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actualités | pandémie A/H1N1 6 OptionBio | Lundi 22 mars 2010 | n° 433 D epuis que le nouveau virus influenza A/H1N1 d’origine porcine a été identifié à Mexico et aux États-Unis en avril 2009, ce dernier s’est rapidement propagé à travers le monde. Dès le 11 juin 2009, l’alerte pandémique de phase 6 a été déclarée par l’Organi- sation mondiale de la santé. Tester l’immunogénicité La vaccination reste la meilleure mesure pour contrôler la dissé- mination de ce virus et permet de diminuer la morbidité et la mortalité. La mise au point d’un vaccin a été considérée comme une urgence, en particulier en Chine où vit un sixième de la population mondiale. Des essais cliniques ont donc été mis en route en Europe, en Australie, aux États-Unis et en Chine. Réalisée dans ce dernier pays, une étude démontre l’efficacité et l’immuno- génicité de ce vaccin dirigé contre le virus influenza A/H1N1. Des essais à partir de la souche virale X-179A Une étude randomisée multicentri- que en double aveugle a donc été réalisée chez près de 13 000 per- sonnes âgées de trois ans ou plus, recrutées dans une dizaine de cen- tres. Chaque participant a alors reçu une ou plusieurs doses vaccinales ou bien un placebo. Huit types de vaccins ont été testés, contenant diverses doses d’hémagglutinine (7,5 μg, 15 μg ou 30 μg), avec ou sans adjuvant d’hydroxyde d’alumi- nium, avec un virion entier ou frac- tionné. L’ensemble de ces formu- lations a été obtenu à partir d’une même souche virale X-179A. Plusieurs paramètres ont été étudiés comme l’efficacité, l’immunogénicité et la séroprotection. Un excellent taux de séroprotection Chez les enfants, une seconde dose vaccinale entraîne un taux de pro- tection de 98 %, contre seulement 77 % chez ceux n’ayant reçu qu’une seule dose. Les effets secondaires sont considérés comme anodins. | OPHÉLIE MARAIS médecin biologiste, Paris [email protected] Source Liang XF, Wang HQ, Wang JZ et al. Safety and immunogenicity of 2009 pandemic influenza A H1N1 vaccines in China: a multicentre, double- blind, randomised, placebo-controlled trial. Lancet. 2010 ; 375 : 56-66. C omme lors des précédentes épidémies et pandémies à virus influenza, les femmes enceintes ont un risque particuliè- rement important de développer une pathologie de grade sévère. Entre le 23 avril 2009 et le 11 août 2009, 10 % des 1 088 patients hospitali- sés pour l’infection grippale A/H1N1 rapportés par le CDPH (California Department of Public Health) étaient des femmes enceintes. Les femmes enceintes quatre fois plus touchées Un rapport récent fait lors du premier mois de cette épidémie a permis de noter que le taux d’hospitalisation parmi ces patientes est approxima- tivement 4 fois plus important que dans la population générale. Une étude réalisée par une équipe de chercheurs américains décrit l’évolution clinique de cette patho- logie au cours des 4 premiers mois de l’épidémie et les caractéristiques chez différents types de femmes hospitalisées pour une infection à virus influenza A/H1N1 déclarée : des femmes enceintes, des femmes venant d’accoucher depuis moins de deux semaines et enfin des patien- tes en âge de procréer. Au total, près de 100 femmes enceintes ont été enrôlées dans cette étude, 8 femmes en période de post-partum et près de 140 femmes en âge de procréer − l’ensemble de celles-ci ayant été hospitalisées, sont guéries ou décédées de l’infection. En fin de grossesse et avec facteurs de risque Les résultats montrent que la plupart des femmes enceintes (95 %) étaient dans leur deuxième ou troisième tri- mestre de grossesse. Environ un tiers de ces patientes enceintes avait des facteurs de risque établis vis-à-vis de complications éventuelles de l’infec- tion à virus influenza. L’absence de prise de traitement antiviral dans les deux premiers jours de l’apparition des symptômes cliniques était associée à un risque 4 fois plus grand d’être admis en unités de soins intensifs voire de décès. Ainsi, 22 % des patientes touchées par cette infection ont dû être admises en réanimation et 8 % sont décédées. Le taux de décès maternels pour 100 000 naissances est estimé à 4,3. Les conséquences de l’infection au virus influenza A/H1N1 sont donc particulièrement importantes chez les femmes enceintes. | OPHÉLIE MARAIS Source Louie JK, Acosta M, Jamieson DJ et al. Severe 2009 H1N1 influenza in pregnant and postpartum women in California. NEJM. 2010 ; 362 : 27-35. Innocuité du vaccin contre le virus influenza A/H1N1 testé en Chine Des infections sévères à virus influenza A/H1N1 en per- et post-partum a, peut-être a, peut-être Ebola Ebola s dangereux s dangereux moins moins ne le pensait ne le pensait qu’on qu’on © Fotolia.com/pix4U

Innocuité du vaccin contre le virus influenza A/H1N1 testé en Chine

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actualités | pandémie A/H1N1

6 OptionBio | Lundi 22 mars 2010 | n° 433

Depuis que le nouveau virus influenza A/H1N1 d’origine porcine a été identifié à

Mexico et aux États-Unis en avril 2009, ce dernier s’est rapidement propagé à travers le monde. Dès le 11 juin 2009, l’alerte pandémique de phase 6 a été déclarée par l’Organi-sation mondiale de la santé.

Tester l’immunogénicitéLa vaccination reste la meilleure mesure pour contrôler la dissé-mination de ce virus et permet de diminuer la morbidité et la mortalité. La mise au point d’un vaccin a été considérée comme une urgence, en particulier en Chine où vit un sixième de la population mondiale. Des essais cliniques ont donc été mis en route en Europe, en Australie, aux États-Unis et en Chine. Réalisée dans ce dernier pays, une étude démontre l’efficacité et l’immuno-génicité de ce vaccin dirigé contre le virus influenza A/H1N1.

Des essais à partir de la souche virale X-179AUne étude randomisée multicentri-que en double aveugle a donc été réalisée chez près de 13 000 per-sonnes âgées de trois ans ou plus, recrutées dans une dizaine de cen-tres. Chaque participant a alors reçu une ou plusieurs doses vaccinales ou bien un placebo. Huit types de vaccins ont été testés, contenant diverses doses d’hémagglutinine (7,5 μg, 15 μg ou 30 μg), avec ou sans adjuvant d’hydroxyde d’alumi-nium, avec un virion entier ou frac-tionné. L’ensemble de ces formu-lations a été obtenu à partir d’une même souche virale X-179A. Plusieurs paramètres ont été étudiés comme l’efficacité, l’immunogénicité et la séroprotection.

Un excellent taux de séroprotectionChez les enfants, une seconde dose vaccinale entraîne un taux de pro-

tection de 98 %, contre seulement 77 % chez ceux n’ayant reçu qu’une seule dose. Les effets secondaires sont considérés comme anodins. |

OPHÉLIE MARAIS

médecin biologiste, Paris

[email protected]

SourceLiang XF, Wang HQ, Wang JZ et al. Safety and immunogenicity of 2009 pandemic influenza A H1N1 vaccines in China: a multicentre, double-blind, randomised, placebo-controlled trial. Lancet. 2010 ; 375 : 56-66.

Comme lors des précédentes épidémies et pandémies à virus influenza, les femmes

enceintes ont un risque particuliè-rement important de développer une pathologie de grade sévère. Entre le 23 avril 2009 et le 11 août 2009, 10 % des 1 088 patients hospitali-sés pour l’infection grippale A/H1N1 rapportés par le CDPH (California Department of Public Health) étaient des femmes enceintes.

Les femmes enceintes quatre fois plus touchéesUn rapport récent fait lors du premier mois de cette épidémie a permis de noter que le taux d’hospitalisation

parmi ces patientes est approxima-tivement 4 fois plus important que dans la population générale.Une étude réalisée par une équipe de chercheurs américains décrit l’évolution clinique de cette patho-logie au cours des 4 premiers mois de l’épidémie et les caractéristiques chez différents types de femmes hospitalisées pour une infection à virus influenza A/H1N1 déclarée : des femmes enceintes, des femmes venant d’accoucher depuis moins de deux semaines et enfin des patien-tes en âge de procréer. Au total, près de 100 femmes enceintes ont été enrôlées dans cette étude, 8 femmes en période de

post-partum et près de 140 femmes en âge de procréer − l’ensemble de celles-ci ayant été hospitalisées, sont guéries ou décédées de l’infection.

En fin de grossesse et avec facteurs de risqueLes résultats montrent que la plupart des femmes enceintes (95 %) étaient dans leur deuxième ou troisième tri-mestre de grossesse. Environ un tiers de ces patientes enceintes avait des facteurs de risque établis vis-à-vis de complications éventuelles de l’infec-tion à virus influenza.L’absence de prise de traitement antiviral dans les deux premiers jours de l’apparition des symptômes

cliniques était associée à un risque 4 fois plus grand d’être admis en unités de soins intensifs voire de décès. Ainsi, 22 % des patientes touchées par cette infection ont dû être admises en réanimation et 8 % sont décédées. Le taux de décès maternels pour 100 000 naissances est estimé à 4,3.Les conséquences de l’infection au virus influenza A/H1N1 sont donc particulièrement importantes chez les femmes enceintes. |

OPHÉLIE MARAIS

SourceLouie JK, Acosta M, Jamieson DJ et al. Severe 2009 H1N1 influenza in pregnant and postpartum women in California. NEJM. 2010 ; 362 : 27-35.

Innocuité du vaccin contre le virus influenza A/H1N1 testé en Chine

Des infections sévères à virus influenza A/H1N1 en per- et post-partum

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