102
HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE 1940 A NOS JOURS INTRODUCTION GENERALE (Cours devant être compris comme une introduction à l’écrit 1 du CAPEPS)Quelles sont les problématiques centrales relatives à l’histoire de l’éducation physique et sportive ? 1-La question (Problématique) de l’intégration scolaire de l’éducation physique et sportive L’éducation physique est une discipline scolaire, l’évolution de cette discipline, son histoire même récente peut être comprise à travers la problématique de son intégration dans le système scolaire ( P.ARNAUD, « concurrences et spécificités », in Education physique et sport en France 1920-1980, sous la dir. de P.ARNAUD, JP. CLEMENT et M.HERR, 1989, p.11-21) Comment des pratiques physiques sociales extra scolaires ont- elles pu pénétrer le domaine scolaire ? Comment l’EPS a-t-elle pu accéder au statut de discipline d’enseignement ? Toute son histoire « semble se résumer en une défense et une illustration de sa position scolaire » ( P.ARNAUD, « Défense et illustration d’un enseignement », Spirales, Une histoire de l’Education physique. Enseignement primaire et secondaire 1880- 2000, n13-14, 1998, p. 43-76 )

HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

  • Upload
    others

  • View
    11

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE 1940 A NOS JOURS

INTRODUCTION GENERALE (Cours devant être compris comme une introduction à l’écrit 1 du CAPEPS)Quelles sont les problématiques centrales relatives à l’histoire de l’éducation physique et sportive ?

1-La question (Problématique) de l’intégration scolaire de l’éducation physique et sportive

L’éducation physique est une discipline scolaire, l’évolution de cette discipline, son histoiremême récente peut être comprise à travers la problématique de son intégration dans le système scolaire ( P.ARNAUD, « concurrences et spécificités », in Education physique et sport en France 1920-1980, sous la dir. de P.ARNAUD, JP. CLEMENT et M.HERR, 1989, p.11-21)Comment des pratiques physiques sociales extra scolaires ont-elles pu pénétrer le domaine scolaire ? Comment l’EPS a-t-elle pu accéder au statut de discipline d’enseignement ? Toute son histoire « semble se résumer en une défense et une illustration de sa position scolaire »( P.ARNAUD, « Défense et illustration d’un enseignement », Spirales, Une histoire de l’Education physique. Enseignement primaire et secondaire 1880-2000, n13-14, 1998, p. 43-76 )L’institution scolaire impose certaines transformations aux pratiques qui la constituent : se pose la question de la mise en forme scolaire de l’EP, pour P.ARNAUD l’ « hypothèse est que l’éducation physique a d’autant plus de chances d’être acceptée dans l’Ecole que ses enseignants savent la conformer à ses exigences institutionnelles, pédagogiques et didactiques, sorte de mimétisme qui, par analogie et transposition , lui confère toutes les caractéristiques d’un enseignement »( problématique de l’orthodoxie scolaire, notion à définir) ( P.ARNAUD, «  L’orthodoxie scolaire de l’éducation physique ou l’étrangère dans la maison école », Les sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle , n°1-2, 1990, p.15-29)Si comme le définit P.ARNAUD, une discipline d’enseignement est « l’ensemble des savoirs, connaissances, savoir-faire dont l’acquisition est jugée utile pour la formation et l’instruction de la personne et son insertion dans la société » et si cet ensemble peut se définir à partir de trois critères : intégration dans les programmes scolaires, représentativité culturelle et utilité des savoirs dispensés, comment les pratiques physiques ont-elles satisfaits à ces trois exigences ? Comment se soucis d’orthodoxie scolaire s’est-il exprimé ? Pourquoi l’éducation physique a-t-elle choisi d’enseigner ce qu’elle a enseigné ?

Page 2: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

2-L’éducation physique, lieu de débats, de concurrence et d’enjeux de pouvoir

Cette volonté d’intégration est partagée par tous les acteurs (ou presque) de cette discipline tout au long de son histoire, cette volonté d’intégration va être à l’origine de nombreux débats et conflits, les acteurs défendant chacun leur point de vue, leurs opinions et leurs intérêts d’ou la concurrence, les luttes de pouvoir.Acteurs, organisations et institutions développent des stratégies qui dépendent du contexte, de la conjecture du moment. A chaque période ( il ne peut y avoir une périodisation ) correspond un modèle dominant d’éducation physique qui s’est imposé à un moment donné, mais qui n’en est pas moins critiqué, contesté par d’autres conceptions ( Y. GOUGEON, « Quelques précisions sur les conceptions », in l’Identité de l’éducation physique scolaire au XXème siécle : entre l’école et le sport, sous la dir. de J.P CLEMENT et M. HERR, AFRAPS, 1993, p.151-155 ).Les textes officiels qui régissent cette discipline tout au long de son histoire sont des jalons précieux, reflets des « ambitions » politiques du moment concernant l’EP. L’institution intègre par leur intermédiaire l’histoire de la discipline, ses débats, elle y officialise ses choix. L’analyse des circonstances de production de ces textes permet de comprendre la nature des enjeux concernant l’EP.Il existe en fait des histoires de l’éducation physique : institutionnelle bien sur mais aussi une histoire liés aux différents acteurs et courants qui entrent en concurrence pour laisser leur empreinte dans l’histoire institutionnelle. A chaque période il y a des gagnants et des perdants, des compromis. Faire l’histoire de l’éducation physique c’est tenter d’éclairer la dynamique qui conjugue rôle des acteurs et conjoncture historique, pour replacer le présent dans un cadre plus large : « l’histoire apprend à comprendre que les choses changent et que les choses auxquelles on croit le plus à un moment X sont précisément les choses qui sont susceptibles de changer….l’histoire apprend à relativiser » (G.VIGARELLO, « l’histoire des techniques sportives et enseignement des activités physiques et sportives modernes (1770-1914),, Spirales n°4, 1992, p.102-105 ).

3-Le concept d’éducation physique

Mais qu’est-ce que l’éducation physique ? De quelle histoire parle-t-on ? Quand est-elle née ?Quelle est l’itinéraire de ce concept ? ( M.BERNARD, C.POCIELLO, G.VIGARELLO, « Itinéraire d’un concept », Revue Esprit, n°5, mai 1975, p .704-723)La définition des origines est une question difficile : gymnastique, éducation physique, éducation corporelle, éducation motrice, éducation psychomotrice semblent être proches mais n’expriment pas la même chose. Parfois même les termes ont changé plusieurs fois de signification au cours de l’histoire. Les historiens font donc commencer cette histoire à des moments différents ( Xème siècle avant JC, pour P. NEAUMET)…..la plupart des travaux montrent que l’EP apparaît au milieu du XIIIème siècle, utilisé pour la première fois en 1762 : titre de l’ouvrage d’un médecin suisse, Jacques BALLEXSERD : « Dissertation sur l’éducation physique des enfants, depuis leur naissance jusqu’à l’âge de leur puberté », l’EP concerne alors toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour permettre une vie normale et une bonne santé : nutrition, le sommeil, le développement du goût, de l’odorat…la façon de se vêtir…appelée également éducation médicinale ou éducation corporelle. Livres écrits par des médecins, le plus souvent à l’usage des mères de famille, définissant des règles d’hygiène, tentative d’ingérence des médecins dans le domaine éducatif.

Page 3: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

Pour P.ARNAUD , « l’éducation physique n’a pas une origine didactique, c’est à dire liée à la pratique pédagogique de terrain (…).Le concept, à son origine ne se confond pas avec celui de gymnastique qui désignera seul , pendant longtemps encore, l’action particulière de développer son corps par la pratique d’exercices, en vue d’atteindre des objectifs précis. L’éducation physique apparaît au confluent des approches médicales et éducatives du corps de l’enfant. Elle invite les familles à intérioriser de nombreux comportements à l’égard de leurs enfants. Concernant la vie de l’enfant dès sa conception englobant des règles diététiques et vestimentaires, dispensant des conseils d’hygiène, prescrivant certaines formes d’exercices, l’éducation physique peut légitimement être considérée comme à l’origine des connaissances scientifiques et des techniques éducatives qui seront désignés un siècle plus tard sous les noms de pédiatrie et de puériculture » ( Le corps en mouvement, Privat 1981)

L’éducation physique va rapidement pouvoir être définie comme « la rationalisation d’une éducation par les exercices physiques », englobant une grande diversité d’activités qui ne se limitent pas aux exercices physiques.L’armée apparaît comme un marché favorable au développement des gymnastiques notamment en raison des conditions d’installation et parce qu’elle a besoin de force physique, on peut parler d’ « origines militaires de l’éducation physique » (M.SPIVAK) : en 1820 AMOROS est à la tête du nouveau gymnase de Grenelle, en 1852 Ecole Normale Militaire de Gymnastique de Joinville est crée.Avec les médecins, la gymnastique gagne en crédibilité, ils ne reconnaissent pas la gymnastique appliquée par des spécialistes limités à leurs compétences en gymnastique, ils réussissent à faire accepter le caractère thérapeutique de la gymnastique : des liens durables (jusqu’à la fin des années 50) se tissent entre la gymnastique et l’éducation physique. Au début du XXème siècle, la gymnastique vise deux publics : les militaires et les malades, peu à peu une troisième catégorie prend de l’importance : l’enfant à l’école. Mais la demande de l’institution est quasi inexistante. Les oppositions et les résistances sont nombreuses, la revendication nationale, qui existe en Allemagne et qui permet aux exercices physiques de trouver leur place dans l’éducation, est absente en France. Il faudra attendre la loi du 24 mars 1851 pour que la gymnastique soit classée comme matière scolaire : l’objectif est de participer à l’ordre et la santé du peuple : commander, corriger, améliorer le corps des élèves, le maintenir dans un état permanent de santé et de docilité (A.RAUCH, « Le soucis du corps,. Histoire de l’hygiène en éducation physique », PUF, 1983 ). En 1853, le ministre de l’instruction publique et des cultes FORTOUL décide que « la gymnastique fait partie des lycées de l’Empire », à raison de deux leçons par semaine ; suite à quoi des gymnases couverts sont construits. Des commissions d’hygiène suivront pour insister sur la nécessité de la gymnastique scolaire ?Ce n’est qu’à la fin du XIXème et au début du XXème qu’est réintroduit le terme d’éducation physique ; s’opère alors une forte réduction du concept au mouvement, à la motricité ( J.GLEYSE, « Une éducation du corps « post-moderne » ?, in Traité critique d’éducation physique et sportive, sous la dir.. de F.BAILLETTE et J.M BROHM, Ed QUEL Corps ?, 1994, p.253-261)

Page 4: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

PREMIERE PARTIE : 1940-1958

I-DU FRONT POPULAIRE A « L’ETAT FRANÇAIS »La période précédente, celle du « Front populaire » voit naître une nouvelle vision de la société, une conception plus moderne de l’éducation se dessinent, des actions sans précédent sont entreprises. L’éducation physique profite de ce processus mis en œuvre par un Etat qui devient très présent, c’est pour elle un moment crucial de son histoire (J.L GAY-LESCOT, « De l’EP républicaine à l’EGS nationale (1936-1942). Six années fondamentales », in Education Physique et Sport en France 1920-1980, ss la dir. De J.P CLEMENT et M.HERR, AFRAPS 1989, p.129-146 ). Les mesures sont pourtant limités et vont restés à l’état d’ébauches, la volonté de changement passant après le réarmement et la faiblesse budgétaire permettant pas d’operationnaliser pleinement les intentions, elles auront cependant une grande portée historique : dans un contexte de crise politique, économique et sociale faisant suite au krach boursier de Wall Street de 1929, les objectifs hygiéniques et de santé restent primordiaux. Les gouvernements qui se succèdent ne parviennent pas à redresser la situation ; les partis de gauche parviennent à s’entendre et à réaliser une union, gagnent les élections législatives, Léon BLUM devient président du conseil et prend les commandes du gouvernement du Front Populaire, l’ « Etat planificateur » va intervenir dans de nombreux domaines de la vie économique, sociale et culturelle. Il met en place une politique d’hygiène sociale et s’intéresse au problème de santé publique, qu’il applique aux domaines des loisirs et de l’éducation. Le sport, les activités de plein air et l’éducation physique y joue un rôle non négligeable en amenant la population à prendre soin de son corps. La politique front populaire ( Ss la dir de G.ANDRIEU, « Le Brevet Sportif Populaire et la politique du front populaire en faveur des sports et des loisirs, Journée d’étude, Nanterre, 14 mars 1987) des sports et des loisirs a été une politique d’Etat. Les loisirs sportifs étant considérés comme un gage de santé : en 1936, deux sous-secrétariat sont crées «aux sports et aux loisirs » dirigé par Léo Lagrange et «à l’éducation physique » dirigé par Paul DEZARNAUD, tous deux sous l’égide du ministère de la santé publique. Ces deux organismes sont regroupés en 1937 ausein d’un « sous secrétariat à l’éducation physique, du sport et des loisirs »confié à Léo LAGRANGE, au sein de l’Education Nationale. Alors que sont votés ( suite aux accords de Matignon) la semaine de 40 heures et les 12 jours de congés payés, une campagne d’information est menée sur la « politique des loisirs », qui apparaît fondamentalement hygieniste. LAGRANGE veut mettre à la portée de tous les pratiques sportives et de plein air dans une perspective sanitaire : il crée en 1937 le « Brevet sportif Populaire »qui doit inciter le plus grand nombre à se préparer à une série d’épreuves sportives ( poids, 100 m et pour les garçons 1000 mètres, saut en hauteur avec élan, grimper de corde et si possible natation ). Véritable brevet d'hygiène qui concerne près de 500000 jeunes. Hygiène et santé sont les objectifs prioritaires. Le 20 juillet 1936 est crée le Conseil Supérieur des Sports qui vise l’encouragement à la pratique sportive : en décembre 1937, une structure unique, le « Conseil Supérieur de l’Education physique et des Sports, ou sports et éducation physique apparaissent complémentaires. La valorisation du sport de masse entraîne une forte augmentation du nombre de pratiquants, tendance vivement critiquée par les partisans du sport professionnel (qui vie une période assez trouble) et par la presse sportive qui ne peut se réjouir de la mise en quarantaine du professionnalisme (le rugby à XIII est interdit…)

Page 5: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

Le statut de l’éducation physique à l’école notamment sous l’impulsion de Jean ZAY, une expérimentation de 5 heures d’EPS est lancée dans 3 départements ( Aude, Loiret et meurthe et Moselle) qui s’étendra en suite à 32 départements. L’état voulant inciter les instituteurs à enseigner l’EP, se substitue à eux en matière de responsabilité avec la loi du 5 avril 1937 puis décrète « une demi-journée par semaine d’éducation physique en plein air » (arêtés du 22mai et du 6 août 1937) ainsi que l’organisation « de séances facultatives de loisirs dirigés le samedi après-midi. A l’école primaire, 3 heures par semaine sont consacrées à des exercices de sport et de plein air.Dans cet élan en faveur du sport à l’école est crée l’OSSU en 1938, reconnaissance de l’OSU, institution officielle, autonome, nettement séparée du sport civil. Dans la même logique est crée en 1939 par l’UFOLEP, « l’Union Sportive de l’Enseignement Primaire », qui doit jouer pour le primaire le rôle que l’OSSU a été invité à tenir pour le secondaire et le supérieur.

II-L’EPS  PENDANT LA PERIODE DE VICHY (1940-1944)

II-1) Le contexte politique

Le 3 septembre 39, la France déclare la guerre à l’Allemagne, « la drôle de guerre » aboutit à la débâcle entraînant la chute de le 3ème république et aboutissant à la signature de l’Armistice le 25 juin1940. Le Maréchal PETAIN est appelé au pouvoir, considéré comme le protecteur…il s’installe à VICHY ; il rompt avec la politique du front populaire, met en place l’ « Etat français »et sa révolution nationale, il s’agit de régénérer la France en lui réinculquant des valeurs fondamentales (TFP), l’endurcissement des corps avait été négligé II-2) L’Etat français et la jeunesse

Pour reprendre en mains la jeunesse sur le modèle mussolinien et de créer un homme nouveau capable de relever et rénover le pays, les mouvements de jeunesse sont contrôlés et unifiés : un secrétariat à la jeunesse est institué à cet effet, les chantiers de jeunesse, les compagnons de France ou les jeunes du Maréchal sont crées dès l’été 1940 : il faut former des chefs, des cadres (cf école d’Uriage). L’exercice physique a une place importante.

II-3) L’Education Générale et Sportive

Le 13 juillet 1940 , Jean BOROTRA (polytechnicien et champion de tennis) est nommé « Commissaire Général à l’EP et aux sports » dont le commissariat ( commissariat général à l’EGS)sera crée le 7 aout, d’abord rattaché au secrétariat d’état à la jeunesse et à la famille puis au secrétariat d’état à l’instruction publique, lui même dépendant du ministère de la guerre.Un ensemble de mesures est prise.

II-3-1) La Charte des sports

Le sport apparaît comme un outil essentiel du contrôle de la jeunesse, de son endurcissement et de sa moralisation est organisé autour de la charte des sports (20 déc 40). Sur le modèle des états fascistes il est contrôlé et mis au service du politique. Les fédérations sont reprises en main (de nombreux membres des comités de direction sont désignés, les dirigeants des sociétés sportives sont nommés…une administration centrale complétée par des directions

Page 6: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

régionales et départementales sont mis en place pour assurer l’étatisation du sport. Un corps d’inspecteur est crée, 15 Centres Régionaux d’Education Générale et Sportive sont chargés de former des cadres pour le sport civil, un « centre national de moniteurs d’athlètes d’Antibes » ouvre ses portes pour entraîner l’élite sportive et former des entraîneurs nationaux. Le 25 mars 1941, le brevet sportif national remplace le BSP, il est rendu obligatoire pour pouvoir s’inscrire dans des compétitions ; est également institué un contrôle médical rigoureux (J.L GAY-LESCOT, Sport et éducation sous Vichy (1940-1944), PU Lyon, 1991)Le nombre de licenciés progresse sensiblement

II-3-2) L’Education physique au service du pouvoir

L’éducation physique est considérée comme une discipline fondamentale, la volontée est de lutter contre l’intellectualisme, l’EP est incluse dans l’éducation générale dans un but d’éducation intégrale : « Vichy est la revanche du corps dans l’ensemble du système éducatif » ; la circulaire du 15 nov 1940 impose 9 heures hebdomadaire d’activité physique dans l’enseignement primaire et secondaire et préconise 3 après-midi par semaine pour l’EGS dans l’enseignement supérieur, de nombreux « plateaux » sont crées.Le 1er juin 1941 sortent les nouvelles instructions relatives à l’éducation physique : par ces instructions, le gouvernement de Vichy entend faire de l’EP une des pièces maîtresse de la restauration physique et morale de la jeunesse et la placer parmi les disciplines fondamentales (développer le sens de l’action, accepter le risque, altruisme et goût de l’effort…). Se développe une véritable idéologie de la nature (M.HERR, les textes officiels et l’histoire).Analyse de trois textes relatifs à l’Education physique, in Education physique et sport en France, AFRAPS, 1989), la méthode naturelle est promue comme méthode nationale : sa référence à la nature, à l’endurcissement des corps, à la virilité, à l’ordre, à l’altruisme correspondent parfaitement aux objectifs recherchés. CHEVALIER (à la tête de l’EGS) tout comme LOISEL (rapporteur de la commission chargé d’élaborer de nouvelles instructions) sont de fervents partisans de l’Hébertisme.Ces instructions sont également l’occasion d’introduire officiellement le sport dans la leçon d’EP : si la méthode naturelle est le « massif central » de l’EGS, le sport en constitue l’un des « contreforts éducatifs » explique BOROTRA, ils permettent de forger des hommes d’action (notamment les sports individuels comme l’athlétisme ou la natation).Chez les partisans du sport émerge l’idée d’un sport éducatif qui s’éloigne qui s’éloigne des marchands et des excès de la compétition (Joffre DUMAZEDIER est cadre à l’école d’Uriage ou il développe une reflexion sur un sport authentiquement culturel et populaire). »Le sport n’est pas éducatif en lui même, il le devient »explique BAQUET en 1942, professeur à l’ENEP depuis 1935 (Education sportive. Initiation et entraîment, GODIN, 1942), il pense que l’EP hygiénique n’est pas une éducation complète, elle doit être complétée par une éducation sportive. Il propose 2 types de séance : la séance d’éducation sportive ( se décompose en 5 temps :mise en train-effets hygiéniques, exercices de dévelippement musculaire et assouplissements-effets esthétiques, exercices de cran et d’agilité-effets sur la caractère, exercices sportifs sous former de compétition collective s’appuyant sur les sports individuels, de combat et collectifs-développement du goût de l’effort-sens du dévouement à l’équipe et au groupe ), puis retour au calme, et la séance d’entrainement ou de spécialisation sportive ( 2 parties : mise en train puis le perfectionnement technique ou tactique, la compétition d’entraînement). Si le sport n’apparaît qu’en fin de progression, il prend par le biais de l’initiation sportive place dans la leçon d’EP et le développement corporel de base.Se développe l’idée d’une éducation physique par le sport : l’initiation sportive, cad l’apprentissage des gestes sportifs, prépare à la spécialisation et à la compétition.

Page 7: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

En 1942, l’OSSU devient l’USSU et voit ses missions réaffirmées (ses effectifs vont tripler entre 39 et 44) Pour coordonner l’EGS au sein des établissements les IO de 1941 créent les « maîtres d’Education générale » (professeurs de lettres en général).La loi du 21 mars 41 prévoit la création d’un Centre National d’EGS en remplacement de CNEP en construction à Saint-Maur. Outre l’ENEP, ce centre (constitué d’un Institut d’EG et du « Centre National de Moniteurs et d’athlètes d’Antibes ») délivre une formation accélérée donnant accès au titre de « moniteur d’Education Physique ». Au niveau régional, les CREGS forment lors de stages pouvant allés de 3 semaines à 6 mois, « des moniteurs », des maîtres d’EG et des institeurs.Le 26 mars 1941, un décret institue pour la première fois une épreuve facultative d’EP au baccalauréat : l’effort de reconnaissance est important, les épreuves sont sportives ( saut en hauteur avec élan, saut en longueur avec élan, lancer de poids, course de vitesse et grimper de corde pour les garçons, le lancer de poids est remplacé par un lancer d’adresse avec balle pour les filles). L’athlétisme et ses épreuves mesurables devient une discipline centrale (le système de cotation est inspiré de celui d’Hébert). Seuls les points supérieur à 10 sont pris en compte.

Pendant cette période, le sport et l’EP apparaissent comme des moteurs du redressement national, l’EP progressant depuis 36, JL GAY-LESCOT voit malgré les oppositions politiques évidentes une certaine continuité entre la période du front populaire et le début de la période de Vichy (36-42) : au niveau éducatif, les choix effectués en faveur d’une éducation physique plus active, BOROTRA s’appuyant sur les propositions de LOISEL (ancien directeur de l’ENEP), mais malgré la volonté, le gouvernement de Vichy connaît de réels problèmes pour mettre en place sa politique éducative : aux difficultés matérielles dues au manque d’équipement d’équipements et d’enseignants s’ajoutent de nombreuses critiques notamment celles de l’académie de médecine qui réclame une baisse du volume des activités physiquesA cause des problèmes de sous-alimentation, les enseignants d’EPS quant à eux voient d’un mauvais œil leur dépendance à l’égard des maîtres d’éducation générale. Les IO de 41 vont susciter de nombreux débats et de longues concertations (13 moutures différentes).Finalement, les heures d’EGS sont progressivement réduites et limitées avec la circulaire du 25 octobre 1941 à 3 heures pour les garçons et 2 heures pour les filles. En 1942, l’EP se réduit à l’hébertisme et l’athlétisme, les activités sportives sont pratiquées dans le cadre des associations des établissements, sa place est encore plus réduite qu’avant-guerre. II-4) Le second Commissariat Général à l’Education Générale et Sportive

A partir de 1942 le gouvernement glisse vers le totalitarisme, le régime se durcit et collabore activement avec l’Allemagne sous l’influence de LAVAL qui est nommé chef du gouvernement, BOROTRA jugé insuffisamment zélé est remplacé par le colonel Jep PASCOT. L’arrêté du 10 septembre 1942 impose un retour aux horaires d’EGS de juin 1941 , la ligue de l’enseignement est dissoute, l’USEP et l’UFOLEP disparaissent provisoirement, dans une atmosphère de contrôle , de sanction et de suspicion.

Malgré ces mesures répressives, l’EP et le sport profitent de progrès sensibles au cours des années noires, c’est le cas notamment de la formation des enseignants d’EP : en 1943, après l’intégration d’éléments de pédagogie sportive dans la formation, le CAPEP set remplacé par le CAPEPS qui s’obtient après 3 années d’études, un important plan de recrutement est mis en place, les IREPS remplacent les IREP et voient leurs effectifs multipliés par 3, l’ENEP est transformée en ENEPS. L’influence du sport s’accroît grâce à un élan politique ce dont profitent les effectifs des fédérations. L’EGS joue un rôle important dans la propagande du

Page 8: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

régime (films comme le « premier de cordée », conférences, serment de l’athlète (stade de Vincennes en 1944)….l’EP trouve définitivement son ancrage scolaire.

III-LA QUARTRIEME REPUBLIQUE

III-1) L’EPS sous contrôle médical

III-1-1) Les Instructions de 1945

A la libération, la volonté politique est de rompre avec la période noire qui a précédé. Si le commissariat à l’EGS demeure à l’abri des sanctions et de l’épuration de l’administration, les instructions ministérielles du 1er octobre 1945 à « l’usage des professeurs et maîtres d’EPS, veulent mettre fin aux excès de la politique de Vichy et se présentent sous le signe de la rupture par rapport aux instructions de 1941 : « il faut mettre fin à l’obligation faite aux professeurs de pratiquer une seule méthode, imposée uniformément à tous(…) tout enseignant peut, dans l’organisation et la conduite de ses leçons, laisser libre cours à sa personnalité et à son initiative ». Dans cette logique, l’éclectisme est présenté comme source de richesse. L’âge, la croissance, les capacités des élèves, les climats et les moyens matériels imposent la recherche » dans la multiplicité pédagogique. Une formation complète et équilibrée passe par une articulation cohérente des différentes méthodes, qui permet de développer lors de la leçon les qualités physiques que sont la vitesse, l’adresse et la force (influence de BELLIN DU COTEAU). La demi-journée de plein-air ne fait que renforcer. Pour Gilbert ANDRIEU (l’EP au Xxème siècle, une histoire des pratiques, 1990),« Cet éclectisme est dû à une absence de choix, elle même due à une volonté de ne pas imposer un contenu particulier », ces instructions qui laissent une grande marge de liberté, entraînent un renouveau de la guerre des méthodes.Malgré la liberté pédagogique, ces instructions mettent en place un cadre précis et contraignant : « Pas une facette des modalités d’enseignement n’est épargnée. Tout est prévu, délimité, encadré (…) en matière de remise en ordre on ne peut pas faire mieux »( E.COMBEAU-MARI, Lire les textes officiels, Revue EPS n°240, 1993). Elles précisent le schéma organisateur de l’EP, depuis la séance jusqu’à l’organisation de l’année scolaire (découpage de l’année, planification de la formation sur le cursus de l’élève, organisation de la séance avec un plan-type, organisation des groupes…) dans un souci d’harmonisation, « d’un pouvoir qui ordonne à un pouvoir qui contrôle et organise ». 5 catégories sont distinguées, chacune relevant de moyens particuliers ; sur la base des travaux de CHAILLET-BERT, 4 groupes élaborés par le médecin scolaire sont différenciés qui permettent de répartir les élèves en fonction de leurs résultats à l’examen médical (G1 :élèves pouvant suivre un entraînement normal et participer aux compétitions sportives, G2 :élèves moyens, G3 :élèves à ménager devant suivre essentiellement des exercices de maintien, G4 :élèves dispensés d’EP devant suivre des cours de gymnastique corrective, seuls les groupes 1 et 2 peuvent participer aux compétitions sportives organisées par l’OSSU , dans ce cadre, « compte tenu des circonstances actuelles », la gymnastique de maintien, nouvelle appellation de la gymnastique construite est incontournable et doit être pratiquée « par tous les groupes ».

III-1-2) Le retour en force des médecins

Malgré son orientation sanitaire, les IM vont être critiquées par la « Ligue française d’EP »(composée de nombreux médecins) et son vice-président Pierre SEURIN qui les jugent

Page 9: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

trop laxistes. Cette période est celle de la reprise en main de l’EP par les médecins. Isolée pendant les années d’occupation, elle regroupe après guerre un millier d’adhérents, enseignants, médecins, universitaires…en 1946, une délégation de la ligue découvre lors d’un voyage en Suède la « néo-suédoise », faite d’exercices avec élan et en rythme, grands balancements, temps de ressort, ainsi que la gymnastique volontaire ; à la suite Maurice LAGISQUET est envoyé à l’institut de Sockholm pendant un an, il reviendra en France et diffuser les techniques néo-suédoises. SEURIN sera le promoteur d’un mouvement identique à la gymnastique volontaire suédoise.(en 53 à la mort de FOURNIE et sous l’impulsion de SEURIN, la ligue devient FFGE, les inspecteurs d’EP et les enseignants deviennent en nombre membres actifs de la ligue).En 1948 est rédigé un manifeste explicitant les positions de la ligue tracée par le Dr TISSIE : le but de l’EP qui est la santé physique morale et sociale ( en accord avec la toute nouvelle définition de l’OMS parue en 46 : « la santé est un état de bien être physique , mental et social et non uniquement l’absence de maladies », volonté de ne plus se limiter à une perspective biologique, cf JF LOUDCHER et C VIVIER, La santé dans l’histoire de l’EP. Analyse des conceptions de la normalité à travers la méthode de P. SEURIN, in l'EP au XXème siècle, Approches historique et culturelle…) peut être atteint en s’appuyant sur 3 formes de gymnastique : la gym construite, fonctionnelle et fonctionnelle à forme sportive. L’éclectisme, conçu comme « mélange des techniques » est condamné au profit « d’une unité de doctrine » permise par un « programme d’ensemble permettant d’agir avec méthode sur le plan national »(P SEURIN, Manifeste 1948 de la ligue de l’EP, Revue médicale d’EP, L’homme sain, n°3 juillet 1948). En 1948, est crée un Comité de Coordination d’EP qui regroupe des représentants de la LFEP et de FFEP (fédération hébertiste) qui se donne pour mission de mettre fin aux querelles. En 1949 est publié « Vers une éducation physique méthodique »(P.SEURIN et coll.), ouvrage qui dans ses éditions successives explicite la volonté d’unification qui entend être réalisée autour des dimensions scientifiques et médicales : l’objectif est « l’élaboration d’un programme national d’EP marqué par la volonté de synthèse de procédés jusqu’ici employés ». La division traditionnelle entre gymnastique de formation et gymnastique d’application est reprise :l’éducation corporelle est réalisée en allant de l’analytique au global, du simple au complexe. Les exercices construits, analytiques, rationnels , calculés, localisés apparaissent incontournables. La première partie de la leçon est considérée comme la pièce maîtresse, comme « l’éducation physique de base »(B.PARIS, la ligue d’EP et l’EP scolaire entre 1945 et 1960, AFRAPS, 1989). Elle est à l’EP ce que le solfège et les gammes sont à la musique…elle lui permet d’être comprise comme un travail scolaire, avec un contenu sérieux, dans lequel l’effort prend une place centrale (cette conception est influencée par les travaux de DURKHEIM, de Jean CHATEAU-L’enfant et le jeu« toute activité peut pour l’enfant devenir jeu si elle lui permet d’affirmer son moi au travers de l’effort…joie profonde et noble d’accomplir quelque chose de difficile, de se dominer, de se contrôler et finalement d’affirmer son pouvoir sur le corps » et du philosophe ALAIN-Propos sur l’éducation, PUF 1942…cf B.DURING, la crise des pédagogies corporelles et C.PREVOST, Revenir à P.SEURIN, Revue EPS n°219, 1989)Le sport fait l’objet de nombreuses critiques et ne peut en aucun cas remplacer une EP méthodique, il peut trouver sa place dans la deuxième partis de la leçon…dans le cadre d’un éclectisme considéré comme la solution la plus rationnelle pour assurer le développement complet de l’individu. Ces propositions reçoivent un accueil favorable chez un certain nombre d’enseignants d’EP, souvent d’origine modeste passés par les écoles normales ou dominent les réflexions de Château et d’Alain.Pour justifier leurs propositions les médecins vont mettre en relation leur action et les besoins crées par la guerre : 1,5 millions de tués, 55% des hommes et des femmes ont perdu du poids, un enfant sur trois dans les grandes villes présente des troubles de croissance, la situation de al jeunesse est préoccupante, nombreux cas de rachitisme, troubles moraux et psychologiques/

Page 10: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

La plupart des ouvrages concernant l’EP qui paraissent après guerre sont écrits par des médecins qui s’appuient sur ce contexte : dégénérescence de la race, déséquilibre, dégradation de la moralité, il s’agit de montrer que le rôle du corps médical en EP est capital. L’EP doit être sous le contrôle des médecins au service de la reconstruction des corps. Un certain nombre de mesures sanitaires sont prises au niveau scolaire : le décret du 26 novembre 1946 précise le rôle du service d’hygiène scolaire et universitaire et rend obligatoire la fiche d’aptitude à l’éducation physique qui doit suivre l’élève pendant toute sa scolarité, l’enseignant ne peut plus se passer de médecin. Des centres de rééducation physique sont crées en parallèle tout comme un centre national de rééducation physique (l’audience de la société française de rééducation physique est alors importante).Avec l’orientation médicale de l’éducation physique, les sciences biologiques fournissent les bases et prennent une place de plus en plus importante dans la formation des professeurs d’EP, dispensés par les médecins qui dirigent les IREPS (1950, Dr ENCAUSSE, Influence des activités physiques et sportives sur l’organisme). Les médecins font dans les établissements scolaires de nombreuses expériences : la plus célèbre est celle de Vanves effectuée par le Dr FOURESTIER à partir de 1950, expérience du mi-temps pédagogique qui vise à donner plus d’activité physique aux élèves et à réduire le temps consacré aux disciplines intellectuelles mais aussi à montrer que les résultats sont meilleurs quand les élèves sont épanouis, de 2h30 d’EP auxquelles il faut ajouter le plein air à 12 heures (en 1953, une circulaire adressée aux recteurs leur demande de tenter de reproduire l’expérience). En 1953, apparaissent les premières classes de neige qui seront par les classes de soleil, de forêt et de mer…l’influence des médecins est alors très importante (P.ARNAUD, Les savoirs du corps, Education physique et éducation intellectuelle dans le système scolaire français, PUL 1983 ; Les rythmes scolaires ou le corps agressé, in Psychopédagogie des APS Privat 1985)

III-2) L’émergence d’un courant sportif en éducation physique

III-2-1) Vers une doctrine d’éducation sportive

En rupture avec le courant médical, des enseignants mettent en avant les valeurs du sport, et développent l’idée d’un sport éducatif, d’un sport pouvant devenir moyen éducatif privilégié et même l’objet d’enseignement le plus élevé en EP (ces enseignants vont attribuer au sport des vertus quasi-magiques). Les professeurs de l’ENSEP et de l’INS crées en 1945 (à la libération, l’ENSEP remplace l’ENEPS et différencie un établissement pour les filles à Chatenay-Malabry et un établissement garçons à Gravelle en attendant la fin des travaux du CNEP commencés en 1937, nombreux sont les élèves à être passé par une école normale avant de réussir le concours d’entrée à l’ENSEP ou l’on prépare la deuxième partie du CAPEPS ; l’INS remplace le collège d’athlètes à Saint-Maur dans des conditions précaires, en 1952 à l’occasion du centenaire de l’école de Joinville est inauguré sur les lieux de l’INS le CNEPS qui regroupe l’ENSEPS garçons et l’INS, commence alors une période ou les deux établissements vont plus cohabiter que collaborer...) défendent avec ardeur cette idée (réunions, ouvrages ...) tout particulièrement M.BAQUET entraîneur réputé d'athlétisme nommé directeur technique de l’INS en 1945 et qui à cette date devient membre de la FSGT.L’INS est selon lui « un centre scientifique d’expérimentation et de recherches sportives (…) destinées à améliorer les procédés d’éducation et d’entraînement, utilisés par tous les éducateurs et athlètes » ; il organise en décembre 1945 un Congrès à l’INS visant l’élaboration d’un « projet de doctrine d’éducation physique » : « dans notre esprit l’EP se trouve automatiquement incluse dans l’éducation sportive, comme le solfège dans la musique… »M.BAQUET, INS n°2 , novembre 1947… « l’éducation physique, c’est l’ABC,

Page 11: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

la grammaire du sport » (l’éducation physique est comprise comme étant la propédeutique au sport. De nombreuses revues sont publiées : Héraclès, Notes techniques de l’ENSEP (1946), Revue Education Physique et Sport (1950, fusion des Notes techniques de l’ENSEP et de la revue L’homme et le sport).La revue Héraclès et la revue INS sont les lieux privilégiés d’explication de la doctrine d’éducation sportive formulée par BAQUET ; le principe retenu est de « préparer au sport par le sport ». Dans la revue INS, LISTELLO, CLERC, CRENN, BAQUET (M.BAQUET, influences du sport, INS n°2, 1947, Education sportiven°13 1947, Education sportive, initiation et entraînement, GODIN, 1942, Caractéristiques de la séance d’éducation sportive, INS n°6, 1949, Esquisse d’une doctrine d’éducation sportive, INS 1947…présentent les fondements d’une « éducation sportive généralisée plaçant l’initiation sportive comme le « massif central » de la leçon : la volonté est de montrer comment une pratique polyvalente des sports peut remplacer les exercices physiques analytiques habituellement proposés lors de la première partie de la leçon. Trois étapes de l’éducation sportive sont à envisager : une période d’initiation sportive généralisée, une période d’orientation sportive et une période de spécialisation.Dans la revue EP et S se multiplient les articles qui s’intérêssent à la transmission des techniques sportives pour chaque discipline. Ces publications touchent une partie des enseignants, tout comme les livres de LEROY et VIVES « Pédagogie sportive et athlétisme », comme les travaux de la Commission Nationale de Culture Sportive coordonnée par Joffre DUMAZEDIER : Regards neufs sur le sport et Regards neufs sur les jeux olympiques, qui montrent que le sport est la manifestation la plus élevée de la culture corporelle et un outil de formation majeur du citoyen émancipé. Ils sont également diffusés dans les CREPS et plus généralement dans toutes les institutions de formation à l’occasion de la préparation au CAPEPS qui nécessite des connaissances sur les techniques sportives et leur transmission.

Les adeptes de la pédagogie sportive s’appuient sur de nouveaux référents scientifiques émanants de psychologues non utilisées par les médecins pour justifier leurs propositions : travaux de psychologie de la forme, GUILLAUME (l’imitation chez l’enfant, PUF 1950) :L’imitation du modèle du champion est valorisée dont on analyse les gestes, l’initiation sportive s’appuie sur la démonstration de l’enseignant et la répétition de l’élève.Les travaux d’Henri WALLON sur la maladresse, le corps propre et « l’évolution psychologique de l’enfant »(A.COLIN, 1942) sont également utilisés.Enfin, les partisans de l’utilisation du sport trouvent appui auprès des défenseurs des méthodes nouvelles d’éducation qui s’appuient sur les travaux de psychologie de l’enfantPour prôner une éducation physique cherchant ses valeurs aussi près que possible du jeu, dans le sport par exemple. Tandis que pour SEURIN, de l’effort naît le plaisir, la volonté est pour BAQUET de partir de l’interêt de l’enfant de son plaisir qui l’inciteront à l’effort. « A l’idée de l’exercice par devoir (…) nous voulons substituer l’exercice par plaisir »(Esquisse d’une Doctrine d’ES, INS,1947). Le sport et la compétition à la fois but et moyen, favorisent cette émulation dès le plus jeune âge (mais le plaisir n’est qu’un appât selon P.LIOTARD, L’EP n’est pas jouer. La maîtrise pédagogique du plaisir en EP, Cors et culture, n°2, 1997). L’intérêt est aussi de placer l’élève « en face de problèmes humains » … « le sport est un jeu mais un jeu qui apprend à vivre »(M.BAQUET, Les sports collectifs développent le sens social, INS,1947) III-2-2) La place grandissante du sport à l’école

Le sport peu pris en compte dans les textes officiels voit son nombre de défenseurs croître après la guerre ; malgré l’insuffisance des installations sportives dénoncée par la Commission LE GORGEU (1951), les séances à caractère sportif qui bénéficient d’un réel engouement au

Page 12: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

près des élèves se multiplient et la demi-journée de plein-air devient peu à peu un temps de pratique sportive (c’est moins vrai pour les filles, C.MAGNIN, Doit-on parler d’EP féminine ? ; Revue EPS n°10 et 11, 1952).Dans le même temps, l’OSSU qui reprend son appellation d’avant-guerre dès 1945 est reconnue d’utilité publique : l’ordonnance du 12 octobre 1945 rend obligatoire la création d’une association sportive scolaire qui lui est affiliée dans tous les établissements du second degré, le jeudi après-midi doit être libéré par les chefs d’établissements. L’AS est officiellement placée dans le prolongement de l’EP et de l’initiation sportive dispensée dans le cadre de la demi-journée de plein-air. Le contrôle médico-sportif, les catégories d’âge, les formes de compétition spécifiques permettent de protéger les enfants des excès du sport de compétition, enfin le décret du 25 mai 1950 intègre un forfait de 3 heures dans l’emploi du temps des professeurs d’EP pour animer l’association sportive de leur établissement (P.ARNAUD, L’intégration du sport dans l’enseignement secondaire public français. La voie associative. L’OSSU :1931-1945, in l’identité de l’EPS scolaire au XXème siècle, AFRAPS, 1993) : les effectifs croissent de 43000 en 1945 ) 186000 en 1949. Pour faciliter l’organisation des compétitions, des conventions et diverses formes de partenariat sont signées avec les différentes institutions sportives.

Au cours des années cinquante, la plupart des enseignants font une « approche globale » des APS et se contentent de corriger les fautes de leurs élèves, les efforts de conceptualisation Se poursuivent et s’affinent, sous l’impulsion notamment des professeurs de l’ENSEP qui mettent en place des stages (R.MOUSTARD, Les stages M.BAQUET à Sètes, in l’EPS face au sport, 1945-1995, ss la direction de G.COUTURIER, Centre EPS et société, 1999), comme le font des enseignants impliqués dans le sport de haut niveau et des militants FSGT. Ces derniers qui veulent développer un sport de masse organisent des cours du soir. A la fin de la décennie, JUSTIN TEISSIE en poste à l’ENSEP formule une tentative d’élaboration de pédagogie sportive adaptée au cadre scolaire qui entent dépasser l’éclectisme ambiant (J.TEISSIE, Education physique et sportive. Essai d’une systématique, Revue EPS n°37 à 44, nov 57 à mars 59). Selon lui, l’enseignement doit viser grâce à « l’adaptation des réactions motrices, viscérales, affectives et verbales aux situations les plus diverses dans lesquelles l’individu se trouve volontairement ou accidentellement engagé », l’acquisition de 4 formes d’expression de la maîtrise corporelle : maîtrise des déplacements, du corps propre, des engins, et de l’opposition. Ces 4 formes d’expression permettent d’organiser la séance d’EP : les différentes activités sportives sont analysées pour trouver en chacune d’elles ce qui permet de développer ces maîtrises. L’EP si elle est basée sur une éducation sportive doit selon TEISSIE être centrée sur les conduites de l’enfant et sa maîtrise corporelle, solliciter ses capacités adaptatives. « L’EP ne doit pas se confondre avec des apprentissages aussi culturels soient-ils ». Sa disparition prématurée en 1961 empêchera la continuation de ces réflexions qui marqueront cependant l’EP des années 60.Finalement, dans les années 1945-1958, un courant de plus en plus fort pose le sport comme processus éducatif total et tente d’en faire l’objet d’enseignement privilégié en EP. A la suite des réflexions de M.BAQUET, la pratique sportive, gommée de ses perversions et de ses excès, passée au tamis des pédagogues, apparaît comme éminemment éducative et peut devenir le « moyen nécessaire et suffisant de l’EP ».

III-2-3) La place grandissante du sport dans la société

Les promoteurs de l’utilisation du sport en EP veulent s’appuyer sur la montée de la prise en comte du sport dans la société toute entière, le sport est peut être le moyen privilégié de rebâtir la race ? Le sport et le stade apparaissent comme un moyen thérapeutique et finalement

Page 13: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

comme un investissement économique destiné à créer puis à entretenir la force de travail, il permet également d’assurer la bonne santé des enfants, de faire reculer les problèmes démographiques, ses vertus morales permettent enfin de régler les problèmes de délinquance juvénile qui se développent alors : le sport apporte aux jeunes de saines occupations (M.AMAR, Nés pour courir. Sport, pouvoir et rébellions, 1944-1958, PUG, 1987). Instrument de santé et école de civisme, il est ainsi mis au service de la politique, comme il l’avait été sous l’occupation. A ce moment , l’état élargit ses sphères d’intervention et renforce son pouvoir par le biais de planification afin de jouer un rôle central dans la reconstruction du pays et stimuler la croissance (J.P RIOUX, La France de la Quatrième république. L’ardeur et la nécessité 1944-1952, Seuil 1980). Les entreprises comme Renault, EDF, Les charbonnages de France, la société générale, le crédit lyonnais… sont nationalisées, la sécurité sociale est crée… dans ce contexte, des mesures sont prises pour contrôler le sport civil et favoriser sa pratique ; sur les bases des principes élaborées par le gouvernement de Vichy une structure administrative est crée, des directions régionales et départementales de la jeunesse et des sports mises en place. Une ordonnance du 28 août 1945 fonde la notion de « délégation de pouvoir » qui instaure de nouvelles relations entre le pouvoir publique et le mouvement sportif (J.P CALLEDE, les politiques sportives en France, éléments de sociologie historique, Economica 2000) : pour recevoir des subventions, les organisations sportives doivent se soumettre à un certain nombre d’obligations et de contraintes définies par l’état. Au niveau local, la création des OMS (circulaire du 11 ja 1945) a pour but de permettre une meilleure concertation entre les différents acteurs sportif de chaque ville. En 1946 le BSP apparait avec 2 degrés, populaire et supérieur, en 1947 sont crées des Centres d’Activité Physique d’Entreprise, en 1953 les Centres d’Initiation Sportive pour les jeunes de 14 à 20 ans encadrés par des aides-moniteurs, des assistants départementaux…le sport est pris en compte de façon grandissante sous la IVème république, on assiste à une inversion de tendance entre les mouvements de jeunesse et le mouvement sportif : en 45 les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire sont dominants et obtiennent le soutien de l’Etat et sont dominants tandis que le mouvement sportif reste secondaire, le mouvement s’est inversé en 1958.Malgré une relative stabilité du nombre de licenciés (environ 2 millions de licenciés soit environ 5% de la population française en 1950 pour atteindre 15% à la fin des années 50) et un nombre très insuffisant d’équipements sportifs, le sport prend de l’importance dans la société, parallèlement à l’arrivée des enfants du baby-boom dans les associations sportives, début de transformation des représentations à propos des loisirs de plus en plus reherchés et appréciés ; les spectacles sportifs se développent et prennent une place toujours plus grande dans les médias : résultats du coureur à pied A MIMOUN, les succès dans le tour de France de Jean ROBIC et de Louison BOBET, les victoires du boxeur Marcel CERDAN… « Le sport est partout,(E.SEIDLER, le sport et la presse,A.COLIN, 1964). En 1946, l’Equipe succède au journal L’AUTO accusé de complaisance à l’égard des occupants, souhaite augmenter ses ventes et crée pour cela des évenements : sont crées les coupes d’Europe de Football en 1955 et invention de nombreuses compétitions internationales : coupes d’Europe de basket et d’athlétisme, coupe du monde de ski, route du Rhum.En 1951, l’adhésion de l’URSSS au Comité International Olympique qui fait entrer le sport de plain-pied dans la guerre froide contribue à accroitre l’attention portée sur le sport ; en 1952, les jeux olympiques d’Helsinki sont les premiers « Jeux de la guerre froide » ( P.MILZA, Helsinki, Les jeux de la guerre froide, L’Histoire n°24, juin 1980, Sport et relations internationales, Relations internationales, n°38 été 1984) ou s’affrontent « pacifiquement » le bloc de l’est et le bloc de l’ouest.

III-3) Distinction entre Education Physique à l’école primaire et EP dans le secondaire

Page 14: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

A partir de 1945, deux éducations physiques apparaissent officiellement (P.ARNAUD, Défense et illustration d’un enseignement, Spirales , 1998) avec des instructions différenciées publiées parallèlement : celle des instituteurs dans le primaire et celle qu’enseignent des enseignants « spécialisés » d’EP dans le secondaire. Tandis que les Instructions de 45 sont à « l’usage des professeurs et maitres d’EP et sportive » un texte spécifique au primaire apparaît en 46, ces deux textes sont cependant très proches, l’un et l’autre se caractérisant par leur finalité sanitaire et leur éclectisme : les instructions de 46 ne sont qu’un rappel de celles de 1923 : il s’agit de « corriger les attitudes défectueuses qu’impose trop souvent au corps de l’enfant le travail scolaire » et de « développer ses qualités physiques sa force son adresse son agilité »…l’EP »est avant tout hygiénique, cad qu’elle tend à faciliter et à activer le jeu normal et progressif des grandes fonctions (respiratoires, articulaires et circulatoires) et à perfectionner la coordination nerveuse… elle se porte également sur toutes les parties de l’organisme, de façon qu’il se développe dans son ensemble, avec équilibre et harmonie ». Dans ce cadre, la gymnastique de maintien trouve sa place. S’y ajoute en conformité avec les instructions de 1938, les applications (gym naturelle, jeux, sports, activités de plein-air) et l’initiation sportive qui, même si elles sont limitées et doivent faire l’objet de nombreuses précautions, sont intégrées dans la leçon (les horaires sont revus à la baisse et ramenés à 2h30 par semaine pouvant donner lieu à une demi-journée de plein-air ou à des leçons quotidiennes). En 1949, le Mémento qui vient compléter le texte de 46 confirme ces orientations . « Si aucune méthode n’est imposée, la lecture des exemples et des choix prioritaires de l’instituteur conforte la place que la gymnastique naturelle, la gymnastique de maintien et l’initiation sportive prennent dans l’éducation physique, en donnant au premier degré une forme relativement proche de celle que doit théoriquement prendre le second degré depuis les instructions de 1945 »(T.TERRET, L’identité de l’EP à l’école primaire, 51880-1998), Spirales, 1998.

Le système scolaire évolue peu jusqu’à la fin de la IV république et reste basé sur la juxtaposition de deux réseaux distincts. Durant cette période, différentes tentatives de réforme visent pourtant une plus grande démocratisation de l’enseignement. Tout d’abord la commission Langevin-Wallon (sympathisants communistes appartenant au groupe français d’éducation nouvelle) qui est mise en place en 1944 et qui rend ses conclusions en 1947 a pour but de rénover totalement la structure de l’enseignement pour l’adapter à l’évolution sociale et de réaliser l’école unique, seule institution capable de lutter efficacement contre les inégalités sociales ( scolarité obligatoire portée de 14 à 18 ans s’articulant autour de 3 cycles (tronc commun jusqu’à 11 ans qui vise à fournir les techniques de base nécessaire à la compréhension, un cycle d’orientation, de 11 à 15 ans qui permet les acquisitions complémentaires et générales, après un cycle de détermination constituée de 4 sections différentes qui mène au cycle supérieur dispensé à l’Université. Cette réforme structurelle est complétée par une réforme pédagogique axée sur l’utilisation du courant de l’Ecole Nouvelle. Ce projet reste sans lendemain pour des raisons budgétaires mais influencera les réformes les décennies suivantes. A l’aube de la V ème république malgré une hausse croissante des effectifs dans le primaire comme dans le secondaire, l’école continue de reproduire les divisions de la société.

IV-CONCLUSION

Depuis 1918 et jusqu’en 1958, l’EP s’adapte aux réalités sociales et politiques de son époque pour garantir sa reconnaissance et assurer sa place autant que son utilité. L’influence des militaires a disparu tandis que la tutelle médicale et les finalités sanitaires deviennent

Page 15: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

prépondérantes. L’histoire de l’EP doit être lue dans une histoire plus vaste, celle du « pouvoir médical » s’exprimant dans le « contrôle des corps », conçu comme un véritable élément de pouvoir (F.LABRIDY, Corps et pouvoir, Revue EPS n°146, 1977). Ces réflexions rejoignent celles de PETER qui explique que le projet des médecins d’encadrer la société toute entière pour l’amener à vivre selon ses normes, semble une constante depuis la fin du 18 ème siècle (Le grand rêve de l’ordre médical, en 1977 et aujourd’hui, Autrement n°4, 1975/1976). Si le projet médical a échouer, la volonté de le mettre en œuvre perdura : « L’institution scolaire sera un excellent relais pour la propagation de ces normes, elle devient un lieu privilégié d’un contrôle social portant de fait comme de droit sur le corps des enfants » (F.LABRIDY).Depuis le début XX ème siècle, les médecins ont pris conscience de l’enjeu de pouvoir que constitue l’école et l’EP en particulier. Le monopôle scientifique exercé par les médecins par le biais des sciences biologiques et tout particulièrement de la physiologie s’exercera pendant toute cette période (S.FAUCHE , M.H ORTHOUS, Les médecins et les enjeux d’une EP d’après-guerre, 1920-1930, Sciences te motricité, n°11, 1990).En 1957, nombre de professeurs d’EP formés à partir de 1920, utilisent encore pour préparer leur leçon le Manuel d’exercices physiques et de jeux scolaires de 1907.L ‘eclectisme reste le maitre mot de l’EP jusqu’à la fin des années 50 ( « l’EP d’après 1945 était toujours conforme aux « fondamentaux »de la fin du XIX ème siècle », G.ANDRIEU, 1990).Le professeur est un commandant, un démonstrateur…l’EP reste prisonnière d’une vision dualiste de l’individu.La volonté d’autonomie des enseignants d’EP aboutie à partir de 1945 ou les médecins sont fortement concurrencés par les partisans d’un sport éducatif, les médecins conservant leur influence au niveau institutionnel mais relégués au second plan dans les CRESP et surtout à L’ENSEP ce qui porte préjudice au pouvoir exercé par les IREPS… l’identité de l’éducation physique est en mutation : définit avant guerre des bases scientifiques, elle se définit après guerre sur des bases pédagogiques, les enseignants de l’ENSEP deviennent un référant central.La formation des enseignants devient un enjeu important, dispensé depuis 1945 dans les ENSEP et les IREPS et les CREPS elle est très hétérogène. La fin des années 40 et les années 50 constituent une période d’oppositions et de débats en EP. A l’éclectisme des médecins (diversité des objectifs de l’EP impose une diversité de moyens) s’oppose la pratique polyvalente des sports…A la critique de l’utilisation du sport qui incite à se centrer sur les moyens plutôt que sur le but à atteindre s’oppose une EPS sans ancrage sur les réalités et la société. L’identité de l’EP est en jeu qui n’est pas encore clairement déssinée : à l’aube des années soixante, l’EP est confrontrée à plusieurs alternatives, la méthode sportive n’est que l’une d’entre elles » (J.L MARTIN, La politique de l’EP sous la Vème république, 1999).Malgré des avancées notables sous le front populaire et Vichy, la discipline fait figure d’oubliée par les gouvernements successifs de la IV ème république, l’intégration de l’EP dans l’institution scolaire est en nette régression (budget insuffisant, réduction du recrutement, absence d’une politique de construction d’équipements), la priorité est donnée à la reconstruction, ; le monde scolaire reste souvent indifférent voir méprisant vis à vis de la « discipline mineur »qu’est l’EP. Les horaires sont mal respectés et même ignorés, les absences des élèves sont nombreuses. La place de cette discipline dans l’école, si elle n’est plus remise en question, reste à affirmer à opérationnaliser.

Page 16: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

DEUXIEME PARTIE : de 1958 à 1968

I-INTRODUCTION

La recherche d’unité très présente dans les années 50 aboutit avec les IO de 1959 basées sur un contenu hétéroclite : l’EP demeure l’addition d’une gymnastique construite et d’une gymnastique d’application fondée sur l’association de différentes méthodes (suédoise, naturelle et sportive) à partir de données scientifiques physiologiques et mécaniques.Le sport est introduit dans la leçon d’EP sans que celle-ci soit bouleversée. La fin des années 50 et plus encore les années 60 sont une période de grande transformations : à partir de cette date, l’éducation physique est sous la responsabilité des pédagogues qui prennent en charge la discipline. L’hygiénisme passe au second plan, l’époque est à la modernisation (P.BOURDIEU et L.BOLTANSKI, La production de l’idéologie dominante, Actes de la recherche en sciences sociales, n°2-3, 1976), le sport est valorisé dans un contexte social et politique propice (« ce n’est pas la Vme république qui intègre le sport à l’école, c’est déjà fait. Ce que la Vème apporte, c’est l’esprit de compétition, dès 1959, avec l’épreuve obligatoire d’EPS au baccalauréat puis à partir de 1961 période à partir de laquelle l’EP devient sportive. Tandis qu’à la veille des années soixante, l’EP conserve tous les traits d’un enseignement archaique, coupé de la réalité des pratiques sociales, avec les années soixante se dessine « une volonté évidente d’ouvrir l’école sur la vie, sur les réalités culuturelles de l’époque, de répondre aux motivations et aux intérêts des élèves qui sont las, fatigués, désintéressés de la gymnastique scolaire (P.ARNAUD, Traditionnalité ou modernité de l’EP. Le rapport APS/EPS et la contrainte scolaire, Dossier STAPS, 1986). On peut alors parler de révolution culturelle de l’EP, les propositions « non-sportives » comme celles de Jean LE BOULCH sont vouées à l’échec.Mais dès les années soixante et plus encore pendant les années soixante-dix des voix s’élèvent pour défendre la spécificité de l’EP. La sportivisation de l’EP débouche sur de profondes remises en cause. De nouveaux débats se développent : quelle identité pour une discipline qui souhaite conserver et améliorer sa place au sein du système scolaire ? Peut-elle continuer à s’appuyer sur le sport ( peut-elle le conserver comme objet)? L’EPS doit une nouvelle fois apporter la preuve de sa conformité aux règles scolaires, au moment ou le système éducatif est en pleine mutation.

I-La sportivisation de l’Education Physique

I-1) La politique Gaulienne

Après l’effondrement de la IVème république en mai 58, le pays est remis entre les mains du général De Gaulle. Les pleins pouvoirs lui sont votés pour 6 mois… il semble être capable de résoudre les difficultés du moment comme la guerre d’Algérie. Une nouvelle constitution est votée par référendum le 28 sept, il est élu président de la république avec 78,5% des suffrages le 21 décembre. Le 1er janvier 59 marque l’avènement officiel de la Vème République.L’objectif de De Gaulle est de moderniser la France, de mener « une politique de grandeur », de faire participer la France à la compétition que se livrent les nations. La France est alors engluée dans les problèmes liés au colonialisme, dépendante militairement de l’OTAN, économiquement du traité de Rome…alors que le Général défend l’indépendance de la

Page 17: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

France. Dans cette perspective, il s’est donné pour mission de « rétablir l’Etat » par le biais du renforcement du pouvoir exécutif. L’Etat étend ses interventions dans les différents domaines de la vie sociale et culturelle, même les secteurs jugés mineurs comme la culture (André MALRAUX ) ou le sport font l’objet d’une politique globale et volontariste.

I-2) Evolutions du système éducatif français

Considéré comme un élément important de la société l’école est l’objet de réformes structurelles qui la bouleversent en profondeur : l’essor industriel, commercial et technologique réclame des cadres formés à l’économie de marché et à la concurrence, adaptables, impliqués au service de la Nation ( E COMBEAU-MARI, Les année Herzog et la sportivisation de l’éducation physique (1958-1966), Spirales, n°13-14, 1998). La conception pyramidale du recrutement scolaire semble répondre à cet objectif : elle permet de recruter les élites sur une base démocratique. Dès 1959, la réforme Berthoin supprime les classes primaires des Lycées et le concours d’entrée en 6ème et met en place un cycle d’observation d’une durée de 2 ans, véritable passerelle entre le primaire et le secondaire : l’école primaire cesse d’être une école dont on sort pour aller travailler, elle devient le lieu de préparation aux études secondaires ; les structures d’accueil restent cependant différenciées (6ème et 5ème = cycle d’observation peut être effectué dans les Groupes d’Observation Dispersés qui sont des classes de fin d’études primaire, dans les CEG qui induisent des études courtes ou encore dans les Lycées. Parallèlement, un important enseignement technique court est mis en place. Enfin la scolarité obligatoire est prolongée jusqu’à 16 ans. Ces transformations sont poursuivies en 1963 avec la réforme FOUCHET, qui crée les collèges d’enseignement secondaires qui ont pour vocation de regrouper l’ensemble du premier cycle ; le cycle d’observation (6ème-5ème) est suivi d’un cycle d’orientation (4ème-3ème). 4 filières y coexistent : classique (latin), moderne long, moderne court et transition (orientation professionnelle). A la juxtaposition de 2 réseaux séparés, les années soixante créent un système cohérent en 3 niveaux : Ecole primaire/Collège/Lycée. Les deux premiers niveaux concernent tous les enfants, à la fin du collège, une orientation est effectuée vers un cycle long (lycée et bac) ou vers un cycle court (enseignement professionnel, BEP) ; à cela s’ajoute une troisième solution : CAP (en 3 ans) en fin de 5ème. La base de recrutement est ouverte, une sélection est réalisée à la fin du premier cycle. Ces modifications structurelles sont amplifiées par la forte croissance du nombre d’élèves dès 1961 ( Louis CROSS, L’explosion scolaire, Sevpen ; 1961).La réussite scolaire devient un moyen de mobilité sociale et un objectif toujours plus répandu (au cours de cette période, les statistiques disponibles « témoignent d’une démocratisation engagée à tous les niveaux du système éducatif », A.PROST, L’enseignement s’est-il démocratisé ? PUF 1992) Le but d’un nombre croissant de familles est de voir les enfants poursuivre leur scolarité afin d’assurer leur avenir professionnel ; pour répondre à cette demande des milliers de CES mixtes sont construits (1 par jour entre 66 et 75, soit 2354, séparés en filières bien distinctes : cycle long, court et transition), le budget de l’EN est fortement augmenté : de 10 à 17% du budget de l’Etat entre 58 et 66, des en enseignants sont recrutés, une aide aux élèves en difficulté est mise en place (SES en 67, Groupements d’aide Psycho-pédagogique en 70). Une diversification des filières est entreprise : 5 bacs généraux et des bacs de techniciens sont crées (en 67, 15% d’une classe d’âge obtient son bac), au niveau de l’enseignement supérieur la filière technique est renforcée avec la création des IUT en 66, le nombre d’étudiants passe de 202 à 500000 entre 1960 et 1968. Enfin la volonté de moderniser les contenus d’enseignement est réelle.

Page 18: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

I-3) Les réformes concernant la jeunesse et les sports

Dans ce contexte est crée le 27 sept 58 « le haut commissariat à la jeunesse et aux sports » rattaché au ministère de l’EN mais possédant une certaine autonomie à la tête duquel est nommé Maurice HERZOG qui représente les valeurs que De Gaulle veut développer ( MH a perdu des doigts aux mains et aux pieds en 1950 dans la conquête de l’Anapurna, premier 8000, titre de l’ouvrage de 1951, vaincu par une expédition française. Novice en politique, MH est diplômé d’HEC et directeur de la société KLEBER-COLOMBES) : il symbolise les valeurs de courage ; ténacité, générosité, désintéressement. Véritable « maillon de la chaîne » (L.LANGLOIS, G.ANDRIEU, Maurice Herzog, un maillon de la chaîne, 1958-1966, in L’éducation physique et sportive en France de 1958 à 1969, Journée d’étude ss la dir de G. ANDRIEU, 30 jan 1988, Centre de recherche en STAPS, Paris X Nanterre). Son objectif est de mettre la jeunesse et le sport (« fait social…fait national…moyen exceptionnel d’éducation…activité essentielle de la via de la nation ») au service du renouveau de la France et de sa modernisation grâce à une politique sportive cohérente, unitaire et agiisant sur tous les secteurs posssibles d’intervention, scolaires et extra-scolaires et allant de la masse au plus haut niveau. « Si la France brille à l’étranger par ses penseurs, ses sanats, ses artistes, elle doit aussi rayonner grâce à ses sportifs. Un pays doit être grand avant tout par la qualité de sa jeunesse et on ne saurait concevoir une telle jeunesse sans idéal sportif. Surtout dans la patrie de Coubertin » (Allocution de MH pour la réception des champions français reproduit dans la Revue EPS du 1er décembre 59, n°48 de janvier 1960, p.65).Les journaux l’Equipe et Le Figaro qui critiquent les contenus de l’EP scolaire relaient la volonté de MH de « rendre l’EP moderne et attrayante en l’orientant vers une initiation aux sports et aux activités de plein-air » conforme à la modernisation en cours de l’école, le caractère obligatoire de cette discipline lui offre un levier de choix dans la mise en œuvre de se politique sportive, l’EP « se trouve brusquement propulsé au rang d’instrument principal d’une politique ambitieuse » (J.L MARTIN, intitule une partie de son livre consacré à la « Politique de l’EP sous la V ème république : l’éducation physique, instrument de la politique sportive, 1958-1969, l’élan Gaulien » ;Le personnage historique est-il une hypothèse inutile ? Charles De Gaulle, Maurice Herzog et les jeux olympiques de Rome, Revue EPS n°260, 1996) mais transformer les contenus de l’EP ne se fera pas sans difficulté.

I-4) Les Instructions de 1959

MH désire que soient publiés très vite de nouvelles IO, rencontre ses premières difficultés : l’IG de la Jeunesse et des Sports dont les membres les plus influents sont R.MARCHAND (voir sa lettre de 32 pages adressée à un chef d’établissement convaincu d’une éducation physique et sportive, ibid J.L MARTIN, Pour une pédagogie de l’intérêt en Ep et S, Revue EPS n°48, 1960 ) HAURE-PALCE et R.BERTHOUMIEU ( Contribution à l’étude de la méthodologie de l’éducation physique et sportive, Revue EPS n°46, juil 59 sont très liés à la ligue française d’EP devenue FFGE et ne veulent pas rompre avec le passé de l’EP et son schéma traditionnel de la leçon. Les nouveaux textes sont pour ces hommes l’opportunité longtemps attendu d’une traduction institutionnelle de leurs travaux passée qui suivent les principes dictés par P.SEURIN en 49 (L.HAURE-PLACE, TISSIE cet inconnu, Revue EPS n°50 , 1960).L’entretien et l’amélioration de la santé, l’amélioration des qualités physiques restent les buts de l’EP : « ce qui se dégage du discours officiel des années cinquante, c’est l’attachement à

Page 19: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

une construction traditionnelle d’un enfant sain » (G .ANDRIEU, 1990). L’EP doit être rationnellement organisée et privilégier les exercices construits ; la leçon reste composée de deux parties : la gymnastique construite de formation dont la gymnastique de maintien est la base et la gymnastique fonctionnelle d’application qui comprend des gestes naturels, des jeux et des gestes sportifs (plan de la leçon : prise en main, mise ne train, exercices de gym construite, puis de gym fonctionnelle, retour au calme, reprise en main). Ces instructions marquées par l’ordre et la rigueur peuvent être considérées comme une remise en ordre d’une EP trop éclectique ( M.HERR, les textes officiels et l’histoire…AFRASP 1989). « Le texte ne se veut pas révolutionnaire, ni même novateur, il se veut restaurateur de ce qui avait été penséà la fin de la guerre. C’est en définitive un coup de frein au développement de la pratique des disciplines sportives dans les écoles de la République », les activités sportives sont pour les inspecteurs plus récréatives qu’éducatives, leur utilisation exclusive et démagogique est dénoncée. Ils souhaitent réduire au maximum leur pratique en les plaçant à la périphérie des séances proprement dites et à les « rejeter » dans les séances de plein-air (« c’est au cours du plein-air que trouveront place l’entraînement sportif et les rencontres sportives »J.LMARTIN, 1999). Même si ANDRIEU voit avec ces IO l’officialisation de l’intégration sportive à l’école, Herzog n’est pas satisfait de ce texte même s’il se garde d’exprimer trop ouvertement sa désapprobation pour éviter les conflits avec l’IG (J.LMARTIN, Du projet politique aux instructions officielles d’EPS en France, Revue STAPS n°42, février 1997), le climat de suspicion qui a accueilli la création du haut-commissariat, dénoncé comme un instrument de conquète de la jeunesse l’oblige à être prudent et à signer ce texte, il en atténue malgré tout sa portée en faisant préciser dès la première ligne le caractère provisoire du texte(il contre-attaque 5 jours plus tard avec les directives qu’il envoie aux chefs d’établissement pour la rentrée 59-60 : « ce document donne à ces instructions (I de 45) un tour plus précis…mais il importe …. De s’adapter aux besoins et aux goûts de notre époque…)Les IO de 59 sont donc marquées par les deux courants les plus actifs du moment : la méthode de la FFGE qui devient obligatoire (les exercices de gymnastique construite trouvent leur place dans la leçon d’EP) et le sport qui fait son entrée officielle, compromis entre la tradition et la modernité souhaité par Herzog. Les syndicats contrairement à une partie de l’IG et aux enseignants « traditionalistes »appuient MH : ils sont favorables à l’entrée du sport dans les programmes. Ecrites à une période charnière, ces instructions n’auront aucun effet sur le terrain.Dans le même temps, la circulaire du 10 septembre 1959 réactualise les IO concernant l’EPS au premier degré. Après les exercices de gymnastique analytique doivent être combinés des exercices naturels et sportifs (le programme réduit et le programme complet de 60 et 61 confirme cette orientation : le programme se compose de 220 exercices organisée en 6 séries : gym de maintien, exercices naturels, exercices préparatoires à l’athlétisme ou aux sports collectifs, l’éducation rythmique ou la natation (T.TERRET, l’identité de l’éducation physique à l’école primaire, 1880-2000, spirales 13-14, 1998). Est mis en place un nouveau corps de formateur : les CPD recrutés parmi les prof d’EPS et les instituteurs pour animer des stages d’EPS en direction des instituteurs qui restent malgré tout distants vis à vis de l’EPS.« Bien que les instructions données aux enseignants ne le traduisent guère, c’est donc bien de la fin de l’année 1958 qu’il convient de dater la décision politique de « sportiviser » l’EP » (J.L MARTIN, Revue STAPS n°42, 1997). Les IO de 59 ne permettent pas de réelles avancées alors que la même année est instaurée, arrachée par Herzog une épreuve obligatoire d’EPS au bac (décret du 28 août 59) malgré l’opposition du Conseil Supérieur de l’EN et les tentatives pour supprimer ce « baccalauréat du muscle ». (mais avec l’appui des syndicats : le syndicat national d’EP de l’enseignement secondaire né en 1926, dissout sous Vichy, reconstitué en 1944 en SPEP devient SNEP, cf G.VEZIERS, EPS, sport et syndicalisme, l’action du SNEP en débat, EP sport et loisir, 1970-2000). Un compromis est finalement

Page 20: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

trouvé : l’épreuve comprend 1 épreuve de gym ou enchaînement d’exercices, une épreuve de grimper libre, une épreuve d’athlétisme tiré au sort parmi saut en hauteur, 60 mètres et lancer de poids pour les garçons et une épreuve d’athlétisme au choix des candidats parmi les épreuves non tiré au sort, enfin une course de résistance pour les garçons et un lancer de poids pour les filles : les épreuves sont à dominante sportive, la reconnaissance du sport à l’école est évidente : devenant obligatoire au bac, l’EP devient sportive, c’est le sport « total » guidé par la performance qui sert de référence (G.ANDRIEU, Enjeux et débats…, 1992). Il devient l’unique contrôle de 7 années de formation, évalué à partir de la table LETESSIER (cf B.MACCARIO, Théorie et pratique l’évaluation dans la pédagogie des APS, Vigot, 1986), édité en 1957, symbole de la mesure : c’est moins le jeu que la performance que l’on recherche qui passe du statut d’application à celui d’objet d’enseignement ; « en agissant sur le contrôle des résultats des élèves…MH sait qu’il détient là le réel pouvoir de rénover les contenus de l’enseignement bien plus qu’en énonçant des textes généraux de programme » (E.COMBEAU-MARIE, Les années Herzog…Spirales, 1998). Ce texte « détermine la vraie transformation de l’EP : celle des pratiques d’établissement. Cet arrêté constitue une brèche dans le dispositif contrôlé par l’IG »…malgré tout, seuls les points au dessus de la moyennesont comptés (65, un certificat d’assiduité et d’application au cours d’EPS est instauré pour pouvoir profiter de cet avantage), de plus, sous certaines conditions, une dispense médicale peut être accordée.

II-5) La mise en œuvre d’une politique sportive

En août 1960, les jeux olympiques de Rome sont télévisés avec le chiffre record de 85 participants, lieu de la « guerre froide » (P.MILZA, Sport et relations internationales, Relations internationales, n°38, 1984) ; la France y fait pâle figure (5 médailles, aucune en or) : Jacques GODDET, directeur de l’Equipe titre « déchéance de la France » et condamne l’action de MH tout comme le Figaro du 1er septembre avec FAISANT qui recommande l’intervention de De Gaulle, MH saisie l’opportunité de cette « débâcle » pour accélérer la mise en œuvre de sa politique sportive.Avec JOXE (ministre de l’EN), MH est entendu par DG, en octobre sont publiées les grandes lignes de rénovation du sport français, le plan « Joxe-Herzog ». Les textes vont se succéder :diplôme de conseiller sportif en 1960, éducateur sportif en 1963, premiers BE (alpinisme, ski, judo et boxe), postes de DTN, CTR et CTD pour la reprise en main des fédérations (J.P SAINT-MARTIN, in T.TERRET, AFRAPS, 2000) ; le sport de haut niveau est soutenu (Font-Romeu est mis sur pieds, l’INS est rénové et étendu), le projet d’obtenir les Jeux Olympiques d’hiver de 1968 est entériné. Les lois programmes de 61 et 65 intègrent la construction d’équipements sportifs (2850 stades et terrains de sport, 1480 gymnases et salles de sport, 710 piscines). En 1962, le Haut comité des sports présidé par Jean BOROTRA est chargé de définir un projet de doctrine du sport qui servira de cadre de référence au développement sportif du pays. Le 11 juin 1963, preuve de l’importance accordée au sport, HERZOG est placé à la tête d’un secrétariat d’Etat à la jeunesse et aux Sports, qui remplace le haut-commissariat et siège au conseil des ministres. Cest une véritable politique de nationalisation de sport (CLEMENT,DEFRANCE, POCIELLO, Sport et pouvoir au XXème siècle, PUG 1994,p.53-104) qui est placé sous tutelle publique (L.ARNAUD, L’Etat et le sport : construction et transformation d’un service public, La Documentation Française, 2000).MH est convaincu que le sport de masse est indispensable à l’élite, il faut donc élargir la base de recrutement (J.P CALLEDE, les politiques sportives en France, Economica, 2000). L’EP se dote d’objectifs adaptés à la politique sportive du pays et devient réellement une affaire d’état, le nombre de postes au CAPEPS croît (il fait plus que doubler de 58 à 69 passant de 5042 en 1948 à 15633 en 1968, B.MICHON parle d’ »âge d’or du recrutement », Elements pour une histoire sociale des

Page 21: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

enseignants en EPS, Revue STAPS n°8, 1983). Une nouvelle impulsion est donnée aux IREPS pour palier aux faibles possibilités de formation (malgré la mise en place en 1960 de classes préparatoires à la première année du professorat et à l’entrée à l’ENSEPS, les épreuves du CAPEPS subissent alors des modifications , P.NEAUMET, l’EP et ses enseignants au Xxème siècle, Amphora, 1992).Dès la fin 59, les services du haut-commissariat élaborent un vaste projet de réforme de l’EP, des commissions d’étude sont mises en place (commissions A,B,C, définition des buts et moyens de l’EP, développement de l’enfant et croissance et EP dans le monde du travail). MH accueil avec prudence les travaux que l’IG lui adresse sans répit et inaugure vraiment sa politique avec le « rapport de Segogne » en avril 1961 qui propose des réformes dans le domaine de l’EP et de l’initiation sportive (1ère partie) de l’organisation et du fonctionnement du sport scolaire (2ème partie). Le sport y est présenté comme un puissant moyen d’éducation ; à partir de cette date l’orientation sportive de l’EP est officialisée par l’intermédiaire de circulaires ( rapides et simples) :circulaire du 1er juin 1961 prévoit que la ½ journée de plein air dans les lycées porte le nom de ½ journée de sport, celle du 21 août 1962 qui apporte des précisions « pour l’organisation des activités de sport : initiation, entraînement, compétition » bouscule et dépasse les IO de 59 : »l’enseignement des gestes sportifs fait partie de la leçon d’EP »… « il faut intensifier l’effort entrepris en vue de l’initiation et du perfectionnement sportifs des élèves » (l’initiation trouve officiellement sa place dans les 2 heures hebdo, l’entraînement est possible dans le ½ journée de PA, la compétition est placée dans le cadre de l’AS). Par décision politique, l’EP est organisée de manière cohérente autour du sport, l’EPS tend à se confondre dans le discours de MH avec l’éducation sportive (désir de fondre les univers de l’EP et du sport) ; entre l’association sportive et la ½ journée de sport la distinction s’estompe : la seconde permet l’entraînement de la première. Le 21 décembre 1961, l’OSSU avait été transformé en ASSU : rappel de sa mission de service public, renforcement des liens avec le sport civil, l’ASSU devient un maillon entre l’école et les clubs civils. (la réforme du sport scolaire ne se fera pas sans heurt : depuis 1945, l’OSSU est est dirigé par Jacques FLOURET qui défend l’indépendance de cet organisme, cf P.ARNAUD, l’affaire des visas de l’OSSU à l’ASSU, le conflit HERZOG-FLOURET, Sport et histoire n°2, 1992). En permettant aux meilleurs d’avoir un entraînement spécialisé en plus , les instructions de 1962 encouragent le glissement de l’école vers le club, l’appel des dirigeants et éducateurs d’associations sportives civiles est évoqué et devient possible sous certaines conditions, le passage du PSP constitue une passerelle entre le sport civil et le sport scolaire.Période d’évolution du recrutement des enseignants des IREPS, les contenus de formation de ces instituts se sportivisent, MH renouvelle le corps d’inspection et évince les administrateursLes plus réticents à sa politique.A la rentrée 62-63, l’essentiel de l’horaire d’EP est à vocation sportive (après la réussite de Vanves dès 1950 mettant en place une organisation de « mi-temps pédagogique et sportif » puis celle du lycée Vitry le François sont publiés une série de circulaires créant les « classes à horaires aménagées » ou « classes à mi-temps » bénéficiant de 7 heures d’EPS hebdomadaires, concernant jusqu’à la fin des années 60, 270 classes, cf R.DELAUBERT, 25 ans d’EPS dans l’enseignement du second degré, Revue EPS n°129-130, 1974 et « Valeur de l’exemple » Revue EPS n°57, 1961, p.4). La principale finalité n’est plus la santé mais de préparer par le sport des hommes d’action prêts à vaincre : »l’objectif est « de faire des hommes meilleurs, plus complets, mieux armés pour la vie et aussi pour le bonheur…la France en a conscience : son avenir, plus que toute autre richesse est dans la valeur de ses enfants….La commission du haut-commissariat à la jeunesse et aux sports, Revue EPS n°43, jan 59). « L’école devient l’annexe du club » (G.ANDRIEU, Enjeux et débats en EP : une histoire contemporaine, Actio, 1992)… « une sorte d’uniformité apparaît et je en sais

Page 22: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

vraiment pas s’il faut, alors, parler d’intégration du sport à l’école ou de récupération de l’école pour servir la cause du sport ».

II-6) Consensus autour d’une éducation physique sportive

Après le passage en force au début de la décennie, MH bénéficie d’un contexte favorable à l’application de sa politique et notamment de nombreux enseignants : « véritable consensus historique entre les intérêts de pouvoir, de l’opposition et ceux du corporatisme des enseignants » (C.PIARD, L’évolution de l’EP et S en France de 1958 à 1969, Journée d’étude Paris X Nanterre, 30 janvier 1988), JP CLEMENT parle de « compromis historique implicite » (La représentation des groupes sociaux et ses enjeux dans le développement du sport, in Sport et pouvoirs au Xxème siècle…), Martin « d’alliance de circonstances ».En 1964, le directeur des Sports pousse MH à accentuer la sportivisation de l’EP :une commission réunissant représentants de l’administration Jeunesse et Sports , inspecteurs enseignants d’EPS et personnels de l’EN plutôt favorable à la pratique sportive est mise en place, c’est un tournant dans la gestion politique de l’EP d’ HM : enseignants et inspecteurs retrouvent une influence sur l’évolution de leur discipline. Les inspecteurs les plus opposants sont écartés ou sont partis à la retraite (même si R .MARCHAND poursuit sa croisade : L’inspecteur pédagogique et la leçon d’EP et sportive , Revue EPS n° 70 ; 1964), de nouveaux inspecteurs comme ROGER DELAUBERT sont convaincus de l’intérêt d’une EP sportive. En juin 1965, PIERRE TRINCAL, sportif convaincu, est chargé de mettre en forme la reflexion en cours afin d’aboutir à la publication de nouvelles instructions officielles.Cette même année est publié l’Essai de doctrine du sport, résultant des travaux de la commission mise en place en 1962 présidée par J.BOROTRA, fascicule de 100 pages qui loue les vertus du sport, positionne le sport en dehors de toute critique : il participe à la formation, à l’équilibre, à l’enrichissement de la personnalité…il est un « remarquable moyen d’éducation », il repose sur une éthique du mérite et de la réussite sociale, point de vue soutenu par de grands organismes internationaux : en 1962 René MAHAU, directeur de l’UNESCO fait publier le « Manifeste sur le sport » dans lequel il est pris acte que le sport devenu phénomène social ne peut plus être ignoré par l’école, MH insiste dans la revue EPS (« Portée morale du sport », n°67, 1963) sur l’intérêt moral du sport.Dans le même temps et malgré les problèmes de dopage (mort de SIMPSON en 64 pendant le tour de France) la France gagne : GOITSCHEL à Innsbruck, record du monde pour « Kiki » CARON en natation, victoire de Tabarly, médaille d’or Alain CALMAT, record du monde du mile avec Jazy en 1965…puis Mexico et colette BESSON (400m) et Grenoble et entre autre Jean-Claude Killy…ces succès sont salués comme le signe de la rénovation de la France, le symbole de son rajeunissement et de sa fierté retrouvée (R.REMOND, Préface à la journée d’étude sur « l’Education physique et le sport en France, 1958-1969, Paris X Nanterre)…la presse surnomera les jeux d’hiver de 69 les « Gaullympiades » après le discours d’ouverture de De Gaulle. Pour réussir , MH doit composer avec les enseignants et notamment avec le SNEP malgré les désaccords (le syndicat dénonce l’éviction du directeur de l’OSSU Jacques FLOURET) et des conflits internes (cf G.VEZIER, 2000) : se dessine un terrain d’entente / réforme des contenus de l’EP, les conceptions que chacun a du sport sont pourtant fondamentalement divergentes ; MH s’appuie sur l’option Coubertinienne du sport, relevant d’un humanisme bourgeois et entretien une réelle confusion entre le sport scolaire et le sport fédéral, tous les deux éducatifs (G.ANDRIEU, A propos des finalités en EP : 1959-1967. La tendance minoritaire du SNEP d’obédience communiste s’appuie sur les bases marxistes (représentation des groupes sociaux et ses enjeux dans le développement du sport, PUG 1994, et B.PARIS L’influence du marxisme sur les conceptions modernes de l’EP, L’homme sain n°’, 1968). FAUCHE parle de

Page 23: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

« combat des marxistes en faveur d’une « « culture sportive » » (Du corps au psychisme. Histoire et épistémologie de la psychomotricité, PUF 1993). Le SNEP milite pour la reconnaissance de l’EPS dans l’école et donc pour une EP scolaire. Sous l’impulsion de Robert MERAND, enseignant à l’ENSEP et membre de la FSGT, proche du PCF, défendant des idéaux marxistes, se développe une doctrine du sport éducatif, un courant sportif : dès 1962 est crée au sein du CERM un axe de recherche intitulé « marxisme et éducation physique» (cf aussi : n°48 de la revue Recherches internationales à la lumière du marxisme, 1965 consacré au sport et à l’EP avec articles de ROUYER et MERAND).Parallèlement sont menées des réflexions dans les ENSEP et au sein de la FSGT (la FSGT dans l’évolution des idées et des pratiques physiques et sportives, G.POUILLARD, CRS PX, ja 1988) qui s’appuient sur le « matérialisme didactique » issu de la pensée de Marx et Engels : l’EPS doit solliciter l’individu dans sa totalité qui doit pour cela être restitué dans un contexte social (C.BAYER, épistémologie des APS, PUF 1990), la motricité ne peut être pensée indépendamment de ses manifestations sociales les plus élaborées que sont les activités sportives, produit du travail humain, il faut donc passer d’une EPS abstraite à une EPS concrète basée sur l’enseignement sportif pour ne pas couper l’enseignement des « faits culturels de masse »(pour M.LAGISQUET « le sport est de nos jours un fait social d’une importance considérable », Leçon d’ouverture, évolution du sport, évolution de l’EP, Revue EPS n°84, 1967) : l’EPS offre la compétition comme réalité sociale première, cad la lutte, l’affrontement, le rapport de force pour faciliter le progrès et le dépassement de chacun, la compétition apparaît comme le seul moteur de toute pédagogie. La démarche attribue à la société capitaliste les détournements du sport ; l’argumentation marxiste consiste à éduquer et socialiser grâce à la mise en place d’organisations uatonomes/ sport bourgeois.

L’idée d’une EP sportive progresse relayé par un nombre croissant d’articles dans la revue EPS, cf « la gymnastique de grand papa est morte » de Jacques DE RETTE, Revue EPS n°61, juillet 1962, la volonté est de « remettre l’EPS au goût du jour » (JDR, EPS n°52, 1960, Le dossier technique de l’élève) en la calquant sur la vie sociale sportive l’expérience de Corbeil-Essonnes en 1963 mettent en place une organisation de l’EP qui prend comme base la compétition (Equipe des professeurs d’EPS, « L’éducation physique au lycée de Corbeil-Essonnes », Revue EPS n°75, mai 1965) : des cycles d’entraînement alternent avec des périodes de compétition, le match constitue un moment clé des séances, c’est le début et à la fin du travail. Des interclasses sont organisés pour motiver les élèves et les confronter aux progrès des autres, l’AS favorise la spécialisation des meilleurs.En 1966, au collège de Calais , JDR met en place « la république des sports (Revue EPS n°98, 1969 et « JDR et la RDS » G.LANDRY, journée d’étude CRS PX , ja 88). La même année il crée la FARS dont le but est de fédérer les enseignants participant à cette expérience et d’organiser des stages (sorte de formation professionnelle) afin de former ceux qui désirent y participer et créer dans leur établissement une nouvelle RDS, cette formule devient connue de tous (près de 500 établissements fonctionnent sur ce principe en 1969) : de la découverte à la spécialisation : stages de 3 à 4 semaines en 6ème et 5ème pour découvrir un maximum de ports, saisons de 3 mois de la 4ème à la 2nde pour se perfectionner dans 2 APS en sports indiv, 2 en sports co, 2 en sports de pleine nature, enfin en 1ère et Tale des saisons de 4 mois pour se spécialiser dans une APS de chacune des trois familles (pdt, trésorier, secrétaire, responsable du matériel, capitaines élus dans chaque classe, chaque trimestre, compétitions interclasses gérées par les élèves ; sport menu obligatoire, sport à la carte avec l’AS, l’encadrement est asssuré par les enseignants et les cadres de la jeunesse et des sports de Calais formés par la FARS, « carte du sport libre » crée pour faciliter les relations entre sports scolaire et associations de la ville.

Page 24: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

Ces expériences soutenu par l’Etat et CRESPIN créent une dynamique en direction d’une EPS ‘(cf R.DELAUBERT, EPS n°129-130, 1974), l’acquisitions de techniques sportives y est première s’appuie sur le geste sportif du compétiteur de haut niveau : à l’exécution des exercices construits succède la reproduction des gestes sportifs ,pédagogie du modèle « pas fondamentalement de celle que proposaient les manuels depuis la fin du XIXème (P.ARNAUD, l’histoire revisitée de l’EP, les rapports de l’EP aux techniques corporelles, Revue EPS 1996) ; pour chaque activité des progressions technico-pédagogiques sont élaborées indépendamment des productions motrices des élèves, sur des bases théoriques de l’associationnisme et du béhaviorisme , la démonstration du professeur sert de référence à l’élève (acquérir un bagage technique encyclopédique juxtaposé). Des propositions dépassant ce modèle se multiplient notamment à l’ENSEP avec Michel BERNARD (prof de psychopéda) qui prennent en compte l’activité de l’enfant et voulant échapper au technicisme (MB, Une interpénétration dialectique de la dynamique de l’équipe sportive, EPS n°62-63, 1962). L’apprentissage de gestes techniques est insuffisant tout particulièrement en sports collectifs. Jacqueline MARSENACH en Volley critique l’évaluation des joueurs qui utilisent les parcours techniques (MARSENACH, BERJAUD, HIRIARTBORE, le parcours des sports collectifs, EPS n°64 de 1963 et Jean ZORRO, les parcours des sports collectifs, EPS n°64, 1963). Pour JM, « la compétition est la source et le contrôle de l’entraînement ». Ces travaux sont relayés par ceux de la FSGT et le « cercle d ‘études centrales »(58) qui veut généraliser les stages d’un nouveau type ; 1964 : stage « d’expérimentation comparée » à Malakoff avec René DELEPLACE qui se poursuit en 65 à Sètes au sein de la colonie « Gai-Soleil » qui accueille des enfants d’ouvriers…véritable lieu d’expérimentation pédagogique (R.MOUSTARD, Les stages M.BAQUET à Sètes, in l’EPS face au sport 1945-1995, 1999). En 1966 le stage comparé devient stage M.BAQUET (mort en 65),ss la dir de M.MERAND est mise en place la « République Gai-Soleil », projet à finalité socialisatrice…qui donnera naissance à un « mémento d’animation et d’initiations sportives ». Le CPS FSGT remplace alors le CEC : construire des contenus sportifs qui se démarquent des exercices analytiques, substituer à une « pédagogie du modèle » une « pédagogie des manques »…étudier les mécanismes sous-jacents en observant les réactions des élèves : cf travaux des psychologues H.WALLON et J.PIAGET : reflexions conduites au CPS et à l’ENSEP. La « pédagogie du milieu » se développe (C.POCIELLO, Aménagement du milieu chez les jeunes, EPS n°67, 1963, JP FAMOSE, L’enseignement du ski, N°67-68, 1963-64)…après les progrès de la décennie précédente (cf, articles consacrés à J.TEISSIE, EPS 72 à 77, 1964-1965) Dans l’ensemble, la socialisation apparaît primordiale, objectif fédérateur, en référence à Wallon, l’enfant est d’abord un être social, l’intégration au groupe est essentielle d’ou la division des classes en en clubs et équipes…une attention toute particulière est donnée aux sports collectifs… ce qui permet de justifier l’EPS : si l’EPS utilise le sport c’est pour atteindre des finalités éducatives qui le dépassent…et non par la seule initiation sportive susceptible d’attirer les jeunes dans les clubs.

II-7) L’évolution du champ sportif

L’action politique de MH permet de comprendre le processus de sportivisation de l’EP mais en dehors de l’école le sport est devenu un véritable phénomène culturel (J.DUMAZEDIER, Education pysique, sport et sociologie, EPS n°69, 1964): le nombre de licenciés double entre 1958 et 1968 (2500000 à 4700000), le taux de féminisation passe de 15 à 22% : le sport dont le statut culturel est devenu une réalité peut avoir une place dominante en EPS, il permet de répondre aux motivations des élèves et à la demande sociale en proposant des leçons

Page 25: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

attrayantes, mais aussi moyen privilégié de formation parce qu’il assure l’ouverture de l’école sur la vie et les réalités culturelles jugées éducatives.

III-La fin de la tutelle médicale

III-1) Pierre Seurin

P.SEURIN s’emploie à promouvoir une éducation physique rationnelle dans laquelle les techniques analytiques jouent un rôle premier, son action perdure malgré cela dans les années soixante mais sans grande écoute ; il défend la place des exercices construits et prend position contre les cations gouvernementales en faveur du sport. Secrétaire général de la FIEP en 58, pdt en 1971, multiplie les prises de position dans la revue L’homme sain et dans les congrès de la FIEP : l’EP ne peut selon lui être enfermée dans une seule forme d’exercices, rappelle les dérives du sport. La compétition est « un moyen parmi d’autres toujours délicate à manier, souvent dangereuse parce que liée à un contexte passionnel et parfois à des intérêts financiers qui rejettent au dernier plan les soucis éducatifs ». En 1970 paraît le « Manifeste mondial de l’EP », réponse à l’Essai de doctrine du sport qui condamne la « sportivisation outrancière de l’EP » et l’usage de la compétition. Pour PS, l’enseignant doit être un éducateur, un hygiéniste et non un entraîneur…mais la gymnastique construite ne semble plus correspondre aux besoins de l’époque.

III-2) Jean Le Boulch

Professeur d’EP au CREPS de Dinard, médecin depuis 1960 :thèse sur les « facteurs de la valeur motrice », selon lui, l’EP doit viser le développement de la valeur motrice (cf JLB, Esquisse d’une méthode rationnelle et expérimentale d’EP, Revue EPS n°57, 1961), illustre également le déclin de l’influence médicale malgré des propositions novatrice du début des années soixante (en 53, in L’éducation physique fonctionnelle à l’école primaire, CREPS de Dinard, il s’appuie sur la division traditionnelle de l’EPS en deux parties, puis au début des années soixante prend ses distances avec P.SEURIN en critiquant l’efficacité de la gymnastique de maintien), il préconise une EP de base s’appuyant sur la science et se positionne face au courant sportif. Il rencontre de fortes résistances (cf JLB, Psychocinétique, EP, APS, Les sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle, n°1-2, 1990 et article de JLB in Dossier EPS n°15, 1995). Dès 1960, il fait partie d’une commission d’étude de la commission B avec 4 autres médecins et 3 psychologues mise en place pour la rédaction de nouvelles instructions : cette commission est chargée de remettre un document scientifique définissant les bases modernes de l’EP…travaux qui ne seront pas pris en compte. En 1961 il contribue au lancement de la Revue « Les cahiers scientifiques de l’EP » dans laquelle il va militer jusqu’en 1971.Il va défendre une « conception fonctionnelle de l’EP » ; le rôle de l’EP est de « faire du corps un fidèle instrument d’adaptation au milieu biologique et social pour le développement de ses qualités biologiques, motrices et psychomotrices permettant d’atteindre la maîtrise corporelle, élément de la maitrise du comportement, condition de la liberté » : le but essentiel doit être « le développement de la maîtrise corporelle, de l’intelligence motrice ». Après la valeur physique des médecins, la valeur motrice…la rupture est considérable, l’EP ne peut plus se contenter de finalités hygiéniques et morales, elle doit rejeter toute conception dualiste et eclectique pour prendre en compte l’individu dans sa totalité et en relation avec le monde qui l’entoure : cette vision moniste de la personne s’inspire des travaux de la psychomotricité qui

Page 26: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

remontent à la fin du XIXème et qui soulignent le caractère indissociable du corps et de l’esprit (S.FAUCHE, Du corps au psychisme. Histoire et épistémologie de la psychomotricité, PUF 1993), mais aussi de la phénoménologie de MERLEAU-PONTY pour laquelle l’intentionnalité est première et la relation étroite entre l’individu et le milieu dans lequel il baigne : « nous devons donc, partant du mouvement objectif visible, remonter au mouvement vécu par un corps propre, porteur de nos désirs, de nos intentionnalités, de nos valeurs » (MMP, Phénoménologie de la perception, Gallimard, 1945, cf C.BAYER, épistémologie des APS, PUF, 1990). JLB utilise également des sciences récentes : neurophysio (PAILLARD), neuropsycho qui supplantent les sciences biologiques. Son analyse novatrice des facture du comportement moteur s’ajoute aux très connus facteurs mécaniques de l’exécution (souplesse articulaire, force musculaire, vitesse segmentaire…) : les facteurs psychomoteurs dont dépendent la justesse de la réponse (adresse, rapidité d’adaptation). 3 étapes sont distinguées dans la construction de la réponse motrice : l’aspect perceptif (perception), l’aspect intégratif (la programmation) et l’aspect effecteur. La première retient particulièrement l’attention de JLB (de la finesse d’analyse des signaux extéroceptifs et proprioceptifs dépend l’ajustement de la conduite motrice), conséquences péda : l’enseignement ne peut se limiter à l’apprentissage de gestes à la façon d’un dressage, au contraire, les exercices proposés aux enfants doivent solliciter et développer les différents facteurs de la conduite motrice, l’adaptation aux conditions changeantes du milieu doit être le souci central de l’enseignement de l’EP (Les problèmes de formation des joueurs de sports collectifs, in Compte rendu du colloque international sports collectifs, ministère J et S, 1965 reproduit dans les cahiers scientifiques n°3, 1965). Sur ces bases JLB publie en 1966 « L’éducation par le mouvement », Ed ESF ou il explicite ses pratiques innovantes d’EP qu’il dénomme « Psychocinétique » (permet de lier mental et corporel, prise de distance avec la psychomotricité et l’EP): elle vise l’accroissement de la disponibilité motrice et des capacités d’adaptation et d’ajustement au milieu environnant, grâce à la structuration du schéma corporel, l’organisation et la perception de l’espace, la structuration temporelle, la coordination ou encore l’ajustement postural. Pour atteindre ces objectifs, la prise de conscience, l’intériorisation (qui permettent l’anticipation) sont déterminante : il propose des exercices de perception temporelle, de prise de conscience segmentaire, de prise de conscience de la respiration…qui prennent la forme de situations problèmes variées, actives et ludiques ou l’enfant doit rechercher par tâtonement et essais-erreurs les réponses appropriées. L’enseignant joue un rôle de médiateur (cf B.FOUCTEAU et M.PERSONNE : psychomotricité et EPS : rien ne va plus ! in Dossier EPS n°15, 1995).A ces conditions, l’EP pour JLB est un atout pour tous les apprentissages scolaires : participant à l’éveil des structures de l’intelligence, pouvant devenir un auxiliaire précieux dans les apprentissages scolaires, elle peut être une quatrième discipline de base à côté de la lecture, de l’écriture et du calcul.JLB défend le principe d’une EP de base, scientifique et non sportive, en continuité avec des idées antérieures (JLB, Les cahiers scientifiques, « Ou va l’EP en France en 1962 ? »n°1-2, 62, « Evolution de l’EP et du sport depuis 1963 », n°1, 1966).L’éducation psychocinétique est primordiale jusqu’à 12 ans période pendant laquelle se structure le schéma corporel (« éducation de base », expression qui le situe dans la mouvance des propositions de P.SEURIN). Comme l’explique R.MURCIA (Autour de 1968-Discours sur une pratique ou la recherche d’une impossible unité in l’EP et le sport après 1968, Journée d’étude UFRSTAPS Bordeaux ss la dir de G.ANDRIEU, 1990) « la spychocinétique est donc une culture générale du corps à partir de laquelle l’individu correctement équipé pourra s’orienter vers toutes les pratiques sociales existantes ». Ce n’est qu’à partir de 12 ans quePeut débuter l’enseignement des activités sportives qui ne reposent que sur l’apprentissage de stéréotypes…JLB, militant actif, participe dans la première moitié des années soixante à la

Page 27: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

création d’un courant interne au SNEP, « La tendance du Manifeste », dont le but est de mener une réflexion critique sur le sport.Comme les médecins des années cinquante, JLB défend l’idée que l’EP doit s’appuyer sur une rigueur scientifique et une rationnalité (cf « Esquisse d’une méthode rationnelle d’éducation physique », Revue ESP n°57, 1961) qu’il prétend apporter en tant que médecin (cf dénomination de la revue « Les cahiers scientifiques de l’EP, « L’avenir d’une EP scientifique », Les cahiers scientifiques, n°1-2-3, 1961-1962).Mais il n’apparaît pas dans l’aire du temps, alors qu’existe une volonté sociale et politique d’ancrer l’EP dans la culture de son temps (cf, P.LIOTARD, « Un exemple de la réthorique du savoir : la polémique LE BOULCH/VIAL », Spirales n°13-14, 1998). Sans relais syndical ou administratif, ses propositions pénetrent difficilement l’EP (JLB s’oppose comme J.PERSONNE, PIERRE LAGUIAUMERIE et JACQUES PERSONNE à l’introdusction du sport en EP et tente de s’imposer au SNEP lors de son congrès en 1965, mais il est évincé : J.PERSONNE, « L’EPS de 1958 à 1993 : changements politiques et péripéties syndicales », Dossier EPS n°15). Seuls, la FFGE et l’Amical des anciens de l’ENSEP lui donnent la possibilité de diffuser ses travaux. Ses idées imprègnent malgré tout le courant de la rée ducation physique et psychomotrice (travaux sur la posture et la maladresse, PICQ et VIVIER, LAPIERRE et ACOUTURIER : ces auteurs, à partir de ses travaux, s’appuient sur une conception moniste de la personne pour souligner l’apport de l’éducation psychomotrice dans les apprentissages verbo-conceptuels, le concret, les situations motrices permettent l’accès à des notions abstraites ….ce courant développe « les pédagogies de l’intelligence » (cf P.ARNAUD, Les savoirs du corps. Education physique et éducation intellectuelle dans le système scolaire français , PUL, 1983).Cette éducation psychomotrice séduit les enseignants du primaire, démissionne de ses fonctions de prof d’EP en 1968 et va chercher la consécration à l’étranger (cf JLB, « Psychocinétique, éducation physique et APS », Les sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle, n°1-2, 1990). Le parcours de JLB qui promeut une EP nouvelle, centrée sur la motricité, illustre le rejet d’une focalisation sur une éducation physique de base, coupée de la culture, défendue depuis la fin du XIX éme par les médecins.

IV- Les instructions officielles du 19 octobre 1967

IV- L’aboutissement institutionnel de la sportivisation de l’EP

Le 8 janvier 1966, après la démission de POMPIDOU, HERZOG est remplacé à sa surprise par François MISSOFFE (premier ministre de la Jeunesse et des Sports, cf P.ARNAUD et JP SAINT-MARTIN, Ministres et ministères de tutelle de l’EP au XIXè et XXè siècle, Spirales, 1998), chargé avant tout d’organiser les jeux de Grenoble, il est peu interresser par la politique sportive et l’EPS qu’il délègue à son directeur de cabinet René HABY, ce dernier charge les IG ROGER et DELAUBERT de la rédaction d’une programmation des APS tandis qu’il se charge du texte des instructions (l’arrêté du 10 aout 1967 modifie les épreuves d’EP au bac : les candidats choisissent une potion principale (coef 3) et une option secondaire (coef 1) parmi athlé, gym, natation..la gym réapparait sous une forme sportive). Ces documents sont associés puis publiés le 19 octobre 1967 : rupture ou continuité avec la politique menée depuis 1958 ?Ces instructions institutionnalisent la volonté de rendre prioritaire la pratique sportive en EP, qui devient officiellement EPS., elles dotent l’EPS de finalités culturelles (« fondements culturels de notre civilisation ») et prennent en compte les valeurs éducatives qui lui sont attribuées : la définition des finalités et des objectifs généraux doit beaucoup à la reflexion de

Page 28: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

Jacques ULMANN auteur en 1965 de « De la gymnastique aux sports modernes », très largement amorcée dans une série d’articles pour la Revue EPS : sur quelques problèmes concernant l’EPS n°81 à 84 de 1966, mais aussi à Michel BOUET (Signification du sport, Ed Universitaire 1968).Pour IO : « notre époque est marqué par la croyance dans le progrès matériel et spirituel et le sport lui même participe directement à cette idée en cherchant non seulement à dégager un type humain dans sa perfection, mais à accroitre par la compétition et le travail acharné qu’elle exige, les possibilités de l’homme…au surplus, le sport se pratique selon des règles et engendre des comportements qui se réfèrent aux valeurs couramment admises dans la société »… « ce dernier (le sport) a trouvé un nouvel essor précisément dans le milieu scolaire, au siècle dernier, et qu’il a des l’abord pour objet de développer, dans une atmosphère de détente, les qualités morales chez les jeunes : courage, générosité, loyauté, désir de vaincre et aussi discipline et sens de la responsabilité individuelle et collective ». Dès lors le sport prend une position hégémonique dans la totalité des horaires d’enseignement, les activités sportives « dont la portée éducative peut être considérable » constituent l’essentiel, les « moyens » des séances d’EPS (l’EP « suscite des vocations de sportifs et de dirigeants », le modèle sportif dispose d’une immense légitimité et EP mais aussi en médecine : en 1967, la « société de médecine d’éducation physique et de sport » devient « Société de médecine du sport », J.DEFRANCE, « sport,santé et institution médicale », Revue Prévenir n°34, 1998). Sila santé reste une finalité de l’EPS sa définition évolue : « plus que le simple maintien du corps et de l’esprit en un équilibre satisfaisant, celui-ci parait devoir être considéré comme la capacité pour individu d’ajuster en permanence ses réactions et comportements aux conditions du monde extérieur, de s’accoutumer à l’effort, bref de se dépasser soi même » (définition moins prudente que celle de l’OMS de 1946); cette conception dynamique de la santé se veut en adéquation avec la société moderne (cf JF LOUDCHER et C.VIVIER, La santé dans l’histoire de l’EP. Analyse des conceptions de la normalité à travers la méthode de P .SEURIN, in J.GLEYSE, 1999).DELAUBERT explique qu’il fallait mettre un terme à l’éclatement de la discipline et légitimer une pratique largement répandue (Opportunité d’une réforme, Revue EPS n°90, 1968) : il fallait en finir avec l’éclectisme conçu sur la division de l’EP en deux parties (EP de formation et EP d’application). Avec le sport comme support principal, l’EP forme un tout (G.ROGER, éditorial, Revue EPS n°84, 1967) et prétend s’adresser à l’individu tout entier « à la fois à son corps et à son esprit ».Pour LEBOULCH, PARLEBAS, LAGISQUET et MERAND : à l’unité de l’EP correspond la totalité de l’individu (M. LAGISQUET, Leçon d’ouverture. Evolution du sport.Evolution de l’EP , Revue EPS n°84, 1967 ; R.MERAND, Leçon d’ouverture .Que devient la leçon d’EP, Revue EPS n°90, 1968 ; JLB, L’éducation et la rééducation de l’attitude, Revue EPS n°84, 1967 ; P.PARLEBAS, L’éducation physique en miettes, Revue EPS n°85 à 88, 1067, voir G.ANDRIEU, A la recherche de l’unité : un nouveau regard sur les pratiques corporelles scolarisés, journée d’étude PX, 1988).

IV- Distinction entre fins et moyens en EPS

Si les liens qui relient l’EPS à l’EN se distendent ( MH, haut secrétaire puis secrétaire d’état en 63 a toujours été rattaché au ministère de l’EN, F.MISSOFFE devient ministre de plein exercice, l’EPS est rattachée en 1967 à la direction des sports), l’EP semble retrouver le chemin d’une certaine orthodoxie scolaire (JL.MARTIN, Du projet politique aux instructions officielles d’EPS en France, revue STAPS n°42, février 1967). Si les instructions consacrent l’intrusion massive des activités sportives dans les contenus de l’EPS elles en soulignent nettement les limites : « l’éducation physique ne doit plus être confondue avec certains des

Page 29: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

moyens qu’elle utilise »… « conséquence inattendue pour les promoteurs initiaux de ces nouvelles directives officielles (qui sont absents des arbitrages finaux), l’EP scolaire reprend ses distances /sport…l’inflexion est notable/à l’orientation de 1961-1962 »… »changement d’orientation » qui reflete le scepticisme de la nouvelle équipe ministérielle à l’égard de la politique suivie par HERZOG depuis 1958 : la tentative de fondre EP et sport et de lui accorder le rôle de support au développement sportif du pays est abandonné (JL.MARTIN). Les APS sont classées en fonction du type de maitrise qu’elles développent : maitrise du milieu (athlé,natation,activités de pleine nature,éducation physique utilitaire et professionnelle), maitrise du corps (sports gymniques,danse et activités d’expression,culture physique, gymnastique volontaire,haltérophilie), amélioration des qualités psychologiques et des rapports à autrui (jeux,sports collectifs,sports de combat…). A partir de cette classification est proposée une programmation construite selon deux axes : un classement des activités ou des sports ( 3 grandes familles sont distinguées : exercices d’adaptation au milieu naturel et sports individuels qui en découlent, exercices à caractère gymnique ou expressif et formes sportives qui en découlent, jeux et sports reposant sur la coopération et l’opposition) et un classement des objectifs ou « intention éducatives » ( 3 objectifs sont dégagés : contribution au développement organique et foncier, action sur les facteurs physiologiques et psychologiques de la conduite motrice, éducation des éléments psychologiques et sociologiques de la conduite). Sur ces bases l’enseignant peut choisir à partir de ses objectifs éducatifs les activités permettant de les atteindre : des objectifs découlent la programmation des APS, conçues comme des moyens permettant d’atteindre des finalités qui les dépassenr, un programme détaillé des différentes APS est ensuite proposé.Après une période d’unité politique entre 58 et 66, les IO de 67 peuvent à bien des égard être considérées comme une rupture avec ce passé immédiat (« Paradoxalement, les IO de 67 apparaissent comme l’aboutissement le plus lisible de ce projet (de sportivisation) et en même temps comme la première étape de son déclin », E.COMBEAU-MARIE, Les années Herzog et la sportivisation de l’EP-1958-1966, Spirales 1998 ; il serait possible de réaliser la même analyse avec les IO de 59 et le déclin de la méthode médicale et méthodique prônée par SEURIN). Elles consacrent le retour en force des IG de la jeunesse et des sports en charge de l’EPS : s’ils défendent une EPS en phase avec son temps, ne veulent pas renier l’héritage des valeurs et méthodes du passé. Pour G.ANDRIEU on passe « du vrai sort » au « sport proprement dit », du sport Coubertinien favorisant l’excès et la compétition, à un sport aseptisé, décontextualisé qui n’est qu’un enseignement de techniques sportives (à peines différentes des gymnastiques construites), qui n’est plus du sport mais un sport sans âme et sans panache (G .ANDRIEU, Le sport et l’éducation physique demain, 1995). L’évolution est réelle par rapport à 1962 qui faisait purement et simplement rentrer la compétition à l’école. Les IO de 1967 cherchent à reconstruire l’identité de l’EPS (G.ANDRIEU, Enjeux et débats en EP : une histoire contemporaine)

IV- Vers un nouvel éclectisme ?

Les IO de 67 sont-elles uniquement sportives ? Pierre TRINCAL tente de montrer la prise en compte des différents courants dans ces instructions (« Genèse d’une réforme », Revue EPS n°88, 1967) : la « commission d’études des instructions, avait tenté de concilier tendances éducative et sportive, les IO sont un texte de consensus aux références eclectiques (cf C.BAYER1990, P.ARNAUD,Défense et illustration d’un enseignement, Spirales 1998, Gilles FERNANDEZ, CNED 1999) : les intentions éducatives proches des conceptions psychomotrices et les APS programmées proches du courant culturaliste. Elles tentent de faire la synthèse de TEISSIE, MERAND et LE BOULCH ou ULMANN…cf préambule évoquant

Page 30: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

l’idéal amateur (bourgeois) et les notions marxistes telles que « la perfection humaine » et « l’accroissement infinie des possibilités de l’homme ».

V- CONCLUSION

Les années soixante constituent « une véritable charnière » dans l’histoire de l’EP (ANDRIEU 90), qui bénéficient de « l’élan gaulien » (JL.MARTI N, 1999). L’EPS trouve alors avec le sport la représentativité culturelle qui lui manquait (P.ARNAUD, Le corps e mouvement, Privat 1981). Il y a dans le même temps le « passage d’une éducation physique conceptualisée de l’extérieur à une éducation pensée et gérée de l’intérieur. Les professeurs se prennent en charge » (ANDRIEU, 1990) : les nouveaux référents scientifiques, les sciences humaines qui viennent remplacer les sciences biologiques et transforment la vision de l’enfant, de son développement et de son apprentissage ne sont plus imposés de l’extérieur mais recherchés par les enseignants eux mêmes. La volonté d’autonomie défendue avec passion par HEBERT trouve un aboutissement concomitant à la sportivisation. L’ère des médecins laisse la place à celle des pédagogues, entraînant une utilisation par les différents concepteurs des paradigmes des sciences humaines de l’époque (phénoménologie, perspective constructiviste de l’apprentissage et structuralisme qui aboutissent à un rejet du dualisme et à une centration sur l’enfant. (B.DURING, La crise des pédagogies corporelles, Scarabée, 1981 ; Les idées de l’EP ou la crise vingt ans après in J.GLEYSE, 1999). En référence aux pédagogies nouvelles, le rôle de l’enseignant et ses relations avec les élèvent évoluent (A.RAUCH, Les voies de l’autorité, en EPS 1945-1967, Revue EPS n°152, 1978), est promue une « pédagogie des manques » qui débouche sur une nouvelle conception de l’évaluation : « ce ne sont plus les aptitudes que l’on sanctionne mais des manques qu’il s’agit de détecter » pour mieux y remédier (B.MACCARIO, 1986)Cette période constitue un moment d’intenses débats, conceptuels et politiques autour de l’objet de l’EP (JP CLEMENT, La représentation des groupes sociaux et ses enjeux dans le développement du sport, in Sport et pouvoirs au Xxè, 1994) : sportifs, traditonnalistes et scientifiques s’opposent avec véhémence : les IO sanctionnent la victoire des premiers et la marginalisation des seconds, mais si elles achèvent la sportivisation de l’EP et consacrent la valeur éducative du sport » ces IO vont autoriser « toutes les dérives technicistes » (PARLEBAS 1967). Les enseignants dans leur très grande majorité utilisent une démarche technocentrée, les exercices d’apprentissage sont élaborées à partir de progressions basées sur la décomposition du geste technique en séquences gestuelles plus simples, ils tendent à prendre un statut d’animateur (la suppression progressive de la ½ journée de sport et la transformation du service des enseignants en 17 heures et 3 heures d’ZS renforce cette tendance : les 2 heures hebdo vont être enseignés avec une méthode proche de l’animation (C.PIARD, L’évolution de l’EPS, de 1958-1969, CR STAPS PX Nanterre, 1988). Finalement, l’enseignement des APS ne permet plus de distinguer l’éducation physique scolaire de l’animation sportive extra-scolaire (comme dans les clubs, l’EPS mélange très peu filles et garçons, dans les IO de 67 les sports de combat sont proposés pour les garçons et la danse pour les filles…cf F.LABRIDY, les transformations du rapport masculin-féminin à travers l’EP au XXè siècle, Dossier EPS n°15 , 1995). La politique menée de 66 à 68 ne fait qu’amplifier cette tendance. Tandis que la priorité en faveur du financement des Jeux Olympiques de Grenoble entraîne une baisse du recrutement des professeurs d’EPS, l’animation sportive ou par d’autres est prôné. La décennie suivante se devra d’apporter des solutions, ce qui ne se fera pas sans nouveaux débats.

Page 31: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

TROISIEME PARTIE : 1968-1980

I-LA MENACE D’EXCLUSION DE L’EPS DE L’ECOLE

I-1) Les circulaires Comiti et Mazeaud

Malgré les avancés induites par les IO de 1967, l’EPS en 1968 est sportive : l’entraînement et la compétition font partie intégrante des heures d’EPS, la discipline est alors en parfaite adéquation avec les pratiques sociales. Une telle adéquation conduit même à une confusion entre l’école et le club , confusion débouchant sur une perte de spécificité de la discipline. Le professeur d’EPS n’est-il qu’un entraîneur ou un animateur ? Est-il passé du généraliste au poly-technicien ? a-t-il encore sa place à l’école ? Journal l’équipe du 8 novembre 1969 soulève le problème : «  Les professeurs d’éducation physique sont-ils périmés ? »Dans le rapport de force opposant l’EPS et le sport civil, l’entraîneur peut apparaître plus efficace …Le sport même paré de toutes les vertus éducatives, ne semble plus suffire pour convaincre du bien fondé de la place de l’EPS dans l’école, non seulement aux journalistes sportifs mais aussi au pouvoir en place. Après l’idéologie gaullienne de la pyramide coubertinienne, le président de la République Georges Pompidou oppose un réalisme brutal : « Si le sport à l’école est utile, il n’a qu’un lien très étroit avec les championnats et les médailles d’or(…) il faut certes développer le sport à l’école, il convient plus encore d’encourager les clubs, les cercles sportifs ( Déclaration de G. POMPIDOU au journal l’Equipe du 23 sept 1971 ) . Les exigences toujours plus grandes du sport de haut niveau remettent en cause l’idéee que l’EPS peut avoir un rôle dans la formation de l’élite sportive ou dans la détection de talents. Les 80% d’un budget de la Jeunesse et des Sports consacrés à l’EPS semblent excessifs. De 1971 à 1973, la nouvelle politique gouvernementale de la Jeunesse et des Sports, menée par le secrétaire d'Etat COMITI, consiste dès lors à « déscolariser » l’éducation physique au profit du sport civil : Yves GOUGEON parle d’un processus de « déscolarisation cachée » et « d’involution de l’EPS » ( Le sport aux portes de l’école, in Education physique, sport et loisir 1970-2000, ss la dir de T. TERRET, AFRAPS 2000, p.185-202 ). J.M DELEPLACE évoque les « années noires » de l’éducation physique ( Le mammouth et la puce : l’EPS face aux institutions de l’éducation nationale et de la jeunesse et des sports (1970-2000), in EP, sport et loisir…p. 20-44 ) ; une série de mesures est prise dans un contexte d’accroissement de la population scolaire, de fin de période faste sur le plan économique et donc de restriction budgétaire, qui donne une nouvelle orientation à l’enseignement de l’EPS (G.ANDRIEU, L’éducation physique au XXème siècle, une histoire des pratiques, Actio, 1990) ; il s’avère impossible d’assurer les 5 heures hebdomadaires, les enseignants étant en nombre insuffisant alors même que le principe des 5 heures hebdomadaire viennent tout juste d’être réaffirmé, l’arrêté du 3 juillet 1969 supprime la distinction entre la demi-journée de sport et les heures d’EPS et fixe dans tout le secondaire l’horaire d’EPS à 5 heures hebdomadaires. Répondant à cette difficulté, la circulaire du 9 sept 1971 défini une « nouvelle répartition horaire de l’EPS : 3 heures dans le premier Cycle et 2 heures dans le second (priorité est donnée au premier cycle, les séances longues de 3 heures sont à éviter ce qui consacre la fin de la demi-journée de sport). L’utilisation de l’association sportive peut permettre de faire face à cette nouvelle baisse, la circulaire évoquant une nouvelle distinction les horaires enseignant et les horaires élève : « des heures peuvent être prévues aux emplois du temps des élèves en nombre supérieur au nombre disponible des heures de service des professeurs » ; autrement dit, des heures d’EPS peuvent se dérouler en l’absence d’enseignants qui peuvent être remplacer par des cadres du monde sportif. Peut-on encore

Page 32: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

parler d’EPS , Quelle est la spécificité de l’EPS scolaire à cette époque ? Le texte rappelle que la circulaire de 1961 encourageait déjà la validation d’heures accomplies hors de l’école dans le cas des sports équestres et que celle de 1962 prévoyait l’utilisation d’éducateurs sportifs dans les établissements scolaires . Sur ce modèle, le secrétaire d’état COMITI propose de tenir compte d’un temps passé hors de l’école, d’un temps non contrôlé par les enseignants mais maîtriser par les fédérations. L’idée est de mettre le chef d’établissement en rapport direct avec le responsable de club, de l’association ou du centre d’initiation sportive par l’intermédiaire d’une fiche navette sana qu’il soit mention du professeur d’éducation physique. La circulaire du 25 nov 1971 demande d’évaluer les problèmes soulevés par la pratique optionnelle du sport dans le second cycle. Après avoir précisé que les cES ne seriaent plus dotés d’équipements sportifs il est expliqué la possibilité de créer une nouvelle structure concernant l’EPS pour l’EPS par le établissements, les clubs, des représentants de la Jeunesse et Sports…l’imbrication est extrême entre le sport scolaire et le sport civil. La circulaire du 1er

juil 1972 propose « une nouvelle orientation de l’enseignement sportif » ne fait qu’accroîtreLe malentendu en opérant un glissement de l’EPS vers un sport optionnel en marge du système scolaire. « L’organisation d’ensemble du sport doit assurer la continuité entre l’éducation scolaire initiale et l’animation d’une vie sportive multiforme ». Cette circulaire crée les Centres d’animation sportive, structure de coordination, d’étude et de concertation sur l’enseignement sportif qui ont pour mission de « permettre une véritable orientation sportive des jeunes en liaison avec l’école ». Ces centres regroupent les écoles de sport, qui se distinguent de l’EPS et qui ont la charge de prolonger son action mais qui sont également « appelés à participer aussi à l’enseignement sportif inclus, à titre optionnel, dans les horaires d’EPS obligatoire », sous la responsabilité d’un professeur d’EPS en poste à la DDJS, chargé de coordonner l’action et l’utilisation des enseignants et des éducateurs dans les écoles de sport relevant du centre ( les enseignants d’EPS peuvent assurer leur service en dehors de l’école ). Cette politique qui minore le rôle de l’EPS par la mise en œuvre de structures extra scolaires entretient une confusion importante entre les deux, tout est fait pour que l’EPS bascule dans une logique sportive et soit sous tutelle des fédérations. Mais devant les craintes et les réticences des enseignants d’EPS une nouvelle circulaire ( daté du 5 octobre 1973 ) précise la vocation des CAS : «  le CAS ne doit pas se poser en concurrent des structures existantes mais établir un lien entre la formation physique et sportive initiale et l’engagement sportif personnel ». Parallèlement sont mis en place dans les établissements scolaires des structures de détection des jeunes talents que pourront accueillir les sections sport-études et les centres nationaux nouvellement crées (circulaire du 15 nov 1973). Sport et EPS répondent alors à la même logique, l’EPS n’ayant jamais été aussi proche du monde sportif qui ne se cantonne plus au sport de haut niveau mais élargit ses missions en répondant à la demande sociale : en 1973, le CNOSF ( crée en 1972 par la fusion du CNS et du COF ) publie une plaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au « plan de relance de l’Education Physique » de Jean-Pierre Soisson

La loi MAZEAUD du 29 oct 1975 relative au développement de l’EPS et du Sport peut être considérée comme le point d’orgue de l’éviction de l’EPS tant le glissement de l’EPS à l’initiation sportive est spectaculaire. La confusion est entretenue entre l’EPS et le secteur sportif extra-scolaire au niveau des finalités éducatives comme à celui de l’encadrement. Dans l’article 1 les rapports du secteur public et du secteur privé sont évoqués : les APS sont un élément fondamental de la culture et leur développement une obligation nationale : les personnes publiquess et privées en assument la charge…l’article 3 stipule que tout élève

Page 33: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

bénéficie d’une initiation gratuite à la pratique des APS et à la charge de l’état qui doit être donné « soit par des enseignants, soit sous la responsabilité pédagogique de ces derniers par des éducateurs sportifs ». Une place importante est faite aux sportifs de haut niveau et à leurs débouchés ( volonté politique le déficit en EPS par des structures extra-scolaires et des personnels non enseignants d’EPS ). Les circulaires du 24 mars et du 1à mai 1977 parachévent la mise en place des structures optionnelles de formation avec les Services d’animation Scolaire (SAS) qui coordonnent au niveau départemental les cations extra-scolaires et officialisent les différents formulés par les établissements : le chef d’établissement et l’équipe pédagogique initient les projets mais le directeur départemental de la Jeunesse et des Sports reste l’arbitre et attribue ou non le budget. Le nombre de postes au CAPEPS diminue : 1030 postes en 1971 à 497 en 1975 , en 1978 J.P SOISSON dans le cadre d’un « Plan de relance de l’éducation physique »( circulaire du 1er sept 1978 ) envisage de ne créer aucun poste, le nombre de postes au CAPEPS correspondant aux départs à la retraite (alors que le sport de haut niveau bénéficie d’enveloppe extra-budgétaire par l’intermédiaire du FNDS crée en 1979). Le forfait des enseignants pour l’AS passe de 3 à 2 heures ; tous les enseignants sont tenus d’accepter de faire 2 heures complémentaires. Une réforme du CAPEPS est mise en place avec une épreuve d’option importante, la possibilité de réaliser une séance d’EPS dans un club et des bonifications pour les sportifs de haut niveau ( le pods des fédérations dans le jury est croissant. La fusion de l’INS et de l’ENSPES en 1976 parachève le rapprochement des deux secteurs, enfin le budget de l’EPS baisse sensiblement.« L’éducation physique et sportive (…) reste marginale dans le système scolaire,. Elle n’y est pas installée, elle y campe » (Joffre DUMAZEDIER, Sports et activités sportives, Revue EPS n°123, 1973). Le sport sort l’EPS de l’école, la place en porte à faux avec le système scolaire.

II- L’EPS EN QUETTE D’IDENTITE, DE SPECIFICITE

Face à cette perte d’autonomie la profession réagit : les résistances des enseignants et la pression syndicale réussissent à limiter la mise en application des circulaires du début des années 70 ( M.BERGE, A nos marques ! Douze années de lutte pour l’EPS, SNEP, 1984) : Le SNEP dont la tendance « Unité Action » devient majoritaire, conduite par les militants communistes devient majoritaire en 1969 se positionne avec vigueur contre les décisions gouvernementales tout au log des années 70 en lançant un grand mouvement de grève en réaction à la promulgation de la loi SOISSON. En fait, les expériences des CAS seront peu nombreuses et vouées à l’échec. Les différents acteurs de l’EPS ont pris conscience à cette période de la nécessité à prouver l’utilité de leur discipline à la justifier à l’école : de la parer des signes de « l’orthodoxie scolaire » ( P.ARNAUD, Contribution à une histoire des disciplines d’enseignement : la mise en forme scolaire de l’éducation physique, Revue Française de Pédagogie, n°89, 1989, p. 29-34 ). Il devient impérieux de définir des contenus spécifiques et définir la spécificité de l’EPS : quel est son objet, son identité ? En quoi est-elle différente des pratiques non scolaires ? Comment la discipline doit elle se positionner face à la culture sportive ? Ces questions vont guider la recherche pédagogique dès la fin des années 60 et pendant les années 70 favorisée par la l’officialisation de la FPC ( 71-72 ) ; ces années seront marquées par un effort sans précédent en matière d’innovation…les enseignants sont dès lors condamnés à faire la preuve de leur compétence d’enseignant : ce « combat » est le fil directeur des réflexions et des débats qui existent en EPS depuis cette période jusqu’à nos jours. Les divergences sont nombreuses, B.DURING décrit la période comme celle des « crises des pédagogies corporelles » ( Ed Scarabée, 1981 ) : en raison de la dispersion des

Page 34: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

formations au cours de cette période et par la fin de l’unité doctrinale que véhiculait jusqu’à cette période l’ENSEP qui perd sa suprématie. La formation continue devient un important enjeu de pouvoir. Malgré ces divergences, l’affirmation de la spécificité scolaire de l’EPS est un projet partagé par le plus grand nombre. Trois grandes formes de réponses peuvent être repérées qui correspondent à trois position par rapport au sport : certains réfléchissent à l’utilisation qu’il est possible de faire du sport ( pour eux sport = objet d’enseignement incontournable ), d’autres tentent de dépasser sa seule utilisation, d’autres enfin remette l’utilisation du sport complètement en cause.

II-I) Le sport : objet incontournable d’enseignement en EPS

Les partisans d’une éducation physique par le sport tente de dépasser le modèle de l’éducation sportive telle qu’elle est proposée dans les années 60 : les APS doivent avoir le statut de moyens ( comme le préconisaient les IO de 1967 ). L’EPS ne devant pas se confondre avec les apports culturels qu’elle utilise. Mais alors quelle EPS à partir des APS ? Les réflexions des membres du CPS FSGT et des participants des « stages Maurice BAQUET » qui se poursuivent à Sète jusqu’en 1979, vont contribuer à répondre à ce questionnement à partir de l’idée d’un traitement des APS permettant d’adapter le sport à l’enfant : l’enseignement doit prendre en compte simultanément les APS et la connaissance des lois de développement du sujet. Reprenant les travaux de WALLON ( de l’acte à la pensée, Flammarion, 1970 ) et les transposant dans le champ de l’EPS, un slogan s’impose : il faut créer un sport de l’enfant, un sport pour l’enfant, enseigné à partir d’objectifs précis. Il s’agit de renoncer à l’apprentissage de gestes sportifs, évacuer tout placage du sport des adultes ( Robert MERAND, Stage M.BAQUET : rénovation de l’éducation physique et innovation pédagogique, Revue EPS n°127, mai-juin 1974 ). L’objectif est de se démarquer du « technicisme » et du modèle d’apprentissage qu’il sous-tend, la référence indiscutée devient la psychologie génétique qui incite à partir de l’activité de l’enfant ; WALLON et PIAGET deviennent les références incontournables, notamment .WALLON, L’évolution psychologique de l’enfant, A.COLIN, 1968, J.PIAGET, la psychologie de l’intelligence, A.COLIN, 1967, psychologie et pédagogie, Denoel, 1969…Ces travaux permettent au début des années 70 de rénover sur une base constructiviste les contenus d’enseignement, d’identifier des niveaux d’apprentissage qui constitueraient des étapes hiérarchisées en fonction des niveaux de développement et des logiques internes propres à chaque APS ; Les stages M.BAQUET sont le lieu de nombreuses expérimentations et d’innovations ( le magnétoscope par exemple est utilisé pour mieux étudier l’activité des enfants ). Ces stages sont l’occasion pour un grand nombre d’enseignants d’une réelle formation continue, ils donneront lieu à des publications ( Sport et développement humain, Ed sociales 1975, Sport et progrès de l’homme…) mais aussi à des films et des « mémentos » sur les différentes spécialités sportives. Les mémentos prposent de hiérarchiser les étapes de l’apprentissage de chaque spécialité sportive, l’analyse du haut niveau, forme supérieure de l’activité physique permet d’extraire les règles fondamentales de l’activité ; une filiation directe pouvant être repérée entre l’activité motrice du débutant et celle du champion. En référence aux méthodes actives, le débutant découvre les pratiques sportives dans leur globalité par l’intermédiaire de situations jouées. Le langage piagetien est utilisé , notamment le concept d’équilibration qui suppose un certain niveau d’adaptation, cette adaptation fonctionne par le double jeu de l’assimilation-accomodation : dans un premier le sujet donne sa propre signification à la situation qui lui est proposée ( assimilation ) puis recherche des réponses plus adaptées ( accommodation ), il incorpore dans ses structures de pensée par le biais d’un apprentissage « intelligent » les éléments extérieurs qui vont le transformer ( J.PIAGET, Réussir et comprendre, PUF 1974, La prise de conscience, PUF

Page 35: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

1974 ). Apprendre c’est donc s’adapter et être actif, le concept de schème permet de décrire l’ensemble des actions motrices réalisées par la pratiquant : on parle de schème de course, de saut….L’AEEPS, amicale des anciens élèves de l’ENSEP organise également des stages et publie dans la re vue Hyper des numéros spéciaux consacrés aux différentes activités sportives. Citons également en 1969, la transformation de la FARS en FARE dont l’objectif est de dépasser la simple république des sports en regroupant l’ensemble des enseignants des établissements scolaires afin de réaliser une unité pédagogique : ce travail commun entre collègues de différentes matières, bénéficia de l’aide de l’état, visait à définir une « éducation physique à contenu scolaire »( des divergences politiques auront raison d’elle au milieu des années 70 ).Les sciences de l’éducation, discipline universitaire depuis 1967, deviennent la nouvelle référence ( G. et V. DE LANDSHEERE, Définir les objectifs de l’éducation, PUF 1975) D.HAMELINE, formuler des objectifs pédagogiques, Cahiers pédagogiques n°148-149,1976) et font émerger des réflexions sur « la pédagogie par objectif : J.MARSENACH, Définir les objectifs de l’éducation physique, Revue EPS,n°150, 1978, J.EISENBEIS et B.MACCARIO,Les objectifs en question ou question sur les objectifs, Revue EPS n° 156, 1979. L’objectif est de rationaliser l’enseignement, un nouveau vocabulaire apparaît : objectifs généraux, comportementaux, opérationnels, spécifiques… des finalités générales de l’éducation sont déduits les objectifs généraux puis comportementaux…jusqu’aux comportements observables susceptibles d’être évalués ( B.MACCARIO, Théorie et pratique de l’évaluation dans la pédagogie des activités physiques et sportives, Vigot 1986 ). Des typologies distinguent savoir , savoir-faire et savoir-être ( influence de BLOOM )L’innovation pédagogique doit permettre de dégager spécificité des finalités, objectifs et méthodes en EPS.Parallèlement, certains auteurs s’appuient sur une démarche structuraliste ( influence de C.LEVY-STRAUSS : L’anthropologie structurale, 1958, cf C.BAYER : Epistémologie des activités physiques et sportives, PUF 1990 ). Ainsi, CARRASCO pense qu’il faut oublier dans l’enseignement de la gymnastique les agrès et met en place des parcours utilisant tous les agrès. CATTEAU et GAROFF révoquent un apprentissage de la natation réalisé à partir de la juxtaposition des 4 nages, ils partent de l’analyse de la structure de la natation dans laquelle interfère 3 variables : l’équilibre, la respiration et la propulsion. C.BAYER situe l’intention tactique individuelle comme élément transférable à la pratique de tous les jeux sportifs collectifs ( L’enseignement des jeux sportifs collectifs, Vigot, 1978 ), GORIOT par de 3 attitudes fondamentales ( extension-flexion-rotation ) pour proposer les « fondamentaux de l’athlétisme », DELEPLACE et CONQUET élaborent une modélisation du rugby et dégagent les règles génératrices constituant le noyau fondamental de ce sport.Le but recherché est de mieux répondre aux objectifs éducatifs et de faciliter l’apprentissage des élèves.

II-2) Réactions à l’exclusivité sportive

Tous les acteurs de la discipline ne partagent pas l’orientation sportive. Certains se demandent notamment si le sport suffit à assurer une éducation corporelle complète. La diversité et la richesse de la culture corporelle est elle proposée ? Les recherches les plus récentes en sciences sociales sur le corps et le plaisir et leur rapport avec l’efficacité sportive ouvrent de nouvelles perspectives.Jean LE BOULCH voit dans la nouvelle conjecture l’opportunité de se repositionner, il publie en 1971, Vers une science du mouvement humain, Ed ESF, dans laquelle il présente la psychocinétique et défend l’idée que le développement des facteurs de la conduite motrice

Page 36: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

peut donner à l’éducation physique une spécificité scolaire. Il montre ( Face au sport, ESF 1977 ) que l’éducation par le sport en survalorisant la dimension compétitive entretient une confusion entre buts et moyens, que les activités sportives ne doivent pas être enseignées pour elles mêmes mais en faveur du développement psychomoteur du sujet ;Pierre PARLEBAS se prononce quand à lui pour définir l’éducation physique comme la pédagogie des conduites motrices et définit la spécificité de l’EPS en se détachant du référenr sportif ; il s’inscrit comme LE BOULCH dans une perspective psychomotricienne. L’EP doit selon lui réaliser sa « révolution copernicienne » en se centrant sur le fonctionnement des élèves et non plus sur la technique : « on commence à s’intéresser moins à l’exercice et plus à celui qui s’exerce »( L’éducation physique en miettes, Revue EPS n°85, mars 1967), d’autres auteurs tel Guy AZEMAR mettent également l’accent sur la nécessaire centration sur l’activité de l’élève et son « aventure motrice » en s’intérressant au processus d’autoconstruction des conduites motrices plutôt qu’aux résultats à acquérir, AZEMAR parle d’activité créatrice, « autostructurante », « automodelante » ( Plaidoyer pour l’aventure psychomotrice, De la psychomotricité à l’exploration active du milieu, Revue Esprit n°5, 1975 ) Les méthodes actives et les études psychologiques portant sur l’enfance et le développement doivent servir de référent.La notion de conduite motrice permet à partir d’une analyse structuraliste d’intégrer toutes les dimensions de la personnalité, elle combine le moteur, le cognitif et l’affectif mais aussi le relationnel, dimension qu’avait minorée LE BOULCH mais que PARLEBAS juge fondamentale. Pour ce dernier « l’éducation physique sera scientifique ou ne sera pas » ( Pour une épistémologie de l’éducation physique, Revue EPS n°110, 1971 ), c’est une pratique pédagogique qui doit s’appuyer sur l’examen scientifique du pratiquant confronté à des situations motrices. PARLEBAS commence à étudier le traitement que les joueurs font de l’information ce qui le conduit à dire que l’activité sportive peut être une remarquable éducation des conduites de décision, il se lance ensuite dans une analyse sémantique du jeu sportif qui étudie la « sociomotricité » : les codes utilisés parles joueurs et leur décodage. S’inscrivant dans une perspective cognitive , il aboutit finalement à la création d’une sémiologie motrice ou « sémiomotricité » (science des codes, des systèmes de signes visant à la communication ), il utilise la notion de « praxème » qu’il définit comme « une interaction motrice chargée de sens tactique » (c’est le décodage correct des praxèmes des autres acteurs qui permet au pratiquant d’anticiper ), les joueurs forgent en commun une gamme de praxème référentiels, une des fonctions du praxème sera de réduire l’incertitude d’informaton des partenaires et d’accroitre celle des adversaires. Ces travaux aboutissent à la création d’une « praxéologie motrice » appelée aussi « science de l’action motrice » qui étudie ces praxèmes.PARLEBAS prpose une pédagogie orientée vers la production et l’interprétation des praxèmes…à mettre l’accent sur les relations entre les pratiquants et leur environnement. De l’analyse de ces relations découle une classification fondée sur le concept d’incertitude sur laquelle peut l’éducation physique. ( PAI ). L’analyse de la « logique interne » de chaque activité, qui consiste à en dégager les traits essentiels permet d’affiner cette classification en fonction des effets recherchés : l’EP, pédagogie des conduites motrices, trouve ses fondements théoriques dans la science de l’action motrice, elle devient une authentique discipline d’enseignement : « (avec l’action motrice) l’éducation physique possède son objet propre qui la dote de son identité et qui lui assure sa spécificité. L’élaboration d’une théorie scientifique de l’action motrice peut fonder une recherche rigoureuse portant sur les situations motrices et leurs implications didactiques ; L’EP possède ainsi sa pertinence de discipline d’enseignement, distinctive, au sein du système éducatif ( Didactique et logique interne des APS, Revue EPS n°228, 1991 )P.PARLEBAS s’attache à réhabiliter les jeux sportifs traditionnels : « tous les sports collectifs

Page 37: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

reposent sur le duel (…) ce modèle n’est pas inéluctable »; il développe une analyse critique du sport : « Le sport c’est le corps mais le corps discipliné…c’est l’action rationalisée dans un cadre standardisé qui aboutit à la performance et au record, c’est une fantasmatique du rendement…Taylor est sur le stade. Le corps sportif est bien le corps-machine » ( P. PARLEBAS, Jeu sportif, rêve et fantaisie, Revue Esprit n°5, 1975 )A cette même période se développe un intérêt pour l’expression corporelle et les « pédagogies aléatoires » : ces activités sont conçues comme alternatives à l’enseignement sportif ; elles se revendiquent a-technique ( n’impose pas une technique aux individus ), privilégient l’expression, l’imagination, l’improvisation, la liberté et la créativité. Au milieu des années 60, Monique BERTRAND et Mathilde DUMONT, professeurs à l’ENSEP et à l’INS montrent les premiers spectacles d’expression corporelle sous le nom de PINOK et MATHO, puis organisent cours, stages et produisent des films. Elles publient des ouvrages pour montrer l’intérêt de cette discipline en milieu scolaire ( M.BERTRAND et M.DUMONT, l’expression corporelle à l’école, Vrin, 1973 ). Fin 1968, le Groupe de Recherche en Expression Corporelle (GREC ) se constitue à l’IREPS de Toulouse. A Paris, Claude PUJADE-RENAUD organise également des séances ( C.PUJADE-RENAUD, l’expression corporelle impossible, Revue Esprit n°5, 1975 ; Expression corporelle, langage du silence, ESF, 1976 ). La volonté est d’accorder une plis grande place à la dimension expressive par le biais d’une éducation artistique. Ce courant est fortement influencé par la psychanalyse et REICH en particulier : il faut laisser s’exprimer ses pulsions, ses émotions, s’intéresser à l’affect, libérer le corps, procurer du plaisir ; en rupture avec le sport qui limite l’activité à l’efficacité, au rendement, au record et à la compétition. La prise en compte d’un corps désirant, sexué, érotisé est revendiquée. PUJADE-RENAUD met l’accent sur le registre des sensations, sur les dimensions proprioceptives et kinesthésiques ( perception des mouvements du corps dans l’espace, rôle du schéma corporel …). Le mime, , le théâtre et toutes les formes d ‘expressivité sont envisageables dès lors qu’elles favorisent un processus dont la finalité est de présenter un spectacle. Les propositions de « pédagogie aléatoire » refusent les règles prescritent ( comme les règlements sportifs ), au profit de celle qu’un groupe institue, plaisir et désordre doivent être acceptés…d’ou les difficultés à s’inscrire à l’école.

II-3) Le courant anti-sportif en EPS

Un courant minoritaire mais très actif rejette totalement le sport dont il fait une critique radicale, il réfute l’utilisation du sport comme moyen éducatif ( F.BAILLETTE, La vampirisation de l’EPS : morsures pestilentielles et flétrissures indélébiles, in Traité critique d’éducation physique et sportive, Quel corps, 1994, p.155-171 ). Dès 1964, J.M BROHM fait apparaître un article dans la Revue Partisans dans lequel il dénonce l’embrigadement de la jeunesse par le sport et critique le principe de rendement que celui-ci impose, il met en évidence l’analogie entre l’activité sportive et le capitalisme (Sociologie politique du sport, Partisans n°28, 1966. Alors un sport éducatif, pourquoi faire et pour qui ? A partir de 1971 des enseignants se regroupent autour de la Revue « Le chrono enrayé », JMB est à l’initiative en 1975 de la revue « Quel Corps ? », il publie en 1976 sa thèse « Sociologie politique du sport »…Critique freudo-marxiste : le sport est une aliénation fondée sur le capitalisme industriel, le sport peut être décrit comme « un appareil idéologique d’état » ( L.ALTHUSSER ) : sous une apparence trompeuse, le sport c’est l’absence de liberté, l’endoctrinement, l’uniformisation des comportements, l’absence de plaisir et finalement l’aliénation. Toute proposition d’éducation physique et sportive est condamnable car contribue à dompter les corps à ériger une morale du plaisir mérité. ( Ginette BERTHAUD,

Page 38: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

Education sportive et sport éducatif, revue Partisans, sept 1968 ). Une violente critique est portée contre les travaux du CP SFSGT et sa trop grand complicité avec le sport de compétition;Le sport compétitif est également critiqué par une minorité d’enseignants après 1968, au nom de la liberté et du rejet de l’autorité, il s’ensuit un grand nombre de publications au cours des années 70 autour du corps et de la corporéité dont Michel BERNARD, Le corps, Ed JP DELARGE 1972, Daniel DENIS, Le corps enseigné, Ed Universitaires 1974, G. VIGARELLO, Le corps redressé, histoire d’un pouvoir pédagogique, JP DELARGE , 1978… II-4) EPS et formation universitaire

L’ensemble de ces réflexions peut être mis en relation avec la naissance d’une formation universitaire autonome dans le domaine de l’EPS liée à la réforme de l’université menée par Edgar FAURE après les évènements de 1968. En 1969 les IREPS sont transformés en UEREPS ( qui ne sont plus sous tutelle médicale ) ; la loi MAZEAUD crée en 1975 le DEUG STAPS, suivi en 1977 de la licence ; enfin en 1977 naît l’INSEP de la fusion de l’ENSEPS et de l’INS, la constitution des STAPS e tant que champ scientifique et universitaire autonome, progresse. Les débats se cristallisent au cours de cette période autour de la relation que doit entretenir l’EPS avec la ou les sciences : de profonds désaccords opposent les « partisans du mouvement humain » (LE BOULCH ), ceux «d’ « une science de l’action motrice » (PARLEBAS) qui défendent la nécessité de la création d’une science sur laquelle ppurrait se fonder et se légitimer l’EPS et enfin ceux qui (comme G.VIGARELLO) revendiquent l’indispensable diversification des approches scientifiques et la vigilance épistémologique (Une épistémologie… c’est à dire…réflexion sur les problèmes de la science en EPS, supplément au n°151 , Revue EPS, mai-juin, 1978 ; La science et la spécificité de l’éducation physique et sportive. Autour de quelques illusions, in Psychopédagogie des APS, ss la dir de P.ARNAUD et G.BROYER, Privat, 1985, p.17-22 ; Les STAPS, in L’EPS , réflexions et perspectives, Ed Revue EPS-STAPS 1986, p.234-236 ou encore Y.LEZIART, Les rapports théorie-pratique dans les conceptions : permanence ou changement ? Etude de trois périodes significatives, Revue française de pédagogie, n°116, 1996, 51-64.En 1985 G. VIGARELLO explique : « Un champ peut susciter une science, mais à condition que se dessinent des lois particulières et que s’y exercent des méthodes spécifiques. Or la motricité, selon toute apparence, relève de concepts passant par la physique mécanique autant que par la psychanalyse. Et il y a aussi peu de pertinence à rendre exclusive une « science »de la motricité qu’à rendre exclusive une science de l’homme. Comment décréter l’existence d’ « une » science du mouvement ou de l’action motrice avant même d’assurer l’originalité de ses méthodes et surtout l’unicité de son champ ? »… « la légitimité de l’EPS ne naît pas avec ses démarches scientifiques, mais avec ses pratiques. Ce sont des pratiques sociales qui l’ont fondée. Ce sont elles qui l’ont instituée comme discipline. C’est d’elles, en tout cas, qu’elle tire son histoire et son existence. L’éducation physique est d’abord un ensemble de tactiques pédagogiques appliquées aux pratiques corporelles…le fondement premier est le geste normatif exercé sur le corps de l’autre…Ici la science est explicitement interpellée à partir d’une pratique avant de revenir sur elle pour la transformer. Ce qui explique évidemment que plusieurs sciences peuvent ou doivent collaborer…L’éducation physique ne peut effectivement commencer à se comprendre que si se diversifient les approches scientifiques ; encore faut-il savoir que celles-ci ne sont pas toujours cohérentes entre elles…Si l’éducation physique n’a pas de démarche scientifique, au moins est-elle condamnée à l’épistémologie ».

Page 39: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

II-5) Les difficultés du système éducatif

Au cours de cette période, l’école toute entière connaît également des transformations majeurs tout particulièrement avec la mise en place du « collège unique » qui suscite de nombreux débats. La crise économique entraînant inflation et chômage (ébranlement du SMI par la décision de NIXON de détacher le dollard de l’or en 1971, puis premier choc pétrolier 73-74)Tandis que les effectifs continuent de progresser à l’école et que 90% d’une classe d’âge entre en 6ème, l’école s’avère incapable d’assurer la réussite et l’insertion professionnelle de tous les jeunes. Le 11 juillet 1975, la loi HABY unifie les CES et CEG en collège, les filières sont supprimées (orientations vers les LEP pour un CAP après la 5ème ou à la fin de 3ème pour un BEP). L’échec scolaire mis en exergue par l’hétérogénéité des classes devient un sujet important de débat (l’orientation fait figure de sélection) ; BOURDIEU et PASSERON (Les héritiers 1964, la reproduction 1970) remettent en cause l’idée d’égalité des chances à l’école.Ils montrent que « l’idéologie du don » consiste à juger doué un élève qui bénéficie d’un héritage culturel proche de la culture scolaire. Raymond BOUDON analyse « L’inégalité des chances » (A.COLIN, 1973) pendant que BEAUDOT et ESTABLET mettent fin au mythe de l’école égalitaire ( L’école capitaliste en France Maspéro 1971, L’école primaire divise Maspéro 1975). Des travaux en Sciences de l’éducation fustigent la pédagogie traditionnelle accusée de produire l’échec du plus grand nombre ( J.ARDINO, , Rémi HESS, Georges LAPASSADE, R.SHERER) ; les enseignants sont séduits par les pédagogies non directives : LOBROT, VASQUEZ, OURY pour la pédagogie institutionnelle, ROGERS pour la non-directivité, NEIL pour les pédagogies libertaires.. Ivan ILLICH en 71 pour l’idée d’une société sans école.Quelques tentatives de rénovation pédagogique voient le jour comme en 1973 les 10% De l’horaire annuel pour expérimenter de nouvelles solutions pédagogiques, la disparition des maths modernes, la disparition du classement des élèves.

III- L’EDUCATION PHYSIQUE A L’ECOLE PRIMAIRE

III-1) Le tiers-temps pédagogique

Le 7 aout 1969, le tiers temps pédagogique réduit l’horaire de 30 à 27 heures, organise les enseignements en 3 blocs : disciplines fondamentales, l’EP et les activités d’éveil, reconnaît la valeur éducative de l’EP : 6 heures hebdomadaires. « l’école primaire promeut une éducation physique fondamentale et pré-sortive pour un système secondaire qui est devenu pour sa part résolument sportif, la continuité est dorénavant assurée. Tout se passe comme si l’éducation physique de base, qui était dispensée pendant la première partie de la leçon, le devenait pendant la première partie de la scolarité. Cette orientation permet à J. LE BOULCH d’y prendre une place de choix et de trouver une véritable reconnaissance. Pour favoriser cette mise en œuvre, un corps de CPC vient s’ajouter à celui des CPD trop réduit…l’EPS reste pourtant très peu enseignée. III-2) Les Instructions de 1977

En décembre 70 est crée une commission pédagogique nationale en EPS ss la responsabilitéDe l’IG G. BELBENOIT dont l’objectif est la rédaction d’un texte unifiant les niveaux primaire et secondaire, les travaux de cette commission seront jugés trop compliqués…et il faudra attendre le 22 avril 1977 pour que de nouvelles instructions se substituent à celles de

Page 40: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

1959 ! Ces IO éclectiques s’appuient sur les travaux de LE BOULCH, PARLEBAS, AZEMAR mais aussi sur les orientations sportives du secondaire qui sont nuancées : pas de gymnastique sportive mais des activités à caractère gymnique, pas de football ou de basket mais des sports d’équipe adaptés…Trois arrêtés, un par cycle, viennent préciser les programmes dans une double perspective de développement et d’accès progressif à la culture sportive. Si les horaires sont réduits à 5 heures, l’Eps devient d’avantage une réalité dans le primaire.

IV- D’UNE « EDUCATION PHYSIQUE DE BASE » A UNE EDUCATION PHYSIQUE REPOSANT SUR DES « SPORTS DE BASE »

IV-1) Nouvelles pratiques physiques et sportives

Fin des années 60, début des années 70, le loisir progresse tout comme le nombre de licenciés, la féminisation gagne du terrain. « L’espace des sports se transforme », les pratiques se diversifient, les modalités de pratique, des lieux de pratique, des modes d’organisation, des motifs et des publics : le monde des sports effectue sa révolution symbolique (rupture avec les traditions du passé) L’idéologie du loisir est marquée par la satisfaction de demandes individuelles tandis que l’idéologie fédérale marque le pas. Se développe un réel engouement en faveur des sports de pleine nature (surf , planche à voile, escalade, ski se développent ), avec celui-ci un esprit plein-air figure emblématique du sport non-compétitif (ces activités ne concernent pas tout le monde …). Les disciplinent s’en trouvent dévalorisées, vieillotes, ringardes.Les exercices d’entretien se développent répondant à un intérêt pour l’entretien et la beauté du corps, particulièrement chez les femmes.De nombreuses publications sur le corps voient le jour : Y.BERGE, vivre son corps, Seuil 1975, T. BERTHERAT, le corps a ses raisons, auto-guérison et anti-gymnastique, Seuil 1976.La libération du corps revendiqué depuis 1968 se transforme en acharnement qui tend à devenir un exercice quotidien obsédant : il faut se mettre au service de son corps et rechercher la silhouette à la mode. La FFEPGV qui propose une éducation physique à vocation sanitaire et non compétitive se développe : de 40000 en 1970 à 240000 en 1980. Participant à cette culture hygiéniste du corps, le nombre d’adeptes de la course à pieds croît considérablement.

IV-2) L’hégémonie des sports de base en EPS

L’EPS est peu sensible à l’augmentation du poids des classes moyennes, à l’avènement de nouvelles valeurs liées au loisir : malgré la présence des activités de pleine nature dans la classifications des IO de 1967 (elles sont très peu enseignées ou pour par de rares enseignants sous la forme de stages de plein-air). Les IO mentionnent également la culture physique et la gymnastique volontaire dans la rubrique « maîtrise du corps », mais ces pratiques sont également souvent oubliés sur le terrain ou présentes en début et en fin de cours. Très longtemps présentes en EP (gymnastique construite) pour leur adéquation aux finalités sanitaires et hygiéniques, elles tendent à disparaître à partir des années 60, elles sont valorisées par les partisans d’une EP non exclusivement sportive.En 71, l’ASSU organise deux formules de compétition (de masse et traditionnelle) pour répondre à la demande diversifiée des élèves, passerelle supplémentaire avec les clubs

Page 41: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

sportifs.

Au détriment des activités de développement et des activités de pleine nature, les sports de base que « l’athlétisme, la natation et la gymnastique » sont les plus pratiquées. Comprises comme transférable et facilement évaluables, elles fournissent l’ossature de l’EPS (T. TERRET, éducation physique et sports de base, in Education physique sports et loisirs, 1970-2000…) ne sont-ils pas les nouveaux piliers d’une « éducation physique déguisée ? Ne permettent ils pas à l’EPS de privilégier sa fonction pédagogique sur sa fonction culturelle ?En même temps, l’utilisation abusive de ces sports de base ne contribue-t-elle pas (au moment ou la pratique sociale de ces sports diminue) à « ressortir » l’EPS de son temps ?

V- CONCLUSION

Si l’EPS dans les années 70 apparaît fortement marquée par les IO de 67, l’officialisation et l’utilisation du sport, elle doit faire preuve de son utilité sous la menace de disparition, et devient un « lieu critique du sport » ( A RAUCH, Tradition et modernité de l’EP, in EP et Sport en France, 1920-1980, 1989, p241-249). De multiples réflexions émergent pour répondre aux problèmes de spécificité et d’identité de la discipline, s’attachant à respecter les règles de l’orthodoxie scolaire : « métamorphose de l’acte pédagogique (…) l’enfant n’est plus un paquet de muscle surmonté d’une volonté qui s’accroît au contact de la discipline ».Sur cette base commune, on peut constater de nombreuses divergences pédagogique, culturel, idéologique et politique, les propositions des différents acteurs débouchent sur des débats et d’importantes discordes qui auront des conséquences sur les années 80. Les travaux de PARLEBAS restent très théoriques et ont un impact limité sur les pratiques. Comme le souligne J.MARSENACH ( Tradition et innovation en EPS ? Aujourd’hui, Revue EPS n°176, 1982 ), la référence au haut niveau est toujours d’actualité, traditionnelle et technocentrée, les enseignants ont fait une lecture sélective des IO, ils ignorent les finalités de la discipline et le raisonnement qui a conduit à la construction des contenus, ils sont alors des polytechniciens du sport, l’éloignement du sport civil n’est donc que très progressif ; l’utilisation des APS comme moyen n’est pas remise en cause.

QUATRIEME PARTIE : De 1981 à nos jours

I-VERS UNE EPS,DISCIPLINE D’ENSEIGNEMENT

I-1 Les IO de 1985 et 1986 et les nouvelles modalités d’évaluation au Bac

A l’arrivée de la gauche au pouvoir, les difficultés économiques incitent le gouvernement à entreprendre une réflexion importante sur l’école et son fonctionnement placés au rang de priorité nationale. 1981, Alain SAVARY lance un dispositif d’évaluation du système éducatifFrançais : 1983, 3 commissions horizontales évaluent les 3 degrés du système ( commission LEGRAND pour les collèges, PROST pour les lycées et JEANTET pour les universités auxquelles s’ajoutera la commission FAVRET pour l’enseignement primaire. Ce dispositif est complété par des commissions verticales pour chaque discipline d’enseignement. Propositions : libérer établissements de la tutelle bureaucratique, dans le cadre des lois de décentralisation mener une politique de développement des projets, laisser une plus grande

Page 42: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

autonomie aux établissements, rénover les collèges, différencier la pédagogie, lutter contre l’échec scolaire (cf MEIRIEU et LEGRAND). Les ZEP doivent participer à cet élan. La formation des maitres est également questionnée (Commission DE PERETTI). Au niveau académique, les MAFPFEN crées en 1982 sont chargées de construire des plans de formation continue pour les enseignants. La réintégration en 1981 de l’EPS au sein de l’éducation nationale fait entrer la discipline dans cette dynamique, elle tend à rapprocher l’EPS des autres disciplines scolaires : il ne s’agit plus de conserver sa place mais de faire la preuve que l’EPS est bien une discipline d’enseignement (cela ne règle pas le problème identitaire et ne fournit pas de réponses aux questions qui ont été posées la décennie précédente). L’éloignement du sport civil se veut indiscutable. La maitrise STAPS est crée en 1981 au moment ou un groupe EPS de 3 chercheurs est mis en place à l’INRP. En 1982, la 74ème section universitaire est crée (les STAPS), des DEA sont ouverts qui conduisent à des doctorats. Le CAPEPS change, l’agrégation est instituée et la formation des professeurs adjoints est supprimée : les futurs enseignants d’EPS devront passer par l’Université (les CREPS qui appartiennent au ministère de la jeunesse et des sports perdent la formation des professeurs d’EPS). En 1986 une 5ème année de formation (les CPR) est instaurée, les épreuves d’admissibilité ne comportent plus que des épreuves écrites et en 1987 est instauré un concours unique pour les deux sexes.Depuis 1983, la commission verticale propre à l’EPS (commission permanente sur l’enseignement de l’EPS) présidée par A.HEBRARD (major de la première agrégation et 1er universitaire STAPS) développe une réflexion sur les contenus (A.HEBRARD, la commission permanente de reflexion sur l’enseignement de l’EPS, Revue EPS n°189, 1984). Il s’agit de participer aux efforts de rénovation entrepris dans l’école, ce qui est confirmé par la loi du 16 juillet 1984 relative à « l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives » Dans le chapitre 1 relatif à l’EPS et au sport scolaire, celui-ci voit ses missions redéfinies par la lutte contre l’échec scolaire et la réduction des inégalités culturelles (en 84 la circuclaire Chevènement-Calmat sur l’aménagement du temps de l’enfant, les contrats bleus en 1986, la circulaire Jospin-Bambuck en 1987 sont considérés comme autant de dangers obligeant l’EPS à continuer à démontrer la nécessité des sa place dans l’emploi du temps obligatoire des élèves).Dès 1982, une nouvelle épreuve « didactique et pédagogie de l’EPS » est instaurée au CAPEPS qui vise à réclamer des candidats qu’ils fondent leurs choix d’intervention à partir de l’analyse de la pratique d’enseignement (fait à l’interrogation sur les progressions pré-établies) au moment ou les premiers cours apparaissent dans les UEREPS.LA volonté qui s’amorce est de définir un cadre plus éducatif et plus centré sur l’élève.L’arrêté du 17 juin 1983 fixe de nouvelles modalités pour les épreuves d’EPS au Baccalauréat (l’EPS passe au premier groupe d’épreuves, une attestation d’assiduité et d’application aux cours d’EPS permet de ne pas prendre en compte les points en dessous de la moyenne, l’arrêté du 20 aout 1986 supprimera cette attestation et affectera l’EPS d’un coefficient 1). L’EPS est évaluée en cours de formation (charge aux établissements d’organiser l’épreuve) ce qui permet de prendre en compte les réalités et caractéristiques locales sous contrôle d’une commission départementale ; la note finale est obtenue par l’évaluation d’au moins 2 APSDans 2 familles différentes parmi 6 : activités physiques de pleine nature, duelles, gymnastique sportive ou activités d’expression, sports collectifs, athlétisme, natation sportive ; au moins activité doit être à barème : la volonté est d’ouvrir la gamme des APS pour les épreuves d’évaluation et rompre avec les 3 APS de base…et de prendre en compte la diversité des pratiques. Enfin, ces APS sont évaluées à partir de trois composantes : les conduites motrices (qui se décomposent en Performance/5 points et Evaluation motrice complémentaire qui porte sur l’ensemble des éléments de la conduite motrice /5 points,

Page 43: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

capacités d’analyse des activités pratiquées-compréhension des bases de la physiologie de l’effort/5 points, participation aux séances et progrès réalisés/5 points. L’évaluation de la performance, symbole de la mesure propre au modèle sportif ne représente plus qu’un quart de la note d’EPS ; est pris en compte le travail effectué ainsi que les capacités et le niveau de l’élève (ce qui n’est pas sans posé de problème aux enseignants : comment construire des niveaux d’habileté ? comment évaluer les connaissances ? et la participation ?). A travers la reflexion sur l’évaluation se profile une réflexion sur les contenus. Le SNEP organise un colloque sur « l’évaluation en EPS » en 1984, puis suivra « EPS : contenus et didactique » en 1986. Pour le brevet des collèges est mis en place en 1985-1987 un contrôle en cours de formation : la note se décompose en deux parties : 2/3 pour les conduites motrices (performance et habilité) et 1/3 pour les connaissances et la capacité à s’investir et à progresser). EN 1985 est également institué un CCF pour les CAP et BEP, un référentiel est constitué autour de 3 capacités : réaliser, analyser, s’investir, des compétences dominantes et les niveaux d’exigences sont formulés.Les instructions du 16 juillet 1985 (collèges) et celles du 14 mars 1986 pour les lycées

officialisent la nette séparation avec le sport, finalités et objectifs de l’EPS sont redéfinis et

mis en accord avec les missions du système scolaire : « l’EPS ne se confond pas avec les

activités physiques qu’elle propose et organise » (IO de 1985). Même idée pour les

instructions de 1986 qui s’appuient sur 3 objectifs généraux : se connaître, connaître les

autres, connaître les APS ainsi que sur des objectifs plus spécifiques de maîtrise, d’attitude et

de méthode. Dans les deus textes est le centre de l’action éducative. Les notions de contrats,

d’auto-organisation et d’auto-évaluation apparaissent centrales, le rôle de l’enseignant se doit

d’évoluer : il ne se contente plus de transmettre des connaissances, il guide l’appropriation

active des apprentissages par les élèves et propose des situations basés sur la résolution de

problème. Le projet pédagogique apparaît comme la pièce maîtresse de la mise en œuvre de

l’EPS qui doit être adaptée à la réalité locale. Les projet d’EPS et d’AS s’articule avec le

projet d’établissement. La classification des APS et d’expression s’appuie sur 7 groupes :

gymnastique et activités d’expression sont distinguées.

Le cognitivisme est le nouveau paradigme dominant (cf travaux de J.P FAMOSE), les

neurosciences et la théorie de traitement de l’information sont les deux modèles scientifiques

d’appui : on trouve dans les IO l’influence de la psychologie de l’apprentissage (notions

d’habileté et de connaissance des résultats), de la psychologie du développement (notions de

stade et de caractéristiques des élèves) et de psychologie cognitive (notion de prise de

conscience, de connaissance et de représentation). A travers la rénovation de ses finalités , de

ses méthodes et de ses contenus, de ses stratégies d’enseignement et de ses référents

scientifiques l’EPS tente de se constituer une identité scolaire. Ces instructions peuvent tout à

la fois être perçues comme en rupture avec celles de 1967 (banc de réforme et d’essai) ou en

Page 44: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

continuité si l’on en retient un certain un certain éclectisme conceptuel ; En 1987 et 1988, les

compléments Collèges 6ème-5ème et 4ème-3ème reprennent les éléments du rapport de la

commission verticale mais la défaite de la gauche aux élections législatives et l’arrivée de

René MONORY bloque le projet. Il faudra attendre 1988 (Jospin ministre de l’EN) pour

qu’une nouvelle impulsion soit donnée.

I-2 Vers les programmes

En 1988, JOSPIN lance le « chantier Programme » et met en place une réflexion nationale

sur les contenus d’enseignement pour l’ensemble des matières : la commission BOURDIEU-

GROS est chargée d’établir un rapport sur l’état du savoir en France et d’analyser les

conditions de rénovation des contenus d’enseignement, le rapport LESOURNE dresse la ligne

des transformations du SE, des colloques sont organisés.

En 1989 paraît la loi d’orientation sur l’éducation (BOEN, spécial n°4, du 31 août 1989) issue

du rapport BOURDIEU-GROS :l’éducation est la première priorité nationale. La loi institue

un CNP qui formuler des recommandations pour les nouveaux programmes, en février 1992,

la Carte des Programmes est le produit de cette réflexion (elle précise que les programmes

doivent apparaître pour chaque discipline : objectifs, connaissances et compétences et impose

la rédaction de documents d’accompagnement en directions des enseignants, élèves,

parents…) . La rédaction des programmes ( Pour J GLEYSE, il ne s’ait pas d’une première en

EPS : Quelques croyances en EP en France au XXème siècle, in l’EP en France au XXème

siècle. Approches historique et culturelle, VIGOT 1999 et P.ARNAUD, Défense et

illustration d’un enseignement, Spirales , 1998 ou encore JP. SAINT-MARTIN et

T.TERRET, Demandez le programme, AFARPS 2000)en EPS pourrait sembler être le dernier

pas à réaliser pour que l’EPS gagne définitivement le statut de discipline d’enseignement. Un

Groupe d’Innovation Pédagogique dirigé par le doyen Claude PINEAU (avec la mise à l’écart

de la commission verticale, l’IG à tous les pouvoirs. Il s’agit de répondre à 4 questions :

Qu’est-ce que l’élève doit apprendre ? Comment doit-il apprendre ? Comment l’aider à

apprendre ? Comment vérifier ce qu’il a appris ? et finalement combler le vide qu’avaient

laissé les IO de 67 entre les objectifs et l’utilisation des APS, sur la nature des savoirs en EPS

et la manière de les construire). Des groupes académiques sous la responsabilité des IPR sont

mis en place dans 7 académies, étendus à toutes en 1989, des projets de recherche sont initiés

dans les UFRAPS (qui ont remplacés les UEREPS en 1987). Les publications concernant

Page 45: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

l’EPS se multiplient, le IPR font des conférences, aidés entre 86 et 88 par des professeurs

relais. La FPC se développe, est mise en place une formation aux concours internes, tout un

ensemble d’actions qui incite les enseignants à rénover leurs pratiques. C. PINEAU écrit

plusieurs articles dans la revue EPS dans lesquels il réaffirme le statut scolaire de l’EPS (EPS,

discipline d’enseignement, n°205, 1987, L’EPS ou les aventures d’une didactique, n°211,

1988, Programme et savoirs en EPS, n°216, 1989…). En 1990, dans « Introduction à une

didactique de l’EPS » (publié aux éditions EPS en 1991, Dossier n°8) il fait la synthèse des

travaux des différentes académies : « si l’un et l’autre (le sport et l’EP) empruntent des formes

identiques, ils ne peuvent au plan des objectifs poursuivis non plus qu’à celui des démarches

éducatives adoptées, être confondus ». La même année est mis en place un GTD en EPS au

sein du CNP, dirigé par A .HEBRARD avec pour mission la rédaction des programmes. L’IG

anime en parallèle des groupes de pilotage et d’expérimentation autour de l’évaluation aux

examens (l’évaluation formatrice devant mettre l’élève en situation active). PINEAU (qui

devient co-président du GTD avec A.HEBRARD) publie à partir de 1992 une nouvelle série

d’articles : L’évaluation en EPS, n°235, 1992, Les épreuves d’EPS aux examens de

l’éducation nationale, n°237, Des principes opérationnels aux programmes en EPS, n°239,

1993…( cf analyse par G.MONS et P.LIOTARD : Ce que parler veut dire en EPS). Le but est de convaincre des enseignants plutôt réticents…Dans le même temps (1993), les enseignants sont consultés dans le cadre d’une « enquête pour une écriture concertée des propositions de programme en EPS » puis en 1994 est présenté le « schéma directeur du programme d’éducation physique et sportive » (Revue EPS n°247) qui a pour but d’éclaircir de nouveaux concepts : entre celle de « domaine d’action » qui vise à définir les contenus d’enseignement à partir des ressources sollicitées chez les élèves (on s’intéresse aux façons d’agir et aux relations des individus à l’environnement sur les bases des travaux de PARLEBAS et de sa classification des APS). 5 domaines sont distinguées : Domaine 1 : Actions motrices mobilisant des ressources énergétiques et optimisant leurs mises en œuvre, mesurables dans le temps, l’espace ou les deux à la fois dans un environnement dont les paramètres sont stables ou aménagés pour l’être. Domaine 2 : maitrise de formes, de rythmes, d’objets ou d’engins et auxquelles le sujet à travers divers registres d’expression esthétique donne une signification ou traduit une impression destinée à être perçu par autrui. Domaine 3 : …affrontement interindividuel. D4 :…affrontement inter-collectif. D5 :… déplacement dans un environnement naturel.L’EP se veut centré sur l’élève, les APS n’étant plus qu’un moyen, rupture avec le monde sportif. Cette rupture est consacrée avec la publication des nouvelles épreuves du Bac, BET, BEP et CAP (arrêté du 24 mars 1993) : 3 APS sont évaluées, relevant de 3 domaines d’action différents, la note est le produit de la maîtrise d’exécution et d’un indice lié à une zone de performance (pour éviter d’évaluer séparément perf et maîtrise), chaque APS est notée sur 5 (cf ROCHE et GREHAIGNE, Evaluation au baccalauréat, les nomogrammes, Revue EPS n°240, 1993), 5points sont consacrées à l’évaluation des « connaissances et savoirs de l’élève »( échauffement, condition physique, entraînement…en pratique). Reprenant les propositions de C.PINEAU, l’EPS se dote d’objectifs généraux clairement explicités :-Favoriser le développement des capacités organiques et motrices

Page 46: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

-permettre l’accès à un domaine de la culture que constitue la pratique des APS et d’expression-offrir à chacun les connaissances et savoirs concernant l’entretien de ses potentialités et l’organisation de sa vie physique aux différents âges de son existence : ce troisième objectifgénéral permet de réaffirmer la nécessité d’une EPS scolaire (D.DELIGN7RES et C.GARSAULT,, Objectifs et contenus de l’EPS, Revue EPS n°242 1993 : ce 3ème objectif peut être compris comme une mesure de sauvegarde de la discipline, alors que les objectifs précédents commençaient à devenir caduques, la définition des IO de 67 de la notion de santé est reformulée)Cet arrêté est abrogé par celui du 22 nov 1995 qui abandonne la notion de domaine d’actionau profit d’APS de « nature différente », on additionne note de perf et de maîtrise.Le second GTD est mis en place après le départ à la retraite de C.PINEAU, co-dirigé par

HEBRARD et J.EISENBEIS avec pour objectif la publication des programmes (de nombreux ouvrages aux éditions EPS et des colloques du SNEP en 92 et 96 : Quels contenus pour l’EPS de demain, Ce qui s’apprend en EP, contribuent à la tâche).En 1995 paraît le programme de 6ème (arrêté du 18 juillet 1996) qui se base sur les travaux extérieurs définit finalités et objectifs de l’EPS : elle vise chez tous les élèves-le développement des capacités nécessaires aux conduites motrices-l’acquisition par la pratique des compétences et connaissances relatives aux APSA-l’accès aux connaissances relatives à l’organisation et à l’entretien de la vie physique.Cette discipline « contribue de façon spécifique » aux grands objectifs de l’école : l’éducation à la santé, à la solidarité, à la responsabilité et à l’autonomie, elle contribue à l’’atteinte de l’objectif de citoyenneté (cf PARNAUD, EPS et citoyenneté, EP sport et loisir, 1970-2000, En quoi l’EPS dans l’école contribue-t-elle à la formation du citoyen, Revue Hyper n°211, déc 2000 )Guy MALVEZIN, nouveau doyen de l’EPS à l’IG rappelle en 1998 que l’EPS se doit de se situer dans les nouvelles difficultés, il faut effectuer « un examen plus approfondi de la contribution spécifique de l’EPS à la solution des problèmes qu’affronte aujourd’hui l’école. Comment l’EPS peut-elle concrètement aider l’élève à devenir un citoyen ? A-T-elle des stratégies particulières pour lutter contre la violence (…) à l’école ? (Cahiers pédagogiques, n° 361, 1998, p.8-9).La charte du sport scolaire (1993) réaffirmait également les missions scolaires, le texte de 1996 réaffirme l’importance des AS dans la construction des règles et l’éducation à la citoyenneté.Le programme qui s’articule avec la charte des programmes en utilise la terminologie : la notion de compétence devient centrale, à la suite des textes pour la classe de 6ème, puis ceux de 5ème-4ème et de 3ème (BO du 13 février 1997 et du 15 octobre 1998), reste le lycée…C.ALLEGRE charge P.MEIRIEU d’organiser une consultation des lycéens sur les savoirs à Enseigner mais doit affronter des manifestations ; il met en place en janvier 1999 un nouveau GTD présidé par G. KLEIN (MCF à l’UFRSTAPS de Toulouse, qui s’entoure pour l’occasion d’une équipe réduite de 6 enseignants) qui dispose de 4 mois pour rédiger les programmes de seconde, délais trop court : leur publication le 12 août sera sujet à modification : 2 types d’expérience sont distinguées : les compétences liées à « l’efficacité personnelle » et celles qui sont attachées à « l’équilibre personnel » (G.KLEIN, Quelle EPS dans les Lycées ? Revue EPS n°279, 1999, Les programmes de seconde au lycée. Déjà clos ? Encore en débat ? Revue EPSn°281, 2000). Les APS sont regroupées e 3 catégories (production de forme, de performance, confrontation à autrui et opposition), un minimum de 4 APSA faisant intervenir les 3 catégories devant être travaillés.Le 31 août 2000, après une nouvelle année de réflexion et de débats, paraissent les

Page 47: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

programmes d’EPS définitifs pour les classes de seconde (qui annule celui de 1999, BO hors série n°6, du 31 août 2000) ainsi que le programme de première (BO, hors série n°7, du 31 août 2000) applicable à la rentrée 2001. Leur finalité en rapport avec « les missions de l’enseignant » ( Circulaire du 25 mars 1997) et du lycée ( Ministère de l’Education Nationale, de la recherche et de la technomogie, Un lycée pour le XXIème siècle, 1999)est de « former par la pratique des APSA, un citoyen cultivé, lucide et autonome (…) responsable de la conduite de sa vie corporelle pendant la scolarité et tout au long de sa vie (…) Parmi les compétences attendues sont distinguées une « composante culturelle » et « une composante méthodologique », 3 APSA au moins doivent être proposées chaque année, parmi elles 2 au moins doivent être issues d’un « ensemble commun » (activités les plus fréquentes), les autres sont choisies dans un « ensemble complémentaire » favorisant l’environnement et les innovations locales ; parmi ces activités au moins une sera collective, il est recherché équilibre et polyvalence dans les programmations. Les programmes de terminale sont publiés à la rentrée 2001 (BO hors série n°5 du 30 août 2001), de nouvelles modalités au bac sont attendues. L’EPS en ce début de XXIème siècle se veut discipline scolaire à part entière doté de programmes qui organisent les compétences à enseigner : la programmation de 67 et les programmes de 85-86 précisaient le APS en fonction des objectifs, ceux de 96 à 99 structurent des compétences, convergence entre politique et pédagogique (Demandez le programme, opus cit.2000).

II-L’EPS ET L’EVOLUTION DES PRATIQUES SOCIALES DE REFERENCE

Dans la société l’univers sportif évolue considérablement, se complexifie, sport de haut niveau et de loisir divergent totalement, le mythe de la pyramide Coubertinienne est définitivement brisée. Les années 80 sont celles du sport spectacle, le effectifs des fédérations stagnent et se tassent à la fin des années 80. Deux tendances lourdes se dessinent : le développement des pratiques alternatives, transgressives, ludiques et « libres » (activités de pleine nature, d’aventure et sports de rue) et essor des pratiques d’entretien du corps qui correspondent à un besoin grandissant de prendre soin de son corps (gymnastiques et cultures physiques). Ce développement considérable de la « culture sportive »dans la société interpelle l’EPS, les divergences de point de vue ont fait durer le « chantier programmes » pendant près de 10 ans. En France, depuis les années 60 et particulièrement dans les années 70 une nette prise de distance s’est opérée même si l’on ne peut pas décrire une véritable unanimité. Il est aujourd’hui possible de distinguer 3 perspectives didactiques issues des travaux de différentes académies, Académie de Nantes (logique instrumentale, développementaliste, qui fait peu référence aux APS comme au QUEBEC et au RYAUME UNIS), Académie de Créteil(logique réaliste, didactique intégratrice-Quels programmes pour quels élèves, GIP de Créteil, juin 1990, A.DAVISSE, Lettre à nos remplaçants.ZEP et établissements sensibles,Dossier EPS n°31, 1996, p.68-74) et enfin Académies de Lyon, Grenoble, Dijon, Aix-Marseille et Montpellier (didactique culturaliste qui s’appuie sur la transmission d’un patrimoine, que sont les techniques sportives (Allemagne, Luxembourg). La question est de savoir quelle didactique mettre en œuvre (conflit de didactiques) : le problème est celui du rapport à la culture et donc au sport, un consensus s’est dégagé autour de l’idée que l’EPS est une discipline scolaire, des divergences continuent d’exister autour de la relation EPS/APS, le rapport que l’EPS doit entretenir avec la culture et plus généralement les relations de l’école avec la culture :-Le GAIP de Nantes et l’IPR DELAUNAY valorisent une éducation physique fondamentale centrée sur l’acquisition de savoirs fondamentaux réinvestissables et utiles pour desacquisitions ultérieures : à partir d’une approche transversale ou l’essentiel n’est pas l’activité

Page 48: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

support mais le choix de principes opérationnels (créer un déséquilibre en sa faveur), de gestion (principe d’économie, de simplicité, de tolérance à la frustration, de commutativité) ou méthodologiques (démarche intuitive, expérimentale, comparative, combinatoire et inventive). L’EPS n’a pas le devoir de des APSA mais de construire des structures (savoirs et modes d’actions fondamentaux), les APS sont des savoirs mis en pratique. C’est dans cette perspective que sont proposés les domaines d’action dans l’arrêté du 24 mars 1993 ou l’on se centre sur les ressources à développer chez les élèves.Le but est de construire une didactique de l’éducation physique (cf oublie de « sportive » dans le dossier EPS n°8 signé par C. PINEAU : « l’identité de l’EP , c’est à dire son unité et sa spécificité scolaire, passe par la constitution d’une didactique de l’éducation physique »), alors que jusqu’à présent l’EPS sans se confondre avec les APS n’est que la somme des différentes didactiques des APS-La réflexion de l’UFRSTAPS de LYON (cf Revue Spirales, P.GOIRAND, Une problematique complexe : des pratiques sociales des APS auc contenus d’enseignement en EPS, Spirales n°1, complément 1987) part au contraire de l’APS : la notion de catégories utilisées dans le programme parû en août 1999 répond à cette logique. Il s’agit de mettre en œuvre une didactique des APS : référence aux pratiques sociales et culturelles conçues comme pratiques sociales de références, pratiques authentiques dont il convient de dégager l’essence, les problèmes fondamentaux, les enjeux de formation, les compétences spécifiques (P.GOIRAND, Une problematique : finalités, capacités, compétences en EP, in EP et didactique des APS, Ed AEEPS, 1990, D.BOUTHIER, L’EPS et son rapport aux techniques, Spirales n°8, 1995)La formation complète de l’individu passe par la pratique polyvalentedes APS et leurs logiques propres, la volonté est de rester centré sur les APS en défendant les notions de groupes et de groupement d’activités. C’est dans ce but qu’est crée en 1996 par le SNEP le centre « EPS et société » et la Revue Contre-pied. (n°1 : « EPS : quelles références culturelles), l’ouvrage de C. COUTURIER ( l’EPS face au sport 1945-1995, Centre ESP et société, 1999) poursuit cette réflexion ;La production des textes officiels en EPS est l’occasion de débats qui s’étaient amorcés dans les années 60, on peut parler de reproblèmatisation des débats antérieurs dans les querelles didactiques actuelles, et ceci pour le contrôle de l’institution (on reconnaît le courant marxiste des années 60 reconverti dans la didactique des APS, P.PARLEBAS qui fût directeur de thèse de M.DELAUNAY, et de moindre mesure LE BOULCH…). Deux conceptions de l’homme s’affrontent : le courant « culturaliste » défend l’idée d’une formation complète de l’individu par la pratique polyvalente des APS (depuis M.BAQUET), un second courant est proche des idées issues de la psychomotricité dont découlent les idées de J. LE BOULCH.Enjeux théoriques et philosophiques se doublent d’enjeux politiques (mis à jour avec les conflits qui opposent IG et SNEP). Les perdants des années 60, partisans de la conduite motrice et de la transversalité sont aujourd’hui gagnants. HEBRARD se centre sur les ressources en 1986, l’évaluation tend à mettre l’accent sur les processus, sur l’élève plutôt que sur le produit : cette tendance est vraie jusqu’au milieu des années 90 avant le coup de force du SNEP qui aboutit à l’abrogation du texte de 1993 et la remise en cause des projets en cours : PARLEBAS parle de « rendez-vous manqué »(cahiers pédagogiques, n° 361, février 1998, « Les dérives du didactisme », in à quoi sert l’EPS ? Dossier EPS n°29, 1996) : « l’EPS est revenu à une conception techniciste d’il y a plusieurs dizaines d’années(…) résultats de discussion de couloir et de pressions exercées par certains représentants engoncées dans leurs citadelles idéologiques, qui refusent une transformation novatrice de l’EPS ».Les débats se poursuivent notamment avec la publication des programmes des lycées : A.BECKER, C.COUTURIER,M.FOUQUET, « Le SNEP et les programmes », Revue EPS n°281, 2000 et la réponse de G.KLEIN, n°281. On peut se demander avec J.ULMANN : « Y a-t-il une vérité en EP ? »( Revue STAPS n°2, oct 1980). La définition

Page 49: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

de l’EP est un enjeu de pouvoir : le GTD EPS, dirigé par l’université présidé par A.HEBRARD enlève à l’IG l’écriture des programmes jusqu’en 1993 et la victoire de la droite aux législatives avec une nouvelle répartition des tâches, les IG réussissent à conserver leur autorité (codirection du GTD), ce qui n’est plus le cas avec G.KLEIN…ce qui ne va pas sans relancer le débat : pour J.ROUYER, « le débat sur les rapports (de l’EPS) à la culture est encore entier » (EPS face au sport 1945,1995)En 1985 sont publiés parallèlement aux textes du secondaire les instructions et programme pour le primaire : elles font référence aux pratiques sportives est explicite, choix battu es brèche en 1991 dans le « livre bleu » (fournit dans la continuité de loi d’orientation de 89 les outils aux enseignants de reformuler les textes de 85), toute référence aux pratiques sociales a disparu, l’influence des travaux de l’académie de Nantes ne fait aucun doute (l’identité de l’EP à l’école primaire, T.TERRET, Spirales n°13-14, 1998), le discours rencontre alors celui de la polyvalence du maître…même si dans la pratique les deux tendances s’affrontent, les textes rendant possible deux lectures radicalement opposées de l’EPS( dans la pratique, les enseignants s’inspirent largement d’une logique APS). L’arrêté de 1995, introduit la notion de domaine d’action (au cycle 3 ont disparu les notions de sport et d’APS). Comme dans la période précédente avec LE BOULCH, le primaire semble donner raison aux perdants de la « bataille » du secondaire ? L’EPS ET L’EVOLUTION DES PRATIQUES SOCIALES

Face à la diversification des pratiques se pose la question du choix : quelle sélection effectuer en EPS ? Quelle est la culture légitime qu’elle doit transmettre ? L’évolution actuelle du sport de haut niveau remet en question son caractère de modèle…argent, corruption , violence, les « affaires » remettent en cause son image et ses valeurs humanistes, la coupure avec le sport de haut niveau se veut unanime, pour les « culturalistes » l’éducation physique scolaire doit permettre « l’appropriation critique » de la culture sportive (J.ROUYER, Quelles EPS au XXème siècle, Revue EPS n°256, 1995, P.GOIRAND, L’EPS et le sport : un chantier au cœur des pratiques, contre pied n°2, 1998) . L’EPS doit jouer le rôle fondamental de participer à la reconstruction du système sportif à partir de fondements plus sains, le sportif de haut niveau reste le modèle d’efficience le plus abouti qui donne la direction des progrès à réaliser,

l’analyse de l’évolution des techniques mises au plus haut niveau est jugée utile à l’enseignant dans ses mises en œuvre didactiques ( J.METZLER, Volley-ball :évolution des règlements et didactique, Revue EPS n°229, 1991, Volley-ball : histoire des techniques, conséquences didactiques, Revue EPS n°234, 1992, Revue EPS n°269, 1998, GOIRAND et METZLER, Techniques sportives et culture scolaire, Ed Revue EPS, 1996, CEDRE, Quelques aspects de l’évolution de la discipline EPS, Revue EPS, n°268, 1997.P et pour une critique de cette position, P.ARNAUD, L’histoire de l’éducation physique. Bilan des recherches, Dossier EPS n°28, 1996)Le développement des activités nouvelles entraîne des divergences entre les élèves (à la recherche de plaisir) les enseignants et l’inspection qui prônent le sérieux de la discipline, garant de sa place à l’école. La 4ème biennale de l’éducation et de la formation ( avril 1998)Consacrée aux « nouveaux sports à l’école »montrent que la question n’est pas éludée :il s’agit de donner sens au mot « sportive » : les pratiques transgressives ou ludiques ont-elles leur place à l’école ? Faut-il les épurer ? Ou ne peuvent-elles au contraire jouer un rôle important dans l’apprentissage de la citoyenneté ? (c’est ce que tentent d’avancer un certain nombre de travaux : P.DURET, Anthropologie de la fraternité dans les cités, PUF 1996, P.CHANTELAT-M.FODIMBI, J.CAMY, Sports dans la cité, Anthropologie de la jeunesse sportive, L’harmattan, 1996 ; Lionel ARNAUD…). Depuis le début des années

Page 50: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

80, la volonté de prendre en compte ces activités qui figurent dans toutes les classifications est réelle, les réflexions se multiplient (O.HOIBAN, Du plein air au cinquième domaine. Evolution du statut des APS de pleine nature, in EP sports et loisirs, AFRAPS 2000) , les universités d’été se multiplient, les techniques du cirque s’inscrivent dans les programmations. Malgré cela, les choix des objets d’enseignement en EPS débouchent sur le constat que l’EPS se démarque de l’évolution récente des activités physiques (O.BESSY, Nouvelles pratiques : sports de base ?, Revue EPS n°227,1991 ; G.COMBAZ, Quelles pratiques à l’école ? Sciences et motricité n°15, 1991 …)La place des activités d’entretien est encore plus préoccupante : les IO de 85 et 86 semblent ne pas en tenir compte, elles n’interviennent que comme préparation physique aux activités sportives, reléguées pour l’évaluation aux « savoirs d’accompagnement » devenus « connaissances d’accompagnement », tout se passe comme si l’entretien du corps se situait dans la logique du développement des capacités organiques et foncières (dépouillant les pratiques d’entretien de toutes représentations), les programmes de 1996 fonctionnent sur le même principe ; mentionnons la rubrique « activités physiques particulières » (selon G .COGERINO, l’intitulé pose problème, pourquoi ces pratiques doivent-elles être placées à part ?)…celles-ci « pouvant-être introduites simultanément ou parallèlement aux apprentissages sportifs ».. »ce sont des exercices de prise de conscience des fonctions sensorielles, de renforcement musculaire, de relaxation, d’assouplissement… » : de quelles pratiques parle-t-on ? restent –elles au service des apprentissages sportifs ?ne constituent-elles pas un « groupe d’activités » à part qui mériteraient d’être traitées comme les autres APSA ?L’EPS peut-elle se permettre d’ignorer tout un ensemble d’activités en plein essor ? (G.COGERINO, académie de Caen, Dossier EPS n°37, 1998, Des pratiques d’entretien du corporel aux connaissances d’accompagnement) ; seul le programme d’EPS des classes préparatoires aux grandes écoles s’appuient sur 9 groupes d’APSA : le 9ème = « activités physiques d’entretien et de développement de la personne »…Le SNEP revendique ce principe, les mentalités commencent à évoluer, le programme de terminal publié en 2001 intègre une compétence d’ordre culturel : « orienter et développer les effets de l’activité physique en vue de l’entretien de soi ». D’autres pratiques anti-compétitive (danse africaine) n’ont-elles pas également leur place en EPS ? Le courant contestataire des années 70, centré sur de nouvelles approches du corps

prônent une EPS basée sur le plaisir du corps : le SGEN-CFDT plaide pour « une autre éducation physique, conçue comme matière d’équilibre et s’appuyant sur l’activité ludique » (le SGEN-CFDT, l’EPS au bac : tout ça pour ça ! ! !, in à quoi sert l’EPS, Dossier EPS n°29, 1996) et non plus seulement sur les activités sportives ; les rédacteurs des premiers programmes parus en août 1999-2000 qui distinguaient deux « pôles de la formation-efficacité personnelle et équilibre personnel » n’étaient sans doute pas insensibles à ces réflexions…Les rapports entre l’EPS et les pratiques extra-scolaires sont troubles, les divergences nombreuses même entre les partisans de l’appropriation culturelle ; la diversité des classifications rend compte de cette complexité : 5 domaines dans le primaire, 8 groupes au collège, 2 ensembles au lycée et 9 groupes dans le supérieur :ne mamque-t-il pas une réflexion sociologique sur les pratiques, sur la « culture corporelle » (cf A.HEBRARD, Revue EPS n°277, 1999, Introduction aux tables rondes consacrées aux activités sportives dans le cadre de la 4ème biennale). Les « nouvelles pratiques » ne mettent-elles pas l’EPS en porte-à-faux ?…dans les cours d’EPS, les pratiques fédérales compétitives restent dominantes. Mais l’EPS risque en restant centrée sur les pratiques à la mode, d’être condamnée à subir les modes…

Page 51: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

CONCLUSION

Les années soixante marquent une véritable rupture pour l’éducation physique, qui devient sportive et se débarrasse de sa tutelle médicale. Les enseignants prennent en charge leur discipline qui s’appuie sur les pratiques sociales de son époque. Les IO de 1967 institutionnalisent cette rupture. Mais très vite se pose le problème de la spécificité de cette discipline scolaire. Les décisions politiques du début des années 70, remettant en cause sa raison d’être et d’exister, amplifient cette réflexion, source de nombreux débats. Le sport peut-il être considéré comme le moyen privilégié de l’EPS, au service d’objectifs éducatifs ?Les années 80-90 seront celle d’une lutte pour la conquète d’une véritable place dans le système éducatif. L’EPS qui veut se doter de toutes les caractéristiques d’une discipline d’enseignement obligatoire à l’école s’attache à prendre en compte les missions du système éducatif, en constante évolution et à montrer de quelle manière, avec son objet et ses spécificités, elle peut y participer. La didactique fournit les bases de son action, qui se veut proprement scolaire et autonome pour rompre confusion avec le monde sportif extra-scolaire. Pour Daniel DENIS, règne en permanence un « consensus dogmatique » autour des valeurs de l’école dont la démarche didactique est un symbole qui consiste à normer selon ses principes un fait social et culturel que l’institution ne peut plus méconnaître mais qu’elle ne doit pas pour autant soutenir. Elle met le sport à distance dans ce qu’il a de plus fondamental ( la loi du plus fort, le culte de la performance, mais aussi l’appât du gain…..ce grand théâtre des passions qu’est le sport (« Passion sport »-G. VIGARELLO ) qui n’a bien entendu pas droit de cité dans l’espace scolaire…pour en faire un système de connaissances élémentaires et hiérarchisées qui pourront donner lieu à un cours magistral et à évaluation des connaissances »( in « L’institution scolaire du corps : naissance d’un consensus dogmatique, in L’éducation physique au XXème siècle. Approches historique et culturelle, ss la dir. De J .GLEYSE, Vigot 1999, p.159-172 ). Comme le « savoir savant » se distingue du « savoir enseigné », les pratiques scolaires en EPS doivent se distinguer des « pratiques sociales de référence », de nouveaux conflits apparaissent : est-il nécessaire de conserver « la logique culturelle » ( didactique des APS ) ou alors cette logique n’est-elle que secondaire par rapport aux « effets recherchés » chez les élèves (didactique de l’EPS) ? La définition et l’identité de la discipline

en dépend. Quoiqu’il en soit, la rupture institutionnelle et théorique avec la culture sportive, qui se veut en perpétuelle évolution est consommée ; ne se dirige-t-on pas vers une EPS coupée de toute réalité sociale et culturelle ? Est-ce la condition sine qua none a l’existence scolaire de l’EPS ? ( NB : l’EPS n’a d’existence que scolaire…). La question de la légitimation de la discipline est toujours d’actualité tant l’EPS est une « discipline à part entière (…) et entièrement à part » ( Entretien avec A.HEBRARD, Cahiers pédagogiques, n°361, février 1998, p.9-11). Aux querelles internes de l’EPS s’ajoutent la concurrence des STAPS, champ devenu autonome par rapport à l’EPS ( depuis la transformation des UEREPS en UFRAPS puis en UFR STAPS ) : depuis les années 80, on assiste selon G.ANDRIEU à « un acharnement thérapeutique par le biais de la didactique »( Enjeux et débats en éducation physique : une histoire contemporaine, Action 1992 )… « c’est la fin d’une éducation physique conviviale ».P.ARNAUD souligne ce point de vue en faisant référence à l’épreuve d’EPS au bac : « la didactocratie qui s’exprime au travers de conceptions trop strictement technologiques de l’action éducative ne risque-t-elle pas de détourner les élèves d’un enseignement qu’ils plébiscitaient ? Et pour quelle efficacité réelle ? La didactique n’est-elle pas l’rat d’habiller de concepts nouveaux des démarches anciennes ? (…) le sérieux poussé à l’extrème peut

Page 52: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

conduire au ridicule : qu’on le veuille ou non le problème de l’éducation physique n’est pas d’imiter les autres disciplines d’enseignement. Et n’est-on pas en train de tuer dans cet enseignement ce qui justement faisait sa richesse :apprendre dans la joie et le plaisir » ( Défense et illustration d’un enseignement, Spirales n°13-14, 1998, p.43-76 ). Ajoutons à ces critiques celles de P.PARLEBAS ( Les dérives du didactisme, in A quoi sert l’éducation physique et sportive ? ss la dir. De B.X.RENE, Dossier EPS, 1996, p. 585-590 et Didactisme et logique interne des APS, Revue EPS, n°228, mars-avril 1991, p.9-14 ), Ed Revue EPS ou de J.M.BROHM ( « Enfoncer la didactique »  in Traité d’éducation physique et sportive, quel corps, 1994,p.274-279 et «Les STAPS, une imposture majeure »), les didacticiens doivent souvent chercher refuge en Sciences de l’Education .La massification récente des effectifs en STAPS a nécessité des choix politiques ( C.PIARD, Ou va la « gym » ? L’éducation physique à l’heure des STAPS, L’Harmattan, 2000 ) ont conduit à plusieurs recompositions des pouvoirs encore perceptibles en EPS et dans les STAPS.Quelle que puisse être la recherche en STAPS et les discours officiels en EPS, ce sont les 300000 enseignants d’EPS qui donnent corps à la discipline qui reste très proche du sport ( les « cours de sport » n’ont-ils pas détrôné les « cours de gym » ?) : des décalages persistent entre les discours officiels et les pratiques de terrain : alors que depuis les IO de 85-86, les enseignants sont tenus d’enseigner les mêmes APS à tous les élèves sans différenciation de sexe, la mixité est toujours un « objectif ». Activités différentes à l’intérieur d ‘une même classe, même activité mais en démixant, modes d’entrée dans les activités s’appuyant sur les goûts différents des filles et des garçons ( esthétique pour les filles , acrobatie pour les garçons, choix optionnels dans les lycées…les cours d’EPS restent malgré tout à dominante sportive, conséquence : à l’inverse de toutes les autres disciplines, les filles ( moins attirés par la performance et la compétition ) obtiennent de moins bons résultats que les garçons à l’épreuve d’EPS au bac, leur taux de dispense reste plus élevé

CONCLUSION GENERALE

Il est possible de résumer l’histoire de l’éducation physique en soulignant comme B.DURING ( La crise des pédagogies culturelles, Scarabée, 1981 ) qu’elle est sous-tendue par le développement de trois grands courants : militaire, médical et pédagogique. L’éducation

physique est une discipline exerçant une action normative à l’égard du corps dont les valeurs dépendent du contexte culturel, politique et idéologique. Toute approche du corps implique des en jeux philosophiques qui divisent inévitablement les différents acteurs ; cette division est une constante dans l’histoire de la discipline. Au XIXème, avant son institutionnalisation, la gymnastique cherche du soutien au sein des grandes institutions que sont l’armée, la médecine et l’école ( dont les finalités sont pourtant très différentes ), en entrant à l’école, à la fin du XIXème, la gymnastique devenue éducation physique, se met au service de finalités définies par les militaires, les médecins puis l’école elle même. La sportivisation de la discipline dans la seconde moitié du XXème consacre l’autonomie des pédagogues, appelés enseignants d’éducation physique et sportive, autonomie qui n’est pourtant pas totale : la référence culturelle (sportive ) appuyé par le champ politique devient prépondérante. Enfin, l’EPS qui veut être discipline d’enseignement à part entière s’appuie aujourd’hui sur la didactique pour devenir autonome et s’éloigner du mouvement sportif : la conquette d’une place à l’école réclamerait que l’EPS soit d’avantage une éducation physique scolaire qu’une éducation physique et sportive.Rien n’est cependant définitivement joué ou prévisible.La question de l’identité de la discipline est toujours d’actualité : l’unité dont dépendrait la

Page 53: HISTOIRE DE L’EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE DE ...maddguez.free.fr/staps.p13/Licence/Histoire de l'EPS... · Web viewplaquette « Sport pour tous ». I-2) De la loi Mazeaud au

discipline reste un mythe malgré des défenseurs ( J.P CLEMENT, L’Enjeu identitaire, in L’identité de l’éducation physique scolaire au XXème siècle, entre l’école et le sport, ss la dir de J.P CLEMENT et M. HERR, AFRAPS, 1993, p.13-25 ).Si l’histoire de l’EPS est riche, la discipline est relativement récente et donc en devenir.