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21 M. Arrayhani / Le journal marocain de cardiologie II (2010) Insuffisance cardiaque et insuffisance rénale : une liaison dangereuse Heart failure and renal failure: a dangerous link M. Arrayhani, T. Sqalli Houssaïni Service de Néphrologie, CHU Hassan II – Fès. Résumé La détérioration de la fonction rénale au cours de l’insuffisance cardiaque est fréquente et souvent associée à un mauvais pronostic. La nouvelle classification du syndrome cardio-rénal en cinq types, basée sur une meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques, vient souligner l’importance de la collaboration entre cardiologues et néphrologues dans la prise en charge de ces patients à haut risque. Les principes du traitement reposent sur la correction du mécanisme causal, la déplétion hydro-sodée par le recours aux diurétiques et aux moyens d’ultrafiltration, ainsi que l’adaptation des posologies des traitements au degré d’insuffisance rénale. La prévention reste le meilleur traitement de ce syndrome. Mots-clés : insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, syndrome cardio-rénal, ultrafiltration. Summary Worsening renal function during hospitalization for heart failure is frequent and is associated with a significant increase in morbidity and mortality. The new classification of the cardiorenal syndrome reflects the pathophysiology and the nature of concomitant cardiac and renal dysfunction. Its use can help physicians to characterize patient’s sub-groups and provides the rationale for specific management strategies. Treatment is based on the correction of the causal mechanism, water and sodium depletion by the use of diuretics and ultrafiltration methods, and posology adaptation to the degree of renal failure. Prevention remains the best treatment of this syndrome. Key-words: cardiac failure, renal failure, cardio-renal syndrome, ultrafiltration Introduction Le cœur et les reins contribuent à la régulation de la pression sanguine, du tonus vasculaire, de l’homéostasie, de la perfusion périphérique et de l’oxygénation tissulaire. Un trouble physiopathologique de l'un de ces organes peut engendrer un dysfonctionnement aigu ou chronique de l’autre (1). Cette entité nouvellement identifiée démontrant la relation étroite entre ces deux organes est désormais connue sous le nom de syndrome cardio-rénal. Il s’agit le plus souvent d’une détérioration de la fonction rénale dans le cadre d’une progression clinique de l’insuffisance cardiaque (IC) (2). C’est une pathologie fréquente et souvent associée à un mauvais pronostic (3-5). Selon les estimations, le syndrome cardio-rénal affecterait 1,9 millions d’européens et 1,5 millions de nord-américains. 25% des patients hospitalisés pour une insuffisance cardiaque aiguë décompensée subiront une dégradation significative de la fonction rénale. La nouvelle classification du syndrome cardio-rénal, basée sur une meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques, vient souligner l’importance de la collaboration entre cardiologues et néphrologues dans la prise en charge de ces patients à haut risque.

Insuffisance cardiaque et insuffisance rénale : une … · 23 SCR type 2 (syndrome cardio-rénal chronique) C’est cette fois une insuffisance cardiaque chronique qui va entraîner

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M. Arrayhani / Le journal marocain de cardiologie II (2010)

Insuffisance cardiaque et insuffisance rénale : une liaison dangereuse

Heart failure and renal failure: a dangerous link

M. Arrayhani, T. Sqalli Houssaïni Service de Néphrologie, CHU Hassan II – Fès.

Résumé La détérioration de la fonction rénale au cours de l’insuffisance cardiaque est fréquente et souvent associée à un mauvais pronostic. La nouvelle classification du syndrome cardio-rénal en cinq types, basée sur une meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques, vient souligner l’importance de la collaboration entre cardiologues et néphrologues dans la prise en charge de ces patients à haut risque. Les principes du traitement reposent sur la correction du mécanisme causal, la déplétion hydro-sodée par le recours aux diurétiques et aux moyens d’ultrafiltration, ainsi que l’adaptation des posologies des traitements au degré d’insuffisance rénale. La prévention reste le meilleur traitement de ce syndrome.

Mots-clés : insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, syndrome cardio-rénal, ultrafiltration.

Summary

Worsening renal function during hospitalization for heart failure is frequent and is associated with a significant increase in morbidity and mortality. The new classification of the cardiorenal syndrome reflects the pathophysiology and the nature of concomitant cardiac and renal dysfunction. Its use can help physicians to characterize patient’s sub-groups and provides the rationale for specific management strategies. Treatment is based on the correction of the causal mechanism, water and sodium depletion by the use of diuretics and ultrafiltration methods, and posology adaptation to the degree of renal failure. Prevention remains the best treatment of this syndrome.

Key-words: cardiac failure, renal failure, cardio-renal syndrome, ultrafiltration

Introduction

Le cœur et les reins contribuent à la régulation de la

pression sanguine, du tonus vasculaire, de l’homéostasie,

de la perfusion périphérique et de l’oxygénation

tissulaire. Un trouble physiopathologique de l'un de ces

organes peut engendrer un dysfonctionnement aigu ou

chronique de l’autre (1).

Cette entité nouvellement identifiée démontrant la

relation étroite entre ces deux organes est désormais

connue sous le nom de syndrome cardio-rénal. Il s’agit

le plus souvent d’une détérioration de la fonction rénale

dans le cadre d’une progression clinique de l’insuffisance

cardiaque (IC) (2).

C’est une pathologie fréquente et souvent associée à

un mauvais pronostic (3-5). Selon les estimations,

le syndrome cardio-rénal affecterait 1,9 millions

d’européens et 1,5 millions de nord-américains.

25% des patients hospitalisés pour une insuffisance

cardiaque aiguë décompensée subiront une dégradation

significative de la fonction rénale.

La nouvelle classification du syndrome cardio-rénal,

basée sur une meilleure connaissance des mécanismes

physiopathologiques, vient souligner l’importance de la

collaboration entre cardiologues et néphrologues dans la

prise en charge de ces patients à haut risque.

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Epidemiologie

Selon l’important registre américain ADHERE, au moins 65% des patients présentant un tableau d’IC aiguë ont une clairance de la créatinine < 60 ml/minute (6). Ceci est d’une importance capitale étant donné que l’impact de l’insuffisance rénale (IR) sur la survie serait significativement plus important en présence d’une diminution de la clairance de la créatinine < 60 ml/minute (7,8).

La présence d’une insuffisance rénale était le paramètre le plus étroitement lié à la mortalité chez ces patients (7). Durant l’hospitalisation, elle serait maximale au cours des premières 72 heures.

Plus de 40 % des patients présenteraient une augmentation significative de la créatininémie associée à une augmentation significative de la durée de séjour ainsi que de la mortalité péri-hospitalière (9,10).

Pathogénie : Comment se manifeste le syndrome cardio-renal ?

La physiopathologie du syndrome cardio-rénal reste mal comprise. Elle est susceptible d’impliquer des interactions complexes entre les mécanismes hémodynamiques (figure 1) et neuro-hormonaux (11,12). Des modifications fonctionnelles sur un organe (cœur ou reins) entraînent le dysfonctionnement de l’autre.

L’activation neurohormonale augmente la charge volumique et la pression exercée sur le cœur et favorise le remodelage myocardique (12).

C’est un composant clé qui relie non seulement l’insuffisance rénale à l’insuffisance cardiaque, mais également l’insuffisance cardiaque à l’insuffisance rénale.

L’hypertension, le vieillissement, le diabète, des troubles réno-vasculaires, une insuffisance rénale et une athérosclérose sont des facteurs de risques courants associés au syndrome cardio-rénal (11,13).

L’anémie est aussi étroitement liée au développement du syndrome cardio-rénal. Les risques d’anémie augmentent parallèlement à la hausse du niveau de gravité de l’insuffisance cardiaque et des taux de

créatinine sérique (14).

De la même façon, l’aggravation de la fonction rénale pendant l’hospitalisation pour insuffisance cardiaque aiguë décompensée est un facteur de risque indépendant de mortalité à un an et d’hospitalisations prolongées.

insuffisance cardiaque

Bas débit cardiaque Débit cardiaque normal

hypoperfusion rénale Congestion rénale

Vasoconstriction

artériolaire afférente

Stimulation du

SRA*

Activation de

l'endothéline 1

Elévation de la

pression veineuse

rénale

Lésion rénale aiguë

Figure 1. Rôle de l'hypoperfusion et de la congestion rénales dans les syndromes cardio-rénaux de type 1 et 2 (syndrome

cardio-rénal aigu et chronique).* SRA : système rénine-angiotensine

Nouvelle classification

Le terme «syndrome cardio-rénal» (SCR) a été largement utilisé sans pour autant avoir une définition claire.Une nouvelle classification a été proposée récemment par Ronco et coll comportant cinq types de syndrome cardio-rénal (15).

SCR type 1 (syndrome cardio-rénal aigu)

Il est caractérisé par une insuffisance cardiaque aiguë entrainant une insuffisance rénale aiguë (IRA). C’est une situation qui est fréquente (1 million de patients admis à l’hôpital par année aux Etats-Unis).

L’étiologie évoquée est une perfusion rénale inadéquate et/ou augmentation de la pression veineuse provoquant une « congestion » rénale. Le SCR type 1 a comme conséquence importante une baisse de la réponse aux diurétiques.

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SCR type 2 (syndrome cardio-rénal chronique)

C’est cette fois une insuffisance cardiaque chronique qui

va entraîner une atteinte rénale. Jusqu’à 25% des patients

avec insuffisance cardiaque chronique ont, en plus, une

insuffisance rénale chronique. Une diminution du débit

de filtration glomérulaire va augmenter le risque de

mortalité de ces patients.

On ne connait pas vraiment la physiopathologie de

cette atteinte. L’étude ESCAPE (Evaluation Study of

Congestive Heart Failure) a montré que chez les patients

avec une insuffisance cardiaque avancée, le seul paramètre

prédictif d’une insuffisance rénale était une pression

augmentée dans l’oreillette droite. Ce point faisant penser

que la « congestion » rénale pourrait contribuer à la

physiopathologie de cette entité (figure 1).

SCR type 3 (syndrome réno-cardiaque aigu)

Moins fréquent que le SCR type 1, le type 3 est caractérisé

par une atteinte brutale de la fonction rénale, entraînant

une dysfonction cardiaque aiguë (insuffisance cardiaque,

trouble du rythme ou ischémie).

L’insuffisance rénale aiguë (IRA) touche toutefois

jusqu’à 9% des patients hospitalisés, en utilisant les

critères RIFLE (risk, injury, failure, loss and end-stage

kidney disease). Aux soins intensifs, ce risque est plus

élevé de l’ordre de 35%.

Une situation clinique comme la sténose bilatérale des

artères rénales est l’archétype du SCR type 3.

SCR type 4 (syndrome réno-cardiaque chronique)

Dans le type 4, c’est l’insuffisance rénale chronique

(IRC) qui provoque une atteinte cardiaque. En utilisant

la classification internationale en 5 stades, 11% de la

population aux Etats-Unis qui souffre d’une IRC.

Au Maroc, près de 1 million de personnes seraient atteintes

d'une maladie rénale chronique. Ces patients sont à haut

risque cardiovasculaire et la prise en charge est souvent

sous-optimale.

Insuffisance rénale chronique

Vasculopathie Cardiomyopathie

Athérosclérose Artériosclérose

Coronaropathie, AVC

Vasculopathie périphérique

Non compliance des gros vaiseaux

HVG concentrique

Dysfonction diastolique du

VG

Dysfonction systolique du VG

HVG excentrique

Figure 2. Pathogénie de l’atteinte cardiovasculaire dans le syndrome réno-cardiaque de type 4

AVC : Accident vasculaire cérébral, HVG : Hypertrophie ventriculaire gauche VG : ventricule gauche

SCR type 5 (syndrome cardio-rénal secondaire)

Le type 5 correspond à une atteinte cardiaque et rénale due

à une maladie systémique aiguë ou chronique. Cela peut

être un sepsis, le diabète, l’amylose, le lupus systémique

disséminé ou la sarcoïdose. Dans la forme aiguë, c’est

le sepsis sévère qui est le plus fréquent. Celui-ci peut

provoquer une IRA avec une cardioplégie importante. Le

mécanisme est, là encore, mal compris, avec probablement

une participation du TNF (Tumor Necrosis Factor).

Considérations thérapeutiques

Médicaments associés au développement du syndrome cardio-rénal

Certains agents pharmacologiques augmenteraient le

risque de développer un syndrome cardio-rénal. Les

vasodilatateurs directs, les inhibiteurs calciques, de

même que l’utilisation de fortes doses de furosémide

causeraient une augmentation du risque de développer

ce syndrome.

Par ailleurs, le blocage du système rénine angiotensine,

de même que l’utilisation de β-bloqueurs, ne seraient

pas associés au développement d’un tel syndrome. Ces

médicaments utilisés dans le traitement de l’insuffisance

cardiaque nécessitent rarement une adaptation de

posologie chez l’insuffisant rénal contrairement à la

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digoxine (tableau I).

Tableau 1. Traitement de l’insuffisance cardiaque : risque d’accumulation chez l’insuffisant rénal.

Digoxine IEC ARA II BB

Elimination rénale : 90 %

Demi-vie de 36 h

- Captopril, lisinopril : baisser posologie si IR - Ramipril, trandolapril : baisser si Cl < 30 ml/mn - Enalapril : baisser si Cl < 20 ml/mn

- Losartan : pas d'accumulation - Candesartan : 26 % élimination rénale - Valsartan : 30 % élimination rénale

Nebivolol, bisoprolol, metoprolol, carvedilol : pas d'adaptation de posologie

Traitement basé sur la physiopathologie de l’IC

Le traitement de l’IC décompensée doit tenir compte de sa physiopathologie. Les patients présentant une surcharge devraient être rapidement traités par diurétiques (16). L’utilisation du furosémide en perfusion continue, à raison de 500 à l000 mg/jour, serait particulièrement efficace.

Si la pression artérielle systolique est maintenue (> 85 mmHg), l’utilisation de vasodilatateurs de type nitroglycérine ou nitroprussiate est indiquée. L’analogue synthétique du BNP (Brain natriuretic peptide), le néséritide,est prometteur chez ces patients (17).

Si la pression artérielle systolique est inférieure à 85 mmHg, l’utilisation d’un agent inotrope est indiquée. L’utilisation de milrinone, avec ou sans agents alpha de type néosinéphrine, serait particulièrement efficace. L’utilisation d’agents inotropes chez de tels patients n’augmenterait pas la mortalité (17). Il est recommandé de diminuer la dose de β-bloquants de 50 à 75 %, tout en évitant de les arrêter de façon brutale.

Place des diurétiques

Les diurétiques sont le traitement de référence de l’IC associée à une surcharge volémique. Chez les patients atteints d’une insuffisance cardiaque et rénale concomitante, le traitement par des diurétiques est limité par l’apparition d’une pharmacorésistance (11). Les patients atteints d'une dysfonction cardiaque et rénale avancée ont souvent besoin d’une augmentation

progressive de la dose de diurétiques (11).

L’administration de fortes doses de diurétiques pourrait être davantage un marqueur qu’une cause d’instabilité clinique (18). Dans la prise en charge des patients atteints de congestion sévère, de nombreux médecins préconisent d’utiliser une perfusion continue de diurétiques de l’anse. Dans une récente revue de Cochrane qui comprenait 8 études et 254 patients, on a constaté que le débit urinaire était significativement plus élevé avec la perfusion comparativement à l’administration d’un bolus, bien que la différence (271 ml/24 h, p < 0,01) soit modeste (16).

La résistance aux diurétiques

La résistance aux diurétiques est définie comme une incapacité d’initier et de maintenir une diurèse en présence de doses croissantes de diurétiques. Environ 20 à 30% des patients souffrant de défaillance cardiaque aiguë présenteraient ce problème.

La physiopathologie en cause est multifactorielle. L’activation neuro-humorale exagérée, une maladie rénale sous-jacente, une hypovolémie, de même qu’une diminution significative du débit cardiaque joueraient un rôle significatif. D’autre part, une congestion droite causant une diminution de l’absorption intestinale des diurétiques, de même que l’augmentation de l’ingestion sodique, joueraient un rôle significatif.

Il est possible de prévenir et de traiter le syndrome de résistance aux diurétiques. Le maintien d’un statut euvolémique, la diminution de l’ingestion de sodium chez les patients hyponatrémiques, la diminution et/ou le retrait temporaire des bloqueurs du système rénine angiotensine et le maintien d’un débit cardiaque sont nécessaires. Par ailleurs, l’utilisation du furosémide en perfusion continue, des diurétiques en combinaison tels l’hydrochlorothiazide (si la clairance de la créatinine est supérieure à 30 ml/min) et/ou la spironolactone seraient

recommandée.

Place de l’ultrafiltration

L’ultrafiltration (UF) utilise une membrane semi-perméable pour éliminer le liquide isotonique au plasma et pour favoriser l’euvolémie, et offre un moyen efficace de rétablir la balance sodique. En outre, l’UF permet une élimination liquidienne rapide et prévisible. Elle n’a

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aucun effet sur les électrolytes sériques et peut rétablir la réponse diurétique (19,20).

Bien que des résultats prometteurs ont été obtenus avec une UF immédiate dans le syndrome d’insuffisance cardiaque aigue (SICA) (21), son utilisation chez des patients souffrant d’IC réfractaire et de dysfonction rénale peut occasionnellement être associée à une insuffisance rénale progressive (22).

Une étude récente comparant l’UF et les diurétiques en intraveineux chez des patients hospitalisés pour un SICA a démontré que l’UF n’a pas causé de différences significatives dans l’hémodynamique rénale comparativement aux diurétiques (23). CARRESS (Cardiorenal Rescue Study in Acute Heart Failure), une étude subventionnée par le NIH, tentera de répondre à la question concernant la supériorité ou non de l'UF, par rapport aux mesures pharmacologiques, pour l'amélioration de la fonction rénale et la réduction de la congestion.

Conclusion

La mortalité des insuffisants cardiaques est plus élevée chez les patients présentant une insuffisance rénale associée, ce qui influe sur le traitement et le pronostic. Jusqu’à ces dernières années, il n’existait pas de données probantes pour guider les décisions thérapeutiques chez ces patients. Depuis l’individualisation du syndrome cardio-rénal et ses différents types, de nombreuses études sont menées afin de mettre au point d’autres méthodes favorisant l’élimination liquidienne chez les patients présentant une surcharge volémique. Ces études permettront d’élaborer des stratégies plus efficaces pour prendre en charge ou prévenir l’insuffisance rénale (y compris développer des médicaments assurant une protection rénale) afin de réduire la morbidité et la mortalité associées à l'insuffisance cardiaque.

En résumé

- La détérioration rénale est fréquente au cours de l’insuffisance cardiaque. Elle est associée à un mauvais pronostic.

- La conduite thérapeutique doit tenir compte du mécanisme physiopathologique et de la classification du syndrome cardio-rénal en 5 types.

- Il faut être prudent avec l’administration trop agressive de diurétiques, un titrage trop vigoureux des bloqueurs du système rénine-angiotensine ou des bêta-bloqueurs, de même que l’utilisation des inhibiteurs calciques.

- La résistance aux diurétiques atteint 20 à 30 % des patients avec IC décompensée.

- La perfusion continue de furosémide serait particulièrement efficace.

- L’utilisation de l’ultrafiltration continue est prometteuse.

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