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Indian Magix Le Magicien noir Patrick Clotagatilde

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Indian MagixLe Magicien noir

Patrick Clotagatilde

28.6 629100

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 380 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 27.9 ----------------------------------------------------------------------------

Indian Magix Le Magicien noir

Patrick Clotagatilde

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Hypertension en région parisienne

Ce début de matinée foncièrement maussade s’annonçait bien plus mouvementé que les jours précédents, pour cette patrouille de police. En commençant sa ronde, elle ne s’attendait pas à se retrouver face à ce spectacle inhabituel. Nous sommes dans le treizième arrondissement et à un pâté de maisons de leur quartier général, ces gardiens de la paix ont découvert, affalés à même le bitume humide, deux hommes fichés dans leurs archives pour avoir commis d’odieux crimes. Recherchés depuis des mois, ils leur étaient livrés pratiquement à domicile un peu avant le lever du soleil. Saucissonnés ensemble, de la tête aux pieds, à l’aide d’une corde dépourvue du moindre nœud, plus ces brigands gesticulaient, plus leurs liens se resserraient sur eux. Prévenus par leur bourreau de ne point s’agiter sous peine de mourir d’étouffement, l’envie de se sortir de ce mauvais pas restait le plus objectif pour ces malfrats. Dans leurs yeux, on pouvait nettement déceler la terreur qu’ils ont

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vécue en se faisant surprendre. Les rares témoins n’ont pas eu le temps d’apercevoir le visage de l’inconnu qui, accoutrer tel un diable, selon leur expression, a subitement disparu en déposant son fardeau. Une vingtaine de badauds inconscients de la tragédie qui se jouait, s’en amusait du comique de la situation. Ce sont leurs rires moqueurs qui ont amené ces brigadiers à se frayer un chemin pour atteindre les infortunés. Commençant à suffoquer, il fallait vite les débarrasser de leurs étranges entraves. Après bien de légitimes questions restées sans réponses sur la manière où cette prise a été capturé, un outil particulier fut nécessaire afin de les libérer. À la suite de quelques infructueux essais, seul un coupe-boulon parvint à les y dégager. Malgré cela, les sauveteurs durent fournir de gros efforts pour réussir la manœuvre. Délivrés de leur supplice, les yeux hagards et l’esprit dans le lointain, les malfaiteurs reprenaient enfin leur souffle. Tandis qu’ils se firent questionner et à présent menotter, le couple d’indigents se trouvait dans l’incapacité de raconter leur malheur. Disons plutôt, qu’aucun être sain d’esprit ne pouvait admettre ce qui semblait un délire de leur part. Bafouillages et cafouillages ne les aidaient pas à se faire entendre honorablement par les enquêteurs. D’après leurs propos, ils commettaient le cambriolage d’une bijouterie à Orléans, il y a quelques instants à peine. Si les hommes de loi s’étaient donné la peine de vérifier… bref ! Ces voyous pouvaient-ils réellement faire croire aux policiers qu’ils étaient à cent lieues

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d’ici, il y a quelques minutes seulement ? En tout cas, les remontées gastriques dégoulinant encore de leurs bouches prouvent qu’ils viennent de passer de sales moments.

Cette énième affaire n’aménage en rien le capitaine Gérald Fernand, déjà surmené. À la tête d’une unité rebelle depuis près de quatre ans, le gradé ne peut s’arrêter à ce qu’il prit malgré les faits troublants, pour de simples bêtises. Il a mieux à faire, car la capitale est devenue un terrain de jeu pour les escrocs de toutes sortes et un enfer pour lui, qui représente l’autorité. Le duo arraisonné un peu plus tôt et jusqu’au moment de leur arrestation faisait partie de ces insaisissables délinquants. Sans vergogne, ces dévoyés s’en donnaient à cœur joie avec un cynisme sans pareil, tandis que l’argent coulait à flots. Des malversations frauduleuses en passant par des tueries monstrueuses, ces crapuleux méfaits ont engendré des scènes apocalyptiques dans la capitale. Ce mal de vivre ressenti par une population délaissée a amené deux policiers avides de justice, à mener contrevents et marées leur propre règle.

Landau et Merlin, deux incorruptibles lieutenants en constatant cette dérive, ont décidé de s’interposer quoi que cela leur coûte. Seuls contre tous, ils sont en train de semer avec talent, la discorde au sein cette mafia organisée. Très puissante, celle-ci ne semble en rien les impressionner. Pas, même les gros moyens employés afin de les dissuader à poursuivre le combat, ne les ralentissent dans leur action. Les deux hommes

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présents sur tous les fronts contrarient avec audace les plans machiavéliques de leurs adversaires. Avec force et caractères, jusque-là, ils ont fait échouer les diverses attaques programmées à leur intention. Pour preuve, Jean Jehanne, surnommé « Jiji », à la tête de l’une de ces organisations criminelles, regrette amèrement de s’être confronté au couple. Vindicatif, sans remords le vilain a éliminé Vivian Chantal, un policier infiltré qui s’ignorait démasquer. Victime d’une surdose, que le dealer lui a injectée pour châtiment, Landau son cadet a décidé de tout entreprendre afin de venger son crime. Il y est parvenu, puisque installé au sein de sa prison pour au moins deux ou trois décennies, ce chef de clan se demande encore, comment a-t-on réussi à le faire tomber, lui d’ordinaire si pragmatique.

Depuis cette arrestation, des dizaines d’autres sont imputés à ces immuables hommes de loi. Leur entêtement à vouloir à tout prix à ce que capitule la pègre, leur valut au fil des mois un fan-club passionné et attentif. Ce que ces fonctionnaires qualifient de gangrènes va les pousser à s’investir au-delà de leur limite. Les médias médusés par leur parcours particulièrement surréel, révéleront jours après jours de poignants détails de leurs audacieuses initiatives. Dès lors, il leur fut difficile d’échapper aux critiques bonnes ou mauvaises. Curieusement, et bien que leurs yeux sont rivés sur leurs écrans et leurs oreilles à l’affût de la moindre information, les internautes ignorent pourtant de quelle manière, l’inséparable

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tandem peut narguer avec cette aisance, l’irascible ennemi. Personne ne comprit au début de leur entreprise, de quelle façon nos préposés parvinrent à passer au travers d’autant de pièges manigancés à leur intention. En fait, un seul de ces héros qui pourrait bien évidemment le certifier, est informé de la vérité. Désirant garder au plus haut point son anonymat, il n’en fit rien. En effet, grâce à l’aide providentielle que lui procure un habile justicier et avec son partenaire, l’officier put démontrer, à ses opposants, détenir les moyens de résister à leurs répressions, aussi féroces soient-elles. Résultat, la chance insolente de nos gradés fit que bon nombre de part et d’autres commencèrent à s’interroger à leur sujet.

Il est à noter que ces messieurs se sont décidés à se mobiliser, sans restriction. Ils sont passé à l’offensive avec cette étonnante fougue, parce qu’ils vivent le malheur que traverse notre France, cela, dans leur trippe même. La mère-patrie quant à elle tente tant bien que mal de soigner de graves blessures provoquées par une politique néfaste. Paris figure en première place des mauvais élèves. Les élus quant à eux dépassés par ces événements demeurent dans des difficultés incommensurables. Pour que puissent avancer leurs programmes, ces mesdames et messieurs, qui nous gouvernent, se doivent de rivaliser d’ingéniosité. Rien ne se passe, malgré leurs meilleures volontés, tels, ils le souhaitent. La rigueur oblige, aucun de leur stratège ne fonctionne pour soulager les moins lotis.

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Que dire, du niveau de pauvreté d’une grande partie de nos concitoyens qui ne cessent de régresser inlassablement ? Leurs pouvoirs d’achat inexistants, les ignorés, se sont petit à petit, réfugiés derrière une nouvelle drogue facile à acquérir.

Paris va mal, personne ne peut le nier. Mais dans le sud, Marseille et ses arrondissements ne s’en sortent guère mieux. Si dans les années précédentes les gangs s’entre-déchiraient sans ménagement, aujourd’hui, l’on retrouve plus que jamais dans les rues une quantité impressionnante d’armes de guerre. Les divergences entre bandes rivales n’ont jamais été aussi sévères autant qu’expéditifs. Les crimes continuent de se produire régulièrement sans que les autorités dépassées puissent y mettre un terme. Les responsables de ces tueries quant à eux sont rarement emprisonnés. Exploitant le laxisme de la police, ils profitent de se laisser aller pour semer la terreur. La drogue, objet de ces litiges partout présents, tint en haleine les clans. Strasbourg, Poitiers, le Mans, toutes ces villes jusqu’ici protégées des violences, risquent de connaître l’horreur s’il n’y a pas une rapide intervention des autorités compétentes.

Il faut savoir que bien avant cette descente aux enfers, des spécialistes du genre nous avaient prédit la fin de notre monde, pour le vingt et un décembre de l’année deux mille douze. Mis à part quelques dogmatiques qui n’ont pas hésité à se munir de bunkers et autres moyens de protections, les citoyens dans leur

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grande majorité paraissaient s’en moquer de ces avertissements. Il est clair à ce jour, que les devins prévisionnistes se sont laissé abuser à propos de notre avenir noirci à outrance. Selon certaines interprétations et croyances d’après ce que l’on a pu lire ici et là, fort de ses deux cent vingt âmes, seul Bugarach, un petit village français situé dans le département de l’Aude devait échapper à ces prédictions ancestrales. Bien entendu, autant que ce petit bout de terrain, notre planète n’a pas vécu ce désastre pronostiqué.

À partir de cette date fatidique pourtant, et selon les événements que nous constatons dans le pays, nous sommes presque dans la configuration annoncée par ces pronostiqueurs de jadis. Ces dernières années des signes d’inquiétudes se lisaient sur le visage et dans les propos de nos représentants. Pour nos politiciens, il n’y avait pas besoin d’être des scientifiques, pour se rendre compte de l’affaiblissement du pouvoir d’achat des concitoyens. Un début de panique se fit sentir dès que la situation n’était plus contrôlable.

La situation catastrophique de l’hexagone cependant n’est pas née du fait du hasard. Cette grotesque mystification est due par les caprices de quelques fanatiques du pouvoir et non à cause de la volonté du ciel. L’un d’entre eux, Aristide Chaland, un ex militaire vindicatif est arrivé au sommet de l’État par d’évidents passe-droits que personne ne voulut reconnaître. Très adroit dans ses actes autant que par la parole, ce dernier s’est fort bien débrouillé et a tout

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entrepris pour devenir un puissant ministre. Sa force de persuasion était incontestable. Imbu de sa renommée, et confortablement installé dans son fauteuil ministériel, il vote des lois avec ses pairs et les transgresse sans commune mesure se croyant à l’abri de tracasserie. Possédant une immense richesse, pas un seul de ses collègues de l’assemblée ne semble se rendre compte de la malhonnêteté de cet être souvent insociable. Ou alors, les avait-il aussi embarqués dans une de ses magouilles ? L’ex-fantassin, il faut le reconnaître, se distingue par une allure remarquable et sait employer les mots pour attirer à lui qui bon peut lui apporter un soutien dans tous les sens du terme. Personne ne voit en cet individu une quelconque sournoiserie. Son allocution endurcie et sa sévérité dues à des années de disciplines suivies avec fermeté lui valurent d’être surnommée le « vautour » par ses pairs.

La résultante de cette cacophonie : la population la moins aisée subisse de plein fouet les divergences et les absurdités de ces politicards indécis. Les plus démunis ne bénéficient de rien de plus qu’auparavant et se sentirent plus que jamais abandonner des politiciens, quel que soit leur milieu politique. La détermination voulut par l’État de revoir le budget de son ministère à la baisse afin que le pays recouvre l’estime de l’Europe, arrangeait ce personnage ministériel. Aucun service ne fut épargné par cette rigueur et il s’en frottait les mains. Dans cette inqualifiable tourmente, ce qui devait arriver survint. Il y eut l’explosion sociale que certains

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parlementaires redoutèrent tandis qu’Aristide croyait encore pouvoir faire la pluie et le beau temps. Dans la capitale, règne plus que jamais une incroyable pagaye. Sitôt un sentiment d’injustice se faisait ressentir, des regroupements se réalisaient presque instantanément. En quelques instants, les rues se noircissaient de monde et la police en nombre restreint par nécessité n’osait plus intervenir. Ces rassemblements étaient si impressionnants, que les maires de la plus grande ville de France craignaient, que tel un raz-de-marée, dans leur colère ces laissés-pour-compte ne dévastent tout sur leur passage.

Face à ces démonstrations de force, tout le monde n’avait pas baissé les bras. À la suite de minutieuses enquêtes, nos lieutenants, qui ont pris conscience des exactions de ces mercenaires en cravate, réagirent en conséquence. Tel, David contre Goliath, déterminé, le couple s’immisça dans cette passe d’armes en maniant adroitement intelligence et bravoure. Avec un étonnant sang-froid, ces fortes têtes bravèrent les recommanda-tions de leurs supérieurs. Aucune remarque aussi désobligeante n’est-elle, semble les atteindre. Ils auraient pu être renvoyés ou misent à pied à cause de leur insolence et leur insubordination. Plusieurs mois après leurs premières actions coup-de-poing, nos compères plus que jamais, faisaient partie de la brigade. Couvert par le commissaire Alix Calvin que l’on voyait rarement sourire, celui-ci ne se contente que du résultat. Le duo jamais ne rassasie à malmener

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les criminels et paraît même s’en amuser. En effet, à eux seuls et malgré les tensions, ils ont permis la capture de centaines de voyous et autres mercenaires. Nos lieutenants auraient pu en rester là, puisque bien souvent leurs prisonniers étaient remis en liberté dans les heures suivantes ! En réalité, des avocats appuyés de certains juges connaissant parfaitement les lois trouvent régulièrement des failles pour que capote le travail de nos auxiliaires de justice.

Les déboires de ces policiers hors pair ne s’arrêtent pas simplement à ces faits extraordinaires. Pour cause, le moins enthousiaste et qui ne s’exprime qu’en cas de nécessité au sein de cette surprenante équipe, se nomme Blake Merlin. Né à Paris, il est métis d’origine indienne. Sa peau mate et ses cheveux ondulés d’un Noir ébène lui à toujours et depuis sa plus tendre enfance portée préjudice. Aujourd’hui encore, parmi ses collègues et parce qu’il n’ose les contrarier, le garçon se fait houspiller verbalement à cause de cet embarrassant homonyme. Pour une raison, qui lui appartient et du haut de ses vingt-six ans, le jeune homme ne semble plus faire cas de ces remarques. Bon nombre de ses connaissances considèrent eux aussi que le nom que lui ont donné ses parents comme une anomalie, une erreur.

Tout en muscles aujourd’hui, alors que cela n’a pas toujours été le cas, son mètre quatre-vingt et ses quatre-vingts kilogrammes en dissuaderaient certains s’il se donnait la peine de se défendre. Dans son

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comportement, tout laisse à croire, que seul l’intéresse son travail sur le terrain, et il l’exerce avec une conscience professionnelle exemplaire. Un éternel blouson de cuir pourpre surmonte un tee-shirt à fleur de peaux aux couleurs de l’Inde. Tantôt rouge sang, le lendemain un bleu azur ou encore un vert émeraude selon ses humeurs, il aimait porter ce vêtement qui lui moulait ses pectoraux à jalouser un Johnny Weissmuller (alias Tarzan, film en noir et blanc du vingtième siècle). Des jeans toujours irréprochables le mettent en contradiction avec Richard Landau, son inséparable complice. Parisien de naissance lui aussi, et endimanché comme un Sinatra, en revanche lui, ne se sépare jamais d’un costume trois-pièces. Sa particularité, il joue du couteau tel un as et en possède plusieurs. Un fixé à chaque cheville, un autre à son bras gauche sous sa manche et un dernier, le plus redoutable, à sa ceinture, dans le dos. Quoique possédant un pistolet de service, il préfère en découdre à l’arme blanche. Nos compères, par leur force de caractère doublé d’une assurance débordante, sont en train de démanteler une très puissante organisation criminelle. Celle-ci, ayant subi plusieurs défaites successives, commence à s’affoler devant les incontestables méthodes de l’infernal tandem.

Le second quant à lui, plus direct, en matière de langage, respecte profondément et plus encore son équipier. À force de fréquentation et à la faveur de diverses missions, ce complice a découvert par

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déduction, l’impressionnant secret que son acolyte indien garde précieusement. Pour autant, Landau qui semble avoir besoin de ce partenaire pour des raisons qui lui sont propres, jusqu’à ce jour, jamais il tint à discuter avec l’intéressé, de ce qu’il a constaté. Moins bien battit que son collègue, mais tout aussi efficace dans cette activité qui demande une énergie à toute épreuve, ajoutée de ses paroles faciles, lui valut l’estime de ce collaborateur de choc.

Le père de celui-ci justement a également exercé en tant que fonctionnaire de police. Considéré tel, un Indiana John, pour ses missions spectaculaires, on l’a ignoblement assassiné lors d’une fausse course-poursuite. À ce moment-là, son fils Blake n’avait que six ans et ne comprenait guère ce qui se tramait. Le piège a été savamment orchestré par un cerveau démoniaque, dont le capitaine Henri Merlin à force de persévérance avait fini par découvrir l’identité. Policier lui aussi, l’ingrat perdait chaque jour une partie de sa main-d’œuvre ainsi que des sommes colossales. Le stipendié ne comptant pas attendre son exécution décida de contre-attaquer sans retenue et en y mettant les moyens. À aucun moment, le troublant gardien de la paix aussi vigoureux soit-il, n’aurait pu échapper à cette roquette tirée d’un bazooka par un mercenaire grassement rémunéré. Son forfait accomplit, le tueur disparu dans la nature sans laisser la moindre trace. L’enquête avait déduit que les jours du baroudeur étaient comptés, ses ennemis le harcelant

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jour et nuit ne lui laissant aucune échappatoire. Son crime n’a à ce jour toujours pas été élucidé et ses assassins jamais inquiétés par la justice. Son dossier sur cette enquête ayant sordidement disparu, plus personne ne pouvait progresser pour donner un sens à ce crime abject. Volontairement ou pas, depuis que notre jeune auxiliaire s’est fait remarquer grâce à son tempérament tempétueux, l’état d’esprit de son équipe commençait à changer, et cela plaisait au commissaire Alix Calvin qui laissa libre cours à ses deux virulents lieutenants.

Nos compères à cet instant prenaient une collation à la terrasse d’un café bondé de mondes. Ils y étaient installés depuis un moment à rire de tout et de rien, quand sans crier gare, Blake se leva précipitam-ment de table, en portant sa main droite à son front. Son corps entier semblait vibrer. Appuyé de sa main gauche à la table ronde devant lui, dans sa tête, une chaleur indescriptible lui fit présager qu’un danger imminent menaçait. Son partenaire, en constatant son état d’anxiété, savait que ce sixième sens n’était pas à prendre à la légère, aussitôt le lui réclama la signification.

– Que se passe-t-il, Blake ? Parle-moi ! Car il se passe quelque chose, n’est-ce pas ?

– Non ! Euh… oui ! Mais j’ignore d’où viendra le problème, évoqua le premier.

Connaissant parfaitement son ami, Landau chercha au loin la preuve de cette hantise et ne tarda pas à

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s’apercevoir du drame à venir. À une trentaine de mètres, une voiture suspecte fonçait à vive allure. Les canons de plusieurs Kalachnikovs dépassant par les portières n’échappèrent pas à son regard vif.

– À terre tout le monde, hurla-t-il à l’intention de ses voisins du café, tout en sortant son arme afin de se défendre.

Dans l’excitation, et à la suite de cette virulente annonce, d’un même mouvement, les clients du bar se jetèrent vivement au sol. Dans la précipitation, des tables se renversèrent, gênant le policier qui se positionnait pour ajuster sa cible. Tandis que l’on entendit encore les cliquetis des verres et autres canettes, qui s’effritaient, de la berline qui n’avait pas ralenti, disparaissaient simultanément et comme par enchantement les quatre pneus. Réapparaissant aussitôt à l’intérieur du véhicule même, cette anomalie allait causer de sérieux inconvénients à ces instigateurs malintentionnés. Cet événement hors du commun toutefois n’empêcha en rien le bolide de poursuivre sa course folle contre le bitume. Dans un grincement strident, alimenté par d’impressionnantes étincelles, la glissade se termina à moins d’une dizaine de mètres de la terrasse. Dans la voiture par contre, ce fut l’incompréhension et la cacophonie générale. Immobilisé par la brusque apparition de ces pneumatiques dans l’habitacle, le quatuor désemparé et médusé par cette magie n’avait pas le choix que de rapidement se ressaisir. Délaissant tant bien que mal la carcasse de

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l’automobile, en abandonnant leur meurtrier matériel, seul l’un des passagers a eu suffisamment de frousse pour détaler tel un sloughi blessé. Tenant son bras en bandoulière, il avait l’air de souffrir atrocement. Visiblement, cela ne l’a pas empêché de disparaître dans les secondes qui suivirent. Deux autres auraient pu être rattrapés, car eux non plus, ne sont pas sortis indemnes de cette action. S’appuyant l’un à l’autre, ils boitaient étrangement en laissant derrière eux de trainés de sangs. Quant au dernier, il a eu moins de chance que ses complices. En réapparaissant dans cet espace restreint, l’une des jantes en acier s’est greffée au travers de son corps. L’individu est mort sur le coup s’en avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait.

Passé la consternation et aussitôt le calme revenu débarqua de chaque coin d’immeubles, des badauds ayant entendu le vacarme assourdissant. Les clients du bar quant à eux, ne voyant rien venir, se relevèrent avec hésitation, afin de se rendre compte de la raison pour laquelle Landau les avait avertis. Constatant, le désastre évité, l’un d’entre eux, une quinquagénaire entre autres, se manifesta avec émotion.

– Seigneur ! Nous l’avons échappé belle ! Quelques mètres de plus et c’était le choc fatal. Ce bruit atroce, j’en ai eu tellement peur que j’en tremble encore. Apparemment vous avez vu juste, monsieur ! dit-elle affectée par ce drame avorté. Je me demande comment vous avez su que ce véhicule nous percuterait. Je ne

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comprends pas par contre ce qui s’est passé, pour qu’il se retrouve ainsi aplati au sol ! C’est un vrai miracle, que ses roues se sont volatilisées au bon moment ! Il semblerait qu’un Dieu veille sur nous ! Ne me dite surtout pas que je divague. Je ne vois pas d’autres explications, pour que l’on soit ainsi épargné de ce qui aurait pu être une véritable tragédie ! Qu’elle émit surprise autant que ses voisins.

Le policier ne fournit aucune réponse à l’invétérée, préférant attraper son ami par le bras afin de l’éloigner de cet endroit.

– Dirigeons-nous par là, Blake ! Lui annonça son partenaire en montrant la direction du doigt. Il est inutile de s’éterniser ici. Je ne me vois pas répondre aux interrogations de nos collègues lorsqu’ils arriveront et constateront cette scène surréaliste.

– Pourquoi ? – Ah ! Quelle question, te fous-tu de moi là ? Soit,

tu me prends pour le dernier-né, ou alors tu n’es pas conscient de ce qui vient de se passer. Tu trouves normal qu’il lui manque ses pneus à cette voiture ! Fort heureusement pour nous, elle ne risque plus de s’enflammer.

– Non, bien sûr ! Mais… – Chut ! Pas si fort. Je pense néanmoins que le

moment est venu pour toi de me révéler certaines choses, tu ne crois pas ?

– Ah bon ! Qu’est-ce que j’aurai à te révéler ? – Ne me prends pas pour un idiot, surtout. Je suis

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convaincu que c’est toi qui as manipulé les éléments pour nous éviter une fin assurée. Ce que tu as fait sort du commun et demeure fantastique. Tu nous as tous sauvés de ce qui aurait été un carnage comme le soutient cette femme. Cette dernière ne saura jamais à quel point elle a raison et que ce n’était pourtant pas la voiture qu’elle devait craindre. Si tu n’avais pas eu ce réflexe, la morgue nous ouvrait toute grande ses bras. J’avais dégainé mon pistolet, qui semblait bien ridicule face à cette armada qui nous avait ajustées. Une fois de plus, il n’a pas servi. Ainsi, ces gredins ont décidé d’accélérer leur manœuvre d’intimidation à notre intention. Ils ont sorti l’artillerie lourde afin de tenter de nous envoyer dans l’autre monde, si j’en crois leur persévérance. Cela dit, j’ai vu pendant qu’ils s’enfuyaient, qu’au moins trois de ces brigands ont eu un aperçu de tes talents. Un quatrième n’a sans doute pas dû s’en sortir. Ses pairs ne l’ont pas attendu pour prendre la poudre d’escampette.

– Je ne les blâme pas ! Nos sprinteurs mal-en-point ont dû ressentir la peur de leur vie. Eux qui venaient avec la seule intention de clore une mission qu’ils crurent facile, se voit contrer en plein élan, ça doit déboussoler ! À leur place, quiconque ne se serait pas comporté autrement, il aurait pris la fuite, lui aussi. Car comment s’occuper des blessés alors que l’on ne comprend pas soi-même ce qui s’est passé ? Quant à leur action expéditive, cela fait un moment que nous leur portons des coups décisifs. Je m’étonne par

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conséquent qu’ils ne passent aux actes que maintenant. Face à la passivité de son collègue, Landau se vit

dans l’obligation d’aller plus au fond du comportement de son équipier.

– Tu as l’air d’être lucide ! affirme-t-il. Dans ton regard, je ne perçois pas de soucis particuliers ! dit-il en scrutant son visage. Jaugeant celui-ci avec étonnement, il continua. Dans ce cas, raconte-moi ! Dis-moi comment tu as réussi ce tour et par la même occasion n’aurais-tu pas envoyé les pneus à l’intérieur du véhicule par hasard ! Cette action spectaculaire, qui sans aucun doute, a dû les amocher de la sorte. J’ignore si ton geste avait pour objet de les déstabiliser, en tout cas, bien fait pour eux ! Quant à toi n’essaie pas de me tromper, tu n’y parviendras pas, et rejoignons, ma voiture veux-tu ? Tu m’expliqueras la manière dont tu as géré cet incident, le temps que l’on regagne le quartier général. Depuis un moment, je t’observe à manipuler les éléments sans rien formuler. Il faut reconnaître que je n’étais pas réellement persuadé de ce talent que tu caches admirablement. Pourtant, je ne trouvais pas logique que chaque fois que nous nous rendions sur un lieu de crime, que notre traque se finissait comme par magie, à notre avantage. Jamais, les gredins qui se faisaient prendre dans nos filets ne surent nous contrer, comme si quelqu’un les immobilisait momentanément pour que nous puissions les appréhender sans risque. Jamais encore, nous ne fûmes inquiétés par aucun de ces brigands. Pour la première