ecX~XX'J"rTl;~¡:>)!,i~t);, (Ding.1. IX,

1, 20)al'ailencorele scnlimcnltic 13dignitéhumaine:le molque traduittI'unefaçon~ilil"cci si LumorisliqucIcmorali·lcanglaisSluari-Nlill(L'lilifarism.,Il, 11)

-%lieuxvautun hommeméronlcnlqu'uncochonsalisraillnesttl11éraclile 1-r.. xyxpin:it"J;I~"JVT.xal X'JV~;xxi n~9pr5no~.

Page 65: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L% P~1'CIIOLOfIEDES CIIE(3H

par la respiration, répare les pertes incessantes de l'âmc, cette

substance qui est la raison universcllc est néccssairement aussi

le vrai bien, la vraie loi morale. On la reconnait à cette marqueelle se trouve la mém-3 en tous, La sagesse consiste donc

à ne pas se mcllre en opposition, à ne pas entrer en lulle avec

la raison communc, avec la volonté raisonnable de tous 1. C'est

là la loi morale, à savoir la loi qui est en tous et qui commande

à tous, Sa puissance n'a d'autres bornes que sa yolonté: celle

loi suffit u tous, et domine tout Toutes les lois humaines

découlent de cette loi unique et divine. Aus~i tout peuple doiL-

il défendre ses lois, comme il défend les remparts dc s<~rville 3.

\fais l'orgueil qui ne veut écouter que son sens propre, (luise ré\'olte contre celle discipline morale, est un vice qu'il faut

éteindre avec plus d'empressemenl qu'on éteint un incendie l,et qu'il est plus difficiled'éteindre encore; car l'hommc conscnt

parfois à payer au prix dc sa vie la satisfaction de sa passion

propl'C, de son désir personnel, de son plaisir ou de sa colère s,de son orgueil, en un mot. Craindre la loi, c'est déjà la j'lsticec'en est du mo.ins le principe. Les hommes n'en connaill'aicnt

pas mème le nom, s'ils n'éprouvaient cet effroi rnblé au respect

qu'inspirc la loi t'. La soumission de la volonté inclivicluelle et

de la raison personnelle la raison et la volonté de tous,c..1use à ¡'mc une satisfaction douce qu'Héraclitc ne voulait pas

appeler un plaisir cl qu'il qualifiait d'jz?i.nl'¡¡ç, la !Jonne

joie '7. Gar il n'est pas vrai que ce, soit un bien pour l'hommc

1Celleloiest unepourtoiis,el l'a dcconduircsa vie,suivantl'anlre,est la rn~mcpourtousIcs liouuncs.ce qti'eirrimentlei litrcsque lJiOllel~cl d'aulrcsdon-naicnlpar interprt4lalioinfil'om'raged'll~raclilc '7.I> ~ih!'1I'~ar;· ,¡fh'JIÚ,~~~Ij'J,~l).fjEl'vwp,v 'r,4invi, T~~1tIj'Jjt61]"tJ.€v~;tGrnl;a~zwrr"v.Uiuô.L., IX, I?.

Slub_,Serm., IV,p. 18. Tp4y.vrx~yr.p 7"n; il ¿'IJ¡¡':l7w'l)\.,I,¡.L"I:nb h,r· 6=:ou. €~xF;rynza, xxi aepyivcTar.a Uiog.1. IX,2.

t ld. 61.,IG.5 Polit., V,Il, 1315à n, ~Ihic.r1'ie.,Il,2, 1105à 1. Iarn\¡J.,Profrepf.,

p. no, f'lul., Coriol,p. a?l deIra; -1:>1Arnnfor.,755.6 CIenl.Slrom., IV,-Ii!),,1·xr,ç"¡.LeI, 9'0'1",o-ixnvl.1,t'1:n,ci ~'lju pqi,v

(1.1loi el lacrainteouhlul8l la crainlcde 1.1loi),7 ThcodolCl.,IV,981.

Page 66: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIÉtI.If.LITE n

d'avoir ce qu'il désire 1; et cependant il suit plus volonliers les

impulsions de son caractère, (lui est pour lui comme pour un

Dieu'; car c'êsL là pour ainsi dire sa nature iiièrne

Nous aaons vu qu'au-dessus du lourllilion incessant (lui

entralnc toutes choses, Il~raclile 'po5ait une loi, un principe

régulateur du mou\'ement, une Ùme consciente du momie, (Iiii

y maintient une sorte de permanence et de fixité au milieu

m~me de la mobilité 3. Mais comme il s'cl;¡it peu clairement

exprimé sur la nature ct l'essence de ce principe supérieur et

souverain, comme il n'en avait pas ncttement marqué la fonc-

tion et l'action, comme il laissait sans raison et sans cause ce

devenir, il passa 1)i-es(ju'i i i aperçudans l'cuscnllrle du ~yslcme,

qui 1)arut, aux yeux de ses pal"tisans comme de ses aclvcrsaires,

aboutir exclusivement à la I)ropo:,ilioii tout passe et~ chan~;e

incessamment, et change cri son conlrsire rien ne demeure

idcntiqueà soi-mtme r. risiole, aussi bien quc Platon, reconnut

et signala l'crrcur de celle proposition qu'a:ent pousséc à se-s

conséquences extréities les solthisles 5, et prouva que le

devcnir lui-mcmc, et le principe logique et intellectuel qui le

formule, disparaissent ct s'évanouissent pour faire IJlace au

néant cl à la négation absolus, que le changcment nc peut

1Slob.,Selm., III, .18.!t',lJ~r.jr:I'):rt.t¡'J'It '~x~t¡"I(J~l"J'H' ,x ~(lEt'Jr;i.:llCx.Aplirod.,tleH'ufo,p. 161,,4ocr Ya?;J~~f.j;t~)~2il1(a)YJj(2't"7T%.i'lIp'Azl.

t'J"J'tEtJHif'J'n;.1 le chwncmenldtn; flériciiiec,1rlésclopl~emcnl;il c.)n~i,le,fan, le rapportCl

le lienilesc¡'nlrùiresyui~Csrrmnltour à lourIcsuni 111~11111",le r.lll5Ccl d'ciret-tivilé de-,r,'nlr"ir,'scne~t11Il:ti;on,'1 Ini, ).Yr.. el naCloiunivCr.xlle,).. fn;y'I. \laiscelleIl1rllll)ni~retient ,ni ces-sesurelle-m~mr,c.)riiiiiefi coi-de.Il lr-monicuseLiel'arcet le h ivre, r.a?.sv:?· 2;.i·~n: r;'l..f,)I].Et''t':J;'}"Jzzi ),.j"I;.Fr..1: f.ba'IuecI"b~,r'HIIII?C<'In'l"cr'lntil'une rlru·e,n c_!yu'nnpninltle(r.1n~ilignpourla d'un iiii ml)n,l~au <!olCle ¡-innl scIranaformeen nwrl et le uunUen N-ivini,Il lenr cl relU en fell, cl le feu enterreel cau.

1 IleôclsCrtconnait,hm ""r,lrlile,clgleclare¡¡u'iln'ya alnsune:,cule¡,roposili0n0111¡-jeuxphilosophegrecqu'iln'aillt1rui<crlms>.1Lo~ügrre_

5Crdl¡-leprufcsstquenommenel'elllellw eli-jitrien,Iir(',rienecprimcr,nni; <cb~lrneri iD"i~uerJn tloiillir1-liénoniènequi[1.1«e~~u;!'C,yeux(Arisl.,.Ilrf.,Ir, 5.10, Pli! Cralyl.381a.) Il reprochait11lI¡lracJiled'asoirtlit qu'onnepeulpa· sCb,liôncrdeuxfoisJanslemPmenell\"(',car cnréalitéonnep('ul¡1.1Ss'y Liibneronmcuneseulefoi:.

Page 67: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L-t PSrCI/OLOGIF.DFS CIIECSil

ni être ni être conçu sans la supposition d'un Nre permanent

et identique à lui-mêmc, et que la doctrinc du devenir absolu

ruine à la fois toute existence et toute connaissancc, ctl'exis-

tcnca comme la connaissance du clevenir mc~me t, en anran-

tissantlc principo de contradiction, fondement de toute pensée,

La même chose est à la fois cl n'est pas sous lc m~me rapport.

Tout est vrai et faux en même temps. Tous les contraires

s'ideW ifient; tout est un, et cet un c'est le néant ~,j ..ô¡;\"t~ÕjE'I

EC9Z!TZ ~'I Í)7~,i'l4;y2TZ!7.'lT4!Ç,Ti.2 ;CE~ITG'!~J.Siv

La philosophie du lanaaôe est une partie de la psychologic,

et Iléraclite lie l'a pas entièrement omise. Suivant lui chaque

chose a son nom naturel. Les noms sont des ouvrages de la

nature, ?,j"ôl'); ~'(,:ú~'J~TÍ,:J.'lu. Lc mot est une propriété, ime

verlu dc la chose, qui la suit comme son ombre. De même que

la nature a inslilué pour chaque objet seusible un sens propre,

l'œil pour la couleur, l'oreille pour le son, de mème l'acte de

dénommer est le sens naturel qui nous rend aptes à lrouvcr le

nom quc les choses porlent avec elles, comme elles portcnt

leur couleur et leur figure. Il n'y a à nommer réellement, quc

ce'ui qui trout·e ce nom objectif celui qui ne le fait pas émet

un vain bruit 3. De là on peut conclure que c'est dans le nom,

s'il est bien appliqué, quc se laissc Ic mieux et Ic plus sÍ1re-

ment chercher et reconnaltre la vr~iie nature de la chose l, T-I

4CZT(JY~)Y4~LZT(OYET.L:TCYTC09FYTUYTY6)5CYl~4r'!5.

1 l'Jalon,The.ref.t51, 179,IIH.ri5I., Jlef., IV,5, 1010.a. 1, iol 1005,b. 23.

j .lri_I_,Phys.. l, 2, 185,b. 2-2..\mmon..Il'' ~lr. rfeInlcrlr p 2l.

1 f'LVCI.,eJ. Coua.,1. Ir, 13.I.~Ílm.,~1'orn·.f'as., III, ï. Uncannlyscexiciedc li :i;;nifir.,liondesniot,

fer-Iiiruicuzronnlilrûquetoutealllrûchù>Clei ophaliùnsJe l'cnlenJemcnt

Page 68: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

En opposition avec celle doctrine de l'I~~lreconsidéré comme

un devenir incessant et universel, insaisissable, inconcevable,

impossiblc, les Éléates avaient antérieurement élevé la théorie

de l'l~`.lre ahsolument un, et absolument irnmuable ct c'cst

encore un Ionien qui avait imprimé la philosophie cette ten-

dance nouvelle. Xénophane est de Colophon, patric de Nliin-

nerme il y a une grande divcrsité d'opinions sur la date, mème

approaimalive, de sa naissance, qu'ApollodofC, suivi par Sextus

Empiricus, Eusèbe et Diogène de Laërte, place à la LX. Olym-

piade, c'est-à-dire entre 6'20 et (H6 avant J,-Ch, l, Sa vie a été

fort longue, Lucien la p~rte à 01 ans, et Censorinus à plus de

cenl. Il quiUa son pays natal pour des raisons qui nous sont

restées inconnues, et se rendit en Sicile où il habita tour à tour

Zancle el Catal1e, Il semble certain qu'il vécût aussi à Vélie ou

Élée en lLalie 11,puisqu'il est universellement considéré comme

Karstenpourconcilieraulanl que lossibleles I(moignagesdivergents.[-licear\¡itr.liremenllanaissanceà 1'01.~5= M av. J,-e., l'fpOI}uede sa c(oI(o\¡litéà1'01.fp = 510, la datede la morlvers la 5fH01.= 500.Ucla orle il étaitunenfantquand tpimlnideétait un ,-icilJanJ;il a pu dans sa jcunc~c connailrcAnaximandreparvew à la malurilé; il a ¡lIé conlemltOrainde P)lhagorc,et :;on(litrèiiie'-¡eilles..<caurapuvoirla jeunesseD'un [~iss.-LgedoL., 1. I!I,tiréde Xfllù[,haneinériie,il résultequ'ililcommencé-sesIrwauzà \15ans.Voici déjàsoixante-dilannéesquejemtnc mavieagitéeet mc~éludeslahorieu;:cssur la Icrredel'J/ellaM,ci oulrecesann{es,j'encoml,lerin~f-cinqautreb-doliiiismanaissance.»Ifunautrede sesfragmentscon;:('néparAlhlnée(Ueipn.,Il,5-1) Quelâgeavais-tu

lor.quole JI~Jcarriva? »on peutconjerlurerquec'cslpeude tempsapns l'cipédi-liondesPcr_:c~sousliarpagequ'il il quittéson1-ays.Urcelleelll(!diliona eulieuen511 il scraildoncné vers5G9,C'cslla datequ'adopte Ueberive6.

C'élailunecoloniede l'liucfe.

CHAPITRE SEf~1'IÈ:\IE

Xi,~N01111ANl.

Page 69: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI f'S1'CIIOLOCIF:DES CItECS.Iii

Ic fondateur de l'école éléatique, et qu'il cri célëlJra la fondation,

qui cutlicu dans l'Olympiaclc LXr, dans un lioèine (le 2000 %-ers;

car c'était un poète, qui avai. laissé dc nomhreux ouvraâes de

forme épique, élégiaque et iambique, ct c'csl sous forme poé-

tiquc, dans un oUHage dont le titrc: de (a ~crtunc ne lui

appilrlient peut Nrc pas, qu'il cxposa ses doctrincs philoso-

phiqucs.

Celle philosophie, dans sa tendance essenticllc, a un caractère

Í>rofondémelltlhéologique, ct conslilue une soi-te de réaction

conlre la i-n3-tliologiepolythéiste~, dont lIé~iode el Homère sont

les représentanls. JI n'y a qu'un Dieu cc Dieu esl étcrnel; il

n'est point né et il ne peut pas périr il est une essence indi-

visible il ne wil pas par une partie de lui-mémc; il n'entend

pas par une autre; il voit et il entend par tout son ètl'e; il est

immuable et immobilc non-seulement il est exempt dc lous

les vices et de-loutes le~ passions que, par une audace impie,

lui allrilment Homère et Hésiodc, mais il est au-dessus de

toute limitation non-~eu[emet1t tout son Nre voit, tout son

êlre entend mais tout son êll'c pense, et pense toul sans peine ct

sans i-ffort 3. Il est tout csprit, tout pensée, et pensée éternelle 1.

\Iais qu'est-il ce Dieu ? il est la nature enlière des choses,

dont l'essence esl l'unilé Xénophane cstle premier, dit Galien,

qui ait soutenu que tout est un, et que cet un universel, c'esl

Dieu 5. Le monde devrait donc Nrc étcrnel, impérissable

comme Dieu même qui se confond avec lui, ou dont il e. au

1Slob.,F.cl. PA~s.,l, 201. c Xénophaneécrit ilansson ouwagc Ile l.n~olure. I>iog. l. IX, 22. « rarmrniJe G:7n~f!nùv ¡;I)."a~¡;,î,conuuclIé,iode,Xénophaneel EmpMocles.

j '/tH'1I1O!UTtilvcoinrne il l'appelledansun awz long fragriieni(.ilhen.,XI, 46i).

a Fr,l, 21.'13,

tj~).I);~r ··'`5),otÕ~'IO~ r.).I');ai rixout.z).À'xazvevR_1t~'V'I'tv~~ov~?~ ~czvr=Xfi:r~:d'J!I.

4 Di~- IJo,1\, 10 O'"jlJ.'jt:l:Vf~s' Eivatvr.v xai yr%mr,amxal tÏt~ICtV.

sG~'I.1.,Il. I'Ailoe.,c. 3 T~Elvzl'/t:i~'r0!€v,~calTOrJLOù7r4p7FLYrlEw.

Page 70: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

xt:o PIL\i\p. .11

moins la inanirestation extérieure. ~Iais il est difficile de croire

(lu(, Xén'Jphanc ait ensciâné l'immuabililé des choses de la

nalurc, puis. qu'il a eu lui-même une théorie physique, ionienne

dans sa tendance, et il est plus prohable qu'il aura insisté sur

la difPiculté de compre\1llre le phénomène changc3nt et mohilc

sans cn nier la réalité.

l~e fait seul qu'Aristotc no mentionne pas Xénophane dans

~OIi traité de l'~lnrc, prouve que la psychologie tcnait peu dc

place dans ses spéculations. S'il est vrai qu'il confondit Dieu et

le monde, dont l'essence commune est l'unilé, il. faut recon-

naltre que ce panthéisme est un lranlhéismc spiritualiste,

puisque cette essence une, infinie, inconditionnéc, immuable,

est un esprit, et la pensée. L'êlrc se confond ainsi avec la pen-

séc, qui absorbe toute existence. L'lme, sujet de la pensée,

rcmplimil donc dans le système de Xénophane une place plus

grande en réalité qu'en apparence. Mais on ne sait comment

meUre en rapport avec les principes de cette métaphysique les

maximcs du'ou lui prètc sur la nature et la valeur de la con-

naissance. L'âme humaine est, pour lui comme pour tous les

philosophes de son pays et les philosophes antérieurs, un 7CVEÜ:U

mais nous nesavons pas ce qu'il faut entendre par ce mot vague;

celle âme, cet esprit, qui devWil pourtant participcr à la ppnsée,

substance de tout èlre, ne lui pal'ail pas capable de connaitrc

rien avec ccrtitude « Il n'y a jamais eu, il n'y aura jamais un

homme qui cOllnaisse quelque chose avec cerlilude, non pas

même co que j'exposc ici moi-méme sur les Dieux ct sur le

monde et si quelqu'un avait cette chance heureuse d'exposer

la vérité cerlaine ct parfaitc, il ne pourrait cependant jamais

savoir qu'il la possède. Sur toutcs choses on ne peut se faire

qu'une opinion qui, avec le temps, peut devenir plus claire,

mieux fondée, se rapprocher davantage de la vérité, mais nc lui

peut jamais élre adéquate 1 J. Arislolc, clans une phrase obscure,

il est vrai, de la ~Il~rtaph~si~~ne,conl1rmcrait l'interprétation

1Fr. 11, 1;-),IG.

Page 71: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE Li PS\"I:IIOLOGŒ[lES GIIF.CS~8

sceptique que l'on peut donner aux fragments de Xénophane 1.

Il Il vaut, encore mieux dire comme ceux (lui ne recon-

naissent que la sensalion comme instrument de la connais-

sance, que d'adopter l'opinion d'Épicharmc ou de Xénophane,

qui voyant lc mouvement emporter toute la nature, et sachant

qu'il n'y a pas de vérité à affirmer sur un objet incessamment

changeant, prétendcnt qu'il n'y a absolument aucune possibilité

de saisir la %iéi-ité». C'est ainsi qu'on trouve dans Diogène

que Xénophane soutenait que nous sommes incapables de

comprendre quoique ce soit, et dans Sextus Empiricus 3qu'il

avait supprimé le critérium de la vérité. Cependant ce dernier

constate que « Suivanl d'autrcs intcrprétations de sa doctrine,

Xénopliane ne supprimait pas toute connaissance, mais seule-

ment la connaissance scientifiquc, infaillible, et qu'il laissait

aux hommes la connaissance conjeclurale 1 Le renseignement

d'Aristoclès 5 qu'il faut, suivant Xénophanc, rejetel' le témoi-

gnage de la sensation et de l'imagination, et n'ajouter foi qu'àla raison pure sc concilie mal avec celle théorie de la vrai-

semblance.

Peut-èlrc aussi Xénophane a-t-il voulu simplement marquer

la difficulté d'arriver la certitude, sans interdire, à l'hommc

absolument cette espérance. Lui-méme semble affirmer d'une

manière très positivc et très dogmatique son opinion sur la

nature de l'être qui est un. On peut donc admellre que frayant

la voie Parnténide, et commençantv distinguer la certitude

de la probabilité, il rapportait cette théorie du doute et do la

connaissance conjecturale aux choses de la nature et au monde

sensible.

Du vers

~aÀ' ~7tivt'Jt)t ;voto vGov9Ptv\ 1':Ívu xp:zh(vu'

l il[, 5. 1010.a. 1..j U. IN 20.3 .Irln_.IIafÎ~ 1'II,-18,Conf.Orig.,!'hil., X, 18.Epiph.,AJr. !(rrr., 108I.elvn

i,i ou7:v~l,,6i;..Idv..llull~ \'11,110,llypoi., It, 18.

Etiseb., Pmp. Er., XI\, 11.

Page 72: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

x i,-N0 l,l IANp 49

4

Brandis 1 a voulu conclure que Xénophane reconnaissait dans

l'âme au moins deux facultés, le Noù, et les dplvcç. Je crois

que la construction y6~'J 9p£v\ est vicieuse, et qu'il est plus natu-

l'ci de lier avec z:vo~o K L'esprit dc Dieu gouverne toutes

choses par la pensée, sans que son esprit en éprouve aucune

fatigue. J Toute analyse des facultés de l'âme, toute conception

sur sa nature, est absente des théories de Xénophanc, telles du

moins qu'elles nous sont connues 2.

Commenl F.leal., p, 31.

j Tcichmiiller(Slrrdien, p. 60h prélcndélre cn mesure de prou~crque XénopllJnea le premier cru à l'clislence élemelle de l'homme sur la lerre; mais il rcrncl à

une élude fko3téi-icurela preuve de ce rail, donl je ne trou\'e nulle trace dans Xéno-

plianeet que n'y a pas dffOUlwl non plus ~I..G. Drélon dans sa savante lLLseGa l'oéaie Philoaol~hiqueen Crèee (Paris, ilachetie, tà8~J.

CH-'IG~[1,~nor~~r.

Page 73: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CI1~1PITIjEHUITIÈME

rrruacoRE

Pythagol'é a été un contemporain, quoique plus jeune l, de

Xénophane, et il est difficile de soutenir que sa conception

philosophique n'ait reçu aucune influence de la conception du

fondateur de l'école éléatique qui plaçait, nous venons dc le

voir, l'essence de l'êtrc dans l'unité, 1t:ÍVT!X~v t1v:l.I,propositiondont tout le monde reconnall immédiatcmcntl'amnité avec le

grand principe pythagoricien l'un est le principe de tout',

ÉY~PZ~;t1nwv,

C'est encore l'Ionie qui a donné naissance à ce philosophe,né à Samos, en face d'Éphèse et de Colophon, vers l'Ol. L, c'est-

à-dire entre les années 580 et 576 av. J,-Ch, Le caractère de

sa philosophie, qui est d'ctre une philosophie d'écolo et d'ah-

sorber dans la communauté des opinions commo dans la com-

munauté de vio les individualités et les conccptions personnelles,

rend presqu'impossible le discernement entre les doctrines

propres à chacun des pythagoriciens de la première époque,

tels que Pythagore lui-même, Philolaüs et Archytas. Lo résumé

que nous allons présenter est donc moins celui de la doctrine

de Pythagore que de la doctrine de l'école pythagoricienne, prise

Brndis le faitaucontraireplusâgé.Cette datenopeulprétendreà unecertitudemalhémalique,el rieslguèrequ'un

peuplusnaioembJablequelesaulres.

Page 74: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

~n u,~cone fildans son ensemble et dans son unité, malgré la différence des

lemps où ont vécu ses principaux représentants t,

Xénophanc avait dit L'Nrc est un c'est ce (lui ne natt pas,ne change pas, ne périt pas. Le monde du devenir, des choses

périssables et changeantes, était donc séparé ou du moins sépa-rable de l'être, car son caractère le plus essentiel et le plus

manifeste est la multiplicité. Il est à peu près certain que sans

expliquer le comment et la raison de leur rapport, Xénophanene niait pas la participation du devenir à l'être, et laissa à Par-

ménide le soin dc tirer de son principe la conclusion absolue de

l'idéalisme, que l'êll'e étant l'un, le multiple n'estpas, ledevenir

est le non-être,

Ce n'est pas la position que prit l'école pythagoricienne.: elle

part de l'cxislcncc réelle des choses extéricures, et cherche à

l'expliquer. Ce sont des physiciens, mais, comme l'a très juste-

ment observé Aristote, des physiciens dont les principes

dépassent les limites du système où ils se, sont arrêtés.

Les choses sont mais l'essence vraie de leur être doit être

cherché dans ce qui se trouve en elles de persistant, de cons-

tant, d'universel. Or quel est, dans les choses, l'élément qui nous

apparaît avec ces caractères de persistance, de constance,,

d'universalité ce n'est pas l'élément matériel, ce ne sont pas

les propriétés de la terre, du feu, de l'eau, de l'air c'est le

nombre or comme tout nombre est engendré par l'un, père

des nombres, on peut dire que l'un est le principe de tous les

Nres, Ëv!Ï.pZi"£71-ITWY.Lenombre est l'Nrc même il est le prin-

cipe du mouvement et de la forme des choses, la raison imma-

nente de leur être, Év~zzp~ES.

Qu'est-il conolnbrc lui-même C'est un rapport, et le rapport

des contraires, leur conciliation dans l'ordrc, dans l'harmonie,dans l'unité, Mais ce rapport qui est le nombre, est un effet; et

quelle en est la cause, si ce n'est encore 10nombre ?Il y aura

donc deux espèces de nombres, de rapports, d'unités le nombre

1 Philol3üsetAn:hylassonldescoolemporainsdoSocrate.

Page 75: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE IA PSYCHOLOGIEDES GRECS5~

et l'un, causés, r&1lisés, et le nombre et l'un causants. Les

pythagoricicns ont-ils exprcssément distingué et sépar~ ces

deux espèces de nombres, ou ont-ils allribué au nombre

celle double fonction qui paraU contradictoire, c'est ce qu'il

est difficile de diatinguer dans la confusion où nous sont

parvenus et les fragments do leurs ouvrages et les renseigne-

ments historiques sur leur doctrine.

Quoi qu'il en soit, il est certain qu'ils se représcntentl'un lui-

même comme composé avec harmonie, comme un souffle de

feu, de chaleur, de vie, qui pénètre la nature entièl'e, comme

une âme qui enveloppe et maintient le tout dans l'unité, et qui,

du sein de son immobilité éternelle, communiqucélcrnellcmenl

le mouvement et la vie, travaillant et façonnant les choses à la

manière d'un artiste et leur donnant la mesure, la forme,

l'essence. 1{Iln'y a qu'un seul principe de vie, îv Ú1!:ÍPZEIY7.VEij:L'X,

qui pénètre l'univers entier, et forme ainsi la chalne sans fin

qui relie lous les ètres les uns aux autres, plantes, animaux,

hommes et dieu~. C'est l'alme du tout, -,riTo37t'XYT~ç'}1JZ'f¡ être

composé elie-mÔme., mais dont les éléments composants se

sont tellement pénétrés et combinés qu'ils ne font qu'une seule

et même nature, qui entre dans le tissu des choses, que dis-je,

qui en fait la tmme, et est présenle et agissante partout, depuis le

centre qu'elle ne quitte pas jusqu'aux extrémités qu'elle enve-

loppe. C'est par celle âme que le monde vit, respiro, est un,

est éternel; c'est par la vertu activc et puissante de cc germe,

oa~pux, comme l'appelle Aristote, que le monde, semblable à un

animal, absorbe, transforme, s'assimile l'élément infini, informe,

qui l'enveloppe et dont il se nourrit et vit.

Le monde donc une âme, et par là il faut entendre un

principe de mouvement et de vie, dont la substance est un

feu, un éther igné et vivant, celle sorte de quintessence par

laquelle les pythagoriciens atténuaient, exténuaient la notion

Sexi. Emp.,adv..llalh., IX, 121 Schog.Mis! p. 50:;a. 9. Plul., Pfac.Phrl., 11·,1, 1 Diog.L., VIII,25..

Page 76: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

P\TJIAGOIŒ 53de la matière sans h détruire. Les pylhagoriciens vont jusqu'à

donner à cette essence la propriété presqu'immalérielle de la

pénétrabilité, puisque ce feu enveloppe les extrémités du monde

sans cesser d'étre au centre. Mais néanmoins elle reste com-

posée et multiple cette 1meest un nombre., lerapport premier,

l'harmonie premièl'e du fini et de l'infini, des deux contraires

auxquels se peu\'cnt ramener tous les aulrcs.

Répandue lravers Ic monde, commc une chaine toute

puissante, autogène, causa sui, 1',Ime y dépose tout ce qui est

en elle, la mesure, le poids, le nombre, et par là constitue la

permanence des choses. Elle contient en soi les rapports

féconds, les raisons actÏ\'es et vivantes dont le monde est le

développement et l'acte.

L'âme humaine n'est qu'un écoulement, une parcellc de l'âmc

du monde, une goulle tomMe dcla coupe de la vie universelle,

Elle est composée comme elle et des mémes éléments, et c'esten

elle qu'elle retourne lorsqu'elle quitte le corps l'âmc humaine

est donc un nombre, et un nombre qui se meut lui-méme et

meut le corps. Car ce (lui lui :est le plus essentiel, c'est d'éfré

le principe dé mouvement et de vie la vie est mouvement

définition quo Xénocratc, à qui on l'allribuc, a pu cmpruntel'

aux pythagoriciens,

Ils la définissent encore une harmonie non pas seulement

l'harmonie de son corps, mais l'harmonie, identiqueau nombre,

qui, tout malhématique qu'ils l'appellent, n'en est pas moins

pour eux quelque chose de réel et de subsistant. L'âmc est

harmonie en ce qu'elle est la force et la loi puissantc qui unit

les contraires, Elle n'est pas une liarrnonie-effet; mais une

harmonie-cause, qui passe et subsiste dans son effet.

Comment l'âmo humaine so détache-t-ello de l'ilme univer-

selle pour animer 10corps? Les pythagoriciens ne nous le disent

pas l'Amo vient du dehors, I)Ú¡;!J.I)EV,ello est introduitc da-ns le

corps, on ne sait par qui, ni comment, ni à quel moment; ils

se bornenl à dire qu'elle est donnée au corps suivant les lois

du nombre et d'apres les principes d'uno convenance éternello

Page 77: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREUE L.\ l'81'CIIOI.OCIEDES GRECS5~

et incorporelle. Ce qui revient dire, j'imagine, d'une part, quc10nombre est principe d'individuation, qu'il incorpore ot incarne

Ics principes rationnels, les raisons idéales, ct en fait autant

d'individus séparés l, en aspirant le vide ou l'infini; cal'lo vide,

en s'introduisant en l'un premier, dé,'cloppc ct divise les 6tres.

D'autre part, le nombre établit un juste rapport entre l'âme et

le corps; ou plutôt l'.lmo qui est nombre. éprouve une incli-

nation pour le corps qui est nombre également et se porte

naturellement vers lui ç'cst ainsi qu'clic aime son corps¡ ct

d'autant plus que, toute réalité étant sensible, toute connais-

sance étant une sensation, l'âmc sans le corps ne pourrait user

de ses sens ni par conséquent connaitre.

Tous les êtres qui croisse'!1t se, divisent en trois grands

règnes le végétal, l'animal, l'animal raisonnable ou l'homme.

Celui-ci, semblable à un nombre supérieur, qui renfermo tous

les nombres inférieurs, renferme les principes vitaux qui appar-

tiennent fi.chacune des deux autres classes le principe de vie

végétative, n'est, ni chez l'homme ni chez les plantes, une âmc.

L'âme véritable, que l'homme seul possède se diviso en deux

(Jarties ou facultés l'une inférieure, principc de la vie sensible

et dont le siège et l'organe estle coeur; l'aull'o supérieure, quia son siège et son organe dans le cerveau, et prend 10nom dc

~1. l'esprit, la raison.

La raison est le privilège propre de l'homme; mais l'animal

possède en commun avec lui l'àme sensible, principe de le vie,et -comme cette âme est dans l'un et dan~ l'autre, malgré la

différence des degrés do perfection où elle atteint, une émana-

tion ou uno parcelle de l'àme du Tout qui est divine, il en

résulte que tous les étres vivants sont liés les uns aux autres

par le principe mème de leur être. Une seule vie est on tous;une âme d'une même nature, d'uno mêmc originc, les pénètreet les vivifie tous, Les animaux sont ainsi parents des hommes

qui leur tour sont parents des dieux.

1 ~kh, Philol.,p, Ill. acogotttovTOV(%Ij~OJÇ.xxl""1.1~wv1.wp\,ixli."o'J;.

Page 78: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1'l-TIIAGORE 55

Celle idenlilé substanticlle du principe de la vie n'empéche

pas la variété des individus et des espèces ni le renouvel!cment

des formes. Comme des hôtcs voyaueurs, les umes viennent

tour à tour habitcr des demeures différentes et animer d'autrea

corps, qu'elles quiUent successivement pour entretenir éternel-

lemcntla variété des formes et le mouvement de la vie. C'est

co qu'on a appelé la .ltcclenip.s~cose, et qu'on aurait dl7 plutôt,

comme l'a fait remarquer Olympiodore, appeler Jlélensonureosc

car c'cst moins le corps (lui change d'âme que l'àme (lui change

de corps.

La doctrine de la migration des lmes-souléve de grandes

diHlcultés que ne semblent pas aperçues les partisans de

la philosophie pythagoricienne. Pourquoi celle migration ne

s'élend-cllc pas aux végétaux, qui eux aussi ont la vie? Y a-t-il

un terme ces incorporations successives? Ont-elles eu un

commencement? Entre chacune d'elles y a-t-il un intcf\'alle de

temps? Si court qu'il soit, on ne peut guère se dispenser d'en

admeUre un, et pendant ce temps quel est l'état de l'ane?

Enfin y a-t-il une loi qui préside à ces incorporations et (IUelle

est-clic?

Arislote prétend que les pythagoriciens admeltent que ce

changement se produit au hasard la première âme venue

tombe dans le premier corps venu ce qui semble s'opérer

ainsi aussitôt qu'un être vient à respirer l, il absorbe une parcelle

do l'âme uniyersello qu'il s'approprie !l, s'individualisc cn lui

en se séparant de sa source, et devient son âme, Philolaüs dit

au contraire que l'âme est liée au corps par la VCI'tudu nombre

et d'une convenance mutuelle, el la principe général du pylha-

gorisme, qui fait dominer partout la forco toute puissante de

l'ordre ct de la proportion, semble exclure les désordres du

1 Maiscommenllienl-ilà respirer?C'eslsansdouteen inlrrpr~lanlgro5Si~rcmrnlcettepenséequequelques-unsen

étaientvenusà croirequel'âmeétaitm corpusculesdepou5Sihcquel'on mil dan-~r dansl'airdansuorayondosoIril, laodisque.J'aulres,moinsmatérialistes,cD>ei-gnaienlquel'âmeétaitla forcequimetcescorpusculesen mouvement.

Page 79: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREUE LA rsYCI/OLOGŒLIESGRECSbti

hasard dans l'origine de la vie et surtout de la vio humaine.

D'un autre côté. Platon nous donno comme enseignée dans les

~Iystèrcs, soit orphiques soit pythagoriciens, la doctrine que

l'âme est dans le corps comme dans une prison, et Clément

d'Alexandrie cite comme de PhilolaUs la proposition que c'est

en punition de ses fautes que l'âme est liée au corps et y est

ensevelie comme dans un tombeau. La vie ne serait alors qu'un

châtiment, et la mort une délivrancc, opinion qu'Athénée nous

présente comme celle du pythagoricien Euxithée.

Ce serait là une inconséquence nouvelle dans un système qui

en est rempli car si celle opinion rélablit l'ordre moral dans

l'origine de la vie, le monde cesse d'ôtre ce qu'il doit être pour

un pythagoricien la beauté mL~me; la vie réelle de\'ient un

supplice, et un supplice éternel, étant donnée la métempsy-

cose. L'on ne pourrait échapper ces contradictions qu'en

admettant, ce que n'a jamais fait le vrai pythagorisme, une

existence ultra et supra terrestre, une vie absolument incorpo-

l'clic, antérieurement et postérieurement à la vie sensible. L'âme

est, pour les pythagoriciens,. un nombre, mais un nombre con-

cret, un germe vivant, un composé, un mixte du fini et de,

l'infini,et ni le fini ni l'infini ne peuvent exister en dehors dc

l'être qui les réunit dans son unité.

Tout ce qui vit vient d'un germe ca germe est un composé,

L'un des éléments du mélange, fourni par la substance du

cerveau formera, en se développant, les nerfs, les os, les chairs,

toutes les parties du corps; le second est- un élément éthéré,

une vapeur chaude,. venuc du feu central par l'intermédiairc

du soleil. C'est là l'~me.

De même que l'homme est composé d'une âme et d'un corps,

de môme l'âme est composée de deux parties différentes. L'uno

est l'âmc irraisonnable, vitale, mortelle quoiqu'invisible. Sem-

blablo.au corps qu'elle a animé, elle s'en séparo après la mort,

et erre auprès de la terre et nolle dans l'espace. L'autre est

l'âme capable de connaUre, qui elle aussi so diviserait, si l'on en

croit quelques témoignages, en deux facultés Le N,>3,-ou

Page 80: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

P\11IAGOnt: 5;

intelligence instinctive, commune à. l'homme et à l'animal, et

les tfJpl'HÇOU la raison que le premier a seul en partage. Niais

cette raison ne paralt guère autre chose que la sensation,

comme il est naturcl dans un système qui ne reconnalt d'autre

réalité qu'une rc~alité'mi~le, ct qui fait, du nombre, même du

nombre de l'âme, une grandeur étendue

Cependant il semble que les pythagoriciens ont entrevu et

signalé au moins vagucmcnt une forme supérieure de la con-

naissance car AI;slotc nous dit qu'ils identifiaient la raison

pure au nombre 1, la science au nombre 2, l'opinion au nombre

3, la sensation au nombre 4: ils auraient donc reconnu sinon

différentes facultés du moins différents degrés de connaissance

mais nous ne savons ni comment ni par quoi chacun de ces

degrés se distinguait et se caractérisait. Ce qui.est certain c'est

que la connaissance était un nombre. Le nombre est la loi de

l'intelligibilité comme de l'étre. Les choses sont un nombre,

et l'âme est un nombre et le rapport de l'âme et des choses,

qui e~tla connaissance, et lui-mème un nombre, ne peut avoir

lieu que par la similitude d'essence de la chose sue et de la

chose qbi sait. Car c'est une loi de la nature que le semblable

seul connaisse son semblable. La pensée n'est qu'une assimi-

lalion. Aucune chose ne, peut Nre connue si elle n'a pas au

dedans d'elle, lV't~; l'essence dont se compose le

monde, le fini el l'inlini, dont la synthèse constitue le nombre.

Sans la décade, en qui se concentrent et se réalisent toutes les

vertus du nombre, tout reste dans lïndétermination tout est

obscur et se dérobe. La nature du nombre est précisément do

donner aux choses une loi, une raison, de dissiper l'obscurité

qui les environne et de les faire voir à ceux qui les ignorent.

Le nombre qui est dans l'âme et à ,la fois dans la chose peut seul

1Celledivisionde l'1meen partie. que Diog~ne(1.Viii,30) a~-qigneà PJlhagort.mame,esl ramenéeparStobéeà Areh)1as(Ecl. Phya.,1, p. 818) maisle mêmeallribueà ArésasdeLucanieuneautredhi<ionenYo3;,facultéproduclncedela pen-sh. el de la science;6~11"'<1I',faculll!produclriccde la et dela force.i7ctqvWa,facultéquiengendrel'amourclio go~71duplaisir.(V.monPythagore,1.l,p. `16t,note2.)

Page 81: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI PSYCIIOLOGIEDES GRECS58

établir entr'elles cette harmonie, ce rapport, celte relation qui

forme la connaissance. Si la raison litimaine est capable de voir

et de comprendre la raison des choses, c'est qu'il y a entre

ces deux raisons une affinité de nature et d'essence, OE'JYYE-dE(2v

'tlvi.

L'erreur, c'est l'indétermination, l'infini, c'est l'absence de

nombre et de rapport entre le sujet et l'objet. Le nombre, exclut

l'erreur, parce qu'il apporte toujours avec lui la limite, la

mesure, la déterminalion. La connaissance vraie, la vérité est

donc le caractère propre du nombre: yoilà pourquoi l'organe

de la vérité est la raison mathématique, c'est-à-dire la raison

qui pèse, qui mesure, qui compte.

S'il faut en croire Aristote les pythagoriciens ont été les

premiers à s'occuper de la définition, et à chercher fixer

dans la définition l'essence, le 't{ li-rt de la chose, mais il avoue

qu'ils s'arrêtent à la surface de l'objet et prennent pour l'essence

ce qui n'est pas l'essence. C'est avec Platon seulement, dit-il,

que commence la dialcctique, c'est-à-dire la recüerche systé-

matique et philosophique sur lc principe, la nature et la

méthode de la connaissance.

Page 82: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Alcm60n de Crotone, contemporain de Pythagore et peul Nre

son disciplo, avait admis comme lui la doctrine des contraires

comme éléments des choses, mais en prenant au hasard ces

contraires, au lieu de chercher, comme les pythagoriciens, à les

ramener à un système détcrminé de couples opposés. L'almeétait

également pour lui un élément aéliforrnc ou igné; il la plaçait

dans le cerveau où. se rendent toutes les sensations en pafosant

par les canaux qui conduisent des organes des sens au cerveau:

c'est à l'aide de cette hypothèse qu'il cherchait à expliquer

l'opéfillion des sens. Par cette raison, contrôlée sans doute par

des observalÏons et des expériences, car il est le premiermédecin qui ait, dit-on, pratiqué l'anatomie, il soutenait quedans l'embryon c'estle cerveau, d'oi! découle le sperme, qui est

formé le premier. Il oxpliquaitlc sommeil par l'état de pléni-tudc des vaisse~ux sanguins, la veillc par leur état contraire.

Partisan déclaré de l'immortalité dc l'âme, il la démonlrait parcet argument le mouvement éternel est la marque de l'èlrc

éternel les astres se meuvent et lcur mouvement est élerncl

parce qu'il est circulaire, c'cst-à-dirc qu'il n'y a pas tin seul

moment du temps ni un seul point de l'espace oii-ce mouvement

s'artèlo chaquo point de l'espace parcouru est à la fois la fin

d'un mouvement ctle commencemcnt d'un autre, Leur mouve-

ment est continu, sans point d'aff(~t il est donc Memel. Les

astres sont donc eux-mêmes éternc]s, On peut appliquor 10

I:fIAPITIZE NEUVIÈME

ALC11É0~1

Page 83: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE l~1 PSYCIIOLOGIEDF.SGRECS~l

même raisonncmcnt à l'âme, qui a un mouvement perpétuel,

continu; chacun de ses mouvements enveloppe dans une

unité im!i\'i~ible la fin d'un mouvem.ent et le commenccmcnt

d'un autre. Elle ne saurait donc périr, puisCJuo le mouvement

est son essence ou de son essence, et que ce mouvement est

éternel.

En ce qui concerne les facultés de l'alme, Alcméon en recon-

naissait deux la sensation et la raison- C'est par la différence

de leurs facultés de connaltre que se distinguent les esptces des

êtres animés. L'animal a 'la sensation, mais est privé de la

raison. Il y a donc entre les âmes des dilférenccs de qualitése5senticllcs L'homme seul comprend, mais sa science

imparfaitc n'es, que conjecture ct vraisemblance. La science

infaillible et claire de l'invisible n'appartient qu'aux dieux.

Page 84: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPiTRE DlXlf;~1E

I'?.RHÉTIDE

Dans la conception pythagoricienne de l'âme, il y a sur les

philosophes antérieurs un. progrès évide"nt. Le nombre consi-

déré comme principe de vie et de mouvement,. d'ordre et de

beauté, n'appartient plus aux éléments matériels, la pluralité

sensible. L'étre n'est ni l'eau ni l'infini, ni le mouvement, ni

l'air. L'essence de l'àme, commedetoutes choses, estun nombre,

c'est-à-dire un rapport, c'est-à-dire cncore une idée, une forme

et une détcrmination de la pensée. La réalité est posée comme

idéale et non plus comme sensible. C'est un pas manifeste vers

une philusophie idéaliste, une philosophie dc l'esprit. Mais d'un

côté ce nombre est, pour les pythagoriciens, issu de l'un premier

et l'un premier est un composé, un mixte du fini et de l'infini;

il est une réalité concrète, un germe vivant il a une gran-

deur. De sorte que par là la conception pythagoricienne se

rattache encore la physique, et le nombre de l'âme redevient

une substance matérielle, du feu de l'autre, ce nombre restant

un nombre mathématique, l'âmc cll'ètre, même réels, risquent

de s'évanouir dans un pur rapport mathématiquo, c'est-à-diro

une abstraction.

Ce pas, dont se gardent les pythagoriciens, mais au prix de

nombreuses inconséquences et de nombreuses contradictions,

sera fait par les éléates, dont Parménide développo la doctrinc,sur laquelle la philosophie du nombro n'a probablement pas été

r,ans influence. C'est ce qu'oxprimenl sans doute les traditions

plus ou moins fondées qui nous rapportent que Parménide se

livra à la philosophie sous l'impulsion du pythagoricien Ami-

Page 85: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE là PSYCHOLOGIEDES GRECSfi:!

nias, et qu'il éléva un Héroon un pythagoricien Diochaites,

pour lequel il avait éprouvé une vénération presque'religieuse.Il passa mbmc plus lard, comme Zénon, son disciple, pour un

pythagoricien: exagération manifeste, car il est évident quc sa

doctrine n'est que 10 développement plus complet et plus

logique des principes de Xénophanc.

D'aprl>sles renseignements de Platon, qui ne concordent pas,il est vrai, avec 10détail, donné par Diogène, qu'il avait déjàalleint une grande réputation en 505 (01. LXIX), on place géné-ralement la naissance de Parménide à Élée vers 529. C'est une

des grandes figures de la philosophie ancienne G:Je crains, dit

Socrate, dans le dialogue de Platon, que nous ayons mauvaise

gràce à critiquer Mélissus et ceux qui souliennent que tout est

un et immobile; mais je l'appréhende moins pour eux tous

ensemble que pour le seul Parménirle. Parménidc me parait

inspirer la fois le respect et une sorte d'effroi, pour me servir

des expressions d'Homère, Je l'ai fré'luenM moi fort jeune, et

lui déjà âgé, et il m'a semblé qu'il y avait dans ses discours

une profondeur tout fait incroyable' 1 J. Ailleurs Platon

l'appelle le Grand Parménide.

L'unique écrit da ce grand esprit était un poème sur la nature

dont il ne nous reste que 150 vers. Ce poème était divisé en

deux parties: l'une trailant des choses parCailementcertaines,de la vérité, de l'être %,ét-itable,T1 1tpb, l'autre quiavait pour objet les choses sensibles et changeantes, et qui no

sont jamais capables de produire dans l'esprit qu'une connais-

sance conjecturale, une opinion, T&7tr~' est désignée parSuidas et Proclus sous le titre de Physique ou Physiologie, et

par Plutarque sous celui do Cosmogonie. On lui attribue en

outre d'avoir pratiqué dans son enseignement la méthodo

dialectique, c'est-à-dire par demandes et par réponses, méthode

que systématise jusqu'à la subtilité son disciple Zénon, et qui,

corrompue par les sophistèS, sera purifiée et rétablie par Platon,

1 The~l.,HU,a.

Page 86: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

r.unlf.IDE G3

Après une belle et poétique introduction, le poème de Par-

ménide étalilit par amrmation pure

Qu'il n'y a pour la science. que deux principes possibles

1.'un, que l'Ètre est, ct que le non-f:tl'c n'est pas c'est le

principe vrai et évident; l'autre, que l'f.:tre n'est pas et que'lc

non-Nre est néCCS6airement: principe faux, et il est faux parce

qu'il est inconcevable 1. On ne saurait connallre le non-être;

car on ne peut pas l'alleindre on ne saurait pas davantage

l'exprimer en paroles. Il se dérobe la pensée comme au lan-

gage, et cela par la raison que penser et être c'csttout un. La

pensée et son objet ne sont qu'une seule et même chose 2, Il y

a donc entre l'lre et le non-Nre une opposition inconciliable et

une contradiction absolue, et c'est être aveugle, sourd et réel-

lement stupide et sans raison que de vouloir soutenir la fois

l'identité et la différence de l'f.:tre et du non-être 3. De ces deux

principes, l'un est posé par la raison qui est infaillible dans ses

jugcmenls et ses iniuitions et qui force l'assentiment l'autre

par l'opinion, qui nous trompe, et qu'il ne faut pas croire 4.

1 L'impossibilili!de conce\'oirqu'une chose est est donc la (lrem-ecertaine qu'ellen'csl pas,

Y. 91. "c.J.jtov ~'i<1TI VO!ÎV TE xxl evexty £"JT'L v~-r.f1J.I'

V..10. SÔ y(¡~ (1'1;, YOESY C6TlY dt )((1\ ET-écxc.

11.Zellerveut r ~"I, et traduit: 11\1 n')' a à pouvoirétre que ce qui Qcul~Iro

pcll5é.» V. 45. ;(P~) LlYElYSh -jozi-o,.1)liv l"I-'I-'EY!1I,qu'un traduit lanlul c: l'a

larole, la pensée, 1~Iro, ont n~cCS5Jiromcnlréalité :J, tantôt liLapensée el laconnvsrance doil'cnl ètre néce5SJiremenlHire :J, Dansce dernier sens, Parménidoaurail npoS4! riMe mprncde 3lainede Diran, à savoir, que celle force qui nous fail

rque nous IroU\'onsdans noire conscience l'si la forme première sous

laquelle, anlérieurcment à l'expérience ou 1'111161inMpendammenllie l'elpérience,nous nous repdwntons la cause el la su\Jslancedes pliénomène-se~lélieur3, que lasen..<alÏonsaisii dans l'étal mobile du devenir,

a V. 4~.4 29 el 30" 53-55, 89. xpiYw )6y(ù-IF,'J"JOEFYd4l.Il oppose le xI,OI/>;diricav

àn!ZTIjMç,ce charme vainel menteur'dés' conceplions'el des Ihéories sur la nature,l'e:Lpo.sltion sincère cl (Mêle de la ,'érilahle réalité 1IÍO,.0;xdyoc ~~kY6r,pa,ap.?ICCilh,6d1ic,Comp.u-erencore.lesv. 9~ el suivants

1Ci~'t. ÔYG~L~ÉQSIV

9(la'X fi:¡OTO\x2T£QE.Oro1TU\OI~"nc elvxt &).6'1,

Ylvc~rOxlTE1t:x\ d'~).vo9xv, clvxl te XX\ od;~l%,il t4lrfàv &n~<1auv, t'~n 1.P6:xyavbv al1!16~1V.

( Devenircl di5parallre,~Ire ci n'~lrc pas, changer de lieu, changer de couleur,tout cela n'e!1 qu'une suile de 111015vides Inventéspar les I~ommcs.»

Page 87: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOlitP DE L~1rs \"CI10lOGlE liES CitU7SGi

Il y a ici deux distinctions corrélatives considérables posées

pour la premi~rc fois avec clarté d'un coté le monde de

l'l;lre auqucl correspond la raison qui Ic saisit par une intui-

lion directe et certaine; de l'autre le monde du non-étre que

les philosophes anlérieun conçoivent comme un mélange incx-

plicable, une confusion impossible de l'Ètre et du non-étre, et

auquel correspond l'opinion avec ses hésitations, ses incerti-

tudes et ses errcurs 1.

Mais celle opposition n'a pas ait fond dc réalité et le système

méme la déli-uit en supprimant l'un des termes". Le non-être

n'étant rien,' il ne reste évidemment que l'Èlre. Il y a plus

l'opposition sc fond non seulement entre les diverses espèces

apparentes d'èlres objectifs, mais l'opposition entre le sujet qui

pense et l'objet pensé s'évanouit également. La pensée est

identique à son objet, et par conséquent le sujet est identique à

l'objet. L'Ètre est absolument Un, et absolument tout il est

immuable et immobile; on ne peut pas dire qu'il sera ou qu'il

a été, puisqu'il est maintenant, puisqu'il est partout à la fois,

puisqu'il est tout 3.

L'être dé l'Ètre est continu c'est la continuité de l'Unité

absolue qui ne souffre aucun intervalle, aucune suspension,

aucun temps d'arrêt. Il est donc éternel car qui lui aurait

donné naissance? '1 L'Ètrene saurait naUre de l'Ètre cela est

contradictoire, puisqu'il serait avant sa naissance. Il ne saurait

non plus naUre du non-étre qui n'est rien, Il n'y a pas pour

l'Ètre de commencement, de devenir 4. La raison ne peut con-

cevoir que de l'Ètre il devienne autre chose que l'Èlre, c'cst-à-

dire lui-même; il ne devient donc pas il demeure. Le devenir

de l'Ètre est proprementl'identilé, Il n'y a ni changement ni

mouvement, par conséquent pas de devenir. C'est l'identité abso-

J V. .18.ol 91 V. 47. &¡.L1j¡(1J.vl"ljyà:p iv 1J..hw'l<1~T.6!'1'vi55vnelctyxirèvvdov.

Aprèsnoir dil, 3.1.aîtcepI,i ¡.r.~IjV:1Id conclut, v. 51. Nijvr,b'éw ¡.Lù6o:Motohht!ul.

a 1'. G1. inci n·mianv 1..¡.L~1jniv iv t\l"'XE;,t l'. 65, W. f,j. ov yà:pUn, xxi âp/r.

Page 88: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PAll\IÉ."IDE c5

lue'. Il est indivisible, partout et toujours semblable lui-même;

il ne contient jamais ni plus ni moins d'être il est tout entier

plein d'étre. L'Être est inséparablement et' sans aucune discon-

tinuité uni à l'être, et il n'y a pas d'autre être que l'f:tre. Le

devenir disparait, et la mort est inconcevable 2. Tout cet

ensemble que les hommes appellent lé Tout, ou ils croient voir

multiplicité, naissance et mort, ê[rc et non èh'e, changement

de lieu, changement de couleurs et de formes, ne constitue

qu'un Nre unique, toujours identique lui-méme, simple et

sans parties, immuable et immobile. Sans commencement, sans

fin, on peut donc le comparer à une sphère.

Niais à quelle réalité objccti\'e Parménide appliquail-il ce nom

d'f:tre, et les attributs esscntiels qui le déterrninent? Ce n'est

pas chose facile à dire. Il n'y a rien qui autorise croire que ce

soit Dieu 3, quoique Xénophane ait eu déjà une pensée analo-

gue. C'est encore moins le monde et la nature car le monde

phénoménal s'évanouit dans un système qui nie toute plura-

lité, toute diversité, tout changement, tout mouvement. D'un

aulre côté que peut signifier celle doctrine do l'identité de' la

pensée et de l'f:lre'1 Et comment concevoir qu'un philosophe

qui a conçu l'~tre à la fois comme Unité absolue et comme

pensée, ait pu avoir une théorie physique qui se rattache sensi-

blement la physique ionienne, et à celle des pythagoriciens,

Il semble que sur la trace"de cette dernière école il ait voulu

non pas nier le devenir, ni la pluralité, ni le changement, mais

cherché l'essence et la vraie notion de l'Être ailleurs et au dessus

de l'être sensible, en dehors de la multiplicité et du mouve-

ment. L'être vrai des choses n'est pas ce qui nous en apparalt

ce ne sont pas ces qualités changeanles, qui passent, naissent

et disparaissent; c'est au contraire ce qui en elles demeure

1Y.85. tw.h6~t'lv tW~t<Ï>uc WévorX'2.6'twVtbuxdt;.e.,9 V.76. t¿; ylveaicWpr~nl'J¡J~!1u,xal Œt.OtOÇ~.e9po;.a

cependant l'inlerprélationdo Brandis maisles passagesd'AmmoniussurAnslole,de In(e~p.,f. 58 et d'.lrislotempmo(de .t'enoph..llel.d Corg.,c, .&,p, 978,b. l' ne meparai~ientpasavoirla signiGcaliouqu'ilsleurdonnent.

CI\.UG~ET.P~yrAaloplc. 5

Page 89: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEDE L.1 I'Sl'f.IIOLOGIEDES GI\F.CS6G

identique à soi-même, et se dérobant à la sensation trompeuscn'est saisie que par la raison. Le réel des choses c'est leur

Unité et celle unité est une idée, une pensée. C'est celle

pensée, c'est celle Unité que doit poursuivre la science pourrésoudre le vrai problème de l'~tre, encore qu'il no faille pas

négliger tout cet ensemble d'apparences que nous connaissons

par les sens, mais qui n'ont pas plus de réalité que les sens

n'ont de véracité.

Si nous les consultons, au lieu d'un principe nous en pose-rions deux, opposés l'un l'autre la fois par lour substance

et leurs qualités l'Un est le feu et la lumière, substance

légère et rare; l'autre est la nuit, substance, grave et dense.

Toute chose est, dans ce système, qui est faux l, le mélangeet le rapport de ces deux éléments contraires, dont un seul est

vraiment existant, car il correspond à l'Ètre, et l'autre au non-

être. Parménide symbolisc à la façon mythique celle oppo-sition par celle du mâle et de la femelle. Au milieu de l'uni\'ers

formé do sphères concentriques, siège, comme la Hestia et le

feu central des p)'thagoriciens, une déesse, qui a produit les

choses et engendré les dieux, et qui maintient dans l'ordro 10

Tout de l'Univers,

Chaque chose, et l'homme par conséqucnt, est composée du

mélange de ces deux éléments; mais l'un d'eux, le lumineux

ou le chaud, est le principe de la vie, est l'àme, dont 10nom est

chez lui, non pas '}ui' mais No~ Tout être qui est pense;CIcar ce qui est est en toute chose et en tout êtrc la mémo

chose que ce qui pense 9 fi.savoir, l'organisme naturel, 1'Ú'1IC

,4sXiwv», c'est-à-dire, j'imagine, le mélange des deux éléments.

\1 \fais l'élément dominant est la pensée. On ne sait tropcomment concilier co passage, d'où il résulte que Parménida

ne distinguait pas deux facultés de connallro et confondait la

1 fil. 1t~).V1j¡.¡lv~1f101v.t 141. y~p b

ëOflv G7LEp ippovlti, ¡.¡d.1wv q;~01;

.sa Tàp1tHov~osiv6""¡'¡!:I.

Page 90: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Pl~P,5l~IDE 61

sensation avec la raison t, avec les passages précédemment

cités où il les oppose si fortement l'une à l'affire, et où il fonde

l'impossibilité du non-être sur l'inconcevatiilité do sa notion

rationnelle, qui n'est qu'une fausse opinion transmise par l'in-

termédiaire trompeur des sens.

Ce qu'on peut supposer de.plus satisfaisant pour résoudre

cette contradiction, c'est qu'il concevait l'esprit, N,,U- non

comme un mélanoe, un composé, mais un tout parfaitement

un, quoique matériel dans sa substance. Il n'y a-pas de parties

dans l'âme elle agit tout entière dans chacune de ses pensées

mais il y en a de claires cl il y en a d'obscures les unes sont

celles où domine l'élément du feu, les autres celles où domine

l'élémcnt du froid.

Il ne faut, d'après Parménide lui-même, attacher qu'une

importance médiocre aux résuUats toujours douteux de l'obser-

vation expérimentale et de la science physique. Si nous faisons

donc abstraction de cette partie de son système, le reste est à

peu près ce qui suit

La pensée pose l'existence de son objet; ce qui est pensé

est; ce qui n'est pas pensé et ne peut l'être n'est pas. Tout ce

qui est pensé est donc, est l'1;(re, c'est-à-dire est Un de plus,

l'être est la pensée même ce qui est pensé, c'est une pensée.

L'êtrc pensé et la pensée de l'Ètre ne sont qu'une seule et

même chose 2, Nous sommes donc arrivés déjà la théorie de

l'Unité absoluo, de l'identité du sujet et de l'objet. A ce point

1 C'estd'ailleursainsi que l'inlcïrNe Tliéophraste,de Senau 3 Aristole, Altl., IV,5, 1009,b. t2, ci Dio¡;~nede L., 1\, 21!.Uonilz,sur le t~assagcoe h Jlélaphysiqut,dil I:clerom quooMislolelrs Empedoclem,ParmcnidcmAnaiagoram,idemslaluisscdie il Œï<1~'I'1LVel cavendum est ne ejus auctorilati nimiumfidei lribuamus.nimirum il ver.us (les vers de I'arménide cilés par Aristote), el ca sunl carmini,

~rle, qua 'tir 'ltfQ; &6tu-0elponil thilosolilius, ci oblemperans \ulgalis opinionibuswrilalem asseqmne ipse quidem si videlur. 1

t Dansquelle mesureParmEnidca-I-ilcu consciencede la portée de sa proposilionJ'~lre ci la pensi'e sonl idenliques,c'esl ce qu'il esl difficilede déterminer. Urandisne\"Culpas y.voir l'idéalisme subjœlir moderne: il dy a de réel quc la I;'I;n~e; cl jepense qu'il a raison; mais je ne puis m'em~cher de croire que l'armémJc entendait

que la pensée e51un allnbul in~parable de l'f:lrc, el par con~qucnl quo loul lIre

pense l'rki~mcnl par.:e que l'lire seul est pcns~. Maisil se pourrait que par penséeParmen1docDleDdill~sensalion,mêmela plus sounte el la plus obscure.

Page 91: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L.1 PSYCHOLOGIEDES GRECS68

de vue qui intéresse si non la science de l'àme, du moins la

théorie de la con~issnnce, le système élcaUque mérite une

place dans l'histoire de la psychologio c'est l'applicationidéaliste du grand principe que la pensée est uno assimilation

du sujet et de l'objet. Si l'esprit peut connaUro la chose, c'est

qu'il peut la contenir, et qu'elle a en lui sa demeure naturelle

or J'esprit cstle lieu des idées donc la chose qu'il reçoit en

lui pour la comprendre n'est qu'une idée, La différence entre

le contenant et le contenu, entre le fond et la forme n'cRt fondée

ni dans les choses ni dans les pensées. Telles seront les conclu-

sions où aboutira l'idéalisme moderne et dont il importait de

signaler le germe dans la doctrine des éléates, et du plus grand

d'entr'eux, de Parménide.

Zénon d'Élée, le disciple et l'ami de Parménide l, a partagétoutes ses convictions philosophiques, mais au lieu d'en démon-

trer la vérité par des preuves positives, a cherché à réduiro

à l'absurde la doctrine opposée, savoir la doctrine qui sou-

tient la réalité de la mullipliciléel du mouvement. Cette méthode

de réfutation, qu'il maniait avec une extrême force et une

rare habileté, mais qui manifestement a frayé la route à la

sophistique et à l'éristique, est sans doute la cause pour laquelleAristote le nomrne l'Incente~m de Iv Dialeclique Il c'est son

seul titre pour figurer dans l'histoire de la psychologie.

1l'iévers.190-.185,Seil. Emp~,aJv. Jlafh.,1'll,1j D.L., 1'lll,51; IX,25.

Page 92: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE Oï\'ZI~,1(E

ANAXAGORE

Aristote nous apprend qu'Anaxagore était plus âgé qu'Empé-

docle i, et que ce dernier était le contemporain un peu plus âgé

de Zénon l'éléate. Il était né à Clazomène en Ionie,vers l'Ol. LXX

=501-407 avant J.-Ch. q, et était à Alhènes immédiatement ou'II

peu de temps après la guerre médique; après y avoir longtemps

vécu et longtemps enseigné, il avait dû, menacé par une accu-

sation d'athéisme, s'enfuir à Lampsaque, où il mourut l'âgo dc

72 ans. C'est lui qui amena la philosophie à Athènes, que l'éclat

des victoires de Marathon et de Salamine, aussi bien que le riche

~l brillant développement do l'éloquence, de la poésie drama-

tique ct des arts avait faite le centre et le foyer de la vie inlel-

lectuelle et morale de la Grèce. Il s'y était lié avec Thucy-

dide, Périclès et Euripido, peut être même avec Socrate, et l'on

signalait non sans raison dans l'éloquence de l'un et dans les

lragédies de l'autro l'inlluence de sa tendance analytique et

psychologique.

Le nom do Nou, que lui donnait ironiquement le syllographe

Mmon, indique déjà le caractèro de sa philosophie et l'impor-

tance qu'elle doit avoir dans -celle histoire de la psychologie

grecquo. Au milieu des philosophes qui s'abandonnent à leur

imaginalion pour construire a Priori le système du monde, qui

ferment pour ainsi dire les yeux à la réalité et à l'expérience,

111el.,1,3.Itermannlefaill11llred'apresdesaculs peujusti6t!svers1'01,61, 3 = 531.

Page 93: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDR LI PSYCHOLOGIEDES GRECS10

Anaxagore apparalt aux yeux d'Aristoto comme un homme II

jeun au milieu de gens à qui le vin a fait perdrc la raison 1.

Cependant Anaxagore est loin d'avoir tiré du principe fécond

qu'il avait posé tous les riches développements qu'il contient:

ce n'est pas seulement Platon, c'est le même Aristote qui le lui

reproche: Aristote se sert de son N~,3,-comme d'une machine

pour créer le monde, !L-'ll.7.vÿ¡r. tilv et ne l'intro-

duit en scène quo lorsqu'il est embarrassé d'expliquer les

chô~es par les causes fatales 'S!, c'cst-li-dire par les causesnaturelles et secondes en quoi il reste fidèle à la tendance de

la philosophie antérieure à Socrate.

Cependant s'il n'en sait pas faire un assez fréquent usage, il

serait injuste de refuser à Anaxagore le mérite d'avoir introduit

dans la philosophie un principe véritablement nouveau; c'est

sans doute ce qu'Aristote veut dire dans celle brève II obscure

notice de la .llétahle fsiqele, où il remarque qu'antérieur à

Empédocle par la date de sa naissance, il lui estpostérieur par son

œuvre 3, c'est-à-dire qu'il se rapproche davantage de la science

moderne par ses idées et ses doclrines Ce principe, qui fait

pousser un cri d'étonnement et d'admiralion joyeuse à Socrate 5,

c'est que le monde ne peut s'expliquer que par l'intervention

d'une puissance incorporelle, d'unecause immatérielle du mou-

vement et de l'ordre de la matière, d'une cause intelligente ou

d'une raison, puisque l'ordre est un caractère de l'intelligence

1J[tI., 1, 3, 98d,b. t5: Quandunhommevintdirequ'ililavaitdm, la.naturecommedanslesanimauxuneinlelligencequiest la causedu mondeci deloull'ordrequiy ~clale,cethommeparulseulavoirconservésa raison,vi,4pcùo, aumilicudesopinionsarbilrairesci I~m~raircsde sesde\'anCÍers,1

t .llel., 1.4..3 ,flel., l, 3, 981.a. 9. iotc d'épyovç~o-npo'"

Id., 1, 8, 989,b. 5. XXIVO'ltPU\"EI1Ttp¡;"Uy" Id., b. 19. 'lt2p::t1t).T.o-IO','toi,5aupov Hyovol.

s .\ri51.,ilet., l, 3, 98~,b. t9: Si Anaxagorec.slle premierdontonpuis..<oaffirmercl prouverqu'ila cucespensées,ona quelquesraisonsdecroirequ'ilcrmo-limede Clazonièneles availeuesavantlui. 1 &1-<0à lui qu'Aiistolefaitallusiondansle DeAnip~a,1, 2, !0-L,a. 23,où,aprèsavoircildAiiiiagore,ilajoute: ouceluiquia dil,c'cslsi un autrequ'nangorc, que sd 7civ€xiv,aa n`orl~. Onsailpeudechosed'llermolime.Conf.Carus,Ideen Ceach.d. Phil., p. 330-399.Deller'molim.Çlas.Commfnl.,18l5,p.1I''go. DClUloger.

Page 94: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ASAXAGOnr. 71

et de la raison, et que la cause doit concevoir et connaUro le

beau et le bien qu'elle réalise dans les choses par sa puissance l,et pour l'y réaliser, L'esprit est cause de tout ce qu'il y a de

beau et de hon dans les choses Il. Le point de départ d'Anaxa-

gore était une conception toute physique. Il y a dans la nature

deux. sortes de choses et d'L~lres les êtres anhoméomères quisont composés, et les hom60mèrcs dont ceux-ci sont formés.

Ces derniers ont pour.caractère que leurs p~lI'tics sont toujours

semblables, si loin qu'on puisse pousser la division, au tout

dont elles sont tirées. Une goutte de sang est du sang, un

fragment d'os est de l'os. C'est en cela que la conception d'Ana-

xagore dinëre de celle des atomistes. On a beau pousser la

division l'infini, on trouve sans doute un nombre infini de

particules infiniment petites; mais si petites qu'elles soienl, elles

auront toujours à l'origine les propriétés spécifiques qu'ellesmanifestcront plus taril. Car loin d'être indéterminées, ;1t~I"l,les

homéomèries d'~lna·caâore ont de toute éternité chacune leur

essence propre, leurs propriétés, leur figure, leur couleur.

Cependant elles ne sont pas simples, et tout au contraire. Chaque

homéomêrie, et il y en a un nom]~re infini, quoiqu'infiniment

petite, conticnt une infinité' d'autres homéomèries: en sorte

que tout est dans tout, tout participe de tout 3. Il n'y a pas do

minimum, puisque cc minimum contient l'infini, il n'y a pas de

maximum, puisque ce maximum si grand qu'il soit est contenu

dans quelque chose. L'infinie pelilessc est égale l'infinie

grandeur 1. Cclle pénétration ct cette confusion infinie de toutes

choses en toute chose, constitue, avec l'immohilité absolue 5,

l'état primitif des choses. le chaos originaire, et c'est par là

qu'Anaxagore explique ce qu'on appelle, à tort suivant lui, une

1 Fragm.8 ci 23. mh~"1lyvfoJv~o:'Pl,zl.,Ph~d.,07,b.

3 rr. 5. a9v w 1t"lv~1xzl 1tiv lx 1t.:xv~Fr. 8. Iv1t"lV~'yàp 1t"lV~1):IEOIpxÉYE7TLY.

t Fr. 5. rlrf, râp sn8ayxpo0 ré [on ~i)ypxies soryaEYâ~e·~âEléan l1EttOV,rOOV['TrIT:pOII.lXP'~axi,6o;.

s ~lrisl., Phye.,1'lll.Ÿ,P!IlOÚVT"l,

Page 95: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA PSYCIIOLOCIF.[JE.<;GRECS~a

création. Il n'y a pas création rien ne natt ni ne périt; il n'y

a que des changements de place qui, par le mouvement, unis-

sent ou séparent les corpuscules Si une chose parait nallre

d'une chose différente, c'est qu'elle en différait seulement en

apparence elle contenait, invisibles mais réels et en nombre

infini, les éléments mêmes dont elle est formée, La cause con-

tient toujours réellement son elfet, les principes et les éléments

substantiels qui le composent, bien qu'ils y soient insensibles.

La causation n'est qu'une transformalion. Rien ne vient de

rien. Les germes des choses, préexistent éternelle-

ment, en nombre infini, et infiniment dilférents les uns des

autres

L'univers aurait éternellemontsommeillé danscelle confusion,

dans ce désordre et celle immobilité, si l'esprit ne ftlt intervenu

pour séparer les éléments les uns des autres, et les unir les uns

avecles autres, pourdonner aux chosesetau tout leur forme, leur

essence, leur beauté, et faire du désordre et du chaos sortir

l'ordre, c'est-à-dire lé monde 3: c L'esprit est la cause premièro

du mouvement; c'est par ce mouvement universel des choses

qu'elles se séparent et se distinguent. Tout ce qui est mû par

l'esprit prend une essence distincte, et le mouvement circulaire

des choses, déjà mues et séparées, ne fait qu'accrollrc encore

davantage leur distinction de nature Il. « Tout participc de

tout r, dit Anaxagore; l'esprit seul, \'07;, est quelquc chose

d'infini, d'absolu, puisqu'il n'est confondu avec rien, lié avec

rien. Il est maitre de lui-m~me et ne dépend que do lui-même;

car s'il ne dépendait pas que de lui-même et de lui seul, et qu'il

fùt uni et lié avec une quelconque des autres choses, il partici-

perait de toutes, Toute chose en clTet participe de toute chose.

Cette participation ot celle confusion l'empêcherait d'exercer

sur les autres choses son empire, comme il le fait parce qu'il

Fr. 2' o-idivY2P1.pi¡\1~ylnul'Fr. 6. O'UPI1':ÍTWV<iltdpwva~i,9ovçG"ai'iéovxbsw&n"¡),/)\D. L., 1,el Il, 6. voW4' ix9dvsnavrx tlnl)OI1T,a~II'Fr. n el 18.

Page 96: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

A1\AX,\GOIIE i3

est seul, indépendant et cxislant par lui-même, De toules les

choses il est la plus subtile et la plus pure l,

L'csprit connail tout d'une connaissance entière il a sur tout

une puissance souveraine. Tous les êtres petits et grands qui

ont la vie ont pour principe suprêmc l'esprit. Le mouvement

circulaire qui entraine l'univers a pour auteur l'esprit, et voilà

pourquoi ce mouvement est primitif Il a commencé par mou-

voir une petHe partie de 1'univers:lil s'étend aujourd'hui une

plus grande, et ira toujours en s'étendant davantage 3. Voilà le

premier germe de l'idéc du progrès. L'esprit connait les choses

et dans leur état de confusion et de mélange, et dans leur élat

de séparation et de dislinclion il connait les choses telles

du'elles devaient être, telles qu'elles ont été, telles qu'elles sont,

telles qu'elles seront 1. L'csprit a mis l'ordre dans le monde il

est la cause de ce mouvement circulaire qu'exécutent les astres,

le soleil, la lune, l'éther, depuis que ces corps se sont formés

par un mouvemeut qui a séparé les élémenls les uns des autres

et tous du chaos, qui a séparé le dense du rare, 10 chaud du

froid, le lumineux de l'obscur, le sec de l'humide.

1 Jlols qui doil-cnl~Irecnlcndu;;au sens métaphorique;car le car;¡clêrede ['esprit,d'aprés Anaxagore,c'esl de n'a\-oir aucune affinité, aucun rapfeil, ni mêmeaucunconlaclacecla matière, d'lire &11IY7">lJiI-anll'expressiond'Arislole; car « toutélément

{(rangerqui y apturail le lrouble, le K~neel l'obscurdl cn y projel.1nlcommeuneombre. w Dt Anim., 111,4, 3.

2 1on pas que le mou\emenllui-m~Dlesoil prirnitif; car le mouccmcnlcommencc:

Anaxagoreva le dire 11l'irbiant; el il a un comrnenccmcnlprécisEmcnlparce qu'il aa

pourcausel'Espril qui esl 1'0ni re, le Dien,el que l'Onlre n'csl pas primilif..1u con-traire le Désonlroabsolu, qu'Anaxagoreplace à l'origine des choses )l zxwT,swyà? !ÍP1.Ef21dit Arislole,de Ctel., III, 2. Nlaisle premier mouvementm~le mouvementcirculaire, parce que c'eslle mouvcmcnlde l'Ordre mPmc.

3 l'xs délails semblenl exclure l'interprétation de Simplicius qui supposeque leC'Jmmencemenldu mouvementn'{lail pas réel pour Analagore, el qu'il ne l'adlllelL1il

quc "JX2lhç 1.&p"I, Toules choses étaient dans la confusion cl l'immobililé

derotli5l'rJemilé, zw ~7t[!?'>vZP~v,>v c'esl l'Fspril qui leur imprimale 1D0U\'cllltulelles sépara, itixpty-it. >· ~lrisl.,nhya., 1'lll, l, 250. Eudème,ciil' l'al' Simpliciuslui-m~me,reprochail1lAnaxagore celle doclrine, 11savoir,d'a\"Oirdonnéun commen-cemenl au 1D0u\emenl. rn ~T,7tp6npov rùu2y a?bl<16alnoTEHY(I ri,v xivljolv.Simi-lie.,in [Jhys., 213, a. o.

1 Celle connai&mnccde la formo Mure et ordonnée des choses, antérieure à laréalisationde ccl onlre, constitue ~\idcmmenlune Dn,un systèmede fins d'après1~"lueUe.sl'Espiii conslruil le monde.

Page 97: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L.\ f'31'CIIOLOGIEDES Gm:csn

La multitude des choses est infinie, et chacune contient Une

infinité de parlies. A l'exception do l'esprit, aucune chose n'est

jamais complèlcment séparée de toutes les autres, Tout esprit

soit grand, soit petit, est semblable de nature. Il n'en est pas

ainsi des choses. Aucune n'est semblablc aucune autre. Leur

différence provient de la différente quantité des éléments qui

prédominent en elles; ce sont les éléments de mème nature

prédominant par leur nombre en chacune, qui constituent

son unité et son individualité sensibles 1.

Ainsi Anaxagore considère l'esprit comme principe de mou-

vement et principe d'ordre, c'cst-à-dire de perfection. C'est

une substance pure de toute composition, de tout mélange, et

elle est la seule de toutes les subst<lnces qui se dérobe à cette

loi. L'esprit est donc immatériel, puisque c'est la loi de toute

substance matérielle d'ôtrc composée. Sans doute on peut dire

que l'immatérialité n'est pas une notion dont Anaxagore se soit

parfaitement rendu compte il parle quelquefois. de l'esprit

comme s'il était une grandeur. Il dit que les esprits des difi'é-

rents êtres ne diffèrent pas en espèce, mais en grandeur, en

quantité i: les uns' sont plus grands, les autres plus petits. Il

considère l'âme comme la plus fine et la plus mince des choses,

Â2:rT6rxicv"Ínwv Zp",p.ÍTwv, et immanente en elles. Il allache une

importance essenticllc à la supériorité dc l'organisation physique

de l'homme, et il y voit une marque, encore plus, une cause de

sa supériorité morale: c'est parco qu'il a des mains, dit-il, quc

l'homme est le plus intelligent des animaux. Mais s'il n'est pas

1C'eslcequeSimplicius(in Arial. de Co' p. (55)exprimeeltirementpar lesiiiots-,t2ir»E1CIxp:in' et (Phys.,1, 1) ETO'Jdè 'IIht" [1.uEx0I4T0'T9'JTQ7pxE;YEt'll!TŸ,Y'J?l'I TO~J'IIp:iYI1~t'i..Conr.!.ucr"l, 875.

Utomnibusomnci,;11('pulelimmixtasrebus 1~lilare,M illud

Aptarel~unnnt,quojussiniplurimamillaElmagisinpntmpluprimaquoin fronlelocala.

Fragni. 8. v6,j-,;>:ni. ~11~ E"nxxl ¿ I1f~w',xnl 4 1).4aitov.Uem2me

llippoq" de Uio·l.,I. 650,k. -riktl-î('v~~yTaWTb n9m Tolcll1':r~z,)'I.Jr.¡1.1¡lI¡vo3YâEi1,11'){1jn\ w I1El{ovlxai't'i E?.zaaom·

Page 98: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

nw racnnr; ;5

partout fidèle à sa propre doctrine, si l'imperfeclion du langage

philosophique l'entralne à des contradictions apparentes que la

science moderne no pârv·ient pas elle-méme à é\'iter, on ne peut

contester séricusement qu'il a établi la plus profonde et la plusessentiellc différence entre l'esprit et hi matière, puisque l'un

est une substance éminemment simple, l'autre, môme dans ses

éléments infiniment petits toujours composée. C'est donc

certainement une erreur de Plutarque de dire qu'Anaxagorefaisait de l'âme un corps, et un corps de même nature quel'air t. Il n'est pas possible d'être plus clair et plus affirmatif quene l'est Aristotc sur ce point. « Anaxagore fait de l'esprit, et de

l'esprit seul un êtrc simple, et une substance pure de tout

mélange 2 J.

A cette substance pure et immatérielle, il donne comme allri-

buts à la fois le mouvement et la pensée 3 il y a plus, il iden-

tifie la pensée et le mouvement; » Anaxagore pose le bien,

comme principe parce qu'il meut. Car c'est l'esprit qui meut

mais il ne meut que parce qu'il a un but 4. J Ce but, c'est le bien,c'est l'ordre, qu'il connaît, puisqu'il s'y dirige et s'y porte.

MalgrÓ quelque confusion de langage, d'où l'on pourrait con-

clure qu'il établit une distinction essentielle entre l'esprit et

l'Sme, le principe de la pensée et le principe de la vie et du mouve-

ment, Anaxagore ne reconnalt dans les êtres individuels comme

dans le tout qu'un principe de l'un et de l'autre ulx ~~zm5.

L'esprit est la cause universelle: 'tbv YGÛYnp~'f~YfLi).'IJt'l.dVT(J)'16.

La pensée est le moteur unique de tout et du tout 7, asuivait ici la pensée de Démocrite, mais, dit Aristote, avec

moins do précision et de clarté « l'àme est aussi pour Anaxa-

gore co qui meut; car c'est lui qui a dit, à moins qu'il ne l'ait

Plut., 20, 3 ci I1',3, 2. âcFocvF9,i7.cybv'tExni aG~pz.t DeAn., l, 8, 13.3 Id., id., &1t':¡~lo!;wol~'<i'1'9wsT,T6Tg ygvtàaxttvX- ~1)xwaiv.

.Ile~ XII(A), 10,p, tU75.De An., 1,2, 13.S DeAn., 1,12.13.

Id., id., vev x"o":1(\r~ 'ltiv,

Page 99: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI PSYCI[OLOGIEDES Gnr.csi66

emprunté d'un autre 1 L'esprit a donné le mouvement à l'uni-

vers. Il y a cependant entr'eux quelque différence: Démocrite

identifle absolument l'âme et l'esprit, car pour lui les choses

sont réellement ce qu'elles nous paraissent être: le vrai est ce

qui se manifeste à nos sens, Tb YzpŒh1f)!çdV:l.1't~ 2 ca

C'est-à-dire que, puisque le principe de la vie se confond avec

le principe de la connaissance, la sensation ne diffère pas de la

raison. Il n'en est pas tout à fait de même d'ilnaxagoro « sou-

vent on l'entend appeler l'esprit, N~ijv, la cause do ce qui, dans

les choses, est beau et bon », et par conséquent il semble le

distinguer de la cause de ce qui est en elles mal et laid « mais

ailleurs il identifie l'esprit etl'àmc, puisqu'il soutient quo tous

les êtres animés, grands et petits 1 supérieurs et inférieurs

possèdent en eux l'esprit; par' où il ne.peut pas vouloir dirc

l'esprit qui pense, car il n'est pas possible d'attribuer la pensée

à tous les animaux indifféremment et non pas même à tous les

hommes 3 JI,

Cette doclrine, que l'àme et la raison ne constituent aux yeux

d'Anaxagore qu'un seul et même principe, se retrouve affirmée

dans un ouvrage longtemps attribué à Alistote, mais qu'on lui

conteste aujourd'hui. Il Comme Démocrite et Empédocle, dit

l'auteur, Anaxagore prétend que les végétaux mêmo ont un

esplit et la pcnséo, v~ij'l:~x1Ils disent également que

les végétaux sont mus par le désir, et affirment qu'ils ont la

sensation et qu'ils connaissent la douleur et la joio; et Anaxa-

gore pour soutenir que ce sont là des êtres animés, qui ont la

sensation et la sensation de la douleur, se fondai! sur la propriété

qu'ont leurs feuilles de se développe!' et de dépérir 1 J.

Il est assez difficile d'accorder cette identité de la causo de

la sensation et de la pensée, ou du moins de la vio sensible et

de la vie intellcctuellc avec l'opposition qu'Anaxagore maintient

1 CclaulroscrailArchéliùs,d'apresPhilopon(in h. l.).2 Ansl.,de An., 1, Y,5.3 Id., 1, 5.

Arisl.,de Planfi.t,l, l,

Page 100: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ANAXAGOnr. il

avec une grande force entre la sensation même et la raison.

« Les organes ne sont, dit-il, que les instruments de la sensa-

tion c'est l'esprit qui est le principe de toutes les sensations t,J

l.es sensations elles mêmes sont des formes très imparfaites

de la connaissance, et c'est cette imperfcction qui nous rend

incapables de discerner la vérité, dont la raison est le seul juge

compétent et infaillible i), ( Les choses ne sont, pour les gens

raisonnables, que ce que la raison et non pas les sens les leur

montrent 3 D. IIlc prouvait ainsi c Si l'on oppose deux con-

leurs, le noir ct le blanc, par exemple, et que l'on verse dans

l'une une goutte de l'autre, la sensation ne nous avertira pas

du changement qui s'cst opéré et que la raison seule allëste,

Le changement est insensible, et il est réel cependant 4. )1De

même c'est la raison seule, et non les sens, qui peut nous

apprendre que tout est dans tout, ct que chaque chose indivi-

duelle ne reçoit une essence et un nom particulier que de la na-

ture de celles des homéornèries qui y sont en plus grand nombre

que les autres, lesquelles y son cependant eu nombre infini.

C'cst cette opposition entre le jugement des sens et celui de

la raison qui explique qu'Anaxagore a pu parallre nier le prin-

cipe de contradiction et soutenir qu'entre l'affirmation et la

négation, il y a un moyen termo « C'est le témoignago des

sens qui a fail nallre cette opinion, savoir, que les conlradic-

toires et les contraires sont vraies en même temps car on

voyait d'une même chose naUre des choses contraires. Or puis-

quo le non-être no peut pas naUre, il fallait do toute nécessité

que la chose mt antérieurement les deux contraires comme

le souticnnent Anaxagore, qui dit que tout est mêlé dans tout,et Démocrite, qui enseigne que 10 vide et le plein se trouvent

l'un commo l'autro dans chaquo partie des êtres or 10 plein

c'cstl'êlre, 10vido c'est 10non-étre 5. ])

1 Tbcopllr.,de Scnau,3B.Fragm. 25, Seil. Emp.,Adv.,J[u" \11,91. '(~v).6yovrgn Xpltf,pIO"clvm.

Ari-sl",1/cl.,IV,5.1 Fragm.R5.s Arh1.,.1/tf:,11',1009,a. OU.

Page 101: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE I~\ I'S1-CIIULOCIEDESGRECS18

c Puisque toute chose est un mélange,le mélango du bien et

du non bien n'est ni bien ni non bien; on n'en peut affirmer

rien de vrai. Mais quand Héraclitc dit que tout est et n'est pas,

il semble vouloir dire que tout est vrai, tandis du'~lnavaQore en

soutenant qu'il y a un moyen terme entre les deux contraires

semble dire que tout est faux l, HTout est faux, dans les choses

sans doute, puisque toute chose est la fois ce qu'elle est, et

ce qu'elle n'est pas, c'est-à-dire les deux contraires, 7\"pGiJ1r1¡~1.£'~

Óf1IJ(w;-rJ;¡7\i'Y!J.'1(if11'~)ry. \Iais cela n'empéche pas que les

choses ne soient. La contradiction, l'opposition est de l'essence

de l'ètre naturel; il n'existe que par le mélange des contraires

et par cette contradiction même.

Mais puisque, gràce la raison, l'esprit saisit cette contra-

diction dans les choses et les pense telles qu'elles sont en

réalité, la contradiction n'est pas d'ordre intellectuel et logique.

L'esprit n'est pas dans le faux, précisément parce qu'il voit le

faux des choses, et il n'y a pas de raison de croire qu'Anaxa-

gore nie la possibilité même de la connaissance, comme le

prétend Cicéron, qui le range avec Socrate, Démocrite et Empé-

docle au nombre de ces philosophes, cr:qui nihil cognosci, nihil

percipi, nihil sciri posse; angustos sensus, imbecillos animos,

brevia curricula vitæ, et, ut Democritus, in profundo veritatem

esse demersam. dixerunt ».

La sensation a lieu par l'action du contraire et non par

l'action du semblable; car le semblable n'éprouve aucune

modification du semblable 3. C'était également l'opinion d'Hé-

raclite, contraire à celle de Parménide, d'Empédocle et de Platon.

Toute sensation est accompagnée de douleur comme il est

naturel, puisqu'elle a lieu par un allouchcment, et que tout

allouchement d'un contraire provoque un sentiment pénible,

n6vov7\xpll.U- Nous voyons la lumière par l'œil, qui est sombre;

1 Arisi., .llel., IV, 1012,a. 21.9 Acad., J. 12.3 Theophr., de Senrrr, § 21,4 Theophr" de Sena., 17. 1ti,v araffraiv dY~1¡ud).\l1ti¡c, S'l!),

Page 102: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

~l\.1XAGOfIF 'j!J

nous entendons le bruit par l'oreille, (lui est silencieuse; nous

goûtons les saveurs par des organes sans saveur. Les organes

ne sont d'ailleurs que les instruments de la sensation. C'est

l'espril (lui est le principe de toutes les sensations 1.

Ce mot caractérise et résume pal'faiLemcnt la psychologie

d'Anaxagore.

Anaxagore appartient à la catégorie de philosophes qui

posent en principe ou supposent tacilement que la cause qui

donne l'être aux choses est aussi celle qui leur donne la per-

fection, la beaulé et le mouvement Q. Ce principe, cet Esprit,

n'a rien de commun avec les éléments qu'il ordonne, et avec

le monde qu'il crée, on peut presque se servir de ce terme,

par le mouvement dirigé par sa pensée sage, 11existe par lui-

même, et les autres choses, du moins leur perfection, n'exis-

tent que par lui. Il est en toutes choses, mème non pensantes,

non vivantes, mais sans participer à leur imperfection, c'est-

à-dire au mélange qui les constitue. Si celle force active et

intelligente n'est pas un Dieu personnel, c'est du moins un Dieu

distinct des choses, tout en étant présent en elles. C'est un Dieu

souvei-ain, un Dieu juste, un Dieu Providence, qu'il appelait

'1,hOXP1TOOP,et qu'il confondait avec la justice 3. Et c'est cet

Anaxagore, qui, par une raillerie cruelle et fréquente du sort,

fut accusé d'athéisme et d'impiété par Cléon au nom des par-

tisans fanatiques du culte ortlrodoao et offlciel, et qui, inutile-

ment défendu par Périclès, dUl s'estimer heureux de sauver

sa vie et d'obtenir comme une gràce d'aller à 72 ans mourir

en exil, à Lampsaque 1 On lui prête, son heure dernière, uno

belle parole un de ses amis le plaignant de mourir sur une terre

étrangère, il répondit de quelque lieu qu'on parte, on prend

toujours 10même chemin pour descendre chez les morts-

1 M.,id., § 38. 'vzE;zYdpaCâp;v 'II'm,nxvsmvtbv vouv.9 AÃsl.,.llcf., l, 3, !lSI,b. 19.3 Plal.,Cmt., ctvm F,Zsa dixnwv5 Hyu 'AvaE;,vo~ dv:u TC,'jTO'(l~TC,X~

TCt~:zrèa~avtLv~n:zxal O~~l'IIIUluYl'-t'/o'/'II~VT(llj'1ja¡Y(lvTbvMa¡tth sà 'IIp:ly-11'1t:1Lv 1tcÍVTIo)'/I¿n:z,

D. L., Il, 11.Conf.Cic.,Tuac., 43.

Page 103: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE Li PSYCI/OLOGIKDES GRECSI!O

Terminons celte notice par le jugement que porte sur notre

philosophe le pénétrant Aristote tt Si l'on voulait soutenir

qu'au lieu d'admetLre une inflnilé d'éléments infiniment divers,

Anaxagore n'en a au fond admis que deux, on pourrait le

prouver par un raisonnement qu'il n'a pas, il est vrai, formulé

lui-m()me, mais qu'il paraH avoir eu présent à l'esprit, et auquel

du moins il aurait nécessairement cédé, si on le lui etlt pré-

senté. Car bien qu'il soit absürdc de direque tout était mélangéau

commencement, parce que 10avant leur mélange, il a bien fallu

que les éléments préexisla.5ent non mélangés, "11£tXT27rro;j:dpzm;

20 il n'est pas dans la nature des choses que tout élément

quelconque se trouve mt~l.éà tout élément quelconque 30 enfin,

les propriétés et accidents seraient alors séparés des substances,

et existeraient par eux-mèmes; car ce qui se mèle peut et doit

se séparer, néanmoins, si l'on écarte celle idée absurde du

mélange absolu, et qu'on cherche ce qu'au fond Anaxagore a

voulu dire, sa pensée paraitra assez neuve eLassez solide. Lors-

que tout était confondu dans ce mélange, lorsque rien n'était

di~tinct et séparé, il est clair qu'aucune affirmation sur la subs-

tance premiére ne pouvait être exacte; aucune qualité ne lui

appartenait réellement; elle ne pouvait être ni blanche, ni

noire, ni grise elle était nécessairement incolore, sans quoi

elle aurait eu une quelconque des couleurs, qui, alors,. n'aurait

pas été confondue et mêlée avec les autres. Par le même

raisonnement nous devons conclure qu'elle était sans saveur et

n'avait aucune propriété semblable. Elle ne pouvait avoir

aucune qualité, aucune quanlité, aucune détermination; snns

quoi elle aurait eu un des genres particuliers de l'Être; elle

serait entrée dans une catégorie déterminée ce (lui est impos-

sible dans l'hypothèse du mélange universel; car il y aurait eu

alors une séparation pour produire celle détermination. Mais

Anaxagore soutient que toutes choses étaient mélangées,

sauf la Raison, seul principe pur et (lui échappe au mélange.

Que veut-il donc dire? CeUe confusion absolue et universelle,

qui est la négation de toutes les dualités et propriétés de l'Être,

Page 104: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ANAXAGOHE 81

o

et en contient cependant le germe, que représente-t-elle en

réalité, si ce n'est la puissance pure? On peut donc dire,

malgré les apparences, qu'Anaxagore ne rcconnatt que deux

principes l'UniLé pure, affranchie de tout mélange, et le 9x~eFov,

c'(kjt-à-dirc l'élément indéterminé, avant qu'il ait reçu aucune

détermination ct qu'il participe à aucune forme précise. Or si

ce système n'est ni exact ni clair, on y sent cependant une

pensée qui se rapproche des doctrines récentes, et est plus

conforme à la nature des choses, telle qu'elle se montre à

nous 1. })

1 .Ilef., l, 8, 889, a. 30. Conf., 1, I, 9, 988, 3,29.

CH."t~lr. Peycholnçfe.

Page 105: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Empédocle, de la riche et florissante ville d'Agrigente en

Sicile, a fleuri vers la LXXXIVe 01. == ~IG av. J.-Ch. Postérieur à

Héraclite, à Pythagore et à Parménide, dont il ressent l'in-

fluence, et dont les systèmes opposés ont laissé leur trace dans

sa philosophie, il est contemporain d'Anaxagore, qui est plus

âgé, mais dont les ouvrages avaient cependant, au dire d'Aris-

tote, un air plus jeune, eL de Zénon l'éléate, qui, plus jeune,

fut l'auteur d'un commentaire exégétique sur son poème de la

nature, Cet ouvrage et les x~xO2p!io(,dont il ne nous reste que

des fragments sont les seuls qu'on puisse considérer comme

authentiques parmi les écrits assez nombreux et d'un contenu

très divers que lui attribue Diogène de Laërte 2. 1\ s'était

occupé, le premier, de fonder l'art oratoire; il avait pratiqué et

enseigné la médecine, la divination, et avait mêmefait des mira-

cles; il n'était pas rcslé éLranger à la politique, ets'était mis la

tète du parti démocratique d'Agrigente. Comme philosophe, il

appartient, suivant Aristote, à l'école d'Ionie, ce qui est vrai,

si l'on veut dire que sa philosophie est presqu'exclusiveffient

Une philosophie de la nature; mais il no faut pas oublier que

dans le point de vue de la philosophie ancienne, qu'accepte

Aristote, l'âme aussi est un être de la nature, et que celle

physique est si générale et si vaste qu'elle embrasse ce que

nous appelons la psychologie. Il y a quatre causes matérielles

1-ISOversen foui.D.L., `711,57.

CHAPITRE DOUZlf:ME

E~IPÉDOCLE

Page 106: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

F)lP¡::DOI:LE 1101

des choses 1 de co monde, primitives, indépendantes, simples,

existant par soi; Empédocle ne les nomme ni éléments, ni

principes, mais racines des choses ?t~6>l"l.n:'i'Í'/TWV.Ce sont

Zeus, ou l'Ether igné, le Feu Héré, ou Junon, l'air qui donne

la vie, 9Eplç~t')ç; Aïdonée ou Orcos, la Terre; NêsLis, ou l'Eau.

Outre ces causes matérielles) Empédocle pose, sans justifier

autrement ni davantage leur existe'nce et leur nombre, deux

principes moteurs et intelligibles, deux forces actives distinctes

de la matière eLseules capables de lui donner le mouvement,

la force et la vie ce sont l'Amour, qui unit les éléments maté-

riels et la Discorde qui les sépare double mouvement, qui en

s'équilibrant, en se faisant contre-poids, concourt à produire

les choses individuelles, mais dont chacun, lorsqu'il exerce un

empire exclusif, les détruit en les faisant rentrer dans une

Unité absolue où toute dilTérence est supprimée, ou dans une

multiplicité infinie. L'amour est sagesse, harmonie, justice,

bonté; la discorde est fureur, folie, lulte sanglante?. L'amour

habite au fond des enlrailles de l'homme, et y est le principe

des sentiments les plus délicieux de l'amitié, de la concorde,

de la joie, et de ces doux rapports auxquels préside Vénus 3.

L'un 6sLcause de la laideur et de la haine, l'au Ire est cause des

relations affectueuses et des penchants que les êtres éprouvent

les uns pour les autres. Ces deux principes sont suprasensibles

ils échappent à la prise de nos sens c'est avec la raison et

non avec les yeux qu'on les peut voir

nw "ù v6~ EEpxsv, ¡J-'1¡8'~¡J-1'1"tv.

Ces deux principes, qui ne sont que les deux moments

séparés de la force motrice et intelligente, Empédocle est le

premier qui les ait post~s 1, dit Arisloto, c'est-à-dire qu'avant

Philopon, Phyi., 1,lell.C, (1.3. TŒGlluaÍTI(1.t ~llI,Tt¡Ci!ai~pw, 'Ap¡.r.')vÍ1¡6t¡.r.tpW'ltIC,2aopyr,'

l~eixo~O.j).I,¡.r.EV')V,1'Zlv6I'-EVOV,¿',PICall'-u6taa:z.J Fragm.v.82 sqq.

Atisl.,Jlef., 1,

Page 107: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE LI PSl-CIIOLOCIEDES GREGS8'

Anaxagore, (lui les réunit dans son principe unique du Nc,Õj"

il a conçu le principe des choses comme une puissance intel-

lectuelle et morale.

Il n'y a pas de naissance, il n'y a pas de destruction finale

il n'y a que combinaison ou séparation des éléments, (J-tçl'et

car il n'est pas possible que l'ètre naisse du non-Nre,

el il n'est pas possible que l'ètrc cesse d'étre.

Ce sont les deux forces motrices de l'amour et de la discorde,

qui, comme des artistes sublimes, compo~ent les choses de la

nature, en mêlant les éléments dans des proportions diverses

mais toujours harmonieuses, tantcit faisant un de plusieurs,

tantôt faisant plusieurs de un 1.

Chacun de ces principes dont l'un peut Nre considéré comme

le.bon, et l'autre comme le mal, ou plutôt comme leur cause,

domine tour à tour 2, par une loi fatale et inexplicable, ou du

moins inexpliquée. Quand c'est l'amour qui exerco sur les

éléments un empire absolu, qui chasse du monde l'action de la

discorde, iS É~1~2T4'IL6T~7CT0\'eï;~o;, les choses individuelles se

l'amassenl en une sphère infinie, parfaitement uniforme, par-

faitement une et immobile, où tout est confondu et indistinct,

sans dill"erence c'est le Spl~airos, E'p1po; xuxlo-rip-rigIJ.JY{'{I

1top'¡yi\' '(oc{oo'/jce qu'tlristote appelle et év, Quand c'est

le tour de la discorde de régner sur les éléments, elle divise,

sépare l'infini les éléments conslitutiCs des êtres et des

choses, dont la forme et l'existence individuelle, dans un cas

comme dans l'autre, sont détruites. Le passago de l'un de

ces états du monde à l'autre ne se fait ni tout d'un coup ni

complètement, mais lentement et peu à peu, et c'esL dans ces

périodes intermédiaires de transition entre la division infinie et

l'unité absolue que peuvent apparallre la vie des étresetla forme

des choses, exclues de l'une comme de l'autre de ces périodes

extrêmes 3.

Y. 126S(jl).i V. IJ7. ILIPES¡(~~lTl~VIJI'3 Y. 19J.

Page 108: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

E11PÉD(N~LE 85

Toute chose en ce monde a reçu en partage la vie, la pensée

et la raison; la vie se manifeste par la fonction de respiration;

aussi tout étre respire et expire, et le phénomène s'accomplit

non pas seulement par un organe particulier cLspécial, tel que

le larynx chez l'homme, mais par le corps tout entier 1. Empé-

docle c~tendail-il celle nblion de la vie jusqu'au règne inorga-

nique ? on n'en voit rien dans ses fragments, mais pour le

règne végétal, la chose n'est pas douleuse: « Nous surprenons

la vie, ~dit Aristote 2, non seulement dans les animaux, mais

encore dans les végélaux chez les uns la vie est patente, mani-

Ceste; chez les autres secrète et cachée. On se demande si

les végétaux ont une éme, s'ils ont la puissance de désirer, de

.souffrir, de jouir, de discerner. Comme Anaxagore, Empédocle

soutient qu'ils sont mus par le désir, qu'ils sentent, qu'ils

jouissent, qu'ils souffrent. il leur aUrihue la différence des

saxes, quoiquc non séparés, et leur donne la raison, et la

connaissance. D

Aristole va mèm plus loin a Ceux qui ont tourné leur aUen-

tion sur le fait dc la connaissance eLde la sensation, pour ne

pas séparer les choses connailre et l'âme qui les doit con-

naUre par une opposition telle qu'elle rendrait inexplicables la

connaissance et la sensation, ceux là ont soutenu que l'éme est

le principe dcs choses 3. Les uns ont admis plusieurs prin-

cipes, les autres un seul. C'est ainsi qu'Empédocle a ,composé

l'âme de tous les éléments, et fait de chacun d'eux une âme 1. 1)

Ainsi non-seulemenl les éléments seraient animés, mais ils

seraient chacun une âme.

Celle opinion est si étrange, elle se comporte si mal avec les

autres théories d'Empédoclo que Zeller, malgré l'autorité

tl'Arisiote, no croit pas pouvoir la lui aUrihuer, et je partage ce

sentiment.

1 V,i!J8,313.ne rlanf., I~815,a. 15.

3 est impossi~ledomieulmanluerl'originepsjcholog6jueda celle)1hilosophiodela Nature.

c DeAn., l, '1,G:

Page 109: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE LI PS5'CIIOLOGIEDESGRECS86

Quoi qu'il en soit les végélaux ont une âme et sont des

animaux; leur âme est de la même nature que celle des animaux

et que celle des hommes. Leur génération est ovipare, w~T(ixEi

¡L'1xpi8.l'/8pE11. Les feuilles des arbres sont des espèces de

cheveux, de plumes, d'écailles, Leur croissance et leur déve-

loppement viennent de la chaleur répandue et disséminée dans

la terre; les racines se dirigent vers le bas, parce que c'est la

direction naturelle de la terre, et les branches s'élèvent en

haut, parce que c'est le mouvement naturel du feu.

Tous les êtres ont la vie, la sensation, la raison d'oÏl vient

donc et en quoi consisle leur différence spécifique et leur

individualité`T Suivant la diversité de leur constitution phy-

sique, qui dépend elIe.même des diverses proportions des

éléments combinés et mélangés qui les constituent, varient en

degrés les intelligencesdes hommes, et nous pouvons ajouter des

êtres!i, Les êlres, nés de la combinaison des éléments matériels

réunis et séparés par l'infiuence combinée des deux principes

de l'amour et de la discorde, ne sont pas tous nés à la fois il

y a succession lente et insensible, oux .7.1'1ptin parce

que c'est non par un saut brusque, mais par une longue

série d'étals intermédiaires et transitoires que le monde passe

de la période de l'unité absolue à la période d'absolue et infinie

multiplicité.

Les végétaux sont les premiers des êtres vivants (lui sont

sortis de la terre, ils ont été produits avant même que le soleil

ne 10urnâL autour d'elle, avant que lejour ne se distinguât de la

nuit 3. Il ne se produit plus d'espèces nouvelles, parce que le

règno végétal a été créé à une époque où le monde, encore dans

la jeunesse et la vigueur, imparCait et incomplet, cherchait à se

compléter, tandis qu'aujourd'hui, arrivé à son entier achève-

ment, il a perdu sa force de génération

DeCen.An., 1,23.V. 311,Plut., Plac. Phil., v. i6.Arist., dePlanf., 1,2, a17, b. 15.

Page 110: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

EUPÉDOCLE 8i

Ce sont les idées que Lucrèce a adoptées et qu'il expose en

vers admirables

Sunc redeo ad mundi novilalemet mollia lerræ

Arva; nom fclu quid primum in luminisoras

Tollen', ci in cerlcis credunl commillereventeii.

PrinciJ1iogenushcrlJarumviridemqueniloremTerra dedilcircumcolleis camposqueper omneisFloiridifulsemnl viridJnliprala colore

Arboribusquedalurn est ,'arici. elindc per aurasCnacundi magnumimmissiscerlamen habenis¡VI plumaal/lue pilei primulll sclæque cruniur

()uadrupcdummembrisel corpore pennipotentum,Sic nova lum lellus herbas virgullaqueprimumSus4dil inde loci mnrlali~corda creavil1

Sed quia finenialiquamcrescundidebel habere,Dcslilil, ul mulier, sp.1tiodëfe.Õs'1nluslo.

L'origine de l'homme est singulière, bizarre: sous l'empirede la-discorde, les membres des ~tres qui composeront plus tard

des organismes vivants,-ont été produits isolément eL séparésles uns des aulres on voyait des têtes sans coiJ, des bras sans

épaules, des yeux sans fronl. C'e~L l'amour dont la puissance

réunit entr'eux, dans un ordre harmonieux, ces membres

dispersés, ces Cragments épars d'organismes, et en fit des 6tres

uns et vivants <¡.

Ce n'est pas quo l'amour, et encore moins la discorde,

soient des causes finales ce sont des causes efficientes ou

motrices, mais qui, parfois agissent comme des causes finales.

Partout où ceUe réunion do membres isolés se trouve être ce

qu'elle eût été si elle çilt été faite en vue d'un but, ~£X'1 'tc,ù,

ces harmonieuses créations survécurent; 111.où il n'en fut pas

ainsi, comme lorsque des membres de bœufs eL des membres

d'hommes se réunirent pour un instant, les monstres ainsi nés

périrent bientôt 3. C'est par cette product~on monstrueuse pri-

1 y, 781SlJQ.Y. 306 Conf.Aii>I..de 111,2; 300,b. 29; id" de An., III, 6.V. 310-316.'lt1)H.iLpt-àŒl'-il'ltp~alo>lt:zni â~~(asepvasçSov~o

p..VYlvi¡,&v?,p67rpwpoiàyepopuh~I)'hp:zv(1.

Conf.Arisl.,PAla., Il, 8, 188,b. 29; id., Il, 1, 196,a. !J.

Page 111: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE L.1 PSYCHOLOGIEDESGRECS88

mitive qu'Empédocle expliquait les caractères do certaines orga-

nisations qui paraissent défectueuses ainsi il soutonait que si

tel animal avait telle épine dorsale, c'est parce qu'au moment

où les éléments qui l'ont formé se combinaient, l'épine se

troU\'aient tordue et comme brisée t. L'ordre des parties, leur

rapprochement en une seule forme, leur coopéraI ion à une

fonction commune, ne vient donc pas d'une fin conçue et

voulue d'avance c'est le résultat d'une sorte do sélection

qui essaie mille combinaisons périssables, jusqu'à' ce qu'il s'en

rencontre, une qui persiste et dure, parce qu'elle répond aux

conditions nécessaires de la vie 9.

Dans les hommes, comme dans tous les êtres, le semblable

désire son semblable et se porte naturellement vers lui la

pensée n'est qu'un mouvement particulier de ce genre, c'est-à-

dire un mouvement du semblable au semblable. Nous pensons

toutes les choses par l'élément qui correspond en nous à ces

choses mêmes. c: Nous voyons la terre par la terre; par l'eau,

l'eau par l'air, l'air; par le feu, le feu; par l'amour, l'amour;

par ladiscordo, la discorde; car ce sont là les principes d'oÏl tout

est formé, et c'est par ces principes que les étres et les hommes

pensent, jouissent et souffrent 3. Il

Il faut remarquer que le mot âme, "¡'uZ'f"ne se trouve pas dans

les fragments d'Empédocle, et que la vie, la sensation, la

pensée semblent être pour lui des modes d'action, des propriétés

naturelles et pour ainsi dire identiques en soi, et différentes

seulement en degré, de la composition et de la combinaison des

éléments matériels de l'étre, Nous ne voyons pas en lui l'âme

séparée par son essence et ses attributs du corps; la pensée

Arisl.,deParl., An.,1, t, 6.10,a. 19.\1Le principede la Onalilé,quipercedansceluide l'Amouret m~medo la

Discorde,nepanicntpasencoreà sedégagernellement,el comme-Socratel'observe,mêmeAoaiagore,aprèsl'avoirapercu,posé semble'oublierà chaquelosLml,elnesaitpass'enservir.LaconlradiclionréelleouapparentedelacausofinaleetdeIlcauseefficiente,troubletouteslesconceplionset arrNeledéveloppementnatureldesplusgrandiprincipes,

3 y. 3i9-~7R.

Page 112: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

E1IPÉDOCI.E 89

n'est que la sensation, un degré supérieur, si l'on veut; mais

la sénsation est un phénomène purement physiologique 1. La

connaissance s'opère par le mouvement du semblable vers le

semblable, elle nalL donc, comme les choses, du mélange des

éléments matériels du corps. En particulier c'est dans le sang,

où les éléments !'Ont leplus parfaitement mélangés, que résident

la pensée et la conscience, c'esL par le sang que nous pensons.

Tiji'11:J."l.TIIJ!i),IIIT!'L~r(¡'/Ei,leL surtout par le sang du coeur

c Dans les flots du sang qui circule avec violence est nourrie (la

pensée 3) c'est là que se meut l'intelligence de l'homme car

chez l'homme le sang du péricarde est la pensée même.

yàp .iYOPW1tOIÇmp,xi¡;31c,EII't! vd-r,[L'X4.

Les êtres dans lesquels les éléments semblables, homo-

gènes, ni trop peu ni trop nombreux, ni trop petits ni trop'

grands, ont été mélangés, ceux-là ont l'intelligence supérieureet les sensations les plus délicates; ceux où la combinaison se

fait tout autrement sont 10 contraire ceux dans lesquels les

éléments sont espacés et lâches ont l'espriL épais et l'intelligence

lourde ceux où ils sont denses et serrés sont vifs et actifs, Ceux

chez lesquels ce mélango bien proportionné se réalise dans un

organe spécial, ont là une supériorité spéciale c'est ainsi queles uns sont des orateurs, les autres des artistes, parce quo, chez

les uns, celte heureuse combinaison s'est faite dans les mains, les

autres dans la languo. On s'explique de même toutes les autres

supériorités 5. En un mot, comme le dit lui-méme Empédocle

On ne 'sJ¡1où Théodorel (Cur. Cr~cror. A/ccf., v. 18, 72), a trouvé f}II'Empé-docloraisaildo \Ime un l'YI'-(1È~a:a.p,Ml}v( xal ,ÏEpcdill}v;ovoiac.

2Theophr., de Sens-, 10.

3 Y. 312. le rragmenl inc()mplel ne donne pas le sujel do' nfJPl1l1lV'lj.C'est~vio:\emmenlI1ŸjTlc.

V. 315.

6 Theoph., dt Suu., 10 Pliii.. Pfae. Phil., v. 23, 25, 21. J.a froideur du sangesl, d'après EmpMocle, la cause de la raihlrne el des lacunes de l'intelligence(~ngui5 circum præconliJ.rriKidu5.l'irg.); le sommeilci la morl liennenl de ce IJII~le feu s'échappedu corps.

Page 113: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE 1~1PSYCHOLOGIEDES GnOCS90

suivant la diversité de haconstitution physique varient les degrés

et les spécialités de l'intelligence.

Bien qu'on trouve dans les Fragments une vague allusion à

une différence entre la sensation et la raison, il n'y en a pas

d'essentielle, et Empédoclo n'en pouvait guère admettre,

puisqu'il n'y a pas, dans son système, place pour une différence

entre le spirituel et le corporel. 1 Démocrite et Empédocle sou-

tiennent que la sensation est la pensée m~me, et comme la

sensation est une altémtion, ils prétendent que ce qui

nous apparall par la sensation est la vérité méme l, » Ce doit

être I1 une conclusion qu'Arislole lire et a logiquement le droit

de tirer des principes d'Empédocle, mais qu'il ne semble pas

que ce dernier ait jamais expressément formulée au contraire,

il recommande de se déficr des sensations et Se plaint de la

faiblesse de l'intelligence Il Bien faible est l'intelligence

contenue et répandue dans nos 'organes; bien des

accidents graves lui font obstacle et émoussent nos pensées.

Les hommes éphémères, (lui rie peuvent parcourir et connallre

que l'espace si court d'une vie si pénible, qui disparaissent et

s'évanouis3ent comme une funlée, ne connaissent chacun que

les choses en présence desquelles il s'est trouvé personnellement

dans le cours agité de sa carrièro et cependant, tout le monde

croit et se vanle de connaUro le tout des choses. Vaine

présomption 1 Car les choses ne se laissent ni voir aux hommes

ni entendre ni comprendre d'eux, m~me par la raison, IjÕTE't¡'

7t~?!À-rl7td,Fais-en l'épreuve, et tu te convaincras que ton savoir

ne pourra s'étendre au-delà des limites de l'inlelligence humaine,

bornée et faible jJ .})

Empédocle n'ébauche même pas une théorie de la connais-

sance ses préceptes logiques ont un caractère très général

« Cherche en toute chose l'évidence; dans l'ordre des choses

visibles, no crois qu'au témoignage de teS yeux dans l'ordre

1Aris\ Jlel., tV,5, 1009,b. 12.1'. 36

sqq.Malgrécela, il prétendavoirtrouvélavérité,el unevéritécertaineelIdenle ·r~ J'nxove>rlo> aT&>),/')~xzaar~).3v.

Page 114: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

t:~lrtDOCu; 91

des choses qui s'adressent à nos oreilles, n'ajoute foi qu'à ce que

le-9oreilles ont enlendu 1),c'est-à-dire"que la ,connaissance a un

caractère absolument expérimental, et l'expérience est person-

nelle comme toute sensation. i Mais d'ailleurs, ajoute-t-il,

garde-toi d'ajouter foi aux sens, et cherche partout l'évidence

avec ta raison 1. JI

On surprend ici un commencement de distinction qui, dans

les données du système, ne peut être qu'une différence de

degré, et provenir de la différence des proportions dans

lesquels' est le mélange qui constitue chaque être et chaque

activité de l'être.

La sensation, qui est la forme nécessaire de toute connais-

sance, s'explique par les émanations (l D'après Empédocle, dit

Platon les choses émettent des sortes d'émanations qui se

dirigent vers les pores et les traversent. De ces émanations,

les unes sont appropriées à certains pores, les autres à certains

autres, et elles sont, les unes plus petites, les autres plus

grandes. Ainsi, par exemple, la couleur est l'émanation des

objets appropriée aux pores de la vue J. Théophrastc conflrme

ce renseignement en le répétant Il Empédocle dit que la sen-

sation est produite par l'appropriation des émanations des

choses aux pores de chaque sens, les émanations de chaque

objet sensible s'adaptanl aux pores de son sens propre 3, C'est

ainsi de la différence des pores à laquelle correspond une diffé-

rence analogue des émanations que vient la différence des

sensations 4. La sensation do l'ouie s'opère lorsque l'air, quise trouve en suspension dans l'intérieur do l'oreille, vient à

frapper brusquement les parois de la conquo de l'oreille,

comme dans une troinpette. L'odeur est produite par l'air 5, la

saveur vient de l'eau qui contienL en suspension tous les genres

1 V.58 sqq.'Jlen.,16, c.

3Theophr., de Sena" 1.

1 Plul., Plac. Phil., IV, 9, 3.s

Id., id.

Page 115: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA PSYCHOLOGIEDES GnECS

de saveurs, insensibles à cause de leur exiguïté l, La vue, qui,avec le tact, nous fournit'les notions les plus claires eL les plus

sùres l, s'explique comme il suit s De même que celui qui

se propose de sortir pendant une nuit d'hiver pr6pare sa lampe

qui doit jeter autour de lui l'éclat de ses rayons ennamm6s,

l'allume et la place dans une lanterne, dont les cloisons trans-

parentes sef\'enl à écarter le sotifile dés \'cols, tout en laissant

passer le feu qui éclairera les objets placés sur sa route d'au-

tant plus vivement que la lumière aura un éclat plus intense, de

même, le feu naturel enfermé dans les membranes de l'œil,

protégé contre l'humidité sous ses cloisons diaphanes, empliL

l'orbe de la pupille, et, travers ces voiles légers, iuyoniie el

se répand au dehors sur les objets 3. » Ainsi, dit Aristote,

Empédocle croit que l'œil est de feu, et que la vision a lieu,

quand ~t parce que la lumière sort de l'œil: cependant, ailleurs,

il professe que la vision est produite par les émanations des

objets visibles.. C'est une contradiction manifeste qu'Aristote

signale sans chercher la lever.

Ce n'est pas la seule ni la plus grave, qu'on remarque dans

ces essais encore informes et incomplets d'une philosophie qui,

à peine, a conscience des problèmes du'elle veut résoudre,

et n'est pas en possession d'une mélhode sÍlre et réfléchie de

recherche, de contrôle et de démonstration.

Nous avons vu que, d'après les données du système, qui est

absolument physique, il n'y a aucune placo pour la distinction

d'une essence spirituelle et d'une essence corporelle. La pensée,

le sentiment, la sensation, le plaisir eL la souffiunce, sont des

fonctio~s des éléments matériels réunis et divisés, dans des

proportions diverses, par la discorde et par l'amour. Il n'y a

donc pas d'âme dans la philosophie d'Empédocle, et, cependant,

il admet, il enseigne expressément une migration des runes:

Arisl.,de Sena.,L1'. :JB9.

:1 2~20.l de Séna.,

Page 116: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

F-NiPÉD«.11. n

« C'est une nécessité falale, c'est un décret antique, éternel des

dieux, confirmé par leurs serments solennels, que l'homme quia souillé sa main de sang, ou aura trahi son serment, soit exilé-

des dieux pendant 30,000 années et naissant successive-

ment, sous diverses formes mortelles, change de conditions de

vie, toujours malheureux dans toutes. Tel je suis i-noi-méme

aujourd'hui exilé des dieux, purzc c~e.nev, errant, subissant

l'influence de la Cuneste discorde, tombé sur la terre, au milieu

des hommes, rampant dans ce vaste déserlténéhreux, déchu

de quel comble de félicité eL de gloire, après avoir été homme,

femme, arbre, oiseau, poisson, pleurant, gémissant et stupéfait

à la vue de ce séjour désolé 1. Il

Ainsi, il y a dans l'homme et dans tous les êtres quelque

chose d'identique et de pcrmanent, sinon éternel, de vivant du

moins qui, pendant une longue suite de périodes du temps,

survit à tous les changements apparcnts et s'enveloppe

successivement d'une chair nouvelle, comme on change de

vêlement.

l1~pXW",j;)J.oy.,WTtTrtPll1tl).).Ij!J'I':tZ'Th)' Q.

La chair, mot singulier dans la bouche d'un philosophe du

v~ siècle av. J.-Cli. la chair change et périt il y a donc

quelque chose de différent d'elle qui subsiste. Mais que

subsiste-t-iI donc, si ce n'est une âme ? Celle âme. que peut-

elle être qu'un composé des principes matériels, dont le corps

est formé, et qui ne pourrait en différer que par un rapport

numérique différent des parties qui entrenL dans la combinaison,

sans qu'il soit nulle part fait la moindre allusion même à celle

simple différence de degré 3.

Fragm.,v. 1.i Y. 114.Ilecren(Stob.,Ecl.,Ph~a.,1, 1(50)donnelaleçon&n'jt~¡(~lo>n,lVal,c-

8eld(Lucrel"lit, 613,el 11',56)ciHoZF",n,Kmlen,a¡o>.bZ~Io>TI'Cependant, on trouvedansrlulartlue(de Brilio., 18,lerenseigncmcntsuivant:

00yèapa(I'Z, f1j'11v)T,lLtvfI.j~~""EVI'ZG'oIyxp:>.Ofv,'}U¡(T,Cc,ojaÍ(1vxxi &p¡(T,Vazpea-~cv,nx).' lx Tc,1TIo>"sb (0"'1'-(1cJVlLntlthaal,%,il 6V~,T¿V.L'Amo\'icntd'aiUeursici-bas,et cet exil on le dissimule,sousle nomplusdouxdenai~sance,Yfv~orv.

Page 117: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIRElIR L.\ f'SYCIIOWGIEDES C[tE(~7)91

Quoi qu'il en soit, dans ceUo succession de formes, les meil-

leures conditions de vie sont pour les êtres qui ont été Ics

meilleurs dans leur vie antécédente. Ils deviennent la fin

devins, poètes, médecins, princes, rois d'eux naissent les

dieux honorés qui vivent avec, les Dieux immorlels, libres des

soucis de l'humanilé et affranchis de la loi falale de la mort 1.

C'est à ces idées, dont le caractère orphique et pythagoricien

est manifeste, qu'il faut rattacher les règlements sur l'interdic-

tion de la nourriture animale, et qui, pour ètre logiques,

auraient dl1 interdire également la nourriture végétale, tandis

que quelques végétaux seuls sont prohibés, les féves, par

exem(1le,

rviuw i~:o Z~1p2ÇIZ~10~,

Y a-t-il, dans cette philosophie, place pour un Dieu véritable '1

Une des objections qu'~lrislote fait au système le laisserait

supposer CIEmpédocle, dit-il '2, qu'on pourrait croire consé-

quent avec lui-mème, tombe cependant dans la même contra-

diclion due les autres philosophes, Il pose en effet un principe,

la discorde, comme cause de la destruction; et cependant on

n'en voit pas moins ce principe de destruction engendrer tous

les autres, excepté l' Un,1"~~v car tous les autres êtres, excepté

Dieu, provienrient de la discorde. S'il n'y avait pas, dans les

choses, le principe de la discorde, tout serait ramené à

l'unité; car lorsque les éléments se rassemblent et s'unissent,~

la discorde disparait. Il suit de là que Dieu, l'être heureux par

excellence, connait moins que les autres êtres, car il ne

connalt pas tous les éléments, puisqu'il n'a pas en soi la

discorde, et que la connaissance s'opère du semblable par le

semblable 3. ]1

1 V,"51...lrisl. Jld., 111,.t,

3 Arislolefaitenoulreremarquerquesi laDiscordeeslcaused'direloulaussibien

quededeslruelion,de soncôlé, l'Amourest loulaussibiencausede deslruclionqued'ètre; car lorsquel'Amourréuniltousles diresel les fonddansl'Unitéabsolue,il

Page 118: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Hlrf:nocu: (15

Quelle peut être la nature de ce Dieu? Si, comme le dit

Aristote, c'est l'unité absolue, T>.EVT~ il est le }:9:r.Tr"

mais, alors, c'est la nature même, avec ses éléments et ses

forces motrices, avant qu'aucun principe de distinction, de

séparation, de mouvement, se soit manifesté en elle, C'CS!-fl-

dire dans la confusion inerle du désordre, du cliaos et de la

nuit. On ne peut guère ce Dieu appliquer les allribuls que

lui donne Empédocle dans des vers qui rappellent la doctrine

et presque les termes même de Xénophane «(Nous ne pouvons

approcher la divinité elle est invisible à nos ycux j elle se

dérobc au contact de nos mains i et, cependant, ce sonllà les

deux sens qui impriment dans notre esprit, les convic-

lions les plus solides. Dieu n'a pas, comme l'homme une tète

sur un corps, des bras attachés à ses épaules; il n'a pas de

pieds, pas de mains il n'est qu'un esprit saint et infini, el dont

la pensée parcourt avec rapidité l'immensité du monde:

'A),).x ~piwispi~x:xlliOlO''(!XT!i'~7T),fT!iI-ÜV!i;

<?p'YT\lHXli'ej:15V&7r'1VT!Xx!XT'J.t/J/JC,lIG!Xf)c,fl/J'v1.

Ce Dieu d'un autre côté n'esL pas la discorde, cela est évident,

d'après les noms qu'il lui donne, et il ne peut pas ètre l'amour,

qui n'est pas, dans le système, un principe unique ni supérieur,

et qui, comme Arislole l'a vu~ produit les mêmes effets que la

discorde elle-même.

Au milieu do ces lacunes et de ces contradiclion~, si nous

cherchons ce qui peut concerner la psychologie dans ce système,

nous trouverons en réalité bien peu de chose le plus impor-

détruitloulcc quin'csl ys celleUnité.EnfinEmpédoclen'assigneaucunecauseau

cliangement,se bornanlà direqu'ilen est ainsi,commesi leclsmgemenlétaitnéces-

saira; mai~il ne prE:enleaucuneesplicalion,aucuneraisonde cellenécessité.II~c",(¡lemémequecellepuissancec_lcelledu h1.II1J,ci quela doclrined'Eml~édoelaa quelqueam!o¡rieavecla IMoriede IJJrllin,quiadinetquec'esl un/lcurcUI/ta.mJ,

qui, au milicude l'élernelma·:acredes fait)les,dé la deolruclionde formesci

d'organismesinnombrables,en sauvequelques-unsl'lus appropriésà cerlainesCirconstancestoutesrorluilc..sde leur existenceel de leurdéveloppement.

1 Y. 389-396.C'eslle seul passageoÏlnoust~oyonsparunedénominationparlicu-lière,gpiv, allribucrunesorlede ~ubslanli;¡Jilécequipene.

Page 119: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIED':w PSYCIIOÉOGIEDr.scnec,96tant sous ce point de vue, c'est que ce physlcien qui adopte

presque toutes les doctrines d'lIér-aclite, pour explique¡' la vie,

le changement, le devenir, la destruction, le monde enfin, est

obligé d'ajouler aux principes matériels, deux forces morales,

deux forces psychiques; dont les noms seuls révèlent le carac-

tère. Il a beau ne pas avoir nommé l'âme, ce n'est que dans

.une ¡'¡me el dans l'analyse de l'âme qu'il a trouvé ces facultés de

la hairie et de l'amour, qu'il emp.loie à l'explication des choses,

et si ce n'est pas expressément l'âme, ce sont du moins deux

forces, qui ne peuvent appartenir qu'à une âme, qti'Empbdocle

considère commo les racines et les fondements des êtres et des

choses, é 7tiYT(ùV.

Page 120: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CIIAPITRE TREI7,IÈ\iE

DIOGÈNE D'APOLLONIE

Aucun renseignement certain ne fixe l'époque de Diogèned'Apollonie avec quelque précision. On sait qu'il faisait mentiondans son ouvrage de l'aérolithe tombé à /Egos Potamos, 01.LXXVII ou LXXVIII l, c'est-Il-dire qu'il est postélicur à cettedate. D'un autre côté Simplicius le cite comme le dernier des

philosophes purement naturalistes, et le signale comme un com-

pilateur qui a emprunté presque toutes ses idées, les unes Il

Anaxagore, les autres à Leucippe! Ses écrits confirment l'opi-nion, partagée par la plupart des anciens, qu'il a été un con-

lemporain d'Anaxagore, et plus jeune probablement que ce

dernier. Il était né à Apollonie, en Crète, et vint à Alhènesoù ilcourut des dangers 3 semblables sans doute à ceux qui avaitmenacé Anaxagore et auxquels Socrate succomba. Diogène deLaërte ne connait de lui qu'un seul ouvrage intitulé De lan'a(une. Simplicius tout en disant qu'il n'a eu que celui-là entroles mains, croit cependant qu'il en avait écrit encore d'autres,parmi lesquels il cile un traité: De la ~~alnre de l'hoiümc, quipourrait bion n'avoir été qu'une section du premier. Nousn'avons conservé qu'un petit nombre de Cragments, mais assez

Slob., Erl. phya., 1, 508. la Chroni'lueLIeParos donne la (ble de 01. 71, 3= ~G7 la Chroniquod'Euspbc,celle de 01. 18, = ~65, el Diodoreel Denysd'Ilali-camasse celle de 01. 78, 1 = ~1i8.

11 Ar., Ph~a., f. 6, a.~=3 Diug.L., IXA,5i.

1 iceuexer. r.yenoroyre. 7

Page 121: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

II/STOIIlEDE Li PSYCHOLOGIEDES GRECS98

Complets pour nous donner une idée des principes généraux

de son système, qui est la fois une physique et uno psycho-

logie. Car il semble avoir connu les difficuHés du principo

dualiste d'Anaxagore, et n'a trouvé pour les éviter, d'autre

moyen que de confondrela nature et l'esprit, qu'avait distingués

et séparés par une différence d'essence son contemporain.a Au commencement de toute science, il faut poser un prin-

cipe inébranlable, et tout en déduire par une exposition simple

et grave 1. On n'a pas remarqué que pour la première fois

apparalt ici la préoccupation des conditions formelles de la

science pour laquelle Diogène exige, non-seulement la clarté et

la dignité de l'exposilion et de la forme liLléraire, mais un prin-

cipe unique et un principe indiscutable, inconcusseem quid,

zvzuti7~~irnsov, commeforme logique do toute science.

Quel est ce principe `t

Il Tout ce qui est n'est qu'une modification d'un seul et même

être, est au fond une seule et même chose. Sans cette identité

substantielle, il ne pourrait y avoir aucune communication,

aucun mélange, aucune production, aucune destruction,

aucune innuence réciproque et mÜtuelle des choses les unes

sur les autres. On ne verrait pas la terre produire une plante,ni un animal engendrer un animal etToute chose dans

laqùellf) nous voyons se manifester production ou passivité,T~1tOldvX'1\T~1t:L"ZEIY,suppose l'unité substantielIe do nature,

(AhvsivwT-J¡VÚ;cOXElf1-rtlv'i'ÚIJIV3. »

CI:CeUe substance, principe unique de tout est l'air, infini,

éternel, immense, tout puissant, tout connaissant 4. J

({Ce principe possèdo une vaste intelligence; car il ne serait

pas concevable sans la pensée; tout en co mondo fut distribué

avec un tel ordre, que tout eût sa mesure, que tout fut disposé

avec une beauté parfaite 5 », C'est à ce principe que les

1Fragm.1, P.JDlerbieler.2Fragm.12.3 Ar.,de Gen.et Corr.t, 6.1 FrJgm,3.5Ainzi,l'OroiroestamideIl fiaisoD,el enesllamarquocommela mesuro.

Page 122: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

DIOGf.Œe n~roL~ovrE 99

hommes et les animaux doivent la vie, l'âme, la pensée. et la

preuve, c'est qu~ c'est en respirant l'air, qu'ils vivent, et que

quand cet air leur manque, ils meurent et leur raison s'éva-

nouit 1. 1

« Ainsi ce qui possède la pensée, cequi en contient l'essence

c'esL l'air; c'est par l'air que sont gouvernées-et ordonnées

toutes choses car c'est son essence Ilde pénétrer eh tout, de

toutimprégner, d'étre partout il n'est pas une seule chose quin'en possède une part. Maispas une chose n'en participe de la

même manière: les formes, les modes, les degrés de celle parti-

cipation à l'air et à la pensée sont infiniment variés.

L'àme de tous les animaux est par conséquent le même air,

plus chaud que l'air extérieur oii nous vivons, plus froid et de

beaucoup que celui du soleil. Mais cette chaleur, constitutive

de l'âme, n'esL la méme dans aucun animal ni dans aucun

homme il y a, entre toutes les espèces comme entre tous les

individus de chaque espèce, une différence variable qui n'est

pas grande, il est vrai,-mais telle enfin, que, malgré leur identité

de nature et de substance, aucun Nre n'est absolument sem-

blablo à un autre êlre. C'est parce qu'il y a un nombre infini

de différenciations, que les animaux-sont différents les uns des

autres, qu'ils ne se ressemblent parfaitement ni par la forme, ni

par le régime, ni par l'intelligence. Et cependant tous vivent,

voient, entendent par le même principe, l'air, et c'est à ce

même principe qu'ils doivent toutes les autres formes do la

pensée 3. J

L'âme a non seulement la faculté da connaltre elle a aussi

celle de mouvoir et d'ordonner; et elle a l'une et l'autre de ces

facultés parce qu'elle est de l'air c'est, dit Aristote dans une

Fr.5.I<9oc.3fullac dlangesans raison'œl/cleçonen v60,qui ne Kraitqu'une

rlpllilion.3

Fragm. 6. x(111' L.xlcv TOr~v V¿1jo-.vKXjv elvis L ~,i,p 1«1).EI,I'-EVO;'ltOsGw w6pr.inwv X'I\ Õ1t~ ro-5-roumin:z X:lI x-it(pviifi2t x:z\ 7rivrov xparfawII~TO'JYap 1' (ou à'llo râp 1' ?0%1£t v60; (t60; Sirn lie.) civm UI lorin9v àii¡(6:z. XI ndvta tluI61nl U\ r 1T'IVT\ivtiv2t.

1 Ue ~In., l, 5, 15.

Page 123: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI PSYCHOLOGIEDES CHECS100

phrase un peu obscure, parce que l'air est 10principe de tout,

que l'âme peut connaitre 1 c'est parce qu'il est le plus léger des

corps, que l'âme est la fois susceptible de so mouvoir et

capable d'imprimer le mouvement qu'elle possède,

L'âme est de l'air 1; voilà pourquoi le sperme des animaux

est aériforme, La pensée vient de l'air, qui, avec le sang qu'il

pénètre, baigne tout le corps, par le moyen des veines, dont

Diogène fait une description anatomique d'une exactitudo vantée

par Aristote J.

On ne sait pas trop ce que veut dire Plutarque quand il

remarque que Diogène a placé le de l'âme dans le

ventricule artériel (c'est-à-dire gauche) du cœur, lequel est

de nature aériforme, Entend-il la faculté supérieure de l'âme,

la raison, comme le faisaient les stoiciens, dont il est difficile de

croire que Diogène ait devancé ainsi les distinctions subtiles?

Entend-il par le siège de l'âme, ou plutÕl ne voudrait-

il pas tout simplement dire l'9me est ce qui commande au

corps, TbT.r¡Ç,}uZ.r¡çCar si la doctrine de Diogène

pose l'unité de substance et l'identité- d'essence, elle laisse

subsister la différence de degré il peut donc y avoir encore

une différence entre l'dolO qui commande et meut et le corps qui

est commandé et mû.

Diogène ébauche grossièrement et très imparfaitement ~ne

théorie de la sensation, quo peut é'tre il ne confondait pas avec

la raison.

({ De même qu'il ramène à l'air la vie et la pensée, Diogène

ramène aussi les sensations c'est pourquoi l'on doit croire

qu'il est d'avis que la sensation a lieu par le semblable car

l'action et la passion ne seraient pas possibles si les choses no

1 Puisquetoutechoseesl del'air, el que la connaissancen'c.slqu'unoassimilation,unrapprochemenl,un rapportdu sujclct dol'objet,il estnécessairequel'àmesoildel'air.

Sloh., 1,62,796.H zépo;~;·v%T,v.J. Philop_,deAnim.,c. 7. &p-/TvtL~nrvswn,,), n~p~(I)iogène d'pollonieet Anuimêne),lx so·5sovX(1\1-Vyv%T,vo.ôY'J",

Simrol.,G33.

Page 124: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

DlOGÈ.\ED'POLLOX/E 101

venaient pas d'une seule et m~me substance. L'olfaction est

produite par l'air qui entoure l'encéphale cet air est dense, et

la combinaison qui le constitue est en proportion avec cellequi

constitue les odeurs voilà commenl il y a sensation de l'odeur.

Lorsqu'au contraire cet air est léger et distendu, la proportion

nécessaire n'existanl pas, il n'y a pas sensalion. L'ouïe a lieu

lorsque l'air contenu dans les oreilles est mû par l'air extérieur

et transmis jusqu'à l'encéphale. Les yeux voient quand les

images apparaisscnt sur la pupille, et quand celle-ci se mêle avec

l'air externe, entre en contact avec lui, il y a sensation. La

preuve, c'cst que lorsqu'une inflanuriation des veines ne permet

pas le mélange avec l'air interne, quoiqu'il y ait image sur la

pupille, on ne voit pas. Le goût s'opère par la langue, et par la

nature ténue et moelleuse de cet organe. Sur le tact, Diogène

ne dit rien de précis 1. »

En un mot la sensation s'opère par l'air, comme toutes les

fonctions de la vie, par un mouvement qui met en communica-

tion, au -moyen des organes, l'air extérieur qui est en toutes

choses avec l'air inlerne, contenu dans chaque organe des sens

et qui est une petite partie de Dieu, P-!Xp~JIJdFLGVT,'J (¡~(i¡j »

« Voici comment Diogëne explique que se produisent le

plaisir et la douleur. Lorsqu'une grande quantité d'air s'est

mélée au sang, ct, conformément à sa nature se répandant dans

tout 10corps, en allège le poids, nait le plaisir. Lorsqu'au con-

traire, contre sa nature, l'air n'a pas pu se mélO!' au sang, celui-

ci devenant plus languissant, plus faible et plus épais, se pro-

duit la douleur.

Ce sont les mêmes 'causes (lui produisent la maladie ct la

santé.

La pensée est opérée par l'air pur et sec; car l'humidité arrête

l'acte de l'intelligence. C'est pour cela que dans le sommeil, les

vapeurs de l'i \'ressc, les indigestions, la pensée est moins active.

1Thco(lhr.,de Sen. 39, 10,U.

Thco(lhr"id., d8.

Page 125: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA PSiCIIOLOCIg [lES'GRECSIIH

Que l'humidité affaiblisse l'intelligence, on en a la preuve parle fait que si les autres animaux sont moins intelligents quo

l'homme, c'est qu'ils respirent un air, et prennent une nourri-

ture qui, sortant immédiatement de la terre, en a conservé

toute la fralchetir. Il est vrai que les oiseaux respirent un air

pur et sec mais ils ont la même constitution que les poissonsc'est-à-dire qu'ils ont une chair rigide qui ne permet pas à l'air

de circuler dans tout le corps et qui l'arrête dans 10 ventre.

C'est pourquoi ces animaux digèrent très vite, et sont privés

d'intelligence, x~pov.Les végétaux, qui n'ont pas de vide fi l'intérieur, et ne peu-

vent respirer l'air, sont absolument privés de la pensée, et parla même raison il y a en eux beaucoup d'humidité qui empè-che l'air de se répandre dans tout le corps l, D

Il semble que Diogène ait été amené co principe que l'air

est la substance unique de toutes choses el' dol'éme, par l'idée

du mouvement. La vie et la pensée sont mouvement; le prin-

cipe de la vie et du mouvement ne peut étre qu'une substance

mobile elle-même: car on ne comprendrait pas qu'une subs-

tance immobile contint le mouvement et en.fût la cause. Or

parmi toutes les substances, celle qui parut le mieux répondreà toutes les conditions nécessaires pour expliquer le mouve-

ment, c'est-à-dire la vie et la pensée, c'est l'air et de là la

doctrine de Diogène, d'après laquelle le mouvement, la vie et

la pensée sont les attributs immanents de l'air.

1 Theopbl'"deSena.,U.

Page 126: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CIIAPITRE QUATORZI1;11iE

ARCIIÉLAUS

Ce qu'on connait des doctrines d'Arcliélaûs de Milet ou

d'Athènes ne s'éloignent pas beaucoup de celles-là il ne nous

reste de lui aucun fragment, et parmi les renseignements histo-

riques sur ce philosophe à qui ni Platon ni Aristote ne font

l'honneur de citer même son nom, les uns lui attribuent les

opinions principales d'Anaxagore, à savoir la théorie des

homéorhèries infinies et d'un esprit divin, Dieu même, qui les

domine et les ordonne; d'autres nous disent qu'il admettait,

comme Diogène, l'air comme principe universel des êtres et

,des choses, et donnait la raison, la pensée, comme un attribut

essentiel et immanent ce principe. Quant au mouvement, il

en trouvait la cause dans la chaleur en opposition au froid

immobile et cause de "inertio des corps.

On lui aUribue quelques écrits philosophiques sur la poli-

tique et la morale, et cela a suffi à quelques anciens pour en

faire un précurseur et mémo le maUre de Socrate.

Page 127: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE QUINZIÈME

LEUCIPPE ET DÉ~OCRITE

Leucippe, d'Abdère, suivant les uns, de \Iilet l, suivant les

autres, est désigné par Aristote comme l'ami, Eu1poçde Démo-

crite. Quoique Théophrasto lui attribue le Mspç ~14xojfjj-"et d'autres le Hvre1T£p\N,,ù,Aristote parle de ses ouvrages en

des termes qui laissent croire que leur origine lui était suspecte.

On ne sait rien de sa vie, on ignore rnème s'il a écrit'2, et en

tout cas on n'a rien conservé de lui. Sa doctrine s'est identifiée

avec celle de Démocrite 3, et tous les deux sont les fondateurs

de la philosophie atomislique.Démocrite est né à Abdère, rolonie de Téos, et ville ionienne,

dan51'OI. LXXX 460 av. J.-Ch. suivant Apollodore, ou dans

1'01. LXXXm = 470 suivant Thrasylle. Il déclare lui-mème,a:qu'il a parcouru la plus grande partie de la terre, qu'il a visité et

étudié un grand nombre de pays et de peuples, et qu'il n'a paseu de rival pour la science de la géométrie et de ses démons-

trations 'par le tracé des flgures, pas mème ces Égyptiens si

vantés, parmi lesquels il a vécu cinq ans -1.ib Il reste un très

petit nombre de fragments de se~ écrits fort nombreux 5,

qu'avait catalogués Callimaque, et que Thrasyllo avait eu la

Diog. L., IX,3. Laleçon1IT>.voçsemblefautive,(7cm..11.,Prob~ 43d. elSimplie.,Ph~a.,Cr.7 a.donnenl-'['>11~

:1Ar., de .lénoph., 0, i-j "T~" Ao'JJ<I1t1"w}X(1),JI'V~I; Hyl)", Th~ophra5le lui

allribue le ~Idpn~ .1lh~'1l'-l)v babiluellemcnl rapporlé à Déniocrite. S'ob" Ecf., I,160, cile un livre de lui intitulé IlEp\ Nor.

3 Ar., de Cen. et Corr., l, 8. nepi 1t~VTIo>"1-oi).6yw f,'Wp!X:Z"I.D. L.,lx, .II.Nlullach,quien faitl'énuméralionel cndonneleslilres,lesporte1 60.

Page 128: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LF.[CIPPEETnéuocnne t05

singulièro idée de distribuer en tétralogies, comme les dialo-

gues de Platon l. La variété des sujets atteste des connaissances

étenducs pour son temps, et une passion de savoir que n'affai-

blit pas l'âge, ni la perte de la vue.

L'atomistique semble ~Ire une opposition la doctrine de

l'unité absolue des éléates et au dualisme d'Anaxagore

1 Leucippe et Démocrite ont résolu toutes les questions d'après

une seule méthode et par un mériie principe. Tandis que quel-

ques-uns des anciens (les éléatcs) avaient soutenu que l'Être

est nécessairement un, immobile. ils ont, cux, pris pour

principe la nature telle du'elle est. Leucippe a cru posséder une

théorie qui, en accord avec les faits, ne supprime n: la produc-

tion ni la deslruclion, ni le mouvement ni la multiplicité des

~lres; et tout en acceptant la réalité phénoménale, il soutient,

avec les partisans de l'unité, qu'il n'y a pas de mouvement sans

le vide, que le vide est un non-être, et qu'il n'y a pas d'être qui

soit un non-être a Tel est le jugement que porte Aristote sur

les tcndances de la philosophie atomistique, qui semble 'en elfct

s'être proposé de concilier les solutions extrêmes du- problème

métaphysique. Il cst difficile de croire qu'elle y a réussi.

Les atomistes expliquent le monde par deux hypothèses

l'hypothèse des atomes, et l'hypothèse du vide. Les atomes sont

des éléments matériels, infinis en nombre, identiques en qualité,

quanlüalivemenl différents, c'esL-à-dire différents en forme et

en grandeur, invisibles à cause de leur infinie pelitesse, éten-

dus cependant quoiqu'indivisibles, absolument pleins, c'est-à-

dire ne contenant aucun vide, par conséquent impénétrables et

immuablcs. Ces atomes se meuvent, et ils se meuvent dans le

vide, qui seul perrrict le mouvement dont ils négligent d'expli-

quer l'origine. Le vide est le non-être, qui a cependant un être

relatif. Le mouvement produit les combinaisons dc.; atomes,

Sonstyleavail,andiredescrilifJues,unecouleurloulepotIlifJue:Cie.,Or., q0.1ILiquevifleovisumessenonnullis.~mocrili loculionem,quOI!incilaliusferalurelclarissimisverborumluminibusulalur. pocmapulandum.n

1 Ar.,de Ccn.et Corr., l, 8.

Page 129: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOtnr. DE L,1 PSYCIIOLOGISDES GnECS106

d'où natt la variété infinie des choses réelles. Quant à une cause

suprême et dernil!re, il est inutile de la chercher, car les choses

étant infinies, ce serait chercher le commencement de l'infini.

Il faut se borner à dire qu'il en ful ainsi dès le commence-

ment 1.

Les différences qualitatives des choses viennent de la

forme, ~I"!L~ de l'ordre de contact, Ew9vY,do la position dans

l'espace, des atomes qui entrent dans la combinaison,

poussés par l'aLlracLiondu semblable vers le semblable, fait

universel, nécessairo et inexpliqué i. Il n'y a pas, à proprement

parler, de causes finales tout, dans le monde, est le résultat

de causes nécessaires 3. Ce lien causal nécessaire est la raison

même des choses c'est pour cela que Leucippe, dans son livre

7cEplN,3, pouvait dire Rien n'arrive au hasard tout arrive parla raison de la nécessité

De ces atomes, innnis en nombre et en figures, il en est de

sphéroïdes, souverainement mobiles et ténus 5. Ce sont eux

qui, en se combinant, forment le feu et l'âme, principe du

mouvement et de la vie de la sensalion et de la pensée.« Quelques anciens ont considéré l'âme surtout comme le

principe du mouvement, et comme ils s'imaginaient quo co qui

n'est pas soi-même en mouvement peut encore moins mouvoir

autre chose, ils ont conçu l'âme comme un êlre en mouvement.

C'est pour cela que Démocrite dit qu'elle est une sorte de feu,

quelque chose de chaud car les figures des atomes étant

infinies, comme leur nombre, il donne le nom do feu et d'âme

Ar.,deCen.et Co~T.,11,G,1U,b.20.Cie.,dePin.,1,G a llolumalomommnulloa principio,sedexælernolemporeinlelligiconHnireJ. (;(>pcntlanl,S.Auguslin,sansindiquersessources,prtlendqueDtmocrilc« &nsiline..55Cconcur.:ionialomo-rvmyimquandamanimalcmelapira6ifem(peutairepourspiritalera).Ainsi,l'atomeserait'lacelluleprimitive,le germefivanldéjàorganiséetdouédemOUl'emenl.

J D.L., IX,14.a Ar.,deCen.el Corr.,v.8, 18'J,b. 2.4 Stob.,Ed. Ph~a.,160. h >'&YOIiTt1«1\ô7l:'&yx>\$'C'eslune nécessité

ralionnelle.Lange,lliafduJlalér., l, 2~trouvelàunosortede fin.SSlob.,Ed., 1,900.&1t"-rcù-o'¡1tdplo>"&T&!J.Io>VX(1T2OYUVTUXI'I'OavvEp¡(°I'-Lvlo>v

G\lVft¡T:I~:Z1iâç Conf. lleimxelh,Democrilide,\nim.Doclrina.

Page 130: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LEUCIPPEET Df~"OCIllTE 101

aux atomes sphéroïdes, semblables à ces poussières floUant

dans l'air qu'on aperçoit danser dans les rayons du soleil qui

passent à travers les fentes des portes. Ces atomes, semence

universelle des choses, sont, pour lui, les principes

de toute la nature. Telle est également l'opinion de Leucippe.

Persuadés que, parmi les atomes, ceux dont la forme est

sphérique forment l'àme, parce que cette figure est la plus

propre à pénétrer partout, à mouvoir toute chose par son mou-

vement propre, ils ont conçu l'àme comme ce qui donne le

mouvement aux êtres animés 1. « L'âme meut le corps, dans

lequel elle se trouve, du même mouvement dont elle est elle-

même mue, suivant Démocrite, car les atomes sphéroïdes qui la

composent, étant en mouvement, parce que c'est leur essence

de n'Nre jamais en repos, enlralnent dans ce mouvement et

meuvent tout le COl'pS » Grâce à cette nature essentielIeOlent

mobile des atomes sphériques, qui leur permet, et pour ainsi

dire les contraint de pénétrer partout, l'1mc est répandue dans

tout le corps, capable de sentir 3, » et peul-être même « dans

le corps tout entier 4, » sans distinction des parties sensibles et

insensibles. Il résulte également de cette essence des atomes

« que tout corps possède une certaine espèce d'âme, même les

cadavres, puisqu'ils possèdent encore un reste de chaleur et de

sensibilité, quoique la plus grande partie en ait disparu 5. D

CI"Voilà pourquoi les philosophes ont d6flni la vie par la respi-

ration. Le milieu crweloppanl, où sont les corps, pesant sur

leurs surfaces, en chasse, par la pression, ceux-des atomes qui

fournissent aux êtres animés leur mouvement, parce qu'ils ne

sont jamais eux-mêmes en repos mais les corps trouvent un

moyen do réparation, do renouvellement de leurs forces

épuisées, dans la respiration qui introduit en eux, avec l'air

Ar., de An., l, 2, 3.

Id., id., l, 3, 9.J Id., id., 1. 5, 1.

Scll. Emp,. ade~.~lofh., Vil, 349.

Plul., Plac. Phil., IV, -1.

Page 131: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIIsromE DE LI PSYCHOLOGIEDES GnFJ')108

aspiré, des atomes do même figure venus du dehors. Grâce à

ce secours des nouveau-venus, les atomes internes, qui sont

dans les êtres animés, peuvent n'en pas être expulsés, et sont en

état de repousser l'action do l'eO\'eloppant, qui pèse sur eux et

les glace; en un mot, les animaux peuvent continuer de vivre

tant qu'ils peuvent remplir la fonction de respirer 1. })

« Démocrite détermine bien ainsi les effcts produits par la

respiration sur les êtres qui respirent elle empêche l'âme

d'être expulsée du corps. Mais il ne dit pas que la nature agitainsi pour arriver à ce but;' car, comme tous les autres physi-

ciens, il n'admet pas les causes finales. Il se bom8 à dire

que l'âme et le chaud, c'est la même chose, so compose des

atomes sphériques, .que, ceux-ci, pressés par l'enveloppant

qui cherche les expulser du corps, trouvent dans la respiratiouun agent auxiliaire qui vient¡à leur secours; car il ya dans l'air

des atomes en nombre infini, qui sont la matière prcmière de

l'âme, de t'âme identique la raison, Nou;, et qui n'est qu'un

feu, le feu étant le plus mobile des corps, parce qu'il se com-

pose d'atomes sphériques, la plus m()hile des figures. L'air

extérieur aspiré entre dans le corps et y introduit ces atomes

sphériques qui repoussent la pression de l'enveloppant, et

empêchent l'ume, qui est dans l'intérieur des êtres animés, de se

dissiper -voilàpourquoi respirer c'est vivre et cesser de re,~pirerc'est mourir. Lorsque la force do pression de l'enveloppant

l'emporte, et qu'il n'entre plus dans le corps une quantité

suffisante d'atomes sphériques pour la repousser, parce que l'être

n'a plus la force de respirer, alors la mort arrive. La mort est

donc le départ de ces atomes sphériques oxpulsés du corps parla pression du milieu enveloppant 3. D

Ainsi, la fonction de la respiration OplH'Odeux choses elle

introduit de nouveaux atomes psychiques qui remplacent- ceux

qui sortent du corps, et elle empêche qu'il en sorte une trop

Der1n., 1,2, 3.9 Ar., de Rcap.,J.

Page 132: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LEl'CIPPE ET UÉ~fOCftITE 109

grande quantité; elle conserve et elle reconstitue, elle maintient

el elle répare l'9me. Par la perte partielle, plus ou moins

considérable, do ces atomes, s'expliquent les phénomènes du

sommeil et les cas de mort apparente.

L'âme, une fois sortie du corps, se disperse et se confond

avec les atomes de l'air; elle ne peut plus rentrer dans le corps

qu'elle avait animé, ni garder en dehors de lui le lien de ses

p:JrLies, son unité, son individualité, son être même 1. L'âme est

mortelle,' et sa mort arrive en même temps que celle du corps2.

Tous les contes qu'inventent les hommes sur une vie qui suit la

fin de la vie ne sont que des mensonges, nés de l'ignorance de

la fragilité de la nature humaine et du sentiment profond des

misères, des terreurs, des douleurs qni les assiègent pendant

la vie présente 3.

Toute matérielle et mortelle qu'elle est, l'ùme est cependant

tout fait distincte du corps. Le corps est une tente, oit

l'alme vient habiter pour un moment. L'àme est l'élément divin

de l'lJtl'C humain, Celui qui a souci des biens de l'âme désire

une chose divine; celui qui n'a de souci que pour le corps, qui

n'en est que la demeure passagère, désire des choses humaines 4.

L'homme doit faire plus de cas de son âme, ofuZ'l¡,que de son

corps. Une (une parfaile peut réparer les imperfections et les

faiblesses du corps; la force du corps, sans la raison, ).(jY'Ijp..J~,

ne rend pas l'ùme meilleure 5. La beauté du corps, qui n'est pas

accompagnée de la raison, est la beauté d'une bête G.La

noblesse, pour l'anim:;¡l, consiste dans la supériorité, de ses

forces physiques celle de l'homme, dans sa beauté morale 1,

I,rne est ainsi partout opposée au corps qu'elle domine les

atomes invisibles, de forme sphérique, qui la composent, sont

r Sloli.,Fclo9.,1, 93J.

ql'Iul., Placil. l'h., 11·,T.3 Slob.,Serm., 120,20.

t 6. ~luIlJch.5 Fr. 128,8 Fr. 129,7 Fr. 127.

Page 133: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIHEDE LA PSYCHOLOGIEDESCIIECS110

non seulement divins, mais des dieux: t: Principia nientis.

Deos esse dicit t. L'âme, la raison, l'inlelligenco qui en est

formée est donc aussi un Dieu, comme les images qu'elle saisit

et contemple « Dentocriltis lutit inta~ines. it~ Deor~tnt ntlmel'O

re~ert, ttint scienlictns intelligenliantque ~tostram i. io Si elle

n'est pas un Dieu, du moins elle est la demeure d'un Dieu, '}uZ'~1i

Õ'OiXTIT-~pII)YÔxluovoç3..

L'âme est pour Démocrite identique à la Raison, à l'InteIli-

genœ, la Pensée, mais cette âme est répandue dans l'air

ambiant, à l'état dispersé de matière psychique. d'atomes sphé-

riques. L'air est plein d'~me tout, être qui absorbe de l'air,

absorbe a\'ec l'air ces atomes sphériques, c'est-à-dire absorbe du

feu, absorbe de l'âme. Les végélaux qui contiennent quelque

chaleur ont donc une âme.

Platon dira que l'âme est une plante du Ciel; Démocrite dit

que la plante est sur la terre une âme qui connalt et(lui pense;.

Non-seulement les végétaux, mais tous les corps ont une âme,

puisqu'ils possèdent tous quelque degré de chaleur.

Dieu est un Esprit, NCoü~,répandu dans le feu sphéroïde: il

est l'âme du monde 5, dont il se distingue par la figure et la

grandeur des atomes dont il est composé. C'est la matière infi-

nio dont sont formées toutes les âmes, Mais celle matière

chaude, ce corps de feu, est répandue dans l'univers entier,

dans l'air plein d'âmes: ces atomes, par leur nature même,

pénètrent dans tous les corps qui sont baignés dans l'air, et

comme ces atomes, c'est l'âme même, on peut dire qu'à des

degrés divers, dans la nature, tout vit, tout sent et tout pense 6,

Sur la question de la distinction de la pensée et de la sonsa-

tion, on trouve dans les renseignements historiques des anciens

1Cie.,De~\al.D., 1, ~3.ld., id., 1, I~.

3 rr. 1.Ar., dePlanl., 1, 815,b. 16.Theophr.,de Sens., 71.5 Slob.,Ecl., 1, 66; Cyrill.,c. Jul., 1, .t.

e Theophr.,de Seru.,7 É~ca7t·L..Ww;1.! Ë1t\kLixpoOliolp2,olxuv avvl,Io>Je nevoispastleraisondechangercommeZellerl'-IX~1)1jen Vôx~olj,

Page 134: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

J.ECCJPPEETDF-\IOCRITE 11\

sur la doctrine do Démocritc des contradictions qui peut ~tre

se trouvaient dans la doctrine elle-méme, ou sont les consé-

quences logiques des principes qu'elle pose. D'après les uns

Démocrite ne distingue pas la sensation de la pensée; ce sont

seulement deux états différents du corps, ITep~,e~c 1. Il croit

quo la pensée est sensation, et que la sensation est une altéra-

tion, liH"((r)¡¡'Ç d'oil la conclusion que ce qui apparalt à la sen-

salion est nécessairement vrai Ces aIlérations sont dues à la

pression et au choc de là la théorie des émanations qui seule

peut permettre de concevoir un contact entre des corps qui

restent éloignés l'un de l'autre.

Si la sensalion consiste dans un contact, tout objet sensible

est tangible 3. Pour que le corps sensible soit tangible à l'organe,

il faut que l'organe ait des vides et de l'humidité afin qu'il puisse

faire uno place au corps élranger, du moins aux corpuscules

qui s'en détachenl, s'en échappent par émanation, Il résulte de

là que chaque sensation se produit non seulement dans l'organo

qui lui semble propre, mais dans tout le corps; ainsi on voit

non seulement par les yeux, on entend non-seulement par les

oreilles, mais par tout le corps, et, par suite, par toute l'âme..

La localisation des. sensalions dans divers organes spéciaux

s'explique par la quanlité d'alomes qui pénètrent en plus grand

nombre et avec une pression plus intense dans certaines parlies

Stob., Ecl., Il. 7G5.olt M,leller propose,avec louleraison,de lire Dérnocr~ileau

lieu de V~mocI31l!5.j Ar., Jlel., Il', 5. 1009, b. f8 Theoph., de Sens., 71. ylv(~:l1 ~t:v iX(1IJTOV

x:z\ Elv, xu' n?.iGawv.lfais c'est une conséquencede son spsltmo à laquelleilsemble vouloirse dérober, puisqu'ila réruré (Sell. ~mp., Jlafh., VIII, 389), le prin-ripe de l'rùlagorasque toute reprtl~nlalion esl naie, en lui opposantquela représcn-lalion conlrairc, à savoir que toute représcnlalion n'csl pas naie, élanl vrâic clle-

nième, supprimela première. C'est l'argumentrenversé,que Sel tusappelle'ItE~tTp07ti,.

D'apfts Sed. Emp., .llalh., \'11,UO,il acceplail, avec Ana,ugore, que nous ne pou-vonsconnailrol'imisililequo par le l-bible, que l'idée, rrv lVVOI:ZV,est le principeclle critériumdela science,et les sensations,le critériumdu bien et du mal, ctlpia£w, 1<2\

9'iy~éç.3 Ar., de Sens., 4. Les images matéricllcs des choses pénètrent m31ériellement

dans les organe5des sen!, el parvenant par ces inslrumenlsdo lransmissionjusqu'àd

l'âme, '1délerminentdes changement; d'éL1tqui sont précis~mcnlles sensations.t Theophr., de Stna., 51.

Page 135: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTomE DE LI PSYCIIOLOGIEDES GRECS112

dont la composition se prête plus facilement à cette pénélrationcar le semblable seul agit sur le semblable 1. Les organes sen-

tent donc ce qui leur est semblable, et commo toute connais-

sance se ramène la sensation, le semblable est connu par le

semblable ¡.

a:Démocrite ~t d'avis que- nos facultés de sentir et nos sen-

sations possibles sont plus nombreuses que les sensations quenous sentons réellement, parce qu'il y a des objets sensibles quinous échappenl par leur mullipliciLÓinfinie et parce qu'il n'y a

pas d'analogie entre l'objet percevant et l'objet perceptible 3. »

Entrant dans l'analyse de l'opération de chaque sens, Démo-

crite expliquait ainsi l'acte de la vision a:La vision s'opère parla réflexion des objets, et il faut entendre ce mot au

propre. L'apparition de l'objet n'a pas lieu immédiatement dans

la pupille mais l'air placé entre l'acil et l'objet reçoit une em-

preinte sous l'impression simullanée de l'objet et de l'œil; car

de toutes choses, et aussi de l'œil, s'échappent incessamment

quelques émanations, «~o~ro~, co sont leurs images, EfÕooÀ'1,

ÕEliU).'1}pour ainsi dire leurs surfaces rapetissées. Sous cette

pression et en même temps sous l'influence du soleil, l'air se

condense et se solidifie il est en état de recevoir l'impression

de l'objet, de prendre des couleurs variées, et de se reMter dans

les yeux humides qui repoussent les parties solides et denses, et

laissent passer les parties liquides. Voilà pourquoi les yeuxhumides voient mieux que les yeux secs. chaque sons ne per-

çoit bien que les objets qui lui sont homogènes, ilx6?ulz j)

Ainsi,lesorganesnaissentdelaroncHon,etlafonctionmil m~caniquemenld'uneaclionextérieureel répélée c'esttoutà faill'hjpOlhèscdeM-HerberlSpencer.

Theophr., deSen,r.,63; 50; Ariil.,deCen.tl Corr.,1, 7, 3:;13,b, 10;&11,Emp.,adu..Ilalh VII,116.

3 Slob"Ecl.,7, 65,16.Ed.Caisfonl.l.c lexieestsi alléréquellcinekene l'ar.a.sreproduildansson~ilion.Unp.15S.1gealtérédoPlutarque11'lac.,11',10,3)répéléparGalien(c.'i! p. 5(6)permetdecroirequeDémocritesoulenailquelesaniumu~sansraisonelle~Dieuxonlunplusgrandnombredesenique leshommeset que,parmileshommes,lessages,aofoi,pourraienlaugmenlerlenombre'desleurs.

4Theophr.,~9,deSens.,51cl51,Hrimsoelh,Demowifide Animadoclrina,8ri Imago ilenlaconlinenlerimpressioneadhominempenerlur,ubiahImmiJià,imacorporisparlerecepl.1,in animampenelral..i

Page 136: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

i.E:ecirref.TDÜ\oCHm: il a

Théophraste cependant reproché à Démocrite de n'avoir pas

Mterminé si la sensation se produit par les contraires car,

dit-il, si la sensation est aHération, le semblable

n'est pas altért', par le semblable, et la sensation semble avoir

élé produite par le contraire. D'un autre côté sentir, être alléré,

c'esL soulTrir; or, d'après Démocrite, il n'est pas possible qu'un

Nre exerce ou subisse une action, si l'objeL de celle action est

d'une nature dilTérente de la sicnne et la sensation dans ce

cas parait produite par le semblable 1.

Plutarque croit voir dans la théorie de Démocrite la théorie

des images, Théophraste semble en faire autant, tout

en remarquant qu'il y a quelque contradiction entre l'image

et l'empreinte ( Celui qui imagine une émanation de la forme

de l'objet n'a pas besoin d'imaginer une empreinte imprimée à

l'air par l'aclion du soleil, comme semble le dire Démocrite 3. »

~lucun objet sensihle n'a une essence propre; ils ne sont

lotis que des états de la sensation altérée, c'est de là

que nalt l'imagination., c'est-à-dire la rcpréscntation sensible.

Maintenant on se demande comment, avec une telle théorie,

Démocrite pouvait ~outenir que, s'il n'y avait que du vide entre

l'œil et l'objet, la vue serait très perçante et très sûre, et qu'on

verrait mème une fourmi au point le plus élevé du ciel.

Théophraste a bien raison de dire que toute celle théorie de

la sensation laisse beaucoup à désirer. Il en relève avec justesse

les nombrcuses et manifestes conlradiclions 5, et particulière-

ment celle qui consiste à soutenir à la fois que les sensibles ne

sont que nos sensations, et à 'les définir cependanl par les

figures des atomes. Il n'estpas moins contraire la raison de dis-

tinguer entre les sensibles 6, et de donner aux uns, tels que le

grave et le léger, le dense et le rare, le dur et le mou, une

Theophr., id., 50. Ar., de Sena.,2.Pfac.Phil., IV,13.

3 Theopl,r.,50, 51.Id., 63,y. p. 119,-l,

s j 68el sqq.<Ï:TCt'ltI}V.a nivttùv ¿J11)ÉfI)~zao:·.Dvzvsi; airia;.

CHAI&~I:T,P~ytAolopit.. 8

Page 137: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

III STOlREUE L~ PSYCIIOLOGISDES CIIE:1Jlit

réalité substantielle parce qu'ils sont constitués par Jo ~·olume

des atomes, Tgi;;~=rl9E~,et de la refusel' aux autres, tels que le

doux, l'amer, le chaud, le froid, les couleurs, parce qu'ils sont

constilués par les figures. C'est sous celle réserve et avec ceLLe

exception importanto qu'il est vrai de dire avec Théophraste,

que, dans la doctrine de Démocrite, tous les sensibles ne sont

que des états do la sensation (Ù Ott10-.rTI)1tÍ'iTX,1tÍI)TIT'7¡ÇrxiIJ01¡'1u')Ç"

Parmi les sensibles, les uns constituent des L~lresréols, existant

par eux-mêmes, X~O' abn ?6-ittç; les autres ne sont que des

rapports, 1tp~;T' (lf,O"IjIJI'/l, le rapport d'une propriété inconnue

à la sensation qui nous est bien connue il n'y a rien en elles

qui soit analogue à la sensation produite. La sensation s'expli-

que, nous l'avons vu, par le fait que les molécules émanées des

choses e!ltérieures sont mise~ en contact immédiat, à 'l'aide du

mouvement, avec les organes des sens. Les sens n'ont pas de

spécificilé. Les sons, par exemple, arrivent à l'âme par le corps

tout entier; mais nous n'en avons la sensation que par l'oreille,

parce que c'est là seulement qu'ils peuvent s'accumuler en

quantité et avec une intensité suffisantes, tandis que les impres-

sions produites sur les autres parties du corps, trop faibles et

trop peu nombreuses, resLent insensibles et pour ainsi dire

s'évanouissent.

Ce qui prouve le caractère purement subjectif de la sensation,

c'est qu'elle change suivant-le tempéramenl, xp~ze~,l'àge et la

disposition accidentelle, Co qui est doux aujourd'hui est demain

amer; ce qui est froid pour l'un est chaud pour l'autre. C'esLdonc

hien véril:1blement la constitution, l'étal physiologique propre,

y cv9emc, qui est la cause de la notion que nous nous faisons

1 C'estici,je crois,qu'on\"OilpoinJNpourla premiérefoisla cmbre dislincliondesqualilésprimairesouubjeclivesel sœontlairesou 5ubjcc'i\'esdes corps.Onlarelrou\'cencorehiencm-eluppéedansle 7ïmée de PI~lon i Ari>'olcy subslilueladistinctiondes sensiblescommunsci des-sensiblesr,ropres;!'l'l,ruepar Desc.1rlesci Lockeci défenduepar lteid, combllluepar Ucrkclcyel parHume,elleM aujour.d'huià peuprèsunivea-sellenientawnJonnéc.DémocritecslloinLI'yMro!'l'slép.trloulfidèle.~J.Janel(l'sychol.,p. 150)croit« qu'elledoitsubsisterdanssesbasesessen-lielles.»

Page 138: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LEl'CIPPE hT [)È3lOCRITE 115

des choses sensibles, '1hlx z-'r,c9xvua(:zç. Aussi, voyons-nous la

méme sensation, T~z~zbT.29GÇ,être produite par des objets con-

traires, et des sensations contraires produites par un même

objet sensible 1.

Les organes des sens ne sont pour Démocrite, commo pour

Héraclite et Empédocle, que des canaux, des routes qui per-

rneltent aux atomes émanés des corps de se frayer un accès

plus ou moins libre, plus ou moins large, en plus ou moins

grande quanti lé, avec une force plus ou moins intense, dans

l'intérieur de l'organisme. Mais celle transmission n'est jamais

ni complète ni parfaite. Entre les corps émanants et le corps

organisé qui doit en recevoir les émanations, il y a toujours et

partout un inlermédiaire qui est lui-méme un corps, et par

suite un agrégat d'alomes, l'air, dont les élals très changeants

peuvenl et doivent nécessairement modifier les impressions du

sujet sentant, en altérant le volume comme l'intensité des

émanations qu'il reçoit Il. Par une conlradiction aux principes

du système 3, qui n'a pas échappé à Théophraste, quoique la sen-

sation no soit qu'un état de l'âme, 7ti~c,ç,c'est cependant par la

clualité de l'émanation, T0 7-Qt~vFt'~iitT%,`~par le volume,

la figure, l'ordre, la position des atomes émanés des objets

qu'il explique la diversité des représentations sensibles. Ainsi

c'est par 10volume des atomes qu'il explique la représentation

1Thcophr.,deSena.,61. r:cxplicaliondurwc sc rallacheparfaitementcl naturel-lcuenlà h doctrineder~manalion,Lesâme3,cOInpQ:;¡!e.>d'alonies,laissentEchapper,tornmelouslesautrescorp3,des émanalioosquien 50nlnonseulementles images,mais,commediraienllest;gyptieD5,lt double.Cesalome3gardenlles r,ropri~lésdes

curpscommedc,âmesdonlilséminent ilsprennenldesforiiiescl des\'oix,ci iéné-IrdnldansIccorpset l'âmedc l'hommeendormi,y i-roduizùnttoils les phénomènc~l.sldlOlogi'1uesdu rhe. Il ne fautpourlanlpasse fierà ces aphariliou·,loareequeles imagesquinousles apporlenln'ontpas toujoursni assezde forceni assezde

cbrt~,el parcequel'air qu'ellesIra\e\5cnl,plusoumoinslroubl~el agité,peul,parses rnoU\'emenlscl ses modificalions,allérer la sincéritéde la lransmi~;ion.PIuI.,Symp.,1'lll, 10, 2. XIY1jl'-iTIo>"JOÙrhJh'JI'TIo>"n. 7t:¡~W'lil1;>:Í,mc.W/77tfÍ'EI'}'Jj(/);¡Y;Í(m xzl al<ladH!IVM~(1;n. ll:z>y'/7I'-I)Ù;x:Z.4PILi;.

i C'eslainsiqueDémocritepouvaitsoulcnirques'il n'y a\'ail pas d'air, maissculcmeulduvideentrel'œilel robjel,on \'errailunetourniipbcéeauPlushauldescieux.

3bnTÍIo> e '1t,f"!I, Thcopb.,id., 00et a.

Page 139: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIR.:DE Li P5YCIIOI.OGIEDES GRECS116

des objets sensibles qui ont une réalité extérieure correspon.dante et des propriétés analoguC3 à la sensation pmduiLo; c'est

par leurs figures qu'il rend compte des autres sensations. Ce

n'est pas que puur constituer un objet, qui produit une sen-

sation déterminée, il ne so rencontre que de-3 atomes pourvus

d'une seule et mème figure; au contraire chaque objet ren-

-forme un nombre infini d'atomes de figures différentes mais

la figure qui domine dans l'agrégat détermine le caractl!rc de la

sensation, et imprime une forme particulière à la puissance

générale de sentir 1.

On devine le principe qui le conduit dans celte recherche

c'est une analogie des plus naives. Une saveur est douce au

goût: les atomes qui la produisent auront une figure analogue,

c'est-à-dire seront ronds et grands; une saveur est amère les

atomes de l'objet seront grands, mais rudes et anguleux un

objet est blanc et dur ses atomes s~ronl comme la surface

interne d'un coquillage, c'est-à-dire égaux, ronds, pourvus de

canaux rectilignes; un autre est blanc et mou ses atomes

seront ronds et ordonnés deux à deux aussi régulièrement quo

possible, Tout ce qui est blanc a ses atomes lisses et polis; tout

ce qui est noir a ses atomes rudes, inégaux, dissemhlables, et

projetant pour ainsi dire de l'ombre les uns sur les autres,

la sensation de l'odeur est opérée par des émana-

tions délicates et fines celle du goût par la dissolution des

atomes au moyen des liquides de la bouche.

C'esL par le méme principe que Démocrite rend compte de la

diversité des couleurs, qu'il ramène à quatre principales le

blanc, le noir, le rouge et le vert, dont les autres ne sont que

des mélanges.

En somme, il est exact de dire avec Théophraste que la con-

Id., 67, 1.t211'¡T:Ilip4~-çz -r~-0af.¡fJr,'¡I"X(1\TT,"J'avaisétélenléd'aliiibuci-au molle sens,lef.1U'I!objectivede lascn5..1liunj'cnairltl Mlouro!!par le pa~ge suivant, 7~, oiiTLAuphrasledonnepourcausecl(a-cunedessaveursune figureanaloguela fluis-lIIcO(luiréciidedans les sen-ilion5,'tt"J; T ~'I ~'J"lP" T"(¡V E'I Tljt~ 'it1.rJ!tJL".

Page 140: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LErCIPPEEToÉ~~ocnire 117

naissance sensible, du moins, n'est pour D~mocrite comme

pour les anciens philosophes qu'unc modiflcalion, une aUéra-

tion 1du sujet sent.1nt, qui n'est lui-même qu'un corps, c'est-à-

dire un agrégat d'atomes. C'est cette modification qui produit la

rcprésentation sensible, à laquelle Démocrite donne le nom

assez particulier de 'f7.'IT,7-'ilzpour la distinguer sans doute du

phénomène purement physiologique de la sensation, qu'il

nomme ~ifj~; :i!.

Y a-t-il un autre mode, une autre forme de la connaissance,

que la représentation sensible? la chose ne serait pas douteuse

s'il fallait en croire Plutarque, qui dit catégoriquemenl que

Démocrite, comme tpicure, établissail deux parties dans l'âme;

l'une qui possède la raison et a son siège dans la poitrine

l'autre privée de raison et répartie dans tout le corps3. Mais il

se pourrait, et c'est l'opinion de Zeller et de Diels, qu'il eÚt fait

confusion. Toutefois il est bien certain que si Démocrite n'a pas

établi desfacuUésdilTérentesdallsl'àme, si la pensée n'est pour lui,

comme la sensation 1, que la modification produite mécanique-

ment dans l'âme par la rencontre des atomes extéricurs des

ohjets avec les atomes de l'âme, s'il appelle l'âme, Raison,

x;:). T7.,h~vx-xl v,~«,3~j5, sans établir aucune dilTérence

(I"e5zsence,il distingue cependant deux sortes de connaissances

auxquelles il attrihue une valeur de vérité très différente.

Dans un ouvrage intitulé Les Rèples 6, dit Sextus Empi-ricus 1, Déinocrite élablil deux connaissances, l'une par Ics

1UtStn,t., a. E). ib çrovEiv1((1Tizn,'¡ "n"'Io>'Jt,¡.j 1-1.,6:7 1t~yt~ttz9r,ir; ~tI1FjT.I]'E(d;â).).ovov~€vr,G,è~ir,GYivEaSxs,sT,v~nv-

t2I'Ji~o¡-Id_,91. J.vja!pErrYripsnxziri,v a.7tIj~jT"Wo ><ovvElnxe7rp~;tT,v~avtzaiav, r",v YEvE·r9mFt2 TŸ,YE'137tji).,·~tvto0 ~l~l');a»~b.v.

rnl., l'lac. reif., 1\ -l, 6,Arisl.,d~An., 1. 12.Cie.,deFin., l, 6: quorumconeunionenonsolumridea-

ntus,se.!cliJmcO!1ilel/l/ls.Slob"Rcl.,l, 1G3,T-r,-ol2ï-rlJ"alVxzl ri-,vvl,r,'J'"¡yivEZ4as[tlwh.:>vnlo>V'!t~JI¿HIo>V.

5.\ri; .tltf., IV,5, 1009,b. li. ds~TI,'~1t',bI1Õ~~[lVi'pI,V'r,'11VI1hTT,VT:z'5Tr,VLÈ:[lv:1I"n"¡.JtV.

15D.L" IX, -11.donne 1t!pl,\1j111<ÙvX2VWV,a', f1',y', lih-coisGlS5en,Jivou-hil subslilucr).oYvxtwà l"ll1b\vque~1¡ln3gccsld'nis docon-wrver.

Adv.J/nfh., VII,138.

Page 141: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA PSYCHOLOGIEDES:CRECSI18

sens, l'autre par la raison, 8n ~~s La connaissance par

la raison est qualifiée par lui de sincère et -véritable,

c'est à elle qu'il faut ajouter foi pour juger de la vérité. L'autre,

la connaissance sensible, est appelée obscure, et il lui

refuse la fixité nécessaire la connaissa.nce de la vérité. Voici

ses propres termes ecIl y a derrx formes dit saLOir l'une sin-

-ccre, l'autre obscerre à la connaissaace obscnre se rapponlerrt

tons les ~p~hénontèucs de la L~rc, de l'ouïe, de l'odorat, du

r~otit, du louclrer. La connaissance sirecére est celle qui est dis-

eiucte de t'arttre Il. Et pour marquer la supériorité de l'une sur

l'autre, il ajoute Lorsque la connaissance obscure ne peut plus

qu'à peinevoir, entendre, sentir, go~iter, toucher. commence

le l'die et intervient l'acte de la connaissance rationnelle', qui

sans doute a pour objet les atomes et le vide, lesquels, tous deux,

par leur nature échappent il la prise des sens, mais sont les

seules et vraies réalités. fi D'ordre conventionnel, v6:J.I¡J,c'est-

à-dire d'ordre relatif, sont le doux et l'amer, le chaud et le froid,

la couleur il n'y a de réel, !TF,~7que les atomes et le vide 9. »

Il n'est pas facile de concilier ces assertions empruntées à un

ouvrage de Démocrile, avec d'autres non moins affirmatives et

tirées également d'un de ses livres. Dans son ouvrage sur les

I-ôrrrtes et F'igures, llEp\ i1ow'/3, Démocrite soutenait que nous

ne savons lien de certain sur aucune chose, que nos opinions

ne sont que des impressions du dehors qui fondent sur nous,

i,;tI?~'JI'r:J.l"1'sziao~ow 'Íj Õ6;lç,que nous ne saurons jamais ce que

chaque chose est ou n'est pas en réalité et dans le livre méme

intitulé Kf1TU'/ô;'pl~, où, d'après Diogène de Laërte s, il avait

cherché à confirmer et à justifier les théories de ses ouvrages

antérieurs, il repèle fi Nous ne savons rien de certain; la con-

naissance n'est pour,nous que le résultat fortuit du choc des

1Telleest du moinsla conclusionqui sembleiDdi:;pcm.1blcà. la phra~enonterminéede Sellus.

3 Seit. P.mp.,Adu..I/alh., Vil.13!).J C.-à.-d.lesatomes.Conf.Plut.,,I,(¡..Col., 8.D. L., IX, J5,

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LEl'CIPPE ET Dt\IOCnln: 119

atomes du dehors qui veulent s'introduire dans notre corps par

le contact, et des atomes du dedans qui résistent et s'opposent

11leur impulsion 1. »

Le plus probable c'est que ce scepticismc ne portait que sur

la connaissance des sens, comme le fait d'ailleurs ohscn'cr

Sextus, -,L4V~-0Ëç'1l?lTw;X'1I"¡Z7tTET'11TWYrll?r~ .E(DY.C'est aux impres-

sions sensibles seules qu'il appliquaille mot véritahlement scep-

tique, u pas plus ceci que cela car Théophraste qui

a étudié avec soin et critiqué avec une grande sévérilé sa doc-

trine de la connaissance, attcste qu'il admcttaiL une forme légi-

time de la connaissance, Tb~r9YEZY,laquelle il esl vrai, dépendait

de l'état sain du corps qui plaçait l'âme dans un équilibre par-

fait 3. Lorsque l'âme est trop chaude ou trop froide, elle se

trouble eL se trompe, !£'tXH1TTfIV, ';H"rt"niv ce qui est la

conséquence naturelle d'un s)'stème qui fait de l'âme un corps.

Niais si Démocrite croit devoir, quelle qu'eh soit la valeur,

donner une explication de c'est assurémenL qu'il recon-

naU à l'âme humaine la [acuité de connaUre la vérité. Sextus

l'avoue lui-même: Démocrite admet une raison, ),I,'(c, crité-

rium de la vérité, et qu'il appelle la connaissance sincère l.

Ce sont néanmoins les phénomènes, rk 'f'7,1'J.£V:X, c'esl-à-dire

ce qui apparalL aux sens, qui nous permetlent de connaHre eL

de juger les choses invisibles, xFIT'f,Fi'X5

T'f¡ÇWv .x~'f,),w'/X'1T'1h¡-

de même que l'idée, ~VC,I'X,est la mesure de la science,

~-f,r,wc, et la sensation la nie-sure du bien et du mal0. Les choses

cachées sont les alomes et le vide les perceptions sensibles

nous meUent sur leur trace la raison, la pensée, l'idée, Évvcm,

1Sul. Ernp.,,Idl'Ila/h" Vit,t36, Cie.,Acad.,IV,23. Obsciiroi,lenebriroso>.Il eslsi éloignédu sreplirismcde Prolagorasqu'il a, pour le i-éfitter,drril, audirede Plularque,Adn. Colof.,8, beauroupde choseset lr'1~-solides.

2 &x!. Ernp.,nyrrh., 1, 213;Plut.,rldr. Col.,3 Theophr.,de Stn.t., 58.1t! r,)5<¡;p')~virt T0'70ÚT',Vsipr,xw,~n ylyvu(1'

~Jl1l'-h~lo>c~/o·~a,c -1~,ç.}-Jj(r,cxnizri,vx~1i'7LV.(\'ulgoI1ET:'TY,Vxi-'f,'7tv).r Adv..Iloih.,Vil,t39, HO.Il11c`l bienévidentquele moln'appartient pas à la languephiloso-

phi¡¡uode D~rnocrile.Id., Vit,110.

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IIISTOIREDE 1~1PSl'CIIOLOGIR[JE.')GnEC.)120

nous donne la règle de la recherche scientifique. Il n'est donc

pas vraisemblablequ'ilait prétendu, comme le soutient Aristote,

que tout ph~nomène est vrai pas mème dans le sens qu'il lui

allribuo, savoir que tout est également vrai, ce qui revient à

dire qu'il n'y a rien de vrai ou que la vérité se dérobe à nous

proposition qui est nullement une conséquence nécessaire de la

doctrine qui ramène la pensée à la sensalion. Sans doute,

Drmocriie croit qu'il est impossible à l'homme de tout savoir

et de savoir d'une science absolument certaine il le détourne

de ces prétentioris et de ce désir insensés; mais dans les limitC3

qui lui sont tracées, il peut savoir quelque chose, et'ilil doit le

savoir, et le savoir bien.

7tQÀU'I,){-'I'Iov;¡?Àu:,L'11J{-rj'l2rsx'eevZP'

uy zxvrz i-dIJUIJOxl7l'?,)%:J,~?,~ril~rzvswv~:J.'10'~çyl'l-f¡3.

La science et l'étude qui nous y conduit transforment l'homme,

et par ceLLe transformation créent en lui comme une seconde

nature, fl ILSTII,JIU91 Ta.v -Í.'I°rtJ)1t?V,p.En?~!JIJ!j;Ja ~è

?v~t4aotést 3.

Enfin, il est difficile d'attribuer la doctrine du scepticisme

absolu (le Protagoras au philosophe qui, le premieravant Socrate,

avait cherché'à donner des définitions non seulement des sen-

sations, mais encore de l'idée et de l'essence 1, qui, suivant un

mot sembbble à celui de Socrate, aurait préféré au tronc du

roi de Perse la joie d'avoir découvert une seule vérité 5.

Si limitée et si incertaine qu'elle puisse ètre, se proposant

moins la vanité de l'étendue que la solidité et la profondeur, la

1 lie ~ln., 1, 2,101, a. 28. sb yàp -il,1:~ ElV:lIT~ 1':lL"~IlÕ"i";iJ., .Ilt!11',5, 1009,b. II. Conf.Pliilopon,de An., h. 16.,J~.y ~t:i'é~£I'IT1,Yali,O!luni W T~.(1:'10i,'1!1çmvdlas%ri.Dio~. 1. IX, -15.fa véritéest i-0(B59r~,cc quer~r.èleCiè.,.Icurl., l\ 23. In profiindi)verilalcm- verumpbne negalC5>C.

Fr. 110r.,110,11ullach,Fragm. 110r"138,1lulJao:h.

Ar., .I/ef.,XIII, 1018,b, 20..1'r,(L~1_IT');Ÿ}UIjIIl,vljv(zo~J~¡{!IJO:'I),ni

b)p!,jxr47rw.r~ Oip;L>jxxi si ·~·J/pin.l'h~.t., Il, 191,a. 20. TIj'j!rl"JCnii9rJtÎ 7,%ET%3i~1~1.tO.

Euseb., l'rrep. El' XIV,27,3.

Page 144: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I.H'CII'PEr.r I)É-~10111]TF 121

science offre à l'homme encore hien des avantagez;, el contribue

C3senliellem~nl son bonheur. Trois choses sonl nécessaires

pour rendre l'homme licureu~, et de ces lruis choses la prin-

cipale est la scien~e, la raison cultivée et excrcée, qu'accom-

pagncnl l'art de bien dire et l'art de hien vivre l, Toutes nos

Caules ont pour principe l'ignorance, l'ignorancc du vrai bien.

La source du bonheur est dans la connaissance; c'est cette

connaissance des choses qui peul produire dans l'àme, siège de

la félicité, l'harmonie cI le calme, c'est-à-dire le vrai bonheur,

(lui se peul définir ou Msignc,' par les mots, E,jE'1TÛJ,?:T'Zpzç(:z,

et i'h:j.~(:z 4. On y arrive en sachant modércl' ses jouis-

sances et régler sa vie avec mesure et harmonie, !J.ETP!I¡T"H

Ttf'}! nI ~(~'Jç'Jp.ETf(-fl'

La contemplation de la beauté morale est la plus grande

comme la plus pure jouissance de l'homme3. Le bonheur est

dans l'âme, et dans l'fllne honne,-c'est-dire, sage. Le sage peut-

être heureux partout, car il -emporte avec lui son âme; il est

ainsi partout chez lui le monde entier est sa patrie 1. Avec la

satisf.'lclion du désir, le plaisir s'évanouit. 1'o~rs les hommes ont

un instinct naturcl nuire aux autres de là la nécessité des

lois; l'homme brave est celui qui est plus fort que 10plaisir;

J'homme de bien ('sI celui qui non seulement ne fait pas l'injus-

tice, mais détruit cn lui-même le désir de la faire. A l'aide de

la Raison l'homme peut vaincre le chagrin. Sans inshü~ation,

sans enthousiasme, pas de poésie s.

On attribue Démocrile quelques écrits sur la grammaire et,

d'3lWès Proclus, il a\'ait adohlé sur l'origine du langage l'opi-

nion diamétralcmenl opposée à celle d'IIémcIitc. Tandis que

celui-ci soutenait que les mots sont des ccuvrcs de la nature,

Démocrilo les déduisait d'une convention humaine, passéo en

1 Diog. 1, IX, ~G.i 1), 1." IX, 15. yi).;vG~; X~\ a~asa5t~: Ciro, de Fin.,

Slob Serm., III, 31.

Fra~m 23~. o}-J:f.7,;yixp'xy2~hç fiU:t; E'S~aaic x4o7lir),.fanis, Crach. AwPa~cA., \!51. Slob" F'lor., 1, 193. Gc., rIe Die~ 1, 3i.

Page 145: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOInE DE LI PSYCHOLOGIEDES GRECS1~?i

habitude l, ce qui en expliquait les imperfections. Il démontrait

sa thèse par quatre arguments 10premier, liréde l'homonymie:

puisque le même mot s'applique à des choses différentes, il est

évident qu'il n'a pas été fait par la nature; lAsecond, tiré de la

polyonymie on arrive à la même <;onelusion en observant que

des noms différents sont donnés à une seule et même chose

le troisième, tiré du changement des noms comment, si les

noms avaient été faits par la nature, aurait-on pu changer le nom

d'AristocIès en celui de Plalon, et le nom de Tyrtame en celui

de Théophraste; le quatrième, tiré du manque de mots analo-

gues de 9~')'f1'I! dérive .vstv, tandis que ne pro-

duit aucun dérivé. La nature, dans ses productions, no montre

pas ces caprices et ces irrégularités. Les noms sont donc

l'œuvre du hasard, et non de la nature

La morale de Démucrite présente une suite d'observations et

de prescriptions qui n'ont aucun caractère scientifique eLsysté-

matique il en est de même de sa théologie; car dans la philo-

sophie de Démocrile il n'y a pas do place rationnelle pour les

dieux ce qu'il en dit n'est qu'une habitude, de langage ou une

concession [aile aux croyances nationales, au culte officiel, la

religion légale.

r 5fzer.C'eslle m~mesensqui esl eiprimépar les mois,,,&!t' a5cv,~'J',6;'x~'}.h :6{;);. Prod.,in Cral., eh. 16.

Procl., in Cral., ch. 16,

Page 146: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CII~1PITItE SEIZIÈME

LES SOPIIISTES rnoraconas

Les sophistes, que Biese appelle les Encyclopédistes de la

Grèce, n'ont point eu de système philosophique proprementdit et par conséquent n'ont pas eu de psychologie systématique.l.etir but n'est pas scientifique mais pratique ils s'emparenL de

l'éducation de la jeunesse l, et veulent la préparer à la vie

réelle, active, et surlout la vie politique donll'éloquence était

l'un des plus puissants instruments. Par l'élude du langage, des

procédés extérieurs du raisonnement, des formes et catégoriesdu discours, ils sont amenés fi J'étude des formes et catégoriesde la pensée et de l'intelligence, qui leur correspondent. De là

celle espèce de spéculation philosophique dont le caractère

commun est le scepticisme.

Protagoras d'Abdère, comme Démocrite, né vers l'an 480 el

mort vers 411, est le premier qui ait porté le nom de sophisteavec sa signillcalion nouvelle, c'est-à-dire (lui ait, sous ce titre,

enseigné la jeunesse à prix: d'argent, non seulement à Atllènes

qu'il fut obligé de quitter, pour échapper à une accusation

d'athéisme mais encore dans la Grande Grèct! et la Sicile.

On ne sait guère de ses doctrines que ce que Platon nous cn

Plat., Profa~ 316,a. "1L~).t)ywic a.yari,ç etvxvzxi r.:U~H" n~.OpcSr.·.vc-("est sonécritstrr'les Dieu.zquien full'occasion,rJ'1ouvrage,nonplusquele

livre'A).~5etxqueluial/nllUele 5coli.lSlede Platon(Thexl., 161),u~uplusquelesKn:xI;:i>Jmn;(>,I,Y~I)Msjgn~sp.lI'&llusEmpiricus(adr..llnfh.,1'll, 60),nonplusquele traitéde 1'~fre,Daté parPorph)1"C(Euscb.,l'r:~rp.Ev.,X,3, ~5),nefontpartiedu C:llaloguedes F·crilade Protagorasdrc> ou copiépar Dio¡¡~ne.parmile;quelsonentrouveunbien[\l'Iiinombredonllelilrerévèleuncontenuphilosophique:Gt7l~aifsd'~`risfiqrte,dea Scieneea,du Courernerntnl,desrlnfilo9its,endeuxlivres.

Page 147: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Hlb-TOIREDE L\ rSrCllOLOGΠDES GRFCSlit

fait connailre, eL il ne nous fait connailre de lui qu'une th60rie

de la connaiss..1nce, fondée sur les principes do la mélaphysique

d'Héraclite.

Protagoras, dit Platon l, soutient que l'homme est la mesure

de l'être comme il est, du non-êlre comme il n'est pas. Tello

èhaque chose m'apparalt à moi, telle elle est pour moi telle

elle t'apparall à toi, telle elle est pour toi 'J, Mais le fait qu'une

chose parait à quelqu'un, c'est là senlir. La représell-

tation et la sensation sont donc une seule et m6me chose, dans

les choses sensibles car les choses que chacun sent, chacun

croit qu'elles sont, et qu'elles sont telles qu'il les sent. Or la

sensation a toujours pour objell'étre elle est donc science, et

infaillible.

\fais quel est cet êlre, selon la vraie pensée de Prota~oras?

Aucune chose, ni essence ni qualité, n'existe ensoi et par soi

chaque chose n'est ce qu'elle est que par son rapport à une autre,

et c'est de ce rapport que dépend, c'est dans ce rapport que

consisteson ètrc momcnlané, changeant, instable: ce que loi lu

appelles grand, parallra aussi petit co que tu appelles lourd

parailra aussi léger. Cela vient de ce que toutes les choses que

nous disons, par une inexactitude de linryat7c, êlre, Etvw, ne

font que dm'enir, y(yis-7timi,par un mouvement, un transport, UII

mélange des unes avec les autres. Rien n'est tout devient. Sur

cepoint, tous les philosophes, Protagoras, liéraclile, Empédocle,

tous, excepté Parménide, sont d'accord c'est le mouvement qui

engendre l'apparence de l'être, le devenir; c'est le repos qui

produit le non-ètre et la destruclion. Du mouvement naissent

le feu, la vie, la ~anlé, la science, santé de l'àme. [,me n'esl

aulre clt~c que les sell:;ation5:J.

Le pri ncipe auquel sonl suspenducs [otites ces pl'Opo;;ilions est

celui-ci tout ce qui est est mouvemenl et ne saurait ètre autre

1 The.~ef.,la: a. e! SlI'I:1f.'e:;1li cettefameu>cthèseda Protagorailip. )..)Y'I",

~I'<v-d'rll axpx ri_ :.rO¡<¡T,'7!t;.Dio;¡,1. I\, r.I, ~p~isellll,lelircr ,le I'laluucelle/II"')J""ililln,car il ajonle 1<,>:1):'-4'£'L11).itui~o;>7""

Page 148: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

l.Fa SOPIHSTES hHOT,~GO(1~15 I~.

chose. II y a deux espèces de mouvement, et quelle que soit la

variété infinie de formes que présente chacune de ces deux

espèces, elles se spéciflenl, l'une par la puissance de faire, 7tc,'Eh,

l'attirt3 par la puissance de souffrir. Quand elleqse rencontrent et

pour ainsi dire se froUent l'une l'autre, alors naissent des effets

infinis en nombre, 'mais qu'on peut classer sous deux genres

l'un, l'objet sensible, l'autre, la sensation qui est constamment

liée à l'objet sensible et nalL avec lui.

Les sensations auxquelles nous avons donné des noms sont

les visions, les auditions, les olfactions, les sensations de froid

cl de chaud, les plaisirs, les douleurs, les désirs, les craintes;

mais si celles (lui ont un nom sont déjà nombreuses, celles qui

n'en ont pas sont innombrables.

Le genre des objets sensibles, qui naiLen mèrne temps que le

genre des sensations, a des espèces correspondant aux espècesde celles-ci aux visions de toute espèce, toute espèce de

couleurs, aux auditions de toute espèce, toute espèce de sons

et de voix, et ainsi de même à toutes les autres espèces de

sensations correspondent des espècesd'objets sensiblesayantunenlbme origine, ~uyyiV'fl'

Toutes ces choses se meuvent f, se déplacent, et c'est dans

ce déplacemenl, çopX, que consiste leur moU\'ement Il. Lors

donc que l'oeil et l'un quelconque des ~bjels sensibles en rap-

port naturel avec l'oeil se rencontrent alors naissent et la

blancheur et la sensation qui lui est naturellement liée, les-

quelles, l'une eL l'autre, ne se seraient pas produites si l'œil et

l'objet s'étaienl portés chacun vers une autre chose. Mais main-

tenant par le mouvement de la vision venant des yeux, par le

mouvement de la blancheur, venant de l'objet qui engendrecelle couleur, 1'(eil deviont plein de vision et voit il devienl

1 Theaf. 156,d. Leschosesne sontdoncpasmOIll'cmenlpur elles supposentunobjetDiù.

i [lus loin(181,d), Pbton,en critiquantel enréMantIl doctrinedeProtagoras,delingueuneautreesp~e .Ieniouvemûni,inii3 on nemit pasbiensicelledistinclione~tdeson (ail,ousi elleappnlienlà l'Nlagùr.Li.

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IIISTomE DE L.~ PS1'CIIOLOCIR:DFâ~CRECS126

non pas vision même, mais œil voyant, et l'objet qui produitla couleurse remplitde blancheur et devient, non pas blancheur,mais quelque chose de blanc, soit bois blanc, soit pierre blan-

che, ou tout autre objet susceptible d'êlre coloré de celle

couleur. Il faut appliquer ceLLethéorie tl toutes les choses, aux

choses dures, chaudes, etc. Aucune d'elles n'est rien par elle

mème; c'est dans leur rencontre les unes avec les autres quetoutes elles deviennent c'est par le mouvement qu'elles se

diversifient: car il n'est pas un seul cas dans lequel il soit pos-sible de concevoir que l'agent ou le patienl est quelque chose

de subsistant par soi. L'agent n'est rien avant de se rencontrer

avec le patient le patient n'est rien avant de se rencontrer avec

l'agent. Ce qui se rencontrant avec une certaine chose apparaltcomme agent, se rencontrant avec une autre apparalt comme

patient. Ainsi les choses ne sont en soi ni actives ni passivesl'acti.ité comme la passivité n'appartiennent à aucune chose

en et par soi elles ne deviennent telles que par leurs rapportsles unes avec les autres. En un mot la catégorie de la relation

supprime celle £le l'ètre et ~'y substitue, ([ Il n'y aura plus

d'objet sensible du moment qu'il no sera plus senti 1. Ce quin'est senti par personne n'existe pas! D

Comme nous l'avons déjtl dit rien n'est par soi 3; il faut

supprimer partout l'être, et quoique l'habitude et l'ignorancenous obligent souvent en faire usage, il ne faut autoriser chez

personne l'emploi de tel nom ou de tel autre, qui implique une

essence, une nature constante el permanente il faut exprimerles choses suivant leur vraie nature el ne se servir que des

mots devenir, agir, périr, changer. Il faut le faire non seule-

ment en parlant des choses individuelles, mais en parlant des

1Arisi-,Jlef., IX, 3.Seil. Smp.,Pyrrh. Ilyp., 1, ~19.On (NUI"CdansD.L., IX,51,cellephraseisolée Pourl'rùL1g0fa3,l'âmen'c.-(

rienquesoi sensations E,I-ccà dire qu'ilen niailla réalitésubstantielle,pournevoir enellequedesgroupe.incessammentliéset incessammentdélié.de scnsatioll5Ouvoalail-ilsimplementdirequ'onne trouvedansl'âmeque dessensalion;¡et rien,lUirechose?

Page 150: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LE~ SOPIIISTFS PIlOT~ICORAS Il!i

espèces et des genres, qui contiennent les individus et qui

n'ont pas plus de permanence, pas plus d'êlre qu'eux, quoi

qu'on leur donne les noms généraux d'homme, de pierre,

d'animal.

Tout ce qui est senti est donc vrai, et l'homme est la mesure

des choses, c'est-à-dire que chaque individu a dans sa sensation

personnelle et actuelle le juge et l'arbitre propre de la vérité

Il n'est donc pas étonnant que Protagoras, en se fondant sur

les perceptions sensibles, contest-àt les propositions géométri-

dues les plus certaines, et soutint, par exemple, que la tangente

au cercle touche la circonférence en plusieurs points, et non

pas en un seul, comme le disent les géomètres 1.

La doctrine de Protagoras contient évidemment la négation

du principe de conti-adiction, puisqu'il arrive fréquemment que

ce qui parait vrai à l'un parait faux à l'autre or si tout ce

qui nous apparalt est vra~, la conclusion nécessaire c'est que

tout est à la fois vrai el faux. La mème chose est eL n'est pas.

Les contradictoires sont vraies en même temps 3.

On conçoit qu'appliquant ce principe à l'éloquence, Prota-

goras ait pu enseigner qu'il y avait sur toute question deux

démonsLrations opposées et également vraies, et que cet art,

ruineux pour la morale et pour l'intelligence, de donner à une

mauvaiso raison la force d'une bonne, à l'erreur et au mal

l'apparenco du juste et du vrai, ait dù être appelé l'art dePro-

tagoras

Il no s'était pas contenté de poser ces maximes la fois pra-

tiques et spéculatives s'il faut en croire Platon, il les défendait

contre les critiques par les arguments suivants. On objectera,

disait-il, les illusions et les erreurs produites par les sens, les

maladies, la folie, erreurs qu'on ne pourrrait rcconnaltre comme

telles, si on ne les distinguait pas d'autres opinions marquées

1Plal., ~h«r., 160sqq.Ar.,Jler., III, 3, 09M,a. 3.

3 An,l" J/e' IV 6, 1009,a. G.

Uiog.L., IX, [,1. l'lai.,Apol.,23d.; Arisl.,Rhel., Il, 2J ¡Cie.,Urul., 8.

Page 151: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEU(·:LA PSYCIIOLOCIEDES GIŒCS1:!8

d'un caractère manifeste de vérité cela on peut répondre

que pour celui qui les sent, les choses sont bien telles qu'il les

sent. Le vin est amer pour celui à qui il paralt amer, puis

qu'être n'est autre chose que pamUre, c'est-à.dire élro senti. Et

d'ailleurs sur quoi s'appuie-t-on pour dire (lue les visions des

songes, et les sensations des maladies sont fausses, puisqu'il

n'y a aucun caractère certain pour distinguer le sommeil de la

veille et la maladie de la santé.

Dira-t-on que ce système, d'une part, abaisse les hommes

à la condition des animaux, et de l'autro, les élève à la condi-

tion des dieux ? D'abord, dans une discussion philosophique, il

ne faut pas faire intervenir l'idée de la divinité, dont on ne

saurait prouver ni flu'elle est, ni qu'elle n'est pas, ni ce qu'elle

est si elle existe l, Quant à l'autre argument, il est moins phi-

losophique encore; dans la science, il ne faut se laisser guider

ni par des senliments ni par des préjugés il ne faut juger des

choses que par la réalité et la logique. Les dieux, s'il y Cil a,

sont tous supérieurs aux hommes, et les hommes sont supé-

rieurs aux bêtes, non pas par co que les uns sont plus proches

de la vérité que les autres, mais parce qu'ils sont dans une

situation plus avaiitai7euse; nos opinions diffèrent les unes des

autres, non pas parce que celles-ci sont vraies, et celles-là

fausses, mais parce que les unes nous procurent plus d'agré-

menls, de commodilés, de satisfactions que les autres. L'ulilité,

voilà la vraie mesure de la sagesse

En se plaçant à ce point de vue positif et praliquo, on peut

encore concevoir des maximes et mème des principes d'une très

noble morale. C'esL ce que prouvent le mythe de Proclus sur

Hercule et le mythe de Protagoras 3.

1 Plat.,Thexl., 160sqq.Diog.L., IX, 51. !>cd.Emp.,Adn.Jlafh., 329; Cic.,de ~1'nf.D., l, 12cl 23.

Thexf., 1G8,c.3 On ne sait de quelouvragede f>rolagorasPlalona tiré ce b.?au~1}1he.Frei,

QrrrealioneaProluyorra, p. 182,indiquepar pure conjecluro!l'écrit intitulédansle

f.alaloguede Diog~nen·_pir~c f~·,¡~¡(~et l'onne saitp:j le sensde ce lilreou le contenude l'ouvragequi le porlail.JIn'e.>tpis cerlain,quoiquecesoilrraixmblablc,quePlalonl'a e1lr.titréellementd'unowrage.JeProlagoris.

Page 152: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

U:SSOPHISTYS1,ROTAGOBAS 129

9

Les arts, qui permellent à l'homme de créer les choses néces-

~aires à sa vie physique, et par celle puissance de création le

rapprochent des Dieux, la foi en des Dieux, l'adoration de

leur puissance, le cu lie et les autels qui leur sont consacrés, la

découverle admirable du langage, tout cela ne suffit pas encore

pour faire de l'homme un homme et si l'on suppose qu'à une

période donnée,Ic3 hommes n'ont eu que ces facultés et ces acti-

rités, les sociétés qu'ils ont essayé de constituer ont été bien

vitedétruites par le fond de haine féroce qui était dans leur caeur.

Ce n'est que lorsque, par un bienfait des Dieux, deux sentiments

nouveaux ont uénétré dans leur ~me, la justice et l'horreur du

mal, sentiments auxquels participent également tous les hom-

mes sans exception, qu'a pu étre fondée une société véritable.

I,a société repose tout entière sur un sentiment moral qui fait

parlie essentielle de la nature humaine, le respect du droit

et l'amour du bien. Comment une telle pensée, aussi pure que

vraie et profonde, pouvait-elle trouver place dans un système

philosophique tel que celui de Prolagoras, c'est ce que nous ne

nous chargeons pas d'expliquer, et ce que Protagoras, qui ne

parait pas avoir éprouvé le hesoin d'une doclrine systématique,

n'a peut-étre jamais' cherché s'expliquer à lui-même,

f'UIGUT. P~yrhOfOpie.

Page 153: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE DlX-SEPTI~ME

LES SOPIIISTES GORGIAS

Gorgias, était un Sicilien de Léontini, comme Protagora~

était un Thrace car il est à remarquer que les grands sophistes

ne sont pas de pur sang athénien, ni même de pur sang grec.

La date certaine de sa naissance est inconnue on 10voit arriver

à Athènes en 427, au commencement de la guerre du Pélopon-

nèse, la tête d'une ambassade envoyée pour négocier un traité

d'alliance avec les Athéniens contre Syracuse. 11 revint plu-

sieurs fois dans cette ville sans s'y nxer, et vécut le plus Fou-

vent à Larisse de Thessalie, où probablement il mourut, à l'âge

de 100, de 105, de 107 ou de 40cJans, suivant les diveries auto-

rités, après s'ètre acquis par ses discours et son enseignement

beaucoup de réputation et une grande fortune. Dans son livre

intitulé cle L'~`trc ou (le la i\'alnre, il allaquailla réalilé de l'élre

et la possibilité du devenir par des arguments dont les uns

lui étaient propres, les autres étaient empruntés aux ,philoso-

phes antérieurs, particulièremenl Mélissus et Zénon, tous les

deux de l'école éléatique. Ces arguments nous ont été consen'és

dans les 5 et 6° chapitres du livre attribué à Aristote et intitulé

de .Tenoplmne, Zcuone et Corc~ia, mais dans un texte si profon-

dément altéré qu'il est, surtout dans le 6° chapitre, souvent inin-

lelligible heureusement nous possédons un extrait de cet

ouvrage plus complet et plus clair dans le VHe livre du traité

Conlrc les.llafh~malicicns, do Sextus Empiricus 1.

1Sec! G5et rilq.

Page 154: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LESSOPIIISU.sGORGIAS 131

I. Rien n'est; II, Si quelque chose est, il est inconnaissable;

III. Si quelque chose est et est connaissable, il est incommuni-

cable aux autres telles sont les propositions que Gorgias essaie

de démontrer par des preuves dont le caractère éléatique n'est

pas contestable. Nous n'insisterons pas, parce que cela n'est pas

de'notre sujet, sur les arguments produits en faveur de la pre-mière de ces propositions, et d'où il résulle que rien ne peutêtre posé ni comme être, ni comme non"Nre, ni comme être et

non-étre à la fois,

La seconde thèse nous intéresse davantage ainsi que la troi-

sil!me.

Si l'on soutient que l'être est et qu'il est connaissable, il fau-

drait que les choses pensées fussenl, et que le non-être ne frtt

pas pensé puisqu'il n'est pas. Mais s'il en est ainsi, dit Gorgias, on

pourrailsoulenir que l'erreur n'existe absolument pas, qu'aucuneafl1rmation ou négaLion n'est fausse, pas même si l'on affirme

que des chars font leur course dans la nier. Tout, même cela, et

tout ce que chacun s'imaginerait et pemerail serait vrai. lltai9

il n'en est rien; être n'est pas être pensé, et la chose ponséen'est pas un être. Si l'être n'esl pas une chose pensée, il n'est

pas pensé, pas connu, pas connaissable.

Supposons l'être connaissable comment concevoir qu'il soit

communicableaux autres par la parole? car ce que j'ai vu, com-

ment un autre, conlinue Gorgias, l'exprimerait-il par un mot?

comment ce quo j'ai vu se manifesterait-il par l'ouïe à un autre

.qui ne l'a pas vu. De même que la vue ne connal! pas les sons,de même l'ouie ne connatt pas les couleurs, mais les sons celui

qui parle dit des paroles et nc dit pas des couleurs ou des

choses. Ce que l'on n'a pas conçu soi-même, comment peut-on

l'apprendre d'un autre par la parole? Commcnt un autre objet

pourrait-il nous servir de signe pour nous le faire concevoir? Il

n'y a qu'un moyen, si c'est une couleur, de:ta connailre, c'est

de la voir; si c'est un son, c'est de l'entendre. Il faut toujours en

revenir ce principe, c'est que la parole n'est ni un son ni une

couleur c'est une pensée, et qu'on ne saurait penser une

Page 155: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDELAr3YCI/OWGIEDEScnecs13t

couleur on ne peul que la voir, ni un son on ne peut que l'en-

tendre.

Quapd bien même cela se pourrail, et que celui qui parle

pourrait se faire comprendre, comment celui qui entend aura-

t-il la même pensée que celui qui parle'? Car il n'est pas possible

qu'une même chose soit à la fois dans plusieurs êtres qui sont

séparés car alors deux seraient un.

Et quand bien même on admellrait que la môme chose pût

èlre à la fois en plusieurs, rien n'empèche qu'elle ne leur paraisse

pas à tous semblable, puis qu'eux-mêmes ne sont pas absolu-

ment semblables et ne sont pas dans un même lieu et quand

ils seraient dans un même licu, ils n'en seraient pas moins ou

deux ou plusicurs, c'est-à-dire des personnes di0ërenles. Il est

certain que le mêmeindividu a dans un même momentdessensa-

tions qui ne sont pas identiques, mais que celles qu'il reçoit par la

vue sont différentes de celles qu'il reçoit par l'oreille, que celles

qu'il éprouve aujourd'hui diflërent de celles qu'il a éprouvées

:mléricurement; on aura bien de la peine à croire alors que

toutes les sensations d'une personno puissent être absolument

identiques aux sensations d'une aulre personne. Ainsi donc

rien n'est susceptible d'être connu, et si quelque chose pou-

vait être connu, il ne serail pas possible de communiquer à

autrui cette connaissance, parce que les paroles no sont pas les

choses, et que personne ne peul avoir exactement les mêmes

pensées qu'une autre personne

Sextus Empiricus ajoute ici un argument qui pas sans

force le langage, dit Gorgias, est produit par l'impression

faite sur nous par les objets eWérieul~, les objets sensibles

ce ne sont donc pas les mots qui fournissent les notions des

choses, lTIais ce sont les choses (lui nous donnent l'~xplicalion

et le sens des mOl5, et il est impossible d'affirmer-que les mots

1 Ari5tolerépNeici, la fintic ce mémoire,ce lJu'ilil dit au commencementtlu5' chapilr. 3 ~wuirque coi argtitiientsétaientMji lieul, et queGorgiasri faitquecompilcr-r3t `--rFpoeçce quetI'aulresanicnl ditavantlui.I;csautressonl3iélissus-etUnon miii ilsemblequeCorgiasal'ail¡nwnléun ar~,mcnlr'ropre:surlanon-e~iilencetic 1"~lmï?;1?~'J'J'f?(¡~1t~ÍI'

Page 156: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LFS SOPIIISTFS GOnGIAS 133

expriment leschoses de la %,iieet de l'ouie tclles qu'elles sont en

réalité. Ainsi rien n'est conn1issahle, et si les choses étaienl con-

nai~sahlcs, personne ne pourrait communiquer un autre la

connaissance qu'il en aurait, parce que les mots ne sont pas les

choses ct que les pensées d'une personne ne peuvent jamais

Nrc les pensées d'une autre 1.

Entre la pensée et la réalité, clltre les mots et les choses,

entre les mots et Ics pensées, il y a un abime que rien nc peul

combler; ce sont des activités parallèles qui ne peuvent jamais

se loucher, entre lesquelles il n'y a aucun point de contact. Les

choses ne peuvent pas plus entrer dans notre esprit que les

pensées ne peuvent cntrer dans les mots. Il n'est pas étonnant

que de pareils principes, savoir qu'il n'y a rien de faux, el

qu'on peut sur toute proposilion soutenir le pour et le contre

avec une force égale de persuasion, ou ce qui revient au même,

que le langage est impuissant représenter la pensée, la pensée

impuissante à saisir les choses, il n'est pas étonnant que ces

principes aient engendré une école pire encoreque lasophistique,

l'éristique, qui n'emploio la peméc et la parole que comme des

instruments appropriés à des buls personnels de vLlnité ou d'in-

lr~rc~l.Il n'y a plus là aucune intention scientifique, aucune por-

tée philosophique il ne s'agit plus de démontrer quoi que ce

soit mais on peut encore abuser de la candeur et de la simpli-

cilé des gens pour les rendre ridicules et'ahsurdes quoi qu'ils

disent, et pour arracher à des andileurs stupéfaits des applau-

dissemenls et de l'argent Celle miséral,lo pratique aurait fini par

corrompre la droiture de l'esprit des Grecs et la noblesse

morale de leur âme, si l'excès même do celle déhauche intellec-

turlle n'eÙt soulevé la réaction puissanle et indignée de Socrate,

(lui vint protester au nom de la vérilé et de la vertu, et rétablir

sur des principes nouveaux la science el la vio.

1 \1'ilh.do liumboidiaccordeen partie1Cwliis ce qu'il objœleici savoir quesi entredeuxpersonnes,deuxindiciduspen-çanls,il peut avoir quelquechosedecommun,il reslecependanldansleurspenséesquelquechosed'al,solumenlpersonnelà chacun,et parconséquenld'absolumenlincommunicable.

Page 157: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE DIX-HUITIÈME

SOCRATEI 1

Nous avons vu le rôle et l'importance de la Psychologie dans

l'histoire de la philosophie antérieure à Socrate: elle est le fonde-

ment de tous les systèmes. C'est une analyse, trl's faussect lrès

superficielle, de la connaissance qui amène les sophistes fi leur

misérable scepticisme. Tous les philosophes, le plus souvent il

est vrai, leur insu, concluent des formes de la connaissance

aux proprùstés des choses. Pour ceux qui n'admettent que la

sensation, le monde sensible sera. le seul être. Qu'est-ce qui

inspire l'idéalisme des éléates? C'est leur théorie de la connais-

sance on ne peut pas connaUre ce qui n'est pas; l'objet d'une

connaissance exisle, puisqu'il est pensé, et il existe tel qu'il est

pensé. Les modes de l'êlro correspondent aux modes du con-

naitre. L'acla de penser et l'essence pensée .sont une seule et

même chose.

Quoiqu'en dise Aristote, la ra~ine véritable, quoique cachée,

du système d'Anaxagore, n'est pas physique, mais psycholo-

gique l'observation de la nature n'eut jamais pu produire les

notions d'esprit, de cause finale, qui le caractérisent. L'âme est

la chose la plus immédiatement connue à l'homme, par co duo

c'est ce qui lui est le plus inlime, et c'est en elle et par elle que

nous concevon,> tout être, toute activité, tout phénomène celle

racine des syslèmcs philosophiques se dérobe leurs auteurs,

1 469-399.Pourles renseignementsbiographiques, ma Viede Socrale.

Page 158: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOCRATE 135

mais Socrate a une claire conscience que la science de l'âme est

la condition de toute science, et que l'homme ne pourra rien

connailre lant qu'il ne se connallra pas lui-même,

Toute la philosophie de Socrate se ramène à une psycho-

logie en cela il est le fondateur, le créateur d'une philosophie

nouvelle, comme il le proclame lui-même t, et comme tous les

anciens l'ont reconnu 9.

Avant de chercher à jeter les fondements d'une philosophie

uouvelle, d'une scicnce nouvelle, Socrate avait à détruire

l'opinion, fausse selon lui, qu'on se faisait de la science, et à

réagir contre la tendance à laquelle elle avait cédé jusqu'à lui.

Il se refusa à pohter la recherche philosophique sur l'ensemble

de la nature et des choses, ([ pour savoir comment a été fait ce

que les sophistes appellent le monde, et par quelles causes

nécessaireg se produit chaque phénomène céleste 3. Il leur

demandait s'ils connaissaient déjà suffisamment les choses htr-

maiucs, ou s'ils croyaient sage de uégliger les choses humaines

pour examiner celles des dieux. Socrate n'en croit rien ct il

en donne la raison C'cst, dit-il, que ceux qui ont appris

les choses humaines peuvent les mettreen action; mais ceux qui

ontappriscommentsefaitla pluicclle heau temps, l'élécl l'ltiver,

les pourront-ils faire au gréde leurs désirs ou de leurs hcsuins? )'

La mesure de la science est donc la mesure de l'action pi-.1-

tique: Aussi Socrate n'enseignait que les choses qu'il convientde savoir pour ètre bcarr cl bon, et jusqu'au point qu'il convient

de les savoir pour celle fin unique: l'utilité morale. Savoir assez

de géométrie pour mesurer le champ qu'on veut vendre ou

1 X~nor,h.,Conn.,1, 5 ŒfO"H'" sy Il.( ~,).O"Ofi!X¿.1Ona voulur~cemmenten faireunmn1phpirien pourcela,il a falluconsidérer

le Jlfnoncommeun résumédelaphilosophielieSoc¡,¡lcet l'idéedubien,tellequ'elleesldéveloppéedansle Phédon,pourunedoctrinesocratique,en un molpuiserdansleshi~loguc3de Platon,à peuprèsarIJilrairemenlchoisis,lessource.d'uneelpo>ilionhislorbyuede la philosophiede Socrate.Je croisquec'e`I une méthodehi·loriquedesplusdangereuse-et queje me refuseà --suivre.Je prendspnur fondementdccelleelposilionles.IlémoraGleadéX~nophon,et, pourle reste,je n'allribueSocialed'autresdoctrinesque cellesdonlArisloteleconsidèreupl"C5Sérncnlcommel'auteur.

l;oof.,Ar.,Ifei.. 1,6 XIII,.t r~eParl. rtn., l, 1; Efhic. Errd.,1,5.

Page 159: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTomE DE LA FISYCIIOLORIEDFS GRF.c5136

acheter, et pourpouvoir se rendrecompte de sescalculs; savoir

d'aslronomie ce qu'il en faut pour la pratique de l'agriculture,

des rites religieux, de la marine, c'élait suffisant. \fais cher-

cher à découvriilles secrets de la mécanique divine, Th Tcijy~E¿;jy

!r¡l.'l.V~~comrne l'avait fait Anaxagore, c'est une

folie et une impiété. Les dieux n'aiment pas qu'on cherche à

connailre ce qu'ils ont voulu que nous ne connaissions pas 1.) y

Ainsi Socrate refuse d'entrer dans la recherche des causes et

des raisons des choses, suivant les termes d'Aulu-Gelle i, Or

qu'est ce que la métaphysique, sinon la science des causes et des

rarsons dernières des choses La science n'l'si pas pourlui dési-

rable pour elle même elle n'est belle que par ce qu'elle est

et en tant qu'elle est la science des choses que nous devons

faire, parce que et en tant qu'elle est la condition d'unebonne

vie pratique, Et non seulement elle n'est désirable et

belle, mais encore elle n'est pratique et possible que dans celle

mesure. L.nscience ne peut pas alleindre tout objet. La raison

peut constituer, à l'aide de principes, des sciences telles que

l'Architecture, la Sculpture, l'griculture, la Politique, l'Écono-

mie, qui enseignent aux hommes les moyens d'agir et les

règles de leurs actes et do leurs actions. Maisl'Architeclure, qui

crpprend à construire une belle maison, apprend-elle à celui qui

l'a construite s'il aura la joie de l'habiter? La science militaim

appi-éndati g~néral comment on doit combaUre pour remporter

la victoire; maiselle nelui enseigne p:Jssi récllemellt il lagagnera,

et s'il lui sera profilahle de l'avoir gagnée. En un mot, dans

tout ce que fait l'homme, il y a une fin dernière qu'il poursuit,

et aucune science ne peut lui dire si celle fin, ill'alleindra. Ce

terme obscur et incertain, les dieux s'en sont réservé le

secret, el, pour le connaitre, il faut qu'un Dieu nous 10 révèle.

C'est folie de croire que les é\'ènements sont tout entiers etlous

dans le domaine de la science et de la sagesse humaine, el qu'il

l .llcrn., IY, 1.

A.-Cell \11', 3. Denalur~ r.1Ulisralionibusquc.

Page 160: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

wcn.\TF. 131

n'y a rien de divin dans les choses humaines. Au contraire ce

qu'il r a en elles de plus haut et de plus grand appartient au

dieux elaëlérlérobéparew 3.1'aclion comme l'inlelligence de

l'homme

science humaine est une science limitée, nous verrons

tout à l'heure a quel objet, elle n'embrassc pas le domaine infini

des choses uitivet-selles, comme se l'imaginent les soplù~les.

Aussi s'attaquant il l'impossihle, il n'est pas étonnant qu'ils

tomhent soit les uns avec les autres soit avec eux-mêmes dans

ces contradictions qui attestent l'insanité de leurs conceptions et

l'incurableirnpuissancedel'lmmaineraison àrésoudreces vastes

et inutile.. problèmes. Ainsi les uns discnt que l'H;lre est abso-

lumenl un; leurs adversaires soutiennent qu'il y en a unc

multiplicité infinie pour ceux-ci tout est dans un mouwment

continuel et éternel pour ceux-là tout est éternellement immo,

hile; il en est qui prétendent que [otites les choses nai¡;sent et

meurcnl; pour les autres rien ne peut nal!rc ni périr3..Ces

contradictions réfutcnt les doctrines qui les contiennent, et

proviennent toutes de la fausse idée que l'on se fait en général

et en particulier de la science.

Qu'est-cc donc alors que peut connalLre l'homme? Lui-même,

lui seul, et c'est assez. Mais qu'est-ce cela, que se connattre ? Ii

ne suffit pas assurément de connaitre son nom celui qui s'est

étudié lui-même, qui a analysé ce qû'il est par rapport à la fonc-

lion humaine, celui-là connait sa vraie nature, se connall lui-

méme 3. C'est celte science toute individuelle et toute pratique

qui est la sagesse Il ne suffit pas de savoir pour savoir; il faut

savoir pour faire; il faut savoir faire. Savoir comment se produi-

sent la pluie clIc heau temps, sans savoir les produire, la belle

science 1et c'est pourtant là celle science vaine dont les sophistes

J/tlll., 6, 7, 8; 11',7, 6; 1, 1, 11. -r2ùlraov tW:lf6y.i-3Ttv&Y~?W1l01,t~~tIY.

1 .llem.;l, l, 15.3 :rltm.,IY,2, 25. L 12U~¡'Yl1l'nto}~I1[1o;,¿not6, loti 1I?Q'd, y,jy PId'

1I¡"JjY:l.Ptl(tY,[yywxtn,Y (t¡'~o')~.jV:¡!I1IY,r Id.,IV,6, 7. Mp7.l'l'tlo~((n.11 x a a t o ~olJtQX!X\.,6fO"ian.

Page 161: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOlm: DE 1,1 PSl'f.Il0I.OGIE DES GFtEC-1;11q

se repaissent et se vanlent. La science humaine non seulement

possible, non seulement permise, mais ordonnée par le Dieu

mème de la science, Apollon, qui nous la prescrit à tous et 11.

chacun, consiste connallre ce que l'homme doit faire et à

savoir le faire. Or qu'est-ce que l'homme doit faire? '110mieux,

le bien. Aussi quelles sont les questions que doit étudier et

résoudre la vraie sci'!nce'1 QU'c5t-ce que le beau? le mal? le

juste? l'injuste? la sagesse? la folie? le courage? la lâcheté?

Qu'est-ce que l'État? la politique? le gouvernement? il qui le

pouvoirapparticnl-illégilimement? En un mot toutes lescho~cs

donlla connaissance permet à l'homme de devenir beau et bon,

el dont l'ignorance l'abaisse au niveau d'un esclave l,

la philosophie de Socrate se présente ainsi moins comme une

science que comme un art l'art de la vie. Elle ne débute pas

par des défiiiitipiis et des axiomes, des vérités d'observation ou

de conscience son premier mot est un impératif: "('/W'JIt;EZ'J'[I)'I,

La connaissance de soi-méme n'est pas seulement la définition

de la philmlOphie elle est un devoir, une ohligation Il fnn(

que l'homme sache ce qu'il doit et ce qu'il peut faire, cl ce qu'il

doit ct peut frire, c'est le bien il faut donc que l'homme con-

naisse le-bien, parce qu'il faut qu'il le rnellc en pratique.

En dehors do celle science ohligatoire, la science humaine

est peu de chose et pour ainsi dire rien 2, et c'est 111.la pre-

mièrecon naissance que nous procuro l'examen de nous-mt'Jmes

l'imperfection radicale, l'incurable impuissance de l'esprit

humain connailre cc qu'il n'est pas de son devoir et de son

pouvoir de réaliser par des actes. De ce vaste cercle de choses

qui nous entourent, nous ne pouvons rien savoir, si ce n'est

cela mémc, que nous n'en savons rien.

Pour s'en convaincre, l'homme n'a qu'à s'interroger lui-même

et interrogcr les autres, et, s'il se soumet sans réserve à cet

examensévère, il verra fondre en vaines apparences ce qu'il

1 J/rm., 1, I, 16.

['I,~L,~Ifrof.Sner., ~J.

Page 162: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOCB.\n; 1:r.Ia\'ait pris dan~ son aveuglement et dans son orguei: pour dcs

ronnais:;allces réelles et solides. Si la raison humaine est capable

rie connaitre quelque chose, ce n'csl qu'a la condition qu'au

préalable elle se litirrrée des crrcurs, des sohhisrncs el des

vices (lui la rendent également impuissante.

Il faut donc soumeUre la raison à celle opéralion critique,douloureuse mais nécessaire, ~ocratc s'oflï~e 11. tous ceux quivculentlui rendre leservice d'arracher de son csprilles fausses

opinions; mais en retour il offre à tous ceux qui ont le couragede ne pas s'y refuser de leur rendre la pareille.

Delà la dialectique, qui n'est qu'une analyse de la conscience,de Ih l'ironie qui commence ou achève la purification. Socrate

'est pas un maUre qui enseigne, car il ne sait rien mais il

examine, il étudiece granrl sujet de la curiositéhumaine, l'homme,et il aide, il provoquc lous ceux qui veulent sc connailre, à se

livrer en commun avec lui 1, à ce noble et utile examen car

celui quinese connait pas lui-rnème, on peut dire qu'il est bien

près de la stupidité et de la donencc.

El ce n'est pas une petite chose de se connallre soi-mème.

Fondée sur la raison, celle connaissance, si limitée qu'elle pa-

laisse; vaut bien le prix des efforts qu'elle nous coûte, Socrate,dit moins, goûtait la volupté de ce petit nombre de vérités cer-

taines que l'obser\'ation de la raison par ellc-même procure a

ceux qui la pratiquent, et la goûtait si vivement qu'il aurail

micuz aimé renoncer à la vie que renoncer à s'étudier soi-

mème el les autres,

Celle science de nous-mèmes, nous ne la devons qu'à nous-

mèmes elle est notre œU\'I'e personnelle et propre chacun

s~~ilce qu'il a appris par lui-mème. Toute autre vie n'est plus la

vie pour un homme. Olnir une Ici morale que la conscience

indi\'iduelle ne s'impose pas à elle-mème, professer J. maximcs

que la raison indi\'iduello n'accepte ce n'est pas vivre

.Ilem.,l, 'o!,3; ,l/tm.,11',5, 13.X,)I~¡'.2 X~n.llwL, 1\ 6, 7 i Plal".ipol., Q8.

Page 163: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIRf.~F 1.\ PS1'f.Il0I.OCIEDFS Gfir.r.suoNous voyons ici proclamer les principes de, la souveraineté de la

raison individuelle dans la science et dans la vie Socrate ren-

voie chaql'C homme, à sa proprc pensée il inaugure en la

pratiquant avec conscience, et en la recommandant avec

réflexion celle méthode féconde et vivante do la recherche per-

sonnelle qui restitue à l'homme la dignilé de son intelligence et

la valeur morale de ses actes.

Car la connaissance de soi-méme a sa raison d'être dans la

pratique et dans la vie elle diffère des autres prétcndues con-

naissances parce que nous pouvons réaliser par dcs actes les

vérités qu'elle nous décousre, traduire en faits le-3idées qu'elle

nous donne de nous-m~mes. Elle nous enseigne la nature de

notre essence, de nos forces, de nos fii-,ultés ce qu'il est bon à

l'homme de faire, et par conséquent la seule manière de se

procurer le bonheur et de le precurer aux autres, d'évilcr pour

soi et pour les autres les malheurs (lui Iraphent nécessairement

ceux qui, ne se connais&1nt pas eux-mêmes, ignorent ce qu'ils

peuvent faire, ce qu'ils doivent faire, ce qu'ils ne p2uvent pas

faire, ce qu'ils ne doivent pas faire, ce (lui leur est 3\'antageux,

le plus avantaôcw de faire ou de ne pas faire 1. Si bornée qu'elle

semble en apparence, la connaissance de soi-même est donc pour

l'homme la source de ses biens et ne pas se connallrc le prin-

cipe de tous ses maux t. Tout en ne sachant rien, et en déclarant

n'avoir rien à leur apprendre, Socrate pouvait donc, comme le

lui fait dire Arislide, croire qu'il a\'ail rendu quelques services

aux hommes, parce qu'en les aimant, Il les avait rendus meil-

leurs 3. Mais précisément parce qu'il est sincère, cet amour est

conrageux et ne craint pas de blesser ceux qu'il veut servir.

Socrate veut connallreet faire reconnaHre à tous l'âme humaine,

et déchire sans faiblesse ni complaisance les voiles donl elle

cherche à se couvrir. Il employait à celle ouvre une conversa-

lion vive et charmante, les grâces et le sel piquant d'une plai-

.Ilem.,11·,2, 16.1Id., id.

Or. XV,p. 11.

Page 164: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOCRATE UI

santerie aimable ct fine, la force d'une dialectique aiguisée

d'ironie, que les contemporains 1 déclarent inimitable et invin-

cihle, et dont nous ne pouvons nous. faire une idée que par

quelques dialogues de Platon.

Celle ironie, comme l'indique excellemment Xénophon, a un

côté plaisantet un côté sérieux, Tout en se jouanl Socrate a cons-

ciènce de faire une cpuvre sérieuse et mcme sévère2. C'est

contre la sophistique qu'il emploiecelle arme, entre ses mains,

invincible.

La sophistique avait un double caractère au fond elle était

unenégalion absolue. L'esprit humain, suivant elle, eslincapable

de saisir une vérité d'autre part on peut, au moyen de certains

procédés extérieur¡¡ el pour ainsi dire mécaniques, se donner

l'apparence de tout savoir. Ainsi l'homme ne sait et ne peut

rien savoir; mais il peut parlcr de tout, ei l'homrne habile dans

cet art, le vrai sage, le suphiste, peut parler de tout de manière

à faire croire qu'il sait tout.

A celle doullle thèse Socrate répond

Il y a une chose du moins que l'homme peut savoir c'est

qu'il ne sait rien; et cette chose, qu'il ne sait rien, il ne peut la

savoir qu'en sachant ce que c'e~t que savoir, et en se connais-

sanllui même comme ne sachant rien. En second lieu, il est

moins difficile qu'on ne le suppose de dissiper l'illusion que se

vantent de répandre les sophistes de leur savoir prétendu, et on

peut, avec une dialectique loyale et habile, les réduire eux aussi

Id'aveu de leur ignorance. Les amener là, en mettant les rieurs

de son côté, sans offenser les coeurs par l'aigreur et la violence,

c'est l'œuvre de l'ironiesocratiquo,

Celle leçon de modestie et de réserve, Socrate commençait

par se l'appliquer à lui-mèmo. Dans les Dialoyues do Platon,

comme dans les ~llémoraGles, nous le voyons chercher en com-

mun avec ses auditeurs, essayer et proposer des solutions qu'il

1 Arislol~nequi l'anil entendu.1 .Ilem.,l, 38. !1I0..Ctyâl1'J1a1t"vM~(,)y.Sel"e"efrrdene,comuiedil Cicéron,de

Or., Il, 67; .llem.,IV,.t, 10.

Page 165: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI I'S1'CIIOl.OCIEDES GtŒl:.5Il:!

détruit ensuite, et aboutir, à la fin de longs et sul.Jtils raisonne-

igients, à une conclusion négative ou du moins Irès dubitative.

Ici il n'y a pas ironie, en ce sens du moins due l'aveu de la fai-

blesse de l'esprit humain n'y est pas simulé. Si l'ironic est la

feinte d'une impuissance, une impuissance simulée, comme le

disent et le scholiaste de Platon et Aristote 1, je ne crois pas que

Socrate fit de l'ironie i en déclarant qu'il ne savait rien, el que

même sur la grave question de l'immortalité de l'âme, il ne

pouvait exprimer qu'une espérance, sans oser rien affirmer.

\Iais ce principe lui fournissait une place d'armes pour ainsi

dire imprenable dans sa lune contre les sophistes ct contre les

fausse3 opinions courantes, et on ne peut s'étonner qu'il en ail

usé pour réduire au silence des ad\'crs..1ires présomptueux qui

en savaient moins encore que ce prétcndu ignorant. Là il est

vraiment ironique; non seulement il réfute ses adversaires,

mais il se moque et faitrire d'eux, Il a dû se laisser aller à celle

forme de la dialectique et de la critique d'autant plus volontiers

qu'elle se prélait merveiileusement au l'ole qu'il croyait surtout

avoir à reruplir. Il ne \'enait pas subsliluer un systém~ d'au-

tressystèmes avant dedonner une nouvelle impulsion aux 3mes

et aux esprits, il avait à détruire des erreurs, des préjugés, des

vanités sottes et des mensonges intéressés et il savait que pour

cette aeuvre de réfutation, nulle force logique ne vaut le ridi-

cule 3.

Socrate ne tenait point écolo tout lieu, et tout interlocuteur

lui él::lÏenl bons; abdiquant tout pédantisme scientifique, toute

forme technique, tout dédain aristocratique, il causait avec tout

le monde et de toutes choses avec le cordonnier Simou comme

avec le charcutier Eschine.

L'ironie n'est ici qu'une forme extérieure de la critique, de la

réfutation, qui lui donne du piquant et du mouvement. Cicéron

1 Rulmken,p. 111."ri; Efh.ic., Il, Î el 12.i Ona »remarquéquelemold'ironicne setrouvepasdansXénophon.3 Sa personnem2me,le sondesi voix,l'expressiondesaboucl~ecl desa rhy'ioJ-

nomie,-saOl\uredeSilène,conlribuJicnlà l'ironieJe cri161ue.

Page 166: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

WCR.\TE lU

qui l'a comprise ainsi, la décrjl dans les termes suivants Il yaa

une dissimulation spirituellequi consiste à dire non le contraire

de ce qu'on pense, maisàs'exprimer autrement qu'on ne pense,et qui donne à tout le discolJrs le ton d'une plaisanterie sérieu~e;

et au nombre de ceux qui ont excellé dans ce genre, à côté de

Scipion Émilien, il cile Socrate, qui se faisait à dessein plus

petit, plus ignorant qu'il n'était et qu'il ne croyait être t.

J'en veux citer quelques exemples~. Glaucon, fils d'Ariston, à

peine âgé de vingt ans, ambitionnait déjà l'honneur de jouer un

grand rôle politique; Socrate qui lui portait de l'intérêt à cause

de Charmide et de Platon, le rencontrant un jour, l'ahorde et lui

dit 1[Eh 1 bien, c'estdonc vrai tu as l'intention de nous gouver-ner 1 c'est un beau projet que tu as conçu là, monami, et je t'en

félicite un projet beau, grand, noble. Tu relèveras ta maison,tu obligeras tes amis, tu augmenteras la puissance de ta patrie,et ton nom, comme celui de Thémistocle, retentira dans toute

la Grèce, et jusque dans les contrées lointaines des Darbares. »

On peut juger que ce début ne devait pas déplaire au jeune am-

bitieux; mais il n'en était pas où il croyait. ( Dis-moi donc sans

mystère, ajouta Socrate, car tu sais que je t'aime, quels sont tés

plans de gouvernemont et par où tu comples commencer tes

réformes politiques. Est-ce par les finances? lu en as sans doute

étudié et compris le système eh 1bien, dis moi, sur quel pointet par quels moyens crois-tu qu'on puisse augmenter les recellcs

et diminuer les dépenses de l'Élal`l Je n'y ai pas encore songé,

répondit le jeune homme. ~1h! fit Socrate; c'est donc que tes

premières études sur la science du gouverncment se sont por-tées sur notre organisation militaire elilbien, tu dois avoir

l'élat exact de nos troupes et de nos magasins, de nos arsenaux

el de nos armements? Mais non, dit le jeune étourdi ce sont la

des choses que je ne sais pas encore. C'est un tort, reprit alurs

Socrate, et d'un ton plus grave, où cesse l'ironie, il ajoule

1Cie.,de Ouaf.,Il, li1 Qumr. dcaJ., l, -1;11',13.Je les emprunteà X~n°l'hon,rhezluluclil, sontrdres, nalurellerllcnl,pui>IJue

Socratey causeplussouventavec-c-eiami3qu'nec sesalh-ersaircs.

Page 167: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIHEDE L.\ PSYCHOLOGIEDES CI1.Et.S141

Voyous! tu veux gouverner l'État c'esl très bien; mais n'au-

rais-lu pas bien fait de commencer à relever par une habile

administralion la maison de ton oncle, qui çc ruine? je l'aurais

fait, dit Glaucon, s'il avait voulu m'écouter; mais il a repoussé

mes conseils. Eh quoi, ton oncle n'a pas voulu t'écouter; tu n'as

pas su te faire écouter de lui, et tu as la prétention dé croire queles Athéniens l'écouteront. Prends garde, mon ami quand on

se mêle de faire des choses qu'on ne sait pas faire, ce n'est pasà la gloire et à l'honneur qu'on va on court au ridicule. Com-

mence par étudier et par apprendre 1. »

On le voit agir avec la même bienveillance d'intention et avec

la m(Jme ironie aimable envers Eulhydbme il lui fait d'abord

avouer que l'objet de ses désirs et le but de ses études, c'est la

Politique, l'arl Royal, comme il l'appelle art qu'on ne peut

pratiquer sans le connaitre, et qu'on ne peut pratiquer et con-

nallre, si on ne connalt pas ce que c'est que la Ju:tice, qui en

est le fondement. Il le force ensuile de reconnaitre qu'il ne

sait pas ce que c'est que la Juslice. Pressé par la dialectique de

Socrate, le jeune homme modeste avoue qu'il est incapablo de

défendre les thèses qu'il avait émises, el est enfin renvoyé à

l'élude de lui-mème. Cela au moins, il croyait le savoir, mais

Socrate lui prouve qu'il n'en sait rien 9.

Il n'y a pas de plus grand obstacll~ à la sciénce, que l'aveugle

confiance qu'on sait ce qu'on ignore, car alors on n'a plus

aucune raison pour faire les efforts nécessaires à la découverte

de vérités qu'on croit posséder. C'est donc déjà un bénéfice

pour la science que le résultat en apparence négatif de la cri-

tique socratique je dis en apparence; car comment détruire

une thèse sans suggérer, el Leibniz dit même, sans édifier la

thèse opposée. Mais Socrate ne se bornait pas ces amrmations

latentes qui supporlenttoutc négation, toute critique réelle.

Après avoir détruit chez ses amis et ses interlocuteurs l'or-

~llem.,111,6.j .Ilem.,l\ 'f.

Page 168: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOCRUE U5

gueilleuse et dangereuse illusion d'un savoir sans réalité, ou

l'aveugle admiration que les Athéniens avaient conçue pour ces

charlatans dont la fausse éloquence et la fausse sagesse avaient

réussi à les éblouir, il cherche à semer les germes d'une science

réelle, modeste mais solide t, Celle science a pour objet la vie

morale, pour forme le dialogue, la dialectique, pour procédés

rationnels la définition et ce qu'Aristote a appelé plus lard l'in-

duction. Le dialogue n'est pas pour Socrate, comme il l'a été

pour Platon, une forme d'exposition philosophique de pensées

déjà conçues, reconnues, découvertes. Il est une condition

nécessaire de sa manière d'entendre la philosophie; la philo-

sophie, pour Socrale, n'est pas théorétique: elle est pratique

elle agit et veut agir et sur lout le monde, sur les fils de Péri-

clès, les amis de Platon, comme sur les cordonniers, les maçons

et les forgerons. L'interrogalion est l'uniqne moyen d'agir effi-

cacement sur ces esprits ou raffinés ou grossiers, tous égale-

ment ignorants; c'est son seul moyen d'enseigner, parce

qu'enseigner pour lui c'est obliger les autres à regarder dans

leur propre conscience, et à y voir ce qui y est et ce qui n'y est

pas; les un3, nous l'avons vu, pressés par ses questioris, sont

lout surpris et lout honteux de voir qu'ils ne savent pas ce

qu'ils croyaient savoir les autres, au contraire, habilement

conduits par l'interrogateur à travers les choses qu'ils savent,

frappés, gràce à ses questions, de l'analogie des choses qu'ils

croyaient ne pas savoir avec celles qu'ils savent, finissent par

JI. Fouillée(1. 1, p. 65)attribueà Socratela mélhodede la Jlaïtrrfiquelelle

qu'cllcestdécriledansle Théélélecl le Jlénon,et n'estpaséloignédc luiallribuer,s.m~pouroirl'affirmercef~endanl,lalhéoricde1-iréminiscence.Lenomdemaïerrlique,~ionginalet si ne se trouvepis dansXénopllOn,el il dy estfaitaucuneallusion.\'an lieusdearulysccelledorlrincqu'il appelleaussisocratiqueIp, U 1tle lL2tEuirix~,Socratical,maisila soinplusloinIp.Y89)dedis.siperlouleronrusion

Socralcmadhut con>ideral"imusI'lafonicum,i. d. uli apud Pialonemnonsua/nwlius,scdliujussimulscnlcnlilmdecbral; hicocroquumirat, ul tugilavillocufus-

quee.;I,Saratis agalur,rorodeanobisa XenopliontiiVemorabilibus,nihil habensadsriliel alieni

C'esllamélhodequenousallonisuivrenou5-m~mC'.cumme1'0111faitDrandis,quinedilpasunmoldeIl IIIlieuli'lucdcSocrate,ci Zellcr,quisebornedirequelc Théélèlta tlo!;i¡mésousle nomde maicul6~ncla vraiecssenccde ladialccliquesorralique.

CHw:vEr. 1'ay;l,olo9lr. 10

Page 169: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTO1REDE L.~ PSYCHOLOGIEDES GRECS146reconnaltre qu'ils savent aussi ces choses qu'ils croyaient

ignorer 1.Celte interrogation ne doit pas être unilatérale; elle est

réciproque; tous ceux qui s'occupent de philosopher doivent

non seulement s'examiner eux-mêmes, mais s'examiner et s'in-

terroger les uns les autres, pour arriver à la vérité; car

à quelle marque peut-on reconnaltre la vérité cerlaino, inébran-

lable d'une pensée si ce n'est à ce caractère, que tous ou à peu

près tous l'acceptent et l'admettent2.

Ainsi la méthode socratique n'est pas suffisamment caracté-

risée quand on l'appelle une interrogation, ipcàr7iejtç.La philo-

sophie est une étude qui doit être faite en commun, et le mot

dialectique vient précisément de ce que tous les assistants

participent à la recherche et meltcnt en commun leurs pen-

sées, épanchent chacun leur conscience vis-à-vis des aulres 3.

Quand il s'agit de sa\'oir ce qu'il faut penser d'une chose,

que faut-il faire? établir, à la suite d'interrogations -réci-

proques et multipliées, les points sur lesquels tout le monde

est d'accord et les disposer par genres; puis s'efforce.' de faire

voir l'analogie de ces choses que nous pouvons considérer

comme certaines avec celles dont nous doutons ou dont ne

savons que penser, et affirmer de celles-ci ce que nous sommes

autorisés à affirmer de celles-la, Il s'agit donc toujours de

ramener la chose en question, par des analogies et des exem-

ples, 6¡.t.°I(tJà un principe posé ou supposé, inais auquel

l'adhésion universelle ou très générale donne la force d'uno

vérité certaine, T}.V-To5 Or comme ces vérités,

produit de l'expérience universelle, sont disposées, à la suite

de celte opération, par genres, il en résulte qu'on peut ramener

chaque chose, Tl ÉiCx6TGY,à son genre, c'est-à-dire la définir, en

déterminer l'essence générale,

Aristote reconnaU sans hésiter l'importance de ces principes

nouveaux deraisonnement et de méthode philosophique: a So-

Xeo.,~'con.,19,15.Jlcm.,IV,6, 15.

3 J/em.,II', 6, 1; 11',5, li.

Page 170: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SUCIi-\TE 1~1

craie renferma ses recherches dans la morale, et le premier

s'clforça de donner des vertus morales des définilions générales

car il s'occupa à peine de physique. Démocrite avait avant lui

essayé de définir; mais il n'avait défini-et encore, comment 1-

que le chaud et le froid. Les p}'thagoriciens avaient eux aussi

essayé de donner quelques définilions, et ramenaient les notions

des objets à des nombres, comme lorsqu'ils essayaient de déter-

miner pardes nombres l'essence de l'à-propos, de la justice, du

mariage. Mais Socrate se proposa, lui, de découvrir l'essence,

TbT{Izs~Y et avec raison; car il voulait fonder le vrai raison-

nement, O"'JHo"({C~O"O:tI"{zpdr-f,sev,et le fondement de la syllogis-

tique est l'essence. Ainsi il y a deux choses qu'il n'est que

juste d'allribuer Socrale le raisonnement inductif et la

définition par le général or ce sont là les deux procédés par

lesquels on pose le fondement de la science. Mais Socrate ne

considéra pas comme sép;¡rables ni les universaux ni les défini-

lions, tandis que les platoniciens les séparèrent, et donnèrent

à cetto espèce d'êtres le nom d'Idées~. Il

La méthode dialectique de Socrate comprend un certain

nombre des opérations logiques les plus importanles. Elle a

conscience que la science a pour objet l'universel, et cherche à

le formel'; pour le (ormer, c'est-à-dire pour constituer le genre,elle doit nécessairement diviser et séparer, rapprocher et géné-

raliser, faire un et faire plusieurs. 1.0 principe de la division est

impliqub dans la constitution des genres, et nous le voyons mis

en pratique dans les dialogues de Xénophon; mais il n'y est nullo

part, comme procédé logique, décrit, ni mc~mo nomm6~. Il en

1DansIcDe Parlib..ln., 1,1, GI2,a. 28, le ri i'7T'Vestappelér0 -ri"rdvdv:uet que Démocrilces.<.1yadc fixer,maisdonlla rt~chcrehcne devintséricu>equeparSocrate.

t .Ilel., \III, 4.

lleyder, liril. Daralell.d..iriaf. DialtClik.,p. 85: « La dil-ision,mélhodedüleclique.1001a failusagcSacrale,nousnc -savons(la.dansquellemcsure. Id.,p. 129 Il ÜJfui Plalonqui invcntala mélhalcdedil-i,ion,pourlaquelleil n'eilpas~rob.1Mequ'ileut SocratepourprMécesseur,niaisbieolessocraliqucs,chezlesquelsellesemonlresou.desformesirés imparfaile~.Urandis(IIAein..llus.,l, 2, p. 1-11)la lui ~efu·cpardes raisonsqui me p:lrJi:;scnlbilJ!c.,VanlIeu:;dc,an contraire,

Page 171: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1115TOIREDE Li PS5'CIIOLOCIEDES GIiECS118

est de même de l'induction, dont le nom scientifique, ln'(w'('

ne se trouve ni dans Xenophon, ni même dans Platon, Puisque,

d'après Aristote, Socrato a compris que la science repose sur le

général, il a bien fallu que Socrate pût et sllt tirer la loi géné-

rale qui ressort de l'examen des faits et des objets individuels.

Mais il semble que Socrate a pratiqué celle opération logique

d'inslinct, sans se rendre compte de son cal'actère et de sa

nalure, et sans en faire 10 principe d'un système méthodolo-

gique. Car je ne crois pas (lui'il faille confondre celle recherche

des semblables, 8¡L':iI"L,par laquelle Socrate, remontant la chalne

des analogies accordées, montre que le fait particulier dont on

discourt, rentre dans une loi générale déjlr posée, Erl T'Î~YU;¡¡)'JEIJI",

avec l'opération qui découvre et affirme celte loi générale, Aller

du semblable au semblable n'est pas induire; car ce n'est pas

sortir du particulier; el si on parvicnt à poscr logiquement le

général, c'est qu'on a procédé aUtrement que par similitudes,

puisque, comme le dit très bien Aristote, le général n'est pas

semblable aux espèces on aux individus qu'il renfcrme 1.

Socrate a dû pratiquer la vraie induction, puisque son effort

est de constitucr les genres et de fonder par là la vraie dén-

nition. Quant à la déduclion, quant à la syllogislique, il a

cherché, dit Aristote, à la créer; mais sa dialectique a été,

comme toute dialectique de ce temps, impuissante à y réussir,

car la définition et l'induction ne font que poser le principe de

la démonstration scientifique et ne la constiluent pas 51.Sur ce

point Arisioto déclare lui-mème qu'il n'a pas ell de prédéces-

seurs3.

Voilà comment Socrate conçoit la philosophie elle se

réduit pour l'humme à la connaissance de lui-mème, non pas

seulement de lui-mème, individu, mais de lui-mème en tont

qu'homme; car toute connaissance a pour objet l'universel.

(Inil.Rt8), dit c Adhanc ilem eicolendamperOciCDdaml{llcmelhodumquumalüslumver~Socralimultumdebuisse,"iJclurPhlo,a

Top.,1, I~. Hienriesl moinsscmhlahlcaugEnéralquc l'individuel.1

Ami, Ilcl., XIII,1.3 Id., ~eSoph.EL, 33.

Page 172: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

socnn~ U'J

Celte connaissance s'opère au moyen de l'examen que chacun

de nous peut et doit faire de lui-même, de sa nature et de ses

facultés, et des autres hommes et cet examen a pour forme

l'interrogation de soi-même et des aulres. L'esprit qui s'inter-

roge et interroge les autres met en jeu la division, l'induction et

arrive, par la définition, à fixer dans une proposition générale

l'essence de chaque chose qu'il étudie,

llais, d'aprcs 10principe de Socrate, que peut-il étudier, que

peul-il connaUre? lili-même: ses sentiments et ses idées, ses

facultés et ses passions, en un mot sa nalure intellecluelle et

morale, Est-cc à dire que, d'après Socrate, l'espril humain ne

pouvail connailre que lui-même, et qu'il ne pouvait aUeindre

les réalités qui sonl en dehors de lui? Il est clair que la distinc-

lion d'une connaissance purement subjective et d'une connais-

~1.nccobjective ne lui est même pas venue à la pensée; il suffit

de considérer qu'un des principes de sa rnéthode est d'étudier

l'homme et sa nature, non pas seulement en soi-même, mais

encore dans les aulres hommes, dans leurs pen~ées et dans leurs

actes or les autres hommes appartiennent fi ce monde exté-

rieur à la conscience, dont la réalité ne fait pas doute pour

Socrate, et dont la conscience interrogée affirme sans hésiter

et presqu'universcllcmeni l'exislence, Ev Tw fL:Í1u¡n.bfLO),oyou-

:J.lvw' Cc n'es! pas lui qui se serait élevé contre les opinions

généralement adoptées par le bon sens de l'humanité.

Sur quoi fondail-il ceUe cerliludo qu'il aUrilme aux ~·érités

cie la conscience? Je ne pense pas qu'il ait jamais éprouvé le

besoin de la fonder il croyait au témoignage de la conscience,

parce qu'il semble qu'on ne peut so dispenser d'y croire, el

qu'en le niant on clélruit toute possibilité du connailre et dc

l'être. Si l'on vent cependant trouver un fondement métaphy-

sique à ceUe croyance. inslinctive et naturelle, on pourra le

lrouver dans la communaulé d'essence de l'âme humaine avec

l'intelligence et la nature divine l, L'âme qui participe plus que

1% 3, Il.t.

Page 173: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE l~\ P3YCIIOLOGŒDES GItEC~150

tout le reste de l'homme la divinité, participe à son infaillibi-

lité et sa perfection morale l, Commela Divinité, l'âme humaine

est essentiellement une Raison, une conscience libre qui agit

d'après des fins, c'est-à-dire d'aprês des idées, et d'après la plus

haute desidées3, 10Bien, On dernière et suprême de la Raison.

Si nous nous interrogeons nous-mémes, nous rcconnai~sons

que toute notre science n'a pour contenu que notre nature

morale et la nature du bien qu'elle tond à réaliser, et que toute

notre activité morale a pour but la connaissance de ce bien.

Ceci nous amène à la morale de Socrate. De ce quo nous

venons de dire il était naturel que Socrate arriv<1t la conclu-

sion, que Xénophon et Aristote signalent comme son principe

le plus certain et le plus général Il n'y a de vraie science

que la science de la vie, il n'y a de vraie vie que la vie de la

science (.Il ne distinguait pas la science, de la science

pratique ou sagesse, celui qui connall le beau et

le bien, le pratique; celui qui connait le mal et le laid, l'Óvite 3. 1

Celui qui ne pratique pas le bien, qui n'évite pas le mal, c'est

qu'il ne connait ni l'un ni l'autre comme tels. 1: Tohs les

hommes, parmi les actions possihles, préfèrent toujours faire

celles qu'ils croient leur être les plus utiles 4,.Quel nom alors,

lui objectait-on, donner à ceux qui, sachant ce qu'il faut faire,

font le contraire? Il n'y a pas de nom à leur donner, répondait-

il ? pas pliJs celui de sages, 1J1)'fI)Ú;,quo celui d'ignorants, pas

plus celui de tempérants que celui d'intempérants, car de pareils

hommes n'existent pas 5.

Savoir, c'est savoir ce qu'il faut faire on ne peut savoir co

qu'il faut faire, sans croire en mèmc temps qu'il faut le faire

et qui peut imaginer quelqu'un qui fait ce qu'il croit qu'il ne

faut pas faire, et qui ne fait pas ce qu'il croit qu'il lui faut fairo'?

Jlcrn., Il, 6, 10. ~1};'Il ln'J1:Í~[,) tou 9cfov iyyuri-red xp2tlclr-J.t .Ilem-, 1, 4, Il.-1

J/em., 111,9, 4,1 Id" id.5 Jlcm., III, 9, 1.

Page 174: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOCn.TE 151

L'homme juste est donc celui qui connalL les devoirs que lui

dicte la Justice vis-à-vis des autres hommes, et l'injuste celui

qui ne les connaU pas ou qui se trompe sur la nature de son

devoir. La sagesse, c'est donc la science, et

l'on est sage dans la mesure de la science. L'omniscience serait

l'omnisagesse, et celle-ci est impossible à l'homme parce que

l'autre lui est interdite, Chacun de nous n'est sage que dans ce

qu'il sait 1. La connaissance du bion, but suprême de l'action,

détermine l'action même Il.

Ainsi d'un côté il n'y a pas moyen de bien agir dans la vie si

l'on ne sait pas ce que c'est que bien agir, si l'on ne connaU pas

la vraie fin do l'action, le bien, et aussitôt qu'il y a savoir vrai du

bien agir, l'action conforme suit nécessairement. La Justice et

toutes les autres verlus sont donc des sciences, des

pensées vraies, des notions rationnelles, des idées,

ÀEYovç3. La fin de la vie humaine, la vraie fin de l'homme, TlXrÇ,

c'est donc de connai(re, mais de connaitre la vertu 4. L'àme est

exclusivement Raison, et la détermination, le choix, la décision,

-.rpo2(pcjtç,est essentiellement et exclusivement un acte de la

Raison 5.

La connaissance détermine l'action l'âme est toute raison

quand l'homme agit mal c'est donc exclusivementou par erreur

ou par ignorance, seuls maux qui puissent atteindre l'intelli-

gence. Car lorsque l'âme est en possession réelle de la vérité, en

ce qui concerne le bien, qui est toujours son bien, ni la passionni l'habitude ne peuvent avoir prise sur olle 6. Il serait étrange

en effet que la science, qui est la science du hien, f~lt dans

Jlem.,IV,6, 6 et 7. ·

1 C'estla doctrinem~mequ'oncroitsi récente,savoir qu'ilil a dansl'idéeunevertuefficaceda réalisalioud'elle-mAme.

3 Arist.,Jlagn.J/or" l, 1.T<XÇyàp âpesàcl"¡¡aT7,¡.r.~ç!heu. Ethic.,1'ic.,VI,I3,E.6ziILiv~pov7,<Juçyiesodvcn mÍ<J:xçTacap!TŒç,T,¡.r.&paV!v;id., >.6yovçTacàpcsàcdV:1Iipcro,¿,wn7,¡.r.:xçy!Jp!lv~1'It&')"~ç.

4Ar.,Efh. Eud., 1,5, 1216,b. 2.Ar., Jlagn. Jlor., 1,1; 1,35,Arisl., ,llagn.J/or., 1, l, 'It&~o;xal t,Ao;.Je ne changepasla leçonel je hs

T,Ao;,louten tradulsanlparhabitude,car j'entendsl'habitudemorale.

Page 175: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

UlSTOIREDE Li PS1'f.IIOLOCIEDES GRECSt52

l'âme; el qu'il y eût cependant en elle, concurremment avec la

science, une force plus puissante qui l'cntralnat au mal comme

un esclave 1. D'où vient donc que l'homme fait le mal ? de l'im-

puissance, de la faiblesse, de l'incontinence, Le pouvoir

de bien faire, c'est la liberté; l'intempérance nous la ravit, et

c'est la servitude. La liberté consiste faire le meilleur, et celle

liberté nous est assurée par l'empire que nous exerçons sur

nous-mêmes, ~Yxp4~cm.L'homme qui n'a pas cet empire est

impuissant à faire le bien, forcé de faire le mal, détourné de la

sagesse, le plus grand des biens. Ceux qui exercent sur eux-

mêmes ce noble empire, peuvent seuls pratiquer, par leurs actes

aussi bien que par leur intelligence, et en même temps par les

uns et par l'autre, celte dialectique qui ramène toute chose à

son vrai genre, et par suite choisir et faire celles qui rentrent

dans le genre du bien, éviter celles qui rentrent dans le genredu mal 'il.Le vrai sage, le véritable homme de bien, l'homme

réellement heureux, c'est le parfait dialecticien 3.

Socrate ne nie donc pas 10 fait de l'incontinence, etil n'est pas exact de dire qu'il traite la question du bien moral,

commo si l'intempérance n'exislait pas, 4),-ou/. rûi-rç '):xp'J:l1h~Ce que Socrate nie, c'est qu'on puisse fa fois connaUre le bien,

i1WJT':Í¡.tt'l o., et être intempérant, <:Í.xpzTtÓtI10n.Personne n'agit

contrairement au bien qu'il connaH, mais seulement au bien

qu'il ne connall pas 5. Socrate ne nie pas la réalité de la passion

ni la force des habitudes morales; il nie qu'elles conservent

leur force dans l'âme éclairée par la vérité morale, dans la

raison qui croit, qui voit, qui sait le bien. Quand l'intempérance

entre dans l'âme, c'est que l'âme est envahie par l'erreur ou par

l'ignorance mais si la vérité la vient visiter et l'éclaire, si le

bien lui apparalt dans sa clarlé et dans sa beauté, il fait fuir

l'intempérance, parce qu'il n'y a rien do plus fort que la sagesse,r

1 Ar" 8lh. ~1'ic.,VII,3, 1 US,b. Il sqIJ.Xen.,Jlem., IV,5, \l, 13.

3Ar., Elh. ~1'ic.,VII,3.Id., id.,

Page 176: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOCRATE 153

'f?~IIJ[Ç, qui est identique à la science 1 parce que pour

Socrate, toute science est science du hien, et que la science

invinciblement détermine l'action, La vertu est l'acte de la

raison i.

Aussi ou l'homme est vertueux, et alors c'est qu'il connal! le

bien ou il est vicieux, et alors c'est qu'il l'ignore. Quant à

l'objection de fait qu'il y a des gens qui tout en sachant qu'une

chose est bien, ne la font p~s, tout en sachant qu'une chose est

mal l'accomplissenl, Socrate l'écarte en niant le fait mbme.

Quiconque fait le mal n'est pas profondément, invinciblement

convaincu que c'est un mal, et un mal pour lui.

Le contenu de cette science, qui détermine nc~cessairernent

l'action, c'est, avons-nous dit, le Bien. Mais qu'est ce que le Bien?

Ce n'est pas le plaisir, fi coup sûr; car le plaisir au contraire

empêche 10 bien, et pousse au mal. Ceux qui ne savent pas

mailriser la volupté sont dans la pire des servitudes. C'est le

plaisir qui nous fait perdre la raison vraie dignité de la

nature humaine, Tb;f'roy, hl!1-!)Y3, qui nous ôte la liherié et la

sagesse, le plus grand des biens, Le plaisir abrutit l'homme.

C'est une brute en effet celui qui ne regarde jamais le meilleur

et n'aspire qu'au plus agréable. Il n'est donné qu'à l'homme de

se maUriser lui-même et de rechercher en tout le mieux, par

la distinction dialectique des genres. On peut mc~me dire que

le plaisir qui détruit la liberté, la sagesse, la dignité de l'homme

sc détruit lui-même, Le plaisir auquel l'intempérance nous

appelle et nous invite, se dérohe, et la tempérance seule nous

1 Eflic. Eed., \'111,13, 12~6,b. 3J.ArislolereconnaitqueIcmoldc Soccatecslrrai; maisil.cul faire une di·linclionentre la S3fcsse,Ç;~&V1jOI;(paroi~il fautenlendrel'unitédela \"Olontéctdela raiion)et la sciencepure,EnlaT7,p~-

Li vertuest si parfaitementidenliquenec la sciencequeceluiqui siur~iii,par.eumple,quetromperl'51unmalet tromperailvolontairementserait(~c.iy lxiw !Y¡;pU, ;y Eï7j)plusjustequeceluiquine sauraitpasque lrompcrest un malelcependJnlne Iromperailra3; car en "erlude c~sciencele premier,s'il le voulail,47rJ,,repourrait aussibienfaire;l'aulr(',ignorantladi-linctiondu bieneldumal,ne peulfaireni l'unnil'aulrel.lltm., IV,q, 20 el1). Lesoptatifsntarquenticiquet'est unepurehypothèsequ'onpeulemplolerdansle raisonnemenl,maisqueneconfirmepasla réa.!ilé,

1.Htm.,1,i, 5i,

Page 177: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI PSYCIIOLME DF.,)CfiECSt51

le fait goûter. L'intempérance no nous laisse pas attendre la

sensation du besoin, dont le vrai plaisir est toujours la satis-

faction 1.

Si le bien n'est pas le plaisir, qu'est-il donc'1 L'utile, dit

Socrale mais l'ulile est un rapport c'est 10 rapport d'un

moyen à la fin déterminée d'un être déterminé. Le Bien est

donc relalif, et Socrate l'avoue c Si lu me demandes de

te citer quelque chose de bon, qui ne soit bon à rien ni à

personne, je ne le connais pas, el n'ai pas besoin do le con-

naitre i. Toute chose est belle et bonno pour l'être auquel elle

'est utile et elle convient 3 L'homme poursuit la science du bien,

la seule qu'il puisse atteindre et doive chercher le Bien est

toujours relatif le bien dont l'homme poursuit la connaissance

est donc son bien à lui, et la réalité des choses est conforme fi

ce principe nous voyons toujours et partout les hommes

désirer et réaliser ce qu'ils croient le plus utile, le plus avan-

tageux pour eux, G"'J¡J-91)¡¡WTn!lb'JTo1ç4.

Mais ils sont exposés à se tromper dans l'opinion qu'ils 50

font des vrais biens et des vrais maux pour eux-mêmes il y a

des biens et des maux double sens et double effet, Œ¡J-9'o.°YOI,

et si l'on cherche un bien absolu, ŒV2~lj[IJ()'"T~T!lJ'5, ŒY:lfl-'i'IÀO-

'(WT!lTOV,on risque de n'en pas trouver un seul, pas même le hon-

heur. Car d'une part si l'on appelle bien absolu celui qui n'est

jamais nuisible en aucune circonstance et pour personne, nous

ne pourrons pas considérer comme tels ni la santé, ni la

richesse, ni la force, ni la gloire, ni la beauté, ni la science

même, ao~(Z6, qui ont attiré souvent sur les hommes qui pos-

sédaient ces avantages des maux cruels. Quant au bonheur, on

peut accorder qu'il est un bien absolu, la condition qu'on n'y

1Jlcm., II',Jlem.,III,8, 3.

aGl., III, 8, 7; 1\ 6, 8,1 .\lelll.,III, 9,s Jlem., IV,`l, 33. 31.Les eiemplescil~s,celuide DAdaleelceluidePalam~da,prouvent-ilssuffisammenl

que le motao ia désigneici l'habilelédansun art quelconque,el nonla science

vraie,,quidoilNeela sciencedu bien'1

Page 178: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1.;fW'~ft.~TE 1IV)

fasso pas cntrer des biens équivoques. Et que devient le bon-

lieur de ]'homme si l'on n'y fait entrer ni la beauté, ni la force,

ni la richesse, ni la gloire, ni la science' ?

Le bonheur n'est pas la bonne fortune, c'est

une activité, un acte; c'est l'aclÏ\'ité de la raison; c'est la

science, non pas toute science, car il y a des sciences qui sont

mauvaises~, mais la science du bien, qui ne peut conduire à

une action mauvaise. Il est impossible do nier qu'ici il y a un

cercle dont Socrate, dans les ~Ilérno~~aGlesdu moins, ne peut

sortir,

Le Bien est la science, mais c'est la science du bien; le-Bien

csl l'Ulile, mais l'Utile est ce qui conduit au bonheur, et le hon-

heur est l'action conforme au bien.

Socrate, comme le dit M. Fouillée lui-mème, ne connall pas

un monde supérieur l'humanité, et de là les contradictions

pour lui insolubles de la question du souverain bien. Sans doute

le souverain bien de l'homme n'est pas la fin en soi; ce n'est

qu'un effort, uu désir, une volonté de réaliser cette fin et celle

fin, c'est encore le hien, non plus le bien de l'homme, mais le

bien absolu, parfait, divin l'Idée du bien.

Si Socrate a laissé à Platon la gloire de compléter celle lhéo-

rie par une grande métaphysique, il ne faut pas méconnailre

qu'il a mis son disciple sur la voie, et que les lacunes et les

contradictions visibles qui éclatent dans ses formules embarras-

sécs ont pd cl dtl hrovoquer le s)'stcme qui les a résolues. En

tout cas, on ne saurait, sans injustice et sans erreur, voir dans

l'utile, par lequel Socrate définit lehien, nil'intérêt ni le plaisir.

Ces biens vulgaires el trompeurs n'ont jamais eu un grand prixà ses yeux. Les autres hommes peuvent appeler cela le bonheur;

mais pour lui e n'avoir pas hesoin des choses de cet ordre,

n'avoir aucun besoin esl divin en avoir le moins possible est

le plus près du divin or le divin est ce qu'il a de meilleur, et

1 Jlem., 11',12,33, 31,t

Jleni., 1, 6, 13.

Page 179: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIlstOIllF: DE L.\ PSYCHOLOGIEDESCIIEGS156

le plus près du divin est le plus près du meilleur 1 ), Si l'école

cyrénaïque pu s'autoriser de certaines tle ses (léfinitions, c'est

d'une part en néfiligeant les propositions qui les contredisent

ou les restreignent; de l'autre en abusant du mot utile, et en lui

donnant un sens contre lequel protestenl non seulement la vie

et la mort du maUre, mais la haute pensée morale qui pénClre

toutes les parties de sa doctrine.

1\ ne faudrait pas non plus conclure du passage que nous

venons de citer que le bonheur ou le souverain bien n'est, pour

Socrate, que l'absence de la douleur el du besoin qui la provo-

que, La science du beau et du bien nous procure non seulement

l'utile, mais encore le plaisir, et même les plus grands de nos

plaisirs !i, C'e.t donc une chose positive que le bien.

Il en est de même du beau qui n'est guère autre chose que le

bien; car les choses sont belles commeelles sont lionnes, parun

rapport, et par leur rapport aux mémes objets J. C'est le rapport

à leur fin qui constitue la beauté comme la bonté des choses.

Il y a pour chaque chose une double fin une fin utile,

une fin d'agrément. Un panier à fumier est beau s'il est hien

approprib à l'usage qu'on veut en faire un bouclier d'or est

laid s'il ne l'est pas mais d'un autre côté le panier à fumier,

beau si on considère son rapport à l'usage, est laid si on con-

sidère son rapport à la sensation de la vue qu'il blesse, et au

contrairc le bouclier d'or, qui peut être laid si l'on veut s'en

servir, peut aussiétre beau si l'on n'envisage en lui quele charme

et l'agrément qu'il donnc nos yeux, Un mème objet peut donc

être à la fois beau et laid, suivant qu'on le rapporte à l'une ou à

l'autre de ses fins.

Socrate n'a pas plus formulé de système esthétique que de

gy!'lèrne d'dhirlue; mais on trouve cepentlani, isolée.9 et sans

lien, quelques vues sur les arts, la fin clu'ils se proposent, et

les moyens dont ils usent pour l'atteindre, La peinture, par

1.Ift/ll, l, 6..llem.,IV,5, 10.

J 3fcm.,ur,8, 1.

Page 180: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

socnAU: 151

exemple, a pour but de représenler les choses visibles, c'est-à-

dire l'imitation de la réalité; mais commo les choses réelles

offrent rarement une beauté parfaite, l'art doit en étudier plu-

sieurs, leur prendre à chacune ce qu'elles ont de parfait et

combiner ces traits divers de manière à en faire un tout parfai-tement beau t. L'objet d'art, que Soèrate, en vrai sculpleur,

dépeint surtout au point de vue de la forrne humaine, EHzlh,doit réunir au charme de la couleur, la gràce des propor-

tions, C'est par là qu'il remplira toutes les conditions

constilutives au moins de la beauté extérieure, savoir la res-

semblance, T),7T!~JYY(JT2T5Y,T),Õ:J.Ij!~TE~IjVTnÇÇ7}:t.'JIVIj!Ç,(laS ll)i))Cl1-

n:endc; le charme, T), .mv r.21 c~!),eXti~T2TOV,Ci(IS ll)117tllllli'Oli,

un aUrait qui excile les désirs, T>~;~o9E!Y,T2T·~Y,das Selmsucllt

ermecl:ende, enfin la grâcc suprème qui le fait aimer et adorer

ép2su!~T2TOY,ùas liebneizendcq.

L'ordre, -ri",tç, dont le rythme, et l'harmonie,T), 3, na sont que des dénominations différentes,

l'ordre est considéré comme une des causes qui font sinon

que les choses sont belles, du moins qu'elles paraissent plus

belles, comme si quelqu'autre chose en consliluait la beauté

essentielle, 1Z2YT2?2(VF.T2( xnz x~~p.m U(VEV1.Qu'esl-cc

que celte autre chose? Il semble que ce soit une unité \'ivante,

nn milieu, un cenlre d'où rayonnent et où sc ramènent toutes

les parties de l'objet considéré comme une ~1711èreou un cercle,

ou, suivant le mot mêmo de Xénophon, comme un chœur,0'ialv (ÕZpT¡ITOVGÛTEx2),LY-1.4E~>zo!~flçT.:Í~!Ç, Lcdésordre cstla

laideur, np'Lzf¡, -1.nç('L. 0E-ill(J'Jtt-1.TEPTCÉç,zo~),ç"(zp «ÈXIITLpi-nn:I, Tbp.É'iIjVx'Z).~vCe dernier mot prépare celui d'Aristote

qu'il rappelle Tb~1É60Y2fTlGY.

Mais l'art ne doit pas s'en tenira la rcprésentation de la réalilé

visible el sensible; ce qu'il doit surtout chercher à reproduire,

1 .llem.,111,10, 2.

1 Xenoph.,111,10, 1rat! de 11'ei·ke.Qrcron.,R, 6.1J., i~l.

Page 181: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTomE DE IA l':iYCIiOLOGIEDFS GRECS1511

c'est le caractère moral de l'âme, T-r,c,Y~s et la peinturede la plus belle âme sera la plus belle production de l'art. Ainsi

l'art n'est pas seulement imitation de la réalité sensible, mais

expression de la forme ultrasensible, de la vie morale: C'est par

ce moyen, à savoir l'expression fidèle de la vie, 'I"~~l~~l;l>,Y

que l'art surtout séduit, charme, transporte, ¡J-:D.I'Jt'X

,}uZ'1ywyd,7t1j!~1nu 'l"i~'}I\ITOI,-et dans les œuvres do

l'art, la vie sera l'expression, par une image, par une forme

rendue sensible, des actes de l'âmc ou de ses passions, u t1¡ç

'(Uz1¡ç~('1 '1"0E'CGEI7t~Ij.wd.tEl\l1.

On peut soupçonner, sans pouvoir le démontrer, que c'est

par ce caractère que l'art pouvait se ratlaclrer la morale, et

n'était pas exclu par Socrate do l'objet de l'activité noble de

l'homme. Niais le vrai objet de celle activité, c'était le bonheur

entendu au sens le plus noble, c'est-à-dire comme la pratique

des vertus; les conditions en sont la nature, la science,

la pratique,

Parmi les biens que nous donne la nature et quo la science

et la pratique accroissent et dé\'eloppent sont la force et la santé

du corps, la vigueurde l'esprit cl de toutes les fa~ullés de l'àme.

D'autres nous viennent de l'applicalion de l'Ùmo à faire passer

en actes les idées qu'elle a reconnues utiles et avantageuses ce

sont les arts et les sciences pratiques, c'est-à-dire qui ont un

rapport à la vie soit physique soit morale; car tout ce qui est

sans rapport à la vie est pour l'homme au moins inutile. Les

arts et les sciences utiles sont l'art de discourir du beau et du

bien, de chercher, de définir et d'exprimer les caractères pro-

pres de chaque chose c'est-à-dire la dialectique, fondement

de la morale et du bonheur. On peut joindre, dans uno COl'-

taine mesure toute pratique, l'arithmétique, la géométrie, et

l'astronomie, On ne voit pas, comme nous l'avons déjà dit,

quelle place Socrate fait à la peinture et à la staluaire qu'il

l Jlem., Ill, 10, cl.plusloinIll, 10,8, t:X'It:Í6r"Tà lpy'1s ;c '(~·c-Iltm., 11',Ii ci G.. 1

Page 182: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

socwTe 159

mentionne, et à la musique qu'on s'étonne de voir oubliée,

Le COUl"3geconsiste à connaUre les choses véritablement à

craindre, et à se conduire dans ces circonstances avec intelli-

gence et fermeté, en cherchant toujours l'utile et le hien. Le

courage est une vertu des plus utiles, el fait partie de ces biens

dont la réunion donne à celui qui les possède la 1.

La prudence, est la vertu qui nous fait connaitre

les vrais biens et les vrais maux, et ne peut par conséducnt

êtrc séparée de la sagesse, coi(x. Cette science est donc moins

une partie de la vertu, que la vertu même celui qui sait dis=

tinguer ce qui lui est bon le fait, et ne peut pas ne pas le faire.

Ceux qui font le mal, peuvent faire ce qui leur plall, mais non

ce qu'ils veulent î car si l'on demandait à quelqu'un s'il veut

être juste ou injuste, personne ne répondrait qu'il veul l'injus-

tice3 la volonté va à la justice. Le méchant n'est méchant

quo par ignorance de son hien. Tout mal est donc ignorance;

mais rien ne nous obligeant à rester dans l'ignorance, nous

sommes responsables du mal qu'elle nous fait faire.

La tempérance, iyxpxte,x, réprime les passions et les désirs

des sens, les soumet au joug de la raison, établit l'empire de

l'homme sur lui-même, et assure la santé de l'~me et la recti-

tude de l'intelligence. C'est à cette condilion seulement, c'est-à-

dire en modérant nos désirs, en limitant nos besoins, que nous

parvenons à l'indépendance morale, la pleine etlil.Jre posses-

sion de notre esprit. Fondement de la vcrlu, Jep-r.7!lç,la tempé-

rance est aussi celui du bonheur que les dieuz ont voulu ncius

faire acheter au prix de la souffrance, de la privation, de la lulte.

L'intempérance, nous aveuglant sur la vraie notion du bien et

du mal, nous entratne à des actes honteux et funesles,

La règle de Socrate, sous ce rapport, n'a pas la rigueur

exagéréc do la morale stoicienne. il ne veul pas, par une trop

grande indulgence, affaiblir ou détruire J'empire que 1'.Ime doit

1 uen~ n', G,10.q ,Ileu~11',2, 30.s .lrisl., Elhic.JJag~ l, 0.

Page 183: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L\ PSYCHOLOGIEDES GnECS100

exercer sur elle-même et sur le corps mais il n'interdit pas un

plaisir décent et modéré. Socrate n'a rien de l'ascNe ni du

Yogui; lui même s'abandonne au plaisir et ne fuit pas le tumulte

d'une Cêle et même d'une orgie. S'il pratique la chasteté, celle

qu'il prescrit à ses amis n'est pas bien rigoureuse 1. Le but

n'est pas de conserver la pureté au sens chrétien du mot, mais

de sauver la liberté du jugement et de l'esprit.

La vertu de la tempérancc n'intéresse que l'individu lajusticc

est d'un ordre plus élevé. C'est la science d'observer les lois

établies par les hommes i. Les unes sont écrites, les autres non

écrites, Les lois écrites ont spécialement pour but[ le maintien,

l'uLilité et le salut de la société qui les adopte, La société est

divine en ce sens qu'elle est voulue par les dieux ce qui le

prouve, c'est ce principe admirable qui'prescrit que la loi pro-

tège ceux-là rnème qui la violent. Dans ce commandement

magnanime et tendre, on ne peut s'empêcher de reconnallre

quelque chose qui atteste un législateur plus grand, meilleur

que l'homme. Un Dieu seul a pu dicter et imposer aux hommes

une loi si humaine 3. De plus il n'y a que les hommes réunis et

organisés en société qui reconnaissent J'existence des dieux et

qui leur adressent un cu Hepieux. Aussi, quoi qu'en disent les

sophistes qui ne veulent voir dans la société qu'un troupeau

rassemblé par la peur, l'intérèl et le plaisir, il faut voir dans

l'État une chose sainlo et sacrée, et obéir aux lois c'est faire

acte de piété 1.

La juslice, comme toutes les vertus, est une science qu'on

apprend, comme on apprend à écrire. Aussi celui qui fail une

injustice volontairement est-il plus juste que celui qui la commet

sans le vouloir ni le savoir. Car de même que celui qui écrit mal

à dessein écrira bien quand il le voudra, de même celui qui a

commis une injustice sciemment pourra quand il le voudra

Jlem., 1,3, U.Jlem., tV, 6,5,

Jlem.,IV,.&,'U,.Ilem.,1, 3 el 1, l, 16.

Page 184: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOCI1\TE Ici

1\1

devenir juste; l'autre jamais, puisqu'il ignore ce que c'est que

la justice 1.La justice est ce que prescrivent les lois; maisqu'est-

ce que la loi? Ce n'est pas tout décret émané d'un maUre tyran-

nique, d'une autorité oligarchique ou du peuple car souvent

ces décrels prescrivent des choses mauvaises t. La loi c'est

le bien, dont le caractère obHgatoire est formulé par un acte

pulJlic du sou%,ei-ain.

L'obéissancc communeà ces lois communes fait la prospérité

(les Élats en y établissanlla concorde, et par un relour néces-

saire la prospérilé de chaque famille et de chaque individu. Tous

les citoyens doivent donc obéir aux: lois, expression du bien, et

méme, lorsqu'ils s'en reconnaissent capables, se rnéler des

aITail'e3puhliqu,~s et contribuer à Uablir pour leur pays un bon

et juste gom'ernement.

Quel est cc gouvernement? Ce n'est pas le gouvernement

démocratique, tel du moins qu'il est pratiqué à .Athènes, où les

hasards du sort, de la féve, comme on disait, confèrent souvent

aux plu3 indignes des magislralures qui ne doivent appartenir

qu'à l'homme qui a Nudié et qui connait les conditions d'un

gouvernement sérieux et honnête 3. L'élection elle-même est un

moyen trJs maurais de désigner les magistrats: que sont les

asscmblées populaires qu'un tas de cordonniers, de maçons, de

petits boutiquiers ignorants La scicnce seule confère la capa-

cïlé, la vertu, et partant le droit politique, Le pouvoir du peuple

est donc mauvais il rend impossible l'action du plus habile

homme d'État, et là où la démocratie gouverne, il ne reste plus

à l'homme juste qu'à s'ahstenir,

Le lml d'un bon gouvcrnemenl est de rendre heureux et bons

ceux qu'il gouverue, Le vrai chef est donc celui qui sait ce que

c'est due le bien, c'est-à-dire c'esl le citoyen 10 plus sage et le

meilleur. Mais qui donc connait le bien ? un bien petit nombre

1 Jleu~ 11', 20.

Jlem., l, 2, .10sqq.3 Ilem., 111, 7 cl 9~

Cuucael. l'~ychnla~ie.

Page 185: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IJ/STOIREDE L:1 PSYCIIOLOGIEDES GRECSi6t

parmi les hommes C'eslla raison (lui doit commander; com-

ment'1 par la force? ce serait contraire à sa nature; mais par

la persuasion. Il faul la raison une adhésion libre, une obéis-

sance consentie, Dès que l'ordre est uniquement fondé sur

la force, il est un acte de violence et non une loi

La persuasion n'est jamais dangereuse; seule elle a par elle-

même une force suffisante, et n'a besoin que d'elle-même pour

exercer victorieusement son empire. C'est l'arme du sage, et

son seul mais tout puissant instrument d'action morale et poli-

tique. L'art de gouverner et de commander, c'est l'art do se

faire obéir or, pour se faire ohéir des hommes, il faut se mon-

trer supérieur à eux dans la connaissance cle ce qu'il faut faire 3.

Il y a des lois non écrites ce sont les plus grandes, les plus

belles des lois ellcs ont élé données aux hommes, non par des

hommes, mais par les dieux pour être le fondement de la

famille et des vertus sociales pour nous apprenclre à nous

aider, à nous aimer les uns les aulres; car cet amour mutuel

de l'homme pour l'homme est le bénéfice le plus grand qu'on

puisse tirer de la société Ce sont ces lois qui prescrivent

l'amour respectueux de ceux qui nous ont donné la vie, l'amour

des frères les uns pour les autres; car les frères sont plus

nécessaires les uns aux autre" que les pieds, les mains, les

yeux. Ce sont ces lois qui nous ordonnent de cultiver l'amitié,

la piété, la reconnaissance. Si les passions et les intérèts divi-

sent les hommes, l'amitié les rapproche. La société est impos-

sible sans l'amitié, La nature en a fait un penchant et une néces-

sité; les hommes s'aiment naturellement les uns les autres et

ils ont besoin les uns des autres 5.

L'amitié plus étroite qui s'élablit entre certains hommes, fon-

dée comme l'amitié humaine sur l'utilité réciproque, ne peut

1 Jlem.,111,2; 111.9.

Jlem., 1, 10 s'l'l'3 Jlem" 111,3, 9.

Jlem., Il, :J, I!J; I, G, Il.l.

Jfem"11,2 ci 3 Il, 6, 21.Sympos.,8, t3, X~nOf,h,)Rapl-li-lueSorn.lc t-emoladmirable ~¡),i',Q;1t~;w.

Page 186: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOCIL~7E 163

nallre qu'entre les honnêtes gens 1. Il ne suffit pas de vouloir du

bien à son ami il faut lui en faire. C'est par des acles, par des

muvres que l'amitié se montre et sc démontre. Celle amitié

prend dans Socrate le nom et presque la forme de l'amour, Épc~c,

mais il l'épure, lui enlève la souillure qu'y aLlachaient trop

souvent les moeurs grecques. Celle amitié ainsi anoblie naH de

l'admiration que cause la vertu vraie et a par conséquent

pour fondement la vérité. Il faut Nre réellement ce que l'on

veut paraitre aux yeux de son ami. A ces conditions l'amitié est

le plus précieux des biens. Aussi Socrate se vante-t-il de ne

savoir qu'une chose aimer. Il va la chasse de vrais amis, de

ceux qui réunissent les conditions de l'amitié -véritable, célesle

ct sainte, car il y a une fausse amitié, vulgaire et impure, ou

chez lesquels on peut espérer faire naitre ces sentiments, qui

sont, en un mot, X'lÀf)(TEY9CS2~(7Cr10(

Celte affection, ce besoin d'aimer, ne s'étend pas, chose sin-

gulièreet triste, à la femme, incapahle de connaUre et indigne

d'inspirer un vrai amuur. Et cependant, au point de vue de la

valeur morale, elle n'est pas inférieure à l'homme, et une bonne

ménilgère fait, autant que son mari, la prospérité d'une maison,

Le mariage n'a pas pour but de remplir le besoin d'aimer, inné

chez 1'liornine: sa fonclion est toute politique, Il faut avoir une

fcmme pour avoir des enfants, et il faut avoir des enfants pour

que l'Étal ait des cito)'ens 3.

Tous ces biens, toutes ces vertus sont des vertus et des biens

de l'éme; car l'homme a une 9me. L'âme est, chez tous les êtres

vi\'ants, la cause et le principe de la vie chez l'homme elle est

plus parfaite que dans tout autre ètre vivant. Invisible et par-

tout présente et active, elle se révèle par ses actes s'il y a

quelque chose de divin en nous, c'est notre âme, distincte du

corps dont elle est maUresse l, Elle a le magnifique privilège de

ld., Il, G,21.

\2n., Syml~8, § 12ci R7 .lltm., Il, G,28,3 Symp., §9 (~con.,3, 10 .Ilem.,Il, 2, 4.

,Ilem.,1~·,3; l, 4.

Page 187: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE I_1 I~51'CIIOLOCIEDFS GREC.161

connaHre les dieux, et de les adorcr. Elle est de plus immortelle.

Car il ne faut pas croire que l'homme n'est plus rien quand il a

achevé sa vie lerrestre nendrait-on des honneurs aux morls

si l'on ne croyait pas que leurs iunes sont encore douécs de

quelques facultés. L'âme, qui vit pendant le temps qu'elle réside

dans un corps mortel, ne cessera pas de vivre en le quittinl

au contraire, lorsqu'elle sera séparée de ce corps irraisonnahle,

pure alors et sans mélange, elle possédera une raison plus par-

faite. La dissolution des parties, qui seule cause et explique la

mort des choses matérielles, ne peut s'attaquer à invisiblc

et immatérielle. Si le corps composé se dissout à la mort, parce

que chaque parlie est rendue aux élérnents dont il est formé,

l'~me simple el pure, qui ne sou0~rc, dans sa nature, aucune

composition ni aucun mélange, en se séparant du corps, reste

seule et libre n1n seulement elle conserve la faculté de la

pensée, mais elle verra, après la mort, s'en augmenter l'énergie

elle sera plus sage que jamais. On peut s'en assurer en ohservanl

ce qui se passe dans nos songes, Le sommeil nous donne une

représentation assez fidèle de la mort or le sommeil est l'état

le plus divin de l'âme; car c'est dans cet étal qu'elle pressent

le mieux les choses de l'avenir, possède le plus parraitement sa

libre essence de même, et à plus forte raison, après la mort,

l'à meentrera dans un rapport plus intime avec la vérité.

Quand bien mème cc ne serait là que de vaines espérances,

quand bien même l',lme serait inclissolublcmenl altachéc à son

corps et en partagerait la destinée mortelle, malgré tout, il y

aurait encore deux choses éteI'Dellement vraies le devoir

d'honorer les dieux, l'injustice, de praliqucr la vcrlu,

d'une part; et de l'autre, (I'lioiiorer 1'liuniaiiité tout entière, se

renouvelant dans la suile élernelle des généralions (lui se suc-

cèdent

L'existence d'un Dieu créateur des hommes, b 1'çipl.,t¡ç;'t!jIW"

1 Cyrop., 1111, 9, 3.·

Cyrop., VIII, 1, 18, ~3. f? niv yFvr fI¡ âe1 lmYlp61'vn.

Page 188: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

sor.nnF: 165

est révélée d'une part par le sentiment de la cons-

cience morale, de l'autre, par- le principe de la finalilé. C'est

un fait que chacun de nous peut ollserver en lui-même, que toute

vraie loi porlc en cllc-m~me sa sanction quc nous trouvons

tous dans notre conscience le elià[imeiit, si nous l'avons violée j-Yla récompense, si nous lui avons ohéi. Ce fait admirable de la

conscience morale, que ]'homme n'a pu se donner à lui-mème,révèle un législateur supérieur à lui, non seulement sage, mais

bon et aimant tous ceux qui il a donné la vie, 9!)'w'J; Cette

inlention prbvoyanle et bienveillanlc est visible dans toute l'or-

ganisation humaine et dans la constitution des choses où tout est

beau ct bien 5!.L'ordre de la nalure a un lml utile à l'homme et

par conséquent lron. Or tout ce qui est bicn ou fait en vue du

hien cstl'œune d'une raison, d'une pensée, d'un esprit,

E,~rx,d'un èlre qui pense et qui pense aux hommes, 9~'Jnn;E!

~,na ~r,~..2'11"1f~.v-ev. Enfin ]'homme, chaque homme a l'intel-

liryence, mais il ne la possède pas tout entière il y a donc une

umc universelle, qui existe ailleurs que dans les hommes, et

dont l'âme humaine n'est qu'une partie, comme notre corpsn'est qu'un groupe partiel des élémcnts du monde matériel.

Quoi (lui'il ne soit lla.s tout à fait affranchi du préjugé poly-théiste ou du respect de la religion oCl1cielleet nationale, Socrate

parle souvenl comme s'il croyait à un Dieu unique, ou du moins

souverain, créateur des hommes, architecte de l'univers, dont

il mainlient l'orclre comme il l'a fait 3. Quelquefois ce Dieu portele nom £le i, 4~.c, quelquefois celui £le z). 4Et,v, formule où

\I. Denys' ne veut voir qu'une hypocrisie, comme si ce n'était

pas la plus grande des invraisemhlances dc supposer l'hypocrisiechez un homme qui avait pris pour devise dire toujours la

vérité, et qui est mort pour y rester fidèlc.

Quoi qu'il cn soit, il reconnait aussi d'autres dieux, le soleil, la

Jlcm-,l, -l, ('11\ l, I!J'Jfcnr.,11',3, Il.l.llcm-,1\ 3, 13. tnv :.).·a:t~tj~~vauvWts~ri xa1mrn~mv.1Il~fo:r~°ri~s!cs mora(tsAansl'rln(iqnilé.

Page 189: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIRFDE LA PSYCIIOLOGIEDES GIIEfà166

foudre, les vents, agents subordonnés, des dieux

supérieurs et du Dieu supr~me, sago et bon démiurge, qui

habite, organise, meul et gouverne le grand monde, comme

notre âme habite, meut ct gouverne le petit monde de notre

corps. Il sait tout; il esl partoul; il peul tout. C'est sa puissance

et sa bonté, qui, après avoir créé les liommes a disposé, pour

leur bien, celte magniflque et heureuse ordonnance de la

nature c'est lui qui nous a donné la lumil>re, qui nous empèchc

de ressembler à des aveugles la nuit, qui nous permet et nous

ordonne le repos c'est lui qui a commandé la tcrre de nous

fournir notre nourriture, et aux saisons de la varier; c'est lui

qui a disposé l'eau et le feu pour être les éléments et les ins-

truments de toute l'industrie humaine; c'est lui enfin qui dirige

et soutient cet univers, le conserve tout entier dans une vigueur

et une jeunesse toujours nouvelles, et le force d'obéir à ses

ordres plus vite que la pensée et sans s'égarer jamais.

N'est-il pas vrai que nous sommes contraints d'avouer que sa

Providence, ,"O¡jTO,,(O'/0-'11"IX'I,veille sur nous, qu'il a tout fait

pour nous, qu'il nous aime, ct qu'il nous aime d'un amour sans

borne, {,;¡E?6Í)J.u L'homme est le but et l'ohjet de

Dieu dans son aclion sur le monde 1.

Dieu et les dieux ont donc bien droit notre reconnaissance

respectueuse, à notre obéissance, à nos sacrifices, à nos prières

mais n'allons pas, dans des prières imprudentes, leur dcmandcr

des choses déterminées demandons leur ce qui nous est vrai-

ment bon; or cela nous l'ignorons, et eux le savent et seuls ils

le savent. Cherchons à leur plaire pour en obtenir des bienfaits

cela est juste mais rappelons-nous que le seul moyen de leur

plaire, c'est de leur obéir, Nous lcur devons l'hommagc, la foi,

l'amour 2, A celui qui aime les dicux, tout arrive pour le

mieux 3.

C'est une erreur et une faute de croire que la di\'inilé nc

.Ilem 1, et 1\ 3, 3-9.1 TI~=i'f'j:l.p~t!YI1i1>t'l.3 .Iltm., IV,3, 11; l, 3; III,9, 15.

Page 190: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SOŒTF: 161

réclame pas un cullc exlérieur mais quel culle'? Le mieux sur

ce poinl, est de se conformer au culte national, comme la Pythie

t'ordonne l,

Si nous cherchons fi. rassemhler les trails principaux de la

doctrine socratique, nous arrivons au résultat suivant

1. Socrate considère la philosophie comme une muvre

(l'efforts et de recherches personnels; il rompl avec le principe

il'autorité et de la tradition, avec 1''J.1: ~?'J. il donne la raison

individuelle affranchie, et la conscience morale élablie comme

critCrium de certitude, le droit de recevoir et de refuser loutes

les proposilions émises.

2. Il unit la spéculation ctla pratique, la science et la vie.

3. Il donne, pour objet unique, la philosophie, la connais-

sance de l'homme par lui-méme, c'esl-a-dire la connaissance de

son :1me par la conscience, La psychologie conslitue ainsi toute

la philosophie.

.'1. Pour se connailre cI en se connaissant l'homme doit trou-

ver et trouve une méthode, un arl de penscr la dialectique.

5. Le premier principe de celle dialectique c'est que l'esprit

esl gros de vérités qu'il ne s'agit que d'accoucher. C'est sur ses

notions premières, les idées du beau, du bien, que reposent tous

nos raisonnements et toules nos connaissances.

6. Le premier principe de la vie pratique, c'est l'amour, ton-

derncnt ¡;inon de la famille, du moins de la société cl de l'Élal.

7. Il y a un Dieu qui a créé les hommes, qui les aime, et qui

pour eux a disposé ct mailltient dans l'ordre l'univers entier.

S. L'a1111Cest distincte du corps et immortelle,

llem" 1,3, 1.

Page 191: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

L'influence personnelle de Socrate n'a pas été moins pro-

fonde, moins féconde, moins étendue que celle de ses doclrines.

Avoir suscité un ébranlement puissant dans les âmes et dans

les esprits sera toujours considéré comme une des plus gran-

des et des plus heureuses parlies de son œuvre philosophique.

Si l'esprit de la doctrine socratique revit épuré, agrandi, mais

non allé ré, dans les systèmes de Platon et d'Aristote, il n'en

est pas de même des petites écoles philosophiques, nées inuné-

diatement de la commotion intellectuelle et morale produite par

le maUre: elles altèrent toutes, plus ou moins profondément, le

sens et la portée des idées de Socrate, et si elles ont reçu d'un

commun accord, dans l'anticluitiy et méme dans les historiens

modernes de la philosophie le nom d'écoles socratiques, ce

n'est sans doute qu'à cause des relations personnelles de ceux

qui les ont fondées, avec 10 grand homme qu'ils appelaient

moins volontiers leur maitre que leur ami, 1¡E-r'i1fl);~~üC,)'/l. Pour

marquer ce caractère, les Allemands les nomment en général

les socratiques imparfaits, clic uneol~om>ctc~reSoGratiker, et on

pourrait plutôt leur donner à tous le nom que Zeller hésite à

donner à l'un d'eux, de /'anx socraticpes. Avant de subir l'in-

Ouence de Socrate et d'entrer dans le cercle de ses amis et de

r .lri5lul., Rhel.,Il, ~L Cir.. de I)ra(., 111,15. Llqiiinies~ûnir,lull'; (,rlifere..1aSocr.lle,quO/)CI illinsvarüscl.lilw,j, et in oninciii['111('mdifi'u:i:¡Ji'plll~lioniLu,liuialiudapprehcmleral,pfù;emimlæsunl'luJ;i faiiiilietlisscnlicnlesinler~C.

CHAPITRE DIX-NEUVIÈME

ARISTIPPE

Page 192: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

.otisnrre 169

ses familiers, ils avaient tous déjà pris position dans la lulle des

systèmes, Aristippe était un étranger, aUiré d'Afrique par la

renommée de Socrate ce qui suppose un esprit déjà formé, et

dont la passion pour la philosophie a été nourrie par des étude¡;

préalahles. Anlislll~ne avait été disciple de Gorgias 1, et peut

être compté au nomhre de ces vieilles gens, saisis sur le tard de

la passion de la science, que Platon appelle ;"}l:J.'1.1iE1;2.

Euclide de Mégare, s'il n'apparticnt pas positivement à l'école

éléatique, comme le croit Henne 3, en partage certainement

le.3tendances et les gOÍlls éristiques 1. C'esl par ces influences

antérieures, non moins que par l'ah!'ence d'un sylèrnc positif et

affirmalif dans Socrate, qu'on s'explique l'opposition des doc-

trines de ces écoles entr'elles, et le peu de rat~port qu'elles ont

avec celles de leur maUre. Leur seul caractère commun est

d'avoir considéré la philosophie srrrtout comme la science de

la vie pratique, et d'av·oir donné pour hut celle science la

recl'erche du bonheur: encore pourrail-on dire que c'est là un

trail commun àLtoutes les doctrines philosophiques de l'anti-

quilé, et qu'on retrouve même dans le génie si Irrofonclémenl

S[IC~Crllallfd'~lrislote. l.ea Grecs n'ont jamaisconçu comme véri-

lalllement dislinctes, encore moins comme séparées, la science

cl la vie.

Aristippe est le fomlaleur de l'école cyrcnaïc[ue ainsi

appelée parce qu'il élail originaire Ilc Cyrènc, comme le célèhre

malhématicif'n Théodore, l'intime ami du sophi"te l'rolagoras 1"

et parce que ce ml là, dans celte ville riche et lruissante,

qu'après avoir passé cfuelc[ues années 11 Allnnes dans le cercle

10.1. VI, 2.

Sophial.,~31,b.J .lIlc llc \IEgare,p. 3~.4 ll. L II, ~0.È'11t"I'J~l.t:l1:E?;ThUÇ~~anc~.vç).l,yr,J;Elle ~ecompo<c~1'rc'lE, fille,le jeune,filsde cellir,ilcrniirc,el

qn'nniplelle, l~;irune rai;,mques'ln n,)nisullilà f.~ireronnnilrc,l':I.et el'.1ntilKiler di.cildc·, Jc TIH\I\ln" l\'I1"~(,il<,,l'Allnidri', ,luiimpienrcnlellirlin,aux 1rincipl"cuuunun;,1.,h '1'11', linelen,lance['Irli..uli~rl',('nlin.1"ni"n LIu1J,1r)'IHneel peul-l'lre,r.dilll~re.

1 Thea·l.,Il:>,3, IGI,!J, IG~,a.

Page 193: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L.1 l'SYCIiOLOG1F.DES Gnm;170

des amis intimes de Socrate pour lequel il avait éprouvé une

admiration cl un respect passionnés l, il revint, après de nom-

breux. voyages élablir son séjour définitif et constituer son

école propre. Ses relations avec Socrate déterminent seules et

cl'une façon très approximative l'époque de sa vie, dont on nc

connait avec précision ni le commencement ni la fin, et sur les

événements particuliers de laquelle on n'a que des renseigne-

ineiits anecdotiques assez mal autorisés.

Bien qu'il écartât de la philosophie, en pou¡;sant à l'eWr~me

une des tendances de son mailre, la logique et la plysiclue,

parce que ces spéculations ne contribuent en rien à rendre la

vie heureuse et n'atteignenl mème pas le but spécial qu'elles

se proposent, il y revenait, au moins en partie, par un détour 3.

La morale, Tb était bien pour lui la seule vraie science

philosophique, la seule digne d'èlrc Étudiée mais il la divisait

en cinq chefs, dont l'un tr.lil::Jit des choses qu'il faut

rechercher et de celles qu'il faut éviter, le second des pas-

sions, le troisième, des actions, le quatrième, des causes,

le cinquième, des preuves. Il est manifeste, comme le fait

remarquer Sextus, que la recllercUe des causes ne pouvait être

autre chose qu'une physique, et qu'une théorie systématique

1 On lui reprochecerenilintrlc n'avoirpasa;si~téscn mallredanssesdemiH;moruenls.Platon,quine l'aimaitpis, a hiensoindereleverle fail l'hmlon, G9;Dcmcl.,de F,'loc.,30ü;D. L., 111,3(jcl Il, 65.

'1A 5lé~.ma,dansl'.1·ic-llineure,où i!fui f,lilprisonnierpar lesPcrses àCm;nl/II'.oil ilde%intde lacélèbrccourli-anc1,113;àÉ-ine, à Scillonle,oùXénorli(inluiluiseset à 5yracu·e,oùil connulPlalon,la cour soildel'ancien,soil dlljeunelIeny>,v, Zeller,1.11,h. 211,l,nul.2 \'2' Sun caractèrenefaraitpasavnirétér,lushonorahleynesa vie, lropconformei se,3doclrines,Plusieurs,clcnlr'aulresSosirrJ(ede llhodei,4~ulicnnenlqu'il n'a rienl'cril. l'.tnæliu.;CISulionlui allribucnlunedi1.1incoù l'onne relère, louchanlh r,hiloso¡,l.ie,qu,'(j li~resdeleçon<,~lt;), U'1I11resluicn allrihucnlnnplusgr.m,1nombre,p.ll"11lÍle,sqllel>2; les lilre5ne biiscnl riendevinerd'un contenupllilosoph¡'lue.Il e -1lepremierde~~xr:di~~ucsà avoirr~eI,111\,jdes honurairesh~ur ses li~;on:.1).L., Il, G. l:OnL72, H, 80. l'luI., de lib. eJrrc.,7. Cen'e.1pis le seul pointpar lequelil sc rall,le1leauxSophi,le5,commel'ub~cmetrès juslemenlPloni~s,le

phir,'Wicienil)- 1. Il, 65- r.ao; aoywcadrsx;),al~rr.i .lri:lole._llef.,11-2; 99-1,a- 33_VJ'/79~I7CL)'r'CL'I;~oinn IA~ll'Jtu'[7tIj;.

3 &1. ~mp.,arlv. Jlafh.,1'll, Il. 1<tPltpht.p}lIl.Senee.,bp., 89. Ili quoquequiremofcnl,aliterinducunl.

Page 194: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ARJ:mpl'f. 171

de la d~monst~tion est la logique même, ou du moins une

théorie de la connaissance.

Nous ne savons absolument rien de ses opinions sur les

causes, c'est-à-dire de sa s'il en avait une; il n'est

pas prohahle qu'il ait adopté celles de Démocrite, pas même la

doctrine des émanations et des images, que lui allribue Plu-

larclue l car elle esl contradictoire avec la doctrine de la sub-

jectivité et relativité ah~olues de la sensation et (le la connais-

sance, qui est le caractère dislinctif de sa philosophie.

Nous n'en savons pas dawlnlage sur ce qu'il pensait de

l'origine, de la nature, de l'essence, de la fin de l'âme; de

l'absence complète de documents sur ce point, il serait peut

être téméraire, mais il ne serait pas innaisemhlable de con-

clure que l'Sme n'était pas pour lui Üne substance, et qu'elle

n'étail qu'un groupe de sensations, ce mot ctanl pris dans le

double sens d'alTections sensibles et de perceptions. Il est cer-

tain du moins que tout ce que nous connaissons des doctrines

philosophiques d'~lristippe sc rapporte la ps5·cllologie de la

sensalion et à la psychologie de la connaissance, et l'une et

l'aulre ont un caractère très marqué et commun, à savoir la

subjectivité el la relativité absolues.

Cet esprit distingué et fiii2, doué d'un réel talent d'analyse

psychologiquc, à qui nous de\'ons le premier es¡;ai d'une théorie

philosophique du plaisir, unique but, suivant lui, de la vie, limi-

tait le sa\'oil' humain à la sensation, et dans l'acte de la sensa-

lion, il distingue, el il est le premicr à distinguer, avec une

gmnde finesse, cl'une part l'alrcction sensible, 't"~'20, paroù il

entend non-sculement l'impression douloureuse ou agréable

qui se produil dans l'organiçme, mais encore une représen-

tation, une notion qui apparall à la conscience, '11-1 ~(lI'I,tl'HI'et Il'autre part l'objet extérieur, z> È¡(.TÓ;(Itti est la

cause de cc phénomènepsrchologique. tachose extérieure existe

1 \'rrm pofeaf arrnrilcr riri, 5.i Conf.Sicin De l'ifa Ar-ùlip~~i.Coefl., p. 29,

Page 195: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE IA P31-f.Il0l.Of.lEDE.; GRECS~~a

prohablcment, mais nous ne savons rien d'elle, et nepouvons pas

même affirmer avec certitude qu'elle e~iste r. L'âme humaine

ne peut connailre que ses propre~ élals. Le monde, tel clu'il

nous est donné, n'est qu'un conlenu de notre propre conscience.

Nous ne savons mème pas si les sensations des autres hommes

correspondent aux nôtres, L'identité des mots dont nous nous

~erv·ons pour les exprimer n'est pas unc prcuvc. Le langage n'est

pas une impression, un étal £le notre nature, un Au con-

tmire, il est un fait extérieur (lui pro¡luit cet état, et par con=~-

quent une de ces choses qu'on appelle causes, qui, si elles

cxistenl en soi, n'existenl pas pour nous Les noms qui dési-

gnent les choses, comlne ceux (lui clésiguenl nos sensations,

SClrll,il est vrai, communs à tous les hommes qui parlent la

mème langue: mais on n'a pas, £le ce fait, le droit de conclure

que m~mc les sensations qu'ils représentent ¡;onl exactcment

et réellcmenl les mcme~ pour chacun d'cux. Nos sensations

nous sont ab~olumcnt propres et n'apparlÏenncnt clu'~ nous.

Elles ne sont que nous-même, dans divers états, qui ne sont

perceptibles qu'à nous-méme. La conscience esl un monde

fermé, impénblrable. Dew personnes pcuvcnt appeler du

rnème nom la sensation qu'elles ont éprouvée, elles peuvent

mcme croire et dirc qu'elles ont éprouvé la mème sensation,

mais aucune d'elles ne pourra le prouver, parce que chacune

n'a scnli et ne peul 1"enlil' qllc son propre étal, T"Õji~("'J:rx4·,u;

i'/nh:J.~i'/Õnl Jamais l'une ne scntira l'état de l'autrc.

Sezl. f.rnp.,mlr. _llalh.,\'ll, 1 !JI.ÍZ:I ~=v¿""fI"~n.Y!il., ùl H, ;~1.3 çcxl. t:rnp_.ndr. _llafh.,l~If,19¡j.y·.rm ';I(~[;t:J'1~2"T;d~'I' Jtr"J'¡

~¡r.j;:(Li'" ¿.t'l -.(rJt'J:s:9°_·r4xrs·.dç-,Epu11.7t.Jent' reiiiiillnic-lireaWn'1\, Il,'rrmnnICr.t,mnmf..1,lM.,p. et Ceseh.rl. l'Inl_I~l~ilo.t.,ln 2C.6.),queLi

rl'l'.lil'i!o:;~I"jl'fli""chezne p"rL,il'luC~urlesjl:~Pllll'nI5,cl qu'ilmain-1¡'Inill'unil'l'r"llil,1,]CSce qu'ilpn'll'ndproucrrp:'rle l~:r·:yecilé~IcSnill'.Le sen; m'enpariii J"olull1l'nlcontraire,N ,i:lifier ~3ueiiiilgrt'1-igén~r.llil~,]esleinipidunlIci lifniniei"1';crvcnl l~c~url"I,rillll'rcc qll'il,Hull'nl oujugcnlil,

on neIICHI[I.bSJ\-oirsi cesscns~tioni·unl wsri171~lc:ncnlCflmm1ll1e~ill'CU'{

qllis.'n ~nl'nl. Ch.~cunnc ,l'nijaniiiiqueel'ilii'il""nlllli-"I~nle.el il ri pour1(,h"IIIII: Jllf'lmrfIll"url'cumnmnede lcurs "rn-Jlion,ni ~Icleursjut:eml'nlsil n')'a que ,]('; Icrml';commun;.Gc,l un nominalismeabsolu.Il n'y a pas,danscelle

Page 196: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

.41tiSTIFIPE lï3

Nos sensations sont pour nous la seule règle comme 10 seul

ohjct dc nos connaissances et par suite de nos actions elles

sont infaillil,les et seules infaillibles, zP"f~z1 EI"I7,~ ..i -~0-r, -r.x!

u:vz ;2TzJ2:J.f;:Ín"~2! n1 i'}E'J'HZ 'uY/zvetv. Elles ne nous men-

lcnt jamais cl jamais ne pcuvenl nous mentir. Nous pouvons

afrit-iner avec pleine certitude et pleine clarté quc nous épi-ou-

vons la sensation du blanc, la sensation du doux mais juger

que ce qui cause en nous celle sensalion est Illanc ou doux,

nous n'en avons pas le droit, parce que nous n'avons pas

de preuve qu'il cn est ainsi, Il ~crait en effet possible que la

sensation du 1Jlanc flIt causée par un objet qui n'c3l pas blanc,

el que la sensation du doux fùl causée par un ohjet qui n'cst

pas doux en un mol il est possible que les ol'jels cxtéricurs ne

possèdcnt aucune des propriétés citi-actéi-istiques des seusalions

qu'ils nous causenl3, lis existcnt 1)cul-èlrc mais ils n'appa-

raissent pas à notre conscience. Notre 5me peul connailre ses

étals: elle est trop faible pour en appréhender les causes. Les

1-lira-~e,~>l.fatX "X si5_z9z! r.:ç la nminJrc trace d'une Ji,lindion

1(r~,iquecntro}les i~l2ciclics iugenienis, qllO}Ilermann (,ri'le aux et loul

au conlrdire, les "¡'<7t:1 ne sont r;ue 11'5r.z5" cuumic le la suite du

p.1S-]~C lE'J~1 ~?v Yrip n z'X~rl'Jz'~ tz).nue~ x·.lv6~; arivrl;. te jilgC'IJJC'1I1ri c:l

d ne pl'ul Ore pour cux que l'allirmaliun do} la :;cnsali,)n propre cl individuelle.

a l'rxlerpermofiones inlima.s nihil J~ulnnl ea.se jrnlieü. g (l:ir., rlcdrl., Il, 16). Je ne

romprends pas trop en yuoi celle I~roru·iliuu dilT~1 ed,' l'elle de oluoi

diu'en di~e Ciccsnin,d.m; œ lI1~rncemlruil Aliuil judiciuiii l'fûla¡:nr.p e-I qui puiiiti,1cui'lue veruiii esse ~tual cuique vide.tlur, aliud cyro'D:lit:,jrulII(itii lwrliiotiunciiniiiü,is nihil l~ulanl essc judirii has:;tgc >tir le'luelllefluann sc fundc luur m.ilcnir

'lue 1"5 cyrénà-iiiues admcllaicnl "io'n la ,;ul,jccli\M [les iiiées el des >enlimenb,mai~une suhjcclivilé non l'" individuellc, une ~ul~jcclivilede l'iiiiiiiiiie ('n gu~nérdi,dontIl len~ancc au pLIi,;ir des sens 0',1 rucllcmenl univerelle.

Il n'est pis nécc,saire de faire uh<crvcr '1110'ce mol ai-1-artient ;t la lan;:1Iehhilo-"°1hiyue de Sedu<, cl nun à celle d'ri,lii'l'o}'

l' Scu. Emp., iJ., \-II, 191. s.rc h'n7"()7, 6Tf Yivrz~d~erlz, cIrre",ions 'luiont une frahhanlc avec celles 'lue Condillac 1110'1dans la Irmchc de s\ slalueJe deviens odellr de rose,

Id., id. l'Marque, aJv. Colof., 2~, répète la méme chosc 0'1pre~que dans lesménes ternies.

Sexlus est en contradiclion awc, lui-lI1~me, quand, aprè.. avoir dit, \'1, 5:1 \1!7

97" ùr::ÍnElY rn 7t~()~. iÍn" L~ il déclare, Vil, 191 r4yx flÈv È'Jn>M, Zeller croil, ci avec rdislm, que le premier de ces rcnscignemeuis l'51inexacl, ci

que le 4eldicisme portail non sur l'existence réelle de. chwcs, m,is >tir leur inlclli-

gibilil~. 1)'ailiciirs, la preuve tic l'exi,tcnce d'ull iiiùnile extérieur C'>Icncem il. Iruwcr.

Page 197: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDELAP3n.:ltOLOGI~I)UI-JGRECSlU

seuls réalités qui nous soient accessibles sont les phénom~ncs,c'est-à-dire ce qui nous apparail, 'Í,:J.Ty'("l.IY'.I:.LtY2,ti~ 'll4~Y,?l'/Y7I-

~IÕ~L~'IX,c'est-dire encorc nos pl'Opres sensations 1. Toute

connaissance est sensible, relative, subjectivc et individuelle.

Puisqu'il n'arrive jusqu'à nous que nos sensations, et que le

reste, s'il existe, est pour nous comme s'il n'existait pas,

qu'avons nous de mieux il faire, quelle autrechose mL~mel)our-

rions-nous faire en celle vie, que d'cxciter par nos actes le plus

grand nombre possible de ces sensations qui nous agréent le

plus et sont le plus conformes à notre nature, et d'écarter celles

qui produisent 1'1' ITe contraire, c'est-il-dire de t)oul~suivrc le

plaisir et d'éviter la douleur- Le plaisir et la douleur sont des

mouvements de l'organisme capable de sentir: l'un doux, mais

as~ez puissant pour ne pas échappcr à la consience°-, semblable

au balancement d'une mer calme3; l'aulre violent, excessif, el

pareil à l'agitation d'une mer bouleversée par la tempèle l.

L'amour du plaisir est primitif, instinctif, ar.~oYl~€to,;5; il est le

but et comme le centre oÍl l'elTort de l'aclivilé tend pour se

reposer; il fait partie de notre nature 6. Non moins naturelle est

la tendance à repousser la douleur, et celui chez lequel ce double

senliment ne se manifesterait pas, qui rechercherait la douleur

et fuirait le plaisir, serait un être dont la nature serait profon-

dément altérée, pervertie, et l'essence comme renversée,

7.

Aristippe distingue déjà, avant Épicure, que Denis d'IIalicar-

l Cic.,Acad., 1~ 16. f'rster pcrmolionesiolimainilùllmtanlessejudicii,i~l.,id., 7, de laclu,et co quidemqucmphilosophiintcriorcmvocanl,aut dolorisaul,-olu[,lati>,in 'uo (;)TenJicisolopulanlveriessejl\lliciull1.Eusc(¡.,I'ra;p. HI- X1\19. ta%.vnW"It<:Í.rJIj>l'lt:¡).r,"ltt:<,

Diog. L II, 8G.lEt.:I"il:i'n~I."£:~~ïtJf)'.tJl"lL'J:X~I~Ij:.Jlv"v..id.,90, t}[XU¿'f[~I)"W i,·,scUm.Il )'donc gleiscnsalion~qui n'arriventpis la conscience.ArislipJl'!icmblcle prcmicrphilosophequiail retitarquécc faitps)"cllOlogiquecon~idéraLlc.

3 Euseb.,Pr~p.~'u., X1\ 18.t'Ï' hi'J' xyxsl &f')f1'J~,)"\L!Vljv.1 Id., 1.1,sw X'lt!zO:Íh'7GnZ"f1"m.D. L., Il, IIG,&l,6 Id., 1.1.88.cû;o~lGri,va9avCtàjtç.Plat..Philtb., Il, b. tb XII/l'UV,n3al

~W'JI,a';I'Jt'l,J Id., Il, b9.

Page 198: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

AfilSTIPPE 1;5

nasse accusait d'avoir pillé ses livres et s'être approprié ses

principes un plaisir stable, )(''1,'l.'JT"I,:L'1'tIX-Í¡,passif,négatif, pro-venant d'un cerlain état de calme et d'équilibre, et un plaisiren mouvement, w actif, positif, qui consiste d&ns un

certain degré de l'activité soit des organes soit de l'esprit. Dlais

les cyrénaïques niaienl la réalil6 du premier, et lie reconnais-

saient comme plaisir \'rai que le second 3.

Les plaisirs, même ceux qui nallraieni d'actes malhonnêtes

ou honteux, soit[ donc les seuls biens les douleurs, même celles

qui nallraient d'actions nobles et honorables sont les seuls maux 3.

Le plaisir est par lui même clésiralile il est par lui-tncrne un

bien t. L'absence de la douleur n'est pas un Lien la privationdu plaisir n'est pas un mal, parce que l'une n'est pas un plaisir,n'est pas une douleur, puisque le plaisir et la douleur

sont également des inou%@ements,c'est-à-dire des sensations, et

qu'èlre sans douleur et sans plaisir, c'est être dans l'élat

d'un hommc endormi 5, c'est-à-dire d'un homme qui n'a pasconscience de lui-même et de ce qui se passe en lui. Ce som-

meil de la vie, du moins de la vie consciente, constituait pour les

cyrénaïclues un état spécial, intermédiaire, qu ils appelaient

2:'1~1j'1{1et ~C7CGY~1G.

De ces analyses fines cl profondes, mais malheureusement t

incomplètes, il semble résuller que, pour Aristippe, l'organismeétait dans un mouvement constant, que la vie m~me, comme

l'avait dit Héraclite, n'étaitque mouvemenl; c'est pourquoi tout

état qui ne présente ce caractère qu'affaibli ne peut btre consi-

déré comme un plaisir, puisqu'il ne nous donne que très impar-faite el obscurt3 la sensalion de la vie.

D. L., X, lnif.1 L., X, 2'JJ,eJ. Lond., ttiv (les

cyr~nai1"c.s)siv X'1t'1'1~,I1'1tIÛV.x¡p~IVIj'J" 111,1 ~iSrtvi-oXI>r,'1L1Conf.,i~l., l, I!J. hiC.,de h'in., Il, 3 39.Conlcmncnle.svacuititeni dolori,.

Seil. EIIl/ 199.

4II. I~ ~IJ~8:ti,v 'J;v à:X~fj;J'"xàvâab sGw

â~r/r,~·.tris~w.Anmctns(suivantl:lEmcntdC,llexaodric,Slromaf.,11),allaHJUsqudire J'rrnItiGPI, 'HZ'Ij~ xnsnasaatv.

e 5esl.~:m/"I

199 TnI!:Et2tú,U.L., Il, 89. péam:Z'1D:lJr<ÍIJEI;.,\ri,lodès(Prrep.F.r., \Î\`, 18),allrilmallccllocb.ssïn~;¡honà An,;lippele jcune.

Page 199: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREUF.L.1 PSYCIIOLOGIF.DES CIlEC3IiG

C'est enco~e pour celle raison que le souvenir du plaisir et lIe

la douleur passés, l'allente de plaisirs et de douleurs venir

ne sauraient ètre considérés comme de3 plaisilaou des douleurs,

parce que dans un cas le temps a épuisé l'inlensilé du mouvement

antérieur de l'àme qui con~tiluait l'un ou l'aulre (le ces élats, el

ctue dans l'autre ce mouvement n'a mème pas commencé l, Le

présent seul nous appartient, P'J~'I. 'f¡:J.h-E~'i'1Ehn s3 ":Z¡;IFaut-il croire qu'rislippe niai! loule dilTércnce de degrés

dans le plaisir, qu'il soutenait, comme le rapporte Uiogcnc 3,

'Iu'aucun plaisir n'est supérieur ou inférieur à un autre, (lu'aU-

eune chose agréable n'est plus agréable qu'une autre. Zeller 1

s'y refuse, en sc fonclant sur certaines de sc~ afllrmalions qui

sont contradicloire., il cette pensée, sur le fait que Platon,

parlant dans le Pleilèbe dans le sens de celle école, signale

certains plaisirs comme les plus grands de lous, et enfin sur cc

qu'on ne trouve dans les principes généraux. des cyrénaïques

aucune raison pour étahlir et juslifier celle complete el radicale

égalité de tous les plaisir: Ces objeclions cl'ordre théoriyue nc

rüe persuadcnt qu'à moitié: Arislippe n'esl pas le premier et il

n'a pas rslé le dernier philosophe dans le système duclucl on ait

signalé de graves et manifestea conlradiclions.

(:omment dans une pareille doctrine y a-t-il eu, si ce n'est

par une autre contradiction, pour une dislinction entre les

plaisirs de l':ime el les plaisirs du corps? et cependant le rail

1 D. L., :'Ii,2!1:Ji~f.,Il, 37,8~,9U.Ily a uneci)nlriiiielii)nentrelesanirmlli'1!

I)rèitlesauxcyrt4niiiiues.Ici,ils ~e.lCt~nldeh nOli¡.nllu phisir ci (leh douleurles~1"lsel loi ~I.\lsvenir, p.\reefineccsonldes «muvcmenhderâmc,x¡'Jr,!l~· 'f ~7.5=~Llonllei unsn'i.lenl l'III;,Ics alllre.;n'existcnlf'" cncorc,parcetluenrirkle prrsenlseul nuui 3pplrlienl, 1.J1I,lisiiiliie,il iv,tnlun autre p.1SS.1ge,ils

romplenlriirinilesphi-irsacluel<,c'ci[-à-direvrai~,leshLiisirsf'HS~Selles f,l.Jiiirs1 venir.Onpourrail~upprimcrla conlr.1,liclionen mcllnnlunen~¡pliondevantle

verbe,ci lire Il, 81 :x!ç(I-n¡; r,sovx::)('i.jj.n:rJI-J'JU' ai 7I]~[i)Z/.X'J:¡(2\ al I-'Én'i'

El., Il. XIV, 61.then,. XII,511. €vl l'I' rh npa5?.v;c~IvmnT0;¡;:Í~itt.

D. L., Il, 88.1 T. Il, p. 258,3 .15,a 65, e.

Page 200: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

AIIISTIPIIE 177est cerlain des philosophes qui ne connaissaicnt que des étals

de conscience,. coin in enpouvaicnl-ils arriver reconnallre qu'il

y a en nous une âme distincte du corps, ou plutôt un corps dis-

tinct dc l'lme. Cicéron dil I)ien: 1: Arislippusquasianimurn nullum

habeamus, corpus solurn luetur 1. Mais 'd'une parI cejugement

n'csl pas al)solument exact, et d'autre part il lie signifie pas du

tout qu'~lrislil)~)c niét l'existence de l'esprit. Notre Nre semhlc

n'ètre pour lui sans doule qu'un groupe de sensations arrivant

on ne sait comment à la conscience, qu'il appelle 11`ousq, et

dont 10 lien, dans l'unilé de celle conscience, n'est nulle part

expliqué. \Iais les cyrénaïques ont certainement admis l'exis-

tcncc d'une ~1medistincte du corps, sans se donner le soin de la

.démontrer et en cédant, comme tanl d'autres, la force de la

tradition philosophique ou religieuse, à laquelle nul esprit, si

original qu'il soil, ne peul, sur un point ou sur un autre, abso-

lument se dérober,

C'est ainsi qu'ils enseignent qu'il ne faut pas croire que tous

les plaisirs et toules les douleurs de l'irme viennent des dou-

leurs et des plaisirs du corps il y a des joies do l'âme tout

à fait pures et sans mélange, comme celles que nous cause la

prospérité et la gloire de la patrie 3. La vuo des souffrances

d'autrui nous cause une douleur réelle, tandis que, par un phé-

nomène bien étrange, la représentation dc ces douleurs nous

procure, au théatre par exemple, un plaisir: plaisir et douleur,

(Jui, assurément, lie sonl pas des sensations corporclles 1.

On comprend mieux qu'Aristippe ait considéré les plaisirs du

corps comme supérieurs à ceux de l'âme, quoique tous les

plaisirs soient des fins 5 ce sont en cn'el des mouvements plusintenses et plus durables, Aussi voyons nous que c'est par les

châtiments corporels qu'on punit les grands criminels 6,

,1CIl",11',!5.J 7jV-.iv~~f3'if1iv.1.3 Il. (, Il, 1>9.

Il. 1. II, 90; l'IUL,$yp~fr.,1~1, 7.5 D. L., Il, ml,T,VnI iz-')o;dV:J1.D. t. X, 299; id., Il, 90.

C"l':<[1. rryrl.orqrie. là

Page 201: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEDE Li I~1'CIIOLOCIEDES GIIECS118

Il n'y a pas une fin générale qu'on puisse poursuivre, un étal

général permanent qu'on puisse posséder et qui constituerait

le bonheur. Il n'y a que des fins partielles, des plaisirs particu-

liers Ce qu'on peut appeler le bonheur est un état où se suc-

céderaient sans interruption le plus grand nombre des plaisirs

particuliers les plus vifs, mais c'est un état bien difficile à réali-

ser et par conséqllent bien rare.

Les plaisirs sont les seuls biens, les douleurs sont les seuls

maux, suivant Aristippe. Mais il faut bien les distinguer les uns

des autres, connaitre les moyens d'éviter les uns, de posséder

les autres, et d'en user comme il convient. L'art ou la science

qui nous fournit ces moyens, c'est la sagesse, qui néces-

saircment est aussi un bien !i, non pas, il est vrai, un bien en

soi, une fin, mais un bien relatif, relatif aux biens dont elle est,

sinon la cause réelle, du moins la cendition nécessaire, 7,t"IT1.

i; ~tÚjr; 7CEfl)'L)"/Ó:H'I13. C'est ce qu'on peut appeler la vertu, qui

n'esl, comme ledit Cicéron, digne d'être recherchée, dans ce

système, queparcequ'elle est, du moins indireclemei1!, la cause

de nos plaisirs

Je ne puis m'associer aux jugements trop favorables qu'olll

émis sur ce philosophe les historiens allemands Karl Ilermann

voit dans sa doctrine un progrès sur celle de Socrate, Brandis

découvre qu'il a enseigné que l'élément de la moralité doit se

trouver dans le savoir, bien que co savoir soit limité à la cons-

cience de nos sensations 5; Braniss 0 le loue d'avoir, dans la

théorie du plaisil; élové à la hauteur d'un principe la belle satis-

faction de soi-i-nème et l'inaltérable sérénité de la vie socratique,

Zeller lui-môme 1 signale comme un trait caractérisque de sa

0. L., Il, 89 ni ¡iE~lni y.11.D. L., Il, 91.3 U. 1. Il, 91. Demet.,deEloc.,2!JG,iltl'Jt;'¡i~v. '[T,Vï:p1j'J:1¡ifv1j",

Cie"de U/ 111,;)3 Virtu(emquercamerunlobeamremesselaudandantqtiodeffirienses_cl\'oluf'lali5.

5 T. Il, p. 90.GUeberi.Il, linlu~ick.d. Philot-,1812,p. 158.1 Dumoinsdanssa I,remi~rcéJilion,p. IW,

Page 202: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

AIII STIl'I'E 179

doclrine.d'avoir posé la liberlé philosophique de l'esprit comme

un affranchissement pralique de J'individualilé, et le savoir

comme la réflexion £le la conscience individuelle de soi-mémo

sur soi-mémc. Je ne crois pas qu'il ait dislingué les idées des

jugements, la facullé de concevoir de la faculté d'affirmer les

rapports des prédirais aux sujets; je ne crois pas davantage

qu'il ait fondé sa morale sur la lendance universelle quoique

subjeclive de l'homme pour le plaisir. ~Iais il a un mérile réel

et qui vaut la peine d'ètrc relevé el justement apprécié il a

distingué dans le fait de la sensation l'impression purement

physique exercée sur l'organi~ation, de laconEciencc qu'en prendl'Sme et qui seule constitue et la nolion qu'elle se forme et

l'affection qu'elle ressenl; et d'autre part il nie qu'on puisseconclure de l'existence incontestable et des propriétés de la

sensation à l'existence el 'aux propriétés des objets qui ont pula produire. Celle observation fine et profonde suffit pour lui

assurer une place et un rang dans l'histoire de la Psychologie.

Page 203: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE VINGTIÈME

A11TISTIIE~\E

Antislhêne, d'Alhènes eut pour premier maUre Gorgias

dont on retrouve l'innuence dans quelques unes de ses idées,

et dans les formes of"dloires de son style, ~'(IT/j¡ax.~yqu'on

remarquait surtout dans son dialogue intitulé la Trca-ilé.

Il avait déjà fondé une école de lendances cerlainemenl sophis-

tiques, lorsqu'il enlendit Socrate, auquel il renvoya ses propre.>

élèves et dont il se fille disciple assidu. Après la mort de ce

mailre passionnément respecté, aux derniers moments duquel

nous le voyons assister 3, il rouvrit son école et enseigna au

Cynosarge, gymnase situé non loin des murs de la ville, et

en dehors de la porle Dioméia, et résen'é aux maUres qui

n'élaient pas nés de père et do mère athéniens, o>;zl9xYdva~s

C'était le cas d'Antislhèno, dont la mère élaÏl Thrace. Il y

fonda par son enseignement l'école cynique, donl il fut en

même temps le chef ct qui tira son nom, qui ne fut sans doute

1 Li d~le précisede sa naissancene nousest pis plusconnucque cellede m

morl.t Il élailconsiitéréparPhrynichtiscommeun rnodèledu slylealli'luc.Phnl.Bib.

Cod.158,p. 101,G, 10.

Plal.,Phzd.,p. 59.1Plul., Thtmial.,1.5 D. L., \'1.pyr~ so J{v'1!10'j.Dingénedat.a~rle,1'1,16,lui allrihucnienie

l'originede h monle sloicicnnc ,)~t,);'YT.'1]:t'). -r~,çZT."w>');,x:;np!'1;, et

prétendqu'il jela Ici fondcmcnlade ccl ~dil1cc..j7t')'j!\lE>');sr, ri O!\lÉ¡,:X,Juvénal,XIII, l'll, nevoitdodifT~œncecnlreIcssloiciensci lés c)-ni.luesquodms

le vélement l CynicisInnicadislanlia.Divid,Schol.,h' 23, b. 13. r.po'Jt<Xtr,

Page 204: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

.1 \T15TIIÈ\E 181

usité qu'après lui l, soit du lieu même oit les 1(I¡;ônsétaient don-

nées soit, ce qui est plus probable, des mœurs et des habi-

IUlles de vie de la secte 3.

Les Corinthiens placèrent sur le tombeau d'AnlÏElhène un

chien de marbre de Paros. c'est en effet Corinthe, où il

seml~le avoir longlemps résidé, que le philosophe cynique ler-

mina sa vie, cédant l'épuisement des années.

G'élai!, au dire £le Th60pompe, un homme d'un caractère

aimable, d'unc cOJl\'l'rsalion affable et séduisante 5, quoique sa

vie ftil des plus austères. Malgré le mot dc Cicéron, qui voit en

lui un esprit plulbt vigoureux que cuHivé, aculos rftagi.s quantcruulilus 6, les litres de ses nombreux ouvrages, assez nom-

IJreux pour lui allirer de Timon le Salyrique l'épilhèle de

;;zm;'('J-7¡l'universel lravard, monlrent l'étendue et la

variété de ses connaissances, qui emhras~aienl même les ques-lions de logique et de physique, quoique le principe de l'école

fut d'écarter l'une el l'aulre de ces sciences, en tant du moins

qu'elles étaient inuliles la vie, et de se horner la science de

la morale. Platon qui ne l'aimait pas et ne l'a pas Ilatté le compte

parmi les gens vérilalUcmcnt savants dans la physique, fI.ib.

G_l'lu'JÇTX8E~.1!Ji,j'IIY7.

1Arislolcne la M-,igneencoreque par le nomdu fondateur,01'A~tll¡IJt.uol.Ccpcndanljintis(lièneétaitdéj~de sonvivantappelé&10,

D. L., VI, 13.3 Dalid(Schol.Ar., 23, ,1.~2),cn comptequatre

;"2 Tb 2Jlyop.v Trc t"'i;ç,

Q.:.n ~lt~È;' (G,ovd x'~w'Jht£'t~J,)v Léxal cc{,'(t)\Ti;và'xÍ~!I~Y. u`oY'~).(t'J.j'ifE~

3. %,Ti~)'J~"jnx)~'J~f~)~'1i, X'~W'I.t. 4TL"'ety.~m7.}"/çc~ovJ, x·5~r!commelechicngarder la mai,oncidislingucr

l'ami,le l'ennemi,le cyniquc·cul sait¡:ardersonâmeci dislingucrle biendu mal.1'liilopon(id., p. 3~)lesr&/uilà [rois1. T~ 1:2~pr,t¡I",I.tJnx~y.

2. T;'f~.fYxTlxjY.

3..Õ l,'et"~m"~v.

1[J.), VI,18.1 M_.VI, 13. ;i l,\u)Íet;ippf).·J;.".Id .If(ic.,XII,39.1J'jlrb., il, c. flioë~nc(1'I, 15)donneh li~l~oJese: mucresptitiliecsen

10lon:c"ce sonl Ile la ~1'alurtdta animarr.r; dts Sophiaft~; /e

Page 205: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIItEDE I~\ I'Sl-CIIOLOCIEDES GRFSIi sa

Marc-AurNe cite de lui un mot magnifique, et qui nous

donne uno haule idée de son caractère et de son Orne, C'esl un

plaisir de roi, disail-il, de faire le bien el d'CU'e accus6 do faire

le mal IDz.r),m~.v~1ÉYE~s EPZTT6l'X'IYii; e'axGVEtY1.

Les cyniques't

font, dans l'histoire de la philosophie el de la

vie grecques, une nguro singulière et originale, dont les CÓlés

ridicules et parfois ignobles ne doivenl pas faire méconnailrc la

grandeur. Il ne faut pas voir en eux seulement le coslume et

les habiludes exlérieures, qui par une affectalion d'indécence et

£le mépris pour les usages £le la vie civilisée semblent témoi-

gner de peu de respect pour eux-mêmes, par le peu de re~pect

qu'ils professent pour les autres. Gè n'est pas le manteau

doublé, porté sans lu nique, le bâlon el la besace, le tonneau de

Diogène et la barbe inculte el longue de Diodore d'Aspendos

(lui consliluent le philosophe cynique. Leur orgueil étail

immense, sans doute; mais leur but était haut, et leur œU\'re

n'a peut-être pas été aussi vaine qu'on le pourrait croire. Comme

Socrate, ils font de la philosophie et de l'enseignemenl de la

Phyaioynomonique; -dn Bien du Beau el dn Jnsfe; --de la Gi6erfé el de

la Serrilrrde; de la l'rerrce orr de la Hbi, acpl lIiauld;; de la hbrce,

~aw; la 1 érifè de la Uiafecliqrre; Sofhon, dialoguedirigé conlro la

théorie des IMe> tic PJalon; on lrotn'e une trace de celle polémi'lue din~

l'Eufhydème, p. 301, a" ci de l'anlipallrie'u'éprol1\-dienll'un pour l'autre ce-; deux

esprils, dans le Sophisle, p. 351, oil sous lei moli stw y~?I,n" tous les

jnlerprNcs s'en!cn,lcnlà reconnallre Anlisl~ène. Us Langage; de la l'ie et

de la llorl de l'Caa~a des mofs ou !'h'rislique; de /1' d'inferr-oger el dr

répomlre; de l'Opinion cl de la Science; de la ~1'alure, prob.lhlcmenl

l'ouvrage que désigneCicérondam la phrase ~Ineo libm qui Phyaicns in.scriGifrw

(Je r\'al. U., l, 13) les Opinions, da~$épar Diogèneparmi les ouvrages érisli-

ques ProGlèmessur l'arl d'apprcndre; du l'Inisir; llwcrrle ou de la

Sngesse (~dvr,m.c) el rie la Force, le plus célèbre des dialoguesd'~lnt6llnne, quiavait rail de ce héros le Dieu frolecleur cI le moMIe iJEal(lu pliilosoptiecpn6luc;

enfin, douze ou treize ~cril~ concernant liomére, el qui lrailaicnl parliculi~romentde l'inlcrprtlalion tic>mythes rontenus dans ses pœmc>. \ous wonsfon'cné quedeux petiles déclamations inlittilecs ~ljar el Ufysse, donl l'aulhenlirilé l'si Irè,

douteusc. Conf. ~lnli.slheni.tNragrnenfa. 11'inckelmann,Zurich, 1812.

Il. L., 1'I, 36.

s I: h:colecomi-rentlDioôtncde Sinope, Crilès ci Iliplnrelric, sa femmc,5lElrrxlt:,frère d'lIipp.1rcliic,~Ionimc,Onésicrilo, ltrsnippcci ~Irnr4li~mc.Lcs lettres allrihurc;

à Cralès ci à Dingtne sont apocry-plrcs.~I. Bois'vnn,I.le(Nol. ci Exir. des \Ic.i.~lclvIl

Dihliolhtrlne,lu Roi, 1. X ci X Ilcroilque les élémentscn ont en partie IirEs tI,'

bonne>srnrrrcs. Conf. Ilw., .Ilcfnph. ,1/ 1. 11,p. 118.

Page 206: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

A:\TISTIlt:[ 183

philosophie un inslrument de réforme de la vie, un moyen de

gouvernement moral; comme lui, ils s'imposent celle mission;comme lui, à titre même de philosophes, ils font hautement

profession de pratiquer ce devoir comme lui ils veulent pré-cher non seulement de paroles, mais encore d'exemple, et ils

répètent sa maxime favorile oG).(l¡! tÏ7t~8d)l;yu:J.'1I,~)J, »ipyq)l,

S'ils exagèrent, par leur ton rude cl la grossièreté de l'accent,la franchise et la sincérité de Socl'ate q, on peut dire qu'ils élar-

gissent et élèvent encore le but déjà si haut qu'il avait conçu.Socrate prend chaque homme irpari, el cherche à le convaincre

personnellement de son ign'orance et de sa folie. Il y a plusc'est surloul, c'est seulement sur ceux qu'il aime, et dont il est

aimé qu'il a le senlimenl de pouvoir exercer sa puis~ante action.

Où lui fait défaut celte inclinalion, celle sympathie personnelleet mutuelle donl il rapporte son démon la source mvslé-

rieuse, il sent se cléroher sa puissance. Ce n'est guère clu'avecses amis qu'il s'enlretient. L'amilié n'esl pas seulement la seulechose que se vanle de ~av·oir SocraIe elle esl la condilion de

l'efficacité de tout son enseignement. Il ne faut pas espérer en

profiter, s'il ne s'établit entre lui et son inlerloGuleur commeun courant £le sympathie el d'allraelion 3. La prédication des

cyniques n'esl point limilée à ce cercle éti@oit elle est vraiment

populaire, je dirais \'olonliers humaine, Anlislhène' se comparcà un médecin auprès de ses malades, qu'il s'agil non pas denaller par de douces paroles, mais de soigner par des remèdes

énergiques et parfois douloureux Diogène déclare qu'il estvenu pour guérir les hommes de leurs vices el les délivrer deleurs passions, de leurs hesoins, du joug de la forlune dont ilsse sont faits les esclaves D.E'J'hr~)T-:jçTi;)"iVf)pjj7,ù)V)1;'1\iasFo;r~Y-LrJiOV5. Cralès dans de beaux vers célèbre Ic philosophe

1Xrnoph,..Ilern.,11', n. fo.1 Pblonl'aprelaitfliogtncunSocralefou.lEI.Il. 1ar., XIV.33; D, L., 1'I5t,

Fou,relit-étre,niaisc'cslloujoursunSocrate.J Conf.Theag.10.1. l'I, J.Luc., l'il. Aercl.,8; D.L., VI,105.r5/l n ,iy i7rITpl7rUV.

Page 207: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIBEDE I~\ PSYCIIOLOGIEDES GRECS18&

cynique comme un héros qui ne s'esl laissl'; ni dompter ni cor-

rompre par le plaisir qui fait de l'homme un esclave, et qui

poursuit une royaulé immortelle la liberlé Non seulement

il en veut jouir lui-mémc, mais il y appelle tous les hommes.

Il dissipe les lénèbres (lui obscurcissent leur raison, ii et

les poussent irrésisliblemenl, ils ne ~avent ni par quel chemin,ni vers quel but i. Il leur conseille et leur apprend à opposer à

la fortune un vaillant courage, aux conventions des lois les

règles de la nature, à la passion, la raison, ),bYoy3, et leur pres-crit d'aimer leurs semblables, 9{).0;y, ~:J.o{'f1.

C'est par ces enseignemenls qu'ils ont l'orgueilleuse mais

magnanime espérance £le sauver le monde 5, selon leur propre

expression, Zeller les appelle les capucins de l'antiquité: avec

les néo-pylhagoriciens d'un côté et les esséniens de l'autre, ils

sont certainement les précurseurs et les modèles des ordres

monasliques voués à l'ascétisme.

Par une de ces contradictions dont l'histoire des opinions

philosophiques nous donne tant d'exemples ('1 dont il faut

plutôt s'étonner que se plainclre, Antisthène, le fonclateur et

qu'on peut considérer comme le reprusentanl de l'école cynique,se monIre aussi résolÙrnenl dogmatique et socratique dans sa

psychologie morale que sophisliquo et sceptique dans sa psy-

chologie £le l'intelligence.

Il est insensé, dit-il, de rechercher avec tant de soin les

courses erranles d'Ulysse à travers le monde, el de ne pas

essayer de connaUre les moU\'ements vagabonds de notre

r Clcul.dl., Slrom., 11,.ll?. ;I~'}' J:@~Ut'J~j, &j).w.l'j' xx: ¿¡y.7ltlj.TrJ~â5zvmov~:XfJ[l~12'1Ë)~lJ~?~'2';n nyanwaw.

2 Slob., F~ror-rr.,22, 41-3 O. l, VI, 38,4 D, 1, N'l,105.5 Slob.,Florir., 13,26. ;2 '1,(,), semble quecesoitpeur f.1rililcrIl \1JI:pri-

salii)nde Icura Ilnrlrincsmorale-"qn'il>sc -sontlint apl,li'l"~si I~inlerl~n'Uli~~nalléboriquede>mylhc.sroélj'l"cs,l,mlili s'effori-ent,JeJarnnvrirIcsrn~S(,"s-C'nlen,IIJ,.jôf!l. l,h~ Xcnoph.,S~mp.,3, G. T.4cTf..1;1, c. Ifty., Il, 318,II. Jo.,570,c. l'lnc~lr.,1223,Xen,iph.,c.

Syiijp.,3, 6. T.~e~ c- Ileil., 11,3j8, (1.Jo.,

6 Clcnt.L, Slnomul.,V,601. rE ~wx:;n,x'J; '<TJ!n¡;,

Page 208: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

A,N-f1 ST11É~NE 185

espril à lravers l'errcur cl la vérité. Ce ne sont'pas Ics cordes

de la lyre qu'il imporle de savoir accorder c'est dans noIre

,'une que nous devons nous efforcer de mellrc l'acconl eL l'har-

monie 1. C'est dans l'âme qu'esl le vrai trésor de l'homme; c'est

des choses précieuses qu'il y a pour ainsi dire emmagasinées

qu'il lire ses vraies jouissances, sa vraie félicilé 2. La plus pré-

cieuse de ces choses, la seule qui nous apparlicnne en propre

et nous 3pparlienne réellement, celle en qui se résument

loulco; les autres, et si nécessaire à l'homme due celui qui n'a

pu l'acquérir n'a plus qu'à chercher une corde pourse pendre3,

c'est la vertu, qui suffil au I)onlieur 1. lfais la vertu repose sur

la sagesse, la science, et est par là suscclriihle d'ëlre

enseignée 5. En quoi consislc celle sage·se, quel est l'ohjet de

celle science, c'est ce que Platon l'accuse de n'avoir pu (lire 0

car c'est ne rien dire, ellomhel' dans une pure tautologie que

de dire que c'esl la science du hien, ou comme s'exprimait

néôalivemenl Antisthène, qu'elle consiste à dr~apprelllire le

mal, -ri xrxi -i..0:.l'lfjEi'11,cl à mener une vie conforme la verlu,

ce qui est la fin de l'homme 8, Les caractères qu'il lui allrilme,

à savoir qu'elle est infaillillle, qu'elle nous enseigne à pouvoir

vivre eL converser avec nous même, h'JT0 et nous

D. J. VI,2J. C.'ut hienli l'e.'pnlde la de Socrale maisce quicon,liIueladifférence,c'c.'1'1IJeSonatein\"iteloulImnuucci lui-mEmc'eà s'étudierelà ~-4,conn"ilrc;le clni'lucsemblecomidércrcelleétudecommerailc ilconnalllc->hnmmcsils sonl louscorrompusclpervers lui seulest l,ur,luiseulc.'1sage./1c,1Icmrxlclcetl'i-léil je Krfeclionnilir,ile(tuelesautreshomme,>doiventimilcr.Cclorgueile~tloulccqu'ily a dc plusopposéà l'c'<l'rilci aux leçon>du mailrc,dontunedes roaximc~fivoiite-sElail llicnde Irop.

\cnohh.; S~my.,11'. dl. i:x Wr,;'w/TG 't:X!-1lE6'.1J.L~.II..r,ruTl9~axlr",STJ~·,v).r,9~o. irf., 11', 31. '1'~x iv sLi i'jrX(~1"(' 1T1.fj!Jt"i'j'W. ~)J.' èv t"L~' ~i:.

1 PIuI.,~feSIoïC.Iltp., Il. 1,EiXt,,<rfJ:z,VOrJY7,~pl,zr.v.1 Lar~liciléest ain-i,connued,.nslotisles syltmcs la fin dcla vie.La

vertufomlEnsur la scicncc e·l cncorcqu'unmoyen.5 D.L., \1, 2.e ~rar.,vl, 50: n. 1. n,lOI.7 Quidonc.nousa apprisle mal'?Ccn'eolpaslamlurc,sui\"anlIciql1i'lucs;c'coi

doncla socitlle,malori:ani'~1'fi qu'il fautrt4forniercommel'iniliiidu.Il l a.mani-fc.lemcnlune Hinc Je sOt'iJlismcchez lescyni-litesciqui sc manifcslc·urloulparleurco'ulOIH,lili'IIIC.

8 D.L., VI,1. t1), ,Yv:z.s~xu 'âperi,v~v.

Page 209: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTomE DE LA PSYCIIOLOGIEDF, GnrCS186

apprend quelles choses il faut aimer l, qu'elle est une et idcn-

tique pour tous les hommes, indivisible par essence, en sorle

que tout acte conforme la sagcsse réunit toutes les formes

de la vertu J, qu'une fois acquise, comme la grâcc dans cerlaines

sectes chrétiennes, elle ne peut plus Nre perdue 3, qu'ello se

manifeste non par des raisonnernenls et des paroles, mais pardes ceuvres et des actes, qu'elle n'a besoin de rien que de force,

de la force qu'avait montrée Socrate 4, c'est-à-dire £le force

d'âme, et qu'elle doit cependant èlrc fondée sur des raisons

indéracinables et irréfutables 5, lous ces caraclères, qui ne sont

déduits ni les uns des aulres ni d'un principe supérieur, tic

suffisent à faire réellement connailre l'essence de la sagesse.

Cependant si on consent à adopter, au moins dans une cerlaine

mesure, le principe d'inlerprétation d'II. Riller, qui soutienl

qu'une grande audace est pour l'hislorien de la philosophie à la

fois une nécessité et une obligation G,si on veut presser le sens

de cerlaines maximcs d'Anlisthène, et leur donner un dévelop-

pement suffisant, on pourra trouver les éléments d'une défini-

lion positive ci profonde, qui devance et fait pressentir celle

d'Aristole.

Le Bien est une chose propre la naturc humaine, en rapporl

intime et naturel avec elle, Le mal au contraire est une

chose étrangère et opposée à son essence, ~JJ,I.'fl!)", 7.

Entre le bien et le mal, entre J:\ verlu ctle vice, s'étend le vaste

domaine des choses et des actions incliffércntcs, ti~df!)rx s,

parmi lesquelles il faut compter les enfanls et mème la patrie.

Le sage esl citoyen du monde. Ce n'esl pas aux lois particulières

1&'1'01.in Ilom.,IL, 0. 123.Dckkcr.Eitl1[?~tHL,j GI,1'~ç,¡{~Xt21[iGX~&pEt""È~ë.PYE'{

D. L., VI, 105 Xcn.,.I/em.,1, a, 1911~ I1.

Et, Ei~n'IIl T t]"b~'J" Tt'IlJ'I'l. Epx'I.

U. L., 1`I,Il. (-l-ih; a~ot;8=·F.,r,y·m ~r~2:u~z.xna;ltvr/3ot.1Jill., \'1, 13.ci"")o>t~1l')y''7I'~Í.6 nhcin.B. Il, p. 31G :siAutkeinemGclJielodcrGcschichleist Kuhnheilsu

nolhw-cnJigais indcmdcrGcschiclOcder Pliilmihie ».1 n. L., \'1, la et 103.8 U.L., VI, 105.

Page 210: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ANTlSTIIF.d'\E 187

de l' f:lat, c'est aux lois universelles de la vertu, qu'il doit sou-

mettre sa personne et sa vie 1. Ce qu'il y a de plus nuisible à la

félicité, parce que c'est ce qu'il y a de plus contraire à la sagesse,

ce sont les illusions de la vanité, s, ,ür/j; 2. Aussi on peut con-

sidérer comme une fin négalive mais cependant comme une

fin, l'étal où l'âme en est guérie et délivrée, ~rot(z 3.

Le bien, donl la sagesse esl la science, esl la peine, l'clTorl;

le plaisir est le mal, rdv~; nYz4w,fl;jY"~X/j:LI;"i¡4. Cela ne

veut pas dire que l'élément affectif soit absolument exclu du

bien ce qui en est la négation, c'eslle plaisir qui précède la

peine, et qui a pour conséquence le regret cl le remords. Au

conlrairo, dans la notion complèle du bien doit entrer le plaisir

qui accompagne ou suit l'elTorl~, qui ne cause ni remords ni

même rcgrel, el qui est conforme la nature G.Cela ne veut pas

dire non plus que toute peine, tout effort est un hien il n'ya£le

beau parmi les peines que celles dont la fin est la heautÓ cl la

vigueur de l'âme, £,j'}u/Jz xz1 T';Y/j;'}IJ/:i¡ç7, que celles qui sont

conformes à la nature 8. Le mépris du plaisir vulgaire est déjà

un plaisir, eLun plaisir très supérieur au plaisir méprisé 1).Aris-

lote verra le bien dans l'acle, et, par une Irès profonde analyse,_

décounira dans le plaisir la fieur de l'acle, c'est-à-dire l'acllè\'e-

ment, la réalisation parfaite de- l'aclivilé de l'âme. A nlÎsthène

semble placer le bien dans l'aclion de l'me considérée comme

mouvCment, el comme un £le ces mouvements qui ne peuvent

s'accomplir sans lutle et sans souffrance. le bien est donc pour

D. L., VI, Il, &3,93,98. LuC.,l'iI. Aitel.,~t;1Jxl,1"'J ft!i).Ít"ç.D. 1. VI,26, 83.86.3 (Icm.AI.,SrrOm.,Il, 311,~T,y-2tV¡;1'I(sE).oc)-2-nl¡;T,yE.1 AriNt.,BIllie.~ic., X, 1 &11.t:lI1p..ndn..Ilalh., \y, H.1Slob.,Flonil.,'W,G5.sàG\lEt"tt;vçftl,'WJç:~WxTI9v-2>.>!i':¡Z'T;Çr.pacLw

n :vuw.\J. 1. VI,il Alhcn.,XII,513.~T,yT,iYT, ci.Y'10'JYetj2s f:i.¡xWY,apoGL9r,xE

tY;~ ~~ET'2vfl~'t~y.

i 5lob.,Fror(r.,vn, 18.

,811.L., \'1, 71. -2ni..WY&ZpT,'HWY",l,yWYtt;t; XU2 f'J" i),t¡\llYI)'J;(irv

['J~:J'(.I~~td,.

D. L., VI, 71.~\rt7¡,si,G;1~7¡CT,X2'(~~p~V-r¡Gl~;1~'JTcÍn~.

Page 211: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIllF.IIF.l~-1PSn:lfO/.Or.IF. IIF:i f.IlEl;.118S

lui la force 1, la force momie, l'acli\'ilé énergique de la volonté,

qui se l'il £le l'efiûrt auquel elle se senl supériauru, annule pour

ainsi dire en soi l'élément affectif, n. 7ifi~; jouil de la souf-

france m~me, ou du moins de la pleine liberté qu'elle conquiert

par elle 3.

Jusqu'ici la philosophie n'avait vu dans l'homme qu'un éti-c

dont l'essence est ou la sensalion ou la raison le voici pour la

première fois, je crois, Jans l'histoire de la philosophie, conçu

comme volonlé. Sa volupté repose sur la conscience de sa force

interne libre, son bonheur et son orgueil consislc dans la cons-

cience de la supériorité de cette force, qui esl sa vraie essence,

sur 101lies les autres forces qui la peuvent assaillir.

On nI} peut trop s'élonner (le voir qu'Antisthène (lui veut

fonder la vie morale sur la science par ses opinions sur la

définition cl la combinaison des idées, arrive b. ruiner le fon-

dement de tout savoir.

Il reconnait bien qu'il y a un substratum, une essence dcs

choses, ct que la définilion a pour but de la faire connaître, Il

est mème le premier à no considérer comme vraie définition

que la définilion de l'essence 5. Mais en mème temps il soutient

1C'c,1cc qui etr,li'lucqu'ilsaicnl[-rispour p.1lronci pOlirmal~leHercule,lahrro>dela rorcc,auquelils atiribiiiientl'inventiondc leur doctrine.Conr.Alison.

¡.iy".

InveninrprimusCyniceiego 'lu: ralio¡s\xc?.~Ici~lc~1ll1I1I,}dirilurcssohrior.

AIciJaqunndamfucramtlf)flores('('untlll;l'i'unccgosumCynii-oiprimus,illcIlcu..

f,onf.llcna~ a~lO. G., 1~1.2.u dire d'lanihliiltief l'il. Pylh., 18) Ic; p)1111-goricien;awnienldeii formulécelleM/iniliun ârz7·.v ,,1 ~rj.r~.ewi,n ;I)Y2è lx

TC. i?~-r~ 9:ont. Sloh.,Florif., l, 26 \1'll, 8.n. 1, 1'I, `3_i,yT.zza 't"I~t1trJylV'J'J;.2¡;:7.'h{~ ;'j[:xf)~,~-Ijlr.~r¡':lç.

a M., 1'I, 71. l' èh'J'J>p!,¡;(il s'agilici de lIilYÓ~ne),4 U. L., VI, il. 1. 1: absencede raison,est h du mallreurdei

lioniffles.0

fil., I\, 3. aa~soGTEb'?!'1O[tl)).5y·.vE:1!1" l~y' tettv d s~ rt iv ;¡ l'1t1

or,).rw.1: imparfail,dil Vclorr\wg,scmhlcdé<igncrla prinriléoie1'~lreotijeclifsurIc failsulijeclifde fi conmi;s.lnccqu'on en frenti, CIde h Mnominalion'lue le,

I1n;;a~elui donnc.On pourrail, dans1,1formulecoml,INe,voir plus simplemcnll'caprcs·ioodcIl Jur~icpermancnlede l'e5:icncc,quicun·i·lcà conlinuertI'~lrocc

Page 212: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

A\TISTIIÈ\E 189

qu'il n'y a pas de définition possible des éléments simples el

irréduclibles auxquels on ramène les choses composées el réel-

lement existantes. La seule chose qu'on puisse faire leur égard

e.5tde leur donner un nom, ).~Y.v ,u lZljl, ¿YO:.L7'¡Z!Et-r, l, el

de les comparer à d'autres choses. La définition de ces élémenls

simplas, ou considérés comme tels, de l'argent, par exemple,

consisle à lui avoir donné ce nom même, qui lui appaI1ient cn

propre, puis de le comparer avec un aulre mélal plus ou

moins semblable, l'élain par exemple.

C'esl la seule manière de faire connaUrc approaimativement

les qualités des c~lres ou objets simples, dont il est impossible

de dire en quoi ils consistent, el £le donner une définition erpri-

manlleur forme substanlielle 2 leur attribuer un seul prédicat,

7:F°'¡EI,d'" à plus forte raison plusieurs, affirmer qu'ils existent

ou qu'ils n'exislenl pas, il r a conlrildiclion à le faire car un ne

peut pas être plusieurs, et plusieurs ne peuvent pas être un 3.

On est donc contraint de n'affirmer d'une seule eliose qu'une

seule chose, et c'est elle-méme en sorte que la définition qui

ne veut pas conlenir une conlradiclion inlerne qui la ruine, ne

peut qu'affirmer le même du même, cI répéter deux fois le nom

propre, Ijix-do;qui.-t a été donné la chose. On ne peut pas

dirc l'homme bon, et il faut se borner dire le bon, bon

l'homme, homme, ce qui la fois supprime tout toute

contradiction ctloule erreur 4. Il n'y a (lue des jugemenls abso-

qu'clicélailanlérieurerncnl.Il est inutilede signalerl'amlogiedecelle formuleneccelled'Arislole,qui tantôt -sebornea la reproduirelexiuellement,lanloly inlro-.Iuill'infinilirprésenl,s~;i T,vRvx~llcaandn:(Sel~olf.Ar., 255,a. 31)fail scnlircl mEmoeughe l'imporlance.Jecelleaddilion.

1Plal., ?hexl, ~Olc. Ih; la l'imporlanccqu'ilparailavoirallacb~eà l'éludedu

langage,à la rr~chcrthcapprofondieLIela signilicaliondesmoi>.Arrien(t;'picf.,fJi.~rerl.,l, 11).x Anti;lh~ne.Jisailque l'examendesmot>l'si le commcnccmcnl.Il'la -science»,

t Arisl.,.Ilel., Il, 3, 1013,b. ouxl'ln sb ri ~crw6p"aDcexl.ltoirv pévti /vUZ!t21xxl ?;¡~2hl.

3 Sot~h.,251.~c ,j".hnov ç4 TET9).).x€vxxl s>J€v7rj).).àEIY21.4 .\(isl Jlel., .1, 29. 1'Qh <i~lw'l).€yEZBxtn).Y'.vrn r.ixef~).dy~€v fvo;.

Tom.,l, Il. ïstty <ÏvtIHrm.Jlcl., Il, -l, 1013.10:23; PI.11..Soph.,251,h.?he~er.,\!Ol,l'. Il c!.1biendifficiledecomprendrecommenlunhhilosophequin~ron-Riissaillanécessitéde ladéfinition,qui,le premicr,voyaitqu'elledoitraireconna\lI1.

Page 213: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1113TOIfiEDE L.1 I'~1-CIIOLOCIEDES GIIFXS190

lument idenliques, qui par conséquenl ne nous apprennent

absolument rien de plus que ce que nous savons par 10nom

sèul £le la chose. On ne peut aUribuer à aucun sujet un prédic..1tautre que lui~mc~me.On pourrait même dire qu'il n'y a pas do

jugement possible; car la copule, soit qu'elle exprime sim-

plement l'idée d'un rapport,soit qu'elle conlienno en oulre l'ex-

pression de l'existence, n'est point identique au sujet et ne peut

lui être liée. D'un autre côté il n'y a plus de conlradiclion

ni d'erreur possible car ou bien l'on parle d'une même

chose mais de chaque chose il n'y a qu'un seul nom qui lui

appartienrre, ).4yo;, desorte que si les deux inlerioculeurs

parlent réellement de la même chose, ils ne pourront l'un et

l'autre due répéter le même nom; ou ils ne parlent pas vraimenl

de la m~me chose, et alors il leur est également impossible

de se contredire l,

Et cependant il ne conlcslaÏl pas absolument la possibilité de

la définilion 'l, ni celle même de la science. Le composé, soit

sensible, soit inlelligible permet une explication qui expose et

déploie pour ainsi dire ses parlies inlégranles conformémenl à

leur combinaison réelle 3. La science est l'opinion exacte qu'on

se fait des choses, quand on peut s'en rendro compte et en

donner une explication, ÕÓ;'X,z).-¡II).~Ç(J-~T11/,y,,u4. L'opinion qui

l'essence du défini,concluailà l'impossibilitéabsoluodc la définition.UneIcllccontradictionne peul guèreélrc supposée,el il sernblenécessaired'admcllreouquece sontlessucces:euraquivnl niéla po>sibililéde la définilion,ou'u'Anlislhêncne l'a idéequ'encc qui concerneles principespremiers,que la sensationou liraisonsaisilel pouraidsi.dirclouche,el dontonnepeutpasrendreraisonparccllmQmequ'ils-sontla raisonde loul.

1Alex.Aphrod.,Scholf..Ar., 13: a. 30.J C'e>1uneconséquenceeilrèmoà12LiluelleArislo!eaccusesesparti>ans,!i\ 'AVtI'7-

d'étre arrivés.Jlef., 1'lll,3, IOt3,b. I)'h ëamsh 'tllan', drlzaa0a~,carla définitionn'eslqu'unelongueproposition.

%rist., J/tt., VIII,3, IOU,b. 'i8. s?,~I1'J~to'J leivn aia0qsiltâvtc V01j'tt,Il semblebienqu'Arisloleexposeici, non sonsentimentpropre,mais les opiniunsd'Antisllkène,commeles reproduilPJalondansle Thééfèft.

t Plal., The~e(.,201, e, sqq,où Anlislbèneôeàl pas nommé,maisclairclllcniMsigné,sx itiv1!¡¡wn010-dltgptla'to';(d':l. Hyoyovxïyot adsb Yâpxa9' 2,j«r~EXIG'ro-01,'&1'1'1:11pf,vovce-n.7<po;m'tiv7~ovdtvâ).xo d3vasov,0·~9'~Cranv,ov9' w;ovxlIJtlv- \lOi,b., o.tw LT~'till'Èvotoytia I£ll)Y.:1x:1i"yv.1n tlvm,exiaf)t,'tOldf.

Page 214: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

.1\TISTIIF\E 191ne peut donner celle explicalion, celle raison, Gi~2 est

en dehors de la science. De loules les choses dont on ne peut

rendre ni se rendre comple, ~r~ !L-~E,TLil il n'y a pas

science il n'y a et il n'y a de possible qu'une dénomination,

une nomenclature

Il n'y a pas d'idées générales, T'zTi E1~-r~,du moins elles

n'onl pas d'objet; elles ne consistenl que dans des concepts

vides de conlenu, lv ,).dç 1 elles n'expriment pas

l'essence des choses. Je vois bien, disail Anlisthène à Plalon, je

vois bien le cheval mais la chevaléité, je ne parviens pas à la

voir; à quoi l'aulrc répondail spiriluellemenl c'est que lu n'as

pas d'yeux pour la voir 2. Les idées générales n'ont donc

(lu'Une valeur subjeclive, et nous voici en présence d'un nomi-

nalisme réel; quoi qu'il nc manque pas de contradiction dans le

s)'slèmc, si l'on peul parler de système quand il s'agit d'opinions

qui ne nous sont connues que d'une manière fragmenlaire,

et qui n'ont pcut-êll:e jamais Né ni exposées systémaliclucmcnl,

ni même complNement développées par leurs auteurs mêmes.

Si aucune chose ne peut être expliquée par une autre, si

chaque chose ne contient rien qu'elle-mème, tout objel réel est

individuel, et les idées générales n'expriment pas l'essence des

choses, mais les formes subjeclivcs sous lesquelles noussommes

contraints de les concevoir ou de les dénommer. Les noms sont

généraux ils devraient Nrc absolument propres et individuels.

1Ainnionius,cité par Pùrr,h)T.,laag.,2~, le.; Simplic.,Caleg.,f. 51, D. Dnid,Srhofl.rtr., 10, a- GG;le.ci G8G;D.L., VI,53; Tzclz.,l'hil., \11,G05.

1Simplic"GUcg.,Scholl.Ar-, (¡Li,b.-15.Tzclz.,L'I~il-,\11,G05.Il yal'ailcntre

cesdeux hommesuneanlir_1lhiequi pcrcClnrloul. Si Anli>lh~neavaitécrit un

tIiJogueslncialcmcnldirigéconlre la Ihéoriodes IJ~cs (U. L-, III, 35; Alhen.,V,220; XI,501), l'Ialon,tic sonc(lt~,ne ménagc.1ilpasl'cipre·~iondo sonM,binpur les d~xlridc~d'Anli,lhi'ne,qu'il il I~rCtenJailne liouvoir¡lIre atl°l'Iéesfluelar de pauvresC'~priLsJutc: aev:xer 1i~ fÍ'J'IiIJ'IV_XT';I'1~W;iic 't"J,jT.:t.~fjX'J¡.t2.xF.w.Joph., 'i!51,b. C'c,1à lui sansdoutequ'ilap[-IidlueIci éiiiiiiètesax).r,po1ni2"it'JTI~1cidokL~).»ŒI.WJ"I.Thc:el-,t55, e- ~ri~lulcn'c.!guÜol'lusbienveiliint¡ilo nommeresitivenientun solci unignoranl.let" V,j/9, 'vr. Eùr,9ur;;iJ.,1111,:J.01 'Avr.x,Ù0\ o-JtW;nna:devv.v.Leuridéodelalibertéinlcrne,ticlïndé-ptotlancomoralc,de la force,manqucd'unconlenupositifci d'unefindélcrmin~l';nJ,1isil y a dansleuranalyseduplaisir,fmildel'dforl,linoprofuodcur1'{-rilal,lc.

Page 215: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEDE 1.1 I'SYCIIOLOCIEDES fIi(·:CSI!H

Le mot général n'exprimc qu'une pensée, qui n'a d'cxis-

tence que dans l'esprit 1, et auquel ne correspond aucune réalité

objective, car des olJjcls réels onllous pour caI'aclère d'èli-c

iudivicluels. Il y a dcs hommes l'humanité n'esl qu'un nom,

non pas vide de sens, mais vide clc conlcnu réel. C'est à la fois

un conceplualisme el un nominalisme.

1 Aller, 1. Il, p. 212,conjecture,nonsms forie-iraison-,que c'c~111Anli;.hène

que 111-tion,l'arm-, 132,b, rap[brle I'oljjc-etionfaite111--kilieoriedes IdéesparSocrate,z7.)-xlar,ti.w st~.wvÉxxai4i :I)'~TW'¡ -J'01,-r,pxxl o'I~I):'j ~t,~';t~I);x~~~rrUc~9a~~}.).~f}t:r.=v'}-JZ~ï;.

Page 216: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

EUCLIDE ET L'ÉCOLE DF 31ÉGAnE 1

Euclide de ~Iégare, ou de Géla, suivant d'aulrcs, à ce que rap-

porte rlleaandro dans ~es à%28*Zx(, fut le fondaleur de l'école

dont les seclaleurs qui prirent d'abord le nom de mégariques,

qui leur fut donné par Denys de Carthage 2, el souvent celui

d'érisliques, et enfin plus tard celui de dialecticiens. Le plus

imporlantl'eprésenlanl de leur doctrine fut Stilpon, qui ne com-

1 Lesmégariques(ormcnlune écolenambreuse on complc Euclide,Ichl)"as,son

>lJCCC5.>eurimm~dial,Euboulide, de ~liIcI, l'advemire achamé d'Arislote (U. L., 11,

108. ~r" 'E.jx>'li~~v~1.hXr,;), Thrasyma'luede Corinthc,cilé comme un ami

Hchlhyas (D. L., Il, l'll), Uirxlidc, disciple d'Euclidcci mallre de Pasjclè.>(Suid., y.

~Ú,1\w,), Clinoma'luc, mallrc de IJI)"son,filsde Slilpon (D. L., Il, 112 Suid., V,

11~3p;w,le premier qui ail clposé une doctrine logiquesur les prl'tlicals ci les pro-

rosirions),(ld..Siclês,discipled'Euclide,d'apré, U. L., Alalloniusde Cyrène,surnommé

l:ronus (D. L., Il, III; Slrab" XI\ 2; X\11, 3), mailre do Uiodore Cronus (Cie"de hâl., 6, valco~dialcclicus; 5011., adn..llalh., 1, 309, ~1'1lExnx(,h'1To;l.

Euplranlus,disciple d'EubouliJe, poète et historien (U. L., Il, 110), maUre du roi

Anligonu>,Alhen" 1'I, 251, dl, Slilpen, disciple de '1 hrasyma'lue,10'plusc~lê\¡rede

lous; mallrc de Zénon; Alexinos d'Elis, quo U. L., Il, IO'J, désigne comme un

discipleimmédiatd'Euooulide, qui cul avec Stilpon tPlul., l'il. pud., c. 18), llene-

dèmc (id., D. L., Il, 135) cl Unon (D. L., Il, lM; SCII., adv..11., IX, 108;

l'luI" Comn., nol. 10), de lims discu,sion>; Philon, disciplede Diodore, qu'il no

raul p.1sconfundreavec \'hiloDde Lari>sc, (ond.tleurde la IV' Académie;Dyson, fila

de Stillion,Timon, disciple dc Slilpon, cl l')Trhon, mallre de Ury'soo,par I~uels

s'tipèreIl lransilionde la dialmitlue m~i'arilJueau scepticismep)Tfhonien..D. L., Il,30, 106el 101, d'aprt!s Timon, l'accused'a,'oir

(2n 'oiÍ 110\pf).cv).

E.jX>.d~I ~hppEIj,V bç l¡.<!hh xdooav l:a.,l'~ú

Ccn'élail pas une école, r,lo).r, ma': une (D. L., 1'1,1).

CHUG~U, P~ych~lo~l~.

CIIÂPITIIE VINCT-UNI~1E

lpl~>iYL'"

13

Page 217: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE Li PS1'CIIOLOGIEDES GRECS19'

i'nença à enseigner due peu de temps avant la mort d'Aristote.

Les dates précises de la naissance comme celle de la mort

d'Euclide nous sont absolument inconnues. C'élail un des qualrc

disciples les plus s éminents 1 et un admiraleur passionné de

Socrate, qu'il venait souvent voir secrèlemenl, el aux derniers

moments duquel il voulut assister 2, malgré la défense formelle

faite à tout habitant de Mégare de meUre le pied à Athènes

sous peine de mort 3. Il élail un ami de Platon 4 et c'e,¡t

auprès de lui, à Mégare, que se réfugièrent ce dernier et plu-

sieurs autres disciples de Socrale, inlimidés par le supplice de

leur mallre, et redoutant pour eux-mêmes le sort qu'il venait

de subir de la part des Trenle lyonns 5.

On cile de lui les titres de six dialogues dont l'aulhenlicilé

paraissait douleuse à Panielitis et desquels, d'ailleurs, il ne nous

est rien reslé 6. Slilpon n'ayant commencé à enseigner que heu

de lemps avant la mort d'Arislote, on peut considérer les doc-

trincs de l'école des még:uiques comme antérieures à celle du

fondateur de l'école du lycée, surlout si, comme il semble

manifeste, ce sont celles que vise Platon dans le Sohhisle 1. ~Vais

cela ne suffit pas pour altribuer, comme le fait llartenstein 8, une

inOuerfce sérieuse des mégariques sur les doclrines d' Arislote!J.

Comme l'indique un des noms par lesquels les anciens carac-

1 D. 1. Il, -\1..c Deceuxqui\inrcntaprl'àlui en zdopdanlses

principes,et qu'onappdlJ les socrati'luc>,les i,itisgramls,1)11xi pu9ac6-rxr 01,-mol quifail frémird'horreurcommeunturb,rrismele purislel'hl'}nicllUs,-élaicntPlalon,Xénophonci Antisthène.l'armicem qu'onappcllelesGir, lesquatreplusdistingué>,1)1 i), étaient, outre Euclide,ilfizdon ci

Aristippe..»[doffiénéeel Illitniasa\'aicnlécritune histoiredes socratiques.t Phmlo.,59, c.3 AuL-Gell"~1'irr., \'1,10. Plal.,Thecef.,1-13,a. ~"2XI,'AO;,v2CEŒ)<I):I1'o-,

cilJf,~WtCl)~'r;,VRmxpzrr,v..4 Onle voitbienpar le rôlequ'illuidonnedansle Théélèle.\1semblcqu'iléL1it

plusâgéquePblon,D.L., Il, 108,d'aprèslIermodore.

e D.L., Il, 1011ci Il, 6-7 Soph.,tl~t8.8 UberdreBedeul.d..Ileg. Schule,p. 205.9 \1seraitplu) nalurclJe leur allribuerla premièreformede la théorielIc;

Idées,quùi'lueCicéronlesaccusedel'avoirempruntéeà Plalon.dicad.,IV,4a, 139Ili quOlJuomullaa l'latone.

Page 218: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1'.UCI.IDE~-rvx:or. O.:~11:nt: 1(1:;

lérisaient la tendance et l'esprit de l'école, leur philosophie est

une dialectique l, une tliéoiie de la connaissance aspiranl à con-

cilier les définilions éléatiques sur l'opposilion de la connaissance

ralionne/le avec la nécessité-d'une science rationnelle. Ils aspi-

rent à fonder la Psycliologie de la morale sur la doclrine éléatique

de rf:tre, L'èlre matériel n'est pas un être; car il est décompo-

sable à l'iiifini, et l'on ne IroU\'e dans cette décomposition sans

lermo aucun élément ferme et fixe. Il n'a donc qu'une appa-

rence d'exislence, aucun caraclère de l'essence. ( JI n'y a d'êlre,

comme il n'y a de bon que ce qui est un, loujours identique à

lui-mème, sons la variété des dénominalions par lesquelles il

est désigné, lanlÓl Dieu, tantôt Ilaison, lantôt Sagesse. C'est

J'èlrc même. Son conlraire n'exisle pas 2. Le bien lui-même est

de l'ordre de l'intelligence: c'cstle clair regard de l'esprit, qui

découvre et contemple la vérilé 3. Le bien est donc la recherche,

la contemplalion et la possesion du vrai 1. »

Ces noms divers paraissent avoir été autre chose que des dis-

linclions purernent nominales, purement verbales; car les méga-

riques ont admis une plui-alité, au moins phénoménale, d'idées,

de concepts, qui ne sont pas absolument sans réalité, quoique

leur réalité véritable soit dans l'un. Les idéesne sont pas pour

les mégariques ce qu'elles sont pour Platon, des réalités,

1 Elle aboutirabienvile, cn leurs csprils trop raiblC3,à unc ~ri>li'luovaine cl vide,mi Plularque, -séduit,comme \ou,; les Crffl, par Ici sublitiféi cI les leur>de force,nc wil que les jcux d'un e.spril iiigénieux qui s'amuse avec [:r.lœ 1I~Í~QH,);

E:wo~Szmç(adv. Colof., c, 2:3). C'esl à Euboulideque Viog~ne(II, 108) rapportele douteuxhonneur d'avoir inl"cnté les célèbre>sophismcsnoniinéi Le '¡"'J~l,lu'QC,le ?;1:¡),O:i.w. cll'ÈIeclre, qui ne sonl que deuxnomsdu suivant, J'Èyx,x:¡),UI'I'É'/o;,ICar~ris,ç, le xtp)Ti. le ~'JIbxp1.

t Cic., Acad:, Il, U, Id bonum solum ~se quod e~<elunum, el simile el idem

scoll~er.D. L" Il, 106. €r TGàyaO¡'v. sw).i.oiç ûr;pxQrxn).oVpLVGY,ôsc l'Èv yàp

fpl,1IY, "Tt 810E8vni ,j'Hou vo~-0X2,%sà ),01112.Tà P, "ivrLxeipEV2Tc¡.àyabùaVT~U,p-r~[IY~I~:J'1X"'Y.

Cic., rl cad., id., li, allribue celle proposition1 liénédèrne el aux érélriaque>quurumomnebouumin niente posilumcllI1enlÏ>acic, qua '"Crumccrncrclur; mais

il ajoule aussitôt que les niégariilues p,ulagcaienl celle opinion, CI mlme l'avaient

dheloppée ci plus fortement exposée, Illi similia, SN, opinor, nplicala uberius el

emalius. 01 G'e.51un poinl de conlacl, el la scnl qu'FAiclideail avecA,-ï,¡olc.

Page 219: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIftF tiR Li IISYCIIOI.061EDES GI\fJ:S196des ~tres au sens propre et véritable, 6-o-rw,,Ce ne sont que

des formes incorporeiles, yn¡.i X:1\ 2.'1w!L'Xu~iÕ',¡ 1, mais des

formes de l'esprit elles sont immuables et immobiles, san~

aucune relalion enlre elles ni aucune action sur les choses exté-

rieures el constituent la seule et vraie réalité 11.Il n'y a ni devenir

ni desll'Uclion possibles, puisque le mouvement n'est pas 3, non

seulement le mouvement des choses extérieures, mais même le

mouvement des idées. La pens~e, qui est toute réalité, est l'unité

absolue, le repos absolu, par suite l'indéterminalion absolue,

c'est-à-dire une pure négalion 1.

De111es conséquences fatalement érisliques etsophisliques où

la logique exlrLme entralna Euclide. Par suite de leur ignorance

de la différence des catégories et de la diversité de significalion

des mois, dit Simplicius 5, les mégariques posant comme pré-

misse évidente par elle-mcme que les choses dont les définitions,

soi)t dilférenles, sont difiërenles elles-mêmes, et que les

choses dilTérenles sont séparées les unes des autres, croient

avoir démoulré par là due cliaqueeliose esl séparée d'elle-même,

,xù-r~5'U1.(J)f'I'1J.ÍYOVÉRx6TrY ce qui prouve qu'elle n'est pas une,

et par suite qu'elle n'existe pas. Ainsi, comme la définilion de

Socrate musicien est autre que celle de Socrale blanc, il en

résulte que Socrateest séparéde lui-m~me On peut en dire aulant

de toute chose définie; puisque ladéfinilion d'une chose, à moins

d'êlre une taulologie pure qui n'apprend rien de nouveau, se

fail toujours par une autre, un prédicat, celle autre en est diffé-

rente et par suite séparée.

1Soph.,216,b. Il cslllimrile, n~amnoin>,de conreroircomlJJcnlcellepluraliléd'idéessc romportcavecl'unili!absoluede l'~trcJci quel peut dlrc leur rdpporlmulucl.

2 Euscb"Prxp.; Fu., \11', Il, d'apre>.\ri:;locl~>F,gaYY~EV,VYri-itriiyt TO¿y

-TE~SY1 I1IÍ~S.y~'r/i"1'J:uT!li~3 1/H¿~£lJrJ71,~r,~l%!Y;?OlJYITl7i1r1Z1'r.3 L, JV~1 258,C.TO'7L1YTE%.Ù7~OY~j(iV"TtjY111-r~qElY9ll. Q%lY/,T4YT9

1t:1~'¡1t':IYToute propri~léfussive,loulepuissanceaClil'eestniéede Hire,ci ne peulplm allribuéequ'aumubileci incc;sanlil 'evenir,simulieremcnleurdel'ètre iJ., YEY€p'Y IIfTE?T!'t':t~azz/a!Yiz~ n4ulY~'J'2(.Ula);.1t~i); tJ.jO'b.~TodT4wo.ja~tl?o'JT7,iG'JY7IpPr&p~IEL'1çaaiY.

1 In l'hys..triaf., f. 2G.

Page 220: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ECCI,IDEF,«r1,'Éfl)I.F or. ~ltG.\IŒ 1!'I'j

A plus forlc raison Euclide rcjelle'l-illes déOnilions par com-

pamison yu'alteclionnail Socrate; car, dil-il l, ou les deux choses

comparées sont idenliques, et alors il vaut mieux appliquer son

esprit à celle-là inéme donl il s'agil, ou elles ne sont pas iden-

lif/ues, et alors la comparaison porle à faux, 7t2?D.7.E\'IT'>¡Y7:2pZ-

9:am' L'essence des choses est absolument une, 1'1comme on

lrcuvc en toutes £le la pluralité et de la diversité, il n'y a a

posséder l'êlre que l'un absolu.

Comme procédé d'arg umenlation, il voulail qu'on s'allarjuàl

non aux In'émisses, mais à la conclusion 3 Irait de sens com-

mun assez remarquablc pour un partisan £le la logique formellc

à oulrance c'esl par la contradiction que les philosophes sau-

vent souvent quelques débris de leurs idées. Ainsi ce n'est pas

la forme de l'argumenl conlraire, c'est son conlcnu qu'il faut

eaaminer et détruire ce qu'on ne peut faire, si on n'élahlil

pas un raisonnement en forme, que par l'appel au bon sens ci la

aécluelion à l'absurde qui l'offense et qu'il rejellc.

Comme les éléales, ils distinguent, d'après Platon l'èlm

mèmé, et le devenir, yévEws par le corps, et au moyen

des sens nous sommes en communication avec le monde du

devenir, toujours changeanl; par l'âme, au mo)"cn de la raison,

avec 10 monde de l'l;trc réel, toujours idenlique lui-mème.

Le lémoignage des sens et de l'imaginalion qui en dépend ne

nous donne que des i-el)réseii (ai ions mensongères nous tir,

devons nous fier qu'à la raison s.

Il n'y a de possible que le réel elle réel est nécessaire. Le

1D. 1, Il, 107.C'éliii karier les idc'csgéiierilesqui naiaenl loulcsd'unecorllp.uai5w,qui

élahlilà h foisli rcs>clIIJ.lanccci 1.1diffhenrcd'unechoseavec,uneautre.Or,leciA~esgén~rdlcssonlnécessiirei-.«tla définitionquidoitdonnerle genreci la diff~-rence,au 1 mkl~eci i li Hi.:nrc; car il n'mia de ~ricnreque du veiltiral.eunf.Spcnrer,lhom. p. t!1,8~; Ih~ir,c.dt 6, p.lrlir,c. 27.

3 Il. 1. Il, 101. i'¡;r,at~ r..jxxsà >I-un, ..H'. r.as'i'i< Les Icrmcsle.:l,ni'l"cssunlceux des 5~toirirn-i.Le.:(,nI-ilsempmnlésaux n:égariques,ou 'C~hi:loriensdc la I,hilosol,hicIcs leuront-ilsmalpropos appliqués?'?

Soph.,18. 18...\ri<I()('I~s,dansEu~lr., Ih:rfr. 8r., 1\ 17, 1.

Page 221: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IHSTOIREDI, 1,%PSff.Il0l.Of,lE DF_~Gllt:r~i198

possible serait un êlre qui à la fois serait et ne serait pas. La

puissance cesse quand cesse son acte, 8uy lnp"('f¡!J-~Y~Y&ivm 'l 2t i.

Il ri a plus par conséquent ni mouvement ni devenir. Il n'y a

que des actes toujours aCluels, toujour~ particuliers, point de

facultés par conséquent des sensalions ou des idées qui se

succèdent sans qu'on sache pourquoi, et qui no peuvent ni êlre

ni se sentir liées en un sujet; par conséquent, point de, cons-

cience.

Slilpon, maUre de Zénon le sloicien, et lui-mêmo presqu'un

cynique par l'austérité de sa vio et de sa doctrine morale 3,n'était pas moins célèbre par sa ferlilité d'invention d'arguments

ingénieux et sa forco de dialeclique subtile. Le caractère de sa

morale est tout négalif le souverain bien consiste dans une

sorle de force qui met l'âme en état d'ignorer et de ne passentir le mal. La souffrance reste une .impression mécaniqueexercée sur les organes, mais n'arrive pas b.la conscience L'âme

ne sait pas ce que c'est que souffrir c'est déjà l'apalhie eLà sa

plus haute puissance, nnimrts inipatier~s 2. C'est là la vertu, quiest par conséquent une, quoiqu'elle reçoive plusieurs appella-tions

Suivant Diogéne, il niait la réalité objecli\'e do l'idée générale,

a.V1¡p~1-ri ~rÕ-Ij,qui n'a aucun conlenu réel 5. Personne ne peut

prononcer le mot homme en. disant quelque choso si l'on

n'ajoute pas tel ou tel homme. Le légume n'existe pas, mais tel

ou tel légume, et celui que vous me monlrez n'est pas 10légume

qui exisle depuis des milliers d'années, et toujours avant celui

qui est saisi par les sens. Hegel6 conclut au conlraire de cet

1 Aris! .llet.,1!i, 3.J Cic.,de Fat. Insignismoruminlegrilale.Placilaadmorespolüsimum~peclanl.

D.L., Il, 118el 119.Lem3;ly2,div ~')I(lp'Tlx')Y(."twa~sasos &~p~>)yÍ~x:z\",)~I'1~d~.

J Sen., ep. 9. Nasler sapiensvincilquidemincommodumomne,sed senliliIIornm(desm~gari'lue>el de Stilponen parliculimne sentilI]uidem.4 D.L., VII,161.Commelebien,el e'c;1del'unih!dubienqu'il peutlogiquementdMuirela non-elislcnccel l'indifférencede loulce quin'est pasle bienmlme.

D.D., Il, 119.GIWr. ~rala Pnrr., 1. l, p. I!3,

Page 222: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

El.'CLIDEL-r L'tTJ)J.f. liE )lt:G.\nr. I!Y.I

exemple même que Stilpon niail l'individuel el maintenait l'exis-

tence à l'universel seul. Il préte à Stilpon son opinion propre,

à savoir que le langage et la pensée elle-méme se meuvent

nécessairement dans la sphère du général ei sont également

impuissants à saisir l'individuel,. qui cependant existe dans

l'esprit.

Ce qui semble démontrer que tel n'était pas le senlimenl de

Slilpon, c'est le caraclèrc absolument négatif et sceptique desa

théorie de la connaissance il n'admet que des jugemenls iden-

liqucs, dans le sens et dans les termes il nie qu'on puisse arfir-

mer uno chose d'une autre, mais seulemenlle même du même.

On ne peut donc pas dire que l'homme est bon, que le cheval

courl; on ne peut que répéter homme homme, bon bon, parce

que l'essence du prédicat n'est pas l'essence du sujet, et que

c'est confondre les essences et violer chacune d'elles, que

d'aUribuer l'essence d'une chose à une autre. C'est, comme

le remarque Plutarque, lc renversement de la raison et de la

vie même f. Nous avons déjà rencontré dans Antisthène ces

mêmes arguments sceptiques, et nous allons les revoir pres-

que sous les mèmes formes dans Ménédème, fondaleur de

l'école d'Érélrie, proche parente de celle de lliégare. JI admel,

comme Stilpon, que la vertu est une, sous des dénominations

différentes 1 que le bien n'est que la possession de la vérité, et

par conséquent est d'ordre tout intellecluel 3 qu'une choso est

toujours aulre qu'une autre, que l'ulila, par exemple, étant

autre choso que le bien, le bien ne peut pas consister à être

utile. Il rejette les propositions négalivcs, et parmi les nffirma-

li\'es il n'admet que les simples, ~7r), et condamne les proposi-tions conditionnelles et complexes, a~r-r,EVZ xxl GO:J.7t"Errhy:Ûn,

Diodore Cronus 1 pousge à ses dernières conséquences la

1Adv.Col c. n. sw f3¡~và-V2IP[!a1}21'va <1'0;; HyO'IT~;tiripy 1.Li}X!1T~y~¡1JQ21.~d c. 23.

1 Plul.,;de l·ir~llor, 2.3 Cic.,Acad.,Il, U.

De.Jaso>en Carie,discipled'ApolloniusCronus,disciplelui-mêmed'Euboulide;il tin.il sousPtoléméeSaler.

Page 223: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEDE L1 l'S1-fIl0I.OCIEDFS c;m:cs300

doclrine des premiers mégariques sur les possibles. Toute pro-

position juste exprime quelque chose do possible, par consé-

quent quelque chose de vrai; mais le vrai, c'est ce qui est ou ce

qui sera réellem'ent; et alors il ne peut y avoir de possible que

ce qui est actuellement, ou qui un jour sera actuel. De plus ce

qui ne devient pas actuel est impossible l, comme ce qui devient

acluel est nécessaire; car rien de vrai no peut se tourner en

faux, ni rien de faux en vrai.

Si le réel est nécessaire, il semble que ce soit parce que

chaque chose ne se réalise que dans sa liaison avec le tout, ou

dans les circonstances déterminées de son rapport au monde

extérieur, et en oulre parce que ce que tout ce qui esl arrivé ne

peut pas ne pas élre arrivé il était donc nécessaire. Ce qui doit

être ne l'est pasmoins; car il sera, et il viendra un moment oil le

futur sera un passé, et où sa nécessité qui se dérobe acluellc-

ment notre esprit sera manifeste, comme celle de tout passé

Le libre arbitre est donc supprimé; car pour l'établir il faudrait

démontrer que ce qui est arrivé aurait pu ne pas arri\'er;

démonstration qui parall impossible.

Une proposition conditionnelle n'est vraie qu'aulanl que le

second membre esl nécessairement lié au premier de telle sorle

que si celui-ci est vrai, l'autre ne saurait ~lm faux. Par consé-

quent les proposilions qui ne sont pas nécessairement conver-

libles et réciproques ne sauraient être vraies 3.

1 Arr., Epicf.Uisserl.,Il, 19. \'oicil'arguiuenten forme « Vequelilueello.-Ode possible,il ne peulr~>uHerrien d'impossible.Or. il est impossiblequequelque(ailpassésoilaulremcnlqu'ilest; p6irconséquent,si cela eùl élé anlérieurcmenl

possible,d'unpossibleil 3ur.¡ilrésuHéuninipomilple.Il n'a doncjamaisélépossilM.Donc,il eai inipossiblequequelquechosearrive,quin'arrivepasrécllcmcnl.

1 Cie.,de Fat., 6. Illeenimid solumlicripassedicil,quodaul ·il serum,aut

(ulurumsil verum,el quicquid(ulul1lmsil, id dicilGerineccsseesse,ci quicquidnunsil fulurumid ncgal fieriposse; Id., 7. Placcligilur Diodloroid solumlien

poisequodaul \"Crum!'ilaul '-crumfulurumsil. QuilocusallingilhanequxslioiieninihilGeriquodnonncces.~efucril,ci quicquidlicripo>;il,idau!essejam,aulfulurum

esse,necmagi,commulariex vcrii in falsieaPu.~equ-.erulurasunt,quame.1qna·,farlasont scd in Caclisinirnutabitilaieniapparere,in (ulurisquibu>lr.lon,quianon

apparenl,ne nœesser¡uidemfieri.Conf.Plul.,~feSfolc.Rcp., 46.J Seil. Emp.,a~ln..Ilafh.,1'lll, 115.

Page 224: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

El,'CLIUEr.T L'WOLF Dr. VÉCARE 201

Diodore démontre l'impossibilité du mouvcrnent par les

arguments de Zénon mais il en emploie encore d'autres qui lui

sont propres, à savoir la divisiJ¡ililé finie du corps mù et la

communic..1tion nécessairement sticcessi%-e du mouvement

loules ses parlies 1. Le changement ne pourrait être considéré et

conçu que comme un milieu enlre deux points de l'cxistencc,

milieu impossible à fixer el méme à concet-oir 2.

Cependan~, par une conlrndiction manifesle, en mt~me temps

qu'il sou lient qu'aucune chose ne peut l'Ire conçue comme ~('

mouvant acluellernent, il admet qu'elle a pu Nre mÙe 3. L'èlre,

l'essence, est un repos, le devenir (lui en est l'antécédent comme

la négalion peut-ètre nécessaire, est seul en mouvement. Le

phénomène sensible toujours cn mouvement ne doit donc pas

~Ire considéré comme réel ni par suile comme pouvant bU~e

l'objet de la science. Le vrai n'esl que le bien, et le bien est le

but de la vie. Ce bien réalisé par le mouvement de la vie existe,

CI cependant 1 'e mouvement par lequel il se réalise, le devenir,

la vie mème, n'cxisle pas: il est leconll'airc mërneella négation

de l'exislcnce'.

1 1,'argunientn'esl pas concluant, commel'ob-ervc Sextus Empiricusqui nous l'a

conservé,mais il csl curieux. Diodorcconçoitdeux esièccs de mouvement le mou-

vemenl p3r prEdominance,et le mouvementcomplcl el parfait,x-xiLihxplnln. A"anl de J1Os,cr le secwd, tout corps m8 devra posséder le

hremier, c'e.sl-à-dire sc moucoirpar la ldus grande l'arlic de ses ~I~mcnhconpo-çanb-qui cnlralncra l'aulre moitié. lfais celle hlusgrande partie elle-multilene pourra-semouroir en enfier que si la plus grande partic de ses ~Ilmcnls composant.:;C

ineut, cl en poursui,'anl l'applicationde ce raisonnement.on anl'wail à admettre

que:ur un corps compos~de 10,000 parties, deux suffiraicnl11mcllrc les anfre. en

branle, ce qui est absurdc. Le mouvementn'ut donc pas pos>il,lcni mrruccon-cevable.

Id., id X, &5 cl 3J7.Seil. Emp., ndv-.Ilofh X, 85; Slruh., F.clog., 1. :l9G. xl',¿ial \1È-io.:a 0'iv,

x¡X;vr,f<J1U. Ces[-à-dire qu'il allmcll.1itbien, cc que la sensatiun IIClui perrncllailr'H de nier, qu'une choso ~L1ilen un lieu un ccrtain moment, en un autre lieudansun .luIre moment, mais il se rcfu~it 11rcconnallre unc fon-c ~lui fil quillers~Onlanémenlou viulemmenlau mobile le point de l'csr'1eCqu'il t-ceiipepour en

occuperun autre. La rclalion cnlre l'espaceci la force, qui conslituela notiondu

mouvemenl, non -seulementno lui pardi-wit pas n~ccs..<J.irc,mais lui scmblait

Impossihlo ellc n'csl peul-lire pas aussi simpleci all<.Sinalurelle qu'on pournil lecroireà premièresvr.

1Soplr., '¡H6,b. yLvE?w&:vt'VI7Í\I..

Page 225: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIF.liE 1..1P31'I:IIOLOf.IEIIF_SGI\FJ.:S~m

Ainsi c'est dans des conlmdiclions inconciliables que viennent

se perdre les conceptions de l'école mégarique, comme celles

d'ailleurs, nous l'avons vu, de tous les peliles écoles plus 011

moins exactement caractérisées d'écoles socraliques. En refu-

sant à l'êlre et à la pensée loulo pluralité eL lout mouvemenl,

tout développement et toute causalité, ces philosophes suppri-

maient la possibilité- même de la science, qui ne peut êlrc que

l'explicalion ralionnellc du monde tel qu'il nous est donné. ~Iais

il ne faut pas leur refuser la justice qüc Platon leur a rendue en

les appelant les ~lmis ctes.lcl~es, or Tù-)'JEt )Y9(),01 il reconnaU

ainsi et salue en eux les précurseurs dc sa propre théorie des

Idées ce qui n'est pas un médiocre service rendu à la Psycho-

logie et la Philosophie.

Page 226: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPITRE 1'INGT-DEUIII·;JtE

l'LATON

L'imp0l1ance de la Psychologie, déja si considérable dans la

philosophie de Soc raIe, s'accroit encore dans celle de Plalon.

Pour fonder une science \'érilable, dit-il, il faut fonder d'abord

la p~hilosophieclc l'W ne 1 c'estdece coté qu'il faut porterd'abordet toujours ses regards. Pour philosopher avec méthode, il faut

commencer par soi-mème oÍxol).vil faut s'examiner

soi-méme, cl sonder toutes les profondeurs de l'esprit L'oh-

servation de consiencen'estpasseulement pourlui une méthode

recommandée et théorique c'est une pratique réfléchie. Ce

n'est que par l'analyse pyschologique qu'il a pu arriver à ces

maximcs qui sont pour lui des axiomes, et oit est suspendue la

chaine entière de ses Ihéories: la connaissance va à l'étre les

choses sont telles qu'elles sont conçues et connues. Dans la

théorie des Iclcces,le principe de la connaissance est identifié

avec le principe de l'essence, les raisons de l'èlre avec les

raisons du connaltre.

Arislote, censeur sévère du platonisme, n'a pas méconnu ce

caractère: «L'origincdu sylèmcdcs Idées, £IiI-il, est lout entière

dans l'élude des lois et des formes de l'enlendement et des

principes do la raison ib.Partie de la physique, accrue plus tard

Thfélé(t,151,d 1t~i-t2T~ctw çpavLwHY,t':Iy.6nci 155,a.; T0 ûvti T,¡.r.!i;!1~t~"J;ffESnCovnc.Rtp.,X, 61,d.

Page 227: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

nisTOmeDE1,1P5H:IIOI.OGIF.DEScne.~s?ni

£le la morale, la science philosophique est couronnée par la

dialeclique, qui lui donne sa forme dernière et parfaite l,

Les critiques modernes do leur côté sont unanimes à recon-

naUre que tout l'édifice du syslèmc platonicien repose sur la

distinction loule psychologique de la science et de l'opinion

et il est facile de prouver qu'il ont tous raison.

Nous ne pouvons pas £Iouler, dit Plalon, que nous connair~

sons, et (lue nos connaissances sont de. diverse nature, la

Sensalion, l' ImaginaIion l'Opinion, la Science; carnous pouvons

à chaque iuslant, sur un objet quelconque, surpendre notre

esprit connaissant de l'unc ou de l'aulrc manière. Comment en

elTel £Iouler que l'on connaisse ait moment même où l'on connait,

et oit précisément on connall que l'on connali 3. Il faut donc

bien avouer que l'homme con.nait; le sophisle lui mème est

obligé par sa conscience d'admeHre, quand on l'interroge, ce

qu'on appelle counaitre et de distinguer, comme tout le monde,

dilTérenles formes et divers degrés de la connaissance, ceux-là

même que nous venons d'énumérer 1.

Mais connailre, c'esl èlre. Nous définissons l'èlre une puis-

sance d'agir et de pâlir 5. D'oit lirons-nous celle nolion de l'étre,

si ce n'est de l'analyse de la connaissance. La conn~issancc

suppose un mouvement aclif, une puissanco d'agir dans le prin-

cipe qui connait, et un mouvement passif, une puissance de

paltir dans la chose qui est connue, Lorsque quelqu'un fait une

chose et agit, il faut nécessairement qu'il y ait une chose qui

re¡;oi\'e et soulTro l'aclion Il y a donc dc l'èlre dans toute

connaissance, et il y en a même doublement, puisque toute

connaissance irnplique l'exi;;lènce du sujet qui connait el

1 U. L 111,5G.rpisov7~llariS~'J[Uhr.Jr-rr,'7E n,Y~1>791''7::1Conr.Srldeiermacb.,Sanunlf. llérke, vol. IV, 1, 91; Slollb.,Profegg.a~l

l'olific.,p. 30, et a,'anleuxl'roclus,in Alrih. Il, p. 9 11.1t connaissancedc5/1Î-mpmce>1le principede lophilusophicdePlaton.r

J l'arm. 155,d.1Soph.,219,d; Gorg., 151.1 Soph.,2~9.6 Id., Thex'l.,IW.

Page 228: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

l'UTOS w:J

l'exislence de l'objet qui est connu. L'être est conçu comme un

acte, et l'acte nous esl connu d'abord par l'acte de la pensée dont

nous avons conscience el que nous sen Ions en nous-mémes

~rx~,)gzp;auEY".

La connaissance est un mouvement et un mouvement du

semblable vers le semblable, du méme vers le même. La pensée

est un cercle parfait et fermé 1qui revient sur lui-ménie 2. L'es-

prit qui pense tourne sur lui-m~me comme la roue du potier 2.

1,'01)jetconnu estsemblable au sujet qui le connait; orle sujetqui

le connait esl, sans doute donc l'objet connu est aussi. 'l'out

ce qui se peut connallre, est j ce qui ne peut pas èlre connu,

n'est pas; à ces traits on reconnait déjà le caractère de la doc-

trine. C'est l'idéalisme, puisque la pensée seule pose l'être; ce

n'esl pas l'idéalisme absolu, puisque la pensée ne pose pas son

objet en ce sens qu'elle en soit toute la réalilé, mais en ce sens

qu'elle la «manifeste et y correspond. PIalon ne fait pas dépendre

les idées de la pensée, mais au contraire la pensée des idées.

Le3chos~ ne sonl donc pas uniquement en lant que pensées,

c'esL-à-dire elles ne sont pas purement des penséts; c'est parce

qu'elles sont, qu'elles sont pensées el peuvent èlre pensées 1: on

ne peul pas penser le néant. Il ajoute les choses sonl dans la

mesure où elles sont connaissables or comme il y a divers

modes de connailre et divers degrés dans la connaissance, il y

divers modes et divers degrés dans l'être. Nous pouvons donc

affirmer qu'il y a un êlre absolu, parfait, 'It'Xyn),wçt'l, Ei),IXPlYlfl;

t'l, parce que nous avons conscience qu'il y a dans notre esprit

lïdéo d'une science parfaite, d'une connaissance absolue, pure

de sensalion et d'images, exempto de trouble et de doute,

1 Tim..!5, c. Conf.Arist.,de ~ln., l, 'l.Tim.,31, b. c. l'hadr., 2.1, d.

3 Tim.,81, a. De l.egg., X, 898. Commcnl%iisiolepeut-ilcomrollrecellef,ropo,ilioD.donl sa définilionfamcu~ede la pcn.;éene railque reproduirele sensf"ruro~d..l'blongénAraliseleprincipeenl'élcndanlà la nalurccnlièreCiformuleainsile principede 1allracl10nuniverselle -r~EvTYEYE(rczYc¡;lp'1 "'PO(bllt&.

Et c7é[aitbien là aussi la doctrineéléatique,o-jyàp ¿¡VEilso0 Í'JYf'J;,EY~i~~(InlJ(.1f~IjYL?TiY,t'r.uç tyiYOETY.

Page 229: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIF:UR 1~1 P~l-f.IIOLOGIEDESGnU:S~oc

ôtXyuÀW<¡ryW!7'r&De méme nous pouvons affirmer que le néant

absolu n'est pas, parce qu'il est absolument inconnaissable et

qu'il nous est absolument impossible de nous en faire une

idée.

Youlons:nous maintenant savoir s'il y a une autre forme, un

autre mode ou degré de l'êlre'l cherchons si dans la pensée

humaine il y a une forme de connaissance qui dilTère de la

corlilude et de la science parfaile. Eh bien 1oui 1de mèmo que

nous conslatons en nous au moins la possibilitê d'une connais-

sance parfaile, opérée par la raison pure, sans l'intervenlion des

sens, accompagnée d'une certitude infaillib!e, que l'esprÏl affir-

merait alors même qu'il doulerait de tout le resle l, dont nous

pouvons rendre comple à nous-mémes et aux aulres 2, de

même nous avons conscience que nous avons en outre une

croyance variable et obscure, accompagnée ou précédée de

sensation, ne s'appuyant sur aucune raison salisfaisanlo. Nous

appelons opinion celle foi irraisonnée et douteuse, celle con-

naissance conje cI ur ale et vague. Celle distinction psycholo-

gique est un fait de 'conscience; nous n'en pouvons pas douter

tant que nous ne confondrons pas les conlradicloires, l'infaillible

avec l'incerlain, tant due nous ne nierons pas qu'il y a des

croyances vraies et qu'il y en a de fausses, et qu'il ne saurait

y avoir une science fausse, parce qu'il y a conlradiction dans

les termes 3. Il est cunlradicloire que la cerlitude soit iucer-

taine. Maintenant comrne la pensée est un mouvement du méme

au méme, ce qui est pensé est néccssairelhent tel qu'il esi

pensé; donc l'objet de l'opinion est un être, puisqu'il est pensé; i

mais c'est un élre différent de l'èlre absolu, puisqu'il est dilTé-

remment pensé. Certainement il différe du non-être, puis qu'on

ne peut se former une notion quelconque d'un néanl d'exis-

tence il n'y a absolument aucun moyen do connaitro et de

connaIlro aucun degré ce qui n'est absolument pas. Les modes

t .lltn., 98, b..Thtxl., 181,b. litp., V,111.c. <:i.V:J1L2pt"t~"Tim.,51. nxlrr,tw.

3 Corg., -15.; Tim., 38 Ifep.,V,-111ci 510.

Page 230: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PLATO~ 201

de l'Nre sont donc, comme nous l'avons dit, correspondant aux

modes du connaltre.

Ainsi c'est la différence de la science et de l'opinion, révélée

uniquement par la conscience, qui aHesle la différence de l'~tre

réel et de l'Nre phénoménal, de l'absolu et du relalif, et qui

ramène le néant absolu à une pure négation. Ici apparall en

pleine lumière le lien inlime qui pour Platon unit la psycho-

logie à la métaphysique. ( L'êtrc, dit-il, est au phénomène ce

que la cerliLude est à l'opinion 1. :t

Cela ne veut pas dire quo Platon a mis en tHe de fa philo-

sophie une analyse de l'âme et une critique de l'entendement,

ni même que dans son esprit la psychologie a précédé les

doclrincs qui s'appuient Iogiquemcnl sur elle. La pensée tra-

verse souvent toute la chafne d'une série d'idées qui se condi-

tionnent logiquement, avec une telle rapidité qu'ën s'arrètant

aux conclusions, elle a perdu loule conscience des intermé-

diaires. Il a dù en èlre ainsi de Platon, puisque la psychologie,

anlécMent logique de sa doclrine, est si loin d'en être l'antécé-

dent chronologique qu'elle n'exisle pas pour lui en tant que

science spéciale; mais il lui fait en réalité dans lout son sys-

téme une place considérable.

Sans doute son procédé d'exposilion est surlout mélaphy-

sique il tend loujours à partir du ¡)Qinl de vue le plus général

pour descendro au particulier avant Descarles, Pascal et

Leibniz, il dit 8: qu'avant de savoir ce que nous sommes nous-

même) il faut chercher ce que c'est quo l'êlre 9; que nous ne

pouvons pas conuallre la nature de notre âmc sans connalLre la

nature do l'dme en général, ni celle-ci, sans connailre la nature

des choses 3; lorsqu'il veut lrom'er la d.Wnilion £le la juslice,

Il conslruil ~cr y~~iori un élat polilique idéal où il espère en voir

la nature écrile en caractères plus gros et plus lisibles. Mais il

n'en est pas moins vrai que loules ces notions sont tirées d'une

Tim.,29, c. Ifep.,VI,511,e. '11,53-1,a. X, 601,e.AIci6.,1, f39..Phadr., 210,c.

Page 231: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIŒD!: L.\ PSYCIIOLOCIFDF--3GfiEŒ~f)8

notion de l'âme, qui n'est due qu'à l'obserralion dela conscience

et de l'âme, Ainsi lorsqu'il veut démonlrer que l'êtro n'est pasunité, pure et abslraile, qu'il concilie l'unilé et la pluralité, le

repos et le mouvement, que le non-élre n'est pas le néant, mais

simplement la différence, il s'appuie expressément sur les con-

dilions mêmes de la pensée, sur sa nature et ses lois, faits

intimes du sujet pensant que l'analyse psychologique a pu seule

lui révéler. Quand Dieu veut créer le monde et le créer aus.si

parfait que possiblo, il reconnait, dit Platon, que pour recevoir

celle perfeclion relative, il doit être doué d'uno àme, parce quesans éme il n'y a pas de raison; et que tout être qui possède la

raison est plus parfait que celui qui en est privé, c'est-à-dire

que la malière est par soi dans une incapacité naturelle de

penser. C'est dans l'dme qu'il a d'al)ord Irouvé ce qu'il lrans-

porte ensuile dans la nature, le mouvement, la vie, l'ordre,l'u nilé 1.

Nous ne pouvons pas douter que nous faisons une chose au

moment même où nous la faisons; nous ne pouvons pas £IouLer

de la réalilé de nos acles au moment môme oil nous les accom-

plissons;, ce serait sOlllenir qu'une méme chose peut ttre en

inème temps et sous le même rapport ce qu'elle est et ce qu'ellen'est pas, elle-même et son conlrairo 3. Recueillons-nous donc,rentrons en nous-méme, interrogeons nous nous.même 1. C'est

là le principe de la vraie science, la .science méme. Ce retour

1 ~I~incdeBiran,l, IV,p.329.Il D'oùpourraienlvenircesconceplsdemonade,;ouunitésnumériques,ce qui fait l'un dun~h mullilude'!Ne sonl-ce pas là aulanlIl'eIprcs,:iornpsycliol"qtie3,donluncexpéricnceintcrncimmédiatea seulepuformerla valeurpremière,et qui ne peuventoffrirun sens clairci prétis à l'espritdumétaphysicienqu'aulanlqu'il les ramène11leursource.J

t I'arm., 155,d. C'e>1la consciencesousunede ses formes,car elle perçoit,distingueles railsde la ';0 proprede l'âme,d'unepari, CIde l'aulree;l le pointun ci ,'j,'anlquiréunil,compareci unilie,rapporteà un seulel nièineactetousIci(aiusensibles,intellectuelsci moraux.C'e.sl10premierpoinlde vuequie.slmisiciC-1Jrelier; lesecondappar-.ùldansles p.1S>3gessuivants The~f.,18-t,a. ci~111(1'1-rtviidiav, LiSE~yi,v ei ss 3n l,n xx).tiv_ ?'JYTEIYfLY;ld., 186,b ~vs~~ iî ~r,i1t(¡VI?<02xal ITJI1I),,>J.?'JO(l1tpO~111>>.2.

3 lfep., 11',-136,b.1 Tim., 7: Charmid.,IGI l'haJon, î8.

Page 232: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

l'UTOX S!09

de l'homme sur lui-méme lui fait savoir d'une science certaine

qu'il sait 1, cI qu'il y a en lui plusieurs formes, plusieurs degrés

de connaissance parfailement distincls les uns des aulres.

D'ahord nous reconnaissons en notre âme, qui est leur lierEQ,

leur demeure, des idées universel/es, ahsolues, immuables,

nécessaires, d'une clarlé que rien n'obscurcit, d'une certitude

que rien n'éhranle, pures de toute sensation, scsuffisant à elles-

mêmEs, ne dépendant d'aucune condition et ayant au con-

trairc pour caractère d'êlrc incondilionnées, 7Y'J¡o;¿'JETOY.

Nous reneonlrons de plus dans noIre esprit des nolions d'un

earaclère lout différent, parliculières, changeantes, l'elati\'es,

10u~ours accompagnées d'une opération des sens, toujours

cnvcloppées £le doule, d'ohscurilé, ne pouvant s'élablir par

elles-mêmes el soumises à des cûndilions qui les dominent.

Entre ces deux formes de connaissance nous en lrouvons

d'autres qui parlicipellt el à la fois se dislinriuent (le chacune

d'elles, en ce qu'elles envetoppenl sous des figures et des

images, caractères des idées sensibles, la fixité et l'universalité

qui ailparliennent aux idécs pures.

Il y a ainsi trois sorlea ou classes d'idées, et comme la

connaissance n'csl qu'une assimilaliun du sujet pensant el de

l'ohjet pensé, lei les nous concevo~s les choses, telles elles sont,

et il y a trois modes de l'êlro ctirrespondant aux trois modes

du connaltre.

Co sont 111.des faits que reconnaissent tous ceux qui appor-

tent la recherche philosophique un peu de bonne foi, et qu'on

peul arracher nième ceux qui n'en apportent aucune, aux

sophistes.

Il y a en nous des facullés qui produisent ces fails; il 3, a en

nous une âme qui est le lieu do ces idées.

C'est une nécessilé pour notre inlelligence d'ad meUrepour

1Charmirl.,IG~.t n'est rasccrL1Îo,maisilcsllrès probaLlequec'esli PJalonquese rapportele

~1.1.S3J¡;edude Anirna,111, 119, a. 21, où l'Arneest appeléele lieudes Jd~es,T1.71"y('~(dY.

-6CU.UtUT. PrbohO.'o~;lc. ~1~

Page 233: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

111STOIDEDE L.1 f'S1CIIOLOCIEDES CnECS210

expliquer l'èlre phénoménal, dont le caractère est le change-

ment, un quelque chose qui ne change pas, et qui, par cela

mème,permelleces chanacments, dans lequel ils se produisent,

sans lequel ils nc sauraient se produire c'est le lieu éternel, -r,

"f.wp.~si 1, l'espace, la matière.

L'exislence de la matière n'est point ainsi acquise par l'expé-

rience sensible; cependant l'idée que nous en avons, n'est pas

non plus une idée de la raison pure; car elle ne nous est pas

donnée directemenl par une inluition immédiate, comme un

principe premier elle est déduile, par un raisonnement, des

nécessités logique3; elle a pour condition la sensation, dont

cependanl elle se dislingue,

Le lieu éternel n'est pilS l'étendue pure, la catégorie villc de

l'espace°- c'est bien la matière, comme l'a entendue Arislole

qui la désigne par le nom technique, oh}. Cc mot se trouve, il

est vrai, dans Plalon, ct même dans le sens de la malière d'une

chose en opposition avec la forme qu'elle peut recevoir du

travail de l'hommca. ~Iais quand il veut désigner le dernier

subslratum de loute3 les formes des choses, il le nomme, ou

plutôt il le peint sous les noms espace, lieu, moule, réceplacle,

nourrice du devenir.

Sous tous ces noms, c'est pour lui une réalité. Dans le Tinléc,

c'est la matière chaotique, à laquelle imprime le mouvement

un principe (lui l'agite en s'agitanl lui même de toute étcrnité.

Ni la malière ni le mouvement ne sont créés: Dieu lrouvc; le

mouvement pl'éexislant dans la malière également préexislanlc.

Ce principe élerncl de mouvement pénètre la n1il1ière en

brasse, en pélril, pour ainsi dire, les éléments, essaie, ébauche

1 Tint.,52, Il.C'e-si celwndantl'inlcrrrélalionde 1,lusicur>criliques m04lernc> K. Fr.

Ilermann,l'fal. l'liifos., p. 515 « Sn I~gdie ~:wigkcilder \lalcric fnr Plitu

unumgan¿',lichChalcid.,il! Tim_,39'J.a l'lalonisdc Sifra scnlenlia,quamdiwni

inlcrprel~lividentiiraudiloreil'lalonis quif'[JCalii generalamdiciab eo pul.1runl,

wrbaquædarnpoliu~yuamrem scculi,aliiverosinegcncralione.3 Phileb.,51, c. Crilia~,118,d.4 Tim.,30, a. 1t!1?:¡),!1~¡tI'I'j.jI1E~O"~i3xr~

Page 234: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PL\TO:'l 211

en elle des formes, mais des formes sans durée, sans propor-

lion, sans heaulé, Néanmoins cette force acti%,eet molrice est

une Ame c'est l'âme du monde, subslanliellcmenl distincte de

la lOalière qu'elle meut, puisque le mouvement n'est pas une

propriélé de la matière, nalurellement incapable de se mouvoir

elle-même comme de penser'. Toule chose matérielle mue est

mue par une force autre que sa matière son mouvement

implique et aUesle une autre puissance,.un principe de mouve-

ment spontané, distinct et différent de l'inerle matière 2. L'âmc

tout en s'unissant au corporel n'est rien de corporel3. Tout ce

qui n'a pas d'9me est sous l'empire d'une 5me ¡, et l'âme,

comme nous allons le voir, est une idée, ou du moins un être

qui a la plus grande arnnilé avec l'idée 5.

Ainsi le mouvement dans lequel nous voyons entrainée la

malière démontre, comme son effet, l'existence d'un principe

moteur, d'une âme éternelle, qui n'est pas sans raison ni

pensée car toute direction d'un mouvementimplique un choix,

c'est-à-dire une pensée.

L'âme du monde enveloppe le corps du monde et le pénèlresi bien dans toute son étendue qu'elle en est à son lour comme

enveloppée, c'est-à-dire qu'elle est à la fois au centre, aux

exlrémités, et dans les parties inlermédiaires, en un mot, elle

est partout G.

La matière agilée par 10mouvement voit commencer en elle

toules les formes mais elle les voit aussi toules, à chaque

instant, périr. On peut donc dire qu'elle est sans forme, et il

faut bien qu'elle soit sans forme, comme il faut qu'une huile

qu'on veut parfumer soit sans odeur ce qui n'empéche pas

1 Tim.,46. d. ),I.YljVovTEvao~f~vouv[iç o~ tVV7.t,zl;{uyid. -cravy2pÕVtli>YYOJYlllivtüxvadit 'I!?oa;'x[.hxul,v Le seulétrequisoitcapablede posséderla pensée,c'es!ccqu'onappellel'âme.

t UeLegg.,X, 89G,a.3 Sophiar.,2~G,e. Pha;don.,19, a. 7ïm., 36, a.

f'h~dr" 2~G,b.5 PAredon.,79, a. Ilep., X, 611,e.a Tim.,34, b.

Page 235: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L_1P3YCnOLOGIEDFS CfIEf.S212

cependant qu'elle n'en consewe encore une, quelque faible et

imperceptible qu'elle soit. L'absence de forme, l'informe, c'esl

le désordre, cl le désordre c'est la destl'Uclion. Pour arracher

l'univers il ce désordre et pour ainsi dire à ce naufrage, Dieu

intervient. Voulant faire du monde l'èlre le plus parfait possible,

Dieu par la peasuasio~a dépose dans celle âme molrice de la

rnalière, qu'il n'a pas créée et qui se laisse convaincre, les idées

du bien, du beau, de l'ordre l,

Désormais ramenée ~I l'ordre, l'atme enveloppe, unit, con-

tien l, domine la ~alière, achève, ctnbellit, perpétue les formes

des choses et des ~lres, des individus, des espèces et du Tout

de l'univers, placés comme en son sein, commence enfin et fail

commencer partout dans la nature, le mouvement régie et har-

monieux, le règne de la heaulé: on peut dire que le monde,

c est-~l-dire l'ordre, est né.

Pour que ce monde fut parfait, il fallait que l'êlre vivant le

plus parfait possible, l'homme naquit 3 or le monde et l'tme

du monde, sujet des causes coopéranles, mais inférieures et

serviles, n'auraient pas pu sumre à nUe talche, à co grand

ouvrage. Ces causes falales produiront le corps humain Dieu

se réserve £le lui donner une lime,

Cependant Dieu ne crée pas l'àme humaine; car elle n'a point

eu de commencement De toute étcrnilé elie a vécu et pensé 3.

Dieu la forme de3 éléments mêmes de l'àme du monde, £le ce

1CequiprouvequecelleâmepossèdeMjàuneraison,quoi'Ju'ûll>curcellroulMc;carune rai·onsculcpeutcoml,rendrcb raisonci s'ysuumcllrc.

j Tim.,J b. IlYqucl~lucpconlradielionsdansIl sériedesproposilionssoutenuesici par l'lJ!on

1. L'essenceimmortelleest supérieureà \'élremortel;3. Dieune flculpascréer lui-indiiie[oui les Nres, car ih auraicntélé lous

immortcls3, Pourquele momierulpirfail,il rallailqu'ilrenfermâtdes1'lrcsquine le russenl

r.1;. DaurcllCrd/Clerer, parle~princiresJ'llegel,une cuntrJLlicliún,rpte EviUaucuneexiilicatiodLiumonde.Il répugneà la raisontic concel'oirle parfait)lro.Juilpar l'imfwrfail;tmiscllene coniprùndguère.tout en pouvantl'admctlre,commentle parfaita votiluproduirel'imparfait,ci cuunnenlcet imparfailcontribuey

pcrreclion.3 rhxdr., \U5,c..llen., 5G.a.

Page 236: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

FIL~TO\ 213

resle de substance psychique laissé au fond du vase myslérieuxoÍl s'élail acçompli le mélange qui avait donné la raison à l'âme

désordonnée de la malière. Celle substance est une force spon-tanée el incorporelle de mouvement, qui ne rcçoit de Dieu que

l'ordre, c'est-à-dire la raison.

Par le mouvement, l'âme possède déjà une force vague de

pensée, puisque le mouvement de l'âme ne saurait être autre

chose qu'une pensée. Comme l'[¡me du monde dont elle est

lirée, elle est immalérielle car l'homme a conscience qu'il

possède un principe de mouvement spontané or toute chose

malériclle est ineapal~le de se mouvoir elle-même: ce qui est

mil difiére de ce qui le meutl. Ensuite l'homme pense el sait

qu'il pense or toute chose malérielle est incapable de pensée.L'~mc est unie au corps et n'est rien du corps 2. L'ume est un

principe, et puisqu'un principe ne saurait ni naitre ni périr,l'LImea toujours vécu et vivra toujours. Son exislence acluelIe

n'est qu'un moment de son c~lcrnelle acliv·ité. De là la préexis-

lence et la réminiscence si l'âme a toujours vécu, elle a

toujours vécu de sa vie propre, elle a toujours eu son mouve-

ment propre, la pensée.

Dieu ne crée donc pas l'âme; mais c'est lui qui sépare en elle

des facultés dislin,~les qu'il groupe et ordonne suivant une pro-

portion numérique; il fixe à chacune de ces facultés ses fonc-

lions spéciales, ses objets propres, ses limites précises. Celte

opération divine est symholiquement décl'ite dans tc mylhe du

Tinréc.

L'âme est douée de mouvement, bien plus, le mouvement

esl son essence l'âme est un mouvement qui se meut lui-

1!le Gegg., 1, 891, c. Pha?dr.,215, c. Tim., 30, a. Commentcomprcndrequ'Arislolesoulicnnc,de Anim.,l, 3, ~Ol,a, quePlitona failde l'ameunograndcurHendue.

f DansIcs/.oia,V, 7'8, c, Plalnn,(rapnl la roule11Arislole,appellel'âmeuner>Jssc-ion,nondu coq's,maisde l'hommc,~~r~ nv5~~amxâ,I1?:'le but parli-culierdel'ouvrageexpliquecommcnlla ronclionproprede l'amcy csl Mfilliel'apli-Indenalurellei fuirle malci11clIcn:lIcr10pn(ail,TQporeivI1b-r~1t21t;'V,¡zvE'Ja2'

nI i').a:v-rh'itiVT~'Vn"?~acvv.C'estengércr le sensde ce p.1Ss.1gequeti'y miraffiriiiélecaractèrelouléliiiquedelapsychologiedePhlon(Con!.Sie6eck.,1.l, p. Ill).

Page 237: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOII\EDE LA l'Sl'CIIOLOGIEDES GIiEGSil~

même 1 £le toule éternité, et peut mouvoir les autres choses.

Ce qui so meut soi-même, telle est la vraie définilion de l'âme.

Le mouvement de l'âme est une pensée l'âme est donc une

pensée éternelle.

Son mouvement ou sa pensée se décompose en mouvements

parliculiers ou facultés qu'on peut appeller des cercles", aussi

bien que des essences. On peut les appeler des cercles, parce que

toute connaissance reposant sur des principes immanenls à

l'âme, et supposanten outre uneconscienceplusoumoins claire

de la notion acquise, toute connaissance est un mouvement de

l'llme sur elle-méme, analogue au mouvement circulaire.

Dieu a donné au monde le momement circulaire parce que

des sept mouvernents c'est celui qui a le plus d'analogie avec

le mouvement de la raison et de la pensée 3. L'âme se replie et

pour ainsi dire se roule sur elle même. se meut à travers elle

méme: c'~tl1l. sa parole et sa pensée;.

Outre ce mouvement le plus excelle nI do tous, l'âme a aussi

tous les autres, ce qui lui permet de tout connaitre.

.C'est un fait que l'âme connait les choses extérieures celle

connaissance est accompagnée d'une opération préalable des

sens, mélangée d'images, troublée de quelqu'incerlitude et

obscurité. Les notions qu'elle acquiert ainsi s'appellent des

opinions, des croyances, M;l.l, 1!(IJH,Ç.

L'âme sent en soi la multiplicité, la divisibilité, et comme ce

qui est connu est semblable ce qui connaH, comme les choses

sontlelles qu'elles sont conçues, l'meconclul qu'il y a en dehors

d'elle un aulre élément qu'elle même,multiple et divisible, qu'on

peut nommer L'autre. C'est précisément quand elle est en pré-sence do cet élément variable et divisible, qu'elle mêmo pour se

l'assimiler, c'est-à-dire pour le comprendre, se divise et se

1 DeGegg.,X, 891. T,ill >t(~-¡¡'7I~'1.t;"1m âcl ni £t!P'1.~'JV:Xl1lnj1tW&t'l.Tim.,d3, d; U, b. 1U~!I)~I)'.

3 Tim.,31, a.1 Id.,31,a; -13,a ;'1, d 89, a 90,d. Conf.de legg., X, 8!1R,où la 1\CD\¡!e

et appeléeun cercle,nepfodo;,lctptppi.

Page 238: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PL.\TO:\ 215multiplie. On peul donc dire qu'elle a une essense divisible, el

parlicipe du mouvement ou cercle de l'autre 1 ce qui revienl à

dire qu'elle connaU le monde extérieur, changeant, différent

d'elle, divisüile, el que pour le connaltre elle est obligée de

s'assimiler à lui et d'inll'Oduire dans l'unilé £le son essence une

sorle de pluralilé.

Si l'âme renferme une plu ralilé de facul lés et fonctions, marque

de la division et de l'impuissance, c'est qu'elle ne vit pas d'une

vie absolument inconditionnclleet se suffisant à elle-m~me. Sans

doute tel a cté son élat originaire, mais par une loi que Plalon

représcnle tanlÓt comme une loi universelle de la nature, tantôt

comme une loi morale, lanl6t comme une inexplicable destinée,

l'.imo descend de celle vie ahsulument indépendanle et parfaile-

ment pure et s'unil un corps. Queldu'oloataclr qu'il mette à

l'exercice de ses mouvements propres, c'est seulement par

l'intermédiaire des organes et des sens de ce corps qu'elle peut

connailre les choses sensibles et corporelles.

La loi qui oblige l'âme'à revélir un corps mortel et

périssable, est une loi de justice expiatoire, qui veul que les

fautes soient punies; la loi physique, qui n'est pas sans rapport

avec l'ordre moral, c'est ce que tout ce qui a une Amo est

meilleur que ce qui n'en a pas. C'est donc par bonté que Dieu

donne une âme aux corps.

Plalon no semble pas avoir vu que sa doctrine renversait son

argument le corps, suivanl lui, obscurcit et souille la pure

essence de l'âme; toute âme unie à un corps est donc moins

bonne que si elle ne subissait pas ce conlacl intime. Dieu, s'il so

montre bon' pOUl' les corps en leur donnant une [une, ne so

montre donc pas également bon pour les àmes en leur donnant

un corps, et l'on ne peut guère deviner les causes (lui délermi-

nent en faveur des corps les préférences de sa bonlé. Cependanton pourl'3itlrollver dans le système une vaôue indication d'une

pensée qui répondrait celle objection. La matière est par elle

Tim.,36, c. fH.np~y.

Page 239: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIFIEDE LA PSYCHOLOGIEDES Gnr.cs216

même incapable de s'élever iaucune dignité,tandis due malgré

le corps qu'ello lralno après elle, comme l'hullre son écaille,

l'éme, par un effort magninque d'inlelligence et do volonlé, peut

relrouver sur la terre un reflet,et s'assurer dans la vie future

la réalité, de cette félicité divine dont elle a déja goùlétes délices

ineffable- Le corps en l'obligeant à cet effort courageux et méri-

toire concourt au perfeclionnement de son essence, et n'esl

pour elle qu'un mal relatif.

La faculté par laquelle l'éme connait le monde extérieur ne

révèle pas sa nalure véritable et supérieure. En pensant l'au(r~c

l'âme sort pour ainsi dire d'elle même; en pensanllc rn~me,

elle y rcnlre. Ici l'atme se meut en elle méme el sur elle-

même. La pensée, qui part de soi et se ramène à soi, forme le

plus parfait des mouvements, le cercle la faculté qui remplit

celle fonction est la Raison pure, N,,5, due n'accompagne dans

son opération aucune incertitude, aucun nuage. C'est même par

la raison qu'est possible la connaissance de l'autre; car co n'esl

qu'en s'examinant tout enlière, en se mouvant sur elle même,

en se roulant pour ainsi dire sur soi que la raison peut découvrir

le niërne et l'nrctre; celui-là doublement lc rnr3me et celui-ci

doublement au(rc, puisque le est le même que lui même,

c'est-à-dire qu'il est immuable, et en même temps il est le même

ou à peu près, £."("(6;m, que la raison qui le conçoit, landis que

l.'autre est autre que lui-méme, c'est-à-dire changeant, et autrc

que l'àme, qui est une idéc.

L'objet de la pensée, quand l'âme se meut sur elle-méme

et en elle-même, est une essence une, universelle, toujours

identique à elle-mème, en un mot, une idée; et l'âme qui connait

l'idée et tOllles choses par l'idée, nc peut ètre qu'une idée.

L'opéralion par laquelle elle s'empare £le cel intelligible pur,

sans lequel il n'y pas de connaissance, est une inluilion immé-

diate de l'essence indivisible el du mouvement ou cercle du

mc~me.

Mais à ce cercle du même se raUache une Iroisième essence

£le l'âme, c'est-à-dire Line faculté difIérenle de l'intuition pure

Page 240: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1'l~%TON ~11

de l'inlelligible et de l'inluilion du sensible. C'est un principe,

pour Platon, que deux choses ne peuvent pas ètre bien liées et

unies cnlr'elles sans l'inlerposilion d'une troisième qui tienne ~li

la fois de l'une et de l'autre. La proporlion fait l'harmonie et

l'harmonie c'est l'unité, c'csl-à-dire la perfection. La proporlion

la plus simple est celle qui résulle de l'inscrlion d'un seul

moyen enlre deux choses données prises pour exlrêmes. Pour

former le corps du monde, il a fallu deux moyens, parce que le

feu et la lerre, qu'il s'agissait d'unir, étaient pour ainsi dire in-

compatibles entr'eux. Pour l'âme un seul moyen a suffi ce

moyen est l'essence mixte, qui, participant del'inLuition sensible

et £le l'intuition intelligible, placée er1lr'clles deux, les a unies

intimementl'uno l'autre, et afait de l'ensemble de ces facultés

un tout, c'est-il-dire une unité de pri)portion 1. Ce moyen unifiant

est la facllllé du raisonnement discursif, (lui part des

notions individuelles et sensibles, et s'élève, à l'aide des notions

pures de la raison, des lois générales, qui parcourt etlrayerse

la série des idées inlermédiaires placées ('ntre les effet-%et les

causes, les consbqucnces el les principes, et remonte ou descend

des uns aux autres.

Par sa nalure complexe celle faculté est peut-Nre la plus

obscure et la plus difficile à analyser; car précisément parce

qu'elle enveloppe les deux autres, elle conlient le secret du

mécanisme ou plulôt de l'organisme do la pensée humaine.

Ramener le sensible à l'inlelligihle, exlraire l'unilé do la plura-

lité, le général de l'individuel, faim un £le plusieurs et de plu-

sieurs faire un, voilà l'œuvre de la 8dY~IZ,essenl:e mixte de

l'âme, on pourrait dire l'ecuvre do l'esprit humain, à qui les Dpé-

rations pures de la raison pure sont pour ainsi dire inle¡'diles à

cause de leur perfeclion même, incompalible avec l'imperfeclion

inMrenlc à l'homme.

La rnison discursive se dislingue de la raison puro en ce quele général qu'elle aspire formuler n'est pas l'univers£'I même,

Tim.,35, a. Ev;;J~y. PICIV 7f!ÍYT:C¡~hy,

Page 241: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L.1 PS1'rIl0l.OfIE UFSclims~18

objet d'une intuilion immédiate. L'unité intellectuelle qu'elle

forme n'cst pas Ic reneL direct d'une unité réelle, dont sont

privés les objels sensibles auxquels elle J'adaple, Cette unité

d'ordre logique, formel e~ abslrait, œuvre de l'entendement,

n'a pas £le réalité (lui lui corresponde. Voilà pourquoi sans

doute Platon n'a pas attribué à celle essence mixle de cercle

parliculier.

La division de l'âme en trois essences ne sulfi! pas pour en

faire bien comprendre la nature car aucune de nos Cacultcs

ne s'isole des autres dans son opéralion. La composition de

l'âme, telle que nous venons de la décrire, est faite un point de

vue tout ralionnel une analyse de l'3me, d'un caractère plus

expérimental, nous présentera une autre division oÜ nous .ver-

rons chaque faculté, ou partie de l'dme, composée, quoi qu'en

proportion différente, de l'essence du ~oér~ie,de l'essence de

l'autre et de l'essence mixte, ce qui revient à dire que l'âme

est une unilé indivisible, toujours tout entière présentc en

chacune de ses.opérations, et pour chacune do ses opérations

meUant à la fois en exercice l'intuition sensible, le raisonne-

ment et J'inluilion pure, unis en une seule forme ou idéc, Eiç

W~ZYTl'Ii 't3f,,L-j.

Des deux cercles ou mouvemenls do l'iVmol'un échappe par

son essence mème à la division il est absolument indivisible

c'est le cercle du Le mouvement de qui participe

par nature à la divisibilité, se partage en six mouvements par-

liels, c'est-à-dire en six facullés, enfermant toules quelque

scnsation et se rapporlanL de plus ou moins près à des ohjcts

sensibles.

Il y a donc dans l'lime sepl facultés, qui sont enlr'elles comme

les nomhres suivants

1. 2. 3. 4. 9. 8. 27.

Les trois premiers ne sont que les trois premiers de la série

naturelle; 10 qualrième est le, carré du second (,'¡, 2;); le

cinquième est le carré du troisième t9 a;); le sixième est le

Page 242: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ri,TOv 21!J

cube du second (8 = 23); le septi~me esl le cube du troisième

(27 ==93).

Nous avons donc ici deux progressions par quolient, dont

l'une a pour raison 2

~1. 2. 8.

et dont l'autre a pour raison 3

4. 3. 9. 27.

ayant chacune pour premier lerme l'unilé, dont il n'est pas

lenu compte.

Enlre chacun des membres des deux progressions, Plalon

insère deux moyens, l'un harmonique, l'aulre arilhmétiquc.

La suite. des nombres oblenus par celle opération donne pour

la première progression

2 li a 4,

Si on transforme le3 exlrèmes pour avoir des moyens en

nombres entiers, on a

38.i 512 576 768,

où le premier nombro est au second et le Iroi3ième au qua-

trièi-ne commo 3 4, tandis que le second est au troisième

comme 8 fi.

Dansla seconde progression qui présenle la série

mu 576 768 14512.

le premier nombre est au second et le troisième au qualrième

commo 2 3, tandis quo 10 second est au Iroisième comme

3 4,

Par ces moyens insérés on a obtenu les rapports 2 3, 3 4,

et 8 9, qui mesurent, suivant Plalon, les djlTérenles dislances

des dil1érentes planètes la terre, leurs rapporls de dimension

et do vitesse, comma les différents intervalles qui composent le

s)"slèrnemusical dialoniquo.

Page 243: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L\ PSYCIIOI.OGIEDES GRECS2n

En appliquant à l'analyse de l'âme cette division malhéma-

tique, il semble que Platon a voulu dire non pas que l'âme est

un nombre ou une harmonie, mais qu'elle est (ailc et qu'elle

fait tout avec nombre, proportion et mesure; due le hasard, le

désordre n'a pas place dans la con;¡litulion de l'âme en lant que

pensée et en tant qu'Nre, comme il est absenl de la constilulion

même des choses. Ces nombres réguliers, ces rapports simples

el nalurcls qui se nianirestent dans les sons de la musique,

dans les vite~;ses, les grandeurs, les dislances des corps célesles,

l'rlme les contient puisqu'elle les comprend, et du'une chose ne

peut être connue que par son analogue.

L'~lme humaine est donc une substance une et entière,

d'essence incorporelle qui se meut elle-mème suivant le

nombre l, en accord avec elle-même et avec la nature, et qui,

dans le jeu varié de ses mouvements divers, garde une riche et

pleine harmonie. Deux grandes facultés se manifeslanl par trois

acles, produisent lrois sortes de connaissances, mais qui toules

trois reposent sur les idées, c'est-à-dire l'essence une, rixe,

universelle de chaque objet. Il y a donc trois sortes d'idées

les illées pures conlenues dans la raison pure, les idées logi-

ques ou nolions générales et abstraites, intermédiaires, ~x :J.HZ;,j,

produiles par l'entenclement; enfin les idées des choses sensi-

bles et parliculières fournies par la sensation i.

Cette critique de l'enlendement, tirée du 1'imée, est préEenlée

dans la It~puGli~~ucet le Soplrislc sous une formo plus claire et

avec des (1(~t.iilsplus complets

1.'intelli-cilce est ce par quoi nous connaissons 3. Deux

faculLés s'y dislinnuent par deux caraclères différents; le pre-

mier est la différence des ohjels que chacune aUeint dans son

acte; le second est la différence des effets produits et des modes

de la connaissance acquise L'une de ces facultés, que Platon

nomme tour à lour la science, la raison, la pensée, opère rat-

1PIII\ ~rePlac. Phil., l\Ilei., XIII, 1.

Rey.,IV,136,a.

Page 244: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ri 3TOa 221

elle-même et par elle seule une certitude inébranlable; l'aulre

au contraire, toujours accompagnée d'une opération des sens,

tout en nous donnant lIes connaissances auxquelles nous

croyons, les produit envcloppées d'oliscurités et troublées par

des coiitradictions. Plalon donne à celle faculté dès noms difl'é-

rents, et quelquefois la subdivise en deux facullé~, l'une appelée

la foi, l'opinion, 7!{'¡TlÇ,Õ~ j c'est celle qui a pour objet les

choses visibles et les réalilés extérieures; l'autre (lui prend le

nom d'Imagination ou fanlaisie, dx~t¡{(l, a pour objel

les images, les renets, les ombres ou les souvenirs des clioses

corporclles 1.

Mais entre ces deux grandes facultés fondamenlales dont l'une

met l'âme en communication avec le mondc divin et intelligible,

l'autre avec le monde phénoménal el sensible, il en est une

troisième inlerméeliaire et mixte, et que l'esprit doittravCI"ser

comme un échelon nécessaire pour s'élever de la perception

sensible à l'intuiliou pure. Malgré le peu d'imporlance que

Platon altache en général à une terminologie technique, il croit

devoir elierclici, pour celle ficultb- un nom qui la distingue des

deux autres, et il n'en lrouve pas lie meilleur que celui de

tout en faisant remarquer lui-même qu'on la nomme

quelquefois du nom générique de scieucc, C'eSt la

facullé du raisonnement discursif, qui partant de la considé-

ration des choses visibles obtienl, par l'abslraction, la compa-

raison, la généralisation, des nolions inlelligibles, et fonde les

malhémaliques, la mécanique, la géombtrie, l'astronomie, la

musique, toules sciences de mesures et de rapports numé-

nqucs,

Les sciences s'ordonnent en'une série liée et progressive de

trois group~s qui correspondent aux trois faculLés de l'~me

les unes, sciences des choses visibles, sont placées au degré

inférieur; les aulres sciences des rnpporls numériques occu-

1Soph., 2~G.a. Thcxl., 185, c. t?ey., \'l, -Ill, 3, Il, c; VI, GU7,10.

tIfrp., \'ll, 5~ 533.

Page 245: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEDE 1~1PSYCIIOLOGŒDES GIIF£.52t~

pent l'échelon suivant et intermédiaire; le plus haut degré

appartient aux sciences des choses invisibles et purement

inlellecluelles. Celle hiérarchie est répétée dans le Philèbe 1

aux deux extrémités des connaissances et des choses, Platon

pose d'uno part la limite, l'idée, la forme, d'autre part l'infini,

l'Illimité, l'informo, la matière, et, enlrc ces deux extrémes, il

intercale tout le domaine des rapports et des nombres.

rlristolo a compris ainsi la doctrine de son mailre, et il la

résume en disant que Plalon élablit trois espèces de notions

d'abord les notions sensibles, ensuile les idées, rk cu, enfin

les notions mathématiques intermédiaires, T7I.p.zlj"lfL'1T!X~TIiÍ"/

'lrp'1"(fLÍTW"dY'11Í'1~1!T'1ç'.Í 1.

Ailleurs il reconnait que Platon pose trois sortes d'idées les

idées de chaque èlre particulier; les idées qui embrassent un

grand nombre d'objets dans leur unité les idées des êtres

éternels.

On peut donc considérer cette division psychologique, quoi

qu'elle ne soit pas expressément formulée par Platon, comme

démontrée, et on pourrait y rattacher la division do la scienf-e

en trois parties qu'on aUribue parfois à Platon 3 on ne Irouve

il est vrai dans les Dialogues aucune division syslémalique et

fixe, et les divisions et sous-divisions menlionnées par. Diogèno4,

Albinus, AlcinoÜs, Atticus, Arisloclès~, sont l'œuvre ou de ces

philosophes ou de philosophes postérieurs.

Sextus Empiricus a, après avoir mentionné la division en trois

parties dialectique, physique, éthique, ajoute qu'on ne la trouve

guère qu'en germe chez Platon, et que ceux (lui l'ont expres-

sément formuléo sont Xénocrale, les péripatéticiens et les

1Phil., 25,a.

~let., l, 6, !J81,a, Il; 1,9, 991, a, .1 1'11,2, 1008,b, 18; 1059,b, G.

3 Apul.de Uogm.Plat Primus.l'blo Iriparli\.1mphilosophiamcopulnil.Irespartesphilosophiaecongmereinlerseprimusoblinuil..Cent.S. Aug.,deCirit.U.,VIII,.1.

1Ill, 56.

5 Luseb.,Prap. Ev., XI,2, 2.6 Adv.Slath., VII,16.

Page 246: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

r wTOv 2~3

stoiciens. Cicéron l'adople comme Antiochus 1 Arislole, en

distinguant des proposilions morales, logiques, physiques, la

suppose déjà faite et acccplée 2.

Si celte cJassincalion est rapporléc à Xénocrale, esprit peu

inventif, on peul en inférer que le germe en élait déposé dans

la tradilion de l'enseignement du mailre. L'hypothèse qu'un

tout ne peut-~Ire conslitué dans son unilé que par la proporlion

(lui exige trois termes, se relrou\'e appliquée parloul dans Plalon

et a pour lui la valeur d'un axiome. l.e rhythme terriaire n'est

pas aussi récent en philosophie qu'on l'imagine les anciens

le voyaient dans les doctrine~ de Plalon, et l'appliquaient au

mouvement du développement historique de la philosophie

Ics Ioniens, disaient-ils 3, avaient appor~é à la science naissante

une théorie du monde sensible, comme Thespis avait détaché

du chœur dillryrambique le premier acleul' de la tragédie,

Socrate y avait ajouté une mélhode, c'cst-à-dire une théorie de

la connaissance, qui avait été dans le drame philosophiquecomme le ~econd acteur d'Eschyle; enfin Plalorr, semblable à

Sophotle, par la dialectique qui embrasse une théorie du monde

ÎIl\'isible, une théorie de l'âme humaine et une Ihl~orie de la

nature donne à cette tragédie de la pensée son lroisièmea'cleur.

CeUo division ternairc de l'âme est le type et le modèle de

presque toutes les classificalions psychologiques; on en retrouve

la trace un peu brouillée, mais visible encore dans la psycho-

logie d'Aristote qui place, on se le rappelle, enlre la vie sensible

el la vie de la rai:on pure, une'vie intermédiaire et mixto, la

vie humainequi les relie toules les deux parce qu'elle les contient

dans son unité. Suivant lui le nombre 3 se manireste partoul,dans la pensée comme dans les choses; l'étendue a trois dimen-

sions; le syllogisme a trois lermes Q toulcs choses sont troistrois est parloul; car, ainsi que l'ont dit les pythagoriciensl le

tout et lout est déterminé par Jo nombro 3 4. »

rtcad.,1, 5; de fin., 3.Tup.,1 HI 105 b: Anal. Poaf.,1,33.

3 Diog.L., Il4 Arisl de Cal., 1,1j .~lel.,V,97,Il j XIII,262, 6 éd.Drand.

Page 247: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIELJELi PSYCHOLOGIE1IF,SCItEGS~m 1

Sur celle division de l'âme s'appuie la théorie des idées, c'esl-

à-dire la philosophie de Platon, (lui n'est guère qu'une ps}"cho-

logie. A la faculté de l'atit?-e, ou à la sensation, sc rattachent,

comme son objet propre, les idée3 des individus et des espèce3

des êtres et des choses de la nature. Au-dessus apparaissenlles

idées logiques, abstrailes, due Arislote nomme intermédiaires,

TZ1'z;ú, et que les disciples de Platon nommeront les idées-

nombres, parce que ce sont des idées do rapport et que le rap-

port, la définilion même, est un nombre. Celte théorie des

facultés de l'essence mixte est une analyse de l'enlendemenl

qui prépare, sans l'achever, la dialectique. Enfin il y a des idées-

essences, existant par elles-mèmes, immuables, absolues, pures,

=YZ4~c{;YU,causes suprêmes et dernières, non pas (le tout dans

les choses, mais de tout ce qui est beau et bon en elles, parce

qu'elles sont elles-mêmes la perfection réelle el vivante, prin-

cipes suprêmes et derniers de la pensée car elles sont saisies

par une intuilion direcle de la raison, qui est absolument

satisfaile par elles et n'éprouve ni le besoin ni le désir, ne con-

çoit méme pas la possibilité de remonlCl' au-delà,

Nous avons déjà rencontré dans Parménide le principe d'où

Platon tire celle théorie tout ce qui est pensé existe; car le

néant ne peut-être l'objel d'aucune pensée 1. Mais Platon modèrc

l'axiome éléatique par celle réserve toute chose pensée existe,

mais existe comme elle est pensée; l'inlelligibililé est la marque

et en même temps la mesure de J'être, Il y a trois modes ou

degrés d'intelligibilité; il y a donc trois modes d'être des idées.

Toutes les idées exislenl donc elles ont toutes uno réalité,

mais non une réalité du méme degré et du même ordre. Les

unes sont réellement présentes et actives dans les choses mulli-

ples, w 'ltoHo1ç les autres sont en nous, iy les autres sont

à la fois dans les choses par leur efOcace, et par leur essence

en dehors des choses et en soi, ctjtà X'20'a~~z.

1 Toutcequela raison,'oilel distingueclairemenlcorre_pondà une réalilésubs-

lanlielle,diraS. AnselmcavantVescallcs.Conf.U Ilauréau,Iliaf.dela phifosophir,Scol., 1. l, p. :!Ot.

Page 248: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

r~TOV 2t5La science n'est donc pas un vain mot, comme le prélendenl

les sophistes elle n'est pas, comme le disent les physiciens de

l'école ionienne, enfermée dans la sensation; elle n'est pas

non plus l'inluition pure de l'élre pur excJuanlloule opération

commo tout objet des sens. La science humaine est plus com-

plexe et plus variée elle est fondée sur l'idée, c'est-à-dire sur

un principe d'unité et d'universalilé, de perfection et d'essence,

à la fois immanent et transcendant, absolument nécessaire pour

fonder la connaissance comme l'existence des choses et èlres,

non seulement actuels, passés et présents, mais encore à venir

et possibles. L'idée n'esl pas épuisée par les objels qui y parti-

cipent actuellemenl elle est donc en eux et en dehors d'eux

elleest une et idenlique à elle-même; ils sont multiples, divers,

changeants elle est universelle ils sont finis en nombre

elle est éternelle, ils meurent; elle est parfaile, ils sonl loujours

imparfaits la réalité eslloujours impuissante à égaler l'idée.

Saint Thomas l, comme Leibniz el comme Hegel, repète avec

Aristote, « qu'on ne pose les idées que pour expliquer la con-

naissance des choses H dont la multiplicité infinie, infiniment

mobile et changcanle, se déroberait à toute connaissance. L'idée

est dans l'9me le rejaillissement, l'image de l'essence. L'essence,

que la dé0nition exprime, doil étre poursui\'io par l'analyse et

la combinaison des élémenls inté-raiits de la chose mais cette

s)'nlhèse et celle analyse ne peuvent s'opérer que suivant un

art et d'après une méthode, et les règles de cet art, les prin-

cipes de celle méthode sont des nolions nécessaires, univer-

selles, antérieures et supérieures tous nos jugements, auxquels

elles donnenl la forme, à la sensalion qu'elles règlent, à l'expé-

rience qu'elles rendent possible.

Ces idées que nous trouvons de loullemps dans notre raison,

avant toute sensation et toute expérience, nous les devons à la

réminiscence, C[qui, toute fabuleuse qu'elle est, n'a rien d'incom-

patible avec la raison toute nue J, c'est-à-dire, qui n'est qu'un

Summ.Theol.p. 1,u. \1' arl. 1. S. Aug..de Ji~ 83qu.1Lcibn.,~1'oun.'Lruaia,Aranl-rnJf'O>.

Cn~~c~ir. Prycholoplr. 15

Page 249: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE 1. PSYCIIOLOGIEDES GRECS'H6

autre nom pour désigner la raison en lant que faculté qui saisit

direclemcnl en elle-même les principes de toute connaissance.

L'idée ù'êlre, l'idée d'unilé qu'enveloppe et exige toute affirma-

tion, n'est pas dans le sens, pas plus quo dans la malière de la

chose sensible. C'est l'esprit seul qui les conlienl, l'esprit qui

est évidemment, comme le répète7 Leibniz, inné à lui-même,

L'esprit ne conlient pas ces idées par une faculté nue de les

entendre; car cette faculté n,ue, sans quelqu'acle J réduirait

l'esprit à une puissance pure, c'esl-à-dire à une pure ficlion

« c'est une disposition, une aplilucle, une préformation et si

Aristote appelle l'esprit, une pure puissance de penser, avant

qu'il pense, il le met néanmoins en communicalion, en rapport

intime quoique mystérieux avec un acte pur de pensée, qui

relève sous un nom différent la réminiscence ou la connais-

sance en acle de cerlains principes universels et nécessaires,

antérieurs à toute connaissance parliculière. C'est l'esprit qui

voit, c'est l'esprit (lui entend, avaient déjà dit lIéraclile et

Épicharme 1 les sens sont aveugles et sourds, parce quo la

raison seule est capable de lier ces impressions isolées, mulLi-

ples, successives, fugitives, en une forme une, permanente,

présente tout entière et au même instant son regard: Eic€v

~uvwpoû~.svov. \Ième dans la connaissance des choses sensibles,

il y a un acte de la raison, l'affirmation d'un rapport. Le

jugement ne s'achèvc pas d-ans la scnsalion, s'il y prend nais-

sance Il. L'esprit seul peut pénélrer jusqu'au principe interne, ?t

l'essence vraie, qui, dans le sujet comme dans l'objet, est une

idée. L'idée seule peut connailre l'idée.

Aristote a donné une autre, forme à celte théorie, il ne l'a

pas changée. Pour lui aussi l'universel est, même dans la sen-

sation, l'objet do la pensée, et cet universel est renfermé dans la

chose individuelle comme dans l'alme de l'individu qui la saisit.

1 Plut.,de Forl., 3; de l'irl. r11.,Il, 3. \doç ~pr,ni vdoçâxodet.sh).).x x~rxxal T\I¡>l¿'.PIaL,l'hadon, fi~.

'Cie., Acad., l, 8. Quanquamorirctura sensilJU3judiciumferitafu, nonesse.insensibus.

Page 250: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PLATO~ Itil

Sans doule l'expérience est nécessaire; mais la sensalion elle-

mémo saisit l'universel précisément parce qu'il est enveloppédans l'individuel. Nous avons vu ailleurs dans quel sens il fallait

entendre dans Arislolc cette fameuse comparaison de la tablette,

et combien elle est loin de poser une doclrine sensualisb.

Aristote reproche à Platon d'excluro, par la méthode inlerro-

gative, la recherclre isolée el la philosophie personnelle. Il faut,

pour commencer une discussion, l'assentimentd'autrui, puisqueles inlerloculeurs doivent convenir de principes communs. Si

cet assentiment est refusé, et il peut toujours l'èlre, tout est

arrNé. Bien plus il ne suffit pas d'avoir persuadé Gorgias il

faut persuader Polus, puis Calliclès, puis Thrasymaque et ainsi

de suite à l'infini; c'esl-à .dire que l'enquèle n'est jamais ler-

minée et que la vérité des principes comme celle des consé-

quences est soumise à une épreuve et à des doutes toujoursrenouvelés. Celle mélhode ne peut donc fonder la science,

puisque les principes ont besoin de l'adhésion d'uulrui et par

conséquent en dépendent Ce ne sont plus des principes, mais

des opinions plus ou moins probables. Or la science part de

principes nécessaires, qu'on les admette ou non; il ne peut pas

dépendre du caprice, de la mauvaise foi ou de la stupidité d'un

interlocuteur, do délmiro la vérilé d'une proposition l'arco

qu'il s'obstine à no pas y adhérer. Le vrai est le vrai, quandbien m{Jme tous les hommes conspireraient à le nier.

Il me semble qu'il y a dans ces critiques quelque chose de

sophislique demander l'adhésion d'autrui avant d'essayer de

le convaincre, ne fait pas dépendre la vérité de son consenle-

ment. Son refus ne délruit pas la proposition qu'il conteste, pas

plus quo son adhésion no h justifie la v~rilé ne dépend pasde l'homme, et ce n'est pas cerles à Platon qu'il faulle rappeler.Mais à moins de supposer que la science n'est pas faile pour

l'homme, il faut bien rcconnaltrc que la seule marque do la

vérité d'une proposition pour lui, c'esll'impossibililé oit il est

de la nier. Le dialecticien ne commence pas par aulrui l'appli-cation de sa mélhode interroôalive c'cstlui.mème qu'il inter-

Page 251: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L.\ P3YCIIOLOGIEDES GRECS~H8

roge le premier et surlout c'est à lui-même que sur chaque

proposition il demande s'il esl libre ou non d'y adhérer. LOf8-

qu'une proposilion se présenle à lui telle qu'il ne peut s'empê-

cher d'y acquiescer fermement, ce n'est pas pour cela qu'elle

est vraie, mais c'est par ce caractère qu'il la reconnalt pour vraie.

En quoi l'aveu de l'interlocuteur porle-t-il aUeinlo à la néces-

silé et à l'universalité de la proposition? en rien, pas plus que

l'adhésion intérieure de celui qui s'inlerroge, Toule pensée n'est

qu'un dialogue de la raison avec elle-même. C'est se payer

{J'apparences que de prétendre que la dialectique est réduite

par son essence à prendre pour principes des opinions proba-

bles n'e3t-cc pas Plalon qui a dit e J'aimerais mieux voir tous

les hommes contreclire mes senlimenls que de voir mon esprit

en conlradiclion avec lui-même 1. tlristote et aucun philo-

sophe ne pourra se placer sur un autre terrain que celui de

l'évidence allestée par la conscience. Quand le philosophe

interroge les autres, c'est encore lui-même du'il interi-o-e; il

fait subir à sa pensée une nouvelle épreuve, et fait appel à la

conscience générale £le l'humanité, qui est aussi la sienne. Si

un lecteur conteste à Arislote ses principes, la doctrine d'Arislole

est l'instant même détruite pour ce lecteur; elle ne subsiste

que pour ceux qui consenlcnt à ces principes. Qu'importe que

ce consentement prenne ou non la forme extérieure d'une

réponse à une question cxplicile; pour êlre sous-enlendu dans

la lecture isolée eL silencieuse, le consenlement n'en est pas

moins nécessaire, ni moins présenl à lous les pas de la démons-

IralÏon. La dialectique ne ruine donc pas, comme le dit Aristote,

les principes de la science et ne conduit pas nécessairement,

comme le disent Cicéron et Sextus kmpiricus, au scepticisme'

On disclIt:lit déjà cher les ancien~ la question de savoir si Plalon

était ou non un philosophe tlogmatique 3, et lanégalivecstencore

1 Corg.,3~9.c.Cie., Acad.,l, 13. Cujusin librisnihilaffirmatur.doomnibusquxrilur,nil,il

cerl¡dicilur.J D. L., III, 51.· Il!V:pxaléavr3ri~"Yl1n¡'EIV,Qi il o-1.Sul, Emp.,P~wh.

Ilypol.,1, W.

Page 252: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

r~aTOs U9le sentiment de 1f. Grote 1 qui prétend qu'il expose sur chaque

queslion toutes les raisons pour el conlre, mais ne conclut

jamais. C'est abuser de la sincérilé et de l'impartialité d'un

grand esprit. Platon présente en effet lui-même et avec une rare

vigueur, toutes les objeclions qui s'élè\'enl conlre le système des

idées, le fond de sa philosophie, il avoue que cela lui fait

parfois l'effet d'un rève, bWf6>TTW~.Mais où voil-on qu'il l'ail

jamais rétracté ? Dans le Parniénicle, Socrale défend faiblement

et renonce même à défendre une cerlaine parlie de la doclrine,

bien digne en effet d'exciler l'allenlion, puisqu'elle ouvre 13

porte la question des universaux mais dans ces doules et ces

troubles d'esprit, c'est aux idées du bien el du heau qu'il se

rallache, comme à une ancre de salut jetée sur un fond solide el

résistant. C'est là pour Plalon une conviction ferme, arrêtée,

où il va chercher et où il Iro"e un refuge conlre ses propres

incertitudes. Sans doule au-dessus de son dogmalisme plane la

maxime socratique que la connaissance certaine, la véi'ilé

entière, la science absolue n'est pas faite pour l'homme que sa

seule ambilion et son seul devoir est de s'en approcher le plus

possible par un efforl de recherche libre et volontaire. Aimer et

poursuivre la vérilé de toutes les forces de sa raison à l'aide

d'un art qui l'éclaire el la soutient, c'est là la philosophie mais

ce n'est pas là le scepticisme. La philosophie platonicienne est

dogmalique elle repose sur des faits de conscience que nul,

pas même le sophisle, ne peul contester; qui lui reprocherait

donc de ne pas être un dogmatisme (ranchant et hautain, qui

exclut avec orgueil loule possibilité d'erreur et s'attribue lui-

même la prétention de l'infaillibilité. I'lalon a confiance dans la

raison; mais il sail qu'elle a des bornes et des hornes chan-

geantes; il est dans ses affirmations circonspect, réservé; il est

ce que loul homme, même le plus convaincu, doit être ferme,clair el net, mais en méme temps discrcl el modesle.

Plaloand theolher companionaof Son~alca.Cra~ ~39,c.

Page 253: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

uisTOmDELi PSYCIIOLOGIEDESGRECS230

Aristote reproche encore à Platon de supprimer la ph}'slquo

en supprimant son objet. Suivant lui, Platon croit quo l'intellect

dilfèro essentiellement du sens, est une puissance immalérielle

qui n'a pas besoin pour son exercice d'un organisme corporel,

que l'acte de la connaissance élanl immalériel, la connaissance

ne peut avoir pour cause une modificalion sensible, puisque

l'âme absolument imniatérielle ne saurait Nre sensiblement

modifiée, c'esl-à-dire modifiée :par des objets sensibles. Ainsi

la connaissance ne peul-Nre qu'une participation des formes

intelligibles séparées. Il en résulte que les choses que nous

connaissons n'étant pas .celles que nous sentons, mais les

espèces qui sont dans notre esprit, les sciences onl pour objets,

non les choses m~mes, mais les espèces intelligiblcs que tout

est vrai, puisque toute af/irmalion esl dite non d'un objet exté-

rieur, mais do la conception interne du sujet, qui peut tour à

tour concovoir les contradictoires enfin, si les idées, comme 10

dit Platon, sont à la fois immatérielles et immobiles, la connais.

sance de la matièrc el du mouvement, la démonslralion par les

causes motrices et matérielles, deviennent impossibles. Cc

jugement partagé par saint Thomas est répété par lIerbarl,

qui soutient aussi que toute recherche devient, dans ce système,

d'ordre purement abslrait et logique, et n'alleinl jamais les

réalités.

C'esl se faire la partie trop belle. Platon n'a jamais nié l'oxis-

tence des choses sensibles ni le rôle do la sen~alion dans la

connaissance il est si loin de nier le mouvement que l'acte de

la connaissance, dont Aristote fait un repos, est pour lui un

mouvement. Il dit en termes exprès sans le réel il est impos-

sible do concevoir le suprasensible; il faut en toute chose

connaUre et la cause nécessaire et la cause divine, c'est-à-dire

la cause matérielle et la cause idéale, finale', On lit dans le

Théétète toute connais5.nce, loule philosophie part de la

sensation il est vrai qu'il ajoute que la science n'est pas la

1 Tim 69.

Page 254: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PLATON \131

sensation. Mais Aristote n'est-il pas aussi de cet avis ? La

science qui roule sur la définition n'a telle pas pour lui égale-

ment son objet propre dans l'universel, qui, pour Nre enfermé

dans l'individuel, n'en est pas moins universel? Cet universel

est dans l'esprit dont il conslilue le fond comme dans les choses

donl il conslilue l'essence et l'intelligibilité. C'est ce que Platon

exprime en disant que l'âme est une idée, c'esl-à-dire qu'elle

n'est pas vide, qu'elle n'est pas puissance pure el nue, mais

qu'elle est comme grosse des vérités premières, ;r. r.€YO;,~)J.'

lrx5uw. Arislole -reproduit cette même doctrine sous une

forme qui n'est pas assurémei11 plus claire, à savoir celle de

l'intellect agent. Qu'est-ce que l'intellect agent s'il n'est pas une

pensée en acte9 N'est-ce pas la doctrine de Kant comme celle de

Leibniz qui répètent à chaque instantque l'esprit n'est pas sim-

plement capable de connallre les vérités premières, mais qu'il

les contienl et les possède en soi. « L'expérience est nécessaire,

dit ce dernier', je l'avoue, afin que l'âmesoil déterminée à telles

ou telles pensées, et afin qu'elle prenne garde aux idées qui sont

en nous mais le moyen que l'expérience et les sens puissent

donner des idées 1L'âme a-t-elle dos fenêlres? ressemble-l-elle à

des lableUc-s? est-elle comme de la cire? Il est visible que tous

ceux qui pensent ainsi de l'âme la rendent corporelle dans le

fond. On m'opposera cet axiome reçu parmi les philosophes

nihil est in inlellectu quocl norr feceril insensu: excihe: nisi ipse

irrlclleclus. Or l'âme renferme l'ètre, la subslance, l'Un, le

même, la cause, et quantité d'aulres nolions 2. '11

Platon ne supprime pas la science de la Nature en lui four-

nissanl uno règle supérieure et un but qui la dépasse. Le prin-

cipe des causes finales ne revient-il pas à celle proposition

qu'Aristole reproduit sous toules les formes la Nalure est

sinon divine, dit moins démonique; elle aspire toujours et

partout à la perfeclion donl elle possMe le principe vivant elle

~1·our~,Eaaaia,1. Il, c. l, 8.3 Elailleurs « L'iMcde l'alesolae,,1en nouscommecellede 1'~lrc Nous

avonsla perceptiondecelabsoluparce quenousy participonsa.

Page 255: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE là PSYCHOLOGIEDES GRECS23~

révèle, dans son ensemble comme dans ses parlies, un dessein,

un plan, une idée, qui a la verlu de se réaliser. On peut dire

qu'rlristole s'esl approprié la plupart des principes de la philo-

sophie de Platon comme son maUro il professe qu'il y a entre

l'intelligence et l'intelligible sinon idenlilé du moins analogie,

simililude, afflnilé de nalure. L'ime est une idée) dit l'un la

raison est acte pur, dit l'autre. La vraie réalité n'est pas la

matière c'est la forme, l'idée, l'esprit; la vie est la fonction

propre de l'âme. Tout ce qui esl a une raison d'êlre, est

rationnel la Nature et toute chose dans la Nature, du moment

qu'elle est et est une, a une âmc, une idée. Il r a une raison

universelle qui fait la vie de chaque chose 1 et du tout, et qui

se révèle par l'harmonie, l'ordre, la beauté, le bien qui éclalent

à des degrés divers, mais partout.

Je ne pouvais exposer ici que dans ses -traits les plus géné-

raux. et dans ses résuUals essentiels la psychologie de Platon,

qui a été l'objet spécial d'un de mes ouvrages, auquel je me

permets de renvoyer le lecteur curieux d'une analyse plus

détaillée mais je crois devoir analyser moins brièvement la

théorie plaloniciellne du beau et de l'art, à laquelle mon livre

n'avait pu faire qu'une place reslreinle, et cene analyse est

d'autant plus nécessaire que l'Estliétique de Plalon prépare et

commence sur beaucoup de points, même sur celui de la pecri-

~cation, la ihéorie plus syslémalique mais non plus profonde

d'Aristole.

Platon distingue avec une force et une clarté admirables le

désir ou l'inclination naturelle vers le plaisir, le plaisir qui

estl'élat de l'âme en possession de l'objet désiré el la passion,

qui est l'état de l'âme où l'inclination n'est plus éclairée par la

raison ni gouvernée par la volonlé Le désir est le senliment

inslinctif d'une privation, d'une privalion dont nous n'avons pas

1 Plotin,Enn., III, \111,1. r.i.¡ (~Sqnd,alc TI;.Deckelcy(Siris) « JIy a danstoutcequiexiste,de lavie;danslonlce quivil,¡fIl ~nlimenl¡danstoutce quisrnl,de la penee- »

1 Piych.de Plat., p. 317.

Page 256: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PUTO~ !J3

loujours une claire conscience, mais qui nous cause néanmoins

une soulfrance réelle, quoique vague et secrète. Quand le désir

prend, sans l'aveu de la raison, une certaine force loute puis-

sante, qui nous précipite avec une violence irrésistible vers le

plaisir que nous promet la beauté, il s'appelle-amour f. L'amour

est donc le violent et puissant désir du plaisir du beau. Tout ce

qui est beau c}:cile l'amour, et loul amour a pour objel le beau,

Le grand, l'unique moleur de la faculté créatrice, de celle

puissance qui pousse l'homme a faire passer le non-ètre à l'ètre2,

c'est l'amour. C'est lui qui rapproche et tient réunis tous les

éléments des choses, qui n'existent que par ce lien et celle

unité de leurs parties multiples il est donc le principe de l'étre

et do la persislance dans l'èlre. C'est lui qui rapproche et tient

réunies les âmes, et fonde par ce lien el celle union la sociélé

de la famille, la société polilique et la sociélé humaine. Il est le

seul acte vraimenl fécond seul il donne 1'~lre el la vie; seul il

esll'agenl de la reproduction des individus comme de la per-

pétuité des espèces dans tous les ordres de l'étre. La nature

tout enlière est sollicilée de ce désir divin et de ce divin tour-

ment de l'amour, qui, ré.'iistant au forces qui semblenl la vouer

à la destruction, incessammenll~ renouvelle et la rajeunit. Tout

co qui a vie est l'ouvrage de ce grand artiste 3.

En effet celui qui aime aime à posséder ce qu'il aime et à le

posséder éternellement car la crainle de le perdre un jour

corrompt sa jouissance actuelle et présente. Il voudrait donc

donncr une vie éternelle à l'objet aimé mais aucun de ces

ohjels et de ces êtres réels ne réalise el ne peut réaliser ce

(lésir inflni de possession infinie il veut alors, enfanlant dans le

sein de l'objet chéri, par une généralion soit physique, soit

inlellectuelle soit réelle soit apparente, reproduire l'objet

1nhadr., i38, c. Y2P âvcv).4yivxpn;u:l ~sc9v~lalrpè,-Ÿovi,Y â~9Etazxâa).ov~ ïpw, lx).)r¡.

t Symp.,i05, b. lx sor ~L;d6'WT')~tic Tb &,0i.YT!¿t<ovv czhi2rrli~2 fan1t1j1"I~.

3~1~ 1!l1,3. f; y[ twV tWldv1tollj/J'" 1t2vtldV tic lv:xvnw/J~t1:II- 0`lx~ vF.PldfO;

[lv2' ~l)fl2V i, ylyv[t21 TE ni fVWII Rârra s7 tW2.

Page 257: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE Li PSYCIIOWGIEDES GRECS23'

qui l'a charmé, vivant s'il le peut, ou du moins, s'il ne le peut

pas, une irriage qui le lui rappelle et le lui représente, ~6xo;Iv

xÛ.~ 1..

Mais le beau est une idée, et l'idée, c'est l'unité intelligible,fondement de toute existence commede toute connaissance, prin-

cipe de l'ètre comme du connaitre, souverainement aimable,souverainement désirable, une, universelle, parfaile, à la fois

immanente aux choses et transcendante, €v¿7t\7t1).).¡¡'¡v,

Tels sont le juste, le beau, le bien, idées entre lesquellesla distinction est difficile. Le bien, splendeur de l'Nre, To~~Y~o;

-r69:lV6>UTOV'3,nous échappe, puisqu'il échappe à nos sens, et

qu'une chutefatale nous a faitdescendresurla terre, el a enchalné

l'exercice de notre raison aux organes d'un corps matériel.

C'est une essence pure, impalpable, à laquelle nous ne pou-

vous donner aucune forme, que la raison seule peut essayer

d'atteindre, et qu'elle n'atteint que rarement et momentané-

ment.

Le beau est l'idée que nous pouvons le plus facilement saisir,

parce qu'elle est de toutes, à la fois la plus aimable, 9{).ov,

~f:l'1f1-nul)v,et la moins inaccessible à nos sens, que son éclat

illumine sans les aveugler 3. Le beau n'est pas la convenance,Tbqui n'est qu'un rapport, et la beauté a plus de réalité

qu'une relation; par la même raison, il n'est pas l'utile, relatif

au bien et qui par suile en diffère, comme il diffère du beau,

presqu'identidue au bien. Il n'est pas davantage ce qui charme

nos yeux et nos oreilles car il y a des choses morales qui sont

belles, et de plus il faut déterminer le caraclère commun quiconslilue la beauté à la fois pour la vue et pour l'oreille, sens

qui n'ont rien de commun; mais il faut le reconnaitré, il se lie à

une intuition sensible il ne peut pas se détacher du plaisir,

15~mp.,M6,b.i Rep.,Vil,518,a.J

Ph~dr., 250, b. C. n.'7I1'1t~":~v. 1!'7TE,l"¡~'7I1~"a':T~ d~n T-n; ¿V'7"Y~IJt'Í."c.

a; 1J~IJEI"c. w7v?1 x~7.~o; 111,~I)YTmSTqvé?yE ~?Tpav, ,;jG. 'h~(lyflJat'}vlIY7(11!:xl ¿P2'1/lI!J,t(1('}V.

Page 258: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

rLATO~ 235

qui appartient à la région de la sensibilité 1 même dans les

actes de l'homme, dans ses mœurs et dans ses sciences, il

s'enveloppe nécessairement d'une forme sensible, qui le rend

propre à la représenlalion i,

Malgré celle forme sensihle' dont elle s'enveloppe, la beauté

reste une idée, c'esl-à-dire une essence incorporelle, une je ne

sais quelle grâce immatérielle qui pénNrc et domine la forme

sensible 3 c'est une vision interne qui apparait à l'imagination,

et qui, aussilôt qu'elle est apparue, cause dans l'âme d'inelfables

et pures jouissances, joinles à des sou(f¡'anccs divines. A

J'aspect de'la vision mystérieuse, l'âme, comme un oiseau,

sent s'alléger ses ailes appesanties et vole auprès d'elle. Trans-

portée hors d'elle-même, ne pouvant plus se maHriser, elle

éprouve un frémissement divin, un frisson sacré elle est en

1)roio une agitation qui la soulève comme un liquide qui

I)ouillonne, sentiment complexe' et conlradicloire plein d'une joie

délicieuse et mélangé de (l'OUhIes el presque de terreur 4. Mais

quand l'image célesle, dont l'apparition ne dure jamais qu'un

moment, vienl à s'évanouir, une sorte de désespoir, de douleur

poignante s'empare de une espèce de folie, de raâe, qui

cesse lorsque sa fureur amoureuse enflammée s'apaise dans la

volupté de l'art généraleur5 ou producleur, qui la délivre des

aiguillons du désir etlor3qu'elle est affranchie des douleurs de

l'enfanlement par le fruit môme qu'elle a mis au monde.«

Il y a pour l'hommo une double génération possible s'il s'est

1Ilipaiaa.S~mp.,210Cl211.LuSxetv,iTctv,~d'1X'1h".hl~ileb.,61, d. x6a~oçs~; c:i'1r~¡LXfO;~p~v. at.S¡L:Ito;.Phmh~ 251,a, b, c, d, C.1trWT"Yfilv Ë~:H~E.i?,I,rrxl'(,(,h<v~csx~o).~j

ie xal Il?w; n\ 5:p~brr,;c:i;'Qf,;hl'C;ÍYEI, (ei (;b¡nI aV:tX'ljxIEI.àYŒYX¡(nïxzl y(Xpy.d.l{ETXI.oizspi xai M';yI.iT(X11t1.i'1XXEYTflUllly'1,à~'f,JYEï.).unixil lll¡L<Ív'Ij;tj~rn. 'P,iv";vl'b,~E, ¡¡LEp"yD.uaE.

S~mp.,206,o. 710).)~~r. 'Mlr¡" ylYovenE?!TOxn)Zvtl~ TG~ycÍ~r¡;'['10;Œn,,).JEIYsbvl'x"nŒ.

5 Celleimpressioncontradictoire!'CretrouvedansIl jou¡5.ncC'do.;ŒUHCSd'ar!,gra-0a¡LŒ"l(XIPOVTECx).dmw,Phileb., ~B,et c'esl co mElangequi purifiecequ'ililJ a de corruplcurdansl'~mol1onsensible,t'daelçXII ~L",3a~y deGu~g.,1'll, 790,791.

Page 259: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE LA PS1'CIIOLOGIEDES GRECS!36

laissé entratner par la beauté du corps, il peut désirer procréer

de beaux corps; s'il s'est laissé toucher par la beauté de l'âme,il peut désirer enfanter de belles âmes, planter, semer dans la

belle âme qu il aime toutes les vertus et comme ces verlus ont

des germes capables de reproduire, ils frucliflent, et vont leur

tour semer et planter dans d'au Ires âmesdes verlus semblables

ils immortalisent la précieuse semence et font jouir successive-

ment tous ceux qui la recoivenl du plus grand bonheur dont on

puisse jouir sur la terre 1. Les choses belles, corps et âmes, ne

sont belles que parce qu'elles participent à la beauté il y a donc

toujours en elles un reflet, une image de cette idée mais ce

n'en est que l'ombre il faut lever les yeux vers la lumière, ci

chercher à voir des yeux de l'âme l'idée même du beau. La vie

d'un homme qui connait de belles choses et ne connait pas la

beauté est un rêve plulôt qu'une vie réelle \1,

Il est encore une production inférieure, qui se borne à créer

non plus des réalités corporelles ou spirituelles, do beaux corps

ou de belles âmes, mais simplement des images, des représen-

talions, des apparences. C'est ce qu'on appelle l'art, 1tOe.I"¡IIIÇ,quiau fond n'est qu'une imitation; car tandis que la création, qui

n'appartient en propre qu'à Dieu, et dans une faible mesure à

l'homme, consiste à faire arriver l'étro le non-êlre 3, l'imila-

lion consiste à faire qu'une chose paraisse ce qu'elle n'est pas.

Elle nous donne donc, par une lromperio volonlaire, l'illusion

de la réalité etle mensonge del'êlre 1. C'est la vision d'un songe,

et comme le vain reflet, dans des eaux limpides ou dans un

miroir, de la réalité 97.vtilJ!7.'I'X,ET;)wh,~~suE-3l5.

Tel est l'art, du moins tel qu'il est, qu'il emploie pour

moyens d'imilalion les figures et les couleurs comme les arts

Phad.,217,a.Rep.,V,.&76el 172,d. Ilya loujoursquelquechosede plusbeauquelaplus

bellechosedumonde.Symp., 2U5, b. ix so0 ~&~6-0-ro ctic '0 £'1 nisla. tcspi si,v Wovavxi,v x!X\ si

",ltpCl. Soph., ~19, b. iw ",1.. 4yivr-1 (E;C1}'~lJh'i).

1 Latonl.,Le mensongeel lesverssontdeloullempsamis.JI

s Soph., 365, a. 1C?I1'jlJlct%Wlfù~0,ovx o.v'w" bliCJt"

Page 260: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PLITON !31

plastiques, ou les sons de la voix humaine ou des instruments,

comme les arts musicaux C'est un pur jeu, 7t~18Iiqui n'a

rien de sérieux, j-~rou~2(,x, non seulement rien de sérieux,

mais rien d'honnNc; ces magiciens, ces enchanteurs d'âmcs

no poursuivent qu'un but, le plaisir, le plaisir des foules igno-

rante~5,donl il enflamme les sens et les passions, chez lesquelles

il provoque la corruption des mœurs, les erreurs de l'esprit,

l'impiélé religieuse 3, par les funesles -exemples qu'il met sous

leurs yeux et dont il leur propose l'imitation à force «d'iiniter

les méchanls on devient méclranl Aussi ne faut-il pas lui

donner le nom d'art, T€wr,, qui emporle toujours la notion d'une

connaissance vraie et scienlifique 5. Ce n'est qu'une pure rou-

tine, irp(6-ri,une pralique sans autre règle que l'expérience,

Ë:~7rUpÍ'1°, qui parvient à produire un certain charme eXlérieur,

commeune fieur de jeunesse, dépourvue de durée et vite,flétrie.

Comment pourrait-il en étre aulrement? Ces prétendus arlisles

ne connaissent pas la vraie beauté, ils n'en possèdent pas l'idée.

Quelles sont en elfe les facultés l'aide desquelles ils s'efforcent

de créer ces pâles et imparfaites copies de la beauté. C'est l'ima-

gination, E¡u.,h, d'une part, et de l'aulre une faculté plutôt

passive qu'active que Platon appelle tour à tour l'enlhousiasme,la folie, le délire,

Des quatre facultés intellecluelles de l'âme, la raison, ï\'GÛ;,

inluition directe du suprasensible, la raison discursive et réflé-

chie, ~I:J.VO(:J.,l'inluilion sensible, 1I(.,tl" et enfin l'imaginalion.

que Platon nomme aussi Í':J.T:J.G(~,TO@2VT2GTtXdV,celle-ci est au

dernier rang. Elle est une pure représenlalion menlale de

l'objet actuellement absent ¡d'une sensation antérieure. C'eslla

mémoire d'un objetsensible, un degré inférieur de la perception

exlorne, 7r("tIÇ,mode déj1l.lui-méme lrès imparfait de la con-

1Rep.,III,313,b.; Epin.,915,d. deLegg.,Il, 668.2~VXOEYCùyla.Soph.,'l19b.

Rep.,X,G05,006;de Legg.,l, 800,d.; X,885.4¡lep.,111.395.s Phileb.,55,c, 56ci G2.

Corg.,~65,501;Ph~dr.,270,b.

Page 261: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI PSYCIIOLOGIEDES GnECS'Us

naissance. Elle part d'un sens, de la vue; un feu inl~rieur, par

son action propre, produit lavision. Quand l'agHalion s'en apaiso,

DaU le sommeil. Mais quand ces excitai ions inlernes ont élé

trop fortes, 103 mouvements qu'elles ont produils engendrent

des représenlations des objels, visions ~dont on se souvient au

réveil c'est l'imagination, ou faculté des images, représen-

lalive plulôt que créatrice, qui so rapproche du délire et se

confond avec le songe c'est le rêve éveillé de l'àme l,

Ce n'est pas assurément à celle faculté, sujeUe à tous les

égarements et à toutes les erreurs, qu'on pourra demander la

vision claire et pure de la beaulé vraie. Ce n'est pas- non plus

à la faculté de l'enlhousiasme et du délire, quoique peut-êlre

d'un ordre supérieur, qu'il faudra s'adresser, d'autant plus que

Plalon rapproche do l'imagination Je songe et la divination, et

raUache l'enthousiasme ou le délire à l'àme inférieure qui habite

auprès du foio,

Il y a quatre formes du délire si l'on excepte le délira pro-

phélique de la divination 2 et le délire purif1calif auquel préside

Bacchus, qui n'ont pas de rapport à la création esthétique

si l'on met de côté pour un inslanl, car nous allons y revenir,

le délire érotique ou philosophique, le déliro de l'amour du

vrai beau, il ne reste que le déliro poétique, inspiré par les

MusC.<;3, et don nous allons analysel' les caractères.

Bien que les arlislcs et les poètes doivent co talent naturel,

cet instinct heureux un don divin, ou plutôt démonique", il

1 C'csl dans le foie, oei habile l'!mc femelle,qucsc pas!'Cle phénomènemystérieuxdo- -l'imagination.Les faculitqsde l'i,nlelligenrc,.T,lx so~7vo7 Y~ll"1 ~u'n\l'envoient sur cel organe dense, poli, doux, Lnllanl, des pensées Q'<lVQT,\l~U,quirC(ucs sur sa surface luisanlecommedans un miroir, mç dvs'y lransfor-ment en images ell'imaginalion n'est autre que la faculléde sc rcpréscnlerdes idées sous la forme d'irnages. (:'(:.>1l'âme femelle, résidanl au foie, qui a la pro-priélé de recevoir ces idées el de les transformer en reprEsenlalions sensilJlc.s,%-j7c,,vc zut xanp·_iv EII,h Toni., p. 11. Voilàl'origine de ladisimclion que [llolin fera des deux formes'de l'iiiiaginalion, l'uno sensible, rellelde la sensation; l'aulrc intelligible,miroir de la raison. Ennead., IV, 111,30.

Ph~dr., 214, il. \l').v. ~P(ûILEYGIF~5l~;Tim., 12, b. mic dv9Eoiç~avs~fav;.a l'hadr., Rd5 Jon., 533, il. fJd').9, xi-dei.

0!!2 ddaavbiais le mol fJEîO,a ici son sens populaire el non ilidoso-phique.

Page 262: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

P~4T0\ 239

n'en est pas moins une folie, ~.nvlz Les âmes qui en sont

saisies sont des âmes faibles el tendres, qui n'ont point été

initiées aux grands myslèrcs de la vérité. Elles perdent la

JTiémoire\1, la pensée, et la raison; même elles ne savent plus

co qu'élles font ni ce qu'elles disent. Elles sont possédées,

dominées, et ne s'appartiennent plus 3. L'enthousiasme poéti-

que 4, 4Elx86vit~Ltç,ressemble à la verlu do l'aimant qui se com-

munique d'anneau en anneau. La Muse inspire elle-même le

poète. lo poète est commela Dacchanle5, qui après avoir perdu

la raison est transporlée dans un monde supérieur. Le poète

est chose légère, ailée, sacrée, mais il est incapable de composer,

à moins que l'enlhousiasme ne le saisisse, ne le jette hors do lui-

même et ne lui fasse perdre la raison. Car la raison n'est plus

en lui ce moment, b .,OÙ,1l.7~iC~TLEYOCOT(üEY%,pour bien montrer

que l'homme en tant qu'homme est incapable de cette produc-

tion, â.8Ú~:XTI);'itiç'¡tOI.£I.,!VOF(ù7r*Ç,et qu'il faut au préalable que le

Dieu lui ravisse son intelligence propre, b 6E~siEcttpo6~LFvoç-c),v

voav,afin que les mortels sachent que c'est la divinité elle-

même qui a parlé par sa bouehe6}J,

Ce n'est pas à un esprit ainsi ravi hors de lui-même, qui a

perdu la raison, que pourra apparaitre l'idée du beau, que la

raison seule peut contempler. La seule facuIlé qui le puisse,

c'est le délire vraiment divin de l'amour dit beau, c'est-à-dire,

le délire philosophique, pour lequel aimer et connaUre ne font

qu'un. La grande musique est la philosophie; qui n'est que

l'amour du bien et du beau 7 le vrai artiste c'est le philosophe,

Ph~dr.,263.De Gegg.,1\ 719.ovx~'w¢P~r:J{en.,99.voùv~T,lZOYT£(,IL.)!Ycir~scc.

nU;¿I1£vl)!;Apol.,t2. ouaoylaâ~n ¢3awn'IL3 Ph~dr., 'U5. ŒY£VIL');V!'); <ini1¡( C~,lg4CTE(le poète) xal T,'ltol'"al;,

i Phxdr., 2.&9, e. tr4.vafawc: Jo.. 535. T, .}v'l. h&6val'ÍCova'J:; id., 533.

h6ovO"I'J:CI,Hwv¿p¡L'J:6¿,; l'hxdr., 219, d. iv6ova!~Cwv. Hi.6ô TOV' 7co».5ç

Tim., 71, e. on lrou\'c pour ~uiWcnl~ !'v9EO~;Symp., 180, b.

Jon 533, c. r, Il,Jax lv6!ov;'lt1)1£: l'v6t"l OV1O;X'J:\UTE'l.¿\1£VI)!.5 Dacchalur valC5 magno si pcclorc po5Sil

EteuS5i5ScDeum.e Jo., 533,531.

PAredr.,2-ISjGachès,188,d.; Ph~don.,GO,61 Rep.,III.3U,

Page 263: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L~, PSYCIIOLOGIEDES GRECSj-W

seul capable de contempler les idées, et auquel il surfit de

demander en outre un certain don nalurel, ¡Ûr'J-l¡c,sur lequelPlaton ne s'explique pas.

Sous-quelle forme, à ce véritable arliste, apparattra donc la

beaulé, et sous quelle forme la représentera-t-il?

Rien n'est beau que dans une éme; l'âme c'esl lavie, principeinlerne et un du développement de l'êlre. L'œuvro d'art belle

sera donc, dans la mesure où elle le peut, vivanle, WIJ7ttptCÏJ?V,et

comme le caractère de l'êlre animé est l'unité et l'individualilé,

puisque tout ce qui n'est pas un est inorganisé, elle devra

être individuelle et une, de plus, entière et complète, formant

un toul dont les parties soient en rapport intime les unes avec

les autres et avec le lout lui-même, 6).Gv,n).dGv, a'JVllJTivxl.

liais cette composition du tout, celle unité du multiple a

plusieurs conditions la proporlion, l'ordre, l'harmonie, ~up.fl-t-

Tp(a, Tiçl< xdafl-o<;'le rapport des parlies entr'ollcs, ~npi7roYT-i

OCLAT,ÂGIÇxa! y 6)'<:>,et de plus la mesure, P.£TPlk'I< la limite,~6 7rip2c.Car tout ce qui vit ne vit que par la limite qui le déler-

mine, l'individualise, le conslilue. L'illimité est la laideur,

.z:J.tTph<;8uaElÕ~<;yi';o; Enfin l'acuvre de l'art véritable doit cor-

respondre parfaitement à l'idée vraie de la chose qu'elle repré-sente et contenir une représentation vraie, 4PQdT-fi,d'une idée

vraie, 1t'2pi8E1Yfl-'2,:a-I¡Otlx.

Mais comme ce sont là à peu près les définitions du bien~, il

en résulte que les deux idées sont bien près de se fondre l'une

dans l'au Ire, Pour éviter celle confusion, à laquelle le s}'slèmedes idées l'entralne, Platon se borne à dire que le bien ('si plus

éblouissant, que l'àme n~ saurait en supporter la splendeur, et

il semble allribuer au beau quelque forme sensible, au moins

dans l'imagination. En résumé le beau a pour caraclère de pro-

duire dans l'âme qui le contemple une volupté particulière,

1 Corg.,501,d., 508,a. d~lc X(I\x6al1o;X(I\tllV1¡'t Damle Philèbe,61, la beauMde l'âmeesl ramenée"à la mesure,la proportion

el l'barmonie.

Page 264: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PLATOX 241

inclfablement douce l, qui la pousse à en reproduire l'idée dans

un objet exlérieur et sous une forme sensible, dans laquelle elle

s'eO\'cloppe mÓme pour apparailre à l'imaginalion de l'artisle.

Le beau, c'est l'idéal, c'esl-à-dirc l'idée in concreto et in indi-

vicluo. L'arl (lui le représente doit avoir pour but le bien il doit

avoir une connaissance vraie de son objet, qu'on ne peut aimer

sans le connallre, ni connaitre sans l'aimer; il doit pouvoir

rendre comple de ses procédés el de sa rnéthode, et être abso-

lument désinlérc:3sé 2. Dans ces condilions, il peut devenir un

inslrumenl ulile de l'éducalion, qui que la discipline du

plaisir et de la douleur 3.

Si Plalon n'a 1)aafondé une théorie scienlifique du langage, il

l'a du inoin,, éhauchée. C'est dans le Crae~le qu'il expose à ce

sujet son système, ou du moins la solution qu'il présente de ce

prol~lcme (lui a fort occupé les anciens et cette solution est

aussi scnsée que forte: il y-a un élémcnt nécessaire et ohjectif,

cl un élément accidentel el subjcctif dans l'essence du langage 5.

Voici comment il r arrive il r a des jugements faux et des

1 Phi(eb., 31. Le vrai bcau cmporle avec lui son plaisir propre, iei ""lit ;cn0'

(l'Z n. ;;r.vi; oize:zc E~_r,, ci ce 1.1,iizirpro\'ienl de la conteniplalionde

quel-lueclwsede divin, qui rétablit en nous J'harmoniede notre liroi-re nature; en

quoi consi-ter-récizulmentle vrai l'hi-if.i Dansune(11;;in~ali')J1des arts, que je ne \"CUIpas ici exposer, Plalon reconnall

que les choses onl une voix, une furme, des couleurs, que l'arl wlgaire s'efforce

de rq,ruduir~; mai; elle3 onl surtout une essencequ'il ilc;lincapablede comprcndreel par suile d'imitcr-Ccl~cn~lanlla 1..lrolehumainey pénètreplus nanl que la pein-lure et L~mu,i,]uc. Cral~l., I. dz3,d.

3 Ce;1 une cooçc assez reni2rolu-it)lcque Plalon, si sé\'èrc aux hommes et aux

chosesde son leniiis, reconnll1 qu'on ne l'cul guère rien Irou\'er de inieux que le

sy3tèiiiede l'éJucalionpr~li'l"ée 11AIII~nes.lfep., III, 3~G,e. Fùpsiv (i·_).rlu~

c .j¡¡~Jroi 1t1)).l~')ZP~"i~'JE-j~r.~hr.Scil. F.mp., a,rt·llarle 1,37. 1,j'¡E' -ri i.vl.~a;n T,G_zs~.Aul.-Gcll., i1'. All.,

X, ,t « (terii ~anein philusoplli.edis>crlalionihuscl'lebrem..Aristole prendra parliconlre la Ih~:>èd,(l~r,ldil(', qu'a,Jol'!Crùnl,en les sloiriens,

5 On a voulu nc voir, dans la théoriede Plalon, que le c61épurcmcnl idéal. IToelh.

de Inltrpr., E~.311. « Illitu \"CN¡Il colibro qui inscribilur Cralylusaliter (autremenl

qu.%riiiotequi awil dil, r, '~J;F,rYxv>,n~).).n ~£r,ZI)e,sc con<liluil, oralfonem-

que Jicil supclletlilem quamdam tlilue inslrumenlum esse significandi cas res quænaturolilerinlcllcdibus concil-iunitir,euriiqueinlelleclum\'ocabulisdiscernendi quodsi uume inalrumcnlum secuiidiiiiiiiiturani C>I, ul l'idendi oculus, nomiua quoquesccundum naluraro e,sc arbilralur J. ~lais Alcinoüs, c. G, ajoulo avec raison

el ~~t0 UEatv Ù'J'l:7¡;Zmt! b',o¡L:Í<w',<r,'Jbp5a.;cz.

~N\L~SES. l'a~·.ho~~dÎl. lti

Page 265: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1115101111':DE LI PS\"CIIOI.OGIEDr.s CIIECSYlY

jugemeuts vrais, c'est-à-dire des jugemenls qui répondent, et

des jugemenls qui ne répondent pas à la nature vraie des

choses. Or les jugemenls ou propositions sont composés £le

mots donc ces mots, parties intégrantes des jugements, doivent

et peuvent répondre à la réalité, si les jugements sont vrais.

D'ailleurs si l'usage et l'habitude produisaient seuls les mois

d'une langue, un individu aurait le droit de donner une seule

et mème chose une infinité de noms ce qu'on ne peut admellre

qu'en admellanl le principe de Prolagoras, à savoir, que les

choses n'ont pas d'essence propre et objective, qu'elles ne sont

que ce qu'elles paraissent èlrc à chaque individu, dont la sensa-

tion est leur seule mesure. ~(ais cette lhèse a été démonlrée

fausse les choses ont une nature propre, une essence qui

leur appartient, indépendante des sensations des individus el

des conventioiis arbitraircs des hommes.

S'il en est ainsi des choses, il en sera de même des actions

qui ont rapport à elles. Or parmi ces actions, il faut compter le

langage qui n'existe vérilablement que lorsclue les mois sont

conformes à l'essence des choses qu'ils veulent exprimer, et

conformes aussi à l'essence, à l'idée du langage. Le nom esl un

instrument qui doit èlre contectionné d'après l'idée même de

la chose laquelle il doit servir et l'idéc de la fonclion qu'il

doit remplir. On ne peut couper que comme le veut la nalure

de la chose couper et la nature de la chose qu'on appelle

couper. Or le langage doit servir à la communication des idées,

il faut donc qu'il représente ces idées mêmes. Les mots sonl des

représenlalions des idées des choses au moyen de la voix.

On en verra la preuve si l'on examine avec soin la conslilu-

tion de la langue grecque, dont les mots représentent avec plus

ou moins de clarté la chose qu'ils ont à signifier 1.

Ce qu'on dit des mots, il faullc dire même de leurs éléments,

1 Plalonentreicidansunesériederechcn:hes~1)lIIologi'lues.donlla plupartsonl

fausses,quC~lue.uneséli-angeielqui, peul--¡llre,ne sont loulcss~rieusesje dis

pasIOIlIe.>.car c'csl une opinionmal fondéede ne voir p:lrlolllici qu'un jeuironique.

Page 266: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PIATO.'4 'l.\33c'est-à-dire lies sons primilifs et simple;; dont ils sont composés.

Ces dlumenls onl aussi leur significalion propre, leur vertu

nalurelle d'expression, el les mois ne seronl bien faits que s'ils

sont formos de sons qui reproduisent, non les propriétés acci-

dentelles, mais les allribuls essenliels des choses.

Si l'on objecte que dans celle hypothèse il n'y a plus place

pour l'erreur, puisque si les moIs ne répondent pas à l'essence

des choses. ce ne sont plus des mois, mais des bruits sans signi-

fication, il faut répondre que le m~l est, il est vrai, une image de

la chose, mais que l'image se dislingue toujours de la chose

qu'elle imile. Il esl donc toujours possible que, par une cause

quelconque, on rapporle le mot image à une autre chose quP,

celle laquelle il se rapporte naturellement. C'e~l par là qu'in-

terviennent dans la formai ion des mois, comme aussi des pro-

positions, la convention et l'arbilrairc. JI y a ainsi un élément

suhjeclir dans l'imposilion des noms qui ne sont pas produits

exclusivernenl par la nalure, mais en partie aussi par la con-

ventioit. Il y a des noms mal fails et plus ou moins mal faits.

;tlainlenant dire que quand un mot ('il mal fait, le mot n'est

plus un mot, c'est une exagération erronée. Celle imperfeclion

est de la nature même de l'image, qui ne peut pas contenir tout

ce qui est contenu dans l'essence de l'objet.

Il y a une idée du langage, que le langage fait effort pour

réaliser, mais qn'il ne peut jamais réaliser parfaitemenl, parce

qu'il est de l'essence mcme de l'idée de ne pouvoir jamais

Irouver son exprcssion adéquate et parfaite dans le monde des

formes sensibles auquel apparlienl la parole 1.

La seule définition de l'éloquence oxprime le rapporl inlime

que Platon élablissait entre cet art et la psyclioloçie. L'art

oraloire est en elTet défini par lui ~ui'.(1.ywy(zmc ~11)l,yWYi, et soit

que l'orateur veuille éclairer ou tromper ceux qui l'écoutenl, il

faut qu'il sache exaclementlcs choses donl il parle, ne ml ce

1 Voirmon ouvrage La rie el les ~c~i(rde Platon, p. ni. Analysedu

Craylc.Phadr., 3G1,a, !iI, d.

Page 267: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA P~l'CIIOLOCIEDFS GRECSlit

que pour ne pas se laisser lui-m~me tromper il doil donc con-

naUre l'idée vraie des choses. Sans cela point d'art 1. L'invention

est à ce prix.

D'abord il faut définir i puis élablir l'ordre des parties qui

fait du discours une unité vivante, un étre animé complet, dont

les membres sont en rapport intimo les uns avec les autres etayec

le tout. Pour trouver l'ordre dc~ parties d'un lout, on doille

diviser m~lhodiquemcnl, suivant sa nature, G'u'I1ywp\ u\ 8wç€-

cwcJ, faire un ce qui est plusieurs et faire plusieurs ce qui est

un .t, ÉY%2!-O~,Î,Z.

Les préceptes pratiques sur l'emploi de l'exorde, de la nar-

ration, du vraisemblable, des lémoignages, des preuves, sur la

réfutation, l'éloge elle blâme, les moyens d'exciler les passions,

sur les tropes et les figures, sur le style en un mol, tout cela

n'est pas l'éloquence, mais en esl la préparation nécessaire,

zpi~T-~cTF.z'r7¡ç:J.7-j-n-¡:zTout cela n'arrive pas au but qui est

d'entratner l'âme et de la persuader.

L'éloquence exige trois conditions: le génie, l'art, la pratique.

Pour arriver la perfeclion dans un art quelconque, il faut

avoir eu commerce avec la philosophie elle seule donne à

l'esprit la hauteur, la largeur, la force, la grandeur. C'est à

Anaxagore que Périclès doil son éloquence

Qu'est-ce que l'audileur? Un esprit, une tme comment

convaincre ces esprits, comment loucher ces nmes, si on ne

sait pas ce que c'est quo l'àme, sa nature, ses facultés, ses

idées, sa deslinée.

Il y a des âmes et des esprits de dilférenles sortes il y a

aussi des formes de la pensée et du stylo cliverses. 1~'art est

d'approprier les idées et le discours aux esprils auxquels ils

s'adressent.

r PA~dr.,259,b.Id., 2Gt,1,o.3 Id., 265,c. 2GG,LI.4S. lug.Id., \!G!J,b.

Id., 270,b-; 272,b.

Page 268: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

r~Tm 215Mais l'âmc n'esl qu'une parlie du monde avec lequel elle esl

dans un rapporl nécessaire el conslanl. Comment donc con-

nailre l'âme, si 1'011l1econnatt pas l'univers? Ainsi la philosophie

est nécessaire l'oralcur sous ce rapport, et sous un autre

encore car il a hesoin de la faculté et de l'arl de la dialectique,

dont la philosophie esl la science, et qui est la vraie philosophie,

celle qui nous fail connailrc les dées du beau et du bien.

Ce sont là les vraies matières de l'éloquence, qui se propose de

dire non les choses qui plaisenl aux hommes, mais celles qui

plaisenl aux dieux, c'csl-à-dire la vérité.

Dire la vérité, mx).r,9-r,voilà la vérilal~le éloquence.

Page 269: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CIL\PlTfiE 1'ING'I~-TIt0ISl~IF

1.' Axe 1 EXX¡'; .1C.1DÉ~IlE 1 SPI-: U SII'PE

Des disciples iinrnédiats de Platon qui lui succéd~renl dans

l'école et prop3gèrent ses docl r ines, nous n'avons guère à relever

flue les noms de Speusippe d'Alhènes et de Xénocrale de

Chalcédoine~, comme av_ant appol'Ié quelques contributions

personnelles à la théol'ie du maUre sur l'me, théorie (lui avait

pris, dan. les dernier:; Ulnps de sa vie, un caractère myslique

ct pylhag ~icien.

Srcuaily nevcu de Platon, c'esl-à-dire fils de Polono, sa

sœur, et d' urymudon, prit sa mort la direclion de l'école et la

gardapend"ll

huit, ans. Parmi les nombreux oUYragcs donl il fui

t'auteur el q'l'Aristotc achela, dit-on, trois lalent~, on lrouve un

traité spécial en un livre qui porle le litre: ,a~t · f~y=rrç,un autre

d'un objet plus général, inlilulé ;¡-~?\ t')'Í'{ZÇ, en un livre éârrlc-

ment; plusieurs ont des lilres (lui se rapportent la momIe,

1 -NI.[lavais-son (J/ef. ,rAI' Il. 118) avait promis un F.ssai srrr l'llis(oire el Ics

Uoclrines rle l'uncienne r1 cudémie, promesse yui mallicurcusmcnl n*,tap,mélé tenue.t

Philif'fll:! ,rOpllnle n'esl guère connu que comme rt'tlilellr tics Lois cl l'aulcur

présumé ,lu livre intilulé Eyinomiaqui le Icrminc- In 1.111 :)7; S~iitl., rr).v~ro~.licaiée de P¿rinlhe wait sirnplemenl mis pJr coriiiiie tkaucuup des autres dis-

ciples tic Plalon, ses Iccon5 orales (Siml,1 l'h~s., r' 3, lt, \0 1lJ;Ari, l'hys., ,1V,

n! riy~xrov mr.o·~afa~, iy~~ fY ~~y~:xr':L,f]lI'ri,hjIC Ics mtuse de n'aH1ir pis luujnurs

cOIllI,ri;es (Ari;l, H'lem. 1/1/1'/11"Il, p. 30, ~!cilJUm). mradi,le du Punl, Irins(u,7e

tic l'école plalouiricnnc, (»IL[itplulo\l,r.li1!clll'5 un éniilit ci un mallnmalicicn qu'un pLi-

Polénion, ~uccc>cur tic lEmxr.ae, Cr.-ilès,de P,Mmon, ci Cranl"r

n'ont élé 'lue Ics fidèles iiiici-1-i-èleide la dalrinc ,le récole (Cie., JCII'¡., l, 9, dili-

Ecnlcr ca. qua' a slIr,criorilJu5 arfl'pcranl, lucronlurj, quoique :\umériui Ir:aseb.,

l'r:~rp. F.r., XI\ 5) les actuse .1Uronlr,liro tic l'avoir profundémenl allertle lt~n-.zT,

1t~p=¡j..j~~T£',TZ ~= t¡t?E~>'IJ~'Hf'J Ct.~xlYIIIfIY7lvtj, 1'[~(~ ~1':I~~ï.~I.

Page 270: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

L'aICIF\E .1G.~DÉ111E SPEUSIPPE U1

par exemple: Arislippe, le Citoyen, de l'Amitié, de la Jl~slice,

de lccIlichesse, du Plaisir, A>~islippe,el enfin dix livres d"O:J.

fréquemment cilés par Athénée, et qui semblenl avoir eu surtout

pour objet l'llisloire nallcrelle 1. Nous ne savons auxquels de

ces ouvrages sont emprunlés les maigres et insuffisanls docu-

ments et renseignemenls, car ce ne sont pas mLme des

f('agmenls originaux, que nous onllaissés les anciens sur

sa doctrine et en parliculier sur sa 1)1,setiologie.

La définition de l'âme qu'on lui atlribue est celle de l'âme du

monde ou de l'âmo divine, el elle a un caraclère lrès neltement

p)'(hagoricien. Dans quel rapporl à cette Cimeconcevail-il l'âme

de l'homme, c'est ce que nous ignorons. Quoi qu'il en soit,

l'âme élait pour lui une substance, et une subslance d'un ordre

absolument distinct et différent des subslances d'un aulreordre.

Au lieu de se borner à établir trois sorles de subslances,

comme l'avait fait Platon, savoir les idées, les subslances

malhémaliques et la suhslance des êtres sensihles, Speusippe

les avait mullipliées 2, sans chercher les déduire il posait

d'ahord l'un, qui en commençai! et en dominait la série puis

il continuail en posant pour chaque substance des principes

dilférenls et dislincls, les uns pour les nombres, les autres pour

les grandeurs, l'autre pour 1'.Ime, et même s'il faut en croire

Asclépills 3, il dislinguaitet séparait la suhSlance de l'esprit, v(,iJ;,

de la substance de l'âme, ,}uZ''¡.1/ déchirail ainsi, comme le lui

reproche Arislole, la grande unilé des choses. Cet esprit n'élait

itlenlique ni à l'un, qui parait n 'avoir cuqu'une exislencelogic~uc

1 n. t, 4 -1 r15;Alhcn.,III,sc; ut, 105.,\1'rel., 1~11,2- 2:aE3ala~TO;").rI,,u, 2uaiaSnn~~I)t.h"; &¡;I1~.I);,x".(\

&pz; ÉX12T,:(J'Íx; ply &¡;I1WV,n7.).r,vlÈ IHy~9wv,Ëmlu o}uz"çxx\tl')ljt~vG~TOYT~¿7tI}VÉ,TEXTEiYE!T'i; Gv2I'l;.

J A<;clcp.,Sth. Ar., HI. -,ta%").¡v a'7?.r,vo;2iaYvouxi%~l):r,vC'estr-arecque danscellesérieprogrc:ivedes~Ircjref,r~.5l'nl~slkarlesnombres,iln'yaoudumoin;l'onn'aperçoiiaticunr.lppcrldecause3cllcl,11r.'J!vO"JI1""))f'i~:X1&nf,).I)I;~I<¡;I,TEp:XT0:(v2TC~·.v,Ivrconséqucnl,aucunortlre,aucunehumollie,'u'AIi,lolcl'accusetI'a,.oirtlhlliré l'unitédu monde,commeun mauvaispotlodéchircl'unitédeson œunc en la comp:anl d'épisodcssans lien, l'r.H'lw'r,; ·.ban dxTiw.jllY4llÉYfalYL)21L5Pl'-l)z6f.?x~¡;2Y~)"!X-Jfet~,\11', 111.

Page 271: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA PSYCIIOLOGIEDES CItEfS~18

et idéale et n'èlrc pas pour lui une réalité vivantc, une sul~s-

tance psychique, ni au bien 1. C'est une nature individuelle,

propre, ¡;¡;IIjf'J-;¡\1.

En quoi consistait-elle? Jamblique semble ranger Speusippe

comme le platonicien Sévère parmi ceux qui faisaienl renlrer

l'essence de l'âme dans l'essence malhémalique. Celui-ci la défi-

nissait la figure, parce que la figure est la limite de loute

exten..ion, et que l'i'tme est la faculté, la puissance ntéme rie

l'extension, ~rfoxç~n;¡!:x"d'1~\I);x:xl :x,jT-~ Speusippe la

placait dans l'idée ou la forme de l'exlension indéfinie, de ce

qui s'étend et se répand partout et en tout sens, ~niÕt?-rou ~71'JT-fi

ÕL'1:'1n.T";]3. Nous relrouvons celle définilion développée, allri-

buée par Plutarque à Posidoniu5 l'âme est une substance qui

se répand et pénètre partout, suivant un nombre qui enveloppe

une constante el persiçlanle harmonie 4.

Celle force vivanle, viar aniu:alem, donlla fonction et l'es-

sence est de gouverner le monde auquel elle. est immanenle,

qua ortlnic~ regantrm 5, celle substance supérieure et divine,

G7tiv!dvTITOT~u:ont\ a sa place au centre (luimonde, à une égale

distance de ses deux exlrémilés 1. C'est bien là la doctrine du

Témée, idenlique elle-mèrne celle du feu central, ou âme du

monde, qui, suivant les pylliagoricieris, du ccnlm oit elle a sa

demeure s'étend aux exlrémilés du Tout qu'elle enveloppe.

C'est une conception toutc pylhagoricicnne 8.

Cette âme qui se répand partout portc partoul avec elle sa

propre essence, c'est-à-dire la vie et la vie éternelle car si,

1 En cela il ~c sApmede Pylliigoreflui,outre 1-tdY,l,t,~inMfinii',idcnl6lucaudémonel au mal,elprincipe~1cla1,luralMm31rrie!le,!'o,,1illi mf¡n1¡/e,iJcnli~lucàDieuet auipien,quin'~l:Iilallirecho-cfilleh niluredcl'un,zo'7 b~ ç;-jo¡,ç-

Stob., l., t, 58. 1:Z.TO'I'I5J'I n7T:T'o ~t, 0'JT3Ti~l9lyarl',):O'!n.T9';O¡;'JT,1,'tin n'l'51p.1ilin ~Ire-J,Iel. I1' 5. êv n !!V21Tb€r a~:T%

Stob., Ecfog., l,(1-FGO-9C_c lle Cen., An., Ro. i~1 T7~r.xvrr, T:zarxrovxa0' 4PIO~L"Javntar~,on

&PItOv/7.Vmp'!Z'j'/U.6f.ic., de i1'al.D., l, 13,22. Jlinuc.Féliç,Oclnr.,19.a z~ Tilt'OVle resl'ecL1ble,le ~inl, l':ulora(¡lc-

1 Theophr.,.I/d., 322.8 Docckh,Fr. Philol., p. 1G7.-r5,TI¡ô>.onmpltZ&'J'12'yv/3;.

Page 272: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1,'A,NCIF.N.IÇEAc\OtmE srF~fs~rrF 219

d'après Philorlèmc, Spcusippe nedonne du'aw9mes des hommes

verlueuz el bons la nature divine, cluoiduc d'un ordre imparfait

et inférieur l, 0lympiodorc place noire philosophe en mème

temps que Xénocrale parmi ceux qui poussaient jusqu'à l'al)sur-

clilé le dogme de l'immortalilé des èli-es'2.

Celle ane, si supérieure qu'elle soit dans la fonction qu'elle

exerce comme dans la situation qu'elle occulte, n'est pourlant

pas le bien en soi, le parfait. Ellea seulement en soi la faclllléd'y

leiidre, de pousser dans la voie d'un progrès cl d'un (lévelop-

pement continus les êlres, el de réaliser en eux le bien el le

beau nous louchon, ici au germe de la iliéoi-ie é\'olutionnisle

dont le principe est pr,;cisémenl celui de Speusippe le bien

est à la fin et non ait commencement. « Ceux qui pensent, dit

Arisiole, avec les pphagoriciens el Speusippe que le premier

principe n'esllJJs le beau et le bien parfail, parcc que les ptin-

cipes des animaux et des plantes sonl des causes, et que le beau

et le bien ne sont pas de l'ordre des causes, ceux-là se

trompent 3. Quelques théologiens ne regardenl pas le bien

comme un principe; mais ils dis-2iit que c'est par un dévelop-

hcmcnl de la nature des êtres que se rnanifeste el se réalise le

ben et Je 1)lelt: ~)J,~fi .-7,~zwv~úJ'l 9ÚG£w';7.:r1T~~F.rJbvv

xxI -,b;cz),).·.i!J.?x(~£G(j1.'&.Aussi celle i1<me,qui communique fi

lous les êlres la vie el leur nature, n'est pas la perfection réalisée,

c'est le principe laie nt et sourd de toute perfection déposé dans

chaque êlre, et d'où sort, par la verlu propre el la force sponlanée

d'lin développement progressif, leur beauté et leur perfection.

On ne peut faire que des conjeettii-es sur le lien que dans la

ps)"chologie de Speusippe pouvait avoir celle doctrine avec la

tlréorie de la connaissance.

1 Pilitodem.,col. 7, b. ·fv/àç 'r{;)~)('l)W,1<7Y(lQ{;)V9tinç>.1yr,1"/?" "11ù;;1:1<crn?,r,rË?,;1< ~)).=_tr.·.·irsx_.t.cnomlieS[Wusirrcn'~slpis con,en,l; on leréraMil~ar ronj('f(urerl'al'r~sla l'lareque le pa;.s.1gCoccupenanl Arislole.

Sch.in l'h:wl., p.9~(t'inrk)- ->1IlÉ;¡PEiç-i).~yi:x;(-iT<?:f¡nlC'1'J'¡¡),4, siwph 7t:xbiM'/ 1<:J'l:m.j'1' Uiels,lwogr., p. 539.les moisl'ZP'r7,ç¿Ù'1yl:x~signifienljUSlJu'!Jla classedes tires sms raison,jusqu'auxarùniaux.

3 XII,1.1J/d., )CIY,4.

Page 273: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTomK DE 1, PSYCHOLOGIEDES CREI_>250

On y voit poindre le germe naissant de ce scepticisme plus

ou moins mesuré qui caraclérisera l'Académie. ( II ne faut pas

croire, dit Aristole, que celui qui définit et qui divise soit

obligé de connaitre toutes choses. Il en est r~uelqucs-llns, Ttvig1,

qui soutiennent qu'il est impossible de connaUrc ce qui distin-

gue chaque chose de loules les aulres, si on ne connait pas

chacune d'elles, et si l'on ne connall pas ce qui dislingue une

chose des autres, on ne la connaU pas. Pour connaltre une seule

chose on est donc obligé de les connallre toutes, et comme

elles sont infinies, et qu'on ne peut épuiser l'infini, la connais-

sance est impossible.

Malgrécela, Speusippeavait formulé une théorie de la connais-

sance dont Sexlus Empiricus nous fait r.onnallre les traitsprin-

cipaux c Speusippe se fondant sur ce que, des choses les unes

sont sensibles, les autres intelligibles, enseignait que la raison

scientifique, T~Y'az~ztr,;a·.wx~Y~6rov,élaillo juge des intelligibles,

n XPIT'f¡f'WI,c'est-à-dire la facullé de l'esprit par laquelle il les

connait avec cerlilude, et que la sensalion scienliflque, T-f,,o

bl"T1j!J.I}Ylit' était le juge des sensibles. Par sensation

scienlifique il enlendail celle qui peut connaUre partiellement la

vérilé fondée sur la raison, T-tlVI1-En:).(J.!J.~iYI)'J'I''1YT-f¡,X'ZT'2).y

Car de même que les doigts de l'aulNe ou du cithariste

possèdent, il est vrai, unefacullé d'agir d'après les règles de

l'art, mais qui n'esl pas éminemment consommée en eux-inèines

et dépend d'un exercice rationnellement disposé de mèrne

que la sensation du musicien a une perspicacité sllre, ¿VipYEI1",

qui lui permet de saisir ce qui est conforme et ce qui n'est pas

conforme à l'harmonie, facullé qui n'est ni indépendante ni

absolu£', o~~ mais qui est le produil de la raison, h

1 .\rhL, Anal. l'oal., Il, 13,!Il. !'hilopon,Th~mi5le,un anonymequisc réfneIlEudtmc(Sch.in ,lr., 21R,a. 11-25),sonlunanimesà rapporterle molsr~Lcil

Speu~ippe.Je ne vois pas~Icraisonsfortes four n:c Mcitlcril le conle<ler.commele rail7eller,malgr¡ll'affirmaliondesplusprécizesdeThémisll',Sch.in ~Ir2~8,a. Spcusippca lort de dire qu'il est nére.ssaircqueceluiquiMfinilsaclic

10uI,sousle prélevequ'ildoitconnailrclculesIcsilifférencesde l'ohjeldEfini,parIC-5IJul'lIe.sil se distinguedesautres

Page 274: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

L'AXCIF~"XEACADÉ~IIE SPEUSIPI'E !51

).°YltjJL"üde même la sensation scienliOque a,

par nature, 'T'U1IXW"et venanl de la raison, la facullé de parti-

ciper à l'aelivilé scienlinquc et de connaitre avec certitude les

objets 1. JI

Il semble ainsi que Speusippe, conlrairement aux principes

do Platon, reconnaissail enveloppé nalurellement dans la sensa-

lion même un élément ralionnel, qui lui permet de connattre

les objels qui dépendent d'elle. Sexlus Empiricus nous met dans

un grand embarras de décider si cet élément ralionnel appar-

tient la nature mème de la sensalion, ou s'il lui est communi-

qué, comme une chose qui en serail naturellement dépourvue,

par la raison même. Car d'un côté il nous dil que celte sensation

intelligenle n'esl pas lelle cle nature, ,)Y. 'l..h,,?u-¡¡,de l'au Ire

qu'elle participe naluoellement, 1070':00;, la connaissance ration-

nelle. Quoi qu'il en soit, et en laissant indécise la solution d'une

queslion dont les ëléments nous font défaut, il est cerlain que

la connaissance expérimcnt3le, l'expérience, l'observation diri-

gée par la raison, avait pour lui une plus haute valeur que pour

le maitre, el que l'opposition entre la raison et la s~nsalion était

devenue moins profondo et moins lranchée.

Que signifio cet asserlion de Diog-ene que Speusippe fut le

premicl'flui, dans les sciences, chc¡'chaà aUeindro l'élémcnluni-

versel et commun, et les rapprocha toutes aulanl que possible

les unes des autres 2-7Diogène pouvait-il ignorcr ou devait-il

ignorer quenul n'avait proclamé elltermcs plus clairs ci plus forls

l'unilé essenlielle des sciences7 N'est-ce pas Platon qui avail dit

que toute li géométrie, toute la théorie des nomlrres, tout le

système de l'harmonie cl de ce merv-eilleux accorll du mouvc-

ment des astres, ne constituaient pour celui qui s3il voir et i-ocai,-

der en lout l'unité, qu'une seule el mème science 3'~ Pour qui

1~cxl. Fanp.,1111'.Ilnlh., et 1\G. rj~lTWx1f T, hWH¡¡"i, 2ï.-¡Q,¡,;~vWxG~çG)Ç rou >Y')'J rrç émrsir,(lovexi,ç JUT:t12~u t~Îi' ;cr~C~j'(l~¡"ri.wxEw£v~w~1~y'nrJl1~'¡-i 1, L., I~ 2 ·,ûro; 1t:;¿;).tl)~"o~vroSG(.1:I~T.!J~'7~'EAEx?IT9Til xQ:Yi9:<'£,t¡"J"n~x.~JwtJ[x~O~Ij'T,v~'J~:a't(JVcr,l).T,>-I)I~3

F~~i~!I:/I,c. 1"'1V&:lI';I\.WV';IV1¡>1Vt,V';II',El. ~v. 'JW' 61, ~nP).171(üV1'2vh.

Page 275: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOlfiF.DR 1..1I'S1'CIIOLOGIEDES GI\£CSq,~a

veul y réfléchir apparallra le rapport, le lien nalurel de toutes ces

sciences et leur unité- Si l'on objecte que les Lois et surtout

l'f:pillomis pourraient bien n'~tre pas l'œuvre de Plalon, et ne

pas exprimer fidèlement sur ce sujet sa véritable doclrine, L(i

Ilélm6liyuc, dont l'aulhcnlicilÓ n'c.'it pas sans doute con lestée,lie nous présentera- [-elle pas la même pensée, qui est d'ailleurs

au fond de toute la philosophie de Plalon. Il y parle de celle

connaissance rationnelle et mélhodique des choses qui aboUlil

à voir ce qu'elles onl les unes avec les aulres de commun et de

parenté, leurs rapporls intimes et pour ainsi dire de famille

et plus expressément encorc il dit ailleurs Il l'1me du vrai phi-

losophe est celle qui aspire sans cesse à comprendre le tout el

tout, et veut étendre sa connaissance sur l'universalilé des tempscomme sur l'universalité des êtres: o}Uz{1ue).).,Gsr, T,3 8),o'Jxz!

1:7.'rr~;-id .)?l'/Er,O:t! OEwph ;C2'IT~;:LlvZpd'/o'J, ;ci'H,'ÕÕ~o,jr,h,33

Certes Cicéron devait avoir sous les yeux ces profondes pensées

quand il disail a Est ettint illcc Platottis vera et libi, C.alule,

certe lion ittaudita rox Otouem cloclittam harutrt inr~entcaruntartiunt. tmo qnodant. socictatis i·incaclocotititteri 4. 1

S'il est invraisemblable que Diogène ait attribué à Speusippel'honneur d'avoir le premier professé sur l'unité des sciences

des opinions qui sont formellement exposées et développéesdans les livres de Platon, il faut donner un autre sens à celle

courte phrase, etc'estce qu'a essayé ZeIlCl",fort ingénieusemenl,à mon sens. Il remarque que parmi les ouvrages de Speusippe,il en est un, inlilulé les O":J.O!2,qui avail pour objet la bolaniqueet la zoologie, et que dans ce livre, d'après les cilalions nom-

breuses d'Athénée, il s'élait efforcé d'établir les analogies d'or-

~Epin.J`JI.d~yzp:c:~uxi.W 'IT6)'/TO'Jih1'/E~GzYIÿIYT6ES~11aavoov~Évw;.C'eslpourcelaqueArchylJs,dansun livre cil~par Nicom:tquede Cerue, dis.1ils Toulescesscience~sont :mur,, P. molque rt~le Jambliquc,in .1'icom.rt rifhm.,p. 9. ia). fâ -in.Jw'"

Rep.,~'ll, 531,d. r, ~I}'h~arivrw. pE9.3~c,H.,l1ti r?,v-in.>.WYXI}I"W'J"'xal byylY!17" nÔJt7 i~,i;zwvàn;'>'()I~oixeia.

J Rep., ~'1,-185,a.1Cie.,de Or., III, 6. Conf.,Pro Arth., c. 1, 2.

Page 276: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I:1\CIE.E ACAD~111E SPEUSIPPE 253

ganisation, de slruclurc ou de forme, Of7:p7:7d.-f¡'1t'l.8:J.ljt1.,entre les

espèces diverses soit do plantes soit d'animaux 1. Speusippe

aurail donceu le mérile d'avoir le premier ébauché une histoire

naturelle expérimenlale et comparée, cherchant entre les espè-

ces et les variélés les points communs et les l'approchant aulant

que possihle les unes des autres. Sous cette réserve et dans celle

mesure, il n'y a pas lieu de le lui conlcster.

Il serait plus inléreasant de savoir quel rÔle jouait dans son

système de la connaissance la théorie platonicienne des idées,

fondement de la philosophie de l'écolo l'avait-il abandonnée?

l'avail-il modifiée, et, s'il l'avait modifiée, dans quel sens et dans

quelle mesure? Ce sont des queslions qu'il est bien difficile dc

résoudre.

Arislolc menlionne le système de plaloniciens dissidenls qui

niaient l'exislence des idées, se refusaient à les confondre avec

les nombre3 pour en faire, comme d'aulres membres de l'école,

des nombres idéaux, et n'admetlaienl qu'un seul genre de

nombre, le nombre malhémalique, séparé des choses sensibles,

et posé comme le premier des è(res

Celle opinion csl atlril~uée par Alexandre d'Aphrodisée3 lant6t

u Xénocrale, lanlùt à SI)eusippe cl lénocrate réunis Zeller 5,

Seliwcgler, lIonilz Get Havaisson 1 l'allribucnt à Speusippe.

1Allren.,111,86.~¡a~ly''1'01Eivn; id., 105.T:!X~n,i.f,r,iç ,etvEh:!l; II', 133.Tt j(~~XW7t1j ;410Y 41141hY 'dfTt(&; IX, 3G~.

~:t~'1'iiç, 1'1"1ll;, P~1'"J;, èr."tcÍ.r,v,

~tl'Jt7.

9 Jlet., XIII,G,1080,b. 15, stlq.011.1Ti,yI- 'lOIn, ¡.t;'vov,z~t~¡.t),vEivztT6'/7L~~Jr4'IT(a!Y41TLJ'/'l.~Z(a);"tf'1(.1!"lI)"Tb> 1l?~JI,TiJ7;\III, 103.a. 21. :ot l!:7; (J! r;J( ort;rt:tr. Et'/7lL f'j~'j ?.t-:t>.w; rJ'JSE

.7(lrJ:lrJ-j; 't1'Ç fJVfj:r. 't~ r,~

J1:t'Jr,Ln~2E'11. tzl 'tl)~;~~I~¡J.Ç,.r..st~'J; tr.)'¡r~yt~)YI~7i ci"'Z;.o¡u.twvEtvn ~t;J s~ê1_t'èsl en celaqu'ilsse ,li;linguaienldesl'jlhagoriciensadriiel-laienl aussi commeprinfipcle nombre,maisnon st;[arLLdes choses,<tH,v'J-jXÕZW~I'1¡.t~1".\ri;lule, commeles1'}lIu¡;oriciens,['<'nicqueles grandeUrsni3tli(-

mali~uesson'dansIcscorps,ntaisnonles cnacte,corumcilsledi:cnl,ci sculeuœnlen l~ue~ncc_

Alex., in Ar., p. 722, 8-Id., p. 7GI.T. Il, 11.(j;j9.e In .Ilel.,1.1.1 T. 1,p. liS. S¡.eusif'l\C,p. 37.

Page 277: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

uisroneDEU PS\'CIIOWGIEDESGRECS251Il ne fondail pas celte conceplion sur les raisons qui l'avaienl

déj~t inspirée aux pythagoriciens, à savoir les analogies fonda-

mentales et essenîieUes des nombres avec les choses, mais sur

le principe mêmo qui avait amené Plalon à élablirles idées, fi

savoir, que, sans cette hypothèse, il était impossible d'expliquerla science des choses, aU '$n o~uho'lT'1!nutw at ÉnLZTŸ~ual

ËHyti:1)l, mais d'un autre côté il refusait d'admellre pour

l'expliquer soit l'hypothèse des idées. soit celle des nombres

idéaux, dont il voyait les dimcuHé3el les erreurs i. La racine de

son syst~me propre est donc, comme dans Platon, toute psyclio-

logique.

Arislole s'est chargé de les réfuter tous, et il oppose ceux

qui, comme Speusippe, ont subslilué au système des idées le

système des nombres mathématiques, comme principes des

choses, qu'ils ont lort de conserver à côté de l'unité mathéma-

tique 1'2uTbTbEvde Platon, parce qu'ils sont enlrainés par cette

concession à placer une dyade en soi à côté du nombre deux,

une Iri8.de en soi à côté du nombre trois el ainsi de suite. Ils

retombent donc dans les absurdités des autres systèmes, en y

ajoutant le vice de l'inconséquence.

Quoi qu'il en soit, d'après Speusippe, ce sont les nombres qui,

combinés avec l'un en soi, engendrent l'âme el tous les autres

réels, tandis que la dyade indéfinie ne donne naissance qu·-1

l'espace, au vide et à l'infini 3. Cette âme était-elle soumise,

comme l'avaient voulu Platon et P)'lhagore, aux épreuves de la

métempsycose, cela ne nous est dit par aucun témoignage, mais

la chose est vraisemblable de la part d'un philosophe qui se

raltaehait aux deux écoles qui ont professé celle doctrine Ce

.Ilef.,XIV,3, 1000,a. 20.t IJ., XIII, 9, 1086. 01 ptr Yip tà "W~tI,,<x ~vov not.OvteS 1t::l~ ti

aYa9r,tz, dpWneG 71£P% tà £FI tV'IxlpELn xzl rrH,'It, &niltr.,12V ân~ ~o(j

EÍ~1jtl1<o:ap.6¡.o.o,:>xzl t>m1La:6Ij¡.o.~tlx:¡'Il"oIIjI1::lV.3

Thcophr., Jlel., 312. ol t>, b xal sr,v ¡jI,OI'TtO'lE·isd= aowrvse; (le:; Plato-

121ciens),7r,).o0vteç 8mtà ¡.o.l',ân~r ti¡~ àr.pEasov t'J!Í'.o;, 0'«rjv 1;,ecùv, xal "l'lQV

u\ ~r.ElpO'l, tà d' àxo tLm ap.6¡.o.rd'lxal tor~ !v%; o`ov o}vX: u\ a).),~ ¿¡'tu.

0\ 1tEP' };1I1vomr.O'l. :E'IOXp!Ítlj"

Page 278: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

L'A.CIEN1Œ~ICaDF111E SPEUSIPPE 255

qui est cOl"lainc'est qu'il la considérait comme non soumise à la

1001'1,jusque dans les plan Leset les animaux, s'écarlant encore

en ce point de Plalon son maUre, qui avait exclu l'9me raison-

nable du privilège de l'immortalité, et l'avait méme caractérisée

par le terme de mortelle 1.

Les autres opinions de Speusippe sur 10 temps qu'il définis-

sait la quanlilé en mouvement 2, sur les éléments dont il portait

le nombre cinq au lieu des quatre admis par Plalon 3, sur les

vertus de ladécade, qui conlienlloules les essences et les figures

géométriques, parce que dans le point se trouve l'unité, dans la

ligne le nombre 2, dans le triangle, la plus simple des surfaces,

le nombre 3, dans la pyramide, le plus simple des volumes, le

nombre est 4, nombres dont la somme 1 + 2 + 3 -F 4 forme

le nombre 10, sur la morale, dans laquelle il ne s'écarlait pas

des principes de son école 4, n'ont pas d'inlérêl par elles-

mêmes, à cause de l'insuffisance des renseignements qui per-

mettent à peine d'en comprendre le sens vrai, les rapports

systématiques et les dév·eloppements logiques, et n'en onl, en

tout cas, aucun pour la psycliolo-ie.

1Plat.,Tim.,G9,c.Plut.,Plat.Au_,Vif[,-1-TQivxtv7ciEtItO'7&v,

J /am" Thtolog.Arilhm.,p. 6!.1Cie.,Acad.Pr., II, J3 .1caJ_,Post., l, -L de Oral., III, 18.

Page 279: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CH~1PITItE VINGT-QUATRIÈME

L'ANCIENNE ACADÉMIE XÉNOCRATE

Nous ne sommes guère plus en état de connaitro et de juger

les opinions psychologiques de Xénocrale, de Chalcédoine, qui

!>uccéda, à Speusippe comme scholardue de l'Académie, qu'il

dirigea de 339 à 315 av. J.-Cli., pendant vinot-cinq ans. C'élait

un esprit sans pénétralion, sans, vivacité, sans gr~lec1, el PJalon,

qu'il aimait passionnément s, et qu'il avait même accompagné

dans son dernier voyage en Sicile 3, reconnaissait qu'il avait

besoin rl'êlro excilé par l'éperon, landis qu'Arislotc devail i~lre

conlenu par le freins.~Par

une comparaison plus dhicourtoise

encore, il alpelait 1'un.un cheval et celui-là un flOc. II se livra

plus complélemenl que son prédécesseur à celle sorte d'j\'resse

pour les mathématiques qui, la mort de Platon et peut-être

déjà anlérieurement, envahissail la philosophie cl clélruisail le

sens phil050phique mème. Celle lendance le rejelait presque

fatalement vers les conceptions de l'école pythagoricienne qu'il

avait profondément éludiées 5. La musique la géomélrie

l'astronomie, c'esl-à-dire les sciences mathématiques, lui parais-

saient les selrles ansc~ par où l'on peut saisir le vase sacré de la

philosophie °.

1C'Ci!en vain que Plalonlui répéla Xclnmrite,sicrille donc aux Cricez.D. L., 1V,13.

1 Simplic.,rh~a., 2C~8,a. YY'1I.n~, TWVIl>wVQ; à.xPQ:nwv.Plut-, llio., il, 2:D. L., IV, 0-

a lambl.,Thtol. ~lrifhm..61.1t<Ip:a3:t'I~xp'¡~QU;i~<Ilphw;(J~WJt:x.¡f)!I'1W'/âri

IIv9ayorvxLw';xPQ:Í(J!w'o D.L., IV,d. h~\ ;;¡).I)(JQ1:<I'.

Page 280: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

L'A1\CIt:iXt:ACADÉ-\lŒ \É\O(:I1.1TE :!51

Ce: homme élail d'un nalurel auslère, jusqu'à en êlrc sombre

d farouche 1 il vivait enfermé dans l'Académie loul enlier aux

éludes spéculatives ou aux travaux de l'enseignement, et

n'e:nlrait qu'une fois par an en ville pour la célébralion de la

grande fêle religieuse des Dion)'siaques, au jour des tragédies

nouvelles 'i1,Comme un ascète il sul résister aux séduclions et

aux charmes de Phryné et de Lais, qui s'étaient inlroduiles

dans son lit 3, et il professait que c'élail le même péché de jeler

les yeux sur ce qui nous est interdit, E%s ü%!ad, et de meUre

les pieds sur le domaine d'aulrui Il a une douceur comme

une chaslelé évanoélidues un peliloiseau, poursuivi par un

épervier, .s'élail réfugié dans les plis de sa robe; il le sau~'a

des serres de l'oiseau de proie, en disanl du',1 ne faul pas lrahir

un suppliant5. Après la guerre Iamiaque (01. CXIY, 3), invilé à

la table d'Antipater auprès duquel il avait élé envoyé pour

Iraiter du rachaldes prisonniers, illui adressa, avanl de s'asseoir,

les vers d'Homère: « 0 Circé, quel homme de cocur aurait le

courago de gottler à ces mets et ces vins avant d'avoir vu

libres ses amis el ses compalrioles. »

Jlalgré Je respect qu'inspirait un tel caractère, modèle de

chaslelé, de \·erlu, de llésinléressemenl, de démuemenl à la

science, Xénocrale ne puuvanl payel' le tribul imposé aux

1 M.,I1"¡;J1tO;.D. L_,1%13; Plul.,de E-ril.,10,xaivoec'7Ybl;¡; ÈlnXO'1(Lb)Y,ro; Ef7'17Y,

loriryv. Sur les IragMiesnouvelles,et. Ikkkcr, Anenl., p. 309,Lel- Ilhel-

T¡;7y<:>1;')¡I1..~f:l, II. l'ar., 1', II, 13;\cltk-, Criech.Trag-, p- W9. Speu;ippen'e.1pasmenlionné,cummeXtlnocrateel l'illéinon,pouravoirfaitsademeureliabi-luellede l'AcJ.Mmie,cii, à cause.Je -si mal1\'ai;c-«ènté.il se !'t'nlhilen voiture-L., 11',3. ip 'O:¡L",UO'J.

D. L., IV.1 ÆI, Il. l' XIV, ~'cst-C6p15,-Yechlusde ro!sen-eel .Jechaslc'édans

l'eipnssion,le mol.JeS. V, 28 Quicomlucaura rcgarJéune femmeavecunmauvaisdésir-pourelle,adéjàcommisl'adultèredanssoncœur..r

5 !J-L., 1\ q.8 C'eslà ccre;j)C(1qu'onatlribuelesilencequegarde:ur personne ri;lole,'lui,

Jani les ,il-es el (\1rroisinjuslescrili'lues.Joniil puunuil1lesIlnuriesde l'étcleplalouieleonc,ne le désignep.1Suneseuleroispar sonnom.Il :'e -souvenaitquetousdeuxélrangen,ils avaientd~1chercheren>embleun asile la cour d'llermi.1s,lrraud'Ascosel d'Ala.mé.

f-HVCw. P~ythologlt. 17

Page 281: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L.\ PSYCHOLOGIEDES GIlEf..s~58

Nrangers domiciliés ne fùl 53U\'6 de la servilude que par l'élo-

quence courageuse de Lycurgue, ou méme, suivant une autre

tradition, n'en fût racheté que par la générosilé de Démélrius

de Phalère.

Parmi ses écrils, trop nombreux pour que nous puissions

reproduire ici le Catalogue que nous en a conservé Diogène',

et qui lrnitent de la physique, de la morale, de la politique el

surtout des malhémaliques, nous ne voulons citer que ceux qui

ont quelque rapport à la psychologie Un de l'ttme,

cle la Dialecliclue, (le la Science, des Cenres el cles espéces,

des Idées, deux lin'cs inlilulés -e~1 T~,v~dV~I2V,c'esl-lt-

dire, de la. Rccisolc cliscuasiee, cle Ice Jlémoine, des Pas-

.~IOIIS.

C'est lénocrate que Sextus Empiricus atlribue la division

explicitemenl formulée de la philosophie, en trois parties la

physique, l'élhique, et la logique, division conlenue implicite-

ment en puissance, comme dit Sexlus, dans les ouvrages

de Platon, et qui fut plus lard adoplée par les péripatéticiens et

les stoiciens

Cette division n'est pas sans importance elle implique une

conception de l'ensemble des sciences et de ses parties, el en

institue une c1assificalion systématique (lui révèle un sentiment

exact des nécessités de la science. Il ne suffit pas d'accumuler

les matériaux des connaissances, il faut encore les amener fI

l'unité par la coordination des parties, c'esl-à-dire les orga.

niser. La division de lénocrate est déjà une organisation.

Dans -cette orgal1isalion imparfaile, je n'ai pas besoin de dire

que la psychologie, dont le nom méme n'élait pas connu des

anciens, n'a pris de place propre elle reste, en ce qui concerne

la nalure et les fonctions de l'.5me, confondue avec la physique,

en ce qui concerne les principes des mocurs et les facuHés

D. L_,IV,13.j Sexl.Emp.,a~lv.Jlulh., \11, IG; Il. 1. 155,5G Atticus,dansEuseb.,l'rr~p.

Er., XI,2; Cic.,.Icad., I, 5; .\pul. de Uogm.Plat c Primusl'laloIriparli!J.1II~"iIÕ)úp"iamcopulavit. Iresparlesr,Ililosof'hiæcongruereinterseprimusobliduil.»

Page 282: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

L'A~CJE.E AC-41)ÉMIE X É.\OCRATt: `1.i99

morales avec l'élhi'1ue, en ce qui concerne la théorie de la

connaissanco et de la méthode avec la logique ou la dia!ec-

lique.

Chez Xénocrale comme chez Speusippe se manireslenl le

hesoin el l'effort de rapprocher et de lier,avec plus de précision

que n'a\'ail fait le maUre, les deux formes de la connaissance, la

perceplion sen si hie d'une 1)art el la connaissance inluilive de

l'aulre, qui saisit immédiatemenl les idées. Mais il est difficile

de croire qu'il ail, mieux que les autres platoniciens, réussi il

expliquer el perfectionner la illéoi-ie de la connaissance.

Sc fondant, comme Plalon, sur les di\'ers modes de la con-

naissance, Xénocrale établit trois sorles de suhslances, l'une

connaissallle par la raison, l'~ititi,e connaissalilc har la

sensalion, la Iroisième connaissahle pal' l'opinion,

~X'1T-Í¡. La raison fonde une science vraie el infaillible, ~£Ir.:V

TE X2\ ~x?.inç; la sensalion, une science vraie, mais dans un

moindre degré; l'opinion, une connaissance (lui parlicipe il

l'errcur comme tt la vérité 1.

L'amc n'esl poinl une chose qui ail figure; elle n'esl poinl un

corps Si elle est nourrie, elle n'esl nourrie que de l'incor-

porel, puisque ce sonl les sciences, incorporelles de leur nalure,

qu'on peut appeler la seule nourriture de l'Smc. Or Ics corps

nc sont pas nourris par l'incorporel donc l'ilme n'esl hoinl un

corps. Si on dit qu'elle ne se nourrit pas, la conclusion sera la

même car puisque loul corps rl'etre animé se nourril, l'¡\me

flUine se nourrit pas, ne ~aurail èlre un corps 3. Elle esl inunor-

telle 4.

Elle entre dans un corps, el p vienl du deltor~, 4~rz4EYmais

dans un corps déjà organisé car les aslres clio soleil, la lune,

1 1-zeit.Ernp.,mlr..llnlh., ''II, t 18.SuivanlThl'Ollu.V,18.Xe-nocraleri aluilnie11l'àniequetlCUlfaculté T"lJ1v<1io¡~r,nx;,v(dV:JI)TT¡;·fv~i:; éyf,T;'.3 hr'xl,v.a l:ic., Tnac.,l, 10. Animiet (orl'u,essenegal-il.3 ,\cme~ de ~af. homin.,c. 'lui, aprts la prcmiureliranctieJu diloinnie,ajoulc Iciesl l'argumentde X{.nocrale,mot.qni scmblcnldevoirEgalcmcnls'3f'J,li-.quer11la sr.:on~e.

1Tlieodor.,de Cr. cnn.aff., 23. !'y~2~T~VrJ><11TT,V'}'.IxY,v.Slob.,F.rl.,l, .tS.« X{.oocralc(~ens06upa9evli¡xpÍH"u sbr vo9r.

Page 283: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE 1~1PSYCHOLOGIEDESGRECS200

la terre et l'eau, sont des êlres composés, les premiers, du feu

pur et du premier dense, la seconde, du second dense

et de l'air propre qui l'environne, i;lov la terre et l'eau, du feu

et du lroisième dense. En un mot, ni 10 dense par lui-

mème ni le rare en soi, nO''1.h&, ne peuvenlreccvoir l'âme. IIv:u

7,x-rtx>,v.=.,ç. Ces ètres, les aslrcs, la terre et l'eau, sonl

'vivants; ils ont donc une âme, et par conséquent leur corps,

comme tout corps d'êlre vivant, n'est pas simple, mais composé

et en yuelyue sorle organisé

L'âme, ou du moins la raison, -ry,~~fsuovvr..v,son siège au

sommet de la tèle3, dans la partie la plus élevée du corps qui

l'a reçue. Mais elle peul vine à l'état de subslance séparée 3.

Elle n'est pas née dans le temps, et même elle n'est pas sou-

mise la génération, :.L"I,Õ!pas plus qu'à la mulliplicité

et au mélange. Dans son essence simple, elle a plusieurs fonc-

tions, plusieurs facullés entre lesquelles elle parait se diviser;

mais c'est une division tout idéale, toute logique, imaginée pour

les besoins de la démonstralion, comme celle de Platon qui

représente l'àme comme née et résultat d'un mélange, Ycvcudv-r,

X:X\auyxE¡:1'¡'¡'J:J.Ív"t¡a.

Celle âme, capable de connaHro le divin, T-r',v7{t¡: ~o~ OE(*,j

É'l'/J47.Y,dont elle porle en soi la pensée, immorlelle et élernelle,

n'est pas refusée méme aux animaux sans raison 5. Il en résulle

que toutes les espèces vivantes, et particulièrement le genre

humain n'est pas né, qu'il a exislé de tout lernps Tel est en

1 Plui., (leFac. in Or6. lun., 29.i Terlull.,de .tn., c. 15-In \"Orliccpoliusprxzidere(princip~leislu~)5CCUU~UIU

Xenocralem.3 C'esten effetdansle tlb'c.loppcn_lCnldei .crili,¡ucsqu'ilfaitdeb th~_or!edeXéno-

cralesur1 ;lme,quoscIrùu\"e1 ubJCChoud .\nstolc.,le,ln_, 1. .1,1-2.Si 1 ;lmcesl unpoinl,le pointdanl UIIClimileclnonuneJ'arlic.qui ne pcul-~In:séloréeLIelaligocqu'ellelimite,coinnientIci poinl;pourronl-Ilsètre séparésci délacbésdescorps,SIle,lignesne pcuvcntpasélre Lli\'isécsen points cc que conlcsLvlXénophaneparsadoctrinedeslignesinécables,nonr~oluble.s,hl,¡&:I;.

Plul.,de~In. Procr., l, 2, 3.S Clem.,Sfr., V',5~,JJc. ri,~1t~ ir,,59efovâvvoizn~:voxpir" ~ux i1td:nf~~1

xIi 6vTotSâ?,~iy~WC~(,z;.Censor.,deUieA'al.c. a, 3,p.9.Priorillasenlenli.19UJsemprrgenushumanum

fuissecredilurJuclorc.;haLcl..ci \cmxralr~nonaliudHtJcoluropinali,

Page 284: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1;.1\f,lE\\F .\C.\Dt~JΠn:OCIL\n: 21;1

rlTrl le sentiment de Xénocralc et même de loule l'ancienne

,~cadémi~

L'âme esl pour chaque homme son démon l, et est le lieu où

s'accomplit, pour lui, la félicité. qui n'est que la possession de

la veriu propre fi 1'~lre, et de la facullé qui sert la verlu

11'organe el d'instrument. Les vertus sont comme les forces par

Iesquelles agit la verlu les belles actions, les dispos ilions et les

habiludes, les mouvements et les manières d'êlre, ensonlles harlics q.

Xénocrale distingue la science, de la sagesse, 't?~'HIt¡!La science esl la connaissance des causes premières el de

l'essence intelligilile, TTa;V~HIT'r.;lj.j.,l7- La ~araTCçSC,estdoulrle l'une pratique, rautre spéculativc,(JEto'?"'¡T!j(- Celle-ci

peut-élre appelée la science humaine, "(,('1-. Aussi toute science

est sagesse; mais [otite sagesse n'esl pas science 3.

Qu'étail au fond, dans son essence intime, celle ume sépa-

rable, du dehors dans le corps qu'elle anime, iinmortelle,

rternelle, capable de connailre et les essences intelligihlesel les choses sensibles, posséclant en soi, même dans les der-

niers degrés des êtres animés, la notion du divin, el capahlede goultei- le bonlleur par la possession de la verlu ? Au lieu

d'en faire une irtée, comme Plalon, Xénocrale avait fail de l'âme

un nombre, comme Pylhagore, mais il avait complété sa défi-

nition, en ajoutanl que c'étail un nombre capable de se mouvoir

lui-mémc Celle Mfinilion esl, d'après Arislole, laplus absurde

1 ~lr., Top-,Il, G.Clcm.,S(r., Il, p- 119,a. w; ILh h yivESal(le bonheur),t':xl'£ul Hyw.,

n,v '~JZTI'I,t~; 'v~w -0tà; np=càE,m; ;"k ôrv ~r; ItEpGrvW x~¡).2'rp4tEqc xl't -ri; 61C5Ji3i1;É~,Ei; TExxÎ ~lY9E?E1; XIV;,11£ LÇ xxiI7zt'm;.

On ne voit pas, ..rumoinsdans Icsmaigre.>fngmenlsquenousf~oe~'don~,la1-reu%edera\scrliùndeGalien,quiprétendquelapllilosopl'¡ca un cararière~lhi'1ueJaniXen,)Cca[c.Ilia(. 8 8aisin 'i"¡.l)l7l)fl'7-¡['il7~w;[17T1x:n,z-7epv"xivr"s~-rip2xw,!çi-0~<!>¡i:~-<:xn~>.r,nlstav r.yYNiswv.C'c;;1l'alaraxicqui com-menceà poindre.

1Arisi.,de .Inim., 1, .Inal. l~n il. L C'c>l,dil Ari,lole,dc toute-;le~théoriesrurl'àme,lahlusall>urdc,n ).dYEwzpv5~bvd':X1r.wouYH'11.1, ~Iacru".romn.Scip.,J, Il, 19.Xcnocralcs(dilil animam)nmncrurnse mm-cnlcm.Sloh.,

Page 285: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTl1111EUE I~1 f'~1~CIIlII.(1GIFIly Gllf£S3n?

de toules celles qui aient élé données à l'lme, cl il en allaclue

avec une vigueur égale les deux parties l'Ùme est une essence

qui se meut elle-même,

Une partie des objeclions d'rislotc lombe, si l'on se reporle

à l'explicalion de Plularque, de laquelle il résulle que le mouve-

menl n'est pas en acte dans l'me, mais seulement en puissance,

et que si elle a la puissance de sc mouvoir, elle a égalemenl la

puissance de se mainlenir immobile cl en repos. Le nombre

lrrovient, non par une g~néralion réelle /liais 1)~irune généralion

(lu iiiélange de l'essence indivisible et de l'essence divi-

ail~le l, ou de l'un et de la mulliplicilé, n. '!t).Ij?; car l'un

est indi\"isible, et la /IIulliplicilé esl divisible. C'est de ces fac-

leur~s que provieut le uombre, parce que l'un délermine la

/IIulliplicilé et met une détermination, 'idfZÇ, à l'indélerminé,

que ces philosophes appellenl encore la dyade indélerminée

\lais ce nombre n'est pas encore une ;\me car il lui manque

pour cela la puissance de mouvoir et la propriété d'èlre mu,

z}. :~nr~q~rYi~xYl-r>,XI'HI'l¡o,.L'âme est créée par le mélange des

deux élémenls, le mème et l'au Ire, dont l'un sera pour elle le

principe du mouvement et du clnanoemenl, et l'aulre le principe

de l'immobilité el du repos, ,r-F,. (:ar l'à ml}n'esl pas moins la

puissance de rester en repos el de produire le repos, 'uc la puis-

sance d'élre mue et de produire le mouvement 3.

En opposition à ceux qui rejelaienlle nombre mathématique

Ecl-, 1,-l'J. Pllhagorea JEfinil'intc,n·.r5fa·.vzus:i~cwo:v:zW.v zp:9la%'rzvc:iou voWra;z),lu;iver, ci X~nl)frJlea faittic nidiiie.TII~IIJrcl,Cr. 110'.ArrrV, 17,ci ;cmc,iu", "1'rI/t, Iloiii. p. 2B, rcpmtlui5Culle pisige Jc ::11)b~l'-

I:ic-,Trr.tc.,l, 10-NumcmmIiiIii esse,cujus vis, ut 1nl('.1Pylhagnrævi:umced,in nuluramavinne.1'1.Prnrl.,il! Tim., 190.X~no('rale.).€ymv~car't~LL~"1d'ru

Û'J 'ZT," 1)'J17'1-IaIl,bL,tI:msSloh.,1/,862. X~mlCralerOil,jJèrel';lml',mta·:c·.xr·rr,rJ.·r.JI

1r.ranlol',['<11'une difftli-tnceJ'caprcsions sans valcurréelle,la rom¡l;J:lililel'es~encein!l'lIcclul'lle,et tic l'cs:cnco>l'n>.llionnclle,aepl -ri 7i~r,Ú~l)b'Jtl;: ~J7dfJ;.Plul., de In. 1, I, 3, ;J.

i Slub..F.cl., l, 10,appellele !'r¡ncireque Xfnf)('r:\lc°[lro>cà l'un i6 ndvxr.·r,f'P51-à-dircla malièreainsin¡¡ur~e%à zo5 On rclroUl'ela mAmcJéno-minoionilaniTIn~lorel,IS', 12. 1Xénocrate,iévx.xri-,v ·'n,'r T,târ.a.sz y€yova,1f~?;"Y~JIJf. s

u Plul-rde l'now. ,\110'c- a.

Page 286: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1,'AN('IENNE 1h\OCRA1F 2r-3

el n'admellaient que le nombre idéal, ou l'idée, comme à ceux

qui au contraire rejelaienl les. idées et n'admellaienl, comme

causes et essences premières des choses, que le nombre mathé-

malique. \énocmte irlenlifiail le nombre malhémalique et le

nombre idéal. L'âme était donc pour lui une idée et un nombre,

ou plulÕl une idée qui élail elle-même un nombre.

Qu'enlendail-il par lu? Tout nombre est un rapport, c'esl-à-

dire l'unité d'une pluralité. On peut dire que toute pensée,

comme [otite vie, comme tout élre, est égalemenl unilé d'une

pluralilé, la srnlhèse du même el de l'aulre, le point de contact

où se touchent et se pénèlrent le mou\'ement et le repos. La

conscience et la conscience de soi, n'échappent point à celle

nécessilé de concilier 1'tinité et le repos avec la pluralité et le

mouvement. Car toute pensée est un mouvement qui tend u

ral)procher, à unir, arréter le sujet et le prédicat, comme le

sujet et l'objet. 1.'acte de l'intelligence est une assimilation. Le

semblable ne connait que son semhlable el le semblahle n'est

connu que par son semblable. Némésius ne semble pas loin de

la vraie intelligence de celte obscure et peul-èlre symbolique

définition, dans le passage oit il dit ({Si Xénocrale, avec Prlha-

gore, définil l'âme un nombre semouvant, ce n'esl pas qu'elle

soit vraiment un nombre, mais c'esl qu'elle se Irouve 1 dans

toutes les choses nombrées et mulliples, et parce que c'esll'âme

qui dinërencie el individualise les èlres, en leur

imposant à chacun des formes et des caractères propres, :w2rhX'11T6-~TfU,h::Í'tT(¡IÇ2.

Sans que nous puissions deviner par quels moyens il y arri-

vait, Xénocrale maintenait l'individualité des àmes, qu'Aristote

déclare inconciliable avec la théorie de l'âme nombre, en même

temps qu'il posait une âme du 10uI, «uz). T(¡Ù~lVT/19J, dont les

puissances divines pénètrent et animent lous les éléments

Parce qu'elleronlicnllou,;lesnonibru,el lnu:lesrapporlscon·titutif·deseho~rs.Ile .1·af.!lom., r. 2. p Il.l.

JStob.jt'cl., l, 1 (!29).

1 M., aptzxa~;;1"t. (~!l2; tIv:u ;n21'I;, ainsi remphe(\lr Krische)xal~rT,,Ç~xEwroi( v).~x~Ttaro~~eio~

Page 287: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOI/It: I)E 1. l' n-:1/01.OGIt:IIt~ 1;I\EI:261

matériels; au-dessus de celle âme, il semble en avoir conçu

unr plus divine, plus parfaite, Ilyprrc~rleste, .~1t!r~'J?'I'I(~comme

aurait dit son maUre. Car conlrairemenl à Speusippe qui semble

avoir conçu une série ascendanle des c~lres et rIes choses,

s'élevant de l'imparfait, de l'êlre le plus vide et 1'tinité la plus

nuc l, jusrl'l'Õi. la ré~lil6 Inrf.lile et la plus riche, Xé/locrate

concevait le monde comme composé d'une série descendante

d'exislences.

Au sommet de cette hiérarchie, que par un penehanl tri».i

prunoncé au symbolisme inytholo-ique il appelle des dicux et

qu'il compose de dix degrés, il place la ~fonlld(', l'un premier,

principe m.ile, jouant le rôle de père du monde, qu'il nomme

encore Zeus, le le Dieu premier dont la royauté

s'exprco dans le Ciel. Ati-ilessous de lui la Dyade, non

pas la dyadc indéfinie, mais le nombre deux, principe formel,

mère des dieux et présidant toute la région siluée ali-dessous

du Ciel c'esll'âme du Tout

Puis vicnnenl le soleil, les planètes, ait nombre de sepl, 1'1

enfin le monde, z~ (lui sc compose rie lous ces èlre>i

réunis 3que domine l'Un premier et la Dyade, pour former une

décade, nombre parfail et sacré.

Dans le monde sublunaire vivent encore des dl!mons invisi-

bles, qui sont peut-être ces puissances divines par lesquelles

l'âme du tout se répand dans lous les éléments matériels el

les pénètre de sa propre vertu, c'est-à-dire de la vie, de la

pensée et de l'ordre qui est l'essenco même du nombre. L'une

rie ces puissances demoniques eslltadèc,l'aulre qui règne dans

l'élémenlliquirle, Poseidon, l'aulre qui préside aux produclions

de la terre et en fructifie les semences, Démêler,

1 Qucl,¡uechosecommcriMe fi e "~geLSlob.,1'Cl l, 1 (3 29;.

Clern..11., Pnolr.,p. 58. 1 larz ~eiv~I;; ~'1;' 1<hYi,u:"""r-5'1'1~niTOYdX7I4vtGYI2~~Tli)~d?U'IEQT(JTIXi7ll,~YZ!VlTLET~II.

Slob.,Ecl., 1,,1.1.E'd?l;,XEC'dToèG{,l~x?l''7tWpi"L;.CesAlémenlst'laienIcom-I)(bt'.desalome~.-ri il4yiirx .1~onocrale el Diodore,Sfo6.,l, Il,el suiranlle nième,l, il, Empédocleel Xénocritle.ix p~xporEp~.7v6yxc.)-dTi~.I)IZ[i2m~yXrlvav,-:Î1t!~iasiv :).âyara xxi ·.l·.vEvav.yEla arotYEimv.

Page 288: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I:SCJP.I:: .\r.lIt:l1E \I~Of:R.~TE R6i

ainsi que Xénocratc, yui altère les idées de Platon en

croyanlles exprimer plus clrrirement, donne l'exemple el pre-

pare la voie au srmbolismc mylhologique (les stoïciens,

~0~'r~'fY~9âÇTrr; ~~ib)~%0!~t.

1ctob., Pri., l, l, L L l'cl., 1,f 8,rJPI"'rlede X~nol'r.ll~nneAffinitionAvlcmt~s,pdt,'·vsG~·.r=-·· ,rGn.X".1~x:v;aw ilo)nl Ari~II)Lr~cxw~icndra.

Page 289: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1
Page 290: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LA PSYCHOLOGIE DES GRECS DANS L'ÉCOLE D'ARISTOTE

1,'hi~toirc de la philosophie ~I'tlrislole, et encore moins l'his-

8()irede si p3}'chologie ne doit être confondue avec l'histoire de

son école. On ne peut pas nier que des penseurs app31'lenanl à

des systèmes Jifférenls el mème opposé.'i 0111parfois plus pro-

fondément p~nélré, plus intimement comlrris et développé, soil

pour les comballrc, soit pour sc les 35similer en les modinanl,

le sens vrai, la porlée secrète et obscure des principes du

maUre, que ses disciples immédials, que ceux-là m~me qui ne

s'étaient guère proposé, dans leur activité, scientifique, d'autrc

dessein que de les propager cl de les inlerpréler. Il ne faul

pas s'en étonner l'inlluencc directe, l'action personnelle el

vivantc rl'un grand Rurric sur des es[rrits rclativcrnenl infé-

rieurs, esl une sorle do l}'rannie ci d'opprcs.~ion, ou du moins

lIe compression. Ils subissent à leur insu une domination qui

les déshabitue de la libre recherche, de l'elforl indépendanl de

la pensée pcrsonnelle et émousse ainsi en eux le sens philoso.

DEUXIÈME PARTIE

CIL\PlTJΠ1111E%IIEII

THÉOPHRASTE

Page 291: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1115TOIHEDE 1.\ 1':)\"CIIOWGlt:DES GIIECS~fi!ÿ

phique mc~me. Ils ont une lelle confiance dans la pii-olc du

maUre qu'ils finissent par accepler loul ce qu'il dil, el ne s'effor-

cent pas de pénétrerjusqu'au fond de sa pensée, donlles fofmes

et les formules devenues habituelles el familières à leur espril,leur font l'illusion de la clarté et de l'évidence. Les dissidenls

et les adversaires ont à cet égard une situalion plus favorable,

parce qu'ils ont, sous un certain rapport, une liberté d'esprit

plus enlière. L'opposition, la lutte où ils sont engagés aiguise

leur clairvoyance jalouse, et éclaire la critique aussi soU\'enl

qu'elle l'égare. Mais d'un autre côté ils sont bien obligés de

rendre hommage la force de la vérité, el de faire entrer dans

le corps de leurs propres doctrines e t dans le tissu de leurs

systèmes, lout en en d issimulant l'origine et en en altérantle carac-

tère, les principes et les théories dont ils n'ont pu méconnaltre

la certitude et à la puissanle influence desquelles ils n'ont pu

dérober leur esprit. On ne s'étonnera donc pas de voir, dans

la suite de celle histoire, figurer des philosophes appartenantà des direclions, à des écoles opposées au péripatétisrne, 0'"

nous en retrouverons plus ou moins allérés, lransfllrmés, dissi-

mulés, les caractères el les résultais essentiels. Pour le

moment c'esl dans le cercle exclusif de l'école péripalélicienne

même que nous suivrons les lransfurmalions et les alléI'alions

de la doclrine psrchologique de son chef et de son fondateur.

A la mort d'Aristole, dit Brandis, et il aurait pu ajouter

d'Alexandre, commence l'ère des f:pigone! c'csl-à-dire des

successeurs. Le règne des imitaleurs, des vulgarisaleurs, des

commentateurs succède la période magnifique de création

féconde et puissante, marquée par les noms de Pylhagore,

de Démocrite, de Parménide, de Socrale, dc Platon, d'Arislote.

Cependant s'il est vrai, en ce qui concerne la poésie et

l'éloquence, que le génie grec a perdu pour toujours son

originalité et une parlie de sa force créatrice, il n'en est pas

ainsi dans d'autres domaines de l'activité- inlellecluelle, et parli-

culièrement de la philosophie. Après une période de déclin,

qui est aussi une période de travail inl6rieur et de renouvelle-

Page 292: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Tu~:orurusTe :!C!I

ment, apparallront les s)'slèmes de Zénon', d'Épieut-e2, de

Plolin 3, dont il est impossible de méconnallre la grandeur.

Dans le cercle de la philosophie péripalélicienuE', il est vrai,

la ~~icaClÍ\'e cl féconde s'alfaiblil, el semble peu à peu s'épuiser,

peul-Ctrc parce qu'elle se disperse sur trop d'objets. L'inlérêl

scientifique, la passion de la recherche spéculali\'c, sonl com-

ballus dans les esprils par des tendances d'ordre positif

pratique, dont le germe est manifcslerneul au sein dc la doctrine

IH~ripalélicienne, donl l'acte esllc principe. On peul dire de cette

école ce qu'a dil Cicéron de celle d'Isocrate qu'il en sorlil, comme

du cheval de Troie, des esprits éminents dans tous les genres,

dans les sciences physiques et mathématiques, les leUres, la poli-

tique, la guerre, l'hisloire, la médecine, la poésie cl la musique~.

En rayonnant ainsi en lous sens, en se répandant dans toules Ics

branches de l'activité humaine, il n'est pas étonnant que l'école

përipalélicienne ait perdu la puissance de la pensée spéculali\'c,

de la recherche scientifique pure, qui a besoin de se concentrer

pour garder sa force, et qui réclame, sans parlage, l'espl"il loul

entier.

Cel affaiblissement du sens philosophique se manifesle très

visiblement dans les successeurs d'Aristote 5, el déjà même

Depuis 3~1.Depuis306.J Depuis~OL1l:it., de Nin.,V,3 c .1bbisofJlorcs,ab.hisimpcraloroi,ac rcmm publicarum

l:rincipesexqilertini. Ul ad minoraveniam,malhemalici.(IOClæ.lIIu..io.jmedicideni'luec-ihaclanquimomniumarliumnmcinaprofeclisunl.Id., de Or., Il, 33.CujusCludo,lamluamCI eluo Trojano,meriprincipeseislilenml.

5 l\~uiLs11cUl-m~me>,xz9'tmr. yr~·ysYOV,lesp/ripalélicicl13,dilPlutarque,(SIJla),ne sonl plus que dcs rhélcufj agréal,le. des lilléraleur. Z"¡tH<; x,2tp:>.%·Yor nousdirioniaujourd'huide.;ameleurs.Ils ont !'l'Coursà l'éruditionpour~uf'pl¡!er11l'insuffiancades iJr'e; prnpre;; a)'3nlconsciencede leurimhuiswnce,;enlanlen euxledoutequicommence,il; ne fontguèrer¡1:ecommenter,di-%Yelopper,reliira sous lei niéfneinomsloi aruvrosdu mailre,qui leur a bien bis; ,e.;Jrtlrine;, mai;n'a pu I~urcommunirperle souille"il'Jnlelloui.1nl de sonl'I,ril.Le.grarnmairienset ici philo;oplrespé¡jp.1I~licien>oui-inéiiies.pendanthrPadedeux>ièclc.;(250à 50ar. J--lA), négligentAriiloleel .urlo.ulse.;outragesde 1,l1ilo-soi-ilie;on se contenlcde répéleret de réciler pourain~idire sa dmrine, sanschercher11l'approfondir,non puialP.1fman'Iucde ses livres.conuuele croyaitSirabon,réfulédéj~parPaulDéni(brl'Jor_Tim.llerad, fru. Rovn.,1.59J,p. 7J),

Page 293: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIIIEDE 1-1 IISYCIIOIXIE UFS GIIE(:S37U

lIan3 Théophrasle, le plus considérable d'enlr'eux 1, cl £lu£,

Simplicius appelle le coryphée du climuri 'l ~ripalélicien.

1'héopllrasle est né Éresos, ville marilime siluée sur Il

c(¡le occidenlale de l'lie de Lesbos, qu'il avail, nous dit Plular-

que3 sans aulre explication, deux fois afTranchie du joug des

lyrans qui l'opprimaient. La date de sa naissance, qu'on ne peul

fixer que par rapport fi celle de sa mort, lombe dans l'Olym-

piade CH, c'est-à-dire entre les années 373/72 et 368, s'il est

vrai qu'il rnourut à l'<ige de 85 ans dans l'Olympiade CXXIII

c'esl-à-llire en 288 ou 287. Mais si, conlre toute vraisemblancp,

on le considère comme l'auleur de la première des Préfaces qui

précèllenl les Caractères, oi! il sc donne l'âge de 99 ans, il

faudraitfaireremonlersa naissance fi l'Olrmpiade X cvn, c'esl-à-

dire à l'année 392 av. J.-Cli. Mélanlas, son père, qui semble

s'èlre enrichi dans le commerce et la fabrication des lissu.3

foulés, après lui avoir fait donner une première éducalion par

un nommé Alcippe ou Leucippe, l'envoya jeune encore tlthr-

nes, où il n'est pas impossible qu'il ait suivi les leçons de

Plalon, mais oil il est cerlain qu'il devint l'ami personnel elle

disciple préféré d'rlristole.

maispar suiled'un couranid'idéesquidétourroilles esprilsdes forleséluJes,elsurtoutde~ausléret recherche;de la rnéLlph),i'llIc.Ons'allacl¡.lil à maintenirle,

poinlsessenlielsci di~linclifsdela secle,surlouldansla morale(Conr.Cic.,IleH'in.,Y. \!5).C'eslce 'u'on appel1il0!ity <¡>.J).2Hm(Galien.,Il, 1:15),'t'1"t'1,£i -rt-.¢vlritsowo U€wvw; cîcù9£ et d'aprésSlralan, af'1~). ,xv5it;elv..Ilhen.,11',130. sv 7,1~.dvoviv' Afj;,v2t-,ILf~w',£'l"'I!)~i~£,ç't2Ç

0soipiarov O!'1U;cix,5w~.8!'1'" sunl,dit flusC,p. 31 1 placili in philosoplli.paI'3.J013qua'cui'lucserlæmaximepror,ria..Mi,I., Top.,l, 11,10-1,b.19. O!'1IÇII

latc-0 1t",¡¡H')~');'tW~rtôplkltà-dxlrà Définition repro-Juileel comrnenléepar "ermog~ne,lh-oyYrnn.,Il. Theon.,Prog~mn.,19_

Crantor (D. L., IV, \!1),p.mni SC3mois piquants,disait que les tienéophrasle%.mp€e~ylyp2?92s,avaienlélé l'crilC,pourou pti-unehullr(',molquereproduilIléSJchius.

1 D. L., 1. 1,1"lpw'l.lui donneen outrelesépithètestrès caractéristiquesde a'a.T~T~t~ ŸI).oaovr~Tlfo:,el yl).dJ~9r~

9 /n Phyr., \5, a. u. Aillcurs,in Caleg., 9~, b. Y~,il le nommele pluséminenl,sw Œ?I'1't"

J Plu! a~fu,f.ofol.,XXXIII,3..YI/mpol.:urrril. rlri sec.Epic., 15, Gt D. L l', -10,id 5tralon, 58. C'estla dalede 1'ulyinl,iade,saw désignatio0

¡j'année,ouSiraiunlui succède,

Page 294: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TIIÉOPIIRASTE :tH

Celle préférencc se révL~le,oulre l'anecdole peut-élre suspecle

par laquelle il est censé avoir élé indireclemenl désigné, comme

le successeur dans la direclion de l'école, par les dispositions

lestamentaires de son maUre. Il csl institué en effet, s'il le veut

et s'il le peut conjoinlement avec rlrislomc~ne Timarque 1

Hipparque et Diotélès, tuleur des enfants et d'lIerpyllis, la

veuve; il csl prié, si Nicanor vient à mourir, d'épouser Pylhias,

la fille. La reconnaisS3nle affeclion du disciple se monlre égale-

ment dans son testament il lémoigne le plus lendre inlérèl à

Nicomaque, fils d'Arisloln, et à Aristote, son pelil-fils 1, recom-

mamie à ses hériliers les statues qu'il avait dressées pour

honorer la mémoire de sun maitre, el leur prescril de les entre-

tenir avec un soin pieux.

Suidas, Ammonius, Strabon, Diogène de Laërte'i!, d'au Ires

encore, cilés par Ménage prétendent que son nom élait

Tyrtame, et que celui de 1'liéopliraste n'esl qu'un surnom qui

lui fut donné soit par Aristole, soit par ses admirateurs, à cause

de la beaulé de son élocution. Cela sent un peu la fable, quoique

Cicéron3, Pline et Qtiintilien5 s aienl reproduit le fait en

l'amplifiant d'une phraséologie oratoire; mais il est encore

plus vraisemblable que la raison donnée par Diogène, que cc

changement avait élé amené pour éviter les sons discordants de

son premier nom.

Théophrasle prit la dil"eelion de l'école dans l'année 323, au

moment oÜ Arislole, ne se seutanl plus en sécurilé à Athènes,

s'élail réfugié Chalcis, occupée par une garnison macédo-

nienne. Son immense érudilion, ses rares facultés de travail G,

1Celleaffectionsi nalurcllefui odieuscmenl1r.l\ï~.>lieen un amourinfâmeparArblippe,danssonlivreaeal ,cx).aWçsrvf.,c- D.L., V,39.

'1D.L., V,1, el ~Ienai! ad Ioc.J 01' 18.

Pr~j.s X, 18.1 D. I, 31. ;a)."11"h2.to:Ij' '¡<~t..F,y ;Jt,jTljTO;nxr ib YOlj6h

il 1\ s'appelleluinième,dans sa lettre Il Phania;(O. L., V, 31), leScholastique,Ce n'estpas,commeonle dit, le prcmieremploiconnude ce num i Arislole('em[lloiedéjà,en (l3rlanldes ,\lII~nJen5,CT,(ohotlx~H~OI

Page 295: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIF:liE U 1~31'CIIULUGIElit:) CItE(7-'i31~

el surloul, à ce qu'il parall. un merVeilleux talent d'exposilion

lui allirèrent de nombreux auditeurs, plus de dru mille, qui

se succédaient sans doute dans les dil1ërenls cours et se répar-

tissaient dans les diverses années donl se composait l'ensei-

gnement philosophiql1c de récole. Moins par vanité que par

respect pour son auditoire el pour la dignité de sa fonction, il

ne. se préscnlail dans sa chaire que dans un coslumc très

soigné l, Un Eumolpide, Agonidès, intenta sans succès contre

lui une accusai ion d'impiété; mais il se crul plus lard obligé £IL'

quiller lernporairement Alhènes, la suite d'une loi, portée par

Sophocle, fils d'Amphiclidas, aux termes de laquelle, sous

peine de mort, l'exercice du droit d'enseigner el de tenir une

école de philosophie était soumis I:wtorisation préalable du

sénat el du peuple 2. Plulùt que d'accepler celle re.->lriclion

nouvelle, et d'aulanl plus dure, de la liberté de la parole el de

l'enseignement, Théophrasle et ses disciples et amis quiltt-

rentla ville, sans qu'on sache où ils se rendirent.

L'exil ne fut pas long. iltliènes, ciéchuo de sa puissance

polilique, sentit le dommage que porlaienl, ce qui lui reslail

de grandeur morale, le départ de cet illustre professeur et la

suppression de sa florissante et nombreuse école. Sur la propo-

sition de Philon, la loi de Sophocle fut abrogée son auleur

yàp yevd~cvov(Polif., 1311, a. 19), nOll5le retrouvons en$uilc dans Chrysippe

(Pluf., Sloic., Rep., :J, ~), ~"y 1T,}.2<TT1"Yrour el primerune vie CIJnsarn1e

à l'élude cl à la science. Li lellre à Phaniàs esl fort obscure. Tliéol-liriste semble

vouloirécarter Li propositiondo se faira enlen~re dml une l'anéyyrir., C car c'esl à

peine, dil-il, si l'on peul se rair" un au~iluirc d'~lhC- tel qu'on le

d~sirerail. Et celendani, les lcelures publique3onl l'ulile résullat de permettre' au

prore-iseurde recli0er ses opinion. niais c'csl là un trtiiil lent, donl mon~ge De

permel plus les longs ajournements-1

Ilermipp. ap..Ifhen., l, 28. 1

2 D. L., V, :Jd. -rrav ~t).OQ~Jÿ4lYQ~9~.T,C-2pr,yat'7hl, ;'y llT,T1~f3~,J}.~ni Tc: ~¡t~ d.f;r,. l:onf..116en., XIII, 610. l'ull., Onom., I!(, 5, § 4t. Celle lui

rul promulguéesous l'rdlOnle Coræbus, 01. 158, :J = 3W/S, cl sous le goU\-cr-DemeDIde Déiiiélritisl'oliordle, qui avait délivré .\1l.'¡~DC-'de la dominationmarMo-

DieDne,el r~labli les institutions démocratiques. Voir Franz Hoffmann,De Legeconlra pAilo,rophoz,im¡,mi. ThtopAraifum, rlfAtnis fafa, Carlsrube, 1812.

J On relève parmi eux les noms de ~Unandre, le pœle comique, ci du m~ecin

&ashlralc.

Page 296: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TlIÉOPIIRASTE !13

condamné à une amende de cinq talents, et Théophrasle vint

reprendre possession de sa chaire t. Après avoir enseigné

pendant près de quaranle ans, dans l'école organisée complè-

tement et définilivement conslituée par ses soins, il mourut,

suivant l'opinion la plus vraisemblable, à l'âge de 85 ans

accablé d'infirmités el se plaignant cependant que la nature

accord:U aux hommes une vie trop cou rie, et les fit mourir

jusle au moment où ils commencenl à vivre. Les Athéniens,

qu'il n'avail pas nallés, car il leur reproche durement d'avoir

élevé des aulels à l'impudence et à l'insolence 2, lui témoi-

gnèrent par leur altitude à ses funérailles les regrets que leur

causait sa mort, et le jusle respect que leur avaient inspiré sou

talent et son caractère. On a de lui une effigie en marbre trouvée

dans les jardins des Pisons, II Tibur, et reproduite par Fulvlus

Orsinus 3.

Théophraste était resté célibataire du moins ni son te¡;,lamenl

ni aucun autre document ne fait allusion à sa femme ou à ses

enfants. Son gotlt, un peu égoïsle, pour la paix et la liberté

intérieures, lui avait inspiré des opinions peu favorables au

mariage. Il le permellait, dil-on., si la femme était belle,

d'honorable famille et de mœurs vertueuses, et si le mari était

riche et vigoureux conditions bien difficiles à trouver réunies.

Même en ce cas, pour un philosophe, le mieux esl encore de

s'abstenir; car, disait-il, rc itnpediri stmlia yl~ilosopl~i~e, nec

posse quemquam li6ris et lcco~·i lurriler itiserrirc. Les enfants

causent plus de soucis el de dépenses qu'ils ne procurent do

joies et d'appuis. Pour mener sa maison, il vaut mieux faire

choix d'un bon serviteur; pour sa société, d'hommes instruits,et s'ils lui font défaul, le sage s'enlretiendra avec Dieu.

Son testament, qu'on trouvera presque en entier, à la fin de

Sans douleaveclui el commelui renlrhCDI.\1~êDe3les philosophesde,¡autre.seclesquiavaienldgalemeolprisle partide Depassesoumellreà la oKe..slt~del'autorisationpréalable.

Theophr.Fragm.100.a P. 69. 8log.

S.Jerom.,adv. Jorin., l, 17 11',189.

C9.lIGYET. P~~ItAprppit. Il

Page 297: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE LA PSYCHOLOGIEDESGI\EŒ'.m

ce volume) dans le chapitre consacré à l'histoire de l'école

proprement dite, dispose en faveur do Callinos, d'une terre

située à Slagire. Cela fait supposer un aSSC7.long séjour en

Macédoine, dans le pays même d'Arislole, qui ne s'explique

guère que dans l'hypothèse oit il aurait accompagné son maUre

appelé la cour de Philippe pour y faire l'éducation d'Alexandre.

C'est encore par ce séjour qu'on se rend compte de son tffec-

tion si vive pour Callislhènes, ce neveu d'Aristote, si cruellement

traité- par Aloxandre dont il avail été le camarade d'éludes, [1

lui a consacré el dédié un ouvrage inlilulé Cullisthène ou de

(caDouleur, zc~i dans lequel il déplorait sa perte clIc

plaignait d'avoir rcnconlré sur sa route un hommn élevé par la

forlune au comble de la prospérité, mais qui ne savait pas user

de la puissance'.

Théophrasle, que Tliéophylacte de Simocalta appelait une

mer de science, 'T'fa,P~)':nw;I)i).').tn. 3vaitécrilunnombreconsi-

dérable d'ouvrages, 205 environ, qui formaient, d'après le calcul

de Diogène, le nombre total de 232,808lignes 3, et qu'Andronicus

avait mélhodiquement distribués, comme ceux d'Aristote, sui-

vant la nature des sujels trailés 4. Hermippe en avait égalemenl

dressé une liste avec une critique plus sévère, et sans doute

trop sévère, puisqu'il excluait, comme Andronicus, des œuvres

authentiques 10 fameux fragment de la ~Iélaph}'sique, que ne

menlionne pas, il est vrai, Diogène. mais que Nicolas Damas-

cène, dans une table généralo des ouvrages d'Aristote ofOrme

êlre de la main (le Théophl'asle 5. Celle longue liste d'ouvrages

Cie.,Tuacul.,/II. 9. Inll'rilumdeploransCallislhenh,sodilissui. dicitCallis-

IhenemincidisseinhominemsummapotentiasummaqueCorluna,sed¡¡¡!Ummquem-admodumrebussecundisuliconfcnirel..

Problem.,l'hya.Ullim.a D.L.,Y,50.~1'J\'Y'U'w'¡'.Latraductionlalinodel'éditionde~I~nage,(raduit

ce.!chiffre.!parcenlummi!libustluobu)elocloginlai .'abriciu)etIl versionlatinede

l'éditionCubet(Didot)par230808.Je donneà 13',danscellonumérrliuninusitée,la valeurde2M.

porp4r., l'if. Plof., 2-1. Ti.. 'p. ~cx1 0[~v. 11, 1tP2y\17;U:<:I;'c¡). rx;

oixtl~; ua·.5tatvç tiG 't~tr:J "\J~J.y~y6J'i.

t $cAoll. Jltl. Thtophr., c~Oco t~ ~1~lÍ"'1 'A,p')'I\>\I); p1v xal "Epuw1<o;

IÏ.Y'tO')'jOI't,~.j~iyi..p \1',&I'X','X.;tl)'j ;).w; 1U1I1(YjH211vsP,.h2rp2;¡~ siuv0'l)vp:ia'to',

Page 298: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TlIf.oPllnASTE 215

permel de se faire une idée de la variété et de l'élendue des

connaissances de leur auteur, dont l'espril semble emporté par

une ardente curiosité, dans toutes les direclions du savoir.

Les œuvres de physique élaienl nalurcllcmentles plus considé-

rables elles sonl d6signées sous les tilres suivants: ':l'tr\ il,uaixc)v

en 18 livres, -nepl SI~U?lxfÔYen 2 livres, Tk 4,jjtx,'x en 8

livres, donllcs deux premiers trailaient du ~llolrremenl 1, notion

qui lient une si grande place dans la mélaphysique et la psycho-

logie de Théophraste, le lroisiéme, lrailail du Ciel, de la Géné-

ration el de la Dcslr~uctioll des Cltoscs3; les 4e el5e de l'dme,

qu'il ne faut pas s'élonner do, voir figurer ici, puisque dans la

Iradilion des philosophes, que ne répudie pas absolumenl

Théophrasle, pas plus d'ailleurs qu'rlrislole m~me, 1'.Ime esl

un produit des mémes facteurs dont se compose le monde, £'1

que par conséquenl le ps)'chique l'si une parlie de la physique.

Puis viennonl '7rfr\ rtYtl1tw~, en 1 livre; r.p7.c TGVc'fUGIX(iÚ;,en

1 livre; 7CEFISrV?1x41YaSrl4~Y, en 10 livres, où il faul lire proba-

blemenl ?IJT[Y.1;~V; 'fUI1IXa.\ en -17 livres, el 'tUCiIXWY

en 11Í\Te 3, le long fracmenl sur la .llétaplysiql~e;

~11\>.iWY,l\IX~l:r~;L' tv r'r,Olbl~12TGIY'J\t"I(!T~tl),(i'J',¡Hri. si fV"IX2I'-Yr.l'Y~~EI,Hywy dY:1I Eh~iP:Íar~v. t'abdc., IfiG. Gr., 1. III, li. 411.L'énumération de

Diog~nede La~l1creproduit qualre calilogues qui suÏ\'enl en ¡¡~n~ralchacun l'onlre

alphabélique.Le premier commenceail segm..1~; le secondau milieudu segm. 46

ittpi 'Ad:.<.wYj 10iroisièiiieau segiii. ~!J; le quatrième au scgm. 50. Il est vrai-semblahlcque Uio¡;~nea puisé dani des source. difféi-entespour comlolélerle sien,car s'il esl des 1¡l'rejqu'il uniel, il en est d'aulrcj qu'il il désigncdeux foi%.el d'aulres

qui, sous des lilitt changé; font sans doulc double cmplùi. L'ordre alphabéliqucesi

inlcrroropuIl la findu scgm. 18; il est su(q~rimédans le sc¡¡m,~!J et depuis damle segm. 60. Nous ne connaissonspas le.>sources de Uiogtnc; nous voyons, par Idscholiecitée dans celle noie, qu'Andronicuscl lieriniile al-aienl fait un calalo¡;ue.

des OUI-rdgl' de Tlidoiitirasie, fait que je ne mis aucune raison de

rél'Oqueren doule, comme Val. Hose, p. 30~. [Je plus, au dire d'Alliénée, X1', 613,Adraste avait ~cril dej commcntaires en 5 livres sur le; livrea de morale de

Théof,hra>le,uO'iaro{i!a.Yu\ 7.t~rv~1j~~vl'-hwy,1 C'est par erreur que Siniilicitis (in l'hga., 'H), donne u ou vd' au lieu de a et

d. Mi-ce là l'ouvrige Sur le Jlouremenl, aU/If/riUiog~nefi'. JJ el ~!J)donne !mIdi

Il, lauldl 3 livres, L'lndisque Simplicius (1.L,)lui en allrilme 10?

Schol. Ar., p. 468, Il.

C'est une vrilahle Msloire dc la philosophie (v. l'~1p[~endice).On attribue

parfois à Théophrastele mémoirede .1'enophane,Zellone, Gorgia, arrlfé à nous sousle nomd'rhlolr, maisqui l'si plus probablementl'œull'c d'un Oripatélicien poslé-

Page 299: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE Li PSYCHOLOGIEDES GRECS!16

le mémoire historique sur la Sensation; 10 exlraits plus ou

moins complets sur les Pierres, le Feu, les Odeurs, les Vents,

les Signes, la Lassitode, les ~'erti~es, les Sllenrs, les Dé%ail-

lances; el la Paralysie; enl1n les deux grands ouvrages d'His-

toire nalurelle, inlilulés l'un, Ilistoire des Plantes, en 10 livres,

dont nous avons perdu le 1~ sauf un petit fragment, l'autre

intitulé 3Cy 9'JT(J)y'1i.I¿;¡V,en 8 livres, dont nous possédons les

6 premiers, et qui semble idenliquo à celui que nous avons

déjà lrouvé sous le titre rectifié 7rErl'i',mx¿;¡v'1iT!¿;¡v,quoique le

nombre de livres ne soit pas exaclemenlle mêmo.

La psychologie proprement dite est représentée par un pelil

nombre d'ouvrages. Nous avons déjà vu que le 4" et le 5e livre

des 'i"J",xÍ traitaient de l.'Arr:e; nous rencontrons encore sur ce

sujet, dans le Catalogue de Diogène zEp!~r,ç H€ovcli(,£,que

Meursius propose de changer en 0€aerc ,xi, c'est-à-dire, 41 th~es

sur l'âme, un ouvrage déjà mentionné sur la Sensalioa; un

slcr les Ocleurs; un srcr les Passions; un sur le Sonlnleil el les

Songes; un sur l'Intellir~enee et les Jlceurs cles Animllu:c.-

La logique semble avoir été de sa part l'objet d'études parti-

culières, et même de conceptions plus ou moins nouvelles le

catalogue menlionne entr'autres un livresnr l'~l f/it'matio~aet la

~1'c~gation,commenté par Galien et Porphyre; un livre 7rEr}

xçlaec~c deux livres sur les .Soplrismes; deux livres

setr IaSollctiorc des Soplrisntes; deux livres de Topiques; un livre

d'Inlroductioia am Toyiques;_ un.livre d'~lnal~tic~ucs hrenriére3

que semble viser lloèce quand il nous apprend que Théophrasle

et Eudème, approuvé3 par Porphyre, avaienl ajouté cinq

modes la première figure, et un septième la troisième;

18 livres de 7rr6>'wvn~fI.i'1EWI; livres d'~t~calytiqtlcssecorcdes,

rieur 11l'un el 111'3ulre.Il avaitcomacr.!des Ir3f3UI¡1.1rliculier.1113phil050phitel spéciJ.!emenl11la physiquedeD~mocrile,commele prou\"enllC-3lilre.>deJouvrage!suivants,tousen unlivre de l'rlafrologiede Démoni(e,1IEp\¡¡,¿t2p,¡,o).E'Tlb:ç;des Imagea,deallumerrrs,~feaCouterrrs,de la l'earr, des Chaira,suivantDAmo-clile; Jrr Diacosmoa,dea llommed,de IJblloo"ite.Diogênementionneencoresillivre.d'unabrégédel'owragod'AiiiiolesurlesAnimaus,el sixlivresde,jlloln;n:ll'APIOtOU).IX27¡elOF?::II'1ut:ll,

Page 300: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ii]ÉOPIIRASTE 277

et un A6régé des .lnalgtirlucs; un livre sur les Enlhgntétnes, et

enfin une sorle de critique réfulalive, des procédés

de la logique érislidue.

Le disciple d'Arislole ne pouvail négliger ni la morale ni la

politique: cependanl nous ne rencontrons sur ce sujet que des

traités isolés, lousen un seulli\'re et probablement fort courts:

Icls que: sur l'Irtjuslicc; strr les llontvacs; SI/)' la l'erlu et les

l'crlus; sur les di/rcrtccs dcs l'ertus; sut' la Ro~aulr,r, signalé

tantôt en un, lanlÓl en deux livres cl prohalJlemenl idenlique à

l'ouvrage intilulé: ci Cassanduc; suo l'~ducaliort d'urt Roi; srrr

le Jlariagc; surla l'icillcsse; sor· l'~Intilio; 51/1'l'~lclct'olonlairc;

l'I;rolicos sur le llonltcut·; strr lctPiété; sur la l3onnc Chancc;

-çili, le l'laisit~; sur les Pluisirs /'ccnx; sur la Doalcnr;~sor la

.Ilclcrucolie; eL enfin les Ccrrcccléres.

l.cs aeuvres poliliques élaieut plus étendues Diogène men-

lionne ullê l'olifiyuc et des ouvrages diflërents, tanl8l en 8livrcs,

tantôt en 0, tantôt en 2, un autre en 4 livres, porlar.tle titre sin-

gulier n'jhm(.~ 7r?~;z.ù; U.I?~'J;, qu'on pourrait traduire par

politique de circonslance ou opporluniste; 2.1,livres sur les Lois

tiii abrégé sur ce même sujet Cil 10 livres; un aulre livre isolé

sur lcs Lois; nrt aGré~~ (le la Ilulurblir~trc de Plalon; trois livres

wrr lcs Gégislaleurs; quatre livres strr les J{ml/s ?roliliyrcs; un

livre sur Ic Jlcillctrr goarcrnentcnl 1.

Les arts ont eu leur part, et une part assez grande dans les

(ra\'aux de Théophraste. Parmi les ouvrages qui se rapportenta ce sujel, on peul relever dans les calalogues les suivanls, tous

en un seul livre les llarrrtoniques 5111'le Ilidiculc; 5111'l'Isn-

1Je ne IroUl'cnullc pari l'OIlIT.1gCcilé par ~I. Pcrrol, Ilial. de l'.lrl, 1. III,p. 50:1,sousla litre ~xav).e:xcCrvKj7tpltùv.Lc stn-antirelidolopie,qui csl unécWaind'unrare I;llenl,appelleTh2oplmtstcIc aluntcsquicudc l'Anliquité,faisantens .Jouleallusionau de Cicéron(deE''in.,V,1) (Omniumferecil"ilalum,nonGræciæsolum,sedcliamL-trharial,ab Mi>llIlclcmores,inslilula,.Ji>tir,lin3s,aThcophraslolege;eliam cogno.cimus;quum urcrquccnmmdoruis.CI,qucminrcrlllblicaprincipemessecom'cnirel,plurihli!zf~ra'ICreaquuiiiscripsi;scl,qui ('<cIt-iltiniusreipubliemsl-tiiis hd3earnriliub'llmt~lnr~lus,qtri raaenfin rrptrblicaincli-nafionrarrrum rf rnomrnla (rrnpornm,quibuscsselmoderari(iiimuleunqueresposlularel,J

Page 301: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIHELIELA 1~1CIIOLOGIt;LIESGRECS!18

thousiasnfe; sur la Coméclic; sur la ,Iltfsi~ue; sur le3 J/llsiciclIs;

aur la Poctique, d'où il semble que Diomédc a tiré sa définition

de la lragédie; slcr la Ih~étoriquc, un ouvrage inlilulé: ul.YWV

~¡TO¡;I;(WVti~1j devait conlenir 17 livres.

De ces ouvrages qui, placés dans la Li~liothèque d'~1pellicon,ont dd subir le mème sorl que ceux d'Aristote, nous avons

consa\'t1 quelques-uns, si non en totalité, du moins en parties

assez élendues, les aulrc; et c'est de beaucoup le plus grand

nombre, 177 environ, ne sont rcprésenlés que par des fragment,

très courls, que nous devons pour la plupart aux commentateurs

d'Arislole et particuliereanent à Simplicius.

Théoplmsle garde encore une cerlaine indépendance dans

la fidélité avec laquelle il suit les lraccs de son maUre. 1/ a,

comme lui, consacré des recherclles spéciales à l'élude de l'~me;

mais ce qui est caractéristique et digne d'èlre relevé, les deux

livres de son lrailé -E; ·5, cie. font parlie de sa r,hrsique~

dont ils forment les 4e ci 5" livres. La psychologie n'l'51 plus

qu'une partie de la physidue, parce que le principe clu'avai! posé

Arislole, que l'âme est un elrc de la nalure, est élendu au

delà des limilations et des réserves, où le maUre l'avail

renfermé. On croil voir apparallre la pensée que la nature

pourraitcnfermersans exceplion tout le monde de l'étre, qu'elle

se suffit :1ella-mème, qu'elle s'explique par elle-même, et qu'il

n'y a rien en dehors el au dessus d'elle. En rameiiant l'activité

psychidue un mouvement, il fait renlrer tout le psychique dans

l'ordre des ëlres et du dé\'eloppemenl de la nature, mème les

facultés de l'âme. Par là Théophraslo prépare la conceplion

naluraliste et monistique de l'àme, cl la suppression du dualisme

1CommeArislolecl proJ;.l"etousloipérip.1léticicns,il diviscla philo50l'bieen

~,rali'luccl Ilnurélique(Plut.,l'lac. f'hiL, t, 31-Ll divisionlri/Utile est allribu¡leauxStoïcien, 'r,,fi, ILI-0l"J'7.x'l"l,Ù'.1 i,7~xw,zb ,n ).oyxdv(id Id 1,2).\lais ~eIllis Empiricus(ude. Jlafh.. 1'll, \6) I"allribueil XénocrJ.le,en rJ.is.:m1

reni2rquerquesicedernierluia donnéunefonnuleelpr~S:!c(oùladialecliquerem-

placela logiquedesSloïcicm),ellesexistenten faitdansPlalun,commele dill;ir..Acad. Posl l, 5. 19.

1Themi~l.,de Anim.J1, a- v.

Page 302: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TIIÉOPIIRASTE !i9

des facultés supérieures et des faculLés inférieures de la connais-

sance. La raison ne tardera pas à perdre tout caractère d'une

origine a priooi, ct ne sera que le plus haut degré du déve-

loppement organique de l'essence de l'âme. Delà la répugnance

manifeste que Théophraste éprouve à admeUre, d'une part que

l'1me ne peut pas subir le mouvement, que les mouvements

apparents de l'lImc doivent ëlre aUribués au corps, et qu'en

général l'acte est différent du mouvement et lui est de beaucoup

supérieur, ct d'autre part que l'âme humaine, pour Nre parfaite

et complète, doit comprendre dans l'unilé de son essence un

N5~3;b(/)no;, venant d'ailleurs que de la constitution naturelle

de son ètre, et introduit en elle du dehors et comme par la porte.

Le grand principe de la cause finale, du hut, sur lequel repose

loutela philosophie, etégalementtoute la psychologie d'Aristote,

Théophraste le met en question plutôt qu'il ne l'adopte, et sur

la question mème d'un moleur premier, principe de tout mou-

vement el par conséquent de toute la nature, qui est essentiel-

lement mouvement, il soulève tant d'objections et de difflcultés

qu'on croil devinerqu'il sent là des contradictions internesqu'ilest impuissant résoudre, des oppositions absolues entre les-

quelles il ne sait pas prendra parti.

On en sera convaincu par les extraits de ses fragments con-

cernant chacune des questions que nous venons de relever.

Sur la question de mélhode, il est d'accord avec Aristote il

part égalemenl de l'expérience, de l'obscrvation des faits parti-culiers donnés par la scnsation car il faut que les théories s'ac-

cordent avec les fails, et la loi avec les phénomènes qu'ello

explique 1. Il serait sans doute plus logique de rechercher d'abordles principes universels des choses; mais c'est une méthode

trop difficile, et par cela même inlerdile. Qu'il y ait une seule

t Ut Cao~.P(anf.,1, 1, 1. a:5ô Y'1F"I.~T¡O"'JI1;;(~Vft,.tj:1ITOVe).by· rolcd~,r,pfvotG;id., 1,17,6. ~xr6)-d 1('J.fj'i,)(2fJ't~ScmNOrct~j~~(a)"I):).I); 'tl:Ce -çontprc;~ueles lerme<rlnnlcp~~priArislolc,Ue.llol.An., ,lJt?pi,p%'rws~~HYM'1~1'>J ).a5!I X21 -,Trislavx, 'iX7'7tlX2,1TC-1-0zirs-~'itcin,Lt'~Ttt?xai soy x~f}~l~'JC-r,T'='\I~!Y).GyouG,x=1t~'4)YÈ~2~}.L~'ttUY'Jt~lfjXdcivxdso·ic.

Page 303: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIŒ[JE là PS\"CIIOI.oG1E[JES GIlECS980

cause, ou qu'il y en ait plusieurs, on les trouvera plus facile-

ment dans les faits particuliers et individuels. Dans les deux

sens, la sensation nous foilrnit les principes l, car elle nous fait

connaHre les différences, et loute science porle sur les dilTé-

rences propres. La subslance, l'essence, le -ib il -'rvet'vzt est propre

à chaque Nre individuel. \lais sur ce poinl inèinc, comme s'il

craignait de s'êlre trop avancé, Théophraste se complète ou se

corrige en ajoulant la sensalion voit sans doule les différences

et recherche les causes mais peut-èlro serait-il plus exact de

dire qu'elle soumet les différences qu'elle a pCl"Çlles la raison,

1 /d., Il, 3, 5. -r,y"'? -:rr,.tj" "i~'7IV~px;'¡e cn'41i;w. Fragm. 18 C'e.sl dela sensationel des choses -sensiblesqu'il faut (mlir pour chereher la ,rilé des chosesnaturelles s. Fragm. 13 f 1. senulion est le principe de la conviction, nt'7t1;;c'esl d'cHeque parlent les principc~qui aboutissent à la raison qui est en nous el àla pensée Il en donne la rai,;on, fra~. 18 Puisque sans le mouvementon ne peulparler de rien, que tout cc qui c-<Idans la n.1luree,,1 en mom-cmenl;que, sans lemouvement d'aHéralion el d'affection, il ù esl pas possible méme de parler deschosesintermédiaires, n£p'- I1l'1,)"(inlermédiairesentre les chose; sensiblesel les

intelligible. sans doute), si l'on veut trailer de ce; choses et de cellr: qui s'y r;¡lIa-

cbenl, il n'est pas possible d'omellre la sensation; il Caul,au contraire, commencer

par elle toute tentative de conuailrc, ou en s'a¡.puyanl sur ici faits eux-m~mes,ou sur les loi, qu'on en déduit, si l'on croil qu'il y a des r'rinci~, snr,érieur>ci:mtérieurs aux phénomène;. La meilleure méthode esl de s'élever des choses quinous sont le plus connuesaux principe; car ThEophra·lc ne réduil f'J.Sla connais-!-3nreaux objets sensibles comme son mailre, il admet q,j'à la donble forme des

objets réels, sensiblescl intelligibles,correspond une double forme de connailre, la5Cn>3lionci la pensée pure, v·. ;~eç(fraôm-21). Il distingue (fi-agm.57 6ldel 57 c)

10 Une connaissancesinguliére, définie;2' Une connaissanceparliculitre, Il!P'Xi,V,qui esl indéfinie;3~ Une connaissance générale en tant que générale, TT,e1<7.M)"vwe xi9L).ov,

opposéeà la particulière;.10Une connaissanceabsolumentunil'crsclle, <1tH,; opposée à la singu-

liére.Le Cragment1 qui conlicnl le Iraité ¡nlHulé De Senau, est une hisloirc intéres-

5Jntcdes Ihéories de la scosation antétieure3 à ,\r;;lote qui n'y esl >as nommé, etoù l'on ne rencontre aucun exposéd'une doclIÍnc personnelle, La crili'lue repose surles principes d',lristole.

Touten reconnaissantavec lui que la connaissancerésulte de la nolionralilJnnellccide l'expérience sensible, que la sensation esl le critérium des choses sensibles, laraisoncelui des choses intelligibles,que ces deuxprocéd4!sonl pourc,lr.1clêrecommunl'érldellfe (Sell. Empir.a,fr_ Dogm.,1,1, 217), Théophrasteallache encore plus d'im-

portance que lui à la sens.ltionqui C.l1le principe de la créance el d'où naissenllc;nolionsprimilivesquipénNrenldansnolreespril.11Il distinguel'imaginaliondcla scns,llion

(Simplic., de An., 80, a. m. Pri=, Philipy., '17.r, z.5p., p. !15); maisil ne C«Iiià quelle partie de l'âme, la raisonnaMeou l'iITaisonnable,la rallacher.

Page 304: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

T1IÉOPHRASTE !SIpoursui\'antlanl61 uniquemcnt son objet. tantôt soulevant des

doules, grâce auxquels, si elle ne peut les résoudre et les fran-

chir, elle peul du moins, par une recherche plus profonde, jeter

quelque lumière dans ces lénèbres 1.

c'eSt ce qit'il semble, d'après ses fragments, l'état à peu

pres général de son e¡;pril et de ~a raison. Il recherche avec une

conscience et unesincérité admirables les faits; mais il les sou-

met sa raison, avec peu d'espérance d'arriver la c~rtitude, et

se déclare satisfait s'il peul éclairer les profondeurs des pro-

IMmes,

Sur les r-apporls de la philosophie première et de la physique,

c'csl-à-dire du suprasensible et de)a nature physiquc, son esprit

n'est pas moins perplexe et parlagé. Il répète avec Aristote qu'il

y a entre ces deux domaines de l'êlre un rapporl, un lien, une

sorte de contacl et comme une pénélration réciprcque L'intel-

ligible n'est pas borné aux principes rnalliématiques car les

figures, les formes, les proportions, domaine des malhéma-

tiques, sont l'œU\TC de l'esprit humain, et d'ailleurs n'ont pas la

puissance de communiquer aux choses sensibles le mouvemenl

et la vie. C'est un principe supérieur, anlérieur, un on nombre,

en espèce, en genre, c'ost Dieu, principe de toute la nalure, par

qui tout est et tout demeure, qui met le mouvement dans le

mondesans y participer lui-mémcet seulement par sa puissance

causalricc, (lui s'exerce en ce qu'il est, par sa perfectiun et sa

beau lé souveraines, pour les èlres inférieurs lui l'objet dc leur

dé8ir. C'est de ce désir flue nait l'élerncl mouwment du ciel,

c'esl-liro la ~·ie universelle

On reconnalt bien la pure docirine d'Aristolc; /liais en pré-sence de cette grande pensée métaphysique l'esprit de Théo-

phrasle se trouble; le doute reprend sur lui son empire, el il

ajoute: mais là-dessus que de di0icullés, que d'olrjectirms s'élé-

vent Les corps musen cercle clleurs mouveinenls sonl opposés:

.Ilef. frdgm. XII, n. 19, 20, 'll.a

Jlef., fragm. XII, 2. rr~srr, n; 121 oio-Axolvea-ilx ap~; n)1~)i-

Page 305: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE !<~IISYCIIOLOGIEDESGRECS18'!

d'oil \'ient celle diversilé, s'il n'y a qu'un moteur unique, ou s'il

y en a plusieurs, il n'est donc pas cerlain qu'il n'y en a

qu'un, comment expliquer l'accord et l'harmonie de ces mou-

vements 1.

Pourquoi tous les êtres de la nature désirent-ils le mouve-

ment et non le repos, supérieur au mouvement, qui n'est

qu'un acte imparfait, suivant ~ristote? Le désir, et surtout 10

désir du bien parfait, suppose l'âme, à moins qu'on ne donne

aux êtres de la nature le désir que par métaphore: et alors il

faut considérer comme ayant une âme tous les Nres qui se

meuvent

Si le principe premier est cause du mouvement circulaire, il

est cause ici d'une chose qui n'est pas la meilleure 3. Car à l'9me

il faut attribuer le mouvement, puisque le mouvement, c'est la

vie, pour les èlres qui le possèdent Or le mouvement de l'âme

est supérieur au mouvement circulaire, qui enlralne les astres

et surtout le mouvement de la raison, d'oil part le désir du

bien parfait. Le mouvement circulaire du ciel est-il de son

essence, et le ciel serait-il détruit si ce mouvement venait a

s'arrèter? ou bien n'a-t-il ce mouvement et le mouvement que

par accident ?

Comment faut-il so repré5enter les principes des choses, en

forme el déterminés, ou informes et indétermin~s9 Si le monde

et ses parties possèdent l'ordre, la proportion, les figures, Ics

1 J/d., fragm. XII, 2.2 IJ., id., 8.

a Fragm. XII..1ftl., 303, Il. l'ui"lu'il est immobile,il eq évidentqu'il ne saurait

~Ire, par son mouwmenl, cause des dloses de la Nature qui sonl moul"cmenlméme.

Pralus (in Tun., 111 a). c TI1~ophraslene Irouw ps utilede dérirer l'âme, commecause du moU\'emenl,de principes sup~rieurs, car il dit lui-mémeque le Cie'la une

!me (1 moins qu'il n~ faille lui appliquer Il r~5en'c qu'il il poselui-méme, ilet.,

segm. 8, ci pi. SlÇHy')\ xz9'bN.o~6m,sxxzi et [~arcela mémc est di\in.

Car s'il est dinin, dil-il, cl méne la vie la plus parfaile, il a une âme, pui.~4luerienn'esl 5up~rieursans ime, commeil l'a écrit dms son traité 'ltfp\ 0-,p2-d,, Clem.,

Profrefnic., c. 5. i «Théophra_le\'oil DieuLInlÓIdans le Ciel, Lintôtdan' l'Espril,

Il v e ri p a9.Il y a loule une théorie de ce "fVI1", d~1lila psychologiedes Grecs,el qui y prend lanldl un caracl~re franchernenlmal~riali5Ie. lanldl un caraclêr~

haulemenl spirilualisle, comme il arrive d,ms les Phu de l'Eglise grecque, voir

Sicbeck, lom. p. 136.

Page 306: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TlI£oI'HRASTE 283

proprié'ës diverses, comment les refuser aux principes élémen-

taires dont lout le reste est formé? Faut-il donc croire que

chaque chose, les animaux, les planl~s, la cellule mc~me, iv

1.hf, ont une fin, une raison finale, T~ ~VEX:ÍTGl?

Jusqu'où, dans le monde, s'étend la loi de l'ordru, el pourquoilie l'eut-il pas y en avoir l'lus qu'il n'y en a, et pourquoi cellerechule des choses dans le désordre et le mail?

Ainsi ce grand principe de la fin, de la cause finale, quidomino toute la philosophie d'Ai-isiote l'espril curieux el

illfluiel de Théophraste, non seulement le veut renfermer dans

une mesure assez étroite, mais semble même le rneltre en

doute. Arislote avait dit que la nalure manque parfois son bul,

~lu'clle n'alleint pas loujours dans ses créations la fin qu'elle se

propose Théophraste va plus loin mais pourquoi donc celle

impuissance de la nature, s'il est vrai, comme le disait le maUre,qu'elle a quelque chose de divin, ôZ~dY~6. r~ Pourquoi loulcsles choses ne sont-elles- pas bonnes les unes .comme lesaulres? Comment se fait-il que la nature consiste dans les

conlraires, que 10 mal fasse équilibre au bien, ou plulÕll'em-porte de beaucoup sur le bien 2 ? '1Est-ildonc vrai que tout à safin en ce monde, et que rien n'est inutile et sans bul, !i¡I1Evfl:ÍTTjl'1iV'ya-t-il pas des choses et beaucoup de choses qui sedérobent celte loi de la fin et de l'OI'drc, qui arrivent par

hasard, par une sorto de nécessité mécanique .falale, commeon le voit dans les pMnomènes célosles, et dans la pluparl deséWnements qui se passent sur la terre. Par exemple, dans lesanimaux quo de choses sont qui semblent n'avoir pas de raisond'Nre Pourquoi des mamelles dans les animaux (mUes, pour-quoi, dans les femelles, rémission du sperme, puisque cela liesert à rien Pourquoi la barbe et les poils dans telles parlies?pourquoi telle grandeur des cornes à des animaux à qui cela estuuisilile Il n'y a là évidemmenl aucune fin, mais des faits acci-

1Jfrt., fragm.XII, !J.Id., XII, 18.

Page 307: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE LA PSYCHOLOGIEDES GRECS!SI

dentels, comme une sorte de nécessité fatale dûs au hasard et à

la révolution du monde, napvqop~.Si ces êtres et ces choses n'ont

pas de fin, le principe des causes finales ne s'applique qu'à un

ordre particulier de phénomènes, et il ne faut pas l'introduire

partout. Et la seule réponse que fait Théophraste ces questions

que sa raison se pose, ne s'éloigne pas moins de l'esprit du

dogmatisme péripatéticien à savoir qu'elles portent sur des

objets dont la science nous est probablement interdile, et inac-

cessible à l'intelligence de l'homme -ÍÀÀ':c !A-~YotOYi,Rtp6z~6;

'l"IÇl7oÏ'{'X'Ses considérations sur la science même ne sont pas sans

force et sans profondeur. Puisque la fin d'un être est le rapport

de l'individuel et de l'universel, l'œuvre de la science est de

saisir et d'embrasser l'unité d'une pluralité l, La science est

multiple; pour chaque objet d'un genre différent, il a une

méthode propre pour le connaHre, ctla connaissance de celle

méthode est le principal et le plus imporlant2. Aristote avait

dit peu près la mnne chose, mais avec plus de précision. Sui-

vant lui toute science, en tant que science, doit avoir la forme

de la science, et il n'y en a qu'une, qu'enseignent les ~lita~yli-

~~nes; mais il y a plusieurs sciences, et chacune d'elles, de

même qu'elle a ses conclusions propres el ses principes pro-

pres, doit avoiraussi, outre la forme et la méthode scienliOqucs

générales, ses procédés propres de recherche et d'exposition.

Théophraste est plus original et plus profond dans ce qui suit.

S'il est vrai, dit-il, comme quelques-uns le prétendent, que

certaines choses sont connaissables par cela même qu'elles sont

inconnaissables -r~ xrvwz~x rivit, ce serait là un procédé de

connaissance très parliculier et qui aurait hesoin do distinction.

Il serait peut-élro mieux de dire des choses qui rentrent dans

ce genre qu'elles sont connaissables par analogie, plu lOt quo do

dire qu'elles sont connaissables par leur inintelligibilité iiième 9-

1 Id., id., !O.Id., id., 'II.

Page 308: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

111WPllRASTE !85

car ce serait presque dire qu'une chose est visible par le fait

rn~me qu'elle n'est pas visible 1.

On devrait, avant tout, définir ce que c'est que savoir mais

c'est une chose bien difficile, pour ne pas dire impossible.

Comment saisir la notion universelle dans des termes auxquels

s'appliquent des sens dilTérenls et qui ont un contcnu diffé-

rent ? Jusqu'où d'ailleurs faut-il pousserla recherche descauses,

aussi bien dans l'ordre des inlelligibles que dans l'ordre des

sensibles, et de quelles choses faut-il les rechercher? Car les

poursuivre de toules choses, et jusqu'à l'infini est ahsurde et

deslructif de la pensée rnème t. Lorsque nous arrivons aux

termes extrémes, aux premiers principes, nous ne pouvons

plus les saisir, soil parce qu'ils n'ont pas de cause, soit par suite

de noIre faiblesse, de même que nous ne pouvons regarde!' les

objets éclairés d'une trop vive lumière. La vue des premiers

principes est une sorle de contact, de toucller, ce qui fait que

l'erreur n'y a pas place.

Le plus important, comme le plus difl1cile, dans tous les

ordres de sciences, c'est de savoir oit poser le terme de la

recherche, aussi bien dans les sciences de la nalure que dans

celle qui les domine et les conditionne. Car ceux qui cherchent

la raison de tout détruisenl la raison et la science. Ceux qui

pensent que le monde esl tsternel et cependant cherchent la

raison et la cause de celte éternilé, cherchent une chose dont

il n'ya pas et ne peut pas y avoir de raison 3.

Un des principes essenliels à la doclrine péripatéliciennc, à

Id., id.Id., id, 23 el

3 Id., id., 26. Dansl'ortlremémcdesfaitseldes~lrc3de la nalure,il ne fautpaslarloulrecherchcrles causes,le dv Ti(l'roel. in. Tim., 1161.Ainsi,l'âme,~IredeIl niture,e~lprincipedumouvementil n'y a rien nanl elle, el il n'y a paslieutlorecherchersonprincipe co serail,enelfel, rechercherle principeduprin-cü~e(id., 177).fix&tw;dF~Ÿ,YYlY7?f(J;si,v '¡'V;(7,V!i1<wv,ovpèâ),).o nrb2'~rl¡~~;t.~ll1!v,);,apz;,eovx oierwLetvâp;li:,vi7ctznt£iv. nerecherchepasdaunLtgel'originedesidéespleml~re.ouquiscmblenllellcs.CommeArislole,il comitlhelemouvementcommeun (aildonnépar l'é\idcnce,et il parall,ainsiqu'Eudèmo,noiradopté,sansmodiflcaiion,la définitionel la concepllondu tempsqu'auil donnéeArisrOle,Scholf.Ar., 39",b.

Page 309: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISf0IRE DE Li PSYCIIOLOGIEDESGRECS~86

savoir que l'acte est supérieur et étmnger au mouvement, ne

peut entrer dans l'esprit de Théophraste. Son bon sens pratiqucet positif résiste l'accepter. Si le repos est identique à l'inerlie,

comme il semble manifeste, comment l'allribuer, mais aus~i

comment le refuser aux, premiers principes? Il paraU manifesle

que toute chose, lorsqu'elle est en acte, est mue, comme on 1('

voit dans les animaux, les plantes, le ciel lui-même: car le ciel

en repos est une abstraction, une OClion, l'homonyme du ciel l,

La vie est mouvement, et l'acte est la vie 9.

Des fails plus importanls et plus considérables encore se

manifestent dans les modes d'élever les animaux et leurs modes

de reproduclion. 11n'y a là évidemment aucuno fin mais des

faits accidentels dds aux combinaisons du hasard car s'il;

étaient conditionnés par une fin, ils se produiraient partout les

mêmes et de la même manière 3. 11 semble que ThéophrasU:

fasse ici allusion aux variations que peuvent produire, dans le~

espèces animales, certaines conditions particulières de nourri-

ture, d'éducation, de reproduction oÍl les placent soit le hasard

des cir~onslances, soit la yolonté de l'homme. La variabilité

des espèces, si ene élonnejuslement dans un disciple d'Aristote,

est loin d'êlre une idée nouvelle en philosophie, et Lamarck et

Darwin ont eu, dès l'anhquilé la plus reculée, d'illustre.3 pré-

curseurs.

Cependant Théophrasle ne s'abandonne pas tout entiel' à ces

eniralneinents il ne déserte pas complètement et sans réscme

les principes de son maitre A considérer les choses en général,

dans l'ensemble, tout dang la nature tend au mieux, uu xrimcu,

et dans la mesure du possible participo il l'ordre et à la durée

éternelle. Partout on le mieux est possible, il ne fail jamais

défaut. Le monde de la vie est restreinl; le monde des NrC3

inorganisés est inflni dans 16sbres animés, le bien est rare,

IJ., ill., 't8, 29,s C'eslpourcelaque les végétauxont une ,'ie, quoiqu'ilin'aient ni mmursDi

¡Clion5,~9ç x~11t?~~II;.llisl. Planl., 1, 1.3 Id., id., 30.

Page 310: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TIIÉOPIIFIASTF 387

le mal très répandu mais il faut ne pas oublier qu'il vaut

lI1ieux être que n'~tre pas. L'Nrc est de l'ordre du bien, ~t).ov

T~.£t'vit)et, par cela seul qu'ils sonl, les Nres el les choses parti-

cipenl, déjà à la beauté, si ulv o'vvrvrz ZXi).9;)1 T,Z t Y1,YTl1

Dans la définilion arisloleliquc de l'âme, Théop,)lraSlesemble

réclamer une modification 2,' parce qu'il ne peut comprendre

que l'acle, même l'acle do la pensée, soit pur de mouvement,

ou plutôt ne soit pas un mouvement. On peut bien, disait-il,

dans son livre du Jloneenrenl 3, ramener les instincls, les désirs,

les passions, à des mouvcments du corps, oÜ ils ont leurs prin-

cipes. Mais tout ce qui est jugement, inluition, il n'est pas

possible de le ramener à autre- chose qu'à l'âme, la raison,

partie supérieure et divine de l'dme 01' il est unanimement

reconnu que ce sont 1[1des mou\'emenls. Il faut donc voir s'il

n'y aurait pas lieu d'introduire quelque distinclion dans la défi-

nition qui donne à l'acte, et à l'âme en tant qu'acte, l'impassi-

bilité et l'immobililé pour caraclères spécifiques;.

La distinclion même qu'Aristote n'a pas négligé de faire,

mais sans l'introduire dans sa définition, s,ou lève rI'aulre part

des difficultés el des objeclions nouvelles, Le \'o~; est distinct

de l'âme; mais comment jamais, puisqu'il vient clu nelrors,

l,tù9cv, puisqu'il est comme surajouté l'3me. É:r(9ETOC,comrnenl

1Id., id., 31cI 32.

lamblique (Slob Eclog., l, 8:0). « D'autres(peripaléliciens)défini-senll'3n:elaréalisalionsubslanliclleducorpsdi\-in,nhl~Tljn %~LT'ov.iavr· 5:?ov"1t,T,VflTE).t~(L11Yx'.lh, '~Ff~rorE).q;,i~snfpLr,lv EviotcEhb¡;~70T"n'est pascerlainquece derniermembrede phrase s'aphliqueIlla Mfinilionmeme,ci l'onpourraitr,Iul61croirequ'elles'appliqueau nomque Th2uphraslePaireplwieurs,a d:1acccpierel recevoird'Arislole.Peu de pbilosophesont cnlreprisdedonnerunedéfinilionscientifiquedel'Amc.Quel>quesoienlles MfJulsouleslacunesdecelled'arislole,il enresteratoujoursquelquechose l'iMed'unefinse réaIÍs.:Jnl,carl'âmeesl pourluib réalisaliondu corps,conrormémenlà unefin.

3 Simplir.,l'hya., Y?5,a, u.1 I:~meestsibienmouvementpourTlidophriste,queThéiniste(de.4n., /j.'I,II-0),

dit « Il avoueque le moU\'emenlest l'essencememede l'àme,el c'c-,Ipour celaqueplusellese meul,pluselleperddesonessenceP.Celledernièrepropositioneslilrange,commele dil Zeller,qui \"Cull'alIrÍbucra un aulre Théorliraste.~laisnepourrait-onattribuercelui-ci mêmel'opinionque le mouremenls'uselui-mEmeetfioitpu dl!lrulrel'essencedel'Ime,commedetoutesloschosesqui se meuvent?9

Page 311: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDEIA PS1'CIIOLOGIEDESGRECS~88

peul-il être de la même essence qu'elle? Quelle est donc l'essence

même de ce N·`? Dire qu'il n'est rien en acte et qu'il est tout

en puissance, comme la senS3lion, on le peut; mais à la condi-

lion de lie pas entendre par là qu'il n'est absolument pas en

acte. Car même pour les ch~se5 matérielles, il y a pour subE'lrat

de l'acte une puissance, une force, M"lX!1IÇ,qui n'est pas conce-

vable sans quelqu'aclion. De même aussi si l'on veut ne pas

détruire l'unité de l'âme par l'intervenlion de ce N,Jq, il faut

entendre par le mot É;W9EY,qu'élranger, il est au premier

développement des facull(>s psychiques, il était néanmoins,

quoique caché et invisible, enveloppé dans les profondeurs de

la constitution première de l'lme, et comme dit Théophraste,

de sa première génératioll, c'est-à-dire au moment où pour la

première fois apparalt et est engendrée l'âme.

Et toules ces interprétations complaisantes ne lèvenl pas

encore les difficultés. Comment le No7;, l'inlelligence, devient-il

l'intelligible 1 ? Commentfaut-il entendre sa passivilé car il faut

bien qu'il en éprouve une, comme la sensation, pour arriver .c

l'acte. Quelle passivité un incorporel peut-il éprouver d'une

chose corporelle, et quelle espèce de changement? Ce change-

ment vient-il de l'objet ou de lui-méme7 D'un c0lé il semble

que le No,5çdoit subir le changement de la part de l'objet car

aucune des choses soumises la passivité ne la subit d'elle-

même; de l'autre CÕté, le N~,u;est principe do tout; il n'en est

pas de lui comme de la sensation qui dépend de l'objet. Il

dépend de lui seul de penser, et si sa pensée est une modifi-

cation de son essence, un état passif qu'il subit, celle passivité

!'Iort du fond de son essence même. Enfin dire qu'il n'est rieu

en acte, et tout en puissance, n'est-ce pas le faire descendre

dans l'ordre de la matière, dont c'est précisément l'essence

d'étre tout en puissance et rien en acte 9.

1 Tbemlsl.,de .an., 91, a, o.1n~mlsle nousapprendquecellediscussioneslempruntéeau Ve1..le la PhJ3i'lu~

de Tbéophrasle,quiétait le s~1.de son "té de l'Ame,el 'lui élallrempli!t'»J/;),

Idv nnopW9,no)abv ai iacdtdartuv,7Io),),(;)vdl ),'¡"I(,)Y.Il est regreluneque

Page 312: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Tlltorlln.\ST£ q89

Il résulte de 111,comme l'a observé Thémiste, que sur le Nor,

en puissance Théophrasle élève les mêmes objections contre

l'h)'polhèse qu'il vient du dehors et contre l'hypothèse qu'il

vient du dedan~ et de la nature mbme de l'être.

Quant au Nci.- agent, il est impassible et séparable, sans

doute, sous cerlains points de vue, mais sous d'autres, &).).w"

cela n'cst pas admissible 1 car s'il était absolument impassible,

il ne penserait pas. De plus quel est le rapport de ces

deux natures qui se confondent ou se fondent dans le No;,j;'1

Quel est le sub.3lrat,.>' irzorEl; vov,du N"ù; agentet de soncorrélat,

car il semble que le N~3,-est un composé, un

mélange, et un mélange du No3; agent et du No,-j,en puissance.

Quoi de plus contraire fi l'analyse d'ristl)tc qui le déclare

e~pressément simple et sans mélange, ?Or si le Noù,

moteur, Y.IVWY,est de, même nature, immanent en nous, il aurait

dl1mouvoir dès le commencement et devrait mouvoir éternel-

Icment

On voit encore, par la substitution peut-étre involontaire du

mot xww au mot 7tOI'(ITIY.&combien l'esprit de Théophraste

résislc à la conception d'Aristote d'un acle pur de mouvement.

L'acte descend dans la sphère du mouvement et s'idenlillc avec

lui. Le mouvement reste alors sans cause et sans raison

1)uisque,suivaiit la doctrine d' Aristote, tout mouvement supposeun moleur immobile, sans quoi on se perd dans l'iiiflnité et on

no irouve aucun point ou s'arrNer.

D'un aulre côté, si ce Nr,5; agcnt arrive dans le Nc.ü, en

puissance du dehors et postérieurement à la naissance de celui ci,

comment ce phénomène se produit-il? avec quoi y est-il intro.

duit? Puisqu'il est iÎ'(tVY"f¡.&"comment n'y est-il pas toujours 37

Commcnt expliquer l'oubli et l'erreur?

nousneconnaissionsgu~requelesflremi~rc5,et que11u1mi.lenousail laisséignorerles solution3,si loulefoisil y eoauil car TI1¡1ophra~lc,qui sait si hien¡lle,'erdesûbjcclionscontrelessolutionsdùnn¡lcs.'lUIhroblémesde la l,hilos!1f'hie,n'eoa pourainsidirejamaisaucuneà prt'scolerpoursoncomhle.

t TI1eo!,hr.,rragmLili,b.¡jn:I~T,ey2rp,fr,IJIV,Norc, ci), IJ.p20.).w,InQIj.IZ.r,1TllcoJ.hr.,rragiu.Lili, L.

CDAIGHT.P~yr8olopla. 19

Page 313: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA PSYCIIOLOGIEDES CIIECS!90

La seule solution que propose Théophraste et qu'accepteThémisle pour concilier ces contradictions relevées avec tantde force, c'est d'entendre ici les mots dans un sens différent decelui qu'ils ont habituellement, quand ils sont appliqués aux

autres choses. Priscien 1 conOrmc sur un autre point ce mode

d'interprétation doThémiste, dans un esprit très philosophique.

Théophraste rappelle qu'il faut entendre dans un sens très parti-culier la proposition que le N(¡;];en acle et en puissance est leschoses mêmcs, afin qu'on n'entende pas, comme lorsqu'il s'agitde la matière, l'ètre en puissance dans 10sens do la privation,etl'êlre en acte dans le sens d'un achèvement, nh(w'n~, opéré

par un mouvement passif ot extérieur ni non plus comme

lorsqu'il s'agit de la sensation, oit la production des idées est

opéréo par le mouvement des organes des sens, puisqu'elloest une intuition des choses extérieures. C'est dans un sens

tout intellectuel qu'il faut entondre ce qu'on dit de la raison,

qu'en acte et en puissance elle est les choses mêmes.

En effet les choses sont les unes dans une matière, les au Ires

sans matière, par exemple les -substances incorporelles et

séparées. Dans les substances séparées, le sujet pensant et

l'objet pensé ne sont, commo l'avait dit Aristote, qu'une seule

et même chose1 car le sans se porter à l'exlérieur, mais

demeurant en lui-mème, penso les choses c'est pourquoi il est

identique aux:choses pensées: Toutes les choses immatérielles

et indivisibles, qui possèdent la vie et la connaissance, sont elles

mômes intelligibles.Pour conclure, Théophraste ajoute ( Lorsquo co fait se pro-

duit, quand la pensée se réalise, il est évident que Ic No~;

possède les choses (qu'il pense), et quand ce sont des intelli-

gibles, qu'il les possède toujours, puisque la connaissance

1 Philo30phegrec,né enLydic.discipleda Dammeiu3,auteurd'uncMmÍ;2'J1;Wv(:h'):¡>?:Í'Jt~'J1E?'publiée parWimmer,danssonéditionde3o?wresdeThéophraste,1.III,p-23~.Ontrouve11li findu l'Iolindo l'ldilionDidol,beiSolufionestorumde quiGuaJuGilarifChoarota,Pcraarrrmrta.

1Ar.,Jlef., XII,\.1deAn., III,-1.

Page 314: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

rnlOf'IHlAST£ 2~I

intuitive est identique aux choses mêmes, la connaissance intui-

tive en acte, bien entendu; car c'est 111.la connaissance au sens

propre et éminent, XIJ(lw-dn¡.Les intelligibles subsistent toujours

dans la raison, puisque par essence elle coexiste avec eux et est

ce qu'ils sont.

Les Nres qui sont dans une matière, quand ils sont pensés,

sont eux aussi dans la raison, mais non pas comme naturellement

portés par elle; car des choses matérielles ne peuvent jamais

ètre) en tant que telles, dans la raison, immatérielle par essencc.

\lais lorsque la raison pense les choses matérielles, non pas

seulement telles qu'elles sont ou plutôt apparaissent, mais dans

leurs causes, alors les choses matérielles sont dans la raison

selon leur cause, leur essence, Ú7CZP;:lIX'1.T~'d.v t;J'J{zv.

Th~ophrasle a déja un penchant très marqué à rapprocher

dans l'homme le spirituel du physique, ctl'âmc humaine de

l"àme des lnlcs. Enlre les unes et les autres il n'y a pas de dilTé-

rences d'essence, de nature; elles sont elles sont toutes

égalemenl susceptibles de désirs, de passions, de raisonnement

et surtout de sensation~. Sans doute il y a entre elles des diOë-

rences de degré de même que le corps, cerlains animaux ont

l'âme plus parfaite, d'autres moins parfaite: mais tous ont l'âme

composée des mèmes principes, 7tX'J('"tE[L-11.voc,jTol~oci 'Xun\

7re?4x%,7t~jipZXl, ce que prouve la ressemblance de leurs affec-

tions, Z-rlol 8! T(70Vr.z9c5vO¡XEI~HI~'C'élait un des arguments

par lesquels il démontrait la commune origine des hommcs et

des b~les, et la parenté de tous les hommes entr'eux. Nous

croyons, disait-il, quo los hommos sont de la même famille et

de la môme race, GÎXEIOU',TE x'Z\GUYYE'/E'I~,ou parce qu'ils des-

cendent des mêmes ancétres, ou parce qu'il ont en commun la

nourrituro, les moeurs, la race, mais surtout parce que l'âme en

eux n'a pas de dilTÓrenco de nature et d'essence 1. Aristote

avait déja dit que si les bêtes n'ont pas l'entendement ni la raison,

1Porphyr.,de ~tbafin.,111,25.Tlidophrasteavaitécritun traitéintitulé tlt farafaonet du caraclèrt moral des animaux, d'où semble~Ire tiré l'eIlrailde

l'orpb)Te

Page 315: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI PSYCHOLOGIEDES GRECSm

elles ont du moins un principe analogue. Les végétaux eux-

mêmes ont la vie: mais il n'ont ni mœurs ni actions 1.

Comme Aristote, Théophraste définit la sensation une assi-

milation par le sens de la forme de l'objet sensible, sans sa

matière, X1"t~zi. cid-qu\ TO:¡1,¡;MYO:¡'J;ivsu T'fi;û).-r~sY(V!']/):l1s-iw£;0-

~ol~zs~.9; assimilation qui suppose entre le sujet et l'objet une

ressemblance, une affinité qu'il constate sans en déterminer le

caractère et la naturo. Il s'opère, suivant lui, dans l'appareil des

sens, des changements qui rendent les organes de la sensation

semblables à l'objet perçu, non pas matériellement sans doute,

mais formellement; car il est impossible de se repré3enler com-

ment la matière même des objets pourrait pénélrer dans le sens.

Ce ne pourrait ètre qu'au moyen d'une sorte d'émission, d'éma-

nalion, 3. Mais comment par l'émanation pourrions-nous

expliquer les jugements que nous portons sur le lisse et le rude?

Celte émission d'ailleurs constituerait pour l'objet une perle

de sa substance matérielle; les objets qui ont une odeur forte

devraient diminuer rapidement de volume: ce,qui est loin d'ètre

confirmé par l'expérience. Dans la sensation du goût qui se

reproduit par contact, on no peut concevoir une émanation. Ce

ne serait plus une sensation, et si c'en est une, elle doit s'opérer

par un rapprochement intime, En T~ et non par

émanation. Le sujet et l'acte de la sensation ne font qu'un.

Nous voyons quelque chose d'analogue se produire dans la

chaleur qui est à la fois dans le feu, comme acte de l'échaulTanl,

et dans l'objet, comme état passif de l'écliauffé 4.

La sensation ne dépend pas exclusi\'ement des propriétés de

l'objet, comme le croit Démocrite, mais aussi de la disposition

du sujet sentant X'11T~ ú;t"¡U{:LEV"Y~AiCO~~I~J:vnao'fov.11y faut le

concours de l'agent et du patient u-i,~4~iY0'IT?!illi xxl 1:~

Cela est manifeste, puisque le même ohjet ne cause pas

Ilisl. Planl., l, 1.PrLsc.,p. \HI, fragm.1.PhilippSOD,

3 DeSena.,20.1 Prise,.Jlelaphr.. I, 18,

Page 316: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Tur:ornn.tsre i:}3

11lous les Nres capables de sentir la m~me sensation, et il n'y a

rien d'impossible à co qu'un objet amer pour une espèce d'~lres

vivants soit doux pour une autre 1. Le fail de sentir dépend,non pas des canaux intermédiaires qui le transmeUent, 'It&fO',mais de la constitution et du temp()rament du sujet, 1Tf~Ç'I-~y

a.Í/)!1IVxx\ silv Xpi11Vi.On peut soutenir, avec Anaxagore, que la sensation s'opèro

par les contraires car l'allération, nécessaire la

sensation, nesemble pas pouvoir être produite par les semblables,

mais par les conlraires. Mais c'est une erreur de croire que

toute sensation est accompagnée de douleur l'expérience le

prouve, aussi bien que le raisonnement. Des sensations, les unes

sont accompagnées de plaisir, les autres ne sont accompagnéesd'aucune douleur. La sensation en effet est conforme la nature,

et rien de ce qui est conforme à la nature ne se produit avec

violence et soum'ance: au contraire, et plutôt avec un sentiment

de plaisir. Le fail même de sentir, nous ne le recherchons passans un certain désir de l'objet. Ni la pensée ni la sensation ne

sontaccomp3gnées de douleurs. L'excès mt~medes objets sensi-

hies et la durée lrop prolongée de la sensation ne prouvcnt pas

que la sensation est nécessairement accompagnée de douleur,

mais plutôt qu'elle consisle dans un certain mélange, dans une

certaine proportion quant à l'objet iv 1uf'-f'If{~'IIV\XiI\xfiau

r-t- -rb3. C'est pour cela qu'un défaut de proportion en

moins dérobe l'objet 11la sensation, et qu'un défaut de propor-lion en lrop la rend douloureuse et endommllgo l'organe. En

réalité l'acle de sentir en soi ne comporte ni le plaisir ni la dou-

leur il est neulro, fUT'o,~g!'Ilfou1.

Toutes les sensations s'op~rent par un médium, qui, dans 10

toucher, est la chair, dans les autres sens cerlaines mati~res

Theo~hr.,deCrtua.l'lanf., \1, 2, f.id., id.,VI.3 Ile Carra.Plan~ VI,1, 1. la :501l'eUr,l'odeur,el loule.ses sensalionsen

gfnlralsonldesmélangesNt3nec proporlion,iLtxTinlile"nia lbyov.1ThC<J[1hr.,deSens-,31.

Page 317: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEDE L% P3YCIIOLOGŒDES CItE~3231

extérieures fi nous le diaphane pour la vue, l'air pour l'ouie,

l'eau pour le goùt, l'air et l'eau pour l'odorat 1. Tout cela est

parfaitement conforme à la théorie d'Arislote, avec lequel il

s'accorde encore en composant d'eau et d'air les appareils orga-

niques immédiats de la perceplion sensible dans la vue, l'ouie,

et l'odorat~. Il admet, comme son maUre, qu'il y a un sens

commun pour percevoir les propricrtés générales des corps;

mais il trouveinadmissible l'opinion que ces propriélés générales

et du moins la forme des corps soient perçues fi.l'aide du mou-

vement: 7.t!l:t?, fi silv !-f-?trf,v'ÏI XIV'£! 3.

Nous possédons tous les sens possibles et nécessaires; mais il

n'est pas moins cerlain qu'un sens unique pourrait suffire pour

deux genres différents d'objels sensibles; et s'il en était ainsi, si

par le même sens nous perce\'ions des oUjels de plusieursgenres

différents, nous n'en aurions pas conscience'. Sa criliquc de la

théorie de la sens<·rlionde Démocritc prouve qu'il admet la véra-

cité du témoignage de nos sens il y a dans les choses senties

une réalilé (lui correspond fi. la sensation él)rouWe et qui la

cause. la sensation n'est pas une simple modificalion, une

alTection pure de la faculté do sentir, comme le croit Démocrile:

c'est quelque chose de plus qu'un phénomène psychique pure-

ment subjectif. Ce que ce philosophe accorde pour les sensations

de la pesanleur, de la rudesse et dc leurs conlraires. doit t'JII'e

étendu fi toutesles sensations. La plus grande conlradiction du

systèmo de Démocrite est de faire de la sensation en m()me

temps un phénomène purement suhjectir, 7t':Í./)'et d'en ramener

la cause aux figures des atomes qui sont des réalités objectives 5.

A celle question pourquoi dans la veille avons nous souvenir

de ce que nous avons rêvé, et pourquoi, dans le rève, n'avons

nous pas souvenir des actes de notre vie éveillée, il répond, c'est

Prisc., dansle Thdophr.do Wimmer,1. lU, p. Q7G,sqq.Id., id.3 III., p. 2.î7.4 Prie.. JltlaphY.,l, 31, ~2, ei 03,'OI.~t,)'jnhlw(:X:'1h"~I1.h),ov1t~"tr. d

ro5ro lZbI"x:xlsz 7th/w!r'1lt'JI!.

Theophr., de Sens., (;3.iO.

Page 318: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Tm:I)p!lrI.\ STE ~P5

qu'on no se souvient que de ce que l'on a perçu par la sensation,

ou de ce que l'on se représente par l'imagination or ni l'une ni

l'aulre de ces opérations menlales ne se produit dans le sommeil.

L'6latdu sommeil suspend l'aclivilb de la sensation, et en m()me

lemps par cela m~me suspend la mémoirc r.

Nous avons peu d'observnlions psychologiques proprement

dilcs, attribuer à Théophraste: il considère comme ahsurde de

se représenter le phénomène de la vision commeune impression,

faite dans l'air, par les objets sensibles, d'une forme semblable.

L'air qui n'a aucune solidité- n'est pas susceptible de recevoir

une forme: l'eau la recevrait mieux encore, et cependant on

voit moins hien dans l'eau que dans l'air Il. Cc qui n'empéclie

pas Théophraste d'expliquer le phénomène des images dans les

miroirs comme une impression de la forme dans J'air, T'iiÇ

!L"PÍ'T¡çW'17'Ep2~iGTÛ:CW?l'/ÉYT(7a2ÉF!3.

Ueaucoup d'odeurs, sensihles à plusieurs animaux, échappent

aux hommes, parce que l'odorat est pour ainsi dire le plus

imparfait de leurs sens, El7CTb~ElFÎ.TYlY'FZFSVT-yYairfjTlcly~r26T-rjv.

En revanche la bonne odeur ne semble pas faire par elle-même

et pour clIc-même plaisir aux animaux qui ne recherchent par

elle que la nourrHure. L'homme est presque le seul animal qui

l'aime pour elle-mème et comme telle 4.

L'excès de la méthode exp6rimentalo, 10 penchant prédo-

minant des scicnces naturelles, ont éteint ou abaissé dans

Théolrhrasle le sens métaphysique: la mème et fâcheuso

influence se manifeste dans sa morale qui prend un caractère

1 PriscianiSoluliones(Plolin,ed. Dabner,p.5G5).1l1~oflIJl-a5Icn'e-,Ipasnommédansle(l.1SSJgernénie;maiscommedansl'Inlroduclion,p. 6113,Priscienannoncequeloi solulionsdes queslionsque lui a Chosroès sonl lir~C3des anciens,rc(erumtace/~fosIiGris,el que,lurmicesanciens,il citenomm~rnenI111~0f'hrJsIC,

1 Tlleophr.HllIsitemplurimasocrJ5iones5('rnlOnedignasr'l'æ"lilitllisquæquæoil.1SIInlCI~1'a(rrrali//isloria cl ~1'alrrralioudilu,el CI IdsquæLIililde .Somnot(Sonmié,r,etc. ra,cés! uneconjeclurefr~avraisemblaGlode Diibnerquece paSS3gC,qu'unneretrouvepas dansle mémoired'Aristote,esl tiré du livredoTh~01,IJld5Ie.deSomno,dontl'riSCiCDdéclu-as'ètrt,servi.

t UeSeru.,51.Prise.,280.DeO~lor.,Il, de Caua.Planl., \1, 5, 1.

Page 319: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

nisTOmeur:w P3rCIIOI.OGn:OF.)GUEt::>2'J6

non seulement pralique, mais positif, sans hauteur comme sans

chaleur. Cicéron relève vi\'ement celle ahscnce de noblesso et

d'idéal dans sa conception de la vie s~otiarit rirli~lem suo

decore, im6ecillam~lice f·eclclidit l, et 10 bl~me, avec toules les

écoles et tous les philosophes, d'avoir approuvd la maxime de

Callisthêne j'itani re~it %rl~cna, nom sapicntia, Sur cc point

seulement, je veux dire un cerlain retàcliement des principes

do la morale, il s'est écarlé des maximes de son maUrc, dont il

suit, partout ailleurs, fidèlement les traces, autant que nous

pouvons en juger d'après les courts cxtraits que nous avons

conservés de ses livres, et les jugements, peut être suspects,

des écrivains postérieurs.

La raison est pour lui le fondement de la moralité la

science, le but souverain de la vie, le bien le plus parfait do

l'homme. Se rendre autant que possible scmblable à Dieu e -Y

pour cela, enllammer en soi le désir de connaUro par 10

spectacle de la beauté que nous pouvons contempler mèmo ici-

bas 3, voilà le but et le moyen d'atteindre au bonheur. La vie

spéculati\'o est ainsi au-dessus do la vie pratique

Aristote n'a pas laissé une tMorie psychologique des senti-

menl.s et des passions il ne les avait analysés que dans leur

rapport la morale pralique et à la rhétorique. Théophraste,

qui avait écrit un traité spécial zcpl ila4wv, semble avoir élC

provoqué, par uno polémique contro Zénon 5, à approfondir

davanlage ce sujet.

Les instincts, les désirs, les passions, Qfthtç, t,.a/)u:J.l'1.I,Q("(I'J.(,

sont des mouvemenls, non de l'âme, mais du corps c'esllà

qu'ils ont leur principe, tandis que les jugements, les notions

intuitives, ne peuvent èti-e rapportés qu'à l'âme, qui en

est 10 principe, l'acto et la fin. Ajoutons que le No~c est unc

1 Cie,. de Fin., IV, 5; Acad., l, 9.

1 Julim., Ural., \'1, 185, a.

3 Cic., Tuac~d., l, 9.

1 Cie.,de Rin., V, 4 Plu\ Plac. Phil., Proœm.,

5 5enec.de Ira. l, Il; Simplie., Scholl. Ar., 86, b,i8.

Page 320: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TIIÚJPlrn.\sn; 297

partie (le l'3me, -ri, supérieure, plus divine, puisqu'elle nous

vient du dehors, et méme absolument divine t.

La volonlé, est en général une déclaration, b¿Ï''J.'II1I;,

des choses à faire les unes sonl contraires à nos jugemenls,

les autres y sont conformes il en esl )Jour lesquelles

il y a doule el incerlituele g. L'homme est lihre, mais dans une

certaine mesure. Son lihre arhilre est une des causes de s~s

aclions; mais il en esl deux autres à savoir, le hasard et la

nécessité. L..1.nalure personnelle les l'éunillous les qualre3.

La vertu n'est pas, comme se l'imaginent les sloiciens, un

élal de l'âme, qui, une fois acquis, ne peut jamais ë[rc perdu 4.

Ce n'est pas une possession immuahle, .x'n.7t~~hIT"Y, comme

l'avait reconnu Aristote.

Les passions el les senlimenls ne sont pas tous et toujours

conlraires à la nalure ainsi il est impossible mème l'honnéle

homme, el surlout à l'honnéle homme de ne pas éprouver un

sentiment (le, colère contre les méchanls 5. Les passions que

dislinguent les moIs (ou :J.i:.J.'tl;), o()'"f¡, diffèrent

1 Fragm,53. Simhlic., in l'lnls., 92r). C'esl li que Th~ophras(cajoulc la rcslric-tivn « Sur ce point, il {aurlr.lil se demander s'il n'y avait pas quelquedi;linclionâ faire dans la Mfinilion, pui<quc mfme ces faits do l'jll:e, c é~l-à-dim nosf-ensée3pure>, sont des mouvcmenls, t7rEl T~ yf XlV77E(Gcl-é2t x2t T2.jra;des nioun-ementsde l'ime, il est vrai.

t Fragm. 70, d.3 Slob., b'clog., 1, 206. C:hl,P2'7T'); rc~%f,12~t (la leton rc:);"12~~Eï,

certainemenl vicieuse, csl corriôéo en on dsap9roi, par lIeercn el~lrinekc jo propose qui convientmieut au sens, et c31un mol grecusité) TlIGaÎT:alGTi,YxlTZ ~~1)2~fiEIJ"Y:;;1"t:Z1.É7~l~Gric TOci il Ti,Yfxzatov ~·5alv Év 't~1ttjv TETTapmYaitlG)Y 1tp'r.u~l'7£'lJ; T·5/r,Gxai âvayxi,llcinckc, pour relrOm'er la '1J,llri~/IICeau·c, ajoute, sur le cùn;cil',J'IIecren, le motcorrection difficileà aslopler,r,ui:fJuc,d'aprt~.ielle, la nature ferai! partiedela nature per4,~onnellede chacun.

Sinif-lie., ScAoll.. Ar., 8(i, b. 28.

5 Non polesl, inquil Thcophmlus (Sence., de lra, 1, l,.) rieri nl ne lanus sirirascatur malis. Dans l'lJu\'rJgc de Delll/Jan!!D.ul.1am(moine de Ca/.¡bre,morl en13.8. cn\'oyéen ambassade (l-1rl'empercur Antininieusaupr~ du pape I1enoilXIII,inliluldElhica aec. Sfoicos., Il, t:J, on Iii: Theophr.lslo quiJem last Arisioielein

Peripalelicorumprincipinon \'jJelur omnemperlurbationeniaJwrj,ll11esse con,L:mliæ.Cour.Drandis,III, p. :J5G,n. 3~1. Jlose, Arisfof. paeudel~igr., 101; Cie., Tusc, IY,17. 19. t3; Senre., Ep., 85, 116.

Page 321: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOlfiE DF.I~I l'SYf.IIOI.OGIF.DE5GnEŒt9s

enlr'elles par le plus ou moins, c'est-à-dirc en degré, mais non

en espèce'.

Certains traits d'obsen'ation, sans se rallacher !I aucun

s)'slème psychologique, sont inlércssanls à relever. L'excès

dans l'amour risque de devenir de la haine g. Si les choses sont

communes entre amis, à plus forlc raison les amis doivent c~tre

communs enlre amis 3. Il faut parfois sacrifier à l'amiliémème le

dcvoirs. Il ne faut pasju-er les aulres lorsque déjà on les aime;

mais il ne faut les aimer qu'après les avoir jugcs 5. La vie hu-

maine est remplie par le bienfait, l'honneur et la vengeance 6.

II nous re31e bien peu de chose de ses théories sur la

psychologie de l'art Il professtit, comme son maUre, que les

sensations de l'oreille sont celles qui produisent sur l'âme

l'impression la plus vive et la plus palhélique 1; car rien de ce

que nous goÙtons, touchons, voyons, ne cause des agitations,

des terreurs, des extases semblables à celles qui fonclenl sur

notre âme, lorsque certains bruils, cerlains sons arrivent à nos

oreilles 8- ~rais cn constatant le fait, il néglige de l'expliquer et

d'en rechercher la cause du moins dans les extraits de se3

écrils, et dans les renseignements des hisloriens, rien ne se

rapporte à celle question, d'of/Ire vraiment psychologique, et

sur laquelle Aristote, ou l'auteur quelqu'il soit des ProLli;mes,

n'avait pas omis de proposer une solution.

II y a, suivant Théophraste, lrois principes de la musique

la douleur, le plaisir et l'enthousiasme, et chacun de ces senLi-

menls imprime à la voix des innexions qui la font sorlir de son

caractère ordinaire eLhabiluel 9.

1-Frag(n.B, Je lis El.j2tet nonI1T.ce quidélroirailla dislinclionende¡¡ré5qu'on%-eu[précisémcolétablir.

Fragni. 8'.3 Id., 73.

J,}"81.5 Id., 718 Id., 80, c.1 rragm.89. l'luI.,de rtcl. arrd,ral., 2.s Brandis(1.III. p. 366,.n.311)croit quecelledernièrepulie dela phrJ5cappar-

lient11PluLlI'1¡ue,Fragm. rJO.Plul., Quxsl.Symp.,l, 5, 3.

Page 322: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Tnéorirr~asTe ~9:J

La musiquo a pour essence caractéristique d'Nrc la grande

excilairice de l'lme. le mouvement, que cet art excile en elle,

l'alTrancllil ct la clélivre des souffrances que les sentimenls

passionnés amènent, ou au contraire, si ces sentiments ne sont

pas encorc nés en elle, la musique a la puissance de les éveiller

eL de les faire éclater]. Par les Lrouhles profonds qu'elle

dcrcllatne dans 1'¡1me, par la \'eJ'lu d'airaisemcnl qu'elle possède

sur elle, la musique ne peut manquer d'avoir des effets sur le

corps, et on peut s'en servir ainsi comme d'un moyen Ihéra-

peulique i. Elle guériL les maladies et par exemple la scialique

au moyen d'un air de flûte sur le mode phrygien, joué sur

l'endroit malade 3.

Pranll-' 11donné des raisons très forles et presque décisives

contre l'aulhenticilé des l'roLl~mes, qui porlent le nom d'Aris-

lote. Il les suppose exlrails des ouvrages de ses disciples et

parliculièrement de ceux de Tlnoplrrasle, oit l'auteur de celle

compil~lion aurait le plus souvent copié les formules des ques-

tions, absolument conformes aux lilres des écrils, tels qu'ils

sont reprOlluils dans le calalogue de Diogène 5.

Parmi ces ProLlèn:es, se lrou\'c celui qui traire des Tempé-

ranrentsa, et que V. Ilose, avec heaucoup de vraisemblance,

mais avec plus d'assurance encore, affirme èlrc extrait du livre

neF1mentionné par Diogènc dans le calalogue de;;

écrits de ThéophrasLo 1,

La signil1c.1Lionpsyclioloigique des tcmpéramenls se présenle

pour la première fois dans Aristote; mais il n'en traite pas

Fragm.88, 8~, 00. 1.1musiquecsldéfinie(fr. 8~) xlvraic s'r,ç~vx7,cUt<2&7I~l'J."vYIYY~l1lv~-tt)Vt.31T'"1t70~uxwv.

Aihen.,XIV,GU,a3

rl'3gm.81. 1<it21l1~v",¡(~¡I1ZIn.e. ei X2t2U).T,I1')!fie T,)'),.61tov'fi;f~'JYI.,t\&pl1')',I~

t U6rrdiePro6lem.d. Arial., llem. do l'r.ad. do~Iunich,\'1,311,311.5 Ain: lesproblèmesrelatifsi la botaniquesonloup.11-aissenlextraitsdulivrerie

Cauris1'lantai-lirn l'roLl.XX,Il = V, G,3, du dr Cauaia:l'rold.XX,9 =G,1,du m~mcouvrage:XX,-1= V, G,5 cl \1,20, 17,du memcOU\"I'3go.

6 Probl.XXX,1.Val. nose,de Ari.tf lib. Ord., p. 191.FragmcntumilludlongumThcophraslle

libroft!p\ ~frh:r;¡:O)./Œ~a Diogenerncmoralosumplumcs.scp.1lcl.

Page 323: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISroll1.E DE LA PSVCIIOLOGIFDES CITEC.S31.10

expressément, ne menlion ne pas même le sujet dans ses écrits

psychologiques, rt so borne à en faire des applications praliques

dans ses ouvrage3 de mora!e et de rhétorique, Il avait adopté le

principe à la fois physiologique et psychologique d'llippocrale

que formule plus tard Philopon en ces termes généraux et

précis, izEuOILT9rÎ; X?:Í.'H'71rov '7{~LXTI);T! Ti¡; '}u¡:iiç Ô'JV:Í.I,Il.

La proportion dans le mélange des éléments matériels qui

formenl la constitution physique de l'être vivant détermine le

caractère d'une très grande partie, sinon de la lolalité de ses

élats psychiqueS3. Celle heureuse harmonie du sang, particu-

lièrement au cervetu, garantit le fonctionnement paisible et sr5r

des sensalions, tandis qu'un sang plus froid ou plus lt~ger est

la conclition des fonctions plus hautes dP la raison 1.

Théophrasle, ou l'auteur présumé de ce fragment contenu

dans les ProLlèmes étudie exclusivement le lempérament

mélancolique el la disposition psychique qui en est la consé-

quence. Ce tempérament provient de la prédominance, dans la

constitution physiologique -5,de la bile noire. Les autres lempé-

ramenls sont le cholérique, le sanguin, le phlegmalique. La bile

noire, quand elle est très échauffée, produit dans l'âme la

sérénité, ou des exlases, agit sul' la voix et dispose à l'expres-

sion de nos sentiments par le chant et la musique. Si celte bile

est il la fois abondante et froide, le naturel est paresseux, l'inlel-

ligence bornée, vwf)2"(xil :.LW?"(.Quand elle est en mêmc temps

1 llippqcr.,de aweaqrrael loc., Wnf. Cafen.,1\ ï0~.

Pliilop., deIln., l, r. D, a-Calicn,1., cileespresxtmenliriziolecommepu-(imn(lecellemaxime.

l'lui., Qu~ar.r1'ar., '!6. LaIh~orjcdupneumase lieà cl'lIodeslenir~érameDI3.1a proporliondu mélangeradlilooucmp~cheles communic.1lion;du Vueurnaavecl'~me,dontil esll'org:tnc,Themisl.,rleAn., 11,195; .lrisl., 8fhrc.\'ic., VIII,15,1151,b. Il, de Parlib., An., IV, 6:;G,a, 9. HlO[t') dr, ~11J1;['1 (dans la

1~le)xai Ttdéni~lT,a=_mvi;vtx:dti WmSppESpovt:Ivmsi,v~·.·i nîpxro~xati'lm:lj~f¡"'v1<?l,eTETŸtl)5lyÛ9:¡).oV2H'l" 11'1',"¡il,;r-r,~jTWV'liG~1U"'I;,O"'J;(bvxai hpl~'Í'l"i; id_,Il, 618,a, 3. 'l;o¡f¡/,tIXwHp~"xal 'IO.p"hf~ TO}¡ntl,up"vnI .:rJZpl,tfP""(n`ua).

Lecolraclère,ditDirhal,est la phy>ionorniedu Icmr~ramenl.SQuiriesljamaisqu'unm2lmgcLIesqualMsLlola maliére,niel3n,~elanldlbien

proporlionni!,!ÙXp:lIJ!'l,I1nldlmIlproporlioDn~,~vlJx?:llJb'.

Page 324: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

TIlEoPIIRASTE 301

abondante et chaude, le naturel est excilable, facile à émouvoir,

amoureux, spirituel, et disposé à l'éloquence. I,'inlluenco de la

chaleur dans la bile, quand elle vient à se rapprocher du siège

et de l'organe de la pensée, produit, dans une organisation

normale, un penchant fi des étals maniaques ou enthousiasles.

Si la chaleur se retire vers le centre de l'organisme, le mélanco-

lique est plus inlelligcnt et moins I)izari-e; il déploie plus de

lonétralion et d'activité. C'est insi que la vie l'écHo nous

montre en général un tempérament rnélancolique chez les

hommes supérieur.5!, dans toutes les branches de l'activité

humaine, tels qu'Hcrculc, Ajax, Dellérophon, Lysandre, Empé-

doclo, Socratc, Plalon 1.

1.'in.-Igalité de nos humeurs et de nos dispositions morales

provicnt de l'inégalité de tempéralure de la hile, qui devient

lantôt très froide, tantôt très chaude. Le froid de la bile rend

hiche en face du danger; elle prédispose à J'affection de la peur,

qui, à son toUl', refroidit l'organisme. La chaleur au contraire

arrête les mouvemcnls de la crainte. La bonne humeur et

l'osprit morose, qu'on voil se manifestel' chez les hommc~s,

souvent sans raison visible, dépendent l'une de la chakmr,

l'aulre du froid de la bile.

On peut encore pousser plus loin la recherche de la cause

comme le vin, dont les encls, quoique momentanés, sur le

lempérament, offrent beaucoup d'analogie, la prédominance,

dans l'organisme, de la bile noire, xpi'ilç -h T1,ÇfJ.Eh(y-"çZOÀ'1¡ç,

est pneumatique, c'est-li-dire que la hile con lient ou développe

le pneuma. Tous les mélancoliques sont pneumatiques, :rre~-

fL7.TWÕElçils ont les veines s~~rillantes,non pas parce qu'elles

sont plus pleines de sang, mais parce qu'clics contiennent plus

de praerrma

Nous voyons affirmer ici par Aristote ou par Théophraste 10

l 'It:Ívn;;)'1" 'It!tT9\ y>yI,V::nl'lzv:a:c a, 1!H2~a>)')(!~v 'It?>'ltl1!V,'It')!v, T,TfZV:l~,'p:v')vu.¡ubYZ°),I1!)\r:vs=ç.

1 l'rublcm.XXX,1.

Page 325: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

uisruuuDI,;w 1~CII(JLO¡;1t:DESGIIÉCS3I~

lien de la théorie des tempéraments avec celle du pneuma,

dont les communicalions avec l'âme sont facililées ou empê-

chées par la proportion du mélange qui constitue l'état physio-

logique.

1 Celle théorie, due 1 Hippocralc,a.ccepléepar G11ien,a disparu de 11 science,

quoi-lue~Iüller l'ait dcleiirkle,dmi S.1Ph~riolo~ie (\. Il, Irolt. fr., p 55fi), excellente.i Llcoodilinnd'y voir surloul une théorie (liychQ/o'Ji'lueel non pliy3iologi-lue.Ce

sonl, suivanl lui, les différents moLle,;Jonl se Lli;lribuola facullé du hlaisir el de

la Llüuleurd'af'rèi Ici inJi\it.!ui, c'e~l-3-dire les qtiitro typesprincipaui Liel'humeur

el du caractère chez les hommes, GJDr.Kallt, Anlhropol., IraLl,fr., parI. Il, Il,

p. 211.

Page 326: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CHAPlTfiE DEUXIÈME

LE PNEU5]A

Nous trouvons sur ce sujet, (lui jouo un grand rôle dans la

psychologie physiologique des anciens et spécialement des

slo5ciens, deux traités, conlenus tous deux dans les manuscrils

d'Arislole, mais dont on conlesle égalemontl'aulhenticilé. C'est

d'abord le Xe chapilre du livre du rlloneenccnt des atiiiiiatix, et

le traité spécial intilulé Dit Pneuma.

Jc ne suis nullement convaincu par les arguments de V. Rose,

que le Xe chapitre, du traité dit ~llourcmcnt des ani»laux ne soit

pas d'Aristote, mais il est difficile, pour ne pas dire impossible

de lui aUribuer 10livre ~rep!FIV£61.t7.TO;.Ce n'est pas seulement

parco que la discussion du sujet est sans plait, les pensées sans

ordre et sans suite, le slyle incohérent et obscur, si obscur qu'il

est souvent inintelligible l'ouvrage n'a ni cornmencement ni

fin; l'auleur y procède par des questions, des objections qui se

présenlenl comme au hasard, sans qu'on puisse connallre sur

chacune d'elles son sentiment propre. Des lacunes nombreuses l,

do graves allérations dans le lexle contriliuent à rendre la lec-

1Ainsi,par clcmple IX, JR5, b. 6, te lradueleurlalinanonymetraduitlaphrase: &:n'~I I1lvt!X'/OI1 b:;Y2~WZ?W"U"T,7È:"JI; <Í!1xxzl w; ,j)'j' out,)5rj z'¡).~r¡n, en ce, Icrme;;Ji/jerenlial<unenartis a~lnaturameal rumilh lanquiniin;lrumcnloulilur (igne) h:J'-cel ul inslrumenloel ul mllenl. Quitnim ab arle a!1opruadAibeturignis,ipaiusparaoperisnoneaf n(qui in nafurahabelrrrcalor, rlifjususfxr ipsumopusesl, alque ernacrrmcefcrù aubslnnliarnejuaeapfel ci nuIII in hocLlifficull.15est Lesmoissoulignésne rétbndentIlriendansle toile, el !tmoinsquelaIraduclionnosoilune paraphrascci uncommenlaireelpllC<1\ir,il fautsupposerquel'auleuravaituntelle pluscomplet.

Page 327: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEUE LI rs\'f.IIOI.OI:ΠUES GilEt;~v

tUI'Cpénible et l'inlelligence difficile. Jlais ce qui est une raisondécisive contre l'authenticilé de ca livre, c'est qu'on y expose,au chapilre 2, une doclrine relalivc au pneuma, dont l'auleurélait rlristog~no do Cnide, qui avait élé disciple de Chrysippo deCnide en m8me temps qu'un neveu œf:l'aSistr<\lo, appelé Médios,et que ~Iétrodore, troisième mari de P)'thiade, fille d'~lristote,el, dit-on, maUre d'Érasistrate. L'auleur du lino cllc PltCCf1)tü,était donc contemporain d'Arislogène, par conséquent de

'fhéoplwaste il pourrait ètre Théophrasle mème, dont Prasis-trate était le disciple ou l'ami.

Les disciples d'Aristote ont porté une aUention toute parti-culièrc aux 6tudes physiologiques, physiques, médicales, astro-

nomiques. Ainsi Héraclite du Pont, avait écrit un traité des

.llaladies; Eudème et son contemporain Iléropliile s'étaient

acquis une grande répulalion de savoir anatomique 1. Théo-

phrasle inlimementlié avec Él'asislrale, n'avait pas négligé celte

branche spéciale d'éludes, et était, enlr'aulres, l'auteur d'un

ouvrage que Diogène cite sous le titre 7r£plIIv£u¡dnJY9 et qui

pourrait Lien avoir porlé celui do 1t£p\ sans rienaffirmer cet égard, il n'y a aucune invraisemblance hisloriqueni philosophique à raUachm' à l'oxposé de la psychologie de

Théophraste la doclrine contenue dans ce lraité, et qui était

presqu'universellemenl adoplée de son temps. Aristote en avait

certainement posé les fondemcnls développée par son école,qui ne s'en détacha jamais, elle fut transmise par elle auxsloiciens 3

qui la transformèrent, plus tard, la philosophie

scolaslique, ct eut la fortune singulière et inaltemluc d'ètre

1 v. Ilose.,deAr. fibr. Ord., p. 167,sqq.1 Diog.L" Y,~5.a Plul., IV,5. s~7t~p"¡si,i "2?~:2Vnnvl12;G:tIen.,Iliaf.Phil., 13,tb ~T(I1,)VI)(;"1

1t"lj\l2 17b1\12t"j"Jf~.Ilsdéllmronll'âmeun 7rétouxsr5; i'~ov;Plolio(Enn., II',7, 1,),se le représentecommeun mélangedes pr~priPlQ3del'imc (IV,4. ~I!)el decellesdes cho_eiextérieures.I\enlesius1\'1,p. 113)el S. AuguslioJe considèrentcommeunematièresemblableà la ira ouà l'air. &ali~erle définit vinculxinlcr corpusel animam;S. Thoniasle rejelle.Uicen,~1'ou.Org.,11,7, proposeàcesujetplusieursquestionsdélermioerce qu'ily a d'eshrildanschaquecoll's; SJquantité,sanature,sonétat son mou\'cmcnl,sonacliou,sa demeure,son malodeisiribuliondansle corps.

Page 328: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

u: rsemn .Ÿ ~.l

encore accueillie par Bacon, bescartes l, Mallebranche et

tobbes 3.

Celle hYPQlhèsc n'était pas absolument nouvelle, memc pour

Aristole. La raison populaire, frappée des coïncidences du phé-

nomene de la vie et du phénomène de la resliration, a parlout,

et che~ les Crecs comme partout assimilé ou comparé le

principe de la vie ai-ce l'air que la respiralion introduit dans le

corps et en expulse.. Pour Anaximène, noire 1me est de l'air.

A mesure que l'opposilion entre l':1me et le corps prend le

caractère d'une opposilion d'essence, on fail elTorl pour irouver

un lien, un intermédiaire qui explique, parce qu'il la produit,

l'unilé de la vie physique et de la vie psychique, c'est-dire les

rapports mutuels do 1':1mcet du corps.

On lie trouve pas encore dans Ilippocrate, dont PlaloJl, (lais

le se borne it reproduire les théories physiologiques, le

lmeuma considéré comme un organe physiologique distincl,

làisant parlie essenlielle et primilive du corps de l'animal vivant;

lI1:}iscependant on r voit parlagé le hneuma en ou air vital

extérieur, ct ou air vital interne ce dernicr loutefois, et

avec lui la vie animale, est condilionné par la puissance du

i)i-ci-nier1, c'est-à-dire dc l'air cWc~riecrr, et n'cn lar.lil étrc

clu'une modification, uœ élahoration. « Le pneu ma est allir~

tic l'air eatérieur et se dislrilmc dans les reines; de là il arrive

dans les cavités de l'intérieur du corps el parliculièrcmenl du

1 l'n.s~.de l'rinle, l, 5 1 On:t l'ni, So1n,que nnlre chaleurnaturelleeliiiiiiles mouvementsM noireCoJrf'3dépendentlie l'ime, ail lieuqn'onlierai!pensernu conlmine'lue l'3me[les':tllscllle,iiieiii-1, ~u'3C.1U>Cquecelleull:Jcuret quelesorganes'lui:crvcità muuvuirle cor!'i:;CcOlTom/.enli. f.'e'l-à-tlin'milleh viCnedtlfwndfils de /ÍlIll',iliiii queI :imctII'cn,1dc 1.1\.¡eCiJe la1'I1:l1,'IIr.I),nf.Sicbed.:I~ieFnrrricl,~elun~J_l.elire1'0111Gris/IPneulII.l).7,eilsrhr.(. I ~Ikeu-ra~chol.,vol. XII, (l, :J,I.

i Th~oricdescsl~ril~animaux Etlr.lilsdeI'icrmJmcl (lie1. da fn Ifecher~cGt,Io.IG;I).céitbre niétlecinan;;his(Wtl-1II1.'i)anil duji Jrv-clop la ilillotie,jeies)~rilsiniinitixqu'il("{)I\JI'rJilcJnuncune nulitm ronlinucllculcnl:tgilée,quiwlluailaww,.Íolenccversleccrsumcl y 1-i-Miiizlitmiesclfrl, S('mllbJ¡Jc3àccu~deIJ1.(ou,lrcà canon;il liL7rAllICsensconuuunJ~nslescltrpsla uléuwirrdan,lesrirt.'ùnl"Olulion,eir~llralc",l'imagimliunJans le corpsc-illeun.

b'ftm. l'hil., 25.

1l:tJrp.llipfl"rfeFlurrG.,1,171.

CUAIGUr.P~ychololt(t, fo)

Page 329: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE I_1 PS\'CIIOLOGIEDES Gnr.r.5:lOG

cerveau, d'oit il condilionne les mouvements du corps et ceux

de la pensée l,. r

Qu'est-cc que le pneuma pour Aristole, et je veux bien ici

considérer le traité spécial du I'neumoc comme ne lui apparle-

nanl pas immédiatemcnt, quoi qu'il soit parfailemcnt conforme

à toule sa doctrine physiologique et psychologique? Je crois

qu'il est déjà pour lui un organe corporel, un corps, organe de

l'âme, et p::u'lequell'<lmc, animée du désir, commence et opère

le mouvement Cet organe corporel fait parlie de la constitution

primilive de l'èlrc vivant, et est né avec lui il il son

siège dans le cœur, et, chez les animaux qui n'ont pas de cœur,

dans un appareil analoguc Telle est l'ex1)]ic-,jtioii donnéc parl'auteur du livre du .lIOtH'CI/Hm/,conteslé il est vrai par Rose,

mais qu'on peut rellouver dans des ouvriges qui lie peuvent

pas l'èlre du moins sérieusement V. fiosc en allribuc l'inven-

tion Érasislrate, médecin péripalélicien 2, probablement un

disciple, certainement un familier £leTl~éophrasie, et qui aurait

confondu la chaleur, désignée avec Ic froid, par Aristote,

comme organes de l'L\me et causes efficientes de l'alirnentation

ct du mouvement, avec le pneuma qui n'est que le résultat et

l'organe de celle chaleur vilale, et aurait ainsi identifié la

OEP~L4T-t,Çtl')'tIJn¡ -1 d'i~ristote avec, le pneuma t(.mx~'1 '}'JZlxd'

qui est de son invention.

Il est facile de prouver due celle confusion 6, si c'en est une,est déjà dans Aristote mème.

Sans doute la chaleur ou plutôt l'ageiit £le la chaleur, r.x).W-

uevov tjE~ÓV Í''J1tit~' ,û~ a, 't'~ ?IJ,]"Y. 9t~ m:v'1r~~ 4y~u:·.v

1J,) ne >-lispis oirileckei-(I:e.sclr.d. Ileilkun~le,1,i5) .1InJlII,,1que lespylliigo-riciensse rcpré>cnl1imlla funelion\'i1J.!ecl la farull~deli 5en>aliullcommeprimiti-vemcnlliéesau pncumaLIusperme,

3 Calen., Il, 83; IV, i:J,3De llesp., fi.4Voir Cafen.,If, 730; .~Ie~lpLr., de F'cLr.,1, `?.5 UeSomn.,~5S,a. 27.a UeGen. an., 73ô,b. 3i.

UeflfJp., J71,1, b. 12; voirencore,irl., b. II" Il formule;,1('1; ili'C¡n'f'"m~t;'I'" (l',imcJ;tle i·il., .iG9,Ir. IG. 'JZ¡'I~f~1¡T;~?!:J.1t'J~J~J.f.

Page 330: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LEosensu 307

OlfIL~Vest l'organe de J'âmc, c'est-à-dirc un inslrument par

lequel elle fait [OULipy:Í~n'J. Tiii'i"J7IX~OEp! 7t:Íva!l: ..url1

YIP ipyi~ET2tôt:Ívu. 3; c'est cet agent qui élabore la nourriture,

imprimo le mouvement à l'animal, produit le ballement du coeur

et des veines 4 et rend les spermes et les germes féconds, 8mp1I:~ltiY/J'OCIL2civm zit .r.éomxtx Sans doute encore, le pneuma

est parfois considéré comme un produit de la nourrilure, la

parlie liquide de la nourriture, une sorle de vaporisation

âvx9vu!a- Wul" des liquides élaborée, comme le sang, par la

chaleur vi talc, inlerne, innée, 6, en un mot, c'est une 7iveu!i!Twatç

T~;j~'fFoü.

\fais le mot 1)iieuma a plusieurs sens dans Aristote, même si

on nc veut pas le considérer comme l'auteur du De Jlm:do, où

cette diversité de signifi~alion est signalée en termes exprès et

où le pneuma dont nous parlons ici esl défini la sub31ance

animée et fécondante qui agit et circule dans les plantes, dans

les animaux, dans lous les êtres 1 non seulement il a la vie,

mais il a la puissance de la communiquer. Si, dis-je, on rejelle

la valeur de cette dislinclion parce qu'clle est contenue dans un

ouvrage d'une aulhenlicilé suspecle, on sera bien obligé de

recontialire qu'elle éclate dans les œu\'fCS les plus ccrtaincmcnt

attribuées fi.Arislole.

Qu'est-ce donc, dit-il, que celle chaleur vitale? Il ne faut pa..

croire que co soit le feu même, ni quellu'aulre élément ana-

logue. Cette chaleur, ce feu n'est aulre chose que le pneuma

enveloppé dans 10sperme, dans la partie écameuse du sperme e,

Uel'il., .tG!),b. It.ld., ¡J., b. 13.,deCen.An., V,789,b. 8. ti., "'i!I1: ipy<Í~E.,h,Txaoi.).à

£~x)J~~G;Y!ÍVr:)ADe Ifeap.,d~11,1, a. 28,

DeResp.,20; Ilial. An., 111,I!); 5~H,b.De Cen. rln., 736,b, 31, Il 61 le principi!de h Ji.lineliontlc~parliestic

l'.nil.IJI;iii., °.-ll,b. 37. il ti lilpt, rwv~(~V.mE.jl1"t1.a lle $on~n.,~58,a. Y7."fi~W t·~i I1W¡J.1tw~I)'J,TOrJ~\I:Jf[:ï~~l\lo'J8scat·r

a'JI1i"h~'J~[Pll,i.Ue.llund.,4, 3!1t,b. 10,HyfU. d3Ut hl~[,J; 1tV['jIl2,î,se ¿.,fe-jiroic1(2\

t,~I'jI'xil d:à ~trivtwll~xl)'J,r Y~ÿ·yd; mxxi )"l~If.1~;c,.ja~Le "permec~télum el Llanc,14irce'luI) s'y mtleJu lmeuu~acl de l'eau; le

Page 331: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

II/STom¡.; DE 1..1151'CIIOLOCIEDES Cftel:â:J1À'1

Ty,i:J.7C~).X:.1~1'J~1!t~VEYTc~6:£~yzst xrl sy z~Ô=t r.veûuz, et la

subslance de ce pneuma est analogue à celle qui constitue les

aslres, à l'Éther céleste, la matière sidérale c'est un corps

assurément, mais un corps aulre que les quatre élémenls flue

nous connaissons, et d'une nature plus divine.

Ce corps contienll'âme à l'élat de puissance en lui est le

sperme, le germe du principe psychique, ri~; '}~Z,x'ij,z2/t;

non pas seulement de celle partie de l'àme qui préside la

nutrition ci la [onction de sensation, mais aussi de la parlie

qui est séparable du corps, qui est quelque chose de divin, el

qu'on appelle 1. 1.

Il y a donc, pour Aristole, deux sortes de pneuma, l'un qui

n'est que de l'air extérieur, inlrOlluit par le phénomène de la

respiration dans l'intérieur, et qui est chauffé et élaboré par la

chaleur vitale intel11e; l'autre qui fait parlie de la constitution

primitive physiologique de l'ctrc vivant, c'est le pneuma inté-

rieur, enveloppé dans le sperme qui lui a donné naissance, et

qui se confond avec la chaleur, le fr.u vital, ou en est le princihe.

C'est le développement de celle théorie que présentent, sans

altération ni modification réelles, le Xe chapitre du traité du

.Ilourcmcnl cles attiutaux, et le traité spécial du l'ttcttnta, que

nous ratlachons à la théorie psychologique de Théophraste ou

de son école.

C'est de la recherche sur la nature du mouvement dans les

êtres vivanls qu'on arrive à reconnailre l'exislence nécessaire

du pneuma. Nous savons que pour expliquer chez eux le

mouvement on doit admettre un intermédiaire qui ~l la fois est

mù et meul. Dans les corps qui ont une :1Il1o,titii

vivent, il faut qu'il y ait un corps doué de ces deux propriétés,

à savoir lie mouvoil' et d'étre lm). Le corps lui-mèmc, mobile

yneumnlui-mumeesl un air cliaud,tn~u> zi.; rfeCtu..In., Il, 736, a. 1. Tou,les animauxsonlnmspourainsidire 1-arle pntnmninné dit corps,-ri.àI7'JI1,h,~r.,dl1,:t.T1t',1Jc~pxr. r1e l'nrf..ln., Il, b 18. Il exiqenalurellemcnldans10115lesanimaux,et n'est (laSinlroJuileneuxdu deliors-r,·~fi~ip:(4EYIn=,~¡(t.)v,nl., 1. 1.

1 \"oirChai~nel,E~·. s. la r'aycA.rl';lr., p. 298el 51-1.

Page 332: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I.EP.NF.U31A :3,r.i

sans élre moteur, a sans doute la puissance de recevoir l'action

d'une force élrangère mais ce qui meut a une vraie puissance,

une force propre, faisanl parlie de la nature des blres, de leur

constitution première c'est le pneuma inné, lIy~j:L:j:J.('J.~v.

/1 est mef\'eilleusement approprié à donner le mouvement et à

fournir d la force car les acles du mouvement sonl de pousser

cl de lirer soi. JI faut donc que l'inslrument du mouvement

puisse facilement s'augmenler et se ram3sser et telle est la

nalure du pneuma, qui devienl, suivantl'ilge et la constitution

du sujet, plus vigoureux et plus volumineux, -Ho', y.'1.l i-f-

~l~·.v.Ce pneuma eSl, par rapport au principe psychiquc, n; b; T'

xï dans le mcme J'apport que, dans les articulations

le point moteur ct mr1 au point immobile el fixe, el puisque le

lirincipe psychique est chez certains animaux placé dans le

cœur, chcz les aulres dans un organe analogue, le pneuma

inné semble avoir également ILrson siège.

Voilà donc la partie du corps, il la fois mue et motrice, par

laquelle 1'.4iiiemcutle corps, sans avoir besoin d'ètrc présente

dans chaque partie de ce corps il suffit que les autres parties

lui soienl unies par la nalure, pour qu'elles accornplissenl

chacune leur fonction propre.

\lais commenl cet esprit inné s'enlretient-il dansl'èlre vivant?

fieste-l-iltoujours identique à lui-mêmG ou sulrit-il des modifi-

calions conslantes du mouvement g~néral de la vie? Quelle est

ait fond sa vérilable nature, son opération et son siège 1. C'est

ce que nous all~ns clrerclier '&déterminer.

Le lmeurna est un corps; mais c'est un corps plus pur que

tous les autrcs, et son esscnce est analoguo à celle de l'âme, r~

~yr, "J:J.i"J~"11fait parlie de l'organisation première cl lirimilive

de l'èlre, quoiqu'il naisse en lui mais il est ce qui nail le pre-

1 /le _Ilol..1n 181,a. 1, 310, 1(i'l,-1-4,~q-1.I.c du l'nerrmarouuncnecf'rc~flllcdansles mPnteslermes :-f. 7, .O'J 111i1TOL1!'n;.j~'1.T'~tl'IT.- Ari;lulc

av.tildEj3jezéles mctmcs'1l1csliltnS47i,),re.P,2sou 4a··.u, rleSomu.,2, 15G,9de l'il., 4, 1G9,h. 18, JiU,'l;?,

Page 333: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE L.1 P5\IIOLOr.ŒIIF. r.m:c.":10

mier en lui. Cela semble étrange, à moins d'admeHre que l';ime

ne naisse postérieurement au pneuma, après que les principesséminaux se sont répartis pour comliluer l'èlre naturel car il

semble qu'il est comme une sorte dc gaz, de vapeur, d'air

interne qui s'exhale de la nourriture 1 c'est cn quelque sorte

la partie la plus légère et la hlus ténue de la nourriture 'il, celle

qui n'a pas trouvé son emploi, qui n'a pas été dépensée dans le

fonctionnement de la vie animale, une force de réserve, écono-

misée, et qui excède la dépense, T1 71E2(nw;J.'7. :Î ·=ys. S'il n'est

pas l'âme même ou l'une de ses facullés 3, il est du moins le

premier organe qui la reçoit, le premier principe placé immé-

diatement au dessous d'elle, -;¡2WTI)"'711 T';¡V4, T" 1IFiiÍTI)VaEXmt1Y '}UZ'r¡, 5, Qu'est-te que l'âme, sinon la force, cause

du mouvement respiratoire et du mouvement du pouls quicons talent et constituent la vie tl. Car la respiralion commence

aussilôt que l'enfant est délarhé de la mère, et le pouls hat

aussitÓt que le cœur est formé. Le pouls 7 semble mème êlre le

r (.h. Q. ,!i sçç Toor;;ç T, Tou 1t'J;1~t'j; de niéiiie!quc vie eUenlrelenuc par le san~, dcrni~re forme de Il nourriture, el par le calorique rln'ilcontient (ch. 1), plulÓI'lue pu l'air edéricur inlraluil pr fi re,piralion.

Quoiquecelle exiiiicatiiinna soit pis à rabli de très (orles ohjeclions; car, parexemple,commentsera-t-il alors le preriiiermoteur'?

a De l'neurn., 15',~8?. G. `1?.EeT_'f'J~i,~~Zçr! ·_s"x~i,~ ).€vE!'JTx'lLf,le mouvementrespiraloire, l'un des lI10uwmenlsdus au pneuU1a.

d8~, a. 3b. f zi,p1t?¿;)f~'1-7t~ Ti,%'J'[;I'I.s d83, !J. 10.

6 J, a. 27. TCŸWIT,·J~Y; ~I:I~t'l T~j'J1·.TLY'/TT,sxt'i~.¡!riJ; T1s t~t2.jt~1."àiiieeil dansccl air, à nloins qu'elle ne soil cllc-mi'mcquelilueeli-izede >embht,1eail pneunla, cl non une cssencc ab_olumcnlpure el Soms1II~lJu6e,1 Ari>tolerlislin;J"ueles veines des arlhes, ou du mnins il di4kngtietieux c'r.ècc-de veines, dilUrenles par leur nalure (Ilitl. ~lninr., III, 3, 51:], b. 8 515, 3~y, el~3r l'c.;rkfe de ~ng 'Iu'el!e.;Ir,1ns[iorlcnl(rle J'arl. :1 n fil, l, 6TG,!J, ~71,f~lmla ranse de re.; dilUrcncc, e:;1 pour lui une ,liIT~rcno'etl,3chaleur, pourGalienune dilTérenrede la iluintit-i de fneunii qn'elles contiennent, cc qui rnienlà peu près au rnéme. Les veines el Ics althes conliennenlles unes commeles ,luire'du s'10gel du pneuma,maisd~as des r'l"úporlion,diff~renles.

l'rnagoras de Co: vers la lin du II"' si~le, Hile premier lie. oh-enalinn, allcnlil'c\sur le lwul:, el land~squ'risl,¡le ,;e/llbrc avoir allribul! cc hlnnum('ne à lous lesl'ai5-.<eaulsanguins, qu'il ipFliii et pcn'-1ilque le pneu ma~t.lil (JOlIs'élm larespirationaux deux venlrio:ulc,du cœur, par rarlhc ci la l'cine piiini(iniirepour cr.1rralrhirle sang, Prangor.1s ;:outen.1il,avccEra,i,lr.1te.que les artères seule. ont unpouls, paue quo seules elles conliënllenldu pneuma,\lai; Ensisiraie r,r{.len,1Ilue h

Page 334: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

LE p~Enl.\ aII

premier de ces mouvemenls sa cause est dans une forGe propre

et particuliére, ct n'a rien de commun avec la respiration.

,%faisle mouvement de la respiration lui-méme a une cause

interne, el si l'on ne veut pas appeler le principe de ce mouve-

ment âme, ou une facullé de l'3me, on peut le considérer

comme un cerlain mélange spécial particulier d'éléments cor-

porels, qui, par le moyen de ces élC:,ments, opère ce mouve-

ment aUernalif, c'est-à-dire l'aspiration qui aUire l'air

exlérieur au dedans de J'èlre vivant.

Le pouls, qui n'a aucun rapport avec le phénomène de la

respiration,dont le rhylhmc est absolument indépendant, et qui

semble n'avoir aucune fin, aucun but, et n'èlre qu'un pur acci-

dent, fonclionne dès le principe de la vie, comme un efTet né-

ces~aire de l'aclion de la chaleur sur la substance matérielle de

l'animal. Ce qui est inné, fait partie des premiers prin-

cipes de l'èlre. JI semble en elfe! nécessaire que lorsqu'il y a

dans un liquide tel que les parties liquides des aliments une

surabondance de chaleur, il s'en dégage une sorte de vapeur

volalilisée, dont l'ébullilion produit le balle-

ment du liquide, c'est-à-dire le pouls.

Le pneuma, par un troisième mouvement qui élabore la nour-

rilure se répand dans l'ctre tout entier, dontloules les parties

ont besoin de nourrilure; mais il a cependant son siège premier

el principal dans l'artère, dans la Irachée arlère qu'il remplit.

C'est pour cela que l'artère seule a la facullé de sentir; c'esl

pour cela que la partie intellectuelle cIta partie passionnée de

l'~ime, Y.-il ont la facuHé de mouvoir l'arlère.

L'âmc en clTet réside dans cet air du pneuma donl J'arlcre est

haignée. Cet air est pour ainsi dire psychique et l'on com-

prend que l'âme se trorle ualurellcmcnt vers un élémenl qui a

Call'edu poulsestle 1-neuiiiaIiii-iiiiliiie,quie,1projclépar le \iolenlmouvemcnlduecelirdini l'artère, hn,Ji>'lue l'r.ll1r''r,b, Pliil,)lime,son di~ciplc,lléropliiieelI~,licn,élaicntd'avisyue 1~ aller~; InllJit'1l1J'cllc:-mPmcs,cl d'un mnurcmcnlprupre.Con(,Sf'engcl,Ilirf. rfe la Ilérlec.,lrad. Jouruan,et G~licn,V,508; 1'lll,;o~, 731.

Page 335: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOlm: LIt:1..1l'ïl~f,Il0l.OfIF; I~F:iI;m:c~:)1

tant d'afllnilé avcc elle, que la f~f, soit E,j'}'JZ"Y,et yuc le sent-

blable soil nourri par le semblablc, c'cst-1-clirc que l'air ali-

rnentc el nourrisse le pncuma.

Le pneuma dilTère £le l'air exlérieur que l'aspiralion introduit

dans le poumon. L'air exlérieur s'anète dans les poumons; Ic

)lneuma illné pénètre l'ètrc enlicr cl se répand dans loulcs ses

parlies et dans toute sa masse. L'air e'\lérieur rr'cst pas J'jme

ni le pneuma, illl'en est pas du moins la su~slance coinplète,

n, rz- :;).· ",jx ;?, quoiqu'il puisse con!i'ibuer son aclivilé el

concourir, pour une part, Ü en former cl il cn clévclolycr la

)luissancc: il en serait alors non le principe, mais une des con-

clilions. 11 se lransformc cn pneuma, ou plutôt Ic pneu ma

interne s'assimile l'air erlerieur, rluand cc dernier, emprisonné

lunolcrnlts dans les canaux iiitei-ties et conclcnsé, finit pal' se

clislendre cl se dispcrser, .JX'/I,)QÕ1;;0.1~~7.Qd; .(J;. C'cslun air

ayant suhi cerlaines moclilicalions eL alléralÍons, 7i"Í.'1l.wy"(l-ct

x:L1-in"ú:w/ 11 est, de toules les parties corporelles de l'or-

ganisme vivant, ce qu'il y a de plus Ici-ci- ct de p!us hur. Ou

bien il est chaud par naturc, se confond même avec le calo-

rique \"ilal, élaliore par son mouvement propre, éehaulre

la nourriture et produil seul la digeslion ou bien il emprunlc

celle chaleur nécessaire à la cuisson drs aliments ct il leur

lransformalion, au caloriqueclonlla puissance se trouve comme

lui dans (Itii seule est susceptihlc de le

pneuma. M.-tiscela même, je -eux dire que la chaleur réside au

siège- même du ltnctlrna, n'est pas sans difficulté 1, et la plus

considerahle nall ¡Je la nécessité dit refroidi~semrlll. Comment

s'expliquer alors la persislancc du I)iie(iiiia, %.w;o,r;, cianslotis

les clres qui ont une clraleur nalurelle, si rien n'en vient contre-

IJiflicull~~rcllcIJllel'iiiiieiir,an ri-flueiic~t,coiiii-e4fire,5')IIIÍl'nlqucc'e-1tJ,HI-Ies nerfsou.11~p~ii-eilsanalo~nc-;yncsc II'allvcnllnnlilicculCnlIC7CV~rJILIr-evr,mzj-.(k.-15Il,), cl la pills~r'lIIllcglu-ilititéde calmiyne(181,a. 1), eliiii celleIl)1'il il 5trJil,Iillirilc,le romprcnJrccnmmcnlL.il' \il~1O¡-è11'h rc:'pirali1In,l,-

punis,J'élalwraliondc h nourrilurccl :1 ,Iislrihlliion,ln; luul le corps,cl l,ui::csenuurrirdeet ~Irci-efroidip.1rla T!'sl,irJliuu.

Page 336: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I.Erxsmn.v il,

Ivalanccr les effels el opérer un refroidissement, dont tous les

èlres vivants ont liesoin 1.

\lais il n'en est pas moins orai clue la chaleur e51 l'agenl

aclif, opérant dans Ics corps vivanls, l'agent de transmission et

~le division des matières. Dans les choses inanimées le feu ne

produil pas sur toules Ics malières les mêmes efft-is il con-

dense les tires, rarcfie el fond les aulres il en esl qu'il solidifie.

Il faut assimiler le feu de la nature à celui de l'arl. Dans les

arts, nous voyons le feu du forgeron, de du cuisinier,

produire (les elTels très (liflérenis, et imprimer aux molécules

malérielles une proporlion el comme un rlyllunc divers. Les

natures des êlres animes llI'olh;isenllcs mêmes effets, el c'est

(JOUI'cela qu'elles sonl différentes les unes des aulres. Leurs

aclions sont différentes suivanl la nalurc ltroprc dc, Urcs qui

·e servent de la chaleur. Les arls ii'usent (lui feu que comme

d'un inslrumenl el d'une matière. \fais le difficile esl de com-

prendre quelle est celle nalure, qui use ainsi de la chaleur el

imprime en même lemps aux propriétés sensihle5 une sorte de

rhythme, l1e Iwoltortion.

Il n'esl guère possihle que cc soil le feu ni le pneuma, sur-

loul quand on ohscrve qu'oulre ces effets, celle nature a l'lJl~l,rC

la puissance de henser. Cela est merveilleux, mCme quand on

attribue celle puissance à l'âme; car l'lime est formée de ces

clémenls mémes; (lu feu el du pnellma.

En loul cas il est logique de confércr la puissance forma-

triœ, sb et l'acle du mouvement, toujours sentlrlai~le

à lui-mémc, soit une seule et même chose, soil fi une seule

parlie de celle chose, mais qui agit diverrentenl, selon qu'ellee.~1plus grande ou )llus pclile, lanlbt pure et simple, lanlÓI mé-

langée et composée, ici dans Ici subslral, là dans tel autre.

C'est ainsi clu'on pcul expliquc/' l'unilé de la force qui agi' dans

11-es"nlie, 1liIIIIi,Icsellillui.lcs(lnl"('>'Jinticpncumtpur ~Ircrh-liauffés.el le1-neilmia Ircsuintic IlIUIIIÍ,le,soutour ~Ircl1.'rroldic'c·l pourcclaque lesleinc,el lesailèress'cml.or.lnd,cn'les uucsJ.m; les aulres,les \lIICSlie ronlenaolqueJu les aulresque(tupnruma,~lumoinsdansr~lal(jeanté.

Page 337: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

III~TUI11EDE L\ FSYCIIOLOGIEDES GRECS311

tous les êlres vi\'anls, avec la variélé innnie des aclions qu'il,;

produisent et qui constitue leur individualité car c'esttoujoUl's

la nature qui fait le mélange et qui crée, t"(xux:1.l"(YIJT11x7l

7;'J\~L

De cet exposé confus, incomplet cl ohscur au poinl d'èlr.;

souvC'nt inintelligible et même contraclicloire, de la doctrine du

pneuma, professée dans l'école péripatéticienne, peut êlre par

Théophraste même, dont on croit reconnailre les incertitudes

et les hésitations, il semble rcsullcr que le hneuma, pour la

plupart du moins des disciples du Lycée, n'était pas l'àme même;

mais une partie corporelle de l'organisme, dont l'essence se

rapprochait, aulant due possible, de celle de l'aime, sans se

confondre avec elle; c'élail une =orle d'air, de vapeur, de gaz

chaud, analogue à la sub~nce éthérée des astre- intermédiaire

entre la matière proprement dite, dontlc corps est composé, et

l'ime, considérée comme un ètre absolument simple, pur et

sans mélange.

Ce pneuma, cet air chaud interne, semble être la fois la

cause et l'effet de l'organisme, le résullal etl'agenl de la vie il

n'est qu'une C'isence volatilisée du sang, forme dernière de la

nourriture, et cependant il e;;tle principe du Iriple mOllvemenl

qui constitue la vie de l'êlrc organisé, à savoir le hallcment

l)r--mier du cœur, des artères et du rhpthme alternant et intcr-

mitlent de la respiration, d'oil dépend le mouvement qui apporte

et dislribue la nourrilure l, -«r,'J2E-X';¡ X{""I~ 11se répand (laits

le corps tout enlier9, dans la chair, dans les muscles, les os, 1~

nerfs et les lendons, confondus sous la mème dénomination dc

vt,5~r,i.Il est donc, sinon le principe, du moins l'organe corporel

dc la vie, du moU\'ement3, même de la pensée 1 el de l'ordrc

1t:e mouvemenlsc Jhlingucilti tleux1-reiiiier-i'lui>ontr~tI'IlIl'Sci inl,:mill'~n!en ne 'lU'il o<tcon;IJnl,cfmlinu,ioiijoursel 1),iriotilidùniiqijei ru,

%.pi.ee~)~;Z'r'·v;.i lïe:1 pourcelaqu'ilesl JI'f>cléJ.1nile 7'imée,loi, a., -.rtz,~p2'7,j~f, cll',r

le -toicif'nr.'Õ"\J.:I'1"J',ÕZl;..3

h (~ 1t~r~'tf¡) TD 7.C'HH"I.¡.

t 1~èsldu moins10sensqu'onpeutallachcrà ce mcmbrcde ibliri-e,d'ailleui3

Page 338: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I.E 1l~F:1111.1 :J/j

quo la raison imprime aux choses. Ce plus la en effet un

acte qu'on puisse allrihuer ni au feu ni au pneuma mais, et

c'est ce qu'il y a de mef\'eilleux, ce sont de3 acles, ce sont

des forces auxquels le pneuma prend une part et auxquels il f'C

mêle 1. La psycholoëie n'l'sI pas encore une psychophysique

on sent qu'clic est sur la pente oil elle le deviendra entre le~

mains des stoïciens, pour qui l'âme ne sera plus qu'un certainJ

élat du pneum: Jusqu'à Platon, l'âmo n'est qu'une partie intc~-

granle du monde, et la psychologie une partie inténranle de la

physique. 1.0 dualisme de la foi-ep,el de la matière, de la nature

et de l'esprit, dc et du corps n'a jamais jelé de profondes

racines dan.; l'espril des Grecs, cl les doctrines sloïciennes,

issues lrèa certainement des doclrines hérihalélicicnnes, rou-

vrent, 1)ltilijt qu'elles ne la rompeut, la tradition de la philo-

suphie grecquc.

nb.rur ~).xzp5)%.bvT~Tt,vÍ").I '¡'JT.t¡:I~,Tf:"Z~M¡.L~'Uï¡y~ z~x z·ç :L:'1rJr,t"ri9eze lu,;) sni y5p~r~%1t,J'J!I, .485,Ir. 7.

~851fi. 10. fl).jtlj~;i7~Z~t:.r!lffJ!:Z'J:;(!tlj~('r~'J%.vvxlawfjrJI12'iT~

Page 339: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CII¡\PlTRE TLOISI~\I f.:

E UDÈ31EJ::

Eudème do Ilhodes 1est sig'lalé comme le plus intime ami

cl'Aristute, ÓItivalisant avec Théophmsle de pas-sion pour l'étude et la science, ce qui le lait appeler par Simpli-cius 3, il a écrit un grand nombre d'ouvrages, donl

quelqucs-uns seulement, ont été conservés.

Ce sont

-1° Clne llisfoirc clc l'~Istr·olo~ie.t, mot qui ne signifie sansdoute ici que l'astronomie; les anciens avaient tiré de cet ouvragetout ce que nous savons de l'histoire des hautes mathéma-

tiilties, de leur originc et de leurs progrès dans l'antiquité, et

pal' exemple que c'est Œnopidès qui avait le premier mesuréle cercle du Zodiaque et la période de la grande année5.

`_'° I,'Irisloire cle l'iirillllllélil}lIe, dontlc premier livre est cité

par POl'phyre6.

1 [.mLrrill'ièhc Ilt Frulemi111~r~1.ril. el Seriyfi.s,dans1\\lilionder"¡'i'lIiF ~iEtieléitie,I\e¡¡ens[,urg,1881.SfII'ngel,F.nLlemit'raymenfn,Beilin.1810,j

~ill1plic"in l'h~aic.,970.J l,l., i~l.,_39.Un IroU\'eun omrJ¡¡ccil~sousle litre 'A"t~"),y,Ú.; en Gliwe<,

,fansle.cataloa cd~iticntsdeThtof,hrasle,Itiog.1. Y, 50.'\nallllius(dansun rra~menlcité Imr rahriciu>l,IliGliofh.Cr.rc., III. l', Inl.

E"I' l..t,Õ,èn

nt; 'A"t~")"'ri:II;,<t,T.)..Simjdic.,in rl r.rfeL'rPlJchol.,

1.18. 36; .191, Il 5m, 1;!5. i, TU1l!1Jt!pr:) T>;s ~1J't~,=,l~Y[Y..T,~ ¡lJt'i~:J;, Clrlll,

.11..Clrorn., I, I l. <i"t~hYI:n; I"t"~¡: Iliog.1." l, 1 Il, 23, h H. rL_ri¡;(,)'¡

;'if~~),l)yr;J¡.L!'IW'1 \'if');A~.

l'orphjr. aLlIlormonic.n(ofem.ei,p. 283,cd. 1\'alli:,cilé lor Fal'ril" !lj"(n:TC.,619. én 't~ rLpL~Tr.,T~~tfjl1r,tO:T.;l rro~iz;.

Page 340: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

EUI)È31P 31;

3' Une Irisloirc cle la GLfO))réli'rC,cité par Eulocius 1, Simpli-

cius ¡ et Proclus 3.

40 Un livre srrr l'~lngle, cité par Proclus 1, qui en rapporle

rluelque~ belles propoÛliol1s de géométrie.

50 Une l'lrysirprc, dontlrois livres sont cités par Simplicius d,

cl qui semble n'en avoir pas compris da\'ant3gc, quoiqu'ellc

traitail tous les sujets de la Physir~ue cI'rlrislo(e, excepté ceux

contenus dans le livre \'11.,

Go Un ouvrage intitulé as-< sur lequel Galien déclare

avoircomposédes commentaires cI auquel il semble fiii-c allusion

dans son opuscule su>' lcs Sohlrismes ..z?ï t ).d;:v, cul). 3, où il

cile Eudèmc.

70 Des traités des de l'llcrwréoéirr, et des ~inalr/-

lirlrrcs

Sa Ulltraité 7..f1'¡tln"Ylf1:J.l;)'¡dont Boèce, au 20livre de

son ouvrage cle Syllog. Catc!/orico, décl3re avoir fail usage.

9" Une F'tlriyuc en seplli\Tes dont les ll'Ois premiers et le sep-

tièmeonl élé conservéss. Cet ouvrage a élé longtemps attribué fI

Aristole: c'est le senliment cle5implicius~etde Diogëne de Laérle,

suivis parles anciens manus~rils. Le litre 'Il4rr.z 1-}~J,El:t,s'expli-

querait dans celle hrpolhèse, soit par ce qu'il avait été dédié ou

adressé par l'auteur à Eudème, soit parce qu'il aurait été écrit par

1 F:ula., in ~lrrlrimed.de nrenauraCirculi,YEbI¡l-Otp'Û,i,r~.r·x.Sinii-lie., in An. l'lya., 13,L. Lv'ri) 7=urFpros ;c YE~W`r?vx;GÍGtTJ~t;.

l'rsxl., InF.rrclirl.,Elem 111.9~, filé foJrF«.11)i-ic.,IfiGl.Cr.ec.,111,p.19,.1 fu b'uclid.Elem., filé par Fabric.hl_,nl., 111,p..193.

ln l'Lyaic.,en nombreuxemlroilstle ses commcn4vres,Ci, p:tr nClIll,lcSclrol.r1r- 1).39~, `ll,. ~~v1.j'?;W";h t' h'J" 'Jo",¡.¡,; irl 1).3iO,L.5~).EiidèilieS'étiitaCljui<,avec.sonellnlcmpùr.\inWrOf'liilc,unegr.In~lcn'l'uLllilJnsle~cienccamlOnli,\uc(llulind'¡':f'h~<e,[', 2li,31 I:alcn.,a, 8'JU;3, 20:1 1,GIG5, G,){);3, 13/,

Fabrie., 1.1. III,-1[1:1.FaLrit.,UiGl.Cr., 1. III,p. 203,~IG,191.Scliol.,h' 211,a. 40.Aiiiinon.,

ai y~? i1'1f)'r~\adrau E.j~"t.i1~;xsl 1II:I~{I)~x~èEh6~p2I7tO;-zizi ~TII,YTo·~l:I'1x~Í),J r£YPX1i;'X2'1~K2t~y,i~ xai a=_p:'r.it.t.d':t" xxl '.A~:Z>Jnx~.t:onr.D,I\'i,I,Schol..tr- 1[1,a. 31; 30, a. 5; %non.,Ji, L. 91, b. Il.

s LesImislivres1Và%"lsonl¡,Jcnlil]ucsaux livresV,1'll,dcl'EIGiyrred _1'itb-

maque.Il!rt Calrgor Diog L., r, 21 i t'¡¡bric.,1.r. If 269.

Page 341: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIF1.F.In: L.1 P31'CIIULU(~IEI~ESGIIlC:;:lis

Eudème, mais pour ainsi dire sous la dictée du maUre. I.'opinioll

de Spengel, adoptée par l3randis et Zeller, qui considère cet

ouvrage comme un rcmaniement par Eudème de l'lhiyue ci

\'ico~nc~yne, s'appuie sur des argumenls plus spécieux quo

décisifs: la question reste, et restera, je crois, longlemps encore

pendante: elle a d'ailleurs assez peu d'imporlance, puisqu'il

est reconnu d'un commun accord que l'ouvrage n'a dans la

doclrine rien d'original.

Simplicius 1rapporte que la vie d'Eudème avail été écrite par

un certain DamaS, d'ailleurs complètement inconnu et dont

Jonsius propose, avec heaucoup de vraisemblance, de resliluer

le nom probablement altéré en celui de Damascius 3. De celle

hiographie perdue, il ne nous est rien resté. On ne connall rien

de sa vie ni de sa mort on ne sait ni où, ni quand, ni comment

il connut ~ristole. Du nom do nhodien qui lui est fréquemment

donné par les anciens, pour le distinguer d'autres per~onnages

de mème nom, on conclut qu'il était nalif de Rhodes. Un pas-

:sage de Simplicius qui cite une phrase oit Eudèmo,pal'Iant

de la doctrine pythagoricienne du renouvellement intégral des

choses dans une période à venir du monde, ajoute: Je veux,

moi auss:, vous exposer ce m)'lhe, puisque j'ai le Mlon de chef

d'école, ~?.~1~7GIGY1/wè, et que vous êtes assis sur ces lianes

comme mes disciples J. Ce passage autorise à croire qu'il avait

fondé une école en dehors d'~llhèncs, où il n'aurait pu l'établir

qu'en faisant concurrence à Théophrasto. Loin d'avoir conçu

conlre ce disciple préféré d'Aristote le moindre re:5sentimenl,

par un beau trait de caractère il en[retinl avec lui un commerce

In J. 1'I, in Ph~s.~Ir_Ilisfor~.!'hilos.,IV.

J Ler,llilo>ophede Darnis,disciplecl SIlCCC,;5Curd'lsi.Jürcdansl'AcaMmic,cl 'luioceu[aillachairede l'IJlonquandle dt'aeldeJuslinienfil(ennertoufc,lesEcule~dr

[~hilu~o[~hieen 5a'J.1.1curreclionde Jon,iu, e.;1il'auliniplusr,lau;i~lcqueDanils-citiss'étaitocclll.éd'EUlI~me,el nousapprend(Je Ih~ineiy.,3tiat,qu'ilnail, dansun de ses ouvrage~,eipo~éle cl.nlenlld'une TljhgionieOr¡,hi'lue,iiiii faitlit lie lanuitle principede; chose~.

t {,I l'hys 1i3, a. ni.

Page 342: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

f:L'Dt:5lE 31!1

amical de lellres, dont Simplicius nous a conservé quelques

exlraits l, C'était une nalure généreuse et un cœur haut placé,

puisque la préférence donnée drThC~opllrasle ne refroidit pas

l'alTeclion tendre qu'il garda son rnailre, ni rn~me les relalions

amicales qu'il ne cessa d'enlrelenir avec son heureux comln-

liteur, 11s'est occupé sans aucun doute el avec une conscience

scrupulense de puhlier les lexIe.>aulltenlirlues dcs œU\"l'es de

son mailre; on le voit écrire ù Tltéophra~lc hour ohtenir une

copie plus cerlaine du 5' livre de la !'lysirpcq, el ~llc~andre

d'AphrOllisée, supposant qu'une parlie d'un argumenl, dans la

Ilclcrlrlt~sir~ue, a l'lé omise par Eudème, nous allcsle qu'Eudème

aaill'al.;leur de celle édition de la .llclahlysirp,c. 3, sur l'élat de

laquelle Asclépius nous donne des J'enseignerneuls plus inléres-

:;anls que cerlains On le prend à chaque inslant a lémoin pour

juslifier une leçon du lexIeS, Quant à ses propres écrils, ils ne

sont guère que des paraphrases °.

Parmi les fraômenls des ol1\'rages d'Cudbme le lihodien, à

qui Arifilole doit avoir confié le soin de pulJlier sa ~llc~lrcph~si-

yue 1, on en trouve peu concernant la psychologie. 11 cherchc

moins à modifier les doctrines du maitre qu'à les rendre claires.

11y sontienl que tour ce qui est m¡) est md par quelcluc chose,

et il le prouve par le principc de la relalivité en vertu duquel

tous les corrélats se condilionnent réciproquement. \tais ce qui

1 Simplic.,in l'hys., 1116,a. 0 Schol.,1, ~Ol,b. J.Srhol.Ar., ,101,b. 10. Clitibnel,Üw;5. la l's~ch.dalr fi, 7-?.

3 Sr6ol.Ar' 16U,b- 20,.Ú niplt RxiTxLt'I ÈzEiv~i~·.t ""Vtitt!'J~:Xt.-J r~jT,3i·.r~E.J'J i=/t5ptrszzt.

1 ld., ûl., 518,b. 3:¡, 1 avoir ~ril cet ouvrage.il l'ensuy-aà sonélve clami[1¡Mmele flhoJicn,quiiiigeiqu'iln'~lailpasconi-en-ibledelivrerà unehublicitéun Iciouvragc,tinSrH11oitil -:û.IroUl,lil.llansl'inlen',IIle,il mourul(qui?,\rislolcouEuMmc?1?)ciplu-itur.;licre<(uœnl¡.;rdus (luelesdisciple.;rempbchcntdescmlnvnls("ilsi il'atilre3irailésd'.lrislulc.

Sirn/,Iic"in I'Jys.. IUa,31. ·ïrto Ypi~-9Il 1: iJ., 93, b. rn Zir:o )..yrar.ai Eu:; nl, Srhof. rlr', 313, b. `!d. m; Y.1tt I:v3. !-1J:~t'J~t,Hywv,

6 Simplic"Schol. ,1, 3!J!J, 21. I1h l:~u. dv -ri7c!"u, ;>'J'JI¡(',i;n~>Cwv; id.. 435,7; id., 370,lp.~5.nxpat·.io~9~~v'roTGÈvt"'j~ ).fy~l'-¡"

On petitle conclnre¡i'lex. J'.lhhn~tlis(e.Scl~oll.,\1' 7CO,b. 'lO,Aqli4l.iui(i,I., 51~.10.2,4,P,JL'dil eII'Trssfmenl.

Page 343: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTÛIlŒUE L.1 1'3\,eJ[OLOGŒliES Gm:cs:1

se meut soi-mème suppose un moteur immobile tous les mou-

vemenls ont pour causes, du moins dans la r~gion lerreslre,

des mouvements vitaux, ~WTl)(1{.C'est le mouvement du ciel

qui est la cause du mouvement des élémenls, et le mouvement

céleste est lui-:nème un mouvement vilal car 10 ciel n'e:;l

pas mù par un autre, mais par lui-mèmc 1. Ainsi la vio est le

mouvement aulogène dont le principe est l'àme. L'âmc, dont

la fonction est de faire \'ivre 2!, a plutôt des facultés que des

parties J.

Si l'on considère Eudèmecomme l'auteur des 7 livres d'ls~lri-

~~ucsqui portent son nom, et qu'il écrivit, dit-on, après la mort

(l'Aristote, il suit en moralc pas à pas la doctrine de son maitre.

Il pose dans la raison le caraclèl'C éminenl et dislinclif de

l'aclion vertueuse; lotit en faisant remarquer que certaines

"ertus ne peuvent s'y ramener, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas

pour principe une détermination libre et réfléchie de la per-

sonne. Il distinguo deux soi-Les £le mobile3, les uns

viennent de la réOexion, les autres d'une impulsion inslincli\'e

et sans raison; cette distinclion s'étend à la raison sp6culalive;

à moins de se perdre dans l'infini, on est bien obligé de s'arrèler

1 une pensée qui nous vient d'ailleurs, et qui dOline le premier

coup, le premier choc générateur du mouvement intellectuc1.

Ce n'est pas une pensée qui peut ètre le principe de la pensée; -3

c'est quelque ehosequi esl au-dessus de lapens(,e et de la raison.

Or qu'est-ce qui peut èlre au-dessus (le la raison humaine, si ce

n'est Dieu%?Pour expliquer les fails moraux aussi bien que le3

faits intellectucls (le l'âme, Eudèrnc posait ainsi unccausc divine,

un acte pur et parfait, qui dépasse et surpasse la nalure ct n'est

point soumis il ses lois. On voit p~rcer dans la doctrine moralc

un caractèrc religieux, presque mystique, moins élran~er qu'on

1Siml,lic.,YTI3.Sr/joli, r., JJ3, a. 37.o '\rq1,el~y, i:. Ç';Ia·=_iv. Elhic.1;'uJ.,I~I!J,a. 28.

h'ILic.If, l, 1219,Il, 3~. C'c..1l,ourcelaqueh qu~lionda wuir .i

Llrncc;1 lIi,'i>i~leou indi,'j,ihlelui sciiiliteavoirl'eud'imyrlansc. fe sont Jus

l'°umir3,%.m3psv;,différentsqu'cllcpos:LJc.1 F·rrdem.,\'II, 1 J,1218;Viindii,11,138;, n. 13~;III, ali.

Page 344: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

fl'[Jtm: 3el

ti

ne serail disposé à le croire, à la ~16laphysiquc théologique

tl'rislolo, Ce n'est pas sans raison quc Thomas d'Aquin, le

grand lhcoloëicn du moyen 3ge, fail r·nlrer les principes d'Aris-

lolc dans ses conceplions' plaloniciennes et chréliennes, et

(IUC~l~lanclrton en a fait le foiitleinent de l'enseigncment de la

morale les ulli\'cl'silés pl'Olc~lantcs de l'Allemagne. Ce

germe mystiquc, réel mais caché, se dégage des développe-

menls donnés par Eudème, qui arrive à placet' la souveraine

lcrfeclion dc l'homme dlns la contcmplalion, dans la vision de

Dieu. Tous les Liens ne sont des IJicl1s que dans la mesure oil

i!a favorisent cel acte contemplatif. Ce qui y fail obstacle est un

uml. La fin supérieure de l'alrnc est de sciiiii- le moins poqsil)le la

p~II'lieinférieure rl'elle-mèrne en lallt que lelle, parce que ce n'est

pas 1,1qu'cst Dieu 1.Sans doute le germe de celle conception de

la félicilé humainc sc lrouvc déjà dans les .Ila~na .lloralio et,

plus marqué encore, dans la Jlulahh~siyue; mais el!e prend

dans Eudème une forme, un accenl, un es[n-il qu'on pourrait

appeler llrcosophic[ues et anthromorphiqnes. La \'crtu esl une

gr,5ce, ..jt'J{z. /1 y a en nous des pensées, des 6molions, qui ne

nous apparlienncnl pas, ,~» [; 'a. N'y a-I-il pas là, dans

l'école d'ri310Ie, le [rrcmier pas vcrs J'extase alexandrine?

Islh.b'ml-,I°1J,L.G,î,m~·.u ~ï~!O'E;x~x':Z'rT1'7~;n~YŸv?:l;y:trJ~Yr.·.tr,ansi,~ 't~lj ()~f)jj l1&h~T.x ~l=uy:xv.

t Il. IU.1203,9.3 lJ., IU5,29.

G~IIG\ET. riy~cAoroOle.

Page 345: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CIIAPITRE QUATmÈ~1F.

ARISTOX~r.

Aristoxène,dontle nom est presque toujours associé à celui de

Dicéarque, était comme lui un disciplc immédiat d'Arislote. Né

à 'I'arenle, on ne sait pas iquelle ciale précise l, dans une ville

donlles pythagoriciens PIiilolaÏls, Eurytlls, Archylas, Archip-

pus et Lysis a\'aient fait un centre Oorif;s:mt d'études inallnema-

liques, musicales et philosophiques, il n'est pas étonnant qu'A-

ristoxène ail suhi l'influence de celle école, èI ail suivi celle

double direction. Comme son père, Spinlharos, qui fut soit

hremicr rnaitre, il voyagea hC1UCOUP,dans le l'uloponncse

cl'abord, en Ilalie ensuite olt il revint passer quelque temps, et

enfin il Athènesolt il drYintle disciple d'Arislole pcndant assez

longtemps lour s'y acquérir, dans l'école, une grande répula-

lion 3. Dms le5 années qui précèdent immédiatement l'avcnc-

ment cl'~Ieaamlre, nous le retrouvons dans le Péloponnèse, il

Corinllre, oÏl il se lia, comme il le dit lui-mème, avec Denys le

Tyran, qui y vivait dans l'exil depuis 343, et de la bouche tnème

de qui il teii-iit 1'liistoii-clouchanlc de Damon et de I'llinlias, qu'il

a racontée 1. Suidas, dans l'article qu'il lui consacre, rapporle

Tmc.,l, 13,lIicæm:llUmrcm cum.\risIO\Cno,æ'lu1liel conJiscipuloSilO.Suid. \"ocSilid., 5. ;J-T'r.: 'I'it''Ti).J;' ~1.Cell u·. af(., 11',Il. Ari,loxcnu>

Ari~tùlele3rhilosoplliaudilnr.1 bIlJ['Ii~hl'if.Pylhay., ~33.Porliliyr.,l'if. fl!)/lI., GO.

Page 346: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

.IIISTOX£.£ 3'!3

flu'~ la mort d'Aristote, irrité de voir passer entre les mains de

Théophrasle la dircction de l'école qu'il avait espérée pour lui-

mtme, il se vengea de celle préférence, du'il considéra comme un

alTront, en répandant sur son maUre les propos les plus malveil-

lants. Il semhle clu'il ait là une erreur de nom rlrisloclès t

prétend que c'est à Platon que s'adressaient ces injures, car,

malgrél'opinion de quelques personnes, Aristoxène n'a jamais dit

que du hien d',lrislote. Son caraclère a sans doute prêté appui ,l

celle tradition, car il ~lail, suivant Ælien l'ad\'ersaire déclaré

du rire, et, Proclus, dans un mot assez joli, juge que ce person-

nage, dont le surnomcaraclérislifluc élait Ó~·Lrd;3 n'avail guère

de musiquedans Iccaraclère, ~,j ;:Í.J ~b-0·nvv,; Ènlv');:L"'JI¡O~

Les livres écrils par Arisloxène sur musique, l'histoire, la phi-

losophie et sur les sujets les plus vari~s, .z·IT)J; CLOO·s'~levaicnl

au nornhr~ de 4~3 mais son œuvrc la plus imporlanlc et la plus

considérable concerne la musique 5, dont il a écrit l'histoire et

la théorie. Ses éludes philosophiques ont pris surlout la formc

historique: ce sont des hiograplties de philosophes cl particu-

lièrement de philosophes pythagoriciens, et un ouvragc intilulé

Il'Jh1''?:X'1.\ x-o~x.ELÿ, sorlc d'exposé des doclrines pyllragori-

ciennes G. On ne sait duquel de ces deux ouvrages estliré le peu

1 Lib.1'll, de l'hiloa.Plafonic.,cilépar Tu~l~c,l'2p., F,u.,c. Il, '"?:~ivou 1t~v. E-jf:t.Jlj.t"Ij; tA~It¡t~Tn:r.

rr.,r. l' \'111,la.3 Paret. Alhen.,\I1, 51.5,:1.'II¡,l,k¡' (JO'JI¡I"I,Tllemi;l.,Or., \III,

(1.361,61. lIan), ¡J.1 In l'lal. 1illl., III, (1.I!H.5Cie.,de H'in., 19. Quanlum~l:i,l~i~cniinocniurnin mti>ieisconstiniriluril

aiJcmus.Nousavoni con;crcules trois livrc=,¡;) a~JLrJ."lx6n'et un

longfr.lgmenl7i£p'tp'J~I1I1<r;)'/r.ZfiblV, qui 50nlles soumcsles (llusl'r,'ficu;e,el lei.1-liiiaullienliquesdenolrc(le Il mu,i'jucgro't"luc,

0 1. Il')hn1<¡;'vau nll1in,en3 livici. (Conr.rlfhcn., XI\ GI8,Ilsi JIr~cLVçw.é9 Os.lnn.~t nealof.Ifoman.,p. 305.

3. '¡1,Il'¡. '\mlllon.,fi-.iN, de ~IiHlcr,1.Il, p. 2S!).L.,VIII,au moinsen 10livi-tii.

-1.Ib~:lr"~IJI:l1&7rj;iaE%ç.SlolL.,Floril., Ni67.5. lleit zv:pGLV.Plul. ~IOId' IOJ3, Il. n;J; -iv;¡;¡W'¡'¡\I¡'ÍE>

lypi-pty. Jerom., llial. Eecf. Fecertint Loc (éciire les tJiOfldl,llie,lie.LonunesiIIuslres),apudCr~cosIlcrmippu~peripalelicus,,\nligonusCara-:liu,,~yrusdoclusvir, ci omniumlongedoclissinms,~lrisloxenusmusicus.

Page 347: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOInE DE L-t PSYCIIOLOGIEDES GIIECS3is

qui nous a élé con=ervc par Cict"1"01Icla sa rloclrinc sur l'ml'

qui ne dift~ra pas sen!"iblement de celle des pyllragoricicns, ses

premiers mailrcs, el oit l'on ne reconnatt guère l'influence de

son second.

Arislox~ne, encore plus p~`thagoricien que pbripat~licien,

relrroduisait la défInition de l'âmc qu'avait formulée l'école

italique, et que Platon avait clccj(1fait connailre et avait réfulc~e 1.

L'àmc étail pour lui lIIU cerlainc lension (in(en(ioncrn, les

stoiciens diront ~:n. une harmonie du corps m~me), semblable

à l'harmonie des sons qui naisscnt de la tension et des rapporls

Ue lension des cordcs de la lyre de l'organisme du corps, de

sa fIgure, et des tension~ cla tous les élémenls qui le eonsli-

IUl;!nl, naissent les m~uvemcnls divcrs, les fonclions diverscs

qui consliluenl une espèce d'1\me, r/tmcnrclam rrnimam 'l. Celle

;ime en en"cl, si c'en est une, comme en doute Cicéron et

comme le nie Laclance, l'si conçue plus grossièrcment encore

que par les pyl1wgoriciens qui en avaicnt fait une cause de

l'harmonie, tandis que par les termes donl se scrvcnl Cicéron

et Laclance, il scmhlc u~anifeste qu'elle était pour tlrislort~n~,

sinon un effet, du moins une rccsullante de l'organisme, un

ralyort ahslrait, el en mème temps incompréhensible, entre

les partics Ju corps. C'est au corps mème, à la conslilulion ply-

sique, à la vie une ct harmonicuse donl ses memlrres sont animés

qu'apparlientla faculté de sentir, ri»t sen(icndi, c'e!'t-fl-dire Fans

doule, la pensée mèmc identifiée à la sen,ation a. Laclance a

donc hien raison de dire qu'Arisloxènc niait, ait moins imllici-

lement, l'existence de 1'L\mc, et plus encore l'exislence de

r Plal., Ph~edr.,3(1),392.Cic.,Tuacul.,l, 10. Ip,ius corporisinlenlioncm. excorrkirislotius""lurJ

el n;;III'"Jliosmoluscieri, lampam in canin SOn,)5,i-J., 18,iiienibrorunivernsiluset liguracor~Oris,\'aeJnsanimo,rluampoïil harmoniamemrerc,nonÜIt'1J,

a l.1cl.,ln.vfil.llin., 1'll, 13. ln rùrporilJusci roiiipage,ÙrerulIIje sigorcmcu~-Grorumr¡1II~rnfiemlic\i,tcrc, Id_de Oyij.Ilri, XVI,quasiliarmoniamexrorblrur.lionecerporiset r"IIIp.1~it.usvi-cerumvim:,clllil'n,lie~islerr. l'ulunl¡¡¡illiranill.I!1similirJlÏonccon·lareinlioriiine,qu~corporis(!allimllfurmaconjunclia,mcmLrorum

flueoruniumcon·enliensi!1unrrm,.i¡;l.ï-,1[]01l1l1lillumscn·iLilem(.lcial,animum,luecuncinnrl.

Page 348: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

.\IHSTOXËXE m.

l'e5pril D'un Ion assez méprisant, Cicéron lui conseille de

laisser' ce grave et profond sujet de médilalion à son maitre, et

de borner son amhilion à la mesure de sa capacilé à savoir

l'art d'enseigner à chanler h.ec ma!/istro concedal Arislolef i

caaerc ipsc cloccaf

1 larl., lnslil. Dir.171, 13. Quid Arislorcnus? Qui ncgnil omnino ullamuse

.7niiiitii)j»clivu dum ,Ù¡I in corfare. Id. de Opi~rC.Uei, c. :1. Ari510u",J5diIil

mcnlem oumino nullamesse.J Onne l'cul s'élonnef qu'un niu4.-ien si ron,omm~, cl un I,hilosophc professant

~ur la nature de l'3mc de lellc.; idées, ail allribué commeTIII{ol,hrasle,et avec

lous les anciens d'ailleur. une inllucnccconsid~raLlela musiquesur l'àme ci sur

le corps (plu! de Jlusir., 1 UIi, el.

Page 349: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Comme Arisloxène, et peut èlre avec plus dc nettelé encore,

Dicéarque son ami et son compagnon d'études, s'éloigne de

la haulc pensée mélaphys;cluc d',lrislolo dans la conc('plioll

de l'alme. On lie sait presque rien de sa vic, sinon qu'il a élé le

contemporain d'Aristoacne, et le disciple immédiat d'Arislole

Suidas est le seul qui lui donne pour père l'hidias, personnage

d'ailleurs inconnu il était certainement originaire de Messine

en Sicile 3, issu peut ètre de parents émigrés du Péloponnèse,

où il passa une parlie de sa vie s. On ignore à quelle date, par

1Uicéaniuc avait écrit plusieur~ owragcs dont un prlil nomlrrc tic frignients sont

ctJn~n.~>: 1. Ll:o: en Iroi; lil"ll);; Une collcclion des conzlituii.)nslolili1ur> lies Allieniens, tics ûJrinlhirm, des f'elli'nil'ns, Jes Lac~Mmonicns;3. Un traité lie pliiio~opiiieptiiiiiiiiie sur la meillcurc forme tic gom-ernemcnl, iolilulvel 'lui (;<,1;1 pclll-~Ire 1'1I"1;c,l'un intitulé Z~3).).ay.:.·,).rxo:; 1. Une Icllre 3.Vri:ln~tnc, citée p.lr Cicéron, rt~l.lff_, XIII, 32, m~i;,llJnl on ignora Ic sujcl 5. li:or kii moins en deux Iii-i-eifi ci l. [)eux di;serl1lions sur IIomtW cl ·ur 8. liés VitlJ~Jlir; sur

Eurifii(le CI ,\rislof,hanc; (), Sur les conrnurs musicau~; 10. Un\'op¡;e autour lie Il Terri', l'y,; Il. lies \'illes tic la Gn4e, lilrcdonné par conjecture p.n K, ~Iiiller a 3 tllrilitiés i Ilicéarrluc1 t. \lesure; tle Il l'Juleur iles mnnlaôncs I~, Un Irait,: >t,¡;. '?'Jzr,ç Cil lieux1"1lies, inliluit4es rune, 1\"¡;fJl:Cxl, l'aulra et divi·écp chacune en3 livrcs; Il. l'n traite tic la di\in,1Ii'Jn; 1.-). Un vol-.t;;e (1-ins l'.Vnlre lieTroplmnius. Les maigres fragmcnls (le ce3 oU\'r.I¡;esonl été rrnnis par K. ~hlllcr.HSnr~m. Ili.sfor. Cr.~ecor. 1. Il; p. 9- l:'e,1 rrolulJcmcul J.m; les qti*ila\lil été amcna à parlcr des sepl sa¡;c> qu'il ron,iMr,lil conuue ."r-_ aoÿoy o~c.¡.!j':l'J~1-')'J;, Q09ET6J; ~f sr~mSxai Diog- 1. I, JO.

tCie, de Leg., III, G, 11. Sui,] ,v ~·c. cI V. 'Apl'1r.

J Zenob.. 11, 15; Terlull., rfe .tn., 15. 1lc;scnius aliquis Dicæ,lI"chu~.1

Cie" a~f. rlll_, V'I, i. V'iacral in Peloponnm.

GIIAPITHE CINQU(È~Œ

rUCéan~u~

Page 350: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

J)CF111QL'F. 3! i

suile de quelle~ circonstance3, il enh'a dans l'école d'Arislole,

dont Thémiste \'eut qu'il soit devenu un ennemi acharné et

pa~sionné l, on ne sait sur quel fondemenl. Tout cc qu'on sait,

d'après Cicéron '3, c'esl qu'il ne parlageail pas le sentiment de

sur l'emploi ((lie l'llomme doit faire de sa vie. Il

lémoigne une vive préférence pour la vie pratique, el s'exprime

en termes dédaigneux (lui alleiônenl Arislote mèmc, sur ces

personnages qui, oubliant que l'aclion polilique est une philo-

sophie, au lieu de surveiller leurs Icrres ou de v·isiler leurs

amis, pasfelltleur lemps à aller et venir, à se promener de long

en large sous les portiques3 des gymnasc3. Pour lui, il a non

seulement suivi l'exemple du maUre, en hisallt une collection

dcs conslilulions des principes cilc~sde la Grèce, mais encore

en con8ilcranl un ouvra~e spécial,lc 7'rilrolili yuc,:cl'étude philo-

sophique des trois formes monarchique, arislocralique el démo-

cratique auxquelles se réduisent les gouvernements, dont la

conclusion élail'lue le meilleur serait un composé bien lempéré

des trois, chacun d'eux apporlant d:1nsce mélange les avarltages

el les supériorilés (lui lui sont propres l, Je serais étonné que

ces Irails caracléristiques de son esprit n'aient pas contrihuë à

lui altircr la sympathie si marquée de Cicéron, qui, malgré ses

goûts d'arlisle et sa passion pour les lellres, resle un vrai

Romain, pour qui l'action et l'action polilique surtout, la prati-

que des atlàires et du gouvernement, sont le seul emploi de la

1TlIcmh\ Sopl, 293.2 ,1,1,1" Il, 16.Plui.. An aeniger. lie.~p.,3n. iv Titi-,t¡t'):xIe&J[)(~lun"H:X;lt£:lt:xtlh,

%·y.a.vf,'Irsririp i:.L).Ij'1~I'Tr..'j.1j>'tT!.j!'7~u.c1 I.ercn_=cigncmcnln'esllos grèsslir, PhOlius(llibl. Gal.31, éd. n,k), apres

avoirditqû a lu lies.li:¡lo;;lIcsqui traitaientde 1.1politique,ajuulcquel'aulturyLign-ileun genrelarlirulicrde gourcrncmcnlqu'ilappelle-c',jet 'luidcn.il l'tre com!oUséticstroise>r«esconnuesdesanciens ExS(dYTp:fJVf¡"W"tT.~'J").ltd'2; %o., ~t1'" IJ'JYX!'i~21~:X'Ji.~:("t).')(I'j~xzi à:p.ft'I'jX:=r7T~j(r..1)1(.Ù

~ll'4X?:lt,xr..jj, t~ ~~h)t.~L',l; ~t~, T.9).tT=ix; a'J'lulJ:XY'.f'~rJ"1 x'1;c~hr," TY,I m;

~i. ,rm;n?:ar,v 7tr,)It£i:x',on peulconjeclureravecqiieliluevrai-:eml,lance,conuneO~nn,LJeiIrneges. /Inm.l.ilf.l, p !II,maissansaucuneccrlilulle,-luece ylvo; .l11'J~xl,v avail"lé ron\"uet furmulépr Dic~Jrqucdans son

Tripolilique,où allèreiiile-seniprunterplus tard Culsbc(f1, 3 ci 10),el Cicéron(,leRep.,1, !9, ci Il, 39).

Page 351: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

uisronene rs~-cuoume111:cnecs3'!oi

vie digne d'un homme. Après l';woir appelé ses délices l, il le

caraclériseelle loue en des (ci-me-squi cshrimcul non seu!cmenl

l'admiraI ion d'un rafliné ci cl'un clélical pour un ecrivain de

talent, mais un rcspect sincère pour l'homme et le cm'aclère:

i l,uclr(cnlus lromo, et ciris Aoucl lfatrllo mclior yuanr isli

nosl~'i ».

Tou3 les auteurs qui le cilenl s'accordent a le ctualifier de

péripatélicien, et on lie peut guère refuser cet honneur fi un

disciple clirect d'Aristote. Mais il faul avouer qu'en psychologie

surlout, c'est un péripapéticien singulièremcnl indépendant. fi

lendancenaluraliste, qui apparaU déjà dans ili-istoxène, s'accuse,

s'accentue dans Dicéarque, qui est franchement matérialiste. II

nie absolumcntl'esistcnceclel':ime. C'esl pour lui un mol complè-

lemenl vide de sens. Il n'y aucune raison pour donnCl' cerlains

élI'C3 les noms d'animaux ou d'ètres animés car il n'y a ni dans

l'homme ni dans la bèle ni :ime ni esprit. Il y a sans doute une

force qui fail que nous agissons, que nous sen Ions mais celle

puissance de sensalion et de vie est égalemenlrépandue, diffuse

dans tous les corps uieauls, dans tous les organismes; elle n'esl

pas quelque chose de dislinct et de séparable du corps, car elle

n'exislo pas, ya~iype yn,c nullcc sil, el n'est aulre chose que le

corps mème, un et simple 3, que 1'tiiiité (le l'organisme qui, par

un arl merveilleux de la nalure, a élé disposé et conformé £le telle

sorte qu'il vice el seule L'àme, ou plulul la vie et la scn~alion,

1f.i,~ T«ec.,1, 31.Oeliciæmc:l'.Ad Allie., Il, 12 cl Il,20. Tu.:c.,l, ai. P"lipalclicusma"nusci cor,ju'II<,

\`:rro, de !f. If.. l, 1,l'appellelIoclis,ilHlI>tionio,cl l'Iinc, Il. ~1' II, (3., virimprinuucnulilus

a Cic"Tnac.,l, 10.Necsilqui,lqu.l1nni siCOl'PUSuuumci ~illlple,.~I.nnai«on,1. Il, p. 31, cnlcmlaulrcmcnlcc illr.I,luil-( ce qu'on appelle3mcn'éliiirienqu'unfnrp, simpic,(aildetellesorteque lor h cnnslilnliondeci nalmc,il agilcl il scnl.Par re corpssimple,il ut pmb.:ldcqu'il faul cnlcnolrcHlllcr,donltrilote (.lisaillcpremicror.-ânedc l'âme. Je crni; que p.~rles mohcnrfnsrrnt~mel.fimpl~s,Cicrrùnenienilp.111crnonti'lincorps,illll,le,nnis illicnrp~1II~,nc,,Ionl1'liirmùnieci la prnporlinnrégl-4epar la niiiire,fNllrCJ'll!fO7lCllnfrrr.x,(titl'unilt ci In simplicité-raiiinienttomprcmlrcaulrcntcnlle P.l"i5~¡:C.Ic :'irmr.;iu',~~iltplusloin,p Il, n 2, d'aprèslequell'imc, slIi\mlVi\'l~anluc,c~lTiavTL·r?lpLVY"i~'l.!lM'I..~yipla%.v:oi~~i"'t'Jr.il t:¡'J~1(iJ'li:Ii'.

1Cie.Tuac.,l, 10. lia nguralumullemrcralioncnaluræ"¡gc,)1ci S('nlial.

Page 352: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

l'H: 1:1]n: 3-1

donl on la considère fausscmcnt comulc le principe, ne sont

que ccrlaines prot)riél~s du corps, cl n'ont aucun support

sulyslanliel C'e.~l l'ëtrc mêmc du corps, ;b T,5 .r~m.x:o;

Lc fait cl'tlrc vivanl est une propriflé inlrérenlc au corps, un

élément de son essence, du moins de ccrlains corps, il savoir

du corps vis·anl. Car la vie el la sensalion ne paraisscnt pas

alyparlcnir à la maliërc mc~mc,aux élémenls malériels; elles sonl

le résullal, ou la rt~ullanlc d'une cerlaine disposition lnarticu-

li.~l'(', d'une combinaison délerminéc, d'un mélange réglé el

Ilarmoniew des rtualre C~lémenls, ou plut6l des couples con-

lraires qu'ils renferment froid cI chaud, sec et humide. L'Arne

n'csl pas suhslance~.

\lais d'oÍl vicnt que kg Clémcnls malcriels ont lanl~rt pris,

laniùt n'onl pas pris ou reçu celle disposition, celle proporlion,

celle harmonie réglée, ce conscnsus qui fait qu'ils s'organiscnl3

en corps vivanl cI sentant, c'est ce que Dicc~arctue ne paraI!

pas avoir recherché, c'csL une dueslion qU'Il ne s'est pas posée,

cl à laquelle f~picure fournira la réponse, si c'en est une, par

J'infinité des combinaisons produites dans un temps infini par

le hasard des mouvcmcnls des élémenls.

Si l'âme n'eaisle pas en lanl que subslance, si elle n'csl fll;'ulIC

propriélé mal nommée de l'organisllle, prorluile par ccriaincs

S'il. ENpiric.,adc..Ilnllr., Vif,319. I-'Y,£"Ÿx?t'IEivxfu~ti,vr.~tpiTbr.co;_v "1-'2. bm" ~11)~S!ub.l:'clo! 8jO, ,j '7r;L: i~;aep tb .11-"¡'~·7s'~x:,aut'r, lar,r,<l¡; ri¡ -JJ-7 ';i'1r.~r:'d¡;Z" Scxl.Em(~ ll~p., Il, 5.

~v 117,t!71 ,T,"·t·yrv i'rx.xv.'Tcrlnll., Je Iln., 15. Denifitiequi nc:lnll'nnri,lc, ipç~7kin"riusanintamniliilcenstiertini.

2Xcmcs., dt .1'0l. Ilom_, G3.ltr.x:xr/3.lazn:xv ,i, "'7,i:)" G'Zd,

istv ~ryre.wilv_ Te) r x.xi ·~v/pwn zxi vyrGri x7t':

fij~c.)"!z~tJ.¡t~'1 Xf'1 z:u avpr.vixv. 't,:o:`). Y.7~t1nc:t~~(rZfj;.;j'1I< t; ·~v~i,vEivYt).fY"1: ['Jnr. Plnl., l'loc., l\ !2,5.

3 1.zanis.1liono'c..1qu'unc Icn,bnreà l'iiniié I~arla emmlinaliondes l',rlic;11I"isd'oilx-icnlcellelen-lance.ce umvcmcnl'?1)'oiiiienicc iliouveniciiixcr l'unilE,c-td'uù l'icnll'oruro qui ordollllece mouncmcnlci courdunneIcs

larlic;'?.?1Cio:. Tn~c.,31. ircriiine aulcrn,,Icliri;"mcm,llic;rardmsronln lunc

irnmori.:li!"I('I:1diacruil. 1; cnitnIre, lil,l'tl>fini ix,51)ilriin']'Iihu,etricûi-o al.ÏmJS(,S.'l~111/:1'1,,1,I.rl., Inaf. llir., \-II, 13, ral", 0"1

cfl; IIic;¡\1I'didc animædissolulione:cnlcnlia.Galcn.,J/id, l'l~il.,21. 0."h 'JZ; ni ~1j('Xi'X?Z";r~i,9r,ar/.

Page 353: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOlfiEDr.LI rSn:IIOLOGIf:ne, r.nf.;);11)

disposilions des éléments qui le conslilucnt, il esl trop clair

qu'elle est morlellc, c'e:l-1-clire que le cha.ngement des combi-

naisons peut délruire avec le corps la vie et la sens.1.lion

Dicéarque, adoplanl sans doute la vieille doctrine des anciens

que la matière exisle tle toute élernilé, en a conclu que le

genre humain et les espècc:; animales, comme lui, ont exi,lé

de tout temps 2, car il n'y a pas de raison pour que de lout

lemps les combinaisons qui clonnenl naissance à l'organisalion,à la vie el la sensalion ne sc soient pas procluiles. Il n'y a paseu de commencement pour les espèces vivantes il n'y a pas

eu d'inlerruplion dans leur succession il est naturel de supposer

qu'il ajoutait il n'y en aura pas davanlage dans la suile des

temps à venir.

Chose singulière et conlradiclion incxplicahlc, ce naluralisle

décidé, on pourrait dire ce franc malérialistc, subissant à son

insu l'influence des croyances générales el traditionnelles de

son pays et de son temps, ne met pas en doute la clivinalion

s'il en réduil à deux les espèces nombreusc3 cl variées, par la

raison qu'il y a dan:> les choses a venir beaucoup de choses qu'il

vaut mieux pour nous iënorer que connailre d'avance, il en

admelencoredeux modes, l'un par les songes, l'autre par l'inspi-

ralion divine, un transporl clivin 3, T>i Bien que

n'aclmeltant pas une Ùmc immorlcll~, il croit qu'il y a en nous

quelque chose qui parlicipe du diain 1. Quclle nolion pouvait-il

sc fairc du divin dans le monde, et du auquel l'hommc

1Gtntutel'h'cfl"cRim('lidll'(i:1~ulL·J S.h ), il acconlcl'r\islrn,'oJlie l'animal,duvisanl, ci il cn supprimcla cau·c, 1'1110:r~ p'n Cr; "J"1.ZW~~1[:'12!,~7,"ic'lLSi1'I x.t,j 'Jl. 7(v ~i_S.

I:cn;~tr.,~leII_.1' c. 1:l'ii-ir ill.tscnlrnlh,1]11.1;clllf'cr11I11I\]nlllllgcnu;fui:·ccrcLiitur,auclor,~-~c4l ci 1'1110ci Xcn()fr,llc;ci llic:rorehus~lci'cniuL.nonaliuJ vitleniuro('inali.ri-Iolrlcs 1]1Iù'JIICet 11100('llr1>lu"I:lUlti'lurnec iënnLilcspcri¡"IfI¡"¡iiieui r,'rr" ~lrIf. 1/ Il, 1. J¡;iluret pcua 1]1I1i1li:;cmf'crsit nCfC5'Cn'ituri. ncccac C41hU!næ \'iI,I'.a sunummcuwrÎ.1gr'lllalilliJcxnn.li;;caJ hJnc2pi:tleiii,il[ scriliit Uicaan~lm3.

J Ci~ r/~lliu., l, 3 tlicT.trclm;rrrip;llcliclI'cclcr.1di,-inJlionijgcnrr.Isuslulil,zoninioruiiiel ~ter-ouisrc'i'luil. i-1.,50; iJ., Il, 51. ~Ia¡;nll;;Ui,1'Jffhili!Jerc·I,nexire n (qde renturasunl)mcliu,C5>Cquamscire.

Plut.,Placif.,v. f91.

Page 354: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

DIC̀~1(IQI.'E 331

pcul participer, à quelle partie de noIre élre, réduit un orga-

nisme compos1 d'élémenls maléricls, pouvait s'aUacher et se

prcndre celle participalion divine, c'est ce qu'il nous est irnpos-

(le nous repr~senter, méme par conjecture, lant les frag-

ments qui nous restenl sont rares el incomplets.

On pourrail croire rlu',1 n'y a plus rien de la psychologie

(1'ristoti3 dans cette doclrinc tjiii nie la suhslalllialilé dc l';)me

et ne f:1i1de la vie cl de la pens~e, l'éduile la sensation, qu'une

fonclion de la matière organisée: ce serait une erreur. Le germe

du naluralisme, qui se monlre sorts une forme grossie à l'excès

dans le disciple, était drjil, à peine caché, dans la doctrine du

maUre. N'avait-il pas dit le hremicr que l'cime est quelque

chose (lui corps, que J'âme et le corps sont des corrélatifs

inclissuluhlement liés l'un à l'aulrc, que le corps est la puissance

dont l'acle eat l'ame, que l'aime est l'acte donl le corps est la

puissance, c'est-à-dire que le corps est l'3me en puissance ou

l'i'ime Je corps et) acte. L'idéalismc ahsolu ou le malérialismc

absolu sont égalerncnl contenus dans les ,;onsc'quences logiques

de la célèbre définition d'Ari.tolc, cl quand la notion très

très idéalislc dc l'aclc s'alléra, el elle dùl promp-

lemenl s'allcrer, et descendit à la nolion du mouvemeul (1-,la

vic, dont l'unité esL la marque, l'itiiie ne fuI plus que le corps

vivant, ou l'une des fonclions de J'organisme, inséparable do

lui, et périssable lui et com!ne Iiii. Sans doute au-dessus

de cette flme, forme et fin du corps organisi\, Arislole en avait

conçu une aulre, d'origine divine, de naturo immatérielle,

du corps et irnpérissahlc pal' essence. ~Iais l'impos-

silJilile de l'unil' ralÍol1nellernpnt avec l'aulrc, dans une unité

réel!e el subslanlielle, qui avait les doules d'une force

signifIci1li\.edeThéophrasle, dccicla Dicvarduecomne ArisloxLne

et la 1»til)ai,ldes autres (I~rip:ttéli~io 15 il lrancher la diflïcult~

en nianll'existence de cette forme supérieure £le l',lme.

Page 355: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CIIAPITIIE SIX(f:~1 E

ST11~T0\

Straton, dc Lampsaquc, fils d'~lrc~;ilas prit la mort de

Théophrasle, son maitre', dans 1'01. cxxm 3, la direction de

l'école péripatéticienne qu'il conserva pcnclant 18 ans l, Ce

n'est doncpas sans raison clue Plutarquc l'appelloie plus éminentdes péripatélicicns, Diogenc le plus illuslre 5 et que Simplicius le

comple parmi les plus grands cl'eulr'ew 19.lfais il faut avouer,et ils sont les premiers à le raconnaitre, quc ce titre ne l'a pas

obligé à une soumission ahsolue aux doclrincs (le l'école qu'il

dirigeait, et lui laissail, vis-à-vis (l'elles, tiiie si gralldc indépen-dance d'opinion, une si entière liberté qu'elle louche

souvent une opposition vive et ncUc, Sur les Ihéorics consi-

dérables assur~menl du mouvement, de la raison, :r_Ï l dc

l'àme, du (lu temps, Stralon non setiteliieiit n'accepte

pas les solutions proposées et exposées par Arislolc, mais

encore il les critique, il les réfute, il les repousse, et cherche à

s'ouvrir une voie loute nouvelle, et à se faire sur lous les

1Suiduc,rpi rcrNduilenra{¡r~anl h noliec,le flingunc,dil filsd'Arcé,il,¡;oud'Arcésilh.

4:ic., 1, 9. Tlicùpllr,<;liaudilur.Suit!,e~>' Y-¡'I-);'i 5.1n,lion d'innéc= ~88 \!S1 J.-f,li.1 Il ~Iaild'unecon:filulionsi f;ti"!cqu'ilnumnUcms igonie, c,n<¡Qr.tw;

td.'t;'t;.I)'u.5 ~Idr_Col., 1L x.'j~'J;It~t:ItO;.ni,oI,{-.il>Y&l!rd.7-6 Simplic.,én Ph~s.,Sc11011,lr., loq, :1.31.xi, -roi, .?,.n')" r.a1t:lt"t'x,):;

~~I~¡J.j~I);.

Page 356: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

sTn.vroa 3J3

prol.ll~mes une opinion propre, ~xrv·;zc;x'~ axBr~En1. Cepen-

danl cc pél'ipalélicien si inJépemlanl n'élail pas ou du moins

)loU\'ail croire n'èlre pas infidèle au véritaLle e>'pril, ;1la pensée

dominante el gÓnl~rale de la philosophie dont il avait l'honneur

d'~lre le représenlant avoué et pour ainsi dire officiel. Tous les

anciens l'apt)el!enl s, tv,rz: Ic physicien 2, ou plulÕlle naluf1-

lisle, e1 Galien, a~-cc un sens sinon profond, du moins per~pi-

cace, n'hésite pas clire que c'est Arislole méme qui a imprimé

ce caraclère parliculier à la doc;rine de Slraton J,

II faut l~ien rcconnailre dans la mélap1lysiql1e d'Aristote une

doulile Icndance, que la cloclrine de l'enlendement agenl cl de

l'acte pur de la pensée ne parvient pas à concilier avec une

clarlé manifeste el une force invincible, pour lous les ('sprils,

Oeaucoup s'y sont trompés el poU\'aient s'y lroml)er, et ce

n'esl pas absolument sans raisons au moins spécieuses, qu'A ris-

lolc a élé longleml)s considéré comme le chef de toutes les

écoles sensualislcs, naluralisles et mème malcri.lli~tes. ~ans

doule il y a dam; la psychologie d'AJ'isloLe un principe supérieur

qui domine le clualisme appal"enl; dans la llléorie du I~'Gl;,

w~nudu dehors, c'est-à-dire d'en haut, qui n'est lié à aucun

organe, à aucune fonclion physiologiquc, qui n'est la forme

d'aucune malibre, l'acLe d'aucun corps, mais acte pur, il posait

au naturalismc conlenu dans sa dc~finilion, une harrière il

rompait avec ses conséquences exlrèmes, eL se monlrail enlin

1Plul.,Col., Il. 'n '¡;t'1,IjTÉiu xxrà Tt,,>1'C'J¡.r.i'En! a=pl zni;t;£{I)~1r.c~lvo~,7t~~1i ·fyi',s, 'Xx,1t~?~ytvlt'Jë:w;.Simplic.,in l'GSs.,&11011.,~r.,:191,:1.31.~¡'t~:X'1&!J.Ij;siv'vr. 1.I"'Tl)rfl~ .2;r.'J~1'i~h't'xr.-v'l.f'l'¡Ij'J't~t1~v.~).d~21 i.i~f'l ,v. III 1id 1187.a. 11.,1:)}; âvreir.wvr.pù; 'ri,v'.1y-r€i.ovc ,j1tI,r,-t." Cie.,:lcml., l, 9, hluriummdiseedila suis a t.li,;ci¡,liml'~rilc.lctic:roninino:cmovenJu,c,l rle H'in 6, nùl'apICfJr¡UC.

l'Inl., lllr..ln. an Corynsif IiGi~lo,l, 4.lligig.1. V,Sc\1.Emp.,AJc. Jlalh.,Vil,.119.l:ic. _IcaJ.,9o lolumse at.linvc_liëalionemnalm,rconlulis.-cl¡'ùl~IJ.,Iiii., XII,~i, rluilI'ail/cuf. le juge ncc une .é!Hilé ~usslc ju~lu'3unciitlicule. Il le flualirielie I,rot.li;;icuimcnlcur,'J)\lI-I' ,¡,1t()![i_,il exlqie. les opinion,~IcsauI1"I'5,CI11'~lrc~III/,illc,iluinilil se 111~lct.leG~ruu~lcruneul,iuiunI,cr.'llllncll,

BGal.,Ilraf. l'liil., ;1,Il. ~ü. 'r¡~~d).l,; :u ~t~W"iX :t:f;1'~}.tvci; 6t;'i:1

Z:Z:;X;(t;I~:t ~'Jr¡t,(~:t;.

Page 357: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDEL.1 PSYCHOLOGIEDESGllEfS3Jl

ce qu'il est réellement malgré les apparences, un plalonicicn el

un monolhéisle convaincu; mais il y a un revers ll celle noble

médaille le rapport du N-,5; à l'âme même, cnléléchie du

corps, élail resté inexpliqué et reslaÍl inexplicable. Tiléophrasle

avait élevé contre cette Lhëorie des doules, des objections aux-

quelles ses propres solutions, très hésilanles et très peu soliclcs,

ne répondaient pas d'une manière satisfaisante, pas même pour

lui-mème, La méthode eipérimenlale dont Arislote avait cons-

lammcnl fourni l'exemple el le précepte, les concessions mani-

fesles failes au naluralisme dans sa psychologie, détournaient des

esprils vigoureux mais étroits, qui recherchaient dans la philo-

sophie et dans ses problèmes complexc5, la cerlilude logiquc

des sciences mathématiques, de conclusions et de principes

ruinés par une conlradiclion interne, cl qui ne donnaicnt plus

satisfaction vraie ni ans besoins de la spéculalion pure, ni aux

hesoins de la science expérimentalc 1. Il fallait choisir, et pour

le chef de l'école péripalélicienne, dont la réaclion conlm le

spirÍlualisme platonicicn était pour ainsi dire la marque dis-

tinctive el caractéristique 2, le choix élait indiqué et on dirait

presque commandé.

Diogè>neet Suidas expliquent le surnom de Fi1"J'¡!X~ donl il

est parhut qualifié, par la direction de ses recherches el de ses

travaux, presqu'eaclusivement consacrés à cette parlie de la

science que de leur temps on désiônait par la physique J. Cicé-

ron avait déjà l'emarqué qu'il s'était adonné presque tout entier

à l'élude de la nalure, lolnne sc ad inrcstigatiortc»r naW coofn-

lisscf~. Celle inlerprélalion ne parait pas confirmée par leealalogue

.lvantde devenirl'idolede la scolaslilluc,il (alll~e le rappeler,,lri-lule, dumoins5.1philosophicde la natureCI5.1méL11,hy,j'lucawsicnl"ùulné unc')l'pù;itiLiIlfoi-niidableolel'EgliSl',el des condamnalionscar on )' avail mécunnulegrandcaracl~reiliéiqequi la signalaplus lanl à l'aJmiralioncnlholl"b,lcd'lIol,de Mnt Thomas,el de tous IcsgrandsJoclcur~de Il :col7sliyslCde la stYUm',cépoque.

idPlul.,AJu. Col., Il. 11).4-rcùvl-ri~¿vn,b:; !'1Z'o"! ;t7~.3 Suid.,Psi s~1t:l~'i,vTSyhJVË1tt~!).a'J;U T~;;J"l:("~4tw~ü·. Dioô.1».,1'.

âr.i s·.rr~ai si,v~1_wp:zvsa·itçv axpl wnv·Wv, fEllh)-é?iaTl~t:tt£t~l;h:r.Su"fin.d:arFi·~açtn r.2" ).YwvEiLEe,-42'1¡t~).1d YEEv'fi¡>x:Jl"'J¡t[v,f'J'1IX'¡',

1Cie"Aca~f.,1, 9.

Page 358: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

STnATOX 335

des ouvrages, lous perdus aujourd'hui sauf un pem nombre

de fragmenls conservés, mais (]ont le3 titres, menlionnés par

Diogène, indiqu('nt une direction d'éludes et de travaux assez

différente. Sur quarante-six ouvrages que dénomme le cala-

logue, qualre seulement se rapportent la physique hroltrement

dilc les trailés :1, du l'iclc; 2. cltr Cicl 3. dcs Jlaclrirres nrélal-

firlrrcs; 4. du Lonrcl cl clre l.é~eo; sept sonl des out·rages de

logique: 5. Inlroclucliortarrx lôpirlrrcs; G. dc l'~lcciclen!; 7, (le

la Déytilion; 8. clu Plns el du Moins; 9. (le l'Anléricur et du

Posl~r·icur; 10, cln-Gcttrc nnf~fnictw; 11. du Prohrc. 11en est

quelqucs- uns dont il n'est pas facile de deviner le conlenu et le

sujel cesont douze.ll~jmoir·es, d'une aulhenlicité déjà suspecle

aux anciens; ~13. Solulions ci'OGjcclions; 14. Iléfulaltons cle

déourcrles (hrétcnducs). On avail recueilli en un volume

spécial, 15, ses Lcllrcs, dont une ëlail adre:;s~e à Arsinoë, smur

cl femme de Ploléméc Philadelphe, qui a"ail élé son élè\'e et lui

ami! fait, dil-oll, une magnifique libéralilé de 80 lalcnts, deslinés

sans doute à l'école.

Tous les autres ou nages, à enjuger par leur litre, ou pl'Csquc

lous avaienl pour objel la morale, mais surloul la psychologie

liée, comme celle el' Ar;stolc, la c'étiient des

livrcs: 1G. sur la llo~uul~r; 17_surl'IlIj/ls/icc; 18. sur lrc Jnslicc;

-19. sur lc llicrr 20 sur les Dicn,u:; 21. sur le Ilonhcor; 22, sur le

Couro~e; 23. -reri f-{wv,soil un traité de psychologie mornle, soit

une (¡iographie de philosophes; 2f. sur la l'leilosophic; 25, sur

les Principes; o;;oflipZ(;)v; 26. sur les Canscs.

Les clernien que nous avons à cilcr onlllll caraclcre neUe-

ment psyclrologiquo 27. 7.£--l7.VEú:n, 28. (le lrc ~\ültrre

hl/maine; 2cJ,clc la C~lnér·nliort clcs ~tlrtintatr. 3U.du .llcrlrntgc,soil en général, soil des élémenls maléricls qui enlrenl dans la

composilion des ètres vivanls cl conslilucnl leur tempérament,31. dit ~SUI)tltrCtl;3?. clcs .Son~es; 33. dc la l'ue; 31. de la

Scn~aliort; 3;1,dtc Plaisir; 3G, clcs Coulcurs;,l7, clcsJlolaclics; 1-38. -s-1 xf,('ioWV,pcut èlrc (les Criscs dms Ics A//cclions mur·-

Gides; 39. des FâCllllc3, 11ftl ~IJY:Í:.J.ElÙYsans doute de l'almc ou

Page 359: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1115TOInEUE L% PSl'CIIOLOCIEDESCIlEl:3336

des forces naturelles; .40. de lcrI iri»r et clu l'erti~c; ~il. (le l'I'n-

l)rousiasnre; 42. clu T émhs; 43, dc l':llimeltlalion et dc lu

Cr-oissance; 41. cles ,1I1iIllCIII.Ccl'esp~ce eloutcuse; -1-5.des .Ini-

~nunx /àLrtlcu..c; ~rG.(le l':lc~cnir·.

Ce que nous apprenons dc sa philosophie, aussi bien que les

litres de ses ouvrages, juslifie le sens que nous avons donné

au mot '('J¡¡IX~; qui semble clésigner ici le caraclère Irès exclu-

si\'emenl naluralisle des solulions données par Slralon aux

prol;lèmes de la hhiloso~hie el parliculi~rement de la psycho-

logie. C'est ce que je l'espèrc, l'analyse que nous

allons en présenler.

Slralon n'acccpte pas le pur mécanisme de Démocrile; l'hypo-

ilièse du vide et des atomes, polis, rude3 ou croclms, lui pai-aît

un vain songe, imaginé (JOUI'expliquer J'origine ella tialui-c des

choses, et qui répond mal 1 l'aUente el Il l'espoir de l'inventeur,

car il n'explique rien l, ~Jais il n'accepte pas davantaôc la haule

pensée métaphysiquc d'Arislole, qui, sans supprimer les etuses

efficientes, suspenclail le ciel et la terre, cl i,aitieliait, en la lui

suboi-tionnant, les forces de la nalure un principe premier,

qui lui est supérieur et élrangcr, motcur immobile de loulc

chose mue, fin suprème cl perfection alJsolue de toules les

fins el dc toutes les perfcclions i~elati%,es.Le monde n'esl pas un

èlre animé, vivant pour expliquer la formation des choses il

n'est pas nécessaire el il est inutile d'imagincr, en lui ou lioi-.s

rlc lui, une cause divine, un êlre dou6 de pensée, £le senLi-

ment, de figure, sc proposanl cl réalisanlunc fin 3.Toul s'cxp1i-

1Cie":I ca~l.,IV, 38. Siralo. ncgalopcraDeortinisc uli ad fallrirantlummun-IIUI11-Quæcunulucsinl Ilorci ornniacssc cOcclanalurJ.: nccul illc qui a,pcri-,ci lwvibus,ci Immalisuncinali><luccorriorilatisconrrelah:lCe:ne rlical,inlerjWninani.Somniact'n~1IraecesseUcmrxrili,nonlIOo'culi,.:;('01oplanlis,

Plul.arln_Col., Il ùw ~cd.v ~.jf;J.1·.v ~G~·eivie;r,:r, Tb~iz7.2Tà¥.j.¡~[7tft:TJ::UT1~1x~t; Tyt,Y' ;;¡ZT6'"Y2?t,IJ1'X1 'trJ~I,tJ"~TIj'1E;t:lIj~lo)'jt:Jb:GZLTi,-)'i,J'1l't(. r.arW: Le sens tI':X'l-'i. c,1 cclui .Ic 1-rincil-e~punlané,mai~!'ansraisonci sim inlcJliK~ncc,1.)uIÕIquccoluiticfurluil.G'c·_lJan;œ sensqnc l'cmploie1'l~IlOn. Soyh.,IGI!.'tY,v.,j'1'VE'472ZYE-~Và-0;11,aisinç 1J:tlj!1':Ítlj~1t:iLzv;v :avo!tç Í'"JO,j""6;'

3 C'esl-àllirc un Uicu,tlumoinssion rc..>¡,lci a\'l,dcr la nilui-eunUicu(llin..r~JiI. Uelrrr.,HI, 9. SirafunqUOllucet ip_cn.1/lIr.lIlI(Ilcum""Iuilur).~!a\. T)r.

Page 360: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

SmATO\ ~-r,-0

que par la nature, c'est-diro par un système de forces sponta-

némcnt active~, de lois ph)'siquc3, agissant par une

nécessilé inlel"lle et produisant, à l'aide do la pesanteur cI du

mouvemcnt, tous les phénomènes de la généralion, du dévelop-

pcment cl du dépérissemcnl des choscs 1. Les agenls de l'orga-

ni~alion et de la désorganisation sont, non pas la malière sen-

sible, "lais les propriélés, les forces ou puissances 2, dont elle

forme OU conlient les sulJstrals et qui se manifestent par le froid

dont le substrat est l'air, et surtoul pal' la chaleur, dont le

subslral esl le feu el qui est pour lui le fondement immédiat

el posilif de l'cxislence et dc la vie 3. Le conflit de ces forces

nalurellcs contraires donne naissance, par leur prédominance

alternative, à l'intinie variélé des phénomènes dont le monde est

1°. Ihéâlre ou plutôt dont il est le système ct la réalité.

Si le monde est sans Dicu, si la vie, le senlirnenl et la sen-

salion, la pensée elle-inéitie ne sonl que des formes, des acci-

dents, des qualités ou propriétés, tantôl actives, 8uv:Íp.u" tantôt

passives, de la matière sensible, douée par elle-mème de

la forco vHalc, plastique, spermatique, si en un mot par elle-

Il. c L'alliéelui-n)émca l'iJtte d'un Dieu, quand bien mgmcil mcllrail à sa place1-imlUrl',Z2V'vax)>.z~f( sT,Y(comme Slldlon),c'csl àdireun Dieusans âmeCIsansintelligcnceo,Scnce, (dans Aug., Cit~.I~ \'JI, .1), aller (Slralo) (œil Dcumsineanimo.

1 [if., Acad., 1\ 38. Ouid~uidsil aul fiai naluralibusficri aul faclirn essedocet

ponderibusel molibus. De ~1'al.Ileor_, l, 13. Oumrmrirn dirinam in nalura silam

tensel, qua· causas gigneodi,augcmli, ruinucndi1.abc.l1,-'Cd carcal omni 5I'nsu1'1

figura 1..1c1anl.,De ira, H. 10.i &11. Emp., f~ymh_,111, 33. Conf. Galcn, Ilr:sl. l'hil., 1'- T?te 7t'),I,Tf,ac

(:i~ZT,V).drcv). Cfemenfin.I~ecognilon(Fabrie., VIII, 1&),Callislralus(Itge Stralo)~u¡Jilalc;.sriliccl principia mundidiiil.

Stob., F.cfog., J, 2~8. E'P2'V osoyeTa TbO/W~v ui Tb ~~r/FJ,Y.Eliirlia~t~d. i''t(% 1000, a., T7,YO/WT.vc/J'1i'lv fhytv <lh1<lv7I2YTWYV1I7F~E(Y.l'luI.,l'17n1.FI"i!1.I Ti,')Gaiti (n¡;oh",e '}";(P"v Œn')~¡~uç) };,p-i,o,v.

1 Senee., .af. Qna<'af.J, \1, 13. Ilujus laie decrelum l'si; rrigidum ci caliduin

5eCllf>erin conlraria alicuni, una cs.,e non pos.;unl.Vices lu.jus f,ugnæ 511nl.(À-deuxqualM. se comballinl, s'eihuisenl, se détruisent liiricui où elles se renconirenl.t'e,1 celle qui joue un si gran-1rôle dans l'clplicdlion des liliéno-lD~nc.'I,hysiquesdans Aristote, .Ilelcor., I, 12, de Somn., 3; dans Théaphrasle, tle

lyti.. 10, 13, 15, 18, a. Œvnm¡;ll"ujXET~6eplEl,Y,de Sutlon., 93, de An. dtjttf.,6; Cens., l'laul., 1, 1~; \"1, I8; chca les 5loYL'Ïcns,Senee" Qrra?df.,1'al., Il. 7, 1'1orPmeMjà dans 1'lalon. Tim., 56, b, 80, c).

CU.UG~ET,l'iycholng7e. U

Page 361: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE I,.1 rSYCIiOLOGIEIIFS CfIE('3:J3S

m~mc la matière vil cI pense, il est clair qu'il est inutile de

supposer dans l'homme un principe dislinct, soit corporel soit

incorporel, pour eXJlliquel' en lui les phénomènes de la vie, de

la sensation et de la pensée. Siralon professe, et il cstle premier

à professer, un clair et franc hyloroisme 1. Les mots dont il se

sert toujours, Lime, fondement, principe supérieur et dirigeant,

·ro~l~, y!¡j;, lie peuvent plus garder le sens qu'ils ont

habituellement, savoir d'une esscncc, d'une substance, l'être

même, en général, n'élant pour lui quc la cause delapermanencc

Tb T'7¡~~!X:L-y-7¡<; XhlO",c'est-à-dire la qualité, la force qu'on

retrouve toujours agissante dans un êlre et qui en conslilue la

nature spécifique. Ce qui n'empêche pas qu'il ait pu assigner

à la facuHé de la pensée, inséparable des aulres facultés et dont

tout éire vi\'anl esl doué, un siège particulier dans la région

frontale entre les sourcils et qu'il ne l'ait rallachée, comme

Arislole, la propriélé du sperme dc conlenir un espril vital et

inné 3, lié sans doute l'air de la respiration. Bien qu'il soit

difficile de sc représenter un mode et un atlrihut non substan-

liels, ayant une siluation délerminée eL propre dans une pal'lic

du corps, celle aime enveloppéc dans le sperme, animé lui-

tllippocr., ~pidem., ~'1,secl. 5, avait dit aussi ,,¡t2¡~JT,); -rIySay r.a1 0-

pa5ouax sz ~f~"lT~tcoaiv. 'J~j(~' i, 1" ~,jTTI~:I'JTT.sn; 1~v;1 t',vx iz

la nature n'a pas besoin d't'rude ci de Icçons pou'r faire cc qu'clle doit

r"ire, elle IroU\'csa l'oie elle-nioiiie ci -ans r¡!l1¡!cJ,Í.\lais il cil ccrlain que comn;r

Plnon ci Arisiole, en donnanl à nature une racullé l'bsliljue innée accolUl'liS5JnlS.1DirCllcIiondes ulc:, Ilif~prNraleenlemiail qu'clic nfali'-1ir,S.1n5les conntlire,,,les fins qu'un principe snp¡!ricnravait voulues et pcnsées_

i Plul., PIaC., ~.2~ZTla1'I('t:~Ti,c~r% ~ST,YE~I'JCX;J'IEi'/x! ).IYe~)Fn i1!atj¡.j~Pull., 0110111.,Il, HG. xxrà \1,'1"i'J" Tcrlull..de '\11., 15. Necin supcrciliollJlI1medilullioprincipaleCUhJfCrules ul Cilen., Il. l'hil., c. 28. Thcodor., Cuu.

Crac. AJ/ V, '2:1. Epiph" S~nl. l~.rp. F'id., lO~JO,a. a3n e(à5- =).=Ysw;

El-oxt. 1:'c,1 sans doule p.1rceiiiie dans l'effort Jc la iné4liialionel dans 1-!

IraI-ailde la L~en:Pe,le front se 1,lissoou se conlncle, c'esl-3-Jire qu'ony ,'oil romnu

cerlains si¡,'1Icsniirniques représenlanl l'indication de la pensée ci de l'acli\il,:

de l'~mc,-1Plul., Iloc. Pldl., 1', J, 2a.ZSUr~ si,v L·Svxyv(co0 o-d¡:12T";). "JI'

TI¡(-f.y:i". Terlull. de An., -1:3.SlrJlo. rOns.1li;pÍrilus. Gilen., Iliaf. Phil., c. 31.

("est le seul p.1S5.lge,donl les lcioni sont furl inccrlaincs, qui contienneune compu-sition malériellede l'jme, si tant est tiiie Ic soit une malitre, ci non simplc-ment une forceniais celle force p.1rail résider d:\IIsIc :l~erme, qui e~t tint

subslance \T:1imcnlninférielle.

Page 362: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

srr,TOv 339

même par le est absolument une et parfaitement

simple, cliffuse dans tout le corps et parlout tout enlière et

loujours elle-mème comme un même souffle qui se répand

à la fois dans lous les Irous d'une flûte, elle se porte une elloul

enlière, sans se diviser, à lravers les divers organes de la sen-

salion, pour recevoir les impressions des objets, et les Irans-

meUre à l'Ya;.ovrr;~ l, qui seul les peut lransformcr en une

sensalion perçue el consciente, sans que Slralon nous dise com-

ment el par oÍl avait lieu celle transmission. C'esl pour cela que

lorsque nous éprouvons une souffrancc, nous fronçons les sour-

cils, parce quc c'est là qu'est le sii'gc de l'âmc, et si nous croyons

soufrrir à l'endroit du corps frappé, c'est parce que l"Yl:WIIXÓ'I

Iransmel et transporle, localise la sensalion la parlie blessée.

De même, si nous suspendons noIre rcspiralion, si nous lions

un membre avec des handages ou si nous 10 serrons forlemenl

avec les mains, nous arrêtons, par celle résislance, la trans-

mission de l'impression malériclle sensible, nous enfermons le

coupdans les parlies insensibles, afin qu'il ne soit pas commu-

niquh à l'¡\me pensante, n et lransformé par ello en

une douleur, c'est-à-dire en un fait psychique conscient L'âme

nc peul pas être vide de sensalions, quoiqu'elle puisse êlre vide

.le désirs i!.

est iclenticlue à ses sensations, n'est que ses sensalions3

mêmes, que la série une de ses sensations, el toutes ses modi-

licalions, toutes ses sensalions onllieu dans et non

dans les lieux du corps fl'app~5 par les objets, Toute sensalion

Iloit élre rapl'orlée à l'<lme; toute sensalion est dans l'âme, et

1 te mole,l prolJ.l~lcmcnlclnpmnlédessloaiens mai. il se lrou\-eccpcnt.lantMj\Ihn5,\I;;I.,lc 1<212JTn0cic 'rI,T,Y"HV""Blhic.,r1'ic.,111,5, 1113,a. ¡"

1~iln,l'li.c.,in (:aleg.Schn!L,ir. \lJ.. a- 3").lily y¡'~<li'1Qr.'1[w;efvx~r),v'J'l.YI" a~~ivas·.·i.

rSeal. t:m(l_,adll..1/11/1..\"II, 3;iU 1-C5 un; disenlque l'âme diflZrede~cs5CJl~1Iion>,IC3~ulr~ ci Slralonà leur Wc, t.liocnlque <l'~TT.velv5tcTa,7il]~7.Ij!C;,zx5xr,epT.:nswuri-rtbv 1J.[,p)r,'t"p:(IJ~''fi:,c.x~1ttf}"'I'J:lY..>,Terlull.,~'e:I n., Il. Ipsi (Slnlon, rFo~sivmcci mrdrlilc)unilalemanima;lucolur,quatin lolumcorpu di0û~, el ubi-lueveltil lIalu5in calamoperC.1HrIU5,ila1-erSl'n,ualia\llii; malisemicel,noufamronci;]quamdispeoS.1la,

Page 363: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

m5TOIHE DE L.\ f'5\"CIiOLOGIEDES GflEl;s:11o

appartient à l'âme. Ce n'esl pas Ic pied que nous nous sommes

hcurl6, ce n'est pas la tète que nous nous sommes frappée, cc

n'est pas ledoigtque nous nous sommes coupé, qui éprou%,en[la

sensalion, qui sentent. Tous les organes sont insensibles: il n'yade

sensibles que qui cstloule l'àme, et donl participent

par conséquenlloul cIro vivanll c'est à lui que nous rappor-

tons rapidement le coup; c'est sa sensation que nous appe!ons

douleur. De même que nous croyons exlérieur le son qui

retentit dans nos oreilles, aUribuanl à la sensalion l'intervallc

qui en séparo le point d'origine de de même nous

nous imaginons que la douleur do la !Jlessurc est non pas 1-t

où elle e_~tdevenue sentie, mais lit où elle a pris origine, parce

quo l'àme s'est en un inslant tmnsporléc à l'endroit même d'oir

sa souffrance est parlie 2. Tout ce que nous appelons désirs,

chagrins, lerreur, envie, peine, douleur, en un mot toute

sensation subsiste dans l'âme, est une chose de l'9me, et aucune

sensalion ne peut se produire sans l'acle de sans la

pensée, la réflexion, xvs·~ T~5vodv, comme il esl facile de s'en

convaincre, par le fait suivant que de fois n'arrive-t-il pas quc

tout en aitachantles yeux surles leUres d'un livre, ou lorsquc des

paroles ont frappé nos oreilles, nous n'avons en réalité rien lu

ni rien entendu, parce que noIre esprit était ailleurs 3.

Cependant s'il n'y a point de sensation ni de porceplion sans

un acte de la raison qui l'accompagne et méme !e constitue, si

c'est la raison seule qui prend conscience de l'impression phy-

sique et la transforme en un phénomèno psychologique, d'un

autre côlé, l'impression sensible, la sensation esl la condition et

l'antécédent nécessaires de la plupart des phénomènes do 1'.Iiiie.

1l'luI., Plntil., IV,Q3.Espxrmv. T1:nâ9ç Ti.~'lrJX; loisi~i,Yz~wtxi~ i~.

Yàp(leg. T')'h~)"E;I¡~Usi,v uaopovr,v.ElriNlt.,S~nl.FIp. NiJ.,10'JU,a.

a3v(L~ovZ7.ErE'1" ;xn" £['121.Plu! Soll. rl n., 3, G. 6,j"k~~o:rf¡Ín-:¡f)21T;.

7to:zpi1rTl~Y!'JTr~Oj.¡., .~1t&:P.ZEl.f Plul., Ulr. rln. an. Corp. aif. 1i6. nljn ts ;tÍ~¡¡y '}'JZ~,VI'IT,;

av!Ij!t]':I'I. ;;).!t)~1t7"~YaflJ'fJIj"t'li si, yu/i, ITJ'~I"t:C'1fj:urz~~vo; xnt si,;~'J:.<r.c;:T~t{"tx 1t-X'It::«t(.¡:u.

f lul., Soll..In 3, G,~r,· Fr`pot; rwv·.Wèr/ovsxç.

Page 364: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

STlt\TO:X 311

Ce qu'elle n'a pas vu, elle ne sauraille penser, 0'1. rip !Jo'

it~XX6 t'I;n GUlli~JIT21v~E7tv,par exemple les lieux,

Icn ports, les tableaux, les slalue~, les hommes, et toutes les

cho~es de celle nalure t, Il r a des idées que nous ne pouvons

nous faire, si nous n'avons pas eu antérieurement la sensation

correspondanle. Car il r a des sen!>ations que l'time sc donne à

elle-mémc, et d'autres qui lui sont données à l'occasion des sen-

salions il Ya une âmc sans raison, 5).oyo, et une âme pensante

mais 1'tine et l'autre se meuvent; ou plutôt, dans celle

double fonclioll, l'âme une, simple et indivisiLle, se meul, et ses

actes, En¡;ydxç, comme ses modifications, ne sont que des

Jfiûuvemenls 3, Cc qui pense est en mouvemenl, comme co qui

vuil, qui entend, qui odore. La pensée est l'aclc de la raison

comme la vision l'aclc de la vue 1, Les deux phénomi'nes hsyclio-

logiques sont 6galemenl des actes d'un être en puissance, c'esl-

a-dire des rnouvements.

Dans l'acte de la connaissance, il 11'3-a que deux choses, l'ob-

jel que le hasard nous présenle, rb TVY~zYGY,et le mot par lequel

il est désigné, r), rs-r,~xxt~~oYen sorte d'une part que les idées

n'ont aucun mode d'exislcnce que dans le langage c'est la

prcmièrc appmilion du nominalisme, et d'au Ire part que 10

langage est le seul crilérium de la vérité et de l'erreur, ce qui

revient il dire qu'elles n'ont pas de critérium 5.

Lc sommcil, si je comprends hien la explication de

Tertullien, est produit par la séparation de ce souffie inné qui

constitue la vie, sc!/r~c;/atiorrem cousuti spirilus c. Le 7tVEÙ/1.Xse

relire du corps, non pas absolument sans doute, car ce serait

la rnort, mais sa quanlilé, ou sa force diminue, el il arrive alors

1Siml'Iic"in Ph~a.Scholl.,10~,a. 3..

IJ., id. Ii; 7, "!l~'<1'1 ii-tit ;2yr,r,v/Lht"xxi6; ~r.bTldYxia5raero.èzsv;5r,"Tlrï~Y.

Id., iJ. 1UVT,'7!1;).IT(a1YEf'l!llTaGlvepycl'ctç-r~.Ç'}vZŸ1III.,id.1 &\1. Eml'" adr. Jlallr., \'lll, 13. irepi.i, ,<WYT, Œb;~hY.<1\t;, v,r¡;

:ir.idn~Lv.Tcrlull.,rle,1" n.

Page 365: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

unarourene 1-%1',m:IIOJ.OW:liEScner.,311a

pendanl ce sommeil, que l'me devicnt plus ac:c5sihle aux

sensations que l'aclivÍlé complexe et agitée de la vie éveillée

ne laisse pas arriver toutes ni entières elle (I'oii les rêves l,

qui appartiennenl ainsi, il est vrai, la fonction irralionnelle,inconsciente de la penséc, mais qui par suite des clrconslances

où la plonge le sommeil reçoit de la fonclion intelligente el

ralionnelle, Tt¡;yVtù'JTtX(7j,une cxcilalion, un mouvement plus vils.

Nous n'avons que des ren5eignemenls Irè$ insuCO:3nls sur la

manière dont Slralon se représentail les phénomènes psyclco-

logiques et physiologiques des sensations. La sensaliun de la

couleur était produile par une modification de la forme de rail'

intermédiaire, coloré lui-mcme par les coulcurs venues (les

objets 2. Niais il n'admettait pas une scmblablc explication pourle phénomène du son.

Ce n'est pas, ainsi que l'avail dil Aristote 3, par unc modifi-

cation éprouvée par l'air inlermédiaire dans sa forme, et causée

par le mouvement reçu du corps sonore, que nous en avons la

perceplion. Sur ce point, comme sur tant d'autre:, Straton ~c

sépare de son rnailre. La cause du son réside dans le fait du

relâchement de la tension du coup, T(7)Er.).r-9z.. T)uYTGYGY-ri,.

:th,y' et de l'inégalilé de la vibration qui le constitue, ."?¡T't;;

1":À'ljY't. Si comme lc croit Bl~ndis le mémoire 7:£:'

~XOU'IT17)'O,doit ëtre allribué 3 Stralon ou il quelque aulre péri-

patéticien plutôt qu'à Aristote, chaque son doit èlrc considéré

1 CelleelpliC;¡lionest (Ilinnclerlr (Pl-7c., V, 2. ~), ci r~[lél"c1',11Galien(/I. l'hil., 30),dani les I('rmcs5ui,'anI5,qui Itis·cnlileiinerrlulÕI'111'11-n'elprimenlla f'Cn'~e,car Ic lexie n'et [Il' s,)r ni peutéli-ccoiiii-let l:Ùr.).,(r· imtip·.u;Ysv'-a7xsjz).yr~ ~ias t r énso:;~~n1'tW;ysyv~~l. 'I~ :t-t') t'J-.I1'1)'¡'(~.Ir"Jtdlj'Uy'r~)z~)'JI-L{.It~(ln nr Ir')a\"l~nullepari, d~ns5lr;¡lon,ni la nurinnni le mol de p.lrliearo[lli'III~'i l'âme; le-lcrmes,J';¡").Y";~11; yç ;2"2, Illezelill)lenttrès renianiu-ililesjo les91-iltlui~sanshé~~ilei-par la /o·rclionintonscieulerlefupnsée. 51,"Ionaurailalorsrcc.JI)II'1des iJQesinron><irnrc:

Stole., H'lOril.,I1', 113. z¡;r.)~ni ,0" "nI, .fi, '11oJ~i.w'l:¡;Ær,J]:e'~rYFr~:·'vrzavt· T"J~:t:J;~~J.

DeSens ,fi,1IG.1 AleI.Aphrool"rlt Sens., I17, a, o.Arislolele3,11, li. 1201.

Page 366: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

STIIATII\ ?;:13

comne un composé de mouvemenls, partiels, dislincls,

iiiie nous ne percevons pas comme lels, mais que nous perce-

vons comme un mouvemenl unirfue et continu, les dÍ\'el'Ses

flu.ilités des sons, graves et aigus, durs cI doux, dépendent dc

la n,Uure du mouWmcnl de l'air mis en niouveinent par le

corps sonore, chaque harcelle d'air ébranlanlla harcelle la plus

roisine et lui imprimanl le mémc mouvcrnenl dont elle est

animée l, La perception du son n'est donc due la perception

cl'un mouvemcnl.

Aprës avoir défini, à peu près comme l'avait fait Arislote,

l'espace comme l'inlervalle qui sépare le corps enveloppé du

corps envelopl)aii[2, Slralon -zosépai-ede son maUresurla défini-

lion du temps qui, pour ce dernier, étaille noml~re du rnouve-

ment, fi n'yapas de tcmpssans 3me, avait-il di', el c'esll'Ùmc qui

compte, qui crée, avee le nomhre,lc mouvemcnldonlle nombrd

esl la rnesure. Slralon eIève contre cette nolion du temps des

objections nombreuses, et elllr'auires :1: le temps et le mouve-

iiieiit sont, dit-il, des grandeurs continues qui n'onl. pas de

rclalion avcc la grandeur discrèle du nombre. Si l'on dil que Je

mOll\'emenl a des parlies distinclC5 1, quc de ces parties l'une

csl antérieure, l'autre posléricure, et que imrconséquent il ya un

nmnhre du mow·ement, il faudra cunclure aussi que l'étendue

esl également nUIIIl~r¡1blc car il r a aussi des parties distincles

ilans cette quanlilé dans laquclle, quoidue conlinue, on peut

poaer un anlérieur et un hoslcricur 5, de sorte que loul conlinu

serail numérablc, cl qu'il y aurail dans le lemps un lemps du

temps, puisque dans le lemps il r a un anléricur et un posté-

riour. Iicnrwquons en outrc que le nombre n'eslni engenclré

ni déll'uit, quoique les choses nombrécs le soient, tandis que

le temps nail cl péril continÙlI1cnt, Le nomhrc con-

1.lri·1., FO~,le. 1.l.

2 SllIb., F.cl., l, 380.

Simplic., in /YJ., 187. Selloi. 391, 1..Ï»o X2,trii).o t~ ~ép~; ti,; xcvra=~i~acex2't T~'j » eï1j iv v y Z¡;

Page 367: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LI P3WIOLOGIE DFS CIIECS3H

lient en soi loutes ses parties car si l'on supprime le. trois

unilés, le nombre trois ne sera plus. Au temps cela esl impos-

sible car on confondrait dans un seul le temps anlérieur et le

temps postérieur. Il y aurait coineidence du passé et de l'a\'enir,

S'il en élail comme on le suppose, c'est-à-dire' si le temps

élail un nombre, l'unité et l'inslanl ne seraient plus qu'une

seule et mêmc chose, car !c temps est composé d'instants,

comme le nombre d'unités,

Autre objcclion Pourquoi le temps serait il le nombre dc

l'¡¡ntérieur et du postérieur des choses en mou\'emenl plutôt

que des choses en repos? Car il raIt. aussi un antéricur et un

posléricur. Si l'on dil qu'être dans le temps, c'est être embrassé

par le temps, aucune des choses éternelles ne serait dans le

temps. Il n'est donc pas possible d'admeHre la définition d'Aris-

lote, dil Slralon, qui propose de (lérinir le temps lagrondeur,

lequantum, T~;¡-I)'1')' dan"Ics aclions,Iv T?£I',1, la mesure

du mouvement el du repos; car on dit qu'on est l'es lé longt~mps

ou peu de lemp~ en voyage, en mer, en campagne, assis,

endormi, oisif. I 1 grandeur' ou le quantum de l'action constitue

la grandeur ou le quantum du lemp3. C'est pour cela qu'il n'y

a pas dans le repos de lentcur ni de vitesse, parce que le repos

demeure toujours égal son quantum I:'est pourquoi encorc

nous d:sons plus ou moins de temps, cl non un Icrnps plus ou

moins vile car si l'aclion ou le mouvement est plus ou moins

rapide, le quanLum dans lequel ils se réalisent, c'est-à-dire le

lemps, est plus ou moins grand, mais non plus ou moins

rapide 3. Ainsi on tic doit pas désigner le jour, la nuit, l'année

comme des temps ou parties dc lernps, mais seuleméntle duun-

itiin dans lequel ces phénomènes s'accomplissent, T~;T.}'/ =va~

1SlulJcleci Sc11.F.1II1,iricll5rcpro.lui'cnlà peu r,r~>la memedéfinilion.Slnb.,Ecl., J, ~~0.s~tYil X, -21 Y,I- 1<11""SC11.Eml', P~rnh., III, 13i.J1f't~fj'"'l."I;7~W;%ziP.¡'I;- Id., ado.lalh-, X, 171. 1t:r~£1 y;? it~1J1t'XI'/I)"J",lv,I;

4LT3

Z~'J!~T~I X:¡t 1:&111 "tl)!' ·t%lYiT9lÇ rTf .!rx"TiCEI.3

1tpi~l' II.iY Y;:ï .ù jt;'II~'7f; !rïtl rJ~tt(o)'1 )(~\ (i~JtÍp:r. TI 7Li·li'I T~ E'n

nt it~2~t~ ,x S?Tt rJi1"T~'1 l'Ú ~r~.j.J'IJ z)l.~ nlÉfj" x: l),lJ:ttfj'" b>1J7t!? iCl:

Z~Q~.

Page 368: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

sm\ TOX :11;,

car- il faut distinguer le phénomt~ne qui s'accomplil, et

le quanlum dans lequel il s'accÓmplil: ce quanlum, c'est le

lemps. %lais qu'est-ce encore que ce quantum? Quelle qualilé

lui allribuer t? C'est une chose donl on ne peut se rendre

complc, el qui reste ol)scure. Ce n'est donc pas par l'idée

qu'on s'en peut faire, qu'on peut se fairc une idée du temps.

JI faut avoir celle idée antérieurement: c'est une nolion a

lwiooi Cela est d'aul:HlI plus manifesle qu'il y a un aulrc

quanlum quecelui des étals de mouvemenl el des états de repos;

car nous disons qu'il s'est accompli beaucoup de mouvemenleri

peu de temps, quand le mouvemcnt a Clé rapide, el peu de

mouvemenl en beaucoup de temps, quand il a élé lent. Mais

qu'est-ce donc alors que ce quanlum des phénomènes (lui

dinère de celui du lemps'1 C'est ce que noire raison ne peul

pan'enir à voir clairement 3. Quoiqu'il en soit, nous disons que

(ouI est dans le temps parce que le quanlum accompagne toules

choses et celles qui sont et celles qui deviennent il serail

aussi exact de renverscr les termes, el de dire le temps esl

dans tout. Mais il y a heaucoup de loculions où ce renverse-

ment est admis on dit que ]'État esl dans le lrouble et duc le

lrouhlc cst dans r Klal; que l'homme esl dans la crainle ou le

plaisir, et que la crainle et le plaisir sonl dans 1'ti(,iniiie 5.

Lc temps n'esl donc pas, comme l'enseignait Aristote, le

nombre du mouvement, par la double raison que la chose qui

demeure dans sans mouvernenl ni cliaii-ement, est dans

le temps comme celles qui deviennent et changent, el d'aulre

côté parce que le nombre ne peut clre appliqué aux conlinus,

clivisibles à l'inlini, comme 10mouvement. L'iclée du nombro ne

peul nous venir des délcrminalions du quanlum des choses,

il doil être a priori en nous. C'est une notion de noIre esprit

i.T4?4Yi: 1't1)'1~J'/1â~ii~9Y.3 ~· o- ~asw~r. s·.vco~r'l~fJ!'l'Yr.u Zpl'J ).x;e:vE-'-0TI-1 1r~r.l!ll.r,¡;lT:I.1a

s: T,1 T.,r~so o~i~~t 12~t¡~V

d).o;.

r.ima fv zpl,'lr~civn çx~.év,8r~r.3av r.o~·.v7y.'Jl'J'.lJ~"ixi 'tl)~~)vv.-fAEIYL( %ZÎ iG'.( 4J51.

5Siml,lic.,in f'hys., 187.

Page 369: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

III~TllIIIF:DF:L.\ l'Yt:llOI.l)(~1f.IIf_>;';IIEC::i I~i

il n'a pas d'èlre obj~ctif c'oit quclque clto.>c de purentenl

subjectif~?

Il me paraU que si l'on se remet sous les yeux l'ensemhle (les

opinions que l'on allribue à Straton, donl nous n'avons les for-

mulcs que dc seconde ou Iroisièfnc main, donl le lien c~t

rompu par l'étal mutilé el fragmenlaire des documents oit

flous les retrouvons, on ne pourra s'cmpêcher de souscrire au

ju-enient de Galien et de reconnaitro avec lui quo nous avons

atlairc à un esprit vraiment original, et qui suit Fa voie proprc.

.le l'ai caraclérisé comme un Ilylozoisle; il lie conçoit cer-

tlinelnent pas de iiiatière sans force IIi de force sans matière:

la vie, la sensalion, la pensée ne sont que des formes, soit pas-

sive-3, soit actives, en un mot, des propriétés ou

qualités, de la m¡¡tièl'e~. Mais il ne serait lreul-Llre JI:15

téméraire, et en tout cas ce ne serail pas en opposition avec les

renseignements que nous avons fidèlemenl reproduits, de

croire qu'il est allé plus loin, el qu'il a lui aussi, de\'ançanl de

plusieurs cenlaines d'années des doclL'incs qui se croient toutes

nouvelles, pensé quo les substances ne sont rien que l'àine,

parfaitement une, n'a ni parties ni facultés; que comme les

choses, elle n'est qu'uno succession de faits, de mouvemenls,

de fonctions, les uns conscients, les autres inconscicnls J, que

la scnsation no consiste pas dans une impression phys;que,

mais rl-ms une prisc de possession de cette impression par l'.imc,

c'esl-,l-clire dans un acle £le conscience, dans une pensée; que

JSilll(Jlit""in l'lya li. o. 189,Il. IL ~T~if(¡)'Jr:;;1t'.t~>,(;=_pi't'1JfL-r.=`vxsc%

i:r··Il11Ya IÙndt'ji dan; TluIOphf.1-(ccl mrmedansAriiioteune Icn.hnrci c\f'li-

iliierIc, intlucnccsclIcs r.II'I'°rhuntluclsLlcl'âlilcet ducorps~v l'unitéol)tJni'l"edc 1'~lrchumain.Le curpset 1'.iiiie.dms IeurtIocirinc,sont si Elruilemcnluni.,qu'untlini l'uncontlilionncun clt:ngemenlcon1'(\On,hnl(liiii 1'lIlr,1~lræiliie luusIc. 1,11~IlOIll¡'ncsole1'lre \'il'.1nluc que des furmes,1"11-1(ilôidr: mvni!cslaliooid'nnSC1I1cl mlmerrincir'c ~1t<1"uÈYTot: C..I"",J <x~,r,.jce·.· ;r,i.tass;ez(.\ri;I., l'h~.iioyn.,8U8,b. ~8). ~laisThe'uphra·lcIlIi-n:mcawiltccunnn,coitinieson mallre,un I,rinril'cilifférentCi supérieur,uneàiiieilui Il'c,1¡,dl' .l'aucun6~.orp-;lfr.tgm.5:J)ci à laquelleil f.illailrantcncrlespcn;éc.sl'lICasCil°PloO'ilil'".111'bien ilueloulcsfu;<;culégalciiientdesllIuu\"CllIenl>.

1~I:î).oYI};¡,jac; T;,Ç~t:l'i?t:«'.

Page 370: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

STIL1T~ 1)17

par suite lous les 61res qui viveul et sentent, soir[ duués de

celle con~cience sans laquelle ils ne pourrJienl sentir; que le

temps n'est qu'une forme subjeclive, une nolion n paiori de

noire enlcndemenl avec laquelle nous mesurons les acles ou

étals de noIre âmc, comme aussi les phénomènes exlérieurs et

physiques avec lesquels il ne faut p:1S le conG~ndre, duoique

nous les placions en lui, Dans tous ces Unil~, il sera facile d'en

reconnailre plusieurs que des écolr.s célèbres vanlenl orgueilleu-

·^menl comme caracl~risliques dc leurs syslèmcs psycliologi-

iiiies, et qui n'ont pas du moins, parmi lous leurs urériles, le

mérile da l'originalité. Itcportons-Ic, quel cIu'il soil d ailleum, 11.

leur premier auteur, Slralon l.

Il ne sera s.-iris inlérét heul-èlre dc connailre les argu-

ments qu'opposail Stralon à la lhéorie de la rrminiscence et ~I

la cloclrine ,Ic 1-immorlalilé de l'àiiie, dans Illatoii, el que nous

a eonservés Ulympioclore dans son eommenlaire sur le Phcclre 3.

S'il r a rérninisccwe, comment n'accluérons-nous pas ]il

W',lCIICesans l'ell'urt dc la démonsIraI ion comment se fail-il

litre personnc nc ,IC\-ienne un joueur de nille et nc sache jouer

lie la Irrc sana l'avoir appris par l'élude ctl'exercice <¡11résul-

lcrail d'ailleurs lie l'hypothèse que I"ârnc aurailla scienc~ lit

le telnps et (le toullemps; il n'en e5t rien, les f,lils le monlrcnt

l'lIe acquiert la scicnce dans Ic temps et par Ic temps il r a

11.Ha\li'i.Ùn,1. Il, p. H, r,ll'pchnlque Il n,llllr~c~i,[10111'Siralon,un 1U0II'

1-~iiient1-oiidclré.quel'ori¡¡incde cemonl"o'mcnlc,1JirilIl n,4ce~sit~,-,«tIl s(lonlanéilf,que smisce molil fautm!en,Irenicu,que l'in-li~tenuini1i-)nile qti'i)iis'enpelllfairea In hire nommerIc hasanl.A monxns, 1,11'~II.edl' ¡:ll'a\onn'est

I]IICIl ln:i;;inrequi, parde~;r'ri>r~,-'IIt'I'f..sifsel sPrin. arrirc à l'aclc,rulalizeson~"l"o'lol'rcn,enlmc,'urf;moi;I]lltn,1hien,lI(orneon a,lfIll'lIrailquecelle

I,"iss"olll'èarli,'c cnfermecn ~enr.rh slIÍlc(le~s numiemcnl;,Iéliellrs clic

I,rindpcLlcsesactesf~iiiii-4,onnc voitp4iurquieini rommenlelle.mrt ,lesunin,lt'Icr-mimlioniaimilice;1'1'unne11'.II1\'Crit'nt!ns Slralrrnqui lu b«..Cnab_uln¡J'li,lolc. 011pnurrailrcrend~n\l'onriured'un de Siulléc16'clo~ Il, 80).a a di·lingtnrarlc de la I:ui:mtc, tmi~pnilappelleIticn CcI]ui ri.,li>eLa

l'I;i''3r:f~tir 1"'111ellenuii;allci:;nollsà l'acle Il r.11I1dumrcconroitrc1]111',dan:

doctrine,le hriueipctIc l'onlrz 1',1le le >ysli'l1Icconlicnlainsi une'ronlr.tJidioninlerneinruuciliablc.Il nI' frtull'" b'en Elonncr le mluralismede;

sui-erriciel d.tnil'observalinn,est hé_ilanlel im'crhindansc~méthode.1 &/1011.01)'1'. crl.Finck,f27, 177,18i 150,101.

Page 371: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIItEDE 1..1l'~1~1;1101,(If.IF:111,S(;I!t);ils

un commencement premier de son sa\'oir. Donc elle connail

autrement que par la réminiscence. Pou l'quoi d'ailleurs la ré-

miniscenco n'est-elle pas à la porlée de tous, pourquoi est-elle

facile aux uns, el exine-t-elle de la pari des autres l'exercice et

l'~lude ?

Les objections contre l'immortalit6 de l'âmo sont plus nom-

breuses et pwl-êlre plus foriez;.

1. Si l'ame humaine est immortelle, nc doit-on pas dire, parsuite des mêmes raisons, que tout animal est inunorlel, puisquc

en tanl que principe de vie, ne peut, £IiI-on, recevoir la

moi-[. De plus, toutc propriété naturelle de chaque substance

exduanl son conlraire, le composé lui-même ne se dissoudra

pas. La composition n'esl pas moins inconciliable avec la diao-

lution que l'ètre avec la destruction. La négalion a plusieurs

sens, et l'aimc sera considérée comme immortelle, non pas

dans le sens (lui'elle esl uno vie, ou possède une vie qui ne se

peut éleindre, mais dans le sens qu'élant suscepliblc de recevoir

un seul des contraires ou elle existe avec lui, ou n'existe pas.

2. Ne devrait-on pas dire que les âmes des êtres sans raison

sont immortelles, puisqu'clics apportenl la vie et sont inca-

pables de recevoir le contl'aire de ce qu'elles appnrlenl ? II

faudrait aiilsi élen,Ire l'i mmorlalité aux âmes des végétaux, qui

donnent la vie aux corps organisés, el même à chaque bU~ede 1.1

nature, car l'essence de cet èU~eapporte ce qui est conforme à

sa nature il ne saurait donc recevoir ce qui lui esl conlraire, et

ne pouvant le recevoir, il ne saurait être délruil..linsi loul cc

qui arrive à l'cxisLencc serait indestrùclihle car il reçoit lui

aussi un seul conlraire.

3. D'ailleurs n'a-t,on pas conclu trop vile due si l'âme ne

peul recevoir la morl, elle csl pour cela même indestructible

car par la inème raison, la pierre scrait immortelle ct non pas

indestructible,

On dit qu'elle apporte la vie, afin de conclure qu'elle n'est pas

susceplihle de recevoir le contrairc de ce qu'elle ahporlc; mais

parfois n'est-clic pas ellc-mème alporlée ? C'est-à-dire que la

Page 372: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

srH~r~a :1I~'

mort n'est pas quelque chose qui s'ajoule à la vie pendanl la

durée: c'est la perle de la vie. On n'a pas démonlré que la vie

est une propriélÓ inséparable de l'âme et qui se communique

par elle à (otites choses. Ne pourrait-elle pas être une propriélé

apportéc, t-tiepo;f~-r,7 Levivanl esl, mais il a une vie apportéc,

inlroduite en lui, en sorle qu'il n'esl pas impossible qu'à un

moment donné il la perde,

4. L'âme ne reçoil pas la mort conlraire de la vie apportée

on l'accorde, mais ne pourrail-clle recevoir une autre morl,

conlraire de la vie apporlanl? Comme le feu qui resle inextin-

guible, lant qu'il est, l'{¡me lanl qu'elle esl, est immorlelle car

elle n'apporle la vie que lanl qu'clic est.

5. Ne pourrait-on pas dire sans craindre d'étre réfuté

quand nous accorolerions 1 loul le reste, que l'âme est une

essence finie qui a une puissance finie. Soit donc 1 elle apporle

la vie; elle est sépai-able par essence, elle ne peut pas recevoir

la mort conlmire do la vie apportée mais esl-il impossible,

n'est-il pas nécessaire que, livrée à elle seule, ;rzu'É'lUTf~YGÛQY,

elle languisse, se délruise cl s'ûteigne d'elle-même, à moins que

quelque chose no lui arrive du dehors pour la faire subsisler.

Une hartie des objections de Stralon élai! spécialemenl diri-

gée conlre les argumcnls des conlraires.

1. Si les choses qui exi slcnl ne viennent pas de celles qui

ont péri, comme celles qui ont héri yiennenl cIe celles qui ont

existé, quelle raison de croire au mouvement qui, dit-on,

ramène de la mort à la vie?

2. Puisqu'unc parlie du corps morle, par exemple un doigl

coupé ou un oeilenlevé, ne revil pas, pourquoi le tout aurait-il 1e

I)iivilège de re\'ivrc?

3. Les choses qui naissenl les unes des aulres sont spécifi-

quemelltles mèmes, mais non pas numériquement. Les espèces

se conlinl1enl, on peut dil'e qu'elles re,'iW'lIl, mais

les ilHIi\'Hl1s ne revivent pas,

I,cIcoeJnnncqiii n'utTrcyivc Jc ,Cil'.

Page 373: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

unTOU~eneLi PSYCIIOI.061Enfa clln:s:)'J

.i. La nourriture devient chair, mais la chair ne dc,'irnl pas

nourriture. On fait des "èches avec du fer, du charbon avec du

bois, mais non pas l'inverse

5. Les jeunes devicnncnf vieux, mais non la réciproque,

Q, Si tant que le sujel (le substrat des conlraircs) demeure,

les contraires peuvent naUre I~s uns des aulrcs, il n'en est

plus ainsi quand le sujet même est détruit

7. Le devenir (le renouvellement des choses) n'cst pas sup-

primé parce qu'il n'a lieu que dans l'espèce ainsi fe renuuvel-

lent les objets fabriqués pal'l'imluslrie des hommes l,

On n'a (las le droit de dire que (par la mort) la vie qui est

dans le sujet (le subslral) reçoit son contraire. Il ne f mtpas dire

que la vie demeure et reçoit ensuite la mort, comme il nc faut

pas dire que le froid demeure et reçoit ensuite la chaleur.

Cerles, la vie dans le sujet, (ant qu'elle r subsiste, est irnmor-

telle, comme le froid lant qu'il demeure est sans chaleur: mais

il dlsparail quand la chaleur arrive. La destruclion n'esl pas

l'admission, la réception de la mort; car, alors, aucun étre

vivant ne périfhit. L'êlre vivanl ne demeure plus quand il reçoit

la mort c'est parce qu'il perd la vie, qu'il meurt. La mort

est la disparition, de la vie et non son contraire.

L'importance des doctrines philosophiques et surlou~ des

théories psychologiques, dans l'école péripatélicienne aprè.~

Stralon, est lrop faible pour qu'elles puissent trouver place dans

cette histoire. Toul en donnant unefnrssc raison, a savoirqu'ils

rnanquaient de livres, Strabon ne fait que conslatcr un fait réel,

en signalanl l'absence de profondeur scientifique et philoso-

phique dans les lravaux des péripatéticiens de l'époque :J.E~

~Z£I" TI),!i'1!i"i'~hlis ,3'.i(lonneiit sans grande 0 rigi-

nalilé, d'ailleurs, 1 des éludcs gramnulica!cs, oraloires, hislo-

Id., id., JI,186.

t 1,1.,id., p. 131. SiraloncOUlllallailégalcmtnlIl dUkili,;nd'ri,J\rnc Sil'~mcesl une liarmnnic,Jiail-il, conuneil y a de, Innnoniesnlu; ai,;II; ci pln.graves,il y aura dC33mcsI.ltl~gnvc·cl pin;ai¡''1lfo3'piCIc· aulm:-Ia~uf.,Ill~u~1. 1t2, U.

a :)lr.1b"XIII, I, M.

Page 374: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

STHATO~ 3&t

riqucs ce sonl desamai

en tout, comme les appellc

Plutarquc 1. Nous nous rt\scf\'olls de mentionner les noms quinous sont pan'enus, avec quelques renscignemenls sur les

doctrincs et la vie, dans la liste des péripatéticiens qui termine

cet ouvrage,

1 Flnl., Ç~111(l,~6. 7.2'% p:).Liar·.·.

Page 375: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1
Page 376: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

S 1", IIISTOIRF. f.Xn:mm DE L'ÉCOLE n'ARISTUTF.

SOUSle nom d'école péripatéticienne, on peul entelllll'e deux

choses ¡'Ínstitulion méme de l'élablissemcnt d'enseignement

philosophique fondé par Aristote, et qui reçut de Théophraste

el de ses sllccessem') une organisation plus complète et une

e:<istence plus assurée. Envisagée sous cet aspecl, l'école

peripatéticienne a déjà tiiie histoire, c'est-à-dire des origines,

des \"icissiIUd(>s,une deslinée, qu'il ne nous parait sans int~l'êI

de connaitre et quo nous nous proposons de raconter,

On peut comprendre aussi par;école péripatéliciennc l'en-

5ernblú et la succession des8anlllts'{IUi

ont, par leurs leçons ou

leurs ouvrages, dans son tout ou fait connailrc,

mainlenu et propagé la philosop'hie dulristole, ou en ont

simplemcnt pour eux-mèmes adopté les principes. Ce sont ce

qu'on appelle les parmi lesquels il faul, bien entendu,

compter les amis personnels du mailre, ses disciples immédiat:>,

qui avaient Wcu avec lui dans l'intimité plus uu moins complète

du Lycée, ou avaienl enlendu sa parole: ils forment le {(l'oupe

plus restreint des Èt"'i{~I, des piJ){I:J.,)1,des );¡,;r,')lJ"u(,des

auYr,4ct~, quoiquoces mots aienl trarfois reçu une application

plus étendue et plus générale. Le nombre tics membres de

l'école pél'ipatéticlCnllO, ainsi entendue, esl pour ainsi dire

inllni 1'liistoire do qllelr(lIe,IIIl<; (Iii ceux qui onl

CIIAI'xn. l'~ychofnpie.

APPENDICE

t3

Page 377: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOlfiEDE f.A ISICIIOLOGIEUf:S CItf:Gs;/51

apporté quelques inodiflcations personnelles,soit par des com-

mentaires C'riliquc5, soit par des (16%-elol,l)etnenis à la doctrine,

lout en reslant fidèles aux principes c~senliels qui la C'aracléri-

sent, fait parlie de l'hisloire de la psychologie péripatéticienne.

llais les autres et le nombre en est considérable, comme

il esl nalurel si l'on réfléchit combien longue a élé la vie et

combien étendue a élé l'inOuencc de celle école qui s'est f ril

senlir jusqu'au x\1" siècle et n'est peut- êtrc pas encore

aujourd'hui absolument éteinte, qui s'est répandue sur tout

l'Occident et sur une grande partie du monde arahe, dont la

philosophie, comme la scolastique, n'est qu'un arisLolélisnH'

plus ou moins alléré, les aulres, qui ne dcvaient pas trouver

place dans celle histoire, par suite de leur peu d'imporlancc,

lie méritaient pas non plus d'étre entièrement oubliés. Il

manquerait peut-êLre quelque chose à l'impression de respecl

el d'adrniration que doit produire l'image de celle grande

philosophie péripatélicienne, si nous négligions dc montrer au

milieu de quel corlège, de quel chaiur d'esprils, tous dignes

d'estime, quelque3-uns éminents, elle se présente la poslériLé.

J'ai donc cru utile de faire connaitre au moins leurs noms et de

reproduire, en la modifiant et en la complétant sur queJques

points, la liste des péripatéliciens, dressée par ordre alphabé-

tique, telle qu'elle sc trouve, dans Fabricius 1, qui l'emprunle

lui-même en grande p3l'Iie il Patrizzi Il et il Bruckei- 3.

Celle double histoire des opinions et des doclrine~ philoso-

I)hiques d'une part, comme de la vie des écoles et des membres

les plus dislinoués qui les avaient rcndues célèbres ou glorieuses

de l'autre, avait été, déjà, dans l'antiquilé, l'objet de Il'3\'aux

considérables, qui restent ^ncore, dans le cas trop frécluent oi!

les ouvra«ses mêmes des philosophes nc sont pas parvenus

jusqu'à nous, la seule source oil nous puissions puiser la con-

naissance de leurs doctrines.

1 Tom.III,p..159,eJ. Ilarlea.s.s Diacu~.peripnf.,1.X,

Iliafor. Crific.Philor.,1.1\

Page 378: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

"'SrOlnE EXTEII~EDE I:Ú:OI.E I)'AIlISTOTE .):41

Un écrivain d'Alerandrie, nommé Nicalldre, donll'époquc

C<ilignorée el dont le livre a clé plJrdu, avait écril, au lémoi-

gnage de Suidas 1, un ouvrage inlituM ~Hf1 Ti;)y'J\FI'i"f'}To.,}!I,

que rien ne pourra remplacer.

Le stolcien Arius Didyme, également d'Ale:wndrie, l'ami et

Ic conseiller moral d'Auguste, avait composé, avec une science

et une exactitude que 1'liéo(loret admire peut-être avec

cxcès~, sous le titre iiiie histoire des doclrines des

philosophes, sans reffionlcr plus haut que Platon. Celouvrage,

outre une inlroduclion générale, où la hhilosoplrie élaÍI consi-

dérée dans ses trois parties, logique, physique, élhique, classi-

lication devenue à ce moment d'un usage général, conlenail

Irois parlies et peul-èlre quatre La premièrc expos~lit l'abrégé

ctes doctrines do Platon et des aulres Académiciens; la

gletixième celles d'ili-isiolo et des autres péripatéliciens la

Iroisième celles de Zénon et (lestutres stoïciens. Il est vraisem-

hlablo qu'une cluatrièmo partip, clont il ne reste aucune tracc,

était consacrée à l'exposition des cloctrines d'Épicure et des

Cpicuriens. C'est- cet ou,rage que Slobée a cmprunlé tout ce,

qu'il nous rahporte de la philosophie morale des péripattticiens

et des stolciens.

Un autre écrivain, probablemenl élevé à l'école des péripa-

léticicns, donl l'époquo ne peut remonler au-delà d'~luguslc, ni

descendre plu3 »as que les Anlonins, a composé également un

ouvrage de mèmo naluro inlilulé ';IE(17FE..X"¡YTWY(T-¡Ç yl),

a,~·c) qui fait aussi le fond des cxlrails de ~Iobée et

des 5 livres des l'tacifo de Plularctuc 3.

Les écrits si nombreux intitulés f,r Oit -E;l ';(7)"

1AI"lPI")'

Theodor"IV,9, commcn!~lnr ~iccphor.,11',17,en ces Iermes Eat T·~a,vzx; ~:x~brov~,5yç ci"r ~1}l"jfJr.W'Ji~cp:Cr,~zen,r:r;ri).).ola,3'v fi~J1 vSr,v.·v.

a 1'arrona,'aÏ! éciii deuxde cc gcnm l'un inlillll~ de !'Jnlosoyhirr,suivant S. Augu·lin(de(;il', U., XIX,1) Tam muhamJogmalumvariclnlemtliligcnlcrci iulrlilcrsel-ulalusadl"crlil,ul ad 288scclas,nonqua' cs_cnl>et!quTfile pu>-<cnl,adl,ibcosquasdaUidifferentiis,facillimcpcrl"cnircl;l'aulrc,inlilulé deScclia('If£¡;1xipiveurv),salireque DltnlÍQnncnlNonitis(auxmûrsnoGile,aahrllemelde.tlim)cl au Iii', lU,

Page 379: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE 1~1P5\"CIlOlOGIP.DES GIIF'.CS3;~G

'f!),'i11)Í'WVxt~;a=wn, publiés par Cl~arqne do Soles, Dicéarque de

~les5énie, ~lrisloeLne de Tarente, discihles d'Arisloto, Ilermippe,

élève de Callimaque, le bibliothécaire d'Alcxandrie, sous Plolé-

mée Philadelphe, (l\'aienl déjà fraw la voie fi.ce genre nouveau

dc liUérature historiduc. Théophraslc lui-mc~mc et 10 premicr

en avail donné l'cxemplo et fourni le modèle et comme le lype.

Parmi ses nombreux ousrages, il en est deux qui avaient ce

caraclère. L'un, qui porte le lilra 7tEFlz~,rn,a=~c el que nous

avons conservé, ne conliont, du moins dans l'élal où il nous est

parvenu, qu'un exposé historique et crilicluc (les Ihéories des

anciens philosophes sur la sensalion. Nous n'avons do l'autre

~(ue des fragmenls isolés, pou nombrew, connus surloul par

les citations d~s commentateurs d'Aristole, et parliculièremclIl

~Ic Simplicius qui, suivant \I. Diels 1, n'a pas eu lui-rnbme

l'ouvrage entre ses mains, et tirerait ses exlraits d' '\Iexandn'

~1'Aphrodisée. Diogène de Laërle 10 menlionne sous des tiLrei'

flivers 3, qui, prohablement, nc sc rapportent qu'à un seul el

meme ouvrage dont il avait fait lui-mème un abrégé, Le carac-

1ère en étaÍl ccrtaincmenl ltisloriquo, et il semble, par quclquc~

fragments, qu'en méme temps qu'il exposait les opinions, ~Ó;713,

des anciens philosopl~es, il donnait quelques déLails sur leur

personne el sur leur vie.

Philopon, par exemple, cite un eqlrait du philosohhe plato-

nicien Taurus,oil il est dit a que Théophrasle, dans son ouvrage

sur les Opinious clcs f'I~ilosohhes, fait connaitre l'opinion dl'

Plalon sur l'originc du monde J, lal1l1isque Diogènc de Laërlc

rapportc duc, dans son ~l6rér~ Tltéophraslc disait que Parmé-

DozograpldCr~cci,ncrlin, l ,j~, p. IOS-113.

i 1t£~;~It¡tZ{';j'"en Id 1.; ,i. ;J'1tXW"_r,a·.pr~,enlivres 4-'J"tY.f~'i.en 81. Il!:i~;'t'};; en 1 1.; (lt'J'ilXt';)',en il tJ"Jf]'IY.~)'i

en cn 1 I.IlIl D'eslpy lion de proposdc faire rcmarqucrb réstrvcet la dicréliondu

mol cene sontnidesiliéories,ni desdoclrincsqu'oncxpose ce sontsimplcmenlJe~opiaions,les III,inionsqui onl paruwics, qui onl agréé,,j~f'1X"I,pliiiosoplies.

VI,de .6fwnif. Jlund., 8. Tlmphr. Fragm.2--k.1 'Fwc.~r, I\, ~I.

Page 380: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIIàT011tPn n-:II~E 1)1*L'tmU; U'.IftISTOIt 357

nide avait élé le disciple d'Anaximandre, Cependaul, puisqu'il

e..ilccrlain par Thémiste 1que Ic 2° livre du -e;1 (le Théo-

phraste form;,it le 5~ des comme il est vraisemblable que

lo ;¡E¡.li ~?~~rcen él,1ille let livre, que le Il'ailé ;;E:l'1.!o¡ljf¡..EW;enn

1'.Iii.saitpartie,que les lrailc~s du .lloncle cl des Etoiles v occupaienl

deux aulres sections, op doit supposer que les yzrzx de

Théophraslc n'avaieut pas encore ni la forme propre ni le con-

lenu exclusif d'un ouvrage historiquc, mais due les résumés

historiques, comme ceux d' Ari~tole, y étaient deslinés à pré-

lnrcr, par l'exp05é critique des opinions antéricures, l'intelli-

;;cnce et la solution des prohlèmes philosophiqucs

Quoi qu'il en soit de ce dernier point, il importe de rernar-

~luer duc lous ces travaux sur l'hisloire des philosophes et de

lu philosophie, qui formenl désormais une branche spéciale el

considérablc de la litlérature, dalent 5culem('nt d'Arislole, el

olll élé conçus ou enlrepris à l'exeniple cI sous l'impulsion de

œ grand et espi-it. C'est encore un caractère de sa

philosophie qu'il ne faut pas négliger de relever.

Nous avons déjà, dans la vie d'Aristotc 3, raconté sommaire-

ment l'origine de l'école pél ipatéticienne. C'élail, comme toute,

les autres écoles, unesociélé libre, donlles membres s'engagaienl

~~olontairement, sous la direction d'un chef accepté, sinon élu,

mettrù en commUnIeulslravauret leurs éludesphilosophiquea.

1"'11.')i.:(~£!'1;).! r¡'J!l-1'I).?1')iEh,il s'assujélir à certains règlement~

d'ordre scolaire ou de vie, sociale, et probablement à maintenir,

lIall5 la diversilé des recherches cl des apliludes individuelles,

une certaino unité de doctrine, une tendance el un esprit scien-

litiques qui inai-tltiasseiit le caractère propre, dislinctif el original

dc l'écolc.

1,'École dans le sens inlellecluel du mot s'appelail lelocal oit elle sc tient est désigné sous le nom de Les

lle .In., JI, a, 0,Des mémoires· c'ci~mdecemrmeorJrede l'ccl,crchcsClitiIJuCSci hi_lurique·

-ontcités par Ü. L. sur les dociriijc3d'u;üagol'c, ,r.\nJlilJl~nc,rl'Mch~laú~,1.'riipédoclesur l'allronoJl1iede n~mocrilc,etc.

t:1/; In l'a~clr..1'~Iritf.,p. 29.

Page 381: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

III:HOIIIE UE L.\ PSYCHOLOGIEUESCItEI;à:lad

directeurs d'études, sous l'autorité librement acceplée desquels

lra\"3illaicn~ tous les membres jeune;; nu vieux, prenaient le litre

de ou celui dc L:Xi9~41, parce qu'ils se succédaient

dans cette charge, longtemps graluile,

Aristote avail donné à cello associai ion, fondée par lui, un

commencement d'organisation; il avait d'ahord élabli un lieu

fixe ou du moins hahitucl de réunion c'élail le gymnase public

du Lycée, où, comme dans tous les gymnases d'~llhénes 1, se

Irouvaicnt, à côté des cmplacements deslinés aux exercices du

corps, des locaux réservé-3 pour les exercices de l'esprit, des

salles de cours ou de conférences, Il avait dislribué en cours

différents les programmes de ses le/ons, cl délerminé pour

chaque malièrc les heures d'enseigncment, au moins d'une

façon générale; c'cst-à-dire qu'il v avait un rcâlcmcnl d'éludes,

Il avait mèmc, à l'cxemple de Plalon, orâani:é des repas com-

muns 2, coulume chère aux 1) hilosoplies grecs, et, pourlesempé-

chel' de dégénérer, avait soumis à des règles qu'il n'avait pas

dédaigné d'écrire, ces réunions où l'on s'entretenait dcs chose,;

de l'esprit, des études communes, et qui conservaient entre les

membres de l'association des rclalions suivies, régulières ct

affectueuses, et en mèmelemps conlribuaienl à maintenir l'unilc

des doclrines eL la fixité des principes qui la dislinguaient des

autres écoles.

Ce fut, il semble, Théophraste, le premicr qui installa l'école

dans un domaine appartenanten propreil la sociélé, etqu'il achcla,

Us qualrcF:colcsqui l'ixèrent àAiliènesleur n!~ir\encc,c'csl-à-dirr.cellestir

l'lalon,ll'ri;!olc, de 7.énonci J'F:f~icurc,SlJnllesseulesaussi'lui onl cu une\ie

10llfruCCIuneaclionriuieinfe.ia contrairc,qui sc funJercnlou émignrenldans d'autres Nillesgrec'Iucs,n'ont cu qu'unecourle c<1I'ri~rcci une inllucncc1I1~.liùCrcTcllesl'éctiled't1isfondéelor l'hædon, l'~rolede llEgarcpar Euelitie,l'écolecynique,OII\'crlc,il csl \T,Ii,à AIII~ncspar .\nlislll~nc,Jans le GIUln.'5e1111

r.)-n05.1fgC,mai,h:an:poiIr~cil r.orinlhcpr I)io~nènedeSinopc,ci ranienéeseijlen~eni

plu5larJ pr Cralc, il L'école f}T{nJï'l'l()se funJil hromtJerncnldJn;celled'Epictire.1: Pcolede IIlIodcsétait cons.1rréchluldlil l'enseignemenlde l'élll-

fluencequ' celui de b pliilosopiiie.La scule graode exceplionest 1't'coleJ'Ie~anJrie.

9 lirs sy¡,silies,quise célébraienlEgalcmcnlil Alexandrie,y CurcnlsupprimQasLuAnloninCararaJb,Conr.Uiun,1.77, p. 873(ou1. Il, 2~1.If~imar-,p. 1293),

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IIISTOIBEt:XTm'Πt)l, L't'WU; D'mSTOn; 35!)

après la morl d'rislolC, pour celle deslinalion, à l'aide de fonds

'lui lui avaienl él6 libéralement donnés par Démélrius Cejardin,

Ic l'érip~lo! ClIcs maisons allenanles, avaient-ils apparlenu il

:lrislote? Élail-ce li le local où avait enseigné le maitre, et que

i-itelictèrent les disciples à ses hériticrs? On l'ignore, et l'on nc

sait mêmc pas si Arislole ne s'élail pas conlenté du gymnase

public du Lycée pour 1, faire ses leçons, et s'il wait acquis un

immeuble particulier pour cet usagC, et qui dM faire retour

;1 sa succession. En tout cas le testament n'en fait nulle men-

tiolr.

C'est dans le testament 2 deThéophraste rlu'on voil apparaJlre

des mesures légales précises destinées à assurer la perpétuité de

l'clablissernent nouvcllernenl créé, et sa prO£pérÍl.é, Si par une

rlisposilion élranae, il lègue Nélée tous ses livres, loule sa

liibliolhèduc 3, dans laquelle, au dire de Slrabon, sc Irouvail

celled'Arisiote, dontiJI'aurail reçue par donalion testamentaire

sans d(ll\le illèguc le jardin qu'il avail acheté, le. Péripatos, el.

les habilalions attenantes, aux amis dont les noms sont inscrils

dans le documcnl testainciitaire, et qui veulent conlinuel' à étu-

r U.L. 1'. ).=rerxt.2.:t" ï3aov i ;rsv ~a:~r (Uti ri-rT.-d'A:al1tf.lt£)."J"J;r:).tmr,v.

.r,u;t~J. '[/'jÕjtl')l'f'JJ1it~7~:I'Jtrj;.

ces Ic"L1Inenbdes sur IcsrluclsV. llose (-lèvedes doulcs (de,II'. M. On[., p- .10), scn¡IJI{~nleiiiiinintéi aux mEmcssourrcs, c'ci-à-dire d'unc

1-iriun recueil spécial d'11,lon de (ilio (II. L., V, (il), d'aulre pari à lierfnippe,dans son livre sur.iih,le 1~11G.,XIII, 58:.1).

a Le 1c.;lalllcnlne mcnlionneilu les livres il'~tri~lote,dont il csl bien étrange queTl~io[~Imaslcallrail CI1lpouioir disposercn favcur d'lino [~ersonne,qui ne s«est pasnu tenue de la léguer il il II c_l vrai que \Eluc fait p.1rliedes mem-l,re,itle l'Inililul.

1 SlrJb.. \II1, ti)S i-, xii T,"t,j '4\pl¡;'t')t~).?'J; y;~ 'fJT'J"CÉ):r,; r;n!'1'Jtl'j:"jfh'),?:ÍI]'t"!}7Õ:t~£~)~J, ';J X'It 'tTI"lil"l, .:Ii:!h1t~-Tuulcsl LizawctJ;)O'fi) ri-cil. On cOItI"rcntlcncorc l)u'ri;lolc ail laiss6 sa l,ihliuIlJ~'lUCi Th~ophr,lSlc,plli'flll'illui laisc,il son t4cole;mais s cn J,-ail lrivE scs hérilicrs nalurcls, c'cslailii~inire5lenientpour ('n faire LEn)ficieravec Tliéoplirasteles II1clllhresde cet inslilui

1,llilo;o¡,IJi1uequ'ils (tindiient. Que '-o¡-on,-nous au conlraire? Tlnnplmslc lègue,non:eulemcnl sa pro[nr~bilitioilièglue,mais cncore celle tI'ri,lolc, dont il aur..il di,se considérercommcun sinil,ledolwsilaire,ci il la l~iUCnonà sonEcole,mais:r \fléc,

qui n'a pu la rccereir I)u'à titre d'tieriiies,Il,lll1rd,l'eniporte 3~kcp·is el en

,li,po5Cen favenrde personne, Elrans~msà I~~'ic'l~. T~ [rer' an:Y 1t<lP~!ùXt"l.Ce qui fait croire que nous ri wvnspas dans son cnlicr le leslamcnld'.lri=lolc,

nulle reliiii-o i ses licrc; nc fi~'1/rc.

Page 383: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

II/STOl/lE DE L.\ 1'5\"CIlOLOGIt.:DESGIIIXS360

dier ensemble cI à sc livrer en commun à la philosophie. Celle

donation est soumi.5cà la condition expresse que les bénéficiaires

n'aliéneronl pas ces biens, qu'ils ne se les approprieront pas,

mais qu'ils en jouiront en commun, comme si c'était un lieu

sacré, et qu'ils y vivront dans lino amitié intime les uns avec les

ttuires. Les ayants droit à celtc communaulé sont Ilipparduc,

Xéléc, Slraton, Cullinus, Démolime, Démarale, Callislhène,

~félantès, Pancréon et ~ikippos, Ce rl7C~nlCprivilège csl donné

à Arisiote, fils de %Iétro(loi-eet de Pythias l, s'il veul sc livrer

à l'élude de la philosophie, el entrer dans l'associaliou.

On rcconnaH dans ces dispositions l'inlcnlion expresse de

réaliscr ce que nous appellerions une fondation, c'esl-à,dire

une copropl'iété entre ccrlaine.. personnes désignées, avec

interdiction d'aliéner, et obligalion de resler dans l'indivision.

Il n'csl pas parlé des acquêls possibles ni rien prévu au sujel

dn l'accroissemenl qui peul subvcnir mais, ainsi qu'on l'a

observé, il semble que le iestnmenl a été compris et exéculé

comme si les accroissements enlraienl dans la couununaulé, et

etaicnt soumis aux mêmes conditions, à savoir l'inaliénabilité et

l'indivision- Nous voyons en elTelle succcssellr de Théophrasle,

Stralon, devenir seul propriétaire de tous les biens et en dispo-

ser son tout- en faveur de Lycon. C'est donc bien un fidéi-

commis. Ce ne sont pas les seules mesures que prescrit Théo-

phrasle dans l'intérêt de l'école. Par une disposition, qui ne se

retrouve pas au testament, et que seul nous fait connallro

~llhénée '=, il laisse les revenus nécessaires pour sufOre aux

dépenses dus repas communs, dont il consacre cI perpNue

l'usage; mais il ordonne formellement que Pompylos, c'csl un

1e'e,1doncle peiii-filsIii lieu de iféimitire, I)iogèneluidonneleiionide qu'on corrigénec cerlilmlep-1rle fussage511if.1nlde f:cllusEm/,i-iicus(a(lt,.Jlalh., 1, Z,~81. «la IiIleil"riqnle ;ail cu Imismaris "'ir.1H"r,le slagililc,amide sonpère; l'roclès,desccndanloleD~m~ratc,roide 1.1r~M/IIonr.

yni Illideux fils.l'unnommél'rO('J~<,"3111reD,{mar,lle,tousdeuxdisciples(le

Th.~I'phra,;le;CienfinNlélrodure,la méJccin,~Ihc olel:hry,ippcoleCnidecl ntailre,n:ra,i,lralc, donlellecul .\ri,lolele iciine.·

Alhen-,V, 186.

Page 384: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREE1'fEIISE UE Lh:I:ULEIJ'AIIISTOH: ;]Ijl

de ses esclaves qu'il aO"ral'chil, sera chargé de vriller à la con-

servation ct à l'enlrelien du Iliéron où, d'après ses dernières

\'olonlés, sera élevée la slaluc de son maUre, des autres objets

votifs (i'IX~f¡:J.7T2)qu'il renferme, du jardin eL du Péripalos, et

que, pOlir mieux s'acquiller de celle mission, il devra continuer

il demeurer dans l'établissemenl. Sur les fonds déposés chez

Hipparque, son banquier 1, on prélèvera Ics sommes nécessaires

pour l'achèvement du ~Iusée cl des déesses, pour faire les

dépenses qu'eviâeronl la décoration el les ornemenls de ces

slalue~, pour elever dans le fliéron la slalue d'ArÍslole, pour

reconslruirc dans son premier élalle hclil portique altenant au

~Iusée, l~our faire dresser dans le porlirlue d'en bas les cnrles

où soit[ rcprésentés Ics itinéraires terres-

Ires, xi ~ç ::Ef{" 3, pour restaurer coU\'enablcmenll'autel afin

qu'il soit d'un bel eOèl, pour lerminer dans les mèmes propor-

tions que les aulres la staluc de Nicornaque, pour laquellc

Praxitèlc:) a déjà reçu le prix du li-ai,ail, el la placer dans l'cn-

(li-oit qu'il esllaissé aux exécutcurs leslamcnlaires le soin de

choisir.

Sii-atoi), qui succèclc il Théophrasle dans les fonclions de sco-

larquc, en 287 et mcurl en 269, prend, dans son leslamelll, de.

tlisposilions analogues. près avoir institué neul exécuteurs

Ustamentaires, il lègue à l'un d'enlr'cur, Lycon, l'école, T'I¡.,

parce que (les aulr~ sociétztii-es les uns sont trop flgé¡;,

Ics aulres Il'ont pas le loisir suffisant. Toulefois, ils feraienl hien

tic coopérer tous avec lui à l'aclminislralion cl la dircction,

"'JY7.2T:'¡'1Y.E'Ji~nEçT(iih(,.

Par Ic mol il faut S:IIISdoule cntcnclrc les inuneublc,

1 Cd,r~sulledc plusicurs(ailsénonc~sdansle Icslall1cnlcl cnlr'allircs iz '0'";¡~ 'In7t2~X'j"JmJpPE~pÉVtw,CIl~lu5loin !5:~ljv1'¡~J (J1t1'to:t~"Z"JŒt~I¡"J'it~T2:l:X.

Ik,,J\\cll,danssa Iliaaerlalion~I/I'Iliriarqrre,3, fici i, conjecturequecescartesnoicnl (lé drcsdC5lur Uicéanlucci ol~Crleslar luiàTljd4)plii-aite,dc mr'moqu'ililIlliMdiailune 'yr2\< Ti: lenie iamllif)l1c,dcsliuéà complélcrci ila lecture de cescaries.

a If nc peulpas ~Irele grandslaluatmqnia fleuriflc~19îà 3511.

Page 385: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

III::i"fUIIŒDE L.1 l'~1CIIOLIiGIEUE~GHEt:i3li:!

qui seuls peuvent ètre l'objet d'une donalion, mais aussi la

direction spiriluellc de l'~colc, qui sans cela n'ail rail pas eu de

chef. Cc n'esl pas une nomination réelle; c'esl une désignalion,

une indicalion qui prend s<aforce dans la nalure inème du docu-

Inellloù ellecsl exprimée: c'est, non pas la volonté dernière, mais

la dernière pensée d'un mouranl, que ses élè\'es et ses confrères

ne rnanqueront pas de respccler, sans cependant renoncer au

¡Jroil d'agrécr cl mème de choi~ir le successeur, droit que nous

leur verrons cntièr('ment réservé par Lycon,

Slraton, par le tcslamellt de Tlléophraslc, est donc devenu le

seul propriétaire: il renouvelle le lidéicommis, mais il di:iposc,

son tour, non plus en faveur d'une colleclivilé, comme l'avail

fait son prédécesscur, mais en faveur ¡J'une seule pcrsonne.

Commcnl donc est-il devenu le chef de l'écolo? Cc ne peut êtrc

flue par l'élection libre de ses confn~re5, qui avait peut èlre Clé

précédée dequelques indications oi-ales plus ou moinserpresses,

comme celles par laquelle Arislole avail exprimé, dit-on, son

désir d'avoir pour succes~eur Théophrasle.

Slraton 1 laisse à Lycon, mais probahlernent aux mêmes con-

cliliuns que les inuneublcs, c'est-1-dire l'inaliénation cl la

possession indivise, lous ses livres, à l'exccption de ccux dont

il esllui-mème l'auleur. Celle exception bien élranges'cxpliquc,

rlil M. Dareste, par 1'0lJlig:Jlion ouèrcuse oit sf,,scraillrou\'éc la

société de les fairc puhlier ses frais. Pour ceux-là il en fait (loi]

à deux de ses amis particuliers, si loulcfuis ils soit[ compris,

comme il est vraisemblable, dans la donation généralc tics

meubles £le la maison, TZ ;v o~r.·

Il lui laisse cn outrc, cI toujours sans doute sous les iiièijie:4

conditions cl résen'cs, lous les meubles dc la salle tl mang-er,

avec les côuvertures de lil et les coupes il hoire ce qui prouve

qu'il y avait loutc une illslallatioll, loul un JI10hilirr pour les

repas communs, C'clail une inslitutioll tirée (les hal~ilude.:

Lele,lanlcnldeSlralonacailéloll'l.'Cucillitar ~lrülon,deeliio,ou,sujl-3nllelexie~Icr~diljonde I.ondres,sonintimeamiou sonparenl,t '¡(Hr,(,

Page 386: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1115TOJnEF\TFftIE UE U:r.OU: If.\fl/STOTt: 3611

sociales grecques et parliculièrement 1)r3tiquc~epar les péripa-

l~liciens, et les plus illustres d'cntr'eux. Arislole laisse un

r6;;lemrnl écril sur ce sujcl l'héoptiriiste lègue pour les enlre-

tenir des ressources spéciales; ses successeurs, comme on le

voit, pourvoient à l'enlrelien du mobilier. Il semblc mêmc qu'il

y eut des abus, Cléardue de Soles, le plus sa\'anl des péripaté-

liciens, si l'on en excepte Théophrasle, avait reçu le sobriquel

de b 1, c'esl-à-dire le courcur de hanquels, Lycon

les rendit mensuels el nous avons vu plus Ilaul Il quela magni-

licence en fut portée ill'exlréme.

Nous relrou\"ons des dispositions analogues dans Je leslamenl

de son successeur Lycon. Il Si je ne survis pas, dit-il. à la

iiiala(lie dont je suis actuellement atteint, je lègue tout ce qui sc

Il'ou\"C dans ma maison aux deux frères Astyanax cl Lycon.

.10 laisse le l'bripalos (pal' où il faut eulcridre l'école mème),

avec ses dépendances, u ceux (lui veulenl l'accepler, 83\'oir,

Boulon, Callinus, Ariston, Amphion, Lycon, PyUlron, Arisloma-

rlue, IIéracléios, Lycomède et mon neveu Lycon, Ils remetlronl

la direction il celui d'enlr'eux qu'ils jugel'Onlle plus en état dc

reslcr dans cette fonclion et de la bien remplir, sans que tous

les aulres soient Irar là dispensés de concourir il celle œU\TC

par ancclÍon pour moi et liai- respecl pour le lieu, TO'-JT-o-,t5'.J

~Y..Ia donne à Charcs 3 deux mines cl ceux dc mes livres

qui-onl élé publiés. Quant aux ouvrages inédils je les laisse à

Callinus 1)our qu'il les publie avec soir), Sur les plantations

d'oliviem que je possède à f~ginc, Lycon donnera aux jeunes

gens, v.~çvexvmxoïç, le droit de sc fournir d'hui:c puur les fric-

lions (du gymnase), afin que ma mémuire cl celle de celui quim'aura rcudu cet hom mage (cnexéculanl mes dern ¡ères volonlés)

IIc.·1Irai qecChluwn cny~rcs-cLI'adopterunelyon iiiiisUPI,imel'clicladll'innuminicu·cdu nomdu célèbml,hilo>Ol,helacmL.,in .Ilhen., c. J. Il l'han!ébalcmcnl,ci parun<cml~ulcde mpmrnalurc,l'anticnncIcron1'\lhclI.,V.2, 185),~')..(!iY2~'t~ew-r.?~J;~lll'j?'jf¿7'¡te o!v.; t).zu.nz%.v,cl la leron 1t~rJ;qiji a passédansnos édilions.

3 l:liaigncl,Fu.s, la Psych.11'.11'"1. 1, l', 31.L'nc..q'IJ\CalTraml~iloirle lesl,lmcnr.

Page 387: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

II/STOIHt:[JI:;L\ 1':5\"o:rIOLOGIt:fE~ nlftCà:j61t

soient perpétuées, comme il convient, par les services de cette

for.dation. 11

Lycon reprend la forme de la donalion eollecliyc adoptée par

'fhéot~hrasle; mais il continue le fidéicommis verhal qui assure

la lran~mission indéfinie de la propriélé. Jo ne comprends

pas plus que ~J Brell1s 1la distinclion des livres édités el des

livres iné~ils. Si l'on petit admcllre la raison présentée par

.NI.Uaresle comme très naturelle en ce qui concerne Gallinus, à

que la puhlication des livres inédits clevait ètre confiée -t

titre personne compélenle el au courant des éludes philosophi-

IIIICS,c'esl toujoui-s pour moi (tri prohlèmc de voir les livres

li'Arislolc, de Tlréophrnslc, de Lycon, passer par la ,"oJonLéde

leurs auteurs et de leurs proprietaires en d'autres mains que

celles auxquelles le fidéicommis livre la propriété cl la jouis-

ince des aulres biens commun,> de l'école. Pour- la pi-ospéi~ité,

pour la dut-,le, pour la vie mème de l'inslitulion, qui a\"ail à

lulter contre des écoles rivales, qu'y avait-il de plus nécessaire

ctue la possession d'une bibliothèque spéciale, et pour le main-

lien de son originalité philosophique, que la possession de~

livres mèllles des fondateurs et des chefs intellectuels dela seclt~.

Aussi je ne Fuis m'empècher de croire qu'un ou plusieur,

exemplaires de chacun de leurs ou%@rat,ciétaicnt déposés u

l'école,"faisaient partie du tumls commun, el que le reste de

l'édition, scul, était, d cause dc sa valeur %-éitale, laissé il des

qui en powaieut tirer parti,

Quand on voit Lycon prcndre soin que les jculles gens,

sans doute Icsjcunes élè\'es, ne manquent pas (l'huile

pour les exercices gymnasliques, on peul être 11I0ra/clllcnl

certain que lui et ses prédécesscurs a\'aient pris aussi dcs

mesures pour qu'ils ne niancluassent pas de livres pour Icum

lrwaw inLellccluels, qui, dans une école de pllilo50phic, tic

devaient pas tmraltro moins nécessaires que les exercices du

Uit Tisramtnrt/1. l'r-ieth.l'hiloaophtn.7cilaeleri%I.d. Sari~n~1li(I I,

i' l,53.

Page 388: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIRE£XTF.R~EDE 1:f1'.ûI.E D'.A~tISTUTf: 36-

gymnase, quelque prix que les anciens y attacliassent. A partir

de Lycon nous n'apprenons plus rien de nouvcau sur la vio

iuléricure de l'ecole..

Arislon, l'un des disciples, PC:'i'I:J. auxquels Lycon avait

Ic~gué l'administration de l'école, lui succéda 2. La Vie anonyme

£le Ménage compte onze après Aristole dans l'ordre

suivant Théophl'3slc, Stralon, Praxile1ès, Lycon, Ariston,

Lyasius, Praxiphanès, Iliéronymus, Plylanis, Phormion et

Crilolaüs, Enlre Straton el Lycon on voit placé un Phaxitelés

absolument inconnu; entre Arislon et Critolaüs sont introduits

cinq philosophes, comme qui occuperaient, à moins

tl'une rnoriililé singuJièrc, un espace de temps plus ronsi-

démlJle que celui qui a dû s'écouler depuis la fin du scolarchal

(l'Ariston jusqu'au commencement de celui de Crilolaiis, d'ail-

leurs désigné par Clémenl3 d'tllexandrie comme le successeur

immédial de Lycon. Nous rappellerons ce que l'on sait £le

chacun d'eux dans la lisle des scolarqucs,

Chez les Grecs c'élail un usagcl général, depuis les sopliistes,

que les profcsscurs de ce que nous appellerions l'enseigne-

ment supérieur reçussent do leurs audileurs absolument

\"olonlaires des Ilonoraires que chacun d'eux fixait à son gré 4.

D. l, 1', .0.j Le \'°1.de qui Iraile de l'écolep~rip.1I~licicnnc.ne conlicnlque rhi;loiH'

de Tliéniehrasie, ile Slralon, de Lycon, de Dénidii-itiiJe pltal~n f'I

.rI/érJeli,fe J~fléracléedans le Ponl.3 Sb~om., l, 301. Il,1 1.0 iiiincipc dé celle rémunéralion ~lail Icllemenl dins les I,alliludcs el

,1.103les macurs qu'clic donnail lieu à des l'rocè,; contre ceux qui ne s'exécutaient

1'3 au lerme convenu. Lucien (llermol., l'J, ric4,)nleun procf~sde fe genre È1t~,

[tta~v. Iti, <i:i'C;J nd: 1<1'Y (le ilieiple, FL.9,r.T~ qui suivail deiiiii,

1-initefnpsci cours, i, h r,n,,1j "'J">16(<I et qui était un loul jC~D~

liomme,vcavt.zd;) xr,i,~yc tic \'ieu\ profcsieur) 7r,px sbv 'Í.~z"YU et,.Im, le Iralel, se mil si forl cn colèœ, qu'il mulJi\ le Mfigurcr ci lui arrarllcr le

nez. Ju_lin le ntarlyr, dans son diilo6ue avec Ttyphon, raconlanl 1'lii~tcirede >OH

éducation,déclare f)n'il quilla l'en ,Je tI /'hil'hOph¡csloicienne [~~tz~·equele mallre ne pul Illi iiiinner sur tic Dicu une solulion qui lui l'lnll -alisf3i-

sinle, mais qu'il renonça à aller LtdClll1mlcrà l'kule d'lin péripatéticien, i cau«'

Jes hunoraircs trop élevés qui lui élaieol Jcmandés, ;I\-idilé qui lui riarui iniligne

d'un philusopho.Ce dialoguea clé écrit %ers150ap. J.-t.:h, Lamorl dc l'auieui est

rhde r4ir h Chroniqued'Alexandriedans l'année I6G.

Page 389: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIFTE(JEU 1'i>CIIOI,Or.1t:lIESGilEt::):r;

On sait que Gorgias avail ainsi acquis une forlune considérable.

L'État n'inlervenail ni dans le Irailement ni dans la nomination

des professeurs. L'enseignement élait absolument libre. Du

temps de Théophraste, on voulut l'assujetlir à une autorisation

préalable du sénat et du pC'uple; plutôt que de sc soumellre

à cc lie loi restrictive d'une liberté dont ils avaient toujours

joui, les philosophes (luitièreiit Alhènes, qui bicnlôlles rappela

en abrogeant cette loi malenconlrcuse, Cependant les choses

chanobrent peu à peu, et le d8veloplement mème des écoles,

leur prospérité qui amenait à Athènes un grand nombre

d'hommes et particuliérement d'hommes jeunes, dcit néce5siler

l'intervention des pouvoir~ publics dans leurs affaires. C'C'st

ainsi que l'on voit Ch~Jnthcs, disciple £le Zénon vers 258,

mandé par l'Aréopage, et interrogé par lui sur ses moyens

d'existence l,

Il semble que l'autorité publique n'aulorisait le séjour

d'Athènes ou du moins la frécluenlalion des écoles qu'aux

étudiants clui juslifiaienl de leurs moyens d'existcnce. Sur la

prièrc de Cicéron, 1' réopageprie, par un décret, lu péripaléli-

cicn Cratippo de ne pas donner suile à son intention de cluiller

Athènes, et de continuer à consacrer son talent et son savoir

à l'éducation de la jeunesse'.

Celle inler\'ention successive cllenle s'accrut avec le lemps

et les é\'ènemenls. Longtemps ti Éliènes fut le seul centre des

hautes études comme de la production artisliyue. Il n'était

pas hesoin d'y allacher ou retenir, par des honoraires

officiels, les hommes de talent. Mais vers les premières onnées

de l'ère chrélienne, celle suprémalie fut disputée à Alhèncs, eL

des villes ri \'aI05, Afexamlrie, Antioche, Rhodes, Élrhc~sc,Homc

méme et \Iarseillc, lui enlevèrenl une partie des étudiants el

par là même des professeurs. Pour luller contre celle concur-

rence devenue redoutable, il fallut bien faire des sacrifices. Les

1 1), Vil, 168,Plu! 1ï~.C~c.,to.

Page 390: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIfIEF1TEU\-E UE I;.)~OJ.E 11'mSTOn: 3G~

honncurs, les couronnes, m~me les cxemplions d'impt~l ne

suf(lrwt pas, el il fallut recourir à la rémunération par l'f:lal,

dont nome 1 cl Alexandrie avaienl donné l'evemple.

Elle inslitua dom; une chaire pafée par la ville, 7.'ihnA:; (}~~V!"l:

donl fut investi pour la prcmière fois Lollianus d'Éphèsc 3, qui

vi\'ail, suivant Suidas, sous le règne d'Adrien;. Unc seconde

chaire, paréc par le fisc de nomc et appelée pour celle

raison ~:1.hx)J:; fJ¡Av'i:;fut fondée par Marc-Aurèle, aux appoin-

lements c[cU0,000drachmc~, en faveur du sophistcThéodulus~.

Ces deux chaires étaienl dcslinées à l'enseignemcnl de la rhé-

lorique.

L'empereur compléta celle orgallisalion vers 176, en aUri-

buant le mLmc trailement aux professeurs de philosophie 6. La

plaisanlc hisloire que Lucien raconte dans son F,rcnlcque, nous

rnonlre qu'il s'élail produit, dans le mode de nomination. des

1 Chron., Luseb., 89 ap. J.-Cil. Quinlilianusprimus nomæ f,uJ,!icanJscholamci

salariume fi;coacccpii. Adricny fondcl'Alhén~e,apprlé par Aurélicn\iclurlCaa.l4).Ludus ingenuarumartium, ci Anlonin le [lieux généi-dliseb me-iure « Hlrcloribu5cl per omnes jirovincias ci honores ci salaria dclulil.. (J. CapitoL,c. Il),

2 Le musée d'lexandrie avait des fondspropres, z¡;f,l-n dus aux libéra-

ralilé>des rois d'UPle, sur lesquels étaient pris les Irailcments des profe~cur;.Show" \1'll, i9~.

J llliilosir., l'il, Soph., l, 23.117 à 138 aprt%sJ.-Ch.

S Pliilosir., lit- Soph., 11,2,

v l'hiloslr., id., 11, Luc" Frrnrrch,, 3. OU'jTir"T2g piv. p (J2'1ihr,y?rl~y4:9I Tf; r,-j p..j).r, UT2q-`_vr,1" ç~).o~:ÿo~ç.Lc3 sloicicns, les pillont-cien., les Elnturicni ci les l,élif'aWicicns. Ú,')'); :o~3ro~~âaza:v. X7Lsi

75).a. t~5rtm r.z:2 T, b'7'JTW. Il y avaitdonc 'lUitchaire> de ph.iloso¡,hi,deux

lar école dont une à la charge de la ville, l'au Irela charge dc l'Etal. M Gaslon

Lloissier(flrmc (les Ueur-.IIonJea, 15 mars Il)8il, siiplioe flue 10111en fiunl les

IIODor.icc.,l'cmpereur le; fC>Jilpycr par les ,'¡lIc>.Je ne ,-oi. rien dans les lexlc.;

-lui autorise cette conjwure flue >cIII~JerJilplulbl Mlmirc le p.1>sagede Lurieniz (h'1.hw; Ce qui parait cerlain, c'c>1 quc le Irailemenl olfidel

Il'exonéra pis les étudiint-i (le l'ohlig:¡liontic payer Icur, ni3lit-es. Le sophisteChrc>lus, collféuc du 5Uf'lli;!cAdricn, aphoinlu 1"1' l'clllpcrcur, avait I1;0Clvcs

payants."'Iilo>!r., Il, Il. Un ne voit pH flue le lr.rilomenlfi~c payé plI' les ¥illes!lUpar rÉ/ai ait supprimé le traitementéventuelcligé des étudiants, ci qui conespond!I ce que nous apl,clons les droits d'in;criplion. Les hrofesseurs officielsCI pui~:iciJ"aicnllc droil de donner des leçons parliculinep- Dankiantisd'Ephi'sepa)-ail11chacundes ~oi-lii5tes,Ariolidcel Adrien, I1~,1)UUdrachme., pour tin cours compleld\'luJes.

Pliiloslr., JI. i3, i.

Page 391: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

-3 III:;TOIRF.DE L.1 1'3\ŒOLOGIF.DES CIIE(:.s

titulairos de3 chaires, des changements eorr61atirs à ceux qui

s'6taicnl produits dans leur rémunération. L'un des deux {>6ri-

patéticiens qui occupaient les chaires de l'école étant venu à

mourir, il fallut pourvoir à son remplacement. Deux candidats

si,, présentaient, Dioclès el Dagoas qui pass.1il pour êlre eunuque.

Ils durenl eomparailre devant une commission, 81X7~TXI'h'T"i'r,-

composée deSZ¡; x71 1:FE~f:hn"l ;1.2\1j-(b)UT"1T(ÿ1

n4).st, j'entends par là les plus honorables l, les plus :igés et les

plus &1.vants de chaque école pour y subir un examen, a"X(:n-

qui par le fait devenait un concours.

lis de%-aient chacun prouver leur talent de parole, la connais-

!lance pralique de leurs doctrines philosophiques, et parlicuJiè-

remenl puisqu'il s'agissail d'une chaire de philosophie péripa-

t~~licienm~,faire profe.ssion ouverte d'attachement aux principes

d'Aristote et de son école". Les juges, par des raisons, sans

doute moins bouffonnes que celles que donne le spirituel

satirique, ne purent s'entendre, et la décision fut remise à

l'empereur.

Ainsi, à ce moment, le choix du chef de l'école n'était pas

enlevé am membres de l'inslilut, mais il devait èlre le résullal

d'un examen, d'un concours public, dcsliné à prouver rlu'on

possédaille talent de la parole, qu'on connaissait la philosophie,

et qu'on étail attachc~ aux cloclrines parliculièrcs de la secle

où la chaire éta¡1 vacante. En cas de désaccord, la nomination

était remise à l'empereur.

Les renseignemcnls que Philoslrale nous fournit sur la persis-

tance et l'organisalion de l'enseignement de la rhétorique, fi

Athènes, pendanllcs règnesde~farc,Aurèlc3, Commode',Sé\'ères,

Il. Zumpll'cnl~ndde qui am-ail(-Ir,dansl'~s~ce,un juryIIicnpeurompélenl,Ahrens,delou.lesphilosophe.,11fjuel'1u'o!colaqu'ilsapp.ulin:<<cnl,cequi;wrdilcoo;lilul!un tribunalhienpeuirn[\lrlidl,

3LIIC.,f.un., d. :n p-i .u r&J"ll~r61'11t~"1;Y~'f(l1rf)2'~T.,r~,xzl y%EunE(~:x%~X2Tt~fj;sG~%LorWnst. ~'jfe~i~!cx.f).xIt 5scT~)""'H'1't'/Tf).'J' xxi s~r~ix·_i%rv'x0'JYT4)' El~Et9.

J 161-1110.IBU-192} I(I,J-211.

Page 392: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISroIRr. EXTEIIXEDE L'ta:0l.E D'ARISTOTF 3fj9

Caracalla l, nous manquent en ce qui concerne la philosophie.

Nous savons par Longin qu'il a connu Iroisp6ripalé-

liciens, fI¡\liot.lore, Ammonius cI Plol{omée, lous trois professeurs,

el le premier ~eulemenl aussi un écrivain d'ouvrages philo!'o-

Ihiques. Mais en même lemps qu'il rappelle qu'il y H\'ail cu dans

sa jeuncsse un grand nombre de philosophes, il conslale qu'au

momenl oit il écrit sous le règne des7XXX 1 yrans 3, il y en

avait une incro)"ahle rtiselle. On peul supposer qu'elle n'aurait

pas élé si grande, si l'Étal et les \"illrs a\"ai£'nl continué à doler

les chaires de leurs émolumenls fixes, et il n'y a pas de lémé.

rilé à conclure de celle di~eUe de professuurs que les Iraile-

menls, qni 103faisaient vivre, avaienl élé suspendus ou suppri-

œés., par suite du malheur des temps. L'école pcripalélicienne,

oulre le suit commun qui la fral.pa comme toules Il's aulr.1

reçut par le caprice d'un empereur insensé, un coup Ilus

particulièrement sensible. Cat-iicalla s'imapinail ere un secund

Alèxandre, et voulaitlïmiler en Illul. Ayanl appris que sur la

/l/1de sa vie, il avait pris en haine Ari;tole, son préc£'pl£'ur, il

relira, en'216, aux philusnplres p~ripalélidl'nsdu ~fuséed'Alexan-

I1ric leurs tritileiiieiiis ct lotis leurs autres avanlaFes5

On pf'ut suivre, depms Plularque, fils de Ncstorius, !"ous

Théodose B,une nouvelle s~rie de GILG?I.~I(lJ¡Honiciens, ju~qu'en

G2!1; mais on it'eniend pas plus parlrr de l'écolo péripaté-

Licienne que des autres. Peut èlre fondue 3\'CC

l'AcatICmic; nous savons que dans les leçons de Plularque on

lisait Arislole aussi bien que Platon, eLcelle fusion s'acconle bien

avec l'espr.t d'un kmps qui ne (ai-ail cnlre les denx syslèmes

que des dilTél'cncl's plus app:lrcnlcs que réelles. Tout dir-pirut

en 520 sous le consulat de Uéc.ius, Juslinien envoya un édil à

Alhènes pour y intediro absolument, avec l'enseignement du

1211-"7,Pref,7!f?id).uc Fabrie.,lliGf.Cr., IV,p. 121.

268-isi1 PrubJblemenlapre~le meurlred'AlexandreSévère,236.s Uiocas$.,77,7,

ô7~3B5.

CB.IG!iIf, r'f'MI~le, 31

Page 393: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1115101HEDE LA PS1'CIIOLOCIBDES GRECS:170

droit, l'enseignement de la philosophie t. II flt plus il s'empara

des capilaux de Condalion grâce auxquels l'école de Platon avait

pu, méme plivéo des subventions publiques, continuer il vivre

et il les fit verser dans les caisses de l'État ¡,

Sept philosophes, à la l~le desquels se trouvaient Damascius,

le dernier successeur de Platon, s'exilèrenl à la cour du roi des

Perses, Gliosroès, où ils avaienl espéré Irouvcr, ce qui leur man-

qU3Í1dans la palrio, la sécurité et la liberlé Ils furent assez vile

désenchantés la conclusion de la paix signée entre l'Empire

et la Perse en 5.13, ils renlrerenl en Grèce, où un arlicle du

traité leur gai-antissait la vie sauve, la possession de leurs biens

et leur liberté de conscience personnelle mais le droit d'ensei-

gner ne leur fut pas rendu, et les écoles de philosophie de la

Grèce re£lèrenl fermées pour toujours.

J. Malab,L-\1'lll, p. M9 el 1,51,

9 Prccop.,Ilial. AntcJ., c, ~6,

Page 394: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

2. TADLEAU DES SCOLARQUES PÉRJPATf"'CIE~S,

DATES

el SCOJ~\nQUESpÉnrp.\Tf.ï1CIE~S

GOU1-EHSE11E.\1S

Alenndrc, roi de ~lacMoinede Arislolede Sl.1girc,de 335 à 32t.33G-3~3.

l'lol~rn~e,'Iii de lagus, de 323- Théoplimle d'k~r5se,de 3:U à 2111.283.

Démégritisde Pbal~rc, de 317 à301.

PIIMm(e Philadelphe, de 283 à Siraion de hmpaq"e, de !l81à 269,2-11,

'AnligoneGODJlas,rni de )Iacé-

doine, de ~1d à 2-13,

Euménès1, roi de Pcrgame, 263 Lyconde Troade, de 269 à ~q6.à2-11

Ploléméewergéle, de 247 a Q3i. llierony-musde Rhode3,cité par Cic~ron.

Anligone Oo<on, roi dc ~Jacé- ? Prmiphané; de fihodes.citépa S'raban,doine, de 233à atl.1. X11',avec Eudèrneet llicrun)"Dlus

Plcl'mée Phrlo lor, de 23i kUn aulm l'r .il,hJnè, e~[qualiéde péri-i-

Picl4mée Philopator, de 2iî à léiicien par les xholies de Denyvletoi. Thrace.

Philippe III roi dc ylacédoinc,? Prytanis, cité lur 1'1""l'I]lIe,Symp. lnit.,

lippe, roi de liacédoine, (Dekk Anecd.. lY9j. ade tti à 119. .1Wlon de Julis dans l'ue ue Céos, de ï?G à'd

(?) donl Ics Ou\'r-.¡;eset Ic nomonl élésouvent confondu, avecceul d'Arislonde Cliio, philuso('hebijicien.

? Ari,lunde (;0, di,Clplcd'Ari.loode û'os,9 Lyki.kus, ab.;olun,enlinconnu? Phonnion,cilé par Cicéruncomme~ri.

palélicien, de (lr., Il, 18.

Euménè3Il, roi de Pergame, de197 à t~9,

Page 395: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTomE DE L.~ f~S1'CIIOLOCIEDESGREfSJ1i

DATES1el I SCOL.IftQCESPÉHIP,1TÉT1CIE\S

el1

SCOLAfiOt:rs ptRIP.\TtnCIt.'iS

GOU\"ER~E!lE.~TS

1.\ILlle Pliili e. roi de Per- Crilolai¡; de Phaséli3en Lycie, Iju'oo trouve

game, do 159 à1311, diiu un àge nanc~, à lloiiie, eu I~,

It1)5, mbls5.'Ide de Carnéade.1üilollu. et Diu.ène

ltomei.)(fa8. Ilestruclionde Cuthage

ell

lprise lIe..lruclionde

C:u-lbase

ell'

Diodorede Ty-rljll>IJu'àI10, di~ciplede Cn-1~IJú;d d a~~rPsl.ic~rùo,son succes~eur

d a~rè.a~uJcol d .Ilex,dne,

$1. Alhénesas_ié ée r S 91a ~neu3 ab,olumenlinconnu,cil~comme81, Athènesas'l~g¡:epu S)lb).) ~~éripatélicienlenint école,parAili(née,

-H, de IlU à b9,1

(48, Dalaillede Pharsale), ? Albt'nion ou Ari,lioo. auditeur d'trym-neus. AII,t'nt'e,Y. JI!

Andronicus de liLudes, vers 10 (h~iX2";âab zo. i qui eul 1.i)urélève Ooélhuj de :;idun, dont ~lr..buosuivil les leçon. en l'héniÔe uu à "Ie-i.ndrie.

(H. 5leurlre de CP~r). Cralippede ~lilylèlleJrers ,U,

(31. Dllaille d',lclium).

Gouvernement d'.luo slejusqu'en ? Xénlrquo de ~éleucie'en;eilfie Aleno-

Il ap. J -l;h drie, .~Ibpne.;et Itun.cl.

Tibèrede 1-1à 31,

N~ro"de 51 à63. 7 1Iér.t'l'bylus,vers la Ondu premier a~clo

ap J -t'Il tlnul., Jynp., 1: l~.if.

Ve3p,:kbiende î0àà i9, ? Aspaeius.d'Ar,brodi,t'e,vers Is0G~lieuas,i,l~ ra U,j a des cuon f ili par

Domiliende 81 à 96. Ln de ~e~élèïei 1 1~1,p. :JI,à

éd. ,¡¡l'j'l,Trijan de 8:1à 111. lIerll,lnu., Ir~srrt'qucmmenlcirédâni le;

sclitlie. el 'u'Alel"ndre d AI'I,rvuLte1 Adriende 11à à 138. av,.it en~endu~JG~ull.~Ir., 49t, b.

Antoninle Pieux de 13S à 161. Ari,loclè5de lles,ine en &icilr, lju'AIo-IJndlCd'(lLrodi..te nouiLLesun unalre

l~iJlJllic i,~dc CECI le 3-1/,ulai3leixbulias de Ucrlio p 41l 1 donnent

au lieu d'A¡:¡¡cJTo¡¡).f:¡¡,

Page 396: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Sf))J,RQU£Srénrr,vT~rrcrévs 313

o.\n:s

et SLOLAnoL'ESp(mp.\TÉT.CIE~S

towewcxrars

~1,rc.Aurl'lede toi 11180. AIemnJre de nlmas, vers li6 IG~len..

CufllrnDd~de IBQâ ln.1. l, p 119; 1. III, p ~551.

Sel-iiineSr'ntrc de 193 11211. AJeundre d*1F-I;rodi~(e,au lempsdc SeNlime

Cr ralll de 211A:!Il,5t!1'ère.veri 2W.

Ilex:ndre Sévèrede2.'i 11~35.

PLilippcl'.tr,.be de :43 à '!J!). Ammooiu3le ripilélicien, qu'il ne faut pascunG~ndroaicc Amu.ooius S:kas,d'AICl-ndrie

GJlicn de ~53 11~63, PtulEm~eril~ arcc Ammoniu;, p,:r lJ.¡n;io,l'r,~ f. tt'p: wuiii ses con-

Les XXXT),ran3. lempvr,.ins,vers :50 afro J.-C.

Dioclfliende :!8-Ià 305,

Ju,lioicn de 5:1 à 565, Fermeturedeloule. lesécole3en5°_9.

Page 397: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

3. LISTE ALPIIAOËrlQUE Il.\1SO~VÉE DES P~RlP.ITÉT'ICIEVS

1. Abailard Pierre (1079-1142), L'espritde ses doclrines. ou du

moins la 1.'ntJance de ses idé-les,le purtait pltltol vers les idées de

Plalon, qu'illolle en ces lermea llote sine causa »:aaîimus Plato

plrilosophorunt pr:e c:eteris comneenclatccr3. Niais la logique élail

la seule partie de la philosophie qu'il 1111alors permis de prati-

quer el de professer oU\"erlelllent, et dans celle parlie do la

science Abailard est universellement dé.'igné et SI}dé5igne lui-

même commP un péripatéticien. comme un disciple d'Arislote,

Jean de Sali,burr. qui élail snn élève, l'appelle, dans son .llclalo-

gicus 3, Peripa(elicus Palalinecs ~lbailardus nosfer, et 10 prieur

Gautier de Sainl- Viclor dans le traité qu'il écrivil contre Abai-

lard, Pierre Lombard, Gilbcrt de la Poirée et Pierre do Poiliers

les signale tous les quatre comme impirés d'un rnème esprit, de

l'esprit ù'Alislote Uno spiriltc Arislolelico a/lcclé. Mais ces

mots étaient sous sa plume encore plus un anathème, une con-

damnation qu'un jugement critique. Ce qu'il reconnall et redoule

en eux c'est un cerlain esprit de libre recherclre, un goùt de la

science pour la science elle-mème, dont il attribue, non sans

raison, le réveil à la lecture de quelques ouvragcs dc logique

1 C'e5t-l-diredes philosophesqui ontaccepté,%en lout(lUen partieles primipe~essentielsde la philosophied'.lrislolc. Lci Grecsles nommaienlFortoisain;j lx,\vu¡"v pourlesdislingucrdes plaloniriensdésignés'uc/f/Uerol-¡sousle nomde

péripat~licieDifj 'An~I1!'X;' Ammon.,3~,b nd l' roccs,l'orphyr.Theol.Chrial.,l, I IJI. 1.Ilc,istJ.ilau xusitcleuneversionlalinedu Timéc,d.

ChaJcidiu.(Uuralor.,Anfiq.Ilal., 1.111,p- f03i!.1101.).1Il, 17,

His(.Unir.Pdrra.,Doulé,1,-&01.

DU LYCÉEl,

Page 398: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PÉRIP,1TÉTICIE\SDU L\"C~t: ~i;

d'Arislolc: Dialectici, dil-iI, un peu plus haut, q«ortern Aristo-

teles princeps est, solenl ar~nrrrenlalionurn vitia terrdere, et

lagam r·hetoric;~ I.IDP.RTATF:)II'tSJI(OrJISr710)'l11)1Srl)lCtaCOllClrl-dere 1. C'cst en clft'( l'honneur de ces grand~ e-prils que l'on ne

peut avoir quelque commerce avec CI'X, même dans la partie

purcnlpnt furm~lle de Irur œuvre philusophique, sans que le

sens l'lie gnrll de la ~cience ne s'allumenl dans l'intelligence et

que la raisrm ne reprenne possession d'elle-même.

A'niltrJ l'd'~(\:1I1aU¡\ris'ote p~ur son m litre et le maUre parexce:tencer!I1S l'art durai=onnem~nt Si Aristotclern penipate-ticorun: principem c«lpare pr,esumanaus, quern amplius in Irac

artc recipiemus 3 Il nr, ne le suit pas cepl'llIJanl, comme on

vicnl de s'en assurer, les yeux 1!IULà fait fermés, el on le voit

mêmejptcrà se. le «rot assez méprisant: a Aristotefea

L'ester3 38,Il a cfJmpo~éd,'s Gloses stirl'hili-o(litelio?i de Porple~re,les Cat~gories el le De Irtterpt·etationc, el il cite un peLil nombre

de passages des R~utalions des Sophi~mes et des Topiquestoutes:se- cilaLions sonl empruntées aux tralluctions de Unéce, II

dit lui-mème dans sa Dialectique G:Aristolelis enim duos

tarrturra Pr~cdimnrenta scilicet et Perihermeneias libros, usrts

adhuc lalinorttnz coyro~il D, (:1 il avoue qu'il n'a pu lire ni la

Physiqete ni la ~llé(aph~sicpc parce qu'elles n'avaient pas encore

été Iraduilcs Qux qttidcua upcra ipsitts n«Ilus adhuc traaslata

latinx linr~ux aptauit, ideoqete minus natura eorttm nobis est

coytila 5.

Au XIICsiècle la domination d'Aristote, au moins dans la

logique, est déjà universelle jusqu'au XVICsiècle elle ne fera

que s'étendre à loutes les branches des connaissances humaines.

Marsile Ficin constate, en s'ellorcant de réagir contre elle, cette

invasion aussi profonde qu'étendue du péripalétisme Totu,

ld., 1. l, p. -102.v, r.b.Jounbin,p. \!5.UPP-Ab., 1 Il, p, JH,

3 Thcol.Chri~t.,III, 1'!1S-1\!8~r ~PP-Ab.,ed. Cous.,p 'US,

Ouur.lnul. d'A6 p. 2W.

Page 399: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIŒDE l\ P~1-CfIOLUCIh;ms G!II:S:)16

fere terrarum orbis a peripateticis occupalns f. C'esl seulemeul

à la Renaissance que les humanistes, surlout au point de vue d:·.

la forme et du sly'.e, combattent l'aristotélisme scolastiyur~

comme une barbaric. Les philosophes reviennent au texte e!

aux commentateurs grecs, et parliculicrement à Alexandre

d'Aphrodiséc le moi irrité de Lulher: Arisloteles ac~

Theologiarn est lencbra a~! Gucem 2, ~Iélanchlon, poussé p~r

une nécessité pmliqne, n'hé-i'ite pas à con:eraer ses livres il,in~

le régime nou\'eau des études des réformés Carere rnoreu-

n:entis Aristutelis non possrnr:rcs; ego plaae ila sentio magrran:

dor.trinarumcon fersionena secutnram esse, si .l ristoteles aeglectn.

fuer·it, qui unusac solres est methorli arlife.c 3.

2..lbr~hsm l3en Da\'ill. itiit(It- To;èLle,écrit en IIGO, en arabe,

un ouvrage intitulé La Foi srrblime, dans 1,'qupJ il expose, en en,

démonlr.mt la \'érÏlp, 1<'3¡J"ctrilll' phi!o.;ophique3 d'Arislote.

3. Abus, esclave alir.mchi de Slratun 1.

4, Achaïcus, cilé comme périp.~lt;li~~ienpar Simplicius 5, Clé-

ment (1-Alexaiidriù et Thé,)dord, el que Fabricius nomme li

tort un stoicien 6. Zeller 7 cruit avec beaucotil) da vraisemblancc

que les remarques citée3 pir Simplicius sur les Cat,:rgoric,·

élaienl tirées d'un commenlaire sur cet ouvrage, et qu il est

sans £Joulo l'auleur de J'dihiqu(3 citée par Diogène, Vf. 9J,

5, Adam, péripatétician anglais, cité par Jean de S..slisbury 8.

6. Adirnante, disciple de Théoph..aste 9.

7, Adrasle d'Aphrodisée, cité par Galien 10, PorphyreIf el

Simpliciusl;, qui le nomme un vrai et fidèle péripatélicicn, ~I;lf

1Pra'f., a~l.Plolin.1 Epp., l, 1.61.et!,de 11'ellc.3 Corp.Il~·maf., XI, 28~.1 D. L.. V.6;).s Sch..lu.. 61, a. q3; 66, a. ~3,b. 35; 73,b, l0, 71, 1..21.1Fal.rif., 1. III, p. 636.7T. IV, p, 693ci 101.A:lle(af.,p, US.9 D. L V, 57,I~T. IV,p, 367.Il yif. Plofin., I~.If In Cotep.,1.

Page 400: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Pt:IUI'HÉTIr.IE.S DU LYCÉE 3j7

;w wr,,lwv I1!?m::r.n¡TlJl:oo'"Il cHe de lui un ouvrage sur l'Ordrc

des rfcrits d'Aristole, zef,lWr~;d;!w; TW'I 'A¡a1t?tD.J; YPX;J.:J.XTWY1,

un commentaire sur li-s Cal~r~orics i, un commentaire sur la

Physiqrie 3, et un autre sur le Tim~e Claudius Mamertus sIe

dé:,igne comme un mathématicien, el Fabricius Ilcroit que Fes

Ilarmoniqucs en [roi,; livresduivent e'<ister encore en manuscrit.

Achille Tatius 7 noinrne un mémo:re (le lui sur le Soleil, 'el

~1. 1 h Il. Nlartiri 8pense que la plus gnll1rfe partie de l'Astro-

rlomicde7'luon esltiréc d'un de se" ouvra~es Cesiundéfenseur

éclairé et un interprète habile el instruit de la philosophie

d'A risiole. Ses écrits élairnt lus dans 1'6:01e de Plotin. On ne

sail ou il a profe,;sé,

8. Iili-;isie de Philippe! di!:ciple .l'rislole o.

9. Ællé,iasde diseilile (lé-Théophrasle 1°.

10 Æ,;(~hrion de ~Iyti/~ne, di:i"le et compagnon

d'Alexan&lre Tzcll.ès le cite comme auteur d'"Larl, d'Iambes el

d aulres onvraneS U.

11, ,\galharchide:> de Cnide, qlli vivail sous Ptolemée Philo-

mélor, 181-147 av. J.-Ch ,5 ÈKrw dit Strabon 13,sécré-

laire d'lIéraclitle Lembus, et précepteur d'un priuce que MOlier

suppuse Mre Ptolém le PhY';COII, (1a\'ail composé des écrils his-

loriques et elhnographiques, drml;\lüller a publiélesfi-agrnentsit.

12. Agathon, esclave do Lycon 15.

In rhlt., 1, b- m.1GaI.,Gi6r prorw.,Il, XIX,42.Simplie., ilsPnyr.. ~6, b. m.1 POrr,h)T..In Ptolem.Ilarmon. IYatfie.Opp.,111,310.s n~srar., Arr.T. III, .15'J-8~.1 C. 19. p. 13\1,8 Tt.coSmyrn..Aafronomia,p. 7d.9 veP Ity~z.,V,oJ>illlt1l"10SI~p.pyz., V,~hyH.' Ild).1\ Sui,IHel EutlOIia,V, quidonncnlces ren~iin~men"sur le Ipmuignyedef

~iC.1ndrc.n t'"IIri~"D.Cr., III, c. 18.n. 19.13XI\ '< 15, (1-6afJ,

Ilût. Cr., III,161,D. l, V, 73-

Page 401: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIIIEDE L\ PSYCIIOLOGIEDES GRECs378

13, Agalhoclès, mentionné par L.ucien 1.

14. Aimneslus, lémoin IIUtestament de Théophrasle t,

15. Albert le Grand, né en 119:1, mort à Cologne en 1280. Il

asllo premierdes scolastiques qui ait reproduit l'ensemble de la

philosophie d'Arislole dans un ordre sp.lémaliqlto el l'ait inler-

prélée et Iransformél} dans 10sens de toiit en s'aillant

des commenlateurs arabes et en s'arpuyant surtnut sur Avi-

cenne. Sa méthode d'inlerprélalinn est plus libre et se réserve

une originalité et une personnalité p~us grandes que cello qu'à

suivie son disciple siinl Thnmas. Il l'expaso en ces termes

il Erit autem modua noster in huc op~re, Arislolelis nr,lincm el

sentenlbrn sequi, el dicere ad evplanalionem ejus et a-1proba-

tionem ejns quaerumque necessnria esse \'illebunlur: ila timen

quod textusejus nulla ~at mcritio. Dislinguemns aulem lotum

hoc opus per litulos cahitutorum, clllbi litulus osiendit simpli-

citer materiam capituli, signatur hoc capilulum esse de

serie librorum.\ rislolple~; ubieamyue illlilulo praesignalurquud

digressio IH, ibi aclclilum est ec J10~ia, ad suppletionem \'cl

probalionem incluctum l'alitei, aulem prncedamlo libro.: porn-

ciemus cod cm numero el nominibus quibus fecit libros suos

Aristote!es Et adclemus cliam alicnLi Jranles liGrorvrna i»tper-

/cclorunr, cl alicuGi llGi'U.~illtcl'lllÏssos L'Clouris~os qU03 vel Aris-

tolelcs non fecit, et l'orle si flcit, ad nos non pervenerunt3 J,

C'est dans Albert que nous lrouvons dislinguée, avec unc

précision philosophique, dans l'3me, Olllre la conscience, une

faculté qu'il appelle comme ~llerandre de Hales synteresis ou

synclcocsis. Elle est définie (tans la Somurc 1. qu. 105: « habilu:

quidam naluralis principiorum opemlrilium, sieut in'ellectus

habitus est pl'in~ipiorull1 speculabilium, eLnon potenlia aliqua, l'

tandis que laconscienceest aclus qua scicnliam iiosti-ain ad ea

quæ tgii-nus, tpplictinus jo. On a cru en rolrou\'er la première

IJcmODJ1,29, 51.s D. L., 5"

Phyt., 1; Tracl., 'L 1; Opp., Il, r, 1.

Page 402: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

rf:rur~T~r~crEasu~ LYCÉE ;1~

idée dans Arislolo, de Anim., III, 5, 23. L'origine du mot reste

encore incertaine

16. Albinus, écrivain lalin du IVeau v~ siècle- après J.-Ch. i,

dont Doëce mentionne un commentaire dialectique sur Aristote

en déclarant qu'il n'a pas pu le trouver. Galien avait, à Smyrne

(15t après J.-Ch.) écouté et suivi ses leçons 3.

17. ¡\Jcinoü~1 conlemlotrain d'Apulée, qui, dans son hrlro-

clrcclion ci lrc p~hilosohhie de Pl~~ton, confond san~ crilique,

avec les doclrines de Platon, celles des stoicietis et d'Aristote.

18. Alexandre, qu'enlendil Crassus, au rapporlde Plutarque',

et qui dclvinl son ami.

19. Alexandre ~1'É~ée, précepleur de Néron 5, dont Simpli-

cius 6 cite des exlrails d'un commentaire sur les Catégo~ies, el

Ale~andre d'Aphl'fldi~éo des extraits d'un aulre commentaire

sur les livres drc Cicl. ldr'ler le croil également l'auteur d'un

commentaire sur la DJéléonologie attribué, par d'autres à

Alexandre d'phrOlIi~e.

20. Alexan,lre d'rlphrodisée, chargé de la chaire de philoso-

phiepéripalélicienne, à Athènes, sous Seplima Sé\'ère, entre 199

et 211 après J.-Ch., disciple de Aristoulès de Messénie, el de

Sosigènes 8, auteur de commentaires notnbreur, savanls et

profonds sur rlrislole, qui lui ont fail donner les titres de b

Ott même de \/EWTtfoOçou Õ£.h£fo'J;'Apl'HIj,O:f¡ç(1.

21. rllczandre de Damas, conlemporain de Marc-Aurèle

(fGI-IRO), mailre du consulaire rlaviu· Doëthus, el professeur

officiel de philosophie ltcripalélicienne à Alhènes 10. Galien dil

1Cf. Theoln,g.f~uorlrlsrhri%I,5~, cahier2. Tribing 1810,p. 'nI. lin mdmoired~~Jalmelinlilulé 11'oher sl~rnunlrleur1 usJrückSyndrresrsbei rlrn Scholn~~likrn Ciun aulrede ilins JaIrrG.f. l'roresf.Theolo~it,vol. V, 1819,il. 1J?.

Ilt Inlerpr., 1.ile GiGr.propr., Y_l'if. Ci-au., 3.Sui,1 'o\),.

6 Stholl. rlr., Y9,a. 40./d -HII,b. 28.

1'!iiI."I'OIl,Scl~oll..tr-.158.b. 28; 711,h. 1~.Da~iJ,Sclroll.Ar~ 48, a. 21.

19Galen.,de rra'nnf., r. 5; de rlnolom.,l, 1.

Page 403: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE PS\'CIIOJ.OGIEDESGnECS780

de lui b vw nl9rtv'ryv ~t;to~aev~; sG7, 'It£rl~1nITlxo~, Myou;~13i1X£¡-'~-rl!l-')'j! YI'¡W1'«(J)'Ip,h szn),ÍT(J)'I?;, i?.).i sof; 'AfllJTo-Ti),o');7tt01X!(:J.¡O;lLiÀÀ'J'I,

~Z. Alexandre, le roi Ill' llauérloine.

23. Alexandre de [laies, mort en 121;"), le premier de_,scolas-

tiques qui ait connu toute la philosophie d'AI i~tule cI rail mi-ze

au servico de la th o!ogie chrétientie. S il ne l'exl'o.-e pas,

comme Albert le Grand, en lanl que (locti-ine j,bi'n.4ciphi(lue, il

s'appuie sur elle dans sa Somme de Théolor~ic, oU\"l'agc tréi;

orllwdnxe cl recommandé par le P.il)e 1.

2t ,\Ifrf'd l'an;:laia, du XIJesiècle, mneur de comf:lf'n/3Ires

surles Jlcthcora Aristotelis et ¡Il eermdem de l'er~etabtlibu·. Les

(1111(;(:011';\'IIJIeS ne ~onl p:~s lies fonctions de I"ùmf', \nais de

l'étre qni ré;u'te de l'union de 1àme el du c. rp, de l'êlre

vivant. L'¡lme n'esl 3mP que llar le coi-ps, comme le corps n'e~l

corp~ que par I"¡lme~. 1.'homnls esl une unité et

l'âme n'rsl qu'une pnrlie cc"li'iluli"e de cet ètre coyllexe.

~5, AI Farabi tabu l'asr .\loh3mmed, ben lluhammed. ben

Taskan de Furah né ver~ la fin du xie siécle, professeur à

Dagdad uù il avait lait ses ~ludes, puis lt alep, el enfin il Damas,

où il 111ouru en 950 apréi J.-Ch. II suil dans ra logique, avec

une fidélité absulue, la doctrine d'Aristote, m<tis dans sa méta-

physique il admet des propo:jilions plalonicienncs et surtoul

néoplatoniciennes.

20. AI Kendi (Abn Jusuf Ja~ub, Ibn Eshak, AI Kendi, c'est-

à-dire le pèledeJoseph, Jacob, fils d'Isaak, du pays dAKendah),

né à Barsa sur 10 golfe Persidue, vivait vers le milieu du

f~e siècle, jusqu'à peu près 870 après J.-Ch., mâlhématicien,

aslrologue, médecin, il est aussi célèbre commo philosophe el a

composé des commentaires sur les écrits logiques d'Aristote.

1 L'~meestla (ormedu corps.suiv301lui, miis non pas en tanique1~~corpsnedevientcorpsqueptr elle.le corpsa déjàcommelei S.1Gnmeonurelle,1 laquellel'âmes'ajoule,commeune secondeformesuparieure.Siebeck,1.11,p. 429. CucA.~i.Psych.

t Sieb.,j.J" p. li7. IlibIiofA.philor./lied,~i., 00. D.1racb,Il, 31.

Page 404: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PÉRIP.1T~1'IC'E\S DU LYCÉE 38t

27. Amaury deCharlres, morl en 1'206,à Paris, où ilproCessait

la lhéolugie, et condamné par le synode de 1.109, Iroi,; an,. après

sa mort, pour avoir expliqué en chaire, oulrp les livres de

logique, la Pliysique et la ,Ilr;laphgsique d'Aristote.

28. Ameinias, qui (lriure au leslament de Slralon t.

29. Ammonius d'rllcramlrie, mnilre de Plutarque, mais qui

est un vérilablo académicien, confondu par Fabricius avec le

Slli\'¡¡nl.

30. Ammonius, cité par LonJ.!in i comme péiipatélicien fort

savant, mais qui n'a laissé d'autres écrils que des poésies et

des discours d'apparol.

3~1.Ammonius Sakkas, d'Alexandrie, contemporain d'Ori-

gène, le fondateur du néoplalonimle £'t le mailre de Plolin.

Hiéroclè." pi-étend que ce pllilŒophe éclairé par Dieu mème a

le premier, compris et exposé dans leur sens vrai et fidèle les

¡/oclrille:¡ de Platon el d'ArisIOlf', a mis fin au dissent ment qui

Ilepui" tanl de siècles dmisail les ~leur écules, el prouvé qu'ils

s'accordent dans tous les points essenliel;¡ J 3.

32- Amiiioiiitis, fil:> d'lIerm~ias, maUre de Philopon, d'As-

clépius de Trnlles el de Simplicius, di;clple de Proclus, et chef

de école d'.llexandrie l'un des plus féconds el de~ plus auto-

(les comnenlaleurs de l'Jalon et surtout d'Ai-isiote

:th(no'J;wjiih¡7£

n;)y ;;w;ton'Y.'Y£Y"r¡:.Liywv iÇ.'¡'YT¡,WV, !J-iH'Jv

(;1 Tl.

"\¡;Inc".l'J'J; i';1¡7Jn¡,o 1.On a con-ervé de lui des cnmmentaires

sur l'Inlrvductiuzz de I'urphyre sur les Cut~jo~·ies 5 su le De

lvterprelationc on cHc des extraits d'un commenlaire sur les

P~eni~ers a~zalftiqzzes, et on esl auloi-i-4 à lui alti-ibuer un

ounag. sur les livres du Ciel, sur la Jl~téorofogie, sur la ~lléta-

pllys.qrze °. Il n est pas cei-taiiienient l'auteur dela vie d'aristole

qui nuus eslIJaf\'enue Suus ~Oll 110in.

1 L.. V.61.

1f'orvh)T.,l'il. Plofin.,20.3l'hol. Dib.,Cod :1>1,p. .ttJI, a. 21.

DJm.1Sc"lai.l.,i\J-5 Dr.InJisel l'r4011en conteslentI"aulheolicilé.8 2eller.1.1',p, 750.

Page 405: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

III~TomEIl.:Li l'31'CIIOLOGIEOESGnU~":I¡i~

33. Amphion, disciple de Lycon'.

31E. Analolius d'Alexandrie, év'édue de Laodicée, vers 270 ap.

J.-Ch., tellement versé dans la philosophie p~ripaléticienne

que, d'après Eusèbe on voulait le faire le chef de cette école

il Alexandrie. 7.cller eslime qu'on pourrait lui allrihuer le frag-

ment cité par Fabricius 3, tandis que les fragmenls reproduits

par Iamblique1 doivent ètre allribués au néoplalonicien Ana-

tolius, son maUre.

~3. Andranlus ou Adranlus, qu'Alhénée signale comme

auteur de cinq livres sur les ~fhiyrccs de Théopltraslc et d'un

sixième sur les ~tltiyrrcs ci ~icontayuc d'rlrislote, que s'élait

approprié un certain Iléphaalion 5.

36. ~\ndronicus de Ithodes, le onzième chef de l'école péri-

palélicienne, à rllltbnes, d'après David 6 et ~lmmonius le

dixièmo seulement d'après une autre scholie 8, diflérenue qui

provient de ce que les uns comlent, les aulres ne cornptent

pas Arisloto dans le nombre. Slrabon!Jle cite avec Panélius,

Slraloclès el Léonidès comme un des savants et des philosophes,

T(Ô'I':t£?1Y-il ~u.mifzç, clui sont originaires de Ilhodrs.

C'cstlui qui gràce à Tyrannion 10 pût donner la première édi-

lion des écrils d'Aristote disposés par ordre do malière fr,

1 D. L,. 70.Hiat.Eccl 1'll, 3~.

J Bib (;1",111,A6:.Theol.Arilhm.

s Alhen 1X\ 613.Casaubondit sur r.op.1>5Jgo Qui5aulemhie ~ldrantuatGr2cisquO<equidemsciam,u,ilalumid nomenviri nunfuil nequeinler Mis-(oldis inlerprtles (lalemhune fdril Alhenæus¡~ndranl!imu--quamnuiuinalum

rCptric5.A,Jr.LilulIIpcripslclimm,inlerpietemlibroruniAri,lolcli. niulliDominant.

.4lquehic, .111ien~oamicus,v;elilrn forl.is~epræceplureso laluil ,-j,ilenimsub

.lntuoinis,juveneadhueAlhenwo,ul nonsinecaumejusviri n¡Jl1Icnhoclocoresli-wendume~c vi-JeaturquuJ laniennonpuninmsnos,sed LlDlUDJproponimus.

d Schotl.Ar., 2.1,a. ~0; 2; b. 42,Schol!Ar \1-&,3.21j 91, a. 19.

a 11'aiz.,Urg., 1.~à_\11', 1~9 Tauuhn.

10CesavantavaitpumeUre1 proOl1abibliolbèl1ued'~pcllicoo,queSylla,aprèsb

prise d'Athènes,arail faitIran>puner1 nome,Y. monBaaai la PlI/ch,d'Ar..

P.60sqq.Il Porphyr.,Pfof., 2-&;Plul.,Syll., id,

Page 406: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

"f:nlf'ATÉTICIF4'iSIJU LYI~ÉT. :k4;1

pourvue cl'un cataloguc qui renfermait sans doute, outre la no-

menclalure des ouvrages, des ren:;cignement5 criliquessurleur

authenticilé .leur contenu, el l'ordre dans lequel ils avaient

été composés, ou plus probablement dans lequel ils devaionl

êlre lus et éludiés '3.

Les exlraits que nous en font conna1lre les scholies nous au-

lorisenl lui allribuer des commentaires sur les Culégorics3, qnc

Simplicius qualifie de paraphrase 4, peut être également des

commentaires sur la Plysirlue, sur le de Anima, sur l'Ëlhiqree.

Des deux ouvrages (lui nous sont rcslés sous le nom d'Andro-

nicus, l'un inlilulé cle Animi a/rccliorliGns, apparlienl à un

écrivain du we siècle, Andronicus Cililislus, l'autre qui est un

commenlzire surl'l~'lhiqr~e it ~iconmrrpe, n'est certainement pas

celui qu'on pourrait allribuCl' n A ndronicus de Rhodes 5. Il

semble avoir montré dans son exposition et son exégèse des

ouvrages du mJ1Ire, quclqu'indépendance d'esprit et une cer-

laine originalité dc pensée.

37. Andronicus Callistus, de ConslanlÍnople, venu en Italie

après la prise de sa paIrie, vécut le plus souvent Rome chez

Bessarion, s'en alh à Florence et meurt à Paris. Il est célèbre

par ses élud~s sur Arislole, la pluparl inédilc.s, 13oernei-, p- 169.

38. Androsthèncs, 015d'Adimanle, disciple de Théophraste G.

39. Antipater, roi de ~Iacédoine, disciple ou plulôt ami

d'Arislole, el curateur de son testament 7.

1Schol!Ar_,81, a. 27. Simpliciusrapf'Orle,en la bl3mant,l'opiniond'\Ddro-nicui qui allribuailà un aulrc auttur qll'Ari~10leles derniersparagraplieidesCaftgorie:.

t Id., Y3,b. £1, DariJ ~ous ne coonaissonsles ou~-ragesd'Arisloleque damleurélit i;ol~,;i fi,( 3~mpEa=m;.C'e~lpourquuinuusnesamnspasparlequelfautcommen,'crà le prali'1ucr,Ti \Il-.1<&)'[';v.\I!nZEI:;la;lE~:Z.b

3 SchollAr, H, a. 3u; 40, b t3; Gi, a 25.ld., id., 41, b '5. 'A.vl)I(,' th tLwK2~y"wvlI,~).I"v,VoirBr~ndis CGerdiegnech. Au~legerd. Organons,1!ém.de l'Acadde

Berlin,1833,p- 213 7.eller,bie Pril. d Criech., 1. IV,p. 55\),sqq. Pranll.Cesch.d. Logik l, 531.

Il !J-L..Y,57.Qu'ilfautdislinzuerd'ndro;lb~nc3,iiI;ducompagnond'AleI3Ddre,Onéoicrile,diiciplede Diugéncle Cynique,U-L., \1, ;5, 13, bO,81.

7 "ri.IOCI.dansEu-eb., l'ra'p. El' XV, 2, 9. Dio¡',1, V,~7. Deml'Ir,.de

Elmi., 'H~.ÆI., il. lar., \1\·, 1.

Page 407: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1JJ5TOinEDE Li PSYCHOLOGIEDES GnECS:181

40. AntistMnes, le péripatéticien, du commencement du

~econd siècle avant J-Ch., né à Rho les. Suidas lui allribue

l'écrit b 1 que Diogènei cile comme un ouvrage d'Aris-

tole, mais que l'anonyme met au nombre des pseuMpigraphes.

4 1. Apellieon de Téos, qui, au cornrnencemenl du -1orsiècle

3vantl'ère chrélienne, découvrit à Skepsis les livres d'Aristote

et de Théophi~aste, fort endommagés pour avoir séjourné pen-

dant deux cenls ans, dit-on, dans un caveau, où les avaient

~achés, on ne devine pas dans quelle intention, les hériricm de

Nélée, disciple d'ilristote et d~~Tlréuphrasle. Ules leur achela 11

grand prix mais comme il était 1)luti*ptun amaleur de livres

qu'un philosophe 3, les copies qu'il fil faire do ces textes pré-

cieux, furt'nl allérées par de nomlrrcuses additions (lestinées à

en remplir les lacunes Alhénée 5prétend qu-il s'élait adonné

à la philosophie péripatélicienne, et r1r storlèsa qu'il avait com-

posé un ouvrage sur Ilermias et Arislole, d'un conlenu sans

\Joule biographique.

42 ApollllJ1ius, péripalélicien, dont Plularque célèbre le

dévouement et l'amour fraiei-iieIS7_Ce jeune philo50phe, comme

il le désigne, avec un rare dé"intérci',Semenl, s'élail efforcé de

procurer son frère, Solicm. une répulalion supérieure à la

sienne propre. Zeller 8 conjeclure que ce pourruit etre le même

dont 5implicius cite un é~rit sur les Cat~r/ories el qui élait

d"Alexandrio o.

43. Apullonius de Soles, maitre de Démélrius d'Aspendos 1°,

4 L J\ pulée de Madaurc (vraisemblablemenl né entre 126 et

132 ap. J.-Ch.), dans le 3a livre de son ouvrage De Dugrnate

1 Suid., V. 'A"~I'7~.t D L-, l, 1, 8. Cont 31en2l~.3 SIr-db., Xiii, 1, .'4.1 V mon Essai a. la Naych.d'rl r p. 6615V, 21/'1 f.useb-, Grap. Ev., XV, 2, 9.

De Am Frnl 16.1 T. IV. p 6J L.9 Scholl. d r., ti3, b. 3.10D. L., V, 83.

Page 408: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

h~f11P.1TL`ffl:lL\SDU L5'C~E 385

Plalonis, qui Imite clephifosophia ratioriali sirc ~£(I Í:¡;:u¡v£l:t.ç,

expose plus ou moins fidClemenl la logique d'Aristole. Outre

l'Alroloyie, les l'loricla, les dl~la»rorPlroses cI le dialogue

intilulé Asclépi«s, on a de lui une traduction latine du de

.llm«lo attribué à Aristote, dans la préface de laquelle on lit

Qoaoe nos ~1 ristolelem rwulc»tissinr«»r et cloclissim«»e phi-

losopJiorcrm cl Tlecoplrrnsl«m auclouc»c secufi, yuant«nt Possrc-

nr«s coyitalione contin~ere, clice»r«s D. Il est vrai que la partie

de celle phrase relati\'c à Aristote manque dans les meilleurs

manuscrits ce qui fournil à Teufi'cll'occasion de supposer que

ces mots ont élé ajoutés par un grammairien, et d'aflirrner qUI}

le de Jlunclo est un ouvrage de 'l'héophrasle. Je ne vois pas de

raison pour accepler l'hypolhèse de Tetiffel, ell'intel'prélalion

de Zcller, qui, dans ces mêmes mots, veut voir exprimer par

Apulée l'opinion qu'il esll'auleur du traité et non pas seulement

le lraducleur el le commentateur.

45. rlnloine (~Iarc) qui, dans le dialogue de Orcct., II, 36,

parle comme un homme versé dans la philosophie péripaléli-

cienne el qui en accepte le~ doctrines. infais quel fondemenl

hislorique a celle cxposilion ?

40. Arcésilas ou ArcésilaÜs de Pilane, en 1;'olie, vers 315 m'anl

J.-Cli. Avant de devenir le disciple de Crantor, do Palémon

el de Cralès, il avait apparlenu au Lycée et avait suivi les cours

do Théophraste l,

47. rlrimnestus qui n'esl autre que Aimnestus cité plus laul.

48. Arislide, curatcur au lcstament de Slmlon.

49. Arislion~,

50. Ariston d'Alexantlrie, péripalélicion d'après Strabon 3,

nommé par Simplicius, [n'cc Doëlhus, Eudore, Andronicus et

Alhénodorc, parmi les anciens cOlllmentaleurs des Catéyories;.

C'est san~ doule lui qui, d'après j%l)ulée-1, ajouta aux formes

1 U. L 11',29. Sumen"Euscb.,Pr. EI' :'1:1\n, JI.j 1'uir,1,lusloin,Alh(nion,n~117.a \ll, l, 5.

S'cl~olf.'\¡' 61 a. 2;s UeUogm.hlar., III.

CH-uc~n,P~~rnoro~re_ ~s

Page 409: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE Li PSYCHOLOGIEDE5 GRECs3m

des syllogismes qu'avaient élablios Aristote, trois modes de la

première figure el deux de la seconde 1.

51. Arislon do Céos ou plutôl deJulis, successeur et disciple

de Lycon i, dans la direction de l'école, Nous ne connaissons

que les Ulres deses ouvrages el quelques fragments, d'un con-

tenu historique, enlt"aulrcs une histoire du Lycée, On leconfond

souvenl avec Arislon de Chio, sloïcien 3, auquel apparliennenl

les fragments cités par Stobee.

52. Ariston de Cos, disciple et héritier du précédent s. Sim-

plicius en fait un successeur d'Andronicus 5.

53. rlristobule,'lo~8x~o; 1!£rIit1HITI)(~; sous Plolémée

Philomélor, vers 160 avant J.-Ch. Eusèbe et Clément nous ont

conservé des fragments de ses ouvrages, qui paraissent aulhen-

liques, car il semble certain que Clément les a eus entre les

mains. Son but était de montrer que a la philosophie péripatéli-

cienneeslsuspondueà laloi de Moïse, et aux aulres prophèles JI1.

On lie voit, dans les fragments, rien qui apparlienne plus pal'li-

culièremenl à la philosophie d'Aristote qu'à celle de Plalon.

54. Arisloclès de Messine, en Sicile, maître d'Alexandre

1 Zeller con¡eclureavec beauC<JUpde vraisemblaoceque ceh suppose un commen-

laire sur lei Premiun artalYliqms. Il y a lieu de croire que c'csl le m~mepenon-

nage donl parle D. L., 1'll, 16,1 Seilus Empiricus,adr. Jlafh., Il, 61, ci Quinlilien,laalil. Or., Il, 15, le nom-

menl, l'un le YVW?II1'i;,l'autre le diseiprrlusde Critoi-iùs; Strabon, XI\ 2, 19,

prélend qu'il a élé le (rltù-r;.ç de mon du 1Jo'1-sI"~ne.D'un passage de 8C\lu5,

Pyrrh., 1, ~3-I, cI de D, L., 11', 33, s'ils s'appliqueulà lui el non au sloicrendu

mémo nom, il résulterail qu'il élail contemporain qui mourul en îll

av. J.-Ch. Cic~ron lui accorde des qualilés li((éraire. mais lui refuse l'aulorilé en

rnaliérephilosophique,de Fin., Y, 5. ConcinnuideinJe el clegans hUjui disripulns

Arisio; sed ea quæ desideralur a magnophilosoplro,gra\ilas, in co non fuiL Seri[-13sane el mulla el polil.1;sed ne.scioquo paclo aucloritalem oralio non habet. »

3 D. L., V, 70, 1-1ci \'ll, HH. Zeller, 1. 111,p. 151. plushaut le testamentda

Lycon.4 Slrab., XIV,t. 19. '~lp. &)1'1i¡J.~v'.); sa0 1U~LJI:l0')'j xl-rpQ-05-

Il,1:1, lnh6v.

5 Scholl..tr., G:),b. 10 el 66, a. 38.

CAronic.Paach. a~l 01., U9, 178. Euseb., Chron., 01.. 151. Clera., Sfrom.,

l, 31' Il se déigne lui-mémccommelei: EU5eb.,Pr. F,r., Vit, U, l, dvbxai nYE;

lipT.al tL~r tY Tç( ~t~!tJ!(¡);%vse(EY.so4 Il!f'\1(~'t~'J.1 CJem.,Sfrom., Y, 595. "V 1t!~LJlu.Ú,v ~f).0?Gtl?'I ÎY19S0~1I2t?a:~IfJIJ017

-#6kto-J11: t'V zxi.wv 7,~tT.a1hl1tP'.)~'it¡;'v.

Page 410: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PÉRIPATÉTICIE~SDU L\"CD: 381

d'Aphrodisée l, auteur d'une histoire crilique de la philosophie

grecque, dont le lilre est 7-.cpldans Eusèbe el 7repl

~IÀO'1°1'(x~dans Suidas. Malgré son adhésion à la doclrine péri-

paléticienne, qu'il défend contre les objections de ses adver-

!'aires, son esprit penchant à l'éclectisme est rernarquablement

hienveillanl envers Platon, el sa théorie du \'o~7Gconlienl déjà,

comme l'observe Alexandre, son disciple, manifestemenl des

idées sloiciennes 2.

55. ~lrasloclés de Pergame, sous Trajan et Adrien, d'après

Suidas, contemporain d'Hérodcs Allicus d'après Philostrale 3,

c'est-à-dire un peu plus jeune. Ce l'hé leur s'élaÍl adonné dans

sa jeunesse la philosophie péripaléticienne, que Synésius&

l'accuse d'avoir ahandonnée pour la rhélorique,

56. Arislomachus, disciple de Lycon 5.

57. Arislote, fils de Nlidiasetde Pytliiade, pelil-fils d'Arislole,

et disciple de Théophraste G.

58. Les scholies d'ArÍslole 1, et C3-rille 8, donnent pour

maUre à Alexandre d'Aphrodisée un Aristole, nom au lieu

duquel on lit, il semble avec raison, dans l'ancien texte de Sim-

plicius 9, Arisloclès. Comme on ne connall pas de péripatéli-

cien du nom d'Arislole qui ait pu êlre le matlre d'Alexandre,

nous supprimons ce personnage, qui lie doit son exislence qu'à

une erreur de copisle, du nombre des péripaléliciens, et du

nombre des élrc.s réels, comme l'onl fait Zeller 10, Nfùllei-Il, et

Val. nose Il, Quanl au philosophe 11qui S)Tien13el David Il don-

1 Simplie.,de Ca'1.,p- 31. Aulieud'Arislocll's,lesscholl.d'à.-isiole,-IH,a. 30,donnenlle nomd'Arislofe,

.llei., dt Anim.,U5. ŒH'1'<111H1'd3:xcv~ovT',n 'to..h<.i' oiGt 0t &1'<"li,1:T<.i!i,9,ot£v.

3 l'i(. Soph.Il, 3.4 Uio" p, 1%.5 D. L., Y, do.6 D. L_I53

ScholÎ.,,¡r., -111,a. 30.6 C.J~~li~n.,Il, 61.De Carl.,p. 31, b.T. IV,p. 10a.mh'rngm. HiaL,Il, Ij!}et IV,330.

ArialoléJ.,Patudepigr.615.~aScl~oll.in JItL, XIII,3.n Scholl.Ar., p. Y8,a. YI.

Page 411: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIRÉDE 1~.1PS\"CIlOLOGIEDES GRECS388

nent le nom de second rlrislote, on sait qu'il s'agit d'Aleran-

dre lui-méme.

59. Arisloxène de Tarente, voir plus haut, p. 322.

60, Artémon, qui a\'ail réuni en un recueil de 8 livres les

lettres d'Arislole l, anlérieuremenl à Andronicus, qui en compta

20 livres 9.

61. Asclépius de 'fralles, disciple cl'Ammonius 3, auteur de

commenlairc; sur les premiers livres de la ,~l~ftcrhlysic~ue

d'Aristote et de scholies sur l'~Lr~itlrmcti~~uede Nicolllaque de

Gérase, encore en manuscrit~. Il ne faut pas le confondre avec

un médecin du mèmo nbm, comme lui et en même temps que

lui disciple d'Ammonius 5.

62. Aspasius, qui a enseigné dans les ~5 premières années

du lie siècle 6, auleur de commenlaire~ sur les Catégo>'ics, II.)

de lnteyretationc 7, la Ph~sique,la.llétaplrysic~ue, les livres du

Ciel 8, Ses ouvrages é,taienl lus dans l'école de Plolin o.

63. Aslyanax, frère de Lycon 10.

61. Aslycréon, correspondant de Théophraste cl.

65. Athanès, curaleur au lestament de Simlon B.

0(3, rllhénée de Séleucie, conlemporain de César et de SIm-

bon ~3.

fi7. Alhénion ou Arislion, dont le père avait ét~ disciple

d'f;rymnœus sous Milhridale B, philosopho péripatélicien, qui

1 Demelr.,de Eloc.,223; Davi~l,Scholl..I r., p. 2'. a. 26.$ Y. Es. s, la l a~ch.d'.Ir., p. 9t.L.3 Scholl.ar., 571, b. 26; 6W, a. 29.

fkmillaut!,Thto SJ~nu-n_,p. 212.s Scholl.Ir_, GOG,b. Il.Galen., (leCogn..In..llorL., 8.1 Doel.,de Inlerpr.,T. ,lspa·iu~el Alexandersiculin alüi .lrislnleliplibris,ila

in hocquoquccommeolarioscdiderunl.8 G1len_,de fiGr.propr. c. Il [locI.,de Int., Il, 2(11j Simpl.,Phys., :1-3,b. 0

id., de Gu'1.Schotl.Ar., ~19t,b. 31 513, b. 10; Alex,aphr., Sclioll.Ar., 701,n. Il.

9 Porphyr.,l'il. Plot.rop. f. 69.Il D. L., 50.ra U. 1. 62.n Slr.lb., XIV,5 -l, /;iO.Alhen' V 4-11D'aprèsun(ragmenlde PosidonÍus:1 Dansl't'coledu péril'}:

lélicienEl1'mnlcse lrouviituncerlalR.\Ih~nion.(orlappliquéIl1.1science,Celui-ci

Page 412: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

r(.mr>utTlcIEXSDULlC¡::£ 3B:!

fut la tc~lc de l'école tllhènes, fi Messènc et à Larisse de

Thessalie, et enfin devinl le tyran d'Athènes, On le nomme

parfois philosophe épicurien i.

68, Athénodore, dont Diog~ne cile un ouvrage en huit

livres inlilulé IhF{;Z' mais que \ténage atlribue un autre

Athclnodore de Tarse, fils de Sandon, maUre d'Augusle et de

Tlbl're.

fi!). S. Auguslin ne semble pas avoir él~ louché direclemenl

par les doctrines péripatélicicnnes mais il n'a pas échappé àL

leur influence. Il compte tlrislote comme un platonicien qui a

fondé une secte séparée, secta, lrxresis; mais il reconnalt en lui

un ( vir cxccllcnfis ill[Jellii ct eloqnio Plccfoni quidem imnar,

sed mrlltos /'ocile supes·ali.s3 p. C'est probablement par les néo-

platoniciens qu'il a connu l'aristotélisme.

70. Av·emhace (Abu Iiehr Mohammed ben Jahja Ibn Badja),

ayanl acllClé une esclare EgyT~lieone,en fil sa maUri'<C. Soil de lui, soil d'un

aull-e, celle femme mit au monde un enfant auquel elle donna le nnm de son malin',Alhénion. Ce jeune homme, qui s'adonna à l'élude, s'empara, il l'aide de sa m~re, de

l'e;pnl de son maUre devenu Nieux, hérila de lui après sa morl, el de\-inl frauduleu-

semcnl citoyen .1Ihéni~n. Il Epoust une belle fille, après cch se livra à l'enseignement,allira dans 5.'>nécole be-aucoup de jeunes gens. a\-oir enseigné il Nlessène

el à iirisse de Theswlie, cl avoir Oraucoup gagné d'argenl, il rc\inl à Alh~ne;

Li, élu alllbhsadeur d'Ath~n~s auprès ile 11iI1~ridOc,donl la pui:anrc s'étendait el

sc fortifiait, il s'in-inu1 dms les h.:mnes ~r-.iccs de cc roi, qui lui acconta sa ra\'eur

el beaucoup d'honneurs. Ii l,rcfil.1de celle siluation pOlir faire e_pércraus ~%théniens

d'ulrc délivrés du joug des Itoniains cl de recouvrcr leur gouvernemenl libre el

démocratique. son rcleur i .\lh~nes, il y fuI acclamé cl l,lict'àla We du gouvcr-nemen/. Son régne ne fut pas de longue durt'e; il ~c munlra cruel, impru,lenl el

rapacc. Il y-ouM s'emparer du IrE·or de Délos. ccl eci. il envoya dans l'ile

ahcllicun de Tt'05, devenu citoyen d'AIII~nC5, cl qui menail une vie Gu1 agitée cI

d'un riche dé¡:l)Iil~, "r-'VI.O~ Il lui arl'i\.ail mEme ,le phih?sophcr cl dc se \-ouer à

li l'llil')sopllie péri[ll!éliciennl'. Il a\'ail arhclE la "i"li,)I"l\Je 11'11;lole ci beaucuupd'au Ires encore, car il était fort rirhc. il déroba du :\¡<'Iro~m en '<'1 f'°Sôc,¡onles décrcls iutfbgrjphei des ~ncil'ns, cl acquil dans d'autres villes loule; les piècc.ancicnnrs cl r,urs. Il était rcrhertliE pour ces acles à Alllénes, cl coureil des dan¡:rrss'il pris la fuite- Il rcvinl hlus lad, et sul gagner le j,cul,le. Il sc fil in;cnre,

avcc Alhrnion, sur 1,-tli:lc des de la méme sccle..llelliron lorlil donc

hur IIEIos nec une fnl'Le armé. qu'il Slit mal l'él'1rlir lk~ur la Mfensc. Orubius,

:;rn~ral des Hom.lins, surpril la garni·on cl lo masslc. AI.cllicon se sauver dc

Dr~lns.v1 Plui., S~II la, Il, 23.

i III, 3, el 36.

De Civ. U., \'111, 11.

Page 413: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE t<1 f'S\"CItOLOGIEDES GRECS390

né vers la fin du xie siècle à Saragosse, mort en Afrique en

d138. Auteur de mémoires de peu d'étendue, en parlio perdus,dont M. Munk 1 a donné les titres: entr'autrcs des traités (le

l'Ame, sur l'Union de l'infellecl avec l'hom»re, des commen-

laires sur la Pleysiclue, la Ol~'tc'orologie, et les autres écrils

de physiologie ps)'chologiquo d'Aristote, et enfin un ouvrage

original intitulé: le Guicle du Solitaire.

71. Averroës (Abul Walid Mohammed Ibn Ahmed, Ibn

Diohammed, Ibn Rosch), né en 1426 Cordoue, mort en 1198.

Peu de temps après sa mort était détruite la domination des

Maures en Espagne, et s'éteignait la philosophie arabe, pour

livrer tout le monde oriental à l'oppression absolue et mortelle

pour l'intelligence des doclrines du Koran. Plus encore qu'Avi-

cenne, et pour ainsi dire sans aucune réserve, il est un disciple

d'Aristote, qu'il considère comme le fondateur de la connais-

sance scientifique qu'il a poussée à &1 dernière perfection.

L'interprétation donnée par Averroés de la théorie du No;

combattue par saint Thomas, s'accorde, au moins pour le fond,

avec celle d'Aloxandrc d'Aphrodisée, mais ce n'est peut ètre pas

à tort néanmoins que llarsile Ficin 9 estime que plus d'une fois

lous les deux c videntur a suo etiam Aristolelc cle`ecissc J,

72. Avicebron ou Avencebrol, nom sous lequel les scolas-

tiques désignent le juif espagnol Salomon hen Jehuda ben Ge-

birol, né à Nfalaga vers 1020, culliva à Saragosse, de l'an 1.035

à 1069, la poé.sie et la philosophie. Il est l'auteur d'un livre inti-

tulé Fo»s vit~, cité par Alberl le Grand 3 et S. Thomas', dont

le contenu est un produit des dogrnes juifs avec des idées phi-

losophiques empruntées à Aristote et encore plus aux néo-

platoniciens :1.

72. Avicenne (Abu Ali AI Hosain, Ibn Abdallah, Ibn Sina),

né à Arsenna, en Boukharie, vers 980 ap. J.-Cli., enseigna la

IlElongp

38B.i

Pral .ad .Plol.3 Summ., 1, d, 2".1 De Anim.~ art «1'l»

1lunk,. .Ilcfang. de phil., I&i7.

Page 414: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

f'tHIf'ATÉTICIESSnuL\"CtE 391

médecino et la philosophie à Ispahan, et mourut à Hamadan en

1038. Sa logique el samétaphY5iquo sont toutes péripatéticiennes,el Albert le Grand, qui emprunte à AI Farabi une preuve de

l'existence de Dieu, cite très soU\'enl en l'adoplanlle principe

psychologique d'Arislole formulé comme il suit par Avicenne

Il Intcllccltcs in %rntis agit nniucrsitatene ».

73. fles&1rion, né à Trébizonde en 1389, archevêque de

Nicéo en 1436, plus lard pal.riarche de Constantinople, promucardinal par le pape Eugène IV, mort en 1472, élève de Gémis-

tus Plélhon il a lralluit dans un lalin souvenl incorrect et par5uile obscur la vlfélaphysiyuc d'Aristole et celle de Théophraste.

74. Dion du Doryslhène, disciple de Théophraste 1. Aprèsavoir fréquenté l'Académie d'abord, cl ensuite l'école de Cratès,il enseigna la philosophie à Athènes et ailleurs, vers la fin du

ive et les premières années du nn siècle avanl J.-Ch.

75. Iloelhius, Anicius Manlius Torqualus Severinus, de 470

à 5'25 ap. J .-Ch traducteur et commentateur d'Arislole. Néan-

moins la tendance propre de son espril serait plutôt platoni-

cienne, comme le remarque Laurent Valla t .llagis milei Pla-

lor:icus t'ide/III' Doelliius qoam Aristolelicus J. On a de lui,outre son célèbre ouvrage dc Consolalionc Plcilosophi~, les

traductions des ~lnal~tiques hremicrs et secot~ds, des Topique~,des Ré%utalions des sohhisntes, du de htlerprctalione avec un

commentaire, des Cal~rgorics également accompagnées d'un

commentaire do plus un cornmenlaire sur la lraduction laline

de l'lutroducliort de Porphyre, faile par Victorinus, sa propretraduclion de ce inème ouvrage avec un comrnenlail'O en outre

les lrailés suivanls Inlrodrrctio ad calcqoricos syllogismos, de

s~llo~isnro colegorico, cle syllogismo le~yotl~clico, de diuisione,de dc~nilionc, de di/j'crculüs topicis. Son commentaire sur la

lbhique de Cicéron no nous esl pas parvenu.76. Boéthus, contemporain et condisciple de Chysippe, dé-

D. L., I1', .tG,51.Dr:(., in Dial.libr.

Page 415: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE ti1 1'S\"CI/OI.OGIEDES GIIECS:J'Ji

signé comme sloïcien, mais qui parait s'être, sur beaucoup de

points, rapproché des doclrines péripaléliciennes, surtout en

ce qui concerne la psychologie de l'inlelligence il admellail en

effet plusieurs procédés d'arriver la connaissance certaine,

)((1"0\2!1 c'élaient la raison, la sensation, le désir et la science 1.

77. Boëlhus de Sidon, le Xle chef de l'école péripatéticienne,

d'après une scholie d'Aristote i. Ce disciple d'Andronicus éludia

avec Strabon la philosophie d'Aristote 3. Porphyre écrivit

contre lui son ouvrage en cinq livres intilulé De Aninrci.

Simplicius, qui l'appelle et fiit l'éloge do sa

finesse et de sa perspicacité.. Les scholies citent de lui des

extraits de commentaires sur les Caté~orics, la Plrysiyue et les

~lnai~ligues 011 peut croire, dit Zeller 5, d'après Sim-

plicius '3, qu'il avait également inlerprélé et expliqué les livres

de l'dnre et les ~'lhiqoes. Ces fragmenls attestenl une certaine

originalité d'esprit, et surtout quelqu'indépendance do pensée.

Ses opinions s'écartent assez souvent de celles du maitre. On no

saitrien de sa phsychologie, si ce n'est qu'il rejetait l'iiiimortalité

de l'âme.

78. S. Donaventure, Jean Fidanza, contemporain de S. Tho-

mas, quoiqu'obéissant à une tendance myslicoplalonicienne,

introduit dans sa théorie de l'âme la dislinclion tout aristotélique

de l'entendement aclif et de l'entendement passif. Ces rieux

formes ou espèces de la raison se comporlent, suivant lui,

comme l'activilé et la réceptivité, comme la lumière et la pos-

sibililci de devenir visible.

70. Bulon, disciple de Lycon'.

80. Callinus, disciple de Théophraste8.

D. L~,V, 5l. Ch'1sirlpcle lui reprochai!.Ammon., Schol.in. Anal.Pr., ~H,b. 19.d 7i n~r,Qo;bl.h:,tt?; ,x7tO'¡"H'

sé>.ou;Conf., n. 36. Andronieuiel no9G,Crilol,lÚS.3Sirah XIV,751. mryi)..a. f ;ayev ir,i; sà 't''tu'.C2.

Schol.rl r., JO,a. \!I; 61, a. Il; ~[/,a..&7."lt1)).7¡;-iyz,YI)III;yl¡LI)",](,5 T. 1~ 55-?,GDe,ln., 69, b, o.D. L., Y,70, 11.D. L., 52, 55, 58.

Page 416: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1'[HII'nt:TICIE'xS uv LYCÉE 393

81. Calliphon, plus âgé que Diodore de Tyr 1. On ne sail à

quelle école il apparlenail expressément. Sa doclrine morale

nolle entre celle d'~picure et celle d'Arislole 9.

82. Callippus de Cyzique, mathématicien el astronome,

qui, d'après Simplicius, corrigea et compléta les découvertes

d'Eudoxe de Cnide, son maUre, de concert avec Arislole, avec

lequel il s'était lié Athènes3. On ne cite de lui aucun écrit,

mais seulement, d'après l'llisloiredc l'Aslroaomicd'Eudème, les

raisons qui l'avaient poussé à rejeter la théorie d'Eudoxe.

83. Callippus de Pitane, témoin au testament de Théo-

phraste J.

8i-. Callisthène d'Ol)'nlhe, neveu d'Arislote, illlime ami de

Théophraste qui déplora sa mort dans un mémoire dont son

nom forme le litre. Justin le qualifie de condisciple d'Alexandre,

ce qui signifie sans doule qu'il avait été élevé par Aristote avec

le jeune prince5. Il n'esl connu que comme un historien

cependant Simpliciu3 nous apprend, d'après Porphyre sans

doute, quo sur les recommandations pressantes d'Aristole, il lui

avait adressé de BaLylone des ohservations astronomiques

qui remontaient à 31OilOans avant Alexandre 6.

85. Callisthèncs, disciple de Théophrasle cl menlionnc dans

son testamenl1.

86. Calvisius Taurus de Déryle, qui cnseignait Athènes

vers le milieu du na siècle aprè.s J.-Ch., a écril sur la dill~rence

des doclrines plalonioiennes et héripahélicicnnes 8.

87. Cassandre, fils d'Anlipaler, roi de Macédoine, protecteur

r Cic.,de Fin., V,R3.'àCie.,de Fin., Il, Il. Callil'htJadvirlulemnihiladjumil,nisiHllul'L1lem;Tmcrrl.,30. IndolcnliamaulemhonColalis1'('ri(l.1lclicuslJiodurusadjumil. eademCalli-

r,honliseral Diooori'luescnlcnlia.Conf.Clem .11.,Sh'om, Il, -It5.3 de Il, -16;Scholl.,1, -I!lS,Io.2S¡ 500,a. 2J; Arisl.1/el.,

XII,8, 107;1,h. 32, clics Commtnf.de Llonila.D. l~ V,57.Juslin., XII,6; D.1. V, i An;en.,l\ 10; Val.51a~\'11,2;Suid.,6 Simpl.,Scholl..tr., 503,3. 1!6.1 D.1. 53, 56.8 .1.-Gell.,N.Aff., XII,5; Suid.,V.T21j~

Page 417: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE LA PSYCHOLOGIEDFS GRECS3m

et ami de Théophrasla et de Démétrius de Phalère el que Plu-

larqu6 qualifie de disciple d'Aristote l, soit qu'il ait ét8 élevé

avec Alexandre, soit qu'il ait suivi plus tard ses Icçons.

88. Calulus (Q. Lutalius) que Cicéron dans son dialogue de

Oratore i, fait parler comme un péripatélicien sans qu'on

sache s'il appartenait réellement cello école3.

89. Chamaeléon d'Héraclée du Pont, désigné comme péripa-

lélicien par Tatien 1. On lui attribuait le Imité de Théophraste

7t£fo\~Õ~y.1¡ç5,ce qui permet de conje cI ur el' avec une forte proba-

bilité qu'il élait son disciple ou son condisciple. Il semble s'être

occupé surtout de l'histoire lilléraire.

90. Charès, esclave affranchi de Lycon qui lui légua ses

livres publiés 6.

91. Claudius Severus, mailre de \t.-elurL~le vers 140-150'.

92. Cléarquc de Soles, disciple d'Aristote 8; nous n'avons

conservé de lui que des fragmenls Instoriques qui nous donnenl

une assez pauvre idée de son talent, (IUoique Plularque, Josèphe

et Athénée, en lermes presqu'identiques, proclament qu'il n'esl

inférieur à aucun des péripatéliciens 9.

93. Cliloma'1ue de Carth~ge, dont le nom naliün,,1 était

Hasdrubal, élève de Carnéade l'acldémicien, philosopha esli-

mable ettrl'.s fécond écrivain 1°.Diogène nous le présente comme

également versé dans les doclrines des trois grandes écoles:

E'r nI, TFI'1b't/?!.¡.'1! Ê-0 TETYI'AX:Z~J.2\"¡(?1¡(:Z\ II£FI-

1 Xi ni 1:n.)ï¡(..?". On cite de lui quelques ouvl-agcsc3.

11).L., 37. Plut. ,\lex., 1. ArislOlclui av-ailécrit neuflellrescllo filsonexéculeiirIcslamcnbirc(U.1, IIJ. Lui-uu'uscacail1,liis~des Icllrcsdonl unesurlamortd'rislolc. Plut.,Coriol.cI Cal. nmj. Conr.Ihqi<s., t. Il, p D:'i,n. 3.C'c,;1au nomdeCassandre'1Ilc1I~éllillscl1IlIlII.mdli1à .\U¡~IICS.

t Il, :'6.J V-plusliatil,n. J5, ~I.-Anloinc.

C. I:rac., 315 ,\lhCII.,\'1, 213,ci 1'lll,311 I1', 181 \'111,338; IX, ;)1!.61), 1, V,j:1.7 (âl~itol.~tul. l'hil., 3 Cslcn.,de l'rPnof. c. 2.8JOliS.,t. 1,C 18, p.'J8..Ilenag. arl. Iliog.G. f'1~er.,9.9 Jos c. ,Ip., l, 3a; .llLen., X\, jOI; Plu! (le Fac. Lun., 2, 5.10SICI'.Du., \z,,a,rw; Cie.,rlcarf.,Il, li, 11; 31,!J8¡.111sen.,IX, lœ,Il Il. 1%6 61,81Ck.,Acad.,11,31,98; 3~JIN; D. L., Il, 93.

Page 418: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

ptRlf'ATtnCIF.XSOULtcé.e 395

L. Crassus le vit encore vivant à Athènes, pcndanl sa ques-

ture, c'cst-à-dire dans l'année HO av. J.-Ch 1 Il devait être fort

vieux. D'après Stobée, il se suicida i.

94. Clylus de Milet, disciple d'Aristote et compagnon

d'Alexandre3; il n'est connu que comme historien

95. Cralippo de Mitylèno, /'amiliaris noster·, dit Cicéron,

quero ego ~arenr strmmis peripaleticis judico ), Sa physiologie

est toute péripatéticienne, il pense: c Animos hominlr»r quadam

ex parte exlrinsecus esse lracto.s et hausfos. eanr ~arlern, qu~e

sensun:, qu~e nlolum, ylm appetillrol Irabeat, non esse ab actione

corlroris seju~atam 5. J

96. Critolaùs de Phaselis en Lycie, dont la Vie anonyme6

faille XIe successeur d'Arislote tandis que ce rang est allribué

par Ammonius et David, tantôt à Andronicus, tanlÓt à BoélhUS7.

Il ne peut pas élre le successeur imrnédiat de Lycon, comme

on pourraille conclure d'un passage da sainl Clémenl8, puisque

Lycon est mort entre les années '220-22-1-,et que CrilolaOs était

à Rome en 15U-I5."J. Zumplaccepte le renseignement de la Vie

anonyme qui met entre Ariston et Crilolaüs cinq directeurs de

l'école, et fait de celui-ci le successeur de Phormion, tandis que

,NI.Zeller, refusant [otite valeur à ce document, croit que Cnito-

lai«isa succédé immédiatement à Ariston 9, et s'elTorce de mon-

lrer que la chronologio n'inlcrdit pas celle conjeclure iD, 11fit,

(:ic., de OraL, l, Il.I.1 Fro~if.,1'll, 55.1). 1. l, 25, el Jlenag XII, 540; \I1', 655.K. ~hïllcr,Hi~ Ilial. Gr., Il, 333.5 Ile llie., l, 31 d.zr~~o~:'a~:ro0T1;~·r~·.).'r,çxar~-r,¡e,vEt'ÉY~~YT9Gi~ ThEophra,lc.Siralon,

t'r:llilél~s,'Lycon,,\I;,lon.L)"Íi;l'us,Pr.Lxipliancs,lliéronynius,Prytanis,Phormion,Cri101J115

7 V. plushaulnU36cl ¡6.° JLrom.,1,301, h. I~lQT9TE%.L! EraW~=f.?pxxro.'ôv ~:rpirr.~w:v .\Sxmv-

Elra Kpwj,xx· h. "I.?f'iTÉ)'1 Uj{~UIfbl,.?~?,'1f'i;'~'vd'arislolc.r,vAúxw-r

du K~lfl,b~ ~h~1 1 est pourailici ineniond Anslol~,(.'est l'ortlreJmj Icqucll'lularquc,de Is.ril. U, citelesphilosophesp~riP.11~li-

riensHnusdc 1'~lr~nger:Ari~~ti)tede SU~ire.Gltconde Trolde,lri,lon dc ('~os,Crilolalïsde f'hax'lis.Gidron(de >·'in., 5),aprv3avoirnomméSiralon,I.)-conelArblon,ajoule l'rælercomu1l03;in his Ilieron'mum.f.ritola~5iimilarianliquosvoluilel quidem('sIgr.nil.1leproiims, ci rt~lundalorali".

10~laisalorsonne retrouveplusles 10 --cùlarquesquionldr' le pr&éder.puü-qu'ilfiii le XI', ci il raulconsiMrcrcc renseignementcommesansvaleur.

Page 419: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE LA l'S\UIOLOGΠ()J-:SCIIF'_CS300

avec Carnéadeset Diogène, partie dela célèbreamlJassadeem'oyéeà Rome par les Alhéniens en 15G-155 wanl J.-Ch. SlolJ6e lui

allribue d'c~lre l'auteur d'une nouvelle école péripalélicienne:

-rr3y'I!wTl(w'I flf¡;E;¡'7.njTly.wv,ri~i i-b 1. On ne "oit pas

en quoi il a pu mériter cet honneur malgré quelques (li%,er-

gences inÓ\'ilables!i!, c'est un vrai el fidèle péripatéticien: in

patriis inslilutis nianel, dit Cicéron. Il définit, ainsi que toute

son école, le souverain bien comme la perfeclion d'une vie con-

forme à la nature, Tshl~nl'l"'t. X1TZ9'J'1!VEIJ-,1,05VTrl,-~(0-J3, et sou-

Lient l'éternité du monde et l'immuabilité- de ses lois.

97. Critolaüs, disciple d'Aristote.

98. Criton, esclave de Lycon &,

00, Clésarchus, disciple de Théophraste, et curaleur à son

teslamenl -9.

100. Daippos, mentionné dans le leslall1enl de Stralon,

101. Damascène (Jean), le moine, vers 700 après J.-Ch. Il

réuni! dans sa II-r((~ en s'appuyanl sur les principes de

la logique et de la métaphrsique d'Aristote, les doctrines chré-

tiennes exposécs dans un ordrc sysLémaliquo.

102. Damascius de Syrie, disciple d'Ammonius et de son

frère Héliodore et maUre de Simplicius, auleur de commen-

taires et de paraphrases sur plusieurs livres d'Aristote et de

plusieursautres ouvrages d'unconlenu platonicien, par exemple,

d'une IIisloire de la philosophie, y).a, 'l'1To~{x,quemention-

nent seuls Suidas et Eudocia 7. Il est prohahle que Ce philo-

sophe, qui accompagna dans leur émigration en Perse les plato-

niciens d'Alhènes, a professé la philosophie dans cette ville.

1 I·elog., Il, 58.Ilconcèdieau~stoïciensque Ic I,Lti,irc51unmal,.1.-f.cll., IR,5.

3Clou].,.\1, Il, 316.1 D. 1. V, 7C,71.1.D. 1. V,53.

Srhol.rl r., Vil, cilcntdesc\tr,lih J'un cOInme:J!Jiresurle /)~ Cmfo:F.lhricill'

(Il. Il[, ~l30)rarllOrtequ'qinLablcmi-é~tinieJc 'ucl'luc"livresde Ial'hqaiqucse trouvecnmanuscrilà ~ladri,1.

1 ZellercroillJlIec'esl l'ouvragecité ru illiol.,181, q.LR,sousle lilro \'i~d'laidort It philosophe.

Page 420: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

J>f:mPATlllCIK\'S DU Ll'Gf:E 391

C'est un néo-platonicien comme ses maitres et comme son

élève, mais versé comme eux dans la philosophie d'Aristote.

103. David l'Arménien, vers 500 après J.-Ch., auteur de

commentaires sur les Cal~f~ories d'Aristote et de prolégomènes à

l'Inlrodnclioo de Porply're et à la philosophie.

10~i. David de Uinan, disciple d'Amaury de Chartres, qui

enseignail et expliquailles livres d'Arislote que Rigord appelle

c!e P!rilosophia ncc€uoali t, et qui, suivant Albert le Grand, a

connu quelque chose des commentaires d'illexandre d'Aphro-

disée sur le De ~lnima.

105. Démarate, petit-lils (l'Aristote, disciplede Théophraste 9.

10G. Démélrius, l'ami de Caton lejeune, qui fut présent à

ses derniers instanls et que Plutarque appelle à deux reprises

un péripalélicien 3.

107. Démélrius d'Alexandrie, élève de Favorinus. Rien ne

prouve que cet écrivain, auleur d'une rhétorique ait été un

philosophe et un philosophe péripatéticien. On le conjeclure

avec assez de vraiserablance de ce que son maUre était un

seclaleur passionné d'Arislole, 'AplJwrD.(i'J; Erx,s~f,ç et en

outre de ce que Galien nous rapporlc qu'à Alexandrie il faisait

chaque jour une leçon publique sur un sujet qui lui était

proposé, mais en se conformant, pour les idées, aux parolcs do

son maUre G,

108, Démélrius d'~lsl)endos, disciple d'Apollonius de Soles'.

109. Démétrius de Byrance, que Zeller serait tenté d'iden-

tifier avec l'ami de Caton. Il y a eu deux Démélrius de Byzance,

l'un philosophe péripalélicien, dont parlo Diogène, en l'appe-

lant de ce nom, l'au Ire, un historien qu'il mentionne quelques

1 1'. Eaaais. la l s~chol.d'Ar., p. 86.1 D. t." V,53.

Plul., Cal. Jlin., G5el 61.t D.L., V, 8h.

Plu! Symp.,VIII,10.15C'esldu moinscequoj'enlendssousle lexieassezobscurde GJ.lien(dePraco-

gnif.,C.5) "-r;\1t}.).€Ymvtz~asr,~;1f:lç etcsà 'O[~t}1;:¡).1~1L!X>lT:. TT,"¡UnT),''f>~l;w:;i'It}'J).€Eewc.

D. L., V, 83,

Page 421: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDELAPSYCIIOLOGIEDEScn~s398

lignes plus loin 1. Athénée cite un extrait du 4' livre d'un

ouvrage ou?1 d'un Démétrius de Dyzance 2. On ne

sait duquel il a voulu parler.

HO. Démétrius da Phalère, disciple, ami et protecteur do

Théophraste; nommé par Cassandre gouverneur d'Athènes en

317, il y rét.ablitle gouvernernenl démocl'atique. C'est un écri-

vain des plus féconds: mais ses ceuvres ont un caractère histo-

rique, littéraire, grarnmalical, politi.:¡uo, moral plutôt que vrai-

ment philosophique 3. Cependant Diogène 10 place sans hésilalion

parmi les péripatéticiens, dont il a surpassé, dil-il, la fécon-

dité l, et Suidas lui allribuc exprcssémcnt des ouvrages philo-

sophiques yt'(PZr£ÿl).11j'Jri zs xzl faroyr.x. Il a pu connaitre

Aristote, car il était déjà célèbre comme oraleur populaire lors

de. l'alTaire d' Harpale, c'est-à-dire vers 321. Après la prise

d'Alhènes par Démélrius Poliorcèlc, il lrou\'a un asile en

ÉgyplO et la cour de Plolcmée, fils da Lagus, qui lui procura

une fonction honorable et inlluenle dans la bibliothèque

d'Alexandrie qu'il fondai!. Après la mort de son protecteur, il

fut exilé par Ptolémée Philadelphe, on ne sail où, et mourul de

la morsure d'un aspic.

1~11.Démolime, disciple de Théophraste 5.

112. Dexippus, disciple d'fainbliciue, auteur d'un commen-

taire sur les Catégories d'Arislole, rnais appartenanl à l'école

néo-platonicienne, comme le prouve déjlt le titre de son ouvrage

111'lTb)'OIXOÛ rl),07Ór"U Eiç taç "\foIIjT'JTt),U.X'1.T'Ij'fofo(zC

à.:rc°fof'Z1¡{(LI),ÚIj£I,(1.

113. Dicéarque de ~Iessenie, disciple d'Arislûte 7.

114. Didyme Arius d'Aloxandrie, disciple d'Anliochus d'As-

D. L., v, 83.Alhen., X, 452,d. 371; 5/'8,e. 31t; XIV,IHa,b. 33i,3K. ~1~711cr,1.Il, p. 362,endonne10catalogueellc, fragments.1 D.L., V, 75.5 D. L., V, 53,55,56.

&lilépar Spengel,en 185'J,dansIc3Jlonumen~uSxcrrlariade 1'caMUliedeBa,ière.

7 V.plushaut,p.330.

Page 422: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PtNPA7ÉTICI~S DU LYCÉE m

calon, au temps d'Auguste; il est l'auteur d'un ouvrage intitulé:

7 TWV,zp£'1X~ytWYIHiTwvl.SloMe 1cite ExT-'rtGt1l$3u·mi7:ITO¡L7¡;un passage sur la théorie péripatéticienne du Bonheur, et il est

vraisemblable que c'esl à cet abrégé que Stobée a emprunlé

l'exposilion de l'élhique d'Aristote qu'il nous donne dans ses

'gxbpl~. Il est, par la tendance de son esprit, aussi platonicienet pylhagorisanl que péripatélicien.

115. Dinomaque, qui, comme Calliphon prend, dans la

morale, une position intermédiaire entre l'école d'Épicure et la

doclrine péripalélicienne. On ignore à laquelle des deux il

appartenait réellement 3.

116. Dioclès, médecin, disciple de Slraton et curaleur à son

teslamenl

-117. Diodore de TrI', successeur de Crilolaüs dans la direc-

lion de l'école du Lycée, et son disciple 5. Comme son maUre, il

considère l'ilriie comme formée i-z' xi9:E,; Cependant il

aurait allrilmé à la parlie raisonnable de l'âme, au ),Or!X~V,d'une

part des des passions el au '1o:J.,?u!"c'esl-à-dire à l'élé-

menl corporel soudé par la nature à la raison, des affections

propres G. Ce qui veut pput-ètre simplement dire, comme

le suppose Zeller, qu'on peut appliquer dans un sens loul spé-

cial et tout particulier la nolion de aux opéralions de

l'ame intelligenle, el qu'on doit la nier d'elles, dans le ~ens

général et passir qu'elle emporte habituellement. Comme Iliéro-

nyme, il place le bonheur, c'C~l-à-dirc le souverain bien, dans

la vertu et l'absence de douleur C'est pour celle raison quo

1 H'loril.,10~,28.Stob., F,clo,g.,Il, 20l-231.C'eslde cetabrégécidel'oui-nged'Eudoreciléplus

loin,~IICont extraitsles l'lat~ifaphilosohorurnallritmé,à Plutarque.1 Cic.,de h'in.,II, fi; Y,8; .Ica~l.,1\ 4~; Tructrl.,V, 30; de Of~tc.,111,3t f:lCIII,AI., Sfrorn., Il, 405.

D. 1. fi~.Slob.,Eclog.,l, 69; Cic.,de Oraf., 1, t 1 deFin.,1', 5 Clem.AI.,Slrom.,

I, 301.e t'lu! UIr. An. an Corp., c. fi.1 Cic del~'in.j1', 5. lliodorus. adjungilad Itoneslalem\.acDiL1lemdoloris;id.,

Il, Il; Acad.,t\, 1.2;Tuscul.,V,30; Clem.AI.,Sfrrom.,Il, ~t5. Kit àtlj?wpo,ZWolur;naÀs o¡.jti"&I¡;f.,£w,y£v¿¡L!YO,~f).o,èl'ltO~2IY£f~'sL cio¡(lf,tw,11:11\x':Ilw, (~r.

Page 423: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

H/STOlnEDE 1-k f'Sl'CI(OLOCIEDEs GRECSWC)

Cicéron lui refuse le titre do vrai péripatéticien Suus est; cle

snrnmoqlce 6ono dissentiensdici rere peripateticns non hotest J.

118. Diodote, frère de Doëlous de Sidon, parlageail ses

opinions philosophiques l,

119. Diogenianus, péripalélicien, menlionné par Eus~be, quicile un de ses arguments contre Chrysippe le sloicicn g.

120. Diophante, esclave de Slralon, affranchi par son lesta-

ment 3.

'121. Dio.3coride, témoin au testament de Théophraste &.

122. Diotelès, disciple d'Aristote qui le nomme dans son tes-

lnmenl

123. Dorus, l'Arabe, vers la On du va siècle, qu'Isidore allira

de l'école péripatéticienne talaquelle il avait jusque-là appartenuaux doctrines du néo-platonisme 6.

'124. Dominique Gondisalvi, du we siècle, archidiacro de

l'église de ~égovie, sur l'ordre de l'archcvL~cluc Raimond de

Tolède, et avec la collaboration du juif converti Jean Ilispa-lensis (Johannes ~lvendeatl~), traduisit de '1130 à 1150 d'arabe

en latin les principaux ouvrages d'tlristote et ceux d' Avicenne

qu'on considérait comme l'abrévialeur du philosophe grec 1.

125. Dromon, esclavo affranchi de Stralon 8.

126. Duris de Samos, disciple do Théophraste (J hislorien

peu sûr, au dire de Plutarque la. K. 1IC~Ilerdonne le cataloguede ses ouvrages et les fragments conservés Il. L'ouvrage -.TF.l

vEywvpourrait seul avoir eu un contenu philosophique.127, Échécralidès de llléthymne, disciple d'Arislolc 13.

1 Slrab., \1't, 2.

pr~p. Eu_,1'I,8.3 D.L., V, 63.

L., V, 51.5 U. L., Y, Iq.e Uamasc.,dansSuid.,V,el J'il. Isid., 131.V. plusloinJohannes.hentlealh,n. 115.8 D. L., V,63.g Alhen.,IV, 128.10pericl., 28.Il Frag., Ilial. Gr" 1.Il, p. ~G6.Il Sieph.lJyz., ~r;Jl1n,

Page 424: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

f'Énll'ATl7ICIEXS DU L1'Ct:E 40f

128. Épicratès, curaleur au toslamenl de Slraton r.

199. Épiphranor, esclave affranchi de Lycon 2.

130. Érasislrate de Julis, le célèhre médecin du roi Séleucus,

disciple de Théophraste et maUre d'IJ'rymncus 3. Il semble s'~tre

peu occupé de travaux spéciaux de philosophie, el n'avoir eu

qu'une médiocre estime pour la physiclue péripalélicienne,

puisqu'il prélendait, au dire de Galien, ,u, ¿ff'Jw;IYY4r%d~xvzEp!

'(Ú7£IrJ,T4'JÇ7CEFlT2T'Tl%pÛ,

130. Érymneus, successeur de Diodore dans la direction de

l'école péripatélicienne, el qui a dû exercer celle charge vers

110-120 avanl J.-Ch. Il a été le maUre du péripatélieicn Alhénion,

dont le fils, nommé comme son père, Alhénion, devint le tyran

d'ililiènes 5.

131. Eua¡'moslus, commcntalellr d'Arislole G.

132. Euc,3crus, signalé dans la Vie anonyme d'Arislole comme

Q%GU6T-f~ÇxVT9J.

133, Eudème de Chypre, l'occasion de la mort duquel Aris-

tote, (lui l'aimait tendrement, écri\'il un dialogue sur l'dme, qui

porte son nom et une élégie dont nous avons conservé quel-

ques vers 8,

134. Eudème de Rhodes, disciple d'Aristole °.

135. Eud~me, médecin péripatélicien, ami de Galien, qu'il

lraila dans une maladie à Home vers ~IG5après J.-Ch., conlem-

porain do Claudius SC\;C\'us (vers -140-150).

130, Eudorc d'illexandrie, vers 25 avant J.-Ch., commenla-

leur du Timée et désigné par Stohée 10 et SimpliciusIf comme

D. L., V,G~,G1,D. 1. 73.D. L., V, 57, GI. Galen.,.nl. ~acell,Il, 4; rIt Sang. in arlen., c. j.4 Gal.,1. L, de ~Ilim.,111,1-1de Tuem.,C.G,S1'. r,tuslout, n. 67. Alhen.,Y, ~I1.1.y. plusloinn' t5i, Ilarwoalua.

l'lui.. Dion.,SPt;G'onaol.ad Al~oll.,r. :!1; Cir., de Dicin.,l, 25.

8 Bergek.,Gyr. Cr., 50-f.91'. r,lushaul,(1.310.10E'clog.,Il, 46.t~Scholf.An., 6J, a, 43.

CNA1G~CT. r~ayrnoroprc. !G

Page 425: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I/ISTOIREDE (<1 f'S\"CIIOLOGIEDES GRECSw

académicien, a cependant également commenlé les Catégories

d'Arislote, et son travail est Crécluemment cilé par ce ml:me

Simplicius t, D'un pass<'1ged'Alexandre d'Aphrodisée i, où il

rapporte, d'après Aspasius, qu'une leçon très ancienne de la

~lfétahh~sir~ccc3avait été modifiée par Eudore et Euarmoslus, on

peut conclure qu'il avait aussi commenté et édilé le grand

ouvrage cl'~lrislote. Il avait encore écrit sur la philosophie

pylhagOl'icienne 1. C'est de son ouvrage inlilulé: ~l~x!;cwc,où

X:LÙ ?IÀO'iO?{7.'IÀ~yo'J,et de l'abrégé d'Arius Didyme que sem-

blent exlrails en grande partie les Placita philosoplcorrcm allri-

bués Plutarque. Arius Didyme qui cite avec éloge son ouvrage

et en a fait de:; e!ctraits 5, l'a certainement connu, et Strabon le

désigne avec ¡\rislon le péripatéticien comme un des auteurs

du livre ;r=~1z,~ VE!l~ouqui parut de son temps (J.

137. Euphronius, témoin au teslament de Lycon

138. Euslraüus, métropolilain de Nicée, sous Aloxis Com--

n~ne, en H 7, commentateur du 2c livre des ~lnal~tirpes seconcls,

et des3° et 4e livres des Étleiqlces.

139. Favorinus d'Arles, que Plutarque, son contemporain et

son ami, appelle un amant d'Aristote, o:I.I:J.IIt.Uij; APL'i,ijdÀ'J'J,

yzzwf,ç8. Il vivaitsousTrajanet Adrien; ce dernierlui témoigna

une grande amitié 9; il était en grand honneur parmi tous ses con-

temporainsi~ etavait eu pour maUre Dion Chrysostome Il. Suidas

Id., 61, a. 25.3 IJ., 55' b. 2(à.J .llel., 988,a. 17.

4 Simplic in Phgr., 39, a. m.

5 Diel>,p. 79 ~:6).co%~çe).:cr,zo%,danslequelil a el posésousformedeque5-lionsloulela science-7.;continue Arrien,l,f'1tw; h~1')I'-OtIT~Ti¡;;9vxloi Iroispartiesél-tieni ~.w~-r,TI;l.r,'l'-y,TI;l.I, 7t?':IJ!tlJ!I,Jivisiou

quesui!Sént-ilue,Ep., 89, U,6 Diels.,Iloro9r., Cr. Proleg., 81.D. L., V,H.

e S~mp.,\'111,10.Il lui a dédiésonmémoirede l'rimo (rigido.Fabrie., Dib. Cr., III, t 13.Pauly'sIi., Encyc., III, ~t10.Mùller,Fragm.,

tli.rf.Cr., 111,511.10P.lIliculihemenlAulu-Gelle,quia pourlui une ,-ériL1bleadmiralion(N. rlll.,

Il 26; 111,t9; IV. 1; XIII,25).Il Philoslr..1, 8, 3.

Page 426: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

f't:nJf'ATtTICIESS DU LYCÉE 403

nous le représente comme ,iv-~?7rljb:J.7.Ij; 7ri-ii-o -xt$Elxv,

~.tÀozalxç ~L£~T~ ~7.TO(IX?¡~!uZ%.L.YOn ne sait pas si

ces deux grands ouvrages intitulés Ih'IT'Jh7r.l¡et »A7ro,£-ri-

~.r,yE~~uxrxque cite si fréquemment Diogène ne se rapportaienl

qu'à l'histoire de la philosophie. Suidas lui aUribue un traité 7':£fl

s-'r,ç̀ Ou-itçovet Plutarque des opinions nellernenl péri-

paléliciennes, sw D£fomiTe¡>YLuEIuÉGlî.xso~ .LflxvoVrXF(qT-1.~v1;

Aulu-Gelle, son élève 2, nous le représente comme un académi-

cien, et Galien comme un sceplique 3.

HO. Galien Claude, le célèbre professeur de médecine, vivait

dans la seconde moilié du ne siècle. Il nous fait connailre lui-

même la liste de ses ouvrages, dont plusieurs concernent Id.

philosophie d'Aristote 1. Il partage absolument sa doclrino logi-

que qu'il a voulu comPléter,en établissant d'apl'è3les cinq modes

déjà distingués par Théoplwaste et Eudeme dans la première

figure d'Aristote, une quatrième figure, comme il a ajouté une

cinquième cause 5 aux quatre causes de la philosophie péripa-

lélicienne. Né à Pergame en 131, il conlinua ses éludes philo-

sophiques et médicales fi Smyrne et à Alexandrio; de retour dans

sa patrie, olt il praliqua son art ave~ de brillants succès, il ful

appelé à nome par Marc-Aurèle et mourut vers 20(1.Sa doctrine

est un éclectisme qui a pour fondemenl Ics principes d'Aristole;

car il allaque avec une égale vivacité la morale d'¡;;picure elle

probabilisme sceptique de b nouvelle académie, Sou traité de

rlli~r~entis a été traduit en lalin Cil 1277 par Guillaume de

MoerlJek; un plus grand nombre, relatifs à la médecine, par

le moine africain Constantin [Pierre Diacre] (de l'er. ill~~sl.

Casino MI/mtol' Rer. Ilal. Scuipf., t. ~11,c. 40) et d'autres par

Gérard de Crémone sous le lilrc ~los l'area Galené.

14L George de Trébizondc, 1396 + 1456, professcur de

philosophie et de rhétorique à Venise et à Home, a traduit et

1S~nrp., VIII, 10.t ~lllrc., 5, 8.

3 Ile Opl. ~loclr., c. 5.1

O~~p.,1. 1\ 3Gi.5 Le moyen, l'inslrumcnt, 1.: r, de Lâu Imrl. corp. Imm., 1-I, 13.

Page 427: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE L:1 PSYCHOLOGIEDESGRECS404

commenté plusieurs écrits d'Aristote, et écrit une comparaison

taule en fa\'cur de ce dernier entre lui et Plalon t. Ses traduc-

tions sont peu fidèles, et d'une languE' rude q.

Jf2. Georgius Scholarius, surnommé Gennariius, mort vers

l~1i34,défendit les doclrines d'Aristote contre les altaques de

Gémistus Pléthon. Son ouvrage intitulé X2.T~TwYID.'I¡Owv~;.7tO?IWV

'09-.TOTi~st, a été édilé à Paris, en 1858, par M. Mrn. Mynas.

1~ Georgius Éponrmus, du XIIIe siècle, a écrit un compen-

dium de la logique d'Aristote imprimé à Augsbourg en 1600,

14i, George Pachymère, du XIve siècle, auteur d'une É1tIT'J:

r7~s 'Afol1T'JTO.'J'J;À'JYIX.;¡ç,imprimée à Paris en 15-18, qui se lient

élroitcment altachée aux: doctrincs du maltre.

1.15. Gilbert de la Porée, mort en 1-151, cite l'Analytique

comme un ouvrage déjà répandu il fut enveloppé par Gaulier

de Saint-Viclor, avec Pierre Lombard et Pierre de Poitiers dans

l'accusation d'êlre des philosophes péripatéticiens Uno spéritu

r1 ristotclico «%/luti. Il considère le corps et l'âme, avant leur

union, comme des substances séparées qui n'ont ni naissance ni

fin, ne sont liées l'une l'aulre que par la volonlé de Dieu, et

n'onl d'aclion5 communes que lant qu'elles demeurent unies.

9.'lG. Gorgylus, curateur au leslamcnt de Slralon 3.

~47. Grégoire de Naziance, 328 4- 389, a écrit un exlrait de

l'Organon d'Aristole

148. Grégoire de Nysse, frère de saint Basile, né en 331,

"ans son livre de la Crvfation clc l'l~o~mne, combine les tradi-

tions bibliques avec des idées aristotéliciennes et platoniciennes.

-1.'lfl.Gregorius Barhehrœus, ou Abulfarage, dontl'abrégÓ de

philosophie pÓI'ipaléticienne (l3rityrum s«picnli2) est encore

aujourd'hui en honneur chez les Syriens 5.

150. Guillaume d'Auvergne, né à Aurillac, professeur de

1 Cornparatioinler Ariato(elemet Platonem,\'enise,115~,2 Lecataloguedc sesouvragesseIrou\'cdansUiuert, l'ou_,1.Il, p. 6-21,el dam

Fabricius,Ui6.Cr., 1. X, p. 130.3 D. L., V,G3.1 Pranll, Crach.d. Log., l, p. 657.

l'eberw~, 1. Il, p. 161.

Page 428: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

r~nlf'TtTII:IFSS IU LYCIE 105

théologie fi Paris, oit il fut évêque en 1228, mort en 1249, suit

dans ses oûvrages De Unirerso el de Anima, les lraces d'Aris-

lote; mais pour se soumeltre au décret du concile qui les avait

condamnés en 1209, il ignore la Pleqsiqrrc et la ~llélaphqsique,

et ne cile jamais que les livres de logique et l'fhic(uc. Pour lui

la définilion de l'homme comme êlre doué de raison n'est p-.is

complète le corps est un élérnenl inlégrani essenliel de sa

nalme, el l'âme ne constitue pas à elle seule l'homme vrai, ni

loul l'homme. Malgré celle doctrine, il n'en considère pas

moins l'âme comme une substanco simple, une, dont les

facullés ou formes supérieures, intellecluelles et morales, peu-

vent subsisler sans subslral matériel.

151. Guillaume d'Occam, né en 1337,Ie célèbre nominaliste,

est l'auteur d'une ~xlrosilio anrca. in Porhlrr/rü pra?dicaLilia

cl Aristotclis pr~edicumcnta. Il ne voit dans la table des calégo-

ries d'Aristote qu'une division des mots du discours et non des

choses; mais en psychologie il admet avec Arislole un No~;

subslantiellement séparé de l'Amo sensitive.

152. lIarmoslu5, commentateur do la dlétaplr~si yued'Arislole,

rieur à Aspasius d'après Alexandre d'Aphrodisée 1. La

leçon d'un manuscril reproduile dans sa lraduclion

par Sepulveda ([{armo31o), mais conlrcdile par tous les aulres

manuscrils qui donnent n'a',1[01-iSe pas à faire de cc

commenlaleur d'Arislolcun personnage dilTérenl d'Euarmoslus,

comme l'a fait Fabricius, Aspasius lui reproche ainsi qu'à

Euilore d'avoir modifié une leçon plus ancienne el meilleure de

la .Ilélalrlrysi7nc concernanl les idées de Platon.

153. Ilégésias, disciple de Théophrasle 3.

154. Héliodore d'Alexandrie, péripalélicien cité par Longin l,

et clui avait laissé des écrits philosophiques.

155. Iléraclide, fils do Démélrius, disciple de Lycon 5.

r Schofl_Ar., 55~,b. 31.2Cod" L'rbinad,35.D. L., V, &1.

l'orph}r., l'il. plot.. !O.s D. L., Y, 11.

Page 429: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE U PSYCIIOLOGIEm:s GRECS/,06

.156, lléraclide du Pont, quo Diogène place lour (1lour parmi

les platoniciens1 et les péripatéliciens Cicéron 3, Cl,mme Stra-

hon' 1 et Suidas: affirme qu'il a apparlenu à l'école de Platon,

ce que semblent prouver le fail qu'il a publié les leçons de

Platon sur 10 Bien °, ell'invilalion que lui a adressé Plalon de

recueillir fi Co!ophon les poésies d'Anlimachus 7. Il est peu

probable, d'après ce que nous savons de ses idées philoso-

phi(lues, qu'il se soit rallié plus tard aux cloclrincs péripaléti-

ciennes. C'est d'ailleurs plutôt un savant qu'un philosophe,

157. lléraclide Lembus, fils de Sérapion, do Calalis daiislepoiit

ou d'Alexandrie 8, vivait sous Ptolémée Philopalor (181-147

avant J.-Ch.). Comme Agalharchides, son secrélaim, il a dÍl

appartenir à l'écolo péripaléticienne. Suidas 9, qui le qualifie de

philosophe, lui allribue des ouvrages philosophiques, parmi

lesquels il faut peut èlre compter le A£p})!'JT'); M"(~ un résumé

des ~'ics de Salyrus et une en 6 livres, (lui n'était qu'un

extrait de l'ouvrage de Sotion 10. Ses autres écrils sont hislo-

riques. On ignore si c'est lui ou Iléraclido du Pont qui écrivit ,Epl

'(1).'Jr¡r)'tW"I~!ff"Ewvel qui est qualifié de pythagoricien.

158. Héraclius, disciple de Lycon rl.

'159. Herméias d'Alexandrie, père d'Ammonius, élève de

Syrianus et condisciple de Proclus. Il est l'auteur d'un commen-

taire sur le Phèdre, et d'une I1; ·,9e~(x sur l'Inlrod uction do Por-

phyre, dont les scholies d'Aristote de Dcrlin nous donnent des

exlraits la. On pourrait même, d'après une remarque d'Ammo-

nius, le croire l'auteur d'un commentaire sur les rlnal~liqrres 13.

1 D. L., III..15.2 D. L.,y, 86; Slo(¡jlc,Ecf., l, 580, le consid~rocommcun périlutélicien.3 Ue~1'a!.U., 1, 12.Exeademl'blonisscholaPonlieusIleraclides.

XII,3.5 Suid.,V.6 Simplic.,in Phys., IO! b-CommeAristolclui-u~Pmc,Scholl..lu., 55, b. 20.7 Proci.,in Tim., ~8,c.D. L., V,!J/Suid., V.10D. L., V,!H, 1!J;VIII,7; X, 1.Il D. L., Y, 70.12P. 9 ci suiv.n Arisi.,Urgan. 11'ails.,1, p. ~6.

Page 430: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Pi:IiIPATF.1'If,IP\Sor 1.1'ÉE -f07

Damascius, tout en faisanl un grand Óloge de son caractère el de

son ardeur pour l'élude, ne lui rcconnait pas une grande inlel-

ligence ni une grande capacilé logique 1.

160. Ilerméias, le tyrati d'Alarné, l'ami de Platon cl d'Aris-

tote, et dont ce dernier ÓpOU!E..1la sccur ou la nièce. Il était,

d'après Suidas el Eudocia, l'auleur d'un traité sUl'l'Immortalité

Je l'lIma.

HJI, lferminus, qui vivail vers -140- 160, qu'Alexandre d' Aphro-

disée appelle son maUre~, et qui fuit [~rol~alrlemcnt l'élève d'As-

lasius. Il esll'auleur de commenlaires sur les Calé~onics sou-

vent cités, sur sur les Anal~li~~rreset les Topirliccs.

162. Ilerinippe, auteur d'une Vie d'Aristote 3, nommé par

S. Jérome un péripaléticien el par Alhénée un disciple de Cal-

limaque 5. Son principal ouvrage élailun recueil de biographies

intitulé I3l.c, et un autre du méme caractère pOl:lail le tilre ::Ep[

~C7EYIIaN'~slzIl a écril vers l'an 200 avant J.-Ch.

'163. Ilermogène, ;t la fois arislolélicien et platonicicn, contre

lequel Théophile d'Antioche écrivit des ouvrages de polémique,

aujourd'hui perdus, et Tertullien, un ouvrage comervé

adrerstrs llcrmor/encm.

.161, llermolaüs llarbarus, morten-l493, lraducleurd'ouvl'ages

d'ilristote et des commentaires de Thémisle.

165. Iliéronyme de nhodes, disciple d'Aristote, suivant

Athénée 7, et qualifié par Cicéron de l'enihalclicus intprirnis

nobilis 8 et ailleurs de doclus lroioo et suavis !J. Il é(ail auteur de

lra\'aux historiques 10, Cicéron nous fritconnailrc sadéfinilion du

souverain hien: Fincvr illi uiclcri nilril dolene_ mCllila/(ml clolo-

Uamasc.,l'il. laid., 71.Scholl.An., 49d,b. 31.

3 .l/enag.ad. D. L., Il, 1)5,UeSa~ipf.Eccl., c. 1.

5 Il, 58; V,'l13; XV,G!J6.6 K.Jlûllcr.H'ragm.,1. 111,p. :3-~X, 434.BOraf., 57.De Fin., V,5.10AlheD.,Il, d8~iV,3-t7~¡XIII,556.

Page 431: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIDEDE Li f'S5'CIIOLOCIEDES GREGS-108

ris 1. C'était un contemporain de Lycon, mais qui s'écarta sen-

siblement des doctrines de l'école.

166. llipparque, disciple et banquier de Théophraste, qui le

menlionne dans son tcstament

~IG7. lrœus, menlionné au testament de Slralon 3.

168. Jacob d'Édesse, réfugié fi.Kinnesrin, après la dispersion

de l'école d'Édesse par l'cmpereur Zénon en ~l8cJ,a traduit en

sl'riactue les ouvrages philosophiques des Grecs, et enlr'autres

les Catégorics d'ArÍslote,

469. Jacobus Clericus de Venelia, qui, d'après une nolc margi-

nale du aue siècle, ajoulée à un pass~age de la chronique de

Robert de ~Ionle là l'année ~I 128:ctransltrlit cle G>.TCOin latiaum

qecosdane libros ~iristotelis et commentat~rs est, scilicet lbpica,

Anal~tica Priomc et Posterio~~a, et L'lenchos, r/teantuis antirluior·

translatio )caberetccr. C'est le premier traducteur certain d'Aris-

lote, et l'on voit cependant qu'il y avait avant lui une traduction

plus ancienne.

170. Iamblique, néo-platonicien, de l'écolo de Syrie, élève

d'Anatolius elde Porphyre, Il a vécusous Conslanlin el n'a pas

dû lui survivre. Parmi ses nombreux ouvrages, se lrouvaienl

des commentaires sur les Cat~~ooics, très sou\'enl cilés par

Simplicius, sur le De Inle~pretalione, les pr~cmicosrlnalyliqucs,

peut être aussi sur les linos du Ciel. D'après David, il préten-

(lait que rnème sur la question des idées Aristote n'est pas d'un

avis conlraire à Plalon,

171. Jean de la Rochelle, élève d'Alexandre do Hales, ol son

successeur à la chaire de l'écoledes Franciscains il estl'auleur

d'un traité de l'alme qui suit pas à pas les traces d'Aristote, et

qui, suivant M. Ilr Hauréau, contient la malière do tous les

écrits donnés plus lard sur ce sujet à l'école par Albert le Grand

1 DeFin., Il, 3; V. 5.D. l, V,fJ3.3 D.L., V,63.t AbMdeS'-llichel.Opp.Cuibwti de ~1'origtnlt,Paris,1651,p. 753. Conr.,

/lid. liff. de t·'ranct,1. \I1', p. 3G`J.

Page 432: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

f'Énlf'ATt;rtCIENS DU LYCÉE 409

el S. Thomas rr In philosoplria Arislotelica magniCce dodus J,

dit Trilhémius 1.

172. Johannes Argyropoulo de Conslanlinople, réfugié auprès

de Gosme de Médicis et rnou en 1480. Il a traduit et commenté

plusieurs des ou%-rages d'Arislolc, l'Organon, la Ph~sirlue, les

liues (lit Ciel, le De ,illima et l'~lhique ci n'iconraque.

-173. Johannes Damascenus, llréoloôien chrélien du milieu du

Ville siècle, auteur d'écrils philosophiques dans lesquels il se

place lui-même dans l'école péripatéticienne.

171. Johannes Halus, un harhare, ou du moins d'une culture

générale très médiocre, maisdoué d'unsenscritique très péné-

lranl auleur de commentaires sur le De Inlerprelalione, les

qualre premiers livres des lbpi y«es et peut être les ~lnalyliyeccs

premiers 2, Il élail contemporain de ~lichel Psellus,

175. Johannes A vendealh (Johannes hen David), ou Johannes

lIispanus, israélile el philosopho, comme il se qualifie lui-méme

dans son prologue de la version latine du De dninra par Avi-

cenne 3. Il a pris part à la traduction d'arabe en latin des princi-

1)auxouvrages d'Aristote, de ceux d'Avicenne, d'Alcazel et d'Ai-

farabi, el de la So«rcecle la vie d'Avicebi-oii. Voici comment il

expose lui-môme le procédé de sa collaboralion a II«nc iyilur

libr«ur, robis s l».2·cihienlibus, ct rnc sillf/ula rcrba L~trlgariter

(en caslillan) profererrle, cl Dominico arclridiacono (c'est-à-dire

Dominique Gonclisalvi) sirr~«la inlaliraam conL·crleote,ex.lra-

bico frnnslcrlunr, rluo claiclrluid ~loi~lolclcs cli.cil libro suo de

Anivuc, el cle scns« cl Sensalo, cl clc Irrlelleclel et irttclfeclo, ab

auclorclmj«s li6oi (Avicenne) scias esse colleclurn. Ainsi Aven-

dfalh (lui savail l'arabe et l'espagnol diclait la tracluclion en

langue vulgaire, qui élail mise en latin par l'archidiacre Gondi-

salvi 5.

De Scrief.Eccl.,ann. 1238.=llase,Julic. el Bslr. des de la Dib., 1. IX, p. H!I; Conf, Ann.

Comnrn.,pUS.J AmJourJ.,Trad.lui. d'.t r., p, 194.4 Il s'agildel'arclrcvqucIlairnonddcTolhlesur l'onlreduquelcelleversionIlaii

Cnlre(.n>efi à qui elleéLtilMdi~e-n. lU UominiqucGondi\3hi.

Page 433: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIRFDE L\ f'Sl-CIIOLOGIE[)r.s GRFa:3110

176. JuliamB de Tralles, dont cllexandre d'~lpltrodis~e cile

une opinion sur le mouvcment du ciel 1. On ne, sail s'il élail

p!alonicien ou péripalélicien, el si celle opinion est exlraite d'un

commenlaire sur les livres clu Ciel ou d'un commcnlaire sur le

T'èmée.

.117. Lamprias, que Plutarque son frère, désigne comme un

péripatéticien.

178. Lampyrion, disciplc de Slraton 3.

-179. Lefèvre d'f:laples, en llicat-die, mort en 1527, a éclairci

par des (lararhrase5Iatille~ les écrils d'tlristole. Reuchlin dit de

lui QGccllèsrlristote·lcnt. Hicber Stapcclcn.sis ncstccurauit

180. Leibniz. Personne. ne contestera l'inOuencequ'a exercée

sur ce grand et original esprit la philosophie de celui qu'il

appelle: Pr·ofelncli.ssincus ~lristotcles.

181. Léon lie Byzance, disciple d'Arisloto, el dont Théophraste

inslitue les fils, lfélautcs et l'ancréon, ses hériliers 4. Suidas dit

de lui ?t).foç n;:l;t1.T.r¡n;< XII r;oÍMt~ç, :r&'I,-i¡r; Il),Úw,/o;, '1.¿,;

,l'Iô; 'l\I'¡TnO,'i'J;. Un ne cite néanmoins de lui que des ouvrages

d'un conlenu historique.

~18`?.Lycon de Troade, successeur de Straton dans la dircc-

lion de l'écolt1 de 270 à 2G8 auteur de Gaeaclr;res dans le

genre de ceux de Théophraste; il mourut a 7.1a~s, dc 21G à 224,

de la goulle, après avoir (~té pendant 4-1ans la lète de l'école5.

C'élail un oraleurahonclanl et harmonieux, mais pauvre en idées,

ei médiocre dans la composition et le style fi; Diogène %,ante la

gruce et le parfum, =·rc~l;cn,de saparole mais loules ces qualilés1

s'é\'aporaienl pour ainsi dire quand il écri\'ait8. On n'a de lui

~norr. ,tr~ 4!11,n. aa.

S~cnp.,Il, 2.D. L., V, III, 63.1!J. L., V, 51, 53, 51, 55.5 Il. L., l', 65-° IJ., t~ 3'E%Ÿa714t'z%.v':I.tt;r'Jzx'sa·_pty~yov~;snsç'tppqvsü lie., de

Fin., V,5. Oralionelocuplcs,rcLusipsipjejunior.Qui luiauirnl faitdonnerle surnomde Glyconsouslequelf'Iulal'11uo(deE.rif.,

le cile.8 D. L., l, 1. ly t~ YP71'~IVh~I1" Wtia.

Page 434: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

f'ÉRIP,1TÉTICIF\SD11LYCÉEB III

qu'une définition ohscure du souverain hien l, et uno pensée

détachée de peu de valeur sur les hiens extérieurs 'l. Il paralt

s'èlt'e occupé tout spécialement de J'ail de l'éducalion 3.

183- Lyncée de Samos, disciple de Théophraste, frère de

Duris', poNe comique 5 K. Miiller donne le calalogue de ses

ouvrages.

181-, Lysandre, lémoin au lestamenl de Théophrasle G.

185. Lysimaque, qu'Hermippe camp le parmi les disciples de

Théophraste 7.

-18U.\Iaray-as, auletird'une histoire de ]'Éducation d'Alex3ndre8

avec (lui il avait rcçu les leçons d'Aristote. Suidas l'appelle

pour celle raison le du roi de ~Iacédoine.

187. Mégaclides, qu'IJés)'chius 9, Suidas 10, Eustalhc rl

Alhenée r', Tatien 13, nomment un péripalélicien et dont ils

citent un ouvrage sur Homère.

188. llc~lanclUon Il.

189. \I6nandre, le poNe comique, disciple de Théophraste,

ami de Démélrius de Phalère et d'Épicure 15,

190. Ménéphyle, péripalélicien, peut-ètre scolarque de l'école

d'Allrénes 16,

191. Mélroclès que sa sceur Hipparchie, femme de Ci-atés,

amena à l'école cynique, mais qui avait antérieuremcnt appar-

lenu à l'école péripalélicienne sous Théophrasle 17.

1 f.lem., Slrum.,1, .\tG, où il faulliroau lieude A.jz,Cic., Tuscul.,III,33.

1). L., V.65. r.!?i 'Jt,o, &:YWYT.;2XPO';ITnuT!Jy\lÍv, Conf.ThclIli,l,XXI,255.

1 1'. n~I\!G.s ~111icn.,lY, 128 et 131 VI,RU2;1'lll, 337. Conf.Suid., V; Sicph.D)"'I:rtaoç.6 D. 1." V, 57-° .111ien-,1'I, 9ia.s Suid_,V,g V, '(¡T,vi.10V. '5r,rxlzG.Il ln Il., !J'. p. 84.u XII,513.mC- Cenlil., 31.Y. n" 1.D. L., l', 36, 79.15l'lul. S~mpos.,IX,G. U.n D. L., N, 91.

Page 435: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREnem rsncno~ocieDE.)GIIECS412

192. Mélrodore, élève de Théophraste, puis ensuite de

Slilpon 1.

193. Mirhel Psellus, né en 1020, auteur de commentaires

sur les l' i'oces de Porphyre, les Catégories et le ctc lalerprc-lutione d'Arislolo. On lui allribuo encore, mais sans beaucoupde vc~isemblance Q, une ~.j'J"}I, sts T-JI" 'Af''i'wrD.o'J; ).'J"flxJ,V

qui n'est qu'une reproduction des principaux

ouvrages de logique (l'Aristote.

191. Michel d'Ephèse, contemporain de Michel Psellus et de

Johannes Italus, commentateur de l'Organon d'Aristote.

'195. Michel Scoll, né en 119i), lraductcur des livres dit Ciel

et du de ~lninta, et des commenlaires d'Averroës.

196. Midias, médecin de Lycon 3.

197. \Inason do Phocée, disciple d'Aristole 1.

1fl8. llnésigène, curaleur au lestament de Slralon,

199. lfoyse Maimonide (ben Maimoun), né en '1135, mort en

1201, le plus célèbre des philosophes juifs au moyen âge, Le

plus consid6raIJIe de ses oU\Tag~s u le Guide des 6gar6s a

contribué à pousser de plus en plus les savants juifs à l'élude

de la fiiiilosopliie 1)éi@il).ttélicienne que Maimonide a connue

direclement et par les commentateurs arabes 5.

200. N'6lée, flls de Coriscus de Skepsis, disciple d'Arislole,

puis de Théophraste qui lui légua lous ses li\Tes (1.

201. rémésius d'rllcranclrie, évêque d'Émi'.se en Phénicie

(vers 400 ou 450), appartient au néo-platonisme. L'élément lori-

patéticien esl che? lui d'une imporlance subordonnéeet déter-

mine plutôl la forme duc le fond de sa philosophie, (lui est

surlout une psychologie, Dans sa lli~orie des facultés de l'àme,

il se raltache de plus près à Aristote.

1 D. L., Il, 113.j Rtruc r1 rchlologCh.ThuNl, I&H,p. i61D. 1. \12.1 Alhen.,N'l,261; .F,l., Il. 111. I!J.5 lfunck.,J/éI" p.88.D. 1. V,Si.

Page 436: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

Pf:RIPATtfICIF.iS DU L1'C~E 413

202. Nicandre, qui, d'après Suidas l, fit un ouvrage sur les

disciples d'Arislole, On ignore s'il a vécu avant ou après l'ère

chrétienne.

203. Nicanor, fils de Proxène, choisi pour gendre par Aris-

tale, dans son testament.

20. Nicippe, disciple de Théophraste 2.

205. Nicolas de Damas, né vers 6.i avanl J.-Ch" après avoir

vécu plusieurs années à la cour du roi juif Hérode, vint vers

l'an 8 avant J.-Ch. à Rome, où il s'altira les bonnes {{fAces

d'Auguste, et où, après un second voyage, il passa les dernières

années de sa vie. Athénée le nomme un péripalélicien 3, et

Suidas un péripatélicien ou un platonicien. C'élait plulÓl un

érudit qu'un philosophe. Parmi ses ouvrages, on cite un écrit:

7':£(\ "\fI"wro.o' '1'1),'J'I'J1-{'Zç.,que le scholiasle de Théophraste

inlilule 9e~r(x Ww lequel doit avoir contenu un

cataloguo des ouvrages d'~lrislole.

206. Nicolas d'Oresme, morl en 1382, qui a traduit en fran-

çais la plu parI des ouvrages d'Aristote.

207. Nicomaque, fils d'Aristole, disciple de Théophraste 5.

208. Nonius ~Iarcellus, le célèbre grammairien, qui dans

le titre de son ouvrage cle Compendiosa doclrina, se donne

lui-meme le nom de pcripalclicrrs que personne ne lui a con-

testé. Bien des grammairiens sont en effet sortis de cette école

209. Olympiodore, disciple de Théophraste 6.

210 Olyrnpioclore d'Alexandrio, le péripatéticien, maitre de

Proclus 7.

211. Olympiodore le jeune, disciple d'Ammonius, auteur de

nombreux commentaires sur les dialogues, et probablement

1 v. A:o-.<plwlI.D. L., l', 73.a1'1,252.a Scl~olf.Ar., d93, a. R.D. L., Y.39.

6 ld., D. L., Y, 57.Nlar. l'il. Procl.,9 ~~Iti (Proclus)Èr.'tI1h 'plarOtE),I,t, n;xp''O)"JI111ll-

~WP~Y,sLrq,,>'¿aoiov..

Page 437: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIIsrOIHp.tH:1. PSYCHOLOGIE[lESGI\Et'StU

aussi d'un commenlaire sur la météorologie d'Arislolû que

plusieurscriliquesallribuenlcepcndanl un autre Olympioelore 1.

1212. Olympius, esclave d'rislolc

213. Ophélion, esclave de Lycon 3.

'Hi. OUo de Frcising, disciple et partisan de Gilbcrl do la

Porée, apporte le premier en Allemagne les Topi~~lces,Ics rtna-

l~liyues, la l~éfectalion des sophisr)ICS.

215, Palæphalus d'Abydos, disciple d'ilristote

21û. P;Lsielè,3de Rhodcs, fils de noëthus, le frère d'Eudème,

disciple d'ilristote, auquel quelques-uns allribuaienl le livre

'~1(le la :llétaplr~si~lrce 5.

217. Pasychrémis, médecin de Lycon6.

218. Plianias d'Érèse, dans l'Ill' de Lesbos, disciple d'Aris-

lote 7. Le scholiaste d'Apolionius8 et Diogènc citent une leUre

(lue Thlophriste lui adressa; il est souvent nommépar Alhénéc.

il l'exemple d'Eudème, il a écrit des livres sur l'I)Itcrl)rélaciors,

les ~ircal~liques !J, et des ouvrages d'un caraclèrc probablemenl

hislorirrue 1~.

219. Paulus, gouverneur d'Alhènes, que Galien Ildésigne

comme professeur de philosophie péripaléticiennc.

220. Phasélilès, probablcment Théodecte de Phaselis, disci-

ple d'Arislolc li.

1 Meier,Arial.,Jlettor., l, \1`III Creuzer.,lnif. t'hil. l'laf., Il, XI; Cousin,Fro!JIII.,1,3:;1[1.Fra~rn.3I).1, l, V,15.

D. L., V, iJ.Suid., V.5 Scholl..tr., 589,a..11,el J/ef., 1,993:a. ~0Llmsle~Icçoll5T~'jT~s~~,f,l!~v

ot a).eio·~t~Yai'/EZY3i[1~"nd.f~I;iou P'j~i'j'Jnç i,v .2:L~I):I-;Y.I''.lptarrm€).r.v',u'o~7113irrj,,5T~'jE.j7,I- Au lieuLIef'J.sidèsPltilopon(in Jltf 11,donne pourJ'auleur/le ce livrel'asicrali's..15t!(tf~iu~(Jcholl.:Ir., 5~'Ua. G¡,fuiallribue,parerreur,nonle pclilA,n)ai3le grand Conf.l\ri;che,.4r.H~orach.,p. ':i!ô8.

6 D. L., V,12.D. L., Y, :n ci 50. Scholl..1r_, 28, J.Ia; Slrab., XIII, G18 i D'Erése

¡llaiCDITh¡lophrasleet Phanias,,l Ex-r6)vttEpl"n'v ",M, 'pL'H~d).J;yvw~IIl~SuiJ., '1'ziiz~ 1f1).I); a:ptazr,mx: 'APE".tOt!>.GI~;pz4~,sr,t

8 l, 912.9 Amm.,in Cafcg.,p. 5.10K.~JfllIcr.Fiafrm.lliat. Cr., Il, 203.ConGJonsius,l, 15 4.rr UePr~n. c. 5 de Anal. adrnin.,1.l, vol.111',G12,6':i!1,Alhen., X Il.

Page 438: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

F~ÉIUP,1TF'TICIF.XSDU L\'CÉE .&15

221. Pliil iond'Alhènes, [émoi n au tcslamenldeTMophra5le 1.

2'22. Philocratès, menlionné clans le leslamenl de Siraton

223. Philomélus, témoin au teslament de Théophraste 3.

224. Philon, esclave d'Aristole

225. Philopon Johannrs, ou Johannes Gnimmalicus d'Alexan-

drie, disciple d'Ammonius, fils d'Ilerméias, commentateur chré-

tien d'Aristote, dont les écrits lombent entre 500 et 570 après

J,-Ch. 5. Il veut appliquer au dogme de la Trinité le principe

aristotélicien que l'e-xistence suhslantielle, dans la pléniludc du

sens de ce mot, n'appartient qu'aux individus ce qui le fait

tomber dans l'hérésie, Commentateur d'Aristote, il fait eftbrt

pour rester fidèle aux principes du maUre, mais cédant invo-

10nlaÍrement aux influences de son milieu et de son temps, il

rentre à chaque instant dans le cercle des idées néo-plaloni-

ciennes. I~éanmoins c'est par lui, et aussi par David l'Armé-

nien, que l'aristolélisme exerce une influence croissante sur les

formes d'exposilion el mbme en parlie du moins sur le contenu

do la lMologie chrélicnno.

2'26, Phormion d'Éphèse, qu'Annibal entendil en 194-105 r.

à la cour d'~lntiocUus, mais qui élail à ce moment déjà vieux,

puisque le général c3rlh:1ginois le lraile de dcli~~usserae: Dans

la liste de de l'~lnon~'mo de Ménage, il est le dixième

et précède immédialemenl Critolaüs.

227. Phrajiflémus, savant naturaliste, qui abandonna l'école

d'Arislote pour suivl'C les leçons de Stilpon de i~lé,are 7.

228. Pierre Lombard,le nuyislcr scnteatiaruin, névers 1-100,

mort en ~11(ii, enveloppé par Gaulier de Sainl- VicIaI' comme

D. 1. Y,Ól.n. 1. ca.

3 D.1. L9.D. L., V. 15.

,lm. Jour~lain,p. 171 a Lcc.11.110gueinéditdesMss.du fondsde Sorbonneindillueune I"cl'Siondcs G'onmrtnlairesdeThémisliusel de Jeanle grammairiensurle/la Anime; rd., p. 398 1 S. TlioiiiiscilewwenlSimpliciusel Jean le grain-mairien,le niéme,dil-il,'lue Pliiloion.»

6 Cie..de Or., Il, 18.D. L., Il, il.

Page 439: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

I/ISTUI/IEDE L.1 PSi'f.IIOLOCIEDES CIIECS~IG

Pierre do Poilier: avec Abailard, dans l'accusaI ion d'élre

meo spiritcc Aristotclico a(/lnti l, el cependant le nom m~mo

d'Arislole ne se lrouve dans aucun de ses livres, au dire de

Danée, son commentateur: /1In ¡>, LomGar'clone nomcn quiclnne

Arislolelés legilur '2.

2;29. Pierre de Poiliers. au sujet duquel nous n'avons qu'à

répéler la menlion précédente.

230. Pierre flispanu-3, né à Durham, mort chancelier à Lin-

coln en 12.i9, autcur d'un manuel de logique fort répandu,

intitulé: Foroarclre logicales, en 7 parlies, donllc5 fi premières

reproduisent l'casenliel de la logique d'Aristote.

231. Pison, l'unique péripatélicien romain connu apparte-

nant au I`r siècle, qui entendit avec Cicéron, Anliochus, l'aca-

démicien, mais avait été- converti à la philosophie péripatéli-

cienne par Staséas, son hote 3.

232, Platon le jeune, disciple d'Aristote l,

233. Platon, disciple de Pra~iphanés 5.

23t Plotin de Ly~opolis, né "01'120 ou c?0~,mort en 2G9ou

270. faisait lire dans les conférences, (le son école,

en même temps que les livres des plaloniciens, les ~crils des

péripatéticiens, Aspasius, Alexandre d'A phrodiséo, etd'Adraste.

Malgré l'originalité et la personnalité de sa doctrine, il est facilo

d'y retrouver l'influence des idées péripatéticiennes aussi bien

que des idées stoïciennes, commo le remarque déjà Porphyre!J.

235. Polyzélus, péripatéticien mentionné par Alexandre

d'Aphrodisée 7.

236. Porphyre de Batanée en Syrie, ou peut étre de TrI', né

en 232 ou 233, moi't en 30-i après écrivit 7 livres pour

1V. n. 1. Abailard

2Proleg. in P. Lomb.Senl., 1. 1. Genévc,1580.3 Cic.,de Fin., V, l, sqq.; de Ordl., 1. 2t.D. L., III, 109,s ld., 1.1.

8 POrph)T"i'il. Plol., U. i~aN€yxrz~:s ro:ç 'TJn~1!1~'71.di. Y-tcolxi

).n MY!1n~"i Tirth:;¡1tn'.n,u1t!'If'h'IIo)f(l1 1.1X:Lir, !1n:.rào1>-J'7lxlIT~1'j'Apl'7f~d).')'J~'/t?"'Yl-'u!l~,

7 Derlnirn.. lM, b. o.

Page 440: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

l'tnlf'AT£TICIf.XSnu LYCÉE a17

prouver l'identité des doctrines de Plalon el d'Arislole, 7t£; zou

~lxvElvxrT-Il-0lll!TW'00; rxl 'A¡;,¡¡tnO.o'J; 1, et de plus dos

commentaires sur le De Intcrrretatioire et sur les Caté~ories;

ce demie,' £'sl précédé d'une Introduction, fameuse

dans l'hisloire de la scolastique.

237. Prariplianès, placé par l'Anonyme de Ménage comme le

septième successeur d'Arislote, désigné par Proclus comme un

ET'X~tŸn;de 'l'h~oplrrasle Proclus nous dit qu'il I)Iàmait l'intro-"4~

dudlOn du 7'iniée, Tzelzès qu'il la considérait comme non aulhen-

tique. Épiphanius, qui en rail un Ithodien, const3le l'accord

de ses opinions avec celles de Théophraste. Dans un fragrnenl

reproduit par Bekker 3, on le donne comme un péripaléticien

et un grammairien, et il n'y a pas lieu de douler que ce ne soil

le même écrivain, quoique Glémeut dise que le Praxiphancs (le

Milylène aille premier porté la qualilé de 4.

238. Praxilélcs, I)IacC-par l'Anonyme de Ménage comme le

qualrièmo successeur d'rlri~tole, entre Slralon et Lycon, per-

sonnage absolument inconnu qtii ne flgul'C mérne pas .dans le

teslamaut de Slraton. Ce fait est une des raisons qui portent

Zeller à refuser toule aulorilé au documcnl de Ménage.

239. Prémigénès do Nlitylène, que Galien désigne avec

Paulus comme un professeur dl! philosophie péripatéticienne à

AlIH~mes,et qu'il lotie en ces termes x'ITi OH')Í'{U7t£(I7t1.n¡tI~},v

GÛÔ~Yr;GEÛTE~.OÇ5.

2-JO. Pliscianus de Lydie, disciple de Darnascias avec lequel

il émigra en Perse, après la fermeture de l'école d'Athènes, en

429. Il est l'auteur de l'ouvrage de Théophraste

sur la sensalion G,et de Solulioi~cs cormr~ cle c~niGnsdtcLilnnit

Clrosroçs, conservés dans une traduclion laline du (Xe siècle

publiée dans l'étiilion de Plotin de Didot.

Suid., Y.3 In Tim.,5, c.3 ~Inealof.,Il, 7:J, où le p.1SS3gees.alléré,Zeller, 1. 111,p. H7,De Sanil.(rrenJ.,V, 11,vol.VI,365,367.8 Publiéepar 1\'immer,Theophr.,Opp.,1 11/,~3i.

Cmsw. Pryehafople. t1

Page 441: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

HISTOIREDE LA PSYCHOLOGIEDES CI1E(~m

241. Probus, conlemporain de l'dvc~clue d'l::desse, Ibas il

est l'auteur de commeutaires sur le De Interprelalione, les

~tnalyli~llies premiers et la Ré/ulalion dcs sophisrnes. C'csl lui

qui a fondé l'école péripalélicienne d'f:desse.

242. Proclès, petil-fils d'Aristote, disciple de Théophraste l,

243. Proclus, d'origine lycienne, né à Conslantinople en 4-1-1,

professeur à Athènes en 485, disciple d'Olympiodore, le péripa-

léticien i, de Plutarque, et de Syrianus auquel il succéda. Il

écrivit un résumé de la doclrine d'rlrislole sur le mouvement 3

et peut-êlre des commentaires sur le De Inte~'hrctatione et sur

les livres du Ciel 5. On l'appelle le scolaslique des philosophes

grecs parce qu'il s'est proposé de faire rentrer dans une espèce

de syslèmeel sous une forme sévèrement scienlilique et démons-

trative les résultats des philosophies antérieures. Sa position

vis-à-vis d'Aristote est certainement et manifestement hostile,

et il a consacré un écrit spécial à la criliquo de la théorie de

l'entendement ou du ~irs 6,

2.i5. Prosénes, cité par Porphyre comme un péripatéLIclen do

son temps 7, et qui a peut être été la tète de l'école d'Athènes,

246. Prylanis, undes placé par l'Anonyme de Ménage

entre Hiél'Onyrnus et Phormion, c'est-à-dire le neuvième succes-

seur d'Aristote 8.

247. Ptolémée, fils de Lagus, qui eut des relations familières

avec Théophraste 9.

1Sexl.Emp.,adu..llafh., p. 53.

lit. Procl., 8.] ~T~I:I.!Í""1I.Paris. 151!t4Scholt..tr., 157,a. 18, :BI, a. 39; 600,a. 28, Wailz.,l, 12. Zeller,1. Y.

p,70l., necroilpis quCcesinlJkali'Jn,visenldes écritsde Proclus,maisseulemenlsesopinionsel poséesdans-sesleçonsorales

5 Jcholl. AI'"SI5, a. 4. Il col ceL~end~nlcerlainque c'esl bienun écrilque~imp!iciusd~3i~neici LIF4z),ac.ÍM)J~"-ràc iv-ciliqziou "\p''7T~)'J;[""T<l'7E.çque Zellerne conildèrepascommeun commfnlalr~spécialsurl'ouvraged'Arisiole,maiscommeserapporlanlau Timée,qu'ilavaitdéfenduconlrelescriliquC5d'Arislolc,

a l'roc! in Tim. 1~3,c.¡ Euseb.,Pr~p. Bn., X, 3, 1.8 Plutarquelecite (Symp.Pram.),commeundesphdosophesqulontécrildes

ProposdeTable.WD. L., V,31.

Page 442: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

r~nir.~TEnc~evsDULYCtE 419

248. Plolémée Philadelphe, élève de Slraton, auquel il donna70 lalenls 1. David 2 lui allribuo un recueil des ouvrages d'Aris-tote et une biographie qui en conlenail le calalogue se montanlà 1000 ouvrages. Comme la vie d'Ammonius en latin donne lenom de Plolémée, sans ajouler la qualité de roi, Zeller croit

plutôt qu'il s'agil d'un aulre Plol~mée, qui vivait après Andro-

nicus, ot quecilent Sexlus Empiricus elle scholiaste de Dekker3.2~9. Plolémée, péripalélicicn forl savant, cité par Longin &,

mais qui n'a laissé que des poésics et des discours d'apparat.250. Python, mentionné dans le teslament de Lycon 5.251. Rohert Grosse-Tète (Capilo), né à Sfradbrook (Suffolk),

mort en 1253, évêque de Lincoln, a commenté les ouvragesd'Aristote, et particulièrement les 8 livres de la Plysiqcce et les

d~cal~tiqcees seco~tds.

252. Roscelin, le célèbre fondaleur du nominalisme, novi

Lycei condilol', et qui inslilua, dit J. Avenlinus, novuni genusArislolclico~w»z «ut ~eriyatelicorec>ft 6.

25:-1.Rufin, cité par tucien 7.

2M. Salomon hen Jehuda ben Gebirol, le premier représen-tanl de la philosophie juive que les scolastiques prennent pourun philosophe arabe et désigncnt sous le nom d'Avicebron e.

255. Satyrus, désigné comme péripaléticien par Athénée 9il vivait du temps d'lIermippe et de Solion, c'esl-à-dire entre200 et 150 av. J.-C.; il est l'auteur d'un ou%,rage biographiqueintitulé BÚ¡¡souvent cité par Diogène 10,et d'un écrit nE°IZ7.f7.-xn;fwy dont Athénée nous a conservb un extrait

D. L., V,58.9 ScAoll_Ar., 27, a. 13; id., U.-a. Il.3 Seal.Emp_,adv.~11alh.,1, 60~DekkerAnecd.,Il,130.4 Longio.f'orphyr., ['i!. Plot., !O,D. L., Y,10.S Annal.Boim~um.,1.VI.7 Demonas.,~0, Si.8 V.plushaulne10. Aviccbron.o 1'l,YG8\!5(j;XII,531,5lf XIII,5.6, 557et 581.10D.L., Il, li; \'111,49 el 53.Conf.Hleron"de Scripl. Bccl.1\Alhen.,11','68.

Page 443: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTOIREDE l.-1 l'S1'CIf0l.Of.lEliES Cl:ï'S110

256. ScoU Érigène, dont la doclrine, au fond plalonicienne et

surtout néo-plalonicienne, conlienl cependanlla trace d'influen-

ces [lrislotéliciennes. ~a divi~ion des èli-es on nalmes en qualro

classes, dont les lrois (lnmicl'l's sont .1°cel!e qui crée et n'est

pas créée 2~ celle qui est créée el crée 30 celle qui est créée

et ne crée point, n'esl qu'une modification des trois catégories

.d'êtres admises par Arislote 1- le moleur immobile; 2" 10

moleur mû; 30 la chose mue el (lui nc ment point. S'il est dou-

leux qu'il ait connu directemenl la .llélctph~~iqtte, il n'ignore

pas le nom de l'auteur il le cile comme l'in\"enleur de la dialec-

lique et du système des catégories 1 c .Iristoleles wtttissintus

almd Gracos, ut aittnt, ttaturaliunt ncrttnt discrctionis rayerlo>·,

ontnitem rerttnt. quæ post Dettnt ri ab eo crectl.e, innttnteraLiles

zarictates in decent ttniuersaliGtts r~eneriGtts conclttsit. D

257. Sergius de Réslina, en Syrie, où norissaienl comme 11

Kinnesrin, au vie siècle, des écoles de philosophie dans les-

quelles dominait l'esprit de la doclrine péripatélicienne. Il a

traduit Aristote en syriaque 3. Il existe au British lluseurn, en

manuscrit, deux ou%-rages de cet écrivain Logictrs tractaltts et

Li6er de causis IlIlit'CI'si.jttxta ntcutem ,ll'istotc!is

258. Siger de Brabant, professeur en f-jorhonne, menlionné

par le Danle 3, auleur d'un commenlaire sur les .·tttalylir~ucs

p~rentiet·s d'Arislote.

259. Simplicius de Cilicie, disciple d'rtmmonius el de Damas-

cius, auleur de commentaires exacts et profonds sur div~r~

ouvrages d'Arislole: Les Catégorics, les livres du Ciel, 10

Trailé de la Ph~sirlttc, la .llétaph~sir~ttc A la suile de

l'édil de Jusliuien, en 52cJ, il s'exila avec Damascius, Diogène,

Herméias de Phénicie, Isidore de Gaza, Eulamius ou Eulalius

de Phrygie et Priscianus, en Perse, où ils trouvèrenlun accueil

1 DeDiris.\'al., l, 16.fienan,de Philosperipot-a/,rrdSyroa.,p. 25.

J Parad., X, 136.1 Faltric.,IX,530.Simplicius,(le.1n.,38, a., indiqué lui-mémecommeundeses

ou%ragesun résuméde la Physiquede Théol'hraslo.l:onf.t'abric_, 1~O,

Page 444: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

1-Élt[P~%TÉT[f,IFN,'i[)LI1.5'CÉE -121

hospitalier à la cour du roi Chosroës, ami de la philusophie.

,Niais ils ne lanlèrenl pas à être désillusionnés de leurs rêves

cI aballus par les tristesses de l'exil à la p1ix conclue enlre la

Pcrso et l'Empire, en 533, ils re\'inrent à Athènes où le gou-

vernement consenlil à les lai3ser vivre, mais leur refusa le droit

d'enseigner. L'espril qui inspire tous ces commentaires, c'est

que malgré les apparences il y a entre Arislole el Platon un

accord réel et intime, clle but que non seulemenll'auleur se

propose, mais qu'il propose à tous les commentateurs comme

le plus beau à alleindre c'est de iv T/1ErY4ÛU/1a!(wv{~

r;'J:J.tw.,{,vbl.)£lx"únl l.

260. Socrate de Bilhynie, désigné comme péripalélicien par

Diogène

261. Sosigènes, fut, avec Aristoclè-s do Messène, le maUre

d'Alcxandre d'Aphrodisée, qui nous l'apprend lui-môme 3.

262. SOlion, qui écrivait vers 200 à 150 av. J.-Ch., contem-

1)orain d'Arislon, de CrilolaÜs, de Phormion, d'Ilermippe el de

Salyrus. Il n'est pas expressément (lit, mais d'après le carac-

lèrc de ses écrits, il est très probable qu'il appartenail à l'école

péripatéticienne. Son grand ouvrage intilulé -riov r~,),

Y4rvest souvent cilé par' Diogène, et a même élé ulilisé parlIéraclidc Lembus, qui en a fait un exlrail 1. C'est le frère de

cet Apollonius qui lui sacrifia sa propre gloire.

2/33. Sotion d'Alexandric, de l'école de Sextil1s, mailre de

Sun~que, vivait vers 1'3n .t.20 aprèsJ .-Ch. Ce devait ètre plutôtun slrJïcien,

26'. Solion, désigné comme péripatélicien par Aulu-Gelle, et

comme auteur de plusieurs écrits, enlr'aulres Kipxç 'Ap.).Ihh,5,

1 /n l'h~~t.,!JI,a. o. cl in Caleg.,2. da. \1T."~QCT~.v).f!mh~lD.lmivnp.~Wj"llt7f[,)~Y TG)Y~yl),OQL~47YXI7'f~n;tCEGfj:U.Q).).'f!(T4YY4~'YQÿ.Or4IYTYT ,Y ~Y TOZ( T).E!?Try( 6VIL~W'II~Y ~~TWV 'Z'ofE'~£tV.

J Il, 17 ci par .\ICt.phrod., deAnim., 151,h. o..llcx in .Ileleor.,Ilf, a. o; Sr/lolt..1"- 158,b. !8, ci HI, b .l8; Themisl.,

de~tn-,7i),a. u C'~sldoncpar,crrcu~quele>cllOliJslCdela JWaph!}5ique(:!Jl,tr.6.dil V'1n~ T~pl:w'11ylvlj,Ahb-J Tr Z~~v,dit11'e·lermann,1h:x7.y~:I~~I, p.I!J. Zcllcr,1. III, [1.756.

5 .y, .-tU"J, 8; Slob.,h'lori(., 14, 10,

Page 445: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

.tH IIISTOIREDE LI Pâl'f.IIOLOGIEDESGRECS

pourrait Nrc le méme que le précédent, et ètre l'auleur d'un

commenlaire sur la Topiqlre. d'rlrislole, cité paf Alexandre

d'Aphrorlisée 1.

265. Slaséas, péripaMlicicn du le~ siècle, do Naples, le maUre

et l'hôle de Pison, que Cicéron appelle un noLilis yeripatc-

licus

266. Strabon, le grand géographe, né il Atnase, dans 10

Pont, vcls 6O-M avant J.-Ch- Il se comple lui-mènie parmi les

stoïciens 3; mais il avail suivi les leçons du péripatéticien

Xéiiai-que 1, et avec Doëthus de Sidon celles d'Andronicus aoYE-

yl).'J'1°Í"'¡t¡71'JTX'¡\FIH'JTD.£17 5.

1G7. Straton de Lampsaque, successeur de Théophrasle dans

le scolarchallJ.

268. Slralon, péripatélicien d'Alexandrie dont nous igno-

rons l'époque.

269. Syrianus d'Alexandrie, disciple de Plularque, fils de

Nestorius, lrouYe dans la philosophie d'Aristole une prépara-

tion ¡'1l'intelligence de la philosophie de Platon. C'est ce tilre

qu'il écrivit les contmentaires sur la ,llétalrllysiclue, les CalAr~o-

ries, l'llenménéia, pelll-ëlre sur les ~trlalllliylles premicns, la

Physique, les livres du Ciel et les livres de l'Ame. Marinus dit de

lui 8 1t;;¿~Xç7UT</iTXÇ'Afo!'1T'Jn),,¡{hiJ'JY'X'¡£pwDans

l'introduclion ll son commentaire de la Jlélahlysi~lnc, il s'ex-

prime en ces termes sur Aristote a llonlimrm quos scimns,

cloclissimns et jèctntdissimus, aclnrirccnclles, rl ristolcles (1.

270. Tachon, esclave d'Arislolc 10,

271. Thémiste, b né vers 317 el mort_au commen-

1 In Top.,213,o. 1' Zeller,1.111p. 756,ci, dt Oraf., l, R~:de Fin Y,3-3 appelle 7.énond 4,~frep.c,l, l, i. 31et XVI,l~,8;, etlesStofcicns0\ T.l-'lup~11

3, 8.1 Slrab., XIV,-1--1.6 Slrab X\'l, 2, 218 V. J/i! de fa PaYchol.,p. 332.D. L., V.6:'1-8 t'if. Procl., c. 13.

TraducLde 8Jgolin,10D. L Y, 15.

Page 446: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

PÉRIPATÉTICIENSDU LYCÉE ln

cemenl du ve siècle ap. J. Clt., péripalélicien et à la fois plaloni-

cien éclectique, a écril des commenlaires et des paraphrases sur

Ie~ ftnal~tiqttes seconds, la l'lt~sir)tce, leslivres del'Ante et quel-

ques parties des Panra ~tnftcrnlia.

272. 'fhéodecle, l'oraleur el le paNe souvent cité par Arislole,

qui l'avait probahlemenl connu en Macédoine,

273. Théodore de Gaza, mort en 1478, était arrivé en Ilalie

vers 1430. Il a lraduil les ouvrages d'hisloire naturelle d'Aris-

tote et de Théophrasle, et les ProLIWtes. Celle traduction est

peu goülée de J .-CésaI' Scaliger qui dit Il Theodortts, additis

calamislris, /'usant, ln.ram alc~ue etiant (ttrgidam i~tlef~cltt»:

traltit o)'alionem.

27,t Théodore Mélochila, mort Conslantinople en 1332,

auleur de paraphrases sur les écrits physiologiques et psycho-

logiques d'Aristote.

275. Théodore Prodrome, du commencement du xiie siècle,

auteur d'un commen laire sur les Anal~t iques seconds.

276, Théogiton, disciple d'Arislole t.

277. Théon, esclave dc Lycon, affranchi par son testa-

ment

278. Théophraste 3.

279. Thésippo. lémoin au leslament de Théophraste

280. Threpta, esclave de Tltéolhrasle 5.

281. Thomas d'Aquin, né en 1225 ou 4227, mort en 1274,

accomrnodo, aussi parfailement qu'il était possilJlo, la philoso-

phie péripatéticienne à l'orlhotloxie calholique: il a commenté

et exposé avec un sens philosophique waimenl admirahlo les

ouvrages suivanls d'Aristote L'llcrnt~~néia, les Analylic~ttes

scconds, la .llélaph~siqttc, la Plt~siyuc, les l'area ualur·alic~, le

de Anitna, les l~'thiqucs ic 1\'icontacltte, la l'oliticlue, les Livt·es

des ~lléléorcs, du Ciel, de la Génération el de la Corruption.

1 Sleph,Byz.,Y. T,ap.2.D. L., \31.3 V. Iliat. /lela PayeAol.,p. 267.4D. L., V, 51,3D. L., V,W.

Page 447: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

IIISTO11:EUE L\ 1'iCHOlOGIE [JES Ciffl-'21é

282. Timarque, disciple d'Aristote, menlionné dans son les-

tamentl. 1.

283. Timagoras, disciple de Théophrasle

28-t Tyrannion, le grammairien, né à Amise dans le Pont,

devenu esclave de ~lul'6na lors do la prise de celle ville par

Lucullus (7v av. J.-Ch), affranchi par son mailre, professeur à

Home où il devinll'iche et possesscl1l' d'une belle bibliothèque 3.

Slrabon a suivi ses leçons l. Ses travaux sur Aristote furent

des plus imporlanls. Il eut entre les mains, ;tz/.Etp(-71-ro,la

bibliothèque d'Apellicon qui conlenait du XII W

,,¡')'j8£'JrÍ'Zt¡T'J'J5, ce qui lui fil donner par Strabon le nom

91),'1.Í'!t¡T')dhl; car en timnl des copies du riche dép6l de livres

que mettait à sa disposition Apellicon, il ne négligea pas ceux

d'Arislole pour lequel son élève conslalc sa prédileclion.

285. Virginius Rufus, désigné comme péripatéticien par

Alexandre d'Aphl'Odisée 6.

286. Xéiiai-que de S¿lcucie, le péripatéticien, qu'entcndit

Strabon 1, professa à Alexandrie, à Alhènes el enfin à Romo,

Il était lié avec Arius Didymo, el était contemporain de Doëlhus

dont il partageait les opinions sur le 7rOj)T~Vc.i¡t;E1oy8. Il s'élait

acquis les bonnes gràces d' t\ uguslc0,

1 D.L., Y, 12; Zeller,IV,31li,l'IIfail un épicurico,pouceque~lélroJorelui aadre3AuneIcUre.l'luI., ade. Cof.,17.

i l'Jlrizzi,Di3cus.q.Peripal.,p. b~. Cicéron(~1caJ., 25),enfaitun J::picunen.3 SuiJ., V; l'luI, Lnculf.,19.4SIr.lb.,XII,3, t6.5 Slr.rb.,\III, 1. GùJ.De rlnim., 151,b. o.1 Slrab., Xt\5, u, 670; Slob Ecl-, 1, -10 Xénarque le péripaliliciclIci

quelyuesaulresdela mAmeécole,sonld'avisquecelleformeparfaire,celleentélécliie

ll'àmc)existeen soiel cepen,],tnteil coordonnéeaveclecorps,flÓfOtf~'j.v~iy~~t

'TJ~fEnYld~l' \)1 r.8 Alex.Aphrod.,de An., I[)J,a. d7.

(¡. r·9 Slr.rb_,I. I..9 Slr.w_,1.J.

JI

'}:.E, '`»'. 'l'

Page 448: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

T~BLI;DESII~~TI~I~I;S

PlltrACE. I

P11E\IIÈfiE PrIRTIE

LA PSYCIIOLOGIE AVANT ARISTOTE

CH.4p.1". La psycho!ogiedes poftcs. ICIIAI'-Il. la psychologiedans l'l'cole d'Ionie Thalés. 15

Cil- 111. Ana\imamlre., 2!Cil. IV. Annim~ne, Y6

CH- V. llippon. 28CHaP. VI. mradile. 31

Cil- Vil. X~nor,hane, 's5CII\P, 1'lll. 1') Ihagùrc 150CH.'P. IX. Alclllron. 59

Cil- X. farménide. 61

CH. 1. Anna¡:ore. 69

Cil. XII. Eniiiédocle b2Cil. XIII. Diu~pne.r.\pollonie. 97

CH_'P.XII'. Ardl~Jaùs. fl'3CIIAP \1'. uucirre ci Démorrile. lOiCH_~P.\I. Les sophisle. Prulagoras. I~

CH- X\'II. Corgia3 130

CH- \1'lll. Socralo. 134

CH-%P.7lIX. ArisllpJlO. 168

CH- XX. Anlislhêne. 180CHAP.XXI. Euclide et récole de ~lé¡;3fc. 193

CHAP.XXII. Platon "3ClLIP XXIII. L'ancienne AC3.démlc Speusippe. tl6

CHAI'.XXIV, Xénocrale i56

Page 449: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

426 TABLEDES 11.1TIf;RES

DEUXIÈME PARTIE

LA PSYCHOLOGIE D.1\S L'tCOLE D'ARISTOTE

Cil-4p.1~ Tbfophra5Ie. i61CmP Il. Le Pneuma.. 303CII_\P.111. [lIllênJc. 316

CHAP.li'. .lri~i0ié~0. 3:ÈtCII.\P.y. Dictlan1ue. 3~6CII.\P.\'1. Slr.lloo. 33~

APPENDICE

§ t". Ilistoire eilcroe de l'école d'Arisloleou péritulédcienne.. 353

§ 2. Tableau des scolJn1uCSpEripatéliciens. 371

§ 3. Lisle alpbabéli'lue rais~nuée des péripalélicicos. 371t

Page 450: Histoire de La Psychologie Des Grecs. Tome 1

CORRECTIONSET11DDITIO\'S

P. 33, n. 1, 1. 2. Au lieu de :cept€~nvlire 1,'idée de la nécessité,du fatum5CIran,forme déjà dans l'idéed'un but. d'un Mire,comme le prouve le fragmenl d'll~raclÍle Il'lul, de laid.,c. 18) l.e soleil ne MI.:mcra pas les bornes qui lui sont

assiônées s'il les frdndJissail, les salelliresde la Juslice el

de l'Ordre saunient hicn le relrou\.er cl l'y rdnlcncr. » la

nécessité csl ici la volonléde Juliiter, un jcu de sa ,"olonré,ci cc jen, dans le sens d'llPrarlilc, est l'ciprc"ion de la

facilité avec laquelle celle votonlése réali.;c, el du I,]aisirde racle qui la réalise. Cf. Trcndclenb., Ilisf. Reifr., 1. Il,

p. 13D,P. lOI, 1. 1-1. Au lieu de 01. 1,XXXIII,lire 01. 3.P. 1 vs, 1. R8. Au lieude: Lc mylhede l'rorlua, lira le III)-'hede Prodicua.l'. 171, 1. dernière. Aulieu de Uenysd'llalicarnassc,lire Uiogtnc de l.ai'rle.P. 193, 1. 3. Aulieu de donl Ics seclaleurs grri pnlenl, lirc dODlle5sec-

lalcurs prirenf.P. 251, 1. 21. Au lieu de cet asserlion, lire celle asscrlion.P. 3 io, 1. 5. Au lieu de aensi6fca,lire aenai6le; au lieu de participent,

lire parlicipe.

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Ponlerr. lmp. 3lillet, De~coaft & Pdn