Histoire des anciennes civilisations d'Orient

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Notamment les empires assyriens, chaldéens et sumériens.

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Histoire ancienne de l'Orient jusqu'aux guerres mdiques

LES ASSYRIENS ET LES CHALDENS

Franois Lenormant (1837-1883)

Volume quatrime

AVANT-PROPOS CHAPITRE PREMIER. GOGRAPHIE PHYSIQUE DE LA MSOPOTAMIE ET SOURCES DE LHISTOIRE DES EMPIRES DE CHALDE ET DASSYRIE. 1. - Le bassin de lEuphrate et du Tigre. 2. - Sources de lhistoire des empires de Chalde et dAssyrie. - Fouilles et dcouvertes.

CHAPITRE II. POPULATIONS PRIMITIVES DE LASSYRIE ET DE LA CHALDE. SUMER ET ACCAD. 1. - La langue de Sumer et dAccad. 2. - Le peuple de Sumer et dAccad.

CHAPITRE III. LE PREMIER EMPIRE DE CHALDE. 1. - Lempire kouschite de Nemrod. 2. - Premire confdration chaldenne. 3. - Linvasion lamite. 4. La seconde confdration chaldenne. 5. La domination cossenne.

CHAPITRE IV. LE PREMIER EMPIRE ASSYRIEN. 1. - La lgende de Ninus et de Smiramis. 2. - Les premiers rois dAssyrie. 3. - Rgne de Teglath-pal-asar Ier (1120 1100 av. J.-C.) 4. - Les successeurs de Teglath-pal-asar Ier.

CHAPITRE V. LE SECOND EMPIRE ASSYRIEN JUSQUAUX SARGONIDES. 1. Belitaras et les commencements de sa dynastie (vers 1020 av. J.-C.) 2. Rgne dAssur-nazir-pal (882 857). 3. - Rgne de Salmanasar III (827 822). 4. - Samsi-Raman III, Raman-nimr III et les rois fainants (822 745). 5. - Rgne de Teglath-pal-asur II (745 726) 6. Salmanasar V (726 721).

CHAPITRE VI. RGNE DE SARGON (721 A 704 AV. J.-C). 1. - La prise de Samarie. 2. - Conqute de lArmnie. 3. - Guerres en Mdie. 4. - Nouvelles guerres en Syrie. 5. - Marduk-pal-iddin, roi de Babylone. 6. - Le palais de Khorsabad.

CHAPITRE VII. RGNE DE SENNACHRIB (704 A 680 AV. J.-C). 1. - Guerres en Chalde. 2. - Guerres en Armnie et en Mdie. 3. Campagnes de Syrie et de Palestine. 4. Les embellissements de Ninive.

CHAPITRE VIII. RGNES DASSARHADDON ET DASSURBANIPAL. - RUINE DE NINIVE.

1. - Assarhaddon (680 667). 2. - Assurbanipal. - Conqute de lgypte. 3. - Guerres en Phnicie, en Asie-Mineure et en Armnie. 4. - Premires campagnes dans llymade. 5. - Guerre en Chalde. 6. - Nouvelles campagnes contre llymade. 7. - Guerre contre les Arabes. 8. - Chute de Ninive (625 av. J.-C).

CHAPITRE IX. LEMPIRE CHALDEN. 1. - Nabopolassar (625 604 av. J.-C.). 2. - Rgne de Nabuchodonosor (604 561 av. J.-C.). 3. - Les embellissements de Babylone. 4. - Fin du rgne de Nabuchodonosor. 5. - Les successeurs de Nabuchodonosor. - Chute de lempire de Babylone (561 533)

APPENDICESAPPENDICE I. - Liste chronologique des rois de Chalde et dAssyrie, daprs les textes cuniformes. APPENDICE II. - Liste des rois cits dans les fragments de Brose. APPENDICE III. - Liste des prtendus rois dAssyrie daprs les auteurs classiques. APPENDICE IV. - Canon des rois de Babylone, daprs Ptolme, avec la forme originale de leurs noms. APPENDICE V. Liste chronologique des Limmu.

AVANT-PROPOSCe livre est un des exemples les plus douloureux que lon puisse citer lappui du vieil adage : Lhomme propose, mais Dieu dispose. Enlev par une implacable maladie, 46 ans, en pleine activit scientifique, au moment o il tonnait le monde savant par sa puissance de travail et cette vaste rudition qui embrassait des domaines si varis, Franois Lenormant a laiss inachevs plusieurs de ses ouvrages les plus importants, et cependant il est un des crivains qui marqueront lempreinte la plus profonde dans les progrs des sciences historiques au XIXe sicle. Ce nest pas un homme qui pourrait entreprendre de continuer luvre de Franois Lenormant, cest un groupe tout entier. Jai accept, pour ma part, une partie de cette tche, celle laquelle mon illustre matre tenait peut-tre le plus : la continuation de lHistoire ancienne de lOrient. Dans la pense de lauteur, ce livre devait tre la vulgarisation et la mise la porte du grand public, J, des travaux drudition quil avait entrepris sur les origines de lhistoire et sur les grandes civilisations orientales qui se sont dveloppes avant la civilisation grecque. En me chargeant de poursuivre et de mener bonne fin cette entreprise, pour laquelle Lenormant na laiss, en dehors des ditions antrieures, ni notes ni bauche, lditeur du livre ma tmoign une confiance qui mhonore, et je dois dire que je neusse os accepter une aussi lourde tche, sans les marques de bienveillante affection que Lenormant mavait toujours tmoignes et dont le souvenir me sera ternellement cher. Pour ne pas rendre la mmoire de mon matre vnr responsable de ce quil na point crit, je dois au lecteur quelques explications sur la manire dont jai compris mon rle de continuateur. Luvre, partir du prsent volume, mest personnelle pour le fond comme pour la forme ; cependant, afin de lui conserver son unit, jai adopt le plan suivi dans les trois volumes dj parus ; jai conserv aussi plus dune page du Manuel publi par Lenormant en 1 869 ; enfin, autant que le cadre le permettait, jai utilis les travaux drudition publis par Lenormant, dans le domaine de lassyriologie et des tudes smitiques. Je ne me suis cart de la mthode adopte dans les prcdents volumes que sur un point : cest pour la transcription des noms propres. Aprs avoir longtemps hsit, je me suis dcid conserver ces noms la forme vulgaire, celle sous laquelle ils sont gnralement connus, sans mastreindre reproduire la forme originelle dont ltranget est trop souvent de nature drouter le lecteur. Jai donn dailleurs, entre parenthses, la transcription rigoureuse de ces noms, la premire fois quils sont cits ; mais jestime quil est superflu dessayer de faire pntrer dans le domaine de la vulgarisation, des mots rebelles toute clbrit et pour la vocalisation desquels les rudits eux-mmes ne sont souvent pas daccord. Puisse la dernire partie de cet ouvrage ntre pas juge trop indigne du commencement, et contribuer honorer la mmoire de celui qui travaillait son achvement avec lardeur excessive qui devait consumer ses forces ! Nabusez pas du travail, moi, jen meurs, telles furent les paroles dadieu quil madressa de son lit de souffrances, quelques jours avant dexpirer. La mort est peut-tre la seule chose, hlas ! que le travail opinitre ne saurait vaincre, et Franois Lenormant a succomb avant davoir donn toute sa mesure. ERNEST BABELON, Paris, 7 novembre 1884.

CHAPITRE PREMIER GOGRAPHIE PHYSIQUE DE LA MSOPOTAMIE ET SOURCES DE LHISTOIRE DES EMPIRES DE CHALDE ET DASSYRIE

1. LE BASSIN DE LEUPHRATE ET DU TIGRELimmense tendue de dserts qui traverse douest en est tout lhmisphre oriental du globe, depuis lOcan Atlantique jusqu la mer Jaune, interrompu une premire fois, la frontire de lAfrique et de lAsie, par la valle du Nil, est intercept de nouveau, vers le centre de son dveloppement en largeur par une seconde oasis, plus vaste que celle de lgypte, mais non moins fertile, qui marque prcisment le point o le dsert change de nature gologique, et dune plaine basse devient un plateau trs lev. A louest de cette terre privilgie, les solitudes de lAfrique et de lAsie sont des mers de sable, qui dpassent peine le niveau de lOcan, quand elles ny sont pas infrieures ; lest, au contraire, dans la Perse, le Kerman, le Sstan, la Tartarie chinoise et la Mongolie, le dsert consiste en une srie de plateaux tages, qui ont de 3.000 10.000 pieds dlvation. Ce sont les deux grands fleuves de lEuphrate et du Tigre, qui forment, en lenveloppant de leurs eaux, cette vaste oasis, appele par les anciens Smites Aram Naharam, par les Grecs, Msopotamie, et que dsigne aujourdhui le nom de El-Djezireh ou lIle que lui ont donn les Arabes. Les deux fleuves, dun volume environ gal, prennent leur source tout prs lun de lautre dans les flancs du mont Niphats (le Keleschin-dagh daujourdhui) en Armnie ; mais ils coulent dabord dans deux directions absolument opposes, et ils dbouchent dans la plaine aux deux extrmits de la chane du mont Masius (le Karadjehdagh actuel), le Tigre lest et lEuphrate louest. A partir de ce moment, ils deviennent navigables, et vont en se rapprochant graduellement jusquau 34 de latitude, o ils se mettent couler paralllement pendant quatre-vingts lieues ; puis, ils se runissent en un mme lit, actuellement appel Schat-el-Arab, et se jettent dans le golfe Persique. Jadis, il avaient des embouchures distinctes, loignes de plusieurs lieues : les terres dalluvion quils ont sans cesse dposes sur le rivage, ont insensiblement rapproch leur cours en lallongeant, jusquau jour o leurs eaux tranquilles se sont dfinitivement trouves confondues. Par la constitution gologique de son sol, aussi bien que par laspect de ses campagnes et leur fertilit, la Msopotamie se divise en deux parties bien distinctes, celle du nord et celle du sud, dont la limite se trouve au point o les deux fleuves commencent avoir un cours parallle, la hauteur de Hit sur lEuphrate et de Samara sur le Tigre. Toute la partie septentrionale est partage, son tour, en deux, par le fleuve Chaboras (le Habour moderne) qui, sorti du mont Masius, coule du nord au sud, et va se jeter dans lEuphrate Karkesia, sparant lAssyrie lorient, de la Msopotamie aramenne ou Osrhone des Grecs, loccident. La grande plaine de formation secondaire qui se droule au pied des derniers contreforts du mont Masius, nest fertile que l o existent des sources et des cours deaux abondants, comme dans lOsrhone et les environs du mont Singar, o lon rencontre la vigne et de vritables forts darbres fruitiers : grenadiers, orangers, oliviers, mriers, cerisiers, poiriers, amandiers,

figuiers. Mais dans le reste de son tendue, elle participe encore des dserts voisins, et elle a toujours d tre, comme eux, strile et impropre la culture. La portion mridionale, au contraire, cest--dire la Babylonie et la Chalde, est une plaine encore plus basse, entirement forme parles alluvions modernes (dans le sens gologique du mot) des deux fleuves. Ils ne sont plus alors qu une journe de distance lune de lautre, et le pays offre laspect dune immense prairie qui na besoin que dtre arrose pour donner des rcoltes prodigieuses. Les chaleurs de lt dans cette rgion, paraissent excessives, mme aux Orientaux ; mais les hivers sont temprs et dlicieux. LEuphrate et le Tigre voient leurs eaux grossir priodiquement chaque anne, et inondent les terres basses o ils renouvellent la vgtation et la vie, en y dposant, comme le Nil, le limon qui fconde et qui fertilise ; les irrigations naturelles, uvre inconsciente des deux fleuves, et devenues prsent un flau redoutable, si elles taient diriges par lart, comme dans lantiquit, feraient encore de la Chalde le jardin de lAsie. Le riz et lorge y rendaient jadis jusqu deux cents pour un ; aujourdhui, les canaux tant ngligs, le produit nest pas le dixime de lancien, et la plaine est entrecoupe de marcages pestilentiels. Le pays, o abondent les sources de bitume, manque darbres autres que les dattiers qui y forment de vritables forts ; ds lantiquit ctait l une des principales richesses du pays : Le dattier, nous disent les auteurs classiques, fournit tous les besoins de la population de la Chalde. On en tire une sorte de pain, du vin, du vinaigre, du miel, des gteaux et toute espce de tissus ; les forgerons font usage de ses noyaux en guise de charbon ; ces mmes noyaux concasss et macrs servent de nourriture aux bufs et aux moutons quon engraisse. On dit quil y a une chanson perse qui numre trois cent soixante usages diffrents du dattier1. Cest donc par la faute de lhomme si celte terre, naturellement fertile, est voue maintenant la dsolation et la mort, et si elle ne produit plus ces riches moissons qui faisaient encore ladmiration dHrodote : Il ne pleut gure en Assyrie, dit-il, et voici comment on nourrit la racine du bl : on arrose la plante avec leau du fleuve ; elle prend de la force et lpi se forme. Larrosement se fait la main ou laide de machines, et non comme en gypte, o le Nil dborde et couvre les champs. Tout le territoire de Babylone est, de mme que lgypte, coup de canaux dont le plus grand est navigable ; il se dirige, en tirant vers le sud-ouest, de lEuphrate au Tigre, sur lequel Ninive est btie. De toutes les contres que nous connaissons, cest de beaucoup la plus fconde en fruits de Grs. Ou nessaie pas de lui faire porter des arbres : ni figuier, ni vigne, ni olivier ; mais elle est si fertile en bl quelle rend deux cents pour un, elle va mme jusqu trois cents dans les meilleures rcoltes. La feuille du froment et celle de lorge ont quatre doigts de large, et quoique je sache quelle hauteur y atteignent les tiges de millet et de ssame, je nen ferai pas mention, persuad que ceux qui nont point t dans la Babylonie, ne pourraient ajouter foi mes paroles. Les habitants ne font pas usage dhuile dolive, mais dhuile de ssame. Dans la plaine entire, poussent spontanment des palmiers ; la plupart portent du fruit ; on en mange une partie, et de lautre on tire du vin et du miel2. Sur le bord des deux fleuves, l o le sol offre quelques ondulations lgres et protges par des digues naturelles contre linvasion des eaux, on retrouve aujourdhui encore, des vestiges de cette vgtation luxuriante que la main industrieuse du laboureur pourrait si facilement tendre dans toute la plaine. Des1 Strabon, XIV, 1 14 ; Thophraste, Hist. Plant., II, 2 ; Pline, Hist. nat., XIII, 4. 2 Hrodote, Hist., I, 193.

forts de roseaux gigantesques, de nnuphars, de tamarix et de joncs de douze quinze pieds de haut, y servent, comme au temps des Assyriens, de refuge des troupeaux de bisons, de cerfs et de sangliers ; et au sommet de ces petits tertres, le bl pousse naturellement et sans culture, au milieu de plantes fourragres, dpais fourrs de verdure et de fleurs de toute nuance, dont les senteurs parfumes essaient vainement de contrebalancer les miasmes mortels que dgagent les eaux croupissantes. Au printemps ; le voyageur rencontre ainsi de charmantes oasis au milieu des plus tristes solitudes : des troupeaux de bufs et de moutons, des chevaux en libert, des antilopes, des onagres, des bouquetins, des autruches, des chacals et des lions se poursuivent dans les hautes herbes, et rappellent les scnes agrestes et les chasses fcondes que droulent parfois nos yeux les bas-reliefs assyriens. Quon nous permette de citer le tmoignage dun des plus habiles explorateurs de la Msopotamie, M. Henry Layard, qui raconte ainsi le premier printemps quil passa Nimroud : Des fleurs de tous les tons, dit-il, maillaient la prairie ; elles ntaient pas, comme dans nos pays du nord, parsemes dans lherbe de place en place ; mais elles formaient des bouquets si serrs et si pais que toute la plaine semblait un tapis multicolore. Nos grands lvriers, quand ils revenaient de la chasse, sortaient des hautes herbes, teints en rouge, en jaune ou en bleu, suivant la nature des fleurs travers lesquelles ils staient frays passage1. On voit par cette esquisse quelle analogie de conditions naturelles le bassin de lEuphrate et du Tigre, surtout dans la Chalde, sa partie mridionale, prsente avec lgypte. Cest de mme un prsent du fleuve, une terre dune incomparable fcondit produisant presque sans travail au milieu de dserts. La nature elle-mme a prpar les deux contres pour tre le thtre o les premires socits humaines pourraient se constituer et entrer dans la voie de la civilisation. Aussi est-ce dans les plaines arroses par les deux grands fleuves de lAsie occidentale que, daprs la tradition chaldenne, le dieu-poisson Oanns avait enseign aux hommes tout ce qui sert ladoucissement de la vie, et les avait, sur un sol aussi favoris que celui de lgypte, initis aux premiers rudiments de la vie police. Cest aussi dans ce beau pays que se sont successivement rencontres toutes les races de lancien monde, et que, depuis Nemrod jusquaux successeurs de Mahomet, elles se sont disput lempire de lAsie. Lgypte et la Msopotamie ont t les deux plus antiques foyers de culture, presque aussi anciens lun que lautre, bien que la priorit appartienne Babylone plutt qu Memphis ; elles ont t galement les deux rivales aux mains desquelles sest toujours trouve place alternativement la domination de lAsie occidentale. LEuphrate et le Nil communiquent librement par des chemins faciles et propices au passage des grandes armes. Toutes les fois que lgypte sest trouve entre les mains dun homme nergique, elle a prtendu soumettre la Msopotamie son pouvoir, comme si une loi invitable ne permettait pas la coexistence de ces deux empires rivaux, munis des mmes ressources et placs dans des conditions analogues. Un Thoutms III ou un Sti Thbes, comme un Saladin au Caire et un Mhemet-Ali Alexandrie, nont pas eu de plus constante proccupation que de diriger leurs troupes sur lEuphrate et den tenter la conqute. De mme, toutes les fois quun pouvoir fort sest lev sur les rives de ce fleuve, Bagdad aussi bien qu Babylone ou Ninive, il a menac lgypte et cherch lasservir. Lhistoire de lAsie antique et celle de lAsie musulmane se composent1 H. Layard, Nineveh and its remains, t. I, p. 78.

presque exclusivement des oscillations de lantagonisme politique des empires de lgypte et de la Msopotamie, interrompues seulement lorsque la puissance militaire de lOccident europen est entre en lice avec sa supriorit morale, comme au temps de la conqute dAlexandre et au temps des Croisades. Mais tandis que le Nil na quun bassin dune largeur fort exigu et ne reoit aucun affluent, le Tigre et lEuphrate se dveloppent au contraire dans une sorte dimmense amphithtre o ils senrichissent des eaux de nombreux tributaires qui descendent des plateaux neigeux de lArmnie ou des chanes abruptes du Kurdistan. Le Haser, le Zab suprieur, le Zab infrieur et lAdhem, si souvent franchis par les armes dAssur, accourent des monts qui limitent le bassin occidental du lac dOurmia, pour grossir le cours moyen du Tigre, et les grands torrents qui cachent leur tte dans les neiges ternelles du Zagros et portent aujourdhui les noms de Shirwan, de Rerkhan ou Hawiza et de Karoun, fournissent galement un norme appoint son cours infrieur. LEuphrate, de son ct, une fois quil sest dgag des gorges des montagnes armniennes, accueille dans son sein les rivires qui sillonnent la haute Msopotamie, comme le Belik et le Habour. Au-dessous de Bagdad, de nombreux canaux, les uns naturels, les autres creuss par lhomme, parmi lesquels nous citerons le NahrMalka ou fleuve royal, le Nahr Agamme, le Schat el Kahr, le Schat el Nil, le Schat el Ha, et lancien Pallacopas, traversaient la plaine en tous sens, el formaient avec leurs ramifications qui se comptent par centaines, les veines de communication entre les deux grandes artres de cette contre si fertile jadis et si dsole de nos jours. Les monarques assyriens nous raconteront en dtail dans leurs inscriptions monumentales, leurs exploits militaires dans les montagnes qui forment lenceinte du bassin msopotamien. A lest, deux ou trois passages seulement leur permettaient denvahir la Mdie : tantt, ils franchissent, vers les sources du Zab suprieur, les collines peu leves qui leur ouvrent un chemin facile jusquau lac dOurmia et, de l jusqu la mer Caspienne ; tantt ils essayent de contourner le massif, impraticable pendant sept mois de lanne cause des neiges et des glaciers, o le Zab infrieur, le Schirvan et le Kerkhan prennent leur source. Enfin, ils trouvaient un autre passage pour aller au pays du levant, en remontant la valle du Kerkhan, le Choasps de la gographie classique, qui leur permettait datteindre Suse elle-mme. Mais ces expditions lointaines o il fallait lutter contre le climat, la nature du sol et une race de solides montagnards, taient gnralement fort peu du got des rois dAssyrie : deux ou trois dentre eux seulement qui portrent son apoge la puissance dAssur, osrent les entreprendre ; les autres prfraient se borner parcourir en pillards el en incendiaires les dernires assises occidentales des monts Zagros qui salignent paralllement au cours du Tigre. L vivait, comme encore aujourdhui, une population trs douce dans un pays tempr et fertile ; tandis que la crte des collines est ombrage de forts de platanes, de chnes et de noyers, leurs flancs sont couverts de vignobles et de magnifiques vergers. Les rivires qui se prcipitent des montagnes entretiennent dans les valles une douce fracheur favorable la culture du riz, du coton, du chanvre et du tabac. Il y avait bien l de quoi exciter la convoitise des potentats des bords du Tigre, qui trouvaient ainsi une proie facile et porte de leurs mains avides. Au nord, ils parvenaient, dans leurs campagnes dt, contourner le lac de Van et escalader les plus hauts plateaux o les montagnards cherchaient un refuge mal assur. On les voit fondre des hauteurs de lArrapachitis sur la ville de Van, puis, travers les pays de Hubus-kia, le Vaspourakhan actuel, atteindre les

contreforts du mont Ararat ; ou bien remonter le cours du Tigre en laissant sur leur droite les monts Niphats et gagner la chane du Taurus. Lorsquau contraire, les conqurants voulaient diriger leur razzias annuelles du ct de la Syrie, ils ne rencontraient point de montagnes franchir ; la barrire naturelle tait le dsert, le pays del soif, comme ils lappellent potiquement, quil fallait mettre plusieurs journes traverser pour rencontrer un aliment cette soif du pillage qui les dvorait. Le caractre inconstant des conqutes des rois de Ninive et de Babylone fait quon ne saurait compter au nombre des provinces assyriennes les contres situes en dehors du bassin du Tigre et de lEuphrate, et qui nont jamais t quaccidentellement soumises au joug. Cest seulement entre les deux grands fleuves, dans la Msopotamie proprement dite, que se concentre la vie et que se dveloppe la civilisation chaldo-assyrienne. Dans, ce pays, slevrent ds lorigine des villes nombreuses dont plusieurs eurent des poques de splendeur et comptent dans leurs annales des dynasties royales autonomes. Leurs ruines ensevelies en gnral sous un linceul de sables mouvants ou sous des monticules de terre vgtale connus sous le nom de tells, sont restes ignores pendant une longue srie de sicles, jusquau jour o la curiosit et lintrt des modernes furent veills par la dcouverte de lemplacement de Ninive, auprs de Mossoul. Les collines de Koyoundjik (le petit agneau) et de Nebi-Iounous o la tradition arabe place le tombeau du prophte Jonas, reprsentent les deux points les plus importants des ruines de la capitale de lAssyrie. A quatre lieues au nord, est le village de Khorsabad, devenu clbre depuis les fouilles de Botta qui ont donn le branle aux tudes assyriologiques, et vers les sources du Haser slve le rocher de Bavian qui porte une longue inscription en lhonneur de Sennachrib. En aval de Ninive se trouvait, trs peu de distance la ville biblique de Resen quon place conjecturalement au village de Selamiyeh ; un peu plus bas, tait Kalah, marque par la colline de Nimroud, la jonction du Tigre et du Zab suprieur. El-Asar ou Ellassar qui fut la premire capitale de lAssyrie, tait soixante kilomtres au sud, l o slve limmense monticule de Kalah-Shergat, peu prs gale distance des deux Zabs. Les imposantes ruines dArbles avec leurs remparts de briques encore debout, sont assez loin lest du cours du Tigr, tandis qu louest, en plein dsert on admire les restes de la citadelle dAtra contre laquelle vinrent si souvent se briser les lgions romaines. En remontant versle nord on rencontre Tell Gemel le monticule du chameau, Sinjar, lancienne Singara, Nisibin, la source du Habbur, Mardin, dont la citadelle est maintenant occupe par un couvent de moines gres, Harran ou Charrae, une des villes les plus vieilles du mond, clbre dans la Bible par le sjour dAbraham, et lpoque chrtienne par ses coles gnostiques, Urfa ou Roha, lantique Edesse, et enfin sur le Tigre, la grande ville de Diarbekr ou Amida la Noire (Kara Amid), le premier entrept commercial et industriel de ces contres, dont les maisons bties de pierres noires donnent la cit laspect lugubre dune ville en deuil. En descendant le cours de lEuphrate, depuis la ville classique de Samosate, nous rencontrons lancienne Zeugma, puis Birdjik et Djerablus o lon a rcemment reconnu les ruines de la clbre forteresse de Karkmis, le boulevard avanc des Hittites du ct de lAssyrie. Thapsacus est reprsent par les ruines de Suri, Nicephrium parcelles de Rakkah. Sur un affluent du Hbour, nous trouvons Rasel-An, la Resaina des Romains, Tell-Aban o il faut placer le Tul-Abn des textes cuniformes, puis Bit-Hlup et enfin Rarkesia qui conserv le nom de lantique Circesium, au confluent du Habbiir et de lEuphrate. Citons encore en descendant

le grand, fleuve, Lbkarra, Rafta, Ana dont le nom rappelle la forme classique Anatho, Zibb o slevait lpoque assyrienne limportante cit des Suhits, et enfin les sources bitumineuses de Hit qui formaient avec Tekrit et Samara sur le Tigre la frontire indcise et longtemps conteste entre la Chalde et lAssyrie. Cette frontire, dont nous avons dj parl plus haut, ne doit jamais tre perdue de vue par quiconque veut comprendre la porte politique de lantagonisme qui na cess dexister entre les deux empires, qui ont fleuri en Msopotamie. Sil y a, comme nous le verrons, une distinction profonde entre les Chaldens et les Assyriens, au point de vue des murs, des institutions, des traditions, de la race mme, une diffrence non moins sensible et qui na pas t sans influence sur la premire, se constate dans la nature et le climat des deux pays. A partir de Hit et de Samara, le voyageur qui descend le cours des deux fleuves dit adieu une plaine lgrement ondule pour entrer dans des terrains absolument plats qui stendent indfiniment jusquaux grves du golfe Persique1. La Chalde est plus riche encore que lAssyrie en tells artificiels qui nattendent que la pioche du fouilleur pour livrer les trsors que reclent leurs entrailles. Bagdad est btie avec les dbris arrachs par les Arabes aux ruines classiques dOpis, de Sumere qui a conserv le nom du peuple de Sumer, d Sleucie, la grande ville des rois Arsaqdes, et de Ctsiphon la capitale des Sassanides ; toutes ces villes ellesmmes, dont plusieurs eurent des centaines de milliers dhabitants, ne se sont difies quavec les matriaux enlevs aux dcombres de Babylone. Dans ce basfond marcageux qui va depuis Hillah jusqu Kurna, ce ne sont quamoncellements de dbris antiques peine dissimuls par un lger voile de terre sablonneuse, et au milieu desquels se dressent, de temps en temps, les huttes en roseaux des Arabes Mon-tfiks. Les deux Sippara, celle du dieu Samas et celle de la desse Anunit, que la Bible dsigne avec la forme du duel Sepharvam, sont identifies aux ruines voisines de Abou-Habbou et de Salabi ; ct de Nazari on a reconnu celle dAgad qui a conserv le nom du peuple dAccad ; Houria, Yagar, Divni, Lamlun, Tell-Ede, Hammam sont des tumulus non encore explors ; on connat maintenant lemplacement certain de Nipur ( Niffer), dUruk ( Warka), de Eridu ( Abou-Sarein), de Larsa ( Senkereh), de Ur, la patrie dAbraham ( Mughir), mais on ignore encore le site de villes du nord de la Chalde comme Nisin el Kulunu, la Kalann de la Bible. A Kut-el-Amara, lApame classique, Ha, sur le canal de ce nom, Jardari, Hamza, Asfori slevaient des cits importantes dont on cherche aussi les noms ; cest Tell-Loh, quelque distance lest du cours du Schat-el-Ha, que M. de Sarzec a dcouvert limportante collection de monuments archaques qui portent son nom au muse du Louvre, et qui ont rvl lemplacement de Sirtella et do Girsu. Les marais qui avoisinent Kurna et Abou-Sarein marquent lendroit o le Tigre et lEuphrate se jetaient jadis dans la mer sans marier leurs eaux ; enfin, ds lpoque assyrienne, il slevait dans lOcan dsign sous le nom de

1 G. Rawlinson, The five great monarchies, t. I, p. 4. M. G. Perrot fait nanmoins loccasion de

cette dlimitation de frontires, une remarque fort judicieuse : Nous donnons, dit-il, ces expressions Assyrie et Chalde, un sens prcis quelles nont jamais eu dans lantiquit. Pour Hrodote, la Babylonie nest quun simple district de lAssyrie ; de son temps les deux Etats, compris dans lEmpire perse, navaient plus dexistence distincte. Pline appelle Assyrie la Msopotamie tout entire. Strabon tend lAssyrie vers louest jusqu la Syrie. Peu nous importent ces variations ; la nomenclature historique et gographique des anciens na jamais t bien fixe ; elle a toujours gard quelque chose de vague et de flottant, surtout pour ces contres quun Hrodote et quun Diodore, quun Pline et quun Tacite apercevaient lextrme limite de leur horizon. G. Perrot et Chipiez, Hist. de lart dans lAntiquit, t. II, p. 6.

Nru-Marratu des les nombreuses dont la plus importante tait Til-mun, aujourdhui relie la terre ferme. La plupart des villes chaldennes eurent des dynasties royales et une existence indpendante une poque o Babylone navait pas encore absorb lautonomie de ces cits qui formaient les pays de Sumer et dAccad. Sumer, plus rapproch de la mer, comprenait deux districts principaux, Meluha et Magan, subdiviss eux-mmes en une foule de petits cantons dont les inscriptions nous apprendront les noms ; dans Accad qui comprenait le nord de la Chaide se trouvaient Babylone et sa banlieue : ctait le pays de Kar-Dunias ou enclos du dieu Dunias ; la limite de ce district stendait jusqu Dur-Rurigalzu au nord de Bagdad, o les rois de Babylone avaient construit une formidable forteresse qui protgeait leur empire soit contre les Assyriens, soit contre les incursions des Cossens, qui descendaient de temps autre de leurs montagnes pour ranonner la Babylonie quils russirent mme opprimer pendant plus dun sicle. On ne peut saventurer travers les ruines que nous venons dnumrer sommairement, sans rencontrer chaque pas les traces des grands travaux hydrauliques entrepris par les anciens monarques chaldens. Pendant lhiver on savance dans la plaine en longeant les berges de canaux qui ne contiennent quune lgre nappe deaux stagnantes ; mais en t il est loisible de sacheminer librement dans le lit de ces rigoles transformes en chemins creux ; car, en cette saison, les anciens canaux de la Chalde, comme les torrents africains, ne sont pas, selon lexpression dun gographe, des chemins qui marchent mais des chemins o lon marche : cest en suivant le lit dessch dune des branches de lEuphrate que Cyrus pntra dans Babylone.

II. SOURCES DE LHISTOIRE DES EMPIRES DE CHALDE ET DASSYRIE. FOUILLES ET DCOUVERTES1.

1 SOURCES PRINCIPALES.

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Tome II, partie I (textes et transcription). Paris, 1874, in-4. tudes accadiennes. Tome III, deux livr., Paris, 1879 et 1880, in-4. Essai sur un document mathmatique chalden, et a cette occasion sur le systme des poids et mesures de Babylone. Paris, 1868, in-8. Les premires civilisations. tudes dhistoire et darchologie. Deuxime dition. Paris, 1874, 2 vol. in12. Les Sciences occultes en Asie. Paris, 1874-75, 2 vol. in-8. I. La Magie chez les Chaldens et les origines accadiennes. II. La Divination et la science des prsages chez les Chaldens. La langue primitive de la Chalde et les idiomes touraniens. tude de philologie et dhistoire suivie dun glossaire accadien. Paris, 1875, in-8. Les principes de comparaison de laccadien et des langues touraniennes. Paris, 1875, in-8. tude sur quelques parties des Syllabaires cuniformes. Essai de philologie accadienne et assyrienne. Paris, 1876, in-8. Sur le nom de Tammouz. Paris, 1876, in-8. 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A Commentary on the cuneiform inscriptions of Babylonia and Assyria, including Readings of the inscriptions on the Nimrud Obelisk, and briet notice of the

En dehors des Livres Saints dont lautorit historique a reu, des tudes assyriologiques, un clatant tmoignage, les sources extrinsques de lhistoire des empires de Chalde et dAssyrie se rduisent un petit nombre dcrivains grecs et orientaux, dont la vracit a besoin dtre contrle par la critique la plus rigoureuse. Hrodote raconte (I, 184) quil avait compos une histoire des Assyriens, qui nest pas malheureusement parvenue jusqu nous. Les

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intressants pisodes qui concernent Ninive et Babylone, dissmins incidemment dans le Livre premier de ses Histoires, ne font quaccrotre les regrets que peut provoquer la perte dun ouvrage qui retraait, parait-il, dans les plus grands dtails, la chute de Ninive et les embellissements de la capitale de la Chalde. Il est certain pourtant, que limmortel historien dHalicarnasse navait gure consign dans son uvre que les lgendes qui avaient cours chez les Grecs de son temps, et qui staient brodes autour de faits dj forts lointains et altrs par une tradition orale plusieurs fois sculaire. Il nest plus possible dajouter foi aujourdhui, par exemple, ce quil nous raconte de Ninus, de Smiramis, du culte du dieu Bel, bien que la description des choses quHrodote avait pu contempler lui-mme soit reconnue scrupuleusement exacte. Il ne nous reste non plus que des fragments pars et sans suite du livre que le prtre chalden Brose avait compos sous le titre de , vers lpoque dAlexandre ou de Ptolme Philadelphe. Cependant ces misrables paves recueillies par divers compilateurs de lpoque chrtienne tels quEusbe, le Syncelle et Josphe nous sont bien prcieuses, parce que Brose avait compos son ouvrage laide des documents cuniformes conservs de temps immmorial dans les archives des temples de la Chalde. Rapprochs des inscriptions rcemment mises au jour, ces fragments en clairent le sens, en mme temps quils en reoivent une vive lumire, et lon peut dire que si les crits de Brose nous taient plus compltement parvenus, ils seraient pour lhistoire de la Babylonie ce que Manthon est pour lgypte. Tel quil est encore, Brose a incomparablement plus de valeur que le philosophe Damascius qui essaya, avec les procds de lcole no-platonicienne, de pntrer les mystres de la thogonie chaldenne, bien que ce dernier paraisse, lui aussi, avoir puis des sources originales1. On nen saurait dire autant de Ctsias, ce mdecin grec qui, pass la cour dArtaxerxe-Mnmon, se ft, dans le but exclusif de favoriser la politique perse, lcho complaisant de lgendes souvent puriles et ridicules, auxquelles il ne croyait pas lui-mme. Des recherches rudites sur lhistoire des anciens peuples de lOrient caractrisent le mouvement littraire de lpoque de Trajan, quand les Csars, se dclarant les hritiers dAlexandre, savancent jusquaux rives du Tigre. Abydne, notamment, voulut soulever un coin du voile de plus en plus pais qui rpandait la nuit sur Ninive et Babylone : cest Eusbe qui nous a conserv quelques lignes de cet crivain, tourment par les mille questions que se posaient les philosophes de son temps sur lorigine des choses et les premires civilisations. On recueille encore quelques lambeaux de lhistoire de la Chalde dans Diodore de Sicile, dans lauteur des Philosophumena attribus Origne, dans Helladius, dans Hygin, dans Michel Psellos qui avait copi les crits du pseudo-Chrmon2 ; mais ces traditions se groupent exclusivement autour de la thogonie et des gnrations divines, sans que lhistoire proprement dite y ait la moindre part. Au temps de la grande floraison du monachisme en Orient, quand chaque couvent devint une cole o lon agitait avec passion les questions parfois les plus puriles, il se forma aussi quelques hommes soucieux du pass de lhumanit. Lcole ddesse compte dans les premiers sicles de lre chrtienne un historien du nom de Mar Abas Catina, dont la chronique, crite en syriaque, servit de principale source la compilation armnienne de Mose de Khorne. Les1 C. E. Ruelle, Le philosophe Damascius. (Revue archologique, 1831.) 2 Sathas, Bulletin de correspondance hellnique, t. I, p. 129 et suiv.

sectes hrtiques dont le principal foyer tait Harran et dont les croyances forment lensemble du gnosticisme saben, fondaient leur doctrine sur des traditions locales qui remontaient jusquaux Assyriens : Chwolson1 la prouv surabondamment, et lon peut au surplus sen assurer du premier coup dil en examinant les scnes tranges graves sur les talismans gnostiques. La Cabale juive et la secte encore aujourdhui existante, des Mendates ou Soubbas, avaient reu leurs traditions religieuses directement des collges sacerdotaux de la Chalde : ltude approfondie des normes volumes qui composent la littrature mendate, comme le Sidra rabba ou le grand livre appel aussi le Livre dAdam, fournirait sur le panthon chaldo-assyrien plus dune rvlation inattendue. Enfin pour clore cette revue sommaire des sources extrinsques de lhistoire ancienne de la Msopotamie, il faut encore citer le fameux trait dAgriculture nabatenne traduit en arabe par Ibn Waschiyah, lan 904 de notre re : livre singulier qui nest, en grande partie, quun trait didactique dont la composition primitive remonte peut-tre lpoque de Nabuchodonosor, et qui nous fournit les renseignements techniques les plus curieux sur les mathmatiques, lastronomie, lagriculture et les applications usuelles des sciences exactes telles que les comprenaient les anciens Chaldens. Voil peu prs tout ce que la tradition classique et orientale nous a conserv touchant les empires de Ninive et de Babylone. Les modernes en furent rduits nentendre que ces chos lointains et affaiblis, jusquau jour bien rapproch de nous, o un heureux hasard fit dcouvrir les ruines de Ninive. Ds le commencement de ce sicle, on avait, il est vrai, essay, non sans quelque succs, de dchiffrer les inscriptions assyriennes qui, en petit nombre, taient dj parvenues en Europe, mais la lecture de ces textes tait reste bien empirique ; les lments de comparaison manquaient aux savants, et les documents que lon possdait ne paraissaient dailleurs pas de nature jeter le trouble dans nos connaissances sur lhistoire de lantique Orient. Cest des ruines de Perspolis, la capitale des Achmnides, que parvinrent en Europe les premires inscriptions cuniformes ; elles taient crites en vieux perse. Elles restrent longtemps une indchiffrable nigme pour les savants, intrigus presque autant que les habitants modernes du pays qui prtendaient y reconnatre des formules magiques dont il fallait pntrer le sens pour dcouvrir un trsor cach, la garde duquel veillaient les monstres ails accroupis sous les portiques des palais. Un voyageur europen, Pietro della Valle sexprime ainsi au sujet de cette bizarre criture quil avait vainement essay de pntrer : Personne ne peut dire quels sont ces caractres ni quelle langue ils appartiennent ; dune grandeur prodigieuse, ils ne sont point lis pour former des mots ; ils sont spars comme les caractres hbreux ; jen ai copi cinq, du mieux que jai pu. Le curieux voyageur sempressa denvoyer ces cinq lettres Rome, au jsuite le P. Kircher. Ce sont les premiers signes cuniformes parvenus en Europe : la lettre de Pietro della Valle est date de Schiraz, le 21 octobre 16212. Aprs lui, Chardin essaya, avec un pareil insuccs, dinterprter les inscriptions de Perspolis ; ce fut en vain aussi que Niebuhr visitant, vers 1765, les ruines de la Perse, tenta de poser les premires bases dun alphabet el hasarda lhypothse dinscriptions trilingues.

1 Chwolson, Die Sabier und der Sabismus. Ptersbourg, 1856. 2 Voir J. Menant, Les critures cuniformes, 2e dit., p. 49.

[L4C1_Caillou_Michaux.jpg]Un botaniste franais, Andr Michaux, se trouvant Bagdad la fin du sicle dernier, envoya Paris une pierre en diorite noire couverte de signes cuniformes et de figures tranges. Elle fit grand bruit par les commentaires singuliers quon en donna, et elle est encore aujourdhui conserve la Bibliothque nationale o elle est connue sous le nom de Caillou Michaux. A lpoque o lon essaya dinterprter ce monument, les tudes orientales faisaient de rapides progrs : Anquetil-Duperron venait de traduire lAvesta, Silvestre de Sacy avait lu sur les murs des palais de lIran les inscriptions que les rois Sassanides y avaient traces ct des cuniformes gravs par les Achmnides ; la lecture des hiroglyphes gyptiens commenait proccuper le monde savant : le moment semblait venu pour que les textes cuniformes leur tour laissassent chapper leur secret. Le 4 septembre 1802, devant la Socit acadmique de Gttingue, dans la sance mme o Heyne rendait compte, pour la premire fois, de travaux accomplis sur les hiroglyphes gyptiens, le Hanovrien Georges-Frdric Grotefend exposa ses premires dcouvertes sur lcriture cuniforme1. Les inscriptions de Perspolis offrent souvent trois groupes dcriture juxtaposs paralllement : on avait, jusqu lpoque de Grotefend, gnralement admis trois combinaisons diffrentes des mmes caractres cuniformes, nexprimant quun seul idiome. Le savant allemand supposa que chaque inscription, dans ces groupes respectifs, tait transcrite, non seulement dans un alphabet distinct, mais encore dans une langue diffrente, et que si lon connaissait le sens de lune, on aurait par l mme le sens des deux autres. On savait, du reste, par divers passages de lcriture, les livres dEsther et dEsdras notamment, que ctait la coutume des anciens rois de Perse, de faire rdiger leurs dits et les documents officiels en plusieurs langues, de manire ce quils sadressassent la fois aux diverses nations groupes sous leur sceptre. Grotefend posa donc en principe lexistence dinscriptions trilingues. Prenant ensuite pour objet de ses recherches le systme dcriture qui lui parut le moins compliqu, celui qui est toujours droite dans ces textes, il remarqua que chaque mot tait spar par un clou en diagonale. Il supposa quun certain groupe compos de sept signes et qui se trouvait rpt plusieurs fois dans linscription quil avait sous les yeux, devait tre le titre royal, le mot roi. Il trouva ce groupe rpt deux fois conscutivement, ce quil supposa tre alors lanalogue de la forme moderne schahenschah roi des rois, qui sest transmise dge en ge jusqu nos jours, et quil retrouvait avec un complment final indiquant la dsinence du gnitif pluriel. En consquence, il admit que trois autres groupes de signes qui se suivaient peu de distance lun de lautre taient des noms propres, que le premier personnage tait le fils du second et celui-ci fils du troisime, et enfin que les signes qui sparaient ces noms propres voulaient dire fils de. Ce fragile chafaudage dhypothses accumules les unes sur les autres conduisait Grotefend traduire de cette sorte une inscription quil tait encore impuissant articuler phontiquement : A, roi des rois, fils de B, roi des rois, fils de C. Comme on savait par les auteurs classiques que les rois de la race dAchmns avaient bti les palais de Perspolis, Grotefend trouva promptement les noms propres reprsents par A, B, C. Ce dernier paraissait navoir pas rgn puisque1 Le mmoire de Grotefend a pour titre : Prvia de cuneatis quas vocant inscriptionibus

persepolitanis legendis et explicandis relatio. Gttingue, 1802. Cf. Oppert. Expd. scientif. en Msopotamie, t. II. p. 2 et suiv.

son nom nest pas suivi du qualificatif roi des rois ; B, son fils, devait donc tre fondateur de dynastie. A force de ttonnements, le savant hanovrien sarrta la combinaison suivante : Xerxs, roi des rois, fils de Darius, roi des rois, fils dHystaspe. Grotefend parvint articuler ces noms propres peu prs dans leur langue indigne en comparant la forme grecque et la forme hbraque de ces mmes noms. Il identifia, par des procds analogues, les noms de Gustasp et de la divinit Ormuzd. Cette dcouverte eut un grand retentissement dans lEurope savante, et Silvestre de Sacy fut le premier rendre hommage au prodigieux hasard qui avait guid le savant de Gttingue. Cependant, il y avait quelque chose de si effrayant dans cette merveilleuse intuition, que lalphabet dress par Grotefend ne fut dabord accueilli que par un scepticisme gnral. Et, dire vrai, on eut raison de douter, puisque de toutes les valeurs que prtendit dterminer Grotefend, il ny en eut que huit dont lexactitude fut confirme et qui rsistrent au minutieux contrle des observations postrieures. Dans le courant de lanne 1836, trois savants, par des travaux simultans, purent revendiquer lhonneur davoir complt lalphabet des inscriptions cuniformes en vieux perse. Au mois de mai, Lassen, en Allemagne, publiait un mmoire o il donnait chaque caractre une valeur scientifiquement dmontre ; au mois de juin, Eugne Burnouf livrait au public son Mmoire sur les inscriptions de Hamadan et attribuait galement chaque lettre une valeur lui permettant de faire lapplication de son alphabet tous les textes jusqualors connus. La langue lui parut tre un driv du zend ; ctait, selon lui, le dialecte parl en Perse vers le Ve sicle avant notre re. Enfin la mme poque, sir Henry Rawlinson, consul dAngleterre Bagdad, tudiait dautres inscriptions perses, et par des procds de divination analogues ceux de Grotefend, il parvint dresser un alphabet peu prs identique, mais indpendant de ceux de Burnouf et de Lassen. Ces travaux furent le signal des plus fcondes dcouvertes, et aucun texte ntait venu, depuis lantiquit, jeter sur lhistoire de lOrient une lumire aussi vive et aussi inattendue que celui dont M. Rawlinson donnait la traduction. Cest la clbre inscription trilingue de Darius, grave sur le rocher de Bhistoun, une lieue au nord de Kirmanschah, sur la route suivie jadis par les armes qui sortaient de la Perse pour marcher la conqute de la Msopotamie. De nouvelles observations permirent bientt de constater que le texte de la troisime colonne se trouvait crit dans le mme systme dcriture que celui quon rencontrait sur les monuments recueillis aux bords du Tigre et de lEuphrate. Ctait donc la langue de Ninive et de Babylone quil contenait, et si son dchiffrement ne devait rien faire connatre de nouveau dans les inscriptions trilingues, il ntait que trop lgitime desprer dimportants rsultats historiques en appliquant les bases del lecture aux textes unilingues de la Chalde et de lAssyrie. Ce fut naturellement par la comparaison avec le perse quon parvint faire les plus rapides progrs. Les noms propres de lidiome arien furent vite reconnus dans la colonne assyrienne : la grande inscription de Bhistoun en renfermait quatre-vingt-dix. Ds quon et constat par ce procd que lassyrien tait une langue smitique, la science du dchiffrement marcha pas de gant, et les dictionnaires des langues congnres furent mis contribution jusqu labus peut-tre. Enfin le jour vint o lon rsolut dentreprendre dans les plaines

de la Msopotamie de grandes fouilles archologiques qui devaient exhumer les anciens empires de Chalde et dAssyrie oublis depuis plus de vingt sicles. En 1842, le gouvernement franais cra un consulat Mossoul, et confia ce poste, dont lintrt scientifique faisait toute limportance, Emile Botta, consul Alexandrie, dj connu par quelques travaux darchologie orientale, lise donna pour mission de retrouver lemplacement de Ninive. Pas une colonne, pas un pan de mur ne rvlait la trace de la capitale de lAssyrie, quon savait pourtant avoir t btie non loin de l. Des Arabes signalrent Botta, en face de Mossoul, de lautre ct du Tigre, deux grands monticules sur lesquels sont construits aujourdhui les villages de Koyoundjik et de Nebi Iounous. Ce dernier nom, qui rappelle le souvenir du prophte Jonas, veilla lattention de Botta qui rsolut dventrer lune des deux collines. Il avait dj recueilli quelques vases en albtre, des briques inscrites et dautres menus objets, mais rien ne paraissait faire prsager des dbris considrables, lorsquun paysan turc, venant passer auprs du lieu des fouilles et remarquant avec quelles prcautions on recueillait les moindres fragments, raconta qu quelques lieues plus loin, dans son village, ces dbris taient bien plus nombreux : il dsignait Khorsabad. Les fouilles furent abandonnes Koyoundjik pour tre reprises Khorsabad. Un monde inconnu ne tarda pas surgir sous la pioche des travailleurs ; selon la parole du prophte, la pierre jetait son cri du mur, et la poutre de la charpente rpondait. Une enceinte quadrilatrale fut dblaye et malgr la dgradation et lboulement de plusieurs parties de ldifice, Botta put facilement reconnatre lensemble de constructions qui formaient quatre corps de btiments distincts, dont les deux mille mtres de murs taient couverts dinscriptions et de basreliefs. Le savant franais crut avoir retrouv Ninive : il se trompait. Le dchiffrement ultrieur des inscriptions de Khorsabad prouva que Botta se trouvait en prsence des ruines dun palais bti par Sargon en dehors de Ninive : cest encore aujourdhui la coutume des rois orientaux de se faire construire des palais quelque distance de leur capitale. Les fouilles de Botta furent particulirement heureuses, et lon admire aujourdhui, dans la salle assyrienne du muse du Louvre les nombreux monuments dont il enrichit la France. Ce sont des taureaux ails tte humaine, des combats gigantesques dun lion contre un homme, des scnes de chasse et de guerre, des siges de places fortes, des prisonniers, enchans, dcapits ou occups lever la gloire du tyran un monument qui ternist leur propre dfaite. Huit grandes portes donnaient accs dans les parties principales du palais de Sargon, et trois dentre elles, qui ont conserv leur arcade en plein cintre, sont de vritables arcs de triomphe dont la baie a plus de dix mtres dlvation. Tous les murs taient couverts dinscriptions relatant les hauts faits du prince : pour les rois assyriens, en effet, le palais tait un livre ouvert destin contenir le rcit de leurs exploits ; ctait un monument commmoratif o les inscriptions, les sculptures et les ornements avaient une disposition intentionnelle et taient conus dans lide dimmortaliser leur gloire. A peine les merveilleuses dcouvertes de Botta furent-elles connues en Europe que les Anglais sempressrent, ds 1846, denvoyer en Msopotamie un explorateur habile, M. Henry Layard qui commena par tablir son centre doprations sur les monticules de Nimroud et exhuma les immenses palais encore noircis par le feu de la ville biblique de Kalah. Mais il reprit bientt les fouilles que Botta, envoy en disgrce comme consul Jrusalem, lors de la rvolution de 1848, avait t forc dinterrompre. Le champ fcond quil avait

commenc dfricher fut ainsi abandonn lAngleterre, et cest aux explorateurs anglais que revient lhonneur davoir fait connatre la vritable place de Ninive en mme temps quils fondaient le splendide muse assyrien du British Musum. Ltendue de la capitale de lAssyrie tait immense ; le texte biblique raconte quelle contenait plus de douze myriades de personnes ne sachant pas distinguer leur main droite de leur gauche, et que le prophte Jonas mit trois jours la traverser. Daprs ltat des ruines actuelles, on croit quelle se composait de plusieurs centres indpendants et spars les uns des autres par des plaines cultives. On peut mme induire dun passage de lcriture, que nous discuterons plus loin, quil y avait quatre cits ou agglomrations principales renfermes dans une enceinte immense dont le circuit nest pas encore bien connu aujourdhui, mais que les historiens grecs valuent vingt lieues. Botta et son successeur au poste de Mossoul, M. Victor Place, ainsi que MM. Rawlinson et Layard ont rassembl dans les grands recueils que nous avons signals plus haut dans une note bibliographique, les inscriptions, les bas-reliefs et les monuments de tout genre que leurs fouilles ont mis au jour. Bien quil reste encore actuellement un vaste champ ouvert aux explorateurs, les textes dj retrouvs, ont suffi pour renouveler de fond en comble lhistoire de lAssyrie. Celte transformation inattendue ne surprendra point si lon songe que les monarques ninivites et babyloniens avaient, dans les inscriptions quils multipliaient profusion, la proccupation constante dinformer de leurs exploits la postrit la plus recule. Jamais peuple ne sest montr plus soucieux de lavenir et na fait un plus grand usage de lcriture pour perptuer sa mmoire. Les rois gravaient le rcit de leurs conqutes sur des stles, sur des prismes ou des cylindres enfouis dans les fondations des palais et des temples, derrire les bas-reliefs qui en ornaient les portiques et sur les marches qui en dcoraient les grandes salles. Les Assyriens rptaient le mme texte un grand nombre de fois ; souvent ils limprimaient pour le multiplier linfini ; chaque brique, dans un difice, porte le nom et la gnalogie du prince qui la fait construire1. Dailleurs, la substance mme sur laquelle les Assyriens crivaient les a singulirement servis ; la brique rsiste aux ravages du feu comme de linondation, et les sables du dsert sont merveilleusement propres conserver les uvres humaines ; les dbris des temples et des palais de lgypte comme de la Msopotamie, se sont peut-tre dtriors davantage par un sjour de quelques vingt ans dans nos muses europens, que par un sommeil de trois mille ans sous le linceul des bords du Nil ou de lEuphrate. Aux prcautions matrielles quils prenaient pour assurer le respect de leurs inscriptions, les Assyriens ajoutaient encore le prestige des influences morales ; il nest pas un rcit de quelque tendue, qui ne se termine par des imprcations terribles contre celui qui serait tent de le dtruire ou de laltrer : A celui qui dans la suite des jours rgnera jamais aprs moi, scrie Teglathpalasar Ier, je dis ceci : Le temple dAnu et de Raman, les grands dieux, mes seigneurs, vieillira et tombera en ruines ; quil le restaure, quil en nettoie les tablettes, les cylindres de fondation et les bas-reliefs ; quil accomplisse un sacrifice purificatoire ; quil les remette en place et quil inscrive son nom ct du mien. Et ainsi, Anu et Raman, les grands dieux, lui accorderont la joie du cur et le succs dans ses entreprises. Mais celui qui cachera, qui effacera ou qui oblitrera mes tablettes et mes cylindres de fondation, qui les jettera dans leau, qui les dtruira par le feu, qui les enfouira dans la (erre, qui les dposera dans un endroit o lon ne puisse les1 Menant, Annales des rois dAssyrie, p. 1.

voir ; celui qui en enlvera mon nom pour mettre le sien la place et sappropriera les exploits raconts dans mon rcit, et qui altrera ainsi mes inscriptions : quAnu et Raman, les grands dieux, mes seigneurs, le frappent de toute leur force, quils le maudissent par une imprcation fltrissante ; quils abaissent sa royaut et branlent les bases de son trne ; quils brisent la force de son autorit, la puissance de ses armes ; quils mettent en fuite ses armes ; que le dieu Ramau le foudroie, voue son pays a la dsolation, y rpande la pauvret, la faim, la maladie, la mort ; quil ne le laisse pus vivre un jour de plus ; quil dtruise sur la terre et son nom et sa race. Ninive dcouverte et en partie explore, il fallait tenter le mme effort sur Babylone. En 1851, le gouvernement franais organisa une mission scientifique dont la direction fut confie Fulgence Fresnel, ancien consul Djeddah : il tait assist de M. Jules Oppert et du dessinateur Flix Thomas. On connaissait lemplacement de Babylone mieux que celui de Ninive, bien que lnorme couche dalluvions sous laquelle est enfouie la capitale de la Chalde, y rende les fouilles extrmement difficiles. Une petite ville de douze mille mes, Hillah, btie vers lan 1100 de notre re, occupe un coin des ruines de la grande cit. A ct de Hillah, slve un monticule artificiel qui porte le nom de Babil et qui parait form des dcombres dune gigantesque pyramide. A douze kilomtres au sud-ouest est le Birs Nimroud qui apparat bientt aprs la sortie de Hillah, dit M. Oppert, comme une montagne que lon croit pouvoir atteindre immdiatement et qui recule toujours1. Quelle tait donc ltendue de Babylone ? Cette ville, dit Hrodote, situe dans une grande plaine, forme un carr parfait dont chaque ct a cent vingt stades de long, ce qui fait pour lenceinte de la place, quatre cent quatre-vingts stades ; elle est si magnifique, ajoute-t-il, quil ny a pas au monde une cit quon lui puisse comparer. Pausanias dit que Babylone tait la plus grande ville que le soleil et jamais vue dans sa course : Aristote ajoute que ctait une vritable province, et quelle et pu tre compare au Ploponnse tout entier, si lon se ft avis dentourer de remparts la presqule grecque. Daprs les mmes auteurs, llvation des murs de Babylone tait de cent coudes royales, cest-dire de prs de quatre-vingt-quinze mtres, et leur paisseur atteignait jusqu vingt-cinq mtres. Ils taient flanqus de deux cent cinquante tours et protgs par un large foss extrieur o lon amenait les eaux de lEuphrate ; cent portes de bronze avec un encadrement de mme mtal donnaient accs dans la ville qui passait pour la merveille des merveilles. On a souvent rpt que ces dimensions taient exagres : il nen est rien, et notre imagination est anantie quand elle cherche se reprsenter les vastes proportions des constructions assyriennes, aussi prodigieuses que celles de lgypte. La grande enceinte de Babylone, daprs les mesures vrifies sur place par M. Oppert, renfermait un espace de cinq cent treize kilomtres carrs, en dautres termes, un territoire aussi grand que le dpartement de la Seine, sept fois ltendue de lenceinte fortifie du Paris actuel. Des sondages ont retrouv les traces dun boulevard, large de soixante mtres, qui longeait intrieurement lenceinte ; cinquante rues principales, dont vingt-cinq parallles lEuphrate et vingt-cinq perpendiculaires, aboutissant aux cent portes, se coupaient angle droit et divisaient la ville en carrs rguliers. Un seul pont de pierre jet sur lEuphrate et long dun kilomtre mettait en communication les deux parties de la

1 Oppert, Exped. scientif. en Msopotamie. T. I, p. 200.

cit ; le tablier de ce pont, fait de madriers de cdre, tait mobile et on lenlevait toutes les nuits. Outre le site de Babylone, la mission franaise a explor les ruines dtaches qui forment de grands tumulus aux alentours de la ville ; elle a aussi visit les monticules qui bordent le cours du Tigre jusqu Ninive ; malheureusement un dsastre a englouti dans les ondes du Tigre toutes les antiquits charges sur les radeaux qui descendaient le fleuve pour rejoindre, lentre du golfe Persique, le bateau qui devait les transporter Paris. Durant ces trente dernires annes, les archologues anglais se sont pris dune vritable passion pour les antiquits assyriennes, et aprs M. Layard, les voyages de Taylor, de George Smith, et surtout les recherches actives et persvrantes de M. Hormuzd Rassam ont enrichi le Muse Britannique de merveilles qui nont rien de comparable dans aucun muse de lEurope. Bien que les fouilles soient plus difficiles dans la basse Chalde, un voyageur anglais, W. Loftus, a pu nanmoins pratiquer quelques sondages dans les monticules de Warka, lantique Uruk (Erech), qui parat, une certaine poque, avoir servi de ncropole Babylone. Aprs une priode daccalmie funeste, un rveil a commenc se produire en France il y a quelques annes, et le muse du Louvre sest enrichi des antiquits recueillies Tell-Loh par M. de Sarzec, alors notre vice-consul Bassora. Nous aurons plus loin loccasion de faire ressortir limportance capitale de ces monuments, pour les origines de la civilisation chaldenne. De pareilles dcouvertes transforment et modifient incessamment nos ides sur les peuples quelles nous font mieux connatre. Malgr cette longue srie defforts tents depuis un demi-sicle par une pliade de savants dans le domaine de larchologie et de la linguistique, il ne faut pas oublier que lassyriologie est encore, un bien plus haut titre que lgyptologie, une science neuve, et que les landes qui restent dfricher sont bien des fois plus vastes que le champ quon a parcouru jusquici. Il ne faut donc pas stonner si, laide des documents quon essayait dinterprter, on a formul, il y a trente ans, il y a dix ans mme, des thories prmatures qui ne sauraient dj plus tre admises aujourdhui : lavenir nous rserve encore plus dune rvlation inattendue, et lhistoire nestelle pas elle-mme un perptuel devenir ?

CHAPITRE II POPULATIONS PRIMITIVES DE LASSYRIE ET DE LA CHALDE. - SUMER ET ACCAD.

1. LA LANGUE DE SUMER ET DACCAD.Lhistoire ne connat les origines daucun peuple, et plus nos investigations pntrent dans la nuit du pass, plus il semble que lobscurit saccentue et que le sol se drobe sous nos pas dans un abme sans fond. Il arrive tt ou tard un moment fatal o nos regards ne distinguent plus que des fantmes et des ombres incertaines ; la vrit se rit de nos efforts et elle recule sans cesse jusqu un point o il nest plus possible de latteindre, garde quelle est par des lgions de lgendes et de mythes que nos armes mousses sont impuissantes disperser. Les civilisations au berceau nont pas dhistoire, et quand elles deviennent tangibles la critique, elles ont dj, comme lenfant parvenu la raison, perdu le souvenir de leur tout jeune ge. Ainsi en est-il pour les origines des peuples chaldo-assyriens : ce que nous en savons est vague et incertain. Tandis que lgypte poursuivait le cours de ses grandes destines et tait dj parvenue un haut degr de culture matrielle, des masses confuses de peuples sans noms sagitaient dans les plaines de lAsie antrieure, essayant au milieu de dplacements incessants, de pousses et de luttes journalires, de se faire une place au soleil et de se constituer en nations. Une muraille de forteresses chelonnes entre la Mditerrane et la mer Rouge, prservait lgypte de linvasion de ces hordes de barbares dont lhistoire na pas conserv le souvenir. Par leffet dune sorte datavisme inconscient, elles staient attardes sur le sol que linstinct de tous les peuples du globe dsigne comme la premire patrie de lhumanit. Que lon interroge les traditions mythiques del Chine et de lInde comme les plus lointains rcits de la vieille Europe ou des tribus africaines : cest vers le pays de Ninive et de Babylone que se rencontrent tous les souvenirs ; cest l que convergent tous les regards et que tous les tmoignages humains placent lombilic du monde entier. Le rcit biblique est encore celui qui nous fournit ce sujet les dtails les plus circonstancis ; cest dans les plaines de Sennaar que slve Babel, la premire grande ville post-diluvienne, et que se droule le drame de la confusion des langues et de la dispersion des peuples. Aprs le dpart des Noachides, il resta dans le pays, un noyau trs considrable de races diverses, ainsi que latteste, dailleurs, la tradition babylonienne reprsente par Brose : Il y eut dabord Babylone, dit-il, une grande quantit dhommes de nations diverses, qui colonisrent la Chalde1. Aussi haut que les monuments nous fassent remonter, nous distinguons dans ces populations mlanges deux grandes races dominantes : les Smites reprsents principalement par la race dAssur, et les Kouschites partags en deux rameaux dsigns sous les noms de peuples ou pays de Sumer (Schoumerm) et dAccad (Akkadm). La coexistence de ces deux lments ethnographiques na pas besoin dtre prouve. Elle est tablie principalement sur le texte de lcriture qui place formellement en Msopotamie des fils de Cham et des descendants de Sem, et sur la constatation, dans les plus anciens textes cuniformes parvenus jusqu1 Fragments cosmogoniques de Brose, d. Didot, p. 196.

nous, de deux langues dun gnie tout diffrent : lassyrien qui fut toujours la langue des Smites de la Msopotamie, et le sumro-accadien que la plupart des savants ont essay, un peu prmaturment peut-tre, de rattacher aux langues touraniennes. Enfin le premier titre que prennent les rois de Chalde ou dAssyrie, alors mme quils sont incontestablement de race smitique est celui de roi des Sumers et des Accads, roi du pays dAssur, titre qui sest maintenu dans les protocoles officiels jusqu la chute de lempire babylonien, bien quil net, depuis longtemps, plus de signification relle. Lorigine et le caractre ethnographique des Smites, qui ont toujours form le fond de la population de la Chalde et de lAssyrie, ne sont mis en discussion par personne ; il nen est pas de mme pour les Sumro-Accadiens, dont la race et la langue sont lobjet de discussions aussi vives quintressantes. Parmi les savants qui soccupent de ces difficiles problmes, il existe deux systmes radicalement opposs pour expliquer la prsence des Sumro-Accadiens en Chalde, et pour essayer dinterprter les textes que ces peuples nous ont laisss. Comme la question est capitale au point de vue des tudes assyriologiques, nous allons entrer dans quelque dveloppement au sujet du dbat qui est aujourdhui lordre du jour. Ds 18541, M. Oppert signala pour la premire fois, lexistence de textes cuniformes crits dans une langue qui lui parut non smitique, et qui avait d tre en usage dans la Chalde, antrieurement la domination assyrienne. Le savant assyriologue donnait vaguement lidiome quil venait de dcouvrir le nom de casdo-scythique, cest--dire scythique de la Chalde, et sappuyant principalement sur un passage de Justin, labrviateur de Trogue-Pompe, qui dit que les Scythes ont domin pendant quinze cents ans sur lAsie antrieure, il admit qu la suite de lempire fond par le Kouschite Nemrod, avait fleuri en Chalde un empire touranien qui fut lui-mme, aprs de longs sicles de dure, remplac par un empire smitique. Ce systme historique parait se justifier philologiquement par la dmonstration de laffinit de la langue nouvelle appele par les uns le sumrien, par dautres laccadien, avec les langues ouralo-altaques ou touraniennes. Les textes sumro-accadiens, tels que les donnent les monuments retrouvs de nos jours, se prsentent nous soit isols, soit accompagns dune traduction en assyrien. Les textes isols sont gnralement les plus anciens, et ils sont luvre des Sumers et des Accads eux-mmes, tandis que les bilingues ont t rdigs lpoque de lempire smitique, soit par les Assyriens mmes, soit plutt par les reprsentants de lantique race sumro-accadienne qui, sous le nom de Kasdim ou Chaldens proprement dits, formrent les collges sacerdotaux et scientifiques de la Babylonie jusqu la conqute de Cyrus. Il est donc des textes composs une poque o le sumro-accadien tait seul la langue officielle du pays, et jusqu prsent nous avons fort peu de ces documents primitifs ; il en est dautres qui furent crits lorsque le sumro-accadien et lassyrien tendaient dj se pntrer mutuellement, par suite de la fusion des deux races ; il en est enfin qui ne sont que du temps dAssurbanipal ou de Nabuchodonosor, et reprsentent une langue dj morte, absolument comme on crivait encore en latin au moyen ge.

1 Dans un article du Bulletin archologique de lAthenum franais, 21 octobre 1854.

Il rsulte naturellement de ces observations, que dans ces crits les plus modernes, on doit rencontrer des traces nombreuses de smitisme et une forte impression assyrienne, comme on trouve dans le latin du moyen ge des gallicismes foison. En effet, les mots dorigine smitique et assyrienne sont nombreux en sumro-accadien. Les deux langues ayant coexist pendant de longs sicles sur le mme territoire, leurs vocabulaires se sont pntrs lun lautre et ont fini par se faire des emprunts rciproques. Le mme phnomne sest produit pour nombre dautres langues comme le turc et langlais. Aussi les assyriologues, et M. Oppert tout le premier, ont-ils reconnu depuis longtemps, lexistence dune forte proportion dlments dorigine sumro-accadienne dans le lexique assyrien ; en revanche, aussi haut que nous fassent remonter les monuments de la langue sumro-accadienne, nous y observons certains mots incontestablement emprunts aux racines smitiques, mais avec une vocalisation particulire, les voyelles du mot assyrien paraissant avoir t modifies daprs les lois euphoniques propres au sumro-accadien, et quelquefois mme avec des altrations plus profondes qui cependant ne dguisent pas entirement lorigine smitique du mot. Les savants qui admettent lexistence dune antique civilisation touranienne en Chalde font remarquer avec raison que cest l un des faits les plus nouveaux et les plus inattendus qui soient sortis du dchiffrement des inscriptions cuniformes, et de ltude des monuments originaux du monde chaldo-assyrien. On a vu, dans le premier volume de cet ouvrage, que les Touryas taient une des races qui staient rpandues les premires dans le monde, avant les grandes migrations smitiques et aryennes, et quen Asie comme en Europe, ils avaient couvert une immense tendue de territoire. Du Tigre lIndus, on pense quils occupaient, au nord des Kouschites, tous les pays qui furent ensuite conquis par les Iraniens, et ils tenaient la plus grande partie de lInde. Quand les Smites dun ct, les Aryas de lautre, eurent opr leurs migrations et se furent tablis sur les terres quils ne devaient plus quitter, il resta toujours entre eux, nous diton, pour les sparer, une zone de populations touraniennes, savanant comme un coin jusquau golfe Persique et occupant les montagnes qui sparent la Perse du bassin de lEuphrate et du Tigre. Daprs cette thorie gnralement accepte par les orientalistes, il faut admettre que la Mdie et la Susiane furent primitivement peuples, en grande partie, de populations tartaro-finoises, et que les Touraniens de la Chalde formaient comme le dernier anneau de cette chane ininterrompue, en se rattachant directement ceux de la Susiane et de la Mdie. La thorie oppose celle que nous venons de dvelopper a t soutenue pour la premire fois par M. Joseph Halvy qui publia, en 1874, ses Observations critiques sur les prtendus Touraniens de la Babylonie1. Lauteur nie formellement non seulement la prsence, aucune poque, de la race touranienne en Chalde, mais lexistence mme de la langue dcouverte par M. Oppert. Depuis plus de vingt ans, dit M. Halvy, les assyriologues admettent unanimement que le sud de la Msopotamie, et surtout la Babylonie, auraient t primitivement habiles par une population touranienne, parlant une langue qui se rattacherait au groupe ougro-finnois-turc ; que ces Touraniens, nomms Accadiens par les uns, Sumriens par les autres, auraient invent le systme1 Journal asiatique, juin 1874.

dcriture cuniforme et initi les tribus smitiques, arrives aprs eux dans la mme rgion, aux arts les plus indispensables la vie civilise, de sorte que la civilisation assyro-babylonienne proviendrait de la fusion de deux races et de deux gnies distincts dans une seule nationalit ; enfin, que les Accadiens, identiques aux Chaldens des auteurs, formant la classe sacerdotale, auraient employ leur idiome touranien dans les conjurations magiques et dans les rites les plus sacrs de la religion assyro-babylonienne... Dans le groupe nombreux de savants qui cultivent actuellement lassyriologie, le touranisme primitif de la civilisation babylonienne est regard comme un fait acquis la science... Il y a donc une certaine tmrit rvoquer en doute des opinions qui sont considres comme des axiomes... En exposant franchement les raisons qui mempchent daccepter lorigine touranienne de lcriture cuniforme, je nai point voulu contester le dchiffrement mme des textes dits accadiens ; au contraire, je me suis servi des rsultats de ces dchiffrements pour dmontrer que les textes en question, loin dtre rdigs dans une langue touranienne, sont des textes assyriens crits dans un systme particulier didographisme qui, cause de son antiquit, a t cens plus sacr que rcriture purement phontique1. Et la fin de son mmoire, M. Halvy conclut comme il suit : En ce qui concerne le touranisme de la prtendue langue sumrienne ou accadienne, il nous semble, dit-il, avoir constat : 1 Que la phontique accadienne diffre absolument de celle qui dis-lingne les idiomes ouralo-altaques ; 2 Que les idiomes de la race touranienne dune part et lidiome dAccad de lautre, ont chacun une grammaire diamtralement oppose ; 3 Quil nexiste aucune similitude sensible entre le vocabulaire accadien et celui qui est propre aux langues ougro-finnoises. En ce qui concerne lexistence, en Babylonie, dune race smitique qui aurait constitu le premier empire chalden : 1 Que les plus antiques uvres dart dcouvertes sur le sol de la Chalde portent une physionomie exclusivement smitique ; 2 Que les noms gographiques du sud de la Msopotamie qui nous restent ne montrent aucune trace dun peuple non smitique ; 3 Que les traditions rapportes par les crivains sacrs et profanes, ainsi que les tmoignages qui ressortent des documents originaux, sopposent la pense que le premier empire de Babylonie ait t fond par une race autre que les Assyro-Babyloniens proprement dits. En ce qui concerne les origines du syllabaire cuniforme : 1 Que la tradition des Babyloniens et des Assyriens considre linven-lion des lettres comme une uvre minemment nationale et smitique ; 2 Que le syllabaire assyro-babylonien, par son caractre intrinsque, ne convient qu un idiome smitique ;

1 M. Halvy a reconnu dans ses crits postrieurs, ce quil y a dinexact dans celte proposition,

relativement au caractre exclusivement idographique du sumro-accadien.

3 Que les syllabes produites par les signes cuniformes correspondent aux mots assyriens, qui expriment des ides que ces signes reprsentent en qualit de monogrammes ; 4 Que la composition et lagencement des signes cuniformes dans les documents nomms accadiens, rvlent tous les caractres dun systme artificiel et destin tre compris par la vue. Il ntait pas possible de sinscrire plus directement en faux contre ce que tout le monde regardait comme un axiome scientifique. M. J.