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SOS COTE D’IVOIRE 15 Côte d'IvoIre: L'état des massaCres villages incendiés, habitants brulés vifs, paysans traqués en brousse par centaines. et parfois plus: un millier lors de l'en- trée des pro-ouattara à duékoué, à l' ouest du pays: crimes de guerre ou crimes contre l 'humanité? M ais aussi des quartiers entiers d'Abidjan pillés, des mili- tants pro-Gbagbo assassinés tous les jours pour leur nom, leur âge , leur ethnie (l'ethnocide au Sud concerne en particulier les Bétés, Akyés et Guérés) : par centaines, sans compter les torturés ou les liquidés de l' hôtel du Golf, siège du nouveau pouvoir et base de ses escadrons de la mort. Trois fois plus de morts -de 3000 à 5000 cadavres- pour les deux mois d'Alassane Ouattara, ce héros de l'Occident, que pendant les 10 ans de la gouvernance de Laurent Gbagbo ! Où sont les humanitaires et leurs relais, les dénonciations politiques à Paris et les résolutions de l'ONU ? Arrêtons la fausse symétrie entre les deux camps: ces massacres sont bien le fait des pro-Ouattara, cautionnés par l'armée française et onusienne, dans une complicité implicite ou pas- sive. Chacun sait maintenant que les hélicoptères d'assaut de la force Licorne et ses supplétifs onusiens ont réalisé la pire inter- vention coloniale depuis la répression de l' UPC au Cameroun et la guerre d'Algérie. Décapiter l'élite politique et intellectuelle sudiste, proche de Laurent Gbagbo et du Front populaire ivoirien au profit d'un « mercenaire » des intérêts occidentaux-selon l'expression de Jean Ziegler. Bombarder les lieux de pouvoir d'un pays qui n' a plus de souverain que le nom: présidence, résidence , camp mili- taire, télévision... La leçon est terrible: 50 ans après les In- dépendances formelles, il n'y plus que sujétion et humiliation! Et voilà qui remet en cause bien des analyses à la mode: à l'aune du coup d'Etat franco onusien , on n'est pas encore en « post colonie », ni prêt à sortir de la nuit coloniale. Décidément ,chaque fois que l 'homme africain s' essaie à rentrer dans l 'his- toire, on lui écrase le visage à coup de bottes! Malgré un formatage médiatique et une certaine lâcheté chez des analystes patentés qui ont cautionné ces massacres, la vérité se fait jour. Il faut arrêter la fausse symétrie entre les deux camps et la politique d'occultation des « spécialistes des droits de l' homme » : depuis la prise du pouvoir du camp Ouat- tara, c'est bien eux qui massacrent en fonction des cartes d' identité- comme au Rwanda. qui torturent ou massacrent, em- bastillent ou déportent les opposants, tandis que les journalistes pro Gbagbo sont traqués et que l'« Etat dyoula » s 'est mis en place: tout le reste est révisionnisme. Quel recours à Yopougon, quartier martyr, quand les tueurs fait des « patrouilles communes » avec la force Licorne et l' ONUCI ? Plus qu'au Rwanda, notre institution militaire est complice ou coupable: où est la fameuse « éthique » dont se targuent les philosophes en kaki- notamment l' obligation de désobéir à des ordres illégaux? À qui a sillonné le pays depuis 20 ans, suivi les élections sur le terrain et mené de récentes missions en zone rebelle,le doute n 'est pas permis: oui, les élections largement truquées au Nord ont bien été « la continuation de la guerre par d'autres moyens » (Bertrand Badie). Oui, l'ambassade de France a été et reste une officine anti-Gbagbo. Et oui, la déportation en terre enne- mie et l'incarcération à la Lumumba, dans des conditions igno- bles, des responsables pro-gbagbo ont été autant planifiées que la désinformation continue ou l' armement des rebelles jusqu'à la logistique , les pick-ups ou les uniformes ! C'est pourquoi, les responsables onusiens ou français, donneurs d 'ordre illégaux en regard des résolutions onusiennes risquent la Haute cour de justice ou les juridictions internationales, tan- dis que Guillaume Soro et Alassane Ouattara sont passibles de la CPI pour ce qui se passe en Cote d' Ivoire ! A propos, comment s 'appelle t- il, un régime qui massacre sa propre population, qui est arrivé au pouvoir dans les fourgons (pardon, les hélicoptères!) de l'étranger, qui n' a de forces que des bandes armées incontrôlables et des délinquants sans foi ni loi ? Sans Parlement ni Cour constitutionnelle, contrôlé par deux corps expéditionnaires, en train de brader les richesses du pays sans contrôle, et de tuer comme au Rwanda sur des bases eth- niques ? Vous avez dit « dictature »? Michel Galy Politologue, Paris

huitième numero (Page 15)

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Trois fois plus de morts -de 3000 à 5000 cadavres- pour les deux mois d'Alassane Ouattara, ce héros de l'Occident, que pendant les 10 ans de la gouvernance de Laurent Gbagbo ! Où sont les humanitaires et leurs relais, les dénonciations politiques à Paris et les résolutions de l'ONU ? place: tout le reste est révisionnisme. █ Michel Galy Politologue, Paris

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Page 1: huitième numero (Page 15)

SOS COTE D’IVOIRE 15

Côted'IvoIre:

L'état desmassaCres

villages incendiés, habitants brulés vifs, paysans traqués enbrousse par centaines. et parfois plus: un millier lors de l'en-trée des pro-ouattara à duékoué, à l' ouest du pays: crimesde guerre ou crimes contre l 'humanité?

Mais aussi des quartiers entiers d'Abidjan pillés, des mili-tants pro-Gbagbo assassinés tous les jours pour leur nom,leur âge , leur ethnie (l'ethnocide au Sud concerne en

particulier les Bétés, Akyés et Guérés) : par centaines, sanscompter les torturés ou les liquidés de l' hôtel du Golf, siège dunouveau pouvoir et base de ses escadrons de la mort.

Trois fois plus de morts -de 3000 à 5000 cadavres- pour les deuxmois d'Alassane Ouattara, ce héros de l'Occident, que pendantles 10 ans de la gouvernance de Laurent Gbagbo ! Où sont leshumanitaires et leurs relais, les dénonciations politiques à Pariset les résolutions de l'ONU ?

Arrêtons la fausse symétrie entre les deux camps: ces massacressont bien le fait des pro-Ouattara, cautionnés par l'arméefrançaise et onusienne, dans une complicité implicite ou pas-sive. Chacun sait maintenant que les hélicoptères d'assaut de laforce Licorne et ses supplétifs onusiens ont réalisé la pire inter-vention coloniale depuis la répression de l' UPC au Cameroun etla guerre d'Algérie.

Décapiter l'élite politique et intellectuelle sudiste, proche deLaurent Gbagbo et du Front populaire ivoirien au profit d'un «mercenaire » des intérêts occidentaux-selon l'expression de JeanZiegler. Bombarder les lieux de pouvoir d'un pays qui n' a plusde souverain que le nom: présidence, résidence , camp mili-taire, télévision... La leçon est terrible: 50 ans après les In-dépendances formelles, il n'y plus que sujétion et humiliation!

Et voilà qui remet en cause bien des analyses à la mode: à l'aunedu coup d'Etat franco onusien , on n'est pas encore en « postcolonie », ni prêt à sortir de la nuit coloniale. Décidément,chaque fois que l 'homme africain s' essaie à rentrer dans l 'his-toire, on lui écrase le visage à coup de bottes!

Malgré un formatage médiatique et une certaine lâcheté chezdes analystes patentés qui ont cautionné ces massacres, lavérité se fait jour. Il faut arrêter la fausse symétrie entre lesdeux camps et la politique d'occultation des « spécialistes desdroits de l' homme » : depuis la prise du pouvoir du camp Ouat-tara, c'est bien eux qui massacrent en fonction des cartes d'identité- comme au Rwanda. qui torturent ou massacrent, em-bastillent ou déportent les opposants, tandis que les journalistespro Gbagbo sont traqués et que l'« Etat dyoula » s 'est mis en

place: tout le reste est révisionnisme.

Quel recours à Yopougon, quartier martyr, quand les tueurs faitdes « patrouilles communes » avec la force Licorne et l' ONUCI? Plus qu'au Rwanda, notre institution militaire est complice oucoupable: où est la fameuse « éthique » dont se targuent lesphilosophes en kaki- notamment l' obligation de désobéir à desordres illégaux?

À qui a sillonné le pays depuis 20 ans, suivi les élections sur leterrain et mené de récentes missions en zone rebelle,le douten 'est pas permis: oui, les élections largement truquées au Nordont bien été « la continuation de la guerre par d'autres moyens» (Bertrand Badie). Oui, l'ambassade de France a été et resteune officine anti-Gbagbo. Et oui, la déportation en terre enne-mie et l'incarcération à la Lumumba, dans des conditions igno-bles, des responsables pro-gbagbo ont été autant planifiées quela désinformation continue ou l' armement des rebelles jusqu'àla logistique , les pick-ups ou les uniformes !

C'est pourquoi, les responsables onusiens ou français, donneursd 'ordre illégaux en regard des résolutions onusiennes risquentla Haute cour de justice ou les juridictions internationales, tan-dis que Guillaume Soro et Alassane Ouattara sont passibles dela CPI pour ce qui se passe en Cote d' Ivoire !

A propos, comment s 'appelle t- il, un régime qui massacre sapropre population, qui est arrivé au pouvoir dans les fourgons(pardon, les hélicoptères!) de l'étranger, qui n' a de forces quedes bandes armées incontrôlables et des délinquants sans foi niloi ? Sans Parlement ni Cour constitutionnelle, contrôlé par deuxcorps expéditionnaires, en train de brader les richesses du payssans contrôle, et de tuer comme au Rwanda sur des bases eth-niques ? Vous avez dit « dictature »?

█ Michel Galy Politologue, Paris