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Imagerie de la Femme 2008;18:3 Éditorial 3 © 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Éditorial Imagerie en radiothérapie : aussi importante que méconnue… Corinne Balleyguier Service de radiodiagnostic, Institut Gustave Roussy, 39, rue Camille Desmoulins, 94805 Villejuif. Correspondance : C. Balleyguier, à l’adresse ci-dessus. Email : [email protected] Qui peut encore aujourd’hui ignorer que la radiothé- rapie est un véritable sujet de débat ? Elle traite, elle gué- rit, mais elle est aussi sur le banc des accusés. L’imagerie en radiothérapie est aujourd’hui la grande méconnue, mais pourtant c’est un acteur très important. Imagerie et radio- thérapie se rencontrent au moins en deux occasions : la définition du volume à irradier et l’évaluation du traite- ment. Pour le calcul du volume, les besoins en imagerie pour planifier la radiothérapie ont grandi aussi vite que les techniques d’irradiation ont évolué. La radiothérapie est maintenant fractionnée ou hyperfractionnée, confor- mationnelle, auto-contrôlée. Une véritable « frappe chirurgicale ». La technique est complexe, les outils se compliquent, les besoins en définition anatomique aussi. La radiothérapie a ainsi de plus en plus recours à de l’imagerie précise et performante pour la préparation du traitement. Longtemps seulement basée sur l’imagerie conventionnelle, la radiothérapie nécessite le plus souvent aujourd’hui une imagerie en coupes, avec les capacités tri- dimensionnelles qu’on lui connaît, pour évaluer précisé- ment la taille tumorale et calculer la dose adéquate de rayons sur la tumeur tout en réduisant les effets délétères sur les organes sensibles adjacents. C’est le rôle de la radio- thérapie conformationnelle, essentiellement basée sur le scanner, qui permet d’évaluer en trois dimensions la tumeur, et d’adapter la dose de rayonnement nécessaire au plus juste. Dans le cancer du col, le scanner étant d’utilité réduite, le radiothérapeute a besoin d’une imagerie plus adaptée pour analyser les lésions, ce que souligne le Dr Haie- Meder, dans sa passerelle clinique consacrée à la curiethérapie guidée par IRM. Les liens entre radio- logue et radiothérapeute sont donc étroits, le radiologue pouvant aider le radiothérapeute à délimiter la tumeur et son extension dans les cas difficiles, et le radiologue doit pouvoir comprendre les contraintes techniques et thérapeutiques du radiothérapeute. Pourtant, encore aujourd’hui, la radiothérapie et ses liens avec l’imagerie restent une grande inconnue des radiologues… De même, les outils d’imagerie modernes ne sont pas toujours parfai- tement maitrisés par les radiothérapeutes… On l’a encore vu récemment dans des affaires de sur-irradiation impli- quant du nouveau matériel d’imagerie couplée à la radio- thérapie. Les liens entre radiologue et radiothérapeute sont étroits Travailler ensemble est encore une idée neuve pour le radiologue et le radiothérapeute. Chacun a tout à appren- dre de l’autre, et donc tout à y gagner. Il est particulière- ment important que radiologue et radiothérapeute se met- tent d’accord pour définir des protocoles d’imagerie, surtout en IRM, technique moins connue des radiothéra- peutes, mais aussi en scanner pour optimiser la prise en charge des patients. Le but d’une telle coopération est un traitement le plus précis possible, avec une dose maximale sur la tumeur et peu d’effets secondaires sur les organes sensibles adjacents. Grâce à la curiethérapie guidée par IRM, le traitement de la lésion tumorale est optimisé et il est possible d’obtenir régulièrement des réponses tumora- les complètes, même dans le cas de tumeurs évoluées loca- lement. Le rôle du radiologue étant d’essayer alors de détecter des lésions résiduelles cervicales, ce qui est une autre histoire… Et génère régulièrement des discussions passionnées dans les réunions de concertation pluridisci- plinaire… Bonne lecture !

Imagerie en radiothérapie : aussi importante que méconnue…

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Imagerie de la Femme 2008;18:3

Éditorial

3

© 2008. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Éditorial

Imagerie en radiothérapie : aussi importante que méconnue…

Corinne Balleyguier

Service de radiodiagnostic, Institut Gustave Roussy, 39, rue Camille Desmoulins, 94805 Villejuif.

Correspondance : C. Balleyguier, à l’adresse ci-dessus. Email : [email protected]

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ui peut encore aujourd’hui ignorer que la radiothé-rapie est un véritable sujet de débat ? Elle traite, elle gué-rit, mais elle est aussi sur le banc des accusés. L’imagerieen radiothérapie est aujourd’hui la grande méconnue, maispourtant c’est un acteur très important. Imagerie et radio-thérapie se rencontrent au moins en deux occasions : ladéfinition du volume à irradier et l’évaluation du traite-ment. Pour le calcul du volume, les besoins en imageriepour planifier la radiothérapie ont grandi aussi vite que lestechniques d’irradiation ont évolué. La radiothérapie estmaintenant fractionnée ou hyperfractionnée, confor-mationnelle, auto-contrôlée. Une véritable « frappechirurgicale ». La technique est complexe, les outils secompliquent, les besoins en définition anatomique aussi.La radiothérapie a ainsi de plus en plus recours à del’imagerie précise et performante pour la préparation dutraitement. Longtemps seulement basée sur l’imagerieconventionnelle, la radiothérapie nécessite le plus souventaujourd’hui une imagerie en coupes, avec les capacités tri-dimensionnelles qu’on lui connaît, pour évaluer précisé-ment la taille tumorale et calculer la dose adéquate derayons sur la tumeur tout en réduisant les effets délétèressur les organes sensibles adjacents. C’est le rôle de la radio-thérapie conformationnelle, essentiellement basée sur lescanner, qui permet d’évaluer en trois dimensions latumeur, et d’adapter la dose de rayonnement nécessaire auplus juste.

Dans le cancer du col, le scanner étant d’utilité réduite,le radiothérapeute a besoin d’une imagerie plus adaptéepour analyser les lésions, ce que souligne le Dr Haie-Meder, dans sa passerelle clinique consacrée à lacuriethérapie guidée par IRM. Les liens entre radio-logue et radiothérapeute sont donc étroits, le radiologuepouvant aider le radiothérapeute à délimiter la tumeur etson extension dans les cas difficiles, et le radiologue

doit pouvoir comprendre les contraintes techniques etthérapeutiques du radiothérapeute. Pourtant, encoreaujourd’hui, la radiothérapie et ses liens avec l’imagerierestent une grande inconnue des radiologues… De même,les outils d’imagerie modernes ne sont pas toujours parfai-tement maitrisés par les radiothérapeutes… On l’a encorevu récemment dans des affaires de sur-irradiation impli-quant du nouveau matériel d’imagerie couplée à la radio-thérapie.

Les liens entre radiologueet radiothérapeute sont étroits

Travailler ensemble est encore une idée neuve pour leradiologue et le radiothérapeute. Chacun a tout à appren-dre de l’autre, et donc tout à y gagner. Il est particulière-ment important que radiologue et radiothérapeute se met-tent d’accord pour définir des protocoles d’imagerie,surtout en IRM, technique moins connue des radiothéra-peutes, mais aussi en scanner pour optimiser la prise encharge des patients. Le but d’une telle coopération est untraitement le plus précis possible, avec une dose maximalesur la tumeur et peu d’effets secondaires sur les organessensibles adjacents. Grâce à la curiethérapie guidée parIRM, le traitement de la lésion tumorale est optimisé et ilest possible d’obtenir régulièrement des réponses tumora-les complètes, même dans le cas de tumeurs évoluées loca-lement. Le rôle du radiologue étant d’essayer alors dedétecter des lésions résiduelles cervicales, ce qui est uneautre histoire… Et génère régulièrement des discussionspassionnées dans les réunions de concertation pluridisci-plinaire…

Bonne lecture !