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J Radiol 2006;87:1727 © 2006. Éditions Françaises de Radiologie. Édité par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés formation médicale continue éditorial Imagerie de l’os temporal J-D Piekarski es premières images du temporal furent réalisées au début du siècle dernier. On peut distinguer trois étapes successives dans la progression des techniques. La première ère, celle de la radiologie standard, a été marquée par la nécessité d’obtenir des incidences spécifiques, complexes. Ces in- cidences recherchaient la bonne fenêtre, afin de visualiser les dif- férentes structures fines du temporal, sans superposition gê- nante. D’où de très nombreuses incidences, décrites par leurs auteurs, qui sont encore familières à certains radiologues (inciden- ces de Guillen, Stenvers, Chaussé, Schuller, etc.). Ces techniques étaient difficiles à réaliser et les images complexes à interpréter. La deuxième étape est marquée par l’arrivée de la tomographie à balayage complexe. Elle permet un bond qualitatif dans l’évalua- tion du temporal, en s’affranchissant des superpositions et des traî- nées de balayage, très gênantes. Cette technique décrite en 1932 par Ziedeses-Desplantes ne verra sa réalisation achevée que dans les années 1950, avec le polytome (Philips), puis le stratomatic (Compa- gnie Générale de Radiologie). L’apport du balayage complexe, as- sociée à des tubes à foyer fin, fait progresser, de façon importante, la radiologie du temporal et les travaux, réalisés en commun par les radiologues et les otologistes à la Fondation Rothschild, vont avoir un retentissement international. Le Docteur Jacqueline Vi- gnaud va marquer, de par ses compétences et ses talents pédagogi- ques, plusieurs générations de radiologues. Enfin, l’arrivée successive de la TDM et de l’IRM permet un nouveau bond qualitatif dans l’approche du temporal et finale- ment ces progrès technologiques simplifient l’interprétation de l’imagerie du temporal. La TDM En coupes fines et haute résolution, associées à des algorithmes de reconstruction spécifique, elle représente un progrès important par rapport à la tomographie à balayage complexe. Actuellement, la plupart des scanners multibarrettes permet- tent de réaliser des acquisitions volumiques, avec visualisation en reconstruction multiplanaire des structures dans leur axe (articulation incudomalléaire, platine de l’étrier, prothèse ossi- culaire). Certaines machines nécessitent, cependant, d’explorer encore le rocher en coupes axiales et coronales directes. L’IRM Elle est réservée à l’exploration de l’oreille interne : labyrinthe et méat acoustique interne. Les coupes fines, fortement pondérées en T2, permettent une visualisation directe des différents éléments du paquet acoustico-facial. Plus récemment, certaines études ont montré l’intérêt de l’IRM dans l’exploration de la caisse, notam- ment dans le cadre des cholestéatomes, mais ces indications restent limitées. En résumé, l’étude par l’imagerie des différentes pathologies du temporal est aujourd’hui simplifiée. Les paramètres techni- ques d’exploration aussi bien en TDM qu’en IRM sont aujourd’hui bien codifiés. La pathologie de l’oreille moyenne est du domaine de la TDM, avec exploration des surdités de transmission, des otites compliquées, des malformations ou des traumatismes. La pathologie de l’oreille interne est l’apanage de l’IRM, avec l’exploration des surdités de perception ou neu- rosensorielle. Ces techniques se complètent aujourd’hui, de fa- çon assez simple. Trois impératifs demeurent nécessaires : une bonne connaissance de l’anatomie complexe de cette région, un dialogue avec le clinicien et une technique de réalisation rigoureuse. Ce cahier thématique a ainsi pour but de faire le point sur une imagerie réputée difficile. Les différents exposés proposent un large éventail de nos connaissances actuelles sur l’imagerie du temporal. L Service d’Imagerie, Fondation A. de Rothschild, 25-29, rue Manin, 75940 Paris Cedex 19. Correspondance : J-D Piekarski

Imagerie de l’os temporal

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J Radiol 2006;87:1727© 2006. Éditions Françaises de Radiologie. Édité

par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

formation médicale continue

éditorial

Imagerie de l’os temporal

J-D Piekarski

es premières images du temporal furent réalisées au débutdu siècle dernier. On peut distinguer trois étapes successivesdans la progression des techniques.

La première ère, celle de la radiologie standard, a été marquée parla nécessité d’obtenir des incidences spécifiques, complexes. Ces in-cidences recherchaient la bonne fenêtre, afin de visualiser les dif-férentes structures fines du temporal, sans superposition gê-nante. D’où de très nombreuses incidences, décrites par leursauteurs, qui sont encore familières à certains radiologues (inciden-ces de Guillen, Stenvers, Chaussé, Schuller, etc.). Ces techniquesétaient difficiles à réaliser et les images complexes à interpréter.La deuxième étape est marquée par l’arrivée de la tomographie àbalayage complexe. Elle permet un bond qualitatif dans l’évalua-tion du temporal, en s’affranchissant des superpositions et des traî-nées de balayage, très gênantes. Cette technique décrite en 1932 parZiedeses-Desplantes ne verra sa réalisation achevée que dans lesannées 1950, avec le polytome (Philips), puis le stratomatic (Compa-gnie Générale de Radiologie). L’apport du balayage complexe, as-sociée à des tubes à foyer fin, fait progresser, de façon importante, laradiologie du temporal et les travaux, réalisés en commun par lesradiologues et les otologistes à la Fondation Rothschild, vontavoir un retentissement international. Le Docteur Jacqueline Vi-gnaud va marquer, de par ses compétences et ses talents pédagogi-ques, plusieurs générations de radiologues.Enfin, l’arrivée successive de la TDM et de l’IRM permet unnouveau bond qualitatif dans l’approche du temporal et finale-ment ces progrès technologiques simplifient l’interprétation del’imagerie du temporal.

La TDM

En coupes fines et haute résolution, associées à des algorithmesde reconstruction spécifique, elle représente un progrès

important par rapport à la tomographie à balayage complexe.Actuellement, la plupart des scanners multibarrettes permet-tent de réaliser des acquisitions volumiques, avec visualisationen reconstruction multiplanaire des structures dans leur axe(articulation incudomalléaire, platine de l’étrier, prothèse ossi-culaire).Certaines machines nécessitent, cependant, d’explorer encore lerocher en coupes axiales et coronales directes.

L’IRM

Elle est réservée à l’exploration de l’oreille interne : labyrinthe etméat acoustique interne. Les coupes fines, fortement pondéréesen T2, permettent une visualisation directe des différents élémentsdu paquet acoustico-facial. Plus récemment, certaines études ontmontré l’intérêt de l’IRM dans l’exploration de la caisse, notam-ment dans le cadre des cholestéatomes, mais ces indications restentlimitées.En résumé, l’étude par l’imagerie des différentes pathologiesdu temporal est aujourd’hui simplifiée. Les paramètres techni-ques d’exploration aussi bien en TDM qu’en IRM sontaujourd’hui bien codifiés. La pathologie de l’oreille moyenneest du domaine de la TDM, avec exploration des surdités detransmission, des otites compliquées, des malformations ou destraumatismes. La pathologie de l’oreille interne est l’apanagede l’IRM, avec l’exploration des surdités de perception ou neu-rosensorielle. Ces techniques se complètent aujourd’hui, de fa-çon assez simple.Trois impératifs demeurent nécessaires : une bonne connaissance del’anatomie complexe de cette région, un dialogue avec le clinicien etune technique de réalisation rigoureuse.Ce cahier thématique a ainsi pour but de faire le point sur uneimagerie réputée difficile. Les différents exposés proposent unlarge éventail de nos connaissances actuelles sur l’imagerie dutemporal.

L

Service d’Imagerie, Fondation A. de Rothschild, 25-29, rue Manin, 75940 Paris Cedex 19.Correspondance : J-D Piekarski