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Irrésistible Mirabel de Loretta Chase

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DESCRIPTION

Le comte de Hargate s'arrache les cheveux. Son fils Alistair est un dandy qui, non content d'être toujours célibataire à vingt-neuf ans, dilapide sans vergogne l'argent familial. Pire, c'est un véritable coeur d'artichaut, avec un net penchant pour les grisettes qui se font une joie de le plumer. Excédé, le comte lance un ultimatum à son fils : il a six mois pour trouver une épouse convenable ! C'est-à-dire une riche héritière.

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Loretta ChaseC’est la reine incontestée de la romance de type Régencedans les pays anglophones, notamment avec le fameux Lordof Scoundrels, véritable phénomène éditorial, que les Édi-tions J’ai lu ont l’immense plaisir d’offrir aux lectrices fran-çaises sous le titre Le prince des débauchés. Surnommée laJane Austen des temps modernes, Loretta Chase, passion-née d’Histoire, situe ses récits au début du XIXe siècle. Ellea renouvelé la romance avec des héroïnes déterminées etdes héros forts, à la psychologie fouillée. Style alerte, pleind’humour, elle sait anaylser avec finesse les profondeurs del’âme et de la passion. Elle a remporté deux Rita Awards.

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LORETTA

CHASELES CARSINGTON - 1

Irrésistible Mirabel

R O M A N

Traduit de l’américainpar Viviane Ascain

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Titre originalMISS WONDERFUL

Éditeur originalA Berkley Sensation Book, published by arrangement

with the author

© Loretta Chekani, 2004

Pour la traduction française© Éditions J’ai lu, 2009

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Prologue

Londres, fin de l’automne 1817

L’Honorable Édouard Jules Carsington, comte deHargate, avait cinq fils, autrement dit trois de plusqu’il n’était nécessaire. Puisque la providence, avecl’aide de sa femme, l’avait gratifié d’un héritier enbonne santé et d’un mâle de secours tout aussi sain etvigoureux, il aurait préféré que ses trois autres reje-tons appartiennent au beau sexe.

Contrairement à la plupart de ses pairs, Sa Sei-gneurie était dotée d’un grand sens de l’économieet répugnait profondément à faire des dettes. Or,comme nul ne l’ignore, les jeunes gens, et parti-culièrement ceux de l’aristocratie, coûtaient des for-tunes.

L’éducation des filles de la bonne société pouvaitparfaitement être assurée à la maison, tandis que lesgarçons devaient étudier dans des collèges de renom,puis dans de prestigieuses universités.

Quand elles grandissaient, les jeunes personnesbien élevées n’allaient pas faire les quatre centscoups, et leur père n’était pas obligé de dépenser dessommes astronomiques pour les sortir de situationsfâcheuses. Les jeunes gens n’étaient bons qu’à cela,et il n’y avait aucun moyen de les en empêcher, àmoins de les mettre en cage, ce qui était peu pra-tique.

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Ce précepte s’appliquait en tout cas parfaitementaux cinq fils du comte, qui avait hérité de leurs parentsun physique avantageux, une vitalité prodigieuse et uncaractère bien trempé, et qui tenaient d’on ne savaitqui le don de s’attirer des ennuis inextricables avecune régularité d’horloge.

Les filles présentaient en outre l’avantage inesti-mable de pouvoir être mariées jeunes pour un coûtmodique, et de vivre ensuite, et ce jusqu’à la fin deleurs jours, sous la responsabilité de leur époux.

Tandis que les garçons! Leur noble père n’avait quedeux solutions : leur acheter des charges administra-tives, ecclésiastiques ou militaires fort dispendieuses,ou les marier à de riches héritières.

Au cours des cinq dernières années, les deux aînésde lord Hargate avaient fait leur devoir sur le planmatrimonial, ce qui laissait au comte la liberté de seconsacrer à l’énergumène de vingt-neuf ans qui s’in-géniait à éprouver la patience de ses parents, à savoirson troisième fils, l’Honorable Alistair Carsington.

L’intéressé se rappelait d’ailleurs quotidiennementau bon souvenir de ses géniteurs sous la forme defactures diverses et variées.

— Avec ce qu’il dépense chez le tailleur, le bottier,le chapelier et le gantier, sans parler de la blanchisse-rie, des vins, des alcools, des pâtisseries, des confise-ries et des restaurants, je pourrais entretenir la moitiéde la flotte anglaise! gémit Sa Seigneurie en grimpantdans le lit conjugal.

Sans être une beauté, et en dépit d’un nez un peufort, la comtesse, une femme élancée aux yeux noirspétillants d’intelligence, avait grande allure. Deux deses fils avaient d’ailleurs hérité de son abondantechevelure brune, de son air volontaire et de son portde reine.

Celui qui préoccupait tant ses parents tenait plutôtde son père. Il possédait sa haute taille, sa silhouettemince, son profil aquilin, les mêmes yeux pailletésd’or et la même voix profonde qui se muait en gronde-

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ment lorsqu’une émotion les agitait, ce qui étaitactuellement le cas de lord Hargate.

— Il faut mettre un terme à toutes ses frasques,Ned, supplia lady Hargate en posant le livre qu’ellelisait. Je te l’ai déjà dit, si Alistair attache tellementd’importance à sa toilette, c’est pour faire oublier qu’ilboite. Je t’avais demandé d’être patient quand il estrevenu de France, mais cela remonte maintenant àplus de deux ans, et loin de s’amender, il ne s’intéresseà rien, hormis ses toilettes et ses sorties.

— Il ne se passe pas un jour sans qu’il s’attire denouveaux ennuis, en général avec une femme, grom-mela son mari.

— Il faut absolument faire quelque chose !— Je suis bien de ton avis, mais je ne vois vraiment

pas quoi !— Allons donc ! Tu es venu à bout des enfants

royaux et des députés de la Chambre des communes,il n’y a pas de raison que tu n’y parviennes pas avecton fils ! Mais je t’en supplie, fais vite !

Une semaine plus tard, sous l’œil attentif de l’auteurde ses jours, Alistair Carsington avait entre les mainsun volumineux registre intitulé Méfaits et frasquesdivers, qui dressait l’inventaire des susdits, ainsi queleur coût détaillé.

La liste n’en était pas si longue, après tout, mais le jeune homme avait conscience que leur degré d’ex-centricité, la qualité des personnes mises en cause etles frais entraînés dépassaient de beaucoup les normesen vigueur, même pour des parents beaucoup pluslibéraux que les siens.

Il n’avait qu’un seul argument pour sa défense : iltombait amoureux rapidement, éperdument, et tou-jours pour le pire.

Tout avait commencé avec Clara, la blonde fille duportier d’Eton. Il avait à peine quatorze ans à l’époque,et il la suivait comme un petit chien, dépensant tout

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son argent de poche pour lui offrir bonbons et frian-dises, jusqu’à ce qu’un triste jour, un rival jaloux ne luicherche noise.

Les quolibets avaient cédé la place aux insultes, etles deux prétendants en étaient venus aux mains. Labagarre avait attiré des spectateurs, lesquels n’avaientpas tardé à prendre parti pour l’un ou pour l’autre, et à défendre vigoureusement leur champion. Il enétait résulté deux nez cassés, six dents en moins, unefracture légère ainsi que des dégâts matériels.

Clara avait fondu en larmes devant l’état pitoyabledu rival d’Alistair, un garçon du village. Elle avait traitéle collégien de brute. Il était sur le point d’être renvoyéd’Eton et poursuivi pour coups et blessures, bagarresur la voie publique et destruction de biens commu-naux, mais il s’en moquait : il avait le cœur brisé. L’in-tervention de lord Hargate s’était révélée aussi délicateque nécessaire, et particulièrement onéreuse.

À seize ans, pendant les vacances d’été, il avait ren-contré Verena, qui lisait en cachette des romans tor-rides pour oublier la piété rigoureuse de ses parents.Ils échangeaient en secret des déclarations aussipassionnées que furtives. Une nuit, comme convenu,il s’était glissé dans son jardin et avait lancé descailloux contre la fenêtre de sa chambre. Mais au lieude se cantonner comme prévu au rôle de Juliettedans la scène du balcon, la belle était descendue lerejoindre en s’aidant de ses draps noués.

Elle ne pouvait demeurer plus longtemps claque-murée chez ses parents telle une prisonnière au fondd’un cachot, lui avait-elle expliqué, et avait décidé des’enfuir avec lui. Alistair n’était pas homme à hésiter.Quand il s’agissait de secourir une demoiselle endétresse, il ne s’embarrassait pas de questions tri-viales du genre comment trouver un moyen de trans-port, de quoi se nourrir ou se loger !

Ils n’avaient pas dépassé la commune voisine lors-qu’on les rattrapa. Les parents de la demoiselle étaientdéterminés à porter plainte contre Alistair pour enlè-

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vement et à le faire déporter aux colonies. Quand illes eut calmés, lord Hargate expliqua à son fils l’uti-lité des dames de petite vertu et le pria de ne plusjamais s’approcher des jeunes filles de bonne famille.

Il venait de fêter ses dix-sept ans lorsque Kittyentra dans sa vie. Elle était apprentie dans un atelierde couture et possédait d’immenses yeux d’azur. Cefut elle qui l’initia aux subtilités de la toilette fémi-nine, et lorsqu’une cliente de haute extraction fit ren-voyer pour insolence sa cousette bien-aimée, le sangdu jeune homme ne fit qu’un tour. Il publia un pam-phlet pour dénoncer cette injustice, après quoi ladame porta plainte pour diffamation. Une fois deplus, lord Hargate dut faire le nécessaire.

Alistair avait à peine dix-neuf ans quand il s’amou-racha de Gemma, une modiste très en vue. Ils fai-saient route vers une romantique retraite campagnardepour abriter leur idylle lorsque des policiers arrêtè-rent leur voiture. Ils fouillèrent les bagages de la jeunefemme, y dénichèrent les colifichets qu’ils recher-chaient et qui avaient été volés chez des dames de lahaute société.

L’intéressée protesta, affirmant que des rivalesjalouses les avaient placés dans ses affaires pour l’in-criminer. Alistair ne mit pas un instant sa parole endoute. Ses discours enflammés sur l’incompétence dela police et la corruption des autorités attirèrent lafoule, qui devint vite houleuse. Lesdites autoritésinvoquèrent un trouble manifeste à l’ordre publicpour l’incarcérer avec sa dulcinée aux doigts agiles.Cette fois encore, lord Hargate accourut pour extra-ire son fils d’une geôle malodorante remplie d’ivrogneset de tire-laine.

À vingt et un ans révolus, il fit la connaissanced’Aimée, une danseuse de ballet française qui trans-forma son modeste logement de célibataire en unlieu de rencontre à la mode, très prisé dans le demi-monde londonien. Comme les goûts de la jeune femmerivalisaient en somptuosité avec ceux de la défunte

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Marie-Antoinette et qu’Alistair ne pouvait rien luirefuser, il se retrouva vite assiégé par les créanciers.

Le comte lui évita la prison pour dettes en s’acquit-tant d’une somme astronomique, puis il se hâta detrouver pour Aimée un engagement dans une troupequi partait en tournée au fin fond de la Russie. Ilexpliqua ensuite fermement à son fils qu’il était tempsde cesser de se donner en spectacle et de fréquenterdes femmes respectables.

Alistair jeta donc son dévolu sur lady Thurlow.C’était la première fois qu’il s’intéressait à une femmemariée et il ne lui vint pas à l’esprit que, dans la bonnesociété, entretenir ce genre de liaison demande de ladiscrétion afin de préserver la réputation de la dameet d’épargner au mari les désagréments d’un duel.Étant incapable de dissimuler ses sentiments, l’objetde sa flamme dut mettre fin à leur histoire avantmême qu’elle ait commencé.

Malheureusement, un domestique indélicat avaitvolé des lettres passionnées d’Alistair à sa bien-aiméeet menaçait de les publier. Le jeune homme, qui étaitdans l’incapacité de payer l’énorme somme exigéepar le maître chanteur pour sauver lady Thurlow duscandale et des foudres de son époux, fut commed’habitude contraint de faire appel à l’auteur de sesjours.

Sa famille reprit espoir quand Alistair atteignit sesvingt-sept ans. Lors d’un bal de nouvel an, on lui pré-senta la ravissante Judith Gilford, fille unique d’unriche négociant fraîchement ennobli. Il élimina sanspeine les soupirants qui se pressaient autour d’elle,et fin février, on annonçait leurs fiançailles.

L’enfer commença dès le mois de mars.Si Judith était charmante en public, en privé, elle

manifestait une propension à la bouderie et avait lafâcheuse manie de jeter à la tête de son prochain toutce qui lui tombait sous la main dès qu’on ne faisaitpas ses quatre volontés. Elle devait constamment setrouver au centre de l’attention, manifestait une sus-

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ceptibilité ombrageuse, se montrait vindicative enverssa famille et ses amis, méprisante envers les domes-tiques, et devenait hystérique si l’on essayait de laraisonner.

À la fin mars, Alistair, conscient qu’un gentleman nepouvait décemment pas rompre ses fiançailles, tou-chait le fond du désespoir. Et comme Judith n’avaitaucune raison de renoncer au mariage, il en conclutqu’il ne lui restait plus que deux solutions : se noyerdans la Tamise ou se faire assassiner par des malan-drins. Une nuit qu’il parcourait un quartier mal famédans l’espoir d’y trouver une mort violente et salva-trice, il fit la connaissance d’une fille de joie auxformes voluptueuses nommée Hélène.

Il en tomba aussitôt follement amoureux, et,comme il était toujours aussi peu discret, la nouvellede leurs amours parvint aux oreilles de Judith qui luifit en public une scène épouvantable en le menaçantd’un procès. Les amateurs de scandales adorèrent.Pas lord Hargate.

Avant d’avoir eu le temps de comprendre ce quilui arrivait, le jeune homme se retrouva à bord d’unbateau en partance pour le continent, où il débarquajuste à temps pour prendre part à la bataille deWaterloo.

La liste des Méfaits et frasques divers s’arrêtait là.Reposant le document sur le bureau derrière lequel

son père était assis, Alistair observa avec une désin-volture qu’il était loin d’éprouver :

— Je ne t’ai causé aucun ennui depuis le printemps1815, j’espère que tu l’as remarqué!

— Tu t’es tenu tranquille parce que nous t’avonsgardé à l’œil, ta mère et moi! rétorqua sèchement lordHargate. Mais pendant ce temps, nous recevons desfactures par charretées entières. Je me demande cequi est pire. Avec l’argent que tu dépenses pour tesgilets, tu pourrais entretenir un harem de courtisanes.

Alistair ne lui donnait pas tort. Il avait toujoursattaché beaucoup d’importance à sa toilette, et main-

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tenant plus que jamais. Peut-être pour s’occuper l’es-prit, ne pas penser à certaines choses désagréables.Au 15 juin 1815, par exemple…

De Waterloo, il n’avait gardé aucun souvenir,comme s’il avait été frappé d’amnésie pendant toutela durée de la bataille. Bien entendu, il n’en avaitjamais parlé à personne et dissimulait soigneusementsa détresse, tout comme il feignait de ne pas remar-quer le respect et la pitié qu’on lui témoignait depuisson retour.

S’empressant de chasser ces sombres pensées, ilfronça les sourcils en remarquant un fil sur samanche. Il faillit l’enlever, se retint. Son père auraitpris son geste pour un signe de nervosité. Il com-mençait d’ailleurs à transpirer, mais cela ne se voyaitpas encore.

— Je déteste parler d’argent, c’est extrêmementvulgaire, reprit lord Hargate. Malheureusement, il n’est plus possible d’éviter le sujet. Continue ainsi,et tes jeunes frères seront dépouillés.

— Mes frères? répéta Alistair. Qu’est-ce que…Il s’interrompit. Le comte affichait un demi-sourire

qui ne présageait rien de bon.— Laisse-moi t’expliquer, dit-il.

— Il m’a donné jusqu’au 1er mai, tu te rends compte?dit Alistair à lord Douglas Gordmor.

Un seul regard avait suffi à son compagnon d’armes,qui était en train de s’habiller, pour comprendre queles préoccupations de son visiteur réclamaient unpeu d’intimité. Il avait donc renvoyé son valet dechambre et, une fois seuls, son ami avait entrepris de lui narrer sa conversation avec le comte.

— Ton père est un mystère pour moi, avoua lordGordmor en nouant sa cravate avec une maestria peucommune chez un homme de sa condition.

— Il m’a positivement ordonné d’épouser une richehéritière, tu imagines? Après le désastre avec Judith?

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