10
INDE 2008 An terme d’un voyage en avion de 11 heures dans un A 340 confortable, nous arrivons à Madras (pardon, maintenant Chennaï). Avec les décalages horaires, il est 00 H 30 locales, mais 4 heures du matin pour nous. Passage en immigration sans trop de difficultés (Car il est parfois difficile d’entrer en Inde sans montrer billet vert à défaut de patte blanche !!!). Récupération des valise avec un petit problème d’échange par erreur qui nous vaudra de nous coucher très tard (je devrais dire très tôt). Accueil avec le traditionnel bouquet de fleurs, long trajet en bus dans Chennaï endormi. Arrivée à l’hôtel d’apparence correcte mais à l’usage nous serons très déçus. Après une brève nuit, nous récupérons notre guide : Monsieur Charles, c’est ainsi qu’on s’appelle au Tamil Nadu, par le prénom du Père. Nous optons pour une promenade, avant le déjeuner, afin d’avoir un aperçu de Chennaï , capitale de l’Etat du Tamil Nadu. C’est là, que nous mesurons la taille d’une ville indienne, ici, la 4 ème de l’Inde, et surtout nous prenons la mesure des embouteillages. D’entrée, nous réalisons que nous avons changé de monde ; déjà par la température, nous sommes en février et il fait 30°C, ensuite nous plongeons dans la civilisation indo dravidienne caractérisée par une couleur de peau très sombre des populations ayant occupé l’Inde depuis des temps immémoriaux et repoussées vers le sud par des envahisseurs venus du nord ou de l’ouest. Chennaï a vu défiler ensuite de nombreux « visiteurs » et s’est trouvée l’objet de conflits coloniaux : les anglais s’installent en 1639 vite côtoyés par les portugais de San Tomé (lieu où fut inhumé Saint Thomas), puis les français arrivent en 1746, chassés finalement par les anglais. La ville sera rebaptisée Chennaï en 1996, c’est un des premiers ports de l’Inde, une cité industrielle, une capitale culturelle et un centre cinématographique. Nous sommes au milieu des saris multicolores, des dhotis masculins plus ou moins courts, partout des étalages de fleurs, souvent en colliers pour offrandes aux temples, des fruits et des légumes sur des étalages de fortune. Des vieillards sans âge aux turbans ou aux crânes rasés, barbes blanches tendant une main décharnée dans l’espoir d’obtenir une quelconque pièce. Nous visitons le temple de Kapalishwara, temple shivaïte, orné de sculptures de divinités dont la principale est bien sûr Shiva. Deux gopurans gardent l’entrée (ce sont des portes d’entrée monumentales de forme pyramidale) décorés à profusion de personnages mythologiques de toutes les couleurs. Le Mandapa (salle hypostyle formant vestibule est décoré d’un style original connu sous le nom de style Vijanagar. Trois fois par an, une procession conduit Shiva sur son char à travers la ville ; on peut voir le pittoresque véhicule remisé près de l’entrée. Shiva (ce nom signifie gentil, bon) est l’un des dieux de la triade hindoue, il est considéré comme le grand créateur, représenté en roi de la danse cosmique (Nataraja) créatrice mais aussi destructrice (tandava) ou encore recevant le Gange dans sa chevelure. Il peut être terrifiant (bhairava) ou androgyne (andhanishavara). Nous changeons de temple en visitant cette fois la cathédrale Saint Thomas (1896), où se trouve la tombe du saint, dans la crypte. Repas à l’hôtel, où, surprise, il n’y a aucun couteau !!!! Coutume locale pour un repas relativement correct et, à notre grand soulagement pas trop épicé ????? Il s’avère que l’absence de couteau n’est due qu’à la négligence des serveurs complètement apathiques, et, d’ailleurs, ils négligeront complètement de faire nos chambres !! Pour un quatre étoiles, cela commence mal, heureusement, il n’en sera pas de même par la suite. L’après midi, le musée dravidien, va nous permettre de mieux connaître les civilisations du Tamil Nadu. Les premiers occupants étaient les pallavas, les sculptures qui y

INDE 2008 - envol31asso.pagesperso-orange.frenvol31asso.pagesperso-orange.fr/envol/pdf/inde08.pdf · entouré de Rama (7ème avatar de Vishnu, héros du Ramayana ) et des déesses

Embed Size (px)

Citation preview

INDE 2008

An terme d’un voyage en avion de 11 heures dans un A 340 confortable, nous arrivons à Madras (pardon, maintenant Chennaï). Avec les décalages horaires, il est 00 H 30 locales, mais 4 heures du matin pour nous. Passage en immigration sans trop de difficultés (Car il est parfois difficile d’entrer en Inde sans montrer billet vert à défaut de patte blanche !!!). Récupération des valise avec un petit problème d’échange par erreur qui nous vaudra de nous coucher très tard (je devrais dire très tôt). Accueil avec le traditionnel bouquet de fleurs, long trajet en bus dans Chennaï endormi. Arrivée à l’hôtel d’apparence correcte mais à l’usage nous serons très déçus.

Après une brève nuit, nous récupérons notre guide : Monsieur Charles, c’est ainsi qu’on s’appelle au Tamil Nadu, par le prénom du Père.

Nous optons pour une promenade, avant le déjeuner, afin d’avoir un aperçu de Chennaï , capitale de l’Etat du Tamil Nadu. C’est là, que nous mesurons la taille d’une ville indienne, ici, la 4ème de l’Inde, et surtout nous prenons la mesure des embouteillages. D’entrée, nous réalisons que nous avons changé de monde ; déjà par la température, nous sommes en février et il fait 30°C, ensuite nous plongeons dans la civilisation indo dravidienne caractérisée par une couleur de peau très sombre des populations ayant occupé l’Inde depuis des temps immémoriaux et repoussées vers le sud par des envahisseurs venus du nord ou de l’ouest.

Chennaï a vu défiler ensuite de nombreux « visiteurs » et s’est trouvée l’objet de conflits coloniaux : les anglais s’installent en 1639 vite côtoyés par les portugais de San Tomé (lieu où fut inhumé Saint Thomas), puis les français arrivent en 1746, chassés finalement par les anglais. La ville sera rebaptisée Chennaï en 1996, c’est un des premiers ports de l’Inde, une cité industrielle, une capitale culturelle et un centre cinématographique.

Nous sommes au milieu des saris multicolores, des dhotis masculins plus ou moins courts, partout des étalages de fleurs, souvent en colliers pour offrandes aux temples, des fruits et des légumes sur des étalages de fortune. Des vieillards sans âge aux turbans ou aux crânes rasés, barbes blanches tendant une main décharnée dans l’espoir d’obtenir une quelconque pièce.

Nous visitons le temple de Kapalishwara, temple shivaïte, orné de sculptures de divinités dont la principale est bien sûr Shiva. Deux gopurans gardent l’entrée (ce sont des portes d’entrée monumentales de forme pyramidale) décorés à profusion de personnages mythologiques de toutes les couleurs. Le Mandapa (salle hypostyle formant vestibule est décoré d’un style original connu sous le nom de style Vijanagar. Trois fois par an, une procession conduit Shiva sur son char à travers la ville ; on peut voir le pittoresque véhicule remisé près de l’entrée. Shiva (ce nom signifie gentil, bon) est l’un des dieux de la triade hindoue, il est considéré comme le grand créateur, représenté en roi de la danse cosmique (Nataraja) créatrice mais aussi destructrice (tandava) ou encore recevant le Gange dans sa chevelure. Il peut être terrifiant (bhairava) ou androgyne (andhanishavara).

Nous changeons de temple en visitant cette fois la cathédrale Saint Thomas (1896), où se trouve la tombe du saint, dans la crypte.

Repas à l’hôtel, où, surprise, il n’y a aucun couteau !!!! Coutume locale pour un repas relativement correct et, à notre grand soulagement pas trop épicé ????? Il s’avère que l’absence de couteau n’est due qu’à la négligence des serveurs complètement apathiques, et, d’ailleurs, ils négligeront complètement de faire nos chambres !! Pour un quatre étoiles, cela commence mal, heureusement, il n’en sera pas de même par la suite.

L’après midi, le musée dravidien, va nous permettre de mieux connaître les civilisations du Tamil Nadu. Les premiers occupants étaient les pallavas, les sculptures qui y

sont conservées (600 à 850 ap. J.C.) montrent qu’ils célébraient le culte de Vishnu. Ensuite vinrent les colas (850-1100 ap.J.C.) développant l’art du bronze en réalisant d’extraordinaires sculptures, la plus extraordinaire étant un Shiva androgyne, monté sur son taureau Nandi. On peut y voir des sculptures du reste de l’Inde. Nous avons beaucoup de mal à nous familiariser avec la foule de divinités, représentées sous diverses formes c’est cela la « dio-diversité ».

Nous négligerons le fort Saint Georges (forteresse datant de 1640) entouré de hauts murs, symbole du pouvoir anglais en Inde. Il abrite une partie de l’administration du Tamil Nadu. L’église Sainte Marie fait partie du système défensif du fort, car elle résiste aux bombardements et sert de refuge aux populations lors des combats.

Au nord du fort Saint Georges, il y a ce que l’on appelle la « ville noire », domaine des tisserands, des teinturiers, des armateurs, des négociants ainsi que des employés de la ville « blanche » c’est à dire de la ville européenne. C’est encore un centre économique important avec les grossistes regroupés par spécialités, les artisans, le marché aux fleurs et aux fruits et surtout aux épices. Il faut y flâner un long moment pour y savourer les parfums et les odeurs au milieu d’un patchwork de couleurs.

Nous profiterons de la fin de l’après midi sur la plage de Chennaï, immense mais peu fréquentée sauf par des indiennes en saris de toutes les couleurs. Au large, des bateaux de pêche font le va et vient, mais surtout de gros cargos et des porte-conteneurs témoignent de l’activité du port de Chennaï (30 millions de tonnes par an).

Le lendemain, après les démêlés prévisibles avec le personnel de l’hôtel : consommations imaginaires, pas de monnaie pour rendre lors des paiements, nous partons pour Kanchipuram ; nous pouvons alors découvrir ce que représente la circulation en Inde : vélos, cyclos, scooters, camionnettes, camions, autobus se faufilent comme ils peuvent, à grands coup de klaxon dans un mælström de circulation. Parfois, il y a 3,4 et même 5 personnes sur la même moto et les bus sont au triple de leur capacité…

Kanchipuram , atteinte dans la matinée, est l’une des 7 cités saintes de l’hindouisme (la seule au sud) ; elle est dédiée à Shiva et Vishnu, et fut la capitale sous la dynastie des pallavas. Le résultat est une architecture très riche.

En arrivant nous rencontrons une procession avec tambours et flûtes agrémentée de pétards, car le dieu Vishnu est de sortie dans les quartiers de la ville, sur un palanquin porté par des fidèles. Nous allons visiter le temple d’Ekambara Eswara bien qu’il soit fermé en l’absence du dieu parti dans la procession, car les connaissances de Monsieur Charles, notre guide, nous ouvrent les portes. Le choc visuel est énorme devant le gigantesque gopuram de 11 étages (presque 60m), il date du 16ème siècle. C’est l’une des « tours royales » (rayagopurams) que des souverains, enrichis, dressèrent dans tout le royaume pour montrer leur « puissante » piété…

Le hall dit « aux mille piliers » (chiffre à diviser en 2 en réalité), abrite un bestiaire en statues, fantastique !.

Le sanctuaire, au centre de l’enceinte sacrée (bassin sacré et kiosque), comporte une chapelle où les fidèles viennent déposer leurs offrandes à Shiva Natajara, en énorme statue de bronze. Un autre objet de vénération est le lingam (pierre dressée, phallique pour certains), façonné par Parvati (parèdre de Shiva) et relégué ici par son époux mécontent. Le lingam de Kanchipuram représente l’un des 5 éléments, ici, la terre.

Un jour qu’elle était d’humeur facétieuse Parvati posa les doigts sur les yeux de Shiva, abîmé dans une profonde méditation. Ceci eut une terrible conséquence : l’univers fut plongé dans l’obscurité et toute vie suspendue. Shiva, furieux, envoie son épouse sur terre, prés de la rivière Végavati pour y méditer sur sa faute. Elle prit alors de la terre humide de la berge et façonna un lingam qu’elle vénéra à l’abri d’un manguier. Pour l’éprouver, Shiva envoya des trombes d’eau sur la région, mais la déesse serra si fort le lingam entre ses mains qu’il résista au flot. On dit qu’on peut encore voir les traces des doigts de Parvati. Cette

légende du Mahabharata, explique également l’apparition un troisième œil de Shiva : comme il avait les yeux occultés, un troisième œil lui apparut sur le front de manière à toujours éclairer le monde en dépit des facéties de Parvati.

Avant le déjeuner, nous visiterons le temple de Kalaish Natha, dédié à Shiva, un des premiers temples monumentaux de l’Inde du sud (690-715) ; encore une fois, il alliait piété et démonstration de puissance des pallavas. Le mur d’enceinte est très richement décoré du coté intérieur : il y a 58 niches réparties sur les 4 côtés (de véritables temples miniaturisés). Les divinités représentées nous dressent un véritable catalogue iconographique. Toutes les portes s’ouvrent vers l’est ou l’ouest car le nord et le sud sont considérés comme des directions néfastes. Certaines « chapelles » comportent encore des représentations polychromes datant du 8ème au 10ème siècle. En entrant on trouve encore une série de 8 chapelles, 2 d’entre elles ont été construites par des reines, et un sanctuaire secondaire abrite un petit lingam. Le sanctuaire principal a une base carrée coiffée d’un haut shikarca (tour pyramidale carrée) ; il est orné d’une multitude de statues et de motifs qui témoignent de la première réalisation petroglyphique de l’architecture indienne. Dans la salle, il y a un lingam en basalte à 16 faces.

Après le déjeuner nous visiterons le temple de Vaikinda Perumal consacré à Vishnu par les pallavas. La particularité de ce temple réside dans sa décomposition en 3 parties qui représentent chacune Vishnu mais, assis puis couché et, enfin, debout. Vishnu couché est entouré de Rama (7ème avatar de Vishnu, héros du Ramayana) et des déesses Lakhsmi et Sita tournées vers l’astre solaire (déjà apparaît la notion de divinité tripartite). Le mur d’enceinte représente, en petroglyphes et statues, l’histoire de la dynastie pallavas en lui donnant des origines mythiques, mais ces scènes, réalisées dans le grès (roche tendre) sont très érodées.

Kanchipuram est, aussi, célèbre par la qualité des tissus de soie tissés à la main, elles ont des coloris extraordinaires, les saris y sont d’une facture remarquable. Nous ferons halte dans une de ces fabriques pour emplettes de soieries.

La nuit se passe dans un très bel hôtel, irréprochable, tant sur le plan nourriture que chambre, en bord de mer.

Le lendemain nous arrivons à Mahabalipuram, le port le plus important des pallavas. Ici nous allons nous intéresser à l’art rupestre indien des 7ème et 8ème siècles ainsi qu’à des sanctuaires réalisés dans des blocs de granit. Le chef d’œuvre de l’art rupestre indien est « l’ascèse d’Arjunat » encore appelé « descente du Gange », sur la paroi d’une éminence granitique cette composition est taillée dans la roche sur 27 m de long et 9 m de haut ; elle présente le héros du Marhabharata ( poème épique) charmant hommes, bêtes et dieux par sa méditation.

Les cinq frères Pandavas avaient perdu leur royaume et erraient dans la forêt. Arjuna, le plus valeureux d’entre eux va demander à Shiva lui-même, le mantra qui rend invincible. Il gagna l’Himalaya pour y pratiquer l’ascèse afin de prouver sa dévotion au dieu. Il se tint, bras levés et en équilibre sur une jambe, dans une délicieuse clairière, embaumée de fleurs et resplendissante de fruits, parcourue par le doux murmure d’un ruisseau. Le premier mois, il prit de la nourriture tous les quatre jours ; le 2ème mois, une fois par semaine ; le 3ème tous les 14 jours ; le 4ème mois, li s’abstint de toute nourriture. Les sages de la montagne, impressionnés par une telle piété, prévinrent Shiva, le grand Yogi, qui prit la forme d’un chasseur. Pour éprouver l’ascète, celui-ci lança contre lui un sanglier ; le héros bande alors son arc mais le chasseur divin lui interdit de tirer. Arjuna passa outre et tira toutes les flèches de son carquois, mais le sanglier divin ne fut pas atteint. Arjuna prit alors des pierres de la montagne qu’il jeta mais toutes roulèrent, inoffensives au pied du dieu. Voyant que le héros réunissait en lui une grande piété et une grande bravoure, Shiva lui accorda le mantra de l’invincibilité.

La partie principale de la sculpture rupestre est le fleuve : le Gange. A droite, sont représentés les Dieux et les êtres célestes qui se pressent pour assister à

la rencontre entre le dieu et Arjuna . Le défilé d’éléphants, au dessous, symbolise le monde souterrain ; les oreilles découpées de ces pachydermes et les plis de leur ventre montre à quelle perfection était arrivé l’art indien. On peut y ajouter les jeunes éléphants qui batifolent ou qui dorment sous la protection des adultes. Devant les défenses de l’éléphant de tête des rats et des souris font des entrechats devant un chat gagné par la méditation des sages, dressé sur ses pattes. Un peu plus loin, en ronde bosse, une famille de singes est occupée à s’épouiller.

A gauche du fleuve, un ascète, le visage émacié, se tient sur une jambe, mains tendues au-dessus de la tête, fixant le soleil, dans une posture de yoga traditionnelle : ARJUNA . Il est entouré d’un naga de pierre (serpent, génie des eaux) avec sa compagne, un monde de forêts et de pâturages himalayen est évoqué, des ascètes vaquer à leurs occupations autour d’un petit sanctuaire dédié à Vishnu, leur grande dévotion, apporte la paix au monde, symbolisée par des antilopes qui voisinent sans crainte avec un lion.

A gauche, une autre partie de la paroi sculptée, montre un épisode du mont Govardhana : Krishna soulevant la montagne pour abriter ses amis les bergers des fureurs d’Indra (dieu de la guerre). Une scène de traite traduit la douceur et la grâce propres au mythe de Krishna.

Krishna vécut toute son enfance parmi les bergers. Un jour, il vit ses compagnons s’apprêter à sacrifier à Indra. Pour défier le grand dispensateur de la pluie, Krishna .dit aux bergers que mieux vaudrait présenter leurs offrandes au mont Govardhana, qui nourrit leurs troupeaux. Les bergers, convaincus, partent en procession vers le sommet avec Krishna. Soudain, il se dédouble et surgit, immense au milieu des rochers et proclamant « je suis la montagne ». Il réussit ainsi à détourner les offrandes destinées à Indra. Furieux, le dieu de la pluie envoya un déluge submerger le pays. D’une main, Krishna souleva la montagne et fit un abri où trouvèrent refuge, durant 7 jours et 7 nuits, les bergers, ses compagnons. Ebloui par le prodige, Indra, apaisé demanda à Krishna de devenir l’ami de son fils Arjuna, h éros du Mahabharata.

Sur une éminence, une boule de granit issue de la décomposition en boule de cette roche sous climat chaud et humide, est en équilibre ; elle est baptisée « boule de beurre de Krishna », allusion à la gourmandise du dieu qui, lorsqu’il était enfant, chapardait le beurre de ses amis les bergers.

La grotte de la Trimurti est consacrée à la grande triade hindoue : Brahama, Shiva et Vishnou gardés par des dvarapalas (gardiens des portes), il y a aussi la terrible Durga Mahisasuramandini dressée sur la tête du démon buffle qu’elle vient de terrasser. Un autre sanctuaire lui est consacré : le Kotikal Mandapa . Nous finirons notre visite par le temple du rivage, au bord du Golfe du Bengale, construit par les derniers pallavas. Les temples furent abandonnés et sont fortement attaqués par l’érosion par le vent, le sable et le sel. Le tsunami de 2005 a permis de découvrir des temples qui de trouvaient sous la mer au moment où celle ci s’est retirée, ce qui prouve qu’il y a eu transgression marine et que niveau de la mer s’est élevé de plusieurs mètres depuis la dynastie pallavas.

A l’aube du 4ème jour nous partons pour Pondichery à travers la campagne du Tamil Nadu dominée par une grande dorsale granitique exploitée par une grande quantité de carrières qui découpent des blocs et les expédient dans le monde entier.

Pondichéry fut l’un des anciens comptoirs français de l’Inde, la ville blanche en porte encore les traces dans les noms des rues : Saint Louis, La Bourdonnais etc… Et le plus extraordinaire est l’agent de police rencontré au coin d’une rue, coiffé d’un képi rouge !!

Le 16 août 1962, le traité de cession de 1956 est, enfin, appliqué et Pondichery devient territoire de l’Union Indienne, mais conserve le lycée français sous tutelle française et

l’Institut français peut continuer ses travaux. Aujourd’hui la communauté franco pondicherienne compte 8 000membres.

Nous allons parcourir la ville à pieds par une température proche de 30°C. Nous ne pourrons entrer dans l’ashram de Sri Aurobindo (il a consacré sa vie à l’étude de la méditation) car il y a une commémoration qui provoque plusieurs heures d’attente dans une queue composée d’Indiens et d’Européens qui espèrent accéder à la dalle sous laquelle reposent le Maître et la Mère, sa compagne et successeur.

Le musée renferme une petite collection de monnaies grecques et romaines et de pièces archéologiques. Il y a aussi des meubles et bibelots français du 18ème siècle.

Le temple de Ganesh est une enclave hindoue dans la ville coloniale, que personne n’a pu enlever, on raconte que des riches colons avaient payé des hommes de main pour jeter la statue de Ganesh à la mer, ils le firent mais, le lendemain, la statue était revenue miraculeusement à sa place. Un Ganesh, bien vivant celui-ci et monumental, bénit d’un coup de trompe les fidèles … qui lui glissent quelques roupies dans la trompe !!!!!

La place du gouvernement, ancienne place d’armes, a vu la proclamation de la fidélité à la Constitution française et, le 14 juillet 1792, la plantation d’un Arbre de la Liberté …remplacé, depuis, par une fontaine.

Nous passons devant la grande église N.D. des Anges, l’église des capucins et l’élégant lycée français (1200 élèves y suivent un cursus de type français de la 6ème à la terminale). L’ouvroir Saint Joseph de Cluny est la plus belle demeure coloniale, à la disposition traditionnelle. La rue Dumas présente de magnifiques façades de maisons créoles (le n°19 abrite l’Institut français d’extrême orient). La promenade du bord de mer nous permet de nous mélanger aux pondichériens qui viennent savourer les embruns salés du Golfe du Bengale ; nous saluons au passage la statue de Dupleix, nous nous inclinons devant celle du Mahamat Gandhi, nous passons devant le bâtiment des douanes (1836) et finissons devant le Consulat de France.

Le lendemain, en partant vers Tanjore, nous visitons le temple de Shiva Natajara à Chidambaram. IL y a plus de 15 siècles, un roi lépreux se baigna dans un étang dédié à Shiva et en ressortit guéri. Il fit alors construire un temple dédié à Shiva que 30 000 brahmanes venus du nord de l’Inde vont desservir. De nombreux ajouts ont été apportés à l’édifice initial, notamment 4 gopurams gigantesques pour délimiter le périmètre sacré. Sur le jambage en granite des piliers, les sculpteurs des rois Colas ont représenté les 108 positions du bharatarnatyam. Au cœur du complexe se trouve le sanctuaire, le Shiva d’éther : chaque jour, à la tombée de la nuit un lingam de cristal (l’idole) est dévoilé aux fidèles. Ce temple est l’un des 5 sanctuaires sacrés de Shiva en Inde du sud ; celui-ci se manifeste sous forme d’éther. Ici le maître de la danse défie la terrible Kali dans une joute cosmique qui avait pour enjeu la mise en mouvement du monde. Le temple entier est dédié à la dévotion de la danse et partout les scènes ne font qu’évoquer cet art. Shiva Nataraja « roi de la danse », c’est Shiva créateur du monde qui, par son éternelle danse cosmique, anime toute chose dans l’univers. Ses quatre bras prennent possession des quatre directions du monde. Dans la main supérieure droite, il tient le

DAMARU, tambourin dont la vibration rythme la création : sa forme –deux triangles reliés par la pointe- symbolise l’union des principes masculin et féminin, sans laquelle rien ne serait possible. De la main supérieure gauche surgit la flamme de la connaissance. La main inférieure droite accorde la protection aux êtres, tandis que l’autre désigne la terre qui supporte la danse. Sous son pied droit Shiva immobilise et anéantit le nain Mulayaka, symbole des passions humaines dont le déchaînement pourrait remettre en cause l’équilibre de la création. De part et d’autre de la tête du dieu coulent les eaux du Gange dont il a apaisé les flots tumultueux. La danse est encadrée par de feu où se consument les passions humaines. La jambe levée du dieu symbolise la tension entre le mouvement perpétuel du monde et l’éternelle sérénité du dieu, entre le rythme et l’équilibre. Ce sera un sujet de prédilection des sculpteurs de bronze et nous allons voir à Swamimalai, un atelier de sculpture de bronze. Nous rencontrons un artisan qui pratique cet art : fonte des métaux dans un four rudimentaire, puis coulage du bronze dans un moule, récupération de la statue en bronze puis ponçage, nettoyage et polissage de la statue. Du grand art ! L’après midi, nous visitons le temple de Darmasuran : Hiravadeshwara, une merveille de l’architecture Colas, construit entre 1150 et 1175, durant les dernières années de splendeur du royaume Colas. Les sculptures y sont d’une grande délicatesse. Il t a toujours les 2 gopurams d’entrée puis un portique de huit colonnes ornées de panneaux finement sculptés, le hall présente les divinités, certaines sont en basalte noir : le nain Agastya, Shiva à 3 têtes (martanda), Ganesh, Shiva en maître de la musique. Nous arrivons finalement à Tanjore, la ville de la dynastie Colas dont l’apogée se situe au 12ème et 13ème siècle. C’est la capitale de la musique du pays Tamoul et le soir, à l’hôtel, nous aurons droit à un concert qui… nous a peu convaincu !!! Les rois de Tanjore ont disposé de richesses considérables et ont pu transposer leur piété pour Shiva dans des temples extraordinaires et dans une collection de bronzes remarquable que nous pourrons admirer au musée. Tanjore a été dévastée par les musulmans en 1310 et ne retrouvera son rang de capitale qu’au milieu du 16ème siècle. Cette ville est dans la riche vallée de la Kaveri , véritable grenier à riz de l’Inde du sud, la richesse obtenue va se matérialiser dans le temple de Brihadishwara qui a un Vimana qui culmine à 70 mètres de haut. Ce temple fut un véritable centre économique en même temps qu’un sanctuaire. Ceci explique le haut mur qui le protège et qui lui valut d’être forteresse française en 1772. A l’entrée, le taureau en pierre, Nandi, monture de Shiva, est le plus monumental de l’Inde : 25 tonnes en un seul bloc ! selon la légende locale, il ne cesserait de grandir. Le vimana de 70 mètres au-dessus du sanctuaire comporte 14 étages, chaque étage est décoré d’une multitude de divinités et d’êtres célestes. Le sanctuaire principal accueillait une foule de fidèles qui venaient entendre la récitation de védas et voir les 400 danseuses sacrées exécuter les évolutions rituelles. Les chapelles sur le mur extérieur abritent une série de figures divines : Ganesh, Shiva sous diverses formes, Saravasti (protectrice des arts), Durga tuant le démon buffle. Ce temple shivaïte est une véritable merveille de grâce et de puissance avec toutes les représentations divines que je ne peux énumérer ici. Nous quittons Tanjore pour Trichy (Tiruchirapalli en tamoul),qui fut capitale des Nayaks en 1616, ville stratégique car une partie est sur un promontoire rocheux au-dessus de

la Kaveri , celui ci est dominé par un temple de Ganesh. C’est la 4ème ville du Tamil Nadu avec à peine 700 000 habitants, mais elle dispose d’un temple, plus exactement d’une cité religieuse de plus de 240 ha, dédiée à Vishnu avec 21 gopurams qui l’implorent, répartis sur 7 enceintes rectangulaires concentriques autour du sanctuaire. Tout une population vit dans les maisons le long des rues de l’enceinte, ainsi que les commerces qui y prolifèrent, l’animation est un peu tempérée par la présence du dieu. Pour les hindous, ce temple de Rangahath Swani remonterait au déluge, quand Parvati a masqué les yeux de Shiva. Il a, en réalité, 1000ans (dynastie des Colas), Vishnu y était vénéré sous sa forme cosmique, allongé sur les anneaux du serpent d’éternité aux mille capuchons, méditant la nouvelle création qui émergera de son nombril sous la forme d’une fleur de lotus. Les musulmans vont endommager ce temple au 14ème siècle, mais il sera restauré par les rois du Vijayanagar. Les 3 premières enceintes sont les anciens logements des prêtres récupérés par les commerces et les petits métiers liés souvent à l’activité du temple. Le lendemain nous passons par Chittinad, pays des chittias, on peut y admirer de magnifiques demeures d’anciens marchands. Nous visiterons un véritable palais, à la cour intérieure ornée de colonnes de teck de Birmanie, chaque pièce est fermée par une porte richement ornée, la salle de réception permettait d’assurer 140 couverts. Il y a une grande quantité de chambres, de pièces d’eau qui traduisent l’importance de propriétaire : un marchand. Nous continuons vers Maduraï (ville du miel), elle serait née d’une goutte de nectar tombée de la chevelure de Shiva. Elle fut la capitale des Pandyas (première dynastie tamoule). C’est une ville saint tamoule, le bassin sacré a vu le dernier des trois sangams(académies littéraires) qui donnèrent ses lettres de noblesse à la langue tamoule. Le grand temple Minakshi, double car consacré à Parvati et Shiva, construit entre 1623 et 1660, est fascinant car un peuple de prêtres et une foule de fidèles s’affairent dans un véritable labyrinthe de couloirs sombres et de chapelles, chacun y pratique sa dévotion personnelle : les uns tournent autour de l’autel des 9 planètes pour se concilier les astres, des jeunes femmes viennent se prosterner devant la statuette, luisante de graisse, pour demander des épousailles , d’autres bombardent de boules de beurre les statues de Shiva et de Kali en prononçant des vœux. Tous se prosternent devant Minakshi « déesse aux yeux de poisson », destinée à veiller sur le monde et ses créatures. Son époux Shiva occupe le centre du temple (ici il se nomme Sundareshwara). Nous assisterons à la cérémonie du soir qui a pour but de revitaliser l’énergie de l’Univers. Les fidèles achètent dans le temple même les offrandes : fleurs, noix de coco, bananes qu’ils déposent devant les idoles. Le bassin des lys d’or est celui dans lequel Indra se baigna lequel se couvrit aussitôt de fleurs ; Shiva a accompli 64 miracles dans ce temple. On retrouve ici un mandapa à mille piliers (985 en réalité) qui abrite une collection d’art. Nous visiterons aussi le musée Gandhi aménagé dans un ancien palais princier (Tamukkan). Nous y retrouverons les grandes étapes de la vie du « père de la nation indienne » à travers des photographies et des objets ayant appartenu au Mahatma. Nous allons faire l’expérience de la vie indienne et hindoue, nous quittons l’hôtel à 20 heures en …triporteur à moteur et là ! c’est la sensation garantie : dans une foule dense, à une vitesse impressionnante, en se faufilant entre les voitures, en les frôlant , à 3personnes dans cette fragile nacelle motorisée, nous traversons la ville jusqu’au temple où nous étions l’après midi. Nous rentrons à nouveau dans le temple et là, nous assistons à un spectacle rare : des officiants vont chercher le dieu dans le sanctuaire et le transportent sur un baldaquin. Ils l’amènent dire bonsoir à son fils dans sa chapelle, puis une nouvelle station a lieu devant le sanctuaire de son épouse et l’amènent coucher chez lui dans ses appartements. Peut-on trouver dieu plus humain ???Le retour se fera par le même moyen qu’à l’aller, mais nous

sommes rassurés car … nous avons la protection divine et …de plus il y a beaucoup moins de monde dans les rues !!! Cette fois, fini les temples et le mode de vie urbain, nous traversons la campagne indienne par la chaîne montagneuse des Ghâts qui culmine à plus de 2000 mètres d’altitude et surtout protège le Kérala des excès de la mousson en répartissant les pluies sur la quasi totalité de l’année. Les versants très arrosés permettent la culture des épices, du café, du thé et du bois de teck. Il y a d’épaisses forêts peuplées seulement par quelques tribus aborigènes. Les plantations de poivriers, de cannelle, de noix muscade cohabitent avec les rizières et les champs de coton. Les cultures de théiers mettent une note vert tendre sur les pentes et donnent une impression d’ordre rigoureux dans la plantation. La cueillette des deux feuilles tendres destinées à être mises en décoction se fait par un ciseau relié à un réceptacle et on fait le tri après. Le kérala est un Etat à direction communiste et il possède le plus faible taux de natalité de l’Inde, c’est un espoir de progrès comparé à l’énorme poids de la démographie galopante dans les autres Etats ; mais cet Etat a aussi le meilleur taux de couverture médicale, la meilleur formation scolaire et universitaire. L’agriculture tient une place dominante dans l’économie avec 4 millions d’hectares mis en cultures de haute valeur commerciale, il faut y adjoindre 12 millions de Km² de forêts peuplées d’essences précieuses et 590 Km de côtes poissonneuses. Une partie de ce territoire s’efforce de préserver la flore et la faune sauvages. C’est le maharaja de Travancore qui, le premier, transforme la réserve de chasse familiale en parc naturel de 350 Km², ce « Nellikkamptty » deviendra le « Tiger Reserve » et sera étendu à 777Km². Il se situe à une altitude située entre 1000 et 1800 mètres. Parmi les espèces animales protégées il y a les éléphants sauvages et une quarantaine de tigres. Le lac artificiel date de 1895 et s’allonge sur 31 Km, il compte 35 espèces d’animaux sauvages. Nous allons naviguer 2 heures sur le plan d’eau et nous y verrons un troupeau d’éléphants sauvages, des bisons (gaurs), des daims sambars, des thars (chèvres sauvages), mais les sangliers , les chats sauvages, les écureuils volants, les écureuils géants et les tigres resteront cachés. A l’embarcadère, une troupe de singes batifole dans le arbres : macaques à bonnet ou de macaques à queue de lion mais en tout cas macaques buveurs de… coca cola car la bouteille tombe à nos pieds !!! Des 265 espèces d’oiseaux, nous verrons surtout les cormorans et des aigles dans le ciel. Nous chercherons vainement à apercevoir un darter, oiseau qui plonge du haut des arbres dans le lac pour pêcher et qui serait le dernier descendant d’un oiseau fossile proche des…reptiles. A ce propos, nous ne verrons pas non plus les crocodiles, ni les cobras ou les vipères car l’heure de la visite y est peu propice. Au retour, nous nous arrêtons dans le petit village de Kumily dans lequel se tient tous les jours une bourse à la cardamone (pratiquement 60t négociées par jour). Des boutiques proposent toutes les catégories d’épices : poivre, cannelle, gingembre, clous de girofle, graine d’éclusine, coriandre, ferrugrec et noix de cajou. Nous passerons la nuit dans un hôtel constitué de bungalows répartis dans un magnifique parc équipé d’une très belle piscine. Le soir , au restaurant, nous aurons une démonstration de danses du Kérala beaucoup plus convaincante que celle du Tamil Nadu. Dans les derniers jours nous allons vivre au Rythme de la nature, nous partons pour les backwaters en passant par Kottayam, capitale du christianisme en Inde, au centre ville, il y a plusieurs églises au milieu des maisons de bois. Nous arrivons sur la côte sud du Malabar, étroite bande côtière fertile, entre les monts de cardamone et la

mer d’Arabie, striée de rivières qui descendent des Ghâts Orientaux. Cette zone alluviale qui bénéficie d’une pluviométrie élevée est le « bol de riz »de l’Inde. Un réseau de lagunes est la seule voie de navigation entre le Nord et le sud ; très dense et de grande taille, il a permis

l’acheminement des richesses et des hommes. Nous allons naviguer deux jours à bord de bateaux de luxe sur cet inextricable réseau aquatique qui forme de véritables boulevards d ‘eau sur plus d’une centaine de kilomètres de long. Cette promenade empreinte de paix et de calme avec des levers et de couchers de soleil au milieu des cocotiers et de jacinthes d’eau, est un enchantement qu’il est difficile de quitter après avoir connu deux jours et une nuit dans cet éden aquatique, car, bien entendu nous avons paisiblement dormi sur le bateau.

Allepey, où nous débarquons, est une petite ville charmante sillonnée par le réseau de canaux et entourée par les cocotiers.

Nous continuons vers Cochin « reine de la mer », unique port naturel en eau profonde du Malabar, ancienne escale marchande prospère sur la route de la soie et des épices, devenue base navale et port de commerce.

L’ancienne cité se trouve sur un cordon littoral tout comme Mattanchery. Des venelles sinueuse sont bordées de vieilles maisons portugaises, charmantes qui datent de plus de 500 ans. Il y a aussi beaucoup d’églises, entrons dans ST Francis Church, la plus ancienne de l’Inde, très modeste, construite en bois en 1503 par les portugais, remaniée en 1516, restaurée en 1779 par les hollandais. Elle abrite le cénotaphe de Vasco de Gamma qui a accueilli provisoirement, de 1524 à 1538,la sépulture du navigateur avant qu’elle soit rapatriée au Portugal. Les demeures coloniales du quartier sont privées et ne se visitent pas, mais leurs façades visibles depuis la rue témoignent du type de construction du 19ème siècle, où se mêlent les influences portugaises, hollandaises et kéralaises c’est à dire un mélange d’indien et d’européen.

La basilique Santa Cruz date de 1887, elle de style baroque tardif et fut consacrée basilique en 1984 à l’occasion de la visite du Pape Jean XXIII. Nous allons dan la vieille ville de mattancherry où se trouve le Dutch Palace construit par les portugais en 1557, offert au Rajah de Cochin, qui servit ensuite de résidence au gouverneur qui le restituera au Rajah ; celui-ci le fit décorer de très belles peintures évoquant des épisodes du Ramayana ; on y voit aussi des palanquins royaux, des armes, des costumes richement brodés.

La synagogue de Pardesi date de 1568, embellie sous les hollandais par un riche marchand : Ezechiel Raabi ( !!). Une atmosphère nostalgique se dégage du lieu : il y a une arche d’alliance en bois précieux, une torah du 16ème siècle, un lustre de Murano, un lustre de cristal offert par les juifs belges et le magnifique pavement en carreaux de faïence bleue peints à Canton.

Autour de la Synagogue, c’est l’ancien quartier des entrepôts à poivre (certains fonctionnent encore). Le quartier « jew town » est un ensemble de petites rues peuplées de commerçants dont des antiquaires ( ?) et des vendeurs de petite bimbeloterie ; beaucoup de boutiques et de maisons portent des noms juifs et comportent des caractères hébraïques. Les achats y sont plus onéreux qu’ailleurs ????!!!! Il nous restera l’après midi et la matinée pour déambuler et nous fournir en épices et en soie dans les grandes rues de Cochin avant de prendre un avion pour Bangalore puis Paris. Ce voyage en Inde du Sud ne ressemble en rien à celui qu’on peut accomplir en Inde du Nord. Ici point de Taj Mahal hyper majestueux , mais point de misère non plus, pauvreté parfois mais digne (les mendiants y sont souvent des professionnels et peu nombreux ). Il y règne surtout une gentillesse et une convivialité à laquelle nous sommes peu habitués, il n’est pas rare de communiquer avec les habitants et de se photographier avec eux dans la joie et la bonne humeur. Les paysages naturels sont extraordinaires par leurs couleurs, leur simplicité, leur beauté reposante. Ici la vie est une joie, une fête humaine que l’on partage avec des divinités tellement humaines. Il faut le vivre intensément, il faut y aller… Michel Marty Mai 2008