30
COLLECTION OUVERTURES PSY Croyances sociales Spiritualité, religion, croyances ascientifiques, croyances areligieuses Sous la direction de Nicolas Roussiau

INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

C O L L E C T I O N O U V E R T U R E S P S Y

OU

VE

RT

UR

ES

P

SY

Radicalisation religieuse, phénomènes sectaires, croyances et santé, croyances ascientifiques… Pourquoi a-t-on besoin de croire ? L’homme serait-il toujours dépendant d’une forme de croyance ? Si la croyance répond à un besoin individuel de sens – face à des interrogations essentielles : la mort, le néant, l’infini…– elle offre aussi une grille d’interprétation du réel. Cet ouvrage collectif s’attache à étudier les croyances sociales et réfléchir aux lectures de la réalité qu’elles nous offrent. Il ouvre la réflexion dans plusieurs voies :

– la dimension extrême des croyances : phénomènes sectaires, radicalisations religieuses ;

– la religion dans le conflit autour des valeurs et idéologies : tensions identitaires, mariage pour tous, islamophobie ;

– les effets de la spiritualité sur le domaine de la santé : qualité de vie, psycho-oncologie…

– la spiritualité religieuse et areligieuse dans le domaine de l’environnement et de la santé ;

– les croyances ascientifiques en lien avec le domaine de l’irrationnel.

Un ouvrage novateur, sur un questionnement au coeur des enjeux contemporains.

Les auteurs : Ameline Anaïs, Belhourania Rajaa, Biccheri Barron Eliane, Boisseau Baptiste, Boudoukha Abdel-Halim, Bourdon Marianne, Boussaud Fantine, Bouteiller Julie, Corson Yves, Fleury-Bahi Ghozlane, Lebreton Emeric, Lormier Clothilde, Mambet-Doué Constance, Navarro Oscar, Ndobo André, Renard Elise, Roussiau Nicolas, Simon Linda, Valence Aline.

www.inpress.fr

19 € TTC FranceISBN : 978-2-84835-446-0Visuel de couverture : ©fotolia_denis_pc

Sous

la d

ir. d

e N

icol

as R

ouss

iau

Croy

ance

s so

cial

es

Croyances socialesSpiritualité, religion, croyances ascientifiques, croyances areligieuses

9 782848 354460

Croyances socialesSpiritualité, religion, croyances ascientifiques, croyances areligieuses

Sous la direction de

Nicolas Roussiau

CV_ROUSSIAU_Croyances sociales.indd 1 28/11/2017 17:36

Page 2: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement
Page 3: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

Croyances sociales

Spiritualité, religion, croyances ascientifiques, croyances areligieuses

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 1 06/12/2017 12:23

Page 4: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES, SPIRITUALITÉ, RELIGION, CROYANCES ASCIENTIFIQUES, CROYANCES ARELIGIEUSES.

ISBN 978-2-84835-446-0

© 2018 ÉDITIONS IN PRESS

Illustration de couverture : ©fotolia_denis_pc

Couverture : Élise Ducamp Collin

Mise en pages : Louise Delfosse

Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement des auteurs, ou de leurs ayants droit ou ayants cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanction-née par les articles 425 et suivants du Code pénal.

ÉDITIONS IN PRESS127 rue Jeanne d'Arc - 75013 ParisTél. : 09 70 77 11 48Fax. : 01 45 86 99 42E-mail : [email protected]

www.inpress.fr

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 2 06/12/2017 12:23

Page 5: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

sous la direction de Nicolas Roussiau

Croyances sociales

Spiritualité, religion, croyances ascientifiques, croyances areligieuses

Collection Ouvertures Psy

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23

Page 6: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement de 2008 à 2011 dans le cadre le l’équipe E3C - Croyances, Cognitions et Contextes - (Laboratoire LABECD. EA 3259) et de 2012 à 2016 dans le cadre de l’équipe Cognitions et Croyances (Laboratoire LPPL. EA 4638) de l’université de Nantes.

Je tiens à remercier l’ensemble des collègues pour leurs contributions à ce projet.

Nicolas Roussiau

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 4 06/12/2017 12:23

Page 7: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

Sommaire

Les auteurs ....................................................................................................... 9

IntroductIon

La théorie des croyances sociales Nicolas Roussiau ............................................................................................. 13

Partie 1.  CroyanCes soCiales, religiosité et méCanismes d’adhésion

chapItre 1Les sectes : fausses religions, vraies manipulations ? Linda Simon .................................................................................................... 51

chapItre 2La radicalisation des croyances et ses effets sur le traitement de l’information Baptiste Boisseau et Yves Corson ................................................................. 77

chapItre 3L’adhésion dogmatique à la croyance religieuse Anaïs Ameline ................................................................................................ 95

Partie 2 . CroyanCes soCiales, religiosité et tensions identitaires

chapItre 4Islamophobie : étude psychosociale des causes et des conséquences de ce fait social Anaïs Ameline et André Ndobo .................................................................. 111

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 5 06/12/2017 12:23

Page 8: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

chapItre 5Retour sur le « mariage pour tous » : une analyse des représentations médiatiques au prisme des discours religieux Aline Valence ................................................................................................ 127

chapItre 6Tensions identitaires et perméabilité aux discours intégristes religieux : analyse psychosociale, clinique et psychopathologique Rajaa Belhourania et Abdel-Halim Boudoukha ......................................... 141

Partie 3. sPiritualité et religion dans le domaine de la santé

chapItre 7Spiritualité, coping, qualité de vie et fibromyalgie Eliane Biccheri Barron .................................................................................. 159

chapItre 8Quelle est la place de la spiritualité en psycho-oncologie ? Marianne Bourdon ....................................................................................... 173

chapItre 9Religiosité et santé des migrants : des médiations psychologiques, psychosociales et culturelles Constance Mambet-Doué ............................................................................ 185

Partie 4. les CroyanCes religieuses et a-religieuses : santé et environnement

chapItre 10La spiritualité : une croyance a-religieuse Elise Renard .................................................................................................. 201

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 6 06/12/2017 12:23

Page 9: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

chapItre 11Mindfulness : d’une pratique religieuse à un paradigme scientifique Julie Bouteiller .............................................................................................. 215

chapItre 12Spiritualité et relation à l’environnement Oscar Navarro et Ghozlane Fleury-Bahi ..................................................... 227

Partie 5. le domaine des CroyanCes a-sCientifiques

chapItre 13Le domaine des croyances a-scientifiques Nicolas Roussiau ........................................................................................... 243

chapItre 14Les théories du complot : dynamiques psychosociales et dynamiques d’actions Emeric Lebreton ........................................................................................... 267

chapItre 15Les lieux de contrôle interne et externe dans les croyances a-scientifiques Fantine Boussaud et Clotilde Lormier ........................................................ 281

BIBlIographIe sélectIve ............................................................................ 293

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 7 06/12/2017 12:23

Page 10: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 8 06/12/2017 12:23

Page 11: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

Les auteurs

Ameline Anaïs. Docteure en psychologie sociale. Chercheuse associée du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Cognitions et croyances ». Université de Nantes.

Belhourania Rajaa. Doctorante en psychologie clinique. Chercheuse associée du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Handicap et vulnérabilité ». Université de Nantes.

Biccheri Barron Eliane. Psychologue sociale. Doctorante en psy-chologie sociale de la santé. Chercheuse associée du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Université de Nantes.

Boisseau Baptiste. Doctorant en psychologie sociale. Chercheur associé du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Cognitions et croyances ». Université de Nantes.

Boudoukha Abdel-Halim. Professeur de psychologie clinique. Membre du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Handicaps et vulnérabilité ». Université de Nantes.

Bourdon Marianne. Docteure en psychologie sociale. Laboratoire LABECD (EA 3259). Axe de recherche « Croyances, Cognitions et Contextes ». Université de Nantes.

Boussaud Fantine. Psychologue sociale. Diplômée du master 2 pro-fessionnel de psychologie sociale de l’université de Nantes.

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 9 06/12/2017 12:23

Page 12: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES10

Bouteiller Julie. Psychologue sociale. Diplômée du master 2 recherche de l’université de Nantes.

Corson Yves. Professeur de psychologie cognitive. Membre du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Cognitions et croyances ». Université de Nantes.

Fleury-Bahi Ghozlane. Professeur de psychologie sociale de l’envi-ronnement. Membre du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Handicaps et vulnérabilité ». Université de Nantes.

Lebreton Emeric. Docteur en psychologie sociale. Laboratoire LABECD (EA 3259). Axe de recherche « Croyances, Cognitions et Contextes ». Université de Nantes.

Lormier Clotilde. Psychologue sociale. Diplômée du master 2 pro-fessionnel de psychologie sociale de l’université de Nantes.

Mambet-Doué Constance. Docteure en psychologie sociale. Cher-cheuse associée du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Cognitions et croyances ». Université de Nantes.

Navarro Oscar. Maître de conférences en psychologie sociale. Membre du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Handicaps et vulnérabilité ». Université de Nantes.

Ndobo André. Professeur de psychologie sociale. Membre du Labo-ratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Cognitions et croyances ». Université de Nantes.

Renard Elise. Maître de conférences en psychologie sociale. Membre du Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Axe de recherche « Cognitions et croyances ». Université de Nantes.

Roussiau Nicolas. Professeur de psychologie sociale. Directeur de l'axe « Cognitions et croyances ». Laboratoire de Psychologie des Pays de Loire (LPPL - EA 4638). Université de Nantes.

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 10 06/12/2017 12:23

Page 13: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

LES AUTEURS 11

Simon Linda. Docteure en psychologie sociale. Laboratoire LABECD (EA 3259). Axe de recherche « Croyances, Cognitions et Contextes. Université de Nantes.

Valence Aline. Docteure en psychologie sociale. Laboratoire LABECD (EA 3259). Axe de recherche « Croyances, Cognitions et Contextes. Axe de recherche « Cognitions et croyances ». Université de Nantes.

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 11 06/12/2017 12:23

Page 14: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 12 06/12/2017 12:23

Page 15: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

Introduction

La théorie des croyances sociales

nIcolas roussIau

1. Le besoin de croire !

À la question : l’homme a-t-il besoin de croire ? La réponse est en général positive, mais à la question « qu’est-ce que croire ? », tout devient beaucoup plus flou. Le problème fondamental est une question de définition, entre science et sens commun, le combat est inégal et il est d’autant plus rude que le sens commun raffole du mot croyance dans ce qu’il est convenu d’appeler « le grand bazar du bizarre ». En effet, quand la culture populaire s’empare du mot croyance c’est trop souvent pour rechercher une hypothétique réalité, un mystère, une étrangeté cachée ou rejetée par les sources officielles, les scientifiques, les représentants de l’État… une boîte de Pandore remplie de projections, un attrait qui ouvre des perspectives vers le plaisir et l’effroi.

De son côté, la parole scientifique, parfois obscure et souvent contre intuitive, ne séduit guère. Freud avait déjà bien identifié les dangers de la

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 13 06/12/2017 12:23

Page 16: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES14

« marée noire de l’occulte »1 et, parmi les effets collatéraux dus à cette aura d’étrangeté associée au terme croyance, la question de l’existence même d’un modèle théorique unifié des croyances. Mais encore faut-il au préalable s’entendre sur le terme de croyances : croyances populaires (Bangerter, 2008), collectives (Sanchez, 2007, 2009)… ou sociales ? S’agit-il simplement d’étiquettes, de simple synonymie ou renvoient-elles à des modèles théoriques bien identifiés voire à des objets spécifiques, comme pour le cas des croyances a-scientifiques (Roussiau, Jmel, Bailly et Renard, 2015) ? En psychologie sociale, discipline qui modélise l’inte-raction individu(s)-groupe(s), lorsqu’on évoque des théories comme celles des représentations sociales (Moscovici, 1976), des stéréotypes (Bourhis et Leyens, 1994) ou des attitudes (Allport, 1935), des définitions rela-tivement consensuelles existent2. Mais, quand on parle de croyances le problème est bien différent (cf. Deconchy, 1989, 1999). Comme nous le verrons, la distinction social/collectif n’est pas assumée : le terme est fréquemment utilisé comme « item de remplissage » et l’expertise recouvrant habituellement l’utilisation des termes conceptuels évoqués ci-dessus est souvent absente. La croyance est un mot si pratique, telle-ment commode qu’il en devient vide de sens.

Ce chapitre a pour objectif de poser quelques jalons d’une réflexion théorique sur les « croyances sociales », des éléments pour combler un vide conceptuel et réfléchir à cette grille de lecture de la réalité, rendue si

1. « J’ai encore un vif souvenir de Freud me disant : “Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie sexuelle. C’est le plus essentiel ! Voyez-vous, nous devons en faire un dogme, un bastion inébranlable. […]. Quelque peu étonné, je lui demandai : “Un bastion contre quoi ?” Il me répondit : “Contre le flot de vase noire de…” Ici il hésita un moment pour ajouter : “…de l’occultisme…”. » (Jung et Jaffé, 1973, p. 177). Ceci étant dit Freud a eu des positions ambigües sur certains domaines du paranormal comme la télépathie (Granoff et Rey, 1983).2. Néanmoins, la question de la définition des termes est plus complexe qu’il n’y paraît, pour l’idéologie et les attitudes, car il existe de très nombreuses définitions qui dépendent bien souvent du nombre d’auteurs ayant travaillé sur la question. Mais un certain consensus se dégage, que l’on retrouve notamment au niveau des manuels de psychologie (psycho-logie sociale), ce qui n’est pas le cas pour les croyances.

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 14 06/12/2017 12:23

Page 17: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INTRODUCTION 15

obscure par le sens commun, que la modélisation théorique3, notamment en psychologie sociale reste largement inexplorée.

1.1. Un besoin individuel

Dans le cours de sa vie, l’être humain doit faire face à des interroga-tions essentielles qui pourtant lui échappent clairement, comme la mort, le néant, l’infini… car le sens que l’on donne à sa vie dépend aussi des réponses qu’on y apporte, qu’elles soient frustres ou élaborées. Mais, dans nos sociétés occidentales et industrialisées, ces questions existen-tielles se heurtent au mythe de l’homme rationnel. Cette conception naïve entraîne – pour utiliser un terme issu de l’ethnographie des sorts – « un choc en retour » (Camus, 1988), que l’on peut identifier sous les traits de l’extrémisme religieux, du fondamentalisme ou des phénomènes sectaires. Un avertissement en quelque sorte, « car nous sommes entrés dans une civilisation technique si puissamment outillée, si dominée par les sciences dures aux remarquables avancées certes mais si peu maî-trisées, qu’avant peu, nous serons, numérisés, sans repères spirituels et culturels » (Malaurie, 2008, p. 18). Et ce manque de rapport de l’indi-vidu aux croyances pourrait bien produire des effets aux ramifications insoupçonnées : augmentation des dépressions, suicides4, folie, violences, consumérisme effréné, addictions, engagements extrémisés… Or, vivre en connaissance de cause avec cette irrationalité de l’être humain, composer parfois avec les croyances sans pour autant les cautionner et en faire des vérités, constitue une posture bien difficile mais qui permettrait de sortir

3. Un modèle scientifique est une articulation de lois logiquement reliées entre elles et cette modélisation a comme particularité d’être falsifiable (Popper, 1973), force est de constater que cette modélisation est absente pour les croyances sociales. Pour s’en convaincre on peut noter l’absence quasi systématique de chapitres consacrés au sujet dans les ouvrages de présentations générales de la psychologie sociale, ce qui est un bon indicateur de ce vide conceptuel.4. « Quand les sociétés sont privées d’un cadrage culturel, cultuel et spirituel s’ensuivent des vagues de suicides et de dépressions, effets bien connus en anthropologie dans l’étude des sociétés traditionnelles » (Bimbenet, 2004, p. 71).

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 15 06/12/2017 12:23

Page 18: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES16

de cette vision manichéenne en « vrai/faux » qui n’aboutit qu’à une seule partition du monde : les croyants et les non croyants.

Dans son ouvrage La décision, Berthoz (2003) rappelle avec raison que « Malraux avait prévu une revanche de l’émotion sur la raison ». Son constat est d’ailleurs sans équivoque : la décision n’est pas un processus rationnel, c’est une propriété fondamentale du système nerveux. Zajonc (1980) abondait bien dans ce sens quand il évoquait l’indépendance du cognitif et de l’affectif, avec une propension de ce dernier à agir sur le fonctionnement humain sans que cela remette en cause la justification logique a posteriori, d’une décision a priori émotionnelle. Cette analyse rejoint aussi les propos du philosophe Engel : « Nos croyances ne sont pas volontaires, mais nous avons des attitudes consistant à en accepter certaines, même quand nous les jugeons fausses ou incertaines, à faire des hypothèses » (2006, pp. 224-225). Finalement, entre combat et complémentarité, la connaissance qui borne l’organisation d’une société oscille donc de l’émotion à la raison. Mais, si la décision est à la base le produit d’un processus émotionnel, l’individu serait alors largement sous l’emprise de l’extase, de la terreur, de la joie, de la colère… Vue sous cet angle, la croyance serait donc le produit direct de la dimension émotionnelle du fonctionnement humain, le rapport à la vérité n’en étant qu’une conséquence secondaire. D’un point de vue scientifique, cette position revient à ne pas assujettir les croyances aux critères du vrai ou du faux, mais à faire heuristiquement crédit aux « bonnes raisons » que les acteurs sociaux, tenants des croyances, avancent comme étant les leurs. Chacun composerait donc avec différentes formes de ratio-nalité parfois contradictoires (cf. la polyphasie cognitive évoquée par Moscovici, 1976). Ces formes regrouperaient un ensemble de savoirs (scientifiques ou pas) activés en fonction des contextes, des interac-tions en groupes et du sujet lui-même. Cette perspective s’oppose à la conception idéologique de la hiérarchisation des connaissances, qui constitue aujourd’hui une posture dépassée car focalisée sur une analyse strictement rationnelle du fonctionnement humain. Si donner du sens à son existence est une caractéristique humaine, alors on peut comprendre

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 16 06/12/2017 12:23

Page 19: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INTRODUCTION 17

que pour s’extraire de sa partie la plus animale, l’homme ait eu besoin de saturer de sens son environnement, tant par l’imaginaire, les croyances, les superstitions que par la science. Se pose néanmoins ici la question, encore énigmatique, de l’origine du symbolisme et de la naissance chez les premiers hommes de la capacité à conceptualiser (Anati, 1999). À partir de quand les premières expressions intellectuelles permirent-elles aux hommes de s’interroger sur la mort, le sens de la vie, leurs origines ? Cette recherche de liens entre les évènements et le contenu symbolique ou signifiant qui en découle a posé les premiers jalons des pratiques et des croyances magico-religieuses. C’est parce que la vie n’a pas de sens en dehors de celui que l’individu lui confère, que la croyance a comme première particularité d’être le lieu d’un foisonnement de sens, notam-ment pour faire face à l’absurde (Kurtz, 2011). Mais l’homme étant un animal social (Aronson, 1980, 2011), les croyances répondent aussi aux attentes, aux angoisses et aux interrogations des sociétés.

1.2. Un besoin social

Un exemple fameux de ce besoin sociétal de croyances a été déve-loppé par Stoczkowski (1999) dans son ouvrage Des hommes, des dieux et des extraterrestres. Il y reprend et développe l’histoire improbable de Erich von Däniken, hôtelier de profession, qui a grandement participé à l’élaboration de la théorie des anciens astronautes, encore nommée néo-évhémérisme. À partir d’une lecture partisane, de spéculations variées, d’interprétations archéologiques et historiques à la fois erronées et parcellaires, il a écrit en 1968 l’ouvrage Erinnerungen an die Zukunft (Souvenirs du futur), traduit en langue française en 1969 sous le titre Présence des extra-terrestres. L’idée générale est l’origine extraterrestre des hommes qui seraient le produit de manipulations génétiques réalisées par des êtres qui leurs sont supérieurs. Les preuves apportées viennent d’une analyse déformée d’éléments issus de civilisations antiques : les géoglyphes de Nazca au Pérou deviennent des pistes d’atterrissage pour soucoupes volantes, les Moaï de l’île de Pâques auraient été transportés

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 17 06/12/2017 12:23

Page 20: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES18

par une technologie extraterrestre… Ces êtres seraient devenus nos Dieux et seraient à l’origine de nombreuses mythologies. Sans doute ne man-quons-nous pas de livres farfelus, mais comment se fait-il que celui-là tout particulièrement ait connu une telle gloire ? Si ce n’est pas son contenu, qui à une autre période de l’histoire serait passé inaperçu, c’est qu’il correspondait précisément à des attentes sociales. Stoczkowski (1989) évoque les chiffres de vente de l’ouvrage entre 1968 et 1997 : 54 mil-lions d’exemplaires, traduit en 32 langues, et parle d’ailleurs d’épidémie mondiale. « À quoi il faut rajouter plusieurs centaines de titres que nous devons à des auteurs qui ont repris les idées de von Däniken » (p. 47). Il faut dire que les croyances ont la vie dure, elles sont de longue date cernées, d’un côté par une lecture scientiste et positiviste de la connais-sance et, de l’autre, par les dogmes religieux toujours en compétition pour occuper le domaine de l’esprit. Mais quand la situation sociale le permet, elles émergent facilement par vagues. Les crises économiques et l’affaiblissement de certaines conceptions scientifiques constituent autant d’éléments qui fissurent l’équilibre de l’assiette sociale et pro-fitent aux croyances dans une forme de « retour du refoulé » sociétale : « ça parle, là où ça souffre » (Lacan, 1966, p. 413). À trop brider les croyances, elles finissent par s’installer là où on ne les attendait plus : dans le domaine de la science et donc à l’université5 (voir notamment, l’effet psi, la voyance, la télépathie…), dans l’économie et les salles de marché (crash boursier de 2008), dans certaines décisions politiques… Ces incursions de l’irrationnel, et les effets parfois dévastateurs qui s’en suivent, ne doivent pas faire oublier que l’on peut aussi composer avec les croyances et s’en arranger. Par exemple, le panthéon hindou riche de plusieurs milliers de divinités, comporte des déesses des maladies. C’est pourquoi, l’arrivée du SIDA en Inde a posé un problème culturel car les stratégies éducationnelles mises en place pour faire face à cette nouvelle affection, n’eurent pas les effets escomptés. Dans l’état du Karnataka,

5. Cf. Chapitre 4. Comment le climat socioculturel et l’éducation contribuent à la promo-tion des pseudosciences. L’éducation : les pseudosciences à l’université (Larivée, 2014, pp. 91-122).

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 18 06/12/2017 12:23

Page 21: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INTRODUCTION 19

un enseignant eut l’idée de créer une déesse du SIDA : AIDS-amma (Aidsamma). Sa représentation fut une figure imaginaire mi-homme mi-femme, positionnés dos à dos avec au centre et au niveau de la tête une représentation du virus. Avec cette statue, les villageois ont alors pu effectuer les rituels classiques associés aux divinités, juste à côté de messages très sérieux de prévention de la maladie (Ferrari, 2010, p. 144). Cette démarche prophylactique qui utilise pour une meilleure gestion de la maladie, le besoin de croyance et le système existant, est un bon compromis science-croyance. L’irrationnel traverse sans cesse les sociétés qui peuvent les subir, par exemple, pendant les dépressions économiques, les guerres, les famines… ou bien essayer de les contrôler et/ou de les instrumentaliser, comme ce fut le cas pour l’inquisition médiévale avec la chasse aux sorcières (Mandrou, 1968 ; Muchembled, 1987). Et si cet exemple est largement documenté, il ne fait pas figure d’exception.

1.3. Quand les institutions et leurs représentants valident les croyances

Dracula, célèbre vampire des Carpates, fait partie de notre imaginaire. Entre littérature et production cinématographique, il reste une figure centrale du Fantastique. Mais qui aurait pu penser qu’au siècle même des Lumières la question de la réalité du Vampire a été posée ? Dans son ouvrage Histoire des Vampires : Autopsie d’un mythe, Lecouteux (1999) revient sur le poids des institutions accréditant cette croyance : « […] Ce qui a provoqué le flux des traités savants, ce sont les rapports des auto-rités, comme celui publié à Belgrade, en 1732, par le lieutenant-colonel Büttener et J. H. Von Lindenfels sur les vampires de la ville serbe de Med-vegia, ou celui publié à Berlin la même année par la Société royale prus-sienne des Sciences » (id., p. 10). Et effectivement, quand les autorités s’interrogent ou doutent, les croyances se solidifient, pour parfois devenir des vérités. Il fallait à l’époque composer avec l’avis des théologiens et du corps médical. Et, pour le cas des vampires de Medvegia – que l’on trouve développé dans l’appendice I de l’ouvrage de Lecouteux (id., pp. 157-161)

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 19 06/12/2017 12:23

Page 22: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES20

–, les écrits des médecins-chirurgiens étaient sans ambiguïté : le vampire est identifiable à partir de deux principaux indicateurs. Après ouverture de la tombe : « (…) ils sont remplis de sang et ne sont pas décomposés, contrairement aux autres » (id., p. 157). L’enquête est donc menée sur ces bases, les corps des supposés vampires exhumés et un certain nombre d’entre eux présentent effectivement les éléments qui permettent de les qualifier comme tels. On leur coupe alors la tête et les corps sont brulés et jetés dans une rivière, les corps putréfiés eux, sont replacés dans leur tombe (id., p. 161). L’irrationalité des idées et des comportements ne peut que s’inviter à l’occasion au menu de la science, et cette dernière – qui a largement devancé la religion – est même en capacité de produire ses propres croyances car, pour légitimer la croyance, il suffit d’une figure d’autorité dans l’institution.

Les travaux de psychologie sociale sur le pouvoir de l’autorité et la crédibilité d’une source sont nombreux et les résultats souvent sur-prenants, notamment dans les études sur l’obéissance. Les recherches maintenant célèbres de Milgram (1974)6 en sont l’illustration. On mesure ici le pouvoir d’une autorité reconnue qui amène des personnes à réa-liser des comportements en dehors de toute morale sans recourir à la force, le domaine des idées est ici bousculé par la figure d’autorité. Les recherches expérimentales qui portent sur la crédibilité de la source sont moins spectaculaires, mais elles restent dans la lignée des précédentes. Elles ont montré qu’une source fortement crédible, donc dans bien des cas légitimée par l’institution, entraîne une importante modification des opinions des personnes (Hovland et Weiss, 1951 ; Bochner et Insko, 1966…). « La transmission d’une légende dépend non seulement de son contenu, mais également de la source à laquelle on l’attribue. Une source plus prestigieuse (par exemple un grand quotidien) sera plus crédible qu’une source moins prestigieuse (par exemple un journal à sensation) » (Bangerter, 2008, p. 45). L’autorité reconnue, notamment du fait d’un statut délivré par les institutions (titre, diplôme…), pourrait alors devenir

6. Pour plus de précisions voir dans cet ouvrage le chapitre 3 de Anaïs Ameline sur l’adhé-sion dogmatique à des croyances religieuses.

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 20 06/12/2017 12:23

Page 23: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INTRODUCTION 21

une arme redoutable pour les manipulateurs et autres gourous. On peut donc parler de gourous scientifiques à propos de tous ceux qui, munis d’un diplôme universitaire se parent du droit légitime de la connaissance pour distiller différentes formes de croyances (Larivée, 2014). C’est ainsi que, revenant sur l’épidémie des faux souvenirs d’abus sexuels Maleval (2012) identifie cet individu pivot, cet Annonciateur7 qui déclenche les premiers « coups de boutoir » : « (…) Il se trouve toujours quelqu’un qui se prétend psychanalyste pour venir conforter les étiologies fantas-magoriques suggérées : le syndrome d’enlèvement extra-terrestre doit beaucoup à la caution que lui a donné J. E Mack ; ladite personnalité multiple moderne se construit pour une grande part dans la cure de Sybil conduite par la singulière psychanalyste new-yorkaise C. Wilbur, tandis que le syndrome des faux souvenirs trouve un appui théorique dans les travaux de Jeffery M. Masson » (id., p. 51). Le cas des personnalités multiples – ou trouble dissociatif de l’identité – est un cas prototypique du risque d’association science-croyance susceptible de provoquer des drames humains du fait de la légitimité de la science. La publication d’un ouvrage autobiographique, Michelle Remembers co-écrit avec un psychiatre canadien (Smith et Padzer, 1980), a participé grandement aux croyances en l’existence d’abus et d’actes de tortures sur de jeunes enfants lors de rituels sataniques. Michelle Smith commença une thérapie et retrouva au fur et à mesure de l’avancée dans la cure, des souvenirs d’enfance sur des abus rituels sadiques qu’elle aurait subis de la part des membres d’une secte dont faisaient partie ses parents. Cette trame entraîna une épidémie de souvenirs d’abus rituels sataniques (Satanic Ritual Abuse) car cette histoire est une combinaison particulièrement efficace dans laquelle un arrière-fond culturel et idéologique permet à des

7. Le basculement culturel d’une grille de lecture de la réalité à une autre dans le domaine de la sorcellerie se fait par l’Annonciateur. L’Annonciateur est une personne qui identifie le mal et positionne le sujet dans son rapport au malheur : « De même qu’il faut la parole de l’annonciateur pour qu’un paysan s’autorise à se dire ensorcelé, de même ce furent mes interlocuteurs qui me désignèrent ma place (« prise » ou non, ensorcelée ou désenvoûteuse) en interprétant les signes involontaires que leur offrait mon discours » (Favret-Saada, 1977, p. 38).

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 21 06/12/2017 12:23

Page 24: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES22

représentants d’institutions officielles d’instrumentaliser des individus, notamment en modifiant leurs souvenirs.

Il est maintenant évident que le rôle des thérapeutes, dont beaucoup étaient des croyants, a été un élément essentiel dans l’émergence des personnalités alternantes. La proportion de personnes ayant été poten-tiellement victimes d’abus sexuel a explosé et provoqué un impact direct au niveau des procédures pénales. Il est difficile d’évaluer avec précision le nombre d’apparition de pathologies en lien avec les personnalités multiples mais, à partir des années quatre-vingt, on évoque plusieurs milliers de cas (Mulhern, 1989). Les différentes enquêtes menées par la police n’ont rien donné car, en dehors de l’incompétence ou de la croyance avérée des thérapeutes ou pseudo-thérapeutes, ces thérapies délirantes ont été nourries par la culture populaire : « Le développement, chez des patients, d’identités alternatives qui “conservent” ces “souve-nirs”, fait intervenir un processus constructif au cours duquel les patients modèlent leur vécu (ainsi que leurs “souvenirs”) de manière à le faire correspondre aux attentes, qui dérivent en grande partie de leurs théra-peutes, mais également de biographies populaires, de films, d’émissions de télévision et d’autres sources culturelles » (Spanos, 1998, p. 328). Mais, quand les croyances se retournent contre les figures d’autorité de l’institution, cette dernière est prompte à les stopper. C’est le cas du procès des sorcières de Salem. En 1692 dans le village de Salem, deux jeunes filles présentèrent toute une série de troubles difficiles à interpréter en dehors du cadre religieux de la possession : des sanglots, des rires, des mouvements violents, des hurlements. Rapidement, de nombreuses autres jeunes filles du village présentèrent les mêmes symptômes et on parla alors de sorcellerie, de possession, d’envoûtement. Des centaines de femmes soupçonnées de pratiquer la magie furent arrêtées, 19 furent condamnées et exécutées. Cette folie sociale prit fin « quand de plus en plus de personnes socialement influentes se virent menacées d’être accusées […]. Finalement, suite à l’accusation de sorcellerie contre sa propre épouse, le gouverneur royal, perdant patience, démantela le tribunal initial et en appointa un autre qui acquitta toutes les accusées »

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 22 06/12/2017 12:23

Page 25: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INTRODUCTION 23

(id., p. 206). Si la croyance est un besoin individuel de sens, son pouvoir réside aussi dans son antériorité en tant que modalité d’interprétation du réel. Ainsi, au niveau des structures sociales, les différentes formes de croyances peuvent être soit instrumentalisées, comme par exemple lors des chasses aux sorcières des xviie et xviiie siècles, soit muselées comme ce fut le cas de la religion dans les pays communistes.

Mais les croyances sont aussi des contre-pouvoirs utilisés de manière extrême par les sectes, et de façon plus insidieuse par des praticiens du milieu magico-religieux tels que les voyants. La croyance étant essen-tiellement activée par la dimension émotionnelle, elle se laissera ensuite facilement guider par le sens commun.

2. Croyances sociales et sens commun : quelques éléments contre intuitifs

2.1. Perceptions collectives et rapport à la réalité

Il est aisé pour l’esprit de réduire à tout va, propos et observables. Ainsi, quand les gens voient tous la même chose, c’est donc vrai ! Évi-demment, pour les sciences humaines et notamment la psychologie, le problème se pose différemment (cf. par exemple Renard, 2010). Revenons sur quelques éléments fondamentaux qui mettent à mal cette modalité de la croyance. Un exemple historique vient contredire (pour les non croyants) cette pseudo-évidence du vrai : le sabbat des sorcières. Dans le folklore européen, ces réunions nocturnes en l’honneur du Diable étaient le lieu de toutes formes de dépravations, orgies sexuelles, cannibalisme… Décrite de manière relativement proche lors des différents procès (évi-demment idéologiquement orienté), l’existence du sabbat était acquise sur cette période, notamment sous la poussée (ou l’influence) des institutions et des croyances religieuses. Pourtant cette récurrence des descriptions n’a jamais permis de prouver l’existence du Diable. On voit bien là que, pour pérenniser son existence, le rôle de la croyance est de produire de la

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 23 06/12/2017 12:23

Page 26: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES24

croyance en discontinu, les faits n’étant pas là pour stabiliser cette forme d’interprétation du réel. On peut donc décrire de manière similaire toute une série d’évènements sans prouver quoi que ce soit et en proposant des interprétations qui ne correspondent pas aux causes effectives de la réalité observée. Pour bien comprendre ce phénomène, il faut en saisir toute la complexité.

Commençons d’abord par le niveau macrosocial. Il est probable qu’en dehors de toute forme d’influence extérieure, des hommes éloignés les uns des autres agissent et pensent une réalité de la même manière. Analysant la question de l’origine de la religion, Anati (1999) en arrive à cette conclusion : « Il semble possible de déduire que, si les popula-tions ne communiquaient pas leurs techniques, elles effectuaient des choix semblables, même en des lieux très éloignés et différents les uns des autres. Un tel parallélisme de développement ne peut pas dépendre toujours d’influences extérieures. […] on doit donc faire l’hypothèse de la présence de matrices communes originelles, qui ont produit des “résonances” analogues, y compris à des millénaires de distance. Ces paradigmes nous ramènent aux caractéristiques universelles de notre mémoire » (id., p. 114). Lorsque les individus interagissent, ces filtres, que l’on peut identifier comme des processus sociocognitifs et qui sont propres à l’espèce, constituent des matrices culturelles d’interprétation. Collectivement, un groupe éloigné d’un autre peut produire des croyances et des réalisations techniques proches voire similaires. Si ces « réso-nances » au niveau technique amènent des productions incontestables comme par exemple les pyramides que l’on retrouve dans différents endroits du globe, elles peuvent aussi produire de la croyance ou des croyances analogues. Meheust (1992) analyse ces formes de croyances récurrentes dans son étude sur l’ethnologie des récits d’enlèvements par des extraterrestres. Son étude s’articule autour d’éléments qu’il nomme « Les thématiques nourricières » (id., p. 45), les principales étant pour lui : « la symbolique de l’espace, le temps, la paralysie, les calages de moteurs, la salle lumineuse, l’opération rituelle, l’amnésie, les trans-ports… » Il se trouve que les récits contemporains d’enlèvements pré-

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 24 06/12/2017 12:23

Page 27: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INTRODUCTION 25

sentent de troublantes similitudes avec les récits issus d’univers culturels et imaginaires bien antérieurs. Cette trame récurrente s’apparente à une grille de lecture ordonnée qui laisse entrevoir une production discursive fortement identifiable, d’une époque à une autre, mais aussi d’un espace géographique à un autre. À titre d’exemple, le calage des moteurs, navires, charrettes… est un classique de la rencontre avec une soucoupe volante. Ces pannes irrationnelles se retrouvent dans toute une littérature sur les contes et les légendes lors de rencontres étranges (id., pp. 55-56). La paralysie du témoin est un autre classique du folklore, par exemple, sous les auspices d’un prêtre se retrouvant paralysé à la vue de plusieurs elfes (id., p. 55). L’amnésie faisant suite à la rencontre avec des extraterrestres est également un thème banal du légendaire fantastique (p. 66). Certaines thématiques de l’étrange et du merveilleux sont particulièrement stables à travers les siècles ainsi en va-t-il de « l’herbe qui ne repousse pas » aussi bien après le passage d’Attila, qu’à celui de la bête du Gévaudan (sur le lieu où elle fut tuée), des fées (leur danse laisse des « ronds de fées » sur le sol) ou de l’atterrissage de « soucoupes volantes » (Renard, 2011, p. 26). Malgré la diversité des cultures et des peuples, des proximités dans les constructions imaginaires sont bien là. La question ne se pose donc pas au niveau du principe même de l’existence de la croyance, mais plutôt à celui du choix de certaines croyances au détriment d’autres. Ce choix informe évidemment sur la nature du fonctionnement du groupe et sur le sens qu’il donne à son environnement, ce travail qualitatif sur la psychologie de la signification est essentiel. Par exemple, on peut avancer l'idée suivante : « Il n’existe qu’un dieu ! Il est tout-puissant. Mais il n’existe que le mercredi » (Boyer, 2004, p. 78). Et pourquoi pas ?

Une fois établies ces quelques pistes d’analyse des trames macro sociales venons-en aux personnes et à leur vécu subjectif, car il y a bien des témoignages et des individus à interroger. Il ne s’agit pas ici d’analyser l’interaction dans le témoignage (le « qui interroge ? ») ou les modalités d’extraction des données (le « comment ? »)8, mais d’insister

8. Il existe toute une littérature sur les effets de celui qui mène l’enquête et du traitement des données dans la production discursive finale. Il n’est pas nécessaire de revenir sur les

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 25 06/12/2017 12:23

Page 28: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

CROYANCES SOCIALES26

sur quelques biais sociocognitifs d’intégration de l’information sachant les effets majeurs de ces variables dans la production discursive finale. Concernant l’exemple des enlèvements extraterrestres, on peut se demander pourquoi ces récits se ressemblent (Spanos, 1998, p. 144). Il y a certes intervention du bain culturel (livre, films, émissions…) et des matrices culturelles d’interprétations, mais l’individu dans sa spécificité et dans son vécu filtre aussi pour son propre compte toutes ces informa-tions. Quelques mécanismes psychologiques permettent de comprendre ces récurrences narratives. La certitude d’avoir accès de manière objective et en toute liberté à l’information est une perspective simpliste que l’on retrouve pourtant dans les orientations de recherche qui s’inscrivent dans un inductivisme « naïf » ou plus élaboré. « Selon l’inductivisme naïf, la science commence par l’observation. L’observateur scientifique doit posséder des organes de sens normaux, en bon état, il doit rendre compte fidèlement de ce qu’il voit, entend, etc., en accord avec la situation qu’il observe, et doit être dénué de tout préjugé » (Chalmers, 1987, p. 23). Le fait est acquis, scientifique ou pas, l’homme analyse en grande partie de manière automatique et par différents filtres culturels le monde qui l’entoure. Un nombre conséquent de processus sociocognitifs attestent de ces « biais » – si l’on s’inscrit dans la mythologie de l’homme rationnel – ou plus simplement du fonctionnement normal de l’individu qui ana-lyse, comme il peut, une réalité difficile à appréhender car trop complexe (Guimelli, 1999). Entre ainsi en action tout un ensemble de réductions et de modifications qui s’opèrent à son insu. L’individu peut donc, en toute bonne foi énoncer un vécu qui sera à ses yeux non négociable. Pourtant au début du xxe siècle des chercheurs (Binet, 1905 ; Stern, 1910) avaient

travaux classiques issus du domaine des sciences humaines, mais de préciser que les outils utilisés pour la connaissance transforment de manière importante la réalité. Il s’agit d’une combinaison redoutable entre méthodes de recueil des données, statistiques et interpréta-tions. Un même fichier de données traitées avec des statistiques différentes peut amener à valider ou invalider une hypothèse pour un même modèle théorique (Roussiau, 1996, p. 283), ce qui peut laisser songeur quand on parle d’hypothèses validées statistiquement, donc scientifiquement : « Il faut réfléchir pour mesurer, et non pas mesurer pour réfléchir » (Bachelard, 1938, p. 213)

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 26 06/12/2017 12:23

Page 29: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

INTRODUCTION 27

déjà démontré que les propos d’un individu certain de ce qu’il a vu ne permettent pas d’accéder à une retranscription incontestable de la réa-lité. En effet, on a montré que les souvenirs sont malléables (Loftus et Ketcham, 2012), de sorte qu’on parle plutôt de faux souvenirs. Ceux-ci peuvent être groupés en deux ensembles : « soit le souvenir d’épisodes n’ayant jamais eu lieu (illusion de mémoire), soit le souvenir d’épisodes relativement éloignés de ce qui a été réellement vécu (distorsion de mémoire) » (Willems et Van der Linden, 2004, p. 93). Le problème est qu’un individu qui semble sûr de lui arrive à faire adhérer à ses croyances un nombre conséquent de personnes. La mémoire est donc essentielle dans ce processus de transformation de l’observation. Mais de nombreux autres mécanismes existent. Pour n’en citer que quelques-uns, peut-être plus impliqués dans l’activation et le maintien des croyances : les biais de perception sensorielle et les illusions d’optiques. Au xixe siècle, les pionniers de la psychologie expérimentale avaient mis en évidence cette interaction trompeuse entre le cerveau et les yeux : illusions de Ponzo ; de Müller-Lyer ; de Hering ; de Zöllner… (Ninio, 1998). C’est notre cerveau qui reconstruit et interprète la réalité, nos yeux n’étant qu’un instrument, d’où le piège de cette pseudo-rationalité, illustrée par une phrase célèbre : « Je ne crois que ce je vois ». Saint Thomas, encore nommé Thomas le sceptique9, reste avant tout un croyant. Mais, ce que nous voyons ne correspond pas toujours à la réalité et nos croyances influencent la perception de cette réalité. On peut aussi ne pas voir une évidence, ce qui est plus surprenant encore. Dans le domaine de l’attention sélective, le mécanisme appelé la « cécité d’inattention » (Mack et Rock, 1998) correspond au fait qu’on ne retient qu’une partie de l’information à notre disposition. Par exemple, on présente à des sujets un petit film où deux équipes de basketteurs s’affrontent, et on leur demande de compter le nombre de passe d’une équipe, ce qui oriente leur attention. Dans leur

9. Saint Thomas est connu pour son incrédulité. Ce scepticisme est illustré dans le quatrième évangile, l’évangile selon Saint Jean : « Les autres disciples lui dirent donc : “Nous avons vu le seigneur !”. Mais il leur dit : “Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas” » (La Bible de Jérusalem, 2000, p. 1860).

INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 27 06/12/2017 12:23

Page 30: INT ROUSSIAU 11.10 Croyances sociales EP2 · INT_ROUSSIAU_11.10_Croyances sociales_EP2.indd 3 06/12/2017 12:23 Cet ouvrage est issu d’échanges et de travaux menés successivement

C O L L E C T I O N O U V E R T U R E S P S YO

UV

ER

TU

RE

S

PS

Y

Radicalisation religieuse, phénomènes sectaires, croyances et santé, croyances ascientifiques… Pourquoi a-t-on besoin de croire ? L’homme serait-il toujours dépendant d’une forme de croyance ? Si la croyance répond à un besoin individuel de sens – face à des interrogations essentielles : la mort, le néant, l’infini… – elle offre aussi une grille d’interprétation du réel. Cet ouvrage collectif s’attache à étudier les croyances sociales et réfléchir aux lectures de la réalité qu’elles nous offrent. Il ouvre la réflexion dans plusieurs voies :

– la dimension extrême des croyances : phénomènes sectaires, radicalisations religieuses ;

– la religion dans le conflit autour des valeurs et idéologies : tensions identitaires, « mariage pour tous », islamophobie ;

– les effets de la spiritualité sur le domaine de la santé : qualité de vie, psycho-oncologie…

– la spiritualité religieuse et areligieuse dans le domaine de l’environnement et de la santé ;

– les croyances ascientifiques : théories du complot, croyances superstitieuses, la pensée sociale et irrationnelle...

Un ouvrage novateur sur un questionnement au cœur des enjeux contemporains.

Les auteurs : Ameline Anaïs, Belhourania Rajaa, Biccheri Barron Eliane, Boisseau Baptiste, Boudoukha Abdel-Halim, Bourdon Marianne, Boussaud Fantine, Bouteiller Julie, Corson Yves, Fleury-Bahi Ghozlane, Lebreton Emeric, Lormier Clotilde, Mambet-Doué Constance, Navarro Oscar, Ndobo André, Renard Elise, Roussiau Nicolas, Simon Linda, Valence Aline.

www.inpress.fr

21 € TTC FranceISBN : 978-2-84835-446-0Visuel de couverture : ©fotolia_denis_pc

Sous

la d

ir. d

e N

icol

as R

ouss

iau

Croy

ance

s so

cial

es

Croyances socialesSpiritualité, religion, croyances ascientifiques, croyances areligieuses

9 782848 354460

Croyances socialesSpiritualité, religion, croyances ascientifiques, croyances areligieuses

Sous la direction de

Nicolas Roussiau

CV_ROUSSIAU_Croyances sociales.indd 1 06/12/2017 14:31