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Inventaire statistique : état des lieux 113 Inventaire statistique : état des lieux de l’agriculture dans et à proximité des villes par Monsieur Jean-Baptiste Traversac Economiste, ingénieur UMR SAD – APT, équipe Proximités INRA - AgroParisTech, Paris Avec le concours de l’Observatoire du développement rural - INRA Toulouse et de la Mutualité sociale agricole.

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Inventairestatistique:étatdeslieux 113

Inventairestatistique:

étatdeslieuxdel’agriculturedansetàproximitédesvilles

parMonsieurJean-BaptisteTraversac

Economiste, ingénieur

UMR SAD – APT, équipe Proximités

INRA - AgroParisTech, Paris

Avec le concours de l’Observatoire du développement rural - INRA Toulouse

et de la Mutualité sociale agricole.

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Sommaire

IntroductIon

1. Le concept d’urbanIté et Les présupposés de La dIstInctIon entre urbaIn et ruraL

1.1. La cLassIfIcatIon de L’ocde

1.2. Le zonage en aIres urbaInes de L’Insee

2. accords et controverses sur Les IncIdences de La proxImIté urbaIne pour Le déveLoppement de L’agrIcuLture

2.1. La vILLe dans Les stratégIes patrImonIaLes des expLoItants agrIcoLes

2.2. L’InscrIptIon terrItorIaLe de L’agrIcuLture dans des espaces pérIurbaIns en recomposItIon

3. éLéments de cadrage de L’agrIcuLture urbaIne et pérIurbaIne en france métropoLItaIne

3.1. un nombre surprenant d’agrIcuLteurs urbaIns et pérIurbaIns

3.2. Les formes des aup : une pLus faIbLe dImensIon à proxImIté de La vILLe

3.2.1.Uneplusfaibledimensionfoncièredessystèmesd’exploitationdesaup

3.2.2.Desdifficultéspours’installercommeagriculteurenville

3.2.3.Dutravailsalariéplusabondantàproximitédesgrandesvilles

3.2.4.Desaupplusgénéreusesenversleursexploitants

concLusIon : vers des aup encore très nombreuses et muLtIfonctIonneLLes

références bIbLIographIques

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Listedesillustrations

tabLeau 1cLasses d’espace du zonage en aIres urbaInes et de L’espace ruraL (zauer) en 2010 seLon L’Insee

tabLeau 2matrIce des contraIntes et des opportunItés de La proxImIté urbaIne pour L’agrIcuLture

tabLeau 3répartItIon des effectIfs d’expLoItatIon et de chefs d’expLoItatIon seLon Le zonage en aIres urbaInes et de L’espace ruraL (zauer)

tabLeau 4répartItIon des effectIfs d’expLoItatIon et de chefs d’expLoItatIon seLon Le zonage en aIres urbaInes actuaLIsé en 2010 (zau2010)

fIgure 1 et 2caractérIstIques des expLoItatIons agrIcoLes des grands pôLes et des couronnes des grands pôLes

tabLeau 5évoLutIon entre 2002 et 2010 des agrIcuLtures urbaInes et pérIurbaInes par zones du zonage en aIres urbaInes actuaLIsé 2010 (zau2010)

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Introduction

En écho aux aménités espérées des agricultures urbaines et périurbaines (AUP 1), de nombreuses voix s’expriment sur les dynamiques des systèmes d’exploitation dans ces espaces. Politiques et cher-cheurs avancent leurs arguments sur les forces qui animent ces changements structurels et le sens des innovations qui y voient le jour. Mais une insa-tisfaction demeure : les contours des différentes catégories d’espaces restent peu ou mal définis. En conséquence, la quantification – et, par suite, la caractérisation – de ces agricultures reste floue.Faute de travaux statistiques d’envergure, la lec-ture des trajectoires d’AUP repose principale-ment sur des études de cas circonstanciées qui, en sciences humaines et agronomiques, renvoient avant tout aux changements affectant les agricul-tures du premier cercle extérieur à la ville, c’est-à-dire les agricultures périurbaines 2. Les experts s’in-terrogent surtout sur les raisons du recul général de la production alimentaire à proximité des villes et sur les conditions de la résilience des systèmes en place 3. Les travaux sur la régulation foncière suggèrent que la contrainte de proximité des villes impacte d’abord l’agriculture par une concurrence forte pour l’usage du foncier 4 : la rente foncière de la transmutation du prix des terres agricoles en terrains immobiliers conduit à leur forte régres-sion dans les espaces sous influence urbaine. Mais d’autres facteurs d’interférence de la ville sur l’agri-culture sont aussi analysés, parmi lesquels les avan-tages de la proximité d’une demande en produits alimentaires frais et de qualité.Afin d’apporter des réponses à ces questions, il est nécessaire de poser les bases d’une quantification précise des agricultures urbaines et périurbaines en France. Pour cela, nous utiliserons l’une des bases statistiques disponibles sur la démographie des agriculteurs et des exploitations : ceci afin de pouvoir discuter le postulat de la régression géné-ralisée de l’agriculture dans les espaces urbains et

périurbains à partir d’une analyse exploratoire de ses contours et de ses évolutions. Dans ce cadre, le plan de l’article se décline comme suit :◆ La première section décrit les méthodologies de

ségrégation de l’urbain et du rural, ainsi que les sources de données permettant d’envisager une caractérisation des AUP.

◆ La seconde section revient sur le concept d’agri-culture urbaine et périurbaine et les grands traits qui lui sont reconnus.

◆ La troisième section contient une description statistique des AUP en France, sur la base du zonage en aires urbaines de l’Insee.

◆ Pour conclure, la dernière section rappelle les enseignements principaux de nos observations et ouvre sur les perspectives immédiates des AUP.

1. Le concept d’urbanitéet les présupposés de la distinction entre urbain et rural

La dichotomie ville / campagne, souvent discutée, traduit des natures d’activités inégalement répar-ties et des changements de paysages entre deux catégories d’espaces.◆ La ville et ses franges se caractérisent par la

présence des activités tertiaires et secondaires, une artificialisation des sols, un habitat dense et donc une nature rare, parsemée et quasi exclusi-vement à vocation esthétique et ludique.

◆ La campagne, au contraire, renvoie l’image d’es-paces naturels, d’une place importante de l’ac-tivité agricole et d’une terre nourricière, même si l’importance économique de celle-ci dans les espaces ruraux est à relativiser 5. Il s’agit en tout cas d’une faible densité de population et d’un habitat épars.

En toute logique, c’est principalement le gradient de population qui, avec le type de couverture fon-cière, sert à discriminer statistiquement les espaces

1 - L’acronyme anglais UPA pour urban and periurban agriculture devient un standard dans les discours et la littérature.2 - Pour un panorama des recherches sur l’agriculture périurbaine, cf. les actes du colloque international « Les agricultures périurbaines, un enjeu pour

la ville – Vers des projets de territoire » réuni du 10 au 12 octobre 2007 à Nanterre.3 - Sabatier et al., 2007.4 - Cavailhes et Wavresky, 2002.5 - Torre & Traversac, 2011.

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urbains des espaces ruraux 6. Lorsque sont atteintes des valeurs démographiques élevées – qui ren-voient à de fortes densités d’habitat – l’agriculture devient cantonnée à des espaces souvent étroits et mal situés. Elle côtoie alors des équipements urbains qui font peser sur elle des contraintes mul-tiples de confinement, de défaut d’accessibilité, de pollutions et de voisinage.Il faut noter que les AUP n’apparaissent pas dans les politiques agricoles en tant que telles. La place de l’agriculture dans l’aménagement de l’espace n’émerge pas comme priorité cardinale de la Politique agricole commune (PAC) qui privilégie trois autres objectifs : la sécurité alimentaire enten-due comme la fourniture en abondance de den-rées, le maintien du revenu des agriculteurs et le rattrapage des zones rurales considérées comme handicapées. Les AUP renvoient à d’autres consi-dérations de l’amélioration du bien-être concer-nant la sécurité alimentaire et la place de l’alimen-tation dans les paysages urbains. Il faut en effet distinguer deux types de problématiques concer-nant les AUP :◆ Les questions du premier groupe sont liées à

la pertinence des formes d’approvisionnement des différentes catégories de populations vivant dans ou à proximité des villes

◆ Celles du second groupe renvoient à des enjeux d’aménagement de la ville et de ses périmètres proches.

Cette résurgence de la question de l’alimenta-tion des villes par les espaces qui l’entourent est récente, mais de plus en plus vive 7. Dans le périur-bain comme dans l’intérieur de la ville, l’assise spa-tiale et biophysique de l’agriculture se rattache à un agencement de l’espace pour en tirer des amé-nités paysagères 8. La segmentation des espaces en fonction du poids des problématiques urbaines devient alors un argument d’analyse important. L’absence de zonage et de terminologie universelle

invite à se pencher sur les critères et les méthodes de segmentation utilisables.

1.1. La classification de l’OCDE

La différenciation fonctionnelle des espaces a conduit à chercher des éléments de caractérisa-tion permettant de les discriminer afin de mieux comprendre leurs fonctions économiques. Nous avons évoqué précédemment l’importance de la densité démographique pour caractériser la ville. Par conséquent, la discrimination statistique des espaces urbains et ruraux se fonde sur deux types d’indicateurs :◆ La densité de population et la densité en emplois◆ Les types de couverture foncière.À l’échelon international, la segmentation entre rural et urbain repose sur le premier critère. La classification de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE 9) s’est en quelque sorte imposée en tant que référence parce qu’elle n’a pas de concurrente « officielle » et parce qu’elle est utilisée par les offices statis-tiques de l’Union européenne. Elle est basée sur la densité de population à une échelle d’agrégation correspondant à la région ou au département. Autrement dit, à cette échelle, la dichotomie ville / campagne ne transparaît pas véritablement et on peut donc trouver la classification relati-vement frustre et d’un intérêt limité. L’OCDE a conçu cette définition des aires pour repérer les différences les plus accusées entre modes de peu-plement, pas pour s’intéresser à la répartition de l’agriculture. Elle repère les régions à dominante urbaine comme étant celles qui possèdent un centre urbain de plus de 500 000 habitants. À l’inverse, une région est à dominante rurale si plus de la moitié de sa population vit dans une com-mune rurale, le caractère rural de la commune – l’échelon administratif de base – est défini comme

6 - OCDE, 2006, 2009.7 - Vandermeulen, 2009.8 - Blanc et al. 2004.9 - OCDE : créée en 1960, l’Organisation de coopération et de développement économiques regroupe « les gouvernements attachés aux principes de

la démocratie et de l’économie de marché » auxquels elle offre un cadre d’échanges et de réflexions en commun. À ce titre, elle constitue l’une des sources importantes de données statistiques, ainsi que de perspectives d’évolutions économiques. Elle compte trente-quatre membres : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Corée, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Suisse et Turquie (www.oecd.org).

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étant celui qui, parmi les espaces faiblement den-sément peuplés, possède moins de 150 habitants au kilomètre carré (km²). Mais régions urbaines et rurales ne sont pas exclusives. L’OCDE classe dans une catégorie intermédiaire les régions où 15 % à 50 % de la population régionale vivent dans une commune rurale ou dans lesquelles il existe un centre urbain de plus de 200 000 habitants représentant plus de 25 % de la population régio-nale dans une région à dominante rurale. Si moins de 15 % de la population régionale vit dans une commune rurale, représentant plus de 25 % de la population de la région, la région est reclassée en région à dominante urbaine.L’Union européenne reprend la classification OCDE pour caractériser ses espaces, mais la représenta-tion communautaire des espaces urbains / ruraux est assez grossière. L’échelle mobilisée est celle des régions à l’échelle NUTS3 et NUTS2 10. Ce type de classification permet une discrimination des nations, voire des régions, mais pas une analyse fine des dynamiques territoriales.Au final, cette classification géographique présente un caractère explicatif très limité de la position de l’agriculture dans les espaces urbains, comme en témoignent de nombreux exemples. Ainsi, l’Ile-de-France, la plus grande région industrielle et urbaine européenne, voit l’agriculture occuper approxima-tivement la moitié de sa surface et les surfaces naturelles (bois, landes) un bon quart 11. Dans cette région indiscutablement urbaine au regard de la ville placée en son centre, de ses principales activités économiques et sociales, ainsi que de son rôle politique, l’activité agricole reste malgré tout incontournable. L’agriculture francilienne possède une emprise sur les sols et une dimension paysa-gère affirmée extra et même intra-muros. Cette présence l’impose de façon indiscutable comme figure dominante dans cinq des six départements de la région. L’urbain et le rural ne sont pas telle-

ment distants l’un de l’autre, même s’ils restent dissemblables. Avec Paris, ville-centre symbole d’espaces radicalement urbanisés, et des territoires environnants verdoyants, ce cas est typique d’un territoire classé comme urbain, alors que sa géo-graphie est nettement plus complexe et variée. Il montre que même dans une région possédant un pôle urbain très dense et de grande taille, les espaces naturels, agricoles ou non, peuvent avoir une emprise paysagère et économique. Par consé-quent, l’échelle régionale n’est peu ou pas opé-rante pour comprendre de façon pertinente les liens de la ville avec ses champs.

1.2. Le zonage en aires urbaines de l’Insee

L’influence de la ville sur la forme et l’ancrage des diverses catégories d’espaces environnants s’exerce préférentiellement par le logement et l’accès à l’emploi. La relation d’une ville avec ses périphéries est indissociable des questions de mobilité entre zones d’emplois et zones résidentielles. Les mouve-ments de personnes entre ville et campagne, mais aussi les mobilités en flux inverses, dans le sens campagne – ville, structurent les rapports entre la ville et ses espaces périphériques 12. Les mobi-lités sur lesquelles se base la relation ville – cam-pagne sont avant tout de types pendulaires. Ce sont les déplacements quotidiens de travailleurs des centres-villes qui vivent et habitent dans des zones extérieures plus ou moins distantes. Ces zones périphériques se distinguent de la ville par les types d’occupation des sols. Mais la ségrégation reste floue. Dans un nombre croissant de régions, l’agriculture n’est pas tout à fait dissociée des villes, mais occupe des zones « intermédiaires », ni tout à fait urbaines, ni tout à fait rurales. L’agriculture s’intercale entre des zones urbaines au sens de sols couverts et artificialisées 13. Ce processus

10 - EU, 2009. La Nomenclature des unités territoriales statistiques est un système hiérarchique de découpage du territoire économique de l’UE qui sert de référence 1) pour la collecte, le développement et l’harmonisation des statistiques régionales 2) pour les analyses socio-économiques des régions (NUTS 1 correspond aux grandes régions socio-économiques, NUTS 2 aux régions de base pour l’application des politiques régio-nales et NUTS 3 aux petites régions pour des diagnostics particuliers) et 3) pour la définition des politiques régionales de l’UE. Pour plus de détails, cf. : « http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/nuts_nomenclature/introduction » et « http://europa.eu/legislation_summaries/regional_policy/management/g24218_fr.htm ».

11 - Torre et al., Reru, 2012.12 - Van Leeuwen & Nijkamp, 2006.13 - Verwijen & Lehtovuori, 1999.

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de l’espace rural (ZAUER) 14. Cette incrémenta-tion se justifiait par l’existence de pôles d’em-ploi jouant un rôle majeur, avec de forts effets structurants des activités économiques dans l’espace à dominante rurale. Ces pôles sont, soit des petites villes exerçant une attraction sur les communes qui les entourent, soit des communes comportant un ou plusieurs grands établissements. Comme pour les grandes villes, la couronne de ces pôles d’emploi de l’espace rural est identifiée.

◆ En 2010, sous l’effet de la transformation des aires urbaines durant les années deux mille, ainsi que d’un besoin de différenciation des pôles, le ZAUER a été révisé une nouvelle fois, avec deux modifications majeures : le seuil de distinction des pôles urbains et la ségrégation des grands pôles urbains et des pôles moyens. La nouvelle nomenclature distingue les unités urbaines de plus de 10 000 emplois de celles des petits pôles comptant entre 1 500 et 5 000 emplois et des pôles moyens comptant entre 5 000 et 10 000 emplois. Ces seuils assurent une plus grande cohérence des grandes unités urbaines avec la représentation que l’on peut se faire de l’urbain et les formes d’intercommunalité dites « urbaines ». Dans ce cadre, les grandes aires urbaines correspondent davantage aux terri-toires éligibles au statut de communauté d’ag-glomération ou à la délimitation d’un grand pôle urbain. Par souci de simplification, l’Insee retient deux niveaux de polarité (pôles + de 10 000 et les autres) et deux catégories d’espaces pola-risés : le périurbain des grandes aires urbaines et les couronnes des petits et moyens pôles. Hors du champ de notre article, figurent les communes isolées hors influence des pôles, des espaces non polarisés. À noter que les couronnes des pôles qui composent le périurbain sont en majorité des communes classées rurales au sens des unités urbaines. Les couronnes des grands pôles sont composées de 86,1 % de communes rurales, alors que le pourcentage est de 84,7 % pour les communes multi-polarisées des grandes aires et de 99 % pour les couronnes des pôles

de périurbanisation, caractéristique des années soixante-dix et quatre-vingts, a transformé des zones très étendues dans des régions comme le Nord - Pas - de - Calais ou le Languedoc - Roussillon. Elles se caractérisent par une mosaïque d’habita-tions et d’espaces ouverts qui laissent une place à l’agriculture, laquelle devient, comme au Benelux, complètement connectée aux autres activités humaines.Afin de mesurer ces phénomènes de migrations et de transformations, chercheurs et planificateurs ont tenté de circonscrire les différentes zones. L’une des expériences les plus abouties concerne l’élaboration par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) d’une typologie des espaces qui a été révisée à plusieurs reprises pour prendre en compte les avancées des aires urbaines. Jusque dans les années quatre-vingt-dix, l’Insee disposait de deux nomenclatures spatiales :◆ Le découpage en unités urbaines, les UU comp-

tant au moins 2 000 habitants, sans disconti-nuité de bâti de plus de 200 mètres

◆ Les zones de peuplement industriel ou urbain, la délimitation des ZPIU répondant à un concept plus extensif, tenant compte du niveau des migrations quotidiennes domicile – travail, de l’importance de la population non-agricole, ainsi que du nombre et de la taille des établissements industriels, commerciaux et administratifs.

Lors du recensement de 1990, les ZPIU repré-sentaient les trois quarts du territoire métropoli-tain, mais leur extension considérable a rendu ce zonage caduc. Afin d’approfondir l’étude de l’em-prise des villes, l’Insee a donc défini en 1996 une nouvelle nomenclature spatiale, sur la base des données du recensement de population de 1990. Elle repose sur le zonage en aires urbaines (ZAU). Les indicateurs utilisés pour la construction de ce nouveau découpage sont l’emploi et les déplace-ments domicile / travail. Depuis, le ZAU a été affiné à deux reprises :◆ Avec l’Institut national de la recherche agrono-

mique (Inra), le zonage a été complété par une subdivision du rural en pôles d’emploi de l’es-pace rural : c’est le zonage en aires urbaines et

14 - Hilal et Schmitt, 2003.

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moyens. Cette présence des communes rurales,

inversement proportionnelle à celle des com-

munes urbaines, traduit la faible part du foncier

bâti dans le paysage. S’il n’existe pas d’effet sys-

tématique entre l’absence d’étendue du foncier

couvert et l’intensité de l’activité agricole, il y a

néanmoins un effet mécanique de libération des

terres pour un usage agricole.

Ainsi, le phénomène d’emprise de la ville sur l’agri-culture peut être éclairé à partir du zonage en aires urbaines de l’Insee (Tableau 1). Il traduit peut-être imparfaitement les évolutions de l’emprise spatiale des pôles urbains, mais il possède l’intérêt d’avoir été éprouvé pour analyser les relations ville – cam-pagne et surtout de proposer une catégorisation des espaces beaucoup plus fine que la classification de l’OCDE.

Grandspôlesurbains*

Unités urbaines de 10 000 emplois au moinsCouronnesdesgrandspôlesurbains*

Ensemble des communes dont au moins 40 % des actifs, occupés résidents,travaillent hors de leur commune de résidence, dans un grand pôle ou dans des communes de sa couronneCommunesmulti-polariséesdesgrandesairesurbaines*

Communes situées hors des grandes aires urbaines dont au moins 40 % des actifs occupés résidentstravaillent dans plusieurs grandes aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles,et qui forment avec elles un espace d’un seul tenantMoyenspôles*

Unités urbaines comptant de 5 000 à moins de 10 000 emploisCouronnesdesmoyenspôles*

Ensemble des communes dont au moins 40 % des actifs occupés résidentstravaillent hors de leur commune de résidence, dans un pôle moyen ou dans des communes de sa couronnePetitspôles*

Unités urbaines comptant de 1 500 à moins de 5 000 emploisCouronnesdespetitspôles*

Ensemble des communes dont au moins 40 % des actifs occupés résidentstravaillent hors de leur commune de résidence, dans un petit pôle ou dans des communes de sa couronneAutrescommunesmulti-polarisées*

Communes situées hors de l’espace des petites, moyennes et grandes aires urbainesdont au moins 40 % des actifs occupés résidents travaillent dans plusieurs airessans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles et qui forment avec elles un ensemble d’un seul tenant

Communesisoléeshorsinfluencedespôles*

Ensemble des communes situées hors de l’espace des grandes aires urbaines et hors de l’espace des autres aires

Tableau1Classesd’espaceduZonageenairesurbaines

etdel’espacerural(ZAUER)en2010selonl’Insee

* Intitulé des ZAUER

Sources : INSEE

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2. Accords et controverses sur les incidences de la proximité urbaine pour le développement de l’agriculture

Loin d’être neutre pour les activités agricoles, la proximité urbaine génère simultanément des contraintes et des opportunités qui influencent directement les trajectoires de l’agriculture dans ces espaces. La contrainte essentielle tient aux phénomènes de concurrence sur le foncier entre l’usage agricole et les usages alternatifs pour la construction de logements et la réalisation d’in-frastructures publiques (routes, écoles, places), auxquels il faut ajouter le besoin d’espaces pour les activités secondaires et tertiaires (zones indus-trielles) 15.Pour autant, les rapports entre agriculture et acti-vités urbaines ne se traduisent pas qu’en termes négatifs. La proximité urbaine favorise les activités agricoles à forte valeur ajoutée, qu’il s’agisse de productions intensives comme le maraîchage et l’horticulture ou d’activités de diversification en plein essor (marchés de plein-vent, accueil à la ferme, cueillettes). En regard de la dynamique contemporaine des filières agricoles et des effets de la proximité urbaine, la stratégie adaptative des agriculteurs peut s’analyser en trois compo-santes :◆ Une composante patrimoniale, associée à des

stratégies de capitalisation foncière◆ Une composante d’innovation agronomique

visant à faire évoluer les pratiques et les pro-ductions agricoles

◆ Une composante de gestion d’un portefeuille d’activités diversifiées, c’est-à-dire d’extension des fonctions alimentaires de l’exploitation à la production de services environnementaux.

Afin d’exposer l’ensemble des points de notre analyse, commençons par rappeler succincte-ment les mécanismes de la rente foncière et leurs conséquences sur les stratégies patrimoniales des agriculteurs. Puis, nous présenterons leurs straté-

gies productives, commerciales et de combinaison d’activités en relation avec les opportunités résul-tant de la proximité urbaine.

2.1. La ville dans les stratégies patrimoniales des exploitants agricoles

Le foncier tient un rôle central dans la stratégie patrimoniale des agriculteurs car il conditionne à la fois le potentiel de production et les espérances de plus-values financières de ce patrimoine. Les stratégies d’accumulation et de transmission du patrimoine des ménages d’agriculteurs dépendent de paramètres complexes et sont significativement différentes de celles des autres ménages français, tant du point de vue de la composition que des modalités de transmission et d’accumulation.Selon l’enquête Patrimoine de l’Insee, le patri-moine des ménages d’agriculteurs est, d’une façon générale, quatre fois supérieur à celui des autres ménages français 16. La terre est l’élément de singularité le plus remarquable, mais ce n’est pas le seul. La comparaison avec les données de patrimoine émanant des autres professions non-salariées témoigne que l’intensité capitalistique est – à revenus égaux ou inférieurs – supérieure chez les agriculteurs. Ceux-ci détiennent les plus gros patrimoines professionnels bruts, même s’ils pré-sentent parallèlement des taux d’endettement très nettement supérieurs. Et surtout, leur patrimoine professionnel occupe une place supérieure dans le patrimoine total des ménages à celui des autres professions : il équivaut à la moitié du patrimoine total des ménages d’agriculteurs contre 21 % du patrimoine des professions libérales 17.Un autre particularisme de la stratégie patrimo-niale des agriculteurs a de fortes incidences sur la gestion de l’espace agricole. Dans la plupart des ménages français, la part représentée par le patri-moine professionnel décroît lorsque la valeur abso-lue du patrimoine total s’accroît en valeur, alors qu’elle tend à augmenter chez les ménages d’agri-culteurs les plus riches. Contrairement aux autres

15 - La création de zones artisanales ou commerciales a supporté la sortie de ces activités des centres-villes.16 - INSEE, 2004.17 - Bessière et al., 2011.

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ménages qui cherchent à diversifier leur patrimoine en optant pour des valeurs immobilières ou finan-cières, les agriculteurs ont tendance à se tourner vers l’accumulation de foncier agricole. Cette stra-tégie endogène pousse à la captation de foncier agricole par les agriculteurs les plus importants, les plus à même de disposer des moyens financiers permettant l’acquisition du foncier disponible.L’autre élément fondamental de la dynamique de localisation et d’allocation du foncier agricole est l’importance de la transmission intra-familiale de l’activité. Les agriculteurs constituent le groupe professionnel pour lequel on observe le plus fort taux d’endogamie entre générations, avec un effet considérable des héritages sur la composition et la transmission du patrimoine 18. Les processus de rétention de foncier au sein de groupes restreints de familles d’exploitants sont particulièrement marqués et la fluidité du marché foncier agricole en est significativement affectée. Ces phénomènes ont des conséquences directes et indirectes sur les dynamiques foncières, telle la faible disponibilité de facteurs de production pour de nouveaux entrants, en particulier porteurs des projets d’installation les plus innovants.L’hétérogénéité des marchés fonciers est soumise à des habitudes locales et des caractéristiques éda-phiques qui changent les valeurs et la fluidité des transactions. L’opacité et l’absence d’ouverture du marché foncier rendent difficile la ré-allocation de foncier agricole entre exploitations et pour la créa-tion de nouvelles exploitations. Le fait que ce patri-moine ait principalement une origine familiale joue sur les trajectoires et la recomposition des exploita-tions. Bien que peu liquide, le patrimoine foncier a peu de chance de s’éroder et peut recéler une très forte valeur immédiate ou potentielle que les pro-cessus d’étalement urbains vont considérablement amplifier. À l’approche de la ville, les arbitrages sur l’utilisation du foncier en tant que facteur de pro-duction agricole et sa transformation vers d’autres fonctions dépendent des fortes anticipations de rente que formulent les propriétaires.

2.2. L’inscription territoriale de l’agriculture dans des espaces périurbains en recomposition

Des logiques spatiales et temporelles situées à dif-férentes échelles orientent le développement des agricultures urbaines et périurbaines. À l’échelle locale, la proximité géographique entraîne un changement de regard des consommateurs sur l’agriculture et la nature. Cette proximité dépend particulièrement des changements de perception.Ainsi, ces dernières années, l’attention portée par les urbains aux sujets de la résilience et de la recomposition des ceintures maraîchères s’est considérablement accrue. Très altérés entre la fin des années soixante et les années deux mille, les systèmes de maraîchage des espaces périurbaines font aujourd’hui l’objet d’un regain d’attention et de tentatives de protection. Des initiatives sont prises tant par des collectivités locales que par des collectifs de particuliers. Ces projets sont très souvent endigués par des difficultés d’allocation foncière, mais ils n’en sont pas moins révélateurs du changement d’estime portée aux agricultures urbaines et périurbaines (AUP). Si le coût d’oppor-tunité du foncier agricole périurbain rend très com-pliquée la réalisation des objectifs de préservation et d’extension des AUP, les riverains lui accordent aujourd’hui une valeur réelle. De biens privés, le statut des AUP évolue vers celui de biens publics. Les AUP sont progressivement rattachées à des fonctions sociales autres que la seule contribution à une offre alimentaire ou de réserve foncière. C’est le catalyseur de demandes relevant d’autres substances. Elles contribuent à une reformulation des besoins en espaces naturels dans un territoire urbanisé. À ce titre, elles sont appelées par des organes politiques – collectivités locales et orga-nismes consulaires – à figurer comme emblèmes d’un territoire. Cette fonction identitaire de plus en plus forte se traduit à des échelles plus ou moins larges. Le cas de figure le plus fréquent est celui d’espaces dotés des caractères d’une forte urbanisation, où un panel d’acteurs – élus locaux, associations, administrations – réclame une

18 - Gollac, 2008.

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124 Demeter 2013

participation accrue de l’agriculture à la produc-tion d’externalités positives et à la réduction de ses externalités négatives. Il est repérable aux échelles communale, cantonale ou régionale.Vecteurs spécifiques de l’offre alimentaire locale, les circuits courts sont de plus en plus intégrés dans des projets de revitalisation d’espaces ruraux ou périurbains. Ils s’inscrivent alors pleinement comme objets de la gouvernance territoriale.

Incidemment, ils modifient très profondément

l’importance de l’agriculture dans la programma-

tique d’aménagement de ces espaces. Ils viennent

alors en contrepoint de la perte d’influence de

l’agriculture dans des espaces où l’amaigrisse-

ment économique et démographique de l’agri-

culture lui fait perdre de son influence politique

traditionnelle.

Contraintesetopportunitésdelaproximitéurbaine

pourlesactivitésagricoles

Moteursdesstratégiesagricoles

Caractères

Contraintesdeproduction Composantepatrimoniale Variétédesprofils

− Explosion du coût d’opportunité du foncier

− Contraintes de voisinage, nuisances sonores, nuages de traitements phytosanitaires, dégradations, chapardages

− Gestion du foncier en fonction du cycle de vie et des perspectives de succession

– Exploitants agricoles propriétaires

− Exploitants agricoles non-propriétaires

− Candidats à l’installation

Opportunitéscommerciales ComposantesproductiveÉvolutionsdessystèmes

deproduction

− Débouchés de vente directe favorisés par la proximité de pôles de consommation urbains

− Adaptation des systèmes de production agricole

− Innovations logistiques

− Développement de la vente directe type marchés ou vente à la ferme

− Passage des cultures pérennes aux cultures annuelles, par exemple le déclin de l’arboriculture

OpportunitésprofessionnellesOptimisation

duportefeuilled’activitésDiversitédesespaces

− Possibilités de systèmes d’activités combinées agricoles / non-agricoles

− Innovations commerciales − La proximité de champs d’activités urbains permet aux actifs de l’agriculture de combiner les activités professionnelles

Tableau2Matricedescontraintes

etdesopportunitésdelaproximitéurbainepourl’agriculture

Sources : Tableau établi par l’auteur

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Inventairestatistique:étatdeslieux 125

La plupart des auteurs s’accordent à dire que le repli des agricultures urbaines, concurrencées par les usages alternatifs urbains et suburbains, est inéluctable 19 et donc que la délocalisation consti-tue une stratégie quasi obligatoire pour réduire les coûts de production agricoles. Deux types d’éloi-gnement s’opèrent alors :◆ L’émigration en lointaine proximité afin de pou-

voir bénéficier de la demande et des infrastruc-tures de la ville en réduisant les inconvénients de son voisinage

◆ Le redéploiement vers des zones plus favorables en termes de disponibilités foncières ou éda-phiques, dans des aires rurales limitrophes, voire le transfert des installations dans des pays à faible coût de main-d’œuvre.

Très souvent, le maintien des producteurs passe par une spécialisation sur les produits sensibles au transport (salades, produits horticoles). Leur fragi-lité justifie une proximité avec le consommateur et cela conduit à mettre en œuvre des systèmes de production très intensifs dans lesquels la forte densité de facteurs de production et la forte valeur ajoutée (plants, fruits et fleurs) compensent large-ment le coût élevé du facteur foncier.Ce tableau du rapport des agriculteurs à leur patrimoine foncier et à la ville permet de clarifier quelques faits sur les effets de la proximité urbaine sur les AUP :◆ Premièrement, l’absence de mobilité des agricul-

teurs et leur attachement à un patrimoine fon-cier peuvent être entretenus par les espérances de plus-value de ce dernier. Ces espérances sont d’autant plus fortes que la proximité avec la ville est établie, voire réalisées lorsque la ville est phy-siquement présente.

◆ Deuxièmement, l’affirmation de la présence de la ville dans toutes ses composantes – changement de nature des sols, influence démographique, modification des attentes vis-à-vis des espaces naturels – pose des contraintes à l’agriculture pouvant provoquer le transfert des exploitations en périphérie de plus en plus lointaine.

◆ Troisièmement, la proximité de la ville et ses effets sur la valeur du foncier et les coûts de pro-duction des AUP est susceptible de sélectionner les types de productions admises dans chacun des cercles qui l’entourent.

3. Éléments de cadrage de l’agriculture urbaine et périurbaine en france métropolitaine

L’absence de contour précis des AUP s’explique par la mouvance de ces contours. Au fur et à mesure des avancées des espaces urbains, leur emprise sur l’espace croit. Au fil du temps, les aires urbaines englobent de nouveaux territoires. Une évaluation de l’importance des AUP ne peut par conséquent être que datée. La longueur du littoral stagne, celle des fronts urbains s’accroît.

3.1. Un nombre surprenant d’agriculteurs urbains et périurbains

Compte tenu de l’absence de données précises sur les AUP, nous avons contourné les difficultés de caractérisation en retenant une base de données originale. Le fichier des agriculteurs cotisants à la Mutualité sociale agricole contient des données actualisées annuellement sur la démographie et la localisation des exploitations agricoles fran-çaises. Elles concernent exclusivement les agricul-teurs en activité, soit une partie seulement de la population d’agriculteurs, mais qui totalise près de 91,05 % de la superficie inventoriée lors du dernier Recensement de l’agriculture 20. Conçu pour suivre l’ensemble de la profession, ce fichier contient une information riche sur les caractéris-tiques de la main-d’œuvre agricole et les caracté-ristiques structurelles des exploitations. Nous avons mobilisé ces données afin d’identifier et de repérer pour la première fois la distribution des agriculteurs français en fonction de leur aire d’appartenance (Tableau 3).

19 - Fleury et al., 2004.20 - Maigné, 2012.

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126 Demeter 2013

Dans cette base MSA, le repérage de la localisa-tion des exploitants est lié à l’adresse du siège de l’exploitation qui se confond généralement avec l’adresse d’habitation de l’exploitant. Par consé-quent, il peut être distinct de la localisation des parcelles agricoles, voire des bâtiments d’exploita-tion. Néanmoins, on peut retenir l’hypothèse d’une proximité géographique forte entre les deux sites pour une très grande majorité d’individus, même si existent des cas d’éloignement significatifs entre le lieu du siège d’une exploitation et son parcellaire. Pour analyser les localisations et repérer les AUP, les données du fichier MSA ont été classées en retenant le ZAUER.

S’appuyer sur la segmentation ZAUER des espaces en cinq classes permet de faire apparaître la très forte proportion d’exploitations agricoles liées à une aire urbaine ou périurbaine (Tableau 3). Plus de 7,5 % des chefs résident en aire urbaine et 24,4 % d’entre eux sont rattachés à une aire périurbaine. Les pôles ruraux et le rural éloigné rassemblent une majorité d’exploitations (58,55 %), mais sans que l’agriculture isolée soit un modèle écrasant.

Au rebours, l’agriculture périurbaine, avec 130 785 exploitants en activité, compte des effectifs consé-quents. De même, l’agriculture urbaine, avec 41 376 exploitants, n’est pas négligeable dans un contexte où la décrue des agriculteurs a ramené leurs effectifs à une population totale de 536 176, très en deçà du million qui prévalait dans les années quatre-vingts.Comme nous l’avons vu dans le chapitre 1.2. consacré aux aires urbaines de l’Insee, l’évolution des villes et de leurs périphéries a conduit l’Insee à redéfinir les contours de son zonage. La distinction des aires par le ZAU2010 permet une analyse plus en adéquation avec la réalité actuelle, mais aussi des distinctions encore plus fines de la localisation des agriculteurs (Tableau 4). Il apparaît ainsi que les grands pôles – c’est-à-dire la cinquantaine d’unités urbaines de plus de 100 000 habitants – rassem-blent 8,31 % des chefs d’exploitation 21. En inté-grant les couronnes de ces grands pôles, 37,71 % des chefs d’exploitation apparaissent reliés aux villes de grande dimension et jusqu’à 48,16 % lorsque l’on ajoute les communes multi-polarisées liées à ces grandes aires urbaines. Autrement dit,

TypesduZAUERNombre

d’exploitations

Proportiondeseffectifs

d’exploitation

Nombredechefsd’exploitation

Proportiondeseffectifs

dechefsd’exploitation

Urbain 36 238 8,19 % 41 376 7,72 %

Péri-urbain 108 558 24,55 % 130 785 24,39 %

Multi-polarisé 41 821 9,46 % 50 122 9,35 %

Pôlerural 26 220 5,93 % 31 403 5,86 %

Ruraléloigné 229 415 51,88 % 282 490 52,69 %

Ensemble 442 242 100,00 % 536 176 100,00 %

Tableau3Répartitiondeseffectifsd’exploitationetdechefsd’exploitation

selonleZonageenairesurbainesetdel’espacerural(ZAUER)

Sources : Observatoire du développement rural et Mutualité sociale agricole, exploitants inscrits en 2010

21 - L’augmentation du nombre d’agriculteur lié aux pôles urbains lorsque l’on passe du ZAUER au ZAU2010 est due à l’accroissement de l’emprise spatiale de ces grands pôles.

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Inventairestatistique:étatdeslieux 127

les agriculteurs se répartissent à quasi-égalité entre

les aires sous influence des grandes aires urbaines

et les aires appartenant au monde rural, celles-ci

s’entendant au sens de communes dites isolées et

de pôles, petits et moyens, qui structurent cette

catégorie d’espace. Au final, les agriculteurs des

communes classées par l’Insee comme isolées et

donc relativement hors de l’influence des formes

d’urbanisation les plus prégnantes ne représentent

que 23,68 % des effectifs : même en dehors de

la couronne des grands pôles, l’agriculture s’af-

franchit difficilement de la ville. Les couronnes des

pôles moyens et petits et leurs communes multi-

polarisées comptent un nombre élevé d’agricul-

teurs puisque le pourcentage atteint 22,98 %

du total.

3.2. Les formes des AUP : une plus faible dimension à proximité de la ville

Le nombre important d’agriculteurs proches ou insérés dans la ville conduit à s’interroger sur le ou les types d’exploitations agricoles que l’on peut y rencontrer. Au premier rang des éléments d’appré-ciation des modèles d’exploitations, se trouvent les questions d’emprise foncière et de formes de tra-vail mobilisé. Parmi les éléments de caractérisation disponibles, nous avons retenu cinq indicateurs fondamentaux pour cerner les traits particuliers des différentes formes d’agriculture : la dimension foncière, les parts relatives du travail familial et du travail salarié, le niveau de revenu, la place des jeunes exploitants et celle des femmes (Figures 1 et 2).

TypesduZAU2010Nombre

d’exploitations

Proportiondeseffectifs

d’exploitation

Nombredechefs

d’exploitation

Proportiondeseffectifs

dechefs

Grandpôle 39 349 8,90 % 44 580 8,31 %

Couronnegrandpôle 130 419 29,49 % 157 636 29,40 %

Communesmulti-polariséesdesgrandesairesurbaines

46 015 10,40 % 56 009 10,45 %

Moyenpôle 7 473 1,69 % 8 758 1,63 %

Couronnemoyenpôle 8 763 1,98 % 10 613 1,98 %

Petitpôle 16 024 3,62 % 19 080 3,56 %

Couronnepetitpôle 4 448 1,01 % 5 336 1,00 %

Autrescommunesmulti-polarisées

86 345 19,52 % 107 221 20,00 %

Communesisoléeshorsinfluencedespôles

103 418 23,38 % 126 943 23,68 %

Ensemble 442 242 100,00 % 536 176 100,00 %

Tableau4Répartitiondeseffectifsd’exploitationetdechefsd’exploitation

selonleZonageenairesurbainesactualiséen2010(ZAU2010)

Sources : Observatoire du développement rural et Mutualité sociale agricole, exploitants inscrits en 2010

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128 Demeter 2013

Surf Moyenne(ha/exp.)

Part d’exploitations

à salariés

Gradiant de revenuGradiant de -30 ans

Gradiant de Féminité

Couronne grand pôle

Couronne moyen pôle

Communes isolées hors influence des pôles - référence

140%

120%

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Surf Moyenne(ha/exp.)

Part d’exploitations à

salariés

Gradiant de revenuGradiant de -30 ans

Gradiant de Féminité

Grand pôle

moyen pôle

Communes isolées hors influence des pôles - référence

140%

120%

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Figures1ET2Caractéristiquesdesexploitationsagricoles

desgrandspôlesetdescouronnesdesgrandspôles

Sources : Observatoire du développement rural et Mutualité sociale agricole, exploitants inscrits en 2010

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Inventairestatistique:étatdeslieux 129

3.2.1. Une plus faible dimension foncière des systèmes d’exploitation des AUP

Le premier constat est celui d’une forte différencia-tion des exploitations et des chefs des AUP compa-rés aux exploitations des communes rurales. Avec une moyenne nationale de 28,4 hectares la super-ficie moyenne des exploitations urbaines est très nettement inférieure à celle des exploitations des communes rurales qui est de 60 hectares, toutes productions confondues. Si les écarts sont moins accentués entre pôles moyens et communes iso-lées, ils restent très significatifs et confirment les difficultés accrues des agriculteurs des AUP dési-reux d’étendre leur patrimoine foncier.En termes de disponibilité foncière, le très proche et le proche ne répondent pas aux mêmes contraintes. Avec respectivement 57,4 hectares, 54 hectares et 65,3 hectares, les exploitations des couronnes des grands pôles, des couronnes multi-polarisées des grands pôles et des couronnes des pôles moyens ont des surfaces similaires à la moyenne nationale, voire supérieures pour les couronnes des pôles moyens. L’influence de la ville atteint donc très rapidement ses limites : elles sont circonscrites aux frontières des pôles urbains stricto sensu.

3.2.2. Des difficultés pour s’installer comme agriculteur en ville

Le faible taux de renouvellement des effectifs d’agri-culteurs constitue une problématique majeure de l’agriculture contemporaine. Sortir de la situation actuelle où seulement 4,8 % des exploitants sont âgés de moins de trente ans s’avère un défi consi-dérable.En situation urbaine et périurbaine, cet enjeu est encore plus sensible puisque la proportion de jeunes agriculteurs est inférieure à la situation de référence dans toutes les catégories d’espaces sous influence urbaine. La plus faible proportion est atteinte dans les grands pôles, où le pourcen-tage est inférieur à 4 %. Dans les pôles urbains et, dans une moindre mesure, leurs périphéries, l’agriculture est en situation d’attente. Le renou-vellement de la population agricole est freiné par

l’incapacité financière des jeunes exploitants à se porter acquéreurs d’un foncier onéreux. La petite taille des structures ne constitue pas un problème en elle-même car elle peut être compensée par des systèmes d’exploitation adaptés et une valorisation par des schémas de vente directe. Mais l’absence d’installations est une difficulté. Sans de jeunes agriculteurs, rien ne freine le déclin de l’agriculture.Dans les espaces ruraux, l’absence d’installations est compensée par la croissance des superficies et l’intensification des pratiques et de la mécani-sation. Mais, dans les espaces urbanisés, les dif-ficultés de remembrement, les limites à l’aména-gement parcellaire et les nuisances causées par les pratiques de l’agriculture intensive interdisent d’emprunter la voie de l’agrandissement. Les chiffres de la démographie agricole révèlent l’am-pleur des difficultés que rencontrent les AUP : sans renouvellement des populations d’exploitants, leur avenir est durablement compromis. Les grands pôles urbains comptent 18,4 % d’agriculteurs de plus de soixante ans contre 10,8 % dans les com-munes isolées. L’agriculture urbaine et périurbaine relève par conséquent d’une stratégie de résistance d’exploitants âgés, peu sensibles aux sirènes de la spéculation foncière.

3.2.3. Du travail salarié plus abondant à proximité des grandes villes

Fait important, la participation de salariés est plus fréquente dans les exploitations des AUP que dans celles des espaces ruraux. 38 % des exploitations des grands pôles urbains emploient des salariés en appui du travail familial, un pourcentage sensible-ment supérieur à la moyenne nationale (34 %) et très nettement au-dessus de celle des communes isolées (30 %). Les exploitations des pôles moyens et de leurs périphéries sont plus proches de la moyenne nationale et ceci traduit des logiques productives différentes.Cette place du travail salarié s’explique en partie par la démographie des AUP. Le vieillissement des exploitants requiert un travail complémentaire que l’éclatement de la cellule familiale ne fournit plus. Les générations les plus jeunes ne prennent pas le

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130 Demeter 2013

relais à l’intérieur de la sphère familiale : d’où, de façon mécanique, un appel à une main-d’œuvre extérieure supplémentaire. D’autre part, les exploi-tations des AUP ont une propension plus forte à investir dans des systèmes de circuits courts 22 et le surcroît d’activité, assuré dans une certaine propor-tion par de la main-d’œuvre salariée, se traduit par l’augmentation du nombre d’exploitations ayant recours à cette forme d’emploi.

3.2.4. Des AUP plus généreuses envers leurs exploitants

Les assiettes de revenu utilisées par la Mutualité sociale agricole pour calculer les cotisations sociales fournissent un indicateur des revenus des agricul-teurs français. Basées sur le calcul forfaitaire ou le résultat réel des exploitations, elles fournissent une image assez précise de la valeur ajoutée du travail familial et du capital dans l’agriculture. Ces revenus sont loin d’être homogènes dans les différentes ZAU2010 : les écarts sont même très sensibles.Les grands pôles semblent être la zone la moins généreuse en termes de revenus des exploitants. Ceux-ci perçoivent en moyenne 7 889 €uros contre une moyenne nationale de 9 564 €uros. Le constat est identique pour les pôles moyens, avec 7 710 €uros de revenu moyen par cotisant. Les revenus sont beaucoup plus généreux dans la couronne des grands pôles et les communes multi-polarisées : ils sont même les plus élevés de France. Les assiettes de cotisation moyennes y dépassent les 10 500 €uros contre 8 780 €uros dans les aires rurales.Mais la faiblesse des revenus des agricultures des pôles urbains est le résultat d’un artefact lié à la dimension. Pour étudier la productivité et la richesse produite dans chaque catégorie de zones, l’utilisation d’un autre critère est nettement plus pertinente. En effet, lorsque l’on pondère le revenu par la surface exploitée, toutes les catégories d’AUP produisent un revenu très largement supérieur aux aires rurales : de l’ordre de 314,3 €uros dans les grands pôles contre 179,6 €uros par hectare et par an dans les aires rurales.

Conclusion :vers des aup encore très nombreuses et multifonctionnelles

Cette première quantification des agricultures urbaines et périurbaines aboutit à une constatation originale. Contre toute attente, les AUP sont riches en effectifs et en superficies : quatre exploitations sur dix se rattachent à un espace sous influence urbaine. Plus surprenant encore, près de la moitié des superficies agricoles des exploitants profession-nels est détenue par un agriculteur résidant dans une aire située en zone sous influence urbaine. Cet état de fait a des conséquences sur :◆ La démographie des chefs d’exploitations, en

moyenne plus âgés et possédant un faible taux d’installation dans les grands pôles urbains

◆ La place de la main-d’œuvre salariée, en général plus fréquente dans les aires urbaines

◆ Les revenus, très significativement plus élevés lorsqu’ils sont rapportés à la surface cultivée.

La question posée aujourd’hui est celle de la trans-formation des AUP dans les dix à vingt prochaines années. Le frein tout relatif mis à l’extension des aires urbaines aura-t-il des incidences favorables pour leur développement ? Face à ces interroga-tions, l’examen des trajectoires récentes des AUP peut nous éclairer sur son devenir immédiat, à défaut de fournir des informations sur un futur plus lointain (Tableau 5).

À périmètre constant entre 2002 et 2010 et quelle que soit la zone en aire urbaine, les effectifs de chefs d’exploitation cotisants semblent avoir connu le même déclin. En 2010, ils ne représentent plus en moyenne que 71,0 % des effectifs de 2002 et ce sur l’ensemble du territoire français. Ce déclin considérable a deux origines concomitantes : le départ durant la première décennie du XXIe siècle de la génération du baby-boom qui atteint l’âge de la retraite et un recul très net des installations. L’étiage des départs varie remarquablement peu suivant les aires : il oscille de 69,7 % pour la catégorie des autres communes multi-polarisées

22 - Capt, 2011.

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Inventairestatistique:étatdeslieux 131

à 72,6 % pour les couronnes de pôles moyens. Témoin de cette grande uniformité des sorties vers la retraite : la chute du nombre d’exploitants est strictement identique pour les communes isolées et celles des grands pôles.Comparées à la disparition des exploitants, les structures résistent mieux. Les nuances sont plus appuyées que pour la population des chefs d’ex-ploitation : alors que 16,6 % des exploitations ont disparu en moyenne en France entre 2002 et 2010, la chute atteint 20,3 % dans les grands pôles urbains. Relevons que les effectifs d’exploitations se réduisent dans les couronnes des grands pôles et des pôles moyens quasiment à l’identique des aires rurales, avec une baisse de -16,3 % contre -15,2 %. Le déclin du nombre d’exploitations est plus fort dans la proximité des villes, où la chute effrénée de la population agricole se double d’une régression accélérée des superficies agricoles. Plus

inquiétant pour la pérennité des AUP, le recul des surfaces est généralisé dans les aires urbaines et leurs couronnes : la disparition des surfaces agri-coles en huit années est de 4 % dans la couronne des grands pôles, de 4,2 % dans les pôles moyens, mais atteint 8,1 % dans les grands pôles.Malgré les inquiétudes que la régression du nombre d’exploitants peut susciter, ce phénomène n’a pas le caractère irrémédiable de la régression du foncier agricole. En effet, sauf mesures excep-tionnelles, l’artificialisation des sols induit leur sor-tie définitive et irréversible de l’usage agricole. La résistance des AUP doit s’organiser à partir d’outils de préservation du foncier. Les observations qui montrent que les exploitants des espaces urbains et périurbains trouvent des solutions innovantes, adaptées aux contraintes foncières de la proximité de la ville ne font pas mystère des rapports ambi-gus qu’entretient l’agriculture avec son substrat. La

Tableau5Évolutionentre2002et2010desagriculturesurbainesetpériurbaines

parzonesduZonageenairesurbainesactualiséen2010(ZAU2010)

Sources : Observatoire du développement rural et Mutualité sociale agricole, bases 2010 et 2002

QualificationdesairesselonleZAU2010

Proportiondesagriculturessubsistantesentre2002et2010

Pour le nombre de chefs

d’exploitations

Pour le nombre d’exploitations

Pour la superficie

Grandpôle 71,6 % 79,7 % 91,9 %

Couronnegrandpôle 71,3 % 83,7 % 96,0 %

Communesmulti-polariséesdesgrandesairesurbaines

70,2 % 82,6 % 96,1 %

Moyenpôle 71,4 % 81,3 % 95,8 %

Couronnemoyenpôle 72,6 % 84,5 % 98,0 %

Petitpôle 70,7 % 81,4 % 96,4 %

Couronnepetitpôle 71,4 % 83,9 % 97,4 %

Autrescommunesmulti-polarisées

69,7 % 83,5 % 97,0 %

Communesisoléeshorsinfluencedespôles

71,6 % 84,8 % 98,5 %

Ensemble 71,0 % 83,4 % 96,7 %

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132 Demeter 2013

pression foncière appelle des solutions techniques de plus en plus intensives qui génèrent des exter-nalités négatives. L’augmentation des initiatives locales en vue de soutenir les AUP doit alors viser à préserver la disponibilité de foncier agricole en vue d’usages alimentaires.L’importance des surfaces d’agriculture urbaine et périurbaine recensées montre que celle-ci pos-sède une marge de développement importante. Les espaces qui lui sont alloués dans et à proxi-mité des agglomérations urbaines restent considé-rables. Ses perspectives d’essor s’égayent du fait que, d’une part, les politiques d’aménagement

prennent davantage en compte les besoins d’une insertion de l’agriculture dans les espaces urbains. D’autre part, les différents échelons territoriaux de décision convergent vers l’impératif de reloca-lisation de l’alimentation. Les enjeux concernent moins l’autosuffisance alimentaire – dont certains territoires aimeraient se prévaloir – que les amé-nités paysagères. On ne s’étonnera donc pas que peu d’efforts aient été faits pour adapter les pro-ductions aux types d’aires urbaines. Les aspects esthétiques et ludiques prévalent. L’occupation des espaces périurbains par l’agriculture se trouve donc plus que jamais au cœur des politiques territoriales.

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