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CAUCASE ÉTÉ 1934 MOSCOU CNRS EDITIONS Lettres éditées par Rachel Mazuy et Ludmila Stern JEAN-RICHARD & MARGUERITE BLOCH

JEAN-RICHARD MARGUERITE BLOCH

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CNRS EDITIONS

Lettres é

ditées

par Rachel M

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et Ludmila Stern

JEAN-RICHARD & MARGUERITE BLOCH

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Présentaton de l’éditeurMoscou, Caucase. Été 1934Lettres du voyage en URSS

Été 1934 : 591 écrivains dont 40 étrangers participent au Premier Congrès de l’Union des écrivains soviétiques patronné par Maxime Gorki.Parmi eux, cinq Français : Louis Aragon, André Malraux, Paul Nizan, Vladimir Pozner et Jean-Richard Bloch.Jean-Richard Bloch et sa femme Marguerite vont passer plusieurs mois dans l’URSS qui sort à peine de la terrible famine de 1932-1933. Le Congrès, le Festival théâtral de Moscou, et un

périple dans le Caucase (Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie) sont ainsi évoqués avec enthousiasme dans de longues lettres écrites à leurs proches. Des lettres préparées par la rédaction d’un carnet de notes tenu par Marguerite, qui joue le rôle de scripte du voyage plus encore que son mari.Publiées ici pour la première fois avec ce carnet qui met davantage en valeur les zones d’ombre du séjour, elles offrent un éclairage passionnant sur cet été 1934, sur la fascination pour l’URSS, sur les rapports entre intellectuels soviétiques et occidentaux, et sur les Républiques soviétiques du Caucase alors en plein bouleversement.Alors que Bloch repart en France quelques jours après l’assassinat de Kirov, ce double texte nous offre aussi la photographie d’un monde intellectuel soviétique à la veille d’être touché par les grandes purges staliniennes.

Rachel Mazuy et Ludmila Stern ont introduit et annoté ces lettres et ce carnet. Rachel Mazuy est historienne (chercheure invitée à l’IHTP-CNRS). Citons parmi ses publications : Croire plutôt que voir. Voyages en Russie soviétique. 1919-1939 (2002) et avec Sophie Cœuré Cousu de fil rouge, Voyages des intellectuels français en Union soviétique (2013). Ludmila Stern est professeure à l’université de Nouvelles-Galles du Sud en Australie (UNSW Sydney). Elle est l’auteure de Western Intellectuals and the Soviet Union, 1920-1940. From Red Square to the Left Bank (2007).

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Jean-Richard et Marguerite Bloch

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éditées par Rachel Mazuy et Ludmila Stern

Préface de Christophe Prochasson

CNRS ÉDITIONS15, rue Malebranche – 75005 Paris

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© CNRS Éditions, Paris, 2019ISBN : 978-2-271-12688-7

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PRÉFACE

Le document qu’on va lire est d’une nature tout à fait excep-tionnelle. Minutieusement édité par les soins conjugués de Rachel Mazuy et Ludmila Stern, le « cahier » d’un voyage en URSS, principalement nourri des lettres de Marguerite Bloch, épouse de l’écrivain Jean-Richard Bloch, compagnon de route puis membre du Parti communiste français, adressées à ses enfants lors du mémo-rable Congrès des écrivains soviétiques organisé à Moscou au mois d’août  1934, se présente un peu à la manière d’une boîte noire nous informant sur les ressorts et le déroulé des voyages en URSS. Les époux Bloch s’y rendirent en compagnie des couples Aragon, Malraux et Nizan. À cette occasion, Jean-Richard Bloch découvrit pour la première fois le monde soviétique. Ce sont les conditions de cette « découverte » que documente cette archive si importante pour l’historiographie des voyages dans le monde communiste, historiographie qui s’est beaucoup développée en France à partir des années  1990, notamment grâce aux travaux de Sophie Cœuré, François Hourmant ou Rachel Mazuy. Ces études font toutes état de la fabrique du voyage, à bonne distance donc de l’épique qui présida souvent à leurs relations produites par des écrivains venus du monde entier.

Ces travaux ont beaucoup mis l’accent sur les décalages exis-tant entre la réalité perçue par ces voyageurs et ce que nous savons de l’état de la société soviétique dans les années  1930. Certains, à gauche comme à droite, dénonçaient d’ailleurs déjà sans être crus les mensonges véhiculés par ces différents « retours ». Celui de Gide

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fit date en ce qu’il fut l’un des premiers à démystifier la grande patrie socialiste.

Les récits du couple Bloch sont représentatifs des mécanismes décrits par les spécialistes de ces voyages réalisés sous bonne escorte et dans la dépendance d’interprètes, puisque, comme nombre de ces pèlerins, ni Jean-Richard ni Marguerite, ne connaissaient la langue russe. Leur honnêteté n’est donc pas en cause. Ils ne peuvent passer pour des menteurs cyniques, relayant consciemment une propagande qu’ils auraient sue pleine de mensonges. Seule une bienveillance évidente, dans un contexte géopolitique dominé par la montée en puissance des fascismes européens, les prédisposaient à ne retenir de ce qu’ils percevaient que le positif, sans toujours d’ailleurs se dissi-muler à eux-mêmes et aux autres les difficultés qui seraient tôt – ils n’en doutaient pas – surmontées. La formidable énergie dont faisait preuve le peuple soviétique était une garantie formidable sur l’avenir. Convaincus que le communisme était une idée neuve en Europe, en mesure d’en assurer le bonheur, les inévitables résistances seraient vaincues. Tel est le schéma dominant qui gouverne en général le récit de voyage en URSS.

Voici pourquoi, les historiens qui ont observé ces voyages –  l’URSS des années  1930, la Chine des années  1970 ou certains pays socialistes du Tiers Monde dans la même décennie – ont fait intervenir la notion de croyance pour mieux tenter d’éclairer des mécanismes de perception qui peuvent nous apparaître comme énigma tiques. Certes, Jean-Richard Bloch et ses compagnons de voyages découvrirent une nation où l’écrivain était roi. Traités de manière quasi princière, reconnus par des anonymes dans les contrées les plus reculées, signant des contrats d’édition pour tout leur œuvre, passé, présent et à venir, ils firent la différence avec leur pays d’ori-gine où hommes de plume et artistes vivaient souvent chichement, parfois même dans le plus grand dénuement. Mais les intérêts maté-riels ne sont pas les seuls ressorts à même de rendre compte de la véritable séduction exercée par l’URSS sur ces intellectuels, dont on attendrait, au moins depuis l’épisode de l’affaire Dreyfus, une attitude relevant de plus de vigilance critique.

Les pages ici transcrites sont du plus grand intérêt pour qui veut comprendre au plus près les mécanismes complexes présidant

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au ressenti du voyage. Le témoignage est toujours le produit d’une sélection cognitive et d’une mise en forme discursive, un peu à la manière d’une photo qui dispose d’un cadre choisi et d’un grain dépendant de la qualité de l’appareil, voire du talent du photographe. Un même paysage peut donner lieu à des photographies chacune très différentes comme les relations d’un même voyage, si différentes les unes des autres, peuvent laisser penser que les voyageurs n’ont pas traversé les mêmes espaces ni rencontré les mêmes interlocuteurs.

Marguerite Bloch, qui tient le plus souvent la plume (Jean-Richard étant très souvent absorbé par des tâches qu’exigeait son statut d’écrivain, comme interviews, discours, rendez-vous avec des personnalités politiques ou artistiques,  etc.), est d’abord fascinée par  la grandeur. C’est l’élément qui frappe le plus à la lecture de ses récits  : grandiose des paysages, étendue des espaces, puissance des foules, massivité des villes. Ses commentaires politiques sont peu nombreux, souvent candides, remplis de la parole officielle, puisque celle-ci accorde toute sa place à la critique en reconnaissant que bien des efforts restent à accomplir. Les notations sur la vie de tous les jours, le désordre, les approximations de l’organisation et, plus encore, l’extravagance des horaires dans un pays où il est habituel de se rendre chez son hôte sur les coups de minuit pour entamer un souper appelé à durer deux ou trois heures. C’est sur cette vie « russe », plus que soviétique, que s’attardent le plus volontiers les descriptions de « Maguite », toujours empressée de narrer son grand voyage à ses enfants dont, en bonne mère, elle regrette évidemment l’absence.

Ainsi la séduction politique est-elle enrobée de pittoresque et d’une joie de vivre née de l’étonnement sans cesse alimenté par un voyage où se conjuguent aventure – il y a toujours des imprévus en Russie ! – et confort. Jean-Richard, quant à lui, prend exceptionnelle-ment la plume, souvent pour situer l’expérience dans une perspective politique et apporter au récit de voyage une interprétation délivrant celui-ci du seul ordre du divertissement. Répartition de « genre » dirait-on peut-être aujourd’hui, quand revient à l’épouse le récit principalement anecdotique qui campe les personnages, en propose des descriptions psychologiques, voire physiques, et à l’époux le contrepoint du commentaire politique.

Préface

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Les intellectuels progressistes et, plus généralement encore, toute une partie de la gauche ont longtemps confondu l’espace et le temps. Il leur est arrivé –  il leur arrive peut-être encore – de situer l’avenir enchanté qu’ils espèrent dans un autre pays que le leur. Ces nations lointaines sont instituées comme lieu du bonheur advenu. À  partir de 1917, l’URSS, « paradis soviétique », a rouvert l’his-toire en donnant consistance à un ailleurs qui était tout à la fois une promesse et une anticipation sur un horizon d’attente dont l’avène-ment était inéluctable. On mesure ainsi tout ce qu’il y a de commun entre l’imaginaire politique et les structures mentales sur lesquelles s’appuie tout phénomène de croyance. Ce n’est pas le moindre inté-rêt de ce si particulier Journal que de nous inviter à  revisiter cette grande question.

Christophe Prochasson

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INTRODUCTION

Si l’on compte plus de dix rues Jean-Richard Bloch en France 1, il ne fait pas de doute, qu’en dehors de la région de Poitiers où la famille s’était installée avant la Grande Guerre, ces lieux ne sont pas ceux de la mémoire de l’homme ou de l’écrivain.

Acteur renommé du champ littéraire dans les années trente, sans être dominant, Jean-Richard Bloch est aujourd’hui largement méconnu, contrairement à un Henri Barbusse ou un Aragon 2.

Bloch est mort soudainement en mars 1947 à 62 ans. Agrégé d’histoire de formation, il décide de devenir écrivain avant la Première Guerre mondiale. Lié aux milieux de la Nrf, c’est un ami de Roger Martin du Gard, de Jean Paulhan. Créateur d’une petite revue littéraire et révolutionnaire avant 1914 (L’Effort, devenue

1. Au Blanc-Mesnil, à Saint-Denis, à Argenteuil, à Sotteville-lès-Rouen, à Ouilly-le-Tesson, à Périgueux (une rue et une impasse), à Grenoble, à Sartrouville, à Saint-Martin-d’Hères, à Drancy et à Poitiers.

2. Ses écrits sont ainsi peu réédités en dépit des travaux entrepris par Jean Albertini (Avez-vous lu Jean-Richard Bloch ?, Éditions sociales, 1981), puis, à partir du début des années  1990 (avec les dons de ses archives par sa famille), par un ensemble de chercheurs dont Madeleine Rébérioux, Michel Trebistch, Nicole Racine, Carlos Serrano ou Christophe Prochasson. En 1996, sont ainsi réédités Et… Cie (chez Gallimard avec une préface de Max Gallo) et Destin du siècle (aux PUF avec une préface de Michel Trebitsch). Et, avec l’arrivée de ses œuvres dans le domaine public : Cacaouettes et bananes suivi de textes inédits (L’Harmattan, 2018), Locomotives (Le festin, 2019) et Romain Rolland et Jean-Richard Bloch. Correspondance (1919-1944) (Éditions Universitaires de Dijon, 2019).

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L’Effort libre 3), il a écrit la majorité de son œuvre littéraire et poétique entre 1912 et la fin des années vingt. Il est alors aussi éditeur pour Rieder.

Il faut aussi parler de la judéité de Bloch 4. Ses racines juives se traduisent d’abord par un attachement patriotique à l’Alsace de ses ancêtres 5. La famille de sa femme Marguerite est pratiquante, celle de Jean-Richard non, même s’il a été initié aux principaux rituels (Bar Mitzvah 6…). Marqué par l’Affaire Dreyfus, il s’est lié au sionisme dans les années vingt 7. Son premier grand roman, … Et Compagnie (1917) racontait l’histoire d’une famille juive au xixe siècle. Enfin, germanophone, traduit en allemand, il est également très tôt lucide face à l’antisémitisme nazi 8.

Dans l’histoire de l’engagement de Jean-Richard Bloch, après l’Affaire Dreyfus, la Grande Guerre est un autre tournant essentiel. Il l’a approuvée comme d’autres socialistes défensifs, ne se rappro-chant des pacifistes (Romain Rolland) qu’à la fin du conflit. Il va ensuite évoluer entre le socialisme et le communisme. En effet, s’il

3. Cf. Christophe Prochasson, « L’Effort libre de Jean-Richard Bloch (1910-1914) », Cahiers Georges Sorel, 1987, vol. V, p. 105-118 (En ligne sur Persée). Christophe Prochasson avait également présenté de manière détaillée ce fonds dans : « Les papiers de Jean-Richard Bloch », La revue des revues, n°  6, automne 1988, p. 21.

4. Cf. notamment Michel Trebitsch, « De la situation faite à l’écrivain juif dans le monde moderne »  : Jean-Richard Bloch, entre identité littérature et engagement, Archives Juives, vol. 36, 2003/2, p. 43-67.

5. « Jean-Richard Bloch, Petit-fils de l’Alsace », La Vie en Alsace, Revue mensuelle illustrée (éditée par Les Dernières nouvelles d’Alsace, Strasbourg), n°  1, 1934, p. 286-288.

6. Pierre Abraham, Jacques Duclos (préface), Les Trois frères, Les Éditeurs français réunis, 1971, p. 47.

7. Wolfgang Asholt et Claudine Delphis, Jean-Richard Bloch ou À la recherche du monde connu. Jérusalem et Berlin (1925-1928), Honoré Champion, coll. « Bibliothèques d’études juives », 2010.

8. On peut le sentir à travers les échanges qu’il a avec son traducteur autrichien : Survies d’un juif européen : correspondance de Paul Amann avec Romain Rolland et Jean-Richard Bloch, éd. établie, présentée et annotée par Claudine Delphis, Leipzig, Leipziger Univ.-Verl., 2009.

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s’engage du côté des communistes après le Congrès de Tours, c’est pour peu de temps, puisqu’il rompt au moment de la bolchevisa-tion. Son militantisme tourne ainsi plutôt autour du pacifisme et du sionisme dans les années vingt. Mais en mai 1932, il écrit à Romain Rolland :

« Je suis loin de partager toutes les convictions des Partis commu-nistes, ni d’approuver toute leur politique, souvent absurde et naïve-ment étourdie. Et d’abord, je discerne, dans le délire “quinquennal” de l’URSS stalinienne, des germes affreusement morbides, des menaces épouvantables de dégénérescence.Mais nous n’avons pas le choix entre bassesse et vertu. Si l’esprit peut librement s’abstraire pour chercher une vérité qui ne doive rien aux obsédants mots d’ordre, – l’esprit n’est pas seul, et je ne conçois même sa pleine liberté que s’il accepte, par le destin temporel de l’être auquel il appartient, un minimum d’engagement.Engagement envers quoi ? Envers la moindre iniquité. Ici s’opposent, comme deux blocs, la planète capitaliste – et l’autre planète. Toutes mes réserves, mes restrictions, mes appréhensions devant la pente qui entraîne les Soviets ne viennent que d’un amour inquiet. S’il faut choisir, le choix ne fait pas de doute. Entre les dangers (encore hypothétique) d’une imposture prolétarienne et ceux (trop évidents) de l’imposture capitaliste, entre ces deux termes détestables de patries –  il faut en avoir une, j’opte pour la patrie prolétarienne. Elle a pour elle la jeunesse, l’avenir, un idéal frais et une noblesse magnifique.Et toute attaque – contre elle serait une attaque contre la civilisation. Tout ce qui la menace, nous menace. Donc, rassemblement, – oui 9. »

Quelques mois plus tard, avec l’accession au pouvoir de Hitler, Bloch va plus loin en écrivant une adresse à l’Armée rouge pour les Izvestia 10  :

9. Romain Rolland et Jean-Richard Bloch. Correspondance (1919-1944), lettres annotées par Roland Roudil, Introduction d’Antoinette Blum, Éditions Universitaires de Dijon, 2019, p. 317, lettre du 17 mai 1932.

10. Izvestia (Les Nouvelles). Une première version du journal paraît en 1905, mais sa véritable naissance date de février  1917. Le journal est publié par le Comité exécutif des ouvriers de Petrograd au départ. Il devient après le IIe congrès des Soviets l’un des quotidiens officiels du gouvernement soviétique.

Introduction

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« Villeneuve, 1er mars 1933

Mon cher ami,

Je viens de lire, dans les Izvestia, votre vigoureuse “Adresse à l’Armée rouge”.

– Je m’étonnais de n’avoir jamais reçu de réponse à ma lettre des derniers mois de l’an passé.

Votre Adresse à l’armée de Moscou est la meilleure réponse. Je souhaite qu’elle soit reproduite comme celles de Vildrac et de Francis Jourdain, dans la presse d’Occident 11. »

Cet état d’esprit est aussi exprimé par son traducteur autrichien Paul Amann, dans sa lettre du 18 mars :

« Michel me dit que ton voyage en Russie n’est pas seulement décidé mais qu’il est imminent 12 ; cette lettre risque de ne plus te trouver en France. Je comprends que tu t’arraches avec peine à ton travail, mais j’ai le sentiment que ; de ce point de vue, ce dépaysement violent te fera du bien : tu es si bien préparé à ce voyage, tu n’auras qu’à regar-der, qu’à entendre ; les réflexions préalables sont faites et refaites ; les réceptacles sont là en toi qui attendent. Le seul danger intellectuel, ou plutôt sentimental, que je peux discerner pour toi dans cette brève étreinte de la Russie, c’est qu’une conclusion négative, en somme peu vraisemblable, mais toujours possible, serait parti culièrement doulou-reuse aux heures de l’hitlérisme en pâmoison 13…. »

Aussi peut-on dire qu’avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler son pacifisme devient avant tout un antifascisme et son engagement s’intensifie. L’écrivain se positionne d’ailleurs de plus en plus en essayiste (Destin du siècle, 1931) et en journaliste 14. L’URSS tient

11. Jean-Richard Bloch, « L’armée rouge, gage d’une terre nouvelle » (notre traduction), Izvestia, 23  février 1933. L’adresse figure effectivement avec celles de Charles Vildrac, Françis Jourdain ainsi que celle de Victor Marguerite.

Roland Roudil (éd.), Antoinette Blum (préface), Correspondance Romain Rolland – Jean-Richard Bloch, op. cit., lettre de Romain Rolland du 1er mars 1933.

12. Ce projet de voyage en 1933 est expliqué dans les pages suivantes.13. Claudine Delphis, Survies…, op. cit., lettre du 18 mars 1933, p. 810-811.14. L’absence de véritables succès littéraires après 1932 et les contingences

matérielles le poussent également dans ce sens.

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alors une place de plus en centrale, surtout à partir de l’année 1934, l’année du 6  février 15, et l’année où Bloch est invité au Premier Congrès des Écrivains soviétiques.

Intellectuel philosoviétique déclaré à son retour, il fait partie des organisateurs du Congrès mondial pour la défense de la culture en 1935. Il multiplie également les conférences (une soixantaine dans les mois qui suivent 16) et publie une dizaine d’articles. L’année suivante, il part en Espagne du côté des Républicains 17. Il accepte enfin la co-direction du journal Ce soir qu’il lance avec Aragon en 1937 18. Il ne réadhère cependant au parti communiste qu’en juillet 1939 19.

Durant l’été 1934, c’est donc comme un intellectuel non communiste que Jean-Richard Bloch est invité avec sa femme au premier Congrès des écrivains soviétiques qui se tient à Moscou du 17  août au 2  septembre 20. Il fait ainsi partie des 591 délégués qui participent à la manifestation. La plupart d’entre eux sont sovié-

15. Il assiste à une partie des évènements du 6 février, arrivant à Paris de Poitiers dans la soirée. « Pas de taxis à Paris ; la grève continue. Je rentre par le Nord-Sud_, jusqu’à Villiers. Toutes les rues mènent au Palais-Bourbon, à partir de la rue de Solférino et tous les ponts sont barrés par la police. Suites des manifestations du côté de la Concorde avec éclairs de détonations. M[ère] m’attendait Bd Mal.[hesberbes]. On entend des bruits de pompiers de tous les côtés dans les rues. » Cf. BNF, NAF 28222, Agenda, 1934.

16. BNF, NAF 28222 (161), f. 249, Clifton P. Faldiman, 30 avril 1936.17. Espagne ! Espagne ! publié aux Éditions sociales internationales en 1936

(une nouvelle édition avec deux chapitres inédits est sortie chez Aden Éditions en 2014 – préface de Carlos Serrano).

18. Aragon descend dans la Vienne pour le convaincre le 13 janvier 1937. Cet investissement va obliger les Bloch à s’installer à Paris entre 1937 et 1939. Cf. Tivadar Gorilovics, « Dans l’engrenage d’un engagement ! Jean-Richard Bloch à la direction de Ce soir », Revue d’Études Françaises de Budapest, n° 2, 1997, p. 321-330 (https://www.etudes-jean-richard-bloch.org/spip.php?article56).

19. Troublé par le pacte, il va cependant le défendre. On peut se reporter à la notice biographique de Nicole Racine (Maitron en ligne), ainsi qu’à ses articles : « Jean-Richard Bloch ou les épreuves de la fidélité », dans Jean-Richard Bloch ou l’écriture et l’action, sous la direction d’Annie Angremy et de Michel Trebitsch, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2002, p. 253-272 ; et « Jean-Richard Bloch 1939-1941. De l’interdiction de Ce Soir au départ pour l’URSS », Studia Romanica, Debrecen (Hongrie), 1994, p. 121-140.

20. Sur ce voyage lié au célèbre Congrès des écrivains, cf. Ludmila Stern  : « Journal de voyage en URSS de Marguerite et Jean-Richard Bloch », in Jean-Richard Bloch ou l’écriture et l’action, BNF, 2002, p. 231-241.

Introduction

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tiques, mais il y a malgré tout 40 écrivains étrangers, dont 4 autres Français  : les communistes Louis Aragon, Vladimir Pozner, Paul Nizan et le compagnon de route André Malraux 21.

C’est un voyage que Jean-Richard Bloch attend de faire depuis longtemps.

Au printemps 1933, une opportunité s’était présentée alors qu’il séjournait à Paris, préoccupé par la diffusion de Sybilla qui se vendait mal 22. Il s’agissait d’un projet de reportage en URSS pour Marianne :

« J’ai vu hier Vogel, Berl 23, longuement! Et voici : l’expédition Vogel est remise à six mois … ou davantage. Pas avant octobre. Peut-être

Nous ne citerons pas l’abondante bibliographie sur le Congrès dont les discours (200 au total) ont été en partie traduits pendant et après le Congrès. Cf. H.G.  Scott, Andreï Zhdanov, Problems of soviet litterature  : reports and speeches at the first Soviet writers’ congress, International Publishers, 1935 et H.G. Scott, Soviet Writers’ Congress. 1934. The Debate on Socialist Realism and Modernism in the Soviet Union, London, Lawrence and Wishart, 1977. En France, une partie des discours sont reproduits dans un numéro spécial de Regards en août 1934.

21. Louis Aragon (1897-1982). Membre du Parti communiste depuis 1927. Dans les années vingt et trente, il effectue plusieurs voyages en URSS où réside Lili Brik, la sœur de sa femme Elsa Triolet, qui l’accompagne. Paul Nizan (1905-1940). Membre du Parti communiste depuis 1927, Nizan est en fait depuis plusieurs mois en URSS avec sa femme Henriette (née Halphen – 1907-1993). Il dirige l’édition française de la revue Littérature internationale. Le nom de Vladimir Pozner (1905-1992) n’est mentionné qu’une seule fois. Écrivain, traducteur et journaliste, d’expression russe et française, né de parents juifs russes qui retournèrent en Russie entre 1910 et 1921, avant de repartir pour Paris. Pozner était lié à l’intelligentsia soviétique (membre du groupe des Frères Sérapion) dont il fut l’un des propagateurs en France. Il avait adhéré au parti communiste après l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933. André Malraux (1901-1976), alors compagnon de route, était accompagné par sa femme, Clara (1897-1982).

22. L’Aigle et Ganymède  : I. Sybilla est paru à la NRF en 1932. Lettre à entête du Café-restaurant Wepler, datée du samedi 11 mars 1933 (BNF, NAF 28222, Correspondances Jean-Richard Bloch, Lettres de Jean-Richard Bloch à sa femme, VII, 1932-1946).

23. Lucien Vogel (1886-1954), homme de presse, il crée en 1928 le premier hebdomadaire français systématiquement illustré de photographies, Vu, marqué par un engagement antifasciste. En 1931, Vogel organise un premier voyage du journal en URSS et publie un numéro spécial en novembre  1932 (Vu au pays des Soviets). Dans les années 1930, Lucien Vogel devient familier des diplomates et des journalistes soviétiques à Paris.

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janvier. Très gentil Vogel. Vu ce [?] de Poiret 24, sympathique. Ces gens de la mode tout de même…Sortant de là, Berl. Et bien, j’ai alors accepté l’idée d’un aller et retour immédiat à Moscou. Je partirai dès que possible. Je ne resterai peut-être que huit jours. Passerai-je par Genève (Litvinof 25), Villeneuve (Rolland 26). Veux-tu m’envoyer mon passeport ( recommandé) : tiroir du milieu de mon bureau ? Merci. […]Dès que j’aurai vu Pabst 27 et les gens de l’ambassade et de Monzie 28, et F-Albert, je reviendrai à la Merigote 29 faire mes paquets. Vers jeudi ou vendredi je présume 30. »

Le lundi matin, il active tous ses réseaux : « J’ai déjà ce matin au tél. Pris rendez-vous avec Ducret et Pabst pour 18 1/2 cet après-midi ; avec Vaillant-Couturier 31 et Sokholine 32 (ce dernier, à l’ambassade

Emmanuel Berl (1892-1976), écrivain, journaliste, directeur de Marianne (1932-1937 –  Le périodique est lancé par Gallimard pour être le rival de gauche du périodique Candide). Militant marxiste, proche du Parti communiste.

Pour les Soviétiques, nous avons repris quand nous le pouvions les notices élabo-rées dans Sophie Cœuré, Rachel Mazuy, Cousu de fil rouge. Voyage des intellectuels en Union soviétique, CNRS Éditions, 2012. On peut signaler le site russe http://lib.rus.ec/ qui recense tous les délégués soviétiques au Congrès.

24. Paul Poiret (1879-1944), créateur de mode. On lui doit notamment les costumes des Ballets russes de 1910. Paul Poiret a dû fermer sa maison en 1929. Il meurt dans la misère en 1944.

25. Maksim Maksimovitch Litvinov (Max Wallach-Finkelstein) (1876-1951), vieux bolchevik, ambassadeur à Londres puis commissaire du peuple aux Affaires étran-gères (1930-1939). Il s’y trouve sans doute pour la conférence sur le désarmement et la limitation des armes, dans le cadre de la SDN.

26. Il s’agit de Romain Rolland qui réside alors au bord du lac Léman dans sa maison de Villeneuve.

27. Georg Wilhem Pabst (1885-1967) : cinéaste allemand. Il a quitté l’Allemagne un peu avant la montée au pouvoir.

28. Anatole de Monzie (1876-1947). Homme politique français qui œuvra pour la reconnaissance de l’URSS. En 1933, il a déjà effectué deux voyages déclinés en récits.

29. Leur résidence familiale près de Poitiers, achetée en 1913. Marguerite s’y trouve.

30. BNF, op. cit., Lettre du samedi 11 mars 1933.31. Paul Vaillant-Couturier (1892-1937). Avocat, écrivain, journaliste ; maire de

Villejuif (1929-1937) ; membre du comité directeur du PC (1920-1924) puis du comité central (1925-1937).

32. Vladimir Aleksandrovitch Sokoline (1896-1984, aussi appelé Shapiro ou Schapiro, et parfois Jean Colin), diplomate soviétique. Russe d’une famille juive de

Introduction

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des Soviets, pour demain) ; avec Sylvain 33 pour mercredi 34. ». Le mardi matin, il a rendez-vous avec Paul Vaillant-Couturier et « aux Soviets » et a reçu son passeport. Mais dans l’après-midi, Vaillant-Couturier puis Sokoline lui conseillent de reporter le projet :

« 17 1/2 Je sors de chez les Soviets après avoir vu Vaillant-C chez lui. Fait la connaissance de Sokholine [Sokoline], attaché ; intelligent, sympathique. Il se met sans tarder en rapports avec Moscou pour savoir si mon voyage sera agréé et facilité, dans les conditions où il se présente – mais il est fortement d’accord avec V-C 35 pour me déconseiller de partir avant 4 ou 6 semaines au plus tôt : on ne me répondra rien en ce moment parce qu’on ne peut rien me répondre. Hitler ne s’est pas prononcé 36, on annonce une action diplomatique nouvelle de Roosevelt à l’égard de la Russie, les intentions du Japon sont obscures, l’attitude de la France en réponse aux ouvertures de Litvinoff 37 ne s’est pas encore produite, la conférence du désarme-ment en panne… Bref, son conseil  : être prêt à partir inopinément pour aller cueillir les premières impressions ou déclarations des diri-geants soviétiques, en cas d’une initiative sensationnelle de Hitler, de Roosevelt, du Japon ; mais, hors ce cas, ne pas penser faire le voyage avant la fin d’avril pour qu’il soit fructueux. De ce pas je vais en entretenir Berl 38. »

Genève venu défendre sa patrie en 1914, avant de se rallier au gouvernement bolchevik. Attaché comme deuxième secrétaire, puis comme conseiller auprès de l’Ambassade d’URSS à Paris. Après l’expulsion de l’URSS de la SDN (décembre 1939), de janvier à février 1940, il se présenta comme un réfugié politique travaillant officiellement comme officier de liaison pour le comité de la Croix rouge internationale.

33. Sylvain Lévi (1863-1935). Indianiste et orientaliste, professeur au Collège de France, il fit de nombreux voyages en Asie. Membre actif du Comité pour les relations scientifiques avec l’URSS, il effectue plusieurs voyages en URSS. Les rapports sont étroits entre Sylvain Lévi et Jean-Richard Bloch, qui se trouve être à la fois son neveu et son petit-cousin. Cf. Lettres de Sylvain Lévi à Jean-Richard Bloch et à Jacques Bigart, secrétaire de l’Alliance israélite universelle (1904-1934), Honoré Champion, Bibliothèque d’études juives, Série « Histoire », 2010.

34. BNF, op. cit., Lettre du mardi 13 mars 1933.35. Paul Vaillant-Couturier.36. Il vient de remporter les élections au Reichstag.37. Maksim Maksimovitch Litvinov. Depuis 1931, l’URSS qui veut réintégrer

le concert des nations, considère l’appui de la France comme essentiel.38. BNF, op. cit., Lettre datée du 14 mars 1933.

Moscou-Caucase Été 1934

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La réponse de Moscou est négative. Le projet est donc reporté :

« Samedi 17 heures

Eh bien voici : après des conversations de toutes sortes, envois de câbles à Moscou, etc. ; Rosenberg 39 vient de me téléphoner qu’on lui répond de là-bas qu’une enquête comme celle de Marianne 40 m’enver-rait faire, n’est pas considérée comme opportune et qu’on préfèrerait qu’elle soit remise (C’était mon sentiment intime, celui de Vaillant-C, celui de Sokholine [Sokoline]…). De combien sera ce délai? C’est ce que nul ne peut prévoir. Les événements se précipitent. D’heures en heures (téléphones de Vaillant-Couturier) les nouvelles d’Allemagne s’aggravent 41. […] Au fond je suis ravi de n’avoir pas à partir ni à m’éloigner de mon travail, quel que soit le regret de la chose en soi 42. »

En dépit de cet échec, le contact n’est pas coupé 43. Lucien Vogel 44 fait partie de ceux qui jouent les intermédiaires. Il écrit ainsi à Bloch le 9 janvier 1933 :

« J’ai beaucoup parlé de vous en URSS avec les camarades. On réclame immédiatement Sybilla pour le traduire et l’éditer. Envoyez-en un exemplaire à Aragon, boîte postale 850 Moscou. D’autre part là-bas on voudrait beaucoup vous voir 45. »

39. Marcel Izraïlevitch Rosenberg (1896-1938). Diplomate soviétique. Chargé d’affaires à Paris entre 1931 et 1934, puis nommé représentant soviétique à la SDN et son Secrétaire général adjoint. Premier ambassadeur soviétique en Espagne à partir de 1936. Rappelé à Moscou en 1937 ou 1938 et exécuté en 1938.

40. Cf. note 21.41. Immédiatement après les élections, les nazis ont pris le contrôle de plusieurs

grandes villes allemandes.42. BNF, op. cit., Lettre du samedi 18 mars 1933. La veille, il a encore déjeuné

avec Sokoline et Rosenberg.43. Mikhaïl Aplétine (1885-1981). Écrivain et critique littéraire, un des diri-

geants de VOKS et le président de la Commission des relations internationales de l’Union des écrivains : c’est l’un des organisateurs du Congrès des écrivains en 1934. Il écrit à Jean-Richard Bloch le 31 août 1933. Cf. Ludmila Stern, « Prisonnier d’amitié » Jean-Richard Bloch et ses correspondants soviétiques », Cahiers Jean-Richard Bloch, n° 14, 2008, p. 106.

44. Il lui propose aussi de rédiger des articles pour Vu (lettre du 29 mai 1933).45. BNF, Fonds Jean-Richard Bloch, NAF 28222, Correspondances lettres

reçues, vol XLVI, f.  247. Le 14  février, Jean-Richard Bloch dit avoir envoyé son roman à Aragon et souhaiter partir en URSS.

Introduction

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C’est le 30  mai, qu’il fait la connaissance d’Aragon. La veille, dans ce Paris « plein d’Allemands », il tombe « par hasard » sur « un revenant », Otto Katz 46  : « Il arrive de Moscou, me dit que la presse soviétique publie de fréquents articles sur moi, mes bouquins, mes articles. Mais oui. Il était plein de révérence. Il m’a offert de faire le scénario d’un film juif dont Gorki vient d’avoir l’idée. M’a demandé des scénarios pour Moscou, des articles, un roman,  etc. Nous sommes restés une heure ensemble 47. »

À cette date, Jean-Richard Bloch fait donc bien partie de ces intel-lectuels « courtisés » par les intellectuels organiques du parti commu-niste français et les « agents d’influence » de l’Union soviétique ; la publication de trois de ses œuvres en russe, en 1926-1927, témoi-gnant d’un intérêt plus ancien 48.

À partir de l’été, ces séjours parisiens lui procurent aussi l’occasion d’assister à des réunions de l’AEAR 49 avec son frère Pierre 50.Il y rencontre à nouveau des Soviétiques, et des intellectuels communistes :

46. Otto Katz (1895-1952). Administrateur du théâtre Piscator (cf. note 221), Katz fut aussi l’un des plus importants agents d’influence de l’Union soviétique dans les milieux intellectuels et artistiques des démocraties occidentales des années  1930 et 1940. Inculpé sous le nom d’Andre Simone au Procès de Prague, exécuté en 1952.

47. BNF, op. cit., Lettre du lundi 29 mai 1933.48. Cf. note 281 pour les titres des œuvres publiées. Dès la création de VOKS,

Jean-Richard Bloch fait partie des listes d’intellectuels « susceptibles de collaboration et évolution “à gauche” ». Sa première rencontre avec Aleksandr Arosev (alors chef du bureau de presse de l’Ambassade soviétique – cf. note 73) date en effet de 1925. Cf. Ludmila Stern, « Prisonnier… », op. cit., p. 104-105.

49. Liée à l’UIER (Union internationale des Écrivains révolutionnaires fondée à Moscou en novembre 1927), l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (AEAR) est créée en France en mars  1932. Jean-Richard Bloch n’y adhère offi-ciellement qu’après le 6  février 1934, quand Vaillant-Couturier ouvre l’association aux compagnons de route (Nicole Racine, « L’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.). La revue “Commune” et la lutte idéologique contre le fascisme (1932-1936) », Le Mouvement social, n° 54, (janvier-mars 1966), p. 29-47).

50. Pierre Abraham (Pierre Bloch, 1892-1974). Au départ ingénieur, il devient ensuite écrivain, journaliste, critique ; membre du Parti communiste (Maitron en ligne, Nicole Racine). C’est le frère cadet de Bloch.

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Composition et mise en pages Nord Compo à Villeneuve-d’Ascq

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