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Introduction Comme pour de nombreux pays africains, la situation environnementale du Sénégal peut être considérée comme critique. En effet, le gouvernement qui a depuis une décennie décentralisé la gestion de l'environnement aux collectivités locales semble s'être débarassé d'un lourd fardeau et ne plus s'y intéresser. Dans ce contexte, la ville principale de la Casamance, Ziguinchor, ville secondaire du Sénégal, n'arrive pas à améliorer l'environnement urbain et les conditions de vie de la population restent indignes d'un pays considéré comme développé. Les problèmes d'assainissements liquides et solides y sont, de plus, exacerbés par des facteurs naturels comme les inondations. Le projet que je vais vous présenter dans ce rapport, réalisé au sein du bureau d'étude sénégalais, Tropis Environnement, a pour but d'améliorer la gestion des déchets solides sur la ville de Ziguinchor. En effet, le réseau de collecte ne couvrant qu'à peine 20% de la population, la pratique désorganisée de l'incinération est majoritairement utilisée. Souhaitant réaliser un projet avec une vision nouvelle, j'ai décidé d'impliquer au maximum la population dans un aménagement à échelle humaine, et qui sera évolutif, résolvant les problèmes étape par étape. Après avoir présenté le contexte général de l'étude et notamment le cadre legislatif et institutionnel de la gestion des déchets au Sénégal, j'aborderai la démarche de projet en deux parties traitant du diagnostic de la situation puis de la définition de l'aménagement envisagé. 1

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Introduction

Comme pour de nombreux pays africains, la situation environnementale du

Sénégal peut être considérée comme critique. En effet, le gouvernement qui a

depuis une décennie décentralisé la gestion de l'environnement aux collectivités

locales semble s'être débarassé d'un lourd fardeau et ne plus s'y intéresser.

Dans ce contexte, la ville principale de la Casamance, Ziguinchor, ville

secondaire du Sénégal, n'arrive pas à améliorer l'environnement urbain et les

conditions de vie de la population restent indignes d'un pays considéré comme

développé. Les problèmes d'assainissements liquides et solides y sont, de plus,

exacerbés par des facteurs naturels comme les inondations.

Le projet que je vais vous présenter dans ce rapport, réalisé au sein du

bureau d'étude sénégalais, Tropis Environnement, a pour but d'améliorer la gestion

des déchets solides sur la ville de Ziguinchor. En effet, le réseau de collecte ne

couvrant qu'à peine 20% de la population, la pratique désorganisée de l'incinération

est majoritairement utilisée. Souhaitant réaliser un projet avec une vision nouvelle,

j'ai décidé d'impliquer au maximum la population dans un aménagement à échelle

humaine, et qui sera évolutif, résolvant les problèmes étape par étape.

Après avoir présenté le contexte général de l'étude et notamment le cadre

legislatif et institutionnel de la gestion des déchets au Sénégal, j'aborderai la

démarche de projet en deux parties traitant du diagnostic de la situation puis de la

définition de l'aménagement envisagé.

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1- Présentation du Sénégal1.1- Histoire

La présence humaine dans l'actuel Sénégal remonte d'après de nombreuses

découvertes archéologiques réalisées le long du fleuve du même nom, au

Paléolithique. Il est originellement peuplé par des populations d'origines magrébhine

migrant du Nord, ou bien soudanaise migrant donc de l'Est de l'Afrique.

Au 9e siècle, les Almoravides issus de ces populations, commencent à

islamiser le pays, historiquement animiste. Ce mouvement parfois violent pousse de

nombreux peuples animistes à la fuite. Ainsi, les Serères vont migrer vers le Siné

Saloum (Centre) et les Wolofs vers le Nord Ouest (Région de Dakar). Ces migrations

très anciennes se ressentent encore aujourd'hui dans le découpement administratif

et culturel du Sénégal.

Ensuite, jusqu'au 15e siècle, l'Empire du Mali s'étend vers la mer, développant

les échanges commerciaux interrégionnaux et implantant dans sa trainée différentes

ethnies dont la principale est celle des Mandingues s'installant le long du fleuve

Gambie.

C'est avec le débarquement des navigateurs portugais au début du 15e siècle,

qu'une des pages les plus noires de l'histoire de l'humanité s'ouvre au Sénégal, celle

de la traite des esclaves. Ce marché ignoble s'intensifiera et montrera toute son

horreur à partir du 17e siècle sous l'influence des français et des britanniques. C'est

alors que s'installe le fameux « marché triangulaire des esclaves » entre l'Europe, le

continent africain et les Antilles, qui affaiblira l'Afrique entière en la dépossédant des

forces humaines nécessaires à son développement. Au Sénégal, les 2 principaux

comptoirs sont Saint-Louis et l'île de Gorée où a été depuis érigé la Maison des

Esclaves, lieu de mémoire éternel, très émouvant à visiter par sa simplicité et sa

fidélité à la réalité de l'époque.

Le 29 Mars 1815, la loi d'abolition de l'esclavage est votée en Europe. Elle ne

sera pourtant appliquée qu'en 1848, laissant les seuls arabes bénéficiaires de la

traite. Précisons que l'esclavage, même s'il est censé être aboli existe toujours

aujourd'hui dans de nombreux pays, africains ou arabes, prenant souvent la forme

d'une domination d'une ethnie sur une autre.

A partir de 1840, la France se lance sous l'impulsion du général Faidherbe

dans une conquête difficile du Sénégal à partir du Nord, rencontrant de nombreuses

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adversités des peuples autochtones. Malgré celle ci, en 1895, le Sénégal est avalé

dans l'empire colonial français appelé AOF. Cette période coloniale, qui ne peut pas

être cautionnée, ne semble toutefois pas avoir laisser trop de traces négatives dans

l'esprit des sénégalais d'aujourd'hui, contrairement à ce qui peut être observé dans

d'autres pays comme le Cameroun ou la Côte d'Ivoire.

L'indépendance juridique et officielle du Sénégal a été proclamée le 4 avril

1960. Pendant quelques mois, le Sénégal a participé au projet de Fédération du Mali

(avec le Mali,le Burkina Faso et le Bénin) dont la capitale était Dakar. Ce projet coula

rapidement et la véritable indépendance a été effective le 20 Aout 1960. Son premier

président fut Leopold Sédar Senghor, porté au pouvoir le 5 Septembre 1960 suite à

la Premiere Constitution du Sénégal du 25 Aout 1960. Père de la Francophonie, ce

personnage, dont les sénégalais sont encore très fiers, a été reconnu en France

comme un homme de lettre d'un grand talent, lui valant même de rentrer à

l'Académie Française le 2 juin 1983. Une nouvelle constitution sera rédigée en 1963

suite à une tentative de coup d'Etat mettant en place un régime présidentiel.

En 1981, Abdou Diouf devient après 21ans de règne présidentiel de Leopold

Sedar Senghor, le 2e président du Sénégal et il le restera jusqu'en 2000 après 2

réelections en 1988 et en 1993. Sa période d'exercice du pouvoir sera marquée par

la naissance du conflit dans la région septentrionale de Casamance. Ce conflit,

naissant dès 1982, prendra de l'ampleur en 1992. Il sera un des moteurs qui

poussera le président Diouf à mettre en place le 15 Mars 1995, un gouvernement

d'ouverture dans le but de le résoudre, l'autre moteur étant le règlement des

problèmes économiques auquel le pays est confronté à l'époque. Le 21 Octobre

1998, Abdou Diouf est le premier chef d'Etat d'Afrique Subsaharienne à s'exprimer

devant l'Assemblée Nationale française mais il est de plus en plus critiqué par

l'opposition sénégalaise. Celle ci l'accuse d'instaurer un régime présidentiel à vie

suite aux dernières réformes de la Constitution qui lui permettent de se représenter

aux élections de 2000. Il se présentera tout de même, mais la démocratie triomphera

et le libéral Abdoulaye Wade sera élu avec 59% des voix. Ce candidat, issus du PDS

qui se présentait pour la 4e fois consécutive, porte en lui les espoirs de changements

des sénégalais et devient le 3e président du Sénégal le 27 fevrier 2000. Ce petit

homme au regard malicieux, surtout connu en France pour ses discours enflammés

au lendemain de la victoire du Sénégal sur la France à la Coupe du Monde de

Football en 2002, dispose d'un bilan plutot contesté dans son pays. En effet, le

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peuple sénégalais s'inquiète de voir cet homme tomber dans un culte de la

personnalité digne des pires dictateurs et dénonce une dérive du pouvoir. Certes, le

pays continue de se développer économiquement et s'intègre de mieux en mieux

dans le monde capitaliste, mais les conditions de vie de la population ne s'améliorent

pas, contrairement à la santé des comptes en banque du Président. Malgré tout cela,

les élections présidentielles du 25 fevrier 2007, ont confirmé, dès le premier tour, le

président pour un 2e mandat dont le slogan est « avec Abdoulaye Wade, continuons

le changement »... espérons seulement que celui ci se fasse dans le bon sens.

1.2- Géographie et climat

Carte du Sénégal (source : college khoungeul)

D'une superficie de 196 200 km2 le Sénégal est un pays d'Afrique de l'Ouest

dont la capitale est Dakar, située sur la presqu'île du Cap-Vert connue pour être la

pointe occidentale du continent africain. La Gambie formant une poche ouverte sur

l'océan en plein centre du pays, lui donne une physionomie assez originale qui sera

surtout source de problèmes comme nous le verrons ultérieurement.

Le Sénégal possède un long littoral de près de 500km sur l'Océan Atlantique,

qui lui permet une ouverture sur le monde, à la fois cause de profits et de difficiles

périodes. Sa frontière Nord-Est suit le grand fleuve Sénégal qui le sépare de la

Mauritanie avant de continuer sa route en direction du Mali, pays frontalier du Sud-

Est du territoire. Le Sénégal peut être considéré comme le pays marquant l'entrée

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dans ce qui est appelée l'Afrique Subsaharienne, en opposition à l'Afrique du Nord

appelée aussi Magrebh. A la frontière Sud du pays se trouvent, la Guinée Bissau et

la Guinée Conakry, deux pays beaucoup moins développés dont les populations

émigrent massivement vers le Sénégal.

Le paysage naturel est très varié, le pays étant situé à la transition entre le

Sahel au Nord et ses paysages désertiques, et la zone subtropicale au Sud

favorisant l'apparition de denses forêts. Au Centre, on retrouve un paysage de

savane arborée dont la limite septentrionale est marquée très clairement par le

fleuve Gambie. Le relief est peu accentué, une large plaine sableuse s'étalant de la

Mauritanie à la Gambie ne s'évasant qu'à l'approche de la vallée du fleuve Sénégal.

Les collines se font tout de même de plus en plus fréquentes et imposantes en

approchant de la frontière sud, mais le point culminant ne dépasse toutefois pas

580m. Notons toutefois, la présence de cordons dunaires et d'anciens lacs asséchés

le long du littoral, particulièrement à proximité de Cap Skirring et de Popenkine.

En ce qui concerne le climat, le Sénégal se trouve dans la zone intertropicale

et il y fait donc toujours chaud avec une durée d'ensoleillement exceptionnelle. On

discerne annuellement 2 saisons :

● La saison sèche s'étend d'Octobre à Juin et a tendance à devenir de

plus en plus longue. Elle est caractérisée par l'absence quasi totale de

précipitation, une forte chaleur surtout dans le Sud (souvent plus de

40°C en Casamance) et par des tempêtes d'un vent de sable appelé

harmattan dans le centre.

● La saison des pluies, appelée aussi hivernage, qui s'étend de Juillet à

Septembre et qui à tendance à devenir de plus en plus violente. Elle

est caractérisée par des pluies peu fréquentes mais très intenses qui

sont ressenties plus fortement en Casamance que dans le reste du

pays. Elles permettent la survie des patûres, des récoltes et des

vergers, mais sont aussi sources de nombreux problèmes. La saison

des pluies est, en effet, marquée par le paludisme et les inondations

qui sont continuelles en bordure du fleuve Casamance, en particulier

dans la ville de Ziguinchor, lieu de notre projet.

Notons que la connaissance de ces conditions climatiques et de leurs

répartitions annuelles est primordiale dans la cadre de la réalisation d'un projet de

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développement. En effet, nombre de projets se réalisent au cours de la saison

sèche, période plus favorable au travail de bureaux d'études étrangers et à la

construction d'aménagement. Le problème est que ces études, ne prennent alors

pas en compte la variation de situation climatique et que les aménagements alors

construits ne la supportent pas et sont souvent mis hors d'usage par son effet.

1.3- Population et ethniesPopulation totale 11 millionsPopulation de – de 15ans 44 %Population citadine 45 %Population rurale 55 %Croissance démographique

2,8 %

Taux de natalité 36,3 ‰Taux de mortalité 10,9 ‰Taux de mortalité infantile 57,6 ‰Espérance de vie actuelle 58 ansDensité de population 45 habitants / km2

Indice de fécondité 7 enfants / femmeIndicateur de développement humain (IDH)

0,326

Rang à l'IDH 160e (sur 175)

Quelques chiffres sur le Sénégal (source internet 2005)

Le Sénégal est un petit pays africain peuplé de seulement 11 millions

d'habitants. Sa croissance démographique étant de 2,8%, on peut en déduire que

250 000 personnes viennent chaque année augmenter cette population.

L'agglomération de Dakar, la capitale sénégalaise est riche de 2,5 millions

d'habitants et représente 25% de la population totale. Ce chiffre, déjà très élevé, est,

de plus, en constante augmentation, car la capitale est pour beaucoup de

provinciaux, la solution à tous les problèmes et la seule alternative à une émigration

européenne. La vie à Dakar est pourtant beaucoup plus chère et beaucoup plus

impersonnelle que dans le reste du pays et le retour dans la région d'origine n'est

pas si facile, la honte de l'échec étant souvent plus forte que le désir de retrouver des

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conditions de vie plus agréables. Les villes secondaires du Sénégal sont, Kaolack et

Thies avec chacune 275 000 habitants, puis Ziguinchor en Casamance avec 220 000

habitants environ. Notons que malgré les différentes vagues d'exode rurale, 55% de

la population vit dans les villages où les vergers et les différentes cultures permettent

de vivre paisiblement dans un univers beaucoup plus authentique et préservé du

développement économique capitaliste, source d'acculturation et de bien d'autres

maux en milieu urbain.

Le Sénégal, perçu en France comme un des pays les plus développés

d'Afrique, ne l'est pas en profondeur en ce qui concerne la vie de la population. En

effet, l'espérance de vie moyenne n'est que de 58ans et le taux de mortalité infantile

reste très élevé. Le PIB par habitant est, lui, de 594 euros et son taux de croissance

atteint 5,1% depuis quelques années. Certes le développement économique est

présent mais le Sénégal n'occupe que le 160e rang de l'IDH qui est le meilleur

indicateur actuel pour déterminer le niveau de vie de la population d'un pays.

Historiquement, le Sénégal est un carrefour humain en termes de religions,

d'ethnies et donc aussi de traditions. Dans le cadre d'un projet de développement

destiné à la population, il est important de comprendre ces différents facteurs. La

spécificité de chaque ethnie est, par exemple, primordiale afin de comprendre les

habitudes et les modes de vie auquels le projet doit s'adapter. Un projet fonctionne

de manière pérenne s'il s'adapte à la population et non si on pousse la population à

s'y adapter. C'est pourquoi je vais vous présenter succintement les différentes

ethnies constituant la diversité et la force du Sénégal :

● Les Wolofs constituent l'ethnie largement majoritaire avec plus de 40%

de la population. Ils dominent la vie socio-économique et culturelle du

Sénégal et la langue Wolof est parlé par 80% des sénégalais. Très

présent de Saint Louis à Dakar, ils sont très peu en Casamance où ils

représentent l'élite dakaroise, corrompue et dénaturée par le pouvoir...

Réputés belliqueux, les Wolofs ont été une source pour l'Armée

Française, nombre d'entre eux ayant constitué les célèbres Tirailleurs

Sénégalais. Ils sont à 95% musulmans et pour la plupart de la

tendance mourrhide vénérant donc le prophète Serigne Touba. Leur

croyance est basée sur le rattachement à un totem et sur l'existence de

génies appelés djinns démontrant une forte influence du passé

animiste. En ce qui concerne leur mode de vie sociale, la

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hierarchisation par rapport à la richesse est très répandue et on peut

noter l'existence de castes sociales impénétrables. En effet, le travail

se transmet de père en fils et il y a donc des familles de commerçants,

d'autres de fonctionnaires etc... Cette tradition encore très tenace est

un frein à la mixité sociale et constitue une de leur principale

particularité.

● Les Lébous, parents des Wolofs, sont installés principalement sur la

presqu'ile du Cap Vert près de Dakar et en particulier dans le quartier

de Yoff, très excentré du reste de la capitale. Musulman de la tendance

des layennes, ils prônent un islam ouvert permettant, par exemple, aux

femmes de participer à toutes les cérémonies religieuses au même titre

que les hommes. Occupant principalement les professions

intelectuelles, leur mode de vie est basé sur le respect envers les plus

anciens et la démocratie.

● Les Peuls, célèbre ethnie de nomades, présente dans toutes les

régions d'Afrique représentent 13% de la population sénégalaise.

Peuple dont l'origine est inconnue, il semblerait toutefois que leur

histoire soit liée à celle du peuple juif. Au Sénégal depuis le 11e siècle,

ils étaient historiquement un peuple réfractaire à l'islam mais sont

devenu au fil des temps, un des peuples les plus propagateurs de cette

religion. Ils sont reconnues comme un peuple fier, disposant d'une

grande rigueur morale et sont réputés pour leur beauté. La vie sociale

des peuls se caractérise par une forte authenticité, ainsi les traditions et

les légendes transmises oralement, de génération en génération,

depuis des siècles sont encore d'actualités.

● Les Toucouleurs représentant 10% de la population sont des parents

des Peuls par un metissage avec les Sarakholés. Liés au Mali

frontalier, ils sont surtout présents dans la vallée du fleuve Sénégal

auquel ils vouent un grand respect et avec lequel ils lient de

nombreuses traditions animistes malgré leur appartenance unanime à

la religion islamique.

● Les Sérères, parents des deux ethnies précédentes sont surtout

présents dans la région de la Petite Côte et du Siné Saloum où ils

exercent souvent le métier de cultivateur. Animistes christianisés, ils ont

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de plus en plus de mal à résister à l'islamisation du pays. Leur vie

sociale est, comme celle des Wolofs, caractérisée par une

hierarchisation par castes sociales, mais on doit reconnaître que celle

ci est plus souple que celle des Wolofs.

● Les Diolas représentent 10% de la population et sont originaires de la

rebelle Casamance. C'est un peuple fier, vivant de la culture du riz diola

même si de plus en plus sont attirés par les sirènes de la vie urbaine et

les chimères du tourisme. Peuple d'animistes chrétiens, ils ne se

soumettent pas à l'islamisation du pays ce qui a le don d'énerver le

reste du Sénégal qui les considère comme une ethnie à part et même,

il faut l'avouer, inférieure. Notre projet se déroulant en Casamance,

nous avons pu rencontrer la population diola, acceuillante et ouverte à

la discussion, qui refuse simplement qu'on lui dicte des règles

injustifiées allant contre leur tradition.

● Les Mandingues, grande ethnie d'Afrique de l'Ouest sont scindés en

sous ethnie comme les Malinkés, les Sossés etc... Oirginaires des

bords du fleuve Niger, ils sont présents dans le Sud-Est du pays, près

de Tambacounda où ils cultivent l'arachide ce qui leur donne un rôle

important dans l'économie sénégalaise. De religion musulmane, ils sont

caractérisés socialement par une très grande suprématie de l'homme

adulte sur les femmes et les jeunes qui n'ont pas le droit à la parole, ni

même à l'opinion.

● De multiples autres ethnies sont présentes dans le pays, originaire

surtout des pays frontaliers. Ainsi, nous pouvons citer les Manjacques,

catholiques de Guinée Bissau, les Bassaris, homme de la brousse et

très animistes, mais aussi les Dialonkés, les Beddik etc...

Comme nous pouvons le voir, le Sénégal est une mosaïque de peuples à la

culture et aux traditions très différentes. C'est dans ce contexte social complexe que

notre projet devra s'installer durablement.

1.4- EconomieLe Sénégal, considéré en Europe, comme le pays le plus développé d'Afrique

de l'Ouest est en réalité, comme beaucoup de pays africains, un pays avec un fort

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potentiel economique, mal mis en valeur. La croissance d'environ 5% depuis 2000

est satisfaisante, mais le développement économique ne profite pas à la population.

La principale cause de ce paradoxe est, sans surprise, la corruption qui gangrène le

pays et qui est ancrée dans les mentalités à tous les maillons de la chaine

économique. Ainsi, on peut se demander, comment le président d'un pays dont la

population vit dans la pauvreté, peut se permettre l'achat de 120 véhicules tout

terrain pour les députés qui sont pourtant réputés pour ne pas parcourir beaucoup de

terrain...

La pauvreté du Sénégal peut aussi s'expliquer par le fait que le secteur

primaire emploi plus de ¾ de la population active en n'apportant pourtant qu'à peine

20% du PIB. De plus, l'autossufisance alimentaire est loin d'être acquise car les

rendements sont mauvais, les techniques agricoles étant rudimentaires. Ainsi, le riz,

ingrédient de base de la cuisine sénégalaise doit être importé au 2/3 d'Asie. Cela est

aussi du à la non exploitation des rizières de Casamance, le pouvoir central ne

souhaitant pas installer un maillon fort de son économie dans une région récemment

destabilisée. Les ressources du Sénégal proviennent principalement, de la pêche, de

la culture de l'arachide et des gisements de phosphates. Le tourisme, qui amène

près de 500 000 personnes chaque année au Sénégal, ne profite que très peu au

pays, les agences de voyage et les grands groupes hôteliers étant les principaux

bénéficiaires de ce secteur. Il semble nécessaire à ce sujet, que soit mis en place

des actions de tourisme équitable car la population ne subit actuellement que les

cotés néfastes du tourisme. Ainsi, que penser de ces touristes du Club Med ou

d'autres grands hôtels, entourés de multiples guides, envahissant les villages reculés

en Jeep et qui pour se donner un peu de bonne conscience ne trouvent pas mieux

que de distribuer aux enfants des bonbons et des biscuits, les transformant en

mendiants édentés... Le secteur industriel, tente lui de se développer mais s'heurte

aux fréquentes coupures de courant, paralysant la production. Le secteur le plus

performant reste donc le tertaire, qui amène 60% du PIB, mais n'emploi que 15% de

la population active. Il se développe en grande partie grâce aux télécommunications

et aux nouvelles technologies de plus en plus présentes au Sénégal.

Ces dernières années, le FMI a imposé une campagne de privatisations de la

Société nationale des Eaux (Sonees), des télécommunications (Sonatel maintenant

aux mains du groupe Orange), de l'électricité (Senelec) et des arachides (Sonacos).

Celles ci ont simplement permis au pays de perdre son indépendance économique et

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de créer des situations de monopoles non favorables à l'amélioration des conditions

de travail. De plus, les investisseurs étrangers, tant espérés, sont encore trop rares,

repoussés par les lourdeurs administratives, le manque de transparence et

l'augmentation du prix du pétrole qui est, rapellons le, plus ressentie par un pays en

voie de développement que par un pays déjà développé.

Pour terminer sur une note plus positive, rappelons que le Sénégal vient de se

débarasser du lourd fardeau de la dette grâce à la suppression décidée pour 20 pays

et active depuis juillet 2006.

Espérons que l'économie, que le pouvoir n'envisage actuellement que par le

chemin du capitalisme et de la mondialisation, puisse s'orienter vers plus de

développement social et humain afin que le peuple sénégalais puisse vivre

décemment. Ainsi, la tragédie actuelle de ces jeunes dérivant sur des pirogues en

direction d'un paradis inexistant, pourra cesser et le peuple sénégalais comprendra

enfin qu'il peut s'en sortir par lui même, participer au développement de son pays et

se construire un avenir, aujourd'hui, redouté.

1.5- Cadre legislatif de la gestion des déchets au Sénégala) Le Code de l'environnement

La loi 2001-01 du 15 Janvier 2001, reprise dans le Code de l'environnement

sénégalais est le texte essentiel de la législation en matière de gestion des déchets

solides au Sénégal. Les points essentiels de ce texte sont les suivants:

● Les déchets solides doivent être éliminés ou recyclés de manière

rationnelle afin de réduire au maximum leurs effets nocifs.

● Une personne produisant ou détenant des déchets doit, elle même,

assurer l'élimination ou le recyclage, ou confier cette tâche à une

entreprise privée.

● Les collectivités locales ou les regroupements constitués doivent

assurer l'élimination des déchets. C'est le principe de décentralisation.

● L'élimination d'un déchet correspond aux étapes suivantes : collecte,

transport, stockage et traitement.

● L'enfouissement de déchets dans le sol ne peut être autorisé qu'après

autorisation du Ministère de l'Environnement qui fixe alors des

prescriptions techniques.

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b) Le Code de l'hygièneD'après la loi 83-71 du 5 Juillet 1983, la conservation de la santé doit être le

but de chacun. Ainsi, il faut veiller sur l'hygiène aussi bien publique et collective

qu'individuelle afin de lutter contre les épidémies. L'hygiène industrielle et des voies

publiques sont, elles aussi, considérées par le texte de loi, tout comme une

réglementation sur la production des emballages. Cette loi reste toutefois, trop floue

et trop générale pour être réellement appliquée et demeure donc plus symbolique

que pratique.

c) Code des Collectivités localesLa loi 96-06 du 22 Mars 1996 stipule que les compétences en matière de

gestion des déchets sont entièrement tranférées aux collectivités locales. Citons

donc l'article 34 du décret 9611-34 du 27 décembre 1996 précisant que " la

commune gère les déchets produits dans son périmètre. Elle prend toutes les

dispositions indispensables pour leur collecte, leur transport et leur traitement. La

commune peut aussi, en collaborant avec d'autres communes, installer des centres

de traitement des déchets, encourageant ainsi une prise en charge dans le cadre de

l'intercommunalité. Les collectivités locales ont le droit de veille environnementale

sur l'étendue de leur territoire." Ce texte fixe donc les devoirs de chaque collectivité

locale, mais le transfert de compétences ne s'accompagne malheureusement pas

des transferts de fonds nécessaires au bon fonctionnement des dispositifs de gestion

des déchets. Ainsi, il semble clair que l'Etat sénégalais, par cette loi, a tenté de se

débarasser du problème complexe de la gestion de déchet. Cela démontre bien le

manque de volonté politique nationale en terme d'environnement.

d) Décret relatif aux ordures ménagèresLe décret 74-338 du 10 Avril 74 réglemente l'évacuation et le dépot des

ordures ménagères. Il définit en particulier les types d'ordures, évoque la collecte et

la mise en décharge mais ne parle ni des centres de transfert ni des centres

d'enfouissements techniques. Il précise, entre autre, l'interdiction des dépots

sauvages et fixe des amendes en cas de non respect, mais il peut difficilement être

appliqué devant le nombre d'infractions observées.

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e) La Taxe d'enlèvement des ordures ménagèresLa TEOM a été créée par la loi 72-52 du 12 juin 1972. Cette loi précise que

cette taxe s'applique « à toutes les propriétés assujeties à la contribution foncière

des propriétés bâties (...), à l'exception (...) des propriétés bâties situées dans les

communes ou les parties de communes où ne fonctionne pas le service

d'enlèvement des ordures ménagères. ». Comprenons donc bien que la taxe ne

s'applique qu'à la population d'un territoire couvert par le réseau de collecte

municipal. Cela pose de nombreux problèmes car, le taux de couverture étant

souvent très faible, les revenus de cette taxe le sont aussi. De plus, très souvent,

quand une précollecte payante est mise en place, la taxe n'est pas éxigée afin de ne

pas décourager la population. Notons aussi que le système de recouvrement est

inefficace car le recensement de la population est inexistant, qu'il n'y a pas

d'adresses aux concessions et qu'il est donc difficile de savoir qui doit payer la taxe.

Dans la théorie, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères est basée sur la

contribution foncière, elle même basée sur la valeur locative annuelle du logement.

Ainsi, la contribution foncière représente 15% au maximum de cette valeur locative et

la TEOM, 5% de cette contribution. Sur le territoire de Ziguinchor, les revenus de

cette taxe pourraient atteindre 14 Millions de CFA (environ 230 000 euros), pourtant,

la défaillance du système de recouvrement ne permet à la Ville de ne recevoir que 4

Millions de CFA (environ 55 000 euros) soit une efficacité d'à peine 25%. On

comprend bien alors qu'une des solutions structurelles permettant d'améliorer

réellement le réseau de collecte municipal serait de réformer le mode de

recouvrement de cette taxe, mais cela demande une volonté politique qui n'est pas

toujours présente.

1.6- Cadre institutionnel de la gestion des déchets au Sénégala) Le ministère chargé de l'environnement

Appelé communément Ministère de l'Environnement et de la Protection de la

Nature, sa mission officielle est d'élaborer et de faire appliquer la politique

environnementale nationale. Dans le milieu urbain, la structure la plus impliquée

rattachée à ce ministère est la Direction de l'Environnement et des Etablissements

Classés dont le but est d'aider les collectivités locales à faire face à leurs devoirs de

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collecte, de transport et de traitement des déchets. Pour cela, elle appui en théorie

aussi bien les municipalités que certains projets associatifs même si en réalité son

rôle est assez limité sur des petits projets.

Le Ministère a confié la responsabilité de l'éxécution de 2 grands projets aux

différentes DEEC :

● Le projet "Sénégal, Villes propres" initié en 2000 a pour but d'appuyer

concrétement les collectivités locales en ce qui concerne

l'assainissement liquide et solide. Il tente ainsi de mettre en place des

partenariats entre les pouvoirs publics et les strucures communautaires

(Conseil de quartiers...). Ces partenariats peuvent aboutir à des actions

de nettoiements comme les "journées de balayages". Le projet a aussi

tenté de mettre en place 260 volontaires d'appui à l'hygiène publique et

à l'environnement payés par le Ministère et qui sont mis à disposition

des communes pour assurer un rôle de conseil et de surveillance dans

le domaine de l'hygiène publique. Enfin, le projet a mis à disposition,

des ânes et des bacs conteneurs grâce à une dotation de l'Etat. Le but

était de mettre en place un stockage individuel puis une évacuation par

traction animale, mais les ânes sont vites morts et les bennes

dépourvues de roues ne pouvaient pas être évacuées par tracteur et le

projet a donc été un échec. Il démontre ainsi très bien, de quelle

manière de l'argent est dépensé inutilement dans des projets mal

pensés et trop souvent conçus dans des bureaux climatisés, bien loin

de la réalité du terrain.

● Le "Projet de mise en place de décharges controlées" dans dix

capitales régionales sénégalaises et les villes de Tilouane et Touba (2

villes saintes) a été instauré fin 2003. Financé, à hauteur de 1 Milliard

d'euros par la Coopération néerlandaise, il prévoit de doter les

communes en décharges aménagées et d'appuyer la mise en place de

plan de gestion des déchets urbains. Actuellement, seule la ville de

Thiès a commencé à construire sa décharge et nous ne pouvons donc

pas tirer de conclusions générales sur ce projet. Notons toutefois, qu'à

Ziguinchor, ville de notre étude, il ne semble pas avoir avancé et n'est

pas considéré comme une priorité municipale.

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b) La direction nationale de l'hygiène du Ministère de la prévention, de l'hygiène et de l'assainissement (DNH)

Son rôle est de suivre la mise en oeuvre de la politique d'hygiène et de

salubrité. Pour cela, elle dispose d'agents assermentés chargés de contrôler

l'application du Code de l'Hygiène. Elle travaille aussi à la formation des acteurs de

précollecte et de collecte et à la sensibilisation de la population. Toutefois, elle axe

son action sur l'assainissement liquide, bien que trop souvent mis en avant

relativement à l'assainissement solide. Elle rencontre aussi de nombreux problèmes

dus au manque de moyens humains et logistiques.

c) Les agences nationalesRattachées au Ministère des Collectivités locales, elles disposent toutefois de

l'autonomie financière et administrative. Citons les 3 agences nationales les plus

actives et leurs missions :

● L'agence du développement municipal (ADM) créé en 1998 a pour

mission d'améliorer la gestion des communes et de financer la mise en

place d'infrastructures. Elle intervient à la demande des communes à

travers le Projet d'appui aux communes financé par la Banque

mondiale et l'Agence française pour le développement. Ce projet

consiste à la réalisation d'un audit environnemental, organisationnel et

financier par un bureau d'étude puis à la signature d'un contrat de 3 ans

entre la ville et l'Etat où la commune s'engage à améliorer les points

négatifs relevés par l'audit. Ce contrat s'articule généralement en 3

programmes : le Programme d'investissement prioritaire, le Programme

d'entretien prioritaire et le Programme d'ajustement municipal. Le

problème est que ces programmes privilégient la mise en place

d'infrastructures amenant des profits (construction de marchés etc...)

au dépend d'infrastructures dépensant de l'argent comme celles

nécessaires à la gestion des déchets. Cela confirme la vision actuelle

du gouvernement sénégalais tourné uniquement vers la recherche de

profit et non vers l'amélioration des conditions de vie de la population.

Notons que le PAC a été remplacé par le Programme de renforcement

et d'équipement des collectivités locales le 1er Janvier 2006, mais que

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cela n'a rien changé à l'efficacité de l'agence.

● L'Agence pour l'éxécution de travaux d'intérêts contre le sous emploi

mise en place en 1989 par la Banque Mondiale et le gouvernement

sénégalais a pour but de créer des emplois dans le domaine de

l'hygiène et de la réduction de l'insalubrité. Elle travaille principalement

à la formations des acteurs de précollecte et à la mise en place de

Groupement d'intéret economique.

● L'Agence pour la propreté du Sénégal active depuis novembre 2005,

sous tutelle du Ministère des Collectivités locales, a pour but d'aider à

la mise en place de programmes de valorisation et de recyclage des

déchets. Elle est trop récente pour que l'on puisse juger son action,

mais il semble que ce soit tout de même une des institutions dont la

mission est la plus conforme à la réalité de terrain, près de 40% des

déchets étant considérés comme valorisables ou recyclables.

d) Les collectivités localesResponsables de la gestion des déchets depuis le processus de

décentralisation de 1996, elles peuvent fonctionner de 2 manières différentes. La

régie directe consiste à la mise en place d'un service de gestion des déchets

fonctionnant comme une entreprise à l'intérieur de la municipalité. Son budget est

public mais bien différencié du reste du budget municipal. L'autre solution est la sous

traitance à une entreprise privée. Le contrat de sous traitance peut être de différents

types :

● Délégation

● Concession

● Affermage

● Contrat de service

Comme dit précedemment, le principal problème des collectivités locales est

le manque de moyens financiers, le transfert de compétences ne s'étant pas

accompagné d'une augmentation des budgets municipaux. Un autre problème est lié

au fait que les impôts sont difficiles à percevoir dans un pays ou les fiches de paie

sont rares et où la localisation des foyers fiscaux est compliquée par l'inexistence

d'adresse postale. Enfin, structurellement, les collectivités locales urbaines ont

encore du mal à nouer partenariat avec les collectivités rurales. Ce partenariat est

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pourtant nécessaire dans le cadre de la gestion des déchets, les décharges finales

ne pouvant être que rarement installées en milieu urbain.

Notons enfin la présence de différents programmes et de projets de

coopération décentralisée ou de jumelages, dans le but d'équiper les collectivités

locales, mais qui sont bien souvent insuffisants ou mal pensés. En effet, nombre de

projets sont élaborés avec une vision européenne qui ne peut être adaptée au

contexte africain aboutissant à des projets "mort-né" qui accentuent le desespoir de

la population et discréditent les projets futurs.

e) Les organisations de la société civileCe sont les associations communales comme les associations de femmes, de

jeunes ou encore les Associations Sportives et Culturelles présentes dans chaque

quartier. Elles sont accompagnées d'associations non formelles comme les comités

de quartiers, mis en place par le PAM ou par les comités de salubrité. Ces

organisations sont souvent à l'origine d'actions ponctuelles comme les journées de

balayage. Malheureusement elles sont souvent mal coordonnées entre elles et ne

peuvent rien à certains problèmes. Prenons par exemple, le cas de l'association de

jeunes du quartier de Boucotte Ouest à Ziguinchor, qui a organisé une journée de

balayage et de ramassage des déchets, mais qui une fois leurs charettes remplies

ne savait pas où amener les déchets collectés.

f) ConclusionOn comprend mieux après l'énumération de ces différents acteurs de la

gestion des déchets, la complexité de la mise en place de projet dans ce domaine.

En effet, il faut déja une longue période sur le terrain afin de comprendre le

fonctionnement général de cette gestion et bien souvent il faut déambuler

d'organismes en agences et de ministères en services municipaux pendant plusieurs

mois avant d'avoir le droit d'aborder une démarche de projet. De plus, de nombreux

projets étant d'origines extérieures, financés par la Banque Mondiale, l'Union

Européenne, ils se contentent d'appliquer les solutions des pays développés dans

les pays en voie de développement et cela est une des pires erreurs possibles en

matière de projets de développement. C'est dans cette situation complexe que notre

projet devra prendre sa place et naitre de la volonté de la population.

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2- La Casamance et la ville de Ziguinchor2.1- Le contexte casassais

Coupé du reste du pays par la Gambie, la Casamance est une region

totalement à part. Ainsi, tout est différent dans celle qui est surnommée « le grenier

du Sénégal » grâce à la présence de la quasi totalité des vergers et des rizières du

pays. La population majoritairement de l'ethnie diola est donc catholique pendant que

l'islam domine le reste du pays. La population du pays se tourne vers l'Occident et

vers les grandes puissance mondiales, pendant que la Casamance ne demande que

l'autonomie, seule alternative possible pour éviter l'acculturation. Ainsi, à l'heure de la

mondialisation, le riz diola cultivé par chaque famille reste à l'intérieur du village,

même si malheureusement les exportations de riz asiatique sont en augmentation,

les jeunes préferant gagner les villes plutôt que de rester riziculteur et de faire

perdurer la tradition. Le pays est sec et sahélien pendant que la Casamance est

envahie par les forêts et la mangrove bordant le fleuve du même nom dont l'estuaire

s'enfonce jusqu'à 100km à l'intérieur des terres, augmentant la salinité de l'eau et

créant ainsi de nombreux problèmes pour l'irrigation. Voilà ce qu'est la Casamance...

La Casamance sort tout juste, rappelons le, d'un conflit qui dure depuis 1982

et qui a declenché une guerre débutant en 1992 et qui s'est officiellement terminée

par des accords de paix signer en 2006. En effet, la Casamance lassée de distribuer

le fruit de son travail agricole au Nord, sans recevoir de contrepartie, a décidé de ne

plus se soumettre. Profitant de cette volonté, le MFDC, dirigé par l'Abbé Augustin

Diamacoune Senghor, a pris le maquis, armé en particulier par la Guinée Bissau. En

2000, lors de l'arrivée au pouvoir de Wade, les tensions se sont calmées, la Guinée

Bissau acceptant de ne plus héberger les rebelles et augmentant les contrôles

frontaliers. Depuis ce conflit, la Casamance est considérée comme une région

dangereuse par l'Ambassade de France, celle des Etats Unis interdisant même à ses

ressortissants d'y aller. C'est pourtant la plus belle région du Sénégal et il est ridicule

de croire connaître le Sénégal sans avoir mis un pied en Casamance où la vie est

plus paisible que dans le reste du pays, la population ayant compris que la solution

ne pouvait être trouvée par la violence. Le 3 janvier 2007, le chef de la rebellion est

décédé à Paris et il s'en est suivi une période de légère instabilité dans la région, un

proche du Président Wade siégeant au conseil régional ayant été assassiné dans

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son village.. Mais il faut surtout préciser que beaucoup de fausses rumeurs sont

lancées par le pouvoir central sénégalais dans le but de ne pas laisser la

Casamance se développer.

Enfin, comment parler de la Casamance sans parler de la cicatrice qui la

marquera à jamais, le naufrage dramatique du Joola dont le nombre de morts n'est

même pas officialisé mais atteint probablement 1500. Là encore, le pouvoir central

n'est pas irréprochable, ayant laissé un bateau hors d'état et surchargé prendre le

large. Ce drame dont chaque casassais a été victime a eu toutefois le mérite de

braquer les feux des médias européens sur la Casamance et ses problèmes. Les

nombreuses plaies sont longues à soigner mais la population casassaise y arrivera

ca ne fait aucun doute.

2.2- La ville de Ziguinchor a) Organisation générale de la Ville

Avec ces 220 000 habitants, Ziguinchor, capitale de la Casamance est la 4e

ville du Sénégal en terme démographique. Ville secondaire typique, elle se distingue

tout de même par sa situation géographique bien éloignée de Dakar. Situé à 100km

à l'intérieur des terres sur les bords du delta du fleuve Casamance, Ziguinchor subit

les mouvements des marées. Cette situation, accentuée par le climat plus humide

pendant l'hivernage que dans le reste du pays, est source de problèmes endémiques

comme les fortes inondations en saison des pluies. La situation de la ville est donc

difficile, les drains d'évacuations des eaux étant bien souvent obstrués par les

déchets qui s'entassent au bords des routes et dans le moindre espace disponible.

Morphologiquement, Ziguinchor peut être séparée en 3 zones (cf annexe 1)

● Les anciens quartiers sont articulés autour d'Escale, le quartier

d'affaires, au style très colonial. Ainsi, on considère dans cette zone,

les quartiers de Santhiaba et de Boucotte, qui sont très étendus et sont

les premiers quartiers indigènes de la Ville. Ces quartiers

anciennement lotis, ont une forte densité de population allant de 8 à 21

personnes par hectare et un fort taux d'occupation des sols. Bien

désservi par un réseau routier en bon état, ces quartiers sont en théorie

couverts par le réseau de collecte des déchets. Nous verrons

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ultérieurement par les résultats de notre enquête que cela ne se vérifie

pas en pratique.

● Les quartiers périphériques, lotis en 1972, sont caractérisés par un

habitat beaucoup plus traditionnel constitué de maisons en banco ou

en terre. Ce sont par exemple les quartiers de Soucoupapaye,

Lyndiane, Niéfoulène et Tilène. Ils sont souvent entourés par des axes

routiers, mais sont mal desservies intérieurement.

● Les quartiers d'habitats spontanés comme Kadior, Kénia, Kandialang,

Belfort... ont été créés sans aucun contrôle par les différentes vagues

d'exode rurale. L'habitat y est rural, et ce sont des petits villages dans

la grande Ville très souvent mal desservies par les routes et les

différents modes de transport collectif. Les concessions sont très

vastes et on observe donc un taux d'occupation des sols d'environ 10

parcelles par hectare. Ce sont des quartiers impossibles à atteindre par

un réseau de collecte municipal souffrant du manque d'argent pour

payer le carburant des camions, et une solution alternative doit donc

être trouvée pour gérer les déchets de ces zones.

b) Organisation politique de la VilleLa ville de Ziguinchor est dirigée depuis plus de 23ans par Monsieur Robert

Sagna, ancien membre du parti socialiste et ministre de l'équipement sous la

présidence de Abdulaye Wade. Candidat aux dernières élections présidentielles,

sous l'étiquette du parti qu'il a récemment créer en cessession du parti socialiste,

Sagna est arrivé au 4e rang et n'a pas obtenu la majorité dans sa propre ville. Cette

anecdote démontre par elle seule que son bilan à la Mairie n'est pas bon. En effet,

Ziguinchor est reconnue dans tous le Sénégal comme la moins développées des

villes secondaires. Très peu présent dans sa ville, ce sont ces adjoints qui tentent de

faire fonctionner la municipalité mais le manque de volonté en ce qui concerne la

politique environnementale est évident. Ainsi, la municipalité se plaint de ne pas

pouvoir payer l'essence pour les camions de ramassage des ordures ménagères,

pourtant, au cours de la campagne, Monsieur Sagna, faisait rouler toute la journée

de grosses berlines dans la ville afin de répandre son hypothétique message

politique. Très critiqué, il aura du mal à résister à son opposant, Abdulaye Baldé, très

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proche de Wade et qui postulera au poste de maire aux prochaines élections

municipales.

c) Economie de la VilleZiguinchor est plutôt bien lotie en ce qui concerne les infrastructures

économiques, ce qui la distingue, pour une fois positivement, du reste des villes

secondaires sénégalaises. On observe ainsi, une forte implantation d'industries

comme celle de pêches, la centrale électrique de Boutoute ou la plus importante, la

Sonacos, usine de traitement de l'arachide qui emploi une grande partie de la

population. On observe aussi, une forte densité de banques comme la Société

Générale ou la CBAO et de nombreuses PME dans des domaines très divers. De

nombreux GIE ont été aussi mis en place, notamment par les femmes commerçantes

afin d'amorcer une structuration des activités économiques.

d) La gestion des déchets à ZiguinchorComme nous l'avons vu précedemment, la municipalité, suite à la loi de

décentralisation, est responsable de la gestion des ordures ménagères. La ville de

Ziguinchor a décidé, elle, de passer un contrat de délégation de service avec

l'entreprise privée SudNet qui doit effectuer la collecte et la mise en décharge des

ordures de la Ville. Nous verrons dans la partie « diagnostic » de ce rapport les

problèmes rencontrés par ces 2 acteurs principaux de la gestion des déchets.

Hormis, la municipalité et SudNet, de nombreuses ONG locales, nationales ou

internationales jouent un rôle dans la gestion des déchets. Ainsi, l'ONG Pacte en

partenariat avec le GRET et la participation du PAM a tenté de mettre en place un

système de collecte appelé ROTAZ dont nous reparlerons ultérieurement. Nous

aborderons plus en détail cette gestion des déchets dans la suite du rapport,

notamment au travers des bilans des différentes rencontres d'acteurs réalisées au

cours de la phase « diagnostic » de notre projet.

Pour conclure, on peut dire que Ziguinchor est une ville dont le

développement urbain en ce qui concerne les différentes infrastructures, notamment

environnementales, n'a pas suivi le développement démographique. Ce

développement démographique très rapide pendant le conflit casassais, s'est

toutefois ralenti ces dernières années et il est donc temps de rattraper le retard

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accumulé. Encore faut il une volonté politique réelle, sans quoi, les problèmes

perdureront, laissant la population vivre dans des conditions très difficiles et

inacceptables pour un pays se considérant comme le 2e plus développé d'Afrique.

3- Présentation de la structure d'accueil : Tropis Environnement

3.1- GénéralitésLe cabinet d'étude et d'appui au développement Tropis Environnement a été

créé en 1996 pour faire face aux besoins des collectivités locales suite à la loi de

décentralisation dont nous avons précédemment parlé. En effet, les collectivités

locales devenaient par cette loi, responsables de domaines dans lesquelles elles

n'avaient pas réellement de compétences et elles devaient donc pouvoir s'appuyer

sur des structures d'experts en environnement. C'est suite à ce constat que Mr

Ismael Diallo, naturaliste de formation, et Mr Adrien Coly, géographe ont décidé de

mettre en place Tropical Service Environnement. D'abord sous le statut de GIE afin

de faciliter la gestion, le groupe est passé sous le statut de SARL en 1999. Les

débuts ont été assez difficile, l'expertise de la jeune équipe n'étant pas vraiment

reconnue et l'investissement de base étant difficile à obtenir. Malgré cela, les

fondateurs étant des amis d'enfance, liés par le même objectif, celui de faire émerger

une vision différente de l'expertise environnementale en intégrant les populations et

les structures communautaires dans la mise en place de projet, la structure a pris de

l'ampleur au fil du temps. Elle est maintenant reconnue nationalement aussi bien à

Dakar que dans les villes secondaires du Sénégal dont Ziguinchor où le cabinet

dispose d'une antenne gérée par Ismael Diadhiou. La reconnaissance peut même

être considérée comme internationale, des étudiants européens et américains étant

très souvent acceuillis dans le cadre de stage. Tropis Environnement est même

devenue actuellement un exemple pour les nombreux GIE qui souhaitent se

développer et se muer vers un statut de SARL. Ainsi, le cabinet propose aussi des

formations et des appuis aux structures communautaires en plus de son travail

d'expertise dans l'environnement.

Aujourd'hui Tropis Environnement, toujours dirigé par la même base est une

SARL au capital de 1 000 000 FCFA (150 000 euros) qui fonctionne parfaitement et

qui est apprécié des partenaires internationaux comme le PAM, l'Unicef et bien

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d'autres comme nous le verrons ultérieurement.

3.2- Domaines d'activités et partenairesHistoriquement Tropis Environnement travaille :

● à la promotion du développement durable par une meilleure gestion de

l'environnement

● à la promotion des moyens durables d'existence par l'initiation et la

gestion de projets

● au développement d'une citoyenneté participative

Comme son nom l'indique, son domaine d'intervention est l'environnement mais elle

dispose aussi d'une expertise dans le domaine de la gestion communautaire. Son

équipe dirigeante d'experts est constituée de géographes, de naturalistes,

d'hydrauliciens et d'experts en microfinances et gestion de projets. Ainsi les

domaines d'interventions du cabinet sont assez variés :

● Gestion des ressources en eau par la réalisation d'études d'impacts et

de plans de gestion des risques

● Réalisation d'études sur l'assainissement notamment pour résoudre les

problèmes d'inondations en période d'hivernage

● Gestion des resssources naturelles par l'élaboration de plans

d'aménagement ou par des inventaires de biodiversité

● Gestion des déchets par des travaux sur le recyclage, le compostage et

par des études sur l'aménagement de CET et de décharges

● La santé, plus particulièrement en ce qui concerne les maladies

hydriques

● Développement communautaire par l'appui aux différentes structures,

le développement de PME-PMI et par des formations en management

et en gestion, notamment en ce qui concerne la legislation

environnementale.

On comprend donc bien que Tropis Environnement à developper au cours de

la dernière decennie une expertise dans des domaines hétérogènes ce qui fait sa

force à l'heure actuelle. Ainsi, le cabinet est très apprécié de nombreux partenaires

locaux ou internationaux qui s'appui sur elle afin de profiter de l'expérience de ses

dirigeants. Des partenariats sont ainsi liés avec des ONG, des GIE, des PME-PMI,

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des bailleurs de fonds, des consultants, d'autres bureaux d'études, des organisations

de producteurs agricoles, des associations de villages, de femmes, des chercheurs

ou bien d'autres étudiants, Tropis étant ouvert aux différentes initiatives individuelles.

Personnellement, ses dirigeants sont aussi impliqués dans de nombreuses

structures. Ainsi, le directeur, Mr Diallo est aussi directeur nationale de l'ONG

américaine CRESP qui réalise des projets dans le domaine social avec une équipe

constituée d'étudiants américains et sénégalais. Il est aussi représentant au Sénégal

du réseau des Eco-Villages mais malgré ces nombreuses activités, l'obligeant à de

nombreux déplacements, il reste très impliqué dans les différentes études et très

accessible pour les différents étudiants en stage dans la structure.

L'expertise de Tropis Environnement s'appui une vision du développement

basée sur un développement humain réalisé à l'écoute de la population et pour la

population. Cette vision originale est une nouveauté au Sénégal et Tropis

Environnement est actuellement en train de gagner son pari en devenant une

structure active dans de nombreux projets et ayant acquis une stabilité de

fonctionnement que ce soit au niveau financier, humain ou matériel.

3.3- Antennes régionalesLa direction de Tropis Environnement est basée à Dakar dans un immeuble

situé à Yoff près de l'Aéroport international. Le cabinet dispose tout de même

d'antennes régionales afin de suivre les différents projets. Avouons toutefois que

certaines de ces antennes, comme celle de Ziguinchor sont très mal gérées et ne

sont pas très actives. Elles manquent de toute façon de moyens matériels et

humains qui sont surtout centralisés à Dakar.

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1- Détermination de la stratégieAvant de commencer un projet de développement et de se rendre sur le

terrain, il est très important de se réserver une phase de préparation, de

documentation et de détermination de la stratégie. C'est ce que nous avons fait lors

des premiers jours de notre stage, en restant à Dakar où sont archivés les différents

documents et études réalisées par Tropis Environnement et ses partenaires. De

plus, la connexion internet étant possible à Dakar, nous avons pu réaliser des

recherches notamment sur le cadre institutionnel et législatif de l'environnement au

Sénégal. Monsieur Diallo, le maitre de stage, étant présent durant cette période,

nous avons pu mettre en place un planning prévisionnel du travail (cf journal de

stage en annexe 2). La philosophie de Tropis Environnement et la mienne étant

d'impliquer au maximum la population dans les différentes études et projets, c'est

très naturellement que nous nous sommes dirigés vers une démarche participative

de la population de Ziguinchor. Nous avons donc décidé de baser notre diagnostic

sur la réalisation d'une enquête administrée à la population de la ville (cf annexe 3).

Afin de réaliser un diagnostic plus complet, nous avons aussi décidé de nous

entretenir avec les différents acteurs de la gestion des déchets à Ziguinchor. Ainsi,

nous allons pouvoir déterminer la situation actuelle de la ville et connaître les

différents projets mis en place dans les années passées. Ceux ci vont nous

permettre de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas et donc de ne pas

répéter des erreurs déjà commises.

Cette première phase de diagnostic, très importante, va nous permettre de

baser notre projet sur la situation réelle de la gestion des déchets, base essentielle

pour trouver une solution adequate et perenne. Elle sera suivie par une phase de

détermination des différentes solutions, puis par le choix de la solution la plus

appropriée que nous testerons sur des quartiers tests en fonction des résultats de

l'enquête et de nos observations. Nous détaillerons ensuite le projet retenu et

étudierons sa faisabilité avant d'effectuer un retour vers la population des quartiers

concernés. La mise en place, elle, se ferra plus tard, la saison des pluies

commençant à la fin du mois de mai, empéchant toute réalisation de projet, la

population n'étant pas disponible, trop préoccupée par la gestion des inondations.

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2- L'enquête à la population2.1- Déroulement de l'enquête population

Dans le cadre de la partie « diagnostic » de notre projet sur la gestion des

déchets à Ziguinchor, nous avons décidé d’administrer 135 enquêtes sur la

population des différents quartiers de la ville. Le nombre d’enquête par quartier,

variant de 3 à 10 a été défini en fonction de leur taille et de leur hétérogénéité en

terme de gestion des déchets. Pour ce travail que j'ai réalisé en commun avec mon

camarade Benjamin, nous avons été assisté par 2 employés de l’Antenne de

Ziguinchor de Tropis Environnement, Pierre Gomis et Louis Joseph Tendeng. En

plus d’un rôle d’orientation, leur rôle était aussi de pouvoir traduire les différentes

langues utilisées par les enquêtés afin que notre compréhension de la situation soit

optimale. Les enquêtes ont été administrées en 2 semaines à compter de 15

enquêtes par jour de 9h à 14h sur la période du 13 au 25 février.

Les enquêtes étaient articulées en 6 parties :

● Une première partie permettant de caractériser l'échantillon consistait à

déterminer l'identité de l'enquêté en lui demandant son âge, son ethnie

d'origine, sa religion... Nous nous interessions aussi à la situation

foncière de sa concession, au type de construction de son habitation, à

la topographie du quartier ou encore à la présence ou non d'inondation

en hivernage afin d'évaluer la situation locale. Nous complétions cette

analyse par d'autres questions comme le nombre de personnes au sein

du foyer permettant de dimensionner le futur projet.

● Une deuxième partie assez courte, traitait de la dynamique du quartier.

Cette partie avait pour but d'évaluer la motivation locale, élément

important pour la mise en place d'un aménagement. En effet, s'il n'y a

aucun dynamisme sur le quartier, le projet aura du mal à s'implanter.

Nous n'analyserons pas cette partie sur la totalité de la ville de

Ziguinchor, les réponses étant bien différentes suivant les quartiers.

Nous utiliserons donc les résultats que dans la dernière partie du

travail, une fois les quartiers tests choisis.

● La troisième partie qui était de loin la plus importante concernait la

gestion des déchets en elle même. Ainsi, nous avons pu évaluer le taux

de couverture par le réseau de collecte municipal et connaître les

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techniques alternatives les plus utilisées. Nous avons aussi pu aborder

la question du tri des déchets et connaître les habitudes de la

population dans ce domaine. Une question importante concernait

l'utilisation de piles, celle ci étant un déchet souvent négligé dans les

projets de réseau de collecte. Cette partie a été la base de l'émergence

de la solution ultérieurement choisie.

● La quatrième partie abordait la question des maladies et avait surtout

pour but d'éduquer la population en liant la gestion des déchets avec

les problèmes de santé. Notons que ce domaine n'est pas facile à

aborder, les habitants préferant souvent dissimuler la réalité par honte.

Ainsi, peu de cas de choléra ont été avoués alors que, sans parler

d'épidémies, le choléra est bien présent en période d'hivernage dans la

ville de Ziguinchor.

● La cinquième partie consistait à une observation visuelle concernant

l'état des routes car la mise en place d'un réseau de collecte est

dépendante de ce paramêtre. Ainsi, nous estimions la distance entre le

foyer enquêté et un axe routier viable c'est à dire goudronné ou large et

assez plat pour permettre le passage d'une benne de collecte.

● Enfin, nous réalisions une estimation visuelle de la proportion

volumique des différents types de déchets dans les poubelles ou sur

les sites d'incinération. Cette estimation sommaire nous permettra de

cibler les matériaux posant le plus de problèmes et de proposer une

solution adaptée concernant leur collecte et leur éventuel traitement.

Cette enquête avait pour but de s'appuyer sur une base statistique, mais nous

avons pris l'option de laisser parler les enquétés afin qu'en plus de répondre aux

différentes questions, ils nous permettent de comprendre la situation et leur point de

vue sur la gestion des déchets. Cette période d'enquête, dès notre arrivé dans la ville

de Ziguinchor, nous a aussi permis de parcourir la ville à pied et de connaître tous

les quartiers. Cette connaissance est très utile et souvent très appréciée par la

population et cela permet de faciliter la discussion et donc l'émergence d'idées. Nous

allons maintenant aborder quelques éléments de l'analyse de l'enquête.

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2.2- Résultats analysés de l'enquête populationa) Caractéristiques de l'échantillon

L’âge moyen des personnes interrogées était de 33,3ans et 77% de ces

personnes étaient des femmes. Cela peut s’expliquer par le fait que nous avons

réalisé les enquêtes à une période où les hommes sont pour la plupart au travail et

où les femmes s’occupent par contre de la préparation du repas de midi. En ce qui

concerne l’ethnie d’origine, notre panel correspond relativement bien à la situation

locale. En effet, près d’un tiers des interrogés sont des diolas, ethnie majoritaire en

Casamance. Viennent ensuite les Mandingues et les Peuls que l’on retrouve

relativement partout géographiquement. Nous avons remarqué aussi la présence de

nombreux Manjacques, ethnie originaire de la toute proche Guinée Bissau. On peut

notifier la même observation de bonne représentation de la situation locale en ce qui

concerne le culte des interrogés avec environ 2/3 de musulmans et 1/3 de

catholiques.

Le nombre de personnes résidant dans le foyer variant de 1 à plus de 30

atteint un moyenne de 11 personnes par foyer. Ce chiffre sera très important afin de

dimensionner les différents ouvrages mis en place dans la phase « solution » du

projet. Ces personnes vivent en moyenne dans le quartier (et le plus souvent donc

dans l’habitation actuelle) depuis 20ans. Cela veut dire qu’elles sont arrivées à

Ziguinchor dans les années 80 ce qui correspond à la vague généralisée d’exode

rurale en Afrique. En ce qui concerne la situation foncière de la concession, plus de

50% des enquêtés sont propriétaires avec titre foncier ce qui démontre d’une

organisation convenable de la ville, seulement 8,1% ne disposant pas de titre foncier

(le plus souvent dans les quartiers périphériques). Quant au type de construction, on

observe une majorité de construction de type définitive (murs en dur, fondations,

charpente…), le reste des constructions étant de type semi définitive (murs en dur

mais toit en tole par exemple) voir provisoire (murs en tole…).

Certaines questions comme le type de sol ou la présence d'inondation seront

analysées seulement dans les quartiers où le projet sera mis en place et nous ne les

aborderons donc pas ici. Nous avons par contre jugé nécessaire de demander à la

population, elle même, quel était son problème principal. 50% des interrogés citent

l’assainissement comme principal problème. Viennent ensuite la gestion des déchets

et les routes. La distribution d’eau potable plutôt bien assurée à Ziguinchor n’est

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citée que dans les quartiers périphériques. Il est important sur cette question de

mettre en relation le problème de gestion de déchet et le manque d'infrastructures

routières. Cela doit nous amener aussi vers une gestion locale des déchets à

l’échelle du quartier afin de ne pas dépendre de la construction de routes viables.

b) La gestion des déchets à ZiguinchorD’après l’enquête nous observons un taux de couverture du réseau de

collecte municipal d’environ 14% complété par 1,5% de collecte réalisé par la

SONACOS (entreprise de traitement des arachides) dans la cité HLM Sonacos

(quartier Escale) et par 1,5% réalisé par un charretier indépendant dans le quartier

de Boucotte Nord. Il n’y a donc que 17% de la population qui est desservie par un

réseau de collecte, loin des 35% annoncé par la municipalité et repris dans la plupart

des documents officiels. Notons que cette collecte organisée est focalisée sur les

quartiers centraux et les cités HLM (Biagui et Nema) et sur la zone proche de la Gare

Routière (Goumel). Quand il y a collecte organisée, le camion passe généralement 2

ou 3 fois par semaine donc tous les 2 ou 3 jours assurant une bonne hygiène de la

poubelle. Précisons que le camion passe en porte à porte pour seulement 5,7% des

intérrogés et cela dans les cités HLM. Pour 8,9%, il y a présence d’un point d’apport

volontaire « organisé » et officiel, commun à tout une zone (à une distance moyenne

de 410m) tandis que pour les autres, les déchets sont simplement posés au bord de

la route pour être ramassés par le camion.

Le taux de couverture par le réseau de collecte étant très faible, c’est la

pratique de l’incinération individuelle qui est utilisée par 69,6% des personnes,

quelques fois complétée par le dépôt en décharge sauvage ou le jet dans le réseau

d’assainissement pour les déchets difficiles à bruler comme le verre, ou dangereux

comme les piles. De plus, la présence de poubelles fermées étant marginale, les

déchets produits sont posés à même le sol tout au long de la journée ce qui leur

laisse le temps de s’envoler et de salir le quartier avant leur incinération qui a lieu

généralement une fois par jour le soir.

85,2% des personnes enquétées rejettent des piles dont 81,5% avec le reste

des déchets c’est à dire la plupart de temps à l’incinération. Les autres utilisateurs de

piles les jettent n’importe ou dans le quartier, à même le sol où elles servent de jouet

pour les enfants. La gestion de ce déchets très toxiques est donc une priorité afin

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d'améliorer la situation sanitaire de la ville.

On observe que tout de même 63,7% de la population interrogée déclare trier

ses déchets. Le tri le plus répandu est celui du verre, cela du aux système de

consigne des bouteilles de boissons. Vient ensuite le tri du plastique que l’on pensait

avant notre enquête plus répandu. Remarquons par contre que ce tri semble être

source de profit ce qui laisse entrevoir la possibilité de mise en place et de

structuration d’une filière de valorisation. Le fer et le carton eux ne sont

qu’exceptionnellement triés et seul le fer peut être revendu. Ces tris sont

généralement donc sans profit et ne servent qu’à la réutilisation au sein du foyer. Les

déchets organiques sont eux généralement mis dans un seau laisser à disposition

des éleveurs de cochons.

Pour finir nous avons pu observer le manque de sensibilisation, celle ci ayant

été remarqué que pour 37% de la population et le plus souvent réalisées par des

jeunes qui n’étaient même pas organisés en association. En effet, les jeunes sont

sensibilisés à l’école et se donnent bien souvent le rôle d’amplifier le message à la

population de leur quartier. On remarquera le peu de sensibilisation effectué par les

chefs de quartiers ou la municipalité, ou, plus surprenant par des ONG (locales ou

non)

c) Les maladiesLa maladie la plus fréquente sur la ville de Ziguinchor est sans surprise le

paludisme qui sévit surtout en période des pluies de Mai à Aout. Les autres maladies

signalées sont principalement des problèmes respiratoires dus à la poussière et des

problèmes intestinaux. Seulement 5 personnes, en quasi totalité à Kadior ont

reconnu des cas de choléra ce qui n’est pas surprenant aux vues de la mauvaise

propreté du quartier, mais nous avons expliqué précedemment les causes de la

faiblesse de ce chiffre. Cette maladie est toutefois bien reconnue comme liée à la

mauvaise gestion des déchets.

Les campagnes de sensibilisation aux maladies semblent enfin plus

répandues que celles sur la gestion des déchets ce qui pourrait définir une solution

simple : inciter ces campagnes sur la santé à un approfondissement sur la gestion

des déchets.

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d) L'état des routesNous observons que la moitié des foyers sont accessibles en camion, parfois

difficilement il faut l’avouer pour un camion chargé d’ordures, même si les routiers

sénégalais font preuves d’une grande dextérité. Dans l’optique de la mise en place

de circuit de pré collecte on peut remarquer que la quasi totalité des foyers sont

accessibles en charrettes, seul le quartier de Colobane et certaines zones de Djibock

étant trop pentues et escarpées pour être atteintes par un attelage. En moyenne, la

distance entre les foyers et un axe viable goudronné est de 323m sur les foyers

enquêtés mais cette situation est variable suivant les quartiers.

e) La composition des poubellesMatière Plastique Verre D.Orga Poussièr

eFer Papier Tissus Autre

% moyen (volume)

23,9 1,9 36,3 9,4 8,4 17,6 0,9 0,2

Composition volumique moyenne des poubelles d'après l'enquête

Nous remarquons dans un permier temps, la présence majoritaire de déchets

organiques malgré l’utilisation par les animaux. Cette moyenne s’explique par le fait

que dans les zones où le réseau de collecte est organisé les poubelles sont remplies

de ce type de déchets car comme dans les pays développés, l’effort de tri n’apparaît

plus nécessaire à la population à partir du moment où le réseau avec camion passe.

Le faible pourcentage de poussière, en opposition avec ce qui était déclaré par la

population s’explique par le fait que la poussière prend peu de volume mais

beaucoup de poids et que sur un tas d’incinération, il est bien difficile d’estimer le

taux volumique de celle ci. Pour résumer, c’est en réalité le plastique et le papier qui

sont le plus présents dans les poubelles ziguinchoroises posant le problème

important du traitement et de la valorisation du premier cité.

3- Les rencontres avec les acteurs locaux3.1- Bilan de la rencontre avec l'ONG Pacte

Le 6 Mars 2007, dans le cadre de notre diagnostic de la gestion des déchets

solides de la ville de Ziguinchor, nous avons rencontré Mr Moussa BARI coordinateur

de l’ONG Pacte. L'ONG Pacte issue de la fédération Pact Arim est une ONG dont le

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but statutaire est d'améliorer les conditions de logements de la population afin

d'impulser une dynamique de développement. En Casamance, son rôle est

d'appuyer les différentes actions de coopérations et les différents programmes de

développement. Ainsi, elle est devenue au fil du temps, un acteur majeur du

développement à Ziguinchor et il était donc indispensable de rencontrer ses

dirigeants.

En 2005, l’ONG Pacte, en partenariat avec le PAM, les conseils de quartiers

et la municipalité, a mis en place un réseau de collecte nommé ROTAZ. L’idée de ce

projet était de mettre en place une précollecte en porte à porte par des charettes

tractées par des ânes. La précollecte se faisait en direction de décharges

intermédiaires. Ces décharges intermédiaires étaient ensuite prises en charge par

l'entreprise privée SudNet avec laquelle la municipalité avait conclu un contrat de

délégation de service. Sud Net avait pour mission d'emmener les déchets par camion

vers une décharge finale se trouvant à Tendang à 15km au Sud de la ville.

Pour assurer la précollecte, l’ONG Pacte a mis en place dans le quartier pilote

de Boucotte Centre, un GIE de 5 personnes disposant de 2 charrettes et de 2 ânes.

Elle a aussi équipé les foyers de poubelles afin de faciliter la collecte. La mise en

place du GIE et l’équipement en poubelles ont été financés par la Coopération

Française. Le fonctionnement du GIE était assuré par une cotisation de

550FCFA/Mois/Foyer. Pour les foyers imposables, payant déjà la TEOM la cotisation

au projet ROTAZ s’ajoutait à la TEOM. Pour assurer la pérennité du réseau de

collecte mis en place, les membres du GIE ont aussi été sensibilisés, par le PAM et

par Pacte, à la gestion des déchets et notamment aux techniques de tris et de

recyclages.

Dans un premier temps, le GIE de Boucotte Centre fonctionnait correctement

et les bennes intermédiaires étaient ramassées 3 fois par semaine par SudNet. Il a

donc été décidé d’élargir le système ROTAZ sur 6 autres quartiers, Boucotte Sud,

Boucotte Ouest, Boucotte Est, Boucotte Nord, Kandé et Santhiaba. Là aussi, la mise

en place et le fonctionnement des GIE n’a pas posé de problème dans les premiers

temps. Mais, très rapidement, le système s’est dégradé et a perdu de son efficacité.

En effet, les camions de ramassage SudNet ont cessé de passer régulièrement,

transformant les décharges intermédiaires en décharges sauvages. Les personnes

habitant à proximité de ces décharges ont commencé à se plaindre des nuisances et

à interdire le dépôt. Le système de précollecte fonctionnait encore correctement mais

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les charretiers ne savaient plus où mettre les déchets. Il y avait donc rupture de

charge dans le réseau de collecte. Il semblerait que le problème était d’ordre

financier, SudNet reprochant à la municipalité de ne pas les payer et ne pouvant

donc pas assumer les frais de fonctionnement des camions (carburant, réparation…)

Quand à la municipalité, elle accusait SudNet de ne pas avoir respecté ses

engagements en ne mettant à disposition que 6 bennes au lieu de 18. Le système

n’étant plus efficace, les habitants ont arrêté de payer la cotisation aux GIE. Ceux ci

ne pouvaient donc plus fonctionner et ont donc disparu.

Mis a part ce problème, l’absence de tri et le fait que les foyers rejetaient

n’importe quoi a aussi été mis en avant. En effet, plus de la moitié des déchets était

du sable, ce qui alourdissait considérablement le poids des bennes ramassées et

augmentait donc la consommation en carburant et la fréquence de ramassage des

bennes. Il relève donc d’un manque de sensibilisation de la population lors de la

mise en place du projet.

Ce projet ROTAZ est le principal projet mis en place concernant la gestion des

déchets sur la ville de Ziguinchor depuis l'indépendance du Sénégal. Son échec est

donc à étudier afin de ne pas recommettre les mêmes erreurs. Il démontre l'effort de

sensibilisation indispensable en amont de la mise en place d'un aménagement et la

nécessité de limiter le nombre de maillon de la chaine de collecte afin d'éviter les

problèmes d'ordre contractuels.

3.2- Bilan de la rencontre avec le représentant de la VilleTenter de rencontrer un représentant de la municipalité dans une ville

africaine n'est pas chose facile. Ainsi, nous avons du nous y prendre à plusieurs fois,

d'autant plus que la campagne présidentielle qui battait son plein à notre arrivée,

occupait beaucoup de monde.

Le 12 Mars 2007, nous avons tout de même rencontré l’agent voyer,

responsable des Services Techniques de la Voirie pour la ville de Ziguinchor.

Ingénieur en Génie Civil sorti de Polytechnique, l’agent voyer travaille pour la Ville de

Ziguinchor depuis Janvier 2005 après plus de 15ans dans le secteur privé à Dakar. A

son arrivée, il a trouvé la ville dans un état environnemental déplorable et a donc

commencé par faire évacuer les montagnes de déchets qui s’accumulaient dans les

quartiers avant de tenter de mettre en place une nouvelle vision de la gestion des

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déchets et de recréer un réseau de collecte efficace.

Il a rapidement noué contact avec l’ONG Pacte et le PAM dans le cadre du

projet ROTAZ. La collecte était alors réalisée en porte à porte par camion dans les

quartiers centraux (Escale, Cobitène …) et par le système ROTAZ dans les quartiers

périphériques. Comme nous l’avons vu lors de notre rencontre avec l’ONG Pacte, le

système a très rapidement rencontré des problèmes qui ont conduit à sa perte.

L’agent voyer reconnaît que la ville ne payait pas à temps l’entreprise SudNet

qui ne pouvait alors pas fonctionner correctement. Il explique cela, notamment par le

faible taux de population soumis au paiement de la TEOM et par les difficultés

budgétaires de la ville qui n’arrive pas à assumer toutes ses obligations. En effet, la

gestion des déchets ne semble pas être une priorité municipale face notamment aux

problèmes de voiries et d’assainissement en période d’hivernage.

Il a aussi mis en avant d’autres problèmes comme la forte proportion de sable

dans les déchets collectés et le manque de sensibilisation. Les quelques

sensibilisations réalisées ont été inefficaces car politisés par la population qui, de

plus, n’y trouvait pas d’intérêt financier. Il déplore un manque de moyens humains,

financiers et matériels. Il est, en effet, le seul responsable de la Voirie dans la ville,

les autres employés étant des conducteurs d’engins et des mains d’œuvres. En ce

qui concerne l’équipement matériel, il manque un camion équipé d’une pelle pouvant

ramasser les déchets des dépôt sauvages. Financièrement, il semble que le budget

dédié à l’environnement (150 Millions de FCFA /an) ne soit pas suffisant pour

assumer toute les responsabilités. Il trouve donc nécessaire l’aide de structures

extérieures (ONG, Coopération…) et souhaite vivement une meilleure coordination

des différents travaux réalisés par celles ci.

Le problème du rejet croissant de matières plastiques a aussi été abordé,

l’agent préconisant la structuration de filières de recyclage et de valorisation. Le

même type de filière devra aussi être mis en place pour les piles, problème majeur

comme nous l'avons observé lors de nos enquêtes.

D’après son expérience, il tient à privilégier la traction moteur à la traction

animale. Il justifie ce choix par le fait qu’il est plus facile d’entretenir un moteur qu’un

âne. En effet, il est plus facile à Ziguinchor de trouver un mécanicien qu’un

vétérinaire pour soigner un âne malade.

Très honnête, l'agent voyer reconnaît que la volonté politique en matière

d'environnement n'est pas toujours présente. Cette année, il déplore la baisse du

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budget municipal dédié à l'environnement. Cette baisse semble, de plus, avoir

permis de financer la campagne électorale du maire Robert Sagna, candidat aux

présidentielles. Il dénonce toutefois, un manque de responsabilité de la population,

qui rejette trop facilement la faute sur la municipalité. D'après lui, il est clair que ce

manque de motivation est du aux erreurs du passé et aux nombreux échecs de la

municipalité en terme de gestion de l'environnement. Il reconnaît que la population

serait prête à payer la taxe si cela permettait qu'elle dispose d'un système de collecte

des déchets efficaces.

L'entretien avec l'agent voyer a été très complet et il s'est mis à notre

disposition à titre personnel pour la suite du projet. Il semble donc qu'il puisse être un

appui essentiel de notre projet de part son expérience et son rang au sein de la

municipalité de Ziguinchor.

3.3- Bilan de la rencontre avec le PAMLe 12 avril, nous avons rencontré Olivier Flamand, responsable du bureau du

PAM depuis 5ans et demi à Ziguinchor. Ce bureau couvre les zones d’Oussouye,

Ziguinchor et Bignona.

Le budget du PAM pour la ville de Ziguinchor s’élève à 19 Millions de Dollars

pour 2ans. A son arrivée en 2002, Olivier Flamand trouve une situation

catastrophique. En effet, la gestion est déplorable, un contrat ayant été signé avec

l’AGETIP dont les dirigeants détournent l’argent à des fins personnelles. L’AGETIP

était alors un lobby socialiste qui constituait un maximum de GIE dans le domaine de

l’environnement, considérant que leur nombre important assurerait une propreté

convenable de la Ville. La situation était telle, que près d’un dixième de la population

de Ziguinchor travaillait, plus ou moins efficacement, dans ces GIE. De plus,

l’AGETIP se contentait d’actions ponctuelles (balayage des poussières et des

feuilles) et seulement sur les axes principaux. A cette époque, le role du PAM était

de soutenir les GIE en distribuant l’équivalent d’un SMIC (32000FCFA) en nourriture

aux acteurs du ramassage des ordures. Hors, une majorité de ces acteurs ne

réalisaient pas réellement leur mission et étaient donc payer à ne rien faire. Il rompt

donc le contrat très rapidement afin de remettre le bureau sur de bonnes bases.

Le PAM remet alors en place un programme complet et agit notamment au

sein du CTA de Ziguinchor. Malheureusement, cette structure est devenu inefficace

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depuis le départ du PAM qui y jouait un rôle moteur. Dans un premier temps, en

partenariat avec la Lyonnaise des Eaux, qui leur a fournit des Caterpillar, ils ont mis

en place une décharge finale au Lycée de Djibock. D’autres sites ont été imaginés

pour devenir des décharges finales mais le manque de données sur la population de

la ville et les problèmes fonciers n’ont pas permis l’aboutissement de ces projets. La

création d’un incinérateur a aussi été étudiée mais cela n’a pas abouti. Olivier

Flamand déplore un problème de suivi de la part de la mairie dans le projet ROTAZ.

Il reconnaît un fonctionnement irrégulier de l’entreprise SudNet ne permettant pas

réellement de bien gérer les déchets. Pour lui, il est important de changer les

mentalités en amont, en sensibilisant au tri, et à la nécessité de rassembler les

déchets dans des sites aménagés. Malheureusement, actuellement, rien n’est fait

pour l’acier et les bouteilles plastiques. Seul quelques talibés passent mais il faudrait

structurer ce ramassage. Au niveau des piles, il n’y a pas d’usine de traitement à

Ziguinchor, la seule existante au Sénégal se situant à Thiès. La seule solution est

donc d’organiser une évacuation des piles usées vers ce site, par exemple, en

utilisant les transporteurs routiers remontant vers Dakar avec des camions vides.

Cela n’étant pas facile à mettre en place, il semble que le plus important soit de

réaliser un travail de sensibilisation au niveau des écoles, les jeunes étant le moteur

essentiel d’une nouvelle dynamique.

Notons que cet entretien, malgré sa richesse, nous a aussi montrer

l’éloignement de la réalité de ces gros organismes comme le PAM. En effet, Olivier

Flamand considère « qu’il n’y a plus d’incinération dans la ville de Ziguinchor », ce

qui peut être réfuté par une simple observation des quartiers, et qui est confirmé par

le résultat de nos enquêtes. Cela démontre une nouvelle fois, l’importance d’une

approche différente, plus proche du terrain et de la population, dans le but de réaliser

un projet pérenne.

4- Synthèse

Précisons tout d'abord que la rencontre de tous les acteurs du développement

de la ville de Ziguinchor n'a pas été possible. En effet, un nombre incalculable

d'associations et d'ONG sont présentes sur la ville et un des problème principal est

leur manque de coordination. Trop souvent, la volonté de faire seul est un obstacle à

une réalisation vraiment efficace et comme nous l'avons vu avec le système ROTAZ,

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le manque de suivi et la précipitation sont sources d'échecs qui finissent par

décourager la population. L'entreprise SudNet n'a pas été rencontrée car ses

dirigeants n'étaient pas disponibles et l'agent voyer nous avait renseigné sur les

moyens qui étaient à leur disposition, nous donnant ainsi les quelques informations

que nous désirions.

Ces rencontres nous ont permis aussi de conclure qu'il ne fallait pas vouloir

résoudre tous les problèmes en même temps. En effet, il faut prendre chaque

problème et le résoudre, puis procéder étape par étape afin d'arriver à long terme à

un réseau de collecte optimal. Ainsi, il ne sert à rien de vouloir optimiser le

ramassage des déchets si une décharge finale n'est pas structurée et controlée. Il

faudra aussi éviter l'accumulation des maillons dans la chaine du réseau afin d'éviter

des problèmes de relations contractuelles qui crééraient une rupture de charge dans

le réseau et pourrait même finir par aggraver la situation.

La nécessité d'avoir une bonne vision de la situation actuelle c'est elle aussi

fait ressentir, notamment par la vision erronée du PAM qui considère que la

population de Ziguinchor n'incinère plus les déchets. Cela montre un des gros

inconvénients des grosses structures qui oublient bien vite le terrain et qui ne se

rendent plus compte de la réalité. Coupé de celle ci et de la population, un projet de

développement pérenne ne peut être mis en place quelque soit les moyens

financiers et humains à dispositions.

C'est par ces entretiens très riches et le résultats de nos enquêtes que nous

avons élaboré notre projet afin d 'améliorer la gestion des déchets dans la ville de

Ziguinchor. Nous avons ainsi tenter d'amener une vision originale et d'impliquer au

maximum la population dans l'élaboration du projet. Cela nous a été possible par les

échanges avec nos nombreuses rencontres sur le terrain à Ziguinchor ou dans les

villages de Casamance, et nous remercions tous ces gens pour leur participation à la

naissance du projet.

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1- Détermination de la solution retenue

1.1- Choix d'une solution locale et autonomeAprès environ un mois et demi à Ziguinchor, nous avons pu avoir une bonne

vision de la situation de la gestion des déchets dans la ville. Ainsi, à partir des

résultats de notre enquête à la population et des bilans de nos différents entretiens et

rencontres, des lignes à suivre se sont tracées concernant notre projet.

Très rapidement en effet, nous avons décidé de ne pas vouloir résoudre tous

les problèmes et de procéder par étape. Ainsi, nous avons jugé impossible, aux vues

de nos moyens et de notre pouvoir, de remettre en état un réseau de collecte

complet sur la ville de Ziguinchor. En effet, cela demanderait une implication de la

mairie qui n'est pas vraiment réelle et des financements importants dont nous ne

disposons pas. Nous avons donc décidé d'agir localement en créant des micro

systèmes de gestion des déchets par quartier, fonctionnant indépendamment de la

municipalité. Nous réduisons alors considérablement les risques de rupture de

charge sur le réseau de collecte, en limitant le nombre de maillon de ce réseau. En

effet, notre projet devra lié l'aménagement réalisé directement à la population afin

que celle ci soit maitre de son utilisation. Un grand travail de sensibilisation devra

donc être réalisé afin que la population comprenne son intérêt à utiliser le nouveau

système.

Par cette démarche, nous tentons d'impulser une nouvelle dynamique dans la

gestion des déchets avec un projet original. En effet, tous les projets précédents se

sont bornés à vouloir tout changer et n'ont finalement réussi à rien. Ici, nous allons

tenter de franchir une première étape dans l'amélioration de la gestion des déchets

avant d'améliorer au fil du temps celle ci.

1.2- Choix du type d'élimination des déchetsIl fallait donc à partir de cette volonté de réaliser un projet à l'échelle des

quartiers, définir un mini réseau de collecte locale. Nous avons donc défini en

premier temps, le maillon ultime d'un réseau de gestion des déchets, c'est à dire le

processus d'élimination.

De nombreux projets déjà réalisés se sont basés sur une élimination en

décharge ou en centre d'enfouissement. Le problème est que ces décharges ne sont

jamais réellement controlées ni aménagées et qu'elles deviennent donc rapidement

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des décharges sauvages. Notre premier but étant d'éviter la présence des

montagnes de déchets s'entassant un peu partout dans les quartiers, cette solution

ne semblait pas adaptée. Nous nous sommes donc dirigés vers l'autre solution en

terme d'élimination des déchets, c'est à dire, l'incinération. Celle ci, est, en effet,

souvent mise de coté par les acteurs du développement car la pratique de

l'incinération est très critiquée dans les pays développés. Certes, les problèmes liés

à l'incinération existent mais rapellons que déjà 70% de la population utilise cette

méthode. Notre projet servira donc simplement à structurer le système d'incinération

et n'apportera donc pas de danger supplémentaire.

C'est ainsi, que nous avons décidé de mettre en place des plateformes

d'incinération collective dans les quartiers de Ziguinchor. Ces plateformes, équipées

d'un four d'incinération aménagé, éviteront la pratique sauvage de l'incinération.

Ainsi, jusqu'à maintenant, la population entassait ses déchets sur le site

d'incinération de la concession toute la journée avant de les brûler généralement

tous les soirs. Le problème est que tout au long de la journée, les déchets

s'envolaient, s'éparpillant dans le quartier et créant ainsi des foyers de maladies,

comme le choléra ou indirectement le paludisme par la présence de moustiques.

Nous profiterons aussi de la mise en place de ces aménagements pour sensibiliser

la population au geste de tri, afin de limiter le taux d'incinération de matière toxiques

comme le plastique ou les piles comme nous le verrons ultérieurement.

1.3- Choix du type de précollecteMaintenant le type de processus d'élimination défini, il faut mettre en place le

système de précollecte permettant d'amener les déchets des foyers jusqu'à la

plateforme d'incinération.

La mise en place d'une précollecte organisée demande de l'argent car il faut

rémunérer les acteurs de celle ci et investir dans l'achat de matériel et l'entretien de

celui ci. Ainsi, nous avons vu dans le projet ROTAZ qu'un des problèmes étaient que

les ânes n'avaient pas pu être soigné, et d'autres projets amènent aussi d'autres

exemples. Nous avons donc préféré laisser, dans un premier temps, le soin de la

précollecte à la population elle même. Ainsi, chaque jour, au cours de la journée, une

personne du foyer amènera la poubelle pour la verser dans le four d'incinération

collectif. Nous devrons donc veiller dans la définition du projet à ce que les fours

soient assez proches des foyers afin de faciliter le travail de la population. Là encore

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un travail de sensibilisation sera nécessaire.

Nous envisageons tout de même dans un second temps, une fois le système

mis en place, qu'une partie des ressources financières récupérée par l'exploitation de

l'aménagement soit utilisée dans le but de mettre en place une précollecte organisée.

Nous démontrons donc, une fois de plus notre volonté d'agir par étape.

1.4- Choix du type de filière de tri et de recyclageComme nous voulons structurer le système d'incinération, il est nécessaire

d'éviter l'incinération des matières dont les résidus sont toxiques. Il va donc être

nécessaire de mettre en place un tri. Ce tri devra séparer les matériaux propices à

l'incinération comme les déchets organiques, le papier et le carton, et les matériaux

ne pouvant pas être incinérés (comme le verre ou le métal) ou dont l'incinération est

dangereuse pour la santé (comme le plastique ou les piles).

La précollecte s'effectuant dans un premier temps par la population elle

même, le tri se réalisera à domicile. Ainsi chaque foyer disposera d'une poubelle

pour les déchets destiné à l'incinération. Cette poubelle sera percée de petits trous,

afin d'extraire le sable qui l'alourdirait et étoufferait le feu. Des sacs de riz seront

ensuite utilisés pour le stockage à domicile du plastique, de la ferraille et du verre. En

ce qui concerne ce dernier, notons que seul les morceaux de verres cassés se

retrouverons dans le réseau de collecte, les bouteilles en verres non cassées étant

consignées et donc recyclées. Ces sacs pourront être régulièrement vendus sur la

plateforme d'incinération ou ils seront stockés et mis en vente pour les personnes

intéressées par la réutilisation de ces matériaux. Ce principe d'achat et de vente se

fera avec un léger profit, permettant d'épargner de l'argent, dans le but de

développer l'aménagement. Le verre cassé étant peu réutilisable mais aussi peu

présent, l'argent pourra aussi servir à financer le passage d'un camion environ 2 ou 3

fois par an afin de vider les aires de stockages des plateformes vers les décharges

finales de Ziguinchor.

En ce qui concerne le difficile problème de la gestion des piles usagées, nous

proposons la mise en place d'un système d'achat de ces piles par la plateforme pour

un prix de 5 FCFA l'unité. Ainsi, la population sera incitée à ne pas les jeter n'importe

où. Leur rejet étant peu fréquent et leur stockage peu volumineux, le problème de

leur évacuation pourra être résolu ultérieurement. Pour le moment, nous pensons à

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l'utilisation des camions remontant à vide vers le Nord du pays et la ville de Thiès où

se situe la seule usine de traitement des piles. Cela reste toutefois à approfondir.

1.5- Choix du mode de gestion de l'aménagementLà encore, nous avons tenté de mettre en place une gestion participative de

l'aménagement et du projet. Ainsi, chaque four sera communautaire et géré par

toutes les personnes auquel il profite. Nos observations nous ont permis de

déterminer qu'une plateforme pourra être utilisée par 20 foyers. Chaque foyer sera

donc inscrit à la plateforme la plus proche de chez lui. La gestion sera réalisée par

semaine. Ainsi, chaque semaine un foyer parmis les 20 sera responsable de

l'incinération et devra donc chaque soir s'occuper de l'incinération des déchets.

Nous avons décidé qu'une cotisation hebdomadaire de chaque foyer était

nécessaire afin de permettre un bon fonctionnement de l'aménagement. Ainsi,

chaque lundi, le foyer responsable sera chargé de la collecte des cotisations dont le

prix sera fixé ultérieurement. Environ 2/3 de ces cotisations permettront d'offrir une

petite rémunération au foyer responsable de la semaine. De cette manière, si un

foyer ne cotise pas, sa dette sera retirée de sa rémunération et un équilibre

budgétaire pourra donc être rétabli. L'avantage de ce mode de gestion est aussi de

donner un intérêt à chacun pour faire fonctionner l'aménagement. L'idée est de

cotiser en se disant qu'une grande partie de l'argent sera récupérée lors de la

semaine où son foyer sera responsable. Le reste de l'argent des cotisations

permettra un entretien de l'aménagement et son amélioration.

En ce qui concerne l'achat et la vente des déchets triés, celle ci s'effectuera le

samedi ou le dimanche, jour où les personnes sont plus disponibles. Les revenus

comme précedemment précisé, seront réutilisés au sein du projet.

Pour chaque plateforme sera élu un délégué qui ferra parti du collectif de

gestion du projet sur le quartier. Ce collectif aura pour but de récupérer l'argent de

toutes les plateformes et de le gérer à l'échelle du quartier. Il sera aussi responsable

de la surveillance de la gestion des plateformes. Pour cela un délégué d'une

plateforme sera responsable de la surveillance d'une plateforme voisine etc...

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1.6- Choix des quartiers pilotes du projetPour mettre en place le projet, nous devions, afin de pouvoir assurer un suivi

de bonne qualité de son fonctionnement, cibler des quartiers tests. Nous avons

décidé de réaliser le projet, dans un premier temps, sur les quartiers de Kadior et de

Tilène. Ce choix a été fait en fonction des observations faites sur le terrain et des

contacts liés sur ces quartiers. En effet, ces 2 quartiers sont probablement parmi les

plus sales de la ville. Des déchets sont étalés partout, même à proximité

d'infrastructures médicales comme l'Hopital de la Paix à Kadior. De plus, ce sont des

quartiers qui souffrent beaucoup des inondations pendant l'hivernage et le problème

de gestion des déchets y est alors accentué. Rappelons, par exemple, que Kadior

est le seul quartier où des cas de choléra ont été avoué. Quand à Tilène, les photos

prises sur le terrain parlent d'elles même, des déchets formant des montagnes dans

lesquelles les enfants jouent (cf annexe 4).

Montagne de déchets dans le quartier Tilène

Sur ces quartiers, nous avons aussi eu la chance de rencontrer des

personnes motivées qui vont nous permettre d'avoir un bon appui local. Ces

personnes seront la base de la mise en place du projet et nous ont aussi permis par

de longues discussions d'affiner le projet de plateforme d'incinération collective.

1.7- Récapitulatif de la solution retenuePour résumer, nous allons donc mettre en place sur les quartiers de Tilène et

de Kadior, des plateformes d'incinération collective des déchets ménagers. Ces

déchets seront triés dans chaque foyer et seront achetés et revendus sur la

plateforme une fois par semaine. Les foyers seront chargés dans un premier temps

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d'amener eux même les déchets sur la plateforme mais le but est d 'évoluer

rapidement vers la structuration d'un système de précollecte. Une collecte des piles

et du verre cassé sera aussi mise en place. Le fonctionnement de cet aménagement

géré de manière communautaire sera financé par une cotisation hebdomadaire de

chaque foyer, qui sera responsable à tour de rôle de la plateforme et sera remunéré

pour ce travail. L'aménagement sera évolutif, son but étant de s'améliorer au fil du

temps grâce à l'argent gagné et au changement de mentalité de la population qui

sera sensibilisée régulièrement et au maximum impliquée dans le fonctionnement.

2- Définition de la solution retenue2.1- Détermination de la capacité d'un four et du volume des poubelles

On considère d’après notre enquête qu’un foyer est composé en moyenne de

11 personnes. D’après les travaux du Gret et de Pacte résumé dans le document

« la gestion des déchets dans les villes secondaires du Sénégal», un habitant de

Ziguinchor rejette en moyenne 0,63 kg de déchets par jour. On peut donc considérer

qu’en moyenne un foyer de Ziguinchor rejettera 6,93 kg de déchet/jour. Considérons comme il se doit dans tout dimensionnement, un coefficient de sécurité

de l’ordre de 20%. On peut alors estimer le rejet moyen journalier de déchet d’un

foyer à 8,316 kg.

On considère aussi, toujours d’après le document référence cité ci dessus que le

rapport volume-poids du rejet de déchet est de 1m3 pour 300kg de déchets. On peut

donc en déduire que le volume moyen journalier de déchets rejetés par un foyer de

Ziguinchor est de 0,02772 m3 soit 27,72L/jour que l’on choisira d’arrondir afin de le

standardiser à 30L. Considérant que l’incinération des déchets sera réalisée tous les

jours, nous pourrons équiper les foyers d’une poubelle de 50L afin d’assurer une

marge de fonctionnement et de permettre sa bonne fermeture afin d’éviter l’envol des

détritus. Notons qu’en cas de problème, si l’incinération n’est pas réalisée une

journée, cela n’empêche pas le foyer d’aller déverser sa poubelle dans le four et

donc de la vider.

En ce qui concerne le four, il se doit de pouvoir recevoir la totalité des

poubelles d’une journée pour la zone qu’il couvrira. On estimera qu’un four sera

construit pour environ 20 foyers. Un four recevra donc chaque jour environ 600L de

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déchets. En principe, l’incinération sera réalisée tous les jours, mais il faut anticiper

des défauts de fonctionnement. Il serait en effet très grave de transformer la

plateforme d’incinération en dépôt sauvage. On choisira donc de dimensionner le

four pour qu’il puisse recevoir 2 jours de déchets soit 1200L soit 1,2m3. L'incinération

demandant la présence d'air, nous doublons ce volume afin qu'il y ait un volume d'air

équivalent au volume de déchet à brûler dans le cas le plus critique. Le volume total

du four se doit donc d’etre d’environ 2,4m3 soit un cube d’une arète d’environ 1,4m.

2.2- Physionomie du four

Schéma de la physionomie du four d'incinération collective

La physionomie du four est un des aspects importants du projet car elle

déterminera son bon fonctionnement. Ainsi, plusieurs paramètres ont du être pris en

compte. Tout d'abord, nous devions gérer le problème de la saison des pluies, cause

de l'échec de nombreux aménagements. Nous avons donc décidé de surélever le

four sur une dalle en béton d'environ 1m de haut afin que les cendres ne soient pas

atteintes par l'eau ruisselante ou les inondations. Une fois sur cette dalle, la base du

four est à hauteur d'homme afin de faciliter le déversement des poubelles. Précisons

que des systèmes pourront être mis en place par les personnes responsables du

four afin de faciliter ce travail. L'enceinte fermée du four d'une hauteur de 1,4m est

surmontée par une cheminée d'une hauteur d'environ 1m afin de rejeter les fumées

le plus haut possible. L'ouverture du four sera fermée, lors de l'incinération grâce à

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une porte métallique articulée par de simples charnières.

Pour récupérer les cendres, la base de l'enceinte du four sera trouée et une

brouette sera positionnée sous l'enceinte afin de pouvoir les manipuler rapidement et

facilement. Nous fournirons une sorte de las de paludier afin de guider les cendres à

l'intérieur du four et de les faire tomber.

En ce qui concerne la construction du four, nous utiliserons comme pour les

fours à pain, des briques d'un mélange terre-paille. Notons que cette construction

sera dirigée par les habitants eux-même, les sénégalais étant les mieux placés pour

savoir comment réaliser un ouvrage qui resistera aux conditions locales.

2.3- Physionomie de la plateforme d'incinération

Schéma indicatif de la plateforme d'incinération collective

Cette physionomie est donnée à titre indicatif, pouvant évoluer selon

l'emplacement mis à disposition sur le quartier. La plateforme doit en effet pouvoir

assurer le stockage des différents matériaux triés et récupérés ainsi que celui des

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cendres. Ces stockages se ferront autour du four d'incinération collectif dans des

bacs en briques de banco pouvant se refermer grace à un panneau en bois articulé

par des charnières et pouvant être fermé par un simple système de verrou. La

plateforme devra laisser assez d'espace pour les différentes manipulations du

responsable, notamment le maniement de la brouette contenant les cendres. Le bac

de récupération du plastique et du fer sera le plus grand, ceux de récupération des

piles et du verre cassé étant les plus petit, cela en fonction de l'enquête sur la

composition des poubelles. Nous pouvons estimé l'espace maximum total occupé

par la plateforme à 50m2. Cela est correct car les quartiers choisis dans un premier

temps possèdent de vastes espaces libres.

2.4- Physionomie des poubellesEn ce qui concerne les poubelles, nous utiliserons assez classiquement des

bidons métalliques coupés afin d'atteindre le volume de 50L. Ces bidons seront

percés finement à la base et sur la moitié de leur hauteur afin de permettre

l'évacuation du sable et de la poussière. Ils seront fermés par une simple planche de

bois.

En ce qui concerne les contenants pour les déchets triés, nous laissons libre

chaque foyer dans un premier temps, tout en proposant l'utilisation de sacs de riz,

peu couteux et très solides et dont chaque foyer dispose déja.

2.5- Gestion des impacts de l'aménagementComme pour tout projet, il est très important ici de gérer les impacts de

l'aménagement et en particulier les impacts négatifs. Ainsi, nous pensons dans un

premier temps aux proches riverains de la plateforme d'incinération qui pourraient

être génés par l'aménagement. En ce qui concerne les fumées, nous avons pris soin

de les dégager le plus haut possible (presque 5m) afin qu'elles se dissipent

rapidement. Cela évitera les problèmes respiratoires et les problèmes de mauvaises

odeurs.

L'incinération créera aussi des cendres qu'il faudra gérer. Ces cendres

pouvant être utilisées comme fertilisant dans l'agriculture, elles seront mises en vente

régulièrement afin d'optimiser les différentes cultures urbaines. Un partenariat pourra

être mis en place ultérieurement avec une proche communauté rurale afin de leur

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fournir de l'engrais à bas prix.

L'espace occupé par la plateforme sera un espace libre et le but est aussi d'en

faire un lieu de dynamisation urbaine. Ainsi, il sera aussi le lieu des différentes

réunions de sensibilisation et d'animations autour de la gestion des déchets comme,

par exemple, des ateliers d'arts plastiques basés sur la récupération des différents

détritus.

2.6- Perspectives d'évolutionCet aménagement n'est qu'une étape, et les perspectives d'évolution sont

nombreuses. Elles seront conditionnées par le bon fonctionnement et surtout la

bonne gestion de l'aménagement ce qui exigera un grand effort lors de la mise en

place et un suivi régulier et sérieux. Ainsi, cette plateforme pourrait devenir à terme

un lieu de stockage intermédiaire géré par la population et, une fois une décharge

finale mise en place par la Ville de Ziguinchor, cette dernière pourrait faire passer

une benne de collecte régulièrement. Cela permettra d'optimiser cette collecte, l'effort

de tri étant déjà réalisé par la population concernée. Ainsi, par cette nouvelle

approche, le projet aboutira peut être à la restructuration du réseau de collecte

municipal et à son optimisation.

3- Mise en place du projet sur les quartiers testsEn ce qui concerne la mise en place pratique du projet, nous n'avons pas pu

la réaliser durant ces 3 mois de stage, et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord,

un manque de temps évident, l'étude étant relativement longue afin de bien définir la

situation locale et l'émergence d'une idée nouvelle demandant beaucoup de

discussions. De plus, un nouvel aménagement ne pouvait être mis en place à cette

période car d'une part, les élections présidentielles étant récentes, le projet aurait été

politisé immédiatement et aurait échoué. D'autre part, la saison des pluies, très

active, commence dès le mois de juin et ce n'est pas une période adaptée pour la

mise en place d'une nouveauté. En effet, la population est alors préoccupée par

d'autres problèmes bien plus urgents et les concernant plus directement.

Il a donc été décidé de remettre à la fin de l'année 2007 la mise en place des

plateformes d'incinération collectives. Afin d'assurer celle ci et surtout de guider les

premiers mois de gestion de l'aménagement, l'association Plan'Aide dont je suis le

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président enverra deux personnes sur place à partir du mois de novembre ou

décembre et cela pour une période d'environ 6 mois. Lors de cette mission, les

représentants de l'association auront pour but de réaliser la phase pratique du projet.

Ainsi, il faudra :

● Rencontrer les partenaires locaux avec qui nous sommes restés en

contact

● Organiser la construction des fours après avoir déterminé précisement

leurs emplacements

● Animer les premiers événements de sensibilisation

● Superviser le premier cycle de 20 semaines de gestion pour chacun

des fours

● Organiser l'élection des différents délégués et mettre en place la

structure supérieure de gestion

● Optimiser l'aménagement en apportant des modifications imposées par

la réalité pratique et qui n'ont pu être considérées dans cette étude.

Ce travail, aussi important que celui qui est présenté dans ce rapport,

permettra d'impulser une dynamique positive de gestion des déchets dans les

quartiers de Kadior et Tilène. Ainsi, après notre départ, la population souffrant

aujourd'hui des conséquences de cette mauvaise gestion, aura, par sa propre

motivation et son propre travail, améliorée perennement ces conditions de vie et

servira d'exemple pour le reste de la ville de Ziguinchor.

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Conclusion

Ce stage était ma deuxieme expérience dans le domaine du développement

environnemental en Afrique Noire. Son but était pour moi, de découvrir une nouvelle

problématique dans un pays, le Sénégal, considéré comme plus développé que celui

de ma précedente expérience, le Cameroun. Il m'a permis de conforter mon ambition

d'amener une nouvelle vision du développement en impliquant plus la population,

notamment par la promotion de modes de gestion communautaire et participative.

Sur le plan professionnel, ce fut une ouverture en direction de la gestion des

déchets après une expérience dans le dimensionnement de réseau d'eau potable.

Ce fut aussi l'occasion d'acquérir de nouvelles méthodes de travail par le contact

d'une structure d'accueil performante et réellement active.

Sur le plan humain, comme chacun de mes voyages, ce fut une découverte

exceptionnelle, source de multiples leçons. Les nombreuses rencontres ont été des

élément essentiels, me permettant à chaque fois, à travers quelques mots échangés,

de reprendre le chemin de ma vie, plus riche et plus fort qu'avant.

Ce projet est désormais pour moi un défi qu'il faut relever car il représente une

évolution des mentalités. Avec l'aide de l'extraordinaire population des quartiers, je

suis sûr que la mise en place pratique se déroulera positivement. Je souhaite

qu'enfin l'espoir qu'amène chaque nouveau projet pourra se concrétiser en réalité

pour améliorer la vie de cette population qui mérite plus que les apports vicieux d'un

développement économique ne profitant qu'aux plus puissants. Pour qu'enfin la

volonté de tous soit plus forte que l'appetit financier de quelques uns, et pour qu'enfin

les choses changent, il est nécessaire d'envisager différemment le développement et

c'est avec cet objectif que je souhaite continuer mon parcours professionnel.

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