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Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 39 IMPACT DES REJETS DES EAUX USÉES SUR LA QUALITÉ PHYSICO-CHIMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE DE L’OUED BENI AZA (BLIDA, ALGÉRIE) Abdelmalek Bengherbia, Fella Hamaidi, Rabia Zahraoui, Mohand Said Hamaidi et Smain Megateli Département de biologie, université Saad Dahlab, Blida, Algérie [email protected] (Received 3 January 2012 - Accepted 29 March 2012) RÉSUMÉ L’utilisation des eaux de l’oued Beni Aza pour l’irrigation pose un problème majeur de santé publique. Les échantillons prélevés des eaux de l’oued Beni Aza ont été systématiquement analysés en vue de mesurer tous les paramètres physico-chimiques indicateurs de pollution: DCO (demande chimique en oxygène), DBO 5 (demande biochimique en oxygène sur 5 jours), MES (matières en suspension), nitrates et nitrites, ammonium, phosphates et matières organiques. Les résultats obtenus montrent que le cours d’eau est exposé à une forte pollution principalement d’origine organique. Cette pollution est exprimée par une DCO (417 mgO 2 /l), une DBO 5 (219 mgO 2 /l) et des MES (663 mg/l) très élevées dépassant largement les normes algériennes et celles de l’OMS. Des corrélations entre les paramètres de pollution ont été effectuées afin de donner des éléments de réponse aux causes principales de la pollution. Ces analyses ont fait également l’objet d’une recherche bactériologique. Les résultats bactériologiques obtenus montrent la présence d’un taux élevé en CT (coliformes totaux) (188×10 7 UFC/100ml), en CF (coliformes fécaux) (46×10 7 UFC/100ml) et en SF (streptocoques fécaux) (28×10 7 UFC/100ml). L’absence de germes pathogènes comme les salmonelles et les vibrions a été signalée. Mots-clés: oued Beni Aza, Blida, eaux usées, paramètres physico-chimiques, bactériologie ABSTRACT The use of waters of the river Beni Aza for irrigation poses a major problem of public health. The sampling strategy developed in this study is based on the analysis of waters of the river Beni Aza. The samples were analyzed systematically to measure all the physicochemical indicators of pollution: COD, BOD 5 , SS, nitrate and nitrite, ammonium, phosphate and organic matter. The results showed that whatever the day of sampling, the stream is exposed to heavy pollution of mainly organic origin. This pollution levels expressed by COD (417 mgO 2 /l), BOD 5 (219 mgO 2 /l) and MES (663 mg/l), was very high, exceeding the WHO and Algeria standards. Correlations between pollution parameters were conducted to give a response element on the main causes of pollution. The bacteriological results obtained showed the presence of significant levels of total coliforms (188×10 7 UFC/100ml), fecal

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    IMPACT DES REJETS DES EAUX USES SUR

    LA QUALIT PHYSICO-CHIMIQUE ET

    BACTRIOLOGIQUE DE LOUED BENI AZA (BLIDA, ALGRIE)

    Abdelmalek Bengherbia, Fella Hamaidi, Rabia Zahraoui, Mohand Said Hamaidi et

    Smain Megateli

    Dpartement de biologie, universit Saad Dahlab, Blida, Algrie

    [email protected]

    (Received 3 January 2012 - Accepted 29 March 2012)

    RSUM

    Lutilisation des eaux de loued Beni Aza pour lirrigation pose un problme majeur de sant publique. Les chantillons prlevs des eaux de loued Beni Aza ont t systmatiquement analyss en vue de mesurer tous les paramtres physico-chimiques

    indicateurs de pollution: DCO (demande chimique en oxygne), DBO5 (demande biochimique

    en oxygne sur 5 jours), MES (matires en suspension), nitrates et nitrites, ammonium,

    phosphates et matires organiques. Les rsultats obtenus montrent que le cours deau est expos une forte pollution principalement dorigine organique. Cette pollution est exprime par une DCO (417 mgO2/l), une DBO5 (219 mgO2/l) et des MES (663 mg/l) trs leves

    dpassant largement les normes algriennes et celles de lOMS. Des corrlations entre les paramtres de pollution ont t effectues afin de donner des lments de rponse aux causes

    principales de la pollution. Ces analyses ont fait galement lobjet dune recherche bactriologique. Les rsultats bactriologiques obtenus montrent la prsence dun taux lev en CT (coliformes totaux) (188107 UFC/100ml), en CF (coliformes fcaux) (46107

    UFC/100ml) et en SF (streptocoques fcaux) (28107 UFC/100ml). Labsence de germes pathognes comme les salmonelles et les vibrions a t signale.

    Mots-cls: oued Beni Aza, Blida, eaux uses, paramtres physico-chimiques, bactriologie

    ABSTRACT

    The use of waters of the river Beni Aza for irrigation poses a major problem of

    public health. The sampling strategy developed in this study is based on the analysis of waters

    of the river Beni Aza. The samples were analyzed systematically to measure all the

    physicochemical indicators of pollution: COD, BOD5, SS, nitrate and nitrite, ammonium,

    phosphate and organic matter. The results showed that whatever the day of sampling, the

    stream is exposed to heavy pollution of mainly organic origin. This pollution levels expressed

    by COD (417 mgO2/l), BOD5 (219 mgO2/l) and MES (663 mg/l), was very high, exceeding the

    WHO and Algeria standards. Correlations between pollution parameters were conducted to

    give a response element on the main causes of pollution. The bacteriological results obtained

    showed the presence of significant levels of total coliforms (188107 UFC/100ml), fecal

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 40

    coliforms (46107 UFC/100ml) and fecal streptococci (28107 UFC/100ml). Pathogens such

    as Salmonella and Vibrio were not detected.

    Keywords: Beni Aza wadi, Blida, domestic wastewater, physico-chemical parameters, bacte-

    riology

    INTRODUCTION

    La disponibilit d'une eau de bonne qualit est un lment indispensable pour

    prvenir les maladies et amliorer la qualit de vie (Oluduro & Aderiye, 2007). Actuellement,

    la situation en Algrie se caractrise par une demande en eau croissante, alors que les

    ressources hydriques se rarfient dune manire permanente.

    cet effet, le rejet des eaux uses dans les oueds constitue un problme qui se

    traduit par un dsquilibre du milieu cologique dune part et dautre part par la perte de ces eaux sans rcupration. Ces eaux uses ont une part importante dans la dgradation du milieu

    rcepteur et risquent de constituer lavenir la cause essentielle de la pnurie deau et des problmes de sant publique (Ghadbane, 2003).

    Loued Beni Azza, autrefois rivire claire et agrable, faisait la joie des citadins de la commune de Oueld Yach. Aujourdhui devenu un got ciel ouvert, cet oued empoisonne la vie des riverains en devenant un vritable problme pour lensemble de la commune. Ltat actuel de loued est trs dgrad et son influence sur la cte algroise est consquente. Il reprsente une menace pour la population blidenne et plus particulirement

    ceux dOueld Yach. Il constitue un lieu de concentration de microbes et de microorganismes nuisibles, ainsi que de substances dangereuses pour la sant. Linhalation faible dose des vapeurs deau du fleuve peut causer lirritation des yeux, de la gorge, ainsi quune toux douloureuse, cest dire le niveau de contamination de cet oued.

    Lobjectif de cette tude est dvaluer pour la premire fois la qualit des eaux de loued Beni Aza par la dtermination de ses caractristiques physico-chimiques et bactriologiques.

    MATRIEL ET MTHODES

    Zone dtude

    Loued Beni Aza se situe au nord de lAlgrie dans la wilaya de Blida. Il prend naissance sur les hauteurs de Chra et traverse la wilaya de Blida au niveau des communes

    dOuled Yach et de Beni Mered puis celle dOuled Alleug. Il se runit avec loued Mazafran au niveau du lieu dit Magtaa Kheira et se dverse dans la mer Mditerrane aprs un parcours

    de 33,8 km (Figures 1 et 2).

    La rgion de Blida est caractrise par un climat subhumide avec un hiver frais. En

    gnral, les mois les plus pluvieux se situent entre dcembre et avril et les mois les plus secs

    entre juin et septembre. Lenneigement est assez frquent, de dcembre janvier sur le massif de Chra haute altitude. Les tempratures les plus leves sont enregistres durant le mois

    daot 32C en moyenne, et les plus basses sont de lordre de 6C en janvier (Loucif Seiad, 2003).

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 41

    Figure 1. Prsentation de la zone dtude.

    Figure 2. Carte schmatique du site dtude (original).

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 42

    Sources de pollution

    Du fait de sa situation, loued Beni Aza est confront diffrentes sources de pollution qui menacent la qualit de ses eaux:

    - Le rejet des eaux uses (domestiques et industrielles) de la commune dOueld Yach. - Le rejet domestique des bidonvilles de Ben Achour.

    - Les excrments des animaux domestiques se trouvant prs de loued.

    Echantillonnage et mode de prlvement

    Les prlvements ont t rgulirement effectus au niveau de cet oued du mois

    davril jusquau mois doctobre 2010. Le protocole de lchantillonnage est mentionn dans le Tableau 1.

    TABLEAU 1

    Protocole dchantillonnage

    Analyses Quantit Priode

    Physico-chimie 1 litre Une fois par mois

    Bactriologie 250 ml Chaque semaine

    Les analyses physico-chimiques ont t effectues au laboratoire de lAgence Nationale des Ressources Hydrauliques de Blida (ANRH), les analyses bactriologiques dans

    la polyclinique de Boufarik.

    Le suivi des paramtres physico-chimiques est effectu selon la technique de Rodier

    et al. (1996). Ces paramtres sont mentionns dans le Tableau 2.

    TABLEAU 2

    Mthodologie des Paramtres Physico-Chimiques

    Paramtres Mthodes de mesures

    Temprature Thermomtre numrique

    pH pH mtre

    NO3-, NO2

    -, NH4+, PO4

    -3,

    DCO, MO

    Dosage colorimtrique par

    spectrophotomtre (HACH DR/2000)

    DBO5 DBO mtre (Oxi Top WTW)

    MES Mthode de centrifugation (Hettick

    Zentrifugen)

    Les paramtres bactriologiques sont dtermins par la mthode du Nombre le Plus

    Probable (NPP) (Rodier et al., 1996; Lebres et al., 2002; Delarras, 2003). Une dilution

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 43

    dcimale jusqu 10-7 pour les coliformes fcaux, totaux et streptocoques fcaux et 10-4 pour les anarobies sulfito rductrices et les germes pathognes a t ncessaire.

    Aprs une incubation de 24 h 37C, les tubes prsentant un virage de couleur

    violet vers le jaune et un dgagement de gaz sont considrs positifs. Les coliformes totaux

    sont dnombrs aprs une incubation de 24 h 48 h 37 C. Les tubes contenant le milieu

    bouillon lactos au pourpre de bromocrsol, sont munis dune cloche de Durham (test prsomptif).

    Les tubes positifs (fermentation du lactose et production de gaz) sont repiqus pour

    un test confirmatif sur milieu Schubert munis dune cloche de Durham puis incubs pendant 24 h 48 h 44 C. Aprs adjonction de 2 3 gouttes du ractif de Kovacs, il se forme alors

    un anneau rouge en surface et un dgagement de gaz qui sont tmoin de la production de

    lindole et de la prsence de coliformes fcaux.

    La recherche des streptocoques est effectue sur le milieu Rothe 37C pendant 24

    h (test prsomptif). partir des tubes de Rothe positifs, on effectue une subculture sur milieu

    Eva Litsky pendant 24 h 37C (test confirmatif). Les rsultats sont exprims en nombre de

    germes par 100 ml suivant la table de Mac-Grady.

    La recherche et le dnombrement des spores de Clostridium sulfito-rducteurs se

    font selon les tapes suivantes: (1) chauffer 25 ml de lchantillon 80C pendant 5 10 minutes afin de dtruire la forme vgtative et prserver la forme sporule, (2) refroidir

    rapidement sous leau de robinet, (3) rpartir le contenu dans quatre tubes striles raison de 5 ml par tube, ajouter 20ml de glose viande foie (VF) additionne dune ampoule de sulfite de sodium et dune ampoule dalun de fer, (4) mlanger soigneusement sans faire des bulles en vitant lintroduction dair, (5) laisser solidifier sur paillasse pendant 30 minutes environ, puis incuber 37C durant 18 heures.

    La recherche des vibrions cholriques se fait sur milieu eau peptone alcalin (EPA)

    et le repiquage sur milieu GNAB (glose nutritive alcaline bilie).

    Quant aux salmonelles, leur recherche est effectue sur le milieu slnite-cystine

    (SFB) et le repiquage sur glose Hektoen (H).

    Lanalyse statistique par le test de corrlation de Pearson a permis de mettre en relief les relations potentielles entre les diffrentes variables tester.

    RSULTATS ET DISCUSSION

    Caractristiques physico-chimiques des eaux de loued Beni Aza

    Les valeurs de la temprature de leau de loued Beni Aza varient en fonction dun rythme saisonnier, avec une valeur maximale de 25,9C au mois daot et une valeur minimale de 17,2C au mois davril 2010 et une moyenne de 22,62C (Figure 2a). Daprs Potelon et Zysman (1998), la temprature des eaux superficielles (rivires, lacs et retenues)

    est trs variable selon les saisons et peut passer de 2C en hiver 30C en t.

    Laugmentation de la temprature aux mois de juillet et aot favoriserait selon Moussa

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 44

    Moumouni Djermakoye (2005) le phnomne de lauto-puration et accrotrait la vitesse de sdimentation de la matire en suspension.

    Durant toute la priode de cette tude, le pH tait suprieur 7, ce qui laisse

    supposer lexistence dun milieu lgrement alcalin. Les valeurs extrmes se situent entre 7,40 et 8,19 (Figure 2b). Selon Blinda (2007), des pH compris entre 5 et 9 permettent un

    dveloppement normal de la faune et de la flore.

    Les valeurs retrouves pour le paramtre DCO de leau ne sont pas uniformes. Une valeur leve au mois de septembre (651 mg/l) et une valeur faible au mois davril (66 mg/l) ont t notes. Cependant, dans lensemble, ces valeurs sont plus ou moins leves par rapport aux normes des eaux de surface qui est de 120 mg/l (Figure 2c). Les valeurs

    retrouves pour la DCO sont similaires celles trouves par Karrouch et Chahlaoui (2009) sur

    loued Boufekrane au Maroc. Daprs Igbinosa et Okoh (2009), l'augmentation des concentrations de la DCO pendant la saison d't pourrait tre attribue une augmentation

    des substances organiques et inorganiques dans le milieu rcepteur.

    Les concentrations de la DBO5 de leau varient entre 50 mg/l et 328 mg/l, ces valeurs sont suprieures aux normes de lOMS (2001) des eaux de surface (Figure 2c). Selon Asia et Akporhonor (2007), si les valeurs de la demande biochimique en oxygne (DBO5) et

    la demande chimique en oxygne (DCO) sont assez leves, cela signifie que les eaux uses

    ont un potentiel de pollution lev et devrait donc tre traites avant leur rejet dans

    l'environnement.

    Les concentrations en MES fluctuent entre 182 mg/l au mois davril et 1190 mg/l au mois de mai. Elles sont suprieures aux normes exiges par lOMS (2001) qui sont de 30 mg/l (Figure 2c). Elles donnent galement leau une apparence trouble, un mauvais got et une mauvaise odeur (Baumont et al., 2003). Ces mmes observations ont t notes lors des

    sorties sur le terrain.

    Les valeurs enregistres des nitrates (NO3-) dans les chantillons sont comprises

    entre 0 mg/l et 1,3 mg/l (Figure 2d).

    Slim et al. (2005) ont constat quune quantit infinie des nitrates dans les eaux de surface est lie soit la croissance algale accrue dans ces sites, soit au phnomne conjoint de

    dnitrification qui transforme le nitrate NO3- en azote N2 grce la prsence de la matire

    organique.

    Les valeurs trouves pour les nitrites sont infrieures aux normes de lOMS (2001) des eaux de surface sauf pour le premier prlvement qui dpasse la norme (0,435 mg/l) (Fig.

    2d). Selon Potelon et Zysman (1998), les nitrites prsentent une forme transitoire instable lors

    de la nitrification ou la dnitrification, leur prsence dans le milieu naturel est faible. Les

    concentrations obtenues pour les nitrites concordent avec celles de Derradji et al. (2007) pour

    les eaux superficielles dans le nord-est algrien, Mouni et al. (2009) pour les eaux de loued Soummam en Algrie et Ahmed Baig et al. (2009) pour les eaux de surface de la ville de

    Jamshoro au Pakistan.

    Toutes les valeurs obtenues pour la mesure de lammonium sont infrieures aux normes des eaux de surface, sauf pour le mois de juin o on note une valeur leve gale 76

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 45

    mg/l (Figure 2e). Dans les eaux naturelles, la dtection dammonium en grandes quantits est un critre de pollution (Dussart, 1966). Ces rsultats concordent avec ceux de Guasmi et al.

    (2006), sur loued Medjerda (Maroc), et Cbron (2004) pour les eaux de surface de la commune dAchres Paris.

    Les variations des phosphates prsentent de fortes concentrations avec un pic de

    12,008 mg/l aux mois daot et septembre, ceci est d aux rejets domestiques (Figure 2e). Selon Festy et al. (2003), les phosphates proviennent des lessivages. Ils participent en

    premire ligne au processus deutrophisation, phnomne aux consquences environnementales (dveloppements algaux) et sanitaires (libration de toxines algales). Les

    valeurs enregistres des phosphates sont semblables celles dcrites par Birguy et al. (2008)

    dans les cours deau dOuagadougou et celles de Jain (2002) dans les eaux montagneuses du Gange en Inde.

    La teneur en matires organiques oscille entre 18,5 mg/l au mois davril et 112,5 mg/l au mois de septembre (Figure 2f). Toutes les concentrations enregistres sont

    suprieures aux normes de lOMS pour les eaux de surface (2 mg/l). Selon Mouni et al. (2009), la concentration en matires organiques augmente avec laugmentation de la matire en suspension, ce qui nous renseigne sur le caractre organique de la matire en suspension

    dans cette tude.

    Figure 2 (a-f). Variations mensuelles des diffrents paramtres physico-chimiques.

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 46

    Analyses bactriologiques des eaux de loued Beni Aza

    Dans la plupart des chantillons, la concentration des coliformes totaux et

    coliformes fcaux est suprieure 240107 UFC/100ml, en raison du faible dbit de leau en saison estivale (Figures 3a et 3b). Jacinta et al. (2007) ont not dans leurs travaux que la

    qualit des eaux de surface de nombreux lacs et rivires souffre galement de la prsence de

    niveaux levs en coliformes fcaux. Ces derniers sont des indicateurs de contamination

    fcale.

    Figure 3 (a-d). Variations mensuelles des diffrents paramtres bactriologiques (P:

    prlvement).

    Dans le cas o il sagit dune eau constamment contamine par des germes de pollution fcale, telles que le sont presque toutes les eaux de surface. Il ne sagit plus ds lors dun signal dalarme, mais dune valuation de limportance de la pollution fcale. La plupart de ces contaminations permanentes proviennent des rejets deaux uses urbaines dont la concentration en coliformes fcaux est relativement constante et de lordre de 106 107 par 100ml (Rodier et al., 1996). Ces valeurs leves des coliformes fcaux trouves lors de cette

    tude concordent avec celles de Ghadbane (2003) relatives aux eaux uses de la ville de

    Msila.

    La prsence des coliformes fcaux dans loued Beni Aza avec des concentrations leves montre quil y a une contamination fcale de cet oued dune part par la prsence de nombreux mammifres (moutons, bovins, caprins, etc) et, dautre part, par les rejets des eaux uses domestiques de la commune qui entoure cette rivire (Figure 4).

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 47

    Figure 4. Activits existantes dans lentourage de loued Beni Aza.

    Les streptocoques fcaux sont prsents dans cette tude mais avec des

    concentrations moins importantes que celles notes pour les coliformes fcaux (Figure 3c).

    Daprs El-Addouli et al. (2009), les concentrations des streptocoques fcaux les plus leves sont enregistres en t et en automne par contre la diminution du nombre des streptocoques

    fcaux est observe au printemps et en hiver. Dans cette tude, la concentration des

    streptocoques fcaux est plus faible en comparaison avec celle des coliformes fcaux et des

    coliformes totaux au niveau de loued Bouishak.

    Les rsultats de la recherche et du dnombrement des ASR ont montr que le

    nombre de spores dans ces eaux varient entre 7104 spores/20ml et 30104 spores/20ml. Cette

    valeur maximale (30104 spores/20ml) durant le sixime prlvement du mois de juillet est en

    contraste avec labsence totale durant le quatrime et le cinquime prlvements du mois de juin (Figure 3d). La prsence de ces germes telluriques pendant la premire semaine du mois

    de juillet est probablement due aux orages dt qui ont marqu ce mois dans la commune. Aucun prlvement ne s'est rvl positif ni pour les bactries du genre Salmonella ni pour

    l'espce Vibrio cholerae. Cette constatation est similaire celle rapporte par Aboulkacem et

    al. (2007) dans les eaux des oueds Boufekrane et Ouislane et par El-Addouli et al. (2009)

    dans les eaux de loued Bouishak (Maroc).

    Evaluation de la qualit des eaux

    La qualit de leau est value par la qualit physico-chimique et la qualit biologique. Elle est calcule laide du systme dvaluation de la qualit des eaux littorales (SEQ Littoral, 2003) et a t adopte en Algrie par lAgence Nationale des Ressources Hydriques (ANRH) :

    Classe I : Eau de bonne qualit, utilise sans exigence particulire, elle est reprsente

    graphiquement par la couleur bleue.

    Classe II : Eau de qualit moyenne, utilise aprs un simple traitement, reprsente en vert.

    Classe III : Eau de mauvaise qualit, ne peut tre utilise quaprs un traitement trs pouss, elle est reprsente en jaune.

    Classe IV : Pollue, ne peut tre utilise quaprs un traitement spcifique, elle est reprsente en orange.

    Classe V : Pollution excessive, elle est reprsente en rouge.

    Les valeurs moyennes obtenues (Tableau 3) sont rparties en cinq niveaux de

    pollution allant du moins pollu (classe I) au plus pollu (classe V) et ont permis de classer

    loued Beni Aza en fonction des valeurs obtenues.

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 48

    De cette classification, il ressort que leau analyse est de trs mauvaise qualit pour la majorit des paramtres physico-chimiques et bactriologiques (MES, DBO5, DCO,

    ammonium, phosphates, coliformes totaux, coliformes fcaux et streptocoques fcaux).

    TABLEAU 3

    Grille de Classification des Eaux de lOued Beni Aza

    paramtres

    Temprature

    < 20

    20 - 21,5

    25 - 28

    > 28

    pH

    8 8,5

    8,5 - 9

    9 - 9,5

    >9,5

    MES

    < 25

    25 - 50

    50 - 100

    100 - 150

    DBO5

    < 3

    3 - 6

    6 - 10

    10 - 25

    DCO

    < 20

    20 - 30

    30 - 40

    40 - 80

    NO3-

    2 - 10

    10 - 25

    25 - 80

    >80

    NO2-

    < 0,03

    0,3 - 0,5

    0,5 - 1

    >1

    NH4+

    < 0,5

    0,5 - 1,5

    1,5 - 4

    4 - 8

    PO4-3

    < 0,1

    0,1 - 0,5

    0,5 - 1

    1 - 2

    Coliformes totaux

    < 50

    50 - 500

    500 -

    5000

    5000-50000

    Coliformes

    fcaux

    < 20

    20 - 200

    200 -

    2000

    2000-20000

    Streptocoques

    fcaux

    < 20

    20 - 200

    200 -

    1000

    1000-10000

    (les chiffres entre parenthses dsignent la moyenne des mesures dans cette tude).

    Trs bonne Bonne Passable Mauvaise Trs mauvaise

    >150

    (663,67

    mg/l) >25 (219,67

    mg/l)

    >80 (417,67

    mg/l)

    < 2 (0,28

    mg/l)

    0,03 - 0,3

    (0,1 mg/l)

    >8 (26,79

    mg/l)

    >2 (8,44

    mg/l)

    >50000

    (20075105

    ) >20000

    (9450105)

    >10000

    (3100105)

    21,5 - 25

    (22,61C)

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 49

    tude statistique

    Lanalyse de Pearson a permis dtablir la matrice suivante (Tableau 4). Il existe une corrlation positive significative entre la DCO et la DBO5 (r= 0,98

    *), ceci sexplique, selon Hassoune et al. (2010), par l'instauration des conditions de dgradation de la matire

    organique par les microorganismes dont l'activit et la multiplication ncessitent de

    loxygne.

    La corrlation positive trs significative entre la temprature et la DBO5 (r= 0,92*)

    pourrait sexpliquer par une forte activit bactrienne (Hmama et al., 1993). La corrlation positive et significative entre les coliformes totaux et la temprature (r= 0,67*) sont en accord

    avec les rsultats trouvs par Aboulkacem et al. (2007) et concernant les eaux des oueds

    Boufekrane et Ouislane au Maroc. Cette corrlation est due au fait que les bactries

    autochtones sont les composants dominants de la population totale dans les rivires pollues.

    Une corrlation positive significative entre la temprature et les nitrates (r= 0,59*) a

    t observe, les bactries nitrifiantes sont gnralement msophiles. La relation significative

    (r= 0,56*) entre la temprature et les matires en suspension est probablement lie au fait que

    les tempratures notes au cours des diffrents prlvements sont favorables au

    dveloppement de certaines espces bactriennes comme la dj signal Cbron (2004).

    TABLEAU 4

    Coefficient de Corrlation de Pearson entre les Diffrentes Variables Recueillies pour un

    Seul Niveau de Signification (* = P< 0.05) dans lOued Beni Aza

    CONCLUSION

    Les rsultats obtenus indiquent que la qualit physico-chimique aussi bien que la

    qualit microbiologique des eaux de surface ne rpondent pas toujours aux critres en

    vigueur. La classification de cet oued selon le systme dvaluation de la qualit de leau des cours deau (2003), a permis de conclure que les eaux de loued Beni Aza sont de trs mauvaise qualit en ce qui concerne les MES, DBO5, DCO, ammonium, phosphates,

    coliformes totaux, coliformes fcaux et streptocoques fcaux.

    pH TC NO3- NO2

    - NH4

    + DCO DBO5 MES CT CF SF ASR

    pH 1,00

    TC 0,49 1,00

    NO3- 0,46 0,59 1,00

    NO2- -0,63 -0,88 -0,41 1,00

    NH4+ -0,10 -0,01 -0,30 -0,35 1,00

    DCO 0,10 0,88 0,53 -0,76 0,19 1,00

    DBO5 0,24 0,92 0,60 -0,81 0,10 0,98 1,00

    MES 0,80 0,56 0,64 -0,62 -0,25 0,35 0,51 1,00

    CT 0,52 0,67 0,18 -0,90 0,43 0,62 0,69 0,65 1,00

    CF -0,07 -0,22 -0,43 -0,20 0,97 -0,06 -0,14 -0,29 0,31 1,00

    SF -0,38 0,06 0,17 -0,16 0,45 0,47 0,43 0,09 0,36 0,32 1,00

    ASR -0,15 0,07 0,55 0,16 -0,55 0,23 0,30 0,41 -0,07 -0,62 0,49 1,00

  • Lebanese Science Journal, Vol. 15, No. 2, 2014 50

    La sensibilisation des populations aux mesures dhygine prendre en vue de prserver la qualit de leau de cet oued ainsi que la mise en fonction dune station dpuration devraient permettre de prserver la qualit de leau pour lirrigation et de sauvegarder les ctes algriennes de la pollution dautre part.

    REMERCIEMENTS

    Les auteurs remercient lAgence Nationale des Ressources Hydriques (ANRH) de la commune de Soumaa et la polyclinique de Boufarik.

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