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- Des cartes pour comprendre le monde. Le monde dans lequel nous vivons apparaît à beaucoup d’entre nous comme de plus en plus complexe sous l’effet de la mondialisation et de l’accès aux Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication (NTIC). De ces données découle la nécessité de clés de lecture multiples que la géographie propose. Ces clés de lecture doivent être croisées pour apprécier la complexité du monde (géoéconomie, géopolitique, géoculturelle, géo- environnementale). Les cartes représentent le monde, mais elles ne sont pas le monde, elles sont un discours sur le monde. Dans quelle mesure les cartes nous permettent-elles d’appréhender la complexité du monde et quelles sont les limites de cet outil ? I. Une humanité marquée par de multiples inégalités géoéconomiques. Problématique : Pourquoi les transformations économiques et sociales récentes nous imposent- elles de repenser la cartographie géoéconomique de l’espace mondial ? A. Représenter les inégalités géoéconomiques : 1) Peut-on encore parler de limite Nord/Sud ? Carte de la limite Nord/ Sud dans les manuels des années 1950 et 1989. Par convention de la limite Nord/Sud : Les pays du Nord sont l’ensemble des pays développés, Les pays du Sud sont l’ensemble des pays en développement ou émergeants. La notion de développement mesurée par l’IDH (indice de développement humain) mesuré à partir de 3 indicateurs : le Revenu National Brut par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau de scolarisation

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Des cartes pour comprendre le monde. Le monde dans lequel nous vivons apparaît à beaucoup d’entre nous comme de plus en plus complexe sous l’effet de la mondialisation et de l’accès aux Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication (NTIC). De ces données découle la nécessité de clés de lecture multiples que la géographie propose. Ces clés de lecture doivent être croisées pour apprécier la complexité du monde (géoéconomie, géopolitique, géoculturelle, géo- environnementale). Les cartes représentent le monde, mais elles ne sont pas le monde, elles sont un discours sur le monde.

Dans quelle mesure les cartes nous permettent-elles d’appréhender la complexité du monde et quelles sont les limites de cet outil ?

I. Une humanité marquée par de multiples inégalités géoéconomiques.

Problématique : Pourquoi les transformations économiques et sociales récentes nous imposent- elles de repenser la cartographie géoéconomique de l’espace mondial ?

A. Représenter les inégalités géoéconomiques :

1) Peut-on encore parler de limite Nord/Sud ?

Carte de la limite Nord/ Sud dans les manuels des années 1950 et 1989.

Par convention de la limite Nord/Sud :

• Les pays du Nord sont l’ensemble des pays développés,

• Les pays du Sud sont l’ensemble des pays en développement ou émergeants.

La notion de développement mesurée par l’IDH (indice de développement humain) mesuré à partir de 3 indicateurs : le Revenu National Brut par habitant, l’espérance de vie à la naissance et le niveau de scolarisation

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▪ La limite Nord/Sud peut être vue comme un héritage de la colonisation et des débuts de la décolonisation.

▪ La notion de développement a été utilisée pour pallier à l’échec de la notion de « mission civilisatrice ».

▪ La limite Nord/Sud est en mouvement selon les époques, aujourd’hui une limite qui devient de plus en plus difficile à tracer avec la notion de pays émergents.

C’est donc un monde qui est marqué par des inégalités de développement importantes

▪ La Limite Nord/Sud dépendrait donc de l’IDH, mais le Brésil est situé dans les pays du Sud alors que la Russie se trouve dans les pays du Nord avec des IDH similaires

La Notion d’émergence est, au départ une notion qui s’appuie sur des critères économiques, mais tous les économistes ne s’accordent pas entre eux sur les critères de l’émergence même si un consensus apparaît autour de certains pays

La Notion de BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)a été inventée par la banque d’affaires Goldman Sachs pour mise en place de produits financiers indexés sur la croissance de ces pays. Cette notion ne peut cependant se résumer à l’aspect économique : l’émergence doit aussi prendre en compte le développement humain, mais aussi certains aspects de la puissance, tels que le hard power (pouvoir de contrainte, d’imposer sa volonté)

2) D’autres manières de lire les inégalités :

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L’IDH est différent du PIB : PIB/hab qui mesure la richesse produite par habitant seulement (indicateur utilisé dans la mesure de la croissance à un moment où l’on liait ce critère à un mieux-être des populations) donc même dans les pays où PIB est important, l’IDH peut-être faible si des inégalités des existent. On peut mesurer par exemple les inégalités de revenus avec le coefficient de Gini, qui donne une indication sur les inégalités économiques au sein d’un pays. On observe alors :

- Des Nords et des Suds à toutes les échelles. Il y a des Nords dans les pays des Suds (ex à l’échelle locale quartier des affaires à Abidjan en Côte d’Ivoire, quartier de Zamalek sur l’île de Gezireh au Caire : ambassades, groupes sociaux aisés, expatriés… ou encore à l’échelle nationale : Sudeste brésilien plus riche que le Nordeste,)

- Des Suds dans les Nords , par exemple des SDF qui vivent dans les égouts de Las Vegas, des bidonvilles en région parisienne ; c’est une notion de ségrégation socio-spatiale, voire

de fragmentation socio-spatiale comme à Mumbai (Dharavi, plus grande bidonville d’Asie dans la capitale économique indienne, ou Rio de Janeiro et ses favelas face aux « gated communities »).

- Existence aussi d’autres indicateurs comme l’IPH calculé pour les pays en développement (IPH-1 qui prend en compte le pourcentage d’individus à l’espérance de vie à la naissance inférieure à 40 ans, le taux d’analphabétisme, le pourcentage de population privée d’accès à l’eau potable, le pourcentage de population privé d’accès aux services de santé, le pourcentage d’enfants de moins de 5 ans souffrant d’insuffisances pondérales) et pour les pays développés IPH-2 (% d’individus à l’espérance de vie à la naissance inférieure à 60 ans, le taux d’illettrisme, le pourcentage de personne vivant sous le seuil de pauvreté monétaire (50% du revenu médian du pays), le taux de chômage longue durée). Ces indicateurs permettent d’obtenir des visions plus nuancées des situations vécues à l’intérieur de chaque territoire par une meilleure prise en compte de leurs spécificités.

3) Le choix du cartographe : projection et centration et discrétisation des données :

Les choix du cartographe influent aussi sur les représentations que nous nous faisons des phénomènes montrés. Quels sont ces choix ?

• Des choix thématiques, des choix synthétiques : carte possède un cadre limité et doit être lisible ce qui limite la quantité et la qualité des informations qui y sont contenues

• Le choix de l’échelle de représentation qui gomme ou surreprésente un phénomène (déjà vu plus haut)

• Le choix de la projection pour ce qui concerne les planisphères : problème : comment représenter une surface sphérique sur un espace plan sans déformer les surfaces. Il existe ainsi de multiples projections possibles.

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La projection de Mercator est la plus courante, mais elle accentue les surfaces aux pôles et par contrecoup, réduit les surfaces des terres à l’équateur, où se situent la majorité des habitants et des anciens pays colonisés. Elle influe encore beaucoup sur la représentation que les hommes ont de la surface terrestre. Développée en 1569 par Gerhard Mercator. Elle est dite « conforme » car elle conserve les formes et les directions (angles). Très utilisée pour les cartes marines. Elle est beaucoup moins pratique pour représenter les terres émergées ; elle altère les tailles des surfaces et cette distorsion augmente au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’équateur. Dans les faits le Groenland est plus petit que l’Arabie Saoudite, et il est 14 fois plus petit que l’Afrique. De ce fait cette carte minimise l’importance des pays les plus pauvres qui sont généralement situés en zone intertropicale.

Donc Mercator, une projection ancienne mais une vision « occidentale » du monde. Remise en cause dans les années 1980 en parallèle de la montée de l’idéologie tiers-mondiste.

La projection de Peters . Elle est apparue au début des années 1970, cette projection respecte les surfaces : c’est une

projection équivalente. Sur cette carte l’Afrique et l’Amérique latine regagnent l’importance

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que la carte de Mercator leur faisait perdre. Cette carte fut donc un outil très apprécié des tiers- mondistes puis des altermondialistes. Ici c’est une utilisation intentionnelle d’une projection cartographique à des fins politiques. Mais cette projection a l’inconvénient d’écraser les distances et les directions, de même que les surfaces perçues des pays en direction des pôles. En somme le monde n’a pas cette forme-là, il ne faut donc retenir que son message principal et donc la comparaison des surfaces réelles des continents.

La projection polaire semble plus équilibrée. Utilisée aussi pendant la Guerre Froide pour montrer proximité USA/URSS. Donc chaque type de projection n’est pas neutre et suppose d’être défini, voire explicité, critiqué. Cette représentation, que l'on peut faire tourner autour du pôle Nord ou du pôle Sud, a un mérite : L'Europe (ou l'Amérique) n'est plus au milieu et on peut se rendre compte que la mondialisation, c'est d'abord la prise en compte de la circularité du monde, son bouclage en quelque sorte

la centration de la carte est aussi un élément à prendre en compte. En règle générale les cartes sont centrées sur le pays qui les produit. Néanmoins, la centration fait aussi varier les

perceptions :

La carte européo-centrée : Océan

Atlantique parait plus important que l’Océan Pacifique, tandis que ce dernier est plus vaste.

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Le monde vu des USA

Le monde vu du Japon

Le monde vu par les Chinois

Le monde vu par les australiens

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Enfin, la discrétisation des données représentées permet aussi de faire varier les perceptions d’un même phénomène et donc de produire un discours. Ex : discrétisation IDH à des seuils différents permet d’intégrer, ou non, certains pays dans le « club » des pays du Nord (c’est une valorisation d’une forme de puissance, comme la capacité à satisfaire ou non les besoins de sa population).