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Imprimer cet article date de publication : mercredi 13/09/2006 Portrait. Heloisa Helena veut rassembler les déçus de Lula. CARPENTIER Steve Candidate à l'élection présidentielle du 1er octobre au Brésil, Heloisa Helena se présente comme une alternative de gauche au président Lula. Si elle n'a aucune chance d'être élue, elle pourrait contraindre le chef de l'État sortant à un second tour. «Choisir Lula, c'est voter pour le banditisme politique » : c'est avec ce genre de slogan choc qu'Heloisa Helena mène, tambour battant, sa campagne en vue de l'élection présidentielle du 1er octobre au Brésil. Ses mots font mouche puisqu'elle est créditée de près de 10 % des intentions de vote. Un chiffre insuffisant pour être élue, mais qui pourrait pousser Lula à un second tour, alors que les enquêtes le donnent pour l'heure gagnant dès le premier tour, avec 51 % des voix. Heloisa Helena connaît bien le chef de l'État sortant, puisqu'elle est un pur produit de son Parti des travailleurs (PT). Exclue de celui-ci en 2003 en raison de ses refus répétés de voter les projets de loi gouvernementaux, elle entre en dissidence en créant le parti Socialisme et liberté, un micro-parti qui compte sept députés et une sénatrice (elle-même), à peine 20 000 militants et dont l'antienne est l'antilibéralisme, l'anticapitalisme et l'anti- impérialisme. Qualifiée de « Rosa Luxembourg brésilienne », elle n'a de cesse, depuis sa mise à l'écart du PT - épisode qu'elle qualifie de « procès en inquisition » - de vilipender Lula, notamment depuis la tribune du Sénat où elle siège depuis 1998. Elle n'hésite pas à parler, en référence aux nombreux membres du parti présidentiel impliqués dans des scandales de corruption, de « délinquants de luxe », de « sauvageons » ou de « saboteurs ». Mais le fonds de commerce d'Heloisa Helena, c'est avant tout sa sincérité, son empathie avec le peuple, voire parfois son populisme. Éternellement vêtue d'un jean, d'une chemise blanche en coton et de sandales plates, sa simplicité revendiquée le dispute à son ton guerrier. Lors d'un récent meeting à Rio de Janeiro, elle n'hésitait pas à qualifier « sa Majesté Barbue » Lula de « gangster » et de « leader d'une organisation criminelle capable de liquider et de tuer quiconque menace ses projets de pouvoir ». Sa rhétorique marxisante est proche, en France, de celle de la Ligue communiste révolutionnaire, dont elle vient de recevoir l'appui officiel. À l'étranger, son large comité de soutien comprend d'ailleurs tout ce que l'intelligentsia d'extrême gauche compte de figures historiques. Le linguiste américain Noam Chomsky, le sociologue français Michael Lowy et le cinéaste britannique Ken Loach ont, avec 250 autres intellectuels, signé un manifeste dénonçant la politique libérale du gouvernement. Page 1 of 1 - la-Croix.com 17/2/2009 http://www.la-croix.com/sdx/alc/imprimer.xsp?id=20060913-6302730.xml&base=c

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Qualifiée de « Rosa Luxembourg brésilienne », elle n'a de cesse, depuis sa mise à l'écart du PT - épisode qu'elle qualifie de « procès en inquisition » - de vilipender Lula, notamment depuis la tribune du Sénat où elle siège depuis 1998. Elle n'hésite pas à parler, en référence aux nombreux membres du parti présidentiel impliqués dans des scandales de corruption, de « délinquants de luxe », de « sauvageons » ou de « saboteurs ».

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date de publication : mercredi 13/09/2006

Portrait. Heloisa Helena veut rassembler les déçus de Lula.

CARPENTIER Steve Candidate à l'élection présidentielle du 1er octobre au Brésil, Heloisa Helena se présente comme une alternative de gauche au président Lula. Si elle n'a aucune chance d'être élue, elle pourrait contraindre le chef de l'État sortant à un second tour.

«Choisir Lula, c'est voter pour le banditisme politique » : c'est avec ce genre de slogan choc qu'Heloisa Helena mène, tambour battant, sa campagne en vue de l'élection présidentielle du 1er octobre au Brésil. Ses mots font mouche puisqu'elle est créditée de près de 10 % des intentions de vote. Un chiffre insuffisant pour être élue, mais qui pourrait pousser Lula à un second tour, alors que les enquêtes le donnent pour l'heure gagnant dès le premier tour, avec 51 % des voix.

Heloisa Helena connaît bien le chef de l'État sortant, puisqu'elle est un pur produit de son Parti des travailleurs (PT). Exclue de celui-ci en 2003 en raison de ses refus répétés de voter les projets de loi gouvernementaux, elle entre en dissidence en créant le parti Socialisme et liberté, un micro-parti qui compte sept députés et une sénatrice (elle-même), à peine 20 000 militants et dont l'antienne est l'antilibéralisme, l'anticapitalisme et l'anti-impérialisme.

Qualifiée de « Rosa Luxembourg brésilienne », elle n'a de cesse, depuis sa mise à l'écart du PT - épisode qu'elle qualifie de « procès en inquisition » - de vilipender Lula, notamment depuis la tribune du Sénat où elle siège depuis 1998. Elle n'hésite pas à parler, en référence aux nombreux membres du parti présidentiel impliqués dans des scandales de corruption, de « délinquants de luxe », de « sauvageons » ou de « saboteurs ».

Mais le fonds de commerce d'Heloisa Helena, c'est avant tout sa sincérité, son empathie avec le peuple, voire parfois son populisme. Éternellement vêtue d'un jean, d'une chemise blanche en coton et de sandales plates, sa simplicité revendiquée le dispute à son ton guerrier. Lors d'un récent meeting à Rio de Janeiro, elle n'hésitait pas à qualifier « sa Majesté Barbue » Lula de « gangster » et de « leader d'une organisation criminelle capable de liquider et de tuer quiconque menace ses projets de pouvoir ».

Sa rhétorique marxisante est proche, en France, de celle de la Ligue communiste révolutionnaire, dont elle vient de recevoir l'appui officiel. À l'étranger, son large comité de soutien comprend d'ailleurs tout ce que l'intelligentsia d'extrême gauche compte de figures historiques. Le linguiste américain Noam Chomsky, le sociologue français Michael Lowy et le cinéaste britannique Ken Loach ont, avec 250 autres intellectuels, signé un manifeste dénonçant la politique libérale du gouvernement.

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17/2/2009http://www.la-croix.com/sdx/alc/imprimer.xsp?id=20060913-6302730.xml&base=c